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HISTOIRENATURELLE,GÉNÉRALE ET PARTICULIERE;*' " ' > > • • • mDESOISEAUX.^ • — - • • • ! . . , - • • ! • • • — « . — • I — Il •••. • I • • — • •• •••• I —TOME CINQUANTE-SEPTIEME,


CHEZ


Y. CLXXXZV.jTfy /V.


H I S T O I R ENATURELLEDES OISEAUX.Suite des Oiseaux étrangers qui ont. rapport à la Cigogne.LE J A B I R U (1) (2).Voyez les planches enlumin. n° 817, et pi. CLXXXIVjde ce volume».E N multipliant les reptiles sur les plagesnoyées de F Amazone et de rOrénoque, laNature semble avoir produit en même temsles oiseaux destructeurs de ces espèces nui-(1) Jabiru brasiliensibus, belgisvulgonegro.Ma.rcg.Hist. nat. brasil. pag. 200, avec une figuretransposéesous l'article suivant.—Jonston , Avi. pag. 157.-—Willulghby , Ornithol. pag. 201. — Ray , Synops. avi.pag. 96 , n° 4« — Ciconia in toto corpore candida ;capite et collo supremo nudis et nigris.... ciconiaguianensis. Brisson , Ornithol. tom. V, pag. 373.(2) A la G marie y touyouy ou, nom qui a été niai àpropos appliqué à l'autruche de l'Amérique , ainsi queje l'ai démontré dans mes notes à l'article de l'autruchede Magellan, volume XL de cet ouvrage, pag. 291.Les auteurs méthodistes ont créé un nouveau genraA 5


DE LA CIGOGNE.


aHISTOIREdu bec, feroit près de six pieds : c'est leplus grand oiseau de la Guiane.Jonston et Willulghby n'ont fait que copierMarcgrave au sujet du jabiru (1) ; ils ontausd copié ses figures avec les! défauts quis'y trouvent ; et il y a dans Marcgrave mêmeune confusion (2), ou plutôt mie méprised éditeur que nos nomenclateurs, loin decorriger, n'ont fait qu'augmenter, et quenous allons tâcher d'éelaircir.a Le jabiru des brasiliens que les hollandaisont nommé negro, dit Marcgrave, ale corps plus gros que celui du cigne, etde même longueur ; le cou est gros commele bras d'un homme; la tête grande à proportion; l'œil noir ; le bec noir, droit, longde douze pouces , large de deux et demi,tranchant par les bords ; la partie supérieure(1) Willulghby, Ornith.pag. 201, tab 47- — Jonst^Àvi. pag. 137 , tab. 59. — Ray, Synops. avi. pag. 96,n°4.(2) Marcgrave, Hist. nat. brasil. pag. 200. Jabirubrais.iliensibus, belgis vulgo negro. Bairère , qui doitl'avoir vu dans sa terre natale, le place dans, son Ornithologie(çlas. 4 ?gen. 9, sp. 10 ) > sous lo nom ftarquataa'nericanq cinerea maxima,vertice calvo et rugoso : etailleurs ( France équinoxiale , pag. i53 ) il en fait•$n,e grue \ gras incurvato rostro , vertice calvo et rugoso.\


DE LA CIGOGNE. 9est un peu soulevée et plus forte que l'inférieure; tout le bec est légèrement courbévers le haut ».Sans aller plus loin, et à ces caractèresfrappans et uniques on ne peut méconnoîtrele jabiru de la Guiane, c'est-à-dire, le grandjabiru que nous venons de décrire sur l'oiseaumême : cependant on voit avec surprise,dans Marcgrave, au dessous de ce corps épaisqu'il vient de représenter, et de ce bec singulierarqué en haut, un bec fortement arquéen bas, un corps effilé et sans épaisseur, enun mot, un oiseau, à la grosseur du cou près,totalement différent de celui qu'il vient dedécrire ; mais, en jetant [les yeux sur l'autrepage, on aperçoit sous son jabiru des pétivaresou nhandu-apoades.tupinambes, qu'ildit de la taille de la cigogne, avec le becarqué en bas, un grand oiseau au port droit,au corps épais, au bec arqué en haut, etqu'on reconnoît parfaitement pour être legrand jabiru, le véritable objet de sa descriptionprécédente, à la grosseur du cou près,qui n'est pas exprimée dans la figure ; il fautdonc reconnoître ici une double erreur,l'une de gravure et l'autre de transposition,qui a fait prêter au nhandu-apoa le cou épaisdu jabiru, et qui a placé ce dernier sous la


ioHISTOIREdescription du nhandu-apoa, tandis que lafigure de celui-ci se voit sous la descriptiondu jabiru.Tout ce qu'ajoute Marcgrave sert à éclaircircette méprise, et à prouver ce que nousvenons d'avancer; il donne au jabiru brasiliende fortes jambes noires, écailleuses,hautes de deux pieds ; tout le corps couvertde plumes blanches, le cou nu, revêtu d'unepeau noire aux deux tiers depuis la tête, etformant au dessous un cercle qu'il dit blanc,mais que nous croyons rouge dans l'animalvivant (1) : voilà en tout et dans tous ses traitsnotre grand jabiru de la Guiane ( 2 ). Aureste, Pison ne s'est point trompé commeMarcgrave; il donne la véritable figure dugrand jabiru sous son vrai nom de jabiruguacu , et il dit qu'on le rencontre aux bordsdes lacs et rivières dans les lieux écartés ; quesa chair, quoique ordinairement très-sèche,(1) La peau nue du cou est en effet d'un rouge vifà la partie inférieure ; en se desséchant, cette peaudevient blanchâtre. SONNINI.( 2 ) Le docteur Grew décrit une tète de jabint( Mus. reg. soc. pag. 65 ), qui est exactement encore latète de jabiru de Cayenne. Le grand bec de cet oiseause trouve dans la plupart des cabinets comme espèceinconnue.


DE LA CIGOGNE, un*est point mauvaise. Cet oiseau engraissedans la saison des pluies, et c'est alors queles indiens le mangent le plus volontiers ; ilsle tuent aisément à coups de fusil, et mêmeà coups de flèches. Du reste, Pison trouveaux pennes des ailes un reflet de rouge, quenous n'avons pu remarquer dans l'oiseau quinous a été envoyé de Cayenne, mais qui peutbien se trouver dans les jabirus au Brésil (1).ym > i. » • . • •„ ...il . •• i — ' , - , . , , , . • „ .- . . « i . , •a/(i) Le jabiru s'élève fort haut; il fait son nid surles grands arbres, et la femelle y dépose et couve ordinairementdeux œufs, et quelquefois un seul. C'est unoiseau très-vorace qui fait une grande consommationde poissons; du reste il n'a rien du caractère sombreet farouche des oiseaux de proie ; il est peu sauvageet on l'approche aisément, sur-tout lorsqu'il est jeune.On le trouve fréquemment dans les grandes savaîlnesnoyées de la Guianc ; l'espèce paroît être moins communequ'autrefois, ou s'être éloignée des cantonshabités, car il y a dans l'île de Cayenne une saVanneque l'on appelle la savanne du touyouyou, et danslaquelle l'on ne voit plus cet oiseau.Mauduyt reproche fort inconsidérément à Bajon ,âni a donné quelques mémoires sur Cayenne, d'avoirappliqué au jabiru le nom de touyouyou , parce que,d'après quelques auteurs, dit-il, ce nom appartient àun oiseau très-différent. La vérité est cependant quele touyouyou de la Guiane est réellement le mêmeoiseau que le jabiru du Brésil.J'ai vu dans le camp de Sinamari , à la fin de


i 3HISTOIREnovembre 1778, un jeune touyouyou, dont j ai prisla description à l'instant même de sa mort.Il avoit cinq pieds deux pouces de long, mesurédepuis l'extrémité du bec jusqu'à celle de la queue; lebec, long de neuf pouces et demi, étoit conformécomme celui du jabiru adulte, à l'exception qu'ayantmoins de grandeur et d'épaisseur, la courbure en arcvers le haut étoit moins sensible; la mandibule supérieurepassoit l'inférieure de deux lignes et demie , etse& bords avoient une échancrure peu profonde à l'endroitoù aboutit la mandibule inférieure ; toutes deuxétaient noires. Les ouvertures des narines ne paroissoientqu'une fente très-étroite , longue de neuf à dixlignes, commençant à vingt-une lignes de distancede l'angle antérieur de l'oeil, et s'étendant jusqu'à unpouce de la pointe du bec par une rainure qui en estla continuation , mais qui ne pénètre point dans lebec. Sur le front paroissoient quelques barbes raresd'un gris brun ; les plumes décomposées , mais bienfournies du sommet et du derrière de la tête , avoientla même teinte et un liseré gris roussâtre à leur extrémité.La moitié du cou étoit entièrement nue; la peauen étoit noire , flasqueet ridée ; le reste du cou étoitcouvert en dessus et en dessous d'un mélange de plumesgrises et blanches; entre-ces deux parties l'on remarquoitun espace à peu près nu , sur lequel étoient parsemées,en très-petit nombre , de petites plumes sur une peaujaunâtre; c'était l'effet du dépouillement progressif ducou que l'oiseau adulte a tout à fait sans plumes. Ledos étoit couvert jusqu'à son milieu de plumes griseset blanches, avec une bordure] d'un gris clair etteinté de roussilre ; le reste du dos, les couvertures


DE LA CIGOGNE. i33u dessus et du dessous de la queue, les pennes de laqueue, la poitrine et le ventre étoient tout blancs; laqueue avoit huit pouces neuf lignes de longueur, etn'était point étagée; des plumes grises, entremêléesde quelques plumes blanches, composoient les couverturessupérieures des ailes ; les grandes avoientune couleur grise argentée, de même que la moitiéinférieure des pennes qui étoient blanches vers leurorigine; les couvertures inférieures les plus proches ducorps étoient entièrement blanches, mais en s'éloignantelles étoient, comme les couvertures des jambes, mêléesde plumes grises. Les jambes étoient nues à sixpouces et demi au dessus du talon ; cette partie nueétoit noire et couverte d'écaillés rhomboïdales, ainsique le tarse , long de dix pouces et demi ; le doigt dumilieu avoit quatre pouces de longueur ; celui de derrièren'en avoit que la moitié j les ongles étoient obtua©t peu saillans. S#xw m*


14 HISTOIRELE NANDAPOA (i).KJ E T oiseau, beaucoup plus petit que lejabiru, a néanmoins été nommé grand (jabiruguacu) dans quelques contrées où le vrai jabirun'étoit apparemment pas encore connu; maisson vrai nom brasiliçn est nandapoa; il ressembleau jabiru en ce qu'il a de même la têteet le haut du cou dénués de plumes et recouvertsseulement d'une peau écailleuse ; maisil en diffère par le bec qui est arqué en bas, etqui n'a que sept pouces de longueur. Cetoiseau est à peu près de la taille de la cigogne;-••( i ) Jabiru guacu petiguarensibus , nhandu - apoatupinambis. Marcgrave, Hist. nat. bras, in-fol. edit.Elzevir, pag. 201. — Jabiru guacu. Pison , Hist. nat.pag. 87. —Par une contre-échange, la figure de cepetit jabiru ou nandu-apoa , est portée dans ces deuxauteurs sous l'article du vrai jabiru. — Jonston, Avi.pag. 137. — Ray, Synops. avi. pag. 96 , n° 5. —Willulghby,Ornilh.pag. 202. — Mycteria americana. Lin.Syst. nat. edit. 10, gen. 74, sp. ,. _Ciconia alba;capite anteriore nudo , cinereo - albicante ; remigibusnigro-rubescentibus ; rectricibus nigrisIrasiliemis. Biis^on , Ornithol. tom. V, pag. 5 ?l .ciconia


DE LA CIGOGNE. i5le sommet de sa tête est couvert d'un bourreletosseux d'un blanc grisâtre ; les yeux sontnoirs; les oreilles sont larges et très-ouvertes;le cou est long de dix pouces ; les jambes lesont de huit, les pieds de six; ils sont de couleurcendrée ; les pennes de l'aile et de laqueue, qui ne passe pas l'aile pliée, sontnoires, avec un reflet d'un beau rouge danscelles de l'aile ; le reste du plumage est blanc;les plumes du bas du cou sont un peu longueset pendantes. La chair de cet oiseau est debon goût, et se mange après avoir été dépouilléede sa peau.Il est encore clair que cette seconde descriptionde Marcgrave convient à la premièrefigure, autant que la seconde convientà la description du jabiru du Brésil, ou denotre grand jabiru de la Guiane , qui estcertainement le même oiseau. Telle est laconfusion qui peut naître en histoire naturelled'une légère méprise, et qui ne faitqu'aller en croissant; quand, satisfaits de secopier les uns les autres (1) sans discussion,(i) Nota. M. Brisson , sans avoir apparemment plusconsulté le texte de Marcgrave que soupçonné l'erreurde ses figures, dit du grand jabiru qu'il a le bec courbé«n eu bas ( Ornithol. tom. V, pag. 374 )-, au lieu que


t€ HISTOIREsans étude de la Nature, les nomenclateitrsne multiplient les livres qu'au détriment dola science,Marcgrave dit qu'il l'a arqué en haut : ce n'est auxeste qu'après avoir enté le bec de ce vrai et grandjabiru [jabiru negro ) sur le corps du nandapoa oujabiru des taupinambous (ibid. pag. 571 ), auquelMarcgrave ne donne qu'un bec de cigogne de septpouces, que M. lirisson tombe dans cette dernièroerreur, qui n'est qu'une suite de la première*LE


DE LA CIGOGNE. 17LE T A Y A Y A,PAR SONNINI.y^tET oiseau de la Guiane, que j'ai fait connoîtrele premier en le remettant au cabinetd'histoire naturelle de Paris, et dont aucunnaturaliste n'a fait encore aucune mention;cet oiseau, dis-je, ressemble bien plusà la cigogne que le maguari, et pourroit, àplus juste titre, en être considéré commele représentant dans le nouveau monde. Eneffet, il n'en diffère guère que par la tailleun peu plus grande. Les naturels de la Guianel'appellent tayaya, à cause de ses rapportsavec le jabiru qu'ils nomment touyouyou; jeleur ai aussi entendu donner quelquefois lenom de bdtiss : il est beaucoup plus rare quele jabiru.TOME LVII.B/


i8HISTOIRELACIGOGNETOUTE BLANCHE,PAR SONNINI.Ju A cigogne commune a le plumage bJanc,excepté les ailes qui sont noires; Ton en voit,suivant le rapport de M. Pal-las (i), uneespèce entièrement blanche, aux environs deSamara dans la Bulgarie, où on la nommesterchi.(i) Voyages en différentes provinces de l'empire deRussie et dans l'Asie septentrionale ; tom. I, in-4 9 del'édition française, pag. 226.


DELA CIGOGNE. 19LE JABIRU DES INDES (1),PAR SONNINI.IM. Latham fait mention d'un oiseau qu'ilappelle jabiru des Indes (2), et qui, par celamême qu'il habite les Indes orientales, nepeut être rangé avec le jabiru, dont l'espèceest confinée dans les contrées méridionalesde F Amérique. Il a d'ailleurs des caractèresparticuliers qui le distinguent du jabiru ;cependant, comme ce que M. Latham enrapporte n'est pas suffisant à beaucoup prèspour fixer l'opinion , je l'ai laissé sous ladénomination que cet ornithologiste lui adonnée, jusqu'à ce que l'on soit plus instruitsur son sujet.Son bec noir a en dessus un excroissancecornée , et en dessous un renflement ; dechaque côté de la tête est un large trait noir(1) Mycteria alba y fasciâ per oculos , dorso infime ,rernigibus rectricibusque nigris. . . mycteria asiatica.Latham , Syst. ornith. gen. 66, sp. 1.(2) Supplément to the gênerai synopsis of birds,pag. 251 ? n° 2. Indian jabiru.B 2


2oHISTOIREqui traverse l'œil ; le bas du dos, les ailes etla queue sont aussi noires, et le reste du plumageest blanc; les pieds sont rouges. Cettedescription a été prise sur une dépouille peutêtreincomplette, conservée dans la collectionde lady Impey, et M. Latham ajouteque l'oiseau se nourrit de coquillages.


DE LAGRUE.LA GRUE (i) (2).Voyez les planches enlumin. n° 769 ; et pi. CLXXXIVde ce volume.JJE tous les oiseaux voyageurs, c'est la gruequi entreprend et exécute les courses les plus(1) En grec, geranos. En latin, grus. En italien,gru, grua. En espagnol, grulla , gruz. En allemand ,krane, Jcranich. En anglais, crâne. En anglo-saxon,cran ou croen. En gallois, garan. En Suisse , krye. Ensuédois , trana. En danois trane ( c'est une choseremarquable que le nom de cet oiseau, imité de savoix, soit à peu près le même dans la plupart deslangues). En polonais, zoraw. En illyrien , gerzab :on ne sait si la grue avoit un nom en hébreu; dumoins on ne peut le démêler dans cette langue obscure,quoique pauvre. Dans Jérémie ( Jérem. 8),où Bochart prend le mot agur pour la grue , la Vulgatetraduit agur par ciconia ; ailleurs ( Isaï. 58 ),par hirundo. Dans ce second passage, le mot sus esttraduit la grue ; mais dans le premier où ce même motse trouve, il est interprété l'hirondelle.Grue. ( Belon, Hist. nat. des oiseaux, pag. 187,avec une mauvaise figure,répétée Portraits d'oiseaux,pag. 4^> &*) —Grus. Aldrovande, Avi. tom. III;pag. 324 ) avec une figure peu exacte, pag. 529 >B 3


*s HISTOIRElointaines et les plus hardies. Originaire dunord, elle visite les régions tempérées, etUl I I • I .1 • - , , , , . Il I .1 .1 . !.. .11 — - I • • . — — • • • — — • «iempruntée par Jouston, Avi. pag. II4> tab. 54? etrépétée. — Willulghby, Ornith. pag. 200 , tab. 48. —-Gesner, Avi. pag. 528, avec une figure défectueuse.La même répétée dans l'Icon avi. pag. 19. — Ray,Synops. pag. Q5 , n° a , 1. — Schwenckfeld , Avi. Si les.pag. 284» — Charleton ,Exerc. pag. 1 \/ {y n° 1. Idem ,Onomazl. pag. no, n° 1. — Sibbald , Scot. illustr.part. II, lib. 5, pag. 18. — Rzaczynski y Hist. nat.poîon. pag 585. — The crâne. Brit. zool. pag. 118»-•— Marsigl. Daiiub. tom. V, pag. 6. — Prosp. Alp.iEgypt. vol. I, pag. 199. — Moehring, Avi. gen. 79^— Grus nostras. Klein , Avi. pag. 121 , n° 1. — Derkranich. Frisch , vol. II, divis. 2 , seet. 1 , pi. 1. —Albin, tôm. II , pag. 41 > avec une figure de faussesteintes et dure , comme la plupart de ses enluminures.— Ardea verticepapilloso. Lin. Fauna suec. n° i3f.Ardea vertice nudo papilloso 7froute , remigibus , occipitequenigris , çorpore cinereo. .. grus. Syst. nat.edit. 10. —Ardearostro rubro , robusto, quadrangulo.Barrère , Ornithol. clas. 4, gen. 1 , sp. 10. — Grus ,dards trane. Brunnich. Ornithol. boréal. n° i56. —Ciconia. cmerea ; capite superiore, pennis nigris ? inoccipite rasis , pilcrum œmulis , obsiùô; vertice nigro ,occipitio rubro; macula triangulari infra occipitiumsaturatè cinereâ ; genis ponè oculos et collo superiorecandidis; remigihus nigris; rectricibus prima medietatesaturatè cinereis , altéra nigricanlibus.


