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Juste assez de psych.. - Marjolaine

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A D RIA NFURNHAM 5 0LESGRAN DES 1DÉESQUE VOUS DEVEZ CONNAÎTRE DUNOD


Table <strong>de</strong>s matières Introduction 3rESPRIT MALADE01 Le comportement anormal 402 L'effet placebo 803 Arrêter la dépendance 1204 Le contact perdu 1605 Pas névrotique, seulement différent 2006 Paraître en bonne santé mentale 2407 Le stress 28l:IUUSION ET LA RÉALITÉ08 Les illusions d'optique 3209 La <strong>psych</strong>ophysique 3610 Les hallucinations 40Il Les délires 4412 Êtes-vous conscients? 48LES CŒURS fT US ESPRITS13 La <strong>psych</strong>ologie positive 5214 L'intelligence émotionnelle 5615 À quoi servent les émotions? 6016 La thérapie cognitive 64LES DIFfÉRENCES INDIVIDUELLES17 Le QI et vous 6818 L'effet FLynn 7219 Les intelligences multiples 7620 Les différences entre fenunes et hommes 80 LA PERSONNAUTÉ ET LA SOCIÉTÉ21 Le test <strong>de</strong>s taches d'encre<strong>de</strong> Rorschach 8422 Détecter les mensonges 8823 La personnalité autoritaire 9224 L'obéissance à l'autorité 9625 Le conformisme 10026 Sacrifice <strong>de</strong> soi ou égoïsme 10427 La dissonance cognitive 10828 Le faux raisonnement du joueur 112LA RATIONALITÉ ET LA RÉSOLUTION DE PROBLÈMES29 Jugement et résolution <strong>de</strong> problèmes 11630 Trop engagé pour abandonner 12031 La prise <strong>de</strong> décision rationnelle 12432 Se souvenir du passé 128LA CONNAISSANCE33 Ce que le témoin a vu 13234 L'intelligence artificielle 13635 Rêver par hasard 14036 Essayer d'oublier 14437 Le phénomène du « mot sur le bout<strong>de</strong> la langue» 14838 Les sta<strong>de</strong>s <strong>psych</strong>osexuels 152LE DÉVnOPPEMENT39 Les sta<strong>de</strong>s cognitifs 15640 Des canards à la queue leu leu 16041 Tabula rasa 164l:APPRENTISSAGE42 Les réflexes conditionnés 16843 Le comportementalisme 17244 Programmes <strong>de</strong> renforcement 17645 Maîtriser la complexité 180LE CERVEAU46 La phrénologie 18447 Il est difficile <strong>de</strong> séparerle cerveau en <strong>de</strong>ux 18848 L'aphasie 19249 La dyslexie 19650 Qui est-ce? 200Glossaire 204In<strong>de</strong>x 206


ln roduction 13 Introduction La <strong>psych</strong>ologie a ses partisans et ses détracteurs. Certains la considèrentcomme la « reine <strong>de</strong>s sciences sociales », dont les avancées, découverteset applications sont autant <strong>de</strong> clés pour une meilleure santé, l'accès aubonheur et au progrès. Ses détracteurs considèrent les <strong>psych</strong>ologues comme<strong>de</strong>s individus qui professent <strong>de</strong>s illusions, voire comme <strong>de</strong> dangereuxaffabulateurs qui énoncent <strong>de</strong>s évi<strong>de</strong>nces ou défen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s idées et <strong>de</strong>spratiques erronées.La <strong>psych</strong>ologie a officiellement vu le jour dans les années 1870. Partout dansle mon<strong>de</strong>, les <strong>psych</strong>ologues ont été considérés comme <strong>de</strong>s figures influentes.On peut affirmer qu'à côté <strong>de</strong> Darwin et <strong>de</strong> Marx, Freud a été le penseur leplus influent du XIX" siècle. Watson, Skinner, Milgram et d'autres ont eu unimpact important sur la manière dont les individus font toutes sortes <strong>de</strong>choses, qu'il s'agisse <strong>de</strong> l'éducation <strong>de</strong>s enfants ou <strong>de</strong> la sélection et <strong>de</strong> lagestion du personnel. Et, au XXI" siècle, pour la <strong>de</strong>uxième fois, un <strong>psych</strong>ologuea obtenu le prix Nobel d'économie.La <strong>psych</strong>ologie est omniprésente dans la société contemporaine. Aucunroman policier, documentaire, débat télévisé ou aucune consultation médicalen'est complet sans une perspective <strong>psych</strong>ologique. La conception <strong>de</strong> votrevoiture ou <strong>de</strong> votre maison, le choix <strong>de</strong> vos vêtements, <strong>de</strong> vos produits <strong>de</strong>consommation ou encore <strong>de</strong> votre partenaire, votre façon d'éduquer vosenfants, tous ces aspects <strong>de</strong> l'existence ont fait l'objet et sont influencés par<strong>de</strong>s recherches en <strong>psych</strong>ologie. Cette discipline joue également un rôle enmanagement, dans les sports et dans le marketing.La <strong>psych</strong>ologie est à la fois une science fondamentale et une scienceappliquée. Elle vise à comprendre le comportement et les processusfondamentaux qui influencent les idées, les émotions et les pensées. Elleessaie aussi <strong>de</strong> résoudre <strong>de</strong>s problèmes humains. Elle est multidisciplinaire etpossè<strong>de</strong> <strong>de</strong>s liens étroits avec <strong>de</strong> nombreux autres domaines <strong>de</strong> recherche dontl'anatomie, la mé<strong>de</strong>cine, la <strong>psych</strong>iatrie et la sociologie, ou encore l'économie,les mathématiques et la zoologie.Les personnes qui découvrent la <strong>psych</strong>ologie sont souvent surprises par ladiversité <strong>de</strong>s thèmes étudiés par cette discipline: du rêve aux illusions <strong>de</strong>gran<strong>de</strong>ur, <strong>de</strong> la phobie <strong>de</strong>s ordinateurs aux causes du cancer, <strong>de</strong> la mémoire àla mobilité sociale, <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s à l'alcoolisme. La <strong>psych</strong>ologieoffre aux étudiants et plus généralement à l'ensemble <strong>de</strong> la population unvocabulaire riche permettant <strong>de</strong> décrire et d'expliquer les comportements.Certaines théories <strong>psych</strong>ologiques sont contre-intuitives et certaines relèventplutôt du sens commun. J'espère avoir réussi à expliquer les unes et clarifierles autres dans ce livre.


4 l'esprit mala<strong>de</strong>01 Le comportementanormalLa <strong>psych</strong>opathologie étudie les comportements anormaux. Elle examineles origines, manifestations et traitements <strong>de</strong>s comportements, penséeset motivations problématiques. Ceux-ci peuvent être causés par <strong>de</strong>s facteursinternes (cognitifs, affectifs, émotionnels, etc.), externes (environnementaux,circonstances <strong>de</strong> vie, etc.), constitutionnels (génétiques, neurologiques,physiologiques) et en lien avec l'histoire <strong>de</strong> vie du sujet.Les <strong>psych</strong>ologues cliniciens se préoccupent <strong>de</strong> l'évaluation <strong>de</strong>s troubles, peuventétablir un diagnostic et participent au traitement <strong>de</strong>s problèmes <strong>psych</strong>ologiques. Desscientifiques et <strong>de</strong>s praticiens se spécialisent souvent dans 'le traitement <strong>de</strong> diverstroubles tels que les troubles <strong>de</strong> l'anxiété (anxiété, panique, phobies, trouble du stresspost-traumatique), les troubles <strong>de</strong> l'humeur (dépression, trouble bipolaire, suici<strong>de</strong>), ladépendance (alcoolisme, consommation <strong>de</strong> produits stimulants ou hallucinogènes,etc.) ou les problèmes très complexes touchant à toute l'organisation <strong>psych</strong>ique dusujet tels que la schizophrénie. La <strong>psych</strong>ologie clinique fait partie <strong>de</strong> la <strong>psych</strong>ologie,mais n'en constitue pas l'unique composante. Elle est, aux yeux du public, ladiscipline la plus intéressante et :la plus importante <strong>de</strong> la <strong>psych</strong>ologie appliquée.Définir l'anormalité Alors qu'il est relativement aisé <strong>de</strong> repérer les personnesqui ont <strong>de</strong>s problèmes ou qui se comportent bizarrement, il est beaucoup plus difficile<strong>de</strong> définir l'anormalité. « Anormal" est souvent entendu comme un écart par rapportà la norme. Ainsi, les personnes très gran<strong>de</strong>s ou très petites sont anorma les, <strong>de</strong> mêmeque les personnes très limitées ou très douées. Ainsi, à proprement parler, Einstein etMichel-Ange étaient anormaux, tout comme Bach et Shakespeare.Pour la <strong>psych</strong>ologie clinique, le problème n'est pas tant <strong>de</strong> savoir si le comportement estanormal que <strong>de</strong> savoir s'il est inadapté, entraînant une souffrance personnelle, unhandicap social et/ou une dangerosité personneUe ou pour l'entourage. Si lecomportement d'une personne semble irrationnel ou potentiellement dommageablepour elle-même et pour tes autres, nous avons tendance à le considérer comme anorma l.Le <strong>psych</strong>ologue parlera <strong>de</strong> <strong>psych</strong>opathologie, l'homme <strong>de</strong> la rue parlera <strong>de</strong> folie.Première arrestation pour pratique <strong>de</strong> la sorcellerie en France


le comportemen anormal 15 ( ( Au cours <strong>de</strong>sannées, le terme"anormal" a servi aNous aimerions tous pouvoir définir clairement ladistinction entre le normal et le pathologique et l'exposersimplement. Mais cela reste difficile, notamment car noussavons que l'histoire et la culture façonnent ce qui estqualifié <strong>de</strong> trèsconsidéré comme anormal. Les ouvrages <strong>de</strong> <strong>psych</strong>iatriereflètent cet état <strong>de</strong>s choses. L'homosexualité était encoreconsidérée il y a peu comme une malad ie mentale. La masturbation était perçue comme anorma1le au XIX' siècle.Par ailleurs, le statut socio-économique, le genre etl'appartenance ethnique présentent tous <strong>de</strong>s liens avecl'anormalité (car ils fon<strong>de</strong>nt une différence). Les femmes etc. ), ont plus <strong>de</strong> risques d'être anorexiques, boulimiques ou anxieuses que les hommes, lesquels ont plus <strong>de</strong> risque d'êtreA. Reber, 1985toxicomanes. Les pauvres ont plus <strong>de</strong> probabilités d'être diagnostiqués schizophrènesque les riches. Les enfants américains souffrent d'une inci<strong>de</strong>nce élevée d'hyperactivitéalors que les Antillais ont tendance à se contrôler excessivement.Les premières approches <strong>de</strong> l'anormalité attribuaient les comportements étranges àune possession par <strong>de</strong>s esprits. L'une <strong>de</strong>s croyances consistait à penser qu'une part <strong>de</strong>l'âme humaine était en lien avec la bestialité, la vie anima1le, et que la folie provenaitd'une régression non contrôlée. Selon les Grecs anciens et Hippocrate, l'anormalitéet le mal-être étaient dus à une mauvaise régulation <strong>de</strong>s flui<strong>de</strong>s corporels appeléshumeurs. Par conséquent, les premiers traitements <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s <strong>psych</strong>iques ont surtoutconsisté à isoler ces <strong>de</strong>rniers. Les traitements dits « respectueux» ne sontvéritablement apparus qu'à la fin du XVIII< siècle.nombreux jugements<strong>de</strong> valeur et un certainnombre <strong>de</strong> synonYJUes sont préférables: inadapté, déviant, Critères généralement reconnus De nos jours, les définitions<strong>psych</strong>ologiques <strong>de</strong> l'anormalité sont axées autour <strong>de</strong> quelques critères généralementreconnus, qualifiés <strong>de</strong> quatre D : la détresse (souffrance), la déviance, ledysfonctionnement, le danger. L'anormalité implique généralement <strong>de</strong> la douleur et<strong>de</strong> la souffrance, qui peuvent être aiguës ou chroniques. Un autre critère est unemauvaise adaptation: ne pas pouvoir faire les choses quotidiennes, tels que conserverson emploi, maintenir <strong>de</strong>s relations interpersonnelles satisfaisantes ou planifier lefutur. Un critère très fréquent est l'irrationalité: <strong>de</strong>s croyances étranges, illogiques surle mon<strong>de</strong> physique ou social, voire, très souvent, le mon<strong>de</strong> spirituel.Le comportement <strong>de</strong>s individus anormaux est souvent incompréhensible par lesautres. Ces personnes peuvent parfois être imprévisibles, instables, passant d'unextrême à l'autre ou incapables <strong>de</strong> contrôler leur comportement. Celui-ci peut êtreperçu comme inapproprié, en fonction du contexte.~lInees 1890 Annees 1920 1952Débuts <strong>de</strong> l'hypnose Utilisation <strong>de</strong>s thérapies Première versionet <strong>de</strong> la <strong>psych</strong>analyse comportementales du DSM


G l'esprit mala<strong>de</strong>versucs Critère .. subjectif» C'est peut-être laconception la plus instinctive, qui consiste àprendre comme critère <strong>de</strong> normalité ce quenous sommes, nos comportements et nosvaleurs. En nous prenant en référence, nous envenons à penser que beaucoup d'individuspartagent la même normalité, et donc que ceuxqui sont différents ne sont pas normaux. Cetteconception est proche d'une manière <strong>de</strong> penseren catégories simples et bien distinctes :normal - anormal - très anormal.Critère .. normatif» C'est l'idée selon laquelle ilexiste une façon idéale et désirable <strong>de</strong> penseret <strong>de</strong> se comporter. Cette vision d'un mon<strong>de</strong>parfait est souvent développée par les penseursreligieux et politiques. La normalité est ainsiperçue comme une forme <strong>de</strong> perfection: plusune personne s'éloigne <strong>de</strong> cette normalité, pluselle est anormale. C'est plus un raisonnement<strong>de</strong> type: « Voici ce qui <strong>de</strong>vrait être .. que <strong>de</strong>type : « Voici ce qui est raisonnablementpossible », mais en fait. rien n'est normalpuisque personne n'est parfait.Critère .. clinique» Les chercheurs en sciencessociales et humaines ainsi que les mé<strong>de</strong>cinsessaient d'évaluer l'efficacité et la capacitéd'adaptation d'une personne. Tout dépend <strong>de</strong> lacaractéristique évaluée. Les cliniciens acceptentégalement que la distinction normal/anormaln'a pas <strong>de</strong> frontière précise (on parle <strong>de</strong>« continuum ») et est <strong>assez</strong> subjective, mêmes' ils s'efforcent d'établir un diagnostic fiable.L.:anormalité est généralement associée à unemauvaise adaptation, <strong>de</strong> la souffrance ou <strong>de</strong>scomportements étranges.Critère .. culturel» La culture impose <strong>de</strong>stendances dans tous les domaines, qu'il s'agisse<strong>de</strong>s vêtements, <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s, du langage ou <strong>de</strong>l'amour. La culture prescrit et interdit certainscomportements. Certaines choses sont taboues,d'autres illégales. À nouveau, plus unepersonne semble s'écarter <strong>de</strong>s normes (iciculturelles), plus elle est jugée anormale.Cependant. <strong>de</strong> même que les croyances etpratiques culturelles évoluent, les définitions <strong>de</strong>la normalité changent <strong>de</strong> concert. L.:exemple <strong>de</strong>l'homosexualité illustre bien ce fait.Critère cc statistique» Tous les statisticiensconnaissent le concept <strong>de</strong> courbe <strong>de</strong> Gauss(courbe dite « en cloche ») ou <strong>de</strong> « distributionnormale ». Elle est bien connue dans le mon<strong>de</strong><strong>de</strong> l'intelligence. Ainsi, un score <strong>de</strong> 100correspond à la moyenne et 66 % <strong>de</strong> lapopulation se situe entre 85 et 115, environ97 % se situe entre 70 et 130. Si vous obtenezun score inférieur à 70 ou supérieur à 130, voussortez <strong>de</strong> l'ordinaire, bien que le mot« anormal» ne vous soit pas appliqué. Cemodèle présente <strong>de</strong>s défauts, en ce sens qu'uncomportement fréquent n'est pasnécessairement bon pour la santé ou désirable.Par ailleurs, bien qu'il puisse fonctionner pour<strong>de</strong>s aptitu<strong>de</strong>s faciles à mesurer, il est moinspertinent pour <strong>de</strong>s thèmes plus subtils etmultidimensionnels tels que la personnalité oula maladie mentale.L'anormalité est caractérisée par <strong>de</strong>s comportements non convenüonnels, rares etindésirables. De plus, la notion d'anormalité comporte une dimension morale. Elle estassociée au fait <strong>de</strong> violer les règles et les principes moraux, et <strong>de</strong> dédaigner les normessociales. Le comportement illégal, immoral et indésirable est ainsi perçu comme anormal.Un autre critère intéressant d'anormalité est la gêne ressentie par les personnes <strong>de</strong>


10 comportement normal7l'entourage. Elles se sentent souvent mal à l'aise face une manifestation évi<strong>de</strong>nted'anormalité.Les problèmes liés au concept d'anonnalité Les ( ~ Elle dit toujoursproblèmes avec toute définition <strong>de</strong> l'anormalité sont évi<strong>de</strong>nts. qu elle n'aime pasTout d'abord, une personne en bonne santé dans une société en ce qui est anorIllal,mauvaise santé est souvent qualifiée d'anormale. L'histoire estcar c'est troppleine d'exemples <strong>de</strong> sociétés intolérantes envers ceux quiévi<strong>de</strong>nt. Elle dit quen'obéissent pas aux stricts critères <strong>de</strong> ce qu'elles considèrentce qui est nOrIllalcomme <strong>de</strong>s croyances et <strong>de</strong>s comportements acceptables.Deuxièmement, les experts eux-mêmes ne peuvent se mettreest simplementd'accord <strong>de</strong> façon ferme, consensuelle et définitive sur la beaucoup)lluscatégorisation du normal et <strong>de</strong> l'anormal. Même lorsque <strong>de</strong> complique etmultiples critères d'ano rmalité sont précisés, un désaccord intéressant. ) )fondamental persiste pour savoir si une personne est considéréeG. Stein, 1935comme anormale <strong>de</strong> façon irrévocable, et quelle que soit lasituation. Troisièmement, il faut aussi considérer la différence entre la position d'acteuret celte d'observateur: qui doit opérer l'évaluation ? Les acteurs s'estiment rarementanormaux : la plupart d'entre nous avons une conception raisonnablement positive <strong>de</strong>nous-mêmes et nous pensons possé<strong>de</strong>r une gran<strong>de</strong> quantité d'informations (un savoir)dont les autres ne peuvent disposer. Il y a cependant <strong>de</strong>s pièges et <strong>de</strong>s risques bienconnus <strong>de</strong> l'auto-évaluation. Il peut paraître plus facile d'être observateur et <strong>de</strong> qualifierles autres d'anormaux, surtout ceux qui sont différents <strong>de</strong> nous ou qui nous menacent.Auto-diagnostic (ou auto-évaluation) Un objectif majeur <strong>de</strong>l'accompagnement thérapeutique (comme la métho<strong>de</strong> dite du counseling) , <strong>de</strong> laformation et <strong>de</strong> la thérapie est d'ai<strong>de</strong>r les individus à <strong>de</strong>venir plus conscients d'euxmêmes.Certaines personnes souffrant <strong>de</strong> troubles <strong>psych</strong>iques et <strong>de</strong>s personnessupposées normales ont peu conscience <strong>de</strong> leurs problèmes. Elles semblents' iUusionner sur elles-mêmes. Par ailleurs, certains étudiants en <strong>psych</strong>opathologiedisent qu'ils reconnaissent avoir tel ou tel trouble mentallorsqu'its 'lisent <strong>de</strong>smanuels. Ceci vient du fait que beaucoup d'entre nous avons un sentiment surévaluédu caractère unique <strong>de</strong> nos pensées o u <strong>de</strong> nos comportements privés, particulièrementceux que nous pensons désapprouvés ou « interdits ». N o us cachons tous certainsaspects <strong>de</strong> nous-mêmes et nous pouvons découvrir soudain qu'ils sont présentés dans<strong>de</strong>s manuels qui établissent la liste <strong>de</strong> comportements désignés comme anormaux.'unCOlllp


8 l'esprit mala<strong>de</strong>02 UeffetplaceboLes mé<strong>de</strong>cins donnent parfois ce conseil: « Prenez <strong>de</strong>ux compriméset appelez-moi <strong>de</strong>main matin. » Bien qu'ils sachent que tous les traitementspossè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s ingrédients actifs ou <strong>de</strong>s procédés qui entraînent<strong>de</strong>s changements physiques chez le patient, ils connaissent aussi le pouvoir<strong>de</strong>s facteurs <strong>psych</strong>ologiques pour soigner toutes sortes <strong>de</strong> choses.L'action <strong>de</strong> l'esprit sur la matière dans le domaine <strong>de</strong> la santé est connue<strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s siècles.De quoi s'agit-il? Placebo est le mot latin pour signifier « je plais >'. Un placebo «est défini comme une préparation sans valeur médicale ou effet pharmacologique. Un placebo actif imite les effets secondaires du médicament mais n'a pasLe son <strong>de</strong> la d'effet thérapeutique reconnu. flûte guériral'épilepsie Historique Le début <strong>de</strong>s recherches mo<strong>de</strong>rnes dans ce domaine est et la goutte généralement attribué à un article écrit il y a plus <strong>de</strong> cinquante ans sciatique. ) ) dans la Revue <strong>de</strong> ['as sociation <strong>de</strong>ntaire américaine. Henry Beecher abeaucoup surpris le mon<strong>de</strong> médical en affirmant que <strong>de</strong>s procéduresplacebo telles que <strong>de</strong>s comprimés composés <strong>de</strong> sucre, voire un simple300 avant J.-Co examen pratiqué d'une manière amicale, pouvait conduire à uneamélioration <strong>de</strong> 30 % <strong>de</strong> la santé <strong>de</strong>s patients. De nos jours, cetteestimation a augmenté jusqu'à atteindre entre la moitié et les trois quarts <strong>de</strong>s patients,pour toutes sortes <strong>de</strong> problèmes, <strong>de</strong> l'asthme à la maladie <strong>de</strong> Parkinson, montrant <strong>de</strong>véritables améliorations durables à partir <strong>de</strong> divers traitements.Théophraste,Différents placebos Quels types <strong>de</strong> placebos fonctionnent le mieux? Objets <strong>de</strong>nombreuses recherches, la couleur et la taille <strong>de</strong>s co mprimés n'ont qu'un faibleimpact. Un chercheur a constaté que pour qu'un placebo soit le plus efficace possible,il doit être très gros et marron ou violet, ou très petit et rouge ou jaune éclatant.Des propriétés thérapeutiques sont attribuéesà toutes sortes <strong>de</strong> substancesAvant le xx e siècleToute la mé<strong>de</strong>cine jusqu'aux tempsmo<strong>de</strong>rnes est en fait l'histoire du placebo


l'ellet placebo9TOLAt ?Des placebos administrés dans un cadre médical ont entraîné uneréduction <strong>de</strong>s symptômes dans une gran<strong>de</strong> diversité <strong>de</strong> maladies,dont les allergies, l'angine <strong>de</strong> poitrine, l'asthme, le cancer,l'infarctus du myocar<strong>de</strong>, la dépression, le diabète, l'énurésie,l'épilepsie, l'insomnie, la maladie <strong>de</strong> Ménière, la migraine, lasclérose multiple, la névrose, la pathologie oculaire, la maladie <strong>de</strong>Parkinson, l'hypertrophie <strong>de</strong> la prostate, la schizophrénie, lesmaladies <strong>de</strong> peau, l'ulcère et les verrues.Plus sérieusement, les procédures invasives et massives ont <strong>de</strong>s effets placebos plusimportants. Les piqûres semblent avoir un impact plus important que les comprimés,et même la chirurgie placebo (au cours <strong>de</strong> laquelle le co rps du patient est ouvert puisrecousu sans que rien d'autre ne soit fait) présente <strong>de</strong>s taux élevés <strong>de</strong> réponsespositives.Le mo<strong>de</strong> d'administration du traitement et d'autres qualités du mé<strong>de</strong>cin semhlentcontribuer fortement à l'impact du traitement. Les mé<strong>de</strong>cins qui manifestent plusd'intérêt po ur leurs patients, qui ont plus <strong>de</strong> co nfiance dans le traitement, qui ont unstatut professionnel plus élevé, semblent favoriser <strong>de</strong>s effets placebo plus importantschez leurs patients.Comment fonctionne-t-il ? La fascination à l'égard <strong>de</strong> l'effet placebo aconduit à <strong>de</strong> nombreuses théories sur la faço n dont il fonctionne. Toutes so rtes <strong>de</strong>concepts ont été proposés, dont le conditionnement opérant, le conditionnementclassique, la réduction <strong>de</strong> la culpabilité, le transfert, la suggestio n, la persuasion ,l'attente <strong>de</strong> rôle, la foi , l'espoir, la réduction <strong>de</strong> la dissonance cognitive, la théorie ducontrôle, la réduction <strong>de</strong> l'anxiété et la décharge d'endorphines.( ( La proximité humaine gu~rit :nous sommes mé<strong>de</strong>cins les uns envers les autres. ))Oliver Sacks, 1973';11i1eeS 1950 Annees 1960 Annees 1980Première recherche Le placebo fait l'objet 80 % <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins admettentsur le placebo d'essais contrôlés utiliser <strong>de</strong>s placebos


10 l' rit m laLes essais contrôlés randomisés en double aveugle L'effet placeboest à la fois un bienfait et un fléau. C'est un bienfait pour tous les thérapeutes, quelque soit le traitement qu'ils prescrivent. C'est un fléau pour les scientifiques quiessaient d'évaluer l'effet réel <strong>de</strong>s interventions. L'étu<strong>de</strong> avec placebo, contrôlée,randomisée et en double aveugl\e est aujourd'hui la règle d'or <strong>de</strong> la recherchescientifique pour évaluer la thérapie et écarter tout effet placebo.«Le principe consiste à répartir les individus, certains dans unC'est lagroupe sans trà itement, d'autres dans un groupe avec unconfession, non letraitement alternatif ou un traitement placebo. De plus, ni leprêtre, qui donne mé<strong>de</strong>cin/chercheur/thérapeute, ni le client/patient ne connaîtle traitement reçu.l'absolution. ) )Le premier essai randomisé contrôlé a eu lieu peu après laOscar Wil<strong>de</strong>, 1890 Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale. Mais ce n'est que <strong>de</strong>puis unevingtaine d'années que <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s en double aveugle sontréalisées. Puisque les facteurs <strong>psych</strong>ologiques peuvent modifier la réponse autraitement, le patient <strong>de</strong>vrait rester « aveugle» au sujet <strong>de</strong> la nature du traitementreçu. Lorsque ce sont à la fois le patient et le mé<strong>de</strong>cin qui ne sont pas informés <strong>de</strong> lanature du traitement (médicament ou placebo, par exemple), ['essai scientifique estappelé « en double aveugle ». Lorsque le mé<strong>de</strong>cin connaît le traitement, mais que lepatient ne le connaît pas, on parle d'essai « en simp1e aveugle » .Les problèmes rencontrés Les recherches avec placebo, contrôlées,randomisées et en double aveugle, présentent cependant certaines difficultés. Toutd'abord, les problèmes peuvent survenir parce que les sujets répartis dans différentstraitements peuvent discuter <strong>de</strong> leur traitement. La répartition dans <strong>de</strong>s groupesnaturels (par exemple, la comparaison <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux écoles ou <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux zonesgéographiques) peut être préférable à la randomisation. Par ailleurs, les étu<strong>de</strong>s « enaveugle » peuvent ne pas être possibles pour certains traitements. Troisièmement, laparticipation à une étu<strong>de</strong> peut modifier le comportement <strong>de</strong>s individus. Le simple faitd'être contrôlé et évalué régulièrement peut avoir un effet bénéfique en soi.Quatrièmement, les participants qui participent à un essai peuvent ne pas êtrereprésentatifs <strong>de</strong> la population générale <strong>de</strong> patients ayant le problème spécifique quel'on étudie. Introduire <strong>de</strong>s critères dans un essai nécessite d'être strict pour assurer lacompatibilité entre les groupes et pour fournir la meilleure probabilité <strong>de</strong> montrer lebienfait du traitement. Un autre prob'lème est le moindre respect du traitementprescrit lié à la probabilité <strong>de</strong> recevoir un traitement placebo. Si on dit aux patientsqu'ils risquent <strong>de</strong> recevoir un placebo, ils peuvent avoir tendance à abandonner letraitement si celui-ci n'a pas d'effet immédiat.Sixièmement, utiliser un traitement standard au cours <strong>de</strong> l'essai peut être artificiel etpeu pertinent pour la pratique clinique. Ceci peut empêcher une approche plussouple centrée sur le patient. L'essai peut donc ne pas être un vrai test <strong>de</strong> l'utilisationclinique <strong>de</strong> la thérapie, et les besoins du patient peuvent entrer en conflit avec lesexigences <strong>de</strong> la recherche. De plus, les variations individuelles <strong>de</strong> réponse sont


f'ellet placebo 11souvent ignorées dans une analyse qui ne tient compte que <strong>de</strong>s « Unbonréponses moyennes du groupe. On peut ne pas prêter suffisamment encouragementattention aux patients dont l'état empire à la suite du traitement, àest le meilleurmoins qu'ils n'aient souffert d'effets secondaires particulièrementmé<strong>de</strong>cin. ))importants.Huitièmement, <strong>de</strong>s problèmes éthiques peuvent surgir dans divers Pindare, 500 avant J.-C.contextes, particulièrement lorsque le traitement placebo est complexeou lorsque le patient ou le mé<strong>de</strong>cin a une préférence marquée pour un traitementcomparativement à un autre. Neuvièmement, la principale mesure <strong>de</strong> résultat, baséesur l'évaluation clinique et sur <strong>de</strong>s tests objectifs, peut ne pas refléter la conception dupatient <strong>de</strong> ce qui constitue un changement bénéfique important. Les patients peuventse préoccuper plus <strong>de</strong> leur qualité <strong>de</strong> vie, laquelle peut ne pas être liée à <strong>de</strong>schangements <strong>de</strong>s paramètres biologiques ou à d'autres indicateurs <strong>de</strong> maladie. Enfin,le souci d'éliminer l'effet placebo lorsque l'on évalue un traitement comparativementà un placebo peut faire négliger d'importantes variables <strong>psych</strong>ologiques. Lescaractérisüques du mé<strong>de</strong>cin et l'attitu<strong>de</strong> du patient envers le traitement sontrarement examinées d ans un contexte médical, alors qu'elles peuvent être <strong>de</strong>s facteursimportants dans le respect du traitement par le patient et son attitu<strong>de</strong> envers lamaladie.( ( La mé<strong>de</strong>cine guérit l'homme <strong>de</strong>stiné à ne pas mowir. ) )Proverbeidée cléattitp.Çle psyçholo~queIn le e tùtàt~du traitel11ent


12 l' s rit mala eArrêterla dépendance« Toute forme d'addiction est mauvaise, qu'il s'agisse d'alcool, <strong>de</strong> morphineou d'idéalisme. » CarlJlwg, 1960La plupart <strong>de</strong>s individus pensent que les addictions concernent essentiellement lesdrogues. La liste est longue <strong>de</strong>s substances dont les individus peuvent êtredépendants; l'alcool, les stimulants (tels que la cocaïne), les opiacées, leshaHucinogènes, la marijuana, le tabac et les barbituriques.La dépendance implique l'exposition à quelque chose, puis un comportementcherchant à répéter très souvent cette expérience. L'addiction s'installe au fil dutemps. Il y a une consommation régulière et croissante, l'utilisateur sachant que sonhabitu<strong>de</strong> est coûteuse, néfaste à sa santé et parfois illégale, mais étant apparemmentincapable <strong>de</strong> l'abandonner. C'est un processus complexe qui implique <strong>de</strong>s facteursbiologiques, <strong>psych</strong>ologiques et sociaux.«Certains spécialistes <strong>de</strong>s dépendances s'intéressent au faitque certaines substances ou activités possè<strong>de</strong>nt cette propensionNous buvons àà entraîner l'addiction. D'autres sont fascinés par le fait quela santé <strong>de</strong>s autres, certains individus semblent moins sensibles que d'autres.et nous détruisons Certains scientifiques concentrent leur attention sur lesla nôtre. )) conditions environnementales et sociales qui modifient laJerome K. Jerome, 1820probabilité <strong>de</strong>s addictions, tandis que d'autres tournentleur regard vers les possibilités <strong>de</strong> guérison et les risques<strong>de</strong> rechute.Dépendance ou abus En ce qui concerne les drogues, la littérature<strong>psych</strong>iatrique distingue entre la dépendance et l'excès. Les <strong>de</strong>ux termes ont un senstechnique. La dépendance présente <strong>de</strong>s caractéristiques spécifiques, telles que latolérance (les individus consomment <strong>de</strong> plus en plus, avec <strong>de</strong>s effets limités) ; lessymptômes <strong>de</strong> manque (lorsque la personne ne consomme pas la substance) ; lesobsessions relatives aux moyens <strong>de</strong> se procurer le produit; une dégradation <strong>de</strong> toutesles activités sociales, professionnelles et <strong>de</strong> loisirs; enfin, un usage continu malgréune pleine connaissance <strong>de</strong> tous les dommages occasionnés.La ville <strong>de</strong> San Franciscointerdit l'opium1919-1933Prohibition aux États-Unis


arrêter la dépendance 13Le..Les <strong>de</strong>ux addictions les plus étudiées sont letabagisme et la consommation d'alcool. Dansla plupart <strong>de</strong>s pays occi<strong>de</strong>ntaux, un quart à untiers <strong>de</strong>s gens fument, et le tabagisme estconsidéré comme étant à l'origine d'un tiers<strong>de</strong>s cancers. Le tabagisme est aujourd'hui unedépendance stigmatisée qui a <strong>de</strong> multiplescauses. Les facteurs qui conduisent une personneà commencer à fumer (pression sociale,imitation <strong>de</strong> modèles) sont souvent différents<strong>de</strong> ceux qui la poussent à continuer. La nicotineest un puissant stimulant: elle augmente lerythme cardiaque et la pression sanguine,diminue la température du corps, change letaux <strong>de</strong> libération d'hormones par l'hypophyseet libère <strong>de</strong> l'adrénaline. La décharge <strong>de</strong>dopamine dans le cerveau entraîne ladépendance. Plus important encore, lesindividus continuent à fumer en raison <strong>de</strong>ssymptômes désagréables <strong>de</strong> manque quisurviennent en cas d'absence du produit:anxiété, maux <strong>de</strong> tête, irritabilité et insomnie.S'arrêter <strong>de</strong> fumer a <strong>de</strong>s effets immédiats et àlong terme.De nombreuses personnes essaient <strong>de</strong> réduireet d'abandonner le tabac. Les gouvernementsinterdisent certaines publicités, limitent les lieux<strong>de</strong> vente et <strong>de</strong> consommation, et augmententle prix <strong>de</strong>s cigarettes, avec <strong>de</strong>s effets mo<strong>de</strong>stes,et mènent <strong>de</strong>s campagnes <strong>de</strong> santé etd'éducation. Les individus essaient toutessortes <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s: patchs et gommes <strong>de</strong>remplacement <strong>de</strong> la nicotine, <strong>psych</strong>othérapie ethypnose, et, pour finir, le simple pouvoir <strong>de</strong> lavolonté. Puisque <strong>de</strong> nombreux facteurs (visuels,olfactifs, physiologiques et sociaux) déclenchentle besoin <strong>de</strong> cigarette, <strong>de</strong> nombreux fumeursestiment impossible d'arrêter.L'abus signifie l'usage d'une drogue malgré la nécessité <strong>de</strong> remplir diversesobligations: scolaires, familiales et professionnelles; la consommation dans <strong>de</strong>ssituations dangereuses (au volant, au travail) ; l'usage malgré un comportementillégal; l'usage malgré <strong>de</strong>s effets secondaires négatifs continus.La personnalité dépendante L'idée initiale était que les individus avaientun profil <strong>psych</strong>ologique particulier ou une vulnérabilité qui les prédisposait à <strong>de</strong>saddictions. Cependant, cette conception n'a pas été validée. Certains <strong>psych</strong>iatresconsidèrent que l'addiction est la conséquence d'une maladie mentale teUe que ladépression ou le trouble <strong>de</strong> la personnalité antisociale. L'idée est ici que les personnesayant un trouble <strong>psych</strong>ique sont vulnérables au fait d'uüliser une substance commebéquiUe. Ils ont plus <strong>de</strong> probabilités <strong>de</strong> faire l'expérience et d'ignorer ou <strong>de</strong> minimiserles conséquences éventuellement négatives.Les thérapeutes soulignent également que les personnes dépendantes utilisent lesdrogues pour compenser ou faire face. Ces produits sont utilisés pour engourdir lessensations, réduire les états émotionnels douloureux ou les conflits intérieurs. Ils1935 Annees 1960 Annees 2000Création <strong>de</strong>s Alcooliques La contre-culture recomman<strong>de</strong> Interdiction à vaste échelleanonymes la consommation <strong>de</strong> substances <strong>de</strong> la consommation <strong>de</strong> tabac<strong>psych</strong>o-activesdans les lieux publics


14 11'. prit mal <strong>de</strong>Les cv-',tè.v-es pS:3CVù~tv-"~LAeS<strong>de</strong> (~ cAépef\cA~f\Ce La dépendance peut être définie comme une 4. un désir persistant ou <strong>de</strong>s efforts infructueuxconsommation mal adaptée <strong>de</strong> substance, pour arrêter ou limiter la consommation;conduisant à une altération ou à une souffrance, 5. beaucoup <strong>de</strong> temps consacré à <strong>de</strong>s activitésmanifestée par l'une <strong>de</strong>s caractéristiquesnécessaires pour se procurer le produit ou poursuivantes, survenant à tout moment au cours récupérer <strong>de</strong> ses effets;d'une pério<strong>de</strong> d'un an :6. l'abandon ou la réduction d'importantes1. la tolérance, c'est-à-dire le besoin <strong>de</strong> quantités activités sociales, familiales, professionnellescroissantes du produit pour parvenir àou <strong>de</strong> loisir en raison <strong>de</strong> la consommation dul'intoxication ou à l'effet désiré, et/ou un effet produit;décroissant avec l'usage continu <strong>de</strong> la même 7. le maintien <strong>de</strong> la consommation du produitquantité <strong>de</strong> produit;malgré une bonne connaissance <strong>de</strong>s problèmes2. <strong>de</strong>s symptômes <strong>de</strong> manque envers le produit physiques et <strong>psych</strong>ologiques durables, spécifique lorsque la personne n'en consomme probablement causés ou exacerbés par la pas;substance. 3. la consommation du produit en quantité plus importante ou sur une durée plus longue que prévu; peuvent ai<strong>de</strong>r en cas <strong>de</strong> solitu<strong>de</strong> ou combler l'absence <strong>de</strong> relations satisfaisantes avecles autres. Les consommateurs sentent qu'ils ne peuvent dire et faire certaines chosesque sous l'influence du produit; ils <strong>de</strong>viennent progressivement dépendants afind'avoir un fonctionnement social adéquat.La vulnérabilité génétique Les addictions surviennenten famille. Par exemple, les enfants d'alcooliques ont quatre fois( ( L'ivresse n'est plus <strong>de</strong> probabilités <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir eux-mêmes alcooliques que lesrien d'autre qu'une autres enfants. Des étu<strong>de</strong>s menées auprès <strong>de</strong> jumeaux ontfolie volontaire. ) ) clairement montré que la dépendance a <strong>de</strong>s origines génétiques.Il est probable que <strong>de</strong>s facteurs génétiques complexesSénèque, 60 avant J.-C.conduisent à une réponse biologique spécifique aux drogues,probablement liée au système <strong>de</strong>s n eurotransmetteurs. Lesindividus peuvent ainsi s'automédicamenter avec <strong>de</strong>s drogues qui « corrigent» undéséquilibre biochimique du cerveau dont ils ont hérité.La théorie <strong>de</strong>s processus antagonistes Cette théorie postule que lessystèmes réagissent et s'adaptent aux stimuli en contrecarrant leurs effets initiaux. Ledésir, puis l'envie, pour quelque chose qui n'existait pas avant toute expérience <strong>de</strong> ladrogue, apparaît et augmente lorsqu'on y est exposé. Divers phénomènes sont associés


arrêter 1 dé endanee 15à la dépendance quelle qu'elle soit. Le premier est le plaisir émotionnel, un état physiqueet émotionnel agréable qui suit l'usage du produit. La personne peut se sentir relaxée,moins stressée, ou encore éprouver une sensation d'énergie soudaine. Il y a ensuite latolérance émotionnelle, qui fait que l'individu a besoin <strong>de</strong> plus en plus du produit pouréprouver le même effet. Le troisième phénomène est le manque émotionnel, quisurvient lorsque le produit n'est pas consommé pendant un certain temps.La drogue génère ainsi un processus qui déclenche une réaGtion opposée, laquelleaugmente avec une exposition répétée. Ceci s'appelle le contraste émotionnel. Si laconsommation augmente, la réaction dominante est négative. Ainsi, la personne abesoin <strong>de</strong> la drogue pour parvenir à un état neutre et la consommation du produit luiprocure peu <strong>de</strong> plaisir.La théorie du renforcement positif Les drogues ( ( La cocaïnepeuvent entraîner une sensation <strong>de</strong> bien-être, voire ne crée pasd'euphorie. Dans les années 1960, les <strong>psych</strong>ologues ont d'accoutUlllance.permis à <strong>de</strong>s singes <strong>de</strong> s'auto-administrer <strong>de</strong> la morphine et Sinon, je le saurais,ceux-ci ont manifesté tous les signes <strong>de</strong> la dépendance. Les puisque j'en prends<strong>psych</strong>ologues se sont <strong>de</strong> plus en plus intéressés à la<strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreuses« récompense » fournie au cerveau par la drogue,années. »)particlllièrement les zones cérébrales et lesneurotra nsmetteurs impliqués dans les « récompenses Tallulah Bankhead, 1960naturelles» comme la nourriture et la sexualité,comparativement à <strong>de</strong>s stimulants artificiels tels que lesdrogues et la stimulation électrique du cerveau. Nous savons que les drogues tellesque la cocaïne et les amphétamines augmentent le taux <strong>de</strong> dopamine synaptique dansla zone cérébrale appelée noyau a.ccumbens. Ainsi, <strong>de</strong> nombreuses substancesfou missent un « p 'lus » que nous souhaitons obtenir à nouveau.Les théories <strong>de</strong> l'apprentissage La consommation <strong>de</strong> drogue et les plaisirsqui lui sont liés s'associent à <strong>de</strong>s situations, <strong>de</strong>s ambiances et <strong>de</strong>s sons bien spécifiques.Si l'on place <strong>de</strong>s individus dans un cadre particulier, ils vont ressentir le besoin <strong>de</strong>consommer <strong>de</strong> ~a drogue; par exemple, une publicité pour l'alcool ou l'o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> lafumée pour les personnes dépendantes à la nicotine provoquent l'envie <strong>de</strong> fumer. Lessignaux qui indiquent une distribution imminente <strong>de</strong> drogue peuvent entraîner unfort désir qui « doit» être satisfait. Ceci correspond en bien <strong>de</strong>s points à la théorieaujourd'hui dépassée du comportementalisme et du conditionnement.idée clé et ca e et guéritépendance


18 l'esprit m eLe contact perdu La plupart d'entre nous sont terrifiés à l'idée <strong>de</strong> rencontrer unschizophrène. Les schizophrènes sont considérés comme <strong>de</strong>s démentsdangereux, déséquilibrés et incontrôlables. Films et livres ont probablementplus fait pour perpétuer les nombreux mythes qui les entourent que pourexpliquer leurs troubles. La schizophrénie est une maladie mentalecaractérisée par un trouble <strong>de</strong> la pensée, <strong>de</strong>s perceptions, <strong>de</strong>scomportements et <strong>de</strong> l'humeur.Fréquence La schizophrénie, maladie mentale la plus grave, touche 1 % <strong>de</strong> 'lapopulation. Environ un tiers <strong>de</strong>s personnes atteintes nécessitent une hospitalisation àlong terme; un autre tiers fait preuve <strong>de</strong> rémission et peut être considéré commeguéri; un autre tiers encore a <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> symptôme alternant avec <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s<strong>de</strong> « normalité » . Ces personnes sont différentes en raison <strong>de</strong> symptômes qu'elles ontou non, comparativement à <strong>de</strong>s personnes normales. Elles ont tendance à présenterdiverses manifestations <strong>de</strong> troubles <strong>de</strong> la pensée (penséedésorganisée, irrationnelle) et <strong>de</strong>s hallucinations. Elles ont« La tendance à manquer d'énergie, d'initiative et <strong>de</strong> contactsschizophrénie ne sociaux. Elles expriment peu d'émotions, ont peu <strong>de</strong> pla,isirs etpeut pas être vivent repliées sur elles-mêmes.comprise sans La schizophrénie a souvent <strong>de</strong>s conséquences sociales etprofessionnelles. Certains épiso<strong>de</strong>s »comprendre le peuvent durer pendant <strong>de</strong>désespoir. ) ) longues pério<strong>de</strong>s puis réapparaître. C'est pour beaucoup <strong>de</strong>schizophrènes, mais pas pour tous, un problème handicapant etR. D. Laing, 1955 durable.Historique et fausses conceptions Il existe <strong>de</strong> nombreuses idées faussessur les schizophrènes. La première est qu'ils sont dangereux, incontrôlables etimprévisibles, alors que la plupart sont plutôt timi<strong>de</strong>s, renfermés et préoccupés parleurs problèmes. La <strong>de</strong>uxième est qu'ils ont une personnalité divisée en <strong>de</strong>ux, du typedocteur JekyU et Mr Hy<strong>de</strong>, alors que ce qui est divisé est l'aspect émotionnel (lesaffects) et l'aspect cognitif (la pensée). Troisièmement, beaucoup <strong>de</strong> gens croient queles schizophrènes ne peuvent pas guérir et le restent toute leur vie.1908Kraepelin décritBleuler utilise pour la premièrela schizophrénie. fois le terme « schizophrénie ».1T.di


le conf ct perdu 17C'est à la fin du XIX" siècle qu'Emil Kraepelin, un<strong>psych</strong>iatre allemand, a essayé d'établir le premiersystème <strong>de</strong> class ification <strong>psych</strong>iatrique. Un <strong>de</strong>stroubles qu'il qualifiera <strong>de</strong> <strong>de</strong>mentia praecox décritdivers signes comportementaux que nOLIs appellerionsaujourd'hui schizophrénie. Sa théorie selon laquellela cause, et donc le « remè<strong>de</strong> " , sont biomédicaux ainfluencé un grand nombre <strong>de</strong> chercheurs. Un autreAllemand, Adolph Meyer, a affirmé au début duxx" siècle, qu'il n'y avait pas <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>mentphysiologique à la maladie et qu'elle provenait <strong>de</strong>problèmes précoces d'apprentissage et <strong>de</strong> processusinterpersonnels insuffisamment développés.Classification La classification <strong>de</strong> laschizophrénie <strong>de</strong>meure complexe en raison <strong>de</strong> ladiversité <strong>de</strong>s symptômes. Ils comprennent les délires,tes hallucinations, le langage confus (incohérence,liens imprécis, usage <strong>de</strong> mots dépo urvus <strong>de</strong> sens), lecomportement désorganisé (vêtements, posturecorporelle, hygiène personnelle), <strong>de</strong>s émo tionslimitées et négatives, une faible conscience <strong>de</strong>sproblèmes vécus et la dépression.En raison <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> diagnostic, diverssous-types ont été mis au jour. Il y a ainsi lesLO'"tV-OVe.V-Se.co",ce.ptLAe. ((e.Le terme diagnostique« schizophrénie» est une sourceimportante <strong>de</strong> désaccords parmi les<strong>psych</strong>iatres, les patients et le grandpublic. l'objection la plus fréquenteest qu'il s'agit d'un terme généralinutile qui recouvre une multiplicité<strong>de</strong> troubles avec différentssymptômes et différentes causes. Lediagnostic n'est donc pas fiable.Certains défen<strong>de</strong>nt l'idée <strong>de</strong>schizotypie, qui désigne uncontinuum <strong>de</strong> caractéristiques <strong>de</strong>personnalité et d'expériences liéesaux <strong>psych</strong>oses, en particulier laschizophrénie. C'est une approchedifférente <strong>de</strong> celle qui consiste àaffirmer que l'on a le problème ounon.schizophrénies paranoï<strong>de</strong> et catatonique. Lesschizophrènes catatoniques (du grec « tendu,,) adoptent souvent <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>sbizarres et immobiles pendant <strong>de</strong> longues pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> temps. Les schizophrènesparanoï<strong>de</strong>s ont <strong>de</strong>s illusions Je contrôle, <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur et <strong>de</strong> persécution, et se méfient<strong>de</strong> tout ce qui les entoure. Les schizophrènes désorganisés ont <strong>de</strong>s pensées et <strong>de</strong>spropos étranges, avec <strong>de</strong>s explosions émotionnelles soudaines et inappropriées.Certains <strong>psych</strong>iatres mentionnent également la schizophrénie simple ouindifférenciée. D'autres établissent une distinction entre la schizophrénie aiguë(déclenchement soudain et grave) et chronique (déclenchement progressif etprolongé). Une autre distinction est faite entre les schizophrénies <strong>de</strong> type 1(symptômes essentiellement positifs) et <strong>de</strong> type 2 (symptô mes essentieltementnégat ifs).1933 Annees 1950T.S. Eliot parle <strong>de</strong> « personnalitéMise au point <strong>de</strong> médicamentsdivisée li.anti<strong>psych</strong>otiques efficaces.


lu ll'esprlt mala e( ( La schizophrénie: Il n'y a pas aujourd'hui encore d'accord complet sur Iles soustypes<strong>de</strong> « déficits » précis <strong>de</strong> fonctionnement, bien qu'ilslUle tentative réussie<strong>de</strong> ne pas s'adapters'intègrent généralement dans quatre catégories: déficitsà <strong>de</strong> pseudo-réalités cognitifs, perceptifs, moteurs et émotionnels. Les scientifiquescontinuent à chercher la source <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> « vulnérabilité »sociales. ) )qui conduisent certaines personnes à développer uneR.D. Laing, 1958 schizophrénie. Il y a <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s génétiques <strong>de</strong> plus en pluscomplexes, d'autres s'intéressent particulièrement auxcomplications <strong>de</strong> la grossesse et à <strong>de</strong>s expériences traumatiques dans l'enfance,d'autres encore portent sur le fonctionnement cérébral ou encore sur les influencesfamiliales et culturelles.Les chercheurs, les mé<strong>de</strong>cins et le grand public ont tendance à croire en différentesapproches qui décrivent la cause et le remè<strong>de</strong> <strong>de</strong> la schizophrénie. Ces approches sedivisent essentiellement en <strong>de</strong>ux: d'une part, es modèles biologiques, qui mettentl'accent sur les causes génétiques, biochimiques ou <strong>de</strong> la structure cérébrale; d'autrepart, les modèles socio<strong>psych</strong>ologiques, qui se focalisent sur les problèmes <strong>de</strong>communication et Iles sanctions dans l'enfance. Les avancées en génétiquecomportementale et en neurologie ont suscité un intérêt accru pour l'approchebiologique <strong>de</strong>s causes et <strong>de</strong>s remè<strong>de</strong>s.Le modèle médical Selon ce modè le, les schizophrènes, le plus souventconsidérés comme <strong>de</strong>s « patients », vivent dans <strong>de</strong>s « hôpitaux» et sont« diagnostiqués» ; on établit un « pronostic» à leur sujet et ils sont « traités ». Lemodèle médical considère te dysfonctionnement mental essentiellement comme uneconséquence <strong>de</strong> changements physiques et chimiques, prioritairement dans lecerveau. Les étu<strong>de</strong>s sur les jumeaux et sur les enfants adoptés ont convaincu laplupart <strong>de</strong>s chercheurs qu'un facteur génétique est impliqué. D'autres chercheurs sesont concentrés sur la bioch imie cérébrale. Certains proposent r hypothèse <strong>de</strong>l'existence d'anomalies cérébrales chez les schizophrènes, peut-être causées par unvirus. Le traitement consiste essentiellement en procédures médicales et parfoischirurgicales, mais surtout en l'usage <strong>de</strong> neuroieptiques (anti<strong>psych</strong>otiques).Le modèle moral-comportemental Selon ce modèle, les schizophrènessouffriraient <strong>de</strong> leur comportement « immoral» ou problématique. De nombreuxcomportements <strong>de</strong>s schizophrènes transgressent les principes moraux ou légaux, et ceciest la clé <strong>de</strong> la compréhension et du soin apporté à ce trouble. Le traitement est <strong>de</strong> loinl'aspect le plus important du modè le moral-comportemental, qui est rarement présentdans les pays développés <strong>de</strong> nos jours. Que le comportement soit perçu comme fautif,irresponsable, simplement inadapté ou socialement déviant, l'élément crucial est <strong>de</strong>le modifier afin <strong>de</strong> le rendre socialement acceptable. Les métho<strong>de</strong>s utilisées vont <strong>de</strong>ssimples exhortations morales à <strong>de</strong>s techniques comportementales complexes, tellesque 1'« économie <strong>de</strong>s jetons » (token economy), forme <strong>de</strong> modification et <strong>de</strong> contrô leverbal du comportement et <strong>de</strong> formation aux compétences sociales.


le cont ct perdu 19« Le modèle <strong>psych</strong>analytique Ce modèle diffère <strong>de</strong>s Je faisautres en ce sens qu'il est interprétatif, considérant le patient l'hypothèse qu'unecomme un agent capable d'action significative. Plutôt que <strong>de</strong> personne prisevoir les schizophrènes comme « agis» par diverses forces dans un double lien(biologiques et environnementales) qui les poussent à sepeut développer <strong>de</strong>scomporter d'une certaine manière, la conceptionsymptômes <strong>de</strong><strong>psych</strong>analytique s'intéresse aux intentions, motivations et auxschizophrénie. ) )raisons <strong>de</strong>s patients. Ce modèle suggère que <strong>de</strong>s expériencesprécoces inhabituelles ou traumatiques, ou l'échec à franchir G. Bateson, 1958certaines étapes du développement émotionnel sont lesprincipales causes <strong>de</strong> la schizophrénie. Le comportement <strong>de</strong> la personne doit êtreinterprété symboliquement; c'est la tâche du thérapeute <strong>de</strong> le déco<strong>de</strong>r. Une thérapieindividuelle à long terme avec un <strong>psych</strong>analyste formé est le principal traitementoffert par ce modèle.Le modèle social Selon ce modèle, la maladie mentale est partiellementconsidérée comme un symptôme d'une société « mala<strong>de</strong> » (d'autres symptômes étantle taux élevé <strong>de</strong> divorces, le stress professionnel, la délinquance juvénile, latoxicomanie croissante). Les pressions du mon<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rne pèsent plus lour<strong>de</strong>ment surles personnes pauvres et défavorisées, et celles-ci semblent donc plus souffrir <strong>de</strong> ce quiest décrit comme « maladie ». Il n'y a pas <strong>de</strong> traitement individuel dans le modèlesocial. Ce qui est requis en contrepartie est un changement social sur une vasteéchelle pour réduire les pressions sur les individus et ainsi l'inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la maladiementale.Le modèle du complot C'est peut-être le modèle le plus radical en ce qu'il niel'existen.ce <strong>de</strong> la maladie mentale (en tant que trouble physique) et qu'il estdirectement opposé au modèle médical. La maladie mentale n'est pas « quelque choseque la personne a », mais « quelque chose que quelqu'un fait ou est». Selon cemodèle, les diagnostics <strong>psych</strong>iatriques sont <strong>de</strong>s étiquettes stigmatisantes appliquées à<strong>de</strong>s personnes dont le comportement choque ou contrarie les autres, et utilisées pourcontrôler une activité excentrique, extrême ou politiquement néfaste.idée cléne ta évolue•e


l'e prit mala<strong>de</strong>05 Pas névrotique,seulementdifférentHppr« Notre vie entière est marquée par une inquiétu<strong>de</strong> pour notre sécuritépersonnelle, les préparatifs en vue <strong>de</strong> vivre, <strong>de</strong> telle façon que nous nevivons jamais vraiment. » Léon Tolstoï, 1900Depuis <strong>de</strong> longues années, <strong>de</strong>s personnes contestent le pouvoir, les pratiques et lesprétentions <strong>de</strong>s <strong>psych</strong>iatres. Les dissi<strong>de</strong>nts et réformateurs ont formulé <strong>de</strong>s critiquesaffûtées envers la <strong>psych</strong>iatrie conventionnelle universitaire.Politique et <strong>psych</strong>iatrie Au fur et à mesure que la <strong>psych</strong>iatrie s'est établie etinstitutionnalisée en tant que pratique médicale, elle a eu ses détracteurs, qui n'aimaientni le pouvoir <strong>de</strong>s <strong>psych</strong>iatres ni leurs diagnostics. Il existe <strong>de</strong> nombreux documentsécrits par <strong>de</strong>s artistes, <strong>de</strong>s écrivains ou <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> patients qui se sont fortementopposés à <strong>de</strong>s traitements spécifiques (médicaments, électrochoc et chirurgie)appliqués à diverses « maladies » mentales. Des cas célèbres provenant <strong>de</strong> l'Allemagnenazie et <strong>de</strong> la Russie soviétique ont illustré la façon dont la <strong>psych</strong>iatrie a été utiliséecomme force politique d'oppression. Dans certaines situations, les <strong>psych</strong>iatressemblent agir comme une partie intégrante du bras répressif <strong>de</strong> l'État.Le courant anti<strong>psych</strong>iatrique a contesté trois choses: la médicalisation <strong>de</strong> la folie;l'existence <strong>de</strong> la maladie mentale; le pouvoir <strong>de</strong>s <strong>psych</strong>iatres <strong>de</strong> diagnostiquer et <strong>de</strong> traitersous la contrainte certains individus. L'anti<strong>psych</strong>iatrie était plus qu'opposée aux soins:elle était opposée à l'État, presque anarchiste. Elle considérait <strong>de</strong> nombreuses institutionsétatiques, en particulier les hôpitaux <strong>psych</strong>iatriques, comme <strong>de</strong>s entreprises <strong>de</strong>dénaturation et <strong>de</strong> répression <strong>de</strong> l'esprit humain et du potentiel <strong>de</strong> certains groupes.C 'est à partir <strong>de</strong>s années 1960 que le terme « anti<strong>psych</strong>iatrie» a été utilisé. Des liensse sont formés entre différents groupes qui se sont rassemblés autour <strong>de</strong> ce terme. Et,peut-être paradoxalement, les critiques les plus radicales sont venues <strong>de</strong>s <strong>psych</strong>iatreseux-mêmes.


pas névrotique, seulement différent 21Historique du mouvement Ce mouvement a trois principales origines. Lapremière a commencé au début <strong>de</strong>s années 1950 et résultait <strong>de</strong> la guerre entre les<strong>psych</strong>iatres d'orientation <strong>psych</strong>analytique et les nouveaux <strong>psych</strong>iatres qui seréféraient à la biologie. Les premiers, qui perdaient du pouvoir et qui prônaient untraitement prolongé fondé sur la parole, étaient contestés par les autres quiconsidéraient cette approche non seulement comme coûteuse et inefficace, maisprofondément non scientifique. Les traitements chirurgicaux et pharmacologiquesavaient obtenu certains succès importants. La vieille gar<strong>de</strong> conte~tait la jeune gar<strong>de</strong>.La <strong>de</strong>uxième attaque a eu lieu dans les années 1960 et dans différents pays, avec <strong>de</strong>spersonnalités comme David Cooper, R.D. Laing et Thomas Szasz qui dénonçaienthaut et fort l'utilisation <strong>de</strong> la <strong>psych</strong>iatrie pour contrôler les personnes qui déviaient<strong>de</strong>s normes sociales. Ainsi, les individus considérés comme déviants ou différentsLÂn0\ 'e..SPV-'ltt\e..LÂ déMe..ntt:une <strong>de</strong>s plus célèbres étu<strong>de</strong>s anti<strong>psych</strong>iatriquesa été réalisée au début <strong>de</strong>s années 1970. Huitchercheurs « normaux », en bonne santé mentaleont essayé d'être admis, grâce à un diagnostic,dans <strong>de</strong>s hôpitaux <strong>psych</strong>iatriques américains.Le seul symptôme qu'ils signalaient était qu'ilsentendaient <strong>de</strong>s voix. Sept ont été diagnostiquésschizophrènes et admis. Une fois dans l'hôpital,ils se sont comportés normalement; lepersonnel les ignorait 'lorsqu'ils <strong>de</strong>mandaientpoliment <strong>de</strong>s informations. Ils ont fait remarquerpar la suite que le diagnostic <strong>de</strong> schizophrénieavait pour conséquence qu'ils avaient un statutet un pouvoir moindres dans l'hôpital.Ils ont ensuite « confessé» qu'ils n'avaient pas<strong>de</strong> symptômes et qu'ils se sentaient très bien.Mais il a fallu presque trois semaines avant qu'ilsne soient libérés, souvent avec le diagnostic <strong>de</strong>« schizophrénie en rémission ». Ainsi, <strong>de</strong>sindividus normaux, en bonne santé mentale,pouvaient facilement être diagnostiquésd' « anormaux ». Mais l'inverse peut-il seproduire? Les mêmes chercheurs ont dit aupersonnel d'un hôpital <strong>psych</strong>iatrique que <strong>de</strong>spseudo-patients prétendant être schizophrènesrisquaient d'essayer <strong>de</strong> s'introduire dans leurétablissement. Ils ont ensuite constaté que dixneufvrais patients avaient été soupçonnés <strong>de</strong>frau<strong>de</strong> par <strong>de</strong>ux membres ou plus <strong>de</strong> l'équipe,y compris un <strong>psych</strong>iatre.La conclusion est qu'il n'est pas possible <strong>de</strong>distinguer les individus en bonne ou enmauvaise santé mentale dans les hôpitaux<strong>psych</strong>iatriques. Bien que cette étu<strong>de</strong> ait étéfortement critiquée pour <strong>de</strong>s raisons éthiqueset expérimentales, elle a fourni uneconsidérable impulsion au courantanti<strong>psych</strong>iatrique.1987 AIlarllr <strong>de</strong>s annees 1980 2000Publication du livre Fermeture à gran<strong>de</strong> échelle Forte critique <strong>de</strong>s entreprisesPsychiatrie et anti-<strong>psych</strong>iatrie, <strong>de</strong>s hôpitaux <strong>psych</strong>iatriques pharmaceutiques<strong>de</strong> David Cooper


22 1l'e prit mala<strong>de</strong>sexuellement, politiquement ou moralement étaient livrés au processus et au contrôle<strong>psych</strong>iatriques. Le célèbre ouvrage <strong>de</strong> Szasz Le Mythe <strong>de</strong> la maladie mentale illustre biencette conception.La troisième force a été constituée par <strong>de</strong>s sociologues américains et européens, enparticulier Erving Goffman et Michel Foucault, qui se sont intéressés au pouvoirsournois <strong>de</strong> la <strong>psych</strong>iatrie et à ses effets sur le l'étiquetage, 'la stigmatisation etl'hospitalisation <strong>de</strong>s individus.Le point culminant <strong>de</strong> ce mouvement est survenu dans les années 1960, dans uneépoque <strong>de</strong> contre-culture et d'esprit <strong>de</strong> contestation. Des films grand publk tels queVol au-<strong>de</strong>ssus d'un nid <strong>de</strong> coucous, et <strong>de</strong>s magazines contestataires ont mis en cause les<strong>psych</strong>iatres biologistes, les services et les pratiques d'État.Le courant anti<strong>psych</strong>iatrique a toujours été un mouvement peu structuré rassemblant<strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> militants qui ont fini par concentrer leur attention sur <strong>de</strong>s problèmestrès spécifiques comme la schizophrénie ou les troubles sexuels. Ils ont parléd'authenticité et <strong>de</strong> libération, d'autonomisation et <strong>de</strong> développement personnelplutôt que d'intervention pharmaceutique. Beaucoup ont commencé à attaquerl'industrie pharmaceutique et les institutions établies tenes que les hôpitaux<strong>psych</strong>iatriques.Les croyances fondamentales Le mouvement partage un certain nombre <strong>de</strong>croyances et <strong>de</strong> I2réoccupations fondamentales. La première était que les familles, lesinstitutions et l'Etat sont autant la cause <strong>de</strong> la maladie que le fonctionnementbiologique ou l'équipement génétique d'une personne. Deuxièmement, ils se sontopposés au modèle médical <strong>de</strong> la maladie et du traitement. Ils pensaient que ceux quivivaient selon <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s <strong>de</strong> conduite différents étaient étiquetés délirants à tort et <strong>de</strong>façon dangereuse. Troisièmement, ils croyaient que certaines religions et certainsgroupes ethniques étaient opprimés parce qu'ils étaient, dans un certain sens,anormaux. Ils étaient « pathologisés » et on tentait <strong>de</strong> leur faire croire qu'ils avaientbesoin <strong>de</strong> traitement.Ce courant s'est particulièrement préoccupé du pouvoir <strong>de</strong>s diagnostics. Ses partisansont considéré qu'ils donnaient une fausse impression d'exactitu<strong>de</strong> et d'invariabilité.Les diagnostics et les manuels sont rejetés parce que les individus réfèrent à <strong>de</strong>multiples critères (ou aucun) et parce qu'il y a peu d'accord entre les experts.Les critiques <strong>de</strong> la thérapie Le mouvementanti<strong>psych</strong>iatrique s'est également opposé à <strong>de</strong>s thérapies très( ( La névrose est spécifiques, en particulier les médicaments tels que ceux <strong>de</strong>stinés àtoujours un. traiter les problèmes spécifiques <strong>de</strong>s enfants (hyperactivité avecsubstitut <strong>de</strong> la troub'les <strong>de</strong> l'attention) et la dépression. Il a dénoncé leur coût etleurs effets secondaires ainsi que le fait que l'on ne disait pas lal légitime. ) )Carl Juno, 1951souffrancevérité aux patients à leur sujet. Les militants <strong>de</strong> l'anti<strong>psych</strong>iatrie sesont attaqués à tous les aspects <strong>de</strong> l'activité <strong>de</strong>s compagniespharmaceutiques, affirmant qu'eUes falsifiaient leurs données et


pa névraUque. SBUlelllBnt dlllérea' 123faisaient payer leurs médicaments beaucoup trop cher. Ce qui a eu pour résultatd'encadrer cette industrie par <strong>de</strong>s textes législatifs.Les militants ont également pris les électrochocs pour cible ainsi que <strong>de</strong>s procédés telsque la chirurgie cérébrale (lobotomie préfrontale). Malgré certaines preuvesd'efficacité, certaü1S opposants accusent ces métho<strong>de</strong>s d'être imposées à <strong>de</strong>s patientsnaïfs et d'entraîner <strong>de</strong> graves effets secondaires permanents.Le pouvoir <strong>de</strong>s <strong>psych</strong>iatres d'hospita liser <strong>de</strong>s patients sans leur volonté est égalementcritiqué. De nombreux opposants considèrent les <strong>psych</strong>iatres comme un bras <strong>de</strong> l'État,à l'égal <strong>de</strong>s policiers et <strong>de</strong>s juges.Les partisans <strong>de</strong> l'anti<strong>psych</strong>iatrie plai<strong>de</strong>nt pour une <strong>psych</strong>iatrie plus humaine. Ilsmettent toujours en cause le langage <strong>psych</strong>iatrique et l'illusion <strong>de</strong> la <strong>psych</strong>iatriebiomédicale et scientifique qui cherche <strong>de</strong>s explications biologiques et génétiques.Par exemple, ils affirment que la principale source <strong>de</strong> la dépression est la pauvreté,non le mauvais fonctionnement <strong>de</strong>s neurotransmetteurs.À l'origine, ces mouvements étaient fondés sur <strong>de</strong>s convictions antiréductionnistes,fortement idéologiques et politisés. Ils ont essayé d'exorciser et <strong>de</strong> réhabiliter la<strong>psych</strong>iatrie. Ils se sont opposés au « système ». Ils ont réussi <strong>de</strong> multiples manières: <strong>de</strong>nombreux traitements ont été stoppés, beaucoup d'hôpitaux <strong>psych</strong>iatriques ont étéfermés. Les étiquettesdiagnostiques ont changéet sont aujourd'huiutilisées avec beaucoup L~plus <strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce.De nombreux <strong>psych</strong>iatres ont essayé <strong>de</strong> répondre aux critiques <strong>de</strong>Le courantl'anti<strong>psych</strong>iatrie en adoptant <strong>de</strong>s principes <strong>de</strong> conduite spécifiques.anti<strong>psych</strong>iatrique s'estlis peuvent donc essayer d'instituer les éléments suivants.transformé enTout d'abord, admettre que l'objectif du traitement est <strong>de</strong> se sentirmouvement <strong>de</strong>mieux plutôt que <strong>de</strong> mieux se comprendre. Deuxièmement, leconsommateurs composé traitement <strong>de</strong>vrait être basé sur l'état <strong>de</strong>s connaissances, et les<strong>de</strong> patients. De nos jours, mé<strong>de</strong>cins ne <strong>de</strong>vraient utiliser que <strong>de</strong>s traitements à l'efficacitédémontrée. Troisièmement, reconnaître que les patients ont le droitl'accent est mis sur lesd'avoir accès à leur dossier, <strong>de</strong> connaître leur diagnostic, d'êtredroits et le pouvoir <strong>de</strong>sinformés sur les traitements disponibles et sur les risques associés.patients plutôt que sur la Les patients et les <strong>psych</strong>iatres <strong>de</strong>vraient avoir <strong>de</strong>s attentes réalistestentative <strong>de</strong><strong>de</strong> ce que les traitements et la thérapie peuvent faire ou non. Tousdémantèlement <strong>de</strong> lales patients avec <strong>de</strong>s troubles <strong>psych</strong>iatriques méritent du soin, <strong>de</strong> la<strong>psych</strong>iatrie.compassion et du respect.idée clé<strong>psych</strong>iatrie adiverses critiquescité


24 l'espl'lt mala<strong>de</strong>06 Paraîtrelen bonne santémentale« Les <strong>psych</strong>opathes n'ont pas <strong>de</strong> conscience morale et sont incapablesd'empathie, <strong>de</strong> culpabilité ou <strong>de</strong> loyauté envers quiconque, sauf eux-mêmes. »Paul Babiak et Robert Hare, 2006De subtiles différences Il existe une polémique autour du concept <strong>de</strong><strong>psych</strong>opathe «< personnalité <strong>psych</strong>opathique » et « sociopathe » sont parfois utilisés<strong>de</strong> façon synonyme). La <strong>psych</strong>opathie est un trouble <strong>de</strong> la personnalité, présent chez<strong>de</strong>s individus qui semblent ne pas avoir <strong>de</strong> conscience morale, qui présentent untrouble <strong>de</strong> l'empathie, et chez qui la notion <strong>de</strong> culpabilité ou <strong>de</strong> loyauté enversquiconque, sauf eux-mêmes, semble être absente. La sociopathie est un terme qui nefait pas partie d'une nomenclature officielle en <strong>psych</strong>iatrie, mais qui désigne lespersonnes antisociales et criminelles qui suivent les normes d'une sous-culturespécifique. Le « trouble <strong>de</strong> Ia personnalité antisociale»(appeHation <strong>psych</strong>iatrique globale, issue du DSM) est une vastecatégorie qui comprend les <strong>de</strong>ux conditions.On pourrait croire que le fait <strong>de</strong> diagnostiquer quelqu'un <strong>de</strong><strong>psych</strong>opathe est imprécis, contradictoire, et est utilisé par les<strong>psych</strong>iatres comme une catégorie fourre-tout pour les individustrop difficiles à diagnostiquer. Cependant, ce trouble <strong>de</strong> lapersonnalité est bien mis au jour <strong>de</strong>puis le livre <strong>de</strong> H. Cleckley(1941) intitulé Le Masque <strong>de</strong> la bonne santé mentale.( ( On ne peut pasêtre moins attentifaux émotions <strong>de</strong>sautres ou auxrègles <strong>de</strong> la sociétéque ne le sont les<strong>psych</strong>opathes.Alors que lesautres cherchent àconstruire, euxdétruisent. ) )Oldham et Morris, 1995Égocentrisme et mensonges Être <strong>psych</strong>opathe affectechaque aspect <strong>de</strong> la vie d'une personne. Les <strong>psych</strong>opathes onttendance à être impulsifs et irresponsables, avec peu d'objectifsclairs quant à leur existence. Ils rencontrent <strong>de</strong>s difficultés avecl'autorité et sont sujets à un défaut <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> leurs


paraÎtre en bonne s nté mentale 25cAf?­1. Les <strong>psych</strong>opathes méprisent et violent lesdroits <strong>de</strong>s autres. Ils ont souvent un passé <strong>de</strong>délinquance ou <strong>de</strong> dangerosité.2. Ils ne se conforment pas aux normes socialeset légales, accomplissant souvent <strong>de</strong>s actes qui lesconduisent en prison: mensonges, vols, frau<strong>de</strong>s.3. Ils mentent très fréquemment, escroquentles autres pour leur profit ou leur plaisir. Ilsjouissent <strong>de</strong> la peine ou <strong>de</strong> l'angoisse provoquéà autrui et sont agressifs.4. Ils sont très impulsifs et ne parviennent pas àplanifier. Ils vivent seulement dans et pour leprésent.5. Ils sont irritables et agressifs, ce qui semanifeste par <strong>de</strong>s bagarres fréquentes. Ils nepeuvent jamais rester calmes.6. Ils manifestent un total désintérêt pour lasécurité physique et <strong>psych</strong>ologique d'autrui.7. Ils sont irresponsables et échouent àmaintenir un comportement régulier autravail et à s'acquitter <strong>de</strong> leurs obligationsfinancières.8. Ils n'ont pas <strong>de</strong> remords. Ils semblentindifférents au fait <strong>de</strong> blesser, maltraiter ouvoler les autres. Ils n'apprennent jamais <strong>de</strong>leurs erreu rs.comportements. Ils présentent un trouble <strong>de</strong> l'empathie, une absence <strong>de</strong> remords etn'assument jamais la responsabilité <strong>de</strong> leurs actes.Ils ont été qualifiés par certains auteurs <strong>de</strong> « faux », en ce sens que leurs relations auxautres sont superficielles et qu'ils n'ont <strong>de</strong> loyauté qu'envers eux-mêmes. Les<strong>psych</strong>opathes ont peu conscience <strong>de</strong> leur i<strong>de</strong>ntité, ont peu <strong>de</strong> buts à long terme, etn'obéissent qu'à leur propre système <strong>de</strong> valeurs. La plupart d'entre eux sont incapablesd' « attendre le bon moment» ; ils apprécient le « ici et maintenant» et évitent lastabilité et la routine. De plus, ils semblent souvent dépourvus d'anxiété que ce soitdans le ressenti personnel comme dans <strong>de</strong>s cifConstances sociales qui pourraient tejustifier.Les <strong>psych</strong>opathes sont presque toujours en difficulté avec la loi et les figuresd'autorité. Ils ne planifient pas et réfléchissent peu aux conséquences <strong>de</strong> leurs crimessur les victimes ou aux conséquences pour eux-mêmes.Il en découle qu'en situation d'échec, une <strong>de</strong> leurs attitu<strong>de</strong>s consiste à fuir, en laissantles autres assumer les conséquences <strong>de</strong> leurs actes pour eux. Ils le font sans scrupule.Une autre réaction consiste à mentir avec une can<strong>de</strong>ur et une sincérité apparentes,même en prêtant serment, et même aux parents et aux personnes qu'ils aiment. Ils secomportent comme si les règles sociales ne s'appliquaient pas à eux.Les actions <strong>de</strong>s <strong>psych</strong>opathes obéissent le plus souvent à leurs seules pulsions. Alorsque les névrosés ont tendance à être dans une forme <strong>de</strong> contrôle, en tout cas dans <strong>de</strong>s. IIm 1960 1984 2008Première liste <strong>de</strong> critères Publication <strong>de</strong> l'ouvrage Publication <strong>de</strong> l'ouvragediagnostiques Le Psychopathe. Serpents en costume.Essai sur l'esprit criminel,Ouand le <strong>psych</strong>opathe va au travail,<strong>de</strong> McCord<strong>de</strong> Babiak et Hare


