Jean-françois morin Côte-du-Sud - Fédération des producteurs de ...

a c t U a L i t épar Yvon gendreAu, journaliste, FplQun nouvel AdminiStrAteur à lA FplQJean-françois morinCôte-du-Sudmême si Jean-François morin croit qu’il sera probablementle dernier président de l’actuel Syndicat des producteurs delait de la côte-du-sud, il s’attend toutefois à travailler pourque le passage vers la nouvelle structure de la Fédérationdes producteurs de lait du Québec (FplQ) vers un syndicatprovincial se fasse le mieux possible dans l’intérêt desproducteurs de sa région.En effet, selon le projet de redécoupageactuellement à l’étude et basé surles régions de l’UPA du futur, la régionde la Côte-du-Sud ne devrait plusexister. Une partie des producteursde lait de cette région serait dorénavantunifiée avec une nouvelle entitéadministrative appelée Chaudière-Appalaches et une autre partie desproducteurs avec le Bas-Saint-Laurent.Jean-François avoue que cette propositionn’est pas sans créer de vagueschez certains producteurs de la région.Même s’il est conscient que le processusde redécoupage ne se fera pasnécessairement sans heurts, il estd’accord pour dire qu’on ne fait pasd’omelette sans casser des œufs. « Jevais devoir travailler à mobiliser lesgens de ma région autour du projet deredécoupage, estime-t-il. Mon rôle serade faire en sorte que les producteursde la région ne soient pas lésés par lesdécisions qui seront prises. J’estimequ’il vaut mieux faire partie de la solutionque d’être le problème. » Hommede conciliation, ouvert à la discussion,il dit d’ailleurs qu’il entend d’abord etavant tout représenter les producteursde la Côte-du-Sud. « Mon rôle est d’êtreleur voix et leur porte-parole dans lesdossiers qui les concernent. Je ne suispas un radical qui reste campé surses positions. Je crois qu’on peutfaire avancer les choses davantage parla négociation. »Toujours concernant la réorganisationdes territoires, il ne croit pas que lestatu quo soit la solution actuellement.« Je n’ai pas l’impression de perdreoctobre 2012 Le producteur de Lait québécois 7

a c t u a l i t équelque chose avec le redécoupage.La réorganisation des territoires estun mal nécessaire et il est possiblede négocier des changements. Au fildes ans, le nombre de producteurs adiminué au Québec et bien des chosesont changé, c’est normal qu’il y ait uneréforme pour tenir compte de cettenouvelle réalité. Il faudra une bonnedose de respect pour déterminer lesnouveaux territoires et les meilleuresfaçons de les gérer. Les gens devrontaussi faire preuve d’empathie et comprendreles régions touchées par lesmodifications. »Au terme de l’exercice, Jean-François souhaite que les producteurspuissent garder ou développer unsentiment d’appartenance pour leurrégion. « Ce n’est pas un divorce qu’onfait, c’est une union différente. »Jean-François utilise une imageforte pour décrire la situation actuelle.« C’est comme quelqu’un qui vientd’apprendre qu’il a le cancer et qui doitmaintenant vivre avec. Il faut maintenantessayer de faire en sorte que çapasse le mieux possible. Je ne pensepas que ce sera une structure plussaine, mais peut-être plus représentative.Toute structure a besoin d’argentet de l’utiliser le plus adéquatementpossible pour continuer à marcher et àavancer. C’est aussi ça qu’il faut garderen tête pour mener à bien l’exercice. »La Ferme Elmoral est située à Saint-Roch-des-Aulnaies.Quand il quitte la ferme pour ses fonctions d’administrateur, Jean-François sait qu’il peut comptersur son fils Alexandre et son frère Jacques pour que le travail suive son cours.Au-delà de la régionIl pense que, malgré les particularitésde chaque région, les producteursdoivent continuer de demeurersolidaires pour faire