Investissement <strong>de</strong>s entreprises et contraintes financières entre 1985 et 1996L’effet du taux <strong>de</strong> marge, significatifau seuil <strong>de</strong> 10%, est estimé à0,15 : si le taux <strong>de</strong> marge augmente<strong>de</strong> 4 points, le taux d’investissementaugmente <strong>de</strong> 0,6 point. Letaux d’intérêt et le taux d’en<strong>de</strong>ttementsont tous les <strong>de</strong>ux significatifsau seuil <strong>de</strong> 5%. Le coefficient dutaux d’intérêt réel apparent (-0,29)est le plus important en valeur absolue,mais la variation <strong>de</strong> ce tauxd’intérêt reste dans un intervalletrès étroit, ce qui limite son impact.Le phénomène inverse joue pour lecoefficient du taux d’en<strong>de</strong>ttement(-0,04) : il est faible en valeur absoluemais s’applique à une gran<strong>de</strong>urdont la chute a été assez spectaculairesur la pério<strong>de</strong>.Si on distingue le secteur industrieldu secteur tertiaire, le taux d’intérêtcontinue <strong>de</strong> jouer pratiquementdans la même proportion. En revanche,le taux <strong>de</strong> marge et le tauxd’en<strong>de</strong>ttement n’ont plus le mêmeeffet dans chaque secteur : l’effetdu taux <strong>de</strong> marge est beaucoup plusimportant dans le secteur tertiaire(0,23) et n’est plus significatif dansle secteur industriel. A l’inverse, letaux d’en<strong>de</strong>ttement n’est significatifque dans l’industrie.Un impact significatif seulementpour les petites entreprisesOn cherche maintenant à différencierle rôle <strong>de</strong>s variables explicativesselon la taille <strong>de</strong>s entreprises.On estime l’équation (2) où les variablessont les mêmes que dansl’équation (1) mais on autorise <strong>de</strong>ssensibilités différentes pour chaqueclasse <strong>de</strong> taille.Le rôle <strong>de</strong>s profits, <strong>de</strong>s taux d’intérêtet <strong>de</strong> l’en<strong>de</strong>ttement est particulièrementimportant pour les pluspetites entreprises (moins <strong>de</strong> 50 salariés).Pour les gran<strong>de</strong>s entreprises(50 salariés et plus), seul le tauxd’intérêt est significatif. On observeque le taux d’intérêt joue unrôle décroissant avec la taille : lecoefficient est <strong>de</strong>ux fois et <strong>de</strong>mieplus élevé, en valeur absolue, pourles moins <strong>de</strong> 20 salariés que pourles 500 salariés et plus : -0,48contre -0,20. Les estimations dansle secteur industriel ressemblentbeaucoup à celles effectuées danstous les secteurs. Dans le secteurtertiaire, les résultats sont peu encourageants: aucune variable n’estsignificative au seuil <strong>de</strong> 5%, et cellesqui le sont au seuil <strong>de</strong> 10% sontdifficilement explicables.Un impact plus fort après 1990On cherche maintenant à différencierle rôle <strong>de</strong>s variables explicativesselon la pério<strong>de</strong>, c’est-à-diredans une phase <strong>de</strong> croissance soutenue(1985-1990), puis dans unephase marquée par une récession etune reprise hésitante (1991-1996).TABLEAU 3 : ESTIMATEURS (1) "WITHIN" DE L’ÉQUATION 1Taux <strong>de</strong> margeTaux d’intérêt réelTaux d’en<strong>de</strong>ttement (-1)Variables Ensemble Industrie Services0,15**(0,08)-0,29*(0,06)-0,04*(0,02)0,11(0,1)-0,28*(0,07)-0,06*(0,02)0,23**(0,14)-0,31*(0,14)-0,02(0,03)Les chiffres entre parenthèses correspon<strong>de</strong>nt à l’écart-type.* : significatif à 5%.** : significatif à 10%.(1) Des Dummies temporelles sont introduites, mais ne sont pas répertoriées pour ne pas alourdir les tableaux.TABLEAU 4 : ESTIMATEURS "WITHIN" DE L’ÉQUATION 2Taux <strong>de</strong> marge (-20 salariés)Taux <strong>de</strong> marge (+500 salariés)Taux d’intérêt réel (-20 salariés)Taux d’intérêt réel (+500 salariés)Variables Ensemble Industrie ServicesTaux d’en<strong>de</strong>ttement (-1) (-20 salariés)Taux d’en<strong>de</strong>ttement (-1) (+500 salariés)Les chiffres entre parenthèses correspon<strong>de</strong>nt à l’écart-type.