HE LA GRUE. 25s'avance dans celle du midi. On la voit enSuède(1), en Ecosse, aux îles Orcades(a),dans la Podolie, la Volhinie (3), la Lithuanie(4) et dans toute l'Europe septentrionale:en automne,elle vient s'abattre sur nos plainesmarécageuses et nos terres ensemencées (5),puis elle se hâte de passer dans des climatsplus méridionaux , d'où revenant avec leprintems, on la revoit s'enfoncer de nouveaudans le nord, et parcourir ainsi un cercle devoyages avec le cercle des saisons.que nigris, cor pore cinereo , tectricibus wtimis laceris,ardea grus. Lin. Syst. nat. edit. i5 , gen. 84 asp. 4* — Latham, Syst. ornith. gen. 49 ? S P* 5.SoNNlNï.(i) Fauna suecica.(2) Sibbald , Scot. illustr.(5) Rzaczynski, Auctuar. pag. 585.(4) Klein , de Avib. erratic. et migrator. pag. 199.(5)


£4 HISTOIREFrappés de ces continuelles migrations}les anciens l'appeloient également Y oiseau deLybie (1) et Y oiseau de Scythie (2), la voyanttour à tour arriver de l'un et de l'autre de cesextrémités du monde alors connu ; Hérodote,aussi bien qu'Aristote, place en Scythie l'étédes grues (3). C'est en effet de ces régionsque partoient celles qui s'arrêtoient dans laGrèce. La Thessalie est appelée dans Platonle pâturage des grues ; elles s'y abattoient entroupes, et couvroient aussi les HesCyclades :pour marquer la saison de leur passage,« leur voix, dit Hésiode (4), annonce du hautdes airs au laboureur le tems d'ouvrir laterre (5)». L'Inde et L'Ethiopie étoient desrégions désignées pour leur route au midi (6).(1) Euripid. in Helenâ.(2) Alice ex ultimis, ut ita dicam , demigrant, utgrues yquœ à Scythiâ inpaludes quœ sunt supràAEgyptum>undè Jluit Nilus, commeant. Arist. Hist. animal.lib. 8, cap. i5.(5) Euterp. 22.(4) Dans le Poëme des œuvres et des jours.(5) Et dans Théognis, (f j'ai ouï le cri éclatant del'oiseau qui annonce le tems du labour».(6) « La haute Egypte est pleine de grues pendantl'hyver; elles y viennent des pays du nord, pour ypasser seulement les mois du froid». (Voyage à%Granger, pag. a58. )


DE LA GRUE. s5Strabon dit que les indiens mangent lesœufs des grues ( 1 ) ; Hérodote , que leségyptiens couvrent de leurs peaux des boucliers(2), et c'est aux sources du Nil queles anciens les envoyoient combattre lespygmées, sorte de petits hommes, dit Aristote,montés sur de petits chevaux, et qiiihabitent des cavernes ( 3 ). Pline arme cespetits hommes de flèches ; il les fait porterpar les béliers (4), et descendre au priritemsdes montagnes de l'Inde, ou ils habitent sous?un ciel pur, pour venir vers la mer orientalesoutenir, trois mois durant, la guerre contreles grues, briser leurs œufs, enlever leurspetits ; « sans quoi, dit-il, ils ne pourraientrésister aux troupes toujours plus nombreusesde ces oiseaux», qui finirent par les accabler^tm - , . • 1 „ , -•••.«•• , .i. 1 • ... • ..(1) Lib. i5.(2) Lib. 7.(3) Ea loca sunt quœ pygmei incolunt : pusillumgenus, ut aiwnt, ipsi, atque etiam, equi : cavernasquehabitant. Aristot. Hist. animal, lib. 8 , cap. i5.(4) Fama est insidentes ( pygmœos ) arietum caprasnmquedorsis, armatos sagittis , péris tempore, universoagmine ad mare descendere , et ova pullosqueeorum alitum ^onsumere ; ternis expeditioncm eammensibus confici ; aliter futuris gregibus non resisïi*Plia. lib. 7 , cap. 2.


26 HISTOIREà ce que pense Pline lui-même, puisque parcourantdes villes maintenant désertes ouruinées, et que d'anciens peuples habitèrent,il compte celle de Gérania, où vivoit autrefoisla race des pygmées , qu'on croit enavoir été chassés par les grues (1);Ces fables anciennes ( 2 ) sont absurdes,dira-t-on, et j'en conviens ; mais, accoutumésà trouver dans ces fables des vérités cachéeset des faits qu'on n'a pu mieux connoître,nous devons être sobres à porter ce jugementtrop facile à la vanité,et trop naturel à l'ignorance;nous aimons mieux croire que quelquesparticularités singulières dans l'histoirede ces oiseaux donnèrent lieu à une opinionsi répandue dans mie antiquité , qu'aprèsavoir si souvent taxée de mensonges, nosnouvelles découvertes nous ont forcés dereconnoître instruite avant nous. On saitque les singes, qui vont en grandes troupesdans la plupart des légions de l'Afrique etde l'Inde , font une guerre continuelle auxoiseaux ; ils cherchent à surprendre leur(1) Lib, 4 > eap. 9.(2) Elles précèdent le tems d'Homère , qui compare(Iliad. 5) les troyens aux grues combattant à grandbruit les pygmées.


D E L A GRUE. 27nichée , et ne cessent de leur dresser desembûches ; les grues, à leur arrivée, trouventces ennemis, peut-être rassemblés en grandnombre pour attaquer cette nouvelle et richeproie avec plus d'avantage ; les grues, assezsûres de leur propres forces, exercées mêmeentre elles aux combats (i),et naturellementassez disposées à la lutte , comme il paroîtpar les attitudes où elles se jouent, les mouvemensqu'elles affectent , et à l'ordre desbatailles, par celui.même de leur vol et deleurs départs, se défendent vivement ; maisles singes , acharnés à enlever leurs œufset leurs petits, reviennent sans cesse et entroupes au combat; et comme, par leursstratagèmes, leurs mines et leurs postures,ils semblent imiter les actions humaines,ilsparurent être une troupe de petits hommes àdes gens peu instruits, ou qui n'aperçurentque de loin, ou qui, emportés par l'amourde l'extraordinaire, préfèrent de mettre cemerveilleux dans leurs relations ( 2 ). Voilàl'origine et l'histoire de ces fables.(1) Grues etiam pugnant inter se tam vehementer,ut dimicantes capiantur. Arist. Hist. animal, lib. 9,cap. 12.(2) Ce n'est pas la première fois


28 HISTOIRELes grues portent leur vol très-haut, etse mettent en ordre pour voyager; elJesforment un triangle à peu près isocèle,comme pour fendre l'air plus aisément.Quand le vent se renforce et menace de lesrompre, elles se resserrent en cercle , cequ'elles font aussi quand l'aigle les attaque ;leur passage se fait le plus souvent dans lanuit, mais leur voix éclatante avertit deleur marche; dans ce vol de nuit, le cheffait entendre fréquemment une vcix deréclame,pour avertir de la route qu'il tient;elle est répétée par la troupe , où chacunrépond comme pour faire connoître qu'ellesuit et garde sa ligne.singes furent prises pour des hordes de peuplades sauvages, sans compter le combat de carthaginois contreles orang - outangs sur une côte de l'Afrique , et les;peaux de trois femelles pendues dans le temple deJunon à Cartilage, comme des peaux de femmes sauvages(Hannon,Peripl.hagse, 1674? P-77)' Alexandre,pénétrant dans les Indes , alloit tomber dans cetteerreur, et envoyer sa phalange contre une armée depongos, si le roi Taxile ne l'eût détrompé , en luifaisant.remarquer que cette multitude qu'on voyoitsuivre les hauteurs étoient des animaux paisibles attiréspar le spectacle; mais à la vérité infiniment moinsinsensés, moins sanguinaires que les déprédateurs del'Asie, ( Voyez Strabon, lib. i5.)


DE LA GRUE. 29Le vol de la grue est toujours soutenuquoique marqué par diverses inflexions; sesvols différens ont été observés comme desprésages des changemens du ciel et de latempérature ; sagacité que l'on peut bienaccorder à un oiseau, qui, par la hauteuroù il s'élève dans la région de l'air, est enétat d'en découvrir ou sentir de plus loinque nous les mouvemens et les altérations (1).Les cris des grues dans le jour indiquent lapluie ; des clameurs plus bruyantes et commetumultueuses annoncent la tempête; si, lematin ou le soir, on les voit s'élever et volerpaisiblement en troupe, c'est un indice desérénité ; au contraire, si elles pressententl'orage, elles baissent leur vol et s'abatteftten terre ( 2 ). La grue a, comme tous lesgrands oiseaux , excepté ceux de proie ,quelque peine à prendre son essor. Ellecourt quelques pas, ouvre ses ailes rs'élèvepeu d'abord, jusqu'à ce qu'étendant son vol,elle déploie une aile puissante et îapide.A terre, les grues rassemblées établissentH*. 1 1 •• ' •-*• • ' • ....... .1 •••,•••••• • 1 • • • - 1 . m(1) Volant allé P ut proculprospicere possint. Arist.lib. 9 , cap. 10.(2) Et si imbris tempestatemque viderint, conférant** in terram et humi quiescunt. Idem ; ibidem.


3oHISTOIREune garde pendant la nuit, et la circonspectionde ces oiseaux a été consacrée dansles hiéroglyphes comme le symbole de lavigilance : la troupe dort la tête cachée sousl'aile, mais le chef veille la tète haute , et siquelque objet le frappe, il en avertit parun cri (1) : c'est pour le départ, dit Pline,qu'elles choisissent ce chef (2); niais sans imaginerun pouvoir reçu ou donné, commedans les sociétés humaines, on ne peutrefuser à ces animaux l'intelligence socialede se rassembler, de suivre celui qui appelle,qui précède, qui dirige pour faire le départ,le voyage, le retour dans tout cet ordre ,qu'un admirable instinct leur fait suivre ;a#ssi Aristote place ~t -il la grue à la têtedes oiseaux qui s'attroupent et se plaisentrassemblés (3).(1) Cum consistant cœterœ dormiunt, capite subteralam condilo, alternis pedibus insistentes : dux erectocapite prospxctt, et quud senserit voce significat. Arist.Hist. animal, lib. 9, cap. 10. Pline dit la même chose,lib. 10, cap. 5o.(2) Quando proficiscantur consentiunt. .. ducemquem sequantur eligunt. In extremo agmine per vicesqui acclament dispositos habent , et qui grevern vocecontineant. Pline-lib. 10, cap. 5o. -(5) Grégales aves sunt grus \ ôter, etc. Hist. animal?"


DE LA GRUE. 5iLes premiers froids de l'automne avertissentles grues de la révolution de la saison •elles partent alors pour changer de ciel.Celles du Danube et de l'Allemagne passentsur l'Italie (1). Dans nos provinces de France,elles paraissent aux mois de septembre etd'octobre , et jusqu'en novembre , lorsquele tems de l'arrière automne est doux ; maisla plupart ne font que passer rapidement etne s'arrêtent point ; elles reviennent au premierprintems en mars et avril. Quelquesuness'égarent ou hâtent leur retour ; carRédi en a vu, le 20 de février, aux environsde Pise. 11 paroît qu'elles passoient jadis toutl'été en Angleterre , puisque du tems deRay, c'est-à-dire , au commencement de cesiècle, on les trou voit par grandes troupesdans les terrains marécageux des provincesde Lincoln et de Cambridge; mais aujourd'huiles auteurs de la Zoologie britanniquedisent que ces oiseaux ne fréquentent quelib. 8, cap. 12; et Festus donne l'étymologie du motcongruere, quasi ut grues convenue.(1) Willulghby dit qu'on en voit assez communémentdans les marchés de Rome ; et Rzaczynski prétendqu'un petit nombre reste l'hyver en Pologne àl'entour de certains marais qui ne gèlent pas. ( VoyezRzaczynski, Hist. nat. polon. pag, 282.)


&2 HISTOIREfort peu l'île de la Grande - Bretagne, oùcependant l'on se souvient de les avoir vunicher : tellement qu'il y avoit une amendeprononcée contre qui briserait leurs œufs ; etqu'on voyoit communément, suivant Turner,des petits gruaux dans les marchés(1);leur chair est en effet une viande délicatedont les romains faisoient grand cas. Maisje ne sais si ce fait, avancé par les auteurs dela Zoologie britannique, n'est pas suspect (2),car on ne voit pas quelle est la cause qui apu éloigner les grues de l'Angleterre; ilsmm < ' • ' 1'!• 11 • •-••. m • n -(1) «Tins species (crâne) we place among the Britischbirds, on the authority of M. Ray; who informus that in his lime they were found during te winterin large flocks in Lincolnshire , and Cambridgshire jat présent theinhabitents of those countries seem uuacquintedwith them. .. Tho'this species very rarelyfréquents thèse Islands at présent, yct it was formerlya native, as we find in Willulghby. That there was apenalty of twenly pence, for destroying an Egg ofthis bird ; andTurner relates that lie lias very oftentseen their young in our marskes». (Britisch zoology,pag. 118.)(2) M. Latham confirme le fait avancé par les auteursde la Zoologie britannique , et il assure que lagrue , qui etoit comptée au nombre des oiseaux assezcommuns en Angleterre , ne s'y montre plus que trèsrarement.SONNIKI,auroient


DE LA GRUE. 53auraient au moins dû l'indiquer et nousapprendre si l'on a desséché les marais descontrées de Cambridge et de Lincoln, carce n'est point une diminution dans l'espèce,puisque les grues paraissent toujours aussinombreuses en Suède,où Linnaeus dit qu'onles voit par-tout dans les campagnes humides.C'est en effet dans les terres du nord, autourdes marais , que la plupart vont poser leursnids (1) (Q) : ^d'autre coté, Strabon assure (3)que les grues ne nichent que dans les régions(1) Nidulantur in locis paludosis 7 quo accessits difficilisest. Klein, Ord. avi. pag. i2r# —In locis pa~lustribus et arundinaoeis Volhiniœ nidos ponunt etfœtus educant. Rzaczynski, Aucluar. pag. 585- « EIle«vont passer l'été bien loin, vers les contrées ou de lamer Glaciale, ou autres lieux marécageux, car étantlà en été trouvent les eaux à propos pour leur paistre,lorsque nos marais sont desséchés par la trop grandechaleur». (Belon, Nat. des oiseaux , pag. 122.)(2) Dans les contrées inhabitées près du Kinel et dela Samara en Tartarie, M. Pallas vit au mois de juinbeaucoup de grues se promenant avec leurs petits ;elles y arrivent vers le milieu de mars, et marchenten petites troupes cherchant leur nourriture dansles landes; elles étoient si peu sauvages qu'elles selaissoient approcher de fort près j les kalmouks deKoulaguina regardent ces oiseaux comme les pluspurs qui existent, et ils n'en tuent jamais. ( VoyagesTOME LVII.C


54 RIS TOIREde l'Inde, ce qui prouverait, comme nousl'avons vu de la cigogne, qu'elles font deuxnichées et dans les deux climats opposés.Les grues ne pondent que deux œufs (4) (5) ;les petits sont à peine élevés qu'arrive letems du 1 départ, et leurs premières forcessont employées à suivre et accompagnerleurs pères et mères dans leurs voyages (6).On prend la grue au lacet, à la passée (7) ;l'on en fait aussi le vol à l'aigle et au faucon (8).en Russie et dans l'Asie septentrionale , édition française, in-4 0 , tom. IV, pag. 226, 317, 343 et 65o.) Lemême voyageur rencontra un grand nombre de gruesdans les contrées couvertes de mares et. de petits lacs,|)rès de l'Argoun sur les confins de la Mongolie. {Ibid.,tom. IV, pag. 309. )(3) Géograph. lib. i5.SONMNI.(4) Pariunt autem grues ova bina. Aristot. Hist.animal, lib. 9 , cap. 18.(5) Ces œufs sont bleuâtres. SONNINI.(6) « Et communément rie fait que deux petits oùil y a mâle et femelle ; et sitôt qu'elles les ont eslevée*et apprins à Voler, elles s'en vont». (Belon, Nat. desoiseaux. ) .....( 7 ) Tum gruibus pedicas , et retia ponere cervii.yirg. Georg. 1.(8) Bernier vit au Mogol la chasse de la grue. « Cettechasse a quelque chose d'amusant ; il y a du plaisir àles voir employer toutes leurs forces pour ee défendre


DE LA GRUE. 35Dans certains cantons de la Pologne, lesgrues sont si nombreuses, que les paysanssont obligés de se bâtir des huttes au milieude leurs champs de blé sarrasin pour les enécarter ( 1 ). En Perse y où elles sont aussitrès-communes (2), la chasse en est réservéeaux plaisirs du prince (3); il en est de mêmeau Japon, où ce privilège, joint à des raisonsen l'air contre les oiseaux de proie. Elles en tuentquelquefois; mais, comme elles manquent d'adressepour se tourner , plusieurs bons oiseaux en triomphentà la fin ». ( Hist. génér. des voyages , tom. X , p. 102.)( 1 ) Rzaczynski, Hist. nat. polon. pag. 282.(2) Lettres édifiantes , vingt - huitième recueil fpage 517.(5) « Dès le grand matin, le roi de Perse fit direagux ambassadeurs qu'il iroit avec fort peu de gens àla chasse» des grues , les priant de n'y venir qu'avecleurs truchemens , afin que les grues ne fussent pointeffarouchées par le grand nombre , et que le plaisir dela chasse ne fût point troublé par le bruit. . . . Elle.commença avec le jour. .. On avoit fait sous terreun chemin couvert, au bout duquel étoit le champoù l'on avoit jeté du blé , les grues y vinrent en grandequantité , et l'on en prit plus de quatre-vingts. Le roien prit quelques plumes pour mettre sur son turban,et en donna deux à chacun des ambassadeurs qui lesmirent sur leurs chapeaux». (Voyage d'OleariusjParis, i656 7 tom. I, pag, 5o£.)C a


56 HISTOIREsuperstitieuses, fait que le peuple a pour lesgrues le plus grand respect (1) ; on en a vude privées> et qui, nourries dans Félat domestique, ont reçu quelque éducation ; etcomme leur instinct les porle naturellementà se jouer par divers satits, puis à marcheravec une affectation de gravité (2), on peutles dresser à des postures et à des danses (3).— — ^ m m — — m — — — 1 • • ' - •• .1 m • i.. 1 .——.— 1. • -— .i 1 , 1 1. 1 1 • mr(1) « Les oiseaux sauvages sont devenus si familiersdans les îles du Japon , qu'on en pourroit mettre plusieursespèces au rang des animaux domestiques ; leprincipal est le tsuriou la grue , qu'une loi particulièreréserve pour les diverlissemens ou l'usage de l'empereur.Cet oiseau et la tortue passent pour des animauxd'heureux augure; opinion fondée sur la longue viecju'ou leur attribue , et sur mille récits fabuleux dontles histoires sont remplies. Les appartemens de l'empereuret les murailles des temples sont ornés de leursfigures, comme on y voit par la même raison celles dusapin et du bambou ; jamais le peuple ne nomme unegrue autrement que o tsuriscirtia> c'est-à-dire, monseigneurla grue». Koempfer, Hist. natur. du Japon ,tom. I, pag. 112.(2) Avis superba }philauta; graditur gravitate ostentabili; nec tamen severa est, sed voluptate correptasatis jucunda ; saltatrix ; calculos , assulasque in aeremvibransy rurmsquejexcipere fingens. Klein , Ord. avi.pag. 121. 3(5) Mansuefactœ lasdviunt, ac gyros quosdam inêecorovursu peragunt. Vïin. lib. 10 9 cap. 3oi


D E L A G R U E. 3;Nous avons dit que les oiseaux, ayant letissu des os moins serré que les animaux quadrupèdes,vivoient à proportion plus longtems: la grue nous en fournit un exemple;plusieurs auteurs ont fait mention de salongue vie. La grue du philosophe LeonicusThomœus dans Paul Jove, est fameuse (1);il Ta nourrit pendant quarante ans, et Tondit qu'ils moururent ensemble.Quoique la grue soit granivore comme laconformation de son ventricule paroît l'indiquer, et qu'elle n'arrive ordinairementsur les terres qu'après qu'elles sont ensemencées,pour y chercher les grains que laherse n'a pas couverts ( 2 ), elle préfèrenéanmoins les insectes, les vers, les petitsreptiles, et c'est par cette raison qu'elle fréquenteles terres marécageuses dont elle tirela plus grande partie de sa subsistance.La membrane qui dans la cigogne engageles trois doigts, nen lie que deux dans lagrue, celui du milieu avec l'extérieur. La(1) E!og. vir. illust. 91.(2) De là son nom de moissonneuse ou amasseuse degrains. Geranos , quasi, gereynos apo tou ten ( ta tesges) speraiata ereyan yundè et spermologos, idest y frugileganominatur. Aldrovande , Avi. tom. III, p. 5a&c 3


38 HISTOIREtrachée-artère est d'une conformation très-'remarquable,* car, perçant le sternum, elle yentre profondément, forme plusieurs nœuds,et en ressort par la même ouverture pouraller aux poumons; c'est aux circonvolutionsde cet organe et au ressentiment qui s'y fait,qu'on doit attribuer la voix forte de cetoiseau (1) (2) ,• son ventricule est musculeux ;il y a double cœcum ( 3 ), et c'est en quoij*' • NJ—• .— t I. • -(1) « La grue a une chose en son anatomie que nousn'avons trouvé en aucun autre oiseau ; c'est que. sonsifflet , qui se rend aux poulmons, est en une autremanière qu'en tous autres, car il entre de côté etd'autre dans la chair suivant l'os du coffre de la poitrine, de quoi ne nous est merveille si elle a la voixqu'on oit de si loing; car à la vérité il n'est oiseauqui fasse la voix si hautaine que la grue ». (Belon, Nat.des oiseaux, pag. 187. ) —M. Duverney a fait dansl'académie la dissection d'une grue d'Afrique. . . On aremarqué que la trachée-artère forme trois contoursen manière de trompette; ils sont renfermés dans lacavité du sternum qui est osseux dans ces animaux».(Histoire de l'académie des sciences, depuis 1666jusqu'à 1686 , tom. II, pag. 6. )(2) Dans la femelle , la trachée-artère ne pénètrepas aussi avant dans la poitrine que celle du mâleet les circonvolutions qu'elle y forme sont beaucoupmoins nombreuses et moins considérables.(5) Willulghby.