28 l'e prit mala<strong>de</strong>conduites qui recherchent l'équilibre par rapport au mon<strong>de</strong> tel qu'il est perçu, [es<strong>psych</strong>opathes manifestent un contrôle insuffisant. Ils semblent parfois réagir sanspensée préalable, en exigeant <strong>de</strong>s gratifications immédiates et totales, comme pourraitle faire un enfant. Ils sont souvent à la recherche <strong>de</strong> sensations « hors normes ",souvent procurées par l'alcool, les drogues, le jeu pathologique et une forme <strong>de</strong>sexualité souvent déviante.La superficialité Les <strong>psych</strong>opathes peuvent se montrer séducteurs et malins,mais ce n'est qu'une attitu<strong>de</strong> superficielle. Leur comportement est <strong>assez</strong> souventinstable, à la recherche d'une forme <strong>de</strong> reconnaissance au travers <strong>de</strong> leurs actes. Leurmobilité géographique et professionnelle est un indicateur possible <strong>de</strong> cette forme <strong>de</strong>pathologie. Du fait du besoin <strong>de</strong> reconnaissance et <strong>de</strong> gratification, les <strong>psych</strong>opathesinventent souvent <strong>de</strong>s histoires sur leur passé dans lesquelles ils se mettent en valeur.Curieusement, lorsqu'on les questionne abstraitement sur lia justice et la morale, ilsont tendance à fournir <strong>de</strong>s réponses traditionnelles « correctes » . Mais ilsn'appliquent pas à eux-mêmes cette connaissance du bien et du mal. C'estparticulièrement le cas lorsque leur jugement entre en conflit avec leur exigencepersonnelle <strong>de</strong> gratification immédiate.suloLpsredqLopepppIeLe manque d'empathie Les <strong>psych</strong>opathes ont inévitablement <strong>de</strong>s problèmesdans leurs relations aux autres. Ils semblent incapables d'amour et d'amitié profon<strong>de</strong>pour plusieurs raisons. Ils manifestent un défaut, voire une absence presque complèted'empathie, <strong>de</strong> gratitu<strong>de</strong> et d'altruisme, et se comportent <strong>de</strong> façon égoïste. Le plusimportant est qu'ils semblent ne pas comprendre les émotions d'autrui, en tout casmalles i<strong>de</strong>ntifier. lis font preuve d'ingratitu<strong>de</strong> envers ceux qui les ai<strong>de</strong>nt et leurexpriment <strong>de</strong> l'affection. Ils considèrent les autres personnes comme une source <strong>de</strong>gain et <strong>de</strong> plaisir, quels que soient l'inconfort, la déception ou la douleur que celles-ciressentent. Ils considèrent souvent les besoins d'autrui comme insignifiants.Leur vanité et leur défaut d'empathie font que les <strong>psych</strong>opathes prévoient malcomment les autres vont se comporter et lequel <strong>de</strong> leurs propres comportements serasanctionné. Ils sont par essence dépourvus d'une forme <strong>de</strong> morale « commune ». Ilsn'assument pas la responsabilité <strong>de</strong> leurs actes et n'éprouvent donc pas <strong>de</strong> culpabilité,honte ou remords. Ceci dit, ils peuvent formuler <strong>de</strong>s excuses (faça<strong>de</strong> sociale) et fairepreuve <strong>de</strong> rationalité; ils peuvent même présenter une image convaincante <strong>de</strong>compétence et <strong>de</strong> maturité. Ils peuvent paraître attentifs, charmants, matures etfiables, mais ils ont du mal à maintenir cette apparence. lis peuvent y parvenir( ( Les <strong>psych</strong>opathes ne s'enten<strong>de</strong>nt généralement pas bienavec les autres. La <strong>de</strong>rnière chose qu'une personneégocentrique, égoïste, exigeante et endurcie souhaiteest une personne i<strong>de</strong>ntique à elle-même. ) )Robert Hare, 1999


paraÎtre en bonne nté mentale 1 27suffisamment pour obtenir un emploi ou même se marier, mais cela ne peut pas durerlongtemps.Les <strong>psych</strong>opathes au travail La première question est <strong>de</strong> savoir pourquoi les<strong>psych</strong>opathes sont attirés par certains emplois. Ils s'agit le plus souvent d'emplois quirenvoient à l'idée d'ambition, comme eles entreprises <strong>de</strong> type start-up ou engagéesdans un processus radical <strong>de</strong> restructuration. C'est lorsque les affaires sont chaotiquesqu'ils donnent le meilleur d'eux-mêmes. .Les <strong>psych</strong>opathes au travail sont souvent qualifiés <strong>de</strong> « normaux» ou <strong>de</strong> travaiHeurs,ou mêmes d'efficaces car ils semblent relativement normaux au travail. Ils réussissentpour diverses raisons mais ont tendance à adopter <strong>de</strong>s stratégies qui les conduisent àentrer en conflit pour s'imposer. Ils construisent un réseau <strong>de</strong> relations avec <strong>de</strong>spersonnes puissantes, utiles et influentes. Es repèrent comment diverses personnespeuvent les ai<strong>de</strong>r, les exploitent puis les laissent tomber, quelles que soient lespromesses qu'ils leur avaient faites.lis évitent les réunions <strong>de</strong> groupe qui pourraient les confronter à leurs mensonges eten particulier au fait qu'ils disent <strong>de</strong>s choses très différentes aux uns et aux autres etne peuvent pas présenter une faça<strong>de</strong> ou une parole cohérente. Ils abandonnentsouvent leurs collègues lorsque ces <strong>de</strong>rniers ne sont plus utiles. Ils créent délibérément<strong>de</strong>s situations conflictuelles entre les individus pour éviter que ces <strong>de</strong>rniers ne parlentd'eux-mêmes. Tous les détracteurs sont « neutralisés », moins par la violence et lesmenaces qu'en insinuant <strong>de</strong>s doutes sur leur intégrité, leur loyauté et leurcompétence. Les <strong>psych</strong>opathes recherchent <strong>de</strong>s organisations en perpétuelchangement ou ayant <strong>de</strong> faibles systèmes <strong>de</strong> contrôle, <strong>de</strong> telle manière qu'ils sontrarement menacés ou remis en cause.Le traitement Les experts sont divisés sur le traitement approprié et sur sonefficacité à enseigner la compassion, l'aptitu<strong>de</strong> à planifier et l'honnêteté. Certainsparlent <strong>de</strong> gestion plutôt que <strong>de</strong> guérison. D'autres affirment que la thérapie cognitivocomportementaleest efficace j d'autres encore prônent l'enfermement <strong>de</strong>s plusdangereux dans <strong>de</strong>s hôpitaux exclusivement en secteur fermé et sous haute surveillance.Plusieurs livres suggèrent d'être attentif et conscient <strong>de</strong>s multiples astuces utilisées parles <strong>psych</strong>opathes. Ils sont clairement plus dangereux lorsqu'ils sont attirants,intelligents et bien éduqués. Il n'est pas étonnant que les réalisateurs <strong>de</strong> filmssemblent préférer ce trouble mental parmi tous les autres dans leurs thrililers.idée clé<strong>psych</strong>opathes portent ,~gue<strong>de</strong>bonnesanœl11en e


2s ll'espr t mala<strong>de</strong>07 Le stressLe mot « stress » vient du latin stringere, qui signifie « être tendu ».De multiples définitions existent: certains pensent que le stress peut et<strong>de</strong>vrait être défini subjectivement (ce que je dis sur ce que je ressens)d'autres estiment que nous avons besoin d'une déf'mition objective(par exemple, par <strong>de</strong>s mesures physiques <strong>de</strong> la salive, du sangou du rythme cardiaque). Certains chercheurs pensent qu'une déf'mitionglobale est pertinente (il y a un phénomène général appelé stress), tandisque d'autres soulignent que le stress est multidimensionnel (composé<strong>de</strong> différentes caractéristiques).LmctaecLe stress se définit-il par les stimuli extérieurs qui le causent ou par la manière dontles individus y réagissent? En d'autres termes, si quelqu'un ne ressent pas unévénement comme stressant, peut-on vraiment qualifier celui-ci <strong>de</strong> stresseur ?Jusqu'au XVIIIe siècle, le mot stress (en anglais) impliquait la dureté,l'adversité ou la souffrance. Il a été ensuite utilisé par <strong>de</strong>s physicienspour décrire une force exercée sur un objet, <strong>de</strong> telle manière que <strong>de</strong>schangements <strong>de</strong> volume, <strong>de</strong> forme et <strong>de</strong> taille on été nommé tensions.Au XIX· siècle, le maintien d'un état interne constant a été considérécomme l'essence d'une « vie libre et indépendante ». Cette tendance àrechercher l'équilibre a été appelée « homéostasie », à partir <strong>de</strong>s motsgrecs homoios, qui signifie « i<strong>de</strong>ntique» et stasis qui veut dire « état ».Le stress a été considéré comme une menace pour l'homéostasie.Au milieu <strong>de</strong>s années 1950, <strong>de</strong>s chercheurs ont semblé s'accor<strong>de</strong>r surcette définition du stress basée sur la réponse : « la somme <strong>de</strong> tous leschangements non spécifiques causés par une fonction ou par unelésion ». Ceci a été ensuite reformulé <strong>de</strong> manière encore plus large: laréponse non spécifique du corps à toute <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qui lui est faite ».la personnalité <strong>de</strong> « type A », le stresset les maladies cardiaques


le stres Les exigences et le contrôle Diversmodèles ou théories essaient <strong>de</strong> décrire et <strong>de</strong>comprendre le stress. La plus simple est lathéorie <strong>de</strong> l'exigence-contrôle, q ui s'intéresseaux exigences <strong>psych</strong>ologiques et ph ysiquesexprimées envers la personne pour qu'elle secomporte d'une manière particulière, et sur lamarge <strong>de</strong> contrôle ou <strong>de</strong> décision qu'elleconserve. Les pires situatio ns sont celles àforte exigence et à faible contrôle. Une autremanière <strong>de</strong> décrire cela est d'utiliser les mots« défi ,) et « soutien )}.Trois cOlnposantes Tout d'abord, lestress dépend <strong>de</strong> l'individu, surtout <strong>de</strong> sapersonnalité, <strong>de</strong> ses aptitu<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> sabiographie; <strong>de</strong>uxièmement, <strong>de</strong>scaractéristiques <strong>de</strong> l'environnement (travail,famille, organisaüon), h abituellement, maispas toujours, considéré en termesd'environnement professionnel ;troisièmement, il dépend <strong>de</strong> la façon dont lapersonne et les gens qui ['en tourentperçoivent et définissent le stress et lespressions, mais plus encore <strong>de</strong> la façon dont ilsessaient d'y faire face.L'individu Il ya tout d'abord les anxieux :<strong>de</strong>s personnes avec une « affectiviténégative », un mélange d'anxiété,d' irritabili té, <strong>de</strong> névrosisme et <strong>de</strong>dévalorisation <strong>de</strong> soi, qui ont tendance à êtremoins productives, moins satisfaites au travailet à faire preuve d'absentéisme.Il y a ensuite les fatalistes: les personnes quicroient que les événements <strong>de</strong> leur existencerésultent <strong>de</strong> leur propre comportement et/ouc""~lle.~


30 l' sprlt mala<strong>de</strong>( ( Le stress est <strong>de</strong> leur aptitu<strong>de</strong>, personnalité ou effort, sont moins stressées<strong>de</strong>venu un conceptque celles qui croient que les événements sont le produit <strong>de</strong> lach ance, du hasard , <strong>de</strong> Dieu, <strong>de</strong> personnages puissants ousuperficiel,encore <strong>de</strong> forces qu'elles ne peuvent contrô'ler.dépourvu d'unensemble bien Troisièmement, il y a les personnes qui ont un esprit<strong>de</strong> compétition et un fort sentiment d'urgence par rapport audélimité <strong>de</strong> temps. Elles désirent intensément réussir, rivalisent avec lessymptômes autres, ont un besoin permanent <strong>de</strong> reconnaissance,physiques. ) )R. Briner, 2001s'engagent continuellement dans <strong>de</strong>s activités caractérisées par<strong>de</strong>s échéances à respecter, ont tendance à accélérer leursfonctions mentales et physiques et à être constamment surleurs gar<strong>de</strong>s.L'environnement professionnel et social Certains emplois sont plusstressants q ue d'autres. Plus le travail exige <strong>de</strong> décisions, <strong>de</strong> contrôle permanent <strong>de</strong>smachines et du matériel, d'échange répété d'informations avec les autres, <strong>de</strong>conditions physiques désagréables et l'exécution <strong>de</strong> tâches peu structurées, plus letravail est potentiellement stressant.Certaines personnes doivent en permanence jongler, glissant rapi<strong>de</strong>ment d'un rôle àun autre (<strong>de</strong> patron à ami, d'enseignant à collègue, <strong>de</strong> juge à confesseur). L'ambiguïtédu rôle qu'elles doivent tenir peut apparaître lorsque ces personnes ne connaissentpas bien l'ensemble <strong>de</strong> leurs responsabilités, ce que l'on attend d'eux, et commentrépartir leur temps entre leurs différentes obligations.Le stress <strong>de</strong> surcharge ou <strong>de</strong> « sous-charge» survient lorsque l'on a trop ou trop peu<strong>de</strong> travail à faire. Beaucoup d'individus sont (ou <strong>de</strong>vraient être) responsables <strong>de</strong> leurscollaborateurs: ils doivent les motiver, les récompenser et les sanctionner,communiquer avec eux et les écouter, etc. Être isolé socialement ou ignoré constitueune autre source <strong>de</strong> stress. Avoir <strong>de</strong>s amis et du soutien dans les moments difficilesai<strong>de</strong> ~ es cadres à cons,idérer les événements stressants comme moins pénibles et pluscontrôlables. Le manque <strong>de</strong> participation aux décisions produit un sentimentd'impuissance.Lsumenré_DpmLidpdgLFaire face On distingue généralement entre le C01)Ùlg (mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> réaction face austress) centré sur le problème (visant à résoudre le problème ou à faire quelque chosepour réduire la source <strong>de</strong> stress) et le coPing centré sur l'émotion (visant à réduire ougérer le malaise émotionnel associé à certaines circonstances). Les réponses axées surl'émotion peuvent être le déni, la réinterprétation positive <strong>de</strong>s événements ou encorela recherche <strong>de</strong> soutien social. Le coping centré sur le problème peut égalementimpliquer d iverses activités telles que la planification, l'engagement dans l'action, larecherche d'ai<strong>de</strong>, le filtrage <strong>de</strong>s activités et parfois l'arrêt <strong>de</strong> l'action durant unelongue pério<strong>de</strong>.


le tres 31L'optimisme: une protection contre le stress Les optimistes portentsur l'existence un regard plein d'espoir, interprètent <strong>de</strong> multiples situations d'unemanière positive et ont tendance à anticiper <strong>de</strong>s résultats favorables. Les pessimistes,en revanche, interprètent négativement <strong>de</strong> nombreuses situations et s'atten<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>srésultats défavorables. Les optimistes se concentrent sur le coPing axé sur 'le problème- faisant <strong>de</strong>s plans et les mettant à exécution pour gérer les diverses sources <strong>de</strong> stress.De plus, ils recherchent du soutien social, ,le conseil et l'ai<strong>de</strong> d'amis et d'autrespersonnes, et ils évitent <strong>de</strong> s'engager dans d'autres activités tant que les problèmes dumoment ne sont pas résolus et que le stress n'est pas réduit.La robustesse: considérer le stress comme un challenge Lesindividus robustes semblent différer <strong>de</strong>s autres sous trois aspects. Ils manifestent un<strong>de</strong>gré élevé d'implication dans leur travail et Jans d'autres activités; ils croientpouvoir influencer d'importants événements <strong>de</strong> leur vie ainsi que les résu'ltats qui endécoulent; ils perçoivent le changement comme un challenge et une occasion <strong>de</strong>grandir plutôt que comme une menace pour leur sécurité.Les conséquences du stress Elles comprennent un déclin visible <strong>de</strong>l'apparence physique, une fatigue chronique, <strong>de</strong>s maladies fréquentes ­particulièrement <strong>de</strong>s infections respiratoires -, <strong>de</strong>s plaintes relatives à la santé tellesque le mal <strong>de</strong> tête, mal J e dos, <strong>de</strong>s problèmes d'estomac et <strong>de</strong> peau, <strong>de</strong>s signes <strong>de</strong>dépression, la modification du poids et <strong>de</strong>s habitu<strong>de</strong>s alimentaires.Les symptômes émotionnels comprennent l'ennui ou l'apathie, le désespoir, ledécouragement et l'amertume, <strong>de</strong>s expressions d e tristesse, une posture affalée, <strong>de</strong>smanifestations d'anxiété, <strong>de</strong> la frustration, <strong>de</strong>s pleurs.Les symptômes comportementaux comprennent l'absentéisme, les acci<strong>de</strong>nts,l'augmentation <strong>de</strong> la consommation d'alcool <strong>de</strong> café ou <strong>de</strong> tabac, <strong>de</strong>s comportementsmaniaques, <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s irrationnelles et impulsives, une productivité réduite,l'impossibihté <strong>de</strong> se concentrer ou <strong>de</strong> terminer une tâche.idée cléstress s'expriInedifférennnentselon 1 persolUles


32 11'01u 0 Bila réalitéLes illusionsd'optiqueLes artistes se sont toujours intéressés aux illusions d'optique. Certains, comme Escher, sont célèbres pour avoir créé <strong>de</strong>s figures ambiguës ou impossibles. Des courants artistiques, tels que le « pop art » ont exploré la nature <strong>de</strong>s illusions d'optique, qu'elles soient immobiles ou en mouvement. Il y a <strong>de</strong>s iHusions <strong>de</strong> luminosité et <strong>de</strong> couleur, ou encore <strong>de</strong> forme. Il y a <strong>de</strong>s illusionsphysiologiques qui nous surprennent pour <strong>de</strong>s raisons physiques, mais la piupart sont<strong>de</strong>s illusions cognitives. Beaucoup sont très connues et ont reçu le nom <strong>de</strong> leurdécouvreur, telles que le cube <strong>de</strong> Necker ou l'illusion <strong>de</strong> Poggendorf. Il existe <strong>de</strong>s sitesInternet consacrés à certaines <strong>de</strong>s illusions les plus célèbres.On a suggéré que toutes les illusions entrent dans l'une <strong>de</strong> cesquatre catégories: les ambiguïtés, les distorsions, les paradoxes( ( Il Y a un dicton et les fictions. Bien entendu, les illusions sont particulièrementselon lequel aucun intéressantes pour les chercheurs en <strong>psych</strong>ologie <strong>de</strong> la vision ethonune ne voit ce en <strong>psych</strong>ologie cognitive car elles leur fournissent <strong>de</strong>s élémentsque sont les choses, <strong>de</strong> compréhension du processus <strong>de</strong> la perception.car il ignore cequ'elles <strong>de</strong>vraient Les mécanismes La perception est le processus par lequelêtre. )) nous reconnaissons ce qui est représenté par l'informationfournie par nos organes sensoriels. C'est un processus rapi<strong>de</strong>,Jonathan Richardson, 1715automatique et inconscient. Ce n'est pas un processusvolontaire, et la conscience du processus <strong>de</strong> perception visuellene vient généralement qu'après que celui-ci soit achevé: nouspercevons le produit fini, non les détails du processus.Comment cela fonctionne-t-il ? Que se passe-t-il vraiment entre le moment oùl'information est captée par nos sens et celui où nous percevons ce qu'il y a ?Ceci estdifficile à comprendre, et l'une <strong>de</strong>s plus efficaces manières d'expliquer ce processus estd'étudier les illusions d'optique et <strong>de</strong> découvrir leur signification.Lal'obd'u'l'obbieetLaPofigLlachuncoimrenvLfmlp<strong>de</strong>cDescartes écrit sur la constance<strong>de</strong> la taille1704Newton décrit l'illusion<strong>de</strong> l'arc-en-ciel1880Heimhosur l'"


les illusions d'optique 33La figure et le fond Ce que nous voyons est classé soit commel'objet que nous regardons (figure), soit comme le fond. La classificationd'un élément comme figure ou fond n'est pas une propriété intrinsèque <strong>de</strong>l'objet, mais dépend <strong>de</strong> l'observateur. Nous pouvons toujours les séparer,bien que nous recevions parfois <strong>de</strong>s indices ambigus sur ce que sont l'objetet le fond. Regar<strong>de</strong>z l'objet <strong>de</strong> la figure 1 : est-ce un vase ou <strong>de</strong>ux visages?La figure et le fond peuvent être inversés, révélant <strong>de</strong>ux images différentes.Pouvez-vous voir le joueur <strong>de</strong> saxophone et le visage féminin sur lafigure 2 ? Que voyez-vous en premier et pourquoi ?Les frontières L'un cles aspects les plus importants <strong>de</strong> la perception <strong>de</strong> Fig. 1la forme est l'existence d'une frontière. Si le champ visuel contient unchangement net <strong>de</strong> luminosité, <strong>de</strong> couleur ou <strong>de</strong> texture, nous percevonsun bord. les figures 3 et 4 nous mo ntrent comment nous « voyons» <strong>de</strong>scontours illusoires (<strong>de</strong>s lignes qui n'existent pas). Au centre <strong>de</strong>s <strong>de</strong>uximages, les triangles peuvent être vus comme étant plus éclatants que lereste <strong>de</strong> l'image. Ceci suit le « principe cie fermeture », qui signifie quenous avons tendance à compléter les formes incomplètes et à remplir lesvi<strong>de</strong>s.Les principes <strong>de</strong> la gestalt Les <strong>psych</strong>ologues sont intéressés par lafaçon dont nous voyons le mon<strong>de</strong>: comment nous voyons les couleurs, lesmouvements et la profon<strong>de</strong>ur; comment nous reconnaissons les objets etles personnes ; et bien entendu, ils s'intéressent aussi au débat sur laperception subliminale. Au niveau le plus abstrait, il est possible <strong>de</strong>distinguer trois processus: la réception <strong>de</strong>s oncles lumineuses par la cornéeet l'iris; la traduction, par laquelle cette énergie physique (la lumière) estcodée en messages neurochimiques envoyés au cerveau; le décodage <strong>de</strong> ces<strong>de</strong>rniers.Un élément essentiel <strong>de</strong>s recherches concerne la manière dont nousassemblons ou formons <strong>de</strong>s images complètes <strong>de</strong>s objets, à parür d'élémentsséparés d'information à notre disposition. Entre les cieux guerres mondiales,les <strong>psych</strong>ologues gestaltistes ont étudié l'organisation perceptive. Ils ontprécisé plusieurs « lois» <strong>de</strong> proximité et <strong>de</strong> bonne continuation, quivisaient à expliquer la façon dont nous voyons Jes motifs dans <strong>de</strong>s formesabstraites. On les appelle « lois <strong>de</strong> regroupement » et elles clemeurent <strong>de</strong>s<strong>de</strong>scriptions exactes <strong>de</strong> la manière dont nous voyons.Fig.2Fig.3Fig.41880 1884 1913holtz écrit,l' œil intelligent»Publication <strong>de</strong> l'illusion<strong>de</strong> Müller-LyerPublication du livreIllusions dans la nature et l'art,<strong>de</strong> Gregory et Gombrich


34 1l'IOu Ion et la réalité( ( La longueurperçue d'une lignedépend <strong>de</strong> laforme et <strong>de</strong> laposition <strong>de</strong>sautres lignes quil'entourent.A. Heber, 1985Fig. 5••••••••••••••••••000000 000000 000000 Fig.6000000 00 00 00000000 00 00 00000000 00 00 00000000 00 00 00000000 00 00 00000000 00 00 00Les gestaltistes se sont égaIement fortement intéressés à l'exactitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce que nousvoyons. À la fin du XIX' siècle, un groupe <strong>de</strong> <strong>psych</strong>ologues allemands a élaboré la<strong>psych</strong>ologie <strong>de</strong> la forme (ou <strong>psych</strong>ologie <strong>de</strong> la Gestalt), une théorie <strong>de</strong> la perceptionavec les lo is <strong>de</strong> prégnance (( bonne forme») qui expliquent comment nous percevons.La loi <strong>de</strong> similitu<strong>de</strong> (figure 5) est en jeu lorsque <strong>de</strong>s parties i<strong>de</strong>ntiques d'une forme ontplus <strong>de</strong> probabilité d'être perçues comme appartenant à un même groupe. Cela peutdépendre <strong>de</strong> relations <strong>de</strong> forme, <strong>de</strong> couleur, <strong>de</strong> taille ou <strong>de</strong> luminosité. La loi <strong>de</strong>proximité (figure 6) se manifeste lorsque <strong>de</strong>s surfaces ou <strong>de</strong>s bordures proches ont plus<strong>de</strong> probabilité <strong>de</strong> faire partie du même objet que d'autres qui sont éloignées. Il existeaussi d'autres lo is: <strong>de</strong> continuité, <strong>de</strong> sort commun ou encore <strong>de</strong> symétrie.Prtosat'(paL'illusion <strong>de</strong> Ponzo et les illusions <strong>de</strong> Müller-Lyer lia été proposéque ces illusio ns sont dues au fait que nous appliquons par erreur, à <strong>de</strong>s éléments à<strong>de</strong>ux dimensions, notre connaissance antérieure d'objets à trois dimensions. Dansl'illusion <strong>de</strong> Pomo (figure 7), les <strong>de</strong>ux lignes h o rizontales ont exactement la mêmelongueur bien que la ligne du bas paraisse bien plus courte. Cela vient <strong>de</strong> ce que laperspective linéa ire crée par les lignes convergentes <strong>de</strong> la voie ferrée suggère que laligne du haut est bien plus éloignée. Si elle a la même taille rétinienne, mais qu'elleest éloignée, cela signifie qu'elle est plus longue: notre système perceptif est trompélorsqu'il prend en compte la distance.L'illusion <strong>de</strong> Müller-Lyer (figure 8) est expliquée <strong>de</strong> la même manière. La ligne <strong>de</strong>gauche ressemble aux angles extérieurs d'une construction, tandis que la ligne <strong>de</strong>droite ressemble aux angles intérieurs. Ces <strong>de</strong>rniers sont, d'une certaine manière, plusélo ignés que les angles extérieurs; la ligne <strong>de</strong> droite paraît donc plus éloignée et,selon la même logique que dans l'illusion <strong>de</strong> Pomo, elle est perçue plus longuepuisqu'eHe présente la même image rétinienne. C es illusions montrent que laperception est influencée par <strong>de</strong>s facteurs autres que le stimulus: dans ce cas, ladistance perçue et l'expérience antérieure.La constance Quand les objets se déplacent près ou loin <strong>de</strong> nous, sous différentsniveaux <strong>de</strong> :luminosité, nous avons tendance à ne pas les voir comme différents o uchangeants; mais i<strong>de</strong>ntiques. Il y a différents processus <strong>de</strong> constance (<strong>de</strong> forme, <strong>de</strong>taille, <strong>de</strong> couleur et <strong>de</strong> luminosité) qui peuvent expliquer les illusions d'optique.


les lIIu ion dru tique 35Fig.7 Fig . 8Prenez ce livre et tenez-le <strong>de</strong>vant vous. C'est un rectangle. Maintenant faites-letourner verticalement puis horizontalement. Il n'a plus la même forme mais voussavez que le livre est bien toujours le même. C'est ce que l'on appelle la constance <strong>de</strong>forme. De même, lorsque nous voyons un éléphant s'éloigner <strong>de</strong> nous, il ne semblepas diminuer <strong>de</strong> taille bien que son image rétinienne diminue.La culture et le mon<strong>de</strong> charpenté Imaginez que vous ayez grandi dans unenvironnement dépourvu <strong>de</strong> lignes droites: pas <strong>de</strong> maisons à angles droits, ni <strong>de</strong>routes droites, ni <strong>de</strong> longs bâ tons ou encore <strong>de</strong> tables traditionnelles; les maisonsétaient ron<strong>de</strong>s, comme les champs, les chemins étaient sinueux. Seriez-vous trompéspar les illusions d'optique? Si vous n'avez jamais vu une rOute droite ou une voieferrée, éprouveriez-vous l'illusion <strong>de</strong> Ponzo ou, si vous n'aviezjamais vu le coin d'une pièce ou d'une maison, éprouveriez-vousl'illusion <strong>de</strong> Müller-Lyer ?Diverses étu<strong>de</strong>s ont été menées auprès <strong>de</strong> groupes rurauxd'Africains ou d'Aborigènes pour tester les idées sur l'influence <strong>de</strong>l'apprentissage et <strong>de</strong> l'expérience sur notre interprétation <strong>de</strong>sillusions. Une étu<strong>de</strong> a comparé <strong>de</strong>s Africains urbains et ruraux qui( ( La perception<strong>de</strong> la fonne esttotalementfaçolUlée parl'expérience. ) )ont regardé avec un œil une forme trapézoïdale, appelé la chambredéform ante <strong>de</strong> Ames. Comme prévu, le groupe rural a vu qu'elle John Ruskin, 1890oscillait d'environ 180 <strong>de</strong>grés. Une autre étu<strong>de</strong> a constaté que lesZoulous d'Afrique du Sud étaient plus victimes <strong>de</strong> l'illusion <strong>de</strong>Ponzo que les Sud-Africains blancs, peut-être en raison <strong>de</strong> leur plus gran<strong>de</strong>expérience <strong>de</strong>s vastes espaces libres. Ainsi, nos expériences personnelles et culturellespeuvent augmenter ou réduire la probabilité <strong>de</strong> voir <strong>de</strong>s illusions d'optique.


38 Irmus on ot la réalitéLa<strong>psych</strong>ophysiqueLa <strong>psych</strong>ophysique (physique <strong>de</strong> l'esprit) est l'étu<strong>de</strong> systématique <strong>de</strong>srelations entre les caractéristiques physiques <strong>de</strong>s stimuli et les sensationsqu'ils produisent. Cette <strong>de</strong>scription est fonctionnelle, ou orientée vers leprocessus, car les processus <strong>de</strong>s systèmes sensoriels présentent plusd'intérêt que leur structure (physiologie).La physique <strong>de</strong> la sensation Une question <strong>psych</strong>ophysique simple <strong>de</strong>vient :« Quel est l'enchaînement d'événements qui commence avec un stimulus et setermine par <strong>de</strong>s constats tels que "un rouge vif' ou "un bruit fort" ? » Les détails <strong>de</strong>cette séquence diffèrent évi<strong>de</strong>mment pour chaque sens, mais il y a toujours troisétapes fondamentales: un stimulus parvenant à un récepteur sensoriel; une chaîneneuronale d'événements causée par ce stimulus - il est transformé en signal électriquepuis en influx nerveux - ; une réponse <strong>psych</strong>ologique au message (sensation).lumrégdileseFeps<strong>de</strong>sestpalEpee5Les seuils Pour étudier les phénomènes <strong>de</strong> perception, les premiers <strong>psych</strong>ologues<strong>de</strong>vaient trouver <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s fiables <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong>s sensations <strong>de</strong>s individus. L'un <strong>de</strong>sconcepts majeurs <strong>de</strong> la <strong>psych</strong>ophysique est celui <strong>de</strong> seuil. H s'agit du niveau d'intensitéd'un stimulus nécessaire pour susciter une réponse. Le seuil absolu spécifie la plusfa ible énergie requise pour générer une réactio n . On peut ainsi déterminer le son leplus léger ou la lumière la plus faible nécessaire pour quequelqu'un puisse détecter ces stimuli. Un seuil différentiel est le( ( La magnitu<strong>de</strong> plus faible changement nécessaire pour qu'une personne puissed'une sensation est détecter une modification du stimulus.proportiolUlelle aulogaritlune <strong>de</strong> Le seuil différentiel Ce terme désigne la plus petitedifférence repérable entre <strong>de</strong>ux stimuli i<strong>de</strong>ntiques. Elle dépend àl'intensité dula fois <strong>de</strong> la taille et <strong>de</strong> l'intensité <strong>de</strong> la réponse. Gustave Fechnerstimulus qui lafut le premier à utiliser le seuil différentiel pour mesurer lesprovoque. ) )loi <strong>de</strong> Fechner, 1860sensations d'une personne, dans une célèbre expérience dans lesannées 1850, en cherchant la réponse d'une personne à laLoi <strong>de</strong> Weber


la p ycbophysique 37luminosité. Chaque sujet peut voir <strong>de</strong>ux disques lumineux, dont la luminosité estréglable. La luminosité <strong>de</strong> l'un est augmentée jusqu'à ce que le sujet détecte unedifférence, laquelle constitue le seuil différentiel. Les disques sont ensuite remis dansleur état initial et on répète la même expérience, pour obtenir la marge <strong>de</strong> lasensation <strong>de</strong> la personne po ur le stimulus lumineux.Fechner a été à l'origine d'une <strong>de</strong>s lois fondamentales <strong>de</strong> la « Loi<strong>psych</strong>ophysique : la sensation augmente en fonction du logarithme <strong>psych</strong>ophysique:<strong>de</strong> l'intensité du stimulus. Ce qui veut dire que la force d'une toute formulationsensation augmente à un rythme bien plus lent que l'intensité du<strong>de</strong> la relationstimulus qui est à ~'origine <strong>de</strong> la sensation. Ainsi, pour qu'uneentre le stimuluspersonne signale qu'une lumière est <strong>de</strong>ux fois plus brillante qu'unephysique et leautre, cette lumière doit en fait être plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux fois plus forte quel'autre lumière. processussensoriel. ) ) Ernst Heinrich Weber a découvert une autre célèbre loi<strong>psych</strong>ophysique, selon laque'lle le seuil différentiel est lié au rapport J. Drever, 1966entre l'in tensi té d'un stimulus et l'intensité d'un autre. Parexemple, supposez que vous jouez à une personne un morceau <strong>de</strong> musique <strong>de</strong>50 décibels, et qu'elle peut détecter qu'un son <strong>de</strong> 55 décibels est plus fort, mais pas unson <strong>de</strong> 54 décibels; si le son est <strong>de</strong> 70 décibels, il faudra 77 décibels pour détecter ladifférence; si le son est <strong>de</strong> 30 décibels, il lui faudra donc 33 ; pour 100 décibels, 110.Dans chaque cas, le rapport est le même: 10 %. Des étu<strong>de</strong>s menées dans les années1940 pouvaient mettre <strong>de</strong>s nombres sur les stimuli: pour la luminosité, c'était unedifférence <strong>de</strong> 1,2 %, pour le goût, une différence <strong>de</strong> 20 %.Les métho<strong>de</strong>s Les premiers <strong>psych</strong>ophysiciens et ceux d'aujourd'hui ont mis aupoint <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s fiables pour étudier leur sujet. L'une est la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>saj ustements (ou erreur moyenne). Dans ce cas, les chercheurs règlent un son, unelumière ou une o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> telle façon que le sujet perçoive ce stimulus commei<strong>de</strong>ntique à un autre perçu antérieurement. Dans la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s limites, on <strong>de</strong>man<strong>de</strong>à une pe rsonne d'évaluer si un second stimulus est d'intensité plus forte, mo ins forteou équivalente à un stimulus précé<strong>de</strong>nt. Avec la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s stimuli constants, lesindividus doivent essayer <strong>de</strong> reconnaître un stimulus au cours <strong>de</strong> plusieursexpériences.La graduation La mesure est très importante dans l'univers précis <strong>de</strong> la<strong>psych</strong>ophysique et il est donc essentiel d'avoir les échelles appropriées pour mesurerles divers phénomènes. Les échelles ont quatre propriétés fondamentales: to utd'abord, elles mettent en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s différences (homme ou femme; froid o u.·. 1870 1961 1966La <strong>psych</strong>ophysique annonce Loi <strong>de</strong> Steven Élaboration <strong>de</strong> la théoriele début <strong>de</strong>s recherches<strong>de</strong> la détection du signalscientifiques


38 1l'Illu Ion et la réalité( ( L'œil ne peut pas choisir <strong>de</strong> voir, il voit. Nous ne pouvons pas cOlDlllan<strong>de</strong>r à notre oreille <strong>de</strong> ne rien entendre. Notre corps éprouve <strong>de</strong>s sensations, que ce soit avec ou contre notre volonté. ) ) W. Wordsworth, 1847alVIOui C QQ.~ Nonchaud, etc.) ; <strong>de</strong>uxièmement, elles montrent la magnitu<strong>de</strong> (les dobermans sont plusgrands que les caniches) ; elles mesurent <strong>de</strong>s intervalles égaux (la différence entre 5 et8 kilogrammes est i<strong>de</strong>ntique à la différence entre 22 et 25 kilogrammes) ; enfin, il y aun point zéro, niveau auquel l'élément mesuré n'existe pas.Les <strong>psych</strong>ologues distinguent entre quatre types d'échelle: nominale (montrant unedifférence), ordinale (montrant une différence et la magnitu<strong>de</strong>), d'intervalle (montrantune différence, la magnitu<strong>de</strong> et les intervalles égaux) et <strong>de</strong> rapport (entre les troiscomposantes). Ainsi les notes d'examen sont ordinales, bien qu'elles puissent semblerd'intervalles, tandis que la mesure <strong>de</strong> la température, du poids et <strong>de</strong> la vision se faitavec <strong>de</strong>s échelles <strong>de</strong> rapport.La théorie <strong>de</strong> la détection du signal La théorie <strong>de</strong> la détection du signal(TDS) est utilisée lorsque les <strong>psych</strong>ologues veulent mesurer la manière dont nousprenons <strong>de</strong>s décisions en condition d'incertitu<strong>de</strong>. Les individus doivent déci<strong>de</strong>r s'ilsont détecté ou non un stimulus, ce qui dépend à la fois <strong>de</strong> leur système sensoriel, <strong>de</strong>leur attente relative au stimulus et <strong>de</strong> leur motivation à fournir une réponse exacte.La TDS est largement utilisée dans les recherches contemporaines et constitue peutêtrele plus important héritage <strong>de</strong> la <strong>psych</strong>ophysique. Un seuil n'est pas une valeurfixe, car <strong>de</strong>ux facteurs humains jouent un rôle majeur dans sa détection. L'une est lasensibilité: la qualité <strong>de</strong> la perception du stimulus par le sujet. L'autre est le biais <strong>de</strong>réPonse: la facilité avec laquelle if répond Oui à un stimulus quand il n'est pas sûr <strong>de</strong>la réponse. La TDS postule que la personne qui prend une décision n'est pas unrécepteur passif d'information, mais un individu qui fait activement <strong>de</strong>s évaluationsperceptives difficiles en condition d'incertitu<strong>de</strong>,rendant plus systématique la détection du signal.ÉvénementPour cela, les expérimentateurs font <strong>de</strong>sSignal« Bruit» " expériences pièges » au cours <strong>de</strong>squelles aucunchangement du stimulus ne survient ( " bruit »), etDëtection Faussecorrecteils enregistrent la réponse (voir le tableau). Laalarmeterminologie <strong>de</strong> la détection <strong>de</strong>s signaux utiliseRejetOmissionl'expression Détection correcte lorsque la personnecorrectdit Oui face à un stimulus; le mot Omission si elledit" Non » alors qu'il y a bien stimulus;l'expression Fausse alarme lorsqu'elle répond


la <strong>psych</strong>ophy (que 139{( Oui » alors qu'il n'y a pas <strong>de</strong> changement; l'expression Rejet correct, si elle dit« Non» <strong>de</strong> façon exacte.Si une personne veut être sûre <strong>de</strong> repérer toutes les modifications <strong>de</strong> stimulus, ellerisque <strong>de</strong> faire plus <strong>de</strong> fausses a larmes pour s'assurer plus <strong>de</strong> détections correctes.Inversement, certains individus craignent <strong>de</strong> fa ire <strong>de</strong>s fausses alarmes, au po int <strong>de</strong> faire<strong>de</strong>s omissio ns. Le biais <strong>de</strong> réponse d'~ne p e r~ onne peut avoir d'évi<strong>de</strong>ntes répercussionspour ['estimation du seuil <strong>de</strong> détection. Pour corriger cela, les <strong>psych</strong>ologuesmanipulent délibérément le b iais <strong>de</strong> réponse d'une personne et o bservent les résultats<strong>de</strong> ces manipulations sur les décisio ns du sujet. Ces effets sont exprimésgraphique me nt sur une courbe J e la caracté ristique <strong>de</strong> fonctionnement du récepteur.La TOS est le meilleur moyen <strong>de</strong> déterminer la sensibilité d'une personne àl'apparition d 'un changement perceptif. Une personne déci<strong>de</strong> si un stimulus survient ;ainsi, d'autres facteurs sont impliqués, dont la mo tivatio n et l'expérience antérieure.étLÀcAe cAe (~cAétect\oV\ cALÀ~CLÀpLÀV\ctLÀ'("eUne question centrale en acupuncture est <strong>de</strong> savoir si les aiguillesréduisent la douleur ou si les patients répon<strong>de</strong>nt seulement auxsuggestions. Les critiques se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt si les résultats d'étu<strong>de</strong>s reflètentun véritable effet analgésique <strong>de</strong>s aiguilles ou l'élévation du seuil subjectif<strong>de</strong> la douleur <strong>de</strong>s patients, c'est-à-dire s'ils se sentent mieux simplementparce que leur seuil <strong>de</strong> douleur a été élevé par le traitement, mais sansimpact réel <strong>de</strong> l'acupuncture. Une étu<strong>de</strong> a évalué cette hypothèse du seuil<strong>de</strong> douleur. Les chercheurs ont donné à <strong>de</strong>s personnes un stimulus chaudsur l'avant-bras et leur ont <strong>de</strong>mandé d'évaluer cette intensité <strong>de</strong> 1 à 12(d'inexistant à intolérable). Les évaluations ont été réalisées avant,pendant et après l'acupuncture. Le traitement a certes réduit la douleur,mais les données ont montré que les patients élevaient leur seuil à lasuite <strong>de</strong> l'acupuncture.idée clé---..o_ ..s sensationses rc~pt·ons u tiectivespeuv n etre lllesurees


40 l'Illu Ion et la réalitéLes hallucinations « Vision fatale, n'êtes-vous pas sensible aux sentiments tout comme à lavision? Ou êtes-vous un poignard <strong>de</strong> l'esprit, une fausse création, venantd'un cerveau oppressé? » Shakespeare, Macbeth, 1606Définition L'origine du mot « hallucination» présente <strong>de</strong>ux caractéristiques:« rêver» et « être désemparé». Il semble provenir du latin alucinari, qui signifie « sepromener dans l'esprit». Les individus ordinaires parlent parfois <strong>de</strong> leur imaginationqui leur « joue <strong>de</strong>s tours » plutôt que d'hallucinations lorsqu'ils sont très préoccupéspar ce qui se passe autour d'eux.Une hallucination est la perception <strong>de</strong> quelque chose - un bruit, une o<strong>de</strong>ur, unevision - qui n'existe pas. Une hallucination implique <strong>de</strong> ressentir quelque chose quin'est pas physiquement présent, alors que l'on est éveillé et conscient; c'est unesensation sans stimulus. Une hallucination sensorielle peut consister à entendre <strong>de</strong>svoix <strong>de</strong> personnes mortes <strong>de</strong>puis longtemps ou <strong>de</strong> personnages mythiques, ou àressentir <strong>de</strong>s insectes qui rampent sur ou sous la peau; il peut s'agir d'anges ou <strong>de</strong> féesdansant dans <strong>de</strong> v,ives lumières. Certaines hallucinations sont très personnelles,beaucoup sont transitoires, irréelles et déconcertantes.Il est important <strong>de</strong> distinguer entre les hallucinations, les illusions et les délires. Uneillusion est une réaction réelle à une sensation réelle avec une cause faussementattribuée. D'où la fascination pour les illusions artistiques ou les illusions d'optiqlle,ou encore pour les magiciens, artistes en illusion qui semblent faire <strong>de</strong>s chosesimpossibles comme couper une femme en <strong>de</strong>ux. Un délire consiste en une réactionréelle à une sensation réelle mais à laquelle on donne une cause irréelle, impossible,bizarre ou exagérément significative.Cefréhyoulosptrtoml :limdl'IhprhTDifférents types d'hallucination Les hallucinations sont associées à <strong>de</strong>nombreuses choses, dont le sommeil (particulièrement la privation <strong>de</strong> sommeil),l'usage <strong>de</strong> certaines drogues (appelées d'ailleurs hallucinogènes), la maladie mentale(en particulier la <strong>psych</strong>ose) et <strong>de</strong>s troubles neurologiques très spécifiques. Leshallucinations surviennent souvent au cours d'épiso<strong>de</strong>s schizophréniques et sontdécrites dans les manuels <strong>psych</strong>iatriques comme « un discours incessant sur lapersonne avec <strong>de</strong>ux voix ou plus discutant entre elles ».


le hallucinations 41( ( L'hallucination:une expérienceperceptive avectoutes les propriétéssubjectivesconvaincantes d'unevéritable impressionsensorielle, maissans le stimulusphysique normal<strong>de</strong> cette mobilitél'inverse les gens comme <strong>de</strong>s géants. sensorielle. ) )Certaines hallucinations sont modérées etfréquentes, telles que les hallucinationshypnagogiques, qui surviennent lorsqu'on s'endort,ou inversement les hallucinations hypnopompiques,lorsqu'on se réveille. Certaines drogues trèsspécifiqLles peuvent provoquer <strong>de</strong>s hallucinationstrès étranges. La chromatopsie consiste à voirtoutes les personnes et toutes les choses <strong>de</strong> lamême couleur. Les individus souffrantd'hallucinations lilliPutiennes voient <strong>de</strong>s gensimaginaires en miniature et éprouvent souvent<strong>de</strong>s sensations agréables. D'autres voient àIl y a aussi <strong>de</strong>s cas rares et intéressants <strong>de</strong> pseudohallucinations.Elles surviennent lorsque la A. Reber, 1985personne éprouve une h a llucination <strong>de</strong> façon trèsréa'liste, tout en sachant qu'il s'agit bien d'unehallucination. Les épiso<strong>de</strong>s hallucinatoires peuvent suivre une séquence spécifique.Tout d'abord, quelque chose, par exemple un souvenir ou un son, déclenchel'hallucination. La personne évalue ensuite si celle-ci est réelle et commence à croireque c'est bien le cas. Le fantasme, la distorsion et l'irréalité continuent à croître e t semélangent avec la perception véritable.Les hallucinations auditives «Entendre <strong>de</strong>s voix» est peut-être l'un <strong>de</strong>s« signes <strong>de</strong> folie » les plus connus. Il est spécialement associé ave les troubles<strong>psych</strong>otiques tels que la schizophrénie. Les individus enten<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s voix venant <strong>de</strong>personnes précises ou imposs ibles à i<strong>de</strong>ntifier alors que d'autres personnes présentesne les enten<strong>de</strong>nt pas. Certaines <strong>de</strong> ces personnes semblent contraintes à écouter cesvoix; d'autres individus leur parlent, s'arrêtant parfois comme s'ils participaient à uneconversation. Il Ie ur arrive parfois d'appeler <strong>de</strong>s personnes absentes.Entendre <strong>de</strong>s voix survient moins fréquemment lorsque l'individu est en conversationavec une véritable personne. La plupart du temps, les individus enten<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s voixlorsqu'ils sont seuls. D'autres formes d'hallucinations auditives peuvent consister dansle fait d'entendre <strong>de</strong> la musique, souvent <strong>de</strong> la musique très connue qui a <strong>de</strong> puissantsliens émotionnels. Ceci peut se produire si l'on écoute <strong>de</strong> la musique très forte durant<strong>de</strong> longues pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> temps.1tC~ 1980 Annees 1980 Annees 2000Description <strong>de</strong> l'hallucinose Mise au point <strong>de</strong> meilleurs Distinction entre les troublesmédicaments antipsyohotiquescausés par les hallucinationset les troubles apparentés


42 1"\1 u Ion t 'a réalitéLes C~LAsesIl Y a <strong>de</strong> nombreuses causes aux hallucinations.De fait, il est possible d'induire <strong>de</strong>shallucinations chez les individus. Quand <strong>de</strong>spersonnes subissent une privation sensorielledans un désert, ou sont emprisonnées dans <strong>de</strong>scellules nues pour un « lavage <strong>de</strong> cerveau »,elles enten<strong>de</strong>nt et voient souvent <strong>de</strong>shallucinations. De même, si l'on est privé <strong>de</strong>sommeil ou si l'on accomplit <strong>de</strong> très longuestâches monotones, il est possible d'avoir <strong>de</strong>shallucinations.La principale cause est constituée par lesdrogues, dont l'alcool, la marijuana, la cocaïne,le crack, l'héroïne ou le LSD. La <strong>de</strong>uxième estune fièvre élevée, surtout chez les jeunesenfants et chez les personnes âgées.Troisièmement, les hallucinations peuventapparaître chez les individus ayant <strong>de</strong>sproblèmes sensoriels tels que la cécité ou lasurdité. Les personnes qui <strong>de</strong>viennent sour<strong>de</strong>sdisent souvent qu'elles enten<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s voix. Demême, les gens qui ont un membre amputééprouvent parfois un « membre fantôme », enressentant tous les mouvements, et même ladouleur.Ensuite, les hallucinations surviennent chez <strong>de</strong>sindividus ayant une grave maladie physiquetelle qu'un cancer du cerveau, <strong>de</strong>s reins ou dufoie. Elles peuvent aussi apparaître si lapersonne souffre <strong>de</strong> <strong>de</strong>lirium tremens, lié àl'alcool, ou <strong>de</strong> démence sénile. Sixièmement,elles sont souvent associées avec <strong>de</strong>s troubles<strong>psych</strong>otiques graves tels que le syndrome <strong>de</strong>stress post-traumatique et la schizophrénie.Ceux qui sont atteints <strong>de</strong> syndrome <strong>de</strong> stresspost-traumatique ressentent souvent <strong>de</strong>s flashback: lorsqu'ils enten<strong>de</strong>nt certains sons ouqu'ils détectent certaines o<strong>de</strong>urs, ils sontinstantanément ramenés au moment dutrauma (comme la guerre ou un acci<strong>de</strong>nt) et ont<strong>de</strong> puissantes hallucinations <strong>de</strong> flash-back <strong>de</strong>ces événements. Par ailleurs, lors <strong>de</strong> pério<strong>de</strong>s<strong>de</strong> grand stress et <strong>de</strong> <strong>de</strong>ui'l, certaines personnesenten<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s voix rassurantes qui calment lessens.Depuis cinquante ans, les neurologues saventque la stimulation <strong>de</strong> certaines zonesspécifiques du cerveau peut entraîner <strong>de</strong>shallucinations, telles que le fait <strong>de</strong> ressentir <strong>de</strong>sengourdissements, <strong>de</strong>s picotements, <strong>de</strong> lachaleur ou du froid. Les patients atteints <strong>de</strong>lésions cérébrales ou <strong>de</strong> dégénérescence <strong>de</strong>stissus peuvent ressentir <strong>de</strong>s hallucinationsolfactives, presque toujours désagréables, ougustatives, plaisantes ou non. De même,certains problèmes neurologiques, <strong>de</strong>puisl'épilepsie <strong>assez</strong> fréquente jusqu'à la raremaladie <strong>de</strong> Ménière, sont souvent associés à<strong>de</strong>s hall'ucinations très spécifiques, souventétranges.l'dDmhécdLes hallucinations visuelles Certaines personnes disent voir <strong>de</strong>s animaux,<strong>de</strong>s objets inanimés et <strong>de</strong>s personnes absentes. Il peut également s'agir <strong>de</strong>« fantômes » ou d' « anges» et certaines hallucinations concernent <strong>de</strong>s scènescompliquées ou <strong>de</strong>s situations bizarres. Certaines hallucinations visuelles sontsilencieuses mais, dans d'autres cas, <strong>de</strong>s gens parlent, souvent directement à lapersonne et lui formulent <strong>de</strong>s exigences. Il y a une gran<strong>de</strong> diversité d'illusionsvisuelles avec <strong>de</strong>s diagnostics spécifiques. Ainsi, la dysmégalopsie consisteà voir <strong>de</strong>s objets déformés ou avec <strong>de</strong>s formes inhabituelles; la micTopsieet la macropsie consistent à voir <strong>de</strong>s objets, soit plus petits, soit plus grandsqu'ils ne le sont en réalité. L'allesthésie désigne la perception qui modifie


le hallucinations 43l'emplacement <strong>de</strong>s objets, tandis que lia palinopsie est la sensatio n qu'un objet qui<strong>de</strong>vrait être présent est absent.Diagnostic et traitement Les diagnosticiens utilisent un entretien d'histoiremédica'ie structuré et systématique pour tenter <strong>de</strong> déterminer l'origine <strong>de</strong>shallucinatio ns. Ils s'informent sur la véritable nature <strong>de</strong>s hallucinations, à quelleépoque elles sont apparues, à quels moments elles surviennent le plus souvent, <strong>de</strong>puiscombien <strong>de</strong> temps eUes existent. Puis, ils posent <strong>de</strong>s questions sur la consommationd'alcool, <strong>de</strong> drogues et d'autres produits. Ils se renseignent sur les événementstraumatiques et émotionnels a insi que sur d'autres aspects tels que les momentsd'agitation, <strong>de</strong> confusion, <strong>de</strong> fièvre, <strong>de</strong> maux <strong>de</strong> tête et les vomissements.Le traitement commence avec la tentative <strong>de</strong> préciser les causes médicales etneurologiques ou les réactions à <strong>de</strong>s substances particulières dans le contexte <strong>de</strong>phénomènes culturels (par exemple, <strong>de</strong>s festivals religieux, <strong>de</strong>s concerts <strong>de</strong> musique,etc.). Tout diagnostic <strong>psych</strong>iatrique sérieux ne <strong>de</strong>vra it être posé qu'après un examentrès rigoureux <strong>de</strong> la nature <strong>de</strong> l'hallucinatio n et <strong>de</strong>s symptômes qui peuvent lui êtreassociés.Explications Il y a <strong>de</strong> nombreuses explications <strong>psych</strong>o logiques auxhallucinations. Les freudiens les co nsidèrent comme <strong>de</strong>s projections <strong>de</strong> désirsinconscients. L'idée est que la personne ressent co mme réel quelque chose qu'elleéprouve mais qu'elle ne peut exprimer car cela se situe en <strong>de</strong>ssous du seuil <strong>de</strong> laconscience.Les <strong>psych</strong>ologues cognitivistes mettent l'accent sur <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> traitementcognitif; en particulier, les hallucinations sont <strong>de</strong> fausses interprétations ducomportement d'autrui.Cependant, ce sont les <strong>psych</strong>ologues biologistes qui se concentrent le plus clairementsur les causes. lis estiment que les hallucinations sont surtout <strong>de</strong>s déficits cérébrauxrésultant <strong>de</strong> lésions ou <strong>de</strong> déséquilibres chimiques. Ils ont pu localiser <strong>de</strong>s zonescérébrales et i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s processus pharmacologiques qui conduisent auxhallucinations.Néanmoins, expliquer pourquoi tel individu particulier a une hallucination trèsspécifique <strong>de</strong>meure un mystère.idée cléhalluc_·" _ont <strong>de</strong> III


l'illusion ot la réalité1 Les délires Lc« Le jeune qui se produit à la "Star Aca<strong>de</strong>my" se fait vraiment <strong>de</strong>s déliressur ses aptitu<strong>de</strong>s à chanter» ; « Cet homme politique semble avoir un délire<strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur» ; « En ce qui concerne ses espoirs d'avoir une promotion,je crois qu'il délire un peu ».De quoi s'agit-il? Un délire est une fausse croyance bien arrêtée, inébranlableet durable, sans rapport avec la réalité. C'est une croyance exprimée par un individuou un groupe dont ont peut démontrer la fausseté, une bizarrerie ou plus fréquemmentune simple « auto-illusion ». Une personne qui a <strong>de</strong>s délires est souvent totalementconvaincue <strong>de</strong> la justesse <strong>de</strong> ses croyances et résiste à <strong>de</strong>s arguments incontournablesdémontrant qu'elle se trompe.Certains délires religieux sont impossibles à vérifier et donc à contredire. Certainsdélires s'« autoréalisent », par exempl[e lorsqu'un individu jaloux accuse sa partenaireinnocente, laquelle finit par le quitter pour quelqu'un d'autre. Dans ce sens, il a renduson délire exact.Une gran<strong>de</strong> diversité Des individus ont <strong>de</strong>s délires au sujet <strong>de</strong> l'odorat (déhresolfactifs), du goût (délires gustatifs), <strong>de</strong> la température (délires thermoceptifs) et dutoucher (dé'lires tactiles). Ils peuvent sentir une o<strong>de</strong>ur écœurante ou très agréable ouinhabituelle en rencontrant une certaine personne. Ils peuvent trouver que <strong>de</strong>saliments ordinaires (oranges, chocolat, lait) ont un goût très différent <strong>de</strong> ce qu'ilsressentent habituellement ou <strong>de</strong> ce que d'autres éprouvent. Ils peuvent ressentircomme brûlants <strong>de</strong>s objets froids, et comme gelés <strong>de</strong>s objets chauds. Ils peuventestimer que <strong>de</strong>s objets lisses (un ballon ou la fourrure d'un chat) sont soudain rugueuxou irréguliers.Le délire qui a fait couler le plus d'encre, la paranoïa, suit diverses étapes: suspiciongénérale; perception sélective <strong>de</strong>s autres; hostilité; « illumination» paranoïaque, aucours <strong>de</strong> laquelle tout se met en place; enfin délires paradoxaux d'influence et <strong>de</strong>persécution.Les délires absorbent souvent totalement la personne et lui causent un stressconsidérable. Notons que les délires sont différents <strong>de</strong>s illusions. Nous avons <strong>de</strong>sillusio ns d'optique ou auditives, par exemple lorsqu'il nous semble que le soleil tourneautour <strong>de</strong> la terre ou que la marionnette du ventriloque parle vraiment.


le délires 45La <strong>psych</strong>iatrie et le délire Les <strong>psych</strong>iatres peuvent diagnostiquer quelqu'uncomme délirant en fonction <strong>de</strong> certains critères. Tout d'abord, la personne doitmanifester un ou <strong>de</strong>ux délires sur une pério<strong>de</strong> d'au moins un mois. Deuxièmement,elle ne manifeste pas d'autre comportement problématique qui permette <strong>de</strong> laconsidérer comme schizophrène. Troisièmement, les hallucinations auditives etvisuelles ne sont pas prééminentes, bien que les hallucinations tactiles et olfactivespuissent l'être. Quatr,ièmement, malgré les délires et leurs conséquencescomportementales, le fonctionnement <strong>psych</strong>osocial <strong>de</strong> la personne n'est pasfondamentalement atteint, <strong>de</strong> telle manière qu'on ne la considère pasparticulièrement étrange. Cinquièmement, si les délires spécifiques ont un impact surl'humeur <strong>de</strong> la personne, ces changements d'humeur ne durent pas très longtemps.Sixièmement, le trouble ne provient pas <strong>de</strong> conditions physiologiques ou médicales(par exemple un traitement médicamenteux).Les <strong>psych</strong>iatres disent parfois qu'il est difficile <strong>de</strong> différencier le délire d'autrestroubles tels que l'hypocondrie (surtout chez les personnes ayant une faibleconscience <strong>de</strong> sOi), la dysmorphophobie (préoccupation relative à <strong>de</strong>s défautscorporels imaginaires), le trouble obsessionnel compulsif ou le trouble <strong>de</strong> lapersonnalité paranoïaque.Les délires <strong>de</strong>s individus atteints <strong>de</strong> schizophrénie sont souvent très étranges. Parexemple, une personne peut croire que son cerveau a été remplacé par celui d'uneautre personne ou qu'on l'a rétrécie d'un mètre. Par ailleurs, <strong>de</strong>s individus peuvent secroire suivis, photographiés ou enregistrés; penser qu'on les empoisonne lentement;que leur partenaire les trompe en permanence; ou encore que leur patron ou leurvoisin est amoureux d'elle.Les causes Les causes ne sont pas véritablement connues. L'intérêt actuel enneuro<strong>psych</strong>ologie a conduit certains auteurs à spéculer en affirmant qu'il s'agit <strong>de</strong>caractéristiques biologiques qui peuvent causer ou aggraver le problème lorsqu'ellesdysfonctionnent. Certains affirment que la cause rési<strong>de</strong> dans <strong>de</strong>s structures cérébralestelles que les ganglions <strong>de</strong> la base, ou le système limbique ou encore le néocortex.Pour d'autres, les explications génétiques sont les meilleures en ra ison du fait quebeaucoup <strong>de</strong> personnes délirantes ont <strong>de</strong>s proches atteints eux aussi <strong>de</strong> délires ou <strong>de</strong>troubles voisins.Cependant, d'autres chercheurs soulignent le fait que <strong>de</strong> nombreuses personnesatteintes <strong>de</strong> délire ont eu une enfance difficile, caractérisée par l'instabilité, la duretéet la froi<strong>de</strong>ur. Certains <strong>psych</strong>analystes ont considéré les délires comme une altérationdu système <strong>de</strong> défense du Moi, système <strong>de</strong>stiné à protéger et à soutenir le soi. Ils1911 1942 Annees 1980Freud affirme que les délires La « folie à <strong>de</strong>ux" est décrite La paranoïa est recatégorisée<strong>de</strong> persécution sont dus au comme trouble délirant comme trouble délirantrefoulement et à la projection


48 1l'IlIu Ion et la réalitéLe.scAe. Les <strong>psych</strong>iatres ont distingué cinq catégoriesbien nettes <strong>de</strong> délires.L'érotomanie Les personnes atteintes <strong>de</strong> cetrouble croient qu'une autre personne estamoureuse d'elle, plus dans un sensromantique, voire spirituel que sexuel.La personne supposée amoureuse est souventcélèbre (star <strong>de</strong> cinéma, héros sportif),mais il peut également s'agir d'un supérieurhiérarchique puissant. Bien que beaucoup <strong>de</strong>ces personnes délirantes gar<strong>de</strong>nt celasecrètement, d'autres peuvent déployerbeaucoup d'énergie pour essayer d'entrer encontact avec leur amoureux imaginé,par <strong>de</strong>s mails ou <strong>de</strong>s visites. La plupart sont<strong>de</strong>s femmes, mais les hommes atteints<strong>de</strong> ce délire ont tendance à agir plusaudacieusement, au risque d'enfreindre la loi,surtout s'ils croient que leur" amoureuse»est en danger.La mégalomanie Il s'agit <strong>de</strong> délires <strong>de</strong>gran<strong>de</strong>ur qui sont manifestes lorsqu'unepersonne croit (contre toute évi<strong>de</strong>nce)qu'elle est spéciale: elle a <strong>de</strong>s capacitésou une perspicacité hors du commun,ou elle a fait une découverte d'importancevitale. Les délires sont souvent religieuxet les individus qui en sont atteints croientqu'ils ont une relation unique et privilégiéeavec le "Tout-Puissant». Elles sentent parfoisqu'elles sont une personne supérieure etqu'elles ont <strong>de</strong>s relations spéciales avecd'autres personnes supérieures.La jalousie Cette attitu<strong>de</strong> est manifeste dans lacroyance forte, mais infondée selon laquelle leou la partenaire est infidèle. De surprenantséléments <strong>de</strong> « preuve» sont mis en avant pourle démontrer. La personne jalouse peut faireappel aux services d'un détective privé,agresser physiquement et verbalement le ou lapartenaire, voire essayer <strong>de</strong> le ou la faireincarcérer.Le délire <strong>de</strong> persécution La personne croitqu'un individu ou un groupe conspire contreelle, qu'on la trompe, qu'on l'espionne ouqu'on la harcèle, qu'on répand <strong>de</strong> faussesrumeurs sur elle, qu'on l'empoisonne ouencore qu'on la drogue à son insu. Elle estsouvent en colère et amère, éprouvant unprofond sentiment d'injustice. De nombreuxsujets tentent d'éliminer la persécution par <strong>de</strong>svoies légales ou en faisant appel aux autorités.C'est la forme <strong>de</strong> délire la plus fréquente.Certaines personnes <strong>de</strong>viennent mêmeviolentes envers les personnes qu'ellessoupçonnent <strong>de</strong> les persécuter.Les délires somatiques La personne croit queson corps est étrange ou ne fonctionne pascorrectement. Elle peut croire qu'elle émetune o<strong>de</strong>ur bizarre ou que certaines parties(le nez, la poitrine, les jambes) sontparticulièrement bizarres, difformes ou lai<strong>de</strong>s.Les individus ayant ce genre <strong>de</strong> délire croientsouvent qu'elles ont quelque insecteou parasite interne qui détruit ou modifieune partie <strong>de</strong> leur corps.cptd« Ces choses <strong>de</strong>vant nous ne sont pas <strong>de</strong>s géants,mais <strong>de</strong>s moulins à vent. »Miguel <strong>de</strong> Cervantes, 1605


les délires 147considèrent donc les délires paranoïaques ou <strong>de</strong> persécution comme une tentative <strong>de</strong>projeter sur les autres les aspects que la personne n'aime pas en elle-même. Letraitement comprend les entretiens <strong>de</strong> conseil et la <strong>psych</strong> othérapie, mais également<strong>de</strong>s méd icaments anti<strong>psych</strong> otiques.On pense généralement et <strong>de</strong> façon<strong>assez</strong> juste que les personnes quirépon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s interviews ou à <strong>de</strong>squestionnaires, mentent ou dissimulent<strong>de</strong>s choses. Les <strong>psych</strong>ologues appellentcela


l'illu on et la réalité12AEtes-vousconscients?La plupart du temps, nous sommes conscients <strong>de</strong> nous-mêmes, <strong>de</strong> notrecorps, <strong>de</strong> nos sensations et <strong>de</strong> notre pensée. Être conscient signifiepercevoir avec un certain <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> pensée contrôlée ou d'observation.Toute créature peut être qualifiée <strong>de</strong> consciente si elle est capable <strong>de</strong> répondre aumon<strong>de</strong> environnant. Certains commentateurs ont distingué entre la conscienced'accès, qui consiste à penser sur la pensée ou sur les perceptions, et la consciencephénoménale, qui consiste à avoir <strong>de</strong>s idées ou à imaginer la qualité <strong>de</strong>s choses.Les événements qui ont lieu dans l'esprit ou le cerveau et auxquelsnous n'avons pas accès sont appelés subconscients. Mais la consciencene dépend pas du langage.Il nous est probablement beaucoup plus facile <strong>de</strong>déterminer lorsque les gens sont inconscients, par lesommeil, les drogues ou la maladie. Nous parlons( ( La conscience d'individus qui ont perdu connaissance ou qui ne[...] est le sont pas concentrés. Une énigme pour <strong>de</strong> nombreLLxphénomène neurobiologistes intéressés à localiser le « siège <strong>de</strong> lapar lequel nous conscience » est que <strong>de</strong>s personnes peuvent subir <strong>de</strong>connaissons graves lésions cérébrales sans perdre la consciencela véritable générale. Certes, les lésions cérébrales peuventexistence conduire à la perte <strong>de</strong> certains contenus <strong>de</strong>conscience, mais pas <strong>de</strong> la conscience elle-même.Certains affirment qu'étudier la neuro<strong>psych</strong>ologie<strong>de</strong> la conscience est facile comparativement avec lefait <strong>de</strong> comprendre pourquoi nous avons cetteexpérience.<strong>de</strong> l'1UlÎvers. ) )Roger pe rose, 1989pluco<strong>de</strong>vivéLepetosoDdpmSnL'expérience d'être conscient L'expérience consciente possè<strong>de</strong> différentespropriétés. Elle est privée; elle concerne le fait d'éprouver <strong>de</strong>s choses à partir <strong>de</strong> sensmultiples (le toucher, le goût, l'ouïe, la vue) et concerne les résultats <strong>de</strong> la penséeCicéron utilise le terme" conscience" pour la première fois


êtes-vous conscients? 1 49plutôt que la manière dont nous pensons; et elle estconstamment en état <strong>de</strong> flux ou <strong>de</strong> changement. Nous parlons<strong>de</strong> « courant <strong>de</strong> conscience ». Nous pouvons être conscients <strong>de</strong>vivre une certaine expérience et être conscients <strong>de</strong> l'avoir déjàvécu auparavant.Les <strong>psych</strong>ologues sont particulièrement intéressés par les( ( La conscienceest notre manièred'analyser le mon<strong>de</strong>environnant sousforme d'objets etd'actions. , )personnes au cerveau lésé qui sont clairement conscientes <strong>de</strong>tous les phénomènes qui les entourent, mais qui ne peuvent se J. Bronowskl, 1970souvenir d'avoir rencontré la même expérience antérieurement.De nombreux <strong>psych</strong>ologues croient que la conscience provient<strong>de</strong> l'activité cérébrale. Certains proposent une expLicationphysique puisque les lésions cérébra'les et la chimie cérébralemodifient la conscience.SpéClÙation s historiques Bien que les anciens Grecs aient écrit sur <strong>de</strong> nombreux thèmes <strong>de</strong> <strong>psych</strong>ologie, la conscience n'en a pas fait partie. Ce sont René Descartes (1640) «< Je pense, donc je suis») et John Locke (1690) qui ont cru que la conscience est essentielle pour la pensée et pour l'i<strong>de</strong>ntité personnelle. Durant une longue pério<strong>de</strong>, les <strong>de</strong>ux mots étymologiquement similaires « conscient » et «conscience» ont été liés entre eux. Jusqu'au XVII" siècle, époque où le mot «conscient» a renvoyé à l'idée d'i<strong>de</strong>ntité personnelle, et le mot « conscience)} à celle <strong>de</strong> jugement moral, leurs sens n'étaient pas séparés. Lors <strong>de</strong> la fondation <strong>de</strong> la <strong>psych</strong>ologie scientifique en Allemagne, <strong>de</strong>s <strong>psych</strong>ologues ont utilisé « esprit)} et « conscience)} <strong>de</strong> manière interchangeable et se sont servis <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s introspectives pour l'étudier. Le comportementalisme a considéré que la conscience n'était pas un thème <strong>de</strong> recherche scientifique. Même les <strong>psych</strong>ologues cognitivistes intéressés par <strong>de</strong>s sujets tels que la compréhension du langage et <strong>de</strong> la mémoire ont négligé ce thème. Mais au cours <strong>de</strong>s vingt <strong>de</strong>rnières années, la conscience a commencé à ré-émerger comme thème important d'étu<strong>de</strong>. La nouvelle scien ce La nouvelle science <strong>de</strong> la conscience essaie d'expliquercomment les expériences subjectives surviennent à partir <strong>de</strong> l'activité cérébrale. Enobservant le flux sanguin du cerveau, les chercheurs peuvent déduire ce à quoi pensel'individu. De plus, par <strong>de</strong>s stimulations électriques ou chimiques <strong>de</strong> certaines zonescérébrales, ou par la chirurgie, ils peuvent provoquer <strong>de</strong>s o<strong>de</strong>urs, <strong>de</strong>s visions, <strong>de</strong>s sonsquasiment i<strong>de</strong>ntiques aux sensations réelles. Ces scientifiques essaient <strong>de</strong> comprendrecomment sont traitées les informations provenant <strong>de</strong>s sens; pourquoi certainesinformations sont-elles accessibles tandis que d'autres restent cachées? CertainsiJ/S les annces 1960 1991 1994les neurosciences cognitives Publication <strong>de</strong> l'ouvrage Publication <strong>de</strong> l'ouvrage étudient ce thème La Conscience éxpliquée, <strong>de</strong> Dennett L'Instinct du langage, <strong>de</strong> Pinker


50 l'Illusion et la ré litéchercheurs croient qu'i<strong>de</strong>ntifier les corrélats neuronaux précis <strong>de</strong> la conscience estpossible, voire facile. Ce qui leur paraît plus difficile est d'établir un lien entrel'activité cérébrale et l'expérience personnelle intérieure.Les fonctions Les <strong>psych</strong>ologues adoptent différents points <strong>de</strong> vue sur la fonction<strong>de</strong> la conscience. Les aristotéliciens affirment qu'il s'agit d'un état cérébral. Lescomportementalistes radicaux pensent qu'elle a peu <strong>de</strong> raison d'être, qu'il s'agit d'unépiphénomène (d'importance secondaire) et préfèrent l'ignorer.Cependant, les <strong>psych</strong>ologues la considèrent généralement en termes <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong>l'information. Nous sommes très efficaces pour détecter et traiter toutes sortesd'informations provenant <strong>de</strong> notre environnement. Être conscient <strong>de</strong> notre manière<strong>de</strong> le faire, en particulier avec <strong>de</strong>s informations nouvelles ou complexes, c'est celaprécisément la conscience. Nous pouvons également être conscient que d'autrespersonnes ont <strong>de</strong>s expériences <strong>de</strong> conscience très différentes que nous d'un mêmeévénement. Un problème avec l'école fonctionnaliste est que l'on pourrait affirmer,selon leur définition, que les machines ont une conscience.Les <strong>psych</strong>ologues évolutionnistes sont fonctionnalistes. Us considèrent ledéveloppement du cortex comme une fonction <strong>de</strong> survie qui nous ai<strong>de</strong> à planifier, <strong>de</strong>même que le langage et le développement social. Un critère comportementalintriguant <strong>de</strong> la conscience est la reconnaissance <strong>de</strong> soi: l'aptitu<strong>de</strong> à se reconnaîtredans le miroir. Ainsi, la conscience a évolué en réponse à la pression sélective chezun animal social intelligent. La conscience fonctionne pour représenter, stocker etpréciser les perceptions: pour donner un sens à <strong>de</strong>s situations nouvelles et ambiguëset pour prendre Je meilleures décisions. La conscience e~t un « kit <strong>de</strong> survie» pour<strong>de</strong>s espèces évoluées, qui permet <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s décisions et d'avoir <strong>de</strong>s réactionsraisonnées et planifiées.L'inconscience consciente: le cas <strong>de</strong> l'hypnose Dans quelle mesure lespersonnes hypnotisées sont-elles conscientes? Les personnes complètementhypnotisées sont à l'évi<strong>de</strong>nce dans un « état différent », un état <strong>de</strong> relaxationprofon<strong>de</strong> et <strong>de</strong> suggestibilité. Nous savons que certaines personnes sontparticulièrement sensibles à l'hypnose et d'autres très résistantes. Les individushypnotisés sont suggestibles. L'effet se fait tout particulièrement sentir lorsquel'hypnotiseur essaie d'induire une amnésie post-hypnotique (qui consiste à ne sesouvenir <strong>de</strong> rien <strong>de</strong> ce qui s'est passé pendant la durée <strong>de</strong> l'hypnose) ou unesuggestibilité post-hypnotique (lorsque le sujet suit, après le temps d'hypnose, <strong>de</strong>sinstructions bizarres données durant l'hypnose).L'utilisation du scanner a considérablement fait progresser notre connaissance <strong>de</strong>l'hypnose, considérée par certains comme du spectacle à bon marché. Des étu<strong>de</strong>srécentes suggèrent que l'hypnose est un état altéré <strong>de</strong> conscience car <strong>de</strong>s zonescérébrales connues pour modifier la conscience sont elles-mêmes modifiées parl'hypnose. Au cours d'une amnésie hypnotique, une personne peut recevoirl'instruction d'oublier quelque chose, souvent très importante, qui ne peut être


êt -vous con clenta? 151remémorée que dans certa ines co nditions très spécifiques. L'analgésie h ypnotiq ue aattiré l' attentio n, surto ut <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ntistes puisque son objectif est <strong>de</strong>réduire la douleur.Cependant, certains o bservateurs ont proposé <strong>de</strong>s explications <strong>assez</strong> bana les du succèsapparent <strong>de</strong> l'hypnose. Par exemp le, la isser les gens ressentir la douleur comme unesensa tion <strong>de</strong> chaleur ou d'engourdissement peut être cO I1~id é r é comme une stratégie<strong>de</strong> coping très efficace. Ils peuvent aussi être simplement encouragés à acco r<strong>de</strong> r moinsd'atte ntion à certa ines expériences et plus d'attention à d'autres. La théo rie <strong>de</strong> la n éo~dissociatio n suggère que nous abando nnon s le contrô le centra l <strong>de</strong> nos pensées àl'hypnotiseur. Selon la th éorie du n on -état, l'h ypnose est un peu plus que l'actio n ,l'imagination et la prise <strong>de</strong> rô le, et n 'est pas un éta t a ltéré <strong>de</strong> co nscience. Lespersonnes hypno tisées, suggestibles, font simplement ce que l'on a ttend d 'elles, ce qui(ait plaisir à l'hypno tiseur, plutô t qu'elles ne tombent dans un état particulier proche<strong>de</strong> la tran se.Les <strong>psych</strong>ologues se sont longtempsintéressés, pas tant au phénomène <strong>de</strong> laconscience, qu'à son opposé. Certainsont établi une différence entre lepréconscient et l'inconscient.Les idées et les désirs préconscientspeuvent parvenir à la conscience sanstrop <strong>de</strong> difficulté. Le but <strong>de</strong> la thérapieest <strong>de</strong> tirer <strong>de</strong>s éléments provenant dusombre et inconnaissable inconscient et<strong>de</strong> les amener dans le préconscient puisdans le conscient. la conscience <strong>de</strong> soiconstitue un aspect essentiel <strong>de</strong> lathérapie: être conscient <strong>de</strong>s raisons quipoussent la personne à se comporterd'une certaine manière. Au travers <strong>de</strong>l'interprétation <strong>de</strong>s rêves, <strong>de</strong>s lapsus et<strong>de</strong> l'association libre, l'analyste croitpouvoir ai<strong>de</strong>r ses patients à avoir unaperçu <strong>de</strong> l'inconscient.idée cléLa çons9iep.c~ consiste a tr eve eet en état d'activation


les cœurs et les esprits 13 La <strong>psych</strong>ologiepositivePouvez-vous enseigner aux gens à <strong>de</strong>venir heureux? L'argent fait-il lebonheur? Pourquoi certaines personnes sont-elles continuellement etapparemment plus heureuses que d'autres? Ces problèmes fréquents etfondamentaux <strong>de</strong> la condition humaine ont été systématiquement ignoréspar les <strong>psych</strong>ologuesjusqu'il y a peu.La <strong>psych</strong>ologie positive La <strong>psych</strong>ologie positive est l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s facteurs et <strong>de</strong>sprocessus qui conduisent à <strong>de</strong>s émotions positives, à <strong>de</strong>s comportements vertueux et àune performance optimale chez les individus et chez les groupes. Bien que quelquesrares <strong>psych</strong>ologues, essentiellement <strong>de</strong>s « <strong>psych</strong>ologues du soi », aient toujours étéintéressés par la santé et les bonnes performances, l'étu<strong>de</strong> du bonheur était considéréecomme sans importance, et même futile. Ceci reste encore vrai: pour environ centlivres et articles sérieux <strong>de</strong> <strong>psych</strong>ologie, quatre-vingt-dix-neuf traitent <strong>de</strong> dépressionet un seul cie bonheur. Mais nous savons <strong>de</strong>puis cinquante ansque le bonheur n'est pas l'opposé du malheur, car ils concernent( ( Le bonheur <strong>de</strong>s do maines différents.est W1 mystère Le premier livre sur la <strong>psych</strong>ologie du bonheur est apparu dansconune la religion les années 1980. Puis quelques revues scientifiques ont vu le jour.et ne <strong>de</strong>vrait Mais ce n'est qu'au tournant du <strong>de</strong>uxième millénaire que lejamais êtremouvement <strong>de</strong> la <strong>psych</strong>ologie positive est <strong>de</strong>venu vraiment actif.rationalisé. ) ) La <strong>psych</strong>ologie positive est <strong>de</strong>venue l'axe <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong>nombreux <strong>psych</strong>ologues célèbres; aujourd'hui, eUe abor<strong>de</strong>S.K. Chesterton, 1920 beaucoup d'autres thèmes que le seul bonheur.Principales préoccupations La <strong>psych</strong>ologie du bonheur essaie <strong>de</strong> répondre àcertaines questions fondamentales abordées par <strong>de</strong>s philosophes, <strong>de</strong>s théologiens et<strong>de</strong>s hommes politiques. La première série <strong>de</strong> questions concerne la définition et lamesure du bonheur; la <strong>de</strong>uxième consiste à savoir pourquoi certains groupes sontheureux ou malheureux; la troisième concerne ce que l'on doit faire (ou ne pas faire)pour augmenter le bonheur.Publication <strong>de</strong> l'ouvrageLa Structure du bien-être <strong>psych</strong>ologique,<strong>de</strong> Bradburn1987Publication <strong>de</strong> l'ouvrageLa Psychologie du bonheur,<strong>de</strong> Argyle


la p ychologie po ItlvLa science commence avec <strong>de</strong>s définitions. Aussi, qu'est-ce que le bonheur? On le décrit parfois comme un état <strong>de</strong> bien-être, <strong>de</strong> contentement, <strong>de</strong> paix <strong>de</strong> l'esprü ou <strong>de</strong> plénitu<strong>de</strong>, quelque chose qui a Lin lien avec la satisfaction <strong>de</strong> la vie ou l'absence <strong>de</strong> stress <strong>psych</strong>ologique. Il a également été décrit en termes <strong>de</strong> plaisir, <strong>de</strong> joie et d'amusement. l'expression la plus souvent utilisée par tes chercheurs est « bien­ « Unhonune être subjectif ». Cela décrit la façon dont les individus font une est heureux évaluation globale et personnelle sur leur vie et leur satisfaction aussi longtemps générale. C'est-à-dire, c'est l'individu qui évalue son propre qu'il choisitbien-être, non un coach, un conseiller, un enseignant, un<strong>de</strong> l'être. ))thérapeute ou encore un théoricien. Ces auto-évaluations peuvent être réparties en <strong>de</strong>ux éléments: lexandre So Jenitsyne, 1968 la satisfaction au travail et à la maison, et la satisfaction avec soi et les autres. Ainsi, quelqu'un peut avoir Lin niveau élevé <strong>de</strong> l'un et bas <strong>de</strong> l'autre, mais ces <strong>de</strong>ux formes <strong>de</strong> satisfaction ont cependant tendance à être fortement corrélées. Les individus ont tendance à être relativement stables dans leur évaluation <strong>de</strong>s différents aspects <strong>de</strong> leur existence. Ils peuvent fluctuer en fonction <strong>de</strong> circonstances particulières, telles qu'avoir <strong>de</strong> la chance (gagner au loto) ou être victimes <strong>de</strong> terribles acci<strong>de</strong>nts (et <strong>de</strong>venir paralysés), mais ont tendance à revenir à leur niveau personnel après une durée <strong>assez</strong> courte. Mesurer le bonheur La plupart