avancer leursdossiers, que ce soit à l’échelle locale,provinciale ou nationale. C’est de cettefaçon qu’ils assureront la pérennité deleur système de mise en marché et lagestion de l’offre.Dans ce sens, Jean-François souhaitetravailler avec ses collègues aumaintien d’une gestion de l’offre fortepour tous les producteurs. Là aussi, ilcroit que la négociation entre toutesles parties, et plus particulièrement ausein des provinces membres de P10,permettra aux producteurs de faireface à une mondialisation de plus enplus envahissante. « Les producteursdoivent trouver des façons de s’organiserentre eux et montrer qu’ils sontcapables de s’entendre pour éviterde se faire dicter des règles par legouvernement, souligne-t-il. Celles-cipourraient ne pas être nécessairementà notre avantage. »Il est aussi d’avis qu’il faut travaillerà garder l’intérêt des consommateurspour les produits laitiers. « C’est unebataille de tous les jours. Les normesde qualité que l’on se donne et leprogramme Lait canadien de qualitécontribueront dans ce sens. C’est aussiun moyen d’assurer la pérennité de lagestion de l’offre et d’assurer un bonrevenu à l’ensemble des producteurspourvu que tout le monde fasse sapart. »En terminant, Jean-François souligne: « Mes nouvelles fonctions me8octobre 2012 Le producteur de lait québécois

font réaliser davantage l’importancede la production laitière à la grandeurdu Québec. Quand on vit sur saferme, on est souvent loin des préoccupationsou des réalités vécuespar les producteurs de l’Abitibi, de laMauricie, de Saint-Hyacinthe ou desautres régions. Apprendre à communiqueravec nos pairs, c’est aussi unefaçon de faire avancer les dossiers. Laville gagne beaucoup sur la campagneaujourd’hui. Tôt ou tard, les préoccupationsdes autres régions pourraientaussi devenir les nôtres. Encore unefois, c’est important de tisser des liensde solidarité entre nous. »de prendre une décision définitive, ila voulu s’assurer qu’il n’y avait pasd’autres intéressés et que tout seraiten place à sa ferme pour la quitterl’esprit tranquille afin de s’occuper desdossiers qui lui incomberaient dans sesfonctions d’administrateur à la FPLQ.L’arrivée de son fils Alexandre commeemployé sur l’entreprise pour aider sonfrère Jacques pendant son absencelui a donc permis d’accepter le poste.Pour Jean-François, chaque choseen son temps. Il part du principe qu’ilfaut se concentrer sur ce qu’il y a àfaire. « Si je suis en réunion, je suisen réunion et c’est sur ça que je meconcentre. Quand je suis à la ferme,c’est le travail à la ferme qui a priorité.» Dans les deux cas, il essaie demener à bien son travail.Depuis octobre 2011, Jean-Françoisfait partie du conseil d’administrationde la Ferme-école de l’ITA de LaPocatière. Il est aussi administrateurde la Coop IGA de Saint-Jean-Port-Jolidepuis avril 2011.De 2000 à 2010, Jean-François aété vice-président de l’Associationdu hockey mineur pour la région deMontmagny-L’Islet. « Ce que j’ai vécuau sein de cette organisation m’amèneà faire un parallèle avec ce qui se passeactuellement dans notre région commeproducteurs de lait. On couvrait lemême territoire que celui proposépar le nouveau redécoupage. Mêmesi chaque région avait ses préoccupationset que ça ne marchait pas toujourscomme on voulait, on a toujoursété capables de travailler ensemble. »hiStoriQue de lAFerme elmorAlEn 1982, Jean-François et son frèreJacques achètent la ferme de leur pèreAmédée (qui, lui, l’avait acheté de sonbeau-père) située à Saint-Jean-Port-Joli ainsi que la ferme d’un étranger.Cette dernière, située dans le mêmevillage, deviendra plus tard le lieu derésidence de Jean-François. En 1993,Louise Côté-Gendreau, la conjointe deJean-François, devient aussi proprié-le