DELA-GRUE. 3ç>Ja grue diffère à l'intérieur des hérons, quin'ont qu'un cœcum, comme elle en est àl'extérieur très-distinguée par sa grandeur,par le bec plus court, la taille plus fournie,et par toute l'habitude du corps et la couleurdu plumage ; ses ailes sont très - grandes,'garnies de forts muscles (1), et ont vingtquatrepennes.Le port de la grue est droit et sa figureest élancée ; tout le champ de son plumageest d'un beau cendré clair, onde, exceptéles pointes des ailes et la coiffure de la tête;les grandes pennes de l'aile sont noires; lesplus près du corps s'étendent quand l'aileest pliée au delà de la queue; les moyenneset grandes couvertures sont d'un cendréassez clair du côté extérieur, et noir au côtéintérieur aussi bien qu'à la pointe ; de dessousces dernières et les plus près du corps sortentet se relèvent de larges plumes à filets, quise troussent en panache , retombent avecgrâce, et par leur flexibilité ,Jeur position',"• 'w^^~~~ m i m i ^ ^ — — — ^ — — • ^ — • i i « i i . • • ~m———_ , - a ^ — —(j) La force des muscles qui fournit un vol aussilong , avoit apparemment donné lieu au préjugé oùl'on étoit du tems de Pline, qu'aucune fatigue ne lassecelui qui porte sur soi un nerf de grue : Non lassariin ullo labore qui nervos ex alis et cruribus gruis habeat,Lib. i8, cap. 87.c 4


40 HISTOIREleur tissu, ressemblent à ces mêmes plumesdans l'autruche ; le bec , depuis sa pointejusqu'aux angles, a quatre pouces; il estdroit, pointu, comprimé par les côtés (1) ;sa couleur est d'un noir verdâtre blanchissantà la pointe; la langue, large et courte, estdure et cornée à son extrémité ; le devantdes yeux, le front et le crâne sont couvertsd'une peau chargée de poils noirs, assez rarespour la laisser voir comme à nu. Cette peauest rouge dans l'animal vivant; différenceque Belon établit entre le mâle et la femelle,dans laquelle cette peau n'est pas rouge (2);une portion de plumes, d'un cendré trèsfoncé, couvre le derrière de la tète et s'étendun peu sur le cou ; les tempes sont blanches,et ce blanc, se portant sur le haut du cou,descend à trois ou quatre pouces; les joues,depuis le bec et au dessous des yeux, ainsique la gorge et une partie du devant ducou, sont d'un cendré noirâtre.* . 1 1 . • • « . . . . . . «.- • • • . -. • . . , • 1 I.II 1 M(1) a Et a donné nom à une petite herbette qui faitses semences à la façon d'une tête de grue». (Belon,Nat. des oiseaux, pag. 187) Cette herbe est le géraniumqui, dans toutes ces espèces, porte effectivementce caractère de fructification.(2)


D E L A G R U E. 41Il se trouve par fois des grues blanches ;Longolius et d'autres disent en avoir vu ; cene sont que des variétés dans l'espèce, quiadmet aussi des différences très-considérablespour la grandeur. M. Brisson ne donne quetrois pieds un pouce à sa grue mesurée dela pointe du bec à celle de la queue, ettrois pieds neuf pouces, prise du bout desongles; il n'a donc décrit qu'une très-petitegrue ( 1 ). Willulghby compte cinq piedsanglais, ce qui fait à peu près quatre piedshuit pouces de longueur, et il dit qu'il pèsejusqu'à dix livres, sur quoi les ornithologistessont d'accord avec lui (2). Au cabinet duroi, un individu, pris à la vérité entre lesplus grands, a quatre pieds deux pouces de• ' • • • » 1 • • • - • • 1 • 1 ••• u « i l . . 1., • - ,—, - , 1(1) Rzaczynski semble reconnoître ces deux racesde grues : Grues majores et minores inprovlnciis Polonicisadverti : il attribue à la petite quelques traitsparticuliers, qui cependant ne paroissent pas constituerune espèce différente. Grues minores ferunt cristasincanas ponè aures y nigricantes sub gutture. Cettepetite race se trouve en Volhinie et en Ukraine ; lagrande en Cujavie , et toutes deux ensemble en Podolie.( Auctuar. Hist. nat. polon. pag. 583.)(2) « La grue est le plus grand des aquatiques fissipèdesd'Europe ; elle est haute comme un hommequand elle lève la tête». ( Salerne, Hist. des oiseaux,pag. Soi.)


42 HISTOIREhauteur Verticale en attitude, ce qui feroifcun développement, ou le corps étendu del'extrémité du bec à celle des doigts, plusde cinq pieds ; la partie nue des jambes aquatre pouces ; les pieds sont noirs, et ontdix pouces et diçmi.Avec ses grandes puissances pour le volet son instinct voyageur, il n'est pas étonnantque la grue se montre dans toutes les contrées,et se transporte dans tous les climats;cependant nous doutons que, du côté dumidi, elle passe le tropique ; en effe t, toutes lesrégions où les anciens les envoient hy verner,la Lybie, le haut du Nil, l'Inde des bordsdu Gange, sont en deçà de cette limite, quiétoit aussi celle de l'ancienne géographie ducôté du midi ; et, ce qui nous le fait croire,outre l'énormité du voyage, c'est que, dansla Nature, rien ne passe aux extrêmes;c'est un degré modéré de température queles grues, habitantes du septentrion, viennentchercher l'hyver dans le midi, et non lebrûlant été de la zone torride. Les maraiset les terres humides où elles vivent et quiles attirent, ne se trouvent point au milieudes terres arides et des sables ardcns, ou sides peuplades de ces oiseaux parvenus deproche en proche en suivant les chaînes des


D E L A G R U E. Ïfc5montagnes où la température est moins ardente, sont allées habiter le fond du midi ;isolées dès-lors et perdues dans ces régions,séquestrées de la grande masse de l'espèce,elles n'entrent plus dans le système de sesmigrations, et ne sont certainement pas dunombre de celles que nous voyons voyagervers le nord ; telles sont en particulier ces gruesque Kolbe dit se trouver en grand nombreau cap de Bonne-Espérance, et les mêmesexactement que celles d'Europe ( 1 ) ; faitque nous aurious pu ne pas regarder commebien certain sur le témoignage seul de cevoyageur, si d'autres n'avoient aussi trouvédes grues à des latitudes méridionales,presque aussi avancées comme à la nouvelleHollande (2) et aux Philippines, où ilparoît qu'on en distingue deux espèces (3).La grue des Indes orientales, telle quemm» • • • • ' • m ' • -— • ' •-• •• -—•• - — • • • • —(1) Descript. du cap de Bonne-Espérance, tom. III,pag. 172.(2) Premier voyage du capitaine Cook, tom. IV,pag. 110.(5) Grus, tipul veltihol, luconiensibus, tricubitumalta , cum collo homineprocerior. Item, Dongon , luconiensibus, gruis species , magnitudine anseris , cinerea,rostro sesquispithamam longo ypalmo latum. Fr. Camel,ie Avib. philipp. Transactions philosophiques, n° 285.


44 H I S T O I R Eles modernes l'ont observée, ne paroît passpécifiquement différente de celle d'Europe;elle est plus petite, le bec un peu plus long,la peau du sommet de la tête rouge et rude rs'étendant jusques sur le bec, du reste entièrementsemblable à la nôtre et du mêmeplumage gris cendré. C'est la descriptionqu'en fait Willulgliby, qui l'avoit vu vivantedans le parc de Saint-James. M. Edwardsdécrit une autre grue envoyée aussi desIndes ( 1 ) ( 2 ) ; c'étoit, à ce qu'il dit, ungrand et superbe oiseau plus fort que notregrue , et dont la hauteur, le cou tendu,étoit de près de six pieds ( anglais ) ; on lenourrissoit d'orge et d'autres grains ; il prenoitsa nourriture avec la pointe du bec, etd'un coup de tête fort vif en arrière, il lajetoifc au fond de son gosier ; une peau rougeet nue , chargée de quelques poils noirs,(i) The greater Indian crâne, Hist. nat. of birds ,pag. 45. — Grus indica major. Klein, Avi. pag. 121,n° 5. — Ardea. antigone. Lin. Syst. nat. edit. 10,gen. 76, sp. 6. — Grus orientalis indica. Brisson,Ornith. tom. V, pag. 378.(2) Ardea capite nudo collarique papilloso rubris fcorpore cinereo, remigihusprimoribus nigris. . . ardeaantigone. Lin. Syst. nat. edit. i5, gen. 84, sp. 6.'—Latham , Syst. ornith. ^n. 69, sp. 4.SONNINI.


DE LA GRUE, 45couvroit la tête et le haut du cou; tout leplumage, d'un cendré noirâtre, étoit seulementun peu clair sur le cou; ]a jambe etles pieds étoient rougeâtres (i). On ne voitpas, à tous ces traits , de différence spécifiquebien caractérisée, et rien qui ne puisse êtrel'impression et le sceau des climats : cependantM. Edwards veut que sa grande gruedes Indes soit un tout autre oiseau que cellede "Willuîghby, et ce qui le lui persuade,c'est sur-tout, dit-il, la grande différence detaille; en quoi nous pourrions être de sonavis, si nous n'avions déjà remarqué qu'onobserve entre les grues d'Europe des variétésde grandeurs très-considérables (2). Au reste,(1) Ajoutez que les bords du bec sont dentelés verssa pointe.SONNINI.(2) Il ne paroît pas possible de rien établir sur ceque dit Marc - Paul de cinq sortes de grues, dontquelques-unes paroissent être des variétés de l'espècecommune , et d'autres, comme celle h plumes rouges ,ne semblent pas même appartenir à cette famille.Voici le passage de Marc-Paul. «Aux environs de lacôte des Cianiganiens il y a des grues de cinq sortes:les unes ont les ailes noires comme corbeaux ; lesautres sont fort blanches, ayant en leur plumage desyeux de couleur d'or comme sont les queues de nospaons; il y en a d'autres semblables aux nôtres, etd'autres qui sont plus petites, mais elles ont les plumes


46 HISTOIREcette grue est apparemment celle des terresde l'Est et de l'Asie à la hauteur du Japon (1),qui, dans ses voyages, passe aux Indes pourchercher un hyver tempéré, et descend demême à la Chine, où l'on voit un grandnombre de ces oiseaux (2) (3).C'est à la même espèce que nous paroîtencore devoir se rapporter cette grue duJapon vue à Rome, dont Aldrovande donnela description et la figure : a avec toute lataille de notre grue, elle avoit, dit-il, lefort longues et belles, entre-mêlées de couleur rougeet noire; celles de la cinquième espèce sont grises,ayant les yeux rouges et noirs , et celles-là sont fortgrandes ». (Description géographique , par Marc-Paul ;Paris , i556, pag. 40.)(1) On voit des grues en Sibérie chez les jakutes...on en voit des troupes innombrables dans la plaine deMangasea, sur le Jénisca. ( Gmelin, Voyage en Sibérie, tom. II, pag. 56.)(2) « Les grues sont en grand nombre à la Chine ;cet oiseau s'accommode de tous les climats. On l'apprivoisefacilement, jusqu'à lui apprendre à danser j sa.chair passe pour un fort bon aliment ». (Histoire généraledes voyages , tom. VI, pag. 487.)(5) Cette grue des Indes orientales, dont les nomenclateursont fait une espèce séparée, se voit engrandes bandes au nord de Calcutta. ( Latham's , Syn*of birds, pag. 232 , n° 4. Indian crâne.)SOWNINI.


DE LA GRUE, 47haut de tête d'un rouge vif, semé de tachesnoires ; la couleur de tout son plumage tiroitau blanc (1) (2). » Kœmpfer parle aussi d'unegrue blanche au Japon ; mais, comme il nela distingue en aucune chose de la grise,dont il fait mention au même endroit (3),il y a toute apparence que ce n'est que lavariété qu'on a observée en Europe.(1) Grus japonensis alia. Aldrovande, Avi tom. III,pag. 365. — Jonston, Avi. pag. 116.— Charleton,Exercit. pag. 114, n° 2. Onomazt. pag. 110, n° 2. —Klein, Avi. pag. 121 , n° 4*— Grus japonensis. Briss.Ornith. tom. V, pag. 581.(2) Ardea occipite nudo papilloso rubro, corporecdboy coilo inferiore remigibusque nigris. Latham fSyst. ornith. gen. 69, sp. 5 , var. b. SONNINI.(5) On distingue deux sortes de grues au Japon:l'une aussi blanche que l'albâtre, l'autre grise ou couleurde ceudre. (Hist. nat. du Japon , tom. I, pag. 112.)


48 H ISTOIRELA GRUE A COLLIER (i).Voyez les planches enluminées, n° 865.LETTE grue nous paroît différer trop del'espèce commune , pour que nous puissionsl'en rapprocher par les mêmes analogiesque les variétés précédentes ,• outre qu'elleest d'une taille beaucoup au dessous de cellede Ja grue ordinaire, avec la tête proportionnellementplus grosse, et le bec plusgrand et plus fort, elle a le haut du couorné d'un beau collier rouge, soutenu d'unlarge tour de cou blanc, et toute la têtenue d'un gris rougeâtre uni, et sans cestraits de blanc et de noir qui coiffent la têtede notre grue; de plus, celle-ci a la touffeou le panache de la queue du même grisbleuâtre que le corps. Cette grue a été dessinéevivante chez madame de Bande ville,à qui elle avoit été envoyée des grandesIndes.(i) Grustorquata. Lin. Syst. nat. edit. i5, gen. 84,sp. 6 , var. b. — Latham , Syst. ornith. gen. 69 , sp. 4,var. b. SONKI N Ï.LA


DE LA GRUE. %çj^i M ••—M^t.., II mini • •. ~ .n.,... 11 m • . i I.I IM • • • m . i .., m, • • M^aw—^—,^^|LA GRUE BLANCHEDE SIBÉRIE (i).PAR SONNINI.LES vastes plaines marécageuses et lesbords des lacs nombreux dont le sol de laSibérie est inondé, près des grands fleuvesde l'Ischim, de l'Irtis et de l'Oby, retentissentdes cris éclatans et répétés d'une espèce degrue dont la taille surpasse celle de la gruedes Indes orientales, et par conséquent cellede la grue commune. Lorsqu'il est en attitude,cet oiseau a près de cinq pieds de(i) Par les russes, sterclii ; par les baschkires, ahtournai;; par les tartares, keougolok ; près du Jénisea ,vhasgalasch ; par les permikes, yllin ; en Chine,tzewo-ting-ha.Ardea alba , temporibus etfronte rubris calpis rugO"sis, remigibus decem primoribus splendidè nigris,rostro pedibusque rubris.Syst. nat. edit. i5, gen. 84, sp. u.ardea gigantea. Lin.Ardea nivea , orbitis nudis , remigibus decem primoribusnigris, rostro pedibusque nigris.gigantea. Latham, Syst. ornith. gen. 69, sp. 3.TOME LVII.D... ardea


5oHISTOIREhauteur verticale ( 1 ). Dans des pays aquatiqueset solitaires il jouit d'une existence paisibleet d'une pâture abondante en petits pois^sons,en lézards et en grenouilles. Quoiquepoursuivi rarement par les chasseurs quicraignent de s'engager dans des fondrièresdangereuses, il est plus défiant et plus ruséque la grue; sa haute stature lui donne l'avantagede découvrir de très-loin; et dès qu'ilaperçoit un homme, il s'élève aussitôt dansles airs et jette des cris d'alarme.On ne voit nulle part ces grues par troupesaussi nombreuses que les grues ordinaires;on les rencontre depuis les monts Ouralsjusqu'à l'Oby, mais le plus souvent dans leslandes à demi-noyées d'Ischim et de Barabini; elles s'y rendent des contrées méridionalesà chaque printems. Il en passe aussià la même époque, mais en petite quantitéau delà de la mer Caspienne ; et il est àprésumer qu'elles y passent une à une, etqu'elles s'élèvent très - haut dans les airs,puisqu'on les aperçoit à peine. Elles établissentleur nid, formé d'une couche épaisseet nattée d'herbes et de petits joncs, sur des(i) Le traducteur de l'édition du Système de lanature de Linnseus par Gmelin dit cinq pieds et demi ;cependant l'original n'en marque que quatre et demi.


DE LA GRUE. 5i!^minences de gazon, au milieu de roseauximpénétrables ; la femelle y dépose, dès lami-mai, deux œufs de la grosseur des œufsd'oie, d'un jaune verdâtre et chargés de tachesbrunes ; le mâle partage les soins de l'incubationet de la garde de leur couvée ; etquoiqu'on tout autre tems le moindre bruitdans les roseaux les effarouchent, et que leschasseurs soient obligés d'user de beaucoup deprécautions pour les approcher au momentoù elles guettent les poissons, leur ajttachementpour leur progéniture l'emporte surleur crainte habituelle ; elles défendent leurretraite avec opiniâtreté, courent sur leshommes avec fureur, et parviennent, pourl'ordinaire, à sauver leur famille naissante,parce que leur taille, leur force, leur bectranchant et très-aigu, et sur-tout l'emportementde l'amour paternel offensé, lesrendent fort dangereuses.Dans tout autre tems ces grues qui redoutentl'approche de l'homme, ne craignentpas autant les chiens ; lorsqu'elles en voientparaître sur quelque rive, elles courent à euxet les attaquent avec une furie qui leur faitsouvent oublier qu'elles s'exposent aux coupsdes chasseurs.Leur bec est dentelé sur ses bords vers


52 HISTOIREsa pointe, comme celui de la grue des Indes.Les jeunes parviennent presqu'à leur grosseurdès la première année; leurs plumessont d'un jaune d'ocre, et un peu blanchespar dessus ,• sur la tète sont quelques nuancesde noir près du bec ; la tête rougit par-toutoù il n'y a point de plumes, c'est-à-dire,jusqu'au dessous des yeux, et elle se parsèmede petites soies roides de la même couleur ;le bec et les pieds deviennent rouges ; le couconserve seulement en dessus une teintefauve ; elle s'efface à mesure que l'oiseauprend de l'âge, et à l'exception des dix plusgrandes plumes de l'aile qui sont d'un noirbrillant, il a par-tout la blancheur éclatantedu cigne. L'iris des yeux est blanchâtre (1).L'on peut élever les jeunes oiseaux de cetteespèce comme les grues ordinaires, et ils s'accommodentfort bien avec elles; mais , quoiqueprivés, ils leur reste toujours quelquechose de leur naturel sauvage et même unpeu méchant ; ils sont dangereux pour lesenfans sur lesquels ils se plaisent à se jeter.(i) Pallas, Voyages en Russie et dans l'Asie septentrionale,édition française, in-4 0 , tom. III, pag. 95 ,1)6 et 97 ; et l'Appendix,pag. 468, n° ic}. Grus leucogeranus.— Voyez aussi les Voyages de J. G. Gmelin ,tom, II, pag. 189, avec figure,planche xxi } et celuideGeorgij pag. 171.


DELAGRUE. 55**••


54 HISTOIREdures et cendrées ; celles de la poitrine sontlongues et blanches, aussi bien que les plumesdu ventre ;, les ailes sont brunes comme laqueue dont un simple duvet léger forme lescouvertures inférieures.Cet oiseau singulier n'est pas fort rare auBengale où il arrive en troupe avant la saisondes pluies, à l'embouchure des fleuves ; onl'y appelle argala ou harghilas ou adjudant,et les anglais l'appellent encore large thwat,ou grand gosier et de bone-eater, bone-kater,avaleur d'os, à cause de son large bec et deson excessive gloutonnerie. On le voit aussiprès de Calcutta, où il est connu sous ladénomination fthurgill ou dtargill (1). C'estprobablement le même que la cigogne deSumatra, indiquée par Marsden sous le nomde boorong cambïng ou de boorong oolar (â).M. Smealhman a nourri en Afrique unoiseau de cette espèce; quoique très-vorace,son naturel est doux et même docile ; onl'apprivoise très - aisément. Dans l'état de(i) Latham's , General synopsis of birds , tom. V,pag. 45 , n° 8 *, et Supplément, pag. 552 , n° 8, avec unefigure , planche cxv. Gigantic crai\c.(2) Histoire de Sumatra > édition française, tom. 1$pag. 187.


DE LA GRUE. 55sauvage, il se nourrit de cétacées, de reptiles, d'oiseaux et même de petits quadrupèdesdont il brise les os avec son gros etlarge bec , et que son estomac nonrobuste digère très-facilement (i).moinsm- • • • • '-• «*( 1 ) Lathajm , ouvrages cités.D 4


56 HISTOIREG R U E SDU NOUVEAU CONTINENT.m . . —«LA GRUE BLANCHE (1) (2).Voyez les planches enluminées , n° 889.y L y a toute apparence que la grue a passéd'un continent à l'autre, puisqu'elle fréquente(1) Hooping crâne. Catesby , tom. I, pag. 75, avecune figurede la tête et dn cou. — Hooping crânefromHudson's bay. Edwards, Hist. ofhirds, tom. III,planche cxxxn. — Ardea vertice temporibusque midis fpapillosis ,fronte y nuchâ rernigibusqueprimariis nigris 9corpore albo.. .. grus americana. Lin. Syst. nat.edit. 10, gen. 76, sp. 5 (*). —Ciconia alba ; capitesuperiore pennis nigris, pilorum œmulis , in occipiteraris , obsito, vertice nigro, occipitio et tcèniâ infràoculos rubris ; macula triangulari infrà occipitiumnigrâ ; marginibus alarum pallidè roseis ; remigibusmajoribus nigris ; rectricibus candidis. . . grus americana.Brisson , Ornith. tom. V, pag. 582.(2) Les naturels dé la baie d'IIudson l'appellentwapaw-uchuhauk. SONNINI.(*) Latham ; Syst. ornith. gen. 69, sp. 6. SONNINI.