54 1les c urs 8t les e prHsque les personnes malheureuses et mieux faire face à toutes sortes <strong>de</strong> revers. Lespersonnes heureuses prennent <strong>de</strong> meilleures décisions et ont tendance à être pluscréatives. Les personnes malheureuses semblent gaspiller leur temps et leur énergie àrester vigilantes pour guetter la survenue <strong>de</strong> signes <strong>de</strong> danger ou d'échec. Elles sapentleur énergie.Il y a <strong>de</strong>s éléments en faveur <strong>de</strong> l'héritabilité du bien-être subjectif. Les étu<strong>de</strong>s menéesavec <strong>de</strong>s jumeaux ont montré que si les gens héritent d'une tendance ouprédisposition pour la dépression, il en est <strong>de</strong> même pour le bonheur. Mais les facteursenvironnementaux jouent inévitablement un rôle, en particulier l'environnementfamilial précoce. Nous savons également que même si <strong>de</strong>s individus vivent <strong>de</strong>sévénements qui entraînent un bonheur ou un malheur extrême, ils ont tendance àrevenir à leur niveau initial relativement rapi<strong>de</strong>ment.Certaines sociétés sont plus heureuses que d'autres.Les pays latins semblent plus heureux que les pays entourantl'Océan pacifique. Deux éléments semblent liés au bonheur( ( Si vous voulez national global: la richesse, la stabilité et la nature démocratiqueêtre heureux:, <strong>de</strong> la société, ainsi que les normes sociales relatives aux émotionssoyez-le. ) ) positives et à l'évitement <strong>de</strong>s émotions négatives.Léon Tolstoï, 1900La gran<strong>de</strong> pauvreté rend les gens malheureux, mais la gran<strong>de</strong>richesse a peu d'effet sur le bien-être subjectif. Les étu<strong>de</strong>smontrent également que plus l'on est matérialiste, moins l'on estheureux. Les personnes les plus heureuses semblent toutes avoir <strong>de</strong>bons amis.Apprendre à être heureux Les individus peuvent faire <strong>de</strong> no mbreuses chosespour augmenter leur bonheur. La première est <strong>de</strong> ne pas confondre le succès avec lebonheur. La suivante est <strong>de</strong> prendre le contrôle <strong>de</strong> leur existence. Il a été démontréque si vous agissez comme si vous étiez heureux (en souriant, en exprimant <strong>de</strong>l'optimisme, en étant sociable), cela fait réagir différemment les personnes qui vousentourent, ce qui vous rend vraiment heureux. Trouver un travail et <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong>loisirs qui font véritablement appel à vos compétences et à vos passions ai<strong>de</strong>beaucoup. Faire régulièrement <strong>de</strong> l'exercice, bien dormir et manger ai<strong>de</strong> à rester <strong>de</strong>bonne humeur. Investir du temps et <strong>de</strong> l'attention dans les relations est unecaractéristique essentielle du bonheur. Valoriser les autres, les ai<strong>de</strong>r et exprimerrégulièrement <strong>de</strong> la gratitu<strong>de</strong> pour l'existence augmente le bonheur, <strong>de</strong> même qued'avoir un but dans la vie et <strong>de</strong> l'espoir ou <strong>de</strong> la foi.La <strong>psych</strong>ologie positive nous fait changer <strong>de</strong> regard, <strong>de</strong>puis une focalisation sur le faitd'essayer <strong>de</strong> corriger ou <strong>de</strong> modifier la faiblesse personnelle vers l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s forces et<strong>de</strong>s vertus. Elle vise à promouvoir le véritable bonheur et la bonne vie, et donc àfavoriser la santé. Un point <strong>de</strong> départ <strong>de</strong> la <strong>psych</strong>ologie positive a consisté à essayer<strong>de</strong> lister et <strong>de</strong> catégoriser les forces et les vertus. Ce qui a été fait, bien que cela suscitetoujours une certaine controverse.


la <strong>psych</strong>ologIe PO iUve 155Voici cette liste:• la sagesse et la connaissance (comprenant la créativité, la curiosité, l'ouverture d'esprit, l'amour <strong>de</strong> l'apprentissage, la perspective - capacité à donner <strong>de</strong> sages conseils aux autres) ; • le courage (comprenant la bravoure, la persistance, l'intégrité et la vitalité) ; • l'humanité (comprenant l'amour, la gen tillesse, l'intelligence sociale) ; ·la just ice (comprenant la citoyenneté, la justice, le lea<strong>de</strong>rship) ; • la tempérance (comprenant le pardon, l'humilité et la mo<strong>de</strong>stie, la pru<strong>de</strong>nce, l'autorégulation) ; • la transcendance (comprenant l'appréciation <strong>de</strong> la beauté, la gratitu<strong>de</strong>, l'espo ir, l'humour, la spiritualité). La <strong>psych</strong>ologie positive suscitemaintenant l'intérêt <strong>de</strong>s économistes,<strong>de</strong>s théologiens et <strong>de</strong>s hommesd'affaires. Ce mouvement s'accélèrerapi<strong>de</strong>ment et se transforme pourexam iner scientifiquement cette condition huma ine essentielle.Mlj~e.s 're. (~t\"fs~LA boV'\~e.LA'rLes chercheurs ont fait une liste <strong>de</strong> mythes sur lanature et les sources du bonheur. Il s'agit notamment<strong>de</strong> ceux-ci, largement crus, mais erronés:• le bonheur dépend surtout <strong>de</strong> la qualité et <strong>de</strong> laquantité <strong>de</strong> choses qui nous arrivent;• les individus ayant un grave handicap physiquesont toujours moins heureux;• les jeunes gens sont beaucoup plus heureux queles personnes âgées;• les personnes qui se sentent très heureuses sesentent aussi très malheureuses;• les personnes plus intelligentes sont généralementplus heureuses que les autres personnes;• les enfants augmentent significativement lebonheur <strong>de</strong>s couples mariés;• gagner beaucoup d'argent rend les gens bien plusheureux à long terme ;• les hommes sont globalement plus heureux queles femmes;• la poursuite du bonheur nous conduitparadoxalement à le perdre.idée clé puons apprena etr heureux


5& lle8 cœurs et les BsprllsUintelligenceémotioIlllelle F« L'intelligence émotionnelle est un cadre pour catégoriser <strong>de</strong>s aptitu<strong>de</strong>sliées à la compréhension, la gestion et l'utilisation <strong>de</strong>s émotions. »P. Salovey etJ. Mayer, 1994L'expression « intelligence émotionnelle» remonte à plus <strong>de</strong> quarante ans, mais plusparticulièrement à un article impo rtant <strong>de</strong> 1990 et au livre grand public <strong>de</strong> DanielGoleman, L'Intelligence émotionnell.e (1995). Elle a engendré une immense industrie,surtout auprès <strong>de</strong>s personnes intéressées par le succès professionnel. De nombreuxouvrages utilisent <strong>de</strong>s affirmations radicales, par exemple, que l'aptitu<strong>de</strong> cognitive oul'intelligence scolaire traditionnelle ne contribue que pour environ 20 % au succèsgénéral dans la vie (scolaire, personnelle et professionnelle) tandis que les 80 0/0restants sont directement attribuables à l'intelligence émotionnelle.Les composantes <strong>de</strong> l'intelligence émotionnelle Il n'y a pas d'accordsur les caractéristiques, les facteurs et Tes compétences qui constituent l'intelligenceémotionnelle. Il y a <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> tests et <strong>de</strong> livres publiés, mais cela aggrave lasituation au lieu <strong>de</strong> l'améliorer. La plupart <strong>de</strong>s théories, mais pas toutes, comportent<strong>de</strong>s idées sur la conscience et la régulation émotionnelles.Une question centrale non résolue est <strong>de</strong> savoir queUes sont les facettes oucomposantes <strong>de</strong> l'intelligence émotionnelle. Les premiers modèles distinguaient entrela pe rception, l'évaluation et l'expression <strong>de</strong> l'émotion en soi et chez les autres;l'utilisation <strong>de</strong>s émotions pour faciliter la pensée ; l'utilisation <strong>de</strong> la connaissanceémotionnelle pour comprendre et analyser les émotions; la réguia tion <strong>de</strong>s émotionspour faciliter la croissance personnelle. Certains auteurs parlent d'alphabétisationémotionnell.e (connaissance et compréhension <strong>de</strong> ses propres émotions et <strong>de</strong> leurfonctionnement), <strong>de</strong> bonne santé émotionnelle (solidité et flexibilité émotionnelles),<strong>de</strong> tyrofon<strong>de</strong>ur émotionnell.e (croissance et intensité émotionnelles) et d'alchimieémotionnell.e (usage <strong>de</strong>s émotions pour découvrir <strong>de</strong>s occasions créatrices).D'autres divisent l'intelligence émotionnelle en facteurs tels que la conscience <strong>de</strong> soi,l'autorégulation, la motivation personnelle, l'empathie et les compétences sociales.Une conception plus populaire présente quinze composantes.Introduction du conceptd'intelligence sociale1990 Première publication scientifiquesur le sujet


l'intelligonco émotionnelle 57Facenes fréquentes dans les modèles d'intelligence émotionnelleAdaptabilitéAssertivitéFacetteExpression <strong>de</strong>s émotionsGestion <strong>de</strong>s émotions d'autruiPerception <strong>de</strong>s émotions(<strong>de</strong> soi et d'autrui)Régulation <strong>de</strong>s émotionsFaible impulsivitéCompétences relationne'lIesEstime <strong>de</strong> soiMotivation personnelleCompétence socialeGestion du stressEmpathie en tant que traitBonheur en tant que traitOptimisme en tant que traitLes individus ayant un score élevé <strong>de</strong> cette compétencesont flexibles et s'adaptent à <strong>de</strong> nouvelles conditionssont francs et défen<strong>de</strong>nt leurs droitssont capables <strong>de</strong> communiquer leurs ressentis aux autressont capables d'influencer les émotions <strong>de</strong>s autres personnessont au clair sur leurs émotions et sur celles <strong>de</strong>s autressont capables <strong>de</strong> contrôler leurs émotionsont moins <strong>de</strong> probabilités <strong>de</strong> cé<strong>de</strong>r à leurs désirs du momentsont capables d'avoir <strong>de</strong>s relations interpersonnelles enrichissantesont confiance en euxsont dynamiques et abandonnent rarement face aux difficultésont d'excellentes compétences socialessont capables <strong>de</strong> résister aux pressions et <strong>de</strong> réguler le stresssont capables <strong>de</strong> prendre la perspective d'autruisont joyeux et satisfaits <strong>de</strong> leur existenceont confiance et voient plutôt le bon côté <strong>de</strong> la vieCes facettes peuvent être rassemblées en quatre facteurs liés mais indépendantsappe lés bien-être, compétences <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> soi, compétences émotionnelles etcompétences sociales.Comment mesurer l'intelligence ,émotionnelle L'intelligenceémotionnelle est souvent mesurée grâce au quotient d'intelligence émotionnelle(QE) . Les <strong>psych</strong>ométriciens distinguent entre les mesures <strong>de</strong> performance maximale(comme pour les tests <strong>de</strong> QI : réponses exactes ou fausses) et les mesures <strong>de</strong> réponsetypique (comme pour les questionnaires <strong>de</strong> personnalité: réponses <strong>de</strong> préférence),avec d'importantes conséquences. Les mesures <strong>de</strong> compte rendu personnel conduisentà l'idée que l'intelligence est essentiellement un trait <strong>de</strong> personnalité (efficacitépersonnelle émotionnelle), tandis que les mesures d e potentiel <strong>de</strong> performancemax imale conduisent à l'idée que l'intelligence émotionnelle est une aptitu<strong>de</strong>cognitive (aptitu<strong>de</strong> cognitive-émotionnelle).1995 1997 2003Publicati on <strong>de</strong> L'Intelligence Premier questionnaire d'évaluation Mise au point <strong>de</strong> la première mesureémotionnelle, <strong>de</strong> Goleman<strong>de</strong> l' intelligence émotionnelle


cœurs t les spritL:intelligence émotionnelle est-elle corrélée ausuccès professionnel? Considérons certaines<strong>de</strong>s explications <strong>de</strong> la façon dont l'intelligenceémotionnelle agit au travail et pourquoi lesindividus ayant un niveau élevé d'intelligenceémotionnelle sont censés avoir plus <strong>de</strong> succès.Tout d'abord, les individus ayant un haut niveaucommuniquent mieux leurs idées, intentions etobjectifs. Ils sont plus clairs, assertifs et sensibles.Ensuite, l'intelligence émotionnelle est fortementassociée aux compétences sociales au sein <strong>de</strong>séquipes <strong>de</strong> travail, ces compétences jouent unrôle important.Troisièmement, les lea<strong>de</strong>rsprofessionnels ayant un niveau élevéd'intelligence émotionnelle créent une ambiancequi augmente l'implication organisationnelle,laquelle à son tour conduit au succès.Quatrièmement, les lea<strong>de</strong>rs à haute intelligenceémotionnelle sont perspicaces et connaissentles forces et les faiblesses d'eux-mêmes et <strong>de</strong>leur équipe, ce qui leur permet <strong>de</strong> tirer profit<strong>de</strong>s forces et <strong>de</strong> compenser les faiblesses.Cinquièmement, l'intelligence émotionnelle estliée à la capacité à faire face efficacement auxdiverses situations, ce qui permet aux individus<strong>de</strong> mieux répondre aux exigences, aux pressionset au stress. Sixièmement, les lea<strong>de</strong>rs àintelligence émotionnelle élevée peuventi<strong>de</strong>ntifier avec exactitu<strong>de</strong> les ressentis et lesbesoins <strong>de</strong> leurs collaborateurs, sont plus« inspirants» et leur apportent plus <strong>de</strong> soutien.Ils suscitent plus d'enthousiasme etd'optimisme. Septièmement, les managers àhaute intelligence émotionnelle ont moinstendance à adopter <strong>de</strong>s manières <strong>de</strong> ,réagir et<strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r négatives et <strong>de</strong>structrices.Beaucoup contestent l'aspect plus fondamental selon lequel l'intelligence émotionnellepuisse être mesurée par <strong>de</strong>s tests d'aptitu<strong>de</strong> cognitive. Selon eux, les concepts d'intelligenceémotionnelle, telle que la régulation émotionnelle, ne peuvent jamais être correctementmesurés par un test d'aptitu<strong>de</strong> objective en raison <strong>de</strong> la nature subjective <strong>de</strong> l'expérienceémotionnelle. Certains affirment que l'intelligence émotionnetle en tant que trait <strong>de</strong>personnalité comporte <strong>de</strong>s tendances comportementales et <strong>de</strong>s aptitu<strong>de</strong>s perçues parla personne elle-même, contrairement aux aptitu<strong>de</strong>s cognitives, et entre dans ledomaine <strong>de</strong> la personnalité. En revanche, l'inteliigence émotionnelle en tantqu'aptitu<strong>de</strong> appartient prioritairement au domaine <strong>de</strong> l'aptitu<strong>de</strong> cognitive. Il y a plusd'une douzaine <strong>de</strong> tests d'intelligence émotionnelle en tant que trait <strong>de</strong> personnalité.D'un autre côté, il y a ceux qui considèrent l'intelligence émotionnelle comme une« véritable» intelligence ou aptitu<strong>de</strong> qui doit être mesurée en tant que telle. Lamesure la p lus connue est le MSCEIT, qui mesure quatre facteurs: la perception etl'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s émotions (aptitu<strong>de</strong> à reconnaître ce que nous ressentons ainsi queceux qui nous entourent) ; l'utilisation <strong>de</strong>s émotions pour faciliter la pensée (aptitu<strong>de</strong>à produire une émotion, puis à raisonner à partir d'elle) ; la compréhension <strong>de</strong>sémotions (aptitu<strong>de</strong> à comprendre les émotions complexes et les « chaînes»émotionnelles et la façon dont les émotions évoluent) ; enfin, la gestion <strong>de</strong>s émotions(aptitu<strong>de</strong> à gérer les émotions en nous et chez autrui).Le MSCEIT <strong>de</strong>man<strong>de</strong> aux sujets <strong>de</strong> :• i<strong>de</strong>ntifier les émotions exprimées sur un visage;


l'Intelligence émotionnelle 59• produire une humeur et résoudre <strong>de</strong>s problèmes avec cette humeur ;• définir les causes <strong>de</strong> diverses émotions;• comprendre la progression <strong>de</strong>s émotions;• déterminer comment inclure au mieux les émotions dans notrepensée, dans <strong>de</strong>s situations qui impliquent nous-mêmes oud'autres personnes.Il y a donc <strong>de</strong>ux manières très différentes <strong>de</strong> mesurer l'intelligenceémotionnelle. L'une ressemble à un test <strong>de</strong> personnalité et considèredonc l'intelligence émotionnelle comme un trait <strong>de</strong> personnalité.L'autre est plus un test d'aptitu<strong>de</strong>. Les mesures <strong>de</strong> trait <strong>de</strong> personnalitésont bien plus faciles et bien moins coûteuses à administrer. Maisla véritable question est <strong>de</strong> savoir lesquelles sont les plus exacteset fiables. Des étu<strong>de</strong>s ont montré que les scores provenant <strong>de</strong>s<strong>de</strong>ux tests sont mo<strong>de</strong>stement corrélés positivement. Au cœur du débat rési<strong>de</strong> laquestion <strong>de</strong> savoir si l'intelligence émo tionnelle est seulement un trait <strong>de</strong>personnalité ou une véritable part <strong>de</strong> l'intelligence.( ( L'intelligenceémotionnelle:élément centrallongtemps négligé<strong>de</strong> l'aptitu<strong>de</strong> mentaleou i<strong>de</strong>e confuseet éphémèremassivementconunercialisée ? ) )A. Furnbam, 2001Beaucoup d'emplois exigent un travail physiqueet mental, mais certains requièrent un travailémotionnel. Les personnels dans les emplois<strong>de</strong> service doivent exprimer <strong>de</strong>s émotions qu'ilsne ressentent pas nécessairement. Ils doiventsourire, être positifs, apparaître relaxés quoi qu'ilsvivent. On appelle cela « agir en surface ». Danscertains emplois, vous <strong>de</strong>vez presque toujoursressentir vraiment les émotions que vousexprimez. Ceci est appelé « agir enprofon<strong>de</strong>ur ». Certains consommateurs peuventrepérer l'expression fausse <strong>de</strong>s émotions, <strong>de</strong>telle façon que vous <strong>de</strong>vez apprendre le« sourire intérieur-extérieur ».Certains professionnels <strong>de</strong>s services dont lesémotions sont contrôlées par leur employeur sesentent dissociés <strong>de</strong> leurs véritables émotions.Ces émotions consistent à montrer <strong>de</strong> la patience,idée clé-t euapti<strong>de</strong> la chaleur et <strong>de</strong> la curiosité, tout en éliminantl'ennui, la frustration et la colère. Un moyen d'yparvenir consiste à utiliser <strong>de</strong>s « scripts ». Lesmembres d'une équipe <strong>de</strong> service sont encouragésà agir: apprendre leur texte, décrire un caractère.Ceci leur enseigne l'émotion appropriée.Tous les individus qui occupent <strong>de</strong>s emplois <strong>de</strong>service ont besoin <strong>de</strong> refuge, <strong>de</strong> « coulisses »,une cuisine, voire <strong>de</strong>s toilettes. Ici, ils peuventêtre eux-mêmes, décompresser, réagir <strong>de</strong> lafaçon dont ils le feraient naturellement.Derrière la scène, ils peuvent se moquer <strong>de</strong>sconsommateurs difficiles, prendre du recul etse réjouir <strong>de</strong> la solidarité <strong>de</strong>s opprimés. Lestemps <strong>de</strong> pause sont l'occasion d'exprimer sonvrai soi, d'enlever le masque, <strong>de</strong> retrouver unsentiment <strong>de</strong> valeur personnelle et <strong>de</strong> se libérerquelque temps du travail émotionnel.•


GO Iles cœurs et les es ritAét"quoi serventtecples é'motions ?eRcbCsLes émotions constituent <strong>de</strong> puissants signaux sociaux. Les mots « émotion » et « motivation» ont la même racine latine, qui signifie « se déplacer ». Les émotions nous envoient <strong>de</strong>s messages physiques rapi<strong>de</strong>s et puissants qui nous permettent <strong>de</strong> réagir à notre environnement. Elles nous permettent aussi <strong>de</strong> communiquer volontairement ou involontairement. L'évolution nous a dotés d'un ensemble <strong>de</strong> programmes hautement adaptés, tous <strong>de</strong>stinés à résoudre <strong>de</strong>s problèmes spécifiques <strong>de</strong> survie. Nous héritons tous <strong>de</strong> programmes macro- et micro-émotionnels qui sont le résultat <strong>de</strong> nombreuses rencontres dans le passé. Nous avons dû apprendre à qui faire confiance, comment détecter l'infidélité sexuelle, comment faire face aux( ( Les émotions échecs et à la perte <strong>de</strong> statut, comment réagir à la mort.sont <strong>de</strong>s dispositifs L'expression automatique et involontaire <strong>de</strong> nombreusesmentaux <strong>de</strong>stinés émotions est une caractéristique clé <strong>de</strong> la vie socia1le réussie <strong>de</strong>à garantirnotre espèce. Nous possédons un riche répertoire <strong>de</strong> signauxl'implication. ) ) émotionnels, <strong>de</strong>stinés à faciliter les interactions sociales. Lesémotions stimulent et activent <strong>de</strong> nombreux systèmes qui fontMark Rïdley, 1996 face aux problèmes.La peur Beaucoup d'entre nous ont peur d'être suivis, pris dans un guet-apens ouattaqués la nuit. Cette peur met en jeu un ensemble <strong>de</strong> circonstances et d'habitu<strong>de</strong>s.Tout d'abord, vous <strong>de</strong>venez très attentif à <strong>de</strong>s signaux visuels ou auditifs; ensuite, vospriorités et objectifs changent: la faim, la douleur, la soif sont supprimées afind'assurer votre sécurité. Par ailleurs, vos systèmes <strong>de</strong> collecte <strong>de</strong>s informations seconcentrent sur <strong>de</strong>s thèmes particuliers. Certains concepts simples émergent ouchangent, <strong>de</strong>puis les notions <strong>de</strong> « facile» ou « difficile » jusqu'à celles <strong>de</strong>« dangereux » ou « sans danger ». De plus, <strong>de</strong>s souvenirs d'événements passés,proches <strong>de</strong> la situation actuelle, sont réactualisés. Il peut y avoir une tentative <strong>de</strong>communiquer <strong>de</strong> manière inhabituelle, par exemple en criant fort, ou inversement enPublication <strong>de</strong> l'ouvrage L:Expression<strong>de</strong>s émotions chez l'homme et les animaux,<strong>de</strong> Darwin


a quoi servent le émoUons? 181étant paralysé par la peur et quasiment incapable d'émettre un son. Un système <strong>de</strong>test d'hypothèses se met en place: la personne essaie <strong>de</strong> comprendre ce qui se passe etce qui va arriver ensuite. Les systèmes d'apprentissage sont activés, puis les systèmesphysiologiques. 11 peut s'agir d'une répo nse <strong>de</strong> type « fuir ou combattre», qui conduitensuite à une série <strong>de</strong> règles <strong>de</strong> décision. La personne peut ainsi courir ou attaquer.Reconnaître les ém otions Malgré quelques désaccords, <strong>de</strong> nombreuxchercheurs considèrent qu'il existe six émotions fondamentales bien distinctes: lebonheur, la surprise, le dégoüt, la tristesse, la colère et la peur.Charles Darwin, qui a été le premier à écrire un traitéscientifique sur les émotions no n verbales, affirmait que nouspouvons reconnaître <strong>de</strong>s expressions faciales différentes, quicorrespon<strong>de</strong>nt aux états émotionnels fondamentaux. Ce sont<strong>de</strong>s émotions manifestes, qui font partie cie notre arrière-planévolutif et ne sont do nc pas apprises. Les personnes aveuglesexpriment <strong>de</strong>s émotions faciales i<strong>de</strong>ntiques aux personnes( ( Les émotionssurviennent lorsquel'adaptationest empêchée,pour quehlll:e raisonque ce soit. ) )voyantes. Le visage comporte <strong>de</strong>s parties différentes trèsexpressives, toutes pouvant signaler une émotion. Les yeux Édouard Claparè<strong>de</strong>, 1928peuvent être larges ou rétrécis, les pupilles dilatées ou non, lessourcils haussés ou abaissés. La personne peut cligner <strong>de</strong>s yeux excessivement ourega r<strong>de</strong>r fixement. La bouche peut être ouverte ou fermée; les <strong>de</strong>nts et la languepeuvent être visibles ou cachées. La peau peut être rougie o u no n, avec <strong>de</strong>s signes ounon <strong>de</strong> sueur. Le nez peut avoir <strong>de</strong>s narines aplaties. Un visage en colère a un aspectrenfrogné, avec les paupières haussées, les narines dilatées, les lèvres ouvertes avec les<strong>de</strong>nts inférieures visibles, <strong>de</strong>s yeux écarquillés.Les expressions faciales et d'autres expressions non verbales agissent comme <strong>de</strong>smanifestations d'état émotionnel. Cependant, <strong>de</strong>ux précautions doivent être prises.La première concerne le contrôle: le fait que nous puissions facilement etprécisément contrô ler l'expression physique <strong>de</strong> nos émotions. Être surpris ou attaquéconduit à <strong>de</strong>s réactions fortes et immédiates provenant <strong>de</strong> notre système nerveuxautonome. Certaines émotions sont plus facilement contrôlables que d'autres. Ainsi,nous pouvons contrôler relativement facilement nos gestes et les mouvements <strong>de</strong>notre corps, bien que <strong>de</strong>s recherches aient montré que n ous dévo ilons <strong>de</strong>s émotionspar <strong>de</strong>s gestes et <strong>de</strong>s mouvements spécifiques <strong>de</strong>s pieds lorsque nous sommes stressés.De même, la plupart d'entre nous sentons que nous avons moins <strong>de</strong> contrôle sur ladilatation <strong>de</strong> nos pupilles et sur notre rythme cardiaque.Le second thème concerne la conscience que nous avons <strong>de</strong> nos émo tions. il arriveque l'émetteur et le récepteur soient tous <strong>de</strong>ux pleinement conscients, comme dans le1975 Annee 1990 2003Publication <strong>de</strong> l'ouvrage Utilisation du concept <strong>de</strong> sciences Publication <strong>de</strong> l'ouvrageLa Communication corporelle, <strong>de</strong>s émotions Ces gestes qui parlent pour nous,<strong>de</strong> Argyle<strong>de</strong> Collet!~


82 les cœurs el le e ritcas du rougisseme nt. De même, il arrive q u'aucun <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux ne soit conscient <strong>de</strong>petites modificatio ns <strong>de</strong> la directio n du regard, <strong>de</strong> mo uvements <strong>de</strong>s sourc ils o u <strong>de</strong> ladilatatio n <strong>de</strong>s pupilles. Des experts sont formés pour déceler les corré lats no n verbauxd'états émot ionnels, tels que <strong>de</strong>s sourires figés et <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> tête fatigués.Enfin, l'émetteur <strong>de</strong> messages émotio nnels peut être conscient <strong>de</strong> son message, ma ispas le récepteur, si le premier essaie <strong>de</strong> cache r quelq ue chose.Enco<strong>de</strong>r et déco<strong>de</strong>r les émotions Les ind iv idus co mmuniquentémo tionne lle ment : ils mo ntrent leurs é mo tions au travers d'expressions fac iales, <strong>de</strong>modificatio ns d u to n <strong>de</strong> la voix, <strong>de</strong> mouvements corpore ls et <strong>de</strong> postures. Lastimulatio n phys io logiq ue provoque <strong>de</strong>s réactions spécifiques q ui causent <strong>de</strong>sexpressio ns caracté ristiques. Ainsi, la peur entraîne une réductio n du flux sanguinvers la peau et les muscles (d'où la pâ leur du visage), tandis que c'est le con t raire quise prod uit en cas <strong>de</strong> co lè re «< être rouge <strong>de</strong> colère»).Les bébés détecte nt et réagissent à diverses é mo tio ns <strong>de</strong>s personnes <strong>de</strong> leur entourage.Us ont <strong>de</strong>s réactio ns caractéristiques <strong>de</strong>la colè re, du dégoût et <strong>de</strong> lIa peur. Par lasuite, ils manifestent <strong>de</strong>s étatsL 1 obsev-v~t\oV\émo tionne ls caractéristiques etdétecta bles: détresse (pleurs, ma incAe ('~of'l\f'I\e dans la bo uche ), colère (hurlements,L:ouvrage Le Singe nu, <strong>de</strong> Desmond Morris, publiéen 1967, était un compte-rendu du comportementhumain, selon une grille <strong>de</strong> lecture évolutionniste.Son argument est que nous sommes <strong>de</strong>s animaux (une espèce <strong>de</strong> primates) et donc un phénomène biologique dominé par <strong>de</strong>s règles biologiques. Satechnique a consisté à observer Homo sapienscomme un zoologue essaie <strong>de</strong> comprendre le sensdu comportement d' actions spécifiques. L:idée estqu'une bonne connaissance <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong>l'évolution et <strong>de</strong>s observations minutieuses peuventnous permettre <strong>de</strong> concevoir un gui<strong>de</strong> ducomportement humain. Ceci explique <strong>de</strong> nombreuxactes, gestes et signaux quotidiens que nousenvoyons et recevons, et qui ont un contenu émotionnel. Le livre a suscité un grand intérêt, surtout en raison<strong>de</strong> la <strong>de</strong>scription minutieuse <strong>de</strong> comportementsparticuliers tels que le regard, l'auto-contact ouencore la manifestation du statut personnel etl'explication <strong>de</strong> leur signification et <strong>de</strong> leur fonction àpartir d'une perspective évolutionniste.accès <strong>de</strong> rage ), frustratio n (gra ttementsdu co rps, grincements <strong>de</strong> <strong>de</strong>nts).De même que n o us avons étéprogrammés, ma is également en seignés,pour enco<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s émo tions, nous avonségale me nt appris à les déco<strong>de</strong>r. D anscertaines é tu<strong>de</strong>s, on a montré à <strong>de</strong>sindividus <strong>de</strong>s é motio ns claire mentexprimées telles que la jo ie , la peur, lasurprise et la colère. On a montré àcerta ins suj ets <strong>de</strong>s films silenc ieux, àd'autres <strong>de</strong>s films avec [e son , à d'a utresencore on a seuleme nt fa it e ntendre laban<strong>de</strong> sono re. La surprise e t le mépriséta ient les émo tions les plus d iffic iles àreconnaître o u à déco<strong>de</strong> r, tandis que lapeur, la colère et la jo ie é ta ient les plusfaciles.Les indiv idus utilisent <strong>de</strong> no mbreuxsignes po ur déco<strong>de</strong>r \es émotio nsd'autrui. Il y a <strong>de</strong>s signaux o pposés, parexemple lorsque quelqu'un sourit, m a isavplàMqurepl'q mLmbc


à quoi servent le ém tions? 1 83 avec <strong>de</strong>s yeux dépourvus d'express,ion. La communication noh verbale est heaucoupplus puissante que la communication verbale car elle e~t plus honnête et plus difficileà falsifier.Mesurer les émotions Les <strong>psych</strong>ologues utilisent généralement ( ( Le chagrinquatre métho<strong>de</strong>s pour mesurer les émotions. La première est le compte est la quiétu<strong>de</strong>rendu personnel, par lequel les personnes parlent d'elles-mêmes. Ceci remémoréepeut se faire par entretien ou par questionnaire. La secon<strong>de</strong> esten émotion. ) )['observation ou l'écoute <strong>de</strong> ce que d'autres savent d'une personnequ'ils conna issent o u qu'ils observent. La tro isième métho<strong>de</strong> consiste à Oorothy Parker, 1939mesurer le comportement <strong>de</strong> la personne lorsqu'eHe réalise une tâche.La <strong>de</strong>rnière forme <strong>de</strong> mesure est physiologique, et comprend diversesmétho<strong>de</strong>s: recueil d'échantillons sanguins ou salivaires, enregistrement <strong>de</strong>sbattements cardiaques et <strong>de</strong> la respiration ou encore <strong>de</strong>s signaux électriques dans lecerveau.Par exemple, on <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à quelqu'un <strong>de</strong> décrire ses émotions, comment il se sent ous'est senti. Ou l'on <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à un observateur ou à un groupe quelle a été l'apparenced'une personne lorsqu'elle faisait un discours. On peut également mesurer la vitesse<strong>de</strong> parole ou <strong>de</strong> mouvements d'un orateur, en la comparant à ce qu'elle est ensituation normale. On peut également mesurer le rythme cardiaque, la respiration oule taux <strong>de</strong> cortisol d'un individu, après ou au cours d'une situation particulière.Une partie du problème est qu'il y a très peu <strong>de</strong> concordance entre les différentesmesures. Ainsi, une personne peut dire qu'elle était très nerveuse, alors que lesobservateurs ne s'en aperçoivent pas. De même une personne peut affirmer ne pasêtre anxieuse lors d'une performance, alors que diverses mesures physiologiquesmettent en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> hauts niveaux d'activation. Un autre problème proche estqu'il y a différents marqueurs physiologiques <strong>de</strong>s différentes émotions. Les mesuresphysiologiques peuvent être grossières et il est difficile <strong>de</strong> décrire avec certitu<strong>de</strong> cequ'une personne ressent ou a ressenti à partir <strong>de</strong>s données physiologiques.idée cléélIlO · 0 ont r~,,,,n'Atre évo utionniste


84 118 cœurs et le e pritsLa thérapiecognitive« Les processus d'attribution doivent être compris, non seulement commemoy~n <strong>de</strong> fournir à l'individu une perspective véritable <strong>de</strong> son mon<strong>de</strong>, maisaUSSI comme moyen d'encourager et <strong>de</strong> maintenir son contrôle efficacedans ce mon<strong>de</strong>. » H. H. Kelley, 1972Les pionniers On considère généralement que la thérapie cognitive a commencédans [es années 1960. Le père fondateur est Aaron Beck, qui a écrit Dépression:causes et traitements, en 1967 et Thérapie cognitive et troubles émotionnels en 1976. Uneautre figure fondatrice est Albert Ellis (1914-2007), qui a élaboré la thérapierationnelle-émotive-comportementale. Il parlait <strong>de</strong> l'ABC <strong>de</strong>s croyancesirrationnelles: l'élément Activateur, la croyance (Behef) qui lui est associée, et lesConséquences émotionnelles et comportementales. Sa technique était appeléerecadrage ou réinterprétation, car elle consistait à réinterpréter ,les événements et àdévelopper <strong>de</strong>s stratégies efficaces pour faire face à ces <strong>de</strong>rniers. C'est une thérapietrès efficace avec les personnes qui se fixent <strong>de</strong>s standards élevés ou qui rum,inent etse sentent coupables en raison <strong>de</strong> leurs insuffisances perçues.lacoLeincolecoLleda<strong>de</strong>àvLcrThérapie par la pensée La thérapie cognitive a été précédée par ia thérapiecomportementale et est parfois appelée « modification du comportement ». Ainsi unepersonne phobique peut être progressivement exposée aux situations qui l'effraientafin <strong>de</strong> lui démontrer que ces peurs n'ont pas <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>ment objectif. La modificationdu comportement utilise également la thérapie par aversion, qui associe uneexpérience désagréable avec une activité spécifique, par exemple donner à unalcoolique une substance qui le fait vomir à chaque fois qu'il boit, recouvrir les ongles<strong>de</strong> personnes qui se rongent les ongles d'un produit très amer, etc. Dans certainesinstitutions, 1'« économie <strong>de</strong>s jetons» est beaucoup utilisée: les personnes reçoiventun jeton (échangeable en biens ou en privilèges) si elles se comportent <strong>de</strong> la manièreprescrite. 1.;on encourage le bon comportement tel que sourire ou parler en donnant àLes <strong>psych</strong>ologues comportementalistesconsidèrent que les penséessont <strong>de</strong>s comportements1967 Publication <strong>de</strong> l'ouvrageDépression: causes et traitements,<strong>de</strong> Beck197PublLa Thd'Ell


la thérapie cognitive 65la personne un jeton à chaque fois qu'elle manifeste volontairement cecomportement.Le concept central est que les thérapeutes ont besoin d'analyser la façon dont lesindividus perçoivent et interprètent leur mon<strong>de</strong>, ce qu'i'ls pensent <strong>de</strong>s événements etcomment ils s'en souviennent, et surtout comment ils leur attribuent une cause. D'oùle mot « cognitive» : l'idée est que la thérapie doit explorer puis changer lescognitions.Les thérapeutes cognitifs parlent <strong>de</strong> schémas, qui sont <strong>de</strong>s moyens ou <strong>de</strong>s filtres parlesquels nous voyons le mon<strong>de</strong>. Les individus développent <strong>de</strong>s biais cognitifs qui sont<strong>de</strong>s moyens sélectifs par lesquels ils voient et interprètent les événements. Ils peuventainsi se souvenir <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong> leur scolarité comme essentiellement marquée pardu harcèlement, <strong>de</strong>s échecs et <strong>de</strong> la tristesse, ou inversement par la réussite, l'amitiéet l'épanouissement. Les individus paraissent arbitraires, sélectifs et souvent promptsà généraliser, qu'il s'agisse <strong>de</strong> leurs souvenirs ou <strong>de</strong> leur perception du présent et leurvision <strong>de</strong> l'avenir.La thérapie cognitive vise à briser puis à modifier un style <strong>de</strong>comportement en changeant <strong>de</strong> style <strong>de</strong> pensée. Le but est <strong>de</strong> cognitivoremplacer<strong>de</strong>s cercles vicieux par <strong>de</strong>s cercles vertueux, au travers <strong>de</strong>'l'interprétaüon <strong>de</strong>s événements. Ainsi, une personne peut assister àest unune soirée, mais ne pas arriver à parler aux autres; ces <strong>de</strong>rnierspeuvent alors penser qu'elle s'ennuie ou qu'elle est peu attirante, cequi va en retour amener la personne à se sentir déprimée et donc àéviter les soirées futures ou à refuser les invitations; ce qui vadiminuer les invitations dont elle pourrait faire l'objet. La thérapie( ( La thérapiecOEnporteEnentalereEnarquabletraiteEnent pourles personnes quiveulent s'ai<strong>de</strong>r àcommencera par envisager les autres raisons pour lesquelles peu <strong>de</strong> aller weux. ) )personnes lui ont par'lé au cours <strong>de</strong> cette soirée, a insi que parBI'ltIsh MedIcal JouI'nal,changer la soi-disant logique qu'elle en a déduite.2000La thérapie cognitive <strong>de</strong> la dépression La thérapie cognitivocomportementaleaffirme que la plupart <strong>de</strong>s personnes déprimées ont appris unevision du mon<strong>de</strong> très négative, au travers d'expériences précoces dans l'enfance etl'adolescence. Ceci peut être appam pour <strong>de</strong> multiples raisons: dépression parentale,critiques ou rejet par les parents ou par les autres enfants, mort d'un parent oudivorce. Ces personnes éprouvent un sentiment d'échec, d'impuissance et <strong>de</strong>désespoir, et associent tout ce qu'elles font à la notion d'échec. Selon la thérapiecognitivo-comportementale, un schéma négatif (une vision pessimiste du mon<strong>de</strong>)lUO 1980 2000Publication <strong>de</strong> l'ouvrage Description <strong>de</strong> la thérapie La thérapie cognitivo-comportementalela Thérapie émotivo-rationnelle, d'inoculation du stress est lia thérapie la plus largementd'Ellispratiquée


66conduit à <strong>de</strong>s biais cognitifs (croyances erronées), ce qui peut conduire réellement àl'échec par un processus appelé « prophétie auto-réalisatrice».Les individus dépressifs développent un type particulier d'attribution oud'interprétation <strong>de</strong> ce qui leur arrive ainsi qu'aux autres. Ii présente trois aspects:• interne-externe (la cause est perçue comme interne ou externe à eux-mêmes) ;• stable-instable (la cause est perçue comm.e temporaire, comme l'humeur, ou plusstable, comme l'aptitu<strong>de</strong>) ;• global-spécifique (la cause est perçue comme affectant tous les aspects <strong>de</strong>l'existence ou seulement <strong>de</strong>s parties très spécifiques).Ainsi, le style d'attribution négatif ou dépressif expliqueraitl'échec (lors d'un examen, pour obtenir une promotion,( ( La thérapiecognitivostable(( c'est à cause <strong>de</strong> mon manque <strong>de</strong> compétences»dans une relation) comme étant interne (


therapl cognitive 87La TCC vise toujours les cognitions et la transformation <strong>de</strong>s biais et distorsions encroyances plus réalistes et positives. Sa cible est constituée par les penséesautomatiques et irrationnelles qui conduisent souvent à la dépressio n . Elle sembleêtre particulièrement efficace auprès <strong>de</strong> personnes qui souffrent d'anxiété, <strong>de</strong>dép ression, <strong>de</strong> troubles obsessio nnels-compulsifs et d 'attaques <strong>de</strong> panique.L'e.-f-f"lCo.C"lté cAe. lo. ~éV-o.P"le.C03n"ltlVO-CON\pov-te.N\e.nto.le. (TCC)Les partisans <strong>de</strong> laTCC affirment qu'elle estéconomiquement rentable, qu'elle estadaptable et efficace. Certaines recherchessuggèrent qu'elle a un taux <strong>de</strong> guérison <strong>de</strong>50 %, ce qui est remarquable. Ainsi, si unepersonne participe à seize séances une fois parmois, il y a 50 % <strong>de</strong> probabilités qu'elle perdrases symptômes <strong>psych</strong>iatriques et qu'elle nerechutera pas. Dans les cas graves, lorsqu'elleest utilisée avec une médication appropriée,elle a les meilleures chances d'ai<strong>de</strong>r un client,surtout dépressif.La TCC est plus efficace que la thérapiecognitive seule. Cependant, les <strong>de</strong>ux sontseulement légèrement efficaces auprès <strong>de</strong>graves maladies telles que la schizophrénie. Lesthérapeutes cognitivistes ont tendance àm inimiser les facteurs physiques et lesprocessus physiologiques dont nouscommençons tout juste à comprendre le rôleimportant dans la dépression, la souffrance<strong>psych</strong>ique et <strong>de</strong> nombreuses maladiesmentales. De plus, la thérapie cognitive peutréellement changer <strong>de</strong>s pensées irrationnelleschez certains clients sans avoir d'effet sur leurcomportement inadapté.Il est difficile <strong>de</strong> mesurer la véritable efficacité<strong>de</strong> toute thérapie spécifique, pour <strong>de</strong> multiplesraisons. Les patients diffèrent en ce quiconcerne la gravité <strong>de</strong> leur situation. Unegran<strong>de</strong> partie dépend <strong>de</strong> la personnalité, <strong>de</strong>scompétences du thérapeute et <strong>de</strong>l'« adéquation» entre le client et sonthérapeute. Des effets à court terme peuventdisparaître, avec <strong>de</strong>s rechutes, et la mesure doitêtre réalisée sur <strong>de</strong> longues pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> temps.Certains individus abandonnent la thérapie eton ne sait pas vraiment qui et pourquoi. Parailleurs, <strong>de</strong> nombreux patients ­ souvent àl'insu <strong>de</strong> leur thérapeute ­ participent à d'autresthérapies telles que <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cines alternatives,du yoga, <strong>de</strong>s suppléments vitaminés. Il estdonc difficile <strong>de</strong> connaître l'effet spécifique <strong>de</strong>chacune <strong>de</strong> ces actions.idée cléthérapie coch erco:rnporteI11ent


68 118 iHére ce iodlvl uelles7 Le QI et vous « Un test d'intelligence montre parfois à un homme à quel point il auraitété intelligent s'il ne l'avait pas passé. » L . Peter, 1968Certaines personnes sont considérées comme astucieuses, intelligentes, capables,vives d'esprit; d'autres comme ternes, ennuyeuses, stupi<strong>de</strong>s ou lentes.Les premières ont tendance à être analytiques et logiques: elles apprennentrapi<strong>de</strong>ment, se souviennent bien <strong>de</strong>s choses et peuvent expliquer <strong>de</strong>s sujetscomplexes. Les secon<strong>de</strong>s sont àl'opposé. Les gens intelligents onttendance à mieux réussir à l'écoleet au travail.Quelques conceptionspopufaires « L'intelligence estSir Francis Galton a été le premier partisan ce que mesurent les tests<strong>de</strong>s tests d'intelligence. Il semble avoir cru d'intelligence, et rien <strong>de</strong> plus ",que l'intelligence était une aptitu<strong>de</strong> uniqued,it-on parfois. Nombreux sontgénérale, largement héritée, et qu'elleceux qui sont sceptiques au sujet <strong>de</strong>pouvait le mieux être mesurée en termes<strong>de</strong> vitesse <strong>de</strong> résolution <strong>de</strong> problèmes etl'utilisation <strong>de</strong> tests d'intelligence.d'autres processus mentaux proches.Mais ont-ils raison?Bien que les experts ne s'accor<strong>de</strong>ntOn pense que la personnetoujours pas sur une définition exacteintelligente sait bien résoudre les<strong>de</strong> l'intelligence, certains thèmesproblèmes, raisonner clairement,communs ressortent <strong>de</strong> leurs définitions: penser logiquement et disposer <strong>de</strong>l'intelligence est l'aptitu<strong>de</strong> à apprendrenombreuses connaissances, mais est<strong>de</strong> l'expérience et à s'adapter àaussi capable d'équilibrer lesl'environnement.informations et <strong>de</strong> montrer <strong>de</strong>l'intelligence dans <strong>de</strong>s contextesconcrets ou scolaires. L'individumoyen a tendance à minimiser les aptitu<strong>de</strong>s analytiques, valorisant plutôt lesmanières peu conventionnelles <strong>de</strong> penser et d'agir. Par ailleurs, le sens esthétique,l'imagination, la curiosité et l'intuition entrent dans les théories populaires <strong>de</strong>l'intelligence, mais la plupart <strong>de</strong> ces éléments se situent au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce que mesurentles tests habituels <strong>de</strong> créativité.De nleurconconsonindd'aL'l'içlemsleeOlcPublication <strong>de</strong> l'ouvrageUne introduction à la théorie <strong>de</strong>s mesuresmentales et sociales, <strong>de</strong>Thorndike1905Binet met au point un test d'intelligenceà <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s écoles1PS


1 QI et vous 69De nombreuses étu<strong>de</strong>s ont montré que les hommes donnent <strong>de</strong>s auto-estimations <strong>de</strong>leur intelligence plus élevées que les femmes (aptitù<strong>de</strong> cognitive), surtout en ce quiconcerne les formes d'intelligence spatiale et mathématique, mais que c'est lecontraire en ce qui concerne l'intelligence émotionnelle. Cependant, les individus nesont globalement pas très efficaces pour estimer leur véritable score, certainsindividus faisant plutôt preuve d'humilité, en sous-estimant leur capacité réelle,d'autres montrant plutôt une prétention excessive, en surestimant leur score .L'histoire <strong>de</strong>s tests <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong>l'intelligence En 1904, le ministre français <strong>de</strong> l'Éducation<strong>de</strong>man<strong>de</strong> au <strong>psych</strong>ologue Alfred Binet <strong>de</strong> mettre au point unemétho<strong>de</strong> pour i<strong>de</strong>ntifier les enfants qui auraient <strong>de</strong>s difficultés àsuivre les cours. Binet a élaboré un test <strong>de</strong>stiné à mesurerl'aptitu<strong>de</strong> d'une personne à raisonner. Il a créé <strong>de</strong>s items d e testen i<strong>de</strong>ntifiant <strong>de</strong>s questions auxquelles pouvaient répondre <strong>de</strong>senfants moyens <strong>de</strong> différents âges.« Certainshonunes sont nésmédiocres, d'autresparviennent à lamédiocrité, etd'autres enfin ontla médiocrité VllÎpèse sur eux. , )On posait d'abord à l'enfant <strong>de</strong>s questions d'un niveaulégèrement inférieur à son âge, puis <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> difficulté Joseph Helier, 1981croissante. Le test était arrêté lorsque l'enfant échouait àrépondre à toutes les questions d'un niveau d'âge. Le test <strong>de</strong> Binet évaluait ainsi leniveau d'intelligence d'un enfant: Il'enfant répondait correctement à toutes lesquestions d'un certain niveau, puis on ajoutait <strong>de</strong>ux mois pour chaque réponsesupplémentaire du niveau juste au-<strong>de</strong>ssus. Ainsi, un enfant qui avait réponducorrectement à toutes les questions du niveau <strong>de</strong> neuf ans et à tro is questions duniveau supérieur était considéré comme ayant un âge mental <strong>de</strong> 9 ans et 6 mois.Le test <strong>de</strong> Binet a été introduit aux États-Unis par Lewis Terman. Au lieu <strong>de</strong> calculerl'âge mental comme l'avait fait Binet, Terman a utilisé une mesure appelée lequotient intellectuel (QI), qui s'obtenait en divisant l'âge mental par l'âgechronologique, puis en multipliant le résultat par 100. Ainsi, un enfant <strong>de</strong> huit ansayant un âge mental <strong>de</strong> dix ans a un QI <strong>de</strong> 125 (10 divisé par 8 égale 1,25 ; 1,25multiplié par 100 égale 125). Cette manière <strong>de</strong> calculer le QI a été utiilisée jusque vers1960, moment où elle a été remplacée par une mesure appelée le QI <strong>de</strong> déviation,calculé en comparant le score d'une personne avec la répartition <strong>de</strong>s scores obtenuspar la population générale. Ceci montre où se situe une personne, comparativementaux autres du même âge et groupe (ethnique, religieux, n ational).Ainsi, avec le QI, no us savons que 66 % <strong>de</strong> la population se situe entre 85 et 115 et97 °lr) se situe entre 70 et 130. Il y a très peu <strong>de</strong> doués (au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> 130) et <strong>de</strong> retardés(en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> 70). Les étu<strong>de</strong>s montrent que la plupart <strong>de</strong>s cadres ont un score1918 1923 1939Publication du test Publication <strong>de</strong> l'ouvrage La Nature Mise au point <strong>de</strong> l'échelle d'intelligenceStanford-Binet <strong>de</strong> l'intelligence et les principes adulte, parWeschler<strong>de</strong> la cognition, <strong>de</strong> Spearman


70 las dlnérences individuellesupérieur à 120 tandis que la plupart <strong>de</strong>s ouvriers non qualifiés ont un score situéentre 90 et 110.Un résumé <strong>de</strong> ce que les <strong>psych</strong>ologues pensent <strong>de</strong>l'intelligence La publication d'un livre très polémique sur l'intelligence (The BellCurve, <strong>de</strong> Richard J. Herrnstein et Char!les Murray) - bien que n'étant pasnécessairement bien informé - a conduit plus <strong>de</strong> cinquante experts dans le mon<strong>de</strong> àformuler ce qu'ils estiment être une déclaration claire <strong>de</strong> ce que les <strong>psych</strong>ologuespensent <strong>de</strong> l'intelligence.•imL•àdLa signification et la mesure <strong>de</strong> l'intelligence• L'intelligence est une aptitu<strong>de</strong> mentale généra'le qui implique la capacité àraisonner, planifier, résoudre <strong>de</strong>s problèmes, penser <strong>de</strong> manière abstraite, comprendre<strong>de</strong>s idées complexes, apprendre rapi<strong>de</strong>ment et apprendre à partir <strong>de</strong> l'expérience.• La répartition <strong>de</strong>s individus le long d'un continuum <strong>de</strong> QI, <strong>de</strong>puis bas jusqu'à élevé,peut être illustrée correctement par la courbe en cloche (appelée aussi courbe <strong>de</strong>Gauss).• Les tests d'intelligence ne sont pas biaisés culturellement en défaveur d'unquelconque groupe racial.• Les processus mentaux sous-tendant l'intelligence sont encore mal connus.Les différences entre groupes• Des membres <strong>de</strong> tous les groupes ethniques et nationaux peuvent se trouver àchaque niveau <strong>de</strong> QI.• La courbe en cloche <strong>de</strong>s Blancs est axée en gros autour d'un QI <strong>de</strong> 100 ; la courbeen cloche <strong>de</strong>s Noirs Américains et <strong>de</strong>s Noirs Africains est axée en gros autour d'unQI <strong>de</strong> 85.Importance pratique• Le QI est fortement lié à <strong>de</strong> multiples résultats éducatifs, professionn els,économiques et sociaux et est très élevé dans certains domaines <strong>de</strong> la vie (éducation,entraînement militaire), modéré dans d'autres (compétence sociale) et mo<strong>de</strong>ste dansd'autres (respect <strong>de</strong> la loi).• Quel que soit ce que mesurent les tests <strong>de</strong> QI, cela est <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> importancepratique et sociale.• Un QI élevé est un avantage dans l'existence car pratiquement toutes les activitésnécessitent du raisonnement et <strong>de</strong> la décision. Rien ne conduit automatiquement àl'échec dans la vie, mais les chances <strong>de</strong> succès dans notre société sont plusimportantes avec un QI plus élevé.• Plus une personne a un QI élevé, plus son travail est complexe (original,changeant, imprévisible ou à mulltip les facettes).• Les différences d'intelligence ne sont pas le seul facteur affectant les différencesdans l'éducation, la formation et l'emploi, mais l'intelligence est souvent le facteur leplus important.


QI et vous 71• Les traits <strong>de</strong> personnalité, les talents, les aptitu<strong>de</strong>s et les capacités physiques sontimportants dans <strong>de</strong> nombreux emplois, mais moins importants que l'intelligence.Les sources et la stabilité <strong>de</strong>s différences au sein <strong>de</strong>s groupes• L'évaluation <strong>de</strong> l'héritabilité se répartit <strong>de</strong> 0,4 il 0,8 (sur une échelle allant <strong>de</strong> 0à 1) ; la génétique joue un rôle plus important que l'environnement pour provoquer<strong>de</strong>s d.ifférenc:es <strong>de</strong> QI entre individus.• Les membres d'une même famille diffèrent fortement en intelligence, à la foispour <strong>de</strong>s raisons génétiques et environnementales.• Le QI est affecté par l'environnement et par les individus. Les individus ne naissentpas avec un niveau d'intelligence fixe et inchangeable.• Les experts ne savent pas comment agir pour élever ouabaisser le QI <strong>de</strong> façon permanente.• Les différences d'origine génétique ne sont pas irrémédiables.( ( L'intellig enceest la rapidité àcomprendre et elleLes sources et la stabi1ité <strong>de</strong>s différences entre groupes se distingue <strong>de</strong>• Les QIs <strong>de</strong> différents groupes ethniques convergent. l'aptitu<strong>de</strong>, qui est• Les différences ethniques <strong>de</strong> niveau <strong>de</strong> QI sont les mêmes la capacité a agirquand les jeunes quittent l'école et quand ils y entrent. sagement sur la• Les raisons <strong>de</strong>s d ifférences <strong>de</strong> QI entre Noirs sont les mêmes chose comprise. ) )que pour les Blancs.• Il n'y a pas <strong>de</strong> réponse définitive sur l'origine <strong>de</strong>s différencesentre groupes ethniques.• Les différences ethniques sont plus petites, mais en core importantes pour<strong>de</strong>s individus provenant du même milieu socio-économique.• Lorsque <strong>de</strong>s recherches sur l'intelligence reposent sur une classification interethnique,<strong>de</strong>s résultats différents sont liés à un mélange peu clair <strong>de</strong> distinctionssociales et biologiques entre groupes.Les impUcations pour la politique sociale• Les résultats <strong>de</strong>s recherches ne dictent ni n'excluent une politique socialeparticulière.A.N. Whitehead, 1980quotient


72 118s dlllérencB indlvl Dulles18 Ueffet FLynnLes étudiants <strong>de</strong>viennent-ils <strong>de</strong> plus en plus intelligents? Il semble que lesnotes scolaires et universitaires soient en augmentation constante dans <strong>de</strong>nombreux pays. Année après année, certains gouvernements se vantent <strong>de</strong>ces résultats, suggérant qu'ils sont dus à <strong>de</strong>s facteurs tels qu'un meilleurenseignement et <strong>de</strong>s investissements dans <strong>de</strong>s équipements scolaires.Certains commentateurs afrIrment que cette situation est due au fait queles examens sont plus faciles qu'autrefois. Il se peut aussi que les étudiantstravaillent plus dur et soient plus consciencieux. Ou se pourrait-il qu'ils<strong>de</strong>viennent vraiment plus intelligents ?catirLddQuel est le niveau d'intelligence <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> votref3nrllle ? Imaginez qu'il y ait un test d'intelligence vraiment exact et juste. Ce testgarantit d'obtenir une mesure précise <strong>de</strong> votre véritable capacité intellectuelle. Commetous les tests d'intelligence, il fournit un résultat sur une courbe en cloche, où 100 estla moyenne (voir le chapitre 17). N ous savons que 66 % <strong>de</strong> la population se situeentre 85 et 115 et 97 % se situe entre 70 et 130. Et vous êtes vraiment intelligent sivous obtenez un score <strong>de</strong> 135, car vous fa ites partie du top 1 % <strong>de</strong> la population.Pouvez-vous vous rappeler <strong>de</strong> votre propre score <strong>de</strong> QI ? soyez honnête: non, sansvanité ni fausse humilité! et celui <strong>de</strong> vos parents ?<strong>de</strong> vos grands-parents? <strong>de</strong> vosenfants ? Y a-t-il eu un changement <strong>de</strong>s résultats au fil <strong>de</strong>s générations?Les recherches dans ce domaine montrent que les gens croient que chaque générationsemble gagner entre quatre et six points <strong>de</strong> QI. Ainsi vos parents som/étaient plusintelligents que vos grands-parents, et vos enfants sont plus intelligents que vous.Nous constatons un saut <strong>de</strong> QI national tous les dix à quinze ans.« Le terme QI est La découverte C'est peut-être ce que les individuslie au mythe selon croient, mais est-ce vrai? James Flynn, un chercheurlequel l'intelligence américain en sciences politiques travaillant en Nouvelle­Zélan<strong>de</strong>, a donné son nom à cet « effet » .est unitaire, stable Il a constaté <strong>de</strong>uxet prédéterminée. ) )choses en analysant <strong>de</strong> célèbres manuels <strong>de</strong> tests <strong>de</strong> QI. L'uneétait que les normes décrivant <strong>de</strong>s scores spécifiques pourD. Reschly, 1981 différents groupes d'âge, <strong>de</strong> sexe et <strong>de</strong> groupe ethnique,Publication <strong>de</strong> l'article « Gains massifs <strong>de</strong> QIdans 14 pays », <strong>de</strong> FlynnAnnees 1990Confirmation <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> Flynndans <strong>de</strong> nombreuses populations1pu<strong>de</strong>A


l'eltet lIynn 173changeaient fréquemment. L'autre était que les scores <strong>de</strong>s mêmes groupes d'âge augmentaient d'année en année. Idée clé, les individus réussissaient mieux au fil du temps. Soit les tests étaient plus faciles, soit l'espèce humaine <strong>de</strong>venait plus intelligente, soit [es <strong>de</strong>ux. Cela veut dire qu'un bon score en 1990 était un score remarquable en 1970, mais un score moyen en 2005. La première chose fut <strong>de</strong> vérifier que cet effet était présent dans « Flynn a <strong>de</strong> nombreux pays et pour <strong>de</strong> nombreux tests. Les données issues globalement<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> vingt pays ont été examinées: États-Unis, Australie, raison en pensantAutriche, Belgique, Brésil, Gran<strong>de</strong>-Bretagne, etc. De plus,que les professeursl'effet était réel pour différents types <strong>de</strong> tests: <strong>de</strong>s testsd'luliversité n'ontd'intelligence flui<strong>de</strong> ou <strong>de</strong> résolution <strong>de</strong> problèmes aussi bienpas "sauté <strong>de</strong> joie"que <strong>de</strong>s tests <strong>de</strong> vocabulaire basés sur <strong>de</strong>s connaissances ou <strong>de</strong>stests d'intelligence cristallisée. Une riche source <strong>de</strong> données en apprenant qu'onétait fournie par les armées qui ont mesuré le QI <strong>de</strong>s appelés venait <strong>de</strong> découvrirpour voir s'ils <strong>de</strong>vaient <strong>de</strong>venir pilotes <strong>de</strong> chasse, sous-mariniers, lU1.e meilleurecuisiniers ou officiers <strong>de</strong> police. Les données montrent que le QI compréhension etmoyen <strong>de</strong> plusieurs milliers <strong>de</strong> jeunes hommes dans un même lU1.e meilleurepays augmentait régulièrement au fil du temps.créativité chezIl semblait donc y avoir une démonstration impressionnante <strong>de</strong> leurs étudiants. ) )« gains massifs <strong>de</strong> QI » comme l'avait affirmé Flynn. Mais laquestion centrale est alors <strong>de</strong>venue: pourquoi? Devenons-nous Chris Brand, 1996réellement plus intelligents? Ceci a bien entendu conduit à laquestion plus fondamentale <strong>de</strong> savoir si ces tests mesurent vraiment ['intelligence ouquelque chose lié à l'intelligence. Flynn n'a jamais remis en cause la fiabilité, lavalidité et l'utilité <strong>de</strong>s tests <strong>de</strong> QI dans les univers scolaire et professionnel.Tout d'abord, on a proposé <strong>de</strong>ux raisons pour lesquelles les scores <strong>de</strong> QIaugmentaient, sans que le QI réel lui-même n'augmente:• au fil du temps, c'était <strong>de</strong>s individus plus intelligents qui étaient testés;• les individus réussissaient mieux aux tests parce qu'ils avaient plus l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> passer <strong>de</strong>s tests à l'école: les résultats n'étaient que l'effet <strong>de</strong> la pratique. D'autres auteurs ont affirmé que l'effet Flynn était réel. Et ils ont fait un parallèle avec la taille qui a effectivement augmenté au fil <strong>de</strong>s générations. Nous <strong>de</strong>venons plus grands, alors pourquoi ne <strong>de</strong>viendrions-nous pas plus intelligents? Mais il n'y a pas <strong>de</strong> comptes rendus dans les écoles et les universités, dans les services <strong>de</strong> brevets ou les comités du prix Nobel d'une véritable démonstration d'une augmentation du QI au cours <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong> relativement courte. L'effet Flynn est un phénomène qui attend toujours son explication. 1999 2005 2007Publication <strong>de</strong> l' article « À la recherche Mise en évi<strong>de</strong>nce que le niveau Publication <strong>de</strong> l'ouvragedf la justice », <strong>de</strong> Flynn, dans la revue <strong>de</strong> QI a atteint son apogée Qu'est-ce que /'intelligence ?,American Psychologist dans les années 1990 <strong>de</strong> Flynn


74 11e fié ncos IndividuelleCe que ces recherches ont certainement démontré est que les tests doivent êtrerégulièrement restandardisés. C eci peut éviter <strong>de</strong> nombreuses fausses interprétations.Ainsi <strong>de</strong>s individus peuvent être faussement catégorisés. Par exemple, on a supposéque les individus parviennent moins bien à résoudre <strong>de</strong>s problèmes en vie illissant.M a is c'est en fait parce qu'o n les a comparés avec <strong>de</strong>s individus plus jeunes qu'eux. S ileurs résultats sont comparés avec ceux <strong>de</strong> personnes <strong>de</strong> la même classe d'âge mesuréscinquante ans plus tôt, il s'avère que les changements sont minimes.L'effet Flynn suggère <strong>de</strong>s causes environnementales plutôt que génétiques <strong>de</strong>changement <strong>de</strong> l'intelligence. Bien qu'il soit parfaitement envisageable que lesindividus plus inte'lligents recherchent un environnement plus stimulant pour euxmêmeset po ur leurs enfants, ce qui augmente finalement leur QI , cela redonne <strong>de</strong>l'importance aux anciens arguments sur la génétique et l'environnement. Ainsi, po urque l'effet Flynn se manifeste, les effets environnementaux peuvent suivre <strong>de</strong>ux voies.Un environnement enrichi et <strong>de</strong>s efforts soutenus peuvent augmenter le niveau <strong>de</strong>QI. De même, dans un environnement appauvri et pollué, e t avec <strong>de</strong>s personnes peuintéressées par le développement personnel, l'effet opposé apparaît.Ll'dggrdéoéuLe.s C~u..Se.sDiverses explications <strong>de</strong> l'effet Flynn ont étéproposées.l'éducation Dans la plupart <strong>de</strong>s pays, les genspassent plus <strong>de</strong> temps à l'école et avec <strong>de</strong>meilleurs équipements. La scolarité estobligatoire et les personnes <strong>de</strong> toutes originesont pris l'habitu<strong>de</strong> d'apprendre et d'êtretestées. L:intelligence est liée à l'apprentissage;puisque l'éducation est meilleure et plusgénéralisée, les scores s'élèvent.l'alimentation Les gens sont aujourd'huimieux nourris, surtout dans l'enfance, ce quiréduit l' inci<strong>de</strong>nce du retard mental dans lapopulation. Moins <strong>de</strong> personnes souffrent <strong>de</strong>mauvaise alimentation dans leur jeunesse, cequi augmente le score moyen <strong>de</strong> QI.Les tendances sociales Nous avons beaucoupplus l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> tests et d'exercices à réaliserdans une durée précise. Les individusobtiennent donc <strong>de</strong> meilleurs résultats.l'implication <strong>de</strong>s parents Les parentsfournissent un environnement familial plusriche à leurs enfants et expriment plus d'intérêtenvers leur éducation qu'ils n'avaient'l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> le faire autrefois. Ils expriment<strong>de</strong>s attentes plus élevées et s'impliquent plus.La tendance à avoir <strong>de</strong>s familles plus petites oùles parents investissent plus dans chaqueenfant peut également constituer un facteurimportant.l'environnement social Le mon<strong>de</strong> est pluscomplexe et stimulant. La mo<strong>de</strong>rnisation et lesnouvelles technologies ont pour conséquenceque les individus doivent plus souventmanipuler <strong>de</strong>s concepts abstraits, et ceciconstitue précisément ce que les testsd'intelligence mesurent.


La fin <strong>de</strong> l'ascension? D'autres questions ont surgi carl'effet Flynn a commencé à diminuer: y a-t-il <strong>de</strong> nos jours undéclin <strong>de</strong> l'augmentation? Ceci signifierait que la prochainegénération n'obtiendrait pas <strong>de</strong>s scores plus élevés que lagénération actuelle. En effet, le scepticisme grandit en raison <strong>de</strong>rapports provenant <strong>de</strong> divers pays montrant que les scores <strong>de</strong> QIdéclinent; ou parce que <strong>de</strong>s enseignants déclarent que leursélèves ne <strong>de</strong>viennent pas plus intelligents, même s'ilsobtiennent <strong>de</strong> meilleurs résultats scolaires. Des donnéesl'ellu! Ilyon 175« De même que lataille moyenne aau~enté au fil <strong>de</strong>sgénérations, les~ens ont commencéa se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r sil'intelligenceaugmentait. ) )émergent donc pour montrer que même si l'effet Flynn a été Chris Brand, 1996une réalité, l'élévation non seulement s'est arrêtée, mais que c'estle processus inverse qui se produit. Certains affirment qu'il y a aujourd'hui<strong>de</strong> bonnes raisons <strong>de</strong> croire qu'il y a un déclin <strong>de</strong> l'intelligence <strong>de</strong> la popuLation,pLutôt qu'une augmentation.Le débat autour <strong>de</strong> l'effet FLynn (ou <strong>de</strong> L'effet Lynn, du nom <strong>de</strong> celui qui a mis enévi<strong>de</strong>nce le déclin récent) a alimenté les discussions populaires et universitaires sur ladéfinition et la mesure <strong>de</strong> l'intelligence, surtout dans le cadre scolaire, maiségalement professionnel. Les gouvernements, Les parents et les enseignants sont aussiintéressés par <strong>de</strong>s techniques qui peuvent stimuler l'intelligence <strong>de</strong>s enfants, <strong>de</strong> tellemanière qu'ils puissent faire face dans l'existence. Cela a aussi eu pour conséquenceque les éditeurs <strong>de</strong> test d'aptitu<strong>de</strong> examinent soigneusement leurs normes et qu'ilssemblent tenus <strong>de</strong> participer au travail coûteux, mais essentiel, <strong>de</strong> « renormer » leurstests.idée cléut <strong>de</strong>venir


78 Il différence IndividuelleLes intelligencesmultiples« n est indéniable que le don pour les mathématiques est l'un <strong>de</strong>s donsles plus spécialisés et que les mathématiciens ne se caractérisent pasparticulièrement par leur aptitu<strong>de</strong> générale. » G.H. Hardy, 1940Une ou multiples? L'intelligence est-elle « une chose » ou est-elle composéed'intelligences différentes? Depuis les années 1920, les <strong>psych</strong>ologues ont parléd' « intelligences sociales», qui concernent les compétences sociaies plutôt que lescompétences scolaires.Les rassembleurs et les diviseurs Les « rassembleurs» mettent l'accent surle concept d'intelligence générale (caractérisée par le « facteur g ») tandis que les« diviseurs» affirment que l'intelligence est composée d'aptitu<strong>de</strong>s spécifiques trèsdifférentes. Les rassembleurs mettent en avant les données qui suggèrent que lorsquel'on donne à <strong>de</strong>s individus un ensemble <strong>de</strong> différents tests d'aptitu<strong>de</strong> (raisonnementverbal, intelligence spatiale, mémoire), les résultats sont fortement corrélés d'un testà l'autre. En d'autres termes, les individus intelligents ont tendance à réussir tous cestests; les individus moyens réussissent moyennement à l'ensemble <strong>de</strong>s tests; enfin,les individus moins intelligents réussissent moins bien. Inversement, les diviseursprésentent <strong>de</strong> nombreux exemples d'individus qui possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s compétencesdans un domaine et <strong>de</strong> faibles aptitu<strong>de</strong>s dans un autre.quréCgrsocecdgAààgcImCe que mesurent les tests Les tests <strong>de</strong> QI évaluent toutes sortes <strong>de</strong>dimensions: certains impliquent le raisonnement, d'autres la mémoire, certains laconnaissance, d'autres l'application <strong>de</strong> règles. Us testent la connaissance <strong>de</strong>s mots, <strong>de</strong>snombres et <strong>de</strong>s formes, ta mémoire et l'explication <strong>de</strong>s actions pratiques. Il s'agit donc<strong>de</strong> savoir quelle est la corrélation entre <strong>de</strong>s résultats à différents tests passés par untrès large échantillon <strong>de</strong> personnes. La réponse est plutôt en faveur <strong>de</strong>s partisans <strong>de</strong>l'intelligence générale. Toutes les corrélations sont positives, avec une corrélationmoyenne <strong>de</strong> 0,5, mais qui peut être <strong>de</strong> 0,8 pour certaines corrélations. Ceci signifieSpearman et le facteur gd'intelligence générale1981Publication <strong>de</strong> l'ouvragePropos sérieux sur les tests mentaux,<strong>de</strong> Jensen1pLd


les intellig ne s multiple 77que malgré une gran<strong>de</strong> diversité <strong>de</strong> tests, les individus qui obtiennent <strong>de</strong> bonsrésultats à un test réussissent également bien les autres.Cependant, ces corrélations sont constatées auprès <strong>de</strong> vastesgroupes et il est parfaitement possible d'avoir <strong>de</strong>s individus quisont moins réguliers, qui obtiennent <strong>de</strong> très hauts scores àcertains tests mais <strong>de</strong> mauvais à d'autres tests. Deuxièmement,certains tests corrèlent plus avec certains autres tests qu'avecd'autres, ce qui forme <strong>de</strong>s « grappes». Si les scores sur ces( ( Bien juger,bien comprendreet bien raisonnersont les activitésgrappes sont corrélés, alors les scores sont encore plus élevés. essentielles <strong>de</strong>Ainsi, les individus qui passent les tests réuss issent soit très bien l'intelligence. ) )à tous, soit moyennement, soit obtiennent <strong>de</strong> mauvais résultatsà tous. Les résultats mettent en évi<strong>de</strong>nce une aptitu<strong>de</strong> mentale A. Binet et T. Simon, 1918générale que l'on peut appeler intelligence ou aptitu<strong>de</strong>cognitive. Ceci a été constaté dans plus <strong>de</strong> quatre cents étu<strong>de</strong>s.Intelligence flui<strong>de</strong> ou cristallisée Les <strong>psych</strong>ologues affirment que l'on peutmesu rer cette aptitu<strong>de</strong> à différents niveaux. On peut donc avoir un test <strong>de</strong>connaissance générale très spécifique, telle que le fait <strong>de</strong> remplir une grille <strong>de</strong> motscroisés, ce qui mesure une partie <strong>de</strong> ce que les <strong>psych</strong>ologues appellent l'intelligencecristallisée, qui est elle-même une partie <strong>de</strong> l'intelligence générale. De même, on peutmesurer la résolution <strong>de</strong> problèmes abstraits, tels que le sudoku, qui mesurel'intelligence flui<strong>de</strong>, ou aptitu<strong>de</strong> à résoudre les problèmes. Par conséquent, plus unindividu passe <strong>de</strong> tests variés, meilleur c'est, car cela fournit une indication plus claireet plus fiable <strong>de</strong> son niveau spécifique d'intelligence.Les intelligences multiples Le concept d'intelligences multiples s'estdéveloppé <strong>de</strong>puis que H oward Gardner (1983) a défini l'intelligence comme1'« aptitu<strong>de</strong> à résoudre <strong>de</strong>s problèmes ou à créer <strong>de</strong>s produits qui sont valorisés au seind'une ou plusieurs cultures» et qu'il a i<strong>de</strong>ntifié sept intelligences. Il a affirmé que lesintelligences linguistique-verbale et logico-mathématique sont nettement valorisées dansle contexte scolaire. L'intelligence linguistique implique la sensibilité au langage écritet parlé, ainsi que l'aptitu<strong>de</strong> à apprendre <strong>de</strong>s langues. L'intelligence logicomathématiquecorrespond à la capacité d'analyser logiquement les problèmes, àrésoudre <strong>de</strong>s problèmes mathématiques et à étudier scientifiquement <strong>de</strong>s questions.Ces <strong>de</strong>ux types d'intelligence sont les plus souvent évalués dans les testsd'intelligence.1983 1985 1999Publication <strong>de</strong> l'ouvrage Publication <strong>de</strong> l'ouvrage Publication <strong>de</strong> l'ouvrageLes Formes <strong>de</strong> l'intelligence, Au-<strong>de</strong>là du QI, <strong>de</strong> Sternberg Untelligence recadrée,<strong>de</strong> Gardner<strong>de</strong> Gardner


78 1les dlHere ce in Iv duel! 8Trois autres intelligences sont basées sur les arts: l'intelligence musicale, qui concernel'aptitu<strong>de</strong> à jouer, composer et apprécier la musique; l'intelligence corporellekinesthésique,qui est basée sur l'utilisation du corps pour résoudre <strong>de</strong>s problèmes oupour réaliser <strong>de</strong>s produits; l'intelligence spatiale, qui est l'aptitu<strong>de</strong> à reconnaître etmanipuler <strong>de</strong>s objets dans l'espace.Il y a aussi <strong>de</strong>ux intelligences personnelles: l'intelligence interpersonnelle, qui est lacapacité à comprendre les intentions, motivations et désirs <strong>de</strong>s autres personnes, et àtravailler efficacement avec elles; l'intelligence intmpersonnelle, qui est la capacité àse comprendre soi-même et à utiliser cette information efficacement pour conduireson existence.Trois intelligences supplémentaires Dans un ouvrage( ( Il vous suffit ultérieur (L'InteTligence recadrée, 1999), Gardner définitd'attaquer le QI l'intelligence comme un « potentiel bio-<strong>psych</strong>ologique à traiterpour <strong>de</strong>venir l'information qui peut être activé dans un contexte culturel,célèbre et pour résoudre <strong>de</strong>s problèmes ou créer <strong>de</strong>s produits valorisés dansune culture». Dans ce livre, il présente trois nouvellespopulaire; ce sera intelligences potentielles. Ii n'a cependant ajouté qu'une seulele cas même si intelligence nouvelle, qu'il appelle l'intelligence naturaliste,l'attaque est qui est l'expertise dans la reconnaissance et la classification <strong>de</strong>sdépourvue <strong>de</strong> sens nombreuses espèces <strong>de</strong> plantes et d'animaux présents danset si les preuves l'environnement <strong>de</strong> la personne. C'est la capacité <strong>de</strong> reconnaîtreen faveur <strong>de</strong> votre les membres d'un groupe, <strong>de</strong> les distinguer parmi d'autressystème sont membres d'une espèce, et <strong>de</strong> repérer les relations formellesou informelles entre diverses espèces. Les <strong>de</strong>ux autres formesfaibles. ))sont l'intelligence spirituelle et l'intelligence existentielle,Hans Eysenck, 1998mais elles n'ont finalement pas été reconnues en tant que formesspécifiques d'intelligence.L'intelligence pratique Un autre modèle multidimensionnel est la « théorietriarchique <strong>de</strong> l'intelligence» <strong>de</strong> Robert Sternberg. Celui-ci affirme que l'intelligencehumaine comprend trois facettes: composantielle, expérientielle et contextuelle. Lafacette composantielle concerne la capacité d'une personne à apprendre <strong>de</strong> nouvelleschoses, à penser <strong>de</strong> manière analytique et à résoudre <strong>de</strong>s problèmes. Cet aspect <strong>de</strong>l'intelligence se manifeste au travers d'une performance supérieure dans les testsstandard d'intelligence, qui nécessitent une connaissance et une aptitu<strong>de</strong> généralesdans <strong>de</strong>s domaines tels que l'arithmétique et le vocabulaire. La facette expérientielledésigne l'aptitu<strong>de</strong> d'une personne à combiner différentes expériences <strong>de</strong> manièreunique et créative. Elle concerne la pensée originale et la créativité, dans les arts etles sciences. Enfin, la facette contextuelle désigne l'aptitu<strong>de</strong> d'un individu à faire faceaux aspects pratiques <strong>de</strong> son environnement et à s'adapter à <strong>de</strong>s contextes nouveauxet changeants. Cet aspect <strong>de</strong> l'intelligence ressemble à ce que l'on appelle parfois ladébrouillardise.


le tnt lIIuonco mUIUP18.1 79Avez-vous besoin d'aptitu<strong>de</strong>s spéciales pourréussir au travail? La plupart <strong>de</strong>s individuspensent que les intelligences cognitive ouémotionnelle sont suffisantes. Cependant,certains <strong>psych</strong>ologues ont découvert d'autresaptitu<strong>de</strong>s particulières, qui font inévitablementl'objet <strong>de</strong> débats.Le 01 politique est la capacité à acquérir <strong>de</strong>sressources en exerçant un pouvoir politiquedans <strong>de</strong>s situations où le niveau d'ambiguïtépermet <strong>de</strong> façonner les attitu<strong>de</strong>s et l'imagepersonnelle.Le 01 professionnel est la connaissance <strong>de</strong> lafaçon dont les choses sont faites par le biais <strong>de</strong>stratégies, <strong>de</strong> procédures, <strong>de</strong> processus <strong>de</strong>planification et d'audits. C'est lacompréhension <strong>de</strong>s règles formelles officielles<strong>de</strong> l'organisation et l'aptitu<strong>de</strong> à faire les chosesdans un contexte organisationnel particulier.Le QI socio-culturel est la connaissanceculturelle et l'aptitu<strong>de</strong> à traduire ou à intégrer<strong>de</strong>s signaux spécifiques relatifs à la culture.Cela concerne la reconnaissance et lacompréhension <strong>de</strong>s normes et <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong>l'entreprise.Le QI <strong>de</strong> réseau concerne le managementinterorganisationnel et l'action collective ausein d'équipes <strong>de</strong> travail!.Le QI organisationnel désigne lacompréhension détaillée et exacte du mo<strong>de</strong><strong>de</strong> fonctionnement <strong>de</strong> l'organisation.À nouveau, bien que cette idée soit trèsséduisante pour les consultants et lesmanagers, il est fondamentalement erroné<strong>de</strong> qualifier ces aptitu<strong>de</strong>s d'" intelligences ».Il serait plus pertinent <strong>de</strong> parler <strong>de</strong>" compétences» qui peuvent êtreapprises.L'enthousiasme pour <strong>de</strong> multiples intelligences a conduit à la prolifération <strong>de</strong>« découvertes» <strong>de</strong> nouvelles intelligences. Par exemple, l' « intelligence sexuelle» estcensée concerner la sélection d'un(e) partenaire. Le problème est que l'on n'a pasdém ontré qu'il s'agit bien d'intelligences, distinctes <strong>de</strong> compétences apprises ou <strong>de</strong>facteurs <strong>de</strong> personnalité, et surtout que l'on n'a pas démontré qu'elles sontindépendantes les unes <strong>de</strong>s autres. De fait, les évaluations effectuées montrent que cesmultiples intelligences sont corrélées entre elles, ce qui conforte la position <strong>de</strong>spartisans <strong>de</strong> l'intelligence conçue comme une aptitu<strong>de</strong> mentale générale.idée cléa dif éren s typesin:te ·gence


difl Op ncendJviduelles......0 Les différencesentre femmeset hommesLe « politiquement correct» implique que vous êtes nécessairement courageux,naïf ou stupi<strong>de</strong> si vous parlez <strong>de</strong> différences sexuelles, qu'elles concernentl'intelligence ou tout autre thème. De nombreuses personnes souhaitentcroire que les hommes et les femmes sont égaux non seulement en potentiel,mais aussi en aptitu<strong>de</strong>s. fis affirment que, même s'il existe <strong>de</strong> petites différences,elles ne <strong>de</strong>vraient pas être étudiées ou expliquées en raison <strong>de</strong>s tensions entresexes que cela entraîne. « Ne vous y aventurez surtout pas », conseille-t-onaux <strong>psych</strong>ologues.Discuter <strong>de</strong>s différences entre groupes d'êtres humains, y croireet essayer <strong>de</strong> les expliquer <strong>de</strong>vient rapi<strong>de</strong>ment idéologique.( ( Au cours <strong>de</strong>s dix Cela semble inévitablement associé avec <strong>de</strong>s idées d'oppos,ition<strong>de</strong>rnières années, génétique-environnement, ce qui est ensuite relié à <strong>de</strong>spour la première politiques <strong>de</strong> droite ou <strong>de</strong> gauche. Au cours du siècle passé, il yfois, l'intelligencea eu <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s pendant lesquelles ont émergé <strong>de</strong>sconceptions fondées sur la « différence» ou sur la « non<strong>de</strong>sfilles est différence». L'expansion <strong>de</strong> l'environnementalisme et du<strong>de</strong>venue un suj1et féminisme à partir <strong>de</strong>s années 1960 a perpétué l'idée que toutesocialement»différence observable entre sexes était le résultat d'un processuscorrect. <strong>de</strong> socialisation et d'apprentissage. Cependant, <strong>de</strong>pu,is lesTom Wolfe, 1987années 1990, le balancier est reparti dans l'autre sens, vers uneperspective plus biologique et évolutionniste qui reconnaît et« explique» les différences sexuelles.Sexe contre genre Les <strong>psych</strong>ologues ont établi une différence entre l'i<strong>de</strong>ntitésexuelle (basée sur le sexe biologique), l'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> genre (fondée sur la conscience dusexe), le rôle sexuel (attentes <strong>de</strong> la façon dont les personnes d'un sexe <strong>de</strong>vraient seDroit <strong>de</strong> vote pour les femmesen France1972Publication <strong>de</strong> l'ouvrageHomme et femme, garçon et fille,<strong>de</strong> Money; 1Sad'


les différence enh'e femmes et hommes 81comporter) et le comportement cultureHement sexué (comportements qu'une culture?~'è'Scùt 0\1 pwscùt pOU! te\ ou te\ sexe).Les différences au cours <strong>de</strong> l'existence Il y a réellement <strong>de</strong>s différencessexuelles reconnues à toutes les étapes <strong>de</strong> la vie. Ainsi, dans la petite enfance, lesgarçons sont plus acüfs et passent plus <strong>de</strong> temps éveillés; les fiUes sont physiquementplus développées et coordonnées, elles ont une préférence pour la main droite dèsl'âge <strong>de</strong> cinq mois (pas les garçons) ; les filles ont une meilleure audition et vocalisentmieux, e'lles établissent plus le contact visuel et sont plus intéressées que les garçonspar les stimuli sociaux et émotionnels; les garçons sont plus intéressés par les objetset par les systèmes.Au cours <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> préscolaire, les garçons sont plusintéressés par les jeux <strong>de</strong> construction, les véhicules et les jeux « Legrandproches <strong>de</strong> la bagarre, tandis que les filles préfèrent jouer à lapoupée ou faire <strong>de</strong>s activités artistiques et domestiques; ellessont plus sensihles et sé<strong>de</strong>ntaires; les garçons manifestent <strong>de</strong>scentres d'intérêt plus restreints que les filles. Le regroupementpar genre (enfants <strong>de</strong> même sexe jouant en groupe) semanifeste chez les garçons et chez les filles. Les groupes <strong>de</strong>garçons sont plus grands et plus marqués par <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong>dominance, tandis que les filles jouent plutôt à <strong>de</strong>ux ou trois,partagent plus et sont davantage sensibles à la notion <strong>de</strong> justice.avantage (et presquele seul) d'être unefenune est que l'onpeut toujoursaffirmer être plusstupi<strong>de</strong> qu'une autrepersonne sans quecela surprennepersonne. ) )Les filles ont un vocabulaire plus étendu, utilisent <strong>de</strong>sconstructions linguistiques plus complexes, articulent et lisent Freya Stark, 1970mieux. Les garçons sont moins communicatifs et utilisent lelangage <strong>de</strong> façon instrumentale (pour obtenir ce qu'ils veulent).Les garçons sont, en moyenne, meilleurs en raisonnement mathématique, au lancer<strong>de</strong> fléchettes, à la rotation d'objets et à la découverte <strong>de</strong> figures géométriques dans <strong>de</strong>s<strong>de</strong>ssins complexes. Les fiUes sont meilleures pour se souvenir <strong>de</strong>s objets déplacés, pourse rap,pe'ler d'histoires et pour les tâches <strong>de</strong> précision faisant appel à une bonnecoordination motrice.Les garçons disent généralement que leurs échecs sont dus à un manque d'effort, tandisque les filles les attribuent plus souvent à leur manque d'aptitu<strong>de</strong>s. Les filles sont plusattentives aux sentiments <strong>de</strong>s autres et sont généralement meiHeures pour « lire dans lapensée» d'autrui. Les garçons sont plus affectés par le <strong>de</strong>uil, la séparation, la dépressionmaternelle, etc., mais ont tendance à nier la sensation <strong>de</strong> perte et le chagrin.Bien entendu, il s'agit là <strong>de</strong> différences basées sur <strong>de</strong>s moyennes, mais quin'expliquent pas les différences individuelles.