troupeau holstein pur sang comprend130 têtes dont 72 vaches en lactation.S’impliQuer entièrementJean-François est administrateur auSyndicat des producteurs de lait de laCôte-du-Sud depuis 2005. Avouant nepas être le plus grand syndicaliste àl’époque, il avait quand même dit ouiquand on lui avait demandé s’il voulaits’impliquer. « Rapidement, j’ai trouvéça intéressant, parce que ça m’a apportaitde l’information que je n’avais paset que je n’allais pas nécessairementchercher. J’étais le type de producteurà me dire : ça va bien, pourquoi m’enmêler. Ça m’a permis de voir la productionautrement et de voir les dossiersdifféremment. »L’idée de pousser le défi un peu plusloin en prenant la relève de Gilles A.Michaud à la présidence du syndicatde la région lui plaisait. Mais avantJean-François et sa conjointe louise ont quatre enfants : éliot, élisabeth, Amanda et Alexandre.octobre 2012 Le producteur de Lait québécois 9

a c t u a l i t éla cÔte-Du-suDDu fleuve Saint-Laurent jusqu’à la frontière américaine, le Syndicat des producteursde lait de la Côte-du-Sud couvre le territoire compris entre Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud et Rivière-du-Loup. La production laitière,répartie dans 400 fermes, côtoie principalement les productions bovine,acéricole, céréalière, oléagineuse, forestière, porcine et maraîchère.On y retrouve aussi la Fromagerie de L’Isle-aux-Grues et la FromageriePort-Joli inc.Le tourisme y occupe également une place importante, que l’on pense àGrosse-Île, à la route des Navigateurs ou encore aux villages pittoresquesqui ont servi de cadre à plusieurs tournages. De nombreux villégiateursviennent s’y établir pendant la saison estivale. C’est aussi un lieu derendez-vous pour les amateurs de plein air, de chasse et de pêche.L’anguille et l’esturgeon sont d’ailleurs toujours pêchés dans la région.La Côte-du-Sud compte plusieurs entreprises industrielles d’importance,dont Bombardier, Plastique Gagnon, Rousseau Métal, Groupe coopératifDynaco, Garant et Maibec.La ville de La Pocatière joue un rôle primordial en agriculture, puisqu’elleaccueille l’Institut de technologie agroalimentaire (ITA), le Centre de développementbioalimentaire du Québec et le Centre d’expertise en productionovine du Québec.Source : Syndicat des producteurs de lait de la Côte-du-Sudtaire de la ferme. Les propriétairesachètent alors l’actuelle ferme située àSaint-Roch-des-Aulnaies. Dorénavant,toutes les opérations d’élevage et deproduction laitière s’y concentreront.Jean-François est un passionnéde génétique. Ainsi, sur les 130 têtesholsteins pur sang du troupeau, on encompte 6 excellentes, 33 très bonnes,37 bonnes + et 4 bonnes. Les 72 vachesen lactation produisent en moyenne9 380 kg. Jean-François compte maintenantdévelopper un peu plus l’holsteinrouge à l’intérieur du troupeau.Sur les 173 hectares de terre dela ferme, les propriétaires en cultivent151. Comme on ne peut assurerl’autosuffisance de la ferme, on achètedonc une partie des fourrages. Unepartie de la machinerie est partagéeen CUMA. Soulignons que la FermeElmoral inc. a reçu sa certification auprogramme Lait canadien de qualitéen février 2012.Jean-François et Louise, médecinvétérinaire, ont quatre enfants.Alexandre, le plus vieux, travailleactuellement à la ferme. Son frèreÉliot, qui étudie à l’université, donneun coup de main à la ferme quand ille peut. Les deux filles, Élisabeth etAmanda sont elles aussi aux études(cégep).Son frère Jacques s’occupe plusparticulièrement des travaux auxchamps, de la machinerie, de la traiteet de l’alimentation du troupeau. Jean-François voit plutôt à la gestion de laferme et du troupeau et s’occupe ausside la traite. n10octobre 2012 Le producteur de Lait québécois