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la vie devant soi

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Analyse et contrôles"La <strong>vie</strong> <strong>devant</strong> <strong>soi</strong>"Émile AjarRésuméC'est à Belleville, au sixième sansascenseur, chez madame Rosa, une<strong>vie</strong>ille Juive qui a connu Auschwitz,et qui autrefois, il y a bienlongtemps, "se défendait" rueBlondel. Elle a ouvert "une pensionsans famille pour les gosses quisont nés de travers", autrementdit une crèche c<strong>la</strong>ndestine où lesdames "qui se défendent"abandonnent plus ou moins leursrejetons de toutes les couleurs.Momo, dix ans ou aux alentours,raconte sa <strong>vie</strong> chez Madame Rosaet son amour pour <strong>la</strong> seule mamanqui lui reste, cette anciennerespectueuse, grosse, virile, <strong>la</strong>ide,sans cheveux, et qu'il aime de toutson cœur - presque autant que son"parapluie Arthur", une poupéequ'il s'est fabriquée avec un <strong>vie</strong>uxparapluie; il n'a pas de père etchez Madame Rosa, les autresgosses s'appellent Moïse, Bananiaou Michel. Lorsque Madame Rosa meurt, il lui peint le visage au Ripolin, l'arrose des parfums qu'il avolés et se couche près d'elle pour mourir aussi."Je m'appelle Mohammed mais tout le monde m'appelle Momo pour faire plus petit. Pendant longtempsje n'ai pas su que j'étais arabe parce que personne ne m'insultait. On me l'a seulement appris à l'école.La première chose que je peux vous dire c'est qu'on habitait au sixième à pied et que pour MadameRosa, avec tous ces kilos qu'elle portait sur elle et seulement deux jambes, c'était une vraie source de<strong>vie</strong> quotidienne, avec tous les soucis et les peines. Elle nous le rappe<strong>la</strong>it chaque fois qu'elle ne sep<strong>la</strong>ignait pas d'autre part, car elle était également juive. Sa santé n'était pas bonne non plus et jepeux vous dire aussi dès le début que c'était une femme qui aurait mérité un ascenseur.Madame Rosa était née en Pologne comme Juive mais elle s'était défendue au Maroc et en Algériependant plusieurs années et elle savait l'arabe comme vous et moi. Je devais avoir trois ans quand j'aivu Madame Rosa pour <strong>la</strong> première fois. Au début je ne savais pas que Madame Rosa s'occupait de moiseulement pour toucher un mandat à <strong>la</strong> fin du mois. Quand je l'ai appris, ça m'a fait un coup de savoirque j'étais payé. Je croyais que Madame Rosa m'aimait pour rien et qu'on était quelqu'un l'un pourl'autre. J'en ai pleuré toute une nuit et c'était mon premier grand chagrin.A.R.Tamines Bothy G. page 26 sur 33

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