IJE LA GRUE. 57de préférence les contrées septentrionales del'Europe et de l'Asie, et que le nord est lagrande route qu'ont tenue les espèces communesaux deux mondes; et, en effet, ontrouve en Amérique une grue blanche, etune ou deux sortes de grises ou brunes;mais la grue blanche qui ? dans notre continent,n'est qu'une variété accidentelle, paroitavoir formé dans l'autre une race constante,établie sur des caractères assez marqués etassez distincts, pour la regarder comme trèsanciennementséparée de l'espèce commune,modifiée depuis long-tems par l'influencedu climat ; elle est de la hauteur de nos plusgrandes grues, mais avec des proportions plusfortes et plus épaisses, le bec plus long, latète plus grosse, le cou et les jambes moinsgrêles; tout son plumage est blanc, hors lesgrandes pennes des ailes qui sont noires, etla tête qui est brune; la couronne du sommetest calleuse et couverte de poils noirs clairseméset fins,sous lesquels la peau rougeâtreparoît à nu; une peau semblable couvre lesjoues; la touffe des pennes flottantes ducroupion est couchée et tombante; le becest sillonnée en dessus et dentelé par lesbords vers le bout ; il est brun et long d'environsix pouces. Catesby a fait la description


teH I S T O I R Ede cette grue sur une peau entière que luidonna un indien, qui lui dit que ces oiseauxfréquentoient en grand nombre le bras desrivières proche de la mer au commencementau printems, et qu'ils retournoient dans lesmontagnes en été. a Ce fait, dit Catesby ,m'a été confirmé depuis par un blanc yqui m'a assuré que ces oiseaux font grandbruitpar leurs cris, et qu'on les voit auxsavannes de l'embouchure de l'Aratamahaet d'autres rivières proche Saint - Augustindans la Floride, et aussi dans la Caroline ;mais qu'il n'en a jamais vu plus avant versle nord )>.Cependant il est très-certain qu'elle s'élèvea de plus hautes latitudes ; ce sont ces mêmesgrues blanches qu'on trouve en Virginie (i),en Canada ( 2 ), jusqu'à la baie d'Hudson ;car la grue blanche de cette contrée, que(1) DeLaët, pag. 85. Les premiers voyageurs enAmérique parlent des grues qu'ils y virent : PierreMartyr dit que les espagnols rencontrèrent dans lesprairies du Cuba des troupes de grues , grosses dudouble des nôtres.(2) « Nous avons au Canada des grues de deux couleurs; les unes sont toutes blanches, les autres d'un grisde lin-, toutes font d'excellent potage. » (Charlevoix^Hist. de la nouvelle France > tom. UI ; pag. i5S)


— • • - - — - • • • mD E L A G R U E. 5 9 'donne M. Edwards, est, comme il le remarque(J), exactement la même que cellede Catesby (2).(1) Hist. nat. of birds, pag. i52.(2) Les grues blanches sont fort communes dans lesterres basses et humides de la Louisiane ; les habitansen tuent beaucoup et les apportent dans les marchésoù ils en ont un grand débit, parce que l'on fait casde la chair de ces oiseaux ; mais les chasseurs»sont dansl'habitude de leur couper les jambes aussitôt qu'ils lesont tués , afin de les rendre moins cmbarassans àporter. (Note communiquée à Mauduyt par M. Lebeau,médecin à la Louisiane; Encyclopédie méthod.article de la grue blanche.)Bartram peint les habitudes de ces oiseaux dans lavaste savanne Alachua de la Floride orientale. « Lesoir , dit-il, des troupeaux de grues partant de dessusles savannes, commencèrent à s'élever en l'air en décrivantdes spirales régulières, et gagnèrent les hauteursde l'atmosphère jusqu'à ce qu'elles revissent lesoleil , caché depuis long - tems au dessous de notrehorizon. Nous vîmes ses rayons briller sur leurs plumesargentées ; nous entendîmes du haut des airs leurhymne du soir. Lorsqu'elles eurent achevé leurs chants,elles descendirent majestueusement en ligne verticale,et vinrent se poser sur la cime des pins et des palmiersqui bordoient la prairie En avançant le lendemaindans la savanne , la grue à l'oeil perçant observoitnotre marche avec inquiétude. Nous vîmes une femelleassise sur son nid; le mâle veilloit sur elle, se promenanten avant et en arrière ; à une petite distance ils


60 HISTOIREnous laissèrent approcher assez près avant de se lever.Bientôt,ouvrant leurs ailes, ils commencèrent à courir.,et pendant quelques momcns touchèrent la terrede leurs pieds ; puis ils s'élevèrent en décrivant degrands cercles au dessus de l'endroit où étoit leur nid.Ces animaux ne couvent à la fois que deux oeufs , quisont grands , longs, pointus par un bout , d'un grispâle moucheté de brun. La manière dont ils formentleurs nids et dont ils couvent, est très-singulière. Ilschoisissent une petite bute , et y font d'abord un amasgrossier de gazon sec ou d'autres matières semblables,qu'ils élèvent presque aussi haut que leur corps Testde terre quand ils sont sur leurs pieds. C'est sur lesommet de cet amas qu'ils font leur nid d'une herbesèche, douce et fine ; pour couver , ils se tiennent deboutet laissent porter sur les oeufs leur corps et leursailes». (Voyage dans les parties du sud de l'Amériqueseptentrionale, traduction française , tom. I, pag. 326,327, 546 et 347.) Au reste, le même voyageur rangela grue blanche, qu'il appelle la grue criarde, au nombredes oiseaux qui passent toute l'année à la Carolineet dans la Floride. SONNINI.


D E L A G R U E. 61LA GRUE BRUNE (i)( 2 ).ALDWARDS décrit cette grue sous la dénominationde grue brune et grise ; elle est d'untiers moins grosse que la précédente qui estblanche ; elle a les grandes pennes des ailesnoires; leurs couvertures et les scapulairesjusques sur le cou sont d'un brun rouillé 3ainsi que les grandes plumes flottantes cou-(i) Brown and ash-colour y d crâne. Edwards , Histnat.of birds , planche cxxxm. — Ardea syncipitenudo papilloso , corpore cineïeo , alis extus testaceis...ardea canadensis. Lin. Syst. nat. edit. 10, gen. 76,sp. 3 (*). — Ciconia supernè rufescens 9 marginibuspennarum fuscis ; infernè cinereo-rufescens ; verticerubescente y pennis nigris, pilorum œmulis y obsito •-genis et gutture candidis ; occipite, collo et uropygiocinereis ; tœniâ transversâ in alis cinereo-albâ, remigibusmajoribus fusco nigricantibus scapis albis ; rectricibussaturatè cinereis. .. grus freti Hudsonis.Brisson, Ornith. tom. V, pag. 385.(2) A la baie d'Hudson, samak-uchuhauk.SONNINI.(*) Latham, Syst, ornith. gen. 693 sp, 5. SOMNIMI,


6aHISTOIREchées près du corps; le reste du plumageest cendré ; la peau rouge de la tête n'encouvre que le front et le sommet ; ces différenceset celle de la taille, qui, dans cegenre d'oiseaux, varie beaucoup, ne sontpeut-être pas suffisantes pour séparer cetteespèce de celle de notre grue; ce sont toutau moins deux espèces voisines , d'autantplus que les rapports de climats et de mœursrapprochent ces grues d'Amérique de nosgrues d'Europe ; car elles ont l'habitudecommune de passer dans le nord de leurcontinent et jusques dans les terres de la baied'Hudson , où elles nichent et d'où ellesrepartent à l'approche de l'hyver, en prenant,à ce qu'il paroît, leur route par lesterres des illinois (1) et des hurons (2), enm • ' . , . , . - , 1 , . _ — 1(1) a Aux Illinois il y a quantité de grues ».(Lettres édifiantes , onzième recueil, pag. 310.)(2) ce En la saison , les champs des hurons sont touscouverts de grues ou tochingo, qui viennent mangerleurs blés quand ils les sèment et quand ils sont prèsà moissonner Ils tuent de ces grues avec leursflèches, mais peu souvent, parce que si ce gros oiseaun'a les ailes rompues ou n'est frappé à la mort, il emporteaisément la flèchedans la plaie , et guérit avecle tems , ainsi que nos religieux de Canada l'ont vupar expérience d'une grue prise à Québec ; qui avoit


DE LA GRUE. 65se portant de là jusqu'au Mexique ( 1 ), etpeut-être beaucoup plus loin. Ces gruesd'Amérique ont donc le même instinct quecelles d'Europe; elles voyagent de même dunord au midi, et c'est apparemment ce quedésignoit l'indien à M. Catesby ? par la fuitede ces oiseaux de la mer aux montagnes (2).été frappée d'une flèche huronne trois cents lieues audelà, et trouvèrent sur la croupe la plaie guérie , et lebout de la flècheavec sa pierre enfermée dedans. Ilsen prennent quelquefois avec des colets». (Voyagesau pays des hurons , par le P. Sagard Théodat; Paris,i632, pag. 3o2 et 5o3.)(1) Il est aisé de reconnoître cette grue dans letoquilcoyotl de FernandezAd gruis referturspecies, cujus œquat magnitudinem , mores reliquamquenaturam imitâtur, toquilcoyotl nomen habens àvoce ; corpus universum fuscum , nigrum promiscue ,atque cinereum ; caput coccineâ macula desuper insignitur,etc. Avi. nov. Hisp. cap. 148, pag. 44* C'estde cette grue du nord de l'Amérique , voyageant dansles contrées du midi, que M. Brisson a fait sa huitièmeespèce , sous le nom de grue du Mexique ( Ornithol.tom. V, pag. 38o ), et la même que Willulghby,pag. 201 ; Klein, pag. 121, n° 2 ; et Ray, pag. g5, n° 2,ont donné sous le nom de grus indica (*).{2) Je rapporterai ce que Bartram a observé au(*) Ardea cinerea, capite superiore suhnudo rubro , remigibusmajoribus nigris. Latham, Syst. ornith., gen, 69,sp. 7, sdx. a.SONNINI.


64 HISTOIREsujet de la grue brune, qu'il nomme grue de savanne,grus pratensis.a Sur ces longues plaines (près de Cuscowilla, dansla Floride orientale) on voit de nombreuses troupesde grues ; elles font entendre de loin leurs chantsqui ue sont pas dépourvus d'harmonie. Lorsqu'elless'élèvent de terre, c'est d'abord lentement et pesamment; on les voit battre l'air avec effort de leursgrandes ailes élastiques, qu'elles étendent de touteleur longueur; tontes celles de la même troupe s'élèventet retombent en même tems ; elles montent par dégrés,en décrivant de grands cercles. Chaque troupe fait àpart ses évolutions, parcourant des cercles bien distincts, tant en montant qu'en descendant. Pendantque quelques-unes venoient se poser au bord de l'eau,Yen voyois d'autres se perdre dans les nuages ; ellestournoient loug-tems au dessus des vertes prairies quibordent le lac à Test, puis elles s'abaissoient graduellement, se posoient sur quelque érninence , et serapprochant des autres, venoient paître auprès d'elles,mais toujours en troupes distinctes , et sans jamais seconfondre. )>


DE LA GRUE. 65jambes et les cuisses, qui sont très-longues , sont égalementdépourvues de plumes jusques fort au dessusdes genoux. Le plumage de cet oiseau est en générald'un gris cendré, nue de brun clair et de bleu ciel :c'est le brun qui domine sur le dos et les épaules. Lestuyaux des premières plumes de l'aile sont larges etlongs, et laissent, quand on les arrache, un grandvuide dans l'endroit où ils étoient implantés. Tous lesos de cet oiseau sont minces, et renferment par conséquentune grande capacité ou réceptacle médullaire.En volant il remue ses ailes lentement et en temségaux, et lors même qu'il est très-loin , ou très-haut,on entend distinctement les plumes de ses ailes craquerdans leurs emboîtures , comme les membrures d'unVaisseau dans une mer orageuse.»« On nous apprêta cette grue pour souper , et ellenous fournit une fort bonne soupe. Mais, tant que jepourrai me procurer quelqu'autre aliment , je préférerai, au goût de la chair de ces animaux le plaisird'entendre au haut des airs, leurs chants harmonieux,et la satisfaction d'observer dans les plaines de laFloride l'ordre et l'intelligence qui régnent dans leursnombreuses et paisibles sociétés)). (Voyage dans lesparties sud de l'Amérique septentrionale , éditionfrançaise , tom. I , pag. 258 , 25q , 577 et 378. )Suivant le même voyageur , la grue brune arrive auprintems en Pensilvanie , venant des contrées plusméridionales ; après y avoir niché et élevé ses petits ,elle retourne en automne vers le midi.Cette espèce fréquente aussi les côtes occidentalesdu nord de l'Amérique ; Don Maurelle , officier de lamarine espagnole, la vit, en 1 779 au mois de mai, dansTOME LVILE


66 HISTOIREla baie de Bucarelli, par les vingt-un dégrés trenteminutes de latitude nord. (Voyez le Voyage de DonMaurelle dans celui de la Pérouse autour du Monde,tom. I, in-8 , pag. 356.) Il est vraisemblable aussi quec'est ce même oiseau qui est désigné par Vancouverdans son Voyage autour du Monde, tom. I, in-4 >pag. 293. « Souvent aussi ( au port de la Découverte,dans la nouvelle Albion ) un oiseau que nous neconnoissions point du tout, mais qui nous parut êtreune espèce de grue ou de héron , s'est montré sur lesbasses pointes en saillie, ainsi que dans les clairièresdes bois; nous avons examiné quelques-uns de sesoeufs , d'une teinte bleuâtre , beaucoup plus gros queceux du dindon, et d'un bon goût ; il a les jambes et lecou d'une longueur remarquable , et la grosseur de soncorps nous a paru égaler celle des plus gros dindons;son plumage est par-tout d'un brun léger; et lorsqu'ilse tient droit il n'a pas moins de quatre pieds d'élévation; il semble préférer les lieux ouverts, et il nefaisoit aucun effort pour se soustraire ou se cacher ànotre vue ; mais il étoit trop vigilant pour se laissersurprendre par nos chasseurs ».SONNINI.


y. czxxxvy"*?, r 6}.1. Ii A DEMOISELLE t/e '//iMiùfo y2. L' OISEAU HOYALOfiiSf cf.


DE LA GRUE. 67• • • • • • • • • / . . — •OISEAUX ÉTRANGERSQUI ONT RAPPORT A LA GRUE.Wl !•• • • • • .-..i.. ,1.-1 ... • ! » • •• • •.... . — 1 ....,• .... I ,^LA DEMOISELLEDE NUMIDIE (1).Voyez les planches enlumin. n° 241 / et pi. CLXXXVde ce volume.Oous un moindre module, la demoisellede Numidie a toutes les proportions et lataille de la grue ,• c'est son port et c'est aussi(1) Grus Numidiœ. Klein, Avi. pag, 121 yn° 6- —Ardea supercilns albis , retrorsùm longé cristatis.Virgo. Lin. Syst. nat. edit. 10, gen. 76, sp. 2. —Otus plumbeus. Barrère, Ornith. clas. 3 , gen. 37. —Scops. Moëhring , Avi. gen. 84- —Numidian crâne.Edwards, tom. III , pag. et pi. cxxxiv. — Grue deNumidie. (Albin, tom. III, pag. 35. ) — DemoiselledeNurnidie. (Hist. de l'acad. tom. III, part.2, pag, 3.)— Ciconia cinereo-cœrulèscens ; vertice dilutè cinereo;capite et collo supremo nigris ; fasciculis pennarumcandidis, ab utriusque oculi angulo ortis, retrorsùmE a


6èHISTOIREle même vêtement, la même distribution decouleurs sur le plumage; le gris en est seulementplus pur et plus perlé ; deux touffesblanches de plumes effilées et chevelues,tombant de chaque côté de |a tête de l'oiseau,lui forment une espèce de coiffure; desplumes longues, douces et soyeuses, du plusbeati noir, sont couchées sur le sommet dela tête ; de semblables plumes descendentsur le devant du cou, et pendçnt avec grâceau dessous; entre les pennes noires des ailespercent des touffes flexibles, alongées etpendantes. On a donné à ce bel oiseau leIMpendulis ; permis longis nigris in collo infçriore deorsiimdependentibus ; remigibus majoribus , rectricibusqueapice nigricantibus. ..grus numidica , virgonumidica vulgo dicta. Brisson, Ornithol. tom. V,pag. 388.(2) En arabe , kurki et ouœs araki ou aigrias. Kur ,kurka ou kuritza, est un mot de la langue russe quisignifie une poule } et ouœs se rapproche de gus , quiveut dire une oie en langue russe , ou de hus qui veutdire la même chose en polonais. Des voyageurs anglais,Pockoke par exemple, l'ont appelée, dancing bird,oiseau danseur.Ardça supercillis albis posticè retrorsumque lon^ècristaiis. . .ardea virgo. Lin. Syst. nat. edit. i3gen. 84, sp. 2. — Latham, Sys\. ornithol. gen. 69,sp, 2.SONNINI.


D E L A G R U E. 6giiom de demoiselle, à cause de son élégance,de sa parure et des gestes mimes qu'on luivoit affecter; cette demoiselle-oiseau s'inclineen effet par plusieurs révérences ; elle sedonne bon air en marchant avec une sorted'ostentation, et souvent elle saute et bonditpar gaîté, comme si elle vouloit danser.Ce penchant dont nous avons déjà remarquéquelque chose dans la grue, se montresi évidemment ici, que depuis plus de deuxmille ans les auteurs qui ont parlé de cetoiseau de Numidie, l'ont toujours indiquéou reconnu par cette imitation singulière desgestes mimes. Aristote l'appelle l'acteur ou.le comédien (1), Pline le danseur et le baladin( 2 ), et Plutarque fait mention de sesjeux et de son adresse (5). Il paraît mêmeque cet instinct scénique s'étend jusqu'à Yîtni^tation des actions du moment. Xénouhon,dans Athénée, en parôît persuadé lorsqu'ilrapporte la manière de prendre ces oiseaux :«Les chasseurs, dit-il, se frottent les yeuxen leur présence avec de l'eau qu'ils ont misdans des vases; ensuite ils les remplissent de(i) Hist. nat. animal, lib. 8, cap. i%.(2) Lib. 10 , cap. 23.(5) De solert. animal.E 3


7oHISTOIREglu et s'éloignent : l'oiseau vient s'en frotterles yeux et les pattes à l'exemple des chasseurs» ; aussi Athénée, dans cet endroit,l'appelle-t-il le copiste de l'homme (1); et sicet oiseau a pris de ce modèle quelque foibletalent, il paroît aussi avoir pris ses défauts,car il a de la vanité, il aime à s'étaler, ilcherche à se donner en spectacle, et se meten jeu dès qu'on le regarde; il semble préférerle plaisir de se montrer à celui mêmede manger , et suivre, quand on le quitte,comme pour solliciter encore un coup d'œil.Ce sont les remarques de MM. de l'académiedes sciences sur la demoiselle deNumidie ( 2 ) ; il y en avoit plusieurs à laménagerie de Versailles. Ils comparent leursmarches , leurs postures et leurs gestes auxdanses des bohémiennes; et Aristote luimêmesemble avoir voulu l'exprimer ainsi,et peindre leur manière de sauter et debondir ensemble , lorsqu'il dit qu'on lesprend quand elles dansent l'une vis-à-vis del'autre (3).( 1 ) Anthropoeides.(2) Mémoire pour servir à l'histoire des animaux,tom. ]JI, part. 2 ,page 5.(3) Loco citato.


