10 LE SYCOMORE VOL. 3, N o 1Cette première partie tient lieu d’exposé sur l’histoire de l’emploi de l’écriturearabe en Afrique de l’Ouest et sur quelques-unes des questions sociolinguistiquesgénérales. La seconde partie, qui sera publiée ultérieurement, traitera de lapertinence de ces questions pour le travail des associations bibliques. 11. Histoire de l’emploi de l’écriture arabe en Afrique de l’OuestA partir du 10 e siècle, les échanges commerciaux ont apporté l’islam, l’arabeet l’écriture arabe le long des deux côtes de l’Afrique. C’est ainsi que la régionلِحاَس du Sahel et la langue swahili tirent toutes les deux leur nom du mot arabesāḥil, pl. لِحاَوَس sawāḥil, « côte ». <strong>Le</strong>s influences islamiques se sont accrues sousles Almoravides (d’où le nom marabout) aux siècles suivants, dans les empiresdu Ghana, de Kanem-Bornu, du Mali et des Songhaïs du 11 e au 17 e siècle, surtoutdans la floraison de la science islamique aux alentours de Tombouctou du 12 eau 13 e siècle. Quelques nouveautés sont venues avec l’expansion des confrériesaux 18 e et 19 e siècles, et dans le djihad foulani sous Cheikh ʿOthman ɗan Fodio(1804-1808). Alors, tout comme le latin au Moyen Age européen, l’arabe devintla langue de tous les écrits religieux, juridiques et scientifiques de l’Afrique del’Ouest, et il donna ainsi un grand nombre de termes aux langues africaines.Même si d’autres régions de l’Afrique ont leurs systèmes d’écriture indigènescomme le tifinagh (berbère), l’éthiopique et l’osmania (Somalie), l’Afrique del’Ouest n’atteste que quelques traditions peu répandues comme l’écriture secrètedes maisons royales, etc. 2 Par la suite, l’écriture arabe devint vite le seul systèmed’écriture utilisé pour les langues des trois familles linguistiques majeures :Afro-asiatique : hausa (Tchadique) et tamachek (Berbère)Nilo-saharien : kanuri-kanembou-zaghaoua (Saharien) et les langues songhaïNigéro-congolais : fulfuldé-wolof (Atlantique-Congo),mandinka-djahanka-bambara-djoula (Mandé-Manding),soninké (Mandé-Samogo), yoruba (Bénoué-Congo)et kiswahili-comorien (Bantou)C’est ainsi que tous les textes classiques anciens de la littérature religieuse enfulfuldé, hausa et swahili ont été transmis en écriture arabe, y compris les poèmesfulfuldé de ʿOthman ɗan Fodio (qui avaient été traduits en hausa jusqu’au milieudu 18 e siècle), et le poème swahili Al-Inkishafi de Sayyid Abdalla. Néanmoins,l’ajami a trouvé sa diffusion la plus répandue en Afrique de l’Ouest dans les kabbéfulfuldé, qui se liaient parfois avec des croyances et des pratiques ésotériqueset furent donc soumis à la répression sous le djihad conservateur. Finalement,malgré ses propres compositions fulfuldé si bien connues, le califat du CheikhʿOthman a en grande partie remplacé le fulfuldé par l’arabe.1Cet article se base sur un autre publié en anglais dans The Bible Translator (janvier, 2009), qui met l’accent surla situation nigériane et contient une bibliographie plus détaillée. Deux contributions utiles en français sont : M.Alio, « La place des documents en langue arabe dans l’histoire du Niger », Mu ƙara Sani 10.1 (2002) 98-110 ; S.Tazi-Sadeq, <strong>Le</strong> bruissement du Calame : Histoire de l’écriture arabe, Paris : Éditions alternatives, 2002.2Mais voir aussi par ex. les gravures songhaï près de Kidal, Mali, http://fr.wikipedia.org/wiki/Sonrha%C3%AF.<strong>Le</strong> <strong>Sycomore</strong> Vol. 3 No 1 12 Mai 09.indd 106/4/2009 3:30:32 PM
ÉCRITURE ARABE...11Au début de la période coloniale, l’arabe était la langue de presque toutesles communications officielles écrites, tandis que les grandes langues régionalesservaient de moyen de communication orale :Au fil du temps, l’arabe est devenu, à la faveur de son usage dansles domaines culturel, administratif, économique et religieux, dufoisonnement des écoles coraniques et des instituts d’enseignement et dunombre considérable des savants et des écrivains, la première langue del’Afrique, sachant que cet idiome s’est répandu non seulement dans l’ouestet le centre du continent, mais également dans l’est et le nord. En d’autrestermes, l’arabe est devenu l’unique langue commune à tous les peuplesde l’Afrique qui permettait la communication non seulement entre lescommunautés islamiques mais également entre les Africains, notammentdans les domaines social, politique et commercial. 3Au fil des ans, le français remplaça l’arabe écrit ainsi que les langues africainesparlées dans la vie publique. Même là où on écrivait les langues africaines, lesbesoins de la communauté internationale linguistique et des officiers coloniauxsur place forcèrent le choix de l’écriture romaine : 4<strong>Le</strong>s langues africaines écrites … adoptaient l’alphabet arabe. Aussi lecaractère coranique arabe est-il devenu un autre moyen de communicationentre les peuples parlant ces langues écrites. Ce fut le cas jusqu’àl’avènement de l’ère de la colonisation où le caractère arabe fut l’objetd’une campagne qui égale en férocité celle menée contre la langue arabeet l’enseignement coranique. C’est ainsi que le caractère latin fut imposé àces peuples qui avaient, pendant plusieurs siècles, transcrit leurs languesen caractère arabe. 52. Distribution de l’écriture arabe en Afrique de l’OuestDe nos jours, même si elle est illisible pour presque tous les non-musulmans,et peut-être pour une grande partie des musulmans eux-mêmes aussi, l’écriturearabe apparaît dans toute une gamme de contextes différents en Afrique del’Ouest, surtout dans les domaines du commerce international, de l’islam ruralpauvre, et de l’islam urbain prosélyte.L’écriture arabe se voit le plus souvent dans les noms, arabes ou autres, desproduits domestiques. Quelques-uns d’entre eux sont produits en Afrique del’Ouest pour l’Afrique de l’Ouest, comme le lait وناد Dano et ايدنلوه Hollandia,les flocons de maïs et les biscuits وکسان Nasco, l’eau minérale كتلفل La Volticet le jus de pomme نَس يرباك Capri-Sonne. D’autres sont produits ailleurs maisprévus en premier lieu pour le Moyen-Orient, comme le lait راتسكال LacstarProlac de la France, le beurre نديزيرب Président, la mayonnaise يڤلاك Calvé3A. Ouedghiri, « La langue arabe dans l’Afrique subsaharienne : passé, présent et futur », http://www.isesco.org.ma/francais/publications/Islamtoday/20/P6.php4Pour le wolof, voir F. Ngom, « Ajami Scripts in the Senegalese speech community » (article non publié).5A. Ouedghiri, Ibid.<strong>Le</strong> <strong>Sycomore</strong> Vol. 3 No 1 12 Mai 09.indd 116/4/2009 3:30:32 PM
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