82 1'88 différences mdlvlduellu8S'\X coV'\ce.pt\oV'\s v-e. (~t\ve.s~LAX c.\'\-f-fe.v-e.V'\ce.s se.XLAe. ((e.s1. L.:intelligence ne peut pas être mesuréeprécisément et il est donc difficile <strong>de</strong> prouverl'existence ou la non-existence <strong>de</strong> différencessexuelles. Cette conception est très souventexprimée, généralement par les éducateurs, lesjournalistes oules hommes politiques qui sontopposés idéologiquement à l'évaluation.2. Il n'y a pas du tout <strong>de</strong> différences pour uneou <strong>de</strong>ux raisons. Tout d'abord, il n'y a pas <strong>de</strong>bonne théorie évolutionniste ouenvironnementale ou <strong>de</strong> bonnes raisons quipermette <strong>de</strong> supposer qu'il y a <strong>de</strong> tellesdifférences. Deuxièmement, les premiers testsétaient développés <strong>de</strong> telle façon qu'ils nemontraient pas <strong>de</strong> différence. Des sous-testsont ensuite été ajoutés ou exclus <strong>de</strong> telle façonqu'aucun <strong>de</strong>s sexes n'était avantagé oudésavantagé.3. Il n'y a pas <strong>de</strong> différences moyennes entreles sexes, mais il ya <strong>de</strong>s différences auxextrêmes. Ainsi, les hommes ont tendance àêtre surreprésentés aux extrêmes <strong>de</strong> la courbeen cloche <strong>de</strong> l'intelligence (voir le chapitre 17).Les personnes les plus intelligentes et lesmoins intelligentes sont les hommes, ce qui apour effet que la moyenne entre sexes esti<strong>de</strong>ntique mais que la distribution est plus largechez les hommes.4. Il y a <strong>de</strong> nombreuses différencesdémontrables et reproductibles, dans uneQIgran<strong>de</strong> diversité d'aptitu<strong>de</strong>s qui composentl'intelligence globale. Elles se manifestent pour<strong>de</strong>s raisons évolutionnistes.5. Les différences sexuelles qui émergent nesont pas réelles. Elles surviennent pour troisraisons. On enseigne l'humilité aux filles et laprétention démesurée aux garçons, et cemessage social les conduit à abor<strong>de</strong>rdifféremment les tests. Par ailleurs, on exigesocialement moins d'intelligence <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>sfilles (en particulier en ce qui concerne le choixd'untel partenaire), <strong>de</strong> telle manière qu'elless'investissent moins dans les étu<strong>de</strong>s et ledéveloppement <strong>de</strong> leurs compétences. Enfin, lesfilles sont moins stables émotionnellement etleur anxiété se reflète dans leur performance auxtests. Ainsi toutes les différences qui émergentne reflètent pas une réalité sous-jacente.6. Il y a <strong>de</strong> véritables différences entre lessexes, les garçons ayant un avantage <strong>de</strong> quatreà huit points <strong>de</strong> 01, qui <strong>de</strong>vient notable aprèsl'âge <strong>de</strong> quinze ans. Avant l'adolescence, lesfilles ont un avantage. La différence entre sexesest la plus importante pour l'intelligencespatiale. La différence se retrouve dans la tailledu cerveau entre hommes et femmes (corrigéeen fonction <strong>de</strong> la taille du corps). De plus, cettedifférence « réelle» « explique» la supérioritémasculine dans les arts, les affaires, l'éducationet la science.•timn y a une différence Il y a ceux qui disent que la différence d'intelligence entresexes est importante. Ils avancent généralement cinq arguments:• <strong>de</strong>s différences i<strong>de</strong>ntiques sont observées au fil du temps, <strong>de</strong>s cultures et <strong>de</strong>s espèces(il est donc improbable qu'elles soient apprises) ;• <strong>de</strong>s différences spécifiques sont prévisibles sur la base <strong>de</strong> la spécialisationévolutionniste (guerre et chasse pour les hommes/cueillette et soins aux enfants pourles femmes) ;


los dmérence entre lemmo et ho mes I S3• les différences cérébrales sont établies par les hormones sexuelles prénatales; plustard, les hormones affectent les profils d'aptitu<strong>de</strong> (par exemple, l'aptitu<strong>de</strong> spatiale estinhibée par l'œstrogène, le traitement hormonal <strong>de</strong> substitution maintient lamémoire verbale) ;• l'activité catégorisée par sexe apparaît avant la conscience du rôle <strong>de</strong> genre. À <strong>de</strong>uxans, les filles parlent mieux, tandis que les garçons sont meilleurs dans les tâches <strong>de</strong>construction. Ceci n'est pas appris;• les effets environnementaux (par exemple, les attentes sociales, la formation parl'expérience) sont minimes. Ils peuvent augmenter (ou peut-être réduire) lesdifférences.Une origine génétique ou environnementale Ceux qui rejettent l'idée<strong>de</strong> différences sexuelles, acceptent cependant la possibilité <strong>de</strong> différences <strong>de</strong> genre,lesquelles, affirment-ils, sont totalement apprises. Ils déclarent que ces différences <strong>de</strong>genre sont apprises dans chaque culture et qu'il y a donc <strong>de</strong>s différences culturellesnotables. De plus, <strong>de</strong>s modifications <strong>de</strong> la façon dont nous pensons ausujet <strong>de</strong> la culture conduit à <strong>de</strong>s 'changements <strong>de</strong> différences <strong>de</strong> genre.Dans la plupart <strong>de</strong>s cultures, les garçons sont considérés comme étantinstrumentaux (dans l'affirmation <strong>de</strong> soi, compétitifs, indépendants)et les femmes comme express,ives (coopératives, sensibles, exprimantdu soutien). Mais ce n'est pas le cas <strong>de</strong> toutes les cultures.L'argument est que certaines différences culturelles peuvent trouver( ( Si une fenunea le malheur <strong>de</strong>savoir quelquechose, elle doitle cacher autantleur origine dans <strong>de</strong>s différences biologiques, mais que <strong>de</strong>s facteurs qu'elle peut. ) )sociaux ont surpassé ces <strong>de</strong>rnières. Les médias ont été accusésd'int1uencer fortement le développement du rôle <strong>de</strong> genre.Jane Austen,Au cours <strong>de</strong>s trente/quarante <strong>de</strong>rnières années, diverses théories No,.thang. Abbey, 1803relatives à l'origine <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> genre ont été proposées. Lathéorie <strong>de</strong> ['apprentissage social affirme que les enfants apprennent un comportement <strong>de</strong>rôle sexuel approprié par trois mo<strong>de</strong>s d'apprentissage à <strong>de</strong>s étapes majeures <strong>de</strong> leurvie: l'enseignement direct, l'imitation et l'apprentissage par observation. La théorie duschéma <strong>de</strong> genre suggère que l'on apprend aux enfants à élaborer un ensemble bien net<strong>de</strong> croyances, d'idées ou <strong>de</strong> concepts appelés schémas relatifs au genre, qui les ai<strong>de</strong>ntà interpréter le mon<strong>de</strong> et à s'y compo rter.Une personne peut être fortement mascutine ou féminine ou les <strong>de</strong>ux (androgyne) ouaucun <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux (indifférenCiée) dans ses comportements <strong>de</strong> rôle. On a longtempspensé que l'androgynie était le « meilleur» ou « le plus sain» compromis.idée clé


la personnalité et la société21 Le test<strong>de</strong>s taches d'encre<strong>de</strong> RorschachSi <strong>de</strong>s personnes ne veulent pas ou ne peuvent pas parler <strong>de</strong> leurs peurs, <strong>de</strong>leurs espoirs et <strong>de</strong> leurs objectifs les plus intimes, pouvons-nous découvrirces <strong>de</strong>rniers en leur <strong>de</strong>mandant ce qu'elles voient dans <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins?Peuvent-elles projeter leurs rêves et fantasmes inacceptables,éventuellement interdits, dans <strong>de</strong>s histoires ou <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins? L'idée,commune en <strong>psych</strong>ologie populaire, est que les choix et <strong>de</strong>scriptions« nous apprennent beaucoup sur une personne » . Un <strong>psych</strong>ologue suisse,Hermann Rorschach a mis au point un célèbre test, il y a plus <strong>de</strong>quatre-vingts ans. L'idée avait été suggérée par Binet en 1895, la personnequi allait <strong>de</strong>venir célèbre pour avoir créé le premier test <strong>de</strong> QI.La version la plus connue du test comporte dix cartes présentant <strong>de</strong>s taches d'encresymétriques, la moitié en couleurs, la moitié en noir. Elles présentent les formes lesplus aptes à poser un diagnostic. Le testeur présente une carte à la fois à la personneet lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> dire ce qu'elle voit. Ceci est répété avec l'ensemble <strong>de</strong>s cartes. Letesteur note ce qui est dit, le temps passé par la personne àregar<strong>de</strong>r chaque carte, sa manière <strong>de</strong> la tenir, etc.( ( Si le sujetdécrit lUle carte La passation du test La passation normale du testconune étant lUle comporte quatre étapes. L'étape <strong>de</strong> performance requiert <strong>de</strong> latache d'encre, ceci personne testée qu'elle dise spontanément ce qu'elle voit surest considéré chaque carte. Tout ce qu'elle dit doit être écrit. La secon<strong>de</strong> estconune lUle réponse l'étape d'enquête, qui est plus structurée. Le testeur essaie <strong>de</strong>défensive. ) ) s'informer sur <strong>de</strong>ux choses et revient sur chaque carte. Il pose<strong>de</strong>s questions sur l'emplacement et les détails. Il cherche àPaul Kline, 1993 savoir si la personne considère la tache d'encre comme unPublication <strong>de</strong> l'ouvragePsychodiagnostic, <strong>de</strong> Rorschach1939Nouveau concept <strong>de</strong> techniquesprojectives


le test <strong>de</strong>s tache d'encre <strong>de</strong> rorschach85 ensemble, et sinon, quelles parties retiennent son attention. Il interroge aussi lapersonne pour savoir pourquoi la tache ressemble à tel ou tel objet : sa forme, sonmouvement, sa couleur, les ombres.La troisième étape est appelée l'étape d'analogie, durant laquelle le testeur son<strong>de</strong> leschoix fait par le sujet et se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ce qu'ils peuvent signifier. Dans l'étape ultimeconsistant à « tester les limites » , le testeur propose d'autres perceptions « populaires »et <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à la personne si elle les voit également.Commence ensuite l'étape d'interprétation qui est étonnamment complexe.Les évaluateurs utilisent <strong>de</strong>s lettres pour rendre compte <strong>de</strong> divers phénomènes.Par exemple, M renvoie à l'imagination, K renvoie à l'anxiété et est repérée par lacouleur et le mouvement, D concerne e niveau <strong>de</strong> sens commun <strong>de</strong> la personne,S renvoie aux tendances oppositionnelles du sujet, ceci étant repéré en interprétantles espaces blancs ou les très petits détails. Le système <strong>de</strong> cotation peut facilementressembler à un mélange bizarre, à mi-chemin entre un livre <strong>de</strong> cuisine et un livre<strong>de</strong> magie.Voici quelques interprétations typiques:RéponseRéponses fréquentes à <strong>de</strong> petites parties,clairement définies, <strong>de</strong>s taches d'encreTendance à voir fréquemment<strong>de</strong>s animaux en mouvementRéponses souvent déterminésexclusivement par la coul,eurTendance à voir souvent <strong>de</strong> petits animauxpassifsTendance à voir <strong>de</strong>s cartes géographiquesTendance à voir souvent <strong>de</strong>s masquesfaciauxInterprétationPersonnalité obsessionnelle,avec perfectionnisme et méticulositéPersonne impulsive, exigeantune gratification immédiatePersonne émotionnellement incontrôlée,explosivePersonnalité et attitu<strong>de</strong>s passiveset dépendantesPersonne réservée et fuyantePersonne réticente à montrerson véritable soiIl existe différents systèmes experts pour coter ce test, mais beaucoup tiennentcompte <strong>de</strong>s différents aspects <strong>de</strong>s cartes. L'idée est <strong>de</strong> diagnostiquer ou <strong>de</strong> décrire unprofil du véritable individu. Un argument est que les individus ne peuvent pas ou neveulent pas exactement parler <strong>de</strong> leurs véritables motivations, espoirs et ambitions.Ils ne le peuvent pas parce qu'ils ne perçoivent pas leurs motivations profon<strong>de</strong>s etinconscientes ou parce qu'ils sont simplement incapables <strong>de</strong> les exprimer. Ou bien,1943 1954 2004Création duTAT Introduction <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> la plus Violente attaque du Rorschach dans l'ouvrage(Thematic Apperception Test) célèbre d'évaluation Rorschach Le Culte <strong>de</strong> la personnalité, <strong>de</strong> A . Paul


86 1· per Dnn 1 . et 1 sDelit .les individus ne disent pas la vérité sur leurs plus profonds désirs, espoirs et ambitions.Les <strong>psych</strong>ologues s'inquiètent <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux formes <strong>de</strong> dissimulation ou <strong>de</strong> mensonge: la« gestion <strong>de</strong> l'impression ", ce qui signifie que la personne fait attention à donner unebonne impression d'elle-même; et l'auto-illusion, qui se produit lorsque la personnepense qu'elle dit vraiment la vérité sur elle-même alors que ce n'est pas le cas. Lestechniques projectives telles que l'analyse <strong>de</strong>s taches d'encre sont censées vaincre cesproblèmes.Les tests <strong>de</strong> taches d'encre ne sont pas les seules techniques projectives en<strong>psych</strong>ologie. Elles ont en commun le fait <strong>de</strong> fournir un stimulus à la personne(généralement un <strong>de</strong>ssin, mais cela peut aussi être un son ou une o<strong>de</strong>ur), puis àl'encourager à projeter sur ce stimulus ses pensées, sensations et désirs intimes etimmédiats. Elle dit comment elle réagit à un stimulus ambigu. Plus le stimulus estambigu et vague, plus la personne s'y projette.C'\f\DJ!c~té50V-'\eScAe tests pv-ojectrfsTaches d'encre ou <strong>de</strong>ssins abstraits Ils peuvent ne jamais... » ; « Je suis... » ; « Ma plusêtre réalisés très simplement en laissant tomber gran<strong>de</strong> crainte est... » ; « Je suis plutôtune grosse goutte d'encre au milieu d'une page, fier <strong>de</strong>... ».en pliant celle-ci en <strong>de</strong>ux, puis en regardant lerésultat.Dessin libre On <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à la personne <strong>de</strong><strong>de</strong>ssiner certains objets (une maison, uneSons Les gens écoutent <strong>de</strong>s sons (chants, bébé voiture, un parent), puis <strong>de</strong> répondre à <strong>de</strong>sen train <strong>de</strong> pleurer, acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> véhicule) ou <strong>de</strong> questions à leur sujet.la musique, et décrivent leur réaction.Objets soli<strong>de</strong>s On <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à la personne <strong>de</strong>Achèvement <strong>de</strong> phrases Les gens complètent jouer avec un objet soli<strong>de</strong> (poupée, sable, etc.)<strong>de</strong>s phrases telles que: « Je souhaitetout en décrivant ce qu'elle fait.Vhypothèse projective s'est maintenue bien vivante en <strong>psych</strong>ologie durant <strong>de</strong> longuesannées, en partie parce que les <strong>psych</strong>ologues ont <strong>de</strong>s difficultés à découvrir lesmotivations <strong>de</strong>s individus, en particulier leur motivation à la réuss ite. Ainsi, DavidMcClelland, qui a beaucoup travaillé avec le second test :le plus célèbre (TAT, qui estune série <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins plutôt que <strong>de</strong> taches d'encre), a déclaré que cela a dévoilé trois<strong>de</strong>s besoins les plus importants et les plus fondamentaux, 'le besoin <strong>de</strong> réussite, <strong>de</strong>pouvoir et <strong>de</strong> relations. L'idée est que les individus racontent <strong>de</strong>s histoires à propos <strong>de</strong>ces <strong>de</strong>ssins, lesquelles fournissent un aperçu plus exact <strong>de</strong> ces tendances dont ils nepeuvent pas parler.


le test <strong>de</strong>s taches d'encra <strong>de</strong> rur chach 87« Les critiques <strong>de</strong>s tests Il existe quatre objections - que Il n'y a pas <strong>de</strong>certains considèrent comme accablantes - à l'usage <strong>de</strong> ces tests, sens unique etsur <strong>de</strong>s bases scientifiques. Tout d'abord, ils ne sont pas fiables inévitable attachépuisque différents experts aboutissent à <strong>de</strong>s interprétations <strong>assez</strong>à une réponsedifférentes. Si les testeurs ne peuvent pas s'accor<strong>de</strong>r sur le sens,donnée; toutes lesnous ne pouvons rien en retirer. Ensuite, ils ne sont pas vali<strong>de</strong>schoses sontpuisque les scores ne prédisent rien. Autrement dit, ils nerelatives etmesurent pas ce qu'ils sont censés mesurer. Troisièmement, lecontexte fait toute la différence. L'humeur <strong>de</strong> la personne, les l'interprétationcaractéristiques du testeur, le cadre du test ont tous un impact nécessite beaucoupsur les résultats, ce qui suggère que ces tests captent <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> formation etbanals plutôt qu'essentieis. Quatrièmement, les testeurs ne d'expérience. ) )peuvent s'accor<strong>de</strong>r sur ce que mesurent les tests: les attitu<strong>de</strong>s,E. J. Phares, 1984les capacités, les défenses, la motivation, les désirs profonds. En mesurant tout, ils peuvent ne rien mesurer. Pourquoi ces tests sont-ils donc toujours utilisés? Est-ce que ce sont <strong>de</strong>s journalistes paresseux, <strong>de</strong>s <strong>psych</strong>ologues charlatans ou naïfs qui utilisent ces tests discrédités? • Ils fournissent souvent <strong>de</strong>s données uniques et surprenantes qui ne peuvent pas êtreobtenues aussi rapi<strong>de</strong>ment, facilement et à bon marché par un autre moyen;• <strong>de</strong>s praticiens formés et compétents semblent capables d'obtenir <strong>de</strong>s résultatsremarquables, fiables et significatifs qu'ils ne peuvent pas acquérir par d'autres tests oupar <strong>de</strong>s entretiens;• la richesse <strong>de</strong>s données fait que les autres tests paraissent souvent rudimentaires etternes;• ils peuvent compléter et confirmer d'autres constats et idées.Ainsi, après presque un siècle, certains <strong>psych</strong>ologues utilisent toujours les tachesd'encre pour essayer <strong>de</strong> comprendre la personnalité d'un individu, mais ce test estcert.ainement <strong>de</strong>venu une métho<strong>de</strong> moins acceptable pour ceux désireux <strong>de</strong> mettreau point <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s vali<strong>de</strong>s et fiables.idée clé .Les taches d'encre ai<strong>de</strong>nt-elles a c ntprendrela personnalité ?


88 la personnalité et la société2 ...... Détecterles mensongesL'idée d'avoir un moyen fiable, fondé physiologiquement, <strong>de</strong> repérer lesmenteurs a toujours séduit, surtout le xx e siècle et son intérêt pour lascience-fiction. Un détecteur <strong>de</strong> mensonges est une contre-mesure physiquequi vise à détecter la dissimulation. Certains ont essayé <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>spharmacologiques ou chimiques avec un succès limité.Parvenir à la vérité Les plus anciennes traces <strong>de</strong> ce qui pourrait être <strong>de</strong>sdétecteurs <strong>de</strong> mensonges se trollvent dans les métho<strong>de</strong>s hindoues et dans cetles <strong>de</strong>l'église médiévale <strong>de</strong>stinées à décollvrir la vérité. On <strong>de</strong>mandait aux suspects <strong>de</strong>mâcher diverses substances puis <strong>de</strong> les recracher. La facilité à recracher et l'aspectgluant du crachat étaient un signe <strong>de</strong> culpabilité car on avait observé que la peurentraînait une diminution <strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong> salive et une augmentation <strong>de</strong> saviscosité. Nous dirions aujourd'hui que l'anxiété influence l'activité du systèmenerveux autonome qui contrôle la salivation.Au XIX· siècle, plusieurs scientifiques ont essayé <strong>de</strong> mesurer d'autres éléments supposésêtre associés à la peur. Divers instruments ont été utilisés pour interroger les suspects,y compris le pléthysmographe, qui enregistre les pulsations cardiaques et la pressionsanguine dans un membre, le tremblement <strong>de</strong>s doigts, le temps <strong>de</strong> réaction, lesassociations <strong>de</strong> mots, etc.L'histoire du polygraphe Le détecteur <strong>de</strong> mensonges, ou po'lygraphe, a étémis au point dans les années 1930, mais c'est à partir <strong>de</strong>s années 1970 que plusieurs<strong>psych</strong>ologues ont commencé à mener <strong>de</strong>s recherches sérieuses sur cet appareil, quil'ont toutes dénoncé. En 1988, la Loi <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>s employés face aux détecteurs<strong>de</strong> mensonge a interdit aux employeurs américains <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à leurs employés <strong>de</strong>passer ce genre <strong>de</strong> test. Cependant, la preuve par détecteur <strong>de</strong> mensonges peuttoujours être acceptée dans la moitié <strong>de</strong>s États américains. Ces appareils sontmaintenant utilisés dans diverses régions du mon<strong>de</strong>, du Canada à la Thaïlan<strong>de</strong>,d'Israël à Taiwan, bien que leur usage soit limité.Publication <strong>de</strong> l'ouvrageLe Test du détecteur <strong>de</strong> mensonges,<strong>de</strong> MarstonAnnees 1960Large utilisation du détecteur<strong>de</strong> mensonges dans le mon<strong>de</strong>professionnel dans les paysanglo-saxons


détecter le mensonges 89La validité du détecteur <strong>de</strong> mensonges Pour être acceptable comme test, un détecteur <strong>de</strong> mensonge doit remplir un certain nombre <strong>de</strong> conditions. Tout d'abord, ce doit être une métho<strong>de</strong> standardisée, décrite en détaü, claire et reproductible. Ensuite, ce doit être un outil objectif. Troisièmement, il doit y avoir un critère externe vali<strong>de</strong>, il doit toujours différencier avec exactitu<strong>de</strong> la vérité et le mensonge. Les chercheurs disent que l'évaluation doit prendre en compte quatre facteurs: • la différence entre l'exactitu<strong>de</strong> et l'utilité: à quel point le polygraphe peut être utilemême s'il n'est pas exact;Le polygraphe mesure l'activité du systèmenerveux autonome par <strong>de</strong>s capteurs placés surdifférentes parties du corps: la poitrine,l'estomac, les doigts. Les capteurs mesurent<strong>de</strong>s changements <strong>de</strong> la respiration (profon<strong>de</strong>uret rythme). <strong>de</strong> l'activité cardiaque (pressionsanguine) et <strong>de</strong> la sueur. Il est égalementpossible <strong>de</strong> mesurer l'activité électrique ducerveau. Les indicateurs ne montrent que <strong>de</strong>schangements physiologiques, habituellementproduits par l'émotion. La machine amplifie lessignaux enregistrés à partir <strong>de</strong>s capteurs. Ellene détecte pas les mensonges, mais <strong>de</strong>schangements physiologiques qui résultentd'émotions spécifiques (peur, colère, culpabilité).mais on ne sait pas exactement <strong>de</strong> quelleémotion précise il s'agit. On pose aux sujets<strong>de</strong>s questions « chau<strong>de</strong>s » (liées au thèmed'enquête) et <strong>de</strong>s questions « froi<strong>de</strong>s » <strong>de</strong>contrôle. Le postulat est que les gens innocentsont <strong>de</strong>s réactions physiologiques i<strong>de</strong>ntiqueslorsqu'ils répon<strong>de</strong>nt aux questions pertinenteset aux questions <strong>de</strong> contrôle. Cependant,certaines personnes sont plus émotives qued'autres. Des substances chimiques peuventêtre utilisées pour supprimer l'activité dusystème nerveux autonome et rendre toutenregistrement physiologique peu concluant.Plus inquiétant, <strong>de</strong>s personnes peuvents'entraîner à mettre le test en échec avecdiverses techniques. Les tests ne seraient doncnon seulement pas fiables du tout, maiscontreproductifs : condamnant l'innocent etlaissant libre le coupable.On continue d'utiliser le détecteur dans troiscontextes: les enquêtes criminelles, lescontrôles <strong>de</strong> sécurité et la sélection dupersonnel. Certains affirment que la fréquence<strong>de</strong> base <strong>de</strong> menteurs est trop faible pour êtreexacte. D'autres suggèrent que le test fournitune fausse impression. Certains affirmentcependant que le fait d'utiliser le test ou <strong>de</strong>menacer <strong>de</strong> l'utiliser conduit <strong>de</strong>s personnes àavouer <strong>de</strong>s choses importantes qu'elles n'auraientpas avoué autrement. Un test peut donc avoirune certaine utilité même sans exactitu<strong>de</strong>.1988 2000 2001Les Etats-Unis promulguent la Loi Publication <strong>de</strong> l'ouvrage Plus d'un million <strong>de</strong> tests <strong>de</strong> détecteurs<strong>de</strong> protection <strong>de</strong>s employés face Détecter les mensonges <strong>de</strong> mensonges sont effectuésaux détecteurs <strong>de</strong> mensonge et la malhonnêteté, <strong>de</strong> Vrij chaque année aux États-Unis


<strong>de</strong>tecter les men onges 81( ( Le visage peut manifester <strong>de</strong> nombreux indices différents<strong>de</strong> tromperie: <strong>de</strong>s nrlcro-expressions, <strong>de</strong>s expressionssilencieuses, <strong>de</strong>s mouvements involontaires <strong>de</strong> certainsm uscles faciaux, <strong>de</strong>s clignements d'œil, la dilatation<strong>de</strong>s pupilles, <strong>de</strong> l'empressement, le rougissement et la pâleur,<strong>de</strong>s erreurs <strong>de</strong> temps ou <strong>de</strong> lieu et <strong>de</strong>s faux sourires.Certains <strong>de</strong> ces indices constituent <strong>de</strong>s fuites, trahissantune information cachée, d'autres constituent <strong>de</strong>s indices<strong>de</strong> tromperie indiquant que quelque chose est dissimulé ;et (l'autres revèlent une fausse expression. ) )Paul Ekman, 1978Dans <strong>de</strong>s conditions expérimentales, les individus peuvent être catégorisés par erreur :un pourcentage étonnamment élevé <strong>de</strong> coupables sont déclarés innocents et viceversa. La question est: pourquoi et combien? Et avec quelles conséquences? Lafausse classification peut être <strong>de</strong> 2 % à 10 %. Le fait que <strong>de</strong>s gens honnêtes maisanxieux soient jugés menteurs et que <strong>de</strong>s menteurs <strong>psych</strong>opathes soient jugés sincèresa conduit <strong>de</strong>s gouvernements à interdire ou au moins contester ['utilisatio n dudétecteur <strong>de</strong> mensonges.Vaincre la machine Pouvez-vous battre le détecteur <strong>de</strong> mensonges? Il y asurtout <strong>de</strong>ux moyens <strong>de</strong> 'le faire: physique et mental. Les mesures physiques peuventimpliquer une douleur auto-infligée (se mordre la langue, conserver une punaisecachée dans une chaussure; tendre et relâcher les muscles). Les métho<strong>de</strong>s mentalescomprennent le fait <strong>de</strong> compter à l'envers ou même <strong>de</strong> s'efforcer d'avoir <strong>de</strong>s penséesérotiques et <strong>de</strong>s fantasmes. Us fournissent <strong>de</strong>s résultats réels et puissants, maistrompeurs.


92 118 personnalité el 18 sociétéLa persoIUlalitéautoritaireQuelles sortes d'individus ont accepté l'idéologie nazie et pris part à laShoah? Qu'est-ce qui conduit certaines personnes à être si sûres d'avoirraison et à penser que les autres ont tort? Pourquoi peuvent-elles être siintégristes sur <strong>de</strong> si nombreux sujets ?La personnalité et le nazisme Après la Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale,un groupe <strong>de</strong> chercheurs en sciences sociales conduits par Theodor Adorno a posécette question. Il en a résulté un livre intitulé Étu<strong>de</strong>s sur la personnalité autoritaire,publié en 1950.Leur théorie s'est concentrée sur les individus considérés comme la cause <strong>de</strong>s maux <strong>de</strong>la société. L'argument majeur est celui-ci: en punissant et en critiquant souvent etavec sévérité leurs enfants, même pour <strong>de</strong>s fautes légères, les parents provoquentl'autoritarisme. En effet, cette attitu<strong>de</strong> conduit l'enfant à être hostile à ses parents et àtoute figure d'autorité. Cependant, celui-ci n'a pas consciemment connaissance <strong>de</strong>cette agression car cela pourrait entraîner encore plus <strong>de</strong> punitions. Il est égalementdépendant <strong>de</strong> ses parents, qu'il est censé aimer. Ainsi, selon l'argument d'Adorno et<strong>de</strong> ses collègues, l'antagonisme refoulé <strong>de</strong> l'enfant sera déplacé et projeté sur <strong>de</strong>smembres plus faibles <strong>de</strong> la société.Les « autoritariens » sont presque toujours ethnocentriques, en ce sensqu'ils ont une croyance sûre, simple et inébranlable en la supériorité <strong>de</strong> leur propregroupe racial, culturel et ethnique, ainsi qu'un dédain profond pour Iles membresd'autres groupes. Ceci peut facilement conduire à la brutalité, à l'agressionet aux préjugés.Cette idée s'est installée mais a été critiquée, d'une part parce que <strong>de</strong> nombreuxautres facteurs conduisent au développement d'une pensée et d'un comportementautoritaires, mais aussi parce que les préjugés sont façonnés par d'autres facteurssituationnels puissants (voir les chapitres 24 et 25) .Les autoritariens évitent les situations qui impliquent <strong>de</strong> l'ambiguïté et <strong>de</strong>l'incertitu<strong>de</strong>, et sont peu disposés à croire que <strong>de</strong>s « gens bien» puissent possé<strong>de</strong>r à lafois <strong>de</strong>s caractéristiques bonnes et mauvaises. Cependant, ils sont souvent moinsPublication <strong>de</strong> l'ouvrage Étu<strong>de</strong>ssur la personnalité autoritaire,d'Adorno et <strong>de</strong> ses collaborateurs1954Publication <strong>de</strong> l'ouvrageLa Psychologie politique,<strong>de</strong> Eysenck


la personnalité autoritaire93 intéressés par la politique, participent moins aux activités politiques et associatives etont tendance à préférer <strong>de</strong>s lea<strong>de</strong>rs puissants.Mesurer l'autoritarisme Il y a plusieurs mesures <strong>de</strong> 'l'autoritarisme; la plusconnue et la plus largement utilisée est l'échelle F <strong>de</strong> Californie, publiée pour lapremière fois dans l'ouvrage Étu<strong>de</strong>s sur la personnalité autoritaire, qui vise à mesurer lespréjugés et la pensée rigi<strong>de</strong>. L'ensemble comprend neuf facteurs et postulats reflétantchaque partie <strong>de</strong> l'échelle.FLe conventionnalisme Adhésion rigi<strong>de</strong> à <strong>de</strong>svaleurs conventionnelles <strong>de</strong> la classe moyenne(( Lobéissance et le respect envers l'autoritésont les vertus les plus importantes que lesenfants <strong>de</strong>vraient apprendre. »).La soumission autoritarienne Acceptation <strong>de</strong>l'autorité sans esprit critique (( Les jeunes ontparfois <strong>de</strong>s idées rebelles, mais en grandissant,ils <strong>de</strong>vraient les abandonner »).L'agression autoritarienne Tendance àcondamner quiconque viole les normesconventionnelles (( Une personne qui a <strong>de</strong>mauvaises manières peut difficilements'entendre avec les gens bien »).La sexualité Préoccupation excessive pour uneconduite sexuelle correcte (( Les homosexuelsvalent à peine mieux que les criminels et<strong>de</strong>vraient être sévèrement punis »).L'anti-introspection Rejet <strong>de</strong> la faiblesse ou <strong>de</strong>la sentimentalité (( Lhomme d'affaires etl'artisan sont bien plus importants pour lasociété que l'artiste et le professeur »).La superstition et la pensée stéréotypéeCroyance dans les déterminants mystiques<strong>de</strong> l'action et pensée rigi<strong>de</strong> et catégorique(( Un jour, on montrera que l'astrologie peutexpliquer beaucoup <strong>de</strong> choses »).Le pouvoir et la dureté Préoccupation envers ladominance sur les autres (II Aucune faiblesse nidifficulté ne peut nous arrêter si nous avonssuffisamment <strong>de</strong> volonté »).La <strong>de</strong>structivité et le cynisme Sentimentgénéral d'hostilité et <strong>de</strong> colère (( La naturehumaine étant ce qu'elle est, il y aura toujours<strong>de</strong>s guerres et <strong>de</strong>s conflits »).La projectivité Tendance à projeter à l'extérieurses émotions et ses pulsions internes (( Laplupart <strong>de</strong>s gens ne comprennent pas à quelpoint notre vie est contrôlée par <strong>de</strong>s complotsfomentés dans <strong>de</strong>s endroits secrets »).1980 1973 1981 'Publication <strong>de</strong> l'ouvrage Publication <strong>de</strong> l'ouvrage Publication <strong>de</strong> l'ouvrageŒsprit ouvert ou fermé, La PsVchologie du conservatisme, /Autoritarisme <strong>de</strong> droite,<strong>de</strong> Rokeach <strong>de</strong> Wilson d'Altmeyer


94 la er on lité t la ci 'téL'ethnocentrisme et l'évitement <strong>de</strong> l'ambiguïté Il y a plusieursconcepts différents liés à celui d'autoritarisme : ,le conservatisme, le dogmatisme etl'ethnocentrisme. Certains se concentrent sur le style <strong>de</strong> pensée, d'autres sur lespréjugés. La plupart affirment que ce « syndrome attitudinal ", plutôt qu'un trait <strong>de</strong>personnalité, survient pour <strong>de</strong>s raisons à la fois génétiques et environnementales. Aucœur <strong>de</strong>s théories se trouve l'idée d'une susceptibilitégénéralisée à l'anxiété et au sentiment <strong>de</strong> menace lorsque la( ( Un certain personne est confrontée à <strong>de</strong> l'ambiguïté ou à <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>.système d'autorité Ainsi, pour diverses raisons - aptitu<strong>de</strong> et personnalité,est une nécessité expériences <strong>de</strong> vie dans l'enfance et circonstances actueUes - les<strong>de</strong> toute vie en autoritariens se sentent inférieurs et insécurisés, et ont peur d'unconunun, et seull'homme qui<strong>de</strong>meure isolé valorisent la complexité, l'innovation, la nouveauté, le risquen'est pas obligé ou le changement. Us ten<strong>de</strong>nt à éviter les conflits et la prise <strong>de</strong>décision, et soumettent leurs émotions et besoins personnels<strong>de</strong> répondre, au aux autorités extérieures. Ils obéissent aux règles, normes,travers <strong>de</strong> la conventions et, plus impo rtant encore, insistent pour que lesrébellion ou <strong>de</strong> la autres fassent <strong>de</strong> même.soumission, aux Ainsi, les conservateurs et les autoritariens sont obsédés par lemanque <strong>de</strong> clarté. Leur motivation consiste donc à éviterl'incertitu<strong>de</strong>. Ils n'aiment pas les situations o u les personnes quicomman<strong>de</strong>ments fait d'ordonner et <strong>de</strong> contrôler leur mon<strong>de</strong> interne ainsi que le<strong>de</strong>s autres. ) ) mon<strong>de</strong> extérieur. Ils aiment les <strong>de</strong>voirs, lois, morales,obligations et règles simplistes, rigi<strong>de</strong>s et inflexibles. CetteStanley Milgram, 1974orientation affecte tout, <strong>de</strong> leurs goûts artistiques à leur choixélectoraux.Les individus autoritariens, à l'esprit étroit et dogmatique, sont caractérisés par troischoses: un puissant désir <strong>de</strong> rejeter toutes les idées opposées aux leurs; un faible<strong>de</strong>gré <strong>de</strong> lien entre diverses croyances; <strong>de</strong>s idées plus nombreuses et plus complexessur <strong>de</strong>s thèmes auxque ls ils croient comparativement aux idées auxquel\les ils necroient pas.L'autoritarisme <strong>de</strong> droite Les premiers travaux dans ce domaine étaientexclusivement consacrés à l'autoritarisme <strong>de</strong> droite. La distinction est faite parce qu'ilest aujourd'hui reconnu que les gens <strong>de</strong> gauche tels que les staliniens et les trotskistespeuvent également être autoritariens.L'autoritarisme <strong>de</strong> droite est composé <strong>de</strong> trois ensembles d'attitu<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>comportements: la soumission totale aux autorités établies, l'agression généraliséeenvers tous les « ennemis" <strong>de</strong> ces autorités et l'adhésion aveugle aux normes socialesétablies et aux conventions. Ainsi, les individus ayant <strong>de</strong> fortes croyancesd'autoritarisme <strong>de</strong> droite sont absolutistes, harcelants, dogmatiques, hypocrites etfanatiques. Ce sont <strong>de</strong>s partisans entho usiastes <strong>de</strong> toutes sortes <strong>de</strong> punitions. Ils n'ontpas <strong>de</strong> regard critique sur les idées qu'ils professent, sont parfois incohérents enadoptant <strong>de</strong>s idées contradictoires. Ils sont remarquablement ouverts à la


la arsonnallt' autoritaire85Le.Létroitesse d'esprit et le dogmatisme sont<strong>de</strong>s concepts proches <strong>de</strong> l'autoritarisme.Ce n'est pas une question d'intelligence,mais les individus à l'esprit ouvert résolvent<strong>de</strong>s problèmes plus rapi<strong>de</strong>ment et semblentaptes à synthétiser les informationsplus rapi<strong>de</strong>ment. C'est pourquoi ils semblentplus heureux lorsqu'ils sont confrontésà <strong>de</strong>s probl1èmes nouveaux et difficiles.Les individus à l'esprit étroit ont tendanceà être agressifs et à se retirer lorsqu'ils sontmis en présence <strong>de</strong> nouvelles idées." existe <strong>de</strong> nombreux questionnaires <strong>de</strong>stinésà mesurer le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> dogmatisme.Les sujets doivent exprimer leur <strong>de</strong>gréd'accord avec les ph rases proposées.En voici quelques-unes :• « Dans notre mon<strong>de</strong> complexe, le seul moyen<strong>de</strong> savoir ce qui se passe est <strong>de</strong> s'appuyer sur<strong>de</strong>s lea<strong>de</strong>rs ou <strong>de</strong>s experts en qui l'on peutavoir confiance. »• « Je suis très en colère lorsqu'une personneentêtée refuse <strong>de</strong> reconnaître son erreur. »• « Il y a <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> gens dans ce mon<strong>de</strong> :ceux qui sont pour la vérité et ceux qui sontcontre. »• « La plupart <strong>de</strong>s gens ne savent pas ce qui estbon pour eux. »• « De toutes les différentes philosophies quiexistent dans ce mon<strong>de</strong>, il y en a probablementune qui est correcte. »• « La plupart <strong>de</strong>s idées qui sont imprimées <strong>de</strong>nos jours n'ont même pas la valeur du papiersur lequel elles sont imprimées. »dénonciation du double discours, tout en é ta nt satisfaits d'eux-mêmes, manquentd'humilité et d'aptitu<strong>de</strong> à l'autocritique.Les autoritariens se trouvent dans tous les domaines <strong>de</strong> l'existence, bien qu'ils soientplutôt attirés par les emplo is et par les religions qui correspo n<strong>de</strong>nt à leurs valeurs. Ilsont plus <strong>de</strong> probabilités <strong>de</strong> se décrire comme <strong>de</strong> droite, moraux, rationnels, po lis ethonnêtes plutô t qu'autoritaires. C ependant, leurs croyances politiques et religieusesles ren<strong>de</strong>nt <strong>assez</strong> faciles à détecte r.idée clé____s dictateurs le sont-ils•e cou par éducation?


98 1. per onnalité t 1 société24 Uobéissanceà l'autorité« La <strong>psych</strong>ologie sociale <strong>de</strong> ce siècle révèle une leçon essentielle : c'est plussouvent le type <strong>de</strong> situation que le type <strong>de</strong> personne qui détermine lecomportement <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière. » Stanley Milgram, 1974UdvmhdOeQuand Adolf Eichmann a été jugé pour sa participation à l'Holocauste, sa défense futqu'il ne faisait qu'obéir aux ordres. Les soldats américains qui ont suivi les ordres dulieutenant Calley et ont massacré les habitants du village <strong>de</strong> My Lai au Vietnam ontdit la même chose. Il est facile d'affirmer que <strong>de</strong>s hommes fous en temps <strong>de</strong> guerreaccomplissent <strong>de</strong> tels actes, mais que cela n'arriverait jamais à <strong>de</strong>s gens comme vouset moi. Mais les <strong>psych</strong>obgues ont montré que, pourtant, cela arrive.Ol).Pourquoi <strong>de</strong>s personnes obéissent-elles auxordres <strong>de</strong>s autres? Lobéissance et leconformisme (chapitre 25) ne sont pas la mêmechose, car ils diffèrent sur plusieurs aspects:• démarche explicite : dans l'obéissance,l'ordre d'agir est explicite, tandis que dans leconformisme, l'exigence d'être en accord avecle groupe est implicite;• hiérarchie: le conformisme régule lecomportement <strong>de</strong> sujets <strong>de</strong> statut égal tandisque l'obéissance relie un statut à un autre;• imitation: le conformisme est une imitation, l'obéissance ne l'est pas; • démarche volontaire: puisque le conformisme est une réponse a une pression implicite, le sujet interprète son comportementcomme volontaire. Inversement,la situation d'obéissance est définiecomme dépourvue <strong>de</strong> caractère volontaire,et le sujet peut ensuite affirmer que c'est la situation qui explique pleinement son acte. Premières étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Milgramdans ce domaine1968Massacre <strong>de</strong> My Lai durantla guerre du Vietnam1PSd


l'obéissance à l'autorité 1 97Une étu<strong>de</strong> célèbre L'expérie nce <strong>de</strong> <strong>psych</strong>ologie peut-être la plus spectaculairedu xx" siècle a été réalisée par Stanley Milgram (1974), dont l'o uvage a suscité unevéritable tempête. Elle a montré que <strong>de</strong>s Américains gentils, normaux, <strong>de</strong> la classemoyenne pouvaient administrer <strong>de</strong>s chocs électriques conduisant à la mort unhomme innocent, simplement parce qu'il n'était pas <strong>assez</strong> doué pour mémoriser<strong>de</strong>s paires <strong>de</strong> mots.On informe <strong>de</strong>s volontaires qu'ils vont participer à une ( ( Tout le bienexpérience sur l'apprentissage. Leur activité particulière va dont l'hwnanitéconsister à délivrer <strong>de</strong>s chocs électriques à un « élève » adulte, est capable està chaque fois que celui-ci fait une erreur d'apprentissagecontenu dansd'association entre <strong>de</strong>s mo ts. Le sujet voit so n « collèguel'obéissance. ) )volontaire » attaché sur une chaise et constate que <strong>de</strong>sélectro<strong>de</strong>s sont fixées sur son bras . Dans certa ins cas, il entend John Stuart Mill, 1859l'élève dire à l'expérimentateur qu'il a le cœur faible, maisl'expérimentateur le rass ure en lui disant que, même si leschocs peuvent être do uloureux, ils n'entraînent aucun dommagephysique permanent.L'expérimentateur conduit le « professeur » dans une autre pièce et lui montre lamachine avec laquelle il doit appliquer la « punition ». C 'est un appare illageimpressionnant avec <strong>de</strong>s boutons marqués <strong>de</strong> 15 à 450 volts, chaque bouton successifindiquant une augmentation <strong>de</strong> 15 volts comparativement au bouton précé<strong>de</strong>nt. Sousces chiffres, se trouvent d'autres indications sur les chocs. Elles vont <strong>de</strong> « choc léger »au début, puis « choc intense » au milieu, puis enco re « danger: choc grave », etenfin une simple indication « XXX» sous les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers boutons.Le ,< professeur » doit donner un choc <strong>de</strong> 15 volts à l'élève pour la première réponsefausse. Ensuite, il donne un choc pour chaque nouvelle réponse fausse, ma is enaugmentant à chaque fois <strong>de</strong> 15 volts. L' « élève » est en fait un comédien, collègue <strong>de</strong>l'expérimentateur, mais le « professeur» l'ignore.Ces séances commencent <strong>de</strong> manière <strong>assez</strong> inoffensive: l'élève associe correctement<strong>de</strong>s paires, ma is il commence rapi<strong>de</strong>ment à faire une erreur et reço it donc unedécharge <strong>de</strong> 15 volts. Jusqu'à 75 volts, l'élève ne manifeste pas <strong>de</strong> signe <strong>de</strong> douleur.Mais à 75 volts, il exprime sa douleur. Le professeur peut entendre le grognement autravers du mur qui les sépare. À 120 volts, l'élève crie à l'expérimentateur que leschocs <strong>de</strong>viennent douloureux. À 150 volts, l'élève hurle: « Monsieurl'expérimentateur, sortez-moi <strong>de</strong> là ! Je ne veux plus être dans cette expérience! »1 ~4 2000 2007Publication <strong>de</strong> l'ouvrage Ex périences reproduites Publication <strong>de</strong> l'ouvrageSoumission à l'autorité, avec <strong>de</strong>s effets i<strong>de</strong>ntiques L'Effet Lucifer, <strong>de</strong> Zimbardo<strong>de</strong> Milgram


98 11a personnalllé el la DelatéL'élève continue à hurler <strong>de</strong> souffrance, ses cris augmentant d'intensité et <strong>de</strong>venant<strong>de</strong>s hurlements d'agonie lorsque les chocs atteignent 270 volts. L'expérimentateur etle professeur sont maintenant engagés dans une séance <strong>de</strong> torture, au sens strict duterme.La torture et la mort À 300 volts, l'élève désespéré crie qu'il ne répondra plusaux paires <strong>de</strong> mots. L'expérimentateur, figure d'autorité froi<strong>de</strong> et inébranlable, dit auvolontaire qu'il doit considérer les !lon-réponses comme <strong>de</strong>s erreurs, et qu'il doit donccontinuer à administrer les chocs. A partir <strong>de</strong> ce moment, le volontaire n'entend plus<strong>de</strong> réponse <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> l'élève; il ne sait pas si l'élève est vivant ou non. Levolontaire peut certainement constater que lia torture est<strong>de</strong>venue absur<strong>de</strong>: puisque l'élève ne répond plus, il ne participe« Ne conunan<strong>de</strong>z plus à une expérience d'apprentissage. Lorsque le volontairejamais à moinsque vous n'ayezl'intention d'être volontaire est, bien entendu, physiquement libre <strong>de</strong> quitterobéi. )) attachée, mais rien n'empêche le départ du sujet.Anonatteint l'extrémité du tableau <strong>de</strong> chocs, on lui dit <strong>de</strong> continuer àutiliser le <strong>de</strong>rnier bouton pour toute erreur ultérieure. Lel'expérience, <strong>de</strong> soulager la souffrance <strong>de</strong> la victime; la victime estVingt-six <strong>de</strong>s quarante hommes volontaires qui ont participé àl'expérience ont continué jusqu'aux chocs extrêmes; le mêmenombre <strong>de</strong> femmes ont fait <strong>de</strong> même. Les sujets pleinementobéissants n'ont arrêté d'administrer <strong>de</strong>s chocs <strong>de</strong> 450 volts que lorsquel'expérimentateur leur a dit <strong>de</strong> stopper.Les étu<strong>de</strong>s ultérieures L'étu<strong>de</strong> a été reproduite, en modifiant diversescaractéristiques, <strong>de</strong> telle façon que leur effet sur l'obéissance puisse être observé. Cequi a donné les résultats suivants:• proximité <strong>de</strong> la victime: plus les sujets sont proches <strong>de</strong> la victime, moins ilsobéissent;• proximité <strong>de</strong> l'autorité: plus le sujet est éloigné <strong>de</strong> l'autorité, moins il obéit;• cadre institutionnel: mener les expériences dans un petit bureau réduit 1égèrementl'obéissance;• pressions à la conformité: <strong>de</strong>s pairs obéissants augmentent l'obéissance du sujet; <strong>de</strong>spairs rebelles réduisent fortement l'obéissance;• rôle <strong>de</strong> la personne qui donne <strong>de</strong>s ordres: les individus obéissent le plus aux autreslorsque ces <strong>de</strong>rniers sont perçus comme <strong>de</strong>s autorités légitimes; dans les étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>Milgram, les sujets ont généralement obéi à l'expérimentateur mais n'ont pas obéi àd'autres sujets comme eux-mêmes;• traits <strong>de</strong> personnalité: dans les étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Milgram, certains traits sont faiblementcorrélés avec l'obéissance ;• différences culturelles: la reproduction <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> dans divers contextes culturelsmontre quelques variations, mais l'obéissance reste généralement élevée, quelle quesoit la culture;


l'obéissance a l'autorlt' 98• facteurs d'attitu<strong>de</strong> et idéologiques:les personnes religieuses ont plus<strong>de</strong> probabilités à obéir dans lesexpériences <strong>de</strong> Milgram.L'obéissance dans les expériences<strong>de</strong> Milgram n'est pas une question<strong>de</strong> volontaires abandonnant leurvolonté à l'expérimentateur, maisplutôt <strong>de</strong> l'expérimentateur qui lespersua<strong>de</strong> qu'ils ont une obligationmorale <strong>de</strong> continuer. L'aspect« moral» <strong>de</strong> la relationexpérimentateur-volontaire estrenforcé par le caractèreimpersonnel du comportement <strong>de</strong>l'expérimentateur.Des chercheurs ont dirigé leurattention sur la compréhension etl'ense ignement <strong>de</strong> la façon dontcertaines personnes résistent, ainsique sur les ra isons qui les animent.L'expérience <strong>de</strong> Milgram <strong>de</strong>meurepeut-être la plus célèbre dans lemon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la <strong>psych</strong>ologie et il estfacile <strong>de</strong> comprendre pourquoi.Le.s e.X~ t\Co.-r\O~S0. tte.Y-~o.1-'\Ve.SLa crainte <strong>de</strong> l'évaluation Lorsque <strong>de</strong>spersonnes participent à un projet <strong>de</strong>recherche, elles ont souvent l'impressionque le chercheur les évalue. Pour apparaîtreserviables et « normales », elles font ce quel'expérimentateur leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, même sielles ne le feraient pas dans une situationréelle.Le rôle adopté par le sujet Les participantsà la recherche peuvent aussi se comporterdifféremment en fonction du rôle qu'ilsadoptent en participant à l'étu<strong>de</strong>. Certainespersonnes s'efforcent d'assumer le rôle <strong>de</strong>« bon sujet» en suivant soigneusement lesinstructions et en répondantconsciencieusement à toutes les exigences<strong>de</strong> la recherche. D'autres sujet s peuventadopter un rôle négatif : ils se plaignent quela recherche est banale et inintéressante, etrefusent donc <strong>de</strong> coopérer avec lechercheur.Les effets <strong>de</strong> l'expérimentateur On appelle« caractéristiques <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>» lescaractéristiques <strong>de</strong> la situation dont le sujetpense qu'elles exigent qu'il se comported'une certaine manière.ourqu 1 •idée cléns c nfOrInon ..&..&.~use obéissons-nous?


100 lia per annalite et la société Le conformisme Certains manuels <strong>de</strong> sociologie contiennent <strong>de</strong>s chapitres sur la déviance;<strong>de</strong>s manuels <strong>de</strong> <strong>psych</strong>ologie s'intéressent au conformisme. Les sociologuessont intéressés et intrigués par les individus qui se rebellent, qui dévient <strong>de</strong>snormes et <strong>de</strong>s règles sociales. Ils considèrent les groupes et les sociétéscomme 1'« unité d'analyse » <strong>de</strong> base.Les <strong>psych</strong>ologues, qui considèrent l'individu (ou au maximum le petit groupe) commel'unité d'analyse, sont intrigués par les causes du conformisme. Pourquoi lesadolescents, qui n'aiment pas porter un uniforme scolaire, s'habillent pourtant tous <strong>de</strong>la même manière? Pourquoi y a-t-il <strong>de</strong>s fashion victims qui suivent aveuglément lediktat <strong>de</strong> la foule? Pourquoi <strong>de</strong>s pressions sociales réelles ou imaginaires conduisentelles<strong>de</strong>s individus à suivre le comportement <strong>de</strong>s autres?Les expériences Il existe <strong>de</strong>ux célèbres expériences dans l'étu<strong>de</strong> duconformisme: l'une consiste à <strong>de</strong>viner dans le noir, l'autre consiste à déci<strong>de</strong>r dansune situation aussi claire que le jour. La première expérience, réalisée il y a plus <strong>de</strong>quatre-vingts ans par Muzafer Sherif, <strong>de</strong>mandait à <strong>de</strong>s étudiants <strong>de</strong> s'asseoir dans unepièce totalement sombre en fixant un point lumineux. On leur disait <strong>de</strong> signalerquand celui-ci se déplaçait et <strong>de</strong> quelte distance. En fait, le point était immobile.Mais il y avait dans la pièce <strong>de</strong>s collègues <strong>de</strong> l'expérimentateur qui affirmaient aveccertitu<strong>de</strong> qu'ils le voyaient se déplacer. Le résultat a été que <strong>de</strong>s gens ordinairesétaient influencés par ces collègues, tendant à se mettre en accord avec les propos <strong>de</strong>ces <strong>de</strong>rniers. Ainsi, dans <strong>de</strong>s situations ambiguës, les gens ont tendance à suivre lecomportement <strong>de</strong> pairs sûrs d'eux et constants. Nous regardons les autres pour nouséclairer sur ce qui se passe.La secon<strong>de</strong> étu<strong>de</strong> a été réalisée en 1952 par un <strong>psych</strong>ologue nommé Solomon Asch.On <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à <strong>de</strong>s étudiants, par groupes <strong>de</strong> cinq, <strong>de</strong> participer à une étu<strong>de</strong> sur laperception. On leur présente environ trente paires <strong>de</strong> cartes: une « Carte standard»et une « carte <strong>de</strong> comparaison». Une ligne est tracée sur la carte standard et troislignes (appelées lignes A, B et C) <strong>de</strong> longueur nettement différentes sont tracées surla carte <strong>de</strong> comparaison. Le sujet doit simplement dire laquelle <strong>de</strong>s trois lignes a laPublication <strong>de</strong> La Psychologie<strong>de</strong>s normes sociales, <strong>de</strong> Sherif1952 Asch publie la plus célèbreétu<strong>de</strong> sur le conformisme1Pd


le conlorml me 1101 même longueur que lia ligne standard. Ce que le sujet ( ( Le conformisme<strong>de</strong> l'expérience ne sait pas, c'est que les quatre autres est une facetteétudiants sont en fait <strong>de</strong>s collègues <strong>de</strong><strong>de</strong> l'honune, lal'expérimentateur; le sujet se trouve toujours ensingularité est<strong>de</strong>rnier pour qu'il exprime sa réponse après avoirentendu ce que les autres disent. Us fournissent leursl'autre. ) )réponses. Au début, les réponses <strong>de</strong>s comparses sont Carl Jung, 1980bonnes, puis pour l'une <strong>de</strong>s questions, tous fournissentla réponse A, qui est incorrecte. Que va répondre lesujet <strong>de</strong> l'expérience? La fausse réponse A (conformiste), la réponse correcte B, ou lafausse réponse C (anticonformiste) ?Environ un tiers <strong>de</strong>s participants étaient influencés au point <strong>de</strong> se conformer augro upe. Certains ont donné la bonne réponse, mais étaient clairement mal à l'aise.C'était une démonstration majeure du conformisme.Les étu<strong>de</strong>s ultérieures L'expérience d'Asch aété reproduite à <strong>de</strong> nombreuses reprises, en modifiantdiverses caractéristiques pour voir ses effets( ( Après tout,sur le conformisme.l'idéal américain• La difficulté et l'ambiguïté <strong>de</strong> la t&he : plus la tâche est est que chacundifficile ou plus le stimulus est ambigu, plus les sujets puisse être aussitiennent compte <strong>de</strong>s autres comme sources i<strong>de</strong>ntique qued'information, surtout lorsqu'il s'agit d'opinions et possible auxd'aptitu<strong>de</strong>s qui ont un lien avec la réahté sociale.autres. ))• La nature du stimulus: le conformisme varieénormément en fonction du type <strong>de</strong> jugement que les James Baldwin, 1955individus doiventfaire: plus le problème est clair et factuel, moins il y a<strong>de</strong> conformisme.• La certitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la source: plus une personne est sûre <strong>de</strong> la fiabilité et <strong>de</strong> la pertinence<strong>de</strong> la source d'influence, plus elle a <strong>de</strong> probabilités <strong>de</strong> s'y conformer.• La. taille du groupe: les chercheurs débattent sur le fait que la relation entre la tailledu groupe et le conformisme est linéaire (plus le groupe est grand, plus son influenceest puissante) ou curvilinéaire (c'est un nombre optimal <strong>de</strong> personnes qui a le plusd'influence; au-<strong>de</strong>là, l'influence se réduit) ; il semble que cette <strong>de</strong>rnière conceptionest la plus pertinente.-1955 Annees 1960 Annees 1980emière étu<strong>de</strong> sur la personnalité Publication d'étu<strong>de</strong>s sur les différences Le concept <strong>de</strong> conformisme est utilisé<strong>de</strong>s personnes conformistes culturelles concernant le çonformisme dans <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> vente


102 lia per oooallté et la société• Lunanimité du jugement du groupe: plus le jugement d'un groupe est unanime, plusil suscite <strong>de</strong> conformisme; un petit niveau <strong>de</strong> divergence au sein <strong>de</strong> la majoritéentraîne une forte réduction du conformisme.• La composition et l'attrait du groupe : les grollpes cohésifs <strong>de</strong> statut élevé et leshommes prestigieux ont tendance à générer le plus <strong>de</strong> conformisme: plus le groupeest attirant, plus une personne a <strong>de</strong> probabilités d'être influencée par lui.• L acceptation du groupe: les individus ayant un statut important possè<strong>de</strong>nt un« crédit idiosyncratique » et peuvent dévier, comme le font les membres du groupe <strong>de</strong>statut inférieur ou rejetés; les individus <strong>de</strong> statut intermédiaire sont généralementceux qui se conforment le plus.• Le comportement public ou privé: les individus ont plus tendance à se conformerquand on leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'exprimer leur opinion ou <strong>de</strong> se comporter en public quelorsqu'ils doivent le faire en privé. L'anonymat a un impact très puissant sur leconformisme.• Le succès ou l'échec antérieur du groupe: une personne se conforme plus à un groupequi a une histoire marquée par <strong>de</strong>s succès que par <strong>de</strong>s échecs.• La constance <strong>de</strong> la minorité: une minorité convaincue qui maintient ses positions aufil du temps, formant un sous-groupe représentatif d'individus, peut fortementinfluencer l'opinion <strong>de</strong> la majorité. Le plus important est que la minorité maintienneune position constante si elle désire avoir un effet sur la majorité.Pourquoi suivre les autres ? La questionfondamentale est <strong>de</strong> savoir pourquoi les individus se( ( PourT.I0i conforment aux autres. Une réponse rapi<strong>de</strong> est qu'ils<strong>de</strong>vez-vous etre veulent avoir ra ison et être aimés. Ils réagissent auxnon-oonfonniste, influences informationnelles et aux influencesconune n'importe normatives.qui d'autre? ) ) Les individus regar<strong>de</strong>nt les autres pour repérer <strong>de</strong>ssignaux sur la manière <strong>de</strong> se comporter. Quelle est laJames Thurber, 1948 conduite correcte? Moins nous croyons être informés,et plus nous croyons que ceux qui nous entourent sontinformés, plus nous « suivons la foule ». Ceci paraît être un processus rationnel. Nousnous conformons également parce que nous aimons no us intégrer, être acceptéssocialement. C'est là l'essence même <strong>de</strong> la pression sociale. Nous le faisons en raison<strong>de</strong> notre besoin d'appartenance. Pour être membre d'un groupe, nous <strong>de</strong>vons suivreses règles et ses normes. Ainsi, le conformisme social nous ai<strong>de</strong> à maintenir notreappartenance à un groupe. Nous suivons donc les normes d'un groupe, ou nous lesrejetons, en différents moments et différents lieux. Et nous pouvons même <strong>de</strong>veniranticonformistes.Il y a bien entendu <strong>de</strong>s prédicteurs personnels et culturels du conformisme. Lesindividus ayant peu confiance en eux et ceux qui adoptent une attitu<strong>de</strong>autoritarienne se conforment plus. Ceux qui sont plus matures et ont un fortsentiment <strong>de</strong> soi se conforment moins. Les cultures individualistes ont moins <strong>de</strong>


le conl r lame 1103 pression au conformisme que les culturescollectiv istes. De même, les cultures h omogènesavec une forte idéologie religieuse ou politique onttendance à être plus conformistes.( ( Adoptez le tondu groupe auquelvous appartenez. ) )Le comte <strong>de</strong> Chesterneld,1747obte.rùV-te. Les politiciens, les parents, lesreprésentants <strong>de</strong> commerce et lesenseignants utilisent diverses techniquespour obtenir le conformisme <strong>de</strong>s autres.cc Le pied dans la porte» Deman<strong>de</strong>z unacte anodin (par exemple, la signatured'une pétition, un petit changement)puis <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z quelque chose <strong>de</strong> plusimportant, la chose que vous souhaitezréellement en fait. L:expériencefonctionne si la première <strong>de</strong>man<strong>de</strong> estjuste <strong>assez</strong> forte pour que les individuspensent à ce qu' ils font et qu' ils croientavoir la pleine liberté <strong>de</strong> refuser.L:objectif est <strong>de</strong> les amener à croirequ' ils sont serviables; ils se conformentensuite à la secon<strong>de</strong> requête plusimportante.cc La porte au visage» Ici, vous essayez<strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r quelque chose d'important(par exemple, « S'il vous plait, donnezmoivingt euros » ou « Pouvez-vous meprêter votre voiture? »), puis (après lerefus) vous formulez une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pluspetite. Cette <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qui ressemble àune concession déclenche la réciprocité.Pour que cette stratégie fonctionne, lapremière requête doit être refusée, lasecon<strong>de</strong> doit être faite par la mêmepersonne, et l'individu cible doitressentir une pression pour agir <strong>de</strong>façon réciproque.Cf Ce n'est pas tout» Vous faites uneproposition à quelqu' un, mais avantqu'il répon<strong>de</strong>, vous augmentez l'intérêt<strong>de</strong> cette suggestion: vous baissezle prix, ou vous augmentez la quantité<strong>de</strong> produit ou encore vous rajoutezun extra. Cette métho<strong>de</strong> fonctionneselon les m êmes principes queci-<strong>de</strong>ssus.