DE LA GRUE. 71Quoique cet oiseau fût fameux chez lesanciens, il en étoit néanmoins peu connu,et n'avoit été vu que fort rarement en Grèceet en Italie ; confiné dans son climat, iln'avoit, pour ainsi dire , qu'une célébritéfabuleuse. Pline, en un endroit (1), aprèsl'avoir nommé le pantomime, le place dans unautre passage avec les animaux imaginaires,les syrènes, les griffons, les pégases. Lesmodernes ne l'ont connu que tard; ils l'ontconfondu avec le scops et l'otus des grecs, etl'asio des latins ; le tout fondé sur les minesque le hibou (otus) fait de la tète, et sur lafausse analogie de ses deux oreilles, avec lacoiffure en filetslongs et déliés, qui, dechaque côté , garnit et pare la tète de cebel oiseau.Les six demoiselles que l'on eut quelquetems à la ménagerie, venoient de Numidie.Nous ne trouvons rien de plus dans les naturalistessur la terre natale de cet oiseau etsur les contrées qu'il habite (2). Les voyageursl'ont trouvé en Guinée ( 5 ), et il paroît(1) Lit. 10 , cap. 49-(2) The demoiselle of Numidie. Edwards , Hist. nat.of birds.(3) Voyez L'histoire générale des voyages, tom. MjE4


72 HISTOIREnaturel aux régions de l'Afrique voisines dutropique ( 1 ). Il ne serait pas néanmoinsimpossible de l'habituer à notre climat, dele naturaliser dans nos basse-cours, et mêmed'y en établir la race. Les demoiselles deNumidie, de la ménagerie du roi, y ontproduit, et la dernière morte, après avoirpage 307. Nota. L'auteur paroît d'abord confondre ,en suivant Froger, la demoiselle de Numidie avecl'oiseau royal ; mais il la décrit ensuite , d'aprèsMM. de l'académie des sciences , sous ses véritablescaractères.(1) On l'a trouvé aussi dans l'intérieur des terresdu cap de Bonne-Espérance. ( Voyage dans la partieméridionale de l'Afrique, par John Barrow, traduitpar Degrandpré, tome II, page 52.) Russel l'a vudans les environs d'Alep ( Voyage, pag. 69)', il estassez commun en Egypte où il arrive dans le tems del'inondation du Nil, et il paroît vers Constantinopleau mois d'octobre.Mais, quoique la demoiselle de Numidie habite lespays chauds de l'Afrique , elle n'y est cependant pasreléguée ; elle s'avance jusques dans le nord de l'Asie ;les voyageurs qui ont parcouru ces contrées septentrionalesl'ont rencontrée fréquemment dans le paysdes Tongouses et sur les bords de la mer Noire, de lamer Caspienne et du lac Baïkal ; elle se tient ordinairementprès des fleuveset des lieux marécageux.SONNINI.


DELAGRUE. 73vécu environ vingt-quatre ans, étoit une decelles qu'on y avoit vu naître (1).MM. de l'académie donnent des détails trèscirconstanciéssur les parties intérieures deces six oiseaux qu'ils disséquèrent (2); la trachée-artère, d'une substance dure et commeosseuse, étoit engagée par une double circonvolutiondans une profonde canelure creuséedans le haut du sternum; au bas de la trachéeon remarquoit un noeud osseux , ayant laforme du larynx séparé en deux à l'intérieurpar une languette, comme on le trouve dansl'oie et dans quelques autres oiseaux ; lecerveau et le cervelet ensemble ne pesoientqu'une dragme et demie; la langue étoitcharnue en dessus et cartilagineuse en dessous •le gésier étoit semblable à Celui d'une poule,et comme dans tous les granivores, on ytrou voit des graviers.— • 1 n • i. •. . . . . . . 1 ... 1 • -.— 1 • m . ...» . .. • 1 1 1 n 1 1. . ,.wm(1) Ce fait nous a été communiqué par les ordresde M. le maréchal duc de Moucliy, gouverneur deVersailles et de la ménagerie du roi.(2) Mémoires cités , pag. 12 et suiv.


74 H I S T O I R EL'OISEAU ROYAL (1).Voyez les planches enlumin. n° 265 ; et pi. CLXXXVde ce volume.JL/OISEATJ royal doit son nom à l'espècede couronne qu'tm bouquet de plumes, ou— — • — — • • ' • " " • • • • • » • I I , , .1 - • .. ., . » • » . . . ^(i) Grus balearica y Plinii. Aldrov. Avi. tom. III,pag. 36i avec des ligures reconnoissablcs , quoiquedéfectueuses.— Willulghby , Ornithol. pag. 201. —-R a y J Synops. Avi. pag. 95 , n° 3. — Jonston , Avi»pag. 116. — Klein , Avi. pag. 12 r , n° 3. — Charleton,Exercit. pag. 1 \/ {y n° 1. Onomazt. pag. 1 io , n°i. —Grus balearica vel japonica. Mus. Besler , pag. 56,n° 5. — Grus japonensis fusca , capite aureo galeato.Pitever , Gazophyl. tab. 76 , n° 9. — Pavo marinas.Clusius, Exotic. lib. 5, cap. 2, pag. io5, avec unefigure de la tête. — Pavo sine caudâ , chinensis.Jonston , Avi. tab. 21. —Charleton, Exercit. pag. 80,n n 5. Onomazt. pag. 72 ; n° 5. — Pavo ex cinereofuscusy pappo deaurato coronatus. Barrère , Ornith.clas. 4> gen. 12, sp. _\. — Pavo nigricans, brevicaudus,pappo rariori coronatus. Idem, ibidem, sp. 5(peut-être la femelle). — Ardea crista setosâ , erectâ,temporibus palearibusque binis nudis. . ardea pavonina.Lin. Syst. nat. edit. 10 , gen. 76, sp. 1 (*).—(*) Latham, Syst. ornith. , gen. 69, sp. 1. SOKXXJEI.


D E L A G R U E. 76plutôt de soies épanouies, lui forme sur latête. Il a de plus le port noble, la figureremarquable , et la taille haute de quatrepieds lorsqu'il se redresse ; de belles plumesd'un noir plombé avec reflets bleuâtres,pendent le long de son cou, s'étalent surles épaules et le dos ; les premières pennesde l'aile sont noires, les autres d'un rouxbrun, et leurs couvertures, rabattues eneffilés, coupent et relèvent de deux grandesplaques blanches le fond sombre de sonmanteau ; un large oreillon d'une peau membraneuse,d'un beau blanc sur la tempe 9d'un vif incarnat sur la joue, lui enveloppela face, et descend jusques sous le bec (1);Crowned african crâne. Edwards, Hist. nat. pag. 191,avec d'assez belles figures du mâle et de la femelle. —Oiseau royal. Hist. de l'acadé'miedcs sciences, torn.lll,pari. 5, pag. 201 , avec une figure bonne, pi XXVIIÎ.— Grus balearica cinereo cœrulescens ( mas ) nigi'icansad viride ver gens ( fœmina ) ; vertice splendidè nigro ;capite ad latera nudo , candi lo, rubro adumbrato ;tectricïbus alarum albis ; remigibus minoribus caslaneis,major/bus , rectricibusque nigricaniibus..l'oiseau royal. (Brisson, Ornith. torn. V, pag. 5IT.)Les hollandais qui trafiquent aux côtes d'Afrique, luidonnent le nom de kroon-vogel, oiseau couronné.(1) Nota. De deux figuresque donne Edwards, etqu'il dit être le mâle et la femelle, l'une n'a que


76 HISTOIREune toque de duvet noir, finet serré commedu velours, lui relève le front, et sa belleaigrette est une houppe épaisse fort épanouie,et composée de brins touffus de couleur isabelle,aplatis et filés en spirale ; chaque briridans sa longueur est hérissé de très-petitsfilets à pointe noire, et terminé par un petitpinceau de même couleur ; l'iris de l'œil estd'un blanc pur ; le bec est noir, ainsi queles pieds et les jambes, qui sont encore plushautes que celles de la grue, avec laquellenotre oiseau a beaucoup de rapport dans laconformation, mais il en diffère par degrands caractères ; il s'en éloigne aussi parSon origine : il est des climats chauds, et lesgrues viennent des pays froids; le plumagede celles-ci est sombre, et l'oiseau royal estparé de la livrée du midi, de cette zoneardente où tout est plus brillant, mais aussiplus bizarre, où les formes ont souvent prist'oreillon derrière l'œil, et dans l'autre sont expriméssous la gorge les deux fanons pendans. Ce caractèreparoît varier : on ne le trouve pas dans la descriptionde Clusius , exacte dans le reste , et vraisemblablementil tient à l'âge plutôt qu'au sexe, puisque MM. del'académie ne le trouvèrent pas à un des individusqu'ils décrivent, quoique tous deux femelles.


DE LA GRUE. 77leur développement aux dépens des proportions,où, quoique tout soit plus animé, toutçst qioins gracieux que dans les zones tempérées(1).L'Afrique et particulièrement les terresde la Gambra, de la côte d'Or, de Juida (2) ,de Fida, du cap Verd, sont les contrées qu'ilhabite. Les voyageurs rapportent qu'on envoit fréquemment sur les grandes rivières (5) :ces oiseaux y pèchent des petits poissons, et(f) La femelle de l'oiseau royal n'a pas des oreillons, ou n'en a que de fort petits, et son plumage estnoir par-tout où celui du mâle est bleu.SONNINI.(2) Histoire générale des voyages, tom. IV, p. 555Nota.. Il paroît au reste que les européens, sur cescôtes, ont donné le même nom d'oiseau royal à uneespèce toute différente du véritable. « Smith distinguedeux sortes d'oiseaux à couronne : la première a latête et le cou verds j le corps d'un beau pourpre ; lesailes et la queue rouges et le toupet noir : elle està peu près de la grosseur des grands perroquets. L'autresorte ( c'est ici le véritable oiseau royal ) est de laforme du héron, et n'a pas moins de trois pieds dehauteur ; elle se nourrit de poissons ; sa couleur estd'un mélange de bleu et de noir , et la touffe dont elleest couronnée ressemble moins à des plumes qu'à dessoies de porc ». (Hist. générale des voyages, tom. IV,pag. 247.)(3) Edwards, Hist. nat. of birds.


78 HISTOIRE^ont aussi dans les terres pâturer les herbeset recueillir des graines ; ils courent très-viteen étendant leiirs ailes et s'aidant du vent;aiilrement leur démarche est lente et, pourainsi dire, à pas comptés.Cet oiseau royal est doux et paisible; iln'a pas d'armes pour offenser, et n'a mêmeni défense ni sauve-garde que dans la hauteurde sa taille , la rapidité de sa course et lavitesse de son vol qui est élevé, puissant etsoutenu. Il craint moins l'homme que sesautres ennemis ; il semble même s'approcherde nous avec confiance, avec plaisir. Onassure qu'au cap Verd ces oiseaux sont àdemi-domestiques, et qu'ils viennent mangerdu grain dans les basse-cours avec les pintadeset les autres volailles; ils se perchenten plein air pour dormir, à la manière despaons, dont on a dit qu'ils imitoient le cri;ce qui, joint à l'analogie du panache sur latête, a fait donner le nom de paons marins^ 1 )par quelques naturalistes; d'autres les ontappelés paons à queue courte (2) ; d'autres ontécrit que cet oiseau est le même que la gruebaléarique des anciens, ce qui n'est nulle-(1) Clusius, Exotic. lib. 5 , cap. 2,(2) Jonston , Bavrère , Linnasus.


D E L A G R U E. 79ment prouvé ( 1 ) ; car Pline, le seul desanciens qui ait parlé de la grue baléarique,ne la caractérise pas de manière à pouvoirreconnoitre distinctement notre oiseauroyal; a le pic, dit-il, et la grue baléariqueportent également une aigrette (2) » ; or rienne se ressemble moins que la petite huppedu pic, et la couronne de l'oiseau royal,qui d'ailleurs présente d'autres traits remarquablespar lesquels Pline pouvoit le désigner.Si cependant il étoit vrai que jadis cet oiseaueût été rapporté à Rome des îles Baléares,où on ne le trouve plus aujourd'hui, ce faitparoîtroit indiquer que , dans les oiseauxcomme dans les quadrupèdes, ceux qui habitoientjadis des contrées plus septentrionalesdu globe alors moins froid , se trouvent àprésent retirés dans les terres du midi.Nous avons reçu cet oiseau de Guinée , etnous l'avons conservé et nourri quelque temsdans un jardin. Il y béquetoit les herbes,mais particulièrement le cœur des laitues etdes chicorées ; le fonds de sa nourriture, decelle du moins qui peut lui convenir le mieux,w m . .i • • • 1 • „i • , 1 .(1) Voyez les Mémoires pour servir à l'histoire desanimaux , tom. III , part. IL(2) Cirros pico martio et grui Balearicœ , lib. 2 ,cap. 57.


KoH ï S T O I REest du riz, ou sec ou légèrement bouilli, etce qu'on appelle crevé clans l'eau, ou au moinslavé et bien choisi , car il rebute celui quin'est pas de bonne qualité, ou qui reste souilléde sa poussière : néanmoins il paroît que lesinsectes et particulièrement les vers de terreentrent aussi dans sa nourriture ; car nousl'avons vu béqueter dans la terre fraîchementlabourée, y ramasser des vers, et prendred'autres petits insectes sur les feuilles; il aimeà se baigner, et l'on doit lui ménager un petitbassin ou baquet qui n'ait pas trop de profondeur,et dont l'eau soit de tems en temsrenouvelée ; pour régal, on peut lui jeterdans son bassin quelques petits poissons vivans;il les mange avec plaisir et refuse ceux quisont morts ; son cri ressemble beaucoup à lavoix de la grue ; c'est un ton retentissant( clangor ), assez semblable aux accens rauquesd'une trompette ou d'un cor ; il faitentendre ce cri par reprises brèves et réitérées, quand il a besoin de nourriture, et lesoir lorsqu'il cherche à se gîter (i) ; c'est(ï) Cet oiseau a encore une autre sorte de voix ,comme un grognement ou gloussement intérieur ,cloque, cloque, semblable à celui d'une poule couveuse,mais plus rude.aussi


DE LA GRUE. 81aussi l'expression de l'inquiétude et de l'en-rnui ; car il s'ennuie dès qu'on le laisse seultrop long-lems ; il aime qu'on lui rende visite,et lorsqu'après l'avoir considéré , on se promèneindifféremment sans prendre garde àlui, il suit les personnes ou marche à côtéd'elles, et fait ainsi plusieurs tours de promenade; et, si quelque chose l'amuse , etqu'il reste en arrière , il se hâte de rejoindrela compagnie : dans l'attitude du repos, il setient sur un pied ; son grand» cou est alorsreplié comme un serpentin , et son corps,affaissé et comme tremblant sur ses hautesjambes , porte dans une direction presquehorizontale ; mais , quand quelque chose luicause de l'étonnement ou de l'inquiétude,il alonge le cou, élève sa tête , prend un airfier , comme s'il vouloit en effet en imposerpar son maintien : tout son corps paroît alorsdans une situation à peu près verticale ; ils'avance gravement et à pas mesurés, et c'estdans ces momens qu'il est beau, et que sonair, joint à sa couronne , lui mérite vraimentle nom à'oiseau royal. Ses longuesjambes, qui le servent fort bien en montant,lui nuisent pour descendre ; il déploie alorsses ailes pour s'élancer ; mais nous avons étéobligés d'en tenir une courte, en lui coupantTOME LVILF


82 HISTOIREde tems en tems des plumes, dans la craintequ'il ne prît son essor , comme il paroîtsouvent tenté de le faire. Au reste, il a passécet hyver ( 1778 ) à Paris, sans paraître seressentir des rigueurs d'un climat si différentdu sien ; il avoit choisi lui-même l'abri d'unechambre à feu pour y demeurer pendant lanuit ,• il ne manquoit pas tous les soirs, àl'heure de la retraite, de se rendre devant laporte de cette chambre, et de trompeter pourse la faire ouvrir.Les premiers oiseaux de cette espèce ontété apportés en Europe dès le i5 e sièclepar les portugais , lorsqu'ils firentJa découvertede la côte d'Afrique ( 1 ) ( 2 ) ; Aldrom' " '•"' • ..••-••—• . ,. ,. — ..-.ï 1- ...- - -• . i.. i.... . 1 . 1 . m(1) « Il semble que l'on fait grand cas de ces oiseauxen Europe, puisque quelques messieurs ne cessentde nous solliciter de leur en envoyer». (Voyage deGuinée , par Guill. Bosman ; Utrecht, 1705, lett. i5.)(2) « C'est dans les environs de la rivière de Pouny,en Guinée, que je vis pour la première fois le héron,ou l'oiseau des Fétis ( oiseau royal), si renommé parles africains. Je n'eus pas peu de plaisir à considérer sadémarche majestueuse. Cet oiseau est en vénération,et personne n'ose tirer sur lui. Lorsque les nègres levoient voler , ils crient après lui comme chez nous lesenfans après la cigogne : ils l'appellent le héraut desFJtis, parce qu'il fait avec ses ailes un certain bruit1


DE LA GRUE. 83rande loue leur beauté (1) ; mais Belon neparoît pas les avoir connus, et il se méprendlorsqu'il dit que la grue baléarique des anciensest le bihoreau (a). Quelques auteurs (3) lesont appelés grues du Japon, ce qui sembleindiquer qu'ils se trouvent dans cette île ,et que l'espèce s'est étendue sur toute la zonepar la largeur de l'Afrique et de l'Asie. Aureste, le fameux oiseau royal ou fum-hoamdes chinois , sur lequel ils ont fait des contesmerveilleux, recueillis par le crédule Kircher(4) , n'est qu'un être de raison , toutaussi fabuleux que le dragon qu'ils peignentavec lui sur leurs étoffes et porcelaines.désagréable comme s'il donnoit du cor. ( Voyage enGuinée , parlsert, trad. franc, pag. 21.)( 1 ) Avis visu jucundissima.SOJNNIJNI.(2) «Aussi y veismes (à Alep ) un oiseau quasisemblable à une grue , mais plus petit de corpulence,ayant les yeux bordés de rouge , la queue du héron ,et sa voix moindre que d'une grue ; et croyons quec'e5t celui que les anciens ont nommé la grue baléarique)).(Observations de Belon, pag. 169.) Ce quinous fait douter que cette notice désigne l'oiseau royal,c'est que Belon n'y fait nulle mention de la couronne, caractère cependant distinct et frappant , etqui n'auroit pas échappé à cet excellent observateur(3) Charleton , Petiver , voyez la nomenclature.(4) Voyez la Chine illustrée ; Amsterd. 1670, p. 2Ô3*F a


84 HISTOIRELE C A R I A M A (i) (2).JN o u s avons vu que la Nature, marchantd'un pas égal, nuance tous ses ouvrages ; queleur ensemble est lié par une suite de rapportsconstans et de gradations successives;elle a donc rempli, par des transitions , lesintervalles où nous pensons lui fixer desdivisions et des coupures, et placé des productionsintermédiaires aux points de repos(1) Cariama brasiliensibus. Marcgrave, Hist. nat.brasil. pag. 2o5 , avec une figurequi paroît fort imparfaite.— Cariama. Pison , Hist. nat. pag. 81 , avecla figuré empruntée de Marcgrave. — Jonston , Avi.pag. i38, avec la même figure copiée, tab. 59. —Willulghby , Ornith. pag. 202. — Ray , Synops. avi.pag. 96, n° 6. - ; — Cariama vristata , grisea, fusco etrufescente varia, crislâ nigrâ , cinereo variegatâ; remigibusmajoribus, rectricibusque fuscis , griseo et rufescentevariegatis... cariama. Brisson , Ornithol.tom. V, pag. 516.(2) Pctlamédea inermis ,fronte cristatâ... palamedeacristatâ. Lin. Syst. nat. edit. i3, gen. 81,sp. i.— Latham, Syst. ornithol. gen. 65, sp. 2.SONNINI.


DU CARIAMA. 85que la seule fatigue de notre esprit, dans lacontemplation de ses œuvres, nous a forcésde supposer : aussi trouvons-nous dans lesformes, même les plus éloignées , des relationsqui les rapprochent ; en sorte que rienn'est vuide; tout se touche, tout se tient dansla Nature , et qu'il n'y a que nos méthodespt nos systèmes qui soient incohérens lorsquenous prétendons lui marquer des sectionsou des limites qu'elle ne connoît pas ; c'estpar cette raison que les êtres les plus isolés ,dans nos méthodes , sont souvent dans laréalité, ceux qui tiennent à d'autres par deplus grands rapports; telles sont les espècesdu cariama, du secrétaire et du kamichi ,qui, dans toute méthode d'ornithologie, nepeuvent former qu'un groupe à part, tandisque dans le système de la Nature ces espècessont plus apparentées qu'aucune autre avecdifférentes familles dont elles semblent constituerles dégrés d'affinité. Les deux premiersont des caractères qui les rapprochent desoiseaux de proie ; le dernier tient au contraireaux gaïîinacées, et tous trois appartiennentencore de plus près au grand genre des oiseauxdu rivage dont ils ont le naturel et lesmœurs,Le cariama est un bel oiseau , qui fré-V 5


86 HISTOIREquente les marécages et s'y nourrit commele héron , qu'il surpasse en grandeur ( 1 ) ;avec de longs pieds et le bas de la jambenu comme les oiseaux du rivage , il a unbec court et crochu comme les oiseaux deproie.Il porte la tête haute , sur un cou élevé;on voit sur la racine du bec, qui est jaunâtre,une plume en forme d'aigrette ; tout son plumage, assez semblable à celui du faucon, estgris onde de brun ; ses yeux sont brillans etcouleur d'or, et les paupières sont garnies délongs cils noirs ; les pieds sont jaunâtres, etdes doigts qui sont tous réunis vers l'originepar une portion de membrane , celui dumilieu est beaucoup plus long que les deuxlatéraux dont l'intérieur est le plus court ; lesongles sont courts et arrondis (2) ; le petitdoigt postérieur est placé si haut qu'il nepeut appuyer à terre, et le talon est épaiset rond comme celui de l'autruche. La voix(1) Egregia avis sylvestris cariama ex aquaticorumgénère, udosisque locis ob prœdamdelectatur moreardearum, quas mole corporis longé superat. Pison,Hist. nat» et medic. Ind. pag. Si*(2) Ungues breviusculi, lunati. Pison, Hist. nat. etmedic. Ind. pag. 81.


