18 LE SYCOMORE VOL. 3, N o 1des gouvernements échappent rarement à la philosophie coloniale aussi bienqu’à l’attitude des élites postcoloniales. Une certaine volonté politique dans lecontexte démocratique actuel, favorable à la mise en œuvre de droits valorisantune citoyenneté linguistique épanouie, pourrait impulser des changementsintéressants à ce niveau.Cela est possible grâce à l’implémentation de l’aménagement linguistiquequi peut viser l’utilisation du corpus linguistique. Trois composantes sont iciconcernées : l’orthographe (fixation du système d’écriture), la standardisation(détermination d’une norme transcendant les variations locales), la modernisation(adaptation pour exprimer les réalités modernes). 2L’aménagement peut aussi viser le statut des langues dont on fixe l’importanceou la position relative 3 . On pourra allouer aux langues des fonctions spécifiques :la fonction officielle pour une langue à laquelle la loi reconnaît d’assurer leséchanges politiques et culturels représentatifs au plan national ; la fonctionde communication élargie pour les transactions linguistiques entre différentsgroupes du même pays ; la fonction de groupe pour une langue permettant auxmembres du même groupe ethnique ou tribal de communiquer entre eux ; la fonctiond’instruction pour une langue qui, dans le système scolaire, sert à instruire.L’Église en tant qu’organisme chrétien utilise les langues dont elle orientel’aménagement, grâce notamment à la traduction de la Bible. Elle se doit, entreautres, d’obéir au Seigneur qui la bâtit, en assurant la disponibilité et l’utilisationdu texte de la Bible. Car le Seigneur ordonne : Allez, faites des gens de toutesles nations des disciples … et enseignez-leur à garder tout ce que je vous aicommandé (Matt 28.19-20). Il inspire également cette interrogation pathétique :Et comment croiraient-ils en celui qu’ils n’ont pas entendu proclamer ? Etcomment entendraient-ils, s’il n’y a personne pour proclamer ? (Rom 10.14). Enl’occurrence, la proclamation de l’évangile est écrite pour être lue et entendue.Il faut tenir compte de l’ouverture actuelle aux droits permettant unecitoyenneté linguistique épanouie des individus aussi bien que des collectivités,maintenant que la promotion des droits humains est importante. Il y a lieu d’enprofiter en vue d’une plus grande justice linguistique. Dans cette optique, lespolitiques de langue promues dans les églises, surtout en matière de traductionde la Bible et d’alphabétisation, sont-elles efficaces ? <strong>Le</strong>s options actuellesde nos gouvernements conviennent-elles ? Quelle évaluation retenir lorsquel’alphabétisation ne consiste plus seulement à apprendre à lire et à écrire ? Cellecidoit permettre l’intégration d’autres activités comme s’informer, se distraire,faire du théâtre, faire des courses--en un mot l’alphabétisation fonctionnelle ?2Charles A. Ferguson, “Language Development” in Joshua A. Fishman, (ed.), Language Problems of DevelopingNations. New York : John Wiley, 1968, pp. 27-35.3Robert L. Cooper, Language Planning and Social Change, Cambridge : Cambridge University Press, 1989.<strong>Le</strong> <strong>Sycomore</strong> Vol. 3 No 1 12 Mai 09.indd 186/4/2009 3:30:34 PM
ATTITUDES ET POLITIQUES LINGUISTIQUES...192. Bible et politique linguistiquePour répondre à ces questions, il n’est pas inutile d’évoquer ici la perspectivebiblique de l’aménagement linguistique. <strong>Le</strong> monolinguisme y donna lieu à undéfi dont l’érection de la tour de Babel fut le symbole. <strong>Le</strong> Dieu qui, réagissant àcette situation, dit : Descendons donc, et là, brouillons leur langue, afin qu’ilsne comprennent plus la langue les uns des autres ! (Gen 11.7) instaura ainsi lemultilinguisme, réaffirmé à la Pentecôte en vue d’une évangélisation puissante,d’emblée marquée par l’émerveillement du public en ces termes : Comment sefait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle … nous lesentendons dire dans notre langue les œuvres grandioses de Dieu ! (Act 2.8-11).Dieu appuie donc la communication en langues maternelles.Et la Bible montre que cela marche bien lorsque la volonté politique existe.En témoignent les deux lettres envoyées au nom de l’Empereur Assuérus danspas moins de 127 provinces de son empire. La première, inspirée par le GénéralHaman était adressée aux non Juifs, et la seconde par la reine Esther aux Juifsde Perse. <strong>Le</strong> texte des messages destinés aux dirigeants des régions, à chaqueprovince dans son écriture, à chaque peuple dans sa langue devait être rendu publicafin de permettre aux intéressés d’être prêts le jour convenu. (Est 3.12-14 ; 8.9-10). 43. Politique linguistique en AfriqueDeux facteurs la déterminent depuis l’époque coloniale :(1) l’aspiration des populations, et surtout des élites, à connaître deslangues internationales, et ainsi les maîtriser car elles sont associéesà la puissance socio-économique.(2) le dernier rang qu’occupent les langues africaines sur la scènenationale publique en particulier.Donc, les langues locales sont pratiquement exclues des programmesscolaires et reléguées à jouer un rôle moins important, alors que les aptitudes etattitudes linguistiques s’acquièrent généralement entre 5 et 13 ans. De plus, ellesne se modifient pas facilement ; leur formation provient de facteurs cognitifs,émotifs, et sociaux bien ancrés (Baker, 1988 5 ).Pourtant, l’histoire permet de constater que les missions et les églisesauxquelles elles ont donné naissance, devançaient généralement les administrationscoloniales et les gouvernements qui les ont remplacées. Ces missions et églisesprenaient des initiatives recommandables touchant les langues locales comme onva le démontrer, suivant en cela le modèle biblique brièvement évoqué plus haut.Mais les administrations coloniales et les gouvernements mis en place par ellestendaient à les restreindre.4<strong>Le</strong> Nouveau Dictionnaire Biblique (Kuen, ed, Venne sur Lausanne, 1992) nous apprend que l’empire Perse à sonapogée avait environ 4.800 km de long et entre 800 km et 2.400 km de large, pour une superficie de 5.000.000 dekm2, à peu près la moitié de l’Europe. La distance n’empêcha donc rien !5C. Baker, Key Issues in Bilingualism and Bilingual Education, Philadelphia: Multilingual Matters, 1988.<strong>Le</strong> <strong>Sycomore</strong> Vol. 3 No 1 12 Mai 09.indd 196/4/2009 3:30:34 PM
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