104 118 parsa naUlé alla sacléle26 Sacrifice , <strong>de</strong> soi~ .. ou egolsmePourquoi certaines personnes sont-elles <strong>de</strong>s héros, tandis que d'autresignorent la détresse et les appels à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s individus en danger? Pourquoicertains sont-ils heureux <strong>de</strong> sacrifier leur vie pour leur famille mais paspour leurs amis ? Le vrai désintéressement existe-t-il ?Nous nous engageons quotidiennement dans un échange social et une économiesociale. Nous donnons et recevons alternativement. Certains individus viennent enai<strong>de</strong>nt à d'autres individus et font volontairement un certain nombre <strong>de</strong> choses enespérant camoufler leur intérêt personnel. Certains agissent comme bénévoles <strong>de</strong>manière « altruiste » , pour apprendre <strong>de</strong>s compétences, augmenter leurs chances <strong>de</strong>trouver un emploi, être admis dans un groupe, réduire leur culpabilité, développerleur estime <strong>de</strong> soi ou exprimer leurs valeurs personnelles.Le bon Samaritain y a-t-il un type <strong>de</strong> personnalité altruiste? Une étu<strong>de</strong> ai<strong>de</strong>ntifié <strong>de</strong>s individus reconnus po ur leurs actes altruistes. L'étu<strong>de</strong> consistait àetIl Y a une différence entre l'ai<strong>de</strong> et l'altruisme. Dans l'altruisme, lespersonnes ai<strong>de</strong>nt sans espérer <strong>de</strong> récompense d'une source externe.Les <strong>psych</strong>ologues parlent <strong>de</strong> comportement prosocial, expressionqui désigne tout acte réalisé dans le but d'ai<strong>de</strong>r autrui.La motivation peut ou non être altruiste, terme qui caractérisela tendance à ai<strong>de</strong>r les autres, même si cela coûte à la personne.Pour certains individus, cela signifie qu'ils font quelque choseparce qu'ils ressentent <strong>de</strong> l'empathie pour une personnedans le besoin.Annees 1950Parabole du bon SamaritainÉtu<strong>de</strong>s sur les sauveurs <strong>de</strong> Juifssous l'Allemagne nazie


aerlUe d Di ou égoïsm' 105découvrir ce qu'ils avaient en commun. Elle a montré que leprincipal facteur dans leur histoire personnelle était uneexpérience traumatique <strong>de</strong> perte précoce (par exemple, la perted'un parent), puis la rencontre presque immédiate avec unsauveur. Cette étu<strong>de</strong> suggérait que l'altruisme ultérieur servaitcomme moyen <strong>de</strong> faire face à <strong>de</strong>s sentiments douloureux <strong>de</strong>dépendance et à <strong>de</strong>s sentiments <strong>de</strong> colère et d'anxiété liés à laperte.Nous avons tous été témoins <strong>de</strong> voitures qui dépassaient à toutevitesse un automobiliste en panne, tandis qu'une autre s'arrêtaitpour 'l'ai<strong>de</strong>r. Pourquoi certaines personnes ai<strong>de</strong>nt-elles plus qued'autres? Il y a <strong>de</strong>s différences sexuelles, mais elles semblent être liées au typed'altruisme plutôt qu'à sa quantité. Les hommes sont plus nombreux dans lescomportements chevaleresques, audacieux, héroïques, tandis que les femmess'expriment plus par l'attention et le soin.Nous avons tendance à ai<strong>de</strong>r les personnes qui appartiennent aumême groupe ethnique, religieux, linguistique ou démographique.Des étu<strong>de</strong>s interculturelles ont montré que les pays avec <strong>de</strong>scultures communautaires ai<strong>de</strong>nt plus que ceux avec <strong>de</strong>s culturesindividualistes. Un autre résultat concerne le motespagnolsimpatico, qui signifie « amical », « serviable» et« poli».Certaines étu<strong>de</strong>s ont montré que les individus <strong>de</strong>s payshispanophones et latino-américains ont le niveau d'altruisme leplus élevé.Un domaine <strong>de</strong> la recherche s'est intéressé à l'importance duprincipe « se sentir bien; agir bien ». Diverses étu<strong>de</strong>s ont constatéque lorsque les individus sont <strong>de</strong> bonne humeur, ils ont plus <strong>de</strong>probabilités d'ai<strong>de</strong>r. Faites un petit ca<strong>de</strong>au à quelqu'un, jouez <strong>de</strong> lamusique entraînante, félicitez un individu, et vous verrez cespersonnes donner volontairement plus aux autres. Il y a cependantaussi <strong>de</strong>s données en faveur <strong>de</strong> l'hypothèse <strong>de</strong> soulagement <strong>de</strong>l'humeur négative, selon laquelle les gens tristes et stressés ai<strong>de</strong>nt~ ( L"'altruiste"s attend à laréciprocité <strong>de</strong> lapart <strong>de</strong> la sociétéenvers lui-mêmeet envers sesproches. ))Andrew Marvell, 1850( ( La culpabilité,l'auto<strong>de</strong>struction,le désir sexuel etle conflit intérieurrelatif àl'homosexualitésont les forcesfondaIllentales quisous-ten<strong>de</strong>nt lagénérosité etl'altruisme. ) )Sigmund Freud, 1930parfois les autres pour se sentir mieux et réduire leur tristesse. De même, <strong>de</strong>s gens quise sentent coupables augmentent leur serviabilité, semble-t-il pour réduire leurculpabilité. Tout cela signifie que <strong>de</strong>s facteurs très temporaires qui affectent notrehumeur peuvent réellement influencer l'ai<strong>de</strong> que nous apportons aux personnes dansle besoin.19G8 1980 Annees 1990Étu<strong>de</strong>s sur l'intervention Publication <strong>de</strong> l'ouvrage Les associations humanitaires<strong>de</strong> témoins Le Gène ègoïste, <strong>de</strong> Oawkins cherchent comment utiliserl'altruisme


106 lia per ennalilé 81 la ocléléDes spéculations freudiennes Les <strong>psych</strong>analystes cherchent toujours <strong>de</strong>ssignifications profon<strong>de</strong>s aux comportements, surtout lorsqu'ils considèrent que ces<strong>de</strong>rniers expriment un conflit intérieur sous-jacent. Ils voient le comportementaltruiste comme la manifestation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux motivations très différentes. Certains actesgénéreux sont le fait d'une i<strong>de</strong>ntification avec la « victime ». Les personnes altruistess'i<strong>de</strong>ntifient avec <strong>de</strong>s figures serviables <strong>de</strong> leur passé, telles que leurs parents ou <strong>de</strong>senseignants.Mais les freudiens croient aussi que l'altruisme peut être une défense contre unepulsion négative: un syndrome névrotique pour faire face à l'anxiété, la culpabilitéou l'hostilité. Ainsi, un enfant malheureux peut <strong>de</strong>venir un homme généreux. Aulieu <strong>de</strong> se sentir impuissant envers les personnes en besoin, il les ai<strong>de</strong>, recevant ainsiautant qu'il donne.D'autres peuvent faire face à leur culpabilité relative à leur propre avidité endonnant. Certains s'en<strong>de</strong>ttent, calmant ainsi leur culpabilité. Plus encore, etparadoxalement, les freudiens parlent <strong>de</strong> don fondé sur l'hostilité: le donneur masqueson agressivité en étant serviable.( ( Je sacrifie La <strong>psych</strong>ologie évolutionniste <strong>de</strong> l'altruisme Un principecentral <strong>de</strong> cette approche est le concept <strong>de</strong> «mon existence sélection <strong>de</strong> parentèle».pour <strong>de</strong>uxPlus une personne partage <strong>de</strong> gènes avec vous, plus vous avez <strong>de</strong>frères ou huit»)probabilités <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong>r. Vous assurez ainsi la survie <strong>de</strong> vos propres gènesen aidant ceux qui ont les mêmes gènes que vous. La règle <strong>de</strong>cousins. l'importance biologique s'implante dans le comportement humain etJ.B.S. Haldane, 1974n'est pas consciente.Cependant, les évolutionnistes suggèrent la n07'me <strong>de</strong> 1'éciprocité, quiconsiste en un comportement <strong>de</strong> « donnant-donnant» qui suppose que le fait d'ai<strong>de</strong>rles autres augmente \a probabilité qu'ils vous ai<strong>de</strong>nt en retour. Au sens strict, il s'agitd'ai<strong>de</strong> plutôt que <strong>de</strong> comportement altruiste. On a cependant suggéré que lesindividus qui mettent en pratique les normes et la culture d'une société survivrontmieux car les cultures enseignent <strong>de</strong>s compétences <strong>de</strong> survie et <strong>de</strong>s comportementscoopératifs. Les individus <strong>de</strong>viennent ainsi génétiquement programmés pourapprendre <strong>de</strong>s normes culturelles d'altruisme. Cependant, la capacité <strong>de</strong>s explicationsévolutionnistes lorsqu'il s'agit <strong>de</strong> rendre compte d'altruisme héroïque et <strong>de</strong> sacrifice<strong>de</strong> sa propre vie pour <strong>de</strong>s étrangers complets semble très peu convaincante.Le contexte et les décisions Des facteurs situationnels peuvent être plusimportants que les facteurs personnels. Les personnes qui vivent dans les petites villesou à la campagne ont plus <strong>de</strong> probabilité d'offrir <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong> que les habitants <strong>de</strong>sgran<strong>de</strong>s cités. L'hypothèse <strong>de</strong> la surcharge urbaine suggère que les individus vivantdans <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s viUes très peuplées ai<strong>de</strong>nt moins que ceux vivant à la campagneparce qu'ils sont bombardés et submergés par routes sortes <strong>de</strong> stimulations.Plus une personne a vécu dans un lieu et s'i<strong>de</strong>ntifie à cette communauté, plus elle a<strong>de</strong> probabilités d'ai<strong>de</strong>r. Plus il y a <strong>de</strong> mobilité géographique (déménagements


acrlflce e sol ou é Di mal 107fréquents dans une certaine zone), moins la communauté est stable et moins il y ad'ai<strong>de</strong>, quelle qu'elle soit. Les individus qui entretiennent <strong>de</strong>s relations investissentplus dans l'avenir à long terme <strong>de</strong> leur communauté et ont donc plus <strong>de</strong> probabilitéd'offrir <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong>.Sans doute, le résultat le plus célèbre et le plus contre-intuitif dans ce domaine estl'effet témoin. Il montre que le nombre n'offre pas la sécurité. Idée clé, plus il y a <strong>de</strong>témoins d'une urgence ou J'une situation nécessitant <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong>, moins il y a <strong>de</strong>probabilités qu'un individu ai<strong>de</strong>.Cette recherche a conduit au développement du modèle <strong>de</strong> la décision en cinq étapespour l'intervention <strong>de</strong> témoins. Il affirme que les individus doivent passer par cinqétapes avant d'offrir leur ai<strong>de</strong>:• ils doivent évi<strong>de</strong>mment constater l'événement. Les personnes pressées, qui par1lentdans leur téléphone mobile ou qui sont distraites par autre chose peuvent simplementne pas remarquer une situation d'urgence;• ils doivent interpréter la scène comme étant une urgence, où l'a i<strong>de</strong> est requise. Denombreuses situations d'urgence sont peu daires. Les gens regar<strong>de</strong>nt ceux qui lesentourent pour obtenir <strong>de</strong>s indices. Si les autres ne semblent pas concernés, ils ontpeu <strong>de</strong> probabilités <strong>de</strong> réagir. L'ambiguïté situationnelle conduit à la fausseinterprétation et à l'apathie;• ils doivent assumer une certaine responsabilité. Ils doivent déci<strong>de</strong>r que la situationrelève <strong>de</strong> leur responsabilité d'ai<strong>de</strong>r, pas <strong>de</strong> celle <strong>de</strong>s autres. Le problème repose surleurs épaules;• ils doivent sentir qu'ils savent comment ai<strong>de</strong>r. Les gens n'offrent pas d'ai<strong>de</strong> pourtoutes sortes <strong>de</strong> raisons liées à la compétence auto-perçue. L'ignorance perçue relativeaux difficultés mécaniques signifie que les gens pourront ne pas ai<strong>de</strong>r unautomobiliste en panne;• ils doivent déci<strong>de</strong>r d'ai<strong>de</strong>r. Les gens n'assistent pas les autres pour diverses raisons.Ils peuvent être gênés par le souvenir d'une proposition d'ai<strong>de</strong> qui a été refusée enraison d'une interprétation erronée <strong>de</strong> la situation. Dans <strong>de</strong>s sociétés procédurières, ilspeuvent s'inquiéter <strong>de</strong>s conséquences légales du fait d'ai<strong>de</strong>r dans certaines situations(jeunes enfants, vêtements déchirés) ou simplement en raison du coût trop élevé (entermes <strong>de</strong> temps et éventuellement en termes financiers) .idée cléaltruisllle existe-t-il ?


lOB Il p rBonnallte el la Boclete2La dissonancecognitiveLa plupart d'entre nous ressentons le besoin <strong>de</strong> justifier nos actions, aussisurprenantes et bizarres soient-elles. Les individus qui fument savent que 1a dépendance à la nicotine est dangereuse pour la santé. Mais ce sontsouvent <strong>de</strong>s maîtres en autojustification. Ils tiennent <strong>de</strong>s propos tels que:« Fumer n'est pas aussi dangereux qu'on le prétend» ou: «J'ai un oncle quia fumé soixante cigarettes parjour pendant soixante-dix ans et qui est mortheureux à 90 ans. »La théorie La théorie <strong>de</strong> la dissonance cognitive affirme que lorsque nous agissonsen contradiction avec nos croyances et attitu<strong>de</strong>s, nous éprouvons un état négatifappelé « dissonance cognitive », que nous essayons d'éliminer en changeant nosattitu<strong>de</strong>s ou notre comportement (ou les <strong>de</strong>ux) pour réduire l'incohérence. End'autres termes, nos attitu<strong>de</strong>s changent parce que nous sommes fortement motivéspour maintenir la cohérence <strong>de</strong> nos croyances et pensées (cognitions). Nous sommespuissamment motivés à parvenir à la consonance. Ainsi, les changements <strong>de</strong>comportement peuvent conduire à un changement d'attitu<strong>de</strong> plusfacilement que le processus inverse.« Si l'art <strong>de</strong> la La dissonance cognitive met l'accent sur « l'effet <strong>de</strong> la justificationmagie consiste insuffisante» : quand nos actions ne sont pas pleinement expliquéesessentiellement àpar <strong>de</strong>s récompenses externes (telles que <strong>de</strong> l'argent) ou la contrainteproduire <strong>de</strong> la (par exemple <strong>de</strong>s ordres), nous éprouvons <strong>de</strong> la dissonance, quedissonance, et si nous pouvons réduire en justifiant ce que nous avons fait.la nature humainea horreur <strong>de</strong> la Les conditions La dissonance est activée et doit être réduitedissonance, lors <strong>de</strong> situations très spécifiques. Le simple fait <strong>de</strong> constater quepourquoi l'art <strong>de</strong> notre comportement est en contradiction avec nos attitu<strong>de</strong>s estla magie est-il si insuffisant. Tout d'abord, les individus doivent ressentir que leurflorissant? ) )attitu<strong>de</strong> est librement choisie, complètement volontaire et qu'ilsen sont personnellement responsables. S'ils agissent sous laR. B. Zajonc, 1960 pression d'une force externe, sous la menace ou par manque <strong>de</strong>Écrits sur le « principe <strong>de</strong> constance". 1946Théorie <strong>de</strong> l'équilibre <strong>de</strong> Hei<strong>de</strong>r


la issonance cognitive 109( ( L'hypothèse <strong>de</strong> la dissonance cognitive [...], semble fondée sur une sensation <strong>de</strong> gêne spécifique à la culture <strong>de</strong>s Anléricains, qui la ressentent lorsqu'ils sont incohérents d'une fois à l'autre ou lorsqu'ils ont <strong>de</strong>s objectifsmutuellement contradictoires. ) )N. Much, 1995choix, la dissonance n'est pas nécessairement activée. Une recherche a testé cela en <strong>de</strong>mandant ou en ordonnant à <strong>de</strong>s étudiants d'écrire un texte favorable à un thème polémique avec lequd ils étaient en désaccord. Les changements <strong>de</strong> croyance les plus importants se sont produits chez ceux qui ont écrit le texte sans contrainte. Deuxièmement, les individus doivent sentir que leur comportement, contradictoire avec leur attitu<strong>de</strong>, est fermement impliqué et irrévocable. Si le comportement est facilement modifiable, cela diminue la dissonance. On a dit aux sujets d'une étu<strong>de</strong> qu'ils pouvaient rencontrer ou non une personne qu'ils avaient publiquement critiquée. Ceux qui croyaient qu'ils pouvaient s'excuser ressentaient moins <strong>de</strong> dissonance que ceux qui ne pouvaient pas revenir sur ce qu'ils avaient dit. Troisièmement, ils doivent croire que leur comportement a <strong>de</strong>s conséquences importantes pour eux-mêmes et pour d'autres. Si les conséquences sont minimes ou banales, il est peu probable qu'ils éprouvent une dissonance. Enfin, les individus éprouvent la plus forte dissonance lorsque les attitu<strong>de</strong>s et le comportement en jeu sont essentiels pour leur estime <strong>de</strong> soi et leurs valeurs. Dans une autre recherche, on a <strong>de</strong>mandé à <strong>de</strong>s étudiants d'écrire <strong>de</strong>s textes qui exprimaient <strong>de</strong>s opinions <strong>assez</strong> différentes <strong>de</strong>s leurs. Les écrits <strong>de</strong> certains étaient ignorés, voire déchirés, tandis qu'on disait à d'autres étudiants que leur texte serait utilisé pour une publicité ou diffusé sur Internet. Ceux dont l'écrit (en désaccord avec leurs attitu<strong>de</strong>s) <strong>de</strong>vait être publié étaient les plus motivés à modifier leurs attitu<strong>de</strong>s pour éliminer la dissonance.Les paradoxes <strong>de</strong> la dissonance La théorie établit les résultats suivants:• si une personne est forcée <strong>de</strong> se comporter d'une manière contraire à ses croyances, elle éprouvera <strong>de</strong> la dissonance ; • plus la force contraignant le comportement est importante, moins la dissonance apparaît, et vice versa; • la dissonance peut être réduite en changeant les attitu<strong>de</strong>s ;• le changement d'attitu<strong>de</strong> est le plus important lorsque les forces conduisant à l'action sont paradoxalement minimes. 1957 Annees 1960 Annees 1980Description <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong> la dissonance Premières étu<strong>de</strong>s sur la dissonance La théorie est largement utiliséecognitive, par Festinger à la suite d'une décision dans les « communicationspersuasives»


11 0 la personnalité et 1 sociétéCeci a été illustré dans une célèbre étu<strong>de</strong> menée en 1959. Trois groupes d 'étudiantsont été rassemblés pour réaliser une tâche lo ngue, ennuyeuse et monotone. Certainsont été payés un dollar, certa ins vingt dollars et les membres du groupe <strong>de</strong> contrô le nereceva ient rien. On les questionna it ensuite sur la tâche. Ceux payés seulement undollar s'étaient persuadés que la tâche éta it plus agréable et intéressan te que ceuxpayés vingt d o llars. Les personnes recevant un do llar ont un dilemme : doivent-ellesadmettre qu'elles ont été « achetées» pour une somme dérisoire, une corruption àbo n marché, en somme? Pas facile. Elles réinterprètent donc le sen s <strong>de</strong> l'événementLe pro blème <strong>de</strong> ,la personne recevant vingt do llars est moins important : les personnesacceptent <strong>de</strong> fa ire toutes sortes <strong>de</strong> choses si le salaire est correct.Nous aimons n o us considérer comme <strong>de</strong>s individus honnêtes , gentils, moraux etjustes qui ont peu <strong>de</strong> probabilités <strong>de</strong> fa ire du mal à un innocent. Si donc no us causonsune souffrance à quelqu'un, par exemple en lui criant <strong>de</strong>ssus, en l'ignorant o u mêmeen le frappant, notre dissonance est activée. S i nous ne po uvons pas revenir sur notrecompo rtement en présentant <strong>de</strong>s excuses ou en offrant une compensation , le meilleurmoyen <strong>de</strong> résoudre notre dilemme est <strong>de</strong> dénigrer encore plus la victime ensoulignant à quel point elle est m auvaise, méritant pleinement le mauvais traitementque nous lui avons fait subir.La dissonance, les techniques <strong>de</strong> vente et la persuasion Lesreprésentants <strong>de</strong> co mmerce savent que la cohérence est valorisée dans la société:l'incohérence peut être perçue comme <strong>de</strong> l'hypocrisie ou <strong>de</strong> la malhonnêteté. LaLe.s v-·~te.sLa théorie <strong>de</strong> la dissonance cognitive préditégalement la raison pour laquelle les individusen viennent à aimer et à approuver ce dont ilsont souffert. Ainsi, ceux qui subissent <strong>de</strong>spunitions corporelles (en étant frappés àl'école) affirment que cela leur a fait du bien, etque d'autres peuvent aussi en tirer profit. Demême, ceux qui subissent <strong>de</strong>s rites d'initiationdouloureux ou humiliants pour appartenir à ungroupe ont tendance à valoriser et soutenirultérieurement cette expérience. La théorie <strong>de</strong>la dissonance suggère que nous justifions nosexpériences douloureuses en survalorisant lestatut du groupe qui a causé notre souffrance.Dans une étu<strong>de</strong>, on a <strong>de</strong>mandé à <strong>de</strong>s femmes<strong>de</strong> juger le niveau d'intérêt d'une discussion <strong>de</strong>groupe plutôt ennuyeuse et vaine sur lasexualité. Elles <strong>de</strong>vaient être sélectionnéespour accomplir cette tâche. Un groupe <strong>de</strong>vaitsimplement lire une liste <strong>de</strong> mots avec <strong>de</strong>ssignifications moyennement sexuelles (parexemple « prostituée »l. tandis que d'autres<strong>de</strong>vaient lire <strong>de</strong>s obscénités et <strong>de</strong>s passagesexplicitement érotiques. Le but était <strong>de</strong> rendre'la sélection soit très gênante soit nonproblématique. La prédiction, qui a étéconfirmée par les résultats, était que lespersonnes mises en situation <strong>de</strong> gênejustifieraient leur « test <strong>de</strong> sélection », enévaluant la discussion comme bien plusintéressante que les personnes du groupe nonconfrontées à <strong>de</strong> la gêne.


la di sonance cognlOve 1111cohéren ce n ous rend également p lus effi caces parceque no us n 'avons pas à passer par un processus <strong>de</strong>décision à chaque fo is que nous sommes confrontésà une n ouvelle situation .L' idée est, que lorsq ue no us fa isons un cho ix ou quenous prenons un engagemen t, no us rencontro nsune pression personnelle et interpersonnelle pouragir en accord avec cet engagement. C 'est po urquo iles ven<strong>de</strong>urs posent <strong>de</strong>s questio ns telles que:« L'achèteriez-vous si le prix éta it correct? » Leurobjectif est que vous vous engagiez, si possiblerapi<strong>de</strong>ment, et sans vra iment réfléchir, car vousvous sentirez ensuite obligé d 'h onorer votreengagement.Ainsi, les « professionnels <strong>de</strong> l'obé issance» - lesmé<strong>de</strong>cins, les ven<strong>de</strong>urs et les en seign ants - essaientd'amener l'individu à prend re un engagementverbal qui soit en accord avec le compo rtementqu'ils souha itent lui <strong>de</strong> man<strong>de</strong>r ultérieure ment. Cesengagements fo nctionnent mieux lo rsqu' ils sontpris publiquement, qu' ils ex igent un certa in effortet appara issent totalement volonta ires. Lesindivid us ajoutent souvent <strong>de</strong> n ouvellesjustifications po ur confirmer la sagesse d e leurdécision antérieure. N o tre motivatio n à rechercherla cohérence constitue do nc une arme puissantedans la panoplie <strong>de</strong>s ven <strong>de</strong>urs, no us amen antsouvent à agir d'une manière qui n 'est pas dansnotre intérêt.L~ d:\ssoY\~Y\Ce.~pv-è.s dé.c\s·\OY\De nombreuses décisions importantes,telles qu'accepter un emploi ou acheterune maison, impliquent <strong>de</strong>s choixdifficiles. Beaucoup <strong>de</strong> personnesétablissent la liste <strong>de</strong>s avantages etinconvénients pour les ai<strong>de</strong>r à faire unchoix bien informé. En ce sens, lesindividus sont douloureusementconscients <strong>de</strong> leur dissonance cognitive.De multiples étu<strong>de</strong>s ont montré quenous justifions nos décisions après lesavoir prises en survalorisant notredécision et en dévalorisant le choix quenous avons écarté. On a appelé ceprocessus « nostalgie <strong>de</strong> l'acheteur ».Après un achat (mais non avant), lesindividus lisent plus souvent et avecplus d'intérêt et <strong>de</strong> détail les publicitéspour le produit qu' ils ont acheté. Aprèsla décision, l' herbe paraît moins vertedans le champ d'à-côté.Ainsi, les étu<strong>de</strong>s ont montré que lesjoueurs ont plus confiance dans leurschances <strong>de</strong> gagner après avoir miséqu'avant. Les électeurs ont une opinionplus positive envers le candidat <strong>de</strong> leurchoix après le vote qu'avant.idée clé ouloir éviter l'incohérence nstitu lUle pllis ante Inotivation


112 11a perso nalné el la oclété2~ Le fauxraisonnementdu joueurChère Abby, mon mari et moi avons eu notre huitième enfant. C'est uneautre f"ùle, et je suis une femme très déçue. Je suppose que je <strong>de</strong>vraisremercier Dieu qu'elle soit en bonne santé, mais, Abby, cet enfant étaitsupposé être un garçon. Même le docteur m'a dit que la loi <strong>de</strong>s moyennesnous donnait un avantage <strong>de</strong> 100 pour 1.D'après la chronique Dear Abby, par Abigail van Buren, United Press Syndicate.Depuis le philosophe romain Cicéron, la Renaissance et jusqu'à nos jours, <strong>de</strong>s prêtres,<strong>de</strong>s mathématiciens et <strong>de</strong>s scientifiques se sont consacrés à la découverte <strong>de</strong>s Lois <strong>de</strong> LaprobabiLité. Cependant, pour beaucoup <strong>de</strong> personnes, Le domaine du hasard, du risque( ( La probabilitéest le véritablegui<strong>de</strong> <strong>de</strong>l'existence. ) )Cicéron, 100 avant J.-C.et <strong>de</strong>s probabilités <strong>de</strong>meure mystérieusement opaque. Prenez Le cas,par exempLe, du mé<strong>de</strong>cin qui a dit à la femme présentée ci-<strong>de</strong>ssusque sa probabiLité d'avoir un garçon était <strong>de</strong> 100 pour 1. En fait,avant L'accouchement, iL y avait seulement <strong>de</strong>ux résuLtats possibLes:une fille ou un garçon. Ainsi, la probabiLité qu'elle ait un garçonn'était pas <strong>de</strong> 100 pour 1, mais <strong>de</strong> 1 pour 1. Comment Le mé<strong>de</strong>cina-t-il fait cette erreur? La réponse à cette question moins simpLequ'il n'y paraît nous apprend beaucoup sur notre manière <strong>de</strong> penser.La ville construite sur une erreur <strong>de</strong> raisonnement Le mé<strong>de</strong>cin a cruque les chances <strong>de</strong> sa patiente d'avoir un garçon étaient élevées parce qu'elle avaitdonné naissance à sept filles les unes après les autres. Les joueurs à la roulette quimisent sur le rouge parce que les sept <strong>de</strong>rniers nombres étaient noirs utilisent la mêmelogique. Le problème est qu'une roulette n'a pas <strong>de</strong> mémoire; chaque tour estindépendant du précé<strong>de</strong>nt. La probabilité du rouge est exactement la même, quel quesoit le nombre <strong>de</strong> fois où le noir est sorti auparavant. De même, la probabilité d'avoirun garçon n'a rien à voir avec les naissances précé<strong>de</strong>ntes. l'échec à reconnaître celaCicéron: les décisions <strong>de</strong>vraientêtre fondées sur les probabilités1713 Bernouilli : les probabilitéspeuvent être prédites;


1 laux raisonnement dU Joueur 1113 s'appelle le « faux raisonnement du joueur» ou « faux raisonnement <strong>de</strong> Monte Carlo », probablement parce qu'il est à l'origine <strong>de</strong> la richesse du casino <strong>de</strong> cette ville. Le faux raisonnement du joueur est important pour les <strong>psych</strong>ologues car il leur fournit une porte d'entrée pour comprendre la façon dont les individus élaborent <strong>de</strong>s jugements complexes. Les heuristiques <strong>de</strong> représentativité De multiples tâches <strong>de</strong> jugementconcernent <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s cognitives qui se situent au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> notre capacité <strong>de</strong>traitement <strong>de</strong> l'information. Lorsque c'est le cas, nous faisons face à la situation ennous reposant sur <strong>de</strong>s stratégies connues, appelées heuristiques,<strong>de</strong>s raccourcis mentaux qui nous permettent d'opérer <strong>de</strong>sjugements rapi<strong>de</strong>ment et efficacement. Ces règles généra:tes sonti<strong>de</strong>ntiques aux intuitions; elles nous permettent <strong>de</strong> fonctionnersans nous arrêter constamment pour penser aux problèmes à( ( L'esprit a sesillusions, conune lavue a ses illusionspartir <strong>de</strong> principes <strong>de</strong> base. La difficulté est que, bien que les d'optique. ) )heuristiques soient souvent utiles, elles peuvent aussi nousinduire en erreur. Un exemple est l'heuristique <strong>de</strong> représentativité, Pierre Simon Laplace, 1825laquelle établit, dans sa forme la plus simple, que nous <strong>de</strong>vrions juger la probabilité d'un événement selon sa capacité à bien « représenter» notre expérience. Par exemple, le soleil se lève toujours à l'est, nous avons donc probablement raison si nous affirmons qu'il en sera toujours ainsi. Il ne se lève jamais à l'ouest, c'est donc une bonne supposition que ce ne sera jamais le cas. L'heuristique <strong>de</strong> représentativité nous conduit généralement à <strong>de</strong> bons jugements, mais pas toujours. Prenez, par exemple, le problème suivant: Toute· les fa milles <strong>de</strong> six enfants d'une ville sont étudiées. Dans 72 familles, l'ordreexact <strong>de</strong> nai 'sanc <strong>de</strong>s garçons et <strong>de</strong>s filles est FGFGGF (F = fille; G = garçon).À v rre vis, comhien <strong>de</strong> fam illes présentent cet ordre exact <strong>de</strong> na i ances:~FGGGG ?Puisque chaque naissance est un événement indépendant, ces <strong>de</strong>ux ordres <strong>de</strong>naissance ont la même probabilité <strong>de</strong> survenir (comme d'ailleurs, tous les ordres <strong>de</strong>naissance). Cependant, lorsque le lauréat du prix Nobel Daniel Kahneman, et soncollaborateur Amos Tversky, ont posé la question à un groupe d'universitaires, plus <strong>de</strong>80 % ont cru que le second ordre <strong>de</strong> naissance était moitié moins probable que lepremier. Leur raisonnement a fonctionné comme ceci: la première séquence avaittrois filles et trois garçons; un rapport qui représente mieux la population généraleque le rapport <strong>de</strong> cinq pour un du second ordre <strong>de</strong> naissance. Puisque le premier ordre; 1770 1957 1972Laplace: les faux raisonnements H. Simon: les Jugements <strong>de</strong>passent Kahneman etTversky :sont <strong>de</strong>s illusions cognitives les capacités cognitives les heuristiques <strong>de</strong> jugement


114 118 personnalité et la société<strong>de</strong> naissance est plus « représentatif", il est considéré comme plus probable. Pour lemé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> la femme déçue, sept filles à la suite ne sont pas représentatives <strong>de</strong> ladistribution « moitié-moitié " <strong>de</strong>s garçons et <strong>de</strong>s filles dans la population; il a doncprédit que le prochain bébé serait un garçon.Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s paris La représentativité est une heuristique contraignante; ellepeut même entraîner <strong>de</strong>s attaques <strong>de</strong> panique. Par exemple, on observe parfois quecertains lieux <strong>de</strong> travail, <strong>de</strong>s écoles ou <strong>de</strong>s hôpitaux présentent un nombre plusimportant <strong>de</strong> cancers que la « normale " . On appelle cela <strong>de</strong>s « grappes (clusters) <strong>de</strong>cancer " . La réponse habituelle est <strong>de</strong> chercher une cause environnementale: <strong>de</strong>slignes à haute tension, par exemple, ou 1a qualité <strong>de</strong> l'air ou encore les on<strong>de</strong>s émisespar les antennes <strong>de</strong> téléphonie mobile. Les pressions du public conduisent lesautorités sanitaires à consacrer leurs maigres ressources à en rechercher la cause. Maiselles en trouvent rarement une car l'observation était faussée dès le départ. S'attendreà ce que toute construction et tout lieu <strong>de</strong> travail ait le même nombre <strong>de</strong> cancers quedans la population générale est i<strong>de</strong>ntique au fait <strong>de</strong> s'attendre à ce que chaque familleait le même nombre <strong>de</strong> garçons et <strong>de</strong> fiUes ou que chaque tour <strong>de</strong> roulette ait le mêmenombre <strong>de</strong> résultats noirs et rouges. Les événements aléatoires produisent <strong>de</strong>sgrappes; ne pas comprendre cela cause <strong>de</strong>s paniques inutiles et gaspille <strong>de</strong> précieusesressources qui seraient mieux utilisées pour résoudre <strong>de</strong> vrais problèmes plutôt que <strong>de</strong>sdifficultés imaginaires.Comprendre le risque Les économistes comportementaux ont montré à quelpoint les individus ont du mal à raisonner statistiquement. Prenons l'exemplesuivant: « Fred est décrit par ceux qui le connaissent comme quelqu'un <strong>de</strong> calme,studieux, introverti. Il est attentif aux détails, peu assertif et pas particulièrementsociable. " Pensez-vous qu'il a plus <strong>de</strong> probabilités d'être bibliothécaire ou ven<strong>de</strong>ur?Voici un moyen <strong>de</strong> rentabiliser votreréaliste, rares sont les personnes quiconnaissance <strong>de</strong> la <strong>psych</strong>ologie. Si vous jouez choisissent ces séries <strong>de</strong> nombres. Puisqueau Loto et que vous souhaitez maximiser vos toutes les séries ont la même chance <strong>de</strong> sortirmises, choisissez six nombres successifs(en fait, pratiquement aucune chance), vous(1,2,3,4,5 et 6 ou 22, 23,24,25,26 et 27, n'avez ni plus ni moins <strong>de</strong> probabilités <strong>de</strong>ou tout autre série <strong>de</strong> six). Puisqu'ils negagner en choisissant six numéros successifs.« représentent» pas ce que la plupart <strong>de</strong>s Mais si, par chance, vos nombres sortent, vousindividus considèrent comme un résultatne partagerez votre gain avec personne.


l'aux raisonnement du Joueu1115 Comhien êtes-vous prêt à parier sur votre réponse? C'est évi<strong>de</strong>nt: c'est lebibliothécaire type. Mais atten<strong>de</strong>z: combien <strong>de</strong> bibliothécaires et <strong>de</strong> ven<strong>de</strong>urs y a-t-ildans cette ville? Il y a probablement cent fois plus <strong>de</strong> ven<strong>de</strong>urs que <strong>de</strong>bibliothécaires. Et les ven<strong>de</strong>urs sont très différents entre eux, en fonction <strong>de</strong> ce qu'ilsven<strong>de</strong>nt. Fred vend peut-être <strong>de</strong>s équipement techniques très spécialisés pour <strong>de</strong>sscientifiques. On appelle ce problème « l'ignorance du taux <strong>de</strong> base» ; il estnécessaire <strong>de</strong> connaître la probabilité globale dans toute situation.Connaître vos chances Quelles sont vos chances <strong>de</strong> gagner à la loterie? Plusfaibles que d'être frappé par la foudre, mordu par un serpent venimeux ou être victimed'un acci<strong>de</strong>nt d'avion . Les gens sont effrayés par les requins dans <strong>de</strong>s eaux olt il n'yena jamais eu à cause du film Les Dents <strong>de</strong> la mer, sorti il y a plus <strong>de</strong> rrente ans. Il en est<strong>de</strong> même <strong>de</strong>s polices d'assurance. Devez-vous vous assurer contre les acci<strong>de</strong>nts d'avionou contre les cambriolages? Contre ces <strong>de</strong>rniers, bien entendu, car ils sont bien plusfréquents: les acci<strong>de</strong>nts d'avion sont heureusement très rares.À côté du problème du taux <strong>de</strong> base, il y a également le célèhre « biais <strong>de</strong> grosseur»qui conduit à <strong>de</strong>s erreurs statistiques. Les individus accor<strong>de</strong>nt plus d'attention auxgrands nomhres qu'aux petits. Les erreurs <strong>de</strong> ra isonnement mathématique sontsouvent constatées dans la manière dont les individus utilisent leur argent. Gary8elsky et Thomas G ilovich - qui ont écrit un livre en 1999 sur l'économiecomportementate, intitulé Pourquoi les gens intelligents commettent <strong>de</strong> grosses erreursfinanciè7-es, suggèrent quelques conseils utiles pour éviter <strong>de</strong> mauvais raisonnementsstatistiques:1. Ne soyez pas impressionnés par le succès à court terme : examinez toujours lestendances à long terme_2. Jouez selon les probabilités car le hasard joue un grand rôle dans lesinvestissements, et il est facile d'être séduit par <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> hasard à court terme.3. Sachez quand le temps joue en votre faveur: commencez tôt, ne sous-estimez pas lepouvoir <strong>de</strong> l'inflation.4. Faites attention et connaissez les taux <strong>de</strong> base.5. Lisez toujours ce qui est écrit en petits caractères.


116 lia rationalité et 1 re nlulion <strong>de</strong> problème2Jugementet résolution<strong>de</strong> problèmes« Personnellement, je n'ai pas confiance en son jugement. » «Je pensequ'ils créent presque toujours plus <strong>de</strong> problèmes qu'ils n'en résolvent. »«Nous avons besoin <strong>de</strong> former un comité étant donné l'importance <strong>de</strong>cette décision. » La résolution <strong>de</strong> problèmes est au cœur <strong>de</strong> la <strong>psych</strong>ologie<strong>de</strong> la pensée. Elle concerne différents thèmes connexes.La résolution <strong>de</strong> problèmes est une activité intellectuelle orientée vers un objectif.Certains « problèmes » sont résolus <strong>assez</strong> rapi<strong>de</strong>ment, presque automatiquement, caron les rencontre tout le temps. Mais il y a <strong>de</strong>s problèmes qui nécessitent <strong>de</strong> structurerdifféremment sa pensée, <strong>de</strong> la réévaluer et <strong>de</strong> faire preuve <strong>de</strong> perspicacité. La<strong>psych</strong>ologie <strong>de</strong> la forme nous a appris (voir le chapitre 8) que l'expérience antérieurepeut parfois perturber et aggraver la résolution <strong>de</strong>s problèmes, lorsque <strong>de</strong>s réponsesbien connues à un problème ne s'appliquent plus parce que le problème a changé.Les heuristiques Le mot heuristique signifie « découverte ». U est utilisé en<strong>psych</strong>ologie pour décrire une métho<strong>de</strong> (souvent un raccourci) dont se servent lesindividus pour essayer <strong>de</strong> résoudre <strong>de</strong>s problèmes. Les heuristiques( ( Des vérités sont <strong>de</strong>s règles générales. Elles sont parfois construites avec <strong>de</strong>sm.ai.ntenues algorithmes, qui sont <strong>de</strong>s moyens complexes et logiques <strong>de</strong>irrationnellement résoudre <strong>de</strong>s problèmes.peuvent être plus Lors <strong>de</strong> décisions quotidiennes, les individus font appel à une vastenéfastes que <strong>de</strong>s gamme d'heuristiques simples qui sont généralement exactes eterreurs efficaces. Elles sont très utiles quand on essaie <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>sraisonnées. ) )décisions rapi<strong>de</strong>s et sont habituellement utilisées quand il n'est pasfacile d'obtenir plus d'informations. On peut se servir <strong>de</strong> multiplesT. H. Huxley, 1980 heuristiques en même temps pour résoudre un problème.Naissance <strong>de</strong> l'idée <strong>de</strong> brainstorming. 1961Mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la prise<strong>de</strong> décision 'risquée en groupe


Jugement t résolu ion <strong>de</strong> problème 117Nous utilisons les heuristiques pour prendre <strong>de</strong>s décisions lorsque nous sommesincertains, car nous sommes <strong>de</strong>s « avares cognitifs ». Les heuristiques sont <strong>de</strong>s règlessimp'les, efficaces et issues <strong>de</strong>s processus évolutionnistes, ou apprises. Elles ont étéproposées pour expliquer comment les individus prennent <strong>de</strong>s décisions, arrivent àformuler <strong>de</strong>s jugements et à résoudre <strong>de</strong>s problèmes, particulièrement lorsqu'ils sontconfrontés à <strong>de</strong>s problèmes complexes ou à une information incomplète. Examinonsquelques exemples.L'heuristique <strong>de</strong> représentativité Hypothèse selon laqueHe ce sont les membrestypes d'un groupe que l'on rencontre le plus souvent. Elle tend à ignorer l'informationsur le taux <strong>de</strong> base ou l'apparition générale du problème ou dugroupe au sein <strong>de</strong> la population. Les étu<strong>de</strong>s montrent que lesindividus croient que les résultats issus <strong>de</strong> petits échantillonssont aussi vali<strong>de</strong>s que ceux issus <strong>de</strong> vastes populations (voir lechapitre 8).( ( Chacun se plaint<strong>de</strong> sa mémoire, maispersonne ne se plaint<strong>de</strong> son man~e <strong>de</strong>jugement. ) , François <strong>de</strong> la Rochefoucauld, L'heuristique <strong>de</strong> disponibilité Elle concerne la facihi téd'amener à l'esprit <strong>de</strong>s exemples et l'effet que cela a sur le jugement. Des exemples frappants, faciles à mémoriser,très faciles à imaginer, comptent beaucoup plus qu'ils ne 1818<strong>de</strong>vraient. Les individus se souviennent plus facilementd'événements ou d'exemples concrets et exagèrent leur importance ou leurprobabilité d'apparition, comparativement à d'autres exemples moins mémorables.Par ailleurs, les individus pensent qu'ils ont plus <strong>de</strong> probabilités <strong>de</strong> mourir dans unacci<strong>de</strong>nt d'avion que dans un acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> voiture car les premiers sont plus largementrapportés dans les médias et sont plus faciles à mémoriser.L'heuristique d'ancrage Il s'agit d'un biais cognitif qui décrit la tendance humainefréquente à trop s'appuyer, à « s'ancrer» sur un élément d'information lorsqu'on doitprendre une décision. Selon cette heuristique, les individus commencent avec unpoint <strong>de</strong> référence implicite (l'ancre) et font ensuite <strong>de</strong>s ajustements pour parvenir àune évaluation. Dans une étu<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s chercheurs ont <strong>de</strong>mandé à <strong>de</strong>s individus <strong>de</strong><strong>de</strong>viner le pourcentage <strong>de</strong> nations africaines qui sont membres <strong>de</strong>s Nations Unies.Lorsqu'ils <strong>de</strong>mandaient d'abord: « y en a-t-il plus ou moins <strong>de</strong> 45 % ? », les résultatsfournis par les sujets étaient inférieurs à ceux obtenus lorsque les chercheurscommençaient par <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r: « y en a-t-il plus ou moins <strong>de</strong> 65 % ? ». L'ancrage etl'ajustement modifient d'autres types d'évaluations, telles que la perception d'un justeprix ou d'un bon accord.1972 1982 2002Description Publication <strong>de</strong> l'ouvrage Juger dans Le <strong>psych</strong>ologue Kahneman<strong>de</strong> la « pensée <strong>de</strong> g rou pe » l'incertitu<strong>de</strong> Heuristiques et biais, obtient le prix Nobel d'économie<strong>de</strong> Kahneman, Siovic etTversky


11s 118 ratIonalité 8tla résolution <strong>de</strong> problemesLes biais professionnels L'application <strong>de</strong>s erreurs <strong>de</strong> résolution <strong>de</strong> problèmesdans le mon<strong>de</strong> du travail est aujourd'hui connue sous le nom « d'économiecomportementale ». Elle se concentre sur les prises <strong>de</strong> décisions économiques. Ellescomprennent:• le biais <strong>de</strong> confirmation, qui consiste à seulement rechercher <strong>de</strong>s informations quiconfirment nos idées;• le biais d'optimisme, qui est la croyance selon laquelle vous êtes un meilleur juge qued'autres personnes et que la malchance a plus <strong>de</strong> probabilités <strong>de</strong> leur arriver qu'àvous-même;• te biais <strong>de</strong> contrôle, qui est la croyance que vous pouvez influencer le résultatd'événements organisationnels ou nationaux, bien plus que vous ne le pouvez vraiment ;• le biais <strong>de</strong> confiance excessive, qui est la croyance selon laquelle vos prédictions etjugements sont toujours les meilleurs;• la rigidité mentale, qui consiste à réagir excessivement ou insuffisamment auxévénements quotidiens.( ( C'est la capacité<strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s errew-squi constitue lamarque <strong>de</strong>s étapessupériew-es <strong>de</strong>l'intelligence. ) )H. Priee, 1953Il y a encore beaucoup d'autres biais, qui déçoivent ceux quisont convaincus <strong>de</strong> la rationalité froi<strong>de</strong> et intelligente <strong>de</strong> leursjugements.Le brainstorming Les travaux sur le brainstorming sont trèssurprenants. On a suggéré que les individus parvenaient à <strong>de</strong>ssolutions plus nombreuses, meilleures et plus créatives lorsqu'ilstravaillaient en groupes <strong>de</strong> brainstorming que seuls. L'idée estqu'en suivant un certain processus (


jugement et résolution <strong>de</strong> problèmes 119conséquences. Une question centrale souvent négligée concerne la façon dont nousdécidons: <strong>de</strong>vons-nous le faire seul, faire appel à <strong>de</strong>s experts, réunir un comité?La polarisation <strong>de</strong> groupe Il existe aussi <strong>de</strong>s travaux intéressants sur lapolarisation <strong>de</strong> groupe. La plupart <strong>de</strong>s individus pensent que si les décisions sontprises par un groupe (par exemp'le, la réunion d'un comité ou un jury cr,iminel), lesmembres <strong>de</strong> ce groupe ont tendance à prendre <strong>de</strong>s décisions plus modérées que si lesmêmes décisions sont prises par une personne seule. Or la prise <strong>de</strong> décision en groupeconduit souvent à <strong>de</strong>s déc isions plus extrêmes. Tout d'abord, beaucoup d'invidusétablissent <strong>de</strong>s comparaisons sociales, c'est-ii-dire qu'ils se comparent avec d'autresmembres du groupe. En faisant cela, ils essaient plus fortement <strong>de</strong> soutenir certainesvaleurs culturelles relatives à la justice, au risque, etc. Par exemple, sur <strong>de</strong>s thèmescomme la pollution ou la protection <strong>de</strong> l'enfance, les groupes ont <strong>de</strong>s probabilitésd'être plus radicaux et plus opposés au risque que les individus, tandis que c'est['inverse sur d'autres sujets comme les conseils pour changer d'emploi ou po ur <strong>de</strong>sv;lcances d'aventures. De plus, dans les groupes, ils peuvent entendre <strong>de</strong>sinformations très convaincantes fournies par une personne süre d'elle et qui s'exprimebien, et qui les influence fortement dans une certaine direction.L~,penseeDe nombreuses étu<strong>de</strong>s sur <strong>de</strong>s groupes ayantpris <strong>de</strong> mauvaises décisions ont conduit audéveloppement du concept <strong>de</strong> « pensée <strong>de</strong>groupe ». Celle-ci apparaît lorsqu'un groupe al'illusion d'être invulnérable et lorsqu'il passetrop <strong>de</strong> temps à rationaliser (au lieu d'êtrerationnel sur le sujet abordé). Les membres onttendance à croire qu'ils sont moralementsupérieurs aux autres et passent doncbeaucoup <strong>de</strong> temps à catégoriser négativementles autres. Ils subissent également <strong>de</strong> fortespressions négatives au conformisme, pour« marcher droit» et « exprimer leur loyauté ».Ceci les conduit à autocensurer les idéesdissi<strong>de</strong>ntes et les bons contre-arguments. Cesgroupes peuvent être influencés par unepersonne <strong>de</strong> confiance et persuasive, quis'assure que chacun pense bien <strong>de</strong> la mêmemanière. Ceci donne une impressiond'unanimité qui pourtant n'existe pas.idée clé· gelllent estencépar leentcontexteIl.II


120 r1 rallonallté el la r 'solution <strong>de</strong> problèmu3Trop engagépour abandonnerVous avez <strong>de</strong>s billets pour un spectacle <strong>de</strong> votre artiste préféré.Le jour du spectacle, vous apprenez <strong>de</strong>ux choses démoralisantes:votre star n'est pas en bonne santé et sera remplacé par une doublure ;<strong>de</strong> plus, il y a une grève <strong>de</strong>s transports, et cela va être un cauchemar d'allerau spectacle et <strong>de</strong> revenir. Qu'allez-vous faire si les billets étaient un ca<strong>de</strong>aud'un ami ou d'un client? Qu'allez-vous faire si vous avez payé chaquebille t cent euros?Le faux raisonnement <strong>de</strong> l'investissement perdu montre très clairement que les individusont plus <strong>de</strong> probabilités <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s efforts pour aUer voir quelqu'un à un concert s'ilsont payé eux-mêmes les billets. Les organisateurs <strong>de</strong> conférences disent la mêmechose: plus le prix d'entrée est élevé, plus les indrv,idus ont <strong>de</strong> probabilité <strong>de</strong> ne pasannuler. Les <strong>psych</strong>ologues appellent cela l'aversion pour la perte. Un billet inutilisésignifie une perte; pire que cela, vous êtes en train <strong>de</strong> gaspiHer.En revenant du travail, vous tombez sur une excellente affaire: un très bon repas àemporter à 25 % du prix habituel. VOLIS sautez sur l'affaire mais, arrivé à la maison,vous avez soudain envie <strong>de</strong> dîner avec un ami. Vous lui téléphonez, il est d'accord,vous sortez donc pour acheter une nouveau repas et faire ainsi une nouvelle bonne«affaire. M ais, manque <strong>de</strong> chance, ils ont arrêté l'offre spéciale etIl vaut mieux VOLIS <strong>de</strong>vez payer le second repas au tarif habituel. Mais le pire estavoir ahné et avoir à venir: votre ami vous téléphone ensuite pour VOLIS dire qu'il aperdu l'amour que un empêchement et qu'il ne peut donc pas venir. Vous vous<strong>de</strong> ne jamais avoir retrouvez avec <strong>de</strong>ux repas, impossibles à réchauffer plus tard, vous<strong>de</strong>vez don.c en jeter un. Bien que les <strong>de</strong>ux menus soientaimé. )) i<strong>de</strong>ntiques, les individus mangent presque toujours le repas pourAHred Lord Tennyson, 1880 lequel ils ont payé le prix h abituel. Première expérience sur le sujet1979Débat sur la théorie <strong>de</strong>s perspectives


t Op engagé pour abandonner 121Notre raisonnement économique Selon les économistes, lesinvestissements perdus ne sont pas pris en compte lors <strong>de</strong> prises <strong>de</strong> décisionsrationnelles. L'exemple est classique: vous faites une erreur en achetant un billet <strong>de</strong>cinéma qui n'est pas réutilisable. C'est un investissement perdu. Vous pouvez choisirentre les <strong>de</strong>ux options suivantes:• ayant payé le prix du billet, vous allez voir le film que vous ne voulez pas voir;• ayant payé le prix du billet, vous vous dites: « 11 est trop nul» et vous utilisez letemps libre pour faire quelque chose d'agréable.Vous regrettez donc d'avoir acheté le bi'llet, mais votre décision ( ( Le passé estactuelle <strong>de</strong>vrait être basée sur le fait que vous souhaitez ou non un pays étranger.voir le film, quel que soit le prix, <strong>de</strong> la même manière que vous Ils font <strong>de</strong>s chosesferiez si l'entrée était gratuite. Le penseur rationnel suggéreradifférentes dansprobablement que, puisque la secon<strong>de</strong> option implique une seulece pays. ))souffrance (vous avez perdu <strong>de</strong> l'argent), alors que la premièreimplique une double souffrance (argent et temps perdus), c'est la L HarUey, 1950secon<strong>de</strong> option qui est évi<strong>de</strong>mment préférable.De nombreuses personnes détestent « gaspiller » leurs ressources. Dans l'exemple ci<strong>de</strong>ssus,beaucoup se sentiraient obligés d'aller voir le film, bien qu'i,ls ne le souhaitentpas, car autrement ils gaspilieraient le prix du billet. Il s'agit là du faux raisonnement <strong>de</strong>l'inves tissement perdu; notez « faux raisonnement ». Au sens strict, ce comportementest irrationnel: il est inefficace car il attribue ma l une ressource (du temps) en lafaisant dépendre J'une information non pertinente pour la décision.L'investissement perdu entraîne souvent <strong>de</strong>s surcoûts inquiétants. Un exemple estl'investissement au sein d'une entreprise, dans <strong>de</strong>s machines ou un projet <strong>de</strong>recherche qui s'avèrent finalement moins utiles que prévu, ou pire, parfaitementinutiles. Un gouvernement peut avoir dépensé 50 millions d'euros pour construireune centrale nucléaire, mais l'argent manque. L'usine actueHe est quasiment inutilepuisqu'elle est incomplète. Cependant, elle peut être terminée en rajoutant20 millions d'euros, ou complètement abandonnée et l'on peutconstruire une série d'éoliennes pour 10 millions d'euros. ( ( Les rêves seL'abandon <strong>de</strong> la centrale nucléaire et la construction d'éoliennes situent toujoursest la décision la plus rationnelle, même si cela représente unedans le passé. ) )perte totale sur l'ensemble <strong>de</strong>s dépenses. Les 50 millions d'eurosinvestis constituent un investissement perdu. Mais combien <strong>de</strong> A. PhllUps, 19931985 1999 2000Article majeur sur le sujet Belsky et Gilovich fournissent Publication <strong>de</strong> La Psychologieun soutien aux personnesdu marché boursier, <strong>de</strong> Cohenqui évitent les pertes


122 la ration lité et la résolution do problèmespoliticiens seraient économiquement inationnels et choisiraient l'achèvement duprojet?Les <strong>psych</strong>ologues reconnaissent que les investissements perdus affectent souvent lesdécisions, en raison <strong>de</strong> l'aversion pour la perte : le prix payé dans le passé <strong>de</strong>vient unpoint <strong>de</strong> référence pour la valeur présente et future, alors qu'il <strong>de</strong>vrait être considérécomme non pertinent. C'est donc un comportement non rationnel. Les individussont piégés par leur passé, ils essaient <strong>de</strong> compenser les mauvaises décisions, <strong>de</strong>rattraper les pertes.En 1968, dans ce qui est peut-être l'expérience classiqued'investissement perdu, <strong>de</strong>ux chercheurs ont enquêté auprès <strong>de</strong>cent quarante et un joueurs aux courses <strong>de</strong> chevaux: soixantedouzed'entre eux venaient <strong>de</strong> miser <strong>de</strong>ux dollars au cours <strong>de</strong>strente <strong>de</strong>rnières secon<strong>de</strong>s, et soixante-neuf allaient miser30 dollars dans les trente prochaines secon<strong>de</strong>s. L.:hypothèse <strong>de</strong>schercheurs était que les individus qui venaient juste <strong>de</strong> s'engager(en misant <strong>de</strong>ux dollars) réduiraient la dissonance postdécisionnelleen croyant plus fortement qu'ils avaient choisi ungagnant. Ils ont donc <strong>de</strong>mandé aux joueurs d'évaluer les chances<strong>de</strong> gagner du cheval choisi, sur une échelle en sept points. Lesjoueurs qui allaient miser ont évalué la chance <strong>de</strong> gagner <strong>de</strong> leurcheval à une moyenne <strong>de</strong> 3,48, tandis que les individus quivenaient juste <strong>de</strong> miser l'ont évalué à une moyenne <strong>de</strong> 4,81.L.:hypothèse <strong>de</strong>s chercheurs était donc confirmée: après avoir faitun investissement <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux dollars, les individus étaient plusconfiants sur la pertinence <strong>de</strong> leur placement. Les chercheurs ontréalisé un test auxiliaire auprès <strong>de</strong>s propriétaires <strong>de</strong> chevaux etont retrouvé quasiment les mêmes résultats.Le faux raisonnement <strong>de</strong> l'investissement perdu est parfois connu en Europe sousl'expression d'effet Concor<strong>de</strong>. Dans les années 1950 et 1960, les gouvernementsfrançais et britannique ont continué à cofinancer le développement <strong>de</strong>l'extraordinaire avion supersonique Concor<strong>de</strong>, même après qu'il fut <strong>de</strong>venu évi<strong>de</strong>ntqu'il n'avait pas d'avenir économique. Il a toujours perdu <strong>de</strong> l'argent. En privé, legouvernement britannique savait qu'il s'agissait d'un « désastre commercial» quin'aurait jamais dû être commencé. Cet exemple concerne d'ailleurs plus <strong>de</strong>simpératifs politiques et le fait <strong>de</strong> sauver la face qu'un mauvais processus <strong>de</strong> prise <strong>de</strong>décision.


trop engaué pour aba donner 1 123Jeter la bonne monnaie après avoirjeté la mauvaise Leséconomistes comportementaux ont mis au jour les caractéristiques comportementales<strong>de</strong>s personnes qui ont tendance à avoir <strong>de</strong> l'aversion pour la perte et à adopter le fauxraisonnement <strong>de</strong> l'investissement perdu. Entre autres indices, le fait <strong>de</strong> prendred'importantes décisions <strong>de</strong> dépense, en fonction <strong>de</strong>s dépenses antérieures réaliséespour un projet. Ils notent que l'aversion pour la perte est associée à une tendance àvendre <strong>de</strong>s investissements rentables plus rapi<strong>de</strong>ment que <strong>de</strong>s investissementsperdants et à retirer l'argent du marché lo rsque les prix chutent. Pour ai<strong>de</strong>r à prendre<strong>de</strong> bonnes décisions, ils suggèrent donc les comportements suivants:• évaluez votre tolérance au risque, c'est-à-dire testez votre seuil <strong>de</strong> perte et <strong>de</strong>panique lorsque les choses se passent mal, <strong>de</strong> telle manière que vous <strong>de</strong>veniez aumoins plus conscient;• diversifiez, <strong>de</strong> telle façon que si quelque chose tourne maldans un aspect <strong>de</strong> votre travail ou <strong>de</strong> vos investissements, « Celui quivous puissiez réagir moins émotionnellement et plus contrôle lerationnellement;passé contrôle• concentrez-vous sur l'ensemble, regardant les objectifs etle futur. ))les stratégies il long terme, <strong>de</strong> telle manière que vo us ayezmoins <strong>de</strong> probabilités <strong>de</strong> réagir excessivement lorsque les George Orwell, 1948choses se passent mal;• oubliez le passé: ne soyez pas victime <strong>de</strong> la malchance et<strong>de</strong>s mauva ises erreurs. Souvenez-vous qu'il ne faut pas chercher à justifier le passé.Regar<strong>de</strong>z la situation présente et future, pas le passé;• efforcez-vous <strong>de</strong> recadrer vos pertes et vos gains. Perdre peut être riche d'enseignements; elle peut réduire vos charges fiscales. Vous ne pouvez pas modifier le passé, mais vous pouvez penser différemment à son sujet; • décrispez-vous et accor<strong>de</strong>z mo ins d'attention à vos investissements. N'étudiez pas quotidiennement vos profits, mais plutôt une fois par semaine. Ne laissez pas votre aversion naturelle pour la perte menacer la paix <strong>de</strong> votre esprit. idée clé•lllVe eIlle Pd f .u.affectent la prise e eclSlon


124 lia rational té et la résolution <strong>de</strong> problemes1 La prise<strong>de</strong> décision rationnelle « Pourquoi l'homme regrette-t-il d'avoir suivi une pulsion naturelle plutôtqu'une autre, alors même qu'il peut s'efforcer d'éliminer ce regret? Etpourquoi sent-il qu'il <strong>de</strong>vrait regretter son comportement? Sur ce point,l'homme diffère profondément <strong>de</strong>s animaux inférieurs. » Darwin, 1862La résolution <strong>de</strong> problèmes est i<strong>de</strong>ntique à la prise <strong>de</strong> décision, bien que ce ne soit pasla même chose. Dans la résolution <strong>de</strong> problèmes, vous essayez <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong> bonnessolutions alternatives; dans la prise <strong>de</strong> décision, vous choisissez entre elles. Lesindividus ont tendance à avoir toujours la même façon <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s décisions. Ilspeuvent faire une liste <strong>de</strong>s avantages et <strong>de</strong>s inconvénients. Ils peuvent consulterd'autres personnes. Les décisions peuvent être prises seul ou à plusieurs; froi<strong>de</strong>mentou sous le coup d'une gran<strong>de</strong> émotion.Nous a imons croire que, la plupart du temps, nous prenons <strong>de</strong>sdécisions rationnelles. Dans le jargon économique, ceci est appelé la« maximisation <strong>de</strong> l'utilité ». N ous évaluons ce qui a le plus <strong>de</strong>( ( Toute existencecomporte sa part <strong>de</strong>regTets et <strong>de</strong>consolations. ) ) probabilités d'arriver ainsi que la valeur (utilité) que nous donnons àce résultat. Puis nous multiplions les <strong>de</strong>ux et nous choisissons leA. Bennet, 1995 meilleur. Ceci a pour nom la « théorie standard ». Mais il y a unproblème majeur: les étu<strong>de</strong>s sur les individus qui prennent <strong>de</strong>sdécisions montrent qu'ils ne procè<strong>de</strong>nt pas <strong>de</strong> cette façon, surtoutquand il s'agit <strong>de</strong> gains et <strong>de</strong> pertes. Nous attachons plus d'importance à la possibilité<strong>de</strong> perte qu'à celle <strong>de</strong> gain.La théorie <strong>de</strong>s perspectives Kahneman et Tversky ont obtenu le prix Nobeld'économie en 2002 pour leur travail sur la théorie <strong>de</strong>s perspectives, qui décrit lechoix entre plusieurs options qui impliquent du risque, c'est-à-dire avec <strong>de</strong>s résultatsincertains, pour lesquelles les probabilités sont connues.Théories normatives <strong>de</strong> la prise<strong>de</strong> décision, 1981Description <strong>de</strong> l'importancedu cadrage


la p Ise <strong>de</strong> décision rationnene 1 125Ces étu<strong>de</strong>s ont montré que les individus sont beaucoup plus sensibles à la perte qu'augain, au point qu'ils prennent sOuvent <strong>de</strong>s risques importants pour éviter <strong>de</strong>s pertes.Par exemple, ils ven<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s actions (<strong>de</strong> façon peu judicieuse) lorsque la Boursebaisse; ils font réparer sans cesse une vieille voiture parce qu'ils ont déjà beaucoupdépensé d'argent auparavant.Les individus déci<strong>de</strong>nt quels résultats leur paraissentfondamentalement i<strong>de</strong>ntiques; ils établissent un point <strong>de</strong> référencePlaisir f----:.o~et considèrent les résultats inférieurs à ce point comme <strong>de</strong>s perteset les résultats supérieurs comme <strong>de</strong>s gains. L'asymétrie <strong>de</strong> la courbeen S reflète le propos <strong>de</strong> Warren Buffet selon lequel « les pertes Pertesgénèrent <strong>de</strong>ux fois plus <strong>de</strong> réactions émotionnelles que les gains».Les individus ont <strong>de</strong> l'aversion pour le risque lorsqu'il est questionGains<strong>de</strong> gains (ils jouent pru<strong>de</strong>mment), mais ils ont <strong>de</strong> l'aversion pour laperte (ils évitent les pertes). La valeur subjective d'un gainimportant n'est pas beaucoup plus gran<strong>de</strong> que celle d'un petit gain;~C-._ _ -:I. Souffranceles individus sont donc peu incités à jouer afin d'augmenter la taille La courbe en S<strong>de</strong> leur gain.Une conséquence importante <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong>s perspectives est lecadrage <strong>de</strong> situations à risque. L'exemple suivant met en évi<strong>de</strong>nce l'impact du cadragesur les individus.On <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à <strong>de</strong>s individus d'imaginer qu'ils sont un scientifique travaillant sur ledéclenchement d'une maladie inhabituelle, censée tuer six cents personnes. Deuxprogrammes différents ont été proposés pour combattre la maladie. Le premier groupe<strong>de</strong> participants peut choisir entre <strong>de</strong>ux programmes:• programme A : <strong>de</strong>ux cents personnes seront sauvées;• programme B : il y a une probabilité d'un tiers que les six cents personnesseront sauvées, et une probabilité <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux tiers qu'aucune personne ne serasauvée.Dans ce groupe, 72 % <strong>de</strong>s participants ont préféré le programme A, tandis que les28 % restants ont préféré le programme B.Le second groupe pouvait choisir entre:• programme C : quatre cents personnes mourront;• programme D : il y a une probabi'lité d'un tiers que personne nemourra, et une probabilité <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux tiers que six cents personnesmourront.Sous cette forme, 22 % ont préféré le programme C, et 78 % leprogramme D . Pourtant, les programmes A et C d'une part, B et Dd'autre part, sont i<strong>de</strong>ntiques. Un changement du cadre <strong>de</strong> décision« Pendantque le mé<strong>de</strong>cinréfléchit, lepatient meurt. ) )Proverbe italien1984 2000 2002Elaboration <strong>de</strong> la théorie<strong>de</strong>s perspectivesLa science <strong>de</strong> la décisionprospèreKahneman etTversky reçoiventle prix Nobel d'èconomie


128 lia rationalité et 1 résolution <strong>de</strong> roblèmes( ( Il n'y a pas entre les <strong>de</strong>ux groupes <strong>de</strong> participants a produit un renversementd'être hmnain plus <strong>de</strong>s préférences, avec le premier groupe préférant le programmemalheureux que A-C et le second groupe préférant le programme B-D.celui qui vit en pe1"l1lanence dans Les effets <strong>de</strong> cadrage La façon <strong>de</strong> présenter une situationa un puissant impact sur la manière dont les individus yl'indécision. ) )réagissent. Préférez-vous une baisse <strong>de</strong> 5 % ou éviter unew. James, 1890 augmentation <strong>de</strong> 5 % ? Le même changement <strong>de</strong> prix cadrédifféremment modifie significativement les comportements duconsommateur et constitue un sujet <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> importance pour le marketing. D'où cegenre <strong>de</strong> publicité: « Si vous ne vous inscrivez pas avant le 15, vous risquez <strong>de</strong>perdre... »Lorsque les choix impliquent la possibilité <strong>de</strong> gains, les individus ont tendance àéviter les risques, mais lorsqu'ils impliquent la possibilité <strong>de</strong> pertes, ils ont tenda:tce àprendre <strong>de</strong>s risques afin <strong>de</strong> minimiser ces pertes. Les individus <strong>de</strong> tous milieux et <strong>de</strong>tous âges préfèrent minimiser le déplaisir <strong>de</strong> la perte que <strong>de</strong> maximiser le plaisir dugain.Dans une étu<strong>de</strong>, <strong>de</strong>ux vidéos sur la santé ont été réalisées pour essayer <strong>de</strong> persua<strong>de</strong>rles femmes <strong>de</strong> faire une mammographie et un mammogramme. Les <strong>de</strong>ux examenssont presque i<strong>de</strong>ntiques et présentent les mêmes faits médicaux et statistiques. Maisl'un met l'accent sur les gains <strong>de</strong> passer l'examen, l'autre sur les risques <strong>de</strong> ne pas lepasser. Comme le prédit la théorie, plus <strong>de</strong> femmes ayant vu le film axé sur le risqueont choisi <strong>de</strong> passer un scanner.Des étu<strong>de</strong>s montrent que les messages les plus efficaces pour permettre d'adopter uncomportement <strong>de</strong> santé préventif (par exemple, utiliser <strong>de</strong>s contraceptifs et <strong>de</strong>spréservatifs) sont ceux qui soulignent les bénéfices <strong>de</strong> ces comportements.Cependant, si l'on veut amener les individus à passer <strong>de</strong>s examens <strong>de</strong> détection (parexemple, un test VIH), il est préférable d'axer le message sur les effets négatifs. Le faitque le comportement soit à faible ou à haut risque dicte s'il vaut mieux un messagecadré dans le sens <strong>de</strong> la perte ou du gain.Ce n'est pas la réalité <strong>de</strong> la perte qui importe, mais la perception <strong>de</strong> cette perte. Unefois que nous avons consacré beaucoup <strong>de</strong> temps, d'argent ou d'énergie à une cause, ilest très difficile <strong>de</strong> nous convaincre que ce n'était pas une bonne idée.La prise <strong>de</strong> risque dans l'entreprise La prise <strong>de</strong> risque est-elle un trait <strong>de</strong>personnalité? Certains individus n'aiment clairement pas le risque et d'autres aimenten prendre. Les personnes qui évitent le risque sont-elles très préoccupées par lesquestions <strong>de</strong> sécurité, tandis que les personnes qui ont tendance au risque sont-ellesmotivées par un désir <strong>de</strong> gagner? Les individus tentés par le risque font preuve <strong>de</strong>courage iorsqu'il y a possibilité <strong>de</strong> pertes, tandis que ceux qui évitent le risque fontpreuve <strong>de</strong> courage lorsqu'il y a possibilité <strong>de</strong> gain.Les étu<strong>de</strong>s menées auprès d'entrepreneurs à succès montrent qu'ils n'ont pasd'aversion pour le risque. Ils ont tendance à être très actifs et curieux et souhaitent


la prise <strong>de</strong> décision rationnelle 127Lo.La théorie <strong>de</strong>s perspectives explique à lafois pourquoi nous agissons lorsquenous ne le <strong>de</strong>vrions pas, et pourquoinous n'agissons pas quand nous<strong>de</strong>vrions le faire. Curieusement, plus lesindividus ont <strong>de</strong> choix dans leur vie, plusils ont <strong>de</strong> probabilités <strong>de</strong> n'en faireaucun; et plus les options sontséduisantes. plus le délai ou la paralysiesont importants. La liberté <strong>de</strong> choisirpeut entraîner <strong>de</strong> graves problèmes.Plus vous reportez une décision, moinsvous avez <strong>de</strong> probabilités <strong>de</strong> surmonterl'hésitation. Dans une étu<strong>de</strong>, on a<strong>de</strong>mandé à <strong>de</strong>s individus <strong>de</strong> remplir unquestionnaire relatif à une rémunérationcorrecte: on a dit à certains que la datelimite <strong>de</strong> réponse était <strong>de</strong> cinq jours, àd'autres qu'elle était <strong>de</strong> 21 jours; untroisième groupe n'avait pas <strong>de</strong> datelimite. Résultat: 66 % <strong>de</strong>s individusayant une date limite <strong>de</strong> cinq jours ont<strong>de</strong>. (0.renvoyé le questionnaire, 40 % <strong>de</strong> ceuxayant une date limite <strong>de</strong> 21 jours, et25 % <strong>de</strong> ceux sans date limite.On conseille ceci aux personnessouffrant <strong>de</strong> paralysie <strong>de</strong> la décision:• reconnaissez que le fait <strong>de</strong> ne pasdéci<strong>de</strong>r est en soi une décision. Lerenvoi à plus tard n'est pas un bonmoyen d'exprimer sa confiance dans lestatu quo;• ne sous-estimez jamais les coûtsd'opportunité : le coût <strong>de</strong> ne rien fairepeut s'avérer plus élevé que celui <strong>de</strong>faire quelque chose <strong>de</strong> « sous-optimal» ;• ayez un système <strong>de</strong> pilotage personnelqui vous impose certaines règles et vousévite <strong>de</strong> reporter trop <strong>de</strong> décisions;• n'oubliez pas <strong>de</strong> jouer l'avocat dudiable: remettez en question vosconvictions, redémarrez à zéro.Retournez le problème dans tous lessens.prendre <strong>de</strong>s risques « modérés » . Ils sont énergiques, optimistes et orientés vers laréalisation. Ils sont prêts à accepter l'échec et apprennent <strong>de</strong> leurs erreurs. Ilsrecherchent les occasions. Ainsi, en termes <strong>de</strong> théorie <strong>de</strong>s perspectives, ils ont unefaible aversion pour 'la perte et le risque, et recherchent le risque. Ils ont tendance àrecadrer les décisions <strong>de</strong> telle façon qu'elles soient positives et sont rarement paralysésdans l'indécision.idée clér · onjo e un rôle ~mp~e<strong>de</strong>~que


128 la ration lité et la résolution <strong>de</strong> problèmes 2 Se souvenir du passé dld« Les souvenirs viennent du géranium sec sans soleil, <strong>de</strong> la poussière dansles fissures, <strong>de</strong>s o<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> marronnier dans la rue, d'o<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> femmesdans <strong>de</strong>s foyers d'accueil, <strong>de</strong>s cigarettes dans les couloirs et <strong>de</strong>s o<strong>de</strong>urs <strong>de</strong>cocktail dans les bars. » T.S. Eliot, 1945Nous pouvons presque tous dire que certains sons, certaines o<strong>de</strong>urs ou certains go ûtsnous rappellent chaque détail d'un moment vécu. Une o<strong>de</strong>ur précise peut générer <strong>de</strong>sso uvenirs immédiats et puissants. Des sons entendus pendant l'adolescence peuventimmédiatement nous ramener à cette époque et à un ensemble <strong>de</strong> sensatio nslongtemps o ubliées. Et goûter <strong>de</strong>s aliments d'enfance peut parfois provoquer <strong>de</strong>ssouvenirs souda ins et inattendus.Les professionnels du marketing conna issent bien cela. Ils diffusent <strong>de</strong>s o<strong>de</strong>urs dansles magasins pour mettre en valeur une saison <strong>de</strong> l'année (<strong>de</strong>s sapins à Noël, <strong>de</strong> l'huileDe nombreuses personnes âgées peuvent sesouvenir d' événements <strong>de</strong> leur enfance bienplus clairement que d'événements survenusl'année précé<strong>de</strong>nte. Notre aptitu<strong>de</strong> àreconnaître les visages semble durer pluslongtemps que notre capacité à mettre un nomsur eux.Si l'on apprend une langue à l'école ou àl'université, on en oublie une gran<strong>de</strong> partie aucours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux années suivantes, mais ce quel'on retient semble être particulièrementdurable, pouvant rester en mémoire quaranteans ou plus. Une fois que l'on a appris à nager,à conduire ou à faire du skate, ces compétencessemblent être facilement retenues. C'est le caslorsque la compétence implique ce que l'onappelle <strong>de</strong>s « boucles fermées », lorsqu'uneaction conduit clairement à la suivante. Cecin'est pas vrai pour les compétences à bouclesouvertes, comme le fait d'écrire surl'ordinateur, où les actions successives ne sOntpas connectées entre elles.Galto n étudie la mémoireautobiographique1913-1927 Publication <strong>de</strong> l'œuvre <strong>de</strong> Proust,À la recherche du temps perdu


se souvenir du passé 129<strong>de</strong> noix <strong>de</strong> coco en été) ou une qualité (telle que la propreté oula chaleur), pensant que cela changera l'humeur <strong>de</strong>s clients etpar conséquent leur désir d'acheter. Ils diffusent une musiqued'ambiance pour essayer d'obtenir le même effet.( ( Une gTan<strong>de</strong>partie <strong>de</strong> ce qui estremémoré estreconstruite à partir<strong>de</strong>fra~entsLa mémoire autobiographique Nous avons tous <strong>de</strong>ssouvenirs du passé: d'enfance, d'école, d'adolescence, <strong>de</strong> notre stockes. ))premier emploi. Nous avons <strong>de</strong>s souvenirs d'événements précis J. Fodor, 1975 et d'événements plus généraux. Nous pouvons avoir <strong>de</strong>s souvenirs <strong>de</strong> faits très spécifiques (le temps qu'il faisait le jour <strong>de</strong> notre mariage, la marque <strong>de</strong> notre première voiture) qui sont vérifiables. Rétrospectivement, les souvenirs les plus prégnants portent sur <strong>de</strong>ux pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong>s individus: l'adolescence et le jeune âge adulte (disons, <strong>de</strong> 12 à 25 ans) et les six <strong>de</strong>rnières années. La plupart d'entre nous avons une amnésie infantile: nous nous souvenons peu <strong>de</strong> nos toutes premières années. Différentes explications ont été fournies pour rendre compte <strong>de</strong> ce phénomène. Il se peut que le cerveau soit insuffisamment développé et ne puisse donc pas stocker l'information, ou alors nous n'avons pas un langage suffisamment élaboré pour enregistrer :les souvenirs. Peut-être que la conception du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'enfant est si différente <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> l'adulte que, même si les souvenirs <strong>de</strong>meurent, nous n'avons pas vraiment <strong>de</strong> moyen d'y accé<strong>de</strong>r. Une façon d'étudier le phénomène est d'interroger les enfants et leur mère au sujet <strong>de</strong> détails, par exemple, la naissance d'un frère . On peut leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à quel moment la mère est allée à l'hôpital, qui l'a remplacée pour donner les soins à l'enfant, le nombre et le style <strong>de</strong> visites effectuées, etc. Des étu<strong>de</strong>s utilisant cette technique ont découvert que les enfants se souviennent d'environ les <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong> souvenirs <strong>de</strong> la mère, mais presque d'aucun souvenir antérieur à l'âge <strong>de</strong> trois ans. Une question majeure est <strong>de</strong> savoir quels sont les « faits» dont nous nous souvenons et ceux que nous oublions, et si cette différence est systématique. Notre aptitu<strong>de</strong> à nous rappeler le passé peut certainement être influencée par différentes choses, par exemple le fait <strong>de</strong> tenir un journal ou <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s enregistrements audio ou filmés <strong>de</strong> divers événements. Les souvenirs sont transformés, construits et reconstruits au fil du temps, surtout si les événements sont rappelés fréquemment ou très rarement. Les individus interprètent le sens <strong>de</strong>s événements plutôt que les détails. De même, ils peuvent avoir une ou <strong>de</strong>ux fortes images (<strong>de</strong>SSins, sons) qui sont intégrées dans un ensemble. Cela fait toute la différence entre un fait autobiographique et une mémoire personnelle générale. 1920 Annees 1970 1977Début <strong>de</strong>s recherches Début <strong>de</strong>s recherches Introduction du conceptsur les données biographiques sur les journaux personnels <strong>de</strong> souvenirs flash.