D U C A R I A M A. 87de cet oiseau ressemble à celle de la pouledinde ; elle est forte et avertit de loin leschasseurs qui le recherchent , car sa chairest tendre et délicate ; et,s'il en faut croirePison, la plupart des oiseaux qui fréquententles rivages dans les régions chaudes del'Amérique , ne sont pas inférieurs , pourla bonté de la chair, aux oiseaux de montagnes.Il dit aussi qu'on a commencé derendre le cariama domestique (1), et par cerapport de mœurs , ainsi que par ceux desa conformation, le cariama, qui ne se trouvequ'en Amérique, semble être le représentantdu secrétaire , qui est un grand oiseau del'ancien continent, dont nous allons donner,la description dans l'article suivant.( 1 ) Mansuefacta , œque ac sylvestris 7 assatur etcoquitur. Idem.F 4


88 HISTOIRELESECRÉTAIREouLE MESSAGER (i).Voyez les planches enlumin. n° 721 ; et pi. CLXXX VIde ce volume.• \V E T oiseau, considérable par sa grandeur,autant que remarquable par sa figure , estnon seulement d'une espèce nouvelle , maisd'un genre isolé et singulier, au point d'éluderet même de confondre tout arrangementde méthodes et de nomenclature ; enmême tems que ses longs pieds désignent un(Ï) Par les hollandais du cap de Bonne-Espérance,secrettiris et slang- vraters, ce qui signifie mangeurde serpens.Falco ater occipite cristato , rectricum apice albo,duabus intermediis longissimis. falco serpentarius*Lin. S)rst. nat. éd. i3, gen. 42 ; sp. 33.Vulturplumbeus occipite cristato , pedibus elongatis, remigibus , crisso ,femorïbusque nigris y rectricibusintermediis longissimis.. vultur serpentarius. Lath.Syst. ornith. gen. 1 , sp. 21.SONNIM.


i CZ XXXVIys 7 . /• // :1.LE SECRETAIRE OU MESSAGER.2. LE KAMICHI


DU SECRETAIRE. 89oiseau de rivage, son bec crochu indiqueraitun oiseau de proie ; il a, pour ainsi dire,une tête d'aigle sur un corps de cigogne oude grue ; à quelle classe petit donc appartenirun être dans lequel se réunissent descaractères aussi opposés ? Autre preuve quela Nature , libre au milieu des limites quenous pensons lui prescrire , est plus riche quenos idées et plus vaste que nos systèmes.Le secrétaire a la hauteur d'une grandegrue et la grosseiir du coq d'Inde ; ses couleurssur la tète , le cou, le dos et les couverturesdes ailes sont d'un gris un peu plusbrun que celui de la grue ; elles deviennentplus claires sur le devant du corps ; il a dunoir aux pennes des ailes et de la queue ,et du noir onde de gris sur les jambes ; unpaquet de longues plumes , ou plutôt depennes roides et noires , pend derrière soncou ; la plupart de ces plumes ont jusqu'àsix pouces de longueur ; il y en a de pluscourtes et quelques-unes sont grises ; toutessont assez étroites vers la base et plus largementbarbées vers la pointe ; elles sontimplantées au haut du cou. L'individu quenous décrivons a trois pieds six pouces dehauteur ; le tarse seul a près d'un pied ; lajambe, un peu au dessus du genou, est


90 HISTOIREdégarnie de plumes; les doigts sont gros etcourts , armés d'ongles crochus ; celui dumilieu est presque mie fois aussi long que leslatéraux qui lui sont unis par une membranejusques vers la moitié de leur longueur, et le doigt postérieur est très-fort.Ces caractères n'ont point été saisis par ledessinateur de la planche enluminée ; le couest gros et épais, la tête grosse , le bec fortet fendu jusqu'au delà des yeux ; la partiesupérieure du bec est également et fortementarquée à peu près comme dans l'aigle ;elle est pointue et tranchante ; les yeux sontplacés dans une espace de peau nue , decouleur orangée , qui se prolonge au delà del'angle extérieur de l'œil, et prend son origineà la racine du bec ; il y a de plus uncaractère unique et qui ajoute beaucoup àtous ceux qui font de cet oiseau un composéde natures éloignées ; c'est un vrai sourcilformé d'un seul rang de «cils noirs, de six àdix lignes de longueur (1) ; trait singulier etqui, joint à la touffe des plumes au haut dui^i) Ce sourcil a quinze ou seize lignes de longueur;les cils sont rangés très-près les uns des autres , élargispar la base, et creusés en gouttières, concaves endessous, convexes en dessus.


DU SECRÉTAIRE. 91cou, à sa tête d'oiseau de proie , à ses piedsd'oiseau de rivage, achève d'en faire un êtremixte , extraordinaire , et dont le modèlen'étoit pas connu (1).(1) Le secrétaire , dont les doigts sont courts etles ongles émoussés , a les ailes armées de trois proéminencesosseuses et arrondies , qui lui servent àattaquer et à frapper les serpens auxquels il fait uneguerre continuelle et qu'il dévore-, il se nourrit ausside lézards, de petites tortues qu'il avale toutes entièresaprès leur avoir brisé le crâne , ainsi qu'auxserpens et aux lézards, à coups redoublés de son becet des noeuds durs de ses ailes ; il mange encore unegrande quantité de sauterelles et d'autres insectes.Levaillant a trouvé dons le jabot d'un oiseau mâlede cette espèce vingt-une petites tortues entières ,dont plusieurs avoient près de deux pouces de diamètre; onze lézards de sept à huit pouces de long,et trois serpens de la longueur du bras et d'un pouced'épaisseur. Dans son estomac très - ample il y avoitune pelote grosse comme un œuf d'oie ; et uniquementformée de vertèbres de serpens et de lézards,d'écaillés de tortues, d'ailes et de pattes de sauterelles,et enfin d'étuis de plusieurs scarabées. Le secrétairerejette tous ces débris par le bec, comme plusieursoiseaux de proie. ( Histoire naturelle des oiseauxd'Afrique , n° 25. )Les ornithologistes n'étant pas tout à fait d'accordau sujet de la description du secrétaire, je rapporteraiici celle qu'en a faite Levaillant, d'après plusieurs


95 HISTOIREIl y a autant de mélange dans les nabitudesque de disparité dans la conformation ;avec les armes des oiseaux carnassiers, celui-ciindividus vivans ou récemment tués ; l'on sait que cescirconstances donnent bien plus de vérité aux descrip-^tions que des dépouilles déformées ou altérées par lamain du préparateur.Cet oiseau n'a pas, suivant le voyageur ornithologiste, les dimensions d'une grande grue que Bufibnlui prête ; il est même inférieur de taille à notre grued'Europe , n'ayant tout au plus que trois pieds deuxà trois pouces de hauteur ; il n'a pas non plus le basde la jambe dégarni de plumes ; elles descendent aucontraire un peu sur le devant du tarse ; son cou n'estpoint celui d'une cigogne-, la peau nue qui entoureson œil et la base du bec n'est pas rouge, mais d'unjaune plus ou moins orangé*, son bec fort et crochuressemble au bec de l'aigle ; ses tarses sont longs; unetouffe de plumes inégales forme sur le derrière ducou une espèce de crinière pendante, qu'il peut hérisserà volonté; sa queue est très-étagée ; les deuxpennes du milieu sont du double plus longues que lesdeux suivantes , et traînent à terre pour peu qu'il lestienne obliquement ; son œil gris est très-ouvert etgarni d'un sourcil noir*, sa bouche est grande et fenduejusqu'au delà des yeux ; la peau de sa gorge et de soncou est susceptible d'une grande extension; son jabotest d'une ampleur considérable, et contient une grandequantité de nourriture.Le plumage de l'oiseau parfait est d'un gris bleuâtre


DU SECRÉTAIRE. 93 -n'a rien de leur férocité ; il ne se sert de sonbec ni pour offenser , ni pour se défendre ; ilmet sa sûreté dans la fuite ; il évite l'apsurla tête , le cou > la poitrine et tout le manteau ; dela même couleur plus ou moins nuancée de brun rouxsur les couvertures des ailes dont les pennes son t noires ;de blanc sur la gorge et la poitrine ; de roussâtre trèsclairsur les couvertures inférieures de la queue ; denoir mêlé et comme ra} r é de roux ou de blanc aubas-ventre; enfin d'un beau noir rayé imperceptiblementde brun sur les jambes. Les pennes de la queuesont noires en partie ; elles prennent toujours plusde gris à mesure qu'elles s'alongent, et elles sontterminées par du blanc; les deux du milieu sont d'ungris bleuâtre, nuées de brun vers le bout qui est blancavec une tache noire ; mais il arrive quelquefois quele blanc de l'extrémité disparoît entièrement parl'effet du frottement que ces pennes éprouvent entraînant à terre.La femelle diffère du mâle par sa couleur grise ,moins nuancée de brun ; par sa huppe moins longue etplus mêlée de gris ; par les plumes de son ventre et de«es jambes, qui ont un plus grand nombre de rayuresbrunes ou blanches, et enfin par les deux pennes dumilieu de la queue , lesquelles ont moins de longueur.Dans le premier âge, le gris est nuancé d'une forteteinte roussâtre; chaque plume des jambes est terminéepar un liseré blanc, et le bas-ventre est entièrement decette couleur; la huppe est courte et d'un gris roussâtre, et les deux pennes du milieu de la queue ne sont


94 HISTOIREproche, il élude l'attaque, et souvent, pouréchapper à la poursuite d'un ennemi, mêmefoible, on lui voit faire des sauts de huit ouneuf pieds de hauteur ; doux et gai, il devientaisément familier ; on a même commencéà le rendre domestique au cap deBonne-Espérance ; on le voit assez communémentdans les habitations de cette colonie;et on le trouve dans l'intérieur des terres àquelques lieues de distance des rivages : onprend les jeunes dans le nid pour les éleveren domesticité , tant pour l'agrément quepour l'utilité , car ils font la chasse aux rats,aux lézards, aux crapauds et aux serpens.M. le vicomte de Querhoënt nous a communiquéles observations suivantes au sujetde cet oiseau, ce Lorsque le secrétaire , ditcet habile observateur , rencontre ou découvreun serpent , il l'attaque d'abord àcoup d'ailes pour le fatiguer ; il le saisitensuite par la queue, l'enlève à une grande— — — — — ^ -, •pas plus longues que les autres; on ne voit pas lesproérminences osseuses des ailes; elles ne sont pas mêmefort apparentes dans l'oiseau adulte , et il faut souleverl'aile pour les sentir; ce ne sont absolument que desapophyses du métacarpe. ( Voyez l'Histoire naturelledes oiseaux d'Afrique, à l'endroit ci-dessus cité. )SONNINI.


DU SECRÉTAIRE. 95hauteur en l'air et le laisse retomber ; cequ'il répète jusqu'à ce que le serpent soitmort. Il accélère sa course en étendant lesailes, et on le voit souvent traverser ainsiles campagnes, courant et volant tout ensemble; il niche dans les buissons à quelquespieds de terre, et pond deux œufs blancsavec des taches rousses; lorsqu'on l'inquiète,il fait entendre un croassement sourd ; iln'est ni dangereux, ni méchant ; son naturelest doux ; j'en ai vu deux vivre paisiblementdans une basse-cour au milieu de la volaille ;on les nourrissent de viande , et ils étoientavides d'intestins et de boyaux, qu'ils assujétissoientsous leurs pieds en les mangeant,comme ils eussent fait d'un serpent ; tous lessoirs ils se couchoient l'un auprès de l'autre ,chacun la tête tournée du côté de la queuede son camarade (i) ».*• — i — • — _ — , „(ï) La peinture que Levaillant a faite du combatentre le serpent et le secrétaire, n'est point tout àfait la même que celle de M. de Querhoënt ; mais eddernier observateur paroît n'avoir vu que des secrétairesapprivoisés au Cap, au lieu que le premier aobservé cette espèce dans son état de sauvage , et parconséquent telle qu'elle est sortie des mains de laNature. Voici quelques traits de son histoire , tirésd© l'ouvrage de ce voyageur.


96 HISTOIREAu reste , cet oiseau d'Afrique paroîts'accommoder assez bien du climat d'Europe;L'amour excite entre les mâles des combats longset opiniâtres ; ils se frappent mutuellement de leursailes pour se disputer une femelle qui se rend toujoursau vainqueur. C'est vers le mois de juillet que cesoiseaux entrent en amour; ils construisent un nid enforme d'aire, plat comme celui de l'aigle, de troispieds de diamètre, et garni en dedans de laine et deplumes; ils le placent dans le buisson le plus haut etle plus touffu , et quelquefois sur de grands arbres. liemême nid sert très-long-tems au même couple qui ,comme les aigles, habite seul un domaine assez étendu; la ponte est de deux ou trois œufs, tout blancs ,pointillés de roussâtre et de la forme de ceux d'oie,mais un peu moins alongés. Les petits sont long-temsavant de prendre leur essor ; ils ne peuvent même biencourir qu'à l'âge de quatre ou cinq mois. En revanche,lorsqu'ils ont pris tout leur accroissement, ils courentd'une vitesse extrême; quand ils se voient poursuivis,ils préfèrent la course au vol, et ils font des pas d'unegrandeur démesurée ; lorsque rien ne les effraie , leurdémarche est lente et grave ; ils sont défians et rusés ;on les approche difficilement. Le mâle et la femelle seséparent rarement ; ils se trouvent dans toutes lesplaines arides des environs du Cap , et particulièrementdans le Swart-Land. On les rencontre aussi trèsfréquemmentsur toute la côte de l'est , même jusqueschez les cafres et dans l'intérieur des terres ; ils sontplus rares à la côte occidentale, et sur-tout \ers lepays des namaquois.SONNINI.on


DU SECRÉTAIRE. 97on le voit dans quelques ménageries d'Angleterreet de Hollande* M. Vosmaér, quiFa nourri dans celle du prince d'Orange, afait quelques remarques sur sa manière devivre (1) : « Il déchire et avale goulûmentla viande qu'on lui jette , et ne refuse pasle poisson. Pour se reposer et dormir , il secouche le ventre et la poitrine à terre ; uncri, qu'il fait entendre rarement, a du rapportavec celui de l'aigle ; son exercice leplus ordinaire est de marcher à grands pasde côté et d'autre , et long-tems sans se ralentirni s'arrêter ; ce qui apparemment luia fait donner le nom de messager » , commeil doit sans doute celui de secrétaire à cepaquet de plumes qu'il porte au haut ducou (2). Quoique M. Vosmaer veuille dériverce dernier nom de celui de sagittaire qu'illui applique , d'après un jeu auquel on le» • " • I < . ) ' • " — Il M I I -•' • -•• 1 • • • • • . I . • , _ \(j) Description d'un oisçau de proie , nommé lesagittaire, tout à fait inconnu jusqu'ici, etc. (Vosmaër,feuille imprimée en 1769.)(2) Les hollandais du cap de Bonne-Espérance l'ontappelé secrétaire, au rapport de Levaillant, à cause dela touffe déplumes qu'il porte derrière la tête; attenduqu'en Hollande les gens de cabinet, quand ils sontinterrompus dans leurs écritures , passent leur plumedans leur perruque derrière l'oreille droite; ce quiTOME LVI1.G


98 HISTOIRE - :voit s'égayer souvent, qui est de prendre dubec ou du pied une paille ou quelqu'autreJbrin , et de le lancer en l'air à plusieursi-eprises ; « car il semble, dit M. Vosmaèr >être d'un naturel gai , paisible et mêmetimide ; quand on l'approche lorsqu'il courtça et là avec un maintien vraiment superbe,il fait un craquement continuel, crac, crac*,mais, revenu de la frayeur qu'on lui causoitien le poursuivant, il se montre familier ettnême curieux. Tandis que le dessinateurétoit occupé à le peindre , continue M. Vos^-«naër, l'oiseau vint tout près de lui regardersur le papier, dans l'attitude de l'attention,te cou tendu, et redressant les plumes de sa*ete, commes'il adniiroit sa figure. Souventil vient-, les ailes élevées et la tête en avant,jaour voir curieusement ce qu'on fait : c'estainsi »qù ? il s'approcha deux ou trois fois démoi, lorsque j'étois assis à côté d'une tabledans sa loge |)our le décrire. Dans ces moyens, ou bien lorsqu'il recueille avidementquelques morceaux , et généralement lorsqu'ilest ému de curiosité ou de désir, il• • ' • • • • • r . ._ . . tj| . " M .a quelque ressemblance avec la huppe de l'oiseau.( Histoire naturelle des oiseaux d'Afrique , et secondVoyage tas l'intérieur de l'Afrique, tom. II, p. 272.)SONNINI.


DU SECRETAIRE. 99redressé fort haut les longues plumes du derrièrede sa tête , qui d'ordinaire tombentmêlées au hasard sur le haut du cou. On aremarqué qu'il muoit dans les mois de juin etde février ; et M. Vosmaër dit que, quelqueattention qu'on ait apportée à l'observer,on ne l'a jamais vu boire ; néanmoins sesexcrémens sont liquides et blancs, commeceux du héron. Pour manger à son aise, ils'accroupit sur ses talons , et couché à moitiéil avale ainsi sa nourriture. Sa plus grandeforce paroît être dans le pied ; si on luiprésente un poulet vivant, il le frappe d'unViolent coup de patte et l'abat du second :c'est encore ainsi qu'il tue les rats; il lesguette assidûment devant leurs trous : entout il préfère les animaux vivans à ceux quisont morts, et la chair au poisson (1) (2). »Il n'y a pas long-tems que cet oiseau(1) Suite tîes observations de M. Vosmaër.(2) Pris jeune, le secrétaire s'apprivoise et se nourritfacilement ; il s'habitue fort bien avec la volaille ,et si on a soin de ne pas le laisser jeûner, il ne leurfait aucun mal; mais,s'il souffre de la faim, les pouletset les jeunes canards deviennent bientôt sa proie. IIn'est pas d'un naturel méchant ; il paroît au contraireaimer la paix ; car, s'il voit quelque combat parmi le»animaux de basse-cour, il accourt aussitôt pour lesG a


ioo H I S T O I R Esingulier est connu, même au Cap, puisqueKolbe, ni les autres relateurs de cette contréen'en ont pas fait mention. M. Sonnerat l'atrouvé aux Philippines, après l'avoir vu aucap de Bonne-Espérance ; nous remarquons,entre sa notice et les précédentes, quelquesdifférences dont il semble u qu'il faut tenircompte ; par exemple, M. Sonnerat peintles plumes de la huppe comme naissantessur le cou à intervalles inégaux, et les pluslongues placées le plus bas : nous n'y trouvonsni cet ordre ni cette proportion dansl'individu que nous avons sous les yeux, carces plumes sont implantées en paquet etsans ordre ,* il ajoute qu'elles sont fléchiesdans leur milieu du côté du corps, et que lesbarbes en sont frisées. M. Vosmaër les représentede même, et nous les voyons lisses danscelui que nous venons de décrire : ces différencessont-elles dans les objets ou dans lesdescriptions? Il en paroît une plus considé-— ~ ••••-• • •• i • n • .. •• — .1 wséparer. Beaucoup de personnes au cap de Bonne-Espérance élèvent des secrétaires dans leurs bassecours, autant pour y maintenir la paix qu'afin de détruireles lézards , les serpens et les rats qui souvents'y introduisent pour dévorer la volaille et les œufs.(Levaillant, Hist. naturelle des oiseaux d'Afrique.) ,SONNINI.


