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Résumez ce texte en 150 mots - Poly-Prepas

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seulem<strong>en</strong>t l’exam<strong>en</strong> du criminel soupçonné de dém<strong>en</strong><strong>ce</strong>, mais les effets mêmes de <strong>ce</strong>t exam<strong>en</strong>devrai<strong>en</strong>t être extérieurs et antérieurs à la s<strong>en</strong>t<strong>en</strong><strong>ce</strong>. Or, très tôt, les tribunaux du XXe siècle sesont mépris sur le s<strong>en</strong>s de l’article 64. Malgré plusieurs arrêts de la Cour de cassationrappelant que l’état de folie ne pouvait <strong>en</strong>traîner une peine modérée, ni même unacquittem<strong>en</strong>t, mais un non-lieu, ils ont posé dans leur verdict même la question de la folie. Ilsont admis qu’on pouvait être coupable et fou ; d’autant moins coupable qu’on était un peuplus fou ; coupable <strong>ce</strong>rtes, mais à <strong>en</strong>fermer et à soigner plutôt qu’à punir ; coupable dangereuxpuisque manifestem<strong>en</strong>t malade, etc. Du point de vue du Code pénal c’étai<strong>en</strong>t autantd’absurdités juridiques. Mais c’était là le point de départ d’une évolution que la jurisprud<strong>en</strong><strong>ce</strong>et la législation elle-même allai<strong>en</strong>t précipiter au cours des <strong>150</strong> années suivantes : déjà, laréforme de 1832, introduisant les circonstan<strong>ce</strong>s atténuantes, permettait de moduler la s<strong>en</strong>t<strong>en</strong><strong>ce</strong>selon les degrés supposés d’une maladie ou les formes d’une demi-folie. Et la pratique,générale aux assises, ét<strong>en</strong>dues parfois à la correctionnelle, de l’expertise psychiatrique faitque la s<strong>en</strong>t<strong>en</strong><strong>ce</strong>, même si elle est toujours formulée <strong>en</strong> termes de sanction légale, implique,plus ou moins obscurém<strong>en</strong>t, des jugem<strong>en</strong>ts de normalité, des assignations de causalité, desappréciations de changem<strong>en</strong>ts év<strong>en</strong>tuels, des anticipations sur l’av<strong>en</strong>ir des délinquants. Toutesopérations dont on aurait tort de dire qu’elles prépar<strong>en</strong>t de l’extérieur un jugem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong>fondé ; elles s’intègr<strong>en</strong>t directem<strong>en</strong>t au pro<strong>ce</strong>ssus de formation de la s<strong>en</strong>t<strong>en</strong><strong>ce</strong>. Au lieu que lafolie effa<strong>ce</strong> le crime au s<strong>en</strong>s premier de l’article 64, tout crime maint<strong>en</strong>ant et, à la limite, touteinfraction port<strong>en</strong>t <strong>en</strong> soi, comme un soupçon légitime, mais aussi comme un droit qu’ilspeuv<strong>en</strong>t rev<strong>en</strong>diquer, l’hypothèse de la folie, <strong>en</strong> tout cas l’anomalie. Et la s<strong>en</strong>t<strong>en</strong><strong>ce</strong> quicondamne ou acquitte n’est pas simplem<strong>en</strong>t un jugem<strong>en</strong>t de culpabilité, une décision légalequi sanctionne ; elle porte <strong>en</strong> elle une appréciation de normalité et une prescription techniquepour une normalisation possible. Le juge de nos jours – magistrat ou juré – fait bi<strong>en</strong> autrechose que « juger ».Michel Foucault, Surveiller et punir, Gallimard, 1975(1) G. de MABLY, De la législation, Œuvres complètes, 17893

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