* : significatif à 5%.** : significatif à 10%.0,30*(0,15)0,03(0,08)-0,48*(0,18)-0,20*(0,08)-0,07*(0,03)-0,00(0,03)0,33*(0,15)-0,10(0,07)-0,55*(0,19)-0,11**(0,06)-0,11**(0,05)-0,01*(0,02)TABLEAU 5 : ESTIMATEURS "WITHIN" DE L’ÉQUATION 3Taux <strong>de</strong> marge (85-90)Taux <strong>de</strong> marge (91-96)Taux d’intérêt réel (85-90)Taux d’intérêt réel (91-96)0,04(0,27)0,26(0,17)0,28(0,64)-0,49*(0,25)-0,04(0,04)0,04(0,08)Variables Ensemble Industrie ServicesTaux d’en<strong>de</strong>ttement (-1) (85-90)Taux d’en<strong>de</strong>ttement (-1) (91-96)0,07(0,09)0,19*(0,08)-0,38*(0,11)-0,27*(0,06)-0,04(0,02)-0,05*(0,02)Les chiffres entre parenthèses correspon<strong>de</strong>nt à l’écart-type.* : significatif à 5%.** : significatif à 10%.0,04(0,11)0,16(0,10)-0,47*(0,15)-0,26*(0,07)-0,03(0,03)-0,13*(0,03)0,16(0,18)0,23**(0,14)-0,28**(0,17)-0,38*(0,15)-0,03(0,04)-0,02(0,03)38 Note <strong>de</strong> <strong>conjoncture</strong>
Investissement <strong>de</strong>s entreprises et contraintes financières entre 1985 et 1996On estime l’équation (3) où les variablessont les mêmes que dansl’équation (1) avec un coefficientparticulier calculé pour chacune<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pério<strong>de</strong>s.Les résultats montrent que les variables<strong>de</strong> financement jouent plusfortement en secon<strong>de</strong> pério<strong>de</strong>. Envaleur absolue, les coefficients dutaux <strong>de</strong> marge et du taux d’en<strong>de</strong>ttementsont supérieurs pendant laphase <strong>de</strong> récession. Le coefficientdu taux d’intérêt fait exception : ilest plus fort en première pério<strong>de</strong>pour l’ensemble <strong>de</strong>s secteurs. Maisla distinction industrie-services faitapparaître un contraste très net.L’effet du taux d’intérêt est plusfort en première pério<strong>de</strong> dans l’industrie.Mais dans les services, l’effetdu taux d’intérêt est faible et peusignificatif dans les années 80 et<strong>de</strong>vient plus fort et plus significatifau début <strong>de</strong>s années 90.Des contraintes sur le taux d’investissement<strong>de</strong>s petites entreprisesdu secteur <strong>de</strong>s services après1990On a vu qu’il existait <strong>de</strong>s différencesen fonction <strong>de</strong> la taille <strong>de</strong> l’entrepriseet du cycle. Il reste à combinerles <strong>de</strong>ux. On estimel’équation (4) où les variables sontles mêmes que dans l’équation (1),en contraignant les coefficients àêtre égaux en première pério<strong>de</strong> toutestailles confondues et en calculantun coefficient particulier pourchaque taille sur la pério<strong>de</strong> 1990-1996.Dans la première colonne du tableau6, on retrouve les résultats<strong>de</strong>s équations (1), (2) et (3) : d’unepart, plus les entreprises sont petites,plus l’impact <strong>de</strong>s variables estimportant ; d’autre part, pendant laphase <strong>de</strong> croissance soutenue, lesvariables jouent un rôle moinsgrand sur le taux d’investissement.TABLEAU 6 : ESTIMATEURS "WITHIN" DE L’ÉQUATION 4Taux <strong>de</strong> marge (85-90)Taux <strong>de</strong> marge (- 20 salariés)secon<strong>de</strong> pério<strong>de</strong>Taux <strong>de</strong> marge (+500 salariés)secon<strong>de</strong> pério<strong>de</strong>Taux d’intérêt réel (85-90)Taux d’intérêt réel (- 20 salariés)secon<strong>de</strong> pério<strong>de</strong>Taux d’intérêt réel (+500 salariés)secon<strong>de</strong> pério<strong>de</strong>Taux d’en<strong>de</strong>ttement (-1) (85-90)Variables Ensemble Industrie ServicesTaux d’en<strong>de</strong>ttement (-1) (- 20 salariés)secon<strong>de</strong> pério<strong>de</strong>Taux d’en<strong>de</strong>ttement (-1) (+500 salariés)secon<strong>de</strong> pério<strong>de</strong>Les chiffres entre parenthèses correspon<strong>de</strong>nt à l’écart-type.