DU SECRÉTAIRE. 101rable dans la couleur du plumage; M. Vosmaërdit qu'il est d'un gris plombé bleuâtre ;nous le voyons gris tirant au brun : il dit lebec bleuâtre ; nous le voyons noir en dessus,blanc en dessous. L'individu que nous décrivonset qui est conservé dans le cabiiiet deM. le docteur Mauduyt, n'a pas non plusdeux plumes excédantes à la queue,; seulementelles dépassent de cinq pouces l'ailepliée ; mais un autre de ces oiseaux, sur lequela été dessinée la planche enluminée, portéces deux longues plumes, telles que les ontdécrites MM. Vosmaër et Sonnerat ,* il nousparoît que c'est le caractère du mâle. Aureste, ce dernier naturaliste ne s'exprimepas bien en attribuant au secrétaire un becde gallinacée ; c'est réellement un bec d'oiseaude proie, et d'ailleurs M. Sonneratremarque lui-même que cet oiseau est Carnivore(i).En pensant à ses mœurs sociales et familièreset à la facilité de 1 élever en dômeslicite,on est porté à croire qu'il seroitavantageux de le multiplier particulièrementdans nos colonies, où il pourroit servir à ladestruction des reptiles nuisibles et des rats.(ï) Voyage à la nouvelle Guinée, pag. 88.G 3


103 HISTOIRELE K A M I C H I (1) (2).Voyez les planches enlumin. n° 451 ; et pi. CLXXXVÏde ce volume.V^E n'est point en se promenant dans noscaôipagnes cultivées, ni nîême en parcouranttoutes les terres du domaine de l'homme,(1) Kamichi ou kamouki, par les naturels de I3.Guiane ; anhima, par ceux du Brésil ; cahuitahu, à larivière des Amazones , d'un nom imité de son cri.Anhima brasiliensïbus. Marcgrave, Hist. nat. bras.pag. 2i5, avec une figurereconnoissable , quoique défectueuse,et que Pison, Jonston et Willulghby ontcopiée. Willulghby, Ornith. pag. 202. — Ray, Synop*avi. pag. 96 , n° 7. — Jonston, Avi. pâg. 147. — Avisquœdam ex rapacibus. Idem, pag. 125. — Anhima.Pison, Hist. nat. pag. 91. — Aquila americana, nigra,aquatica, maxima, cornuta. Idem, Ornith. clâs. 3,£en. 4,sp. 4.— Palamedea. Moehring, Avi. gen. 3.—Palamedea alis bispinosis, fronte cornutâ* Lin. Syst.nat; edit. 12 , gen. 81 , gen. 232 (*). — Cahuitahu. LaCondamine, Voyage à la rivière des Amazones, p. 174.Anhima nigricans , albo variegQtçt ; vertice ex albo etnigro vario ; collo infimo et pectore cinereo , albo et(*) — Latham, Syst. ornith. gen. 66, sp, i. {tariritw


DU KAMICHL io5que l'on peut connoître les grands effets desvariétés de la Nature ; c'est en se transportantdes sables brûlans de la torride aux glacièresdes pôles; c'est en descendant du sommetdes montagnes au fond des mers,- c'est encomparant les déserts avec les déserts quenous la jugerons mieux et l'admireronsdavantage. En effet, sous le point de vue deses sublimes contrastes et de ses majestueusesoppositions, elle paroît plus grande en semontrant telle qu'elle est. Nous avons ci-?devant (3) peint les déserts arides de l'Arabiepétrée, ces solitudes nues où l'homme n'a•j • « •'-.'''-•{—'—****— — "———^7?nigro va/iqgatis,ventre albo; remigibus reetricibtcsque,nifgricqjitïbus anhima. Brisso.n , Ornith. tom. V*pag. 5i8. — M. Brisson applique encore au fcamiçhilenom de bambiaya sur la notice suivante de Laët,( Nov. orb. lib. ï, pag. iS. ) a II y a une autre sorted'oiseau fort fréquent qu'ils appellent à Cuba bambiayas,qu'on peut plutôt dire effleurer la terre guevoler, de sqrte que les indiens Jps chassent comrne lesbâtes sauvages ; quand on les cuit, là chair teint lçbrouet comme le safran; ils sont d'un goût assezagréable , et qui approche de celui des faisans. Il n'ya pas là de quoi reconnoître le kamichi.(2) Par les colons de Cayenne , camoucle; par les«SONNINI.naturels de la Guiane, kamouki.(5) Voyez le vingt-neuvième voluine de cette HistoireNaturelle , article du chameau, page *8. ;.G 4


io4 • HISTOIRE ;ïjamais respiré sous l'otaibrage; où la terresans verdure n'offre aucune subsistance auxanimawx, aux oiseaux, aux insectes; où toutparoît mort, parce que rien ne peut naître,et que l'élément nécessaire au développementdes germes de tout être vivant ou végétant,loin d'arroser la terre par des ruisseaux d'eauvive, ou de la pénétrer par des pluies fécondes, ne peut même l'humecter d'unesimple rosée. Opposons ce tableau de sécheresseabsolue dans une terre trop ancienne,à celui des vastes plaines de fange des savannesnoyées du nouveau continent, nous y verronspar excès ce que l'autre n'offroit que pardéfaut; des fleuves d'une largeur immense,tels que l'Amazone, la Plata, l'Orénoque,roulans à grands Ilots leurs vagues écumanteset se débordant en toute liberté,semblentmenacer la terre d'un envahissement et faireeffort pour l'occuper toute entière. Des eauxstagnantes et répandues près et loin de leurscours, couvrent le limon vaseux quelles ontdéposé; et ces vastes marécages, exhalantleurs vapeurs en brouillards fétides, communiqueroientà l'air l'infection de la terre, sibientôt elles ne retomboient en pluies précipitéespar les orages ou dispersées par lesvents. Et ces plages, alternativement sèches


DU KAMICHLio5et noyées, où la terre et l'eau semblent sedisputer des possessions illimitées; et cesbrossailles de mangles, jetées sur les confinsindécis de ces deux élémens, ne sont peupléesque d'animaux immondes qui pullulentdans ces repaires, cloaque de la Nature oùtout retrace l'image des déjections monstrueusesde l'antique limon. Les énormesserpens tracent de larges sillons sur cette terrebourbeuse, - les crocodiles, les crapauds, leslézards et mille autres reptiles à larges pattesen pétrissent la fange,' des millions d'insectes,#îiflés par la chaleur humide, en soulèventla vase ; et tout ce peuple impur, rampantsur le limon ou bourdonnant dans l'air qu'ilobscurcit encore , et toute cette verminedont fourmille la terre, attire de nombreusescohortes d'oiseaux ravisse LUS, dont les crisconfus, multipliés et mêlés aux croassemensdes reptiles, en troublant le silence de cesaffreux déserts, semblent ajouter la crainteà l'horreur pour en écarter l'homme et eninterdire l'entrée aux autres êtres sensibles;terres d'ailleurs impraticables , encore informes,et qui ne serviraient qu'à lui rappelerl'idée de ces tems voisins du premier cahosoù les élémens n'étoient pas séparés, où laterre et l'eau ne faisoient qu'une masse corn-


JOGHISTOIREmune, et où les, espèces vivantes n'a voientpas encore trouvé leur place dans les différensdistricts de la Nature.Au milieu de ces sons diseordans d'oiseauxcriards et de reptiles croassans, s'élève parintervalles une grande voix qui leur eqimpose à.tous, et dont les sons retentissentau loin : c'est la voix du kamichi, granc$oiseau noir très - remarquable par la forcede son cri et par celle de ses armes ; il portesur chaque aile deux puissans éperons, etsur la tête une couronne pointue (1) de trois,ou quatre pouces de longueur sur deux 014trois lignes de diamètre à sa base ; cette corne,implantée sur le haut du front, s'élève droitet finit en une pointe aiguë un peu courbé^en avant, et vers sa base elle est reyêtue.d'un fourreau semblable au tuyau 4'une,plume. Nous parlerons des éperons ou ergots,(1) Les sauvages de la Guiane l'ont nommé hamichi(*) ; ceux du Brésil l'appellent anhima , et surla rivière des Amazones cahuitahu, par imitation dçson grand cri, q\ie Marcgrave rend plus précisément;par vyhou-vyhou , et qu'il dit avoir quelque chose deterrible. Terribilem clamorem edit, vyhu , vyjiu , vçci*forando. Marcgrave, Hist. nat. brasil. pag. 2i'5.(*) Ç'e^t kamouki et non kamichi. SONI^NT.


DU KAMICHI. 107que portent aux épaules certains oiseaux,tels que les jacanas, plusieurs espèces depluviers, de vanneaux, etc., mais le kamichiest, de tous, le mieux armé; car, indépendammentde sa corne à la tête, il a sur chaqueaileron deux éperons qui sont dirigés en avantlorsque l'aile est pliée : ces éperons sont desapophyses de l'os du métacarpe, et sortentde la partie antérieure des deux extrémitésde cet os; l'éperon supérieur est le plusgrand ; il est triangulaire, long de deux pouces,large de neuf lignes à sa base, un peu courbéen finissant en pointe ; il est aussi revêtu d'unétui de même substance que celui qui garnitla base de la corne. L'apophyse inférieuredu métacarpe, qui fait le second éperon, n^aque quatre lignes de longueur et autant delargeur à la base, et il est recouvert d'unfourreau comme l'autre.Avec cet appareil d'armes très-offensives,et qui le rendraient formidable au combat,le kamichi n'attaque point les oiseaux, et nefait la guerre qu'aux reptiles ; il a même lesmœurs douces et le naturel profondémentsensible; car le mâle et la femelle se tiennenttoujours ensemble; fidèles jusqu'à la mort,l'amour qui les unit semble survivre à I9,perte que l'un ou l'autre fait de sa moitié;


io8HISTOIREcelui qui reste erre sans cesse en gémissant,et se consume près des lieux où il a perduce qu'il aime (i).Ces affections touchantes forment dans cetoiseau, avec sa vie de proie, le même contrasteen qualités morales que celui qui setrouve dans sa structure physique; il vit deproie, et cependant son bec est celui d'unoiseau granivore ; il a des éperons et unecorne, et néanmoins sa tète ressemble à celle»d'un gallinacée ; il a les jambes courtes, maisles ailes et la queue fort longues : la partiesupérieure du bec s'avance sur l'inférieure,et se recourbe un peu à sa pointe ; la têteest garnie de petites plumes duvetées, relevéeset comme demi-bouclées, mêlées denoir et de blanc; ce même plumage frisécouvre le haut du cou; le bas est revêtu deplumes plus larges, plus fournies,. noires aubord et grises en dedans : tout le manteauest noir bnm, avec des reflets verdâtres,et quelquefois mêlé de taches blanches ; les( ï ) Unâ mortua , altéra à sepulturâ nunquam discedit.Marcgrave , ubi suprà.raro sola incedit.Verum junctim , mas et fœmina. Testantur omnes pariterincolœ , unâ mortuâ altérant instar turturumlugere , ex vix à sepulchro discedere. Pison , Hist. nat-Ind. pag. 91.


DU KAMICHI. 109épaules sont marquées de roux, et cettecouleur s'étend sur le bord des ailes, quisont très-amples (1); elles atteignent presqueau bout de la queue, qui a neuf pouces delongueur : le bec, long de deux pouces, estlarge de huit lignes et épais de dix à sa base;le pied, joint à une petite partie nue de lajambe, est haut de sept pouces et demi; ilest couvert d'une peau rude et noire, dontles écailles sont fortement exprimées sur lesdoigts, qui sont très-longs; celui du milieu,l'ongle compris, a cinq pouces; ces onglessoiit demi - crochus, et creusés par dessousen gouttière ; le postérieur est d'une formeparticulière, étant effilé, presque droit ettrès - long, comme celui de l'alouette : lagrandeur totale de l'oiseau est de trois pieds.Nous n'avons pas pu vérifier ce que ditMarcgrave de la différence considérable degrandeur qu'il indique entre le mâle et lafemelle ; plusieurs de ces oiseaux que nousavons vus nous ont paru à peu près de lagrosseur et de la taille de la poule d'Inde (2).Willulghby remarque, avec raison, que( ï ) A las amplissimas. Marcgrave.(-2) Il y a quelques inexactitudes dans la figure dukamichi des planches enluminées; le plumage n'est


noHISTOIREl'espèce du kamichi est seule dans son genre ( 1 );sa forme est en effet composée de parties disparates,et la Nature lui a donné des attributsextraordinaires ; la corne sur la tête suffitseule pour en faire une espèce isolée, etmême un phénomène dans le genre entierdes oiseaux (2) : c'est donc sans aucun fonpasverd ; mais il est noir avec quelques reflets verdâtres; le sommet de l'aile est blanc saie et non pasroux ; enfin le ventre est blanc , au lieu qu'il est mal àpropos grisâtre dans la planche ; l'ongle du doigt posté-*rieur y est aussi représenté trop long et trop pointu.Un chirurgien de Cayenne a observé que les partiesinternes du kamichi différoient peu des mêmes partiesdans les gallinacées. Le jabot est d'une étendue considérable,assez mince, et ordinairement rempli, commecelui des oies, d'herbes mêlées avec les semences dedifférentes plantes. L'estomac est également très-volumineux, et il diffère beaucoup par la forme de l'estomacdes volailles ; la substance musculeuse n'est pasbien considérable ; on y distingue plusieurs membranesdont l'externe est très-forte et très-musculeuse, etl'interne est veloutée comme celle de la plupart desquadrupèdes. Les intestins sont grands et longs ; leurstuniques sont trop fortes , moins cependant que celles;de l'estomac. ( Mémoires sur Cayenne, par Bajon,tom. II, pag. 282.)SONNINI.(1) Avis est singularis et sui generis. Willughby,page 2o3.(2) Frequens pecora cornuta ; rare in aère avem cornuagerentem videris. Pison, ubi supra.


DU KAMICHIdément que Barrère en a fait un aigle (1),puisqu'il n'en a ni le bec, ni la tête, ni lespieds. Pison dit avec raison que le kamichiest un oiseau demi-aquatique (2); il ajoutequ'il construit son nid en forme de four aupied d'un arbre, qu'il marche le cou droit,la tête haute, et qu'il hante les forêts (3).Cependant plusieurs voyageurs nous ontassuré qu'on le trouve encore plus souventdans les savannes (4).m(1) Aquila aquatica cornuta. France équinoxiale,pag. 124.(2) Rapina est et amphibia. Pison, loco citato.(3) Idem, ibidem. Marcgrave, pag. 215.(4) C'est en effet un oiseau de marais ou de savannesà demi-noyées, peu éloignées des bords de la mer , etoù. il est très-difficile de l'atteindre; rarement il se•perche, et il se tient presque toujours à terre; aussin'entre-t-il jamais dans les grands bois, quoi qu'en aitdit Pison. Sa ponte est de deux oeufs gros comme ceuxde l'oie ; la chair de l'oiseau jeune est assez bonne ;celle des vieux est sèche et dure, mais ce n'est pas ungibier commun.SONNINI./


HISTOIRELE HÉRON COMMUN (1) (2).Voyez les planches enluminées, n° 787, et n° j55 oùle vieux mâle est représenté sous le nom de héronhuppé. Voyez aussi la pi. CLXXX VII de ce volume.PREMIERE ESPECE.J-j E bonheur n'est pas également départi àtous les êtres sensibles ; celui de l'hommevient de la douceur de son ame et du bon(1) En grec , erodios. En latin, ardea , ardeola; lenom èVardeola, quoique diminutif, signifie souventsimplement le héron dans les meilleurs auteurs, commeAîdrovande le remarque. En hébreu, schalach. Enchaldéen , schalenuna , suivant les conjectures de Gesner.En arabe , babgach. En persan , aukoh. En turc,balakzel. En illyrien , cziepie. En polonais, czapla,voraw. En italien , airone y sgarza. En espagnol et enportugais, garza. En catalan, agro. En allemand,reiger. En Suisse , reigel. En flamand , reigher. Enfrison, rarg. En suédois , haeger. En danois, heyre. Ennorvégien, hegre, kegger. En anglais , héron , commonhéron.Héron cendré. Belon, Hist. nat. des oiseaux, p. 189.— Héron , idem , Portraits d'oiseaux , pag. 42 , a. —Ardea. Gesner, Avi. pag, 207.— Ardea pulla;, siveemploi


fy.atzxxm.SÏfT../ > ia./>& Jeve œefl.II HERON^.L'AIGBETTE/hiÀam*/ S.


D E S H E R O N S.n5emploi de ses qualités morales ; le bien-êtredes animaux ne dépend au contraire quedes facultés physiques et de l'exercice deleurs forces corporelles : mais, si la Naturecinerea. Idem, ibidem, p. 211 ; et Icon. avi. p. 117. —Ardea y ardea cinerea major. AldrovancL Avi. tom. III,pag. 565 et 577. — Jonston , Avi. pag. io3. — Charleton,Exercit. pag. 109, n° 1. Idem, Onomazt. pag. io5,n° 1. — Sibbald , Scot. illust. part. II, lib. 3 , pag. 18»— Marsigli, Danub. tom. V, pag. 8, avec une figurepeu exacte. — Rzaczynski, Auctuar. hist. nat. polon.pag. 564- -*— Ardea cinerea major , the common héron.Willulghby, Ornith. pag. 2o5. — Ardea. Mus. Worm.pag. 3o6. — Moehring , Avi. gen. 81. — Ardea subcœrulea.Schwenckfeld, Avi. Sites, pag. 225. — Dergemeine reiger. Frisch , tom. II, div. 12 , sect. 1 , pi. v ;le même, à sommet de la tête blanc , planche vi.—Ardea occipite cristâ pendulâ y dorso cœrulescente,subtus albida , pectore maculis oblongis nigris. Ardeacinerea. Lin. Syst. nat. edit. 10, gen. 76, sp. 10.—Ardea cristâ dependente. Idem y Fauna suecica, n' i55.— The héron. Brit. zoolog. pag. 116. — Héron ordinaire.Albin , tom. III , pag. 52 , avec une figure malcoloriée ; celles de Belon, de Gesner , de Jonston , d'Aïdrovundene sont pas plus exactes. — Ardea supernècinerea y infernè alba ; medio vertice cinereo-nigricante ;occipitio nigro ; collo inferiore maculis longitudinalibusnigris variis ; pectore et ventre supremo maculislongitudinalibus cinereo-nigricantibus variegatis ; rectricibuscinereis versus apicem fuscescentibus ; rostroTOME LVII.H


n4HISTOIREs'indigne du partage injuste que la sociétéfait du bonheur parmi les hommes , ellemêmedans sa marche rapide paroit avoirnégligé certains animaux, qui, par imperfectiond'organes , sont condamnés à endurerla souffrance, et destinés à éprouver la pénurie: enfans disgraciés, nés dans le dénûmentpour vivre dans la privation , leurs jourspénibles se consument dans les inquiétudesd'un besoin toujours renaissant ; souffrir etpatienter sont souvent leurs seules ressources,et cette peine intérieure trace sa triste empreintejusques sur leur figure, et ne leurlaisse aucune des grâces dont ]a Nature animetous les êtres heureux. Le héron nous présentel'image de cette vie de souffrance ,d'anxiété, d'indigence; n'ayant que l'embuscadepour tout moyen d'industrie, il passe• ' I I . M • • - - . ' . _ •superiùs flavo viridescente, infernè ftavicante, apicenigricante ; pedibus virescentibus.Ornith. tom. V, pag. 592. ,,.. ardea. Brisson,(2) Ardea occipite nigro lœvi, dorso cœrulescente fsu.btùs albido y pectore maculis oblongis nigris. .ardea cinerea. Lin. Syst. nat. edit. i5 , gen. 84 , sp. 12,var. b. Et ardea occipite cristâ nigrâ dépendante corporecinereo , collo subi as Une a fasciâque pectoralinigris.. ardea major. Ibidem y sp. 12. — Latham ,Syst. ornith. gen. 69 , sp. 54 (mas ). Et var. A (fxin.)S O N N I N I.ï


DES ËEkONS.u5des heures, des jours entiers à la même place,immobile au point de laisser douter si c'estun être animé ; lorsqu'on l'observe avecune ltmette ( car il se laisse rarement approcher), il paroît comme endormi, posé surune pierre, le corps presque droit et sur uriseul pied ; le cou replié le long de la poitrineet du ventre ; la tête et le bec couchésentre les épaules, qui se haussent et excèdentde beaucoup la poitrine ; et s'il change d'attitude, c'est pour en prendre une encore plusContrainte en se mettant en mouvement ; ilentre dans l'eau jusqu'au dessus du genou,la tète entre les jambes, pour guêter au passageune grenouille , un poisson ; mais, réduità attendre que sa proie vienne s'offrir à lui,et n'ayant qu'un instant pour la saisir , ildoit subir de longs jeûnes, et quelquefoispérir d'inanition ; car il n'a pas l'instinct,lorsque l'eau est couverte de glace, d'allerchercher à vivre dans des climats plus tempérés; et c'est mal à propos que quelquesnaturalistes l'ont rangé parmi les oiseaux depassage , qui reviennent au printems dansles lieux qu'ils ont quitté l'hyver (1), puisquenous voyons ici des hérons dans toutes lesI* I ' "' -•"'"'" •"' •'•«"' • • " • '•' •• • ' • • I HI.HWH..PW t(ï) Agricola } apud Jonston ; Avi, pag. I5I.Ha


ii6HISTOIREsaisons , et même pendant les froids les plusrigoureux et les plus longs ; forcés alors dequitter les marais et les rivières gelées, ils setiennent sur les ruisseaux et près des sourceschaudes ; et c'est dans ce tems qu'ils sontle plus en mouvement , et où ils sontgrandes traversées pour changer de station ,mais toujours dans la même contrée ; ilssemblent donc se multiplier à mesure quele froid augmente, et ils paraissent supporterégalement et la faim et le froid ; ils nerésistent et ne durent qu'à force de patienceet de sobriété ; mais ces froides vertus sontordinairement accompagnés du dégoût dela vie.Lorsqu'on prend un héron , on peut legarder quinze jours sans lui voir chercherni prendre aucune nourriture ; il rejettemême celle qu'on tente de lui faire avaler ;sa mélancolie naturelle augmentée sans doutepar la captivité , l'emporte sur l'instinct desa conservation, sentiment que la Natureimprime le premier dans le cœur de tous lesêtres animés : l'apathique héron semble seconsumer sans languir ; il périt sans se plaindreet sans apparence de regret (1).(ï) Expérience faite par M. Hébert aux belles


DES HÉRONS. 117L'insensibilité, l'abandon de soi-même etquelques autres qualités toutes aussi négatives, le caractérisent mieux que ses facultéspositives ; triste et solitaire, hors le tems desnichées, il ne paroît connoître aucun plaisir,ni même les moyens d'éviter la peine. Dansles plus mauvais tems, il se tient isolé, découvert, posé sur un pieu ou sur une pierreau bord d'un ruisseau, sur une butte aumilieu d'une prairie inondée , tandis que lesautres oiseaux cherchent l'abri des feuillages;que, dans les mêmes lieux , le rasle se metà couvert dans l'épaisseur des herbes, et lebutor au milieu des roseaux; notre héron misérablereste exposé à toutes les injures de l'airet à la plus grande rigueur des frimats. M. Hébertnous a informé qu'il en avoit pris un quiétoit à demi-gelé et tout couvert de verglas ;il nous a de même assuré avoir trouvésouvent, sur la neige ou la vase, l'impressiondes pieds de ces oiseaux , et n'avoirjamais suivi leurs traces plus de douze ouquinze pas ; preuve du peu de suite qu'ilsmettent à leur quête et de leur inactionmême dans le tems du besoin. Leurs longuesobservations de qui nous devons les principaux faitsde l'histoire naturelle du héron.H5.