130 Il rati n lIté Bt la ésolutlon 8 problèmesLes métho<strong>de</strong>s Le grand <strong>psych</strong>ologue britannique Sir Francis Galtona été le premier à étudier les souvenirs personnels dans les années 1880.Pour ce faire, it a donné un mot, tel que « maison» ou « père », en <strong>de</strong>mandantaux personnes testées <strong>de</strong> rappeler un événement associé à ce mot. Puis il a notéles détails, le ton et la précision du souvenir. D'autres chercheurs ont mis au pointune métho<strong>de</strong> d'entretien pour essayer <strong>de</strong> décrire les souvenirs qu'un individu avait<strong>de</strong>s gens et <strong>de</strong>s événements, et pour comprendre le processus qui les sous-tend.La difficulté pour permettre aux chercheurs <strong>de</strong> progresser est <strong>de</strong> vérifier la véracité <strong>de</strong>ces souvenirs.Un <strong>psych</strong>ologue hollandais a étudié sa propre mémoireautobiographique pendant plus <strong>de</strong> six ans et en a fait un( ( Nos souvenirs compte rendu fascinant. Il a noté chaque jour quelquessont <strong>de</strong>s fichiersévénements qui lui sont arrivés, p'lus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mille quatreconsultés puis cents en tout. Puis il a testé sa mémoire sur ces événementsrenvoyés en désordre chaque année, regardant s'il pouvait répondre à <strong>de</strong>s questionspar <strong>de</strong>s autorités que sur qui, quoi, où et quand. Il a constaté qu'il lui était plusnous ne contrôlons»difficile <strong>de</strong> répondre aux questions « quand ». Il a aussipas. découvert, peut-être sans en être surpris, que plus l'événementétait inhabituel et émotionnellement marquant, meilleureCyril Connolly, 1950était la mémoire. Il a également noté que plus le souvenirétait désagréab'le, plus il semblait être oublié rapi<strong>de</strong>ment.Certaines choses semblaient complètement oubliées, mais avec un nombre <strong>de</strong> rappelssuffisant, presque tout était finalement remémoré.Des étu<strong>de</strong>s ont montré que la façon dont les souvenirs sont explorés modifie leurrappel. Nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> reconnaître <strong>de</strong>s choses est bien plus efficace que <strong>de</strong> nous<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> les rappeler. Beaucoup dépend aussi du fait que les événements ont éténotés ou non dans un journal personnel.Souvenirs défonnés et brouillés La vérité et l'exactitu<strong>de</strong> sont <strong>de</strong>ux chosesbien distinctes. Si une personne se souvient <strong>de</strong> l'essentie'l d'une situation (en générall'expérience et les émotio ns), ce souvenir peut être considéré comme vrai; mais iln'est exact que s'il est correct dans tous ses détails. En ce sens, la majeure partie <strong>de</strong> lamémoire autobiographique est vraie. La plupart <strong>de</strong>s gens ont <strong>de</strong>s souvenirsautobiographiques re lativement exacts, en ce sens qu'ils se souviennent correctement<strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s lignes <strong>de</strong> leur vie, mais si on leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> fournir <strong>de</strong>s informationsdétaillées, ils font <strong>de</strong>s erreurs.Certaines personnes ont <strong>de</strong>s souvenirs brouillés, habituellement celles souffrantd'amnésie provoquée par une lésion cérébrale: elles semblent se souvenir<strong>de</strong> choses à certains moments, et les oublier à d'autres moments. D'autres patients aucerveau lésé fournissent <strong>de</strong>s souvenirs autobiographiques très détaillés mais erronés.Certains semblent incapables <strong>de</strong> distinguer entre les souvenirs véritables et ceuxfabriqués, et ont ce que l'on appelle <strong>de</strong>s problèmes dysexécutifs. Ceci est cependanttrès rare.s


e souvenir du passé 1131Le..s SOLAve..n \Y"'S Ce terme désigne <strong>de</strong>s souvenirs particulièrement mémorablessouvent très personnels à propos d'un événement majeur. Leterme a été introduit en 1977 en étudiant les souvenirs <strong>de</strong>l'assassinat <strong>de</strong> John Kennedy en 1963. Il Y a six facteurs associésaux souvenirs flash :• le lieu où l'on était au moment où on a eu connaissance <strong>de</strong> l'événement; • ce que l'on faisait à ce moment; • la nature <strong>de</strong> la source d'information, c'est-à-dire la façon dont on a appris l'événement; • les effets sur d'autres personnes; • votre propre réaction émotionnelle; • la suite immédiate <strong>de</strong> l'événement. Certains souvenirs autobiographiques sont i<strong>de</strong>ntiques aux souvenirs flash, mais on réserve généralement ce terme à <strong>de</strong>s événements historiques célèbres. Les données biographiques Pour beaucoup d'entre nous, le passé prédit leprésent ; autrement dit, votre histo ire personnelle explique en gran<strong>de</strong> partie le genre<strong>de</strong> personne que vous êtes. D'où la fascination qu'exercent les biographies. Les<strong>psych</strong>ologues cliniciens et les <strong>psych</strong>ologues du travail se sont intéressés à cephénomène en essayant <strong>de</strong> prédire le niveau <strong>de</strong> performance <strong>de</strong>s individus dansce rtains emplois, en prenant en compte les différentes écoles fréquentées, le fait d'êtrel'aîné <strong>de</strong> la famille ou pas, l'âge du mariage, etc. Les données concernentgénéralement l'histoire éducative, professionnelle et personnelle, comprenant <strong>de</strong>sfaits relatifs à la santé, aux relations, aux loisirs, à l'argent et aux h abitu<strong>de</strong>spersonnelles. Cette métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> sélection essaie <strong>de</strong> s'assurer que les seuls faitsbiographiques sont pris en compte., eu. entelllo:œe


132 1 la connalss nce3 Ce que le témoinavuPouvez-vous i<strong>de</strong>ntifier avec précision la personne qui vous a vendu unjournal ce matin? Et qu'en est-il si vous êtes réveillé par un cambrioleurque vous avez rapi<strong>de</strong>ment aperçu : êtes-vous sûr <strong>de</strong> désigner la bonnepersonne lors d'un processus classique d'i<strong>de</strong>ntification? Combien <strong>de</strong>personnes languissent en prison à cause <strong>de</strong> reconnaissances soi-disantformelles, mais en fait erronées, parce qu'elles ressemblaient au « crimineltype » ? Et combien <strong>de</strong> criminels ne sont pas condamnés parce qu'ils n'ontpas été reconnus par <strong>de</strong>s témoins?( ( Les souvenirs La <strong>psych</strong>ologie du témoignage visuel est l'un <strong>de</strong>s domaines les plusd'un témoin importants <strong>de</strong> la <strong>psych</strong>ologie appliquée, au croisement <strong>de</strong> lasemblent <strong>psych</strong>ologie et du droit. Les avocats, les juges, les policiers et lesparticulièrement<strong>psych</strong>ologues sont très conscients <strong>de</strong>s fréquentes erreurs judiciairesvulnérables à la liées à <strong>de</strong>s condamnations par erreur. Ils connaissent le puissantimpact du témoignage visuel sur les jurés, surtout si le témoinmanière dont les semble avoir les idées claires, être sûr <strong>de</strong> lui et qu'il s'exprime bien.questions sont Les jurés surestiment l'importance <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong>s témoins: le tauxposées. )) <strong>de</strong> condamnation augmente <strong>de</strong> 20 % à 70 % avec seulement unS. Aske et S. Taylor, 1991 témoignage visueL La plupart <strong>de</strong>s individus ne sont pas conscients<strong>de</strong>s nombreux facteurs qui peuvent faussement inf1uencer notresouvenir <strong>de</strong>s événements. De mauvaises conditions d'observation,une exposition brève, le stress, sont les facteurs les mieux démontrés j cependant, <strong>de</strong>sattentes, <strong>de</strong>s biais, <strong>de</strong>s stéréotypes personnels et <strong>de</strong>s questions inductives peuventintervenir pour fournir <strong>de</strong>s témoignages erronés.Le témoin Certains facteurs sont liés au témoin lui-même: le sexe, l'âge,l'appartenance ethnique ou sa personnalité et son éducation; peut-être plusimportant encore, sa formation et son expérience <strong>de</strong>s gens j tout cela peut inf1uencerl'exactitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la reconnaissance. Les femmes repèrent <strong>de</strong>s choses différentes que lesWilliam James parle<strong>de</strong> souvenirs imaginés1904Début <strong>de</strong>s recherchessur le rappel d'événements


ce quo le témoin vu 1 133hommes, mais il y a peu <strong>de</strong> différences <strong>de</strong> sexe en ce qui concerne l'exactitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>stémoignages visuels. Les personnes âgées peuvent avoir une moins bonne vue et unemémoire médiocre. Nous i<strong>de</strong>ntifions mieux les individus <strong>de</strong> notre propre groupeethnique.Les facteurs liés au contexte Il y a une mu'ltitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> facteurs situationnelsassociés à l'événement observé: le type <strong>de</strong> crime, la complexité, la durée etl'implication dans l'événement; <strong>de</strong> simples facteurs tel que le niveau d'obscurité,l'heure du jour et le nombre d'autres personnes présentes. Plus le témoin est stressé,moins il se souvient avec précision. Il y a aussi un « effet <strong>de</strong> focalisation sur l'arme »,<strong>de</strong> telle façon que si un pistolet ou un couteau est présent lors <strong>de</strong> l'événement, ilattire fortement l'attention, ce qui fait diminuer l'exactitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la reconnaissanced'autres éléments <strong>de</strong> la scène.Les facteurs sociaux Différents facteurs sociaux ( ( Toutes les teclurlquessont associés aux contraintes et régulations du tribunal qui affirment fourniret du statut social <strong>de</strong> l'interrogateur. Les attentes <strong>de</strong>s souvenirs <strong>de</strong> type<strong>de</strong>s individus peuvent avoir <strong>de</strong> puissants effets."playback" - le principalDes biais culturels, <strong>de</strong>s préjugés latents, <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>sexemple étant l'hypnosepolitiques ont un impact. Le langage utilisé autribunal peut aussi avoir une forte influence.- ont été prouvéesDans une célèbre étu<strong>de</strong>, différents mots étaient défectueuses...utilisés à propos d'un acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> voiture: « cogner », La théorie du« entrer en coll,ision », « frapper», « fracasser ». magnétophoneLes mots ont influencé le souvenir ultérieur. est fausse. ) )Par exemple, les individus avaient plus <strong>de</strong> probabilitésHenry Gleitman, 1981<strong>de</strong> dire par erreur qu'ils avaient vu du verre brisési l'on avait utilisé le mot « fracasser» plutôt quele mot « cogner».Les thèmes <strong>de</strong> l'interrogatoire De nombreux facteurs importants sontassociés aux métho<strong>de</strong>s d'interrogation, telles que le « tapissage » (para<strong>de</strong>d'i<strong>de</strong>ntification) ou le portrait-robot. Pensez par exemple à une technique simplemais importante, telle que le tapissage. Première question: la personne supposéecoupable <strong>de</strong>vrait-eUe faire partie ou non du tapissage ? Les recherches ont montré quelorsque le véritable agresseur est absent du tapissage, le suspect <strong>de</strong> la police a unrisque nettement plus élevé d'être reconnu par erreur. Si l'on dit au témoin que lapersonne coupable peut être présente ou non, la probabilité d'erreur diminue1976 1979 1988Création d'une commission Publication <strong>de</strong> l'ouvrage Mise au pointbritannique (commission Devlinl Témoignage visuel, <strong>de</strong> Loftus <strong>de</strong> l'entretien cognitifsur le témoignage visuel


134 la connaissancefortement, comparativement à la situation ou le témoin suppose que le coupable estnécessairement présent.Celui qui organise le tapissage « divulgue» <strong>de</strong> l'information et influence le témoin. Ilest donc recommandé que cela soit fait par une personne qui ne connaît pas l'affaire.De plus, il est utile <strong>de</strong> fournir au témoin un feedback <strong>de</strong> ses erreurs, s'il choisit <strong>de</strong>sinnocents à qui l'on a <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> faire partie du tapissage. Bien entendu, lesinnocents doivent ressembler à 'la <strong>de</strong>scription fournie par le témoin. Si celui-ci sesouvient que le criminel est grand, chauve, mince et qu'il portait <strong>de</strong>s lunettes, toutesles personnes présentes <strong>de</strong>vraient correspondre à cette <strong>de</strong>scription, car nous savonsque toute personne ayant ces caractéristiques (qu'elle soit innocente ou coupahle) aplus <strong>de</strong> probabilités d'être reconnue. Nous savons aussi que les erreurs sont plusfréquentes si l'on montre simultanément aux témoins tous les participants autapissage ou si chaque personne est présentée successivement.Lorsque les personnes témoignent visuellement, il y a toujours un certain doute.Cependant, elles ont tendance à avoir plus confiance en leur témoignage plus tardqu'au début du processus, même si leur témoignage était relativement incertain.« Peut-être » ou « probablement » <strong>de</strong>vient « c'est évi<strong>de</strong>nt». Pour réduire le risqued'erreur, il est donc recommandé que 'la déposition du témoin soit enregistrée aumoment <strong>de</strong> sa première i<strong>de</strong>ntification.Les recherches expérimentales Dans l'une <strong>de</strong>s premières expériences, onmontrait aux sujets un petit film d'acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> voiture, puis on leur <strong>de</strong>mandait d'estimerla vitesse <strong>de</strong>s véhicules. À certains sujets, on précisait: « Lorsque les voitures se sonttouchées» et à d'autres sujets, on disait: « Lorsque les voitures se sont fracassées l'unecontre l'autre. » La réponse était directement liée à la force impliquée par le verbe,allant <strong>de</strong> 51 à 66 km/h. Des questions inductives ont conduit à <strong>de</strong> multiples résultatsi<strong>de</strong>ntiques; <strong>de</strong>s changements subtils <strong>de</strong> mots ont un effet important sur letémoignage: « avez-vous vu un. .. » comparativement à « avez-vous vu le... », illustrele fait que la modification d'un seul mot peut influencer les témoins.La plupart <strong>de</strong>s témoins sont serviables, en ce sens qu'ils désirent ai<strong>de</strong>r et, dans le casd'un crime violent, ont une motivation supplémenta ire pour ai<strong>de</strong>r la police: arrêterun criminel. Les témoins croient que la police n'organiserait pas un tapissage si ellene disposait pas d'un bon suspect. Bien que les témoins essaient avec la meilleurebonne volonté d'i<strong>de</strong>ntifier le véritable criminel, lorsqu'ils sont incertains - oulorsqu'aucune personne dans le tapissage ne correspond exactement à leur souvenirilsi<strong>de</strong>ntifieront souvent la personne qui correspond le mieux à leur souvenir ducr,iminel. Et leur choix est souvent faux. .Les jurés peuvent ne pas avoir conscience <strong>de</strong>s facteurs qui peuvent interférer avec lestémoignages visuels, comme l'effet <strong>de</strong> focalisation sur l'arme, ou <strong>de</strong>s facteurs quiinterfèrent avec le stockage en mémoire, tels que l'effet d'exposition antérieure surl'i<strong>de</strong>ntification du suspect, et ceci peut expliquer pourquoi une synthèse <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux centcinq cas d'arrestations infondées a montré que 52 % <strong>de</strong> ces cas éraient associés avec<strong>de</strong>s témoignages visuels erronés.


ce que le témoin vu 1135Les avocats et les jurés sont souvent encouragés à tenir compte<strong>de</strong> divers éléments avant d'accor<strong>de</strong>r beaucoup d'attention à untémoignage visuel:• le témoin était-il dans <strong>de</strong> bonnes conditions pour observer lapersonne?• la capacité du témoin était-elle réduite par l'alcool, <strong>de</strong>s droguesou une blessure?• le témoin et l'accusé se connaissent-ils?• sont-ils du même groupe ethnique?• combien <strong>de</strong> temps s'est écoulé <strong>de</strong>puis l'événement?• comment l'accusé a-t-il été i<strong>de</strong>ntifié (photographies, tapissage) ?• quel était le niveau <strong>de</strong> certitu<strong>de</strong> du témoin lors <strong>de</strong> la premièrei<strong>de</strong>ntification?Il a été démontré que tout témoignage fourni d'une manière convaincue est considérécomme plus exact et digne <strong>de</strong> confiance. Nous savons que plus un événement estancien, moins nous nous en souvenons. Nous savons également que <strong>de</strong>s situationsfrappantes ou nouvelles sont toujours mieux mémorisées que <strong>de</strong>s situations banales.Diverses techniques telles LIue l'entretien cognitif ont donc été proposées pouraméliorer les souvenirs <strong>de</strong>s témoins. Cette métho<strong>de</strong> encourage <strong>de</strong>s actes spécifiques:raconter l'histoire dans te sens chronologique et dans le sens inverse, et à partir <strong>de</strong>différents points <strong>de</strong> vue; rapporter tous les détails mémorisés, même banals.idée cléU·d n if] a ion Inoignagevisuelestsouventerronee


136 118 connaissance4 I1intelligenceartificielle « Nous ne <strong>de</strong>vrions pas invoquer <strong>de</strong>s entités ou <strong>de</strong>s forces pour expliquerles phénomènes mentaux si nous pouvons les expliquer dans les termesd'un possible ordinateur électronique. » M.G. Kendall, 1950Fait ou fiction? De nombreux individus ont rêvé <strong>de</strong> fabriquer <strong>de</strong>s machinesintelligentes et certains semblent y être parvenus: <strong>de</strong>s robots assemblent <strong>de</strong>s voitures,<strong>de</strong>s machines peuvent jouer aux échecs et battent <strong>de</strong> grands maîtres. Beaucoupd'anciens mythes contiennent <strong>de</strong>s références à <strong>de</strong>s machines pensantes, <strong>de</strong>s automatesressemblant à <strong>de</strong>s esclaves ou <strong>de</strong>s monstres effrayants qui, une fois créés, <strong>de</strong>viennentincontrôlables. Des futuristes du siècle <strong>de</strong>rnier ont inventé un nouveau mon<strong>de</strong> danslequel <strong>de</strong>s machines, soit prennent en charge les travaux pénibles,soit inversement contrôlent le mon<strong>de</strong>. Aujourd'hui, l'intelligence( ( Une machine artificielle est au cœur <strong>de</strong> tout, qu'il s'agisse <strong>de</strong> robots, <strong>de</strong>ne peut pas plus diagnostic médical ou encore <strong>de</strong> jouets sophistiqués.penser qu'un livrene peut se Définir l'intelligence artificielle La définition mo<strong>de</strong>rnesouvenir. ) )<strong>de</strong> l'intelligence artificielle est l'étu<strong>de</strong> et la mise au point d'agentsintelligents, <strong>de</strong> systèmes qui perçoivent leur environnement etréalisent <strong>de</strong>s actions qui maximisent leurs chances <strong>de</strong> succès. Leterme « intelligence artificielle» est également utilisé pour décrireune propriété <strong>de</strong> machines ou <strong>de</strong> programmes: l'intelligence manifestée par lesystème. Des chercheurs espèrent que <strong>de</strong>s machines feront preuve <strong>de</strong> raisonnement,<strong>de</strong> connaissance, <strong>de</strong> planification, d'apprentissage, <strong>de</strong> communication, <strong>de</strong> perception,et <strong>de</strong> l'aptitu<strong>de</strong> à se déplacer et à manipuler <strong>de</strong>s objets. l:intelligence générale (ou« intelligence artificielle forte ») n'a pas encore été réalisée et constitue un objectif àlong terme <strong>de</strong>s recherches en intelligence artificielle.LS. Hearshaw, 1987L'historique L'intetligence artificielle existe <strong>de</strong>puis soixante ans à peine. Debrillants mathématiciens et ingénieurs ont construit et programmé les premiersordinateurs qui pouvaient résoudre <strong>de</strong>s problèmes logiques complexes et même parler.Premier ordinateur1955 Développement du premierprogramme d'intelligence artificielle


l'intelligence artificielle 137( ( Voici la questionà laquelle nousconcernant ce que les machines pourraient faire. Mais entre voudrions répondre :les années 1980 et 2000, la déception a été vive. Le millénaire"Un ordinateura été l'occasion d'un renouveau grâce à l'augmentationpense-t-il ?" Ce quimassive <strong>de</strong> la puissance <strong>de</strong>s ordinateurs et <strong>de</strong>s tentatives <strong>de</strong>résolution <strong>de</strong> problèmes très spécifiques.revient à dire :"Est-il suffisant <strong>de</strong>Les métho<strong>de</strong>s Certaines machines ont été mises au point mettre en œuvre unpour surpasser les humains dans <strong>de</strong>s tâches spécifiques, un progranuneexemple célèbre étant Deep Blue, qui a battu aux échecs le Îlûormatique adaptégrand maître Garry Kasparov en mai 1997. Des programmes avec les bOlUlescomme celui-ci sont spécialisés dans un seul domaine et leur données et lesbase <strong>de</strong> données est créée par <strong>de</strong>s humains.bonnes restitutions,Les chercheurs en intelligence artificielle mettent au point <strong>de</strong>spour que l'on puissemétho<strong>de</strong>s ou <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong>stinés à les ai<strong>de</strong>r dans leur tâche. Ilsparler <strong>de</strong> pensée ?"ont ensuite besoin d'un système logique. Puis ils mettent au pointLa réponse à cette<strong>de</strong>s systèmes probabilistes pour en tirer <strong>de</strong>s conclusions. Auquestion estGouvernements et universités ont financé ces recherches et,dans les années 1960, les prévisions étaient optimistescœur <strong>de</strong> leur travail se trouvent <strong>de</strong>s systèmes qui ai<strong>de</strong>nt à classer les informations, puis d'autres qui contrôlent les actions.clairement Non. )) Des programmes informatiques ont été mis au point pour John Searle, 1984apprendre à partir <strong>de</strong> l'expérience. Un exemple est Soar, quirésout <strong>de</strong>s problèmes en partant d'un état initial et en appliquant <strong>de</strong>s opérateursjusqu'à ce que le résultat soit obtenu. Soar peut sortir créativement d'une imp8sse etapprendre <strong>de</strong> l'expérience, stockant <strong>de</strong>s solutions et les utilisant si un problèmei<strong>de</strong>ntique se représente. Cette capacité est importante pour le développement <strong>de</strong>l'intelligence artificielle car elle permet <strong>de</strong> résoudre une gran<strong>de</strong> diversité <strong>de</strong>problèmes plus efficacement. Mais surtout, Soar agit pareillement à un humain entrain <strong>de</strong> résoudre un problème. Les <strong>de</strong>ux apprennent <strong>de</strong> l'expérience, résolvent <strong>de</strong>sproblèmes et produisent <strong>de</strong>s courbes d'apprentissage <strong>de</strong> formes i<strong>de</strong>ntiques.Que pourraient faire les machines intelligentes ? Pour les partisansd'une intelligence artificielle forte, les machines doivent être capables, et le seront,<strong>de</strong> dépasser les aptitu<strong>de</strong>s humaines à penser, à résoudre <strong>de</strong>s problèmes et à apprendre.Au départ, le cœur du projet était la capacité <strong>de</strong>s chercheurs en intelligenceartificielle à construire <strong>de</strong>s systèmes qui résolvaient <strong>de</strong>s problèmes efficacement,précisément et régulièrement. Ceci impliquait d'éCf,ire <strong>de</strong>s algorithmes pour faire <strong>de</strong>schoses telles que briser <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s ou résoudre <strong>de</strong>s énigmes. Il semblait donc que l'on1984 1970 1997Introduction <strong>de</strong> l'idée Mise au point L:ordinateur Deep Blue<strong>de</strong> logique floue <strong>de</strong> systèmes experts bat Garry Kasparov aux échecs


138 118 connalssancLes critiques ont souligné que les institutionstraditionnellement les plus intéressées parl'intelligence artificielle ont été les services <strong>de</strong>l'armée et les gran<strong>de</strong>s entreprises, enparticulier les entreprises informatiques. Ceciimplique-t-il qu'il nous faut prendre enconsidération une possible éthique <strong>de</strong>l'intelligence artificielle ?Tous les progrèsscientifiques ont <strong>de</strong>s conséquences sociales. Laconnaissance est un pouvoir: elle est souventneutre mais peut être utilisée <strong>de</strong> différentesmanières. Nous avons les usines nucléaires etles armes nucléaires. Les criminels et lesprofessionnels <strong>de</strong> l'anticriminalité peuvent seservir <strong>de</strong>s mêmes équipements pour acquériret traiter <strong>de</strong>s données.pourrait apprendre aux machines à raisonner: à tirer <strong>de</strong>s déductions logiques. Le faitque <strong>de</strong> n ombreuses recherches en <strong>psych</strong>ologie aient montré que les humains sontsouvent illogiques, irrationnels et inefficaces à résoudre <strong>de</strong>s problèmes, a encouragéles chercheurs en intelligence artificielle à découvrir comment surpasser les humains.Plus récemment, <strong>de</strong>s chercheurs ont montré comment les machines peuvent utilisermême <strong>de</strong>s informations incomplètes, non pertinentes et déformées pour prendre <strong>de</strong>sdécisions.La planification, le stockage et l'apprentissage La technologie <strong>de</strong>l'intelligence artificielle est utilisée pour prédire le futur et le planifier en fonction <strong>de</strong>ces prévisions. Ceci implique n écessairement une fonction <strong>de</strong> planification. Pouvonsnousinventer <strong>de</strong>s machines intelligentes qui pourraient se fixer <strong>de</strong>s objectifs, puis lesatteindre?Les chercheurs en intelligence artificielle ne s'intéressent pas seulement à la pensée,mais aussi à la connaissance. Un thème central <strong>de</strong> l'intelligence artificielle est <strong>de</strong>savoir comment les machines obtiennent, catégorisent et ont accès à la connaissance.En relation avec cela se trouve le concept d'apprentissage. Peut-on apprendre auxmachines à apprendre ? Peuvent-elles se souvenir <strong>de</strong> performances correctes etincorrectes et apprendre à améliorer leurs résultats à partir <strong>de</strong> ces souvenirs?Peuvent-elles traiter <strong>de</strong>s informations complètement nouvelles sur la base <strong>de</strong> laprogrammation qu'elles ont reçue?Des machines sont également programmées pour <strong>de</strong>s perceptions sensoriellessophistiquées. Elles doivent vo ir (caméras), enregistrer (microphones) ou capter(sons) <strong>de</strong>s signaux puis reconnaître <strong>de</strong>s objets réels. Elles passent aujourd'hui <strong>de</strong> lareconna issance <strong>de</strong>s objets à la reconnaissance <strong>de</strong>s visages et <strong>de</strong>s perso nnes. Lesrecherches en intelligence artificielle ont également progressé dans le domaineimportant et ardu du traitement du langage naturel. De nombreuses personnes ontrêvé d'une machine qui puisse transcrire leurs paroles en un texte écrit. Il y a aussi


l'intelligence rtificlelle 139ceux qui rêvent <strong>de</strong> machines qui puissent lire <strong>de</strong>s ouvrages à voix haute ou traduirecorrectement d'une langue vers une autre. Des progrès ont été réalisés dans tous cesdomaines.Des machines créatives? Pourrions-nous fabriquer <strong>de</strong>s machines créatives?Être créatif signifie habituellement produire <strong>de</strong>s choses à la fois nouvelles et utiles.Également controversée est l'idée que l'on puisse créer <strong>de</strong>s machines intelligentessocialement et émotionnellement. Pour répondre pleinement à cette exigence, unemachine doit pouvoir lire et détecter les émotions chez une autre personne (ou uneautre machine), puis y réagir <strong>de</strong> manière appropriée. Une machine émotionnellementintelligente et socialement compétente aurait besoin d'être plus que simplementpolie, mais également gratifiante et sensible.Le test <strong>de</strong> Turing En 1950, le mathématicien anglais Alan Turing a proposé uncritère simple: un ordinateur mériterait d'être appelé intelligent s'il pouvait tromperun être humain en lui faisant croire qu'il est humain. Au début <strong>de</strong>s années 1960, <strong>de</strong>schercheurs ont mis au point un ordinateur paranoïaque appelé Parry. Le programmepouvait se présenter sous <strong>de</strong>ux mudalités : légèrement ou fortement paranoïaque. Ungroupe <strong>de</strong> <strong>psych</strong>iatres qualifiés ont interrogé le « patient » à distance. Aucun d'euxn'a pensé interroger un ordinateur. Plus intéressant encore, un groupe <strong>de</strong> <strong>psych</strong>iatresa reçu plusieurs transcriptiuns d'entretiens avec <strong>de</strong>s patients paranoïaques, certainsréels et d'autres générés par ordinateur. Ils n'ont pas pu distinguer entre les <strong>de</strong>ux.Selon le critère du test <strong>de</strong> Turing, n us avons <strong>de</strong>s machinesintelligentes <strong>de</strong>puis longtemps: <strong>de</strong>s ordinateurs programmablesqui se font passer pour <strong>de</strong>s personnes. Dans les années 1960, <strong>de</strong>sordinateurs pouvaient discuter - accepter <strong>de</strong>s questions et yrépondre - sur toutes sortes <strong>de</strong> sujets, y compris ceux qui peuventsurvenir au cours d'un entretien <strong>psych</strong>iatrique. Au sens strict, ilsn'écoutaient pas et ne parlaient pas, mais si vous leur fournissiez( ( La véritablequestion n'est pas<strong>de</strong> savoir si lesmachines pensent,mais si les gens<strong>de</strong>s questions par écrit, ils répondaient par écrit. Ils ont passé lepensent. ))test <strong>de</strong> Turing avec succès puisque l'interlocuteur croyait communiquer avec une personne vivante.B.F. Skinner, 1989 idée cléLes IllaChin.eserco es h Ulll.ain.s ?


140 l, e nn II aneRêver par hasardPourquoi pénétrons-nous dans un mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> fantasmes plusieurs fois parnuit lorsque nous dormons? Pourquoi percevons-nous <strong>de</strong>s événementsimaginaires et réalisons-nous <strong>de</strong>s comportements imaginaires, et quesignifient-ils? Sont-ils une porte <strong>de</strong> notre inconscient? Pouvons-nousvraiment interpréter nos rêves?Les rêves peuvent être effrayants ou rassurants. Ils sont fantastiques, en ce sens que<strong>de</strong>s choses impossibles et illogiques peuvent survenir. Dans les rêves, vous pouvezvoler, <strong>de</strong>s personnes décédées peuvent vivre, <strong>de</strong>s objets inanimés peuvent parller.( ( Le rêve est Le sonuneil avec mouvement rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s yeux Lale reflet <strong>de</strong>s plupart d'entre nous rêvons en moyenne une ou <strong>de</strong>ux heuresvagues <strong>de</strong> la viechaque nuit, en faisant plusieurs rêves. La majeure partie <strong>de</strong>s rêvesinconscientesont complètement oubliés et certaines personnes affirment doncne pas rêver. Des chercheurs ont découvert que si les individus sontsur le sol <strong>de</strong>l'imagination. ) ) réveillés juste après un épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong> mouvement rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s yeux,beaucoup se souviennent <strong>assez</strong> exactement <strong>de</strong> leur rêve. UneH. Amlel, 1989 personne réveillée durant un sommeil avec mouvement rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>syeux fait presque toujours état d'un rêve, souvent <strong>de</strong> façon trèsdétaillée. Ceci indique que les individus sont conscients durant le sommeil, mêmes'ils ne se souviennent pas toujours <strong>de</strong> l'expérience. Les étu<strong>de</strong>s sur les on<strong>de</strong>s cérébralesmontrent que nous sommes alors très actifs. Nous savons également que les hommesont généralement une érection et les femmes un afflux sanguin vers le vagin à cemoment.Les sortes <strong>de</strong> rêves Il existe différentes sortes <strong>de</strong> rêves: <strong>de</strong>s rêves très luci<strong>de</strong>smais aussi <strong>de</strong>s rêves vagues; <strong>de</strong>s cauchemars et <strong>de</strong>s rêves très agréables. Les enfants <strong>de</strong>trois à huit ans disent souvent qu'ils ont <strong>de</strong>s cauchemars, et ils ne semblent pasapparaître souvent dans leurs propres rêves avant l'âge <strong>de</strong> trois ou quatre ans.Beaucoup signalent <strong>de</strong>s rêves récurrents, certains effrayants, d'autres très agréables.Certaines personnes croient que leurs rêves sont prémonitOires. Presque les <strong>de</strong>ux tiers<strong>de</strong>s individus affirment qu'ils ont eu <strong>de</strong>s rêves <strong>de</strong> « déjà-vu ».Nombreuses mentions dans la Bible1899Publication <strong>de</strong> L'Interprétation<strong>de</strong>s rêves, <strong>de</strong> Freud


êvar par hasard 141Un certain nombre <strong>de</strong> rêves apparaissent <strong>de</strong> façon récurrente dans <strong>de</strong> nombreusescuttures quels que soient les individus et leur âge. C'est le cas <strong>de</strong>s rêves <strong>de</strong> vol: lesgens disent qu'ils volent comme un oiseau, peut-être en faisant <strong>de</strong>s mouvements dutorse comme un nageur. D'autres parlent <strong>de</strong> rêves <strong>de</strong> chute, précisant qu'ils tombent<strong>de</strong> bâtiments é levés ou dans <strong>de</strong>s sortes <strong>de</strong> trappes sombres pendant un long moment.Beaucoup rêvent <strong>de</strong> se retrouver soudain nus et sont donc très embarrassés <strong>de</strong>vant lesautres. Le rêve <strong>de</strong> poursuite est également fréquent : la plupart du temps, la personneest poursuivie sans répit par d'autres, ou parfois c'est elle qui est la poursuivante. Desétudiants connaissent le rêve d'examen dans lequel ils ne serappellent <strong>de</strong> rien malgré leurs révisions, o u pire ils sont paralysés etne peuvent pas écrire. Le rêve <strong>de</strong> perdre ses <strong>de</strong>nts est aussi « Les rêvesétonnamment fréquent.n'ont <strong>de</strong> sens quedans le contexteLes interprétations Il y a diverses interprétations <strong>de</strong> ces <strong>de</strong> vierêves. Le rêve <strong>de</strong> perte <strong>de</strong> <strong>de</strong>nts indique-t-il que vous êtes du rêveur. ) )particulièrement préoccupé par votre apparence physique? OuD. Broadribb, 1987représente-t-iJ peut-être le vieillissement et la perte <strong>de</strong> pouvoir, oule souci <strong>de</strong> ne jamais être écouté ou d'être ignoré? Les <strong>de</strong>ntsreprésentent peut-être <strong>de</strong>s armes verbales et elles tombent parce que vous avez mentisur les autres. On a même proposé que ce rêve a it un rapport avec l'argent: l'espoirqu'une « petite fée <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts" apparaîtra et appo rtera beaucoup d'argent.Mais comment interpréter le rêve <strong>de</strong> nudité? Concerne-t-illa vulnérabilité et lahonte? Vous cachez certaines informations, vous dissimulez une relation, vous faitesquelque chose que vous ne <strong>de</strong>vriez pas faire et vous vous sentez coupable. Pire encore,vous avez peur d'être démasqué, déshonoré et ridiculisé. Ou cela peut signiHer quevous ne vous sentez pas prêt pour une tâche importante. Une caractéristique curieuseest que vous réalisez que vous êtes nu, mais personne ne semble y prêter attention.Ceci peut ,indiquer que vous êtes préoccupé sans ra ison.Les idées freudiennes S igmund Freud a proposé que les rêves proviennent <strong>de</strong>nos conflits intérieurs entre les pulsions inconscientes et les interdictions d'agir selonces désirs, que nous apprenons <strong>de</strong> la société. Ainsi, tous les rêves représentent <strong>de</strong>ssouhaits non réalisés, le contenu <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers étant symboliquement déguisé. Lecontenu latent est transformé en contenu manifeste, qui doit être expliqué pour soidisantdévoiler les désirs inconscients <strong>de</strong> la personne. Les rêves sont symboliques, <strong>de</strong>smétaphores <strong>de</strong> nos véritables sentiments sous-jacents.1934 1957 2004Publication <strong>de</strong> Sur l'interprétation Liens entre le sommeil Publication <strong>de</strong> Le Répertoire<strong>de</strong>s rêves, <strong>de</strong> Jung avec mouvement rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s rêves, <strong>de</strong> Lohff<strong>de</strong>s yeux et le rêve


142 11a connais anceL'interprétation <strong>de</strong>s rêves était, selon Freud, le meilleur moyen <strong>de</strong> comprendre lesconflits intérieurs et il encourageait donc ses patients à parler sans restriction <strong>de</strong> leursrêves. Selon lui, les rêves concernent le passé et le présent, et proviennent <strong>de</strong> régionsintérieures inconnues. Chaque rêve est une tentative <strong>de</strong> réaIiser« Le résidu ses désirs profonds. Les rêves sont la « voie royale qui conduit àd'aujourd'hui est l'inconscient '>. En rêvant, plusieurs processus surviennent, telstransfonné en rêveque la con<strong>de</strong>nsation, par taque lie les thèmes sont réduits à <strong>de</strong>set rendu inoffensif images uniques telles qu'une porte ouverte ou une rivièrepar le sonuneil. ) ) profon<strong>de</strong>. Les <strong>psych</strong>analystes sont particulièrement intéressés parle déplacement, par lequel, les individus, les choses et certainesSigmund Freud, 1932activités en remplacent d'autres. Il y a aussi la transformation, parlaquelle l'individu est transformé en une personne plus gran<strong>de</strong> ouplus petite, plus âgée ou plus jeune, plus ou moins puissante.La théorie freudienne conduit à diverses prédictions sur le rêve qui ont été testées.Ainsi, les hommes <strong>de</strong>vraient avoir plus <strong>de</strong> rêves d'anxiété <strong>de</strong> castration que lesfemmes, lesquelles <strong>de</strong>vraient avoir plus <strong>de</strong> rêves d'envie <strong>de</strong> pénis. Les hommes<strong>de</strong>vraient avoir plus <strong>de</strong> rêves d'hommes étrangers qu'ils combattent (le père, dans lesta<strong>de</strong> œdipien <strong>de</strong> développement).Les critiques soulignent que si les rêves sont simplement l'expression <strong>de</strong> nos désirs,pourquoi y en a-t-il tant <strong>de</strong> négatifs? De plus, Freud a fondé sa théorie sur les raresrêves (moins <strong>de</strong> 10 %) qui sont remémorés et présentés par les patients.Troisièmement, il y a un grave problème <strong>de</strong> fiabilité dans l'interprétation <strong>de</strong>s rêves,Les <strong>psych</strong>ologues évolutionnistes ont noté que <strong>de</strong> nombreuxrêves concernent <strong>de</strong>s dangers. Pour eux, leur fonction est <strong>de</strong>représenter <strong>de</strong> véritables menaces quotidiennes, <strong>de</strong> telle façonque nous puissions faire face et préparer différentes réponses. Sicela était vrai, la plupart <strong>de</strong>s individus <strong>de</strong>vraient faire état <strong>de</strong> rêvesréalistes sur <strong>de</strong>s menaces environnementales présentes oupassées. Il y a cependant trois problèmes a cette explication. Toutd'abord, <strong>de</strong> nombreux rêves concernent <strong>de</strong>s émotions et <strong>de</strong>sévénements positifs, surtout le plaisir sexuel. Deuxièmement, <strong>de</strong>nombreux rêves semblent impliquer le « traitement»d'informations apparues le jour même ou dans un passé récent etqui n'étaient pas nécessairement stressantes et menaçantes.Troisièmement, la façon dont le rêve nous enseigne ou nousencourage à une meilleure adaptation (concept central <strong>de</strong> la<strong>psych</strong>ologie évolutionniste) n'apparaît pas clairement.


êv r par hasard143 ( ( Je n'ai jamais accepté l'idée <strong>de</strong> Freud selon laquellele rêve est lUle "faça<strong>de</strong>" <strong>de</strong>rrière laquelle le sensse tient caché, lUl sens déjà connu mais, pour ainsi dire,malicieusement inaccessible à la conscience. ) )Carl Jung, 1963car différents thérapeutes offrent différentes interprétations. Quatrièmement, commeJung l'a souligné, les rêves semblent avoir un contenu i<strong>de</strong>ntique au fil du temps et <strong>de</strong>scultures, qu'ils soient profondément répressifs ou étonnamment Hbéraux.Les étu<strong>de</strong>s physiques Des chercheurs ont proposé une explication <strong>de</strong>s rêvesqui n'implique pas <strong>de</strong> conflits ou <strong>de</strong> désirs inconscients. Au cours <strong>de</strong> la phase àmouvement rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s yeux s'active, un circuit <strong>de</strong> neuro nes sect'étant <strong>de</strong>l'acétylcholine dans le cerveau, entraînant <strong>de</strong>s mouvements rapi<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s yeux,l'activation du cortex cérébral et la paralysie musculaire, processus qui nous amène àvoir <strong>de</strong>s images. Les mouvements <strong>de</strong>s yeux d'un individu en train <strong>de</strong> rêvercorrespon<strong>de</strong>nt <strong>assez</strong> bien au contenu du rêve: ce sont ceux auxquels on pourraits'attendre si les événements se produisaient réeHement. Les images contiennentsouvent <strong>de</strong>s souvenirs d'épiso<strong>de</strong>s qui se sont déroulés récemment ou auxquels lapersonne a pensé il y a peu <strong>de</strong> temps. Il est probable que les circuits responsables durêve sont plus stimulés par leur usage récent. Des patients qui doivent subirprochainement une opération révèlent leurs craintes en rêvant <strong>de</strong> l'opération aucours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux ou trois jours qui la précè<strong>de</strong>nt. Leurs peurs sont rarement expriméesdirectement. Leur référence est indirecte, sous une forme symbolique con<strong>de</strong>nsée. Lesrêves expriment souvent ce qui est actuellement le plus important dans la vie d'unepersonne, et non un concept sous-jacent <strong>de</strong> réalisation <strong>de</strong> nos désirs.idée cléLes eves fournissent-ils una rçu<strong>de</strong> notre inconscient?


144 lIa connaIs anceEssayer d'oublier« Si nous voulons changer quelque chose chez un enfant, nous <strong>de</strong>vrions toutd'abord exan1.Ïner ce dont il s'agit et voir s'il ne serait pas préférable <strong>de</strong> lechanger en nous. » Carl Jung, 1954L'essence du concept <strong>de</strong> refoulement est <strong>de</strong> repousser ou <strong>de</strong> détourner quelque chose.En <strong>psych</strong>ologie, ce terme exprime l'idée d'éliminer certains contenus mentaux <strong>de</strong> laconscience pour éviter <strong>de</strong>s émotions douloureuses.Le refoulement a été étudié dans le cabinet du thérapeute, aulaboratoire et au tribunal. Certains cas pSYChologiques parmi lesplus fascinants impliquent le refoulement. Il Y a par exemple <strong>de</strong>scas d'amnésie hystérique, trouble défini comme un état danslequel 'la personne perd complètement la mémoire, généralementà la suite d'un traumatisme. Un autre cas rare est la personnalitémultiple, où la personne possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>s personnalités trèsdifférentes qui semblent ne rien connaître les unes <strong>de</strong>s autres. Cescas séduisent tout particulièrement les romanciers et lesréalisateurs <strong>de</strong> films.Les souvenirs retrouvés Des « souvenirs refou1lés et retrouvés» ont donnélieu à <strong>de</strong> nombreuses accusations d'abus sur <strong>de</strong>s enfants. Des criminels qui ont commis<strong>de</strong>s actes violents semblent incapables <strong>de</strong> se souvenir précisément du crime, peut-êtreparce qu'ils l'ont refoulé. Il est arrivé qu'au cours d'une thérapie, <strong>de</strong>s adultes puissentretrouver <strong>de</strong>s souvenirs d'abus commis dans l'enfance et qui ont été longtempsrefoulés. À la fois l'agresseur et la victime ont <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> refouler ces terriblesévénements, mais ceci est bien entendu difficile à démontrer. On a également affirméque les souvenirs du passé sont très facilement déformés par la façon dont ils sontsuscités en thérapie et au tribunal. Des étu<strong>de</strong>s expérimentales ont montré <strong>assez</strong>clairement que <strong>de</strong>s ind,ividus normaux et en bonne santé peuvent être convaincusPublication <strong>de</strong> Étu<strong>de</strong>s sur l'hystérie,<strong>de</strong> Freud1915 Publication <strong>de</strong> Le Refoulement,<strong>de</strong> Freud~


essayer d'oublier 145que <strong>de</strong>s souvenirs faux et incorrects sont vrais. Des cliniciens admettent qu'il est fortpossible que <strong>de</strong>s individus aient <strong>de</strong>s souvenirs « illusoires » plutôt que <strong>de</strong>s souvenirs« refoulés puis retrouvés ».Nous savons <strong>de</strong> façon certaine que les souvenirs retrouvés ont <strong>de</strong>s caractéristiquesi<strong>de</strong>ntiques. La plupart sont <strong>de</strong>s souvenirs, vécus par <strong>de</strong>s femmes, <strong>de</strong> multiplessituations où leur père s'est livré sur elles à une pratique sexuelle inappropriée avantleur huitième anniversaire. Ces souvenirs sont « retrouvés» en thérapie et uncinquième <strong>de</strong> ce qu'ils révèlent est signalé à la police. Mais en réalité, les étu<strong>de</strong>sd'abus vérifiés montrent que l'âge <strong>de</strong> l'abus est plus tardif et qu'il a rarement étéperpétré par un père ou un beau-père.Freud et le refoulement Selon Freud, ce dont nous sommes conscients à unmoment donné ne représente que la partie immergée d'un iceberg: la plupart <strong>de</strong> nospensées et <strong>de</strong> nos idées sont totalement inaccessibles à ce moment (préconscientes)ou sont totalement inaccess ibles (inconscientes). La plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>l'inconscient existe par le biais du refoulement, lorsque <strong>de</strong>s expériences menaçantesou désagréables sont « oubliées » . Elles peuvent <strong>de</strong>venir inaccessibles, interdites ànotre système conscient. Ceci constitue une forme majeure <strong>de</strong> défense du Moi. Freuda considéré qu'il s'agissait d'une pierre angulaire « sur laquelle repose toute lastructure <strong>de</strong> la <strong>psych</strong>analyse ».Le refoulement est le processus consistant à envoyer les pensées dans l'inconscient etempêcher les pensées douloureuses ou dangereuses <strong>de</strong> parvenir à la conscience ; cecipeut se manifester par une naïveté apparemment inexplicable, <strong>de</strong>s trous <strong>de</strong> mémoireou le manque <strong>de</strong> conscience <strong>de</strong> la situation <strong>de</strong> la personne. L'émotion est consciente,mais l'idée qui se cache <strong>de</strong>rrière est absente.Les conflits intérieurs que nous subissons tous, selon Freud, présentent un schémaglobal i<strong>de</strong>ntique. Le conflit commence lorsque les pulsions dérivées du Ça et diverssouvenirs qui leur sont associés sont poussés dans l'inconscient. Cependant, ces( ( La civilisation et l'enseignement supérieuront une forte influence sur le développement du refoulement...par conséquent, ce qui était auparavant perçu commeagTéable semble maintenant inacceptable et est rejetéavec toute la puissance <strong>psych</strong>ique possible. ) )Sigmund Freud, 1920: 1957 1981 2000Description du trouble Refouleurs et sensibilisateurs Description du style <strong>de</strong> coping<strong>de</strong> la personnalité multiple<strong>de</strong> refoulement défensif


146 11a connaissancepulsions refusent <strong>de</strong> s'y maintenir et trouvent <strong>de</strong>s substituts qui ont pour conséquenceune multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> défenses additionnelles qui sont érigées pour renforcer lerefoulement d'origine, maintenir le flux dérivé du Ça et permettre au Soi <strong>de</strong> maintenirson regard sur soi. Le refoulement est au cœur <strong>de</strong> l'antagonisme entre le Ça et le Moi.Freud a développé ses idées en étudiant l'hystérie. Il croyait que le refoulementséparait la conscience et le Moi, et entraînait <strong>de</strong>s dissociations <strong>de</strong> la personnalité. Leprocessus <strong>de</strong> refoulement empêche la libération normale et saine <strong>de</strong>s émotions. Ilempêche aussi certaines idées d'être associées avec d'autres, ce qui a pourconséquence que <strong>de</strong>s croyances ne sont pas correctement combinées entre elles. Lerefoulement affaiblit la personnalité: c'est un saboteur interne qui cause <strong>de</strong>s divisionset <strong>de</strong>s ruptures. C'est seulement plus tard que Freud en est arrivé à croire qu'il s'agitd'un mécanisme <strong>de</strong> défense normal, sain et fréquent.Deux étapes conduisent une personne au refoulement. Le refoulement prinuüre est leprocessus consistant à déterminer ce qui relève <strong>de</strong> soi et ce qui est autre j ce qui estbon, ce qui est mauvais. À la fin <strong>de</strong> cette étape, l'enfant peut distinguer entre lesdésirs, les peurs, soi et les autres. Le refoulement secondaire commence lorsque l'enfantcomprend qu'agir sur la base <strong>de</strong> certains désirs peut générer <strong>de</strong> l'anxiété. Celle-ciconduit au refoulement du désir. La menace d'une punition liée à cette formed'anxiété, lorsqu'elle est internalisée, <strong>de</strong>vient le Surmoi, qui s'oppose aux désirs duMoi sans nécessité d'une menace externe.On dit souvent que les événements traumatiques sont refoulés, cependant le traumarenforce plus souvent les souvenirs dus à <strong>de</strong>s sensations émotionnelles ou physiques.Un problème, d'un point <strong>de</strong> vue d'une recherche objective, est qu'un « souvenir»doit être mesuré et enregistré par les actions ou les expressions consoientes d'unepersonne, lesquelles peuvent être filtrées par les pensées et les motivations actuelles.Le refoulement comme trait <strong>de</strong> personnalité Au début <strong>de</strong>s années1960, <strong>de</strong>s <strong>psych</strong>ologues ont parlé d'individus refouleurs ou sensibilisateurs. Imaginezque vous <strong>de</strong>viez subir une lour<strong>de</strong> opération dans quelques semaines. Certainespersonnes essaient d'enfouir cette pensée au fond <strong>de</strong> leur esprit et remplissent leurtemps d'activités pour ne pas y penser (les refouleurs), tandis que d'autres en parlentconstamment (les sensibilisateurs). Les <strong>de</strong>ux font face à leur anxiété <strong>de</strong> manièredifférente et les <strong>psych</strong>ologues se sont <strong>de</strong>mandé quelle approche était la plus saine et lamieux adaptée. Cette idée a été réintroduite dans les années 1990, lorsque <strong>de</strong>schercheurs ont i<strong>de</strong>ntifié le refoulement comme un trait <strong>de</strong> personnalité déterminé par<strong>de</strong>ux facteurs: l'anxiété et la défense. Les refouleurs sont <strong>de</strong>s personnes à faibleanxiété, à fortes défenses, qui semblent activement engagées à se préserver,convaincues qu'elles n'ont pas tendance à éprouver d'émotions négatives. Ellesaffirment toujours être en bonne santé <strong>psych</strong>ologique et bien adaptées, mais ellesréagissent très fortement (physiologiquement et comportementalement) à certaineschoses, en particulier aux émotions négatives. Elles semblent se leurrer elles-mêmesou essayer <strong>de</strong> donner l'impression d'être soli<strong>de</strong>s, résilientes et calmes alors que c'estloin d'être le cas.


es ayer 'oublier 147La <strong>psych</strong>ologie cognitive L'hypothèse <strong>de</strong> 1'« oubli ( ( Le processusmotivé », dont 'la motivation est inconsciente, n'a jamais été <strong>de</strong> refoulement,démontrée dans <strong>de</strong>s recherches rigoureuses. Pour le <strong>psych</strong>ologue qui se met en placecognitif, le refoulement est simplement l'oubli <strong>de</strong> quelque chose autour <strong>de</strong> la<strong>de</strong> désagréable.quatrième annéeCeci a été mis en évi<strong>de</strong>nce dans <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s où l'on <strong>de</strong>manda it à<strong>de</strong> la vie, est<strong>de</strong>s sujets d'apprendre <strong>de</strong>s choses. Par la suite, on constatait queces <strong>de</strong>rniers avaient mémorisé moins <strong>de</strong> choses iorsquetemporairementl'expérience avait été désagréable (réalisées avec un suspendu. ) )expérimentateur antipathique) que lorsqu'elle avait été positive Karl Marx, 1920(avec un expérimentateur gentil).Des étu<strong>de</strong>s ont montré que si l'on <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à <strong>de</strong>s individus d'écrire sur leur enfanceavant l'âge <strong>de</strong> huit ans, 50 % ont surtout <strong>de</strong>s souvenirs positifs, 30 % <strong>de</strong>s souvenirssurtout négatifs, et 20 % <strong>de</strong>s souvenirs neutres. Mais il ne s'agit pas nécessairement <strong>de</strong>refoulement : cela peut être simplement que la plupart <strong>de</strong>s individus ont une enfanceheureuse. Une autre étu<strong>de</strong> a apporté L1ne preuve valable du refoulement: on a<strong>de</strong>mandé à <strong>de</strong>s mères qui viennent juste d'accoucher <strong>de</strong> préciser la qualité et laquantité <strong>de</strong> douleur qu'elles ont ressentie. On leur a posé la même question quelquesmois plus tard et elles ont alors toutes indiqué moins <strong>de</strong> douleur.Une autre théorie <strong>de</strong>scriptive du refoulement est qu'il s'agit simplement d'un casspécifique d'échec <strong>de</strong> récupération. Il se peut que les souvenirs ne soient pas refouléspar un censeur, mais qu'ils soient seulement difficiles à atteindre en raison d'unmanque <strong>de</strong> signaLix pertinents <strong>de</strong> récupération. L'anxiété peut JOLier un rôle dans ceprocessus, peut-être en bloquant les signaux <strong>de</strong> récupération, mais ce n'est pas lacause. Cette interprétation du refoulement comme blocage <strong>de</strong> la récupération faitpartie d'une conception plus générale.idée cléLe refoulelllentes l.Ul oubli intentionn l,Inais inconscient


148 111 connaissance37 Le phénomène du« mot sur le bout<strong>de</strong> la langue ))Vous regar<strong>de</strong>z unjeu télévisé. Vous connaissez la réponse à l'une <strong>de</strong>squestions, mais vous ne la retrouvez pas. Vous avez la sensation <strong>de</strong> laconnaître. Vous savez que la réponse commence par B et qu'elle a troissyllabes, mais vous ne parvenez pas au résultat. Vous subissez un blocage <strong>de</strong>la récupération. Des chercheurs ont observé <strong>de</strong>s personnes essayant <strong>de</strong> sesouvenir du nom allemand Kepler. Les sujets savaient qu'il s'agissait d'unétranger dont le nom commençait par K ; ils ont donc essayé Keller, Kellet,Kendler et Klemperer. ils savaient que Keller était le nom le plus proche,mais ne parvenaient pas à trouver le véritable nom.Se souvenir est un processus automatique; la récupération <strong>de</strong> l'information stockéeen mémoire en réponse à un stimulus constitue la facette automatique <strong>de</strong> lia mémoire.Ce qui nécessite parfois <strong>de</strong>s efforts est la tentative d'accé<strong>de</strong>r aux pensées internes quipermettent à l'information d'être récupérée. La récupération <strong>de</strong> souvenirs implicitesest automatique: un certain stimulus évoque une réponse automatique. Par exemple,faire du vélo ou écrire le nom <strong>de</strong> quelqu'un: comment faisons-nous celaautomatiquement et correctement?Le mot sur le bout <strong>de</strong> la langue Cependant, la mémoire est fréquemmentfaussée: nous faisons alors <strong>de</strong>s erreurs et nous luttons pour récupérer l'informationque nous recherchons. Les <strong>psych</strong>ologues se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt pourquoi cela se produit et ceque cela nous montre du fonctionnement <strong>de</strong> la mémoire. Un domaine majeur <strong>de</strong>recherche concerne le phénomène du « mot sur le bout <strong>de</strong> la langue ». Il s'agit d'uneexpérience quasi universelle: la personne a <strong>de</strong> la difficulté à récupérer un mot bienconnu ou un nom familier, tout en ayant l'impression qu'elle est sur le point <strong>de</strong> leretrouver. Elle a la sensation que ce mot est, <strong>de</strong> façon imagée, « sur le bout <strong>de</strong> laAristote signale que ce phénomènese produit surtout avec les noms1965Première étu<strong>de</strong> sur la « sensation <strong>de</strong> savoir»


le phéno ene du « mot sur le bout <strong>de</strong> la langu8 ) 149langue». L'inaccessibilité et le sentiment <strong>de</strong> l'imminence sont les <strong>de</strong>uxcaractéristiques clé <strong>de</strong> ce phénomène. La recherche active <strong>de</strong> stimuli qui évoquent laréponse appropriée est appelée recherche en mémoire.L~ S~VOlY-Il Y a <strong>de</strong>s expériences et <strong>de</strong>s théoriessophistiquées sur la « sensation <strong>de</strong> savoir ».Une conception, appelée le contrôleur interne,considère que nous éprouvons cette sensationlorsque se présente en quelque sorte lemessage suivant: « Il' n'y a pas d'inscriptionpour un item qui se trouve dans le répertoire. »Un débat majeur est <strong>de</strong> savoir si le problèmeest dû à notre façon d'enco<strong>de</strong>r ou <strong>de</strong> déco<strong>de</strong>rl'information. Autrement dit, cela dépend-il <strong>de</strong>la façon dont rinformation est stockée et <strong>de</strong>son emplacement, ou <strong>de</strong> la façon dont elle estrécupérée 7 Nous savons par ailleurs que lesindividus peuvent facilement distinguer entresouvenir et sensation <strong>de</strong> savoir: le souvenir estune récupération consciente, tandis que lasensation <strong>de</strong> savoir est une impression <strong>de</strong>familiarité sans arriver à se souvenir.Les premières étu<strong>de</strong>s Le phénomène a été abondamment étudié <strong>de</strong>puis lapremière étu<strong>de</strong> empirique réalisée en 1966. On a découvert que les individ us peuventse rappeler <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong> choses concernant le mot sur le bout <strong>de</strong> la langue etreconnaissent immédiatement ce mot lorsqu'on le leur présente. Plus tard, <strong>de</strong>schercheurs ont constaté ce qu'ils ont appelé 1'« effet <strong>de</strong> la vilaine sœur », ce qui seproduit <strong>de</strong> façon répétitive avec les mots erronés alors que l'on recherche le motcorrect. Les mots <strong>de</strong> type « vilaine sœur» sont très proches, mais semblent plusfréquemment utilisés que celui qui est bloqué.Les individus essaient toutes sortes <strong>de</strong> techniques pour « débloquer» le mot pareux-mêmes, ce qui peut s'avérer très frustrant. Ils examinent rapi<strong>de</strong>ment leur mon<strong>de</strong>intérieur et extérieur pour trouver la solution. Certains reprennent l'alphabet,d'autres <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt aux personnes qui les entourent. Parfois, le mot surgitspontanément et sans raison apparente.Fournir <strong>de</strong>s indices à la personne a parfois un effet négatif, en ce sens qu'elle parvientmoins bien au résultat. Lorsque les individus recherchent leur souvenir, tout ce dontils semblent alors se rappeler est l'indice qui les éloigne <strong>de</strong> la vraie réponse.Qu'avons-nous appris? Tout d'abord, le mot sur le bout <strong>de</strong> la langue est uneexpérience commune, voire universelle. Un chercheur a examiné cinquante et une1986 1984 1991Première étu<strong>de</strong> sur le phénomène Première étu<strong>de</strong> Première synthèsedu « mot sur ;Ie bout <strong>de</strong> la langue » sur l'« effet <strong>de</strong> la vilaine soeur» d'étu<strong>de</strong>s sur le sujet


150 la connais ncelangues et constaté que quarante-cinq d'entre eUes comportent <strong>de</strong>s expressionsutilisant le mot « langue» pour décrire cet état. Ensuite, ce phénomène survient <strong>assez</strong>souvent, en général une fois par semaine, et augmente avec l'âge. Troisièmement, ilimplique souvent <strong>de</strong>s noms propres et nous pouvons souvent nous rappeler <strong>de</strong> lapremière lettre du mot. Nous pouvons nous souvenir <strong>de</strong>s loisirs préférés d'unepersonne, <strong>de</strong> son métier et <strong>de</strong> la couleur <strong>de</strong> ses cheveux, mais seul son nom nouséchappe. Quatrièmement - et heureusement -, nous résolvons le problème une foissur <strong>de</strong>ux.Les théories Une théorie a proposé que la cause du phénomène rési<strong>de</strong> dans leson du mot. Il se peut que le son d'un mot soit plus important que l'informationsémantique (le sens du mot). Les mots contiennent plusieurs types d'information,notamment:• l'information sémantique (le sens) ;• l'information lexicale (les lettres) ;• l'information phonologique (le son).Trois sortes d'informations sont conservées dans <strong>de</strong>s zones distinctes <strong>de</strong> la mémoire.Elles sont reliées, bien entendu, <strong>de</strong> telle façon que lorsque, par exemple, vous lisez« Velcro », l'information sous forme <strong>de</strong> lettres déclenche l'information « son» etl'information « sens» qui lui sont associées, vous indiquant comment prononcer lemot et ce qu'il signifie. Quand vous essayez <strong>de</strong> penser à un mot, contrairement à cequi se passe lorsqu'on vous le fournit, vous commencez habituellement avec le sens«< ce truc adhésif qui a <strong>de</strong>s boucles sur un côté et <strong>de</strong>s petits crochets sur Il'autre ») . Sile lien entre le sens et l'information sur le son n'est pas <strong>assez</strong> forte, l'information sur leson ne sera pas activée suffisamment pour vous permettre <strong>de</strong> la récupérerentièrement.D'autres théoriciens pensent que le mot sur le bout <strong>de</strong> la langue( ( Le rytlune d'un survient en raison <strong>de</strong> faibles connexions entre le sens et le sonmot perdu peut êtred'un mot. Les connexions sont renforcées quand elles sontprésent sans un beaucoup utilisées. Elles sont également plus fortes lorsqu'eUesson pour l'habiller. viennent juste d'être utilisées. Il se peut aussi que levieillissement affaiblisse les connexions. Ceci peut expliquerChacun doitpourquoi le mot errant surgit parfois soudainement. Vous avezcOIlllaÎtre l'effet peut-être entendu un son similaire au mot cible.séduisant du Le mot sur le bout <strong>de</strong> la langue a été étudié dans trois sousrytlunevi<strong>de</strong> d'un disciplines différentes: la <strong>psych</strong>olinguistique, les recherches survers oublié, qui la mémoire et la métacognition. Les <strong>de</strong>ux premières sont endanse sans répit accord avec l'accès direct, et se concentrent sur le phénomènedans notre esprit, comme une rupture temporaire <strong>de</strong> la récupération lexicale. Cess'efforçant d'être approches font un hen entre le mot sur le bout <strong>de</strong> la langue etrempli par <strong>de</strong>sd'autres erreurs du langage parlé, telles que les lapsus et lesmots. )) contrepèteries involontaires. Le mot sur le bout <strong>de</strong> la langue estun indice que les processus <strong>de</strong> récupération fonctionnent mal.William James, 1890


le phéRomene du (c mot sur le bout <strong>de</strong> la langue » 151L'approche <strong>psych</strong>olinguistique considère le mot sur le bout <strong>de</strong> la langue comme unefenêtre sur la récupération <strong>de</strong> mots.Les conceptions <strong>de</strong> l'accès direct que l'on trouve dans la<strong>psych</strong>olinguistique et les recherches sur la mémoire admettenttrois hypothèses fondamentales. La première est l'hypothèse dublocage, qui considère que le mot sur le bout <strong>de</strong> la languesurvient parce que les individus reconnaissent <strong>de</strong>s motsbloquants comme incorrects, mais ne peuvent pas récupérer lemot correct. La <strong>de</strong>uxième est l'hypothèse <strong>de</strong> l'activationincomplète, qui suggère que le mot sur le bout <strong>de</strong> la langue estcausé par une sensibilité à l'existence d'un mot non rappelé enmémoire, accompagné par l'échec à récupérer cette cible dans lamémoire consciente. La troisième hypothèse est le modèle dudéficit <strong>de</strong> transmission, selon lequel le mot sur le bout <strong>de</strong> lalangue est provoqué lorsque la représentation sémantique du motest activée, mais qu'il y a échec à générer la représentationcomplète du mot cible.( ( La mémoire estparfois très fidèle,serviable etobéissante, àd'autres momentstrès faussée etfaible, et à d'autresencore trèstyramrlque etincontrôlable. ) )Jane AusteR, 1810La reconnaissance <strong>de</strong>s mots sur le bout <strong>de</strong> la langue par <strong>de</strong>s sujets et leur aptitu<strong>de</strong> àfournir une information partielle sur ces mots viennent en soutien <strong>de</strong>s théories <strong>de</strong>l'accès direct. La reconnaissance <strong>de</strong> la cible correcte suite à une expérience <strong>de</strong> motsur le bout <strong>de</strong> la langue est bien plus fréquente que la reconnaissance <strong>de</strong> la ciblecorrecte alors que les sujets ne vivent pas une expérience <strong>de</strong> mot sur le bout <strong>de</strong> lalangue. De plus, les individus peuvent habituellement se rappeler <strong>de</strong> l'informationphonologique liée au mot cible, telle que la première lettre du mot, le nombre <strong>de</strong>syllabes et l'accent <strong>de</strong>s syllabes.Les modèles métacognitifs mettent l'accent sur le rôle joué par les processus <strong>de</strong>contrôle dans 'la cognition. Ces approches considèrent les mots sur le bout <strong>de</strong> lalangue comme <strong>de</strong>s inférences fondées sur l'information non cible accessible aux sujetsqui tentent <strong>de</strong> se rappeler d'un mot.idée clé...........~s erreursQJ.le nous faisons révè ent"l.e lllo<strong>de</strong> e fonc ·onneInent<strong>de</strong> la lllé:rnoIreIl ~


152 11a connaissance38 Les sta<strong>de</strong>s<strong>psych</strong>osexuels« La conception freudienne <strong>de</strong> la sexualité est très élastique, et si vaguequ'elle peut inclure n'importe quoi. » CarlJung, 1960Freud a changé la façon dont nous nous pensons et dont nous parlons <strong>de</strong> nous. Unegran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> ses idées <strong>de</strong> base ont été popularisées, et <strong>de</strong>s termes issus <strong>de</strong> sesthéories tels que « anal-obsessionnel " , « symbole phallique " ou encore « envie <strong>de</strong>pénis » sont passés dans le langage quotidien. Freud était un penseur très original et,sans doute, l'un <strong>de</strong>s plus grands penseurs du XIX' et du xxO siècles. Il a élaboré unethéorie très controversée sur le développement <strong>de</strong> la personnalité, la santé mentale etles troubles <strong>psych</strong>iques.Les bases <strong>de</strong> la théorie :freudienne La théorie freudienne adopte uncertain nombre <strong>de</strong> postulats:• le comportement résulte <strong>de</strong> conflits et <strong>de</strong> compromis entre <strong>de</strong>s motivations, <strong>de</strong>spulsions et <strong>de</strong>s besoins puissants et souvent inconscients;• le comportement peut refléter une motivation d'une manière très subtile ou déguisée;• un comportement i<strong>de</strong>ntique peut refléter différentes motivations à différentsmoments ou chez différentes personnes;• les individus peuvent être plus ou moins conscients <strong>de</strong>s forces qui gui<strong>de</strong>nt leurcomportement et les conflits qui les dirigent;• le comportement est gouverné par un système d'énergie, avec une quantitérelativement stable d'énergie disponible à tout moment ;• le but du comportement est le plaisir (réduction <strong>de</strong> ,la tension, libération <strong>de</strong>l'énergie), ce que l'on appelle le principe <strong>de</strong> pbisir ;• les individus sont surtout dirigés par <strong>de</strong>s instincts sexuels et agressifs;• l'expression <strong>de</strong> ces pulsions peut entrer en conflit avec les exigences <strong>de</strong> la société;ainsi l'énergie qui <strong>de</strong>vrait être libérée pour l'expression <strong>de</strong> ces pulsions doit trouverd'autres canaux <strong>de</strong> libération;• il Y a à la fois un instinct <strong>de</strong> vie (Éros) et un instinct <strong>de</strong> mort (Thanatos).Deux choses doivent être dites avant <strong>de</strong> décrire la théorie <strong>psych</strong>o-sexuelle. Tout d'abord,les individus ont trois niveaux <strong>de</strong> conscience: le conscient (ce dont nous sommesPublication <strong>de</strong> Psychopathologie<strong>de</strong> la vie quotidienne, <strong>de</strong> Freud1908Freud écrit sur l'érotisme anal


les sta<strong>de</strong>s <strong>psych</strong>o exuels 153( ( On a constatéque dans la petiteenfance, il y a <strong>de</strong>ssignes d'activitécorporelle auxquelsseul un vieuxpréjugé peutrefuser lequalificatif <strong>de</strong>le Surmoi, qui se développe entre trois et cinq ans et qui est la sexuel. ))conscients), le préconscient (ce dont nous pouvons êtreconscients si nous y prêtons fortement attention) et l'inconscient(ce dont nous ne pouvons pas être conscients, sauf dans <strong>de</strong>scirconstances exceptionnelles). La thérapie est précisémentSOuvent <strong>de</strong>stinée à amener l'inconscient à la conscience.Deuxièmement, la personnalité possè<strong>de</strong> une structure. Ellerésulte <strong>de</strong> trois facteurs : le Ça inconscient, omniprésent qui estla base biologique <strong>de</strong> la personnalité; le Moi, partiellementconscient qui se développe au cours <strong>de</strong> la première année <strong>de</strong> lavie et qui est l'administrateur <strong>psych</strong>ologique <strong>de</strong> la personnalité;facette sociale et morale <strong>de</strong> la personnalité.La théorie freudienne <strong>de</strong>s sta<strong>de</strong>s <strong>psych</strong>osexuels postule cinqsta<strong>de</strong>s: oral, anal, phallique, la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> latence et le sta<strong>de</strong>génital, chacun étant caractérisé par une zone érogène spécifique, qui est le principalvecteur du plaisir (sauf la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> latence). La théorie postule que les problèmes dusau passage d'un sta<strong>de</strong> à l'autre sont au cœur <strong>de</strong> la personnalité adulte. Si une personnepasse d'un sta<strong>de</strong> à l'autre sans crise, fixation ou régression, cela n'influence pas lapersonnalité adu,lte. Cependant, les problèmes survenant à ces sta<strong>de</strong>s marquent,influencent ou façonnent l'ind ividu pour le reste <strong>de</strong> son existence. Il y a donc <strong>de</strong>s traits<strong>de</strong> personnalité <strong>de</strong> l'adulte qui proviennent <strong>de</strong>s expériences enfantines. De plus, <strong>de</strong>sexpressions opposées peuvent être considérées comme <strong>de</strong>s réactions au même problème.Sigmund Freud, 1920L'apprentissage Sdon la théorie, nous passons tous par ces sta<strong>de</strong>s et ils nouscaractérisent pour le reste <strong>de</strong> notre vie. Ceci est au cœur <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong> lapersonnalité <strong>de</strong> Freud. Ainsi, tandis que les <strong>psych</strong>ologues hiologiques considèrent lestraits <strong>de</strong> personnalité tels que l'extraversion-introversion comme déterminés par <strong>de</strong>sprocessus physiologiques, les freudiens voient le développement <strong>de</strong> la personnalitécomme provenant d'expériences enfantines en gran<strong>de</strong> partie oubliées. Ainsi, on peutthéoriquement, et d'une manière peu éthique, façonner la personnalité d'un enfantpar ce qu'on lui fait à cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'existence.L'oralité Le premier sta<strong>de</strong>, dit sta<strong>de</strong> oral, dure environ dix-huit mois. Le thèmemajeur est l'alimentation; la bouche, les lèvres et la langue constituent la zoneérogène. Ce qui est en jeu est le passage <strong>de</strong> l'alimentation liqui<strong>de</strong> à l'alimentationsoli<strong>de</strong>, mais également le fait <strong>de</strong> mordre, lorsque les <strong>de</strong>nts sortent.Les enfants qui ont <strong>de</strong>s problèmes à ce sta<strong>de</strong> <strong>de</strong>viennent donc <strong>de</strong>s personnalités oralesparce qu'ils sont sevrés trop tôt ou trop tard, ou qu'ils sont vécu <strong>de</strong>s privations ou <strong>de</strong>s1949 1988 1980Blum réalise la première étu<strong>de</strong> à large Kline commence à travailler Kline met au point un questionnaireéchelle sur le développement sur le caractère anal pour mesurer les types oral et anal<strong>psych</strong>osexu el


1154 1la connal s ncelraits <strong>de</strong>s sta<strong>de</strong>s <strong>psych</strong>osexuels <strong>de</strong> développementTraits orauxTraits anauxAnonnal Nonnal AnonnalOptimisme .. PessimismeCrédulité.. Suspicion•Attitu<strong>de</strong> manipulatriceAdmirationImpu<strong>de</strong>nce..1Ponctualité rigi<strong>de</strong>MéNculositéTraits phalliques.. Passivité.. Envie•.. •Autodévalorisationr Avarice .. Générosité excessiveApathielE....Exubérance•EntêtementConsentement excessifCaractère méthodique .. Caractère désordonnéManque <strong>de</strong> ponctual1té..1lEMalpropretéPerfectionnismeLaisser-aller•VanitéFierté1lE..•Haine <strong>de</strong> soiHumilité-Témérité .. •Pru<strong>de</strong>nce excessiveEsprit grégaire .. IsolementÉlégance excessive .. •ChastetéHilaritélE...Simpl ~ cité excessiveDébaucheTristesse•excès <strong>de</strong> nourriture. De nombreuses activités <strong>de</strong> l'âge adulte sont très orales: manger,boire, embrasser, parler, fumer et mâcher du chewing-gum. Le pessimiste aral démuni peut,selon la théorie, utiliser la bouche comme punition. Il peut être très sarcastique et choisir<strong>de</strong>s professions orales telles qu'avocat ou <strong>de</strong>ntiste. Certains <strong>de</strong>viendront <strong>de</strong>s obsédés<strong>de</strong> la nourriture, d'autres <strong>de</strong>s prohibitionnistes <strong>de</strong> la boisson ou encore <strong>de</strong>s puristes dulangage, <strong>de</strong>s gens qui se rongent les ongles ou qui mordillent les stylos; iIls peuventaimer tout particulièrement <strong>de</strong>s films <strong>de</strong> Dracula ou adopter un régime végétarien.D 'un autre côté, les optimistes oraux indulgents peuvent <strong>de</strong>venir experts en vin ou enalimentation, ou humoristes. Ils ont plus <strong>de</strong> probabilités <strong>de</strong> fumer, <strong>de</strong> jouer d'uninstrument à vent, plutôt que <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s ou <strong>de</strong>s percussions, et d'aimer les alimentslactés, chauds ou tiè<strong>de</strong>s.Ces <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> personnalité orale, les optimistes et les pess imistes, vivent avecleurs problèmes liés à leurs expériences alimentaires précoces, mais <strong>de</strong> manière trèsdifférente.1


les sta<strong>de</strong>s <strong>psych</strong>o axuels 1155L'analité Le second sta<strong>de</strong> est le sta<strong>de</strong> anal, pendantlequel la source <strong>de</strong> conflit est l'apprentissage <strong>de</strong> lapropreté. Cela concerne le contrôle: l'enfant découvrequ'il peut contrôler, faire plaisir ou frustrer les parents enexpulsant ou en retenant ses excréments. Les freudienscroient que ce sta<strong>de</strong> est associé à un comportementultérieur hostile, sadique et obsessionnel.Les traits anaux sont le caractère méthodique, la parcimonieet l'entêtement. On a suggéré que les attitu<strong>de</strong>s vis-à-visdu temps, <strong>de</strong> la propreté et <strong>de</strong> l'argent sont associées à cesta<strong>de</strong>. Ainsi, la personne anale éliminatrice est généreuse,mal habillée et chaotique, tandis que l'individu analrétenteur est avare et méticuleux. C'est l'univers <strong>de</strong>spetits bureaucrates, <strong>de</strong>s contrôleurs <strong>de</strong> qualité et <strong>de</strong>sbanquiers. Par ailleurs, les idées <strong>de</strong> fixation anale etd'érotisme anal se sont répandues dans le langage courant.Le sta<strong>de</strong> phallique Ce sta~e est caractérisé par lecélèbre complexe d'Œdipe (ou d'Electre). La zone érogèneest constituée par les organes génitaux et ce sta<strong>de</strong> se dérouleentre <strong>de</strong>ux et cinq ans. Freud le considérait comme le noyau<strong>de</strong>s névroses. Le garçon <strong>de</strong> cinq ans est censé ressentirinconsciemment à la fois un profond amour pour sa mèreL~ CY"\t\crLAe.cAe.s st~ae.SpS~C~ose.XLAe.lsLes idées freudiennes suscitent toujours<strong>de</strong> la méfiance, <strong>de</strong> l'indignation et durejet. Certaines ont été soumises à <strong>de</strong>stests et ont échoué. Certains chercheursont démontré que <strong>de</strong>s aspects <strong>de</strong> lathéorie sont vrais. Pendant plus <strong>de</strong>cinquante ans, beaucoup <strong>de</strong> ces idéesont été testées. Certains résultatsconfirment <strong>de</strong>s hypothèses spécifiques,mais beaucoup ne résistent pas face <strong>de</strong>sexpériences scientifiques rigoureuses.Bien que peu <strong>de</strong> <strong>psych</strong>ologues fon<strong>de</strong>ntleurs idées ou leur thérapie sur lessta<strong>de</strong>s <strong>psych</strong>osexuels, un grand nombre<strong>de</strong> termes semblent être adoptés avecenthousiasme par les individus peuinformés.et <strong>de</strong> la haine envers son père. Mais aucune société ne peuttolérer l'inceste, ce qui conduit au complexe <strong>de</strong> castration, la croyance que le pèrese venge <strong>de</strong> la jalousie du fils en le castrant, ce qui élimine le complexe.Ce sta<strong>de</strong> est caractérisé par la vanité ou l'impru<strong>de</strong>nce à l'âge adulte ou par son contraire.Ainsi, une mauvaise résolution <strong>de</strong> ce conflit peut conduire soit à une promiscuitésexuelle excessive, soit à la chasteté. Elle peut conduire à la fixation sur les parents ouà regar<strong>de</strong>r en permanence dans le passé. La fierté et le doute, la hardiesse et latimidité sont <strong>de</strong>s caractéristiques <strong>de</strong> personnalité associées au sta<strong>de</strong> phallique.Ce sta<strong>de</strong> est suivi par la Pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> latence, puis par le sta<strong>de</strong> génital, qui apparaît à lapuberté. Les sources <strong>de</strong> conflits sont multiples et concernent <strong>de</strong> nombreusesdifficultés vécues par tout un chacun: établir <strong>de</strong>s relations saines, obtenir un emploi,être satisfait <strong>de</strong> l'existence. Il s'agit <strong>de</strong> découvrir ce que les freudiens appellent <strong>de</strong>smécanismes <strong>de</strong> défense sains et adaptés.idée clé • c q S · IIoI&.AAo.;~,",""éveloppelllen <strong>psych</strong>osexuel


156 le dé lopp ment3Les sta<strong>de</strong>s cognitifs « L'existence <strong>de</strong> sta<strong>de</strong>s moraux implique que le développement moralcomporte un élément structurel fondamental, tandis que les motivationset les émotions impliquées dans le développement moral ont pour puissantsintermédiaires <strong>de</strong>s changements dans les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> pensée. »Lawrence Koblberg, 1973Lorsque Freud a qualifié les enfants <strong>de</strong> « pervers polymorphes ", son idée était que laperversité pouvait prendre <strong>de</strong> mul\tiples formes. Tous les <strong>psych</strong>ologues dudéveloppement sont confrontés à la difficile - mais fascinante - tâche, d'expliquercomment <strong>de</strong>s bébés irrationne'ls, illogiques, égocentriques <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s adultesefficaces, rationnels, logiques. Comment se fait-il qu'un enfant <strong>de</strong> huit ans puissecomprendre <strong>de</strong>s choses qu'un enfant <strong>de</strong> six ans ne peut pas comprendre? Commentles enfants apprennent-ils à s'adapter au mon<strong>de</strong> qui les entoure?Le <strong>psych</strong>ologue développementalle plus célèbre et le plus influent est probablementJean Piaget, un biologiste suisse francophone. Il a élaboré une théorie dudéveloppement cognitif en quatre sta<strong>de</strong>s encore débattue et critiquée aujourd'hui.Les concepts centraux La préoccupation centrale <strong>de</strong> Piaget était <strong>de</strong> savoircomment les enfants apprennent à s'adapter à leur mon<strong>de</strong>. Sa théorie concerne ledéveloppement par le moyen <strong>de</strong> l'adaptation et <strong>de</strong> l'ajustement. Elle possè<strong>de</strong> uncertain nombre <strong>de</strong> concepts clé. Le premier est appelé schème. Un schème décrit lesactions physiques et mentales impliquées dans la compréhension et dans laconnaissance du mon<strong>de</strong>. Les schèmes sont <strong>de</strong>s catégories <strong>de</strong> connaissance qui nousai<strong>de</strong>nt à interpréter et à comprendre le mon<strong>de</strong>. Un schème comporte à la fois unecatégorie <strong>de</strong> connaissance et le processus permettant d'acquérir cette connaissance.Au fil <strong>de</strong>s expériences, <strong>de</strong> nouvelles informations sont utilisées pour modifier, ajouterou changer les schèmes existant antérieurement. Par exemple, un enfant peut avoirun schème relatif à un animal domestique, comme un chien. Si l'enfa nt n'a rencontréque <strong>de</strong> gros chiens, il peut croire que tous les chiens sont gros, bruyants etéventuellement agressifs. Supposez que cet enfant rencontre ensuite un tout petitPublication <strong>de</strong> l'ouvrageLa Représentation du mon<strong>de</strong>chez l'enfant, <strong>de</strong> Piaget1932Publication <strong>de</strong> l'ouvrageLe Jugement moral chez l'enfant,<strong>de</strong> Piaget


le sta<strong>de</strong>s cognitifs 151chien. Il tiendra compte <strong>de</strong> cette nouvelle information, modifiera le schème antérieurpour y inclure cette nouvelle connaissance.Le <strong>de</strong>ux ième concept est l'accommodation, qui désigne la façon dont l'individu changeou s'ajuste afin <strong>de</strong> faire face à <strong>de</strong> nouvelles idées issues <strong>de</strong> son environnement socialet physique. Le troisième concept est l'assimilation. L'individu fait face à sonenvironnement en termes <strong>de</strong> schèmes cognitifs, c'est-à-dire qu'il traite la nouvelleinformation en se fondant sur l'information qu'il possè<strong>de</strong> déjà. Il assimile l'ancien aunouveau.Ceci conduit au quatrième concept : l'équilibre. Alors que l'enfant progresse au fil <strong>de</strong>squatre sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> développement cognitif (voir ci-<strong>de</strong>ssous), il est important qu'ilmaintienne l'équilibre entre l'application <strong>de</strong>s connaissances antérieures (assimilation)et la modification <strong>de</strong> son comportement pour tenir compte <strong>de</strong>s nouvellesinformations (accommodation). Ce processus, appelé équilibration, expliquecomment les enfants peuvent passer d'un sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> pensée au suivant. Ils sont motivéspour utiliser <strong>de</strong> nouvelles connaissances et compétences afin d'arrêter un étatdésagréable <strong>de</strong> déséquilibre. Ils résolvent les problèmes en avançant.Les quatre sta<strong>de</strong>s du développement cognitif1. Le sta<strong>de</strong> sensori-moteur : il s'étend <strong>de</strong> la n aissance à environ <strong>de</strong>ux ans. C'est le sta<strong>de</strong><strong>de</strong> l'intelligence en action. Le bébé apprend beaucoup <strong>de</strong> choses en donnant <strong>de</strong>scoups <strong>de</strong> pied, en tirant et en tordant les objets, et en se dép'laçant dans sonenvironnement. La réussite majeure est le concept <strong>de</strong> permanence <strong>de</strong> l'objet,expression qui signifie que l'enfant est conscient <strong>de</strong> l'existence <strong>de</strong>s objets, mêmequand ils ne sont pas visibles.2. Le sta<strong>de</strong> préopératoire: il se déploie entre environ <strong>de</strong>ux et sept ans. Il apparaît avecle développement du langage et du jeu. Les choses sont encore partiellement« magiques » et la réalité n'est pas encore bien établie. Au cours <strong>de</strong> ce sta<strong>de</strong>, lapensée est dominée par la perception, et l'enfant comprend que les choses ne sont pastoujours ce qu'elles semblent être. L'enfant accor<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'attention seulement à unepartie <strong>de</strong> la situation, attitu<strong>de</strong> qualifiée <strong>de</strong> centration, laquelle entraîne <strong>de</strong>s erreurs,mises en évi<strong>de</strong>nce dans les étu<strong>de</strong>s portant sur la conservation. Ce terme désigne lacompréhension que certains aspects d'un objet <strong>de</strong>meurent i<strong>de</strong>ntiques malgré lesvariations <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier.Pour illustrer cela, Piaget présente à un enfant <strong>de</strong>ux verres i<strong>de</strong>ntiques contenant lamême quantité <strong>de</strong> liqui<strong>de</strong>. Lorsque l'enfant est d'accord sur le fait qu'il y a la mêmelluantité d'eau dans les <strong>de</strong>ux verres, toute l'eau <strong>de</strong> l'un d'eux est versée dans un autreverre plus haut et plus étroit. Les enfants au sta<strong>de</strong> préopératoire disent qu'il y a plus-1988 1971 Annees 1980Première publication <strong>de</strong> la théorie Publication <strong>de</strong> l' ouvrage Début <strong>de</strong>s doutes et <strong>de</strong>s critiques<strong>de</strong>s sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> développement moral Biologie et connaissance, concernant Piaget<strong>de</strong> Kohlberg<strong>de</strong> Piaget