* : significatif à 5%.** : significatif à 10%.Après 1990, une baisse <strong>de</strong> 3 pointsdu taux <strong>de</strong> marge se traduirait parune baisse d’environ 1 point dutaux d’investissement pour les entreprises<strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 20 salariés.Pour les plus gran<strong>de</strong>s entreprises(plus <strong>de</strong> 500 salariés), le coefficientn’est pas significatif. L’effet dutaux d’intérêt réel apparent présentela même variation selon lataille : une hausse <strong>de</strong> 2 points dutaux d’intérêt se traduit par unebaisse du taux d’investissement <strong>de</strong>1 point pour les plus petites entrepriseset <strong>de</strong> seulement d’un quart <strong>de</strong>point pour les plus gran<strong>de</strong>s. La distinctionentre les <strong>de</strong>ux secteursconfirme les précé<strong>de</strong>nts résultats :les effets du taux <strong>de</strong> marge et dutaux d’intérêt sont <strong>de</strong>ux fois plusimportants dans les services lorsquele coefficient est significatif.L’effet <strong>de</strong> l’en<strong>de</strong>ttement dans l’industrieest toujours significatif,sauf pour les plus gran<strong>de</strong>s entreprises; en revanche, il ne joue pas dansles services quelle que soit la taille<strong>de</strong> l’entreprise (2) .Au total, les petites entreprises ontété les plus contraintes dans leurdécision d’investir entre 1990 et1996, particulièrement dans le secteur<strong>de</strong>s services.0,09(0,09)0,33*(0,12)0,04(0,07)-0,39*(0,11)-0,50*(0,13)-0,12*(0,06)-0,03(0,02)-0,07**(0,04)-0,01(0,02)0,04(0,10)0,27**(0,15)0,03(0,08)-0,47*(0,15)-0,38*(0,12)-0,19*(0,07)-0,02(0,03)-0,18*(0,05)-0,04(0,04)0,21(0,19)0,53*(0,19)0,00(0,14)-0,32**(0,18)-1,07*(0,40)-0,15(0,18)-0,03(0,04)-0,03(0,04)0,01(0,04)Les résultats confirment les intuitions<strong>de</strong> l’analyse du canal large ducrédit : les petites entreprises quin’ont pas facilement accès à d’autresmo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> financement que lescrédits bancaires ont été les plustouchées par le resserrement <strong>de</strong> lapolitique monétaire au début <strong>de</strong>sannées 90. Dans une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>développement <strong>de</strong>s petites entreprisesdu secteur tertiaire, la hausse<strong>de</strong>s taux d’intérêt ou la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>garanties pour avoir accès aux financementsbancaires peuventavoir un impact négatif marqué surl’investissement et l’activité. ■(2) On peut relier ce résultat sur le taux d’en<strong>de</strong>ttementen mettant en avant l’aspect pluscyclique <strong>de</strong>s investissements industriels. Eneffet, les investissements dans <strong>de</strong> gros équipementsdoivent représenter une part importante<strong>de</strong> l’investissement total. Une petite entreprisequi a renouvelé son équipement s’est sansdoute fortement en<strong>de</strong>ttée et ne compte pasréinvestir tout <strong>de</strong> suite. En ce qui concerne lesgran<strong>de</strong>s entreprises, leur en<strong>de</strong>ttement seraitmoins sensible du fait d’un renouvellementd’équipement plus diffus dans le temps. Il estvraisemblable que cette variable ne capte pasun effet d’ordre financier.Mars <strong>2000</strong> 39
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