158 le développement« Savoirn'implique pasvraiment <strong>de</strong> faire<strong>de</strong> liqui<strong>de</strong>, soit dans le nouveau récipient «< parce qu'il est plusgrand,,), soit dans le verre d'origine (


les tad s co nltils 1159sont complètement absentes auxsta<strong>de</strong>s antérieurs.La secon<strong>de</strong> h ypothèse est leconcept <strong>de</strong> séquence stricte. Celasignifie que l'on doit traverser lessta<strong>de</strong>s dans un ordre strictementpréétabli, sans en sauter un, etencore moins en régressant versun sta<strong>de</strong> antérieur. Certainspartisans <strong>de</strong>s sta<strong>de</strong>s<strong>psych</strong>ologiques ont suggéré qu'enfait, l'on peut revenir en arrièreaussi bien qu'avancer. Cependant,c'est moins le cas dans lalittérature sur le développementcognitif.Les données contemporainessuggèrent que les étapes dudéveloppement cognitif ne sontpas aussi régulières et claires quene le déclarent certainsthéoriciens, ma is il est évi<strong>de</strong>ntL~ ~eV\sé.e seloV\les v-ec""ev-c~escOV\t eN\~ov- ~·\V\esLes travaux actuels sur les sta<strong>de</strong>s cognitifs <strong>de</strong>Piaget suggèrent que lui et certainschercheurs qui lui étaient contemporains ontsous-estimé les capacités <strong>de</strong>s enfants.Actuellement, on considère également qu'ilest important <strong>de</strong> faire la différence entre laperformance (être capable <strong>de</strong> réaliser unetâche) et la compréhension (savoir à propos<strong>de</strong> quelque Chose). Il semble que les enfantsont souvent une plus gran<strong>de</strong> aptitu<strong>de</strong> à lacompréhension qu'à la performance, ce qui a<strong>de</strong>s conséquences lorsqu'il s'agit <strong>de</strong> tester lathéorie.qu'il y a une séquence <strong>de</strong> développement. Les enfants <strong>de</strong> sept ans peuvent maîtriser<strong>de</strong>s concepts inaccessibles aux enfants <strong>de</strong> quatre ans. De fait, une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>spratiques éducatives et <strong>de</strong>s conseils parentaux sont fondées sur le concept <strong>de</strong>développement logique selon <strong>de</strong>s séquences ressemblant à <strong>de</strong>s sta<strong>de</strong>s.idée cléLa théorie <strong>de</strong> Piaget1~Idu développeInent cognitif


160 Il. développement 4 Des canardsà la queue leu leuNous lisons <strong>de</strong> temps en temps <strong>de</strong>s histoires au sujet d'animaux qui« croient» appartenir à une espèce différente; ou <strong>de</strong> chiens qui croient être<strong>de</strong>s chats; ou <strong>de</strong> moutons ou <strong>de</strong> cochons qui agissent apparemment comme<strong>de</strong>s chiens ; et même <strong>de</strong> canards qui pensent avoir <strong>de</strong>s parents humains.Konrad Lorenz La démonstration <strong>psych</strong>ologique la plus célèbre <strong>de</strong> cephénomène se trouve dans l'œuvre <strong>de</strong> Konrad Lorenz (1907-1989), lauréat du prixNobel et figure importante <strong>de</strong> l'éthologie, l'étu<strong>de</strong> du comportement animal. Il adécouvert que <strong>de</strong>s oies cendrées écloses en incubateur « s'imprégnaient» <strong>de</strong> lapremière chose mobile qu'elles voyaient, très précisément au cours <strong>de</strong>s trente-sixpremières heures <strong>de</strong> leur vie. Il a appelé ce processus « empreinte ». Cette pério<strong>de</strong>spécifique <strong>de</strong> temps est aujourd'hui appelée « pério<strong>de</strong> critique ». Les oisons s'étaientimprégnés <strong>de</strong>s bottes noires <strong>de</strong> Lorenz, et le suivaient comme d'autres suivent leurmère. Il y a <strong>de</strong> nombreuses photographies charmantes <strong>de</strong> Lorenz marchant avec lesjeunes oies <strong>de</strong>rrière lui ou même nageant ensemble. Lorenz a découvert que leschoucas qui s'imprégnaient <strong>de</strong> lui, lui apportaient <strong>de</strong>s vers croustillants (souvent dansson oreille). Mais heureusement, une fois sexuellement matures, ils cherchaientd'autres choucas, montrant ainsi que certains comportements sont plus affectés parl'empreinte que d'autres. Les canetons s'imprégnaient même d'objets inanimés telsqu'un ballon rouge ou même d'une boîte en carton.Au sens strict, on appelle ce phénomène empreinte filiale, en ce sens que lenouveau-né commence à reconnaître ses parents. Elle commence même avant lanaissance, lorsque le fœtus commence à entendre leurs voix spécifique. L'idée est quel'empreinte est innée et instinctive, donc non apprise. Elle est essentielle pour la vieet la survie. Pourtant, même les comportements innés sont modifiés parl'apprentissage. Ainsi, les chats sont programmés pour attraper les souris, maisdoivent apprendre <strong>de</strong> leur mère l'art <strong>de</strong> les chasser. De même, les oiseaux peuventchanter, mais doivent « apprendre l'air» <strong>de</strong> ceux qui les entourent.La conception mo<strong>de</strong>rne est que le processus d'empreinte est beaucoup plus« plastique» qu'on ne l'avait pensé initialement. Pour être une cible appropriéeDes fermiers utilisent l'empreintepour l'élevage animal1871Darwin écrit sur le comportementinstinctif1Dd


<strong>de</strong> canard al ueue leu leu 1 161(par exemple, une « mère » pour le lien soc ial), to ut anima l ou objet inanimé doitapporter du confort.L'empreinte expérÎnlentale L'empreinte peut imp liquer les sens <strong>de</strong> la vue,<strong>de</strong> l'ouïe et <strong>de</strong> l'odorat. L'empreinte établit les préférences d'un animal individuelpour une certaine espèce. Elle est plus puissante lorsque l'animal est stressé.Ce concept a été utilisé pour ai<strong>de</strong>r à élever <strong>de</strong>s oiseaux orphelins (condors, aigles,o ies) qui n 'avaient pas eu l'occasion d'apprendre <strong>de</strong> leurs parents. Ainsi, on peutapprendre aux oiseaux à se comporter comme si un ULM était leur parent et ils lesuivront si nécessaire 'le long <strong>de</strong>s traditionnelles voies <strong>de</strong> migratio n.Les fonctions <strong>de</strong> l'empreinte sont <strong>de</strong> reconnaître les parents, <strong>de</strong> facilite rl'attachement social et la sélec tion d'un partenaire sexuel. Les animaux doiventimmédiatement reconnaître leur parent, qui doit les protéger et les no urrir. C'est unmécanisme qui assure <strong>de</strong>s liens sociaux puissants entre les pa rents et ieur progéniture.L'empreinte sexuelle Cette expression signifie ( ( Les canards élevésqu'un animal commence à développer une préférence par <strong>de</strong>s poules nesexue'lle, c'est-à-dire le choix d'un{e ) partenaire, fondé <strong>de</strong>viennent généralementsur l'espèce à laquelle il a été empreint, plutô tpas sexuellement <strong>de</strong>squ'envers un membre <strong>de</strong> sa propre espèce, si ce n'estpoulets. ))pas la même espèce. Certains observateurs ont affirméque cela pourrait expliquer partiellement les nombreux Konrad Lorenz, 1973Lo.La pério<strong>de</strong> critique est parfois appelée pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'apprentissage.Trois types <strong>de</strong> donnéessensible. C'est une pério<strong>de</strong> précise dans le temps, appuient cette affirmation. Tout d'abord,au cours <strong>de</strong>s premiers jours suivant la naissance. l'empreinte apparaît seulement dans uneChez les canards et les oies, elle se situe entre fenêtre <strong>de</strong> temps fixe et précise. C'est la24 et 48 heures après l'éclosion. Chez les chats, pério<strong>de</strong> critique; l'apprentissage après cetteelle se situe entre <strong>de</strong>ux et sept semaines, chez pério<strong>de</strong> a <strong>de</strong>s effets différents, plus faibles.les chiens entre <strong>de</strong>ux et dix semaines et chez Deuxièmement, le processus d'empreinte estles primates entre six et douze mois.irréversible; les choses ne sont pas oubliées,L:empreinte se situe à l'intersection <strong>de</strong> l'instinct elles sont fixées. Troisièmement, il estet <strong>de</strong> l'apprentissage. Ce n'est pas seulement spécifique pour chaque espèce.1900 1935 1957Début <strong>de</strong> l'éthologie comme Lorenz publie le premier article Des <strong>psych</strong>iatres étudient l'Idiscipline scientifique sur l'empreinte l'empreinte du genre


182 évelo pe ntet souvent étranges fétiches sexuels <strong>de</strong> diverses matières que portent certainsindividus.Une empreinte sexuelle inverse a été observée; elle semble avoir été produite parl'évolution pour supprimer les croisements potentiellement désastreux. Des individusqui grandissent ensemble au cours <strong>de</strong>s premières années <strong>de</strong> la vie (jusqu'à cinq ou sixans) semblent ne pas éprouver d'attirance sexuelle entre eux par la suite. D'un autrecôté, <strong>de</strong>s frères et sœurs séparés à la naissance se trouvent souvent particulièrementattirants sexuellement s'ils se rencontrent plus tard.L'empreinte chez les hUIllains L'empreinte chez les oiseaux est biendémontrée. Mais elle est plus rare chez les ma mmifères. Les primates naissentbeaucoup plus vulnérables et « incomplets », avec un cerveau très immature. La mèreest le grand protecteur et fournisseur <strong>de</strong> soins. Le lien et la croissance prennent placesur <strong>de</strong> longues pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> temps.L'empreinte envers <strong>de</strong>s partenaires hUIllains Les gens remarquentsouvent que leurs amis semblent attirés par <strong>de</strong>s « styles» i<strong>de</strong>ntiques. Un ami peutsembler n'avoir que <strong>de</strong>s petites amies petites ct brunes; ou une amie recherchesystématiquement <strong>de</strong>s hommes grands et roux. Depuis les travaux <strong>de</strong> Freud, on asuggéré que nous sommes peut-être particulièrement attirés (ou repo ussés) par Ilespersonnes qui nous rappellent nos parents. Cette idée est un concept d'empreinte ; uncontact précoce avec <strong>de</strong>s caractéristiques parentales particulières affecte le choix dupartenaire plus tard, à l'âge adulte.Les filles <strong>de</strong> pères âgés choisissent <strong>de</strong>s partena ires plus âgés, les enfants issus <strong>de</strong>mariages mixtes ont plus <strong>de</strong> probabilités <strong>de</strong> choisir un(e) partenaire d'un groupeethnique différent, comparativement aux enfants dont les parents appartiennent aumême groupe ethnique. La couleur <strong>de</strong>s cheveux et <strong>de</strong>s yeux a également fait l'obiet <strong>de</strong>recherches.( ( Dans les vieux couples ntariés, l'on découvre souvent<strong>de</strong>s caractéristi~es qui fournissent à l'honune et à la fenunel'apparence d'etre frère et sœur; <strong>de</strong> même, on peut noterune ressemblance entre un maître et son chienqui ont passé beaucoup <strong>de</strong> temps ensemble)d'une manière à la fois touchante et comique. )Konrad Lorenz, 1954


<strong>de</strong>s can rds à la queue leu leu 1 183Il apparaît certain qu'il y a <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s critiques pour l'apprentissage dans lavie d'une personne, et le terme « empreinte» est utilisé pour décrire touteforme d'apprentissage qui survient au cours d'une étape particulière <strong>de</strong>l'existence. Ainsi <strong>de</strong>s recherches <strong>de</strong> plus en plus nombreuses montrent qu'il y a<strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s critiques pour l'apprentissage d'une secon<strong>de</strong> langue. La pério<strong>de</strong>jusqu'à cinq ans semble être la meilleure pour l'acquisition aisée d'autreslangues. Si une personne n'est exposée à aucun langage avant d'atteindre lapuberté, il semble qu'elle ne sera jamais capable d'acquérir correctement lasyntaxe <strong>de</strong> sa « langue maternelle ». L:argument <strong>de</strong> la « fenêtre biologiqued'occasion» pour l'apprentissage d'une secon<strong>de</strong> langue est beaucoup plusdébattu. Certains croient que la pério<strong>de</strong> critique n'est vraie que pour laprononciation, d'autres qu'elle concerne à la fois la syntaxe et le vocabulaire.Certains ont affirmé qu'il peut même y avoir une pério<strong>de</strong> critique pourl'acquisition <strong>de</strong>s compétences musicales et <strong>de</strong> la composition. De plus,l'acquisition <strong>de</strong>s compétences sociales et <strong>de</strong> l'intelligence émotionnel,le sembleindiquer que la pério<strong>de</strong> critique se situe autour <strong>de</strong> la puberté.Les individus choisissent <strong>de</strong>s partenaires qui ressemblent à leur parent <strong>de</strong> sexe opposéplus qu'à leur parent <strong>de</strong> même sexe. Et ils choisissent <strong>de</strong>s personnes <strong>de</strong> couleur d'yeuxet Je cheveux i<strong>de</strong>ntique.L'empreinte humaine est une forme d'apprentissage social. Ce qui se passe pourchacun à un âge ou à sta<strong>de</strong> spécifique n'est pas encore clair. Cela n'arrive pasnécessairement au cours <strong>de</strong> la petite enfance.( ( Lorsque les gens sont libres <strong>de</strong> faire ce qui leur,plaît,ils s'imitent généralement les lUlS les autres. ) ,Eric Hoffer, 1955idée clénanetons !lnprennentlittée tlr· e Yindividqui es accolllpagne


164 le développement4 Tabula rasa« L'un <strong>de</strong>s dogmes fondamentaux du marxisme et <strong>de</strong>s doctrines communistesest que ta personnalité <strong>de</strong>s individus est façonnée par leur niveau économiqueet par leur rôle dans la lutte <strong>de</strong>s classes, ce qui constitue la position la plusenvironnementaliste que l'on puisse imaginer. » George Albee, 1982La tabula rasa, ou hypothèse <strong>de</strong> la page blanche, considère que les individus naissentsans contenu ou processus génétique, inné ou évolutionniste qui se développerait ous'exprimerait au fil du temps. Ils sont plutôt une page blanche, un disque vierge, surlequel <strong>de</strong>s écrits ou <strong>de</strong>s données sont stockés, <strong>de</strong> telle façon que les expériencespersonnelles déterminent qui ils sont, ce qu'ils <strong>de</strong>viennent et ce qu'ils croient.L'historique Aristote et saint Thomas d'Aquin ont privilégié cette école <strong>de</strong>pensée radicale axée sur l'impact <strong>de</strong> l'environnement, opposée il l'école <strong>de</strong> l'hérédité.En opposition à cette idée se situe l'école platonicienne qui privilégiait l'idée <strong>de</strong>l'esprit humain « préexistant» sous une certaine forme développé dans les cieux. Leconcept mo<strong>de</strong>rne est principalement issu du philosophe empirique John Locke, quiconsidérait l'esprit à la naissance comme vi<strong>de</strong>, vierge et libre d'acquérir et <strong>de</strong> stockertoute connaissance ou processus, mais aussi libre <strong>de</strong> toute pulsion prédéterminée ouinnée. En ce sens, les individus sont libres <strong>de</strong> créer leur <strong>de</strong>stinée et leur i<strong>de</strong>ntité. Ilssont les capitaines <strong>de</strong> leur navire, les maîtres <strong>de</strong> leur <strong>de</strong>stin, les auteurs <strong>de</strong> leur propreesprit. .. et avenir.Dans une certaine mesure, le débat sur la tabula rasa a été( ( Conduis l'enfant considéré comme un débat entre génétique et environnement.sur la voie où Il a divisé la <strong>psych</strong>ologie entre <strong>de</strong> puissants courants <strong>de</strong> pensées,il <strong>de</strong>vrait marcher; tels que le mouvement eugéniste, constitué <strong>de</strong> partisans <strong>de</strong> laet lorsqu'il sera tradition anti tabula rasa. Il y a eu une sorte <strong>de</strong> mouvement <strong>de</strong>grand, il ne s'enpendule entre les positions extrêmes. Ainsi, l'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> genre,détournera pas. ) ) l'homosexualité, etc., ont été considérées comme presqueexclusivement déterminées génétiquement ou totalement La Bible, Uvre <strong>de</strong>s Proverbes « construites socia.[enlent ». . 1700 Aristote définit le concept I<strong>de</strong>e <strong>de</strong> l' « auteur lIbre »,<strong>de</strong> Locke


tabula rasa Il85Beaucoup affirment qu'il est impossible <strong>de</strong> séparer les influences génétiques etenvironnementales. Par ailleurs, le débat concernant ,ta libre volonté et ledéterminisme est souvent l'arrière-plan du débat sur la tabula rasa.Les croyances relatives à la nature humaine Jeremy ( ( Les premiersBentham (1748-1832) a décrit l'homme comme un être rationnel, messages écritsfaisant <strong>de</strong>s choix et prenant <strong>de</strong>s décisions en termes d'intérêt sur la tabula rasapersonnel éclairé. D'un autre côté, Gustave le Bon (1841-1931) ane sont peut-êtresoulign é l'irrationalité et l'impulsivité <strong>de</strong>s hommes rassemblés enpas les plusfoule. Thomas Hobbes (1588-1679) a considéré l'homme commedifficiles àégoïste, méchant et brutal, dont les tendances doivent êtrerestreintes par un gouvernement puissant. Jean-Jacques Rousseaueffacer. ))(1712-1778) a vu les limites imposées par la civilisation comme la Jerome KaHan, 1978force q ui détruisait la noblesse <strong>de</strong> l'homme naturel, le bon sauvage.Les <strong>psych</strong>ologues expérimentalistes et sociaux ont essayé d'expliquer les causes, lastructure et les conséquences <strong>de</strong> diverses « philosophies <strong>de</strong> la nature humaine».Selon un <strong>psych</strong>ologue, il y aurait six croyances fondamentales (et leurs opposés) sur lanature humaine:1. les ,individus sont (ou ne sont pas) dignes <strong>de</strong> confiance, moraux et responsables;2. les individus peuvent contrôler leurs résultats et ils peuvent se comprendre euxmêmes,ou ils manquent d'autodétermination et sont irrationnels;3. les individus sont altruistes, désintéressés et sincèrement sensibles aux autres, oul'opposé;4. les individus sont capabIes <strong>de</strong> maintenir leurs croyances face à <strong>de</strong>s pressions <strong>de</strong>groupe, ou <strong>de</strong> cé<strong>de</strong>r;5. 'les individus sont différents les uns <strong>de</strong>s autres en termes <strong>de</strong>personnalité et d'intérêt et peuvent changer au fil du temps, ou nepeuvent pas changer;«( Le voleur6. les individus sont complexes et difficiles à comprendre, ou sont et l e meurtriersimples et faciles à comprendre.suivent la natureCes propositions peuvent être ramenées à <strong>de</strong>ux dimensions:autant que lepositive-négative (force <strong>de</strong> la volonté, confiance, indépendance etphilanthrope. ) )altruisme) et multiplexité (variabilité et complexité), qui sontnettement indépendantes l'une <strong>de</strong> l'autre. T. H. Huxley, 1873HIxe siècle Annees 1960 2002Leugénisme comme cause ~ enviro nnementa1is me Publication <strong>de</strong> l'ouvrage<strong>de</strong> tout comportement <strong>de</strong> 'la tabula rasa connaît Comprendre la nature humaine,son âge d'or<strong>de</strong> Pinker


1BB IIU d' V loppumenl( ( La nature a La biologie, l'évolution et la page blanche L'objectiontoujours eu plus la plus claire à la position <strong>de</strong> la tabula rasa vient <strong>de</strong>s <strong>psych</strong>ologues<strong>de</strong> pouvoir C{qe évolutionnistes. Ils dénoncent la tabula rasa et le mythe du bon sauvage,l'éducation. , ) qu'ils considèrent comme sous-tendus par <strong>de</strong>s impératifs politiques, etnon par <strong>de</strong>s faits scientifiques. Les individus qui craignent ou détestentVohaire, 1739 les concepts <strong>de</strong> déterminisme ou d'inégalité, ou les <strong>de</strong>ux, rejettent lespreuves évi<strong>de</strong>ntes et incontournables <strong>de</strong> l'évolution.La position <strong>de</strong> la <strong>psych</strong>ologie évolutionniste est très claire: l'être humain (corps etesprit) a été programmé par la sélection naturelle pour se comporter d'une manièreparticulière. Le cerveau est le produit <strong>de</strong>l'adaptation évolutionniste. Noussommes programmés et, Jans ce sens,LC1 po ('l-flcyLAe« <strong>de</strong>stinés » à agir <strong>de</strong> manière spécifique.Nous <strong>de</strong>meurons <strong>de</strong>s « singes nus ».cAe \C1 nC1tLAV-eL'argument est que le choix du (<strong>de</strong> la)partenaire concerne essentiellement la~LAN\C1'lnereproductivité. Nous sommes préparésà rechercher <strong>de</strong>s individus qui nousLes écrits politiques expriment <strong>de</strong>s croyancesai<strong>de</strong>ront à procréer <strong>de</strong>s enfants en bonneexplicites et implicites sur les origines <strong>de</strong> la nature santé, et donc à assurer la perpétuationhumaine. Il semble ainsi que le communisme postule <strong>de</strong> nos gènes. Ainsi, les hommes trouventque les aspects égoïstes, compétitifs etles femmes attirantes surtout en raisond'autoglorification <strong>de</strong> la nature humaine ne soient<strong>de</strong> leur aptitu<strong>de</strong> à porter <strong>de</strong>s enfants.pas naturels, mais le produit <strong>de</strong> conditions socioéconomiqueset politiques. De même, le libéralismeLa taille du corps (indice <strong>de</strong> massesemble postuler que tous les individus ont un fort corporelle) et sa forme (rapport entredésir <strong>de</strong> liberté totale, tandis que les conservateurs les hanches et le tour <strong>de</strong> taille) sont <strong>de</strong>sont une conception négative <strong>de</strong> l'homme, croyant signes essentiels <strong>de</strong> fécondité. Lesque les individus sont naturellement égoïstes,hommes sont « programmés » pouragressifs ou anarchiques.rechercher <strong>de</strong>s indicateurs <strong>de</strong> jeunesse etLes croyances sur les caractéristiques <strong>de</strong> la nature <strong>de</strong> santé. D'où le fait qu'ils apprécient leshumaine sont-elles fortement reliées à l'orientation grands yeux, la peau cla ire, la symétrie,politique d'une personne d'une manière prévisible et la blon<strong>de</strong>ur (pour les personneslogique? Par exemple, les personnes « <strong>de</strong> gauche»blanches seulement). Les femmes, <strong>de</strong> leuront tendance à attribuer l'origine <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>scôté, recherchent <strong>de</strong>s signes <strong>de</strong> santé,caractéristiques humaines à l'environnement, et lespersonnes « <strong>de</strong> droite» les attribuent plutôt à <strong>de</strong>s <strong>de</strong> dominance et <strong>de</strong> richesse. D'où lefacteurs génétiques, bien qu'il y ait d'importantes fait qu'elles recherchent <strong>de</strong>s hommesdifférences selon les caractéristiques considérées grands avec <strong>de</strong> larges épaules et un buste(par exemple, la personnalité ou les caractéristiques fort, mais avec un petit tour <strong>de</strong> taille.physiques). Il est donc possible <strong>de</strong> déterminerElles sont attirées par les voix profon<strong>de</strong>sl'orientation politique d'une personne en luiet les signes d'intelligence sociale. La<strong>de</strong>mandant ses conceptions sur le débat génétiqueenvironnement,ou l'inverse.femmes considèrent qu'elle fournit <strong>de</strong>srichesse est également importante car lesressources pour bien s'occuper <strong>de</strong>s enfants.


tabula ra1187 ( ( DOlUlez-moi Wle douzaine <strong>de</strong> bébés en bOlUle santé, bien formés, ainsi que mon propre mon<strong>de</strong> spécifié pour les élever et je m'engage à prendre n'importe lequel d'entre eux et,à.le.former p.our qu'il ~evi~lUle n'im\,ort~ quel type <strong>de</strong> specialiste que Je peux selectlolUler (mé<strong>de</strong>cin, avocat, artiste, marchand, et même mendiant ou voleur), quels que soient ses talents, penchants, tendances, aptitu<strong>de</strong>s, vocation et la race <strong>de</strong> ses ancêtres. ) ) J. Watson, 1930Pour le <strong>psych</strong>ologue évolutionniste, nous sommes programmés pour détecter laqualité du (<strong>de</strong> la) partenaire. Les hommes sont inconsciemment attirés par lesfemmes au sommet <strong>de</strong> leur potentiel <strong>de</strong> reproduction. Selon le schéma <strong>de</strong> la<strong>psych</strong>ologie évolutionniste, les femmes ont résolu leur « problème <strong>de</strong> détection" endéveloppant une préférence pour un statut élevé (surtout dans les relations à longterme) comparativement à d'autres considérations telles que le charme. Ceci, parceque plus un homme possè<strong>de</strong> un statut élevé, plus sa capacité à contrôler les ressourcesest importante. Dans la plupart <strong>de</strong>s sociétés, le statut élevé est associé à la richesse etau pouvoir; il peut aussi être associé à l'intelligence, à la stabilité émotionnelle et àl'application, qui sont également <strong>de</strong>s traits <strong>de</strong> personnalité désirables. Par conséquent,la rivalité entre hommes pour attirer <strong>de</strong>s femmes se concentre sur le fait d'acquérir et<strong>de</strong> montrer <strong>de</strong>s signaux <strong>de</strong> ressources. Chez les hommes, la beauté peut se réduire au« gros portefeuille ", comme certa ins l'ont suggéré ironiquement.Les hommes, <strong>de</strong> leur côté, ont résolu le problème <strong>de</strong> la détection du potentielmaximal <strong>de</strong> reproductivité <strong>de</strong>s femmes en privilégiant <strong>de</strong>s caractéristiques quisignalent un potentiel reproductif élevé: la jeunesse et la fertilité plutôt que <strong>de</strong>sattributs qui signalent le statut social. Ces caractéristiques comprennent les lèvrescharnues, une peau claire et lisse, <strong>de</strong>s yeux clairs, <strong>de</strong>s cheveux brillants, un bon tonusmusculaire et une bonne distribution <strong>de</strong> la graisse corporelle, avec une allure jeune etdynamique, une expression faciale animée et un niveau élevé d'énergie. Bien que leshommes et les femmes puissent valoriser les mêmes caractéristiques chez un(e)partenaire (telles que l'attrait, le statut, la stabilité émotionnelle, etc.), les uns et lesautres accor<strong>de</strong>nt une importance différente à ces caractéristiques en raison <strong>de</strong> leurhéritage évolutif.idée •clé--".._leZ-la n_a........i S,.,_.............~..."'......e11


1Ga Il'apprenti sage2 Les réflexes conditionnés « J'espère qu'on ne me prendra pas pour un fou sij'exprime la croyanceque les expériences sur les activités cérébrales supérieures <strong>de</strong>s animauxnous fourniront beaucoup d'indications sur l'éducation et l'auto-éducationchez l'homme. » I. Pavlov, 1928L'aptitu<strong>de</strong> et la volonté apparente <strong>de</strong>s animaux <strong>de</strong> cirque à réaliser <strong>de</strong>s tours sous ladirection <strong>de</strong> dresseurs ont fasciné nos parents et grands-parents. Les individusprennent toujours du plaisir à regar<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s otaries, <strong>de</strong>s dauphins et même <strong>de</strong>s orquesparticiper à <strong>de</strong>s spectacles dans <strong>de</strong> grands aquariums publics. Comment ces animauxont-ils pu être entraînés pour réaliser <strong>de</strong>s tâches si étonnantes?Des chiens et <strong>de</strong>s cloches Le réflexe conditionné a été découvert par unlauréat du prix Nobel, le physiologiste russe Ivan Pavlov (1849-1936). Sa théorie faitaujourd'hui partie du folklore à cause <strong>de</strong> l'exemple célèbre du « chien <strong>de</strong> Pavlov».Tous les animaux salivent lorsqu'ils ont faim et lorsqu'on leur présente un alimentqu'ils aiment ou juste son o<strong>de</strong>ur. Ceci est un réflexe naturel <strong>de</strong>stiné à faciliterla digestion. Les recherches <strong>de</strong> Pavlov ont initialement été faites avec <strong>de</strong>s chiens,en mesurant la qualité et la quantité <strong>de</strong> leur salivation permettant une digestionefficace.Pavlova découvert que si l'on fait sonner une cloche <strong>de</strong> no mbreuses fo isimmédiatement après que le chien ait vu la vian<strong>de</strong>, la cloche seule, sans la vue <strong>de</strong> lanourriture, finit par provoquer la réaction <strong>de</strong> sahvation. La cloche met en route lesystème physiologique <strong>de</strong> la digestion. Le processus fonctionne aussi avec les êtreshumains, avec toute nourriture et avec <strong>de</strong> nombreux sons. Le conditionnementfonctionne mieux lorsque le stimulus inconditionné (la nourriture) survient presqueen mê me temps que le stimulus conditionné et lorsque les <strong>de</strong>ux sont forts et intenses(un gros steak bien juteux et une cloche très sonore).Pavlov démont re le conditionnement


les réD xes conditionnés 189La théorie Un réflexe conditionné apparaît lorsqu'un stimulus neutre (nonpertinent) est associé à un stimulus spécifique qui produit habituellement uneréponse. Après avoir répété cette action pendant un certain temps, le stimulus neutrea le pouvoir, en lui-même, <strong>de</strong> produire cette réponse. C'est le stimulus conditionnéqui entraîne le réflexe: le stimulus neutre provoque la réponse conditionnée. Pourmaintenir le réflexe, l'association doit être « rechargée» ; si la cloche sonne etrésonne sans présence <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, la réponse a moins <strong>de</strong> probabilités <strong>de</strong> se manifester.Ainsi:• l'alimentation est un stimulus inconditionné;• la salivation en réponse à l'alimentation est un réflexe inconditionné;• le son <strong>de</strong> la cloche est le stimulus conditionné;• la salivation en réponse au stimulus <strong>de</strong> la cloche seule est le réflexe conditionné.La réponse conditionnée peut être d'augmenter la probabilité« d'un comportement ou, au contraire, d'essayer d'inhiber ce Celui quicomportement. Les résultats sont clairs et évi<strong>de</strong>nt: la force duépargne la ba~etteconditionnement augmente avec chaque essai, mais chaquehaït son fils. , ,essai a moins d'impact que le précé<strong>de</strong>nt. Autrement dit, aubout d'un certain temps, la force du renforcement diminue. La Bible, Uvre <strong>de</strong>s ProverbesLe conditionnement peut changer. Il peut être défait aussifacilement qu'il peut être fait. C'est ce que l'on appelle« l'extinction expérimentale" et elle est le résultat d'essaisrenforcés. Au fil du temps, si la nourriture ne suit jamais le son <strong>de</strong>la cloche, le chien va cesser <strong>de</strong> saliver au son <strong>de</strong> la cloche. Mais sila réponse salivaire disparaît, elle peut être reconditionnée par leretour <strong>de</strong> la situation <strong>de</strong> conditionnement. En fait, après uneapparente extinction, la réponse peut rapi<strong>de</strong>ment revenir une foisque le renforcement réapparaît. De plus, une réponse éteinte peutréapparaître après un intervalle <strong>de</strong> repos. On appelle cela la« récupération spontanée ".1944 1958 1969Débuts <strong>de</strong> l'intérêt porté Introduction <strong>de</strong> la désensibilisation Publication <strong>de</strong> La Psycho/agieà la punition systématique <strong>de</strong> /a superstition, <strong>de</strong> Jahoda


170 l,. pprenUs agoLes superstitions conditionnées Une histoire célèbre illustre ce que les<strong>psych</strong>ologues appellent le « comportement superstitieux ». Un <strong>psych</strong>ologue <strong>de</strong>sanimaux avait un laboratoire rempli <strong>de</strong> pigeons. Ceux-ci pouvaient reconnaître etdifférencier plusieurs formes et couleurs. Ils s'étaient habitués à cette routine: « <strong>de</strong> lanourriture contre une réponse correcte » .Un week-end, le chercheur rentra chez lui mais oubHa <strong>de</strong> fermer le distributeur <strong>de</strong>nourriture <strong>de</strong> certains pigeons. Aussi, une <strong>de</strong>mi-heure après son départ, la machine adistribué une dose <strong>de</strong> succulente nourriture. Naturellement, il a semblé aux pigeonsqu'ils avaient été récompensés pour avoir fait ce qu'ils avaient fait. Ils ont doncrépété ce comportement toutes les trente minutes et à chaque fois, la récompenserevenait. Certains donnaient <strong>de</strong>s coups <strong>de</strong> bec sur leur cage, d'autres soulevaientleurs ailes, certains faisaient <strong>de</strong>s pirouettes en bas <strong>de</strong> 1a cage, d'autres encoreroucoulaient agréab'lement. La nourriture arrivait automatiquement, mais les pigeonsavaient « vu » <strong>de</strong>s liens <strong>de</strong> cause à effet et croyaient qu'ils avaient provoqué leurrécompense.Dans une autre étu<strong>de</strong> célèbre, réalisée auprès d'enfants âgés <strong>de</strong>trois à six ans, les expérimentateurs ont placé une boîte en( ( n est évi<strong>de</strong>nt piastique pour ranger <strong>de</strong>s billes et un clown mécanique pourque différentes enfants, appelé Bobo. Au début <strong>de</strong> l'expérimentation, l'enfant as ortes d'habitu<strong>de</strong> le droit <strong>de</strong> choisir un petit jouet qu'il souhaite gagner. Onfondées sm­ présente ensuite Bobo à l'enfant en Ilui disant que, <strong>de</strong> temps enl'entraînement, temps, le clown lui donnera une bille que l'enfant doit placerl'éducation et ladans la boîte. Quand suffisamment <strong>de</strong> billes auront été réunies,discipline ne sontl'enfant pourra obtenir le jouet. Bobo distribue <strong>de</strong>s billes selon unrien d'autre C(U'lUle programme préétabli, quel que soit le comportement <strong>de</strong> l'enfant.L'enfant est observé au travers d'une glace sans tain pendant unelongue chaine <strong>de</strong> séance <strong>de</strong> huit minutes par jour pendant six jours. Les résultatsréflexes ont montré que 75 % <strong>de</strong>s enfants ont élaboré une réponsesuperstitieuse. Certains enfants se tiennem face à Bobo et lui fontIvan Pavlov, 1928<strong>de</strong>s grimaces; d'autres touchent son visage ou son nez; d'autresencore bougent les hanches. Une fille a souri à Bobo, tandisqu'une autre lui a embrassé le nez. Dans cha4ue cas, les enfantsont manifesté ces comportements à plusieurs reprises au cours <strong>de</strong> plusieurs séances. Ilsont tous cru que leurs actions provoquaient l'apparition <strong>de</strong>s billes. Ils ont étécondi t ionnés.conditiolUlés. ) )Le pouvoir <strong>de</strong> la lDusique Les publicitaires savent que les individus associentcertains airs à <strong>de</strong>s événements, <strong>de</strong>s ambiances et <strong>de</strong>s produits particuliers, ce 4uimodifie la probabilité <strong>de</strong> leur comportement d'achat. Les individus peuvent en effetêtre influencés par <strong>de</strong>s signaux musicaux sans être vraiment conscients <strong>de</strong> la présencecie musique clans leur environnement.Dans une étu<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s <strong>psych</strong>ologues ont di~fusé <strong>de</strong> la musique traditionnelle française(accordéon) ou alleman<strong>de</strong> (fanfare bavaroise) à <strong>de</strong>s consommateurs et ont observé les


los réflexo conditionnés 171ventes <strong>de</strong> vin en rayons, ces <strong>de</strong>rniers proposant <strong>de</strong>s vins français et allemands classésen fonction du prix et du goût. Lorsque <strong>de</strong> la musique française était diffusée, 77 %<strong>de</strong>s vins vendus étaient français, lorsqu'il s'agissait <strong>de</strong> mus,igue alleman<strong>de</strong>, 73 %étaient allemands. Les individus avaient trois fois plus <strong>de</strong> probabilités <strong>de</strong> choisir unvin qui correspondait à la musique.La peur con ditionnée Le conditionnement classique influence l'émotion aussibien que le comportement. On peut conditionner un animal pour qu'il répon<strong>de</strong> à unsignal, puis supprimer la réponse en l'associant avec un événement très désagréabletel qu'un choc électrique ou une douche d'eau froi<strong>de</strong>. Chez les humains, il a étépossible d'induire et <strong>de</strong> guérir <strong>de</strong>s réponses phobiques par le conditionnement. Ainsi,on peut rendre un jeune enfant phobique <strong>de</strong>s chats en produisant un gros bruit àchaque fois qu'il entend, voit ou touche un chat. Ceci produira rapi<strong>de</strong>ment une« félinophobie ». Cependant, elle peut disparaître en habituant progressivementl'enfant à un chat au comportement affectueux.la désensibilisation systématique a été décrite pour la première fois par le néocomportementalisteJoseph Wolpe (1958) et son utilité a été démontrée pour lespatients qui peuvent i<strong>de</strong>ntifier une source bien spécifique <strong>de</strong> leur anxiété,par exemple la peur <strong>de</strong>s pièces fermées ou la prise <strong>de</strong> parole enpublic. On <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à ces personnes d'imaginer <strong>de</strong> telles ( ( Apprendre sanssituations pendant que le thérapeute les ai<strong>de</strong> à maintenir un état penser est inutile.<strong>de</strong> relaxation. L'association <strong>de</strong> la relaxation et <strong>de</strong> la situation Penser sansanxiogène diminue la peur par un processus d'« inhibition apprendre estréciproque ». Si le patient peut conserver un état <strong>de</strong> relaxationdangereux. ) )lorsqu'il est confronté à <strong>de</strong>s stimuli générant habituellement l'anxiété, ces stimuli per<strong>de</strong>nt progressivement leur force.Conlucius, 551-479 avant J.-C. idée clé ,e apprisesIl


172 1•. pprenH sage43 Le comportementalisme« Le comportementaliste balaie toutes les conceptions médiévales. liélimine <strong>de</strong> son vocabulaire tous les termes subjectifs tels que sensation,perception, image, désirs et même pensée et émotion. » J.B. Watson, 1926Le comportementalisme (ou behaviourisme) a qu'ils ont appelé 1'« introspection " . Leconstitué une force dominante en <strong>psych</strong>ologie comportementalisme était la science <strong>de</strong> ce quependant plus <strong>de</strong> cent ans. De Ivan Pavlovl'on peut observer et mesurer <strong>de</strong> façon fiable:(1849-1936) à Burrhus F. Skinner (1904-1990), le comportement. 111 valorisait l'empirisme naïf.qui niait que les individus eussent une libre Le comportementalisme est une idéologievolonté ou une autonomie morale, le(comme beaucoup <strong>de</strong> « ismes "), avec <strong>de</strong>scomportementalisme, sous <strong>de</strong>s formescritères fondamentaux, <strong>de</strong>s croyances et <strong>de</strong>slégèrement différentes, a dominé la pensée et axiomes. Selon cette approche, nous avonsles recherches <strong>psych</strong>ologiques pendantbesoin <strong>de</strong> preuves comportementalescinquante ans.observables pour démontrer <strong>de</strong>s théories.Les comportementalistes étaient les grands Aussi, nous ne pouvons pas savoir ouennemis <strong>de</strong>s <strong>psych</strong>ologues <strong>de</strong> la forme, <strong>de</strong>s distinguer entre <strong>de</strong>ux états d'esprit (attitu<strong>de</strong>s,<strong>psych</strong>analystes et <strong>de</strong>s <strong>psych</strong>ologuescroyances, valeurs, etc.) si nous ne pouvonshumanistes. Les premiers comportementalistes, pas observer et mesurer le comportementtels que John B. Watson, ont abandonné ce spécifique qui leur est associé.La philosophie Les origines philosophiques du comportementalisme se trouventdans plusieurs courants <strong>de</strong> pensée tels que le positivisme logique et l'empirismebritannique. Les positivistes logiques insistaient sur le principe <strong>de</strong> vérification, selonlequel les concepts mentaux se rapportent en fait à <strong>de</strong>s tendances comportementaleset peuvent donc être exprimés en termes comportementaux. Les empiristesbritanniques insistaient sur le fait que nous comprenons le mon<strong>de</strong> uniquementau travers <strong>de</strong> l'expérience et <strong>de</strong> l'observation. Ils croyaient aussi que les individusle comportementalismeles idées centrales


le comportementalisme 173acquièrent la connaissance <strong>de</strong> leur environnement, et donc <strong>de</strong>s autres personnes,par apprentissage associatif entre les expériences (ou stimuli) et les idées(ou comportements). Donc, les individus comprennent lastructure causale du mon<strong>de</strong> à travers <strong>de</strong>s associations.Les comportementalistes qui affirment que leur <strong>psych</strong>ologie estla <strong>psych</strong>ologie du comportement (pas la science <strong>de</strong> l'esprit, ducœur ou <strong>de</strong> l'âme) déclarent que nous pouvons comprendre lesprocessus <strong>psych</strong>ologiques sans aucune référence à <strong>de</strong>sévénements mentaux internes tels que les croyances ou lessouvenirs. Ils affirment avec force que tout langage faisantappel à <strong>de</strong>s états internes doit être totalement éliminé <strong>de</strong> la<strong>psych</strong>ologie et remplacé par <strong>de</strong>s concepts strictementcomportementaux. Le comportementalisme veut êtreconsidéré comme une science naturelle, au même titre que laphysique ou la zoologie.Il ya bien entendu eu quelques légères différences au fil <strong>de</strong>sans. On trouve le componementalisme classique ou( ( Je crois qu'lUleanalyse scientifiquedu comportementdoit supposer que lecomportement d'lUlepersonne estcontrôlé par sonhistoire génétiqueet environnementaleplutôt que par lapersolUle elle-mêmecomme agentcomportementalisme physiologique, qui a élaboré son propre initiateur. ) )langage. Par exemple, si <strong>de</strong>s chiens ou <strong>de</strong>s rats sont nourrisseulement après avoir accompli une tâche (pousser un levier B. F. Skinner, 1974ou se déplacer d'une certaine manière lorsqu'un son apparaîtou qu'une lumière s'allume), ils ont <strong>de</strong>s probabilités <strong>de</strong> répéterce comportement. Ainsi le son ou la lumière sont <strong>de</strong>s stimuli discriminants, lemouvement ou la pression sont <strong>de</strong>s réponses, l'alimentation est le renforcement et lesactions répétées sont <strong>de</strong>s expériences d'apprentissage.Le comportementalisme méthodologique est la doctrine relative à la manière <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>srecherches scientifiques empiriques correctes. Les événements mentaux internes <strong>de</strong>toutes sortes constituent <strong>de</strong>s entités privées non pertinentes dans ce cadre. Lecomportementalisme apprécie l'expression « analyse expérimentale ducomportement» .Mais c'est peut-être le comportementalisme radical <strong>de</strong> B. F. Skinner qui est le plusconnu. C'était un vrai « croyant» qui a écrit <strong>de</strong>s romans sur <strong>de</strong>s utopiescomportementales et a élevé sa fille selon les principes stricts <strong>de</strong> sa croyance. Lecomportementalisme radical n'accepte pas l'existence <strong>de</strong> pensées ni le fait que lesémotions puissent être à l'origine du comportement, ou plutôt que certainscomportements puissent être <strong>de</strong>s manifestations d'émotions.Les comportementalistes ont tendance à se concentrer sur <strong>de</strong>s comportementsi<strong>de</strong>ntifiables très spécifiques qui, selon eux, peuvent être façonnés par <strong>de</strong>s programmes1938 Annees 1950 1977Publication <strong>de</strong> l'ouvrage Age d'or Publication <strong>de</strong> /Apprentissage SOCial,Le Comportement <strong>de</strong>s organismes, du comportementalisme <strong>de</strong> Bandura<strong>de</strong> Skinner


174 l'apprenti sage<strong>de</strong> renforcement bien planifiés. Mais certains acceptent que nous soyons plus que <strong>de</strong>simples produits <strong>de</strong> notre histoire personnelle <strong>de</strong> renforcement. Nous sommeségalement affectés par nos facteurs biologiques personnels et, dans certains cas, par laculture, qui est l'ensemble <strong>de</strong>s comportements fréquents <strong>de</strong> notre groupe.Les comportementalistes ont créé <strong>de</strong>s associations et fondé <strong>de</strong>s revues scientifiques.Ils ont recommandé un type particulier <strong>de</strong> thérapie évi<strong>de</strong>mment appelé « thérapiecomportementale ». Elle a été utilisée pour traiter <strong>de</strong>s patients atteints <strong>de</strong> troubles<strong>psych</strong>iques et <strong>de</strong>s enfants à problèmes, aussi bien que <strong>de</strong>s adultes « normaux» ayant<strong>de</strong>s difficultés spécifiques.Par-<strong>de</strong>là la liberté et la dignité B. F. Skinner - peut-être le penseurcomportementaliste le plus connu, le plus clair et cd ui qui s'est fait le plus entendre ­a écrit en 1971 un ouvrage grand public intitulé Par-<strong>de</strong>là la liberté et la dignité. Ilhaïssait les mentalistes, qui croyaient en un homocunlus, une petite personne (peutêtrel'esprit, la volonté ou l'âme) dans !la tête.Le comportementalisme <strong>de</strong> Skinner est déterministe et technologique. De p'lus, ilcroyait que le comportementalisme pouvait être une force au service du bien et ai<strong>de</strong>rà résoudre <strong>de</strong>s problèmes sociaux tels que la surpopulation, la guerre, etc. Il voulaitque nous abandonnions tout propos obscur et inutile sur la liberté et la dignitépersonnelles car il s'agissait, selon lui, <strong>de</strong> fausse pensée.Skinner ne croyait pas dans la libre volonté et donc dans l'idée que les individuspuissent s'attribuer le mérite <strong>de</strong> certaines actions et se blâmer pour d'autres. Tous noscomportements sont façonnés par notre histoire passée <strong>de</strong> renforcement. Il ne croyaitpas dans les vertus <strong>de</strong> la punition car celle-ci postule que les individus peuvent avoirle choix <strong>de</strong> leur comportement. Si nous voyons quelqu'un contraint d'agir d'unecertaine manière, nous croyons qu'il est moins à louer ou à blâmer puisqu'il a moins<strong>de</strong> libre volonté. Cependant, selon Skinner, tous nos comportements sont façonnés<strong>de</strong> cette manière. Pour lui, nous sommes les produits <strong>de</strong> notre environnement, <strong>de</strong>notre apprentissage et plus spécifiquement <strong>de</strong> notre programme <strong>de</strong> renforcement.La théorie <strong>de</strong> l'apprentissage social Albert Bandura (né en 1925) aélaboré la théorie sociocognitive ou théorie <strong>de</strong> l'apprentissage social, qui constitueun développement du comportementalisme. Comme les comportementalistes,il met l'accent sur le rôle <strong>de</strong> l'apprentissage social, croyant que nous ne pouvonsvéritablement comprendre (et donc prédire) le comportement d'une personneque lorsque nous prenons pleinement en compte le contexte ou l'environnement socialet physique dans lequel elle se trouve, par choix ou par acci<strong>de</strong>nt.Il y a plusieurs concepts importants. Le premier est l'apprentissage par observation oumo<strong>de</strong>lage. L' idée est que nous apprenons souvent en observant puis en imitantd'autres personnes qui agissent comme <strong>de</strong>s modèles. Nous obtenons donc unrenforcement vicariant lorsque nous voyons d'autres personnes récompensées oupunies pour ce qu'eUes font. D'où le pouvoir <strong>de</strong> la télévision et <strong>de</strong>s films pourencourager le changement <strong>de</strong> comportement en faisant appel à <strong>de</strong>s acteurs séduisants


et dignes <strong>de</strong> confiance qui font <strong>de</strong>s actions particulières avec<strong>de</strong>s récompenses spécifiques.Un concept essentiel <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong> l'apprentissage social estcelui <strong>de</strong> sentiment d'efficacité personnelle, qui désigne lacroyance d'une personne reLative à son aptitu<strong>de</strong> à faire face ouà réussir dans une situation ou dans une tâche particulière.L'évaluation du sentiment d'efficacité personnelle dans unesituation dépend <strong>de</strong> quatre éléments: l'histoire d'apprentissage« Lele comportementaU me 175coEnporteEnentalisEnepeut être décritCOITecteEnent etbrièveEnent COEnEneune <strong>psych</strong>ologiequi exclut la<strong>de</strong> succès ou d'échecs <strong>de</strong> la personne dans <strong>de</strong>s situations <strong>psych</strong>ologie. ) )i<strong>de</strong>ntiques; <strong>de</strong>s expériences vicariantes marquantes (laG. D. Martin, 1976connaissance <strong>de</strong> la façon dont d'autres personnes agissent dans<strong>de</strong>s situations similaires) ; la persuasion ou le renforcementverbal-social ou le niveau d'encouragement ou <strong>de</strong> persuasion <strong>de</strong>s autres pour que lapersonne agisse dans cette situation; l'activation émotionnelle ou les sensationsd'anxiété ou <strong>de</strong> stress associées à l'éventualité d'un échec. Les jugements d'efficacitépersonnelle jouent un rôle important dans la motivation, la fixation d'objectifs, etc.,à l'école, au travail et en thérapie. Plus les individus croient qu'ils savent commentréaliser une action, plus ils ont eu <strong>de</strong> succès et veu ent éviter l'échec, plus ils ont <strong>de</strong>probabilités <strong>de</strong> réussir.Un <strong>de</strong>rnier concept est celui d'autorégulation, qui désigne l'utilisation <strong>de</strong> pensées et <strong>de</strong>croyances pour contrôler le comportement. Il s'agit <strong>de</strong> ressources personnetles quisont un moyen <strong>de</strong> comportement auto-récompensant et autopunitif. Elles résultent <strong>de</strong>ce que ~ a personne observe son propre comportement et le compare au comportementd'autrui. Les gens réagissent avec plaisir et fierté aux succès, et avec douleur etautocritique aux échecs. Par les processus d'autorégulation, ils ont tendance à répéterles actions qui augmentent leur sentiment <strong>de</strong> valeur personnelle ou d'estime <strong>de</strong> soi etils évitent celles qui conduisent au défaitisme et au rejet <strong>de</strong> soi. L'autorégulationencourage les individus à se fixer <strong>de</strong>s objectifs accessibles qui, en retour, augmententleur sentiment d'efficacité personnelle. Des facteurs internes - l'auto-observation,l'autorenforcement, etc. - sont donc considérés comme <strong>de</strong>s forces motivantes.idée cléC In___par l'expérience


178 Il'apprentissage Programmes<strong>de</strong> renforcement« Je n'avais pas prédit que, parmi les renforçateurs qui expliquent moncomportement scientifique, les opinions <strong>de</strong>s autres ne comptent pasbeaucoup, mais cela semble pourtant être le cas. » B. F. Skinner, 1967En <strong>psych</strong>ologie, le mot « renforcement" désigne le fait <strong>de</strong> renforcer une réponse.C'est la principale « anne " dans l'arsenal <strong>de</strong>s éleveurs d'animaux. On peut donnerà un animal, que ce soit un éléphant <strong>de</strong> la jungle, un lion <strong>de</strong> cirque ou un rat blanc<strong>de</strong> laboratoire, un morceau délicieux après un comportement spécifique.L'alimentation est un renforçateur. Son but est d'encourager l'animal à répéterl'acte aussi souvent et rapi<strong>de</strong>ment que possible dans les mêmes conditions.Une récompense, quelle qu'elle soit, peut être justifiée dans son pouvoir <strong>de</strong>renforcement, uniquement par la rapidité et la régularité avec lesquelles elle modifiele comportement après avoir été reçue.Différents renforçateurs Les comportementalistes font <strong>de</strong>s distinctionsentre différents types <strong>de</strong> renforçateurs. Il ya les renforçateurs primaires (alimentation,sexualité) que tous les animaux désirent et dont ils ont besoin au cours <strong>de</strong> leurexistence. Leur pouvoir dépend <strong>de</strong> l'état <strong>de</strong> l'animal (<strong>de</strong>gré <strong>de</strong> faim, <strong>de</strong> manque <strong>de</strong>sommeil, etc.). Les renforçateurs secondaires apparaissent avec l'apprentissage pourassocier un comportement à une réponse: la cloche <strong>de</strong> l'heure du repas avec lasalivation, l'o<strong>de</strong>ur d'un désinfectant avec les hôpitaux. Toutes sortes <strong>de</strong> chosespeuvent <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s renforçateurs secondaires. Certains, comme l'argent,sont très généraux, d'autres (une o<strong>de</strong>ur ou un son particulier, par exemple)sont très spécifiques. Il est possible d'établir une hiérarchie du renforcementpour un individu (ou pour une espèce), ce qui montre le pouvoir relatif <strong>de</strong>s différentsrenforçateurs.Les formateurs, les lea<strong>de</strong>rs et les managers mettent les individus dans <strong>de</strong>s programmes<strong>de</strong> renforcement. Lorsque <strong>de</strong>s réponses complexes sont attendues, le « façonnage» estparfois utile. Ceci implique <strong>de</strong> renforcer positivement les réponses qui font partied'une réponse plus complexe jusqu'à ce que la répo nse désirée soit obtenue.Pavlov utilise pour la première foisle mot « renforcement"1953Skinner parle<strong>de</strong> renforcement négatif


programmes <strong>de</strong> renforcement 177Les techniques motivationnelles issues <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong> l'apprentissageProcédure Au travail Effet comportementalRenforcementpositifRenforcementnégatifPunitionExtinctionLe manager complimentel'employé quand le travaHest réalisé dans les délaisLe manager adresse unavertissement à chaque foisque le travail est terminéen retardLe manager augmente lacharge <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> l'employéà chaque fois que le travailest terminé en retardLe manager ignore l'employéquand le travail est terminéen retardAugmente le comportement désiréAugmente le comportement désiréDiminue le comportement non désiréDiminue le comportement non désiréLes individus apprennent à s'engager dans <strong>de</strong>s comportements qui produisent <strong>de</strong>srésultats positifs et <strong>de</strong>s actions agréables. Le processus par lequel ils apprennent àréaliser <strong>de</strong>s actes conduisant à <strong>de</strong>s résultats désirables est appelé renforcement positif.Pour qu'une récompense soit considérée co mme un renforçateur positif, elle doit êtrefournie en fonction du comportement spécifique recherché.Les individus apprennent aussi à réaliser <strong>de</strong>s actions qui leur permettent d'éviter <strong>de</strong>sconséquences indésirables. Les événements désagréables, tels que les répriman<strong>de</strong>s, lerejet, le licenciement, la mutation, sont quelques-unes <strong>de</strong>s conséquences <strong>de</strong> certainesactions sur le lieu <strong>de</strong> travail. Le processus est appelé renforcement négatif, ou évitement.La punition implique <strong>de</strong> présenter une conséquence désagréable en réponse à uncomportement non désiré. Alors que le renforcement négatif élimine un stimulusnégatif, augmentant donc la force <strong>de</strong> la réponse qui a conduit à son élimination, lapunition applique un stimulus désagréable, diminuant donc la force <strong>de</strong> la réponse quia conduit à sa présentation.Le lien entre un comportement et ses conséquences peut également être affaibli autravers du processus d'extinction. Quand une réponse récompensée une fois ne l'estplus par la suite, elle tend à diminuer; elle finira par s'éteindre. Ignorer les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>set le comportement est probablement la manière la plus fréquente d'éliminer ce<strong>de</strong>rnier.1974 1994Publication <strong>de</strong> l'ouvragePublication <strong>de</strong> l'ouvrageÀ propos du comportementalisme, Punis par <strong>de</strong>s récompenses,<strong>de</strong> Skinner<strong>de</strong> KohnI


178 l'ap rentissa eLes contingences <strong>de</strong> renforcement Les quatre contingences <strong>de</strong>renforcement peuvent être définies en termes <strong>de</strong> présentation ou <strong>de</strong> retrait d'unstimulus plaisant ou désagréable. Les comportements renforcés positivement sontfortifiés, les comportements punis sont affaiblis.Stimulusprésentéou retiréDésirabilitédu stimulusNom <strong>de</strong> lacontingenceForce<strong>de</strong> la réponseExemple dans le mon<strong>de</strong>du travailStimulusprésentéAgréableDésagréableRenforcementpositifPunitionAugmentation<strong>de</strong> la réponseDiminution<strong>de</strong> la réponseDes éloges <strong>de</strong> la part d'unsupérieur encouragent àcontinuer le comportement louéDes critiques <strong>de</strong> la part d'unsupérieur découragent <strong>de</strong>poursuivre le comportementdévaloriséStimulusretiréAgréableDésagréableExtinctionRenforcementnégatifDiminution<strong>de</strong> la réponseAugmentation<strong>de</strong> la réponseNe pas faire d'éloges pour unacte utile réduit la probabilité <strong>de</strong>ce comportement dans l'avenirLa critique future est évitée enfaisant ce que le supérieur veutIl y a essentiellement quatre formes <strong>de</strong> renforcement.Les programmes à intervalles fixes sont ceux dans lesquels le renforcement estadministré la première fois qu'apparaît le comportement désiré après qu'un délaispécifique soit passé. Les récompenses sont administrées sur une base régulière et fixe.Les programmes à intervalles fixes ne sont pas particulièrement efficaces pourmaintenir la performance désirée au travail, bien qu'ils soient largement utilisés.Les programmes à intervalles variables sont ceux dans lesquels une quantité variable <strong>de</strong>temps doit s'écouler entre l'administration <strong>de</strong>s renforcements. Par exemple, unconsultant chargé d'un audit et qui fait une visite surprise aux divers services d'uneentreprise environ une fois tous les <strong>de</strong>ux mois en moyenne (avec parfois une visiteaprès un mois et <strong>de</strong>mi et d'autres fois après <strong>de</strong>ux mois et <strong>de</strong>mi) utilise un programmeà intervalles variables. Puisque l'employé ne peut savoir exactement lorsqu'il serarécompensé, il aura tendance à être performant sur une pério<strong>de</strong> relativement longue.Les programmes à taux fixe sont ceux dans lesquels 'le renforcement est administré lapremière fois qu'apparaît le comportement désiré après qu'un nombre précis <strong>de</strong>certaines actions aient été réalisées. Tout système <strong>de</strong> paiement à la pièce constitue unprogramme <strong>de</strong> renforcement à taux fixe.Les programmes à taux variable sont ceux dans lesquels un nombre variable <strong>de</strong>réponses désirées (basées sur une certaine quantité moyenne) doivent s'écouler entrel'administration <strong>de</strong>s renforcements. L'exemple classique <strong>de</strong> l'efficacité <strong>de</strong>s programmesà taux variable est celui <strong>de</strong>s machines à sous.


progra me <strong>de</strong> renforcement179 On reproche souvent au concept d'être circulaire: la force <strong>de</strong> laréponse est augmentée par <strong>de</strong>s événements qui augmentent la force<strong>de</strong> la réponse. Cependant, ses partisans soulignent que lesrenforçateurs le sont en raison <strong>de</strong> 'leur effet sur le comportement(et non 'le processus inverse).Punis par <strong>de</strong>s récompenses Les enfants réussissent-ilsmieux à l'école s'ils sont renforcés par <strong>de</strong>s prix, voire <strong>de</strong>srécompenses monétaires? Les programmes <strong>de</strong> motivationaugmentent-ils la productivité au travail? Est-il préférable <strong>de</strong> faire<strong>de</strong>s éloges ou <strong>de</strong> payer une performance?Certaines étu<strong>de</strong>s ont montré que si vous récompensez <strong>de</strong>s élèvespour avoir résolu <strong>de</strong>s problèmes, ils sont ensuite plus lents que <strong>de</strong>s( ( D est probableque la réponseaux~leurs d'lD1.bébe fait plus que<strong>de</strong> renforcer lespleurs. Il renforcela capacité active<strong>de</strong> faire face àl'environnement,en obtenant unfeedback <strong>de</strong> lapart <strong>de</strong>s gens etélèves non récompensés; <strong>de</strong>s individus récompensés pour un <strong>de</strong>s objets. ) )comportement tel que s'arrêter <strong>de</strong> fumer ou porter la ceinture <strong>de</strong>sécurité ont moins <strong>de</strong> probabilités <strong>de</strong> changer positivement leur L. Yarrow, 1975comportement à long terme que ceux non récompensés.Contre les principaux principes <strong>de</strong> renforcement, Edward Deci et Richard Ryanaffirment que plus une personne est renforcée pour une activité (productivité, travailuniversitaire, créativité), plus elle va perdre son intérêt pour cette activité. Lamotivation extrinsèque (recevoir une récompense) réduit la motivation intrinsèque(le plaisir <strong>de</strong> l'activité).Selon eux, le système <strong>de</strong> récompenses peut être peu coûteux, facile à administrer, etapporter <strong>de</strong>s résultats immédiats, mais échoue à long terme pour diverses raisons.Cette critique a fait sérieusement réfléchir les individus sur l'usage et les possiblesabus <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> renforcement à l'école et au travail.idée cléorteIl} t façonnépar ses consequencesI


180 l'apprentissageMaîtriserla complexité« Il Y a une tendance à définir la <strong>psych</strong>ologie d'une manière qui me semblecurieuse et fondamentalement non scientifique, comme ne concernant quele comportement ou que le traitement <strong>de</strong> l'information avec certainesinteractions avec l'environnement... en excluant <strong>de</strong> la <strong>psych</strong>ologie l'étu<strong>de</strong><strong>de</strong> ce que j'appelle la compétence. » N. Chomsky, 1977] usque dans les années 1960, la <strong>psych</strong>ologie était divisée en trois grands univers: (es<strong>psych</strong>analystes à l'ancienne, les comportementalistes du « meilleur <strong>de</strong>s mon<strong>de</strong>s » etles humanistes dissi<strong>de</strong>nts. Mais les années 1960 ont vu la naissance d'un mouvementdurable: la révolution cognitive. Elle est née tout d'abord parce que lescomportementalistes semblaient rendre compte <strong>de</strong> façon inadéquate <strong>de</strong> la façon dontnous maîtrisons <strong>de</strong>s compétences <strong>de</strong> haut niveau: comment nous parlons, raisonnonset apprenons.L'apprentissage par observation Alors que les comportementalistesinsistaient sur le fait que nous apprenons pratiquement tout au travers duconditionnement opérant, les théoriciens <strong>de</strong> l'apprentissage social affirmaient quenous apprenons également rapi<strong>de</strong>ment et efficacement par l'observaüon. Nousaugmentons nos connaissances et nos compétences en observant attentivement lesautres (modèles). Les enfants et les adultes apprennent <strong>de</strong>s choses en regardant ceque font les autres ainsi que les conséquences <strong>de</strong> ces actions.Par exemple, <strong>de</strong> nombreuses personnes s'inquiètent <strong>de</strong> ce que les enfants voient à latélévision. Elles craignent que les enfants copient ce qu'ils voient: un langage grossier,la violence, l'égoïsme. Cependant, curieusement, elles ne semblent pas s'intéresserautant à la télévision pour les vertus et les bons comportements qu'elle peut montrer.Les enfants copient à la fois <strong>de</strong>s modèles agressifs et <strong>de</strong>s modèles altruistes.Dans une célèbre expérience avec une poupée, <strong>de</strong> jeunes enfants ont été divisés entrois groupes. Ils ont tous vu un film dans lequel un adulte était agressif envers unepoupée, la frappant avec un marteau, la jetant en l'air et criant <strong>de</strong>s mots comme8andura met en évi<strong>de</strong>ncel'apprentissage par observation1985 Chomsky opère une révolutionlinguistique


maÎt Iser la complexité 181« boum! » ou « poh ! ». Pour le premier groupe d'enfants, LIn autre adulte apparaîtdans le film et récompense la personne avec <strong>de</strong>s bonbons pour sa belle performance ;pour le <strong>de</strong>uxième groupe, il répriman<strong>de</strong> la personne pour avoir mal agi envers lapoupée; pour le troisième groupe, il ne fait rien. Les enfants « expérimentaux»étaient ensuite mis en présence <strong>de</strong> la poupée. Comme l'avaient prévu les chercheurs,ceux qui avaient vu le modèle récompensé pour son agression avaient plus <strong>de</strong>probabilités d'être eux-mêmes agressifs.L'apprentissage implicite Pouvez-vous apprendre sans être conscient <strong>de</strong> lefaire? L'apprentissage implicite a lieu lorsque <strong>de</strong>s gens ont acquis une informationcomplexe sans pouvoir fournir un souvenir conscient <strong>de</strong> ce qu'ils ont précisémentappris.Certains résultats <strong>de</strong> recherche montrent que ce sont <strong>de</strong>s zones cérébrales différentesqui sont responsables <strong>de</strong> l'apprentissage explicite et <strong>de</strong> l'apprentissage implicite. EtDe nombreux individus développent, dans leur profession ou leurpratique, une quantité impressionnante <strong>de</strong> compétences.Certaines d'entre elles sont <strong>de</strong>s compétences « perceptivomotrices»telles que l'apprentissage du tennis pour atteindre leniveau <strong>de</strong> Roland-Garros ou l'apprentissage <strong>de</strong>s échecs pour<strong>de</strong>venir un grand maître. Il y a <strong>de</strong>s étapes bien distinctes dansl'acquisition <strong>de</strong> ces compétences: une étape cognitive ou <strong>de</strong>compréhension, une étape pratique ou associative, enfin uneétape autonome où les individus <strong>de</strong>viennent plus rapi<strong>de</strong>s et plusprécis.Les <strong>psych</strong>ologues ont comparé <strong>de</strong>s experts à <strong>de</strong>s novices. Lesexperts semblent avoir un stock très bien organisé <strong>de</strong>connaissances concernant <strong>de</strong>s événements qu'ils ont rencontrésdans le passé. Ils ont clairement appris à rechercher et à évaluertrès efficacement les situations, presque inconsciemment.Développer une expertise est plus que du talent et <strong>de</strong> la pratique.Cela implique <strong>de</strong> savoir stocker les connaissances procéduralesutilisées pour bien faire les choses.Annees 1980 Annees 1990 2000Début <strong>de</strong>s rech e rch es Étu<strong>de</strong>s su r la façon Développementssur l'apprentissage implicite dont les gens <strong>de</strong>viennent experts dans la neuro<strong>psych</strong>ologiecognitive <strong>de</strong> l'apprentissage


182 J'appr ntlssagl'on ne sait pas si c'est l'apprentissage explicite qui précè<strong>de</strong> l'apprentissage impliciteou l'inverse. Nous pouvons parler <strong>de</strong> mémoire explicite lorsque <strong>de</strong>s individus peuventfournir <strong>de</strong>s <strong>de</strong>scriptions verbales conscientes, contrairement à une mémoire implicitelorsqu'ils ne le peuvent pas. Un bon exemple est <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r et <strong>de</strong> discuter avec <strong>de</strong>ssportifs doués qui ont appris toutes sortes <strong>de</strong> mouvements physiques mais qui nepeuvent expliquer ce qu'ils font.L'apprentissage du langage L'apprentissage du langage est fondamentalpour la survie. Maîtriser la langue maternelle est un processus très complexe, réalisépar presque tous les enfants avec une apparente facilité.Pour les comportementalistes, le langage est acquis comme tout autre répertoirecomportemental. Un enfant prononce un mot: s'il est récompensé (renforcé), il lerépète. Les enfants sont fortement et constamment récompensés par leurs parents etleurs proches lorsqu'ils font <strong>de</strong>s approximations <strong>de</strong> plus en plus justes du langage exact.Cela commence au début par l'imitation, selon <strong>de</strong>s principes comportementaux simples.Des étu<strong>de</strong>s montrent qu'en effet, les parents prennent beaucoup d'intérêt audéveloppement du langage <strong>de</strong> leurs enfants. Cependant, ils récompensent le langageautant pour la gentillesse et la vérité qu'il exprime que pour la correctiongrammaticale.Le problème avec la théorie comportementaliste est que les enfants apprennent lelangage trop vite et trop précisément pour que l'on puisse le fon<strong>de</strong>r sur les principes<strong>de</strong> l'imitation et du renforcement. Les enfants sont créatifs avec le langage etproduisent soudain <strong>de</strong>s phrases qu'ils n'ont jamais entendues auparavant. La théorieéchoue clairement à expliquer le développement rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> règles grammaticalescomplexes. Les parents ne passent pas beaucoup <strong>de</strong> temps à « façonner la grammaire »<strong>de</strong> leurs enfants, cependant ceux-ci l'acquièrent avec une étonnante rapidité.Ce sont les interactions mère-enfant qui semblent les plus pertinentes et elles ont étésoigneusement étudiées. De nombreuses mères parlent à leur enfant d'événementsquotidiens et d'objets familiers, modifiant souvent le thème <strong>de</strong> leur monologue pourparler d'objets spécifiques auxquels l'enfant prête attention.Les mères semblent commencer avec un langage « enfantin», en utilisant <strong>de</strong>s phrasescourtes, simples et très <strong>de</strong>scriptives. Au fur et à mesure que l'enfant grandit, lalongueur et la complexité <strong>de</strong>s phrases augmente, la mère étant toujours « <strong>de</strong>vant»l'enfant en essayant <strong>de</strong> l'enseigner et <strong>de</strong> l'encourager. Malgré cette ai<strong>de</strong> et cesrenforcements, on ne sait pas vraiment si ce processus rend compte dudéveloppement du langage partout dans le mon<strong>de</strong>, pour tous les langages et à toutesles pério<strong>de</strong>s.Chomsky et la structure profon<strong>de</strong> Il y a plus <strong>de</strong> cinquante ans, NoamChomsky a lancé un défi <strong>de</strong> taille au comportementalisme. Il a proposé une théorie« nativiste» selon laqueUe les enfants naissent avec la connaissance <strong>de</strong> la structuredu langage humain. Tous les êtres humains <strong>de</strong> toutes les cultures possè<strong>de</strong>nt unsystème d'acquisition naturelle du langage.


maîtriser la complexité 1183 Chomsky a distingué entre la structure profon<strong>de</strong> et la structure superficielle. Lastructure <strong>de</strong> surface concerne une phrase réelle, mais la structure profon<strong>de</strong> concerne sonsens. Par exemple, la phrase: « Vous aurez <strong>de</strong> la chance si vous arrivez à ce qu'i!travaille pour vous» peut avoir <strong>de</strong>ux sens : « Vous aurez <strong>de</strong> la chance s'il choisit <strong>de</strong>travailler dans votre organisation» ou : « Vous aurez <strong>de</strong> la chance si vous arrivez à cequ'il travaille » (en général). De même, nous pouvons avoir <strong>de</strong>ux phrases trèsdifférentes (structure <strong>de</strong> surface différente) mais qui ont le même sens (structureprofon<strong>de</strong> i<strong>de</strong>ntique). Ainsi, « le vieux professeur a donné un cours » signifieexactement la même chose qu' « un cours a été donné par le vieux professeur » .Un concept proche est celui <strong>de</strong> grammairetransformationnelle, qui est censée être innée. C'est lemécanisme qui nous permet <strong>de</strong> nous exprimer( ( S'efforcercorrectement par <strong>de</strong>s mots. Chomsky a mis en évi<strong>de</strong>nce d'obtenir<strong>de</strong>s universaux linguistiques pour soutenir cette théorie.un feed-backCeci veut dire que tous les langages humains ont en <strong>de</strong>s persolUlescommun diverses caractéristiques : les noms, les verbes et et <strong>de</strong>s objets. ) )les adjectifs, <strong>de</strong> même que les voyelles et les consonnes.Ceci explique pourquoi les enfants acquièrent tôt L. Yarrow, 1975n'importe quelle langue à laquelle ils sont exposés, qu'ils'agisse <strong>de</strong> la langue <strong>de</strong> leurs parents ou non.L'explication nativiste est que l'apprentissage du langage dépend <strong>de</strong> la maturationbiologique. Cependant, <strong>de</strong>s critiques affirment que cette approche est plus <strong>de</strong>scriptivequ'explicative, en ce sens qu'elle ne rend pas précisément compte <strong>de</strong> la façon dont seréalise vraiment l'acquisition du langage. Il est également clair que les expériencespersonnelles <strong>de</strong>s enfants affectent le développement <strong>de</strong> leur langage. On a parfois ditque les universaux du langage reflètent peut-être simplement le fait que les individusfont face aux mêmes exigences dans toutes les cultures et que c'est cela qui façonne lelangage, plutôt qu'un programme inné.idée cléUa ~entis~e<strong>de</strong> ut niveau néce site plusque le conditionnelllent


184 le cerveau4 La phrénologie « Aucun physiologiste qui étudie tranquillement le sujet (la vérité <strong>de</strong> laphrénologie) ... ne peut longtemps résister à la conviction que différentesparties du cerveau facilitent différentes sortes d'actions mentales. »Herbert Spencer, 1896La phrénologie est fondée sur une idée simple et largement répandue aujourd'hui. Lecerveau est l' « organe <strong>de</strong> l'esprit » et est structuré <strong>de</strong> telle manière que différentesparties sont responsables <strong>de</strong> différentes fonctions. Différentes zones cérébrales qui sereflètent dans la forme <strong>de</strong> la tête contrôlent donc différentes aptitu<strong>de</strong>s. Mais lesphrénologues croyaient, premièrement, que la taille <strong>de</strong> la zone cérébrale« consacrée» à une fonction spécifique était proportionnelle à 1'« importance» <strong>de</strong>cette aptitu<strong>de</strong> mentale. Deuxièmement, cette craniométrie (mesure <strong>de</strong> la taille et <strong>de</strong>la forme du crâne) décrit la forme du cerveau et donc toutes les fonctions humaines.Troisièmement, les aptitu<strong>de</strong>s morales et intellectuelles sont innées.Historique Les racines <strong>de</strong> la phrénologie remontent aux Grecs <strong>de</strong> l'Antiquitéet sont probablement encore plus anciennes. De nombreux praticiens ont étéessentiellement <strong>de</strong>s « physiognomistes » (<strong>de</strong>s lecteurs <strong>de</strong> la nature par la forme<strong>de</strong>s choses). De nombreux livres sur les arts et les sciences, surtout aux XVIIe etXVIIIe siècles, présentent <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins qui illustrent les principes physiognomiques. Lesystème mo<strong>de</strong>rne a été mis au point par Franz Gall, qui a publié son traité en 1819.Il croyait que la géographie cérébrale reliait les zones cérébrales appelés « organes»avec <strong>de</strong>s fonctions spécifiques appelées « facultés ».En 1896, Sizer et Drayton publient un manuel <strong>de</strong> phrénologie intitulé Têtes et visages,et comment les étudier. Il illustrait comment reconnaître les imbéciles et les poètes ouencore les criminels et les personnes à forte moralité. Pour un regard contemporain,ce traité est à la fois amusant et étrange.La phrénologie a été prise au sérieux à l'époque victorienne. Les bustes, les revues etles appareils <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong> ses partisans ont survécu, particulièrement les bustes enfine porcelaine <strong>de</strong> Chine réalisés par la Société phrénologique <strong>de</strong> Londres. Les gens<strong>de</strong> l'époque victorienne faisaient appel à la chirurgie phrénologique; il y avait <strong>de</strong>sécoles phrénologiques, <strong>de</strong>s aliments et <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins phrénologues. Us mesuraient lestêtes avec beaucoup d'enthousiasme: le volume <strong>de</strong> la tête reflétait le volume ducerveau, qui à son tour indiquait la puissance mentale; c'est du moins ce qu'ilsGall élabore son systéme1824Lancement du Journal <strong>de</strong> phrénologie


la phrénologie 1185( ( Chez les chercheursen neurosciences,la phrénologie aaujourd'hui unemeilleure réputationque la <strong>psych</strong>iatriefreudienne, car elle aété, dans un sens <strong>assez</strong> approximatif, un precurseur <strong>de</strong> l'électro­encéphalographie. ) ) croyaient. La taille <strong>de</strong> la tête était linéairement liée à lacapacité cérébrale et à l'intellect, sauf pour les personneshydrocéphales. Mais la forme était plus importante que lataille. Une bonne cranioscopie pouvait, croyait-on, révéler<strong>de</strong>s talents spéciaux. Les phrénologues ont réalisé <strong>de</strong>sdiagnostics et <strong>de</strong>s prévisions sur les motivations, lesaptitu<strong>de</strong>s et le tempérament. Idée clé, la tête était lamanifestation <strong>de</strong> l'esprit et <strong>de</strong> l'âme d'un individu. Certains phrénologues ont fait <strong>de</strong>s comparaisonsinterculturelles, cherchant <strong>de</strong>s différences entre Françaiset Anglais. Les phrénologues ont examiné <strong>de</strong>s squelettestels que le crâne et les os <strong>de</strong> t'archevêque Thomas Beckett.Les enfants <strong>de</strong> la reine Victoria ont été « lus» parce les phrénologues prétendaient détenir la connaissance <strong>de</strong> soi Tom Wolle, 1997et les clés du succès développemental, moral etprofessionnel.Divers groupes et individus ont porté l'étendard <strong>de</strong> la phrénologie. Parmi eux, <strong>de</strong>snazis et <strong>de</strong>s colonialistes qui voulaient utiliser les données <strong>de</strong> la phrénologie pourdémontrer la supériorité <strong>de</strong> certains groupes. Ceci a entaché l'image <strong>de</strong> laphrénologie.« Lire la tête» La métho<strong>de</strong> phrénologique traditionnelle commence en prenanten compte la forme générale <strong>de</strong> la tête. Une tête ron<strong>de</strong> est censée indiquer une natureforte, confiante, courageuse, parfois impatiente. Une tête carrée révèle une naturesoli<strong>de</strong>, fiable, profondément pensive et résolue. Une tête plus large suggère uncaractère énergique, sociable, tandis qu'une tête étroite suggère une nature plusrenfermée, introvertie. Une forme ovoï<strong>de</strong> appartient à un intellectuel. Lesphrénologues déplacent ensuite leurs doigts avec douceur mais fermeté sur le crâneafin <strong>de</strong> sentir les contours <strong>de</strong> celui-ci. Ils doivent mesurer la taille respective <strong>de</strong>chaque aptitu<strong>de</strong> et son importance, en comparaison avec d'autres parties <strong>de</strong> la tête.Puisque le cerveau est composé <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux hémisphères, ils examinent les <strong>de</strong>ux côtés ducrâne.La grosseur <strong>de</strong> telle partie du crâne indique l'importance <strong>de</strong> l'aptitu<strong>de</strong> étudiée.Par exemple, un petit organe <strong>de</strong> l' « alimentativité » indique un petit mangeur,difficile, peut-être abstinent; inversement, si cette partie est correctementdéveloppée, elle indique une personne qui aime manger et boire;et si elle est trop développée, elle indique un glouton, qui peut également boireexcess ivement.1838 1902 2000Publication <strong>de</strong> l'ouvrage Publication <strong>de</strong> l'ouvrage Les bustes en porcelaine <strong>de</strong> ChineLes Principes <strong>de</strong> la phrénologie, La Phrénologie scientifique, réalisés par L'.Entreprise <strong>de</strong> phrénologie<strong>de</strong> S. Smith <strong>de</strong> Hollan<strong>de</strong>r <strong>de</strong> Londres, se ven<strong>de</strong>nt toujours bien


186 118 cerveau La tête phrénologique possè<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> quarante parties, mais tout dépend <strong>de</strong> la Hsteque l'on utilise. Certaines comportent <strong>de</strong>s concepts plutôt anciens, tels que la« vénération» (zone 20) (respect pour la société, ses règles et institutions) ; l'hilarité(26) qui décrit le sens <strong>de</strong> l'humour, et la sublimité (24) qui est l'amour <strong>de</strong>s grandsconcepts. li! y a également les régions 1 (amativité : attrait sexuel), 3(philoprogénitivité : amour parental et filial), 10 (alimentativité : appétit, amour <strong>de</strong>la nourriture), 5 (habitativité : amour <strong>de</strong> son logement).Les critiques Malgré la popularité <strong>de</strong> la phrénologie, la science l'a toujoursdénoncée comme du charlatanisme et <strong>de</strong> la pseudo-science. L'idée que <strong>de</strong>s « bosses »sur la tête soient liées à la structure <strong>de</strong> la personnalité et au développement moralétait rejetée comme étant un non-sens. En effet, les recherches n'ont pas confirmé lesthèses <strong>de</strong> la phréno logie.Le développement <strong>de</strong>s neurosciences a montré que beaucoup d'affirmations <strong>de</strong> laphrénologie sont fausses. Cependant, d'autres mythes sur le cerveau <strong>de</strong>meurent, telsque l'idée selon laquelle nous n'utilisons que 10 % <strong>de</strong> notre cerveau dans notrefonctionnement quotidien. Il y a également <strong>de</strong>s mythes sur l'énergie cérébrale ou suret teV\cA~V\cesLes zones <strong>de</strong> la tête ont été ultérieurement décrites ou classifiéesen huit sentiments ou tendances :• les tendances « domestiques" sont <strong>de</strong>s caractéristiques communes aux hommes et aux animaux et sont à l'origine <strong>de</strong>s émotions et <strong>de</strong>s réactions instinctives aux objets et aux événements; • les tendances « égoïstes" répon<strong>de</strong>nt aux désirs <strong>de</strong> l'homme et l'ai<strong>de</strong>nt à se protéger et à se préserver; • les sentiments <strong>de</strong> « regard personnel" concernent l'intérêt personnel et l'expression <strong>de</strong> la personnalité;• les facultés « perceptives" sont responsables <strong>de</strong> la perception <strong>de</strong> l'environnement; • les tendances « artistiques" sont à l'origine <strong>de</strong> la sensibilité et <strong>de</strong> l'aptitu<strong>de</strong> artistiques; • les facultés « semi-perceptives ", dans <strong>de</strong>s domaines tels que la littérature, la musique et le langage, sont à l'origine <strong>de</strong> l'appréciation <strong>de</strong> l'environnement culturel; • les facultés « réflexive ", « raisonnante " et « intuitive» concernent les styles <strong>de</strong> pensée; • les sentiments « moraux ", y compris les facultés religieuses, humanisent et élèvent le caractère. ,.


les stimulants cérébraux, qui semblent aussi peu vraisemblablesque la phrénologie.Cependant, certains aspects <strong>de</strong> la phrénologie semblent restertoujours pertinents. Nous savons par exemple que le volume ducerveau est positivement corrélé à <strong>de</strong>s scores d'aptitu<strong>de</strong> mentale,ceci à l'intérieur <strong>de</strong> certaines espèces et entre espèces. Noussavons aussi que le volume <strong>de</strong> la tête est corrélé avec le volumedu cerveau. Des <strong>psych</strong>ologues ont montré pendant près <strong>de</strong> centans qu'il y a une mo<strong>de</strong>ste corrélation entre le volume <strong>de</strong> la tête(longueur et largeur) et le QI. Cependant, quand cette mesureest corrigée pour la taille corporelle, cette relation disparaît.Avec l'utilisation du scanner, <strong>de</strong>s scientifiques ont cherché lapreuve d'une relation entre la grosseur du cerveau et le QI. Lesrésultats n'ont pas confirmé leur attente.Les nouvelles technologies ont certainement augmenté nosconnaissances et notre intérêt pour la neuro<strong>psych</strong>ologiecognitive et pour la <strong>psych</strong>iatrie. Nous pouvons aujourd'huiétablir une carte géographique du cerveau. Grâce à <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>seffectuées auprès <strong>de</strong> personnes cérébrolésées et <strong>de</strong> membres <strong>de</strong> lapopulation générale, les chercheurs ont élaboré une nouvellela phrénolo e 187« La notionselon laquelle <strong>de</strong>sbosses sur le crânecOITespon<strong>de</strong>ntà <strong>de</strong>s zonessurdéveloppéesdu cerveau est,bien entendu,un non-senset la réputationscientifique <strong>de</strong> Galla été fortementdiscréditée par saphrénologie. ) )R. Hoganet R. Smither, 2001carte du cerveau et <strong>de</strong>s zones cérébrales principalement responsables <strong>de</strong>s diversesfonctions. Mais cette « électrophrénologie » est fondée empiriquement et n'a aucunerelation avec les idées préscientifiques moralistes <strong>de</strong>s fondateurs <strong>de</strong> la phrénologie.idée cléCertains ~ects<strong>de</strong> la.phrenologie son'ftou.iour~ pert­ ents aUJourd'hUIl


188 11 cerveau Il est difficile<strong>de</strong> séparerle cerveau en <strong>de</strong>uxLa plupart d'entre nous aimons penser que nous sommes rationnels etobjectifs. Nous apprécions la logique analytique basée sur les faits. Nouspensons prendre <strong>de</strong>s décisions sages et réfléchies au cours <strong>de</strong> notre vie.Nous sommes attentifs à ne pas laisser nos émotions diriger nos pensées.Nous sommes aussi, bien entendus, <strong>de</strong>s « gens <strong>de</strong> cœur ».L'idée que notre personnalité et notre comportement soient composés <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxfacettes est très séduisante. Après tout, nous avons <strong>de</strong>ux yeux, <strong>de</strong>ux mains, <strong>de</strong>uxjambes. Nous avons aussi <strong>de</strong>ux oreilles et <strong>de</strong>ux bras, et <strong>de</strong>ux seins ou <strong>de</strong>ux testicules.Deux <strong>de</strong> nos plus importants organes semblent avoir <strong>de</strong>ux moitiés distinctes. Parconséquent, c'est une idée populaire <strong>de</strong> parler <strong>de</strong> cerveau gauche et <strong>de</strong> cerveau droit.Et ce <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s siècles. La fascination pour :la latéralité cérébrale a conduit à <strong>de</strong>nombreuses théories et à <strong>de</strong>s pratiques étranges. Certa,ins pensent que le cerveaudouble conduit à une double personnalité. D'autres y voient une division du bien etdu mal. Ainsi, le cerveau droit - étant inférieur au gauche - serait primitif, noncivilisé et brutal; le cerveau gauche a été considéré comme créatif, féminin, maismaltraité par le cerveau droit dominateur.Une partie du mythe est associée au langage. Les synonymes <strong>de</strong> « gauche » indiquent<strong>de</strong>s caractéristiques négatives (maladroit, lourd, incapable), tandis que c'est l'inversepour les synonymes <strong>de</strong> « droit » (adroit, correct, honnête).Le mythe L'idée est essentiellement celle-ci: le cerveau gauche est le cerveaulogique. C'est l'hémisphère qui traite les données, la connaissance et l'ordre, qui fait<strong>de</strong>s mathématiques et <strong>de</strong> la science. C'est le centre <strong>de</strong> la pensée abstraite orientéevers les détails. Les mots décrivant le cerveau gauche sont « logique », « séquentiel » ,Publication du premier articlesur les différences sexuelles<strong>de</strong> forme <strong>de</strong> la main1960Première opérationsplit-brain


il t dUficiie <strong>de</strong> séparer le cerveau en <strong>de</strong>ux 189« rationnel », « analytique», « objectif ». La plupart <strong>de</strong>s ( ( Il n'y a aucuneinstitutions éducatives et <strong>de</strong>s entreprises ont été mises en raison <strong>de</strong> croire queplace par <strong>de</strong>s individus au cerveau gauche pour faire <strong>de</strong>sles <strong>de</strong>ux hémisphèreschoses <strong>de</strong> type cerveau gauche d'une façon cerveau gauche.colTespon<strong>de</strong>nt a laLe mon<strong>de</strong> étant dominé par <strong>de</strong>s droitiers, contrôlés biendistinction entre laentendu par te cerveau gauche, il y a une minoritéexcentrique (environ 10 %) qui sont gauchers parce qu'ilspensée rationnelle etsont contrôlés par le cerveau droit.la pensée intuitive,Le cerveau droit, dit-on par ailleurs, est un peu confus. C'est ou entre les processusle siège <strong>de</strong>s émotions, <strong>de</strong>s symboles et <strong>de</strong>s images. C'est ici analytiques etque sont traitées la philosophie et la religion. C'est l'univers artisti~es, ou encore<strong>de</strong>s phantasmes et <strong>de</strong>s possibilités. Les mots qualifiant le à la différence entrecerveau droit sont « aléatoire », « intuitif», « holistique », les philosophies« synthétique» et « subjectif ». Les écoliers au cerveau droit occi<strong>de</strong>ntalepréfèrent les gran<strong>de</strong>s lignes aux détails. Ils ne sont pas tropet orientale. ) )préoccupés par la planification séquentielle, la vérification,l'orthographe, ou encore d'autres détails. Ils n'aiment pas les H. Gleitman, 1981symbo les, mais apprécient l'intuition. Ils aiment lacohérence et le sens, mais basés sur l'imagination, non sur la réalité.Les consultants, formateurs et éducateurs qui adoptent la théorie <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux cerveauxparlent souvent <strong>de</strong>s expériences split-main (cerveau divisé) dans lesquelles le « pont »entre les <strong>de</strong>ux hémisphères (le corpus callosum) a été sectionné. Ils citent aussi <strong>de</strong>sétu<strong>de</strong>s dans lesquelles <strong>de</strong>s visages sont « réassemblés » à partir <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>mi-images<strong>de</strong> la partie gauche (ou <strong>de</strong> la partie droite) du visage. Mais c'est un saut rapi<strong>de</strong>, pleind'imagination et non fondé, vers la théorie <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux cerveaux.Les recherches sur les cerveaux divisés Ces opérations ont tout d'abordété réalisées dans les années 1960 pour soulager <strong>de</strong>s épilepsies incurables. Elles ontpermis <strong>de</strong> mieux comprendre comment chaque hémisphère cérébral fonctionne sansl'interférence <strong>de</strong> l'autre. Ainsi, le cerveau gauche semblait pouvoir faire <strong>de</strong>s chosesimpossibles au cerveau droit (par exemple, le langage) et vice-versa. Il a sembléqu'une gran<strong>de</strong> partie du traitement du langage se passe dans l'hémisphère gauche,mais que si celui-ci est lésé chez les enfants, certaines <strong>de</strong> ses fonctions peuvent êtreprises en charge par le cerveau droit. Les recherches dans ce domaine se poursuiventet sont fortement facilitées par les nouvelles technologies dont nous disposons pourétudier le fonctionnement cérébral.Annees 1970 1996 2002Publication <strong>de</strong> livres grand public sur la différence Publication <strong>de</strong> la revue Publication <strong>de</strong> l'ouvragecerveau gauche-cerveau droit dans la pensée, scientifique Latéralité Main droite, main gauche,le management et la créativité<strong>de</strong> McManus


190 Ile cerveau Les neurobiologistes savent qu'une gran<strong>de</strong> part <strong>de</strong> cette histoire <strong>de</strong> cerveau gauche/cerveau droit est à peine plus qu'une métaphore. On ne peut pas catégoriser lesindividus en fonction d'une tendance préférentielle, mais les scientifiques savent que<strong>de</strong>s zones cérébrales, certaines situées dans l'hémisphère droit et d'autres dansl'hémisphère gauche, contrôlent <strong>de</strong>s fonctions différentes.La latéralité La latéralité, au sens strict, concerne la préférence. Nous pouvonsêtre gaucher ou droitier, pas seulement <strong>de</strong> la main, mais aussi du pied ou <strong>de</strong> l'oreille.Environ 85 % à 90 % <strong>de</strong>s individus sont droitiers <strong>de</strong> la main et du pied, mais lenombre est plus faible pour ce qui est <strong>de</strong>s droitiers <strong>de</strong> l'oreille ou <strong>de</strong> l'œil. Lesanimaux montrent aussi <strong>de</strong>s préférences, et les vrais ambi<strong>de</strong>xtres sont rares. Ladominance partielle est plus fréquente: certaines personnes font différentes tâchesavec plus d'exactitu<strong>de</strong> avec une main qu'avec l'autre (écrire, jouer au tennis ou jouerau violon).En raison <strong>de</strong> la prédominance <strong>de</strong>s droitiers, le mon<strong>de</strong> semble avoir été organisé poureux. Les bouchons et les ciseaux peuvent parfois créer <strong>de</strong>s difficultés aux gauchers.Manger <strong>de</strong> la main droite est une exigence dans certaines cultures, et la belle etcomplexe calligraphie chinoise est difficile à réaliser <strong>de</strong> la main gauche. Cependant,les gauchers peuvent être avantagés dans certains sports, en particulier dans les sports<strong>de</strong> « un contre un » où ils ont <strong>de</strong>s chances <strong>de</strong> se trouver face à un joueur droitier. Ilssont très efficaces en duel, partiellement en raison <strong>de</strong> l'effet <strong>de</strong> surprise qu'ils peuventcréer.De nombreuses théories s'efforcent <strong>de</strong> rendre compte <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s différences <strong>de</strong>latéralité, certaines ayant plus <strong>de</strong> soutien empirique que d'autres. 11 y a <strong>de</strong>s théoriesévolutionnistes qui affirment que les gauchers ont survécu en raison <strong>de</strong> leur avantageau combat. Il y a aussi <strong>de</strong>s théories environnementales qui associent le fait d'êtregaucher avec le stress <strong>de</strong> la naissance. Des théories sociologiques et anthropologiquesfont appel à la stigmatisation sociale liée au fait d'être gaucher et à la répression <strong>de</strong>ces personnes par <strong>de</strong>s enseignants et <strong>de</strong>s parents.Cependant, le consensus actuel va dans le sens <strong>de</strong>s théories génétiques et biologiquesqui montrent <strong>assez</strong> clairement que la latéralité est une affaire <strong>de</strong> famille. Elles fontune distinction importante entre les gauchers naturels, les gauchers qui ont appriscette préférence, et les gauchers pathologiques. Toutes sortes <strong>de</strong> données, certainestrès contestables, suggèrent que la préférence pour la gauche est associée à <strong>de</strong>s( ( Je me crois capable <strong>de</strong> prouver:1) que chaque hémisphère est un ensemble distinctet parfait conune organe <strong>de</strong> pensées;2) qu'un processus distinct <strong>de</strong> pensée peut être réalisésimultanément par chaque hémisphère. ) )A. Wigan, 1844


il est difficile <strong>de</strong> séparer le cerveau en <strong>de</strong>ux 191problèmes <strong>psych</strong>ologiques très spécifiques, tels que le retard mental ou à <strong>de</strong>s aspectspositifs tels que la créativité. Ceci a conduit à certaines théories non démontrées etau développement d'encore plus <strong>de</strong> mythes.L.:asymétrie corporelle a également été étudiée.il est possible <strong>de</strong> mesurer ce que l'on appellel'asymétrie fluctuante en mesurant la largeur<strong>de</strong>s chevilles, <strong>de</strong>s cou<strong>de</strong>s ou <strong>de</strong>s poignets, ainsique la longueur <strong>de</strong>s oreilles et <strong>de</strong>s doigts, ennotant les différences entre individus. Diversesétu<strong>de</strong>s ont montré que le manque <strong>de</strong> symétrieest associé à une mauvaise santé. Plus il y ad'asymétrie dans le corps, plus la personne a<strong>de</strong> probabilités d'avoir divers problèmes.Cependant, ce domaine <strong>de</strong> recherche est encoretrès embryonnaire.De même, il y a un intérêt croissant pour lesdifférences sexuelles d'asymétrie, enparticulier le rapport 2D/4D présenté ci<strong>de</strong>ssous,qu,i montre <strong>de</strong>s différences sexuellessystématiques et qui est lié à <strong>de</strong> nombreusesaptitu<strong>de</strong>s et préférences. Des étu<strong>de</strong>s ontmontré que toutes sortes <strong>de</strong> particularités,dont le choix du travail, les préférencesmusicales et <strong>de</strong> loisirs sont liées à une mesuretrès simple : la différence <strong>de</strong> longueur entrecov--pov--e lle <strong>de</strong>ux doigts <strong>de</strong> chaque main. De façon pluspolémique, cette différence a même étéreliée à l'orientation sexuelle, le charme etl'agressivité.Les hommes ont un rapport <strong>de</strong> longueur pluspetit entre leur in<strong>de</strong>x (2D) et leur annulaire (4D)comparativement aux femmes. L.:idée est queleur longueur <strong>de</strong> doigt est la conséquenced'avoir baigné dans la testostérone dans leventre maternel (exposition aux androgènesprénataux). ce qui conduit à unemasculinisation plus ou moins importante <strong>de</strong>l'individu et qui se manifeste dans toutes sortes<strong>de</strong> caractéristiques, <strong>de</strong> l'agressivité à lapréférence pour <strong>de</strong>s partenaires <strong>de</strong> même sexeou <strong>de</strong> sexe différent.Ce fait est connu <strong>de</strong>puis plus d'un siècle, maisc'est seulement au cours <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnièredécennie que <strong>de</strong>s recherches dans ce domaineont été réellement menées. C'est un domaineactif et très débattu et les résultats sontnombreux et incertains.idée cléLa théori u cerveau divis ' est-elle correcte ?


192 liB cerveau 48 UaphasieCertains individus, lorsqu'ils sont très fatigués, ou très tendus, oumodérément saouls, disent parfois qu'ils n'arrivent pas à trouver le bon motpour une chose qu'ils connaissent bien ; ou bien ils semblent ne pas pouvoircomprendre, sans raison apparente, ce que quelqu'un dit dans leur proprelangue. Us semblent souffrir d'une aphasie modérée temporaire.L:aphasie est une perte <strong>de</strong> l'aptitu<strong>de</strong> à produire et/ou àcomprendre le langage, due à la lésion <strong>de</strong> zones du cerveauspécialisées dans ces fonctions. Dans le jargon <strong>psych</strong>ologique,elle a été définie comme une « réduction <strong>de</strong> la capacité <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>ret d'enco<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s éléments linguistiques significatifs, qui cause <strong>de</strong>sproblèmes d'écoute, <strong>de</strong> lecture, <strong>de</strong> parole et <strong>de</strong> production <strong>de</strong>mots ». Durant les années 1880, on a proposé que l'aphasie n'étaitpas seulement la perte <strong>de</strong> mots, mais aussi la perte <strong>de</strong> l'aptitu<strong>de</strong> àutiliser les mots dans le but <strong>de</strong> transmettre <strong>de</strong>s informations. Ellen'est pas le résultat <strong>de</strong> déficits du fonctionnement sensoriel,intellectuel ou <strong>psych</strong>iatrique, ni <strong>de</strong> la faiblesse d'un muscle, nid'un trouble cognitif.Les problèmes sociaux Le terme « aphasie » fait souvent référence à unefamilfe <strong>de</strong> troubles <strong>de</strong> la communication <strong>assez</strong> divers, touchant principalement lelangage oral ou écrit. Ainsi, à la suite d'une lésion cérébrale, <strong>de</strong>s patients peuventavoir <strong>de</strong>s problèmes très spécifiques tels que <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> lecture, maiséventuellement aussi d 'écriture. Certains n'arrivent pas à compléter <strong>de</strong>s phrases ditescar ils ne peuvent pas récupérer/se rappeler <strong>de</strong> mots précis pour compléter leurpensée. Certains répon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> manière inappropriée ou avec<strong>de</strong>s mots inventés. L'aphasie est donc un « mot parapluie» pour décrire unemultiplicité <strong>de</strong> problèmes <strong>de</strong> langage. Il est possible <strong>de</strong> lister une douzaine <strong>de</strong>Platon utilise le terme pour décrirel'absence d'usage <strong>de</strong> la parole1884Trousseau ressuscite le terme1


l'aphasie 1193symptômes <strong>de</strong> l'aphasie (par exemple l'incapacité à nommer<strong>de</strong>s objets ou à répéter une phrase, à parler spontanémentou même à lire).( ( La parole estla réussite la plusdistinctive <strong>de</strong>Certaines personnes per<strong>de</strong>nt la mémoire spécifiquement pour lel'honune. ) )son et le sens <strong>de</strong>s mots, tandis que d'autres semblent oubliercomment coordonner leur 'langue et leurs lèvres pour prononcer N. Wiener, 1950correctement les mots.Des étu<strong>de</strong>s anciennes <strong>de</strong> patients aphasiques ont conduit à la découverte <strong>de</strong> ladominance cérébrale: la lésion <strong>de</strong> l'hémisphère gauche est associée à <strong>de</strong>s déficits dulangage. L'aphasie a stimulé les <strong>psych</strong>ologues qui ont essayé d'établir la géographie <strong>de</strong>szones cérébrales où <strong>de</strong>s 'lésions très spécifiques entraînent <strong>de</strong>s problèmes particuliers<strong>de</strong> communication.La localisation <strong>de</strong> l'aphasie Habituellement, l'aphasie est le résultat <strong>de</strong>lésions <strong>de</strong>s centres cérébraux du langage. Ces zones sont presque toujours situées dansl'hémisphère gauche, et chez la plupart <strong>de</strong>s individus, c'est là que se trouve l'aptitu<strong>de</strong>à produire et à comprendre le langage. Cependant, chez un très petit nombre <strong>de</strong>personnes, l'aptitu<strong>de</strong> au langage se trouve dans l'hémisphère droit. Dans chaque cas,la lésion <strong>de</strong> ces zones cérébrales peut être causée par un acci<strong>de</strong>nt vasculaire cérébralou par une blessure au cerveau. L'aphasie peut aussi se développer lentement, commedans le cas d'une tumeur cérébrale.Différents types d'aphasie sont causés par <strong>de</strong>s lésions cérébrales loca'lisées dansdifférentes zones. Les <strong>de</strong>ux plus fréquentes sont les aphasies <strong>de</strong> Broca et <strong>de</strong> Wernicke,du nom <strong>de</strong>s scientifiques qui les ont découvertes. L'aphasie <strong>de</strong> Broca est caractériséepar une parole lente et laborieuse. Les <strong>psych</strong>ologues ont donc appris que la zone <strong>de</strong>Broca, dans le lobe frontal gauche, est responsable <strong>de</strong>s souvenirs moteurs: la séquence<strong>de</strong> mouvements musculaires nécessaire pour faire <strong>de</strong>s mots. De plus, la lésion <strong>de</strong> lazone <strong>de</strong> Broca produit souvent l'agrammatisme: les patients nepeuvent pas comprendre <strong>de</strong>s règles syntaxiques complexes (parexemple, ils utilisent rarement <strong>de</strong>s mots <strong>de</strong> fonction). « Je neveuxLa zone <strong>de</strong> Wernicke paraît être responsable <strong>de</strong> la reconnaissance pas parler <strong>de</strong><strong>de</strong> la parole, et l'aphasie <strong>de</strong> Wernicke désigne la faible granunaire, jecompréhension <strong>de</strong> la parole et la production <strong>de</strong> mots sans veux parlersignification. Les individus atteints ne sont habituellement pas conuneuneconscients <strong>de</strong> leur trouble car ils ne comprennent pas pleinementdame. ))et exactement leurs propos. L'hypothèse a été émise que la zone <strong>de</strong>G. B. Shaw, Pygmalion,Wernicke est celle où sont stockés les souvenirs <strong>de</strong> la séquence <strong>de</strong>ssons qui forment un mot. 1912t 1865 1868 2002Première classification Broca constate que le cerveau Publication <strong>de</strong> l'ouvrageest partiellement responsableL:homme qui a perdu la parole,<strong>de</strong>s troubles du langage<strong>de</strong> Hale


194 le cerveau ( ( Pensez beaucoup,:eariez peu,ecrivez moins. ))ProverbeUn modèle du langage est que celui-ci est reçu par le cortex auditif et envoyé à la zone <strong>de</strong> Wernicke pour être compris. Si une réponse est nécessaire, un message est adressé à la zone <strong>de</strong> Broca, qui envoie <strong>de</strong>s messages au cortex moteur primaire, lequel organise les muscles pour émettre une réponse. Outre le fait d'ai<strong>de</strong>r les <strong>psych</strong>ologues à comprendre le langage, les travaux sur l'aphasie ont constitué le fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s recherches mo<strong>de</strong>rnes duprincipe <strong>de</strong> localisation: quelles zones du cerveau sont utilisées pour servir à <strong>de</strong>sfonctions spécifiques?Les types d'aphasie La classification est le commencement <strong>de</strong> la science. Lesspécialistes essaient toujours, lorsqu'ils i<strong>de</strong>ntifient un problème physique ou mental,d'i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s groupes ou sous-types, et l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'aphasie ne fait pas exception àcette règle. Certains cliniciens croient qu'il y a autant <strong>de</strong> formes d'aphasie qu'il y a <strong>de</strong>patients aphasiques et qu'il est inutile d'essayer <strong>de</strong> les classifier. D'autres sontimpressionnés par <strong>de</strong>s similitu<strong>de</strong>s frappantes entre patients et par le fait que certainssymptômes très spécifiques sont partagés par <strong>de</strong>s sous-groupes <strong>de</strong> patients.Certaines taxonomies sont fondées spécifiquement sur les déficits <strong>de</strong> la parole(sémiologiques), d'autres sur <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong> l'esprit, et certaines sur la localisation<strong>de</strong> la lésion. Les meilleures taxonomies semblent être capables <strong>de</strong> classifier clairementet sans ambiguïté un tiers <strong>de</strong> tous les cas dans un groupe, laissant les <strong>de</strong>ux autres tiersdans un ensemble diversifié.La première classification <strong>psych</strong>ologique ou comportementale a concerné l'aphasie <strong>de</strong>l'aptitu<strong>de</strong> générale au langage, dans laquelle c'est seulement la parole et non l'écriturequi est atteinte. Plus tard a été réalisée la distinction entre les patients dépourvus <strong>de</strong>parole et ceux qui parlaient mais en faisant <strong>de</strong> nombreuses erreurs.Il y a différents types <strong>de</strong> taxonomies. Les taxonomies associationistes s'intéressent auxdifficultés linguistiques spécifiques associées à <strong>de</strong>s zones cérébrales particulières. Deslésions sélectives détériorent les réseaux neuronaux qui affectent le langage. Ainsi, lespremiers chercheurs parlaient d'aphasie motrice (souvenirs <strong>de</strong> sensations <strong>de</strong>mouvement), d'aphasie sensorielle (souvenirs <strong>de</strong> sensation audiüve pour déco<strong>de</strong>r laparole articulée) et d'aphasie <strong>de</strong> conduite (les <strong>de</strong>ux ci-<strong>de</strong>ssus).Les associationistes ont découvert <strong>de</strong> nombreuses distinctions et types d'aphasies,comprenant <strong>de</strong>s types sous-cortical, cortical et transcortical. Certains types ont éténommés d'après le nom d'un chercheur, tels que l'aphasie <strong>de</strong> Broca et ceBe <strong>de</strong>Wernicke. D'autres <strong>psych</strong>ologues ont fait une distinction entre la surdité <strong>de</strong>s mots etla cécité <strong>de</strong>s mots,Beaucoup d'autres taxonomies existent, certaines fondées sur <strong>de</strong>s théoriesspécifiques, d'autres sur l'observation. Freud a élaboré sa propre classification tandisque d'autres ont essayé une approche plus statistique, en cherchant comment lespatients réussissent à divers tests. Certains sont surtout influencés par lescaractéristiques linguistiques <strong>de</strong> la parole. Cependant, il n'y a pas d'accord généraldans ce domaine.


La thérapie L'aphasie qui interfère avec l'expression orale estconnue comme une pathologie <strong>de</strong> la parole. Celle-ci étaitoriginellement considérée comme un problème éducatif, mais ellepeut conduire à <strong>de</strong>s problèmes d'adaptation, raison pour laquelle' les <strong>psych</strong>ologues et les <strong>psych</strong>iatres sont intéressés par ce trouble,autant que les neurologues. Certains troubles <strong>de</strong> la parole sontpurement physiques et basés sur <strong>de</strong>s problèmes d'activiténeuromusculaire. Les troubles <strong>de</strong> la parole sont différents <strong>de</strong>stroubles du langage, qui sont <strong>de</strong>s problèmes associés à la communication <strong>de</strong> pensées et <strong>de</strong> symboles significatifs.Toute thérapie commence avec <strong>de</strong>s tests diagnostiques quiessaient <strong>de</strong> mesurer les opérations primaires <strong>de</strong> langage, te[,[es quel'aphasie 1195( ( Après un choccerébral, unepersoI1lle peutparler, mais lemauvais mot vientsouvent <strong>de</strong> façonagaçante à seslèvres, comme sises étagères <strong>de</strong> Broca avaient été mélangées. ) ) nommer un mot ou compléter une phrase. Des thérapies w. Thompson, 1907différentes sont possibles pour différents problèmes. Certains neurologues doutent Je la valeur <strong>de</strong> la thérapie du langage, étant donné leur conception <strong>de</strong> la cause du problème. D'autres ont noté <strong>de</strong>s guérisons spontanées, c'est-à-dire la récupération partielle ou totale <strong>de</strong>s connaissances et compétences langagières antérieures, sans aucune thérapie. Des pathologistes <strong>de</strong> la parole passent beaucoup <strong>de</strong> temps avec <strong>de</strong>s patients aphasiques, en essayant <strong>de</strong> comprendre la cause <strong>de</strong> leur problème et <strong>de</strong> les ai<strong>de</strong>r à mieux communiquer. idée cléLa base du lang~eest nlÏSe en éVI<strong>de</strong>nce lorsque ce <strong>de</strong>rnier est perturbé


198 le cerveau La dyslexie « La réussite dans les tâches <strong>de</strong> lecture et d'écriture est évi<strong>de</strong>mment l'un<strong>de</strong>s axes les plus importants <strong>de</strong> différentiation sociale dans les sociétésmo<strong>de</strong>rnes. »J. Goody etJ. Watt, 1961Les parents et les enseignants constatent que beaucoup d'enfants du même âgesemblent différer, non seulement dans leurs goûts et tempéraments, mais aussi dansleur acquisition <strong>de</strong> compétences. Certains semblent avoir <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s difficultés surdivers aspects <strong>de</strong> la lecture et sont en retard par rapport à d'autres enfants du mêmeâge. Ils paraissent avoir une intelligence normale, mais ne peuvent pas acquérir lacompétence. Les dyslexiques sont rapi<strong>de</strong>ment pris dans un cercle v,icieux. La lectureest, pour eux, une activité lente, difficile et frustrante. Ils n'y trouvent pas <strong>de</strong> plaisir.Même <strong>de</strong> grands efforts semblent peu payants, ce qui fait qu'ils s'investissent moins,ils fuient la lecture et ont donc encore plus <strong>de</strong> difficulté à acquérir la compétence. Il ya donc <strong>de</strong>s difficultés initiales concernant la lecture, mais aussi <strong>de</strong>s problèmessecondaires liés à une faible estime <strong>de</strong> soi et à une adaptation socio-émotionnelleréduite.Définition La dyslexie signifie une difficulté avec les mots. Le problème a étéappelé « déficit d'aptitu<strong>de</strong> à la lecture ou à l'écriture » . Il est utilisé par lesprofessionnels pour décrire <strong>de</strong>s difficultés importantes et persistantes <strong>de</strong> lecture, quiconcernent surtout la difficulté à acquérir l'aptitu<strong>de</strong> à lire normalement malgré unbon enseignement et d'importants efforts. La dyslexie traditionnelle est parfoisappelée dyslexie développementale et concerne la difficulté à acquérir la compétence.La dyslexie acquise résulte généralement d'un traumatisme physique conduisant à <strong>de</strong>sdifficultés <strong>de</strong> lecture après que celle-ci ait été maîtrisée.Par essence, les problèmes primaires conduisant au diagnostic <strong>de</strong> dyslexie concernentle décodage et l'orthographe, principalement en raison <strong>de</strong> la prononciation et dusystème phonologique. Il est important <strong>de</strong> s'assurer que le problème n'est pas dû à <strong>de</strong>mauvaises conditions éducatives, à un handicap auditif ou visuel, à <strong>de</strong>s troublesneurologiques ou à d'importantes difficultés socio-émotionnelles. La dyslexie estévi<strong>de</strong>nte lorsque la lecture exacte et flui<strong>de</strong>, et/ou l'orthographe se développentLe mot est utilisé pour la première foispar un ophtalmologiste allemand1898 Première <strong>de</strong>scription<strong>de</strong> la dyslexie enfantine


la dyslexIe 197lentement et avec beaucoup <strong>de</strong> difficultés. La dyslexie a tendance à être un troublefamilial, les garçons étant plus vulnérables que les filles. Ceci semble suggérer que <strong>de</strong>sfacteurs génétiques jouent un rôle important.Au début <strong>de</strong>s années 1960, on a proposé trois principales causesaux difficultés <strong>de</strong> lecture: <strong>de</strong>s facteurs environnementaux telsqu'un enseignement inadéquat et un milieu familial peustimulant; l'inadaptation émotionnelle; <strong>de</strong>s facteurs organiqueset constitutionnels.Le débat fréquent parmi les chercheurs concerne la pertinence ounon <strong>de</strong> penser à une courbe en cloche ou à un continuum <strong>de</strong>l'aptitu<strong>de</strong> normale à la lecture, avec ceux au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> l'amoyenne situés au sommet et les lecteurs en difficulté situés enbas. Certains affirment que c'est bien le cas et que les difficultés<strong>de</strong> lecture ne constituent pas une entité séparée mais un point <strong>de</strong>rupture linguistique sur une échelle. D'autres affirment qu'il s'agitd'une facette <strong>de</strong> compétences cognitives différente.Le décodage et la compréhension La lecture implique <strong>de</strong>ux processusfondamentaux. Le premier consiste à reconnaître une chaîne <strong>de</strong> lettres et à ladéchiffrer pour en faire un mot. 11 faut apprendre les lettres: comment elles« résonnent» et comment sont formées les syllabes. C'est un travail longet laborieux qui aboutit la plupart du temps à la lecture, qui est instantanée etautomatique.Le second processus est plus abstrait. Il rend le texte significatif et lié à l'expérience.Il est possible <strong>de</strong> déco<strong>de</strong>r sans compréhension: lire avec 'esprit absent sans avoirpénétré dans le texte. Les dyslexiques peuvent avoir <strong>de</strong>s difficultés très spécifiques,qu'elles soient relatives à l'écriture <strong>de</strong>s mots (orthographe), la signification <strong>de</strong>s mots(sémantique), la construction <strong>de</strong>s phrases (syntaxe) et la construction <strong>de</strong>s mots avec<strong>de</strong>s racines, <strong>de</strong>s préfixes et <strong>de</strong>s suffixes (morphologie).1920 1949 1967Première théorie sur les origines Fondation <strong>de</strong> la société Première suggestion<strong>de</strong> la dyslexie internationale <strong>de</strong> dyslexie <strong>de</strong> sous-catégories <strong>de</strong> dyslex ie


198 118 cerv auLes <strong>psych</strong>ologues ont mis au point <strong>de</strong>s tests <strong>de</strong> décodage <strong>de</strong>s mots, <strong>de</strong> te1le façon quenous pouvons mesurer comment une personne se situe comparativement à lamoyenne. Les sujets testés doivent déco<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s mots et <strong>de</strong>s non-mots. Les recherchesont montré que le problème primaire concerne les compétences phonologiques. Lesdyslexiques ont <strong>de</strong>s difficultés particulières avec la structure du son <strong>de</strong>s mots et lamémoire <strong>de</strong>s nouveaux mots, surtout les noms. Ils ont <strong>de</strong>s difficultés à répéter <strong>de</strong>smots complexes et <strong>de</strong>s non-mots. Un autre test évalue la différence <strong>de</strong>compréhension <strong>de</strong> la lecture d'une personne, comparativement à sa compréhension<strong>de</strong> la parole entendue.Les SOus-groupes d'aphasie Comme pour presque tous les problèmes<strong>psych</strong>ologiques, les experts soulignent que les individus ayant ce problème neconstituent pas un groupe homogène et se répartissent souvent en sous-groupesi<strong>de</strong>ntifiables. Délimiter les sous-groupes ai<strong>de</strong> souvent à établir un diagnostic préciset à élaborer une théorie. Les experts ont <strong>de</strong>s difficultés à parvenir à un accordsur les groupes et leur terminologie. La première distinction, proposée dans lesannées 1960, se situait entre la dyslexie auditive (problèmes pour différencierentre les phonèmes et pour les relier ensemble dans un mot) et la dyslexie visuelle(la difficu,[té à interpréter, à se souvenir et à comprendre les lettres et les images<strong>de</strong>s mots). Les dyslexiques auditifs ont du mal à distinguer les lettres dont le sonest proche, comme b et p, ou d et t. Les dyslexiques visuels ont du mal à i<strong>de</strong>ntifierles mots en tant que formes visuelles: « set» <strong>de</strong>vient « tes » et « son » <strong>de</strong>vient« nos », etc. Ils orthographient phonologiquement, écrivant « bo » à la place<strong>de</strong> « beau », etc.Des recherches ont montré que les individus adoptent diverses stratégies <strong>de</strong> lecture.La stratégie phonologique rassemble <strong>de</strong>s lettres communes pour en faire <strong>de</strong>s syllabes(pour, dont, sert). Ceux qui adoptent cette stratégie son<strong>de</strong>nt les mots. D'autresessaient le mot entier ou ont une lecture orthographique. Il a donc été proposé qu'il yait l'alexie, l'alexie orthographique ou un mélange <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux. Les enfants sont testésen leur faisant lire <strong>de</strong>s non-mots tels que « bet » et <strong>de</strong>s mots non phonétiques tels que« douche » et « couche ». Le meilleur moyen <strong>de</strong> diagnostiquer les difficultés <strong>de</strong>lecture d'une personne est d'examiner très attentivement les processus qu'elle utilise :ce qu'elle peut ou ne peut pas faire correctement et facilement.Le diagnostic personnel et le diagnostic professionnel Lediagnostic <strong>de</strong> la dySlexie semble souvent réconforter beaucoup <strong>de</strong> parents et d'enfants.De nombreux adultes semblent même s'en vanter, en faisant remarquer qu'ils n'ontpas été « diagnostiqués » correctement et qu'on a donc pensé qu'ils manquaientd'intelligence ou d'une autre aptitu<strong>de</strong>. Cette réaction vient <strong>de</strong> ce que le concept nesignale pas une faible intelligence (partois, c'est en effet l'opposé), mais un manquefonctionnel bien précis. Des articles scientifiques sérieux ont souvent remis en causel'existence même <strong>de</strong> 'la dyslexie, ce qui provoque généralement un tollé chez lesautres chercheurs. Les partisans soulignent que les dyslexiques diffèrent <strong>de</strong>s faibles


la dyslexie 199Les <strong>psych</strong>ologues travaillant dans ce domaine utilisent toutessortes <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s. Certaines consistent en étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> casindividuels approfondies. Dans la métho<strong>de</strong> comparative,<strong>de</strong>ux groupes importants et le plus i<strong>de</strong>ntiques possibles (en termed'âge, <strong>de</strong> QI, <strong>de</strong> milieu social) sont mesurés par différents tests.Les étu<strong>de</strong>s longitudinales examinent le développement <strong>de</strong>sdifficultés <strong>de</strong> lecture au fil du temps. Dans les étu<strong>de</strong>sexpérimentales, les person nes sont testées dans <strong>de</strong>s contextesparticuliers. Les étu<strong>de</strong>s sur le fonctionnement cérébral impliquentune cartographie cérébrale réalisée dans <strong>de</strong>s conditionsspécifiques.lecteurs en raison <strong>de</strong> leurs erreurs particulières <strong>de</strong> lecture et d'orthographe, en dépitd'une intelligence normale et d'un enseignement correct.Des critiques disent que c'est une condition <strong>de</strong> la classe moyenne: <strong>de</strong>s parents richesne peuvent pas ou ne veulent pas affronter le fait que leur enfant n'est pas trèsintelligent, et essaient <strong>de</strong> manipuler le système éducatif à leur avantage.Un thème central est la relation entre dyslexie et QI. Il semble y avoir une largecroyance en l'existence <strong>de</strong> dyslexiques très brillants qui sont qualifiés à tort <strong>de</strong> faibles,paresseux, inattentifs ou inadaptés. Un critère clé <strong>de</strong> la dyslexie est un niveau trèsfaible <strong>de</strong> lecture comparativement à l'aptitu<strong>de</strong> à apprendre d'autres compétences; il ya une divergence entre l'aptitu<strong>de</strong> lors <strong>de</strong> tests <strong>de</strong> lecture comparativement à d'autressous-tests <strong>de</strong> QI.idée cléTI y a d nI tip es focIe dyslexiees


200 Ile corveau 50 Qui est-ce?Vous a-t-on déjà confondu avec quelqu'un qui, selon vous, ne vousressemble pas du tout? Vous arrive-t-il souvent <strong>de</strong> « savoir que vousconnaissez» une personne, mais sans pouvoir mettre un nom sur sonvisage? Vous connaissez un coureur ou un homme politique, mais vous nevous souvenez plus <strong>de</strong> son nom. Ou encore un visage vous est très familiermais vous ne pouvez pas dire grand-chose <strong>de</strong> la personne.Certains disent qu'ils « n'oublient jamais un visage », mais l'évi<strong>de</strong>nce montre qu'ils lefont tous les jours. Des chercheurs ont montré qu'il n'y a pas <strong>de</strong> relation entre lafaçon dont les individus pensent qu'ils réussiront dans <strong>de</strong>s exercices <strong>de</strong>reconnaissance <strong>de</strong>s visages et la façon dont ils le font vraiment. Ceux qui sesouviennent <strong>de</strong>s visages mieux que d'autres ont simplement une meilleure mémoirevisuelle; ils ont une aptitu<strong>de</strong> meilleure que la moyenne à se souvenir <strong>de</strong> peintures, <strong>de</strong>cartes et <strong>de</strong> textes écrits. Ils semblent disposer d'une facilité particulière avec les<strong>de</strong>ssins et les images.( ( Le visage et Prosopagnosie L'aptitu<strong>de</strong> à reconnaître et i<strong>de</strong>ntifier lesl 'e~ression faciale personnes est très importante dans la vie quotidienne. Imaginez<strong>de</strong>finissent notre que vous ne soyez pas capable <strong>de</strong> reconnaître votre partenairecaractère unique et dans une foule, ou vos parents lors d'une soirée, ou encore votrenotre individualité, patron au bureau. L'importance <strong>de</strong> la mémoire <strong>de</strong>s visages estparticulièrement démontré dans un trouble appelé prosopagnosie,et agissent pourterme qui désigne le fait <strong>de</strong> ne pas reconnaître <strong>de</strong>s visagesdissimuler autant familiers, parfois même le sien dans un miroir. De façonque pour surprenante, <strong>de</strong> nombreux patients prosopagnosiques peuventrévéler. )) <strong>assez</strong> facilement différencier d'autres objets familiers; <strong>de</strong>svoitures, <strong>de</strong>s livres ou <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> spectacles, mais pas lesJ. Cole, lsn visages.Une question centrale pour la <strong>psych</strong>ologie est <strong>de</strong> savoir s'il y a<strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong> reconnaissance du visage différents <strong>de</strong> ceux nécessaires pourl'i<strong>de</strong>ntification d'autres objets. Ceci requiert d'i<strong>de</strong>ntifier et d'étudier <strong>de</strong>ux types trèsparticuliers et heureusement rares <strong>de</strong> personnes; celles qui reconnaissentnormalement les visages mais reconnaissent difficilement les objets, et celles quiléonard <strong>de</strong>Vinci <strong>de</strong>ssinediverses formes <strong>de</strong> nezXVIIIe et XI Xe sièclesÂge d'or <strong>de</strong>s caricaturisteset <strong>de</strong>s créateurs <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinshumoristiques


qui est-ce ? 201( ( Les honunes avec lUl petit front sont inconstants, tandis que ceux au front arrondi sont irascibles. Des sourcils droits indiquent lUl tempérament doux, ceux qui sont courbés vers les tempes reflètent <strong>de</strong> l'hUDlour et <strong>de</strong> la dissimulation. L'œil fixe indique l'impu<strong>de</strong>nce,tandis que les clignements d'yeux indi'(Uent l'indécision. Des oreilles larges révèlent lUle tendance a parler sans raison ou à bavar<strong>de</strong>r. ) ) Aristote, 350 avant J.-C.souffrent du problème inverse, la prosopagnosie. La question posée auxneuro<strong>psych</strong>ologues <strong>de</strong> la cognition et <strong>de</strong> savoir si nous pouvons i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s zonescérébrales et <strong>de</strong>s mécanismes différents consacrés à la reconnaissance <strong>de</strong>s visages ou<strong>de</strong>s objets.Les résultats actuels <strong>de</strong>s recherches sur les patients souffrant <strong>de</strong> prosopagnosie, aucerveau lésé ou non lésé, suggèrent qu'il y a <strong>de</strong>s zones cérébrales très spécifiques quipeuvent être responsables <strong>de</strong> la reconnaissance <strong>de</strong>s visages.Le tout et ses parties Un modèle comprenant <strong>de</strong>ux processus a été suggérépour différencier entre la reconna issance <strong>de</strong>s visages et celle <strong>de</strong>s objets. Un processusest appelé analyse holiscique, qui implique le traitement <strong>de</strong>s « gran<strong>de</strong>s lignes » : laconfiguration globale, la structure générale. Ceci est différent <strong>de</strong> l'analyse par parties,qui se concentre sur les détails et essaie ensuite <strong>de</strong> les rassembler. L'idée est que lareconnaissance <strong>de</strong>s visages implique une analyse beaucoup plus globale que lareconnaissance <strong>de</strong>s objets.Ceci peut être très bien démontré avec la procédure du portra it-robot.Ce système, mis au point dans les années 1970, permet <strong>de</strong> savoir si une personnepeut construire un visage à partir d'une gran<strong>de</strong> diversité <strong>de</strong> parties. Il y a donc unegran<strong>de</strong> diversité <strong>de</strong> nez représentant toutes les formes communes. La même procédurea été appliquée pour la bouche, les yeux, les cheveux, etc. Ceci conduit à <strong>de</strong>nombreuses expériences pour évaluer l'exactitu<strong>de</strong>. Les individus peuvent-ilsconstruire une image correcte, reconnaissable <strong>de</strong> leur partenaire, ou d'un hommepolitique célèbre, ou encore d'eux-mêmes? Pour y parvenir, ils doivent reconnaître etchoisir une forme particulière <strong>de</strong> bouche, d'œil, etc. Les résultats ont montré à quelpoint les individus ont du mal à réa liser cette tâche consistant à produire une imageglobale à partir <strong>de</strong> morceaux.1971 1978 1988Introduction <strong>de</strong> la procédure Lord Devlin affirme Publication <strong>de</strong> l'ouvragedu portrait-robot que les témoignages visuels Reconnaître les visages,ne sont pas fiables<strong>de</strong>V. Bruce


202 le cerveau( ( Les esprits Des étu<strong>de</strong>s ont montré que le simple fait <strong>de</strong> camoufler une partiediffèrent plus ~e du visage d'une personne peut fortement en réduire lales visages. , )reconnaissance. C'est le cas lorsqu'on rajoute une perruque, unebarbe ou <strong>de</strong>s lunettes, comme le savent <strong>de</strong>puis longtemps lesVoltaire, 1750criminels. Même le fait <strong>de</strong> montrer une personne <strong>de</strong> profil ou <strong>de</strong>trois quarts plutôt que <strong>de</strong> face entraîne une forte réduction <strong>de</strong> lareconnaissance. Il semble que les individus analysent le visage globalement, non parmorceaux. Pensez à la manière dont vous décririez le visage <strong>de</strong> De Gaulle ou <strong>de</strong>Nelson Man<strong>de</strong>la. Le faites-vous en termes <strong>de</strong> taille <strong>de</strong> la bouche ou <strong>de</strong> forme <strong>de</strong>syeux ? Généralement pas.De plus, les individus semblent traiter les visages en termes <strong>de</strong> caractéristiques <strong>de</strong>personnalité. Ils parlent d'un visage honnête, d'une bonne tête, d'une apparencedélicate ou louche.De nombreuses étu<strong>de</strong>s intéressantes dans ce domaine ont consisté à présenter <strong>de</strong>simages <strong>de</strong> visage déformées. Certaines impliquent <strong>de</strong>s déplacements <strong>de</strong>s yeux et <strong>de</strong> labouche, éventuellement même l'inversion <strong>de</strong> tOut le v isage. D'autres consistent àmodifier <strong>de</strong>s parties du visage, par exemple en noircissant les <strong>de</strong>nts. Des étu<strong>de</strong>s ontmontré que les modifications <strong>de</strong> parties sont presque toujours détectées, mais que cen'est pas le cas <strong>de</strong>s déplacements <strong>de</strong> parties du visage. On suppose donc que laprosopagnosie implique <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> traitement holistique, tandis que l'agnosiev isuelle implique <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> traitement holistique et analytique .Le.s .f~cte.U.V-Ste. pV-OCe.SSU.SLes recherches actuelles ont produit<strong>de</strong>s résultats intéressants, certains correspondant plus au senscommun que d'autres :• plus longtemps vous regar<strong>de</strong>z un visage, plus vous lereconnaissez facilement ;• moins un visage est i<strong>de</strong>ntique à celui <strong>de</strong> l'observateur, moinscelui-ci le reconnaît ;• la reconnaissance <strong>de</strong>s visages ne décline pas beaucoup au fil dutemps: le passage du temps n'a qu'un effet minime;• le niveau <strong>de</strong> reconnaissance est à peu près i<strong>de</strong>ntique si unepersonne en voit une autre en vidéo ou sur une photographie;• les photographies présentées à l'envers sont particulièrementdifficiles à reconnaître ;• un visage particulier (inhabituel, non typique) est plus facile àrecon naître.


qui est-ce ? 203Les éléments du processus Pour comprendre le ( ( Votre visageprocessus complexe <strong>de</strong> reconnaissance <strong>de</strong>s visages, <strong>de</strong>s est un livre dans<strong>psych</strong>ologues ont proposé qu'il y ait <strong>de</strong>s éléments distincts qui lequel les honunesagissent ensemble pour produire le système global. Ils peuvent lirecomprennent <strong>de</strong>s compétences telles que l'anal)lse <strong>de</strong>s expressions,d'étranJ{esqui désigne l'aptitu<strong>de</strong> à déduire <strong>de</strong>s états émotionnels internes àchoses.,)partir <strong>de</strong>s caractéristiques et <strong>de</strong>s expressions faciales. Puis il y al'analyse <strong>de</strong> la parole faciale, qui est la capacité <strong>de</strong> « lire sur les Shakespea e, Macbeth, 1808lèvres» pour mieux comprendre le propos. Il y a bien entendu letraitement visuel direct, qui est l'aptitu<strong>de</strong> à analyser <strong>de</strong>s aspects spécifiques du visage,en particulier les expressions <strong>de</strong>s yeux. Un autre élément est constitué par les unités <strong>de</strong>reconnaissaru:e du visage, qui contiennent <strong>de</strong>s informations sur la structure <strong>de</strong>s visages(longs, ronds, tristes) connue <strong>de</strong> la personne.Par ailleurs, il y a les processus <strong>de</strong> génération <strong>de</strong> noms, qui montrent que nous stockonsen mémoire 'le nom d'une personne, ainsi que ies caractéristiques i<strong>de</strong>ntitaires <strong>de</strong> lapersonne, qui ai<strong>de</strong>nt à enregistrer les détails la concernant (son âge, ses loisirs, sontravail, etc.). Il y a enfin un système cognitif général, qui est l'ensemble <strong>de</strong>sconnaissances stockées sur les individus (par exemple, les athlètes ont tendance à êtreminces, les actrices sont séduisantes, les alcooliques ont le visage rouge, etc.).Une défaillance dans l'un <strong>de</strong> ces systèmes influence le processus global. Les élémentsqui semblent les plus importants pour la reconnaissance quotidienne <strong>de</strong>s visages sont:• l'encodage structurel : la mémorisation <strong>de</strong> ce que l'on repère dans un visage et sescaractéristiques uniques;• la génération <strong>de</strong> noms.La reconnaissance <strong>de</strong>s visages est un domaine important et actif <strong>de</strong> recherche en<strong>psych</strong>ologie appliquée, qui est plus important encore dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la sécurité. Eneffet, enseigner aux ordinateurs à reconnaître et à se souvenir <strong>de</strong>s visages <strong>de</strong>spersonnes est l'application la plus évi<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> toutes ces recherches.idée cléLa Inéll10ire <strong>de</strong>s visagesnous dit beaucoup <strong>de</strong> chosessur le fonctiol1l1elnentdu cerveau


204 1glossaireGlossaire Aphasie Trouble du langage généralement dû à <strong>de</strong>slésions cérébrales. Il s'agit <strong>de</strong> l'incapacité à utiliser ouà produire clairement un propos ou à comprendre lespropos <strong>de</strong>s autres.Ça Exigences instinctives inconscientes (libido eténergie <strong>psych</strong>ique), particulièrement axées sur lasexualité et la violence, qui agissent exclusivementen fonction du principe <strong>de</strong> plaisir.Comportementalisme (ou behaviorisme) Théorie quimet l'accent sur la prééminence du comportementobservable comme critère d'étu<strong>de</strong> et sur le rôle <strong>de</strong>l'environnement social comme cause <strong>de</strong> la plupart<strong>de</strong>s comportements humains.Conditionnement classique Type d'apprentissagedans lequel un stimulus neutre appelé stimulusconditionné est associé au stimulus inconditionné.Conditionnement opérant Forme d'apprentissage danslequel un renforçateur (nourriture, compliment, argent,etc.) est fourni seulement après qu'une personne ouun animal ait accompli un acte spécifique.Courbe en cloche (ou courbe <strong>de</strong> Gauss, ou encoreloi normale) Il s'agit d'une courbe en forme <strong>de</strong> clochequi présente les résultats <strong>de</strong> nombreuses personnes.Pour la plupart <strong>de</strong>s individus, les résultats se situentau milieu et aux alentours du milieu, et pour un petitnombre d 'individus, les résultats sont aux extrêmes.Courbe en S (ou fonction sigmoï<strong>de</strong>) Courbe quiprésente une forme <strong>de</strong> S : la croissance initiale estexponentielle, puis elle s'arrête. Cette courbe possè<strong>de</strong><strong>de</strong>s propriétés statistiques intéressantes.Délire Opinion ou croyance fausse durable qui estsans fon<strong>de</strong>ment et fermée au changementraisonnable, concernant souvent <strong>de</strong>s id ée~ sur le faitd'être suivi, aimé, trompé, contaminé ou empoisonné.Détecteur <strong>de</strong> mensonges Appareil, censé détecterles mensonges, qui mesure diverses réactionsphysiologiques à <strong>de</strong>s questions.Dissonance cognitive Incohérence auto-perçue etdésagréable entre les attitu<strong>de</strong>s, les croyances, lesexpériences ou les émotions.Dyslexie Trouble complexe <strong>de</strong> l'aptitu<strong>de</strong> à lire.Échelle F <strong>de</strong> Californie Échelle <strong>de</strong> mesu re <strong>de</strong>scroyances et <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s fascistes (F) mise au pointil ya plus <strong>de</strong> cinquante ans par un groupe <strong>de</strong>sociologues qui essayaient <strong>de</strong> comprendre la" personnalité" autoritaire» et l'origine du nazisme.Effet Flynn Constat d'une augmentation <strong>de</strong>s scores<strong>de</strong> QI au sein <strong>de</strong> la population <strong>de</strong> nombreux pays.Sismothérapie ou électroconvulsivothérapie(parfois encore appelée électrochoc) Traitement<strong>psych</strong>iatrique principalement utilisé pour ladépression chronique, impliquant un courantélectrique bref mais puissant dans le cerveau pourproduire un court choc convulsif.Heuristique Règ le empirique, procédure ou formulequi a bien fonctionné dans le passé et qui peut gui<strong>de</strong>rla résolution <strong>de</strong>s problèmes dans le futur,Intelligence émotionnelle Aptitu<strong>de</strong> d'une personneà être sensible et fortement consciente <strong>de</strong> l'étatémotionnel d'elle-même et <strong>de</strong>s autres, et à " gérer "ou changer cet état.Intelligence spatiale Aptitu<strong>de</strong> à penser visuellementen formes géométriques, à interpréter correctement<strong>de</strong>s représentations d'objets et à reconnaître lesrelations résultant <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong>s objets dansl'espace.Intelligences multiples Idée, non confirmée par lesconnaissances actuelles, selon laquelle il y a diversesaptitu<strong>de</strong>s mentales indépendantes les unes <strong>de</strong>s autres.Moi Principe rationnel <strong>de</strong> réalité, la partieconsciente <strong>de</strong> soi. Parfois considéré comme legestionnaire général <strong>de</strong> la personnalité et <strong>de</strong> la prise<strong>de</strong> décision rationnelle, qui arbitre entre le Ça égoïsteet le Surmoi moral.Phrénologie " Science» du cerveau et <strong>de</strong> l'esprit,aujourd'hui défunte, selon laquelle le crâne révèleprécisément la structure du cerveau <strong>de</strong> chaqueindividu.Placebo Substance ou procédure médicalement ouchimiquement inerte qu'une personne (généralementun patient, mais parfois aussi le mé<strong>de</strong>cin) croit êtreefficace pour l'ai<strong>de</strong>r ou la guérir, et qui est utilisée


glos aire 1205 dans les recherches sc ientifiques pour évaluerl'efficacité d'un traitement.Psychologie <strong>de</strong> la forme (ou <strong>psych</strong>ologie <strong>de</strong> la Gestalt)Courant <strong>psych</strong>ologique qui souligne notamment que« le tout est plus que la somme <strong>de</strong>s parties ».Psychopathe Individu manifestant une indifférencetotale et violant les droits et les émotions <strong>de</strong>s autrespersonnes.Psychopathologie Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s troubles <strong>psych</strong>ologiques.Psychose Vaste catégorie <strong>de</strong> gra ves troubles<strong>psych</strong>ologiques qui impliquent la perte dufonctionnement mental normal et où les pensées etles comportements <strong>de</strong> la personne se situentclairement en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la réalité.Quotient émotionnel (QE) Mesure, symétrique auquotient intellectuel (QI), comparative, fiable etvali<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'intelligence émotio nnelle d'une personne.Quotient intellectuel (QI) Mesure qui indique sil'âge mental d'une personne se situe au-<strong>de</strong>ssus, aumême niveau, ou encore en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> son âgechronologique.Raisonnement verbal Aptitu<strong>de</strong> il comprendre le sens<strong>de</strong>s mots et <strong>de</strong>s idées qui leur sont associées, et àprésenter clairement <strong>de</strong>s idées et <strong>de</strong>s informationsaux autres.Schème Structure <strong>de</strong> connaissance ou cadre mentalorganisateur qui sert à catl'goriscr et à synthétiser lesinformations relatives aux gens, aux choses Ct aux lieux.Schizophrénie Trouble caractérisé par <strong>de</strong>s délires,<strong>de</strong>s hallucinations, <strong>de</strong>s propos et <strong>de</strong>s comportementsdésorganisés, peu d'émotions et undysfonctionnement social et professionnel.Sociopathe Autre terme pour <strong>psych</strong>opathe, ou pourune personne atteinte du trouble <strong>de</strong> la personnalitéantisociale.Sommeil paradoxal Phase active du sommeil, avecmouvements rapi<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s yeux, au cours <strong>de</strong> laquelle lapersonne rêve et l'activité cérébrale est très similaireà ce qui se produit lorsque cette personne estréveillée.Stress Réaction comportementale, cognitive etphysiologique complexe d'un individu face à unesituation réelle ou imaginée (stimulus, personne,événement) ressentie comme menaçante pour sonbien-être.Surmoi Siège <strong>de</strong>s valeurs morales d'une personne,composé <strong>de</strong>s règles morales, <strong>de</strong>s sanctions, <strong>de</strong>sexigences <strong>de</strong> la société et <strong>de</strong> l'Idéal du moi, lequelconstitue l'internalisation individuelle <strong>de</strong>s buts <strong>de</strong> lapersonne.Tabula rasa Image d'une page blanche utilisée pourdécrire l'esprit du jeune enfant avant que l'expériencene vienne « écrire» <strong>de</strong>ssus.Thérapie cognitivo-comportementale Thérapiemo<strong>de</strong>rne et très populaire qui s'efforce <strong>de</strong> changer lamanière <strong>de</strong> penser <strong>de</strong>s individus sur les événementsqui leur arrivent.Trouble <strong>de</strong> la personnalité paranoï<strong>de</strong> Méfiance etsuspicion généralisées relatives aux comportements etaux motivations d'autrui, qui sont toujoursinterprétés comme étant malveillants.Trouble du déficit <strong>de</strong> l'attention Trouble caractérisépar <strong>de</strong>s d ifficultés à se concentrer, à écouter les autres,à suivre <strong>de</strong>s instructions, et par <strong>de</strong> l'impulsivité.Trouble obsessionnel-compulsif Trouble caractérisépar <strong>de</strong>s pensées et <strong>de</strong>s impulsio ns excessives etdéraisonnables, mais récurrentes et persistantes, a insique par <strong>de</strong>s comportements répétitifs.Troubles anxieux Ensemble <strong>de</strong> problèmescaractérisés par l'angoisse, l'anxiété et par <strong>de</strong>sréactions <strong>de</strong> stress qui comportent <strong>de</strong>s crises <strong>de</strong>panique, toutes sortes <strong>de</strong> phobies, ainsi que lesyndrome <strong>de</strong> stress post-traumatique.Toxicomanie Dépendance à un produit caractériséepar la tolérance (dose croissante nécessaire pour obtenir<strong>de</strong>s effets i<strong>de</strong>ntiques), <strong>de</strong>s symptômes <strong>de</strong> manque, <strong>de</strong>gros efforts accomplis pour se procurer le produit, uneréduction <strong>de</strong>s activités sociales, professionnelles et <strong>de</strong>loisirs, et <strong>de</strong>s efforts non couronnés <strong>de</strong> succès pourarrêter la consommation du produit.Troubles <strong>de</strong> l'humeur Ensemble <strong>de</strong> troublescomprenant les troubles dépress ifs caractérisés parune humeur dépressive, l'inactivité, l'insomnie, lafatigue, la perte <strong>de</strong> poids, <strong>de</strong>s se ntiments <strong>de</strong> manque<strong>de</strong> valeur personnelle et <strong>de</strong> culpabilité; le troublebipolaire caractérisé par l'alternance <strong>de</strong> pério<strong>de</strong>sdépressives et <strong>de</strong> pério<strong>de</strong>s maniaques.


208 In<strong>de</strong>xIn<strong>de</strong>x A abus 12-14, 144-145 addiction 12-15 Adorno (Theodore) 92 alcool 12-15, 42-43 al exie 198 altruisme 104-107, 165 amnésie infantile 129 anorexie 5 aphasie 192 -1 95, 204 <strong>de</strong> Broca 195 <strong>de</strong> conduite 194 mOlrice 194 sensorielle 194 <strong>de</strong> Wernicke 195 apprentissage 97-98, 138, 153, 160-163, 16B-1B3 Asch (Salomon) lOO-lOI asymétrie corporelle 191 auto-illusion 47 autoritarisme 92-95, 204 aversion pour la perte 120-123 BBandura (Albert) 174 Beek (Aaron) 64 Beecher (Henry) 8 Belsky (Gary) 115 Ben tham (Jeremy) 165 Binet (Alfred) 69 blocage <strong>de</strong> la récupération 148 boulimie 5 brainstorming 118-119 Buffett (Warren) 125 C Chomsky (Noam) 183 chromatopsie 41 Cicéron (Marcus Tulius) 11 2 Cleckley (Hervey) 24 co lère 61 -63 complexe d'Œdipe 143, 155 comportement anormal 4, 205 modification (du) 64,67 comportementalisme 49,1 72-175,204 méthodologique 173 physiologique 173 radical 173-174 sexué 80, 83 condi tIOnnement classique 171. 204 opérant 180, 205 conformisme 96, 98, 100-103 conscience 48-51 , 144-146 Cooper (David) 21 coping 30-3 1. 58, 64 cortex cérébral 143 courbe <strong>de</strong> Gauss 6, 70, 204 craniométrie 184 D Darwin (Charles) 61 décis ion paralysie (<strong>de</strong> la) 127 prise (<strong>de</strong>) 116-119, 124-127 délires <strong>de</strong> persécution 46 gustatifs 44 olfactifs 44 somatiques 46 tactiles 44 thermocepti fs 44 démence 17, 42 dépendance 12-14 dépression 64 Descartes (René) 49 désordre émotionnel 64 obsessionnel-compul si f 67, 205 détecteur <strong>de</strong> mensonges, 88, 91 développement cognitif 156-159 différences cognitives 81-83 dissimulation 47, 86 dissonance cognitive 108-111 , 204 données biographiques 131 dyslexie 196-199, 204 acquise 196 auditive 198 dévelopementale 196 dysfTIorphophobie 45 Eéchelle F<strong>de</strong> Cal ifornie 93, 204 économie comportementale 118 effet Concor<strong>de</strong> 122 Flynn 72-75 placebo 8-11 témoin 104 Eichmann (Adolf) 96 électrochocs 23, 204 Ellis (Alber t) 64 empirisme 172 emprein te filiale 160-1 63 Eros 153 érotomanie 46 essai contrôlé randomisé 10 éthique 138 F facteur g 76, 77, 136 faux raisonnement<strong>de</strong> l'investissement perdu 120-123 <strong>de</strong> Monte Carlo 113 du joueur 112-115 Fechner (Gustav) 37 félinophobie 171 Flynn (Jame s) 72-75, 204 Foucault (Michel) 22 Freud (Sigmund) 142-143, 145-146,152-155 G Gall (Franz) 1 B4 Galton (Sir Francis) 68,130 Gardner (Howard) 77, 78 gestalt 33-34, 204 gestion <strong>de</strong> l'impression 47, 86 Gilovich (Thomas) 115 Goffman (Erving) 22 Goleman (Daniel) 56 graduation 38 grammaire transformationnelle 183 H hal lucinations 40, 44-47, 204 auditives 41 hypnagogiques 41 hypnopofTIpiques 41 lilliputiennes 41 olfactives 42 visuelles 42-43, 45 Herrnstein (Richard) 70 heuristiq ue 113-11 4, 11 6-117,204 d'ancrage 117 <strong>de</strong> disponibilité 117 <strong>de</strong> représentativité 11 3 117 Hobbes (Thomas) 165 ' hypnose 50-51 hypocondrie 45 hypothèse <strong>de</strong> soulagement <strong>de</strong> l'humeur négative 105 i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> genre 80, 165 sexuelle 80, 83 i<strong>de</strong>ntification 145-146, 153,204illusion 32-51 d'Escher 32 <strong>de</strong> Müller-Lyer 34-35 <strong>de</strong> Poggendori 32 <strong>de</strong> Ponzo 34-35 du cube <strong>de</strong> Necker 32 inconscient 51 intelligence 68-75, 82, 204-205 artif icielle 136-139 corporelle kinesthesique 78 cristallisée 73, 77 émotionne lle 56-59 flui<strong>de</strong> 77 interpersonnelle 78 infra-personnelle 78 linguistique 77


In<strong>de</strong>x 1207logique/mathématique 77 multiple 76-79 musicale 78 naturaliste 78 pratique 78 profe ssionnelle 79 spatiale 78, 82, 205 Jjalou sie 44, 46 joie 52-55, 61 joueur 115 jugement 100-11 3, 116-1 19 Jung (Carl) 143 K Kahneman(OanieIJ 113,114, 124-125 Ko hn (Alfie) 179 Kraepelin (Emile) 17 LLaing (R,D )21 latéralité 188-191 Le Bon (Gustave) 165 Locke (J ohn) 49, 164 Lorenz (Konrad) 160-163 M McClelland (David) 86 méga loman ie 46 mémoire 128-31, 134-135, 144-151, 200 retrouvée 144-145 métacognition 43, 151 Meyer (Adolphl 17 Milgram (Sl anleyI96-98 Moi 145-146, 153, 204 Morris (Oesmondl 62 motivationextrin sè que 179 intr insèque 179 Murray (Charles) 70 N nazisme 92 néologisme 192 neurol eptiques 18 névro se 20-23, 106 norme <strong>de</strong> réciproci té 106 oobéi ssance 93, 96-99 obsessiun anale 152 opéralions concrètes 158 formelles 158 p para<strong>de</strong> d'i<strong>de</strong>ntificati on 133 paranoïa 44-45 Pavlov (Iva n) 168, 172 peur 60-63, 171 phénomène du mot sur le bout <strong>de</strong> la langue 148-151 phi lo sop hi ~ 172. 189 phrénologie 184-187, 205 Piaget (Jean) 156-159 placebo 8-11 , 205 polarisation <strong>de</strong> groupe 11 9 positi visme 172 probabil ité 112- 113, 125 prosopagnosie 200-201 pseudohallucinations 41 <strong>psych</strong>olinguistique 151 <strong>psych</strong>ologie cognitive 147 évolutionniste 106, 142, 166 <strong>psych</strong>opathe 24-27, 205 <strong>psych</strong>opathologie 4-5, 205 <strong>psych</strong>ophysique 36-39 <strong>psych</strong>ose 40, 205 punition 92, 97, 177-1 78 oquotient d'intelligence émotionnelle 57-58, 204 quotient intellectuel (01)68-79, 82, 204 d'organisation 79 <strong>de</strong> réseau 79 politique 79 socio-culturel 79 Rrenforcementnégatif 177-178 positi f 177-178 programme (<strong>de</strong>) 176-179 réflexe conditionnéi68-169, 171 résolution <strong>de</strong> problèmes 116-131, 137 reves 51,140-143 interprétation 141 , 143 répression 144-147, 190 risque 11 4-115,123, 124-127 rôle sexue l 80, 83 Ro rsc hach (Hermann) 84-87 Rousseau (Jean-Jacques) 165 Sschémas 65-66, 83, 156-1 57,205 schizophrénie 16-19, 21,205 seuil différentiel 36-37 Sherif (Muzafer) 100 Shoah 92, 96 Skinner (Burrhus Fre<strong>de</strong>ric) 172-174 soc iopathe 24, 205 spéculations freudiennes 106 spfit-brain 188-189 sta<strong>de</strong> cognitif 156-159 <strong>de</strong>s opér ations concrètes 158 <strong>de</strong>s opérat ions formelles 158 préopératoi re 157 sensori -moteur 157 sta<strong>de</strong> <strong>psych</strong>o sexuel 152-155 anal 154, 155 oral 154 phallique 154, 155 Stern berg (Robe rt) 78 stress 28-3 1, 205 surcharge urbaine 106 symbole phallique 152 Szasz (Thoma s) 21 -22 Ttabu la rasa 164-1 67 , 205 témoignage visuel 132-135 test <strong>de</strong> Turing 139 <strong>de</strong>s taches d'encre 84-87 Thanatos 153 théorie <strong>de</strong> détecti on du sig nal 38-39 <strong>de</strong> l'apprentissage soc ial 83, 174-175 <strong>de</strong> l'auto-illusion 47, 86 <strong>de</strong> la cognition sociale 174 du schéma <strong>de</strong> genre 83 standard 124 thérapie cognit ive 64-67 cognitivo-componementale 64-67, 204 comportementale 64-67, 174, 204 <strong>de</strong>s perspectives 120, 124-127 torture 98 tristesse 61,154 troubles <strong>de</strong> l'anxiété 4-5 <strong>de</strong> la personnalité paranoïa que 45, 205 du déficit <strong>de</strong> l'attenti on 22, 204 obsessionnels com pulsifs 45 Turing (Alan) 139 Tversky (Amos) 113, 124 U universaux linguistiques 183 V raisonnement verbal 76, 205 W Watson (John) 172 Weber (Ern st Heinrich) 37 Wolpe (Joseph) 171


208L'édition originale <strong>de</strong> cet ouvrage a été publiée en 2008 au Royaume-Uni par Quercus Publishing Pic sous le titre 50 Psych%gy I<strong>de</strong>as You Really Need to Know. © Adrian Furnham 2008Originally entitled 50 Psych%gy I<strong>de</strong>as You Really Need to Know. First published in the UK by Quercus Publishing Pic Couverture: Jean-Christophe Courtele pictogramme qui figure ci-contre d'enseignement supérieur, proVCK:1uont unemérite une explication. Son obiet esl baisse brutale <strong>de</strong>s achats <strong>de</strong> livres et <strong>de</strong>d'alerter le lecteur sur la menace que rEMJeS, au fX>int que 10 JX>ssibilité même fX>Urreprésente pour l'avenir <strong>de</strong> l'écrit,les auteurs <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s œuvresparticulièrement dans le domaine rD-®-A-NG--ER----1 nouvelles et <strong>de</strong> les faire éditer cor<strong>de</strong>l'édition technique et universi­nectement est aujourd'hui menacée.taine, le développement massif duNous rappelons donc que toutephotocopillage.reproduction, partielle ou tatale,Le Ca<strong>de</strong> <strong>de</strong> la propriété intellec­<strong>de</strong> la présente publication esttuelle du 1 0 ' juillet 1992 interdit LE POO1'OCXaUŒ interdite sans autorisation <strong>de</strong>en effet expressément la photoco­ T~ LE LIVRE l'auteur, <strong>de</strong> son éditeur au dupie à usage collectif sans autori­Centre français d'exploitation dusation <strong>de</strong>s ayants droit. Or, cette pratique droit <strong>de</strong> copie (CFC, 20, rue <strong>de</strong>ss'est généralisée dans les établissements Grands-Augustins, 75006 Paris).© Dunod, Paris, 2009, pour la version françaiseISBN 978-2-10-053380-0Le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes <strong>de</strong> l'articleL. 122-5, 2" et 3" a), d'une part que les « copies ou reproductions strictementréservées à l'usage privé du copiste et non <strong>de</strong>stinées à une utilisationcollective» et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un butd'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégraleou partielle faite sans le consentement <strong>de</strong> l'auteur ou <strong>de</strong> ses ayants droit ouayants cause est illicite» (art. L. 122-4).Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constitueraitdonc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivantsdu Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la propriété intellectuelle.53380 - (1) - (3,5) - OSB 90° - CP2 - MLN Dépôt légal: octobre 2009 - W 200909.0477 Imprimerie CHIRAT - 42540 Saint-Just-la-Pendue Imprimé en France


Ju te <strong>assez</strong> cie ...Adrian Furnham<strong>Juste</strong> <strong>assez</strong> <strong>de</strong> <strong>psych</strong>ologiepour briller en sociétéLes 50 gran<strong>de</strong>s idées que vous <strong>de</strong>vez connaîtreLa <strong>psych</strong>ologie vous intimi<strong>de</strong>? Osez l'affronter!Vous vous sentez coincé(e) dès qu'il est question <strong>de</strong><strong>psych</strong>ologie? Vous êtes bouche bée d'admiration <strong>de</strong>vantles grands <strong>psych</strong>ologues, réels ou supposés? Vous voudriezcomprendre les grands principes <strong>de</strong> la <strong>psych</strong>ologie, mais vousne savez pas par où commencer?De l'effet Flynn à la dissonance cognitive, <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong>décision aux réflexes conditionnés, ce livre vous expliqueratrès simplement les 50 découvertes, lois, principes et théoriesque vous <strong>de</strong>vez connaître.Adrian FURNHAMest professeur <strong>de</strong> <strong>psych</strong>ologieà Londres (UniversityCollege London). Il écritrégu lièrement <strong>de</strong>s articlespour le Sunday Times et leDaily Te/egraph.Dans la même collection:JustE' <strong>assez</strong> <strong>de</strong> philosophiepour briller en société,par Ben Dupré9 782100 533800667902 1ISBN 978-2 -10-053380-0Prix France 19,90 € TTC

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