,n8 HISTOIREjambes ne sont que des échasses inutiles à lacourse; ils se tiennent debout et en reposabsolu pendant la plus grande partie du jour;et ce repos leur tient lieu de sommeil, car ilsprennent quelque essor pendant la nuit (1);on les entend alors crier en l'air à toute heureet dans toutes les saisons ; leur voix est unson unique , sec et aigre /qu'on pourraitcomparer au cri de l'oie , s'il n'étoit plus brefet un peu plaintif (2) ; ce cri se répète demoment à moment, et se prolonge sur unton plus perçant et très-désagréable lorsquel'oiseau ressent de la douleur.Le héron ajoute encore aux malheurs desa chétive vie le mal de la crainte et de ladéfiance ; il paroît s'inquiéter et s'alarmerde tout ; il fuit l'homme de très-loin; souventassailli par l'aigle et le faucon, il n'élude leurattaque qu'en s'élevant au haut des airs ets'efforçant de gagner le dessus ; on le voit seperdre avec eux dans la région des nuages (5).(1) Les anciens l'avoient observé; Eustathe, sur lçdixième livre de l'Iliade, dit que le héron pêche lanuit.(2) Klelzein y danger e, étoit le mot dont se servoientles grecs, dès le tems d'Homère, pour exprimer lecri du héron. (Voyez lliad. 10.)(5) On prétend que, pour dernière défense, il passe


DES HERONS. 119C'était assez que la Nature eût rendu cesennemis trop redoutables pour le malheureuxhéron (1), sans y ajouter l'art d'aigrirleur instinct et d'aiguiser leur antipathie ;mais la chasse du héron étoit autrefois parminous le vol le plus brillant de la fauconnerie; il faisoit le divertissement des princesqui se réservoient, comme gibier d'honneur,la mauvaise chair de cet oiseau , qualifiéeviande royale, et servie comme un mets deparade dans les banquets (2).C'est sans doute cette distinction attachéeau héron, qui fit imaginer de rassembler cesoiseaux , et de tâcher de les fixer dans desm • • .i - - • — •• .. . . i • . n •••. . . . 1 — — • - ^la tête sous son aile et présente son bec pointu à l'oiseauravisseur qui , fondant avec impétuosité , s'yperce lui-même. (Belon, Nat. des oiseaux, pag. 190,)(1) Les anciens lui en donnoient d'autres , foiblêsen apparence, mais pourtant redoutables en ce qu'ilsl'attaquoient dans ce qu'il avoit de plus cher : l'alouettequi lui rornpoit ses œufs; le pic {pipo, pipra) qui luituoit ses petits. Il n'avoit contre tous ces ennemis quel'inutile amitié de la corneille. (Voyez Aristote, lib. 9,cap- 18 et cap. 2 ; et Pline , lib. 10 , cap. 96.)(2) Voyez Jo. Bruyerinus , de Re cibariâ, lib. i5,cap. 66. Aldrovande, loin. III , pag. 567. — « L'ondit communément que le héron est viande royale, parquoi la noblesse française fait grand cas de le manger ».( Belon , Nat. des oiseaux , pag. 190.)H 4


îsoH I S T O I R Emassifs de grands bois près des eaux , oumême dans des tours, en leur offrant des airescommodes où ils venoient nicher. On tiraitquelque produit de ces héronnières , par lavente des petits héronneaux que l'on savoitengraisser (1). Belon parle avec une sorted'enthousiasme des héronnières que FrançoisI er avoit fait élever à Fontainebleau, etdu grand effet de l'art qui avoit soumis àl'empire de l'homme des oiseaux aussi sauvages(2) ; mais cet art étoit fondé sur leurnaturel même ; les hérons se plaisent à nicherrassemblés ; ils se réunissent pour celaplusieurs dans un même canton de forêt (3),(1) Willulghby.(2) « Entre les choses notables de l'incomparabledompteur de toutes substances animées , le grand roiFrançois fitfaire deux bâtimens qui durent encore àFontainebleau, qu'on nomme les héronnières. ... deforcer nature est ouvrage qui se ressent tenir quelquepartie de la Divinité: aussi ce divin ro3 r , que Dieuabsolve , avoit rendu plusieurs hérons si aduits , quevenans du sauvage, entrant léans , comme par untuyau de cheminée, se rendoient si enclins à sa volonté, qu'ils y nourrissoient leurs petits ». ( Nat. desoiseaux, liv. 4, pag. 189.)(5) Il n'est point de pays où on ne connoisse de cesbois que les hérons affectionnent, où ils se rassemblent,et qui sont des héronnières naturelles. C'est non seule-


D E S H E R O N S. 121souvent sur un même arbre ; on peut croireque c'est la crainte qui les rassemble, et qu'ilsne se réunissent que pour repousser de concert, ou du moins étonner par leur nombre,le milan et le vautour ; c'est au plus haut desgrands arbres que les hérons posent leursnids , souvent auprès de ceux des corneilles(1) ; ce qui a pu donner lieu à l'idéedes anciens, sur l'amitié établie entre ces deuxespèces, si peu faites pour aller ensemble (2).Les nids du héron sont vastes , composés debûchettes, de beaucoup d'herbe sèche , dejoncs et de plumes : les œufs sont d'un bleuverdâtre , pâle et uniforme, de même grosseurà peu près que ceux de la cigogne, maisun peu plus alongé et presque égalementpointus par les deux bouts. La ponte, à cequ'on nous assure, est de quatre ou cinqm 1 • " .. . >• 1 • • • • « . _ .w. 1 . ... , . ^,,ment sur les grands chênes, mais aussi dans les boisde sapins qu'ils se réunissent, comme Sclnveuckfeld leremarque de certaines forêts de Silésie : Olim satisfréquentes in abietibus allissimis y in sylvâ densâ PagiMeiwalde extra hisbergam nidificabant ; quœ eiiamnumah ardeis nomen retinet : der reger wald. ( Aviar.Siles. pag. 225.)(ï) Aldrovande , tom. III, pag. 069. — Belon , Nat.pag. 191.(2) Cornix et ardeola amici. Arist. lib. 9 , cap. 2.


J22H I S T O I R Eœufs, ce qui devrait rendre l'espèce plusnombreuse qu'elle ne paroît l'être par-tout;il périt donc un grand nombre de ces oiseauxdans les hyvers ; peut-être aussi qu'étantmélancoliques et peu nourris , ils perdent debonne heure la puissance d'engendrer.Les anciens, frappés apparemment de l'idéede la vie souffrante du héron, croyoient qu'iléprouvoit de la douleur, même dans l'accouplement; que le mâle, dans ces instans , répandoitdu sang par les yeux et je toit des crisd'angoisse (1). Pline paroît avoir puisé dansArioste cette fausse opinion (2), dont Théophrastese montre également prévenu (3) ;" 1 H I u « — ^ — W > - » ^ - ^ H l — ^ — 1 ••» 11 ... 1 •« m m 1 • • • 1 I II • — ^ — •(1) Ardeolarum.. . pellos in coïtu anguntur ;mares guident cumvociferatu sanguinem etiam exoculis profundunt ; nec minus œgré pariunt gravidœ.Plin. lib. 10, cap. 79. Cette fable de la souffrance duhéron dans le coït en avoit enfanté une autre , cellede la grande chasteté de cet oiseau, qui , au dire deGlycas , s'afflige et s'attriste durant quarante joursen sentant approcher le tems de la copulation. ( Mich.Glycas , annal, lib. 1.)(2) Pellus non sine molestiâ cubât et coït : clangitenim y et sanguinem , ut aiunt, emittit coïens ; paritquoque incommodé et cumScaliger. lib. 9 , cap. 2.dolore. Aristot. ex recens.(5) In animalibus quœdam vi y vel contra naturameveniunt, ut ardeœ coïtus. Theophrast. in metaphys.


DES HERONS. i.Smais on la réfutoit déjà du tems d'Albert,qui assure avoir plusieurs fois été témoin del'accouplement des hérons, et n'avoir vu queles caresses de l'amour et les crises du plaisir(i). Le mâle pose d'abord un pied sur ledos de la femelle , comme pour la presserdoucement de céder ; puis portant les deuxpieds en avant , il s'abaisse sur elle , et sesoutient dans cette attitude par de petits battemensd'ailes (2); lorsqu'elle vient à couver,le mâle va à la pêche, et lui fait part de sescaptures , et l'on voit souvent des poissonstombés de leurs nids (3). Du reste , il neparoît pas que les hérons se nourrissent deserpens ni d'autres reptiles , et l'on ne saitsur quoi pouvoit être fondée la défense deles tuer en Angleterre (4).(1) Hist. animal, lib. 35.(2) Jonston, Avi. pag. I5I.(5) « En basse Bretagne, les hérons sont moultfréquens, où ils font leurs nids sur les rameaux desarbres des forêts de haulte fusta3 r e , et pour ce qu ilsnourrissent leurs petits de poissons, et qu'en lesabêchant, grande quantité en tombe par terre ; plusieursont pris occasion de dire avoir esté en un paysoù les poissons qui tombent des arbres, engraissent lespourceaux». (Belon, Nat. des oiseaux, pag. 189.)(4) Ardeam in Angliâ occidere capitale esse ferunt.


124 H I S T O I R ENous avons vu que le héron adulte refusede manger, et se laisse mourir en domesticité; mais , pris jeune , il s'apprivoise , senourrit et s'engraisse ; nous en avons faitporter du nid a la basse-cour ; ils y ont vécud'entrailles de poissons et de viande crue,et se sont habitués avec la volaille ; ils sontmême susceptibles , non pas d'éducation,mais ;.e quelques mouvemens communiqués ;on en a vu qui avoient appris à tordre lecou de différentes manières , à l'entortillerautour du bras de leur maître ; mais, dèsqu'on cessoit de les agacer, ils retomboientdans leur tristesse naturelle , et demeuraientimmobiles (i). Au reste , les jeunes héronssont, dans le premier âge , assez long-temscouverts d'un poil follet épais , principalementsur la tète et le cou.Le héron prend beaucoup de grenouilles;Mus. worm. pag. £09. Jonston dit la même chose ,Avi. pag. i5o.(1) « J'en fenois un dans ma cour; il ne cherchoitpoint à s'échapper, il ne fuyoit point quand on l'approchoit,il restoit immobile où on le posoit ; les premiersjours il présentoit le bec et frappoit même delà pointe,mais sans faire aucun mal ; je n'ai jamais vu un animalplus patient , plus immobile et plus silencieux ».(M. Hébert.)


DES HERONS. ia5il les avale toutes entières ; on le reconnoîtà ses excrémens qui en offrent les os nonbrisés et enveloppés d'une espèce de mucilagevisqueux de couleur verte , formé apparemmentde la peau des grenouilles réduitesen colle ; les excrémens ont, comme ceux desoiseauxd'eau en général, une qualité brûlantepour les herbes. Dans la disette , il avale depetites plantes, telles que la lentille d'eau(1);mais sa nourriture ordinaire est le poisson ;il en prend assez de petits , et il faut lui supposerle coup de bec sûr et prompt pouratteindre et frapper une proie qui passecomme un trait ; mais pour les poissons unpeu gros , "Willulghby dit, avec toute sortede vraisemblance , qu'il en pique et blessebeaucoup plus qu'il nen tire de l'eau (2). Enhyver, lorsque tout est glacé et qu'il est réduitaux fontaines chaudes, il va tâtant de sonpied dans la vase, et palpe ainsi sa proie,grenouille ou poisson.Au moyen de ses longues jambes, le héronpeut entrer dans l'eau de plus d'un pied sansse mouiller ; ses doigts sont d'une longueurexcessive ; celui du milieu est aussi long que(1) Salerne , Ornithol. pag, 208.(2) Ornithologie, pag. 204.


126 H I S T O I R Ele tarse ; l'ongle qui le termine est denlclé (i )en dedans comme un peigne, et lui fait unappui et des crampons pour s'accrocher auxmenues racines qui traversent la vase surlaquelle il se soutient au moyen de ses longsdoigts épanouis (2). Son bec est armé de dentelurestournées en arrière , par lesquellesil retient le poisson glissant. Son cou se pliesouvent en deux ; il semblerait que ce mouvements'exécute au moyen d'une charnière;car on peut encore faire jouer ainsi le couplusieurs jours après la mort de l'oiseau.Willulghby^a mal à propos avancé à ce sujet,que la cinquième vertèbre du cou est renverséeet posée en sens contraire des autres(3); car, en examinant le squelette duhéron, nous avons compté dix-huit vertèbres(1) Cette dentelulure en peigne est creusée surla tranche dilatée et saillante du côté intérieur del'ongle , sans s'étendre jusqu'à sa pointe qui est aiguëet lisse.(2) La dentelure de cet ongté forme des espèces decrochets que le héron enfonce dans le corps de l'anguilleet des autres poissons à peau lisse, et qui rendentinutiles tous les efforts cfe cette proie à superficieglissante. SONKINÏ.( 5 ) Quinta colli vertebra contrariam habet positionem,nempe sursitm reflectitur. Willulghby v p. 204.


D E S H E R O N S. 127dans le cou, et nous avons seulement observéque les cinq premières , depuis la tête , sontcomme comprimées par les côtés , et articuléesTune sur l'autre par une avance de3a précédente sur la suivante , sans apophyses, et que l'on ne commence à voir desapophyses que sur la sixième vertèbre ; parcette singularité de conformation , la partiedu cou qui tient à la poitrine , se roidit, etcelle qui tient à la tête , joue en demi-cerclesur l'autre, ou s'y applique de façon quele cou, la tête et le bec sont plies en troisl'un sur l'autre : l'oiseau redresse brusquement,et comme par ressort, cette moitiérepliée, lance son bec comme un javelot ;en étendant le cou de toute sa longueur, ilpeut atteindre au moins à trois pieds à laronde : enfin, dans un parfait repos, ce cou,si démesurément long, est comme effacé etperdu dans les épaules, auxquelles la têteparoît jointe (1); ses'ailes piiées ne débordentpoint la queue qui est très-courte.Pour voler, il roidit ses jambes en arrière,renverse le cou sur le dos, le plie en troisparties, y compris la tête et le bec, de façon(1) Sedet capite inter armos addueto, collo intorto.Willulghby, pag. 304,


128 HISTOIREque d'en bas on ne voit point de tète, maisseulement un bec qui paroît sortir de sapoitrine ; il déploie des ailes plus grandesà proportion que celles d'aucun oiseau deproie ; ces ailes sont fort concaves et frappentl'air par un mouvement égal et réglé. Lehéron, par ce vol uniforme, s'élève et se portesi haut, qu'il se perd à la vue dans la régiondes nuages (1). C'est lorsqu'il doit pleuvoirqu'il prend le plus souvent son vol (2), et lesanciens tiraient de ses mouvemens et de sesattitudes plusieurs conjectures sur l'état del'air et les changemens de température ; tristeet immobile sur le sable des rivages , il annonçaitdes frimats (3) ; plus remuant et plusclameux qu'à l'ordinaire , il promettait lapluie ; la tête couchée sur la poitrine, ilindiquoit le vent par le côté où son bec étoittourné (4). Aratus et Virgile, Théophrasteet Pline établissent ces présages, qui ne noussont plus connus depuis que les moyens de» — •• n 1 •. • ... ...m • 1 .1 1 1 . . 1— , . . 1 .i . - ^I(i ) .... Noiasque paludesDeserit, atque altant supervolat ardeo nubem.VïRO.(2) Aldrovande, Avi. tom. HT, pag. 370.(3) Ardea in mediis arenis tristis , hiemen. Plin.lib. i3 , cap. 87. ,„(4) Voyez Aldrovande, Avi , tom. III \ pag. 573.l'art,


DES HERONS. 129l'art, comme plus sûrs, nous ont fait négligerles observations de la Nature en ce genre.Quoi qu'il en soit, il y a peu d'oiseaux quis'élèvent aussi haut , et qui , dans le mêmeclimat, fassent d'aussi grandes traversées queles hérons , et souvent, nous dit M. Lottinger, on en prend qui portent sur eux desmarques des lieux où ils ont séjourné (1).Il faut en effet peu de force pour portertrès-loin un corps si mince et si maigre ,qu'en voyant un héron à quelque hauteurdans l'air, on n'aperçoit que deux grandesailes sans fardeau ; son corps est éflanqué,aplati par les côtés et beaucoup plus couvertde plumes que de chair. "Willulghby(1) L'on tua en 1775, aux environs de Saint-Dié,dans les Vosges lorraines , un héron que l'on envoya àNancy, et qui portoit cinq anneaux de cuivre passés à lajambe gauche, de manière qu'ils ne pouvoient descendreau dessous du talon. Sur le premier anneau onlisoit : C. W. F. R. B. O. A. 1751, n° 73 ; sur le second:CMZBO 1743, n° 96, sur le troisième, CE. M.A. C. Z. B. O. n° 44? 1762; sur le quatrième :C F. C A. M. Z. B. O. n° 88, 1762; sur le cinquième: F. V P. I. M. n° 5o, 1765. A. L'on a penséque ces diverses inscriptions indiquoient les époquesauxquelles cet oiseau avoit été pris et repris par différensprinces de l'Allemagne. SONNINI.TOME LVII.I


i3oHISTOIREattribue îa maigreur du héron à la crainteet à l'anxiété continuelle dans laquelle ilvit (1) , autant qu'à la disette et à son peud'industrie (s) ; effectivement la plupart deceux que l'on tue sont d'une maigreur excessive(3).(i) Corpus (ardeis ) plerumque macilentum et strigosum, ad pavorem et solliciludinem continuant.Willulghby , Orniih. pag. 2o3.(2) « Je tirai un héron , c'étoit par un froid rigoureux; il n'étoit que légèrement blessé , et emporta lecoup assez loin. Un grand chien que j'avois avec moi ,quoiqu'à la fleur de l'âge , et qui avoit donné desmarques de courage , hésita de se jeter sur ce héronjusqu'à ce qu'il me sentit près de lui ; le héron poussoitdes cris affreux ; il s'étoit renversé sur le dos, etpréseuloit ses pieds au devant de lui lorsqu'on enapprochoit de près, comme pour repousser : il menaçoitaussi du bec : cependant, lorsque je le tins,quoique plein de vie et encore très-fort, il ne me fitaucun mal et ne chercha point à m'en faire. Je ledépouillai de sa peau pour la conserver ; il étoit d'unemaigreur excessive; je l'avois surpris de grand matinsur les bords d'une rivière très-profonde , où certainementil ne devoit pas faire de fréquentes captures,etil y avoit plusieurs jours que je le rencontrois aumême endroit, en cherchant des canards sauvages ».( Note tirée de l'excellent Mémoire de M. Hébertsur les hérons. )(5) Aristote connoissoit mal le héron, lorsqu'il le


DES HERONS.i5iTous les oiseaux de la famille du héronn'ont qu'un seul cœcum, ainsi que les quadrupèdes;au lieu que tous les autres oiseauxen qui se trouve ce viscère, l'ont double (1) ;l'œsophage est très -large et susceptible d'unegrande dilatation ; la trachée-artère a seizepouces de longueur , et environ quatorzeanneaux par pouces ; elle est à peu prèscylindrique jusqu'à sa bifurcation , où seforme un renflement considérable d'où partentles deux branches, qui du côté intérieurne sont formées que d'une membrane ; l'œilest placé dans une peau nue , verdâtre , quis'étend jusqu'aux coins du bec : la langueest assez longue , molle et pointue ; le bec,fendu jusqu'aux yeux, présente une longueet large ouverture ; il est robuste, épais prèsde la tête , long de six pouces , et finissanten pointe aiguë ; la mandibule inférieure esttranchante sur les côtés ; la supérieure estdentelée vers le bout sur près de trois, poucesde longueur; elle est creusée d'une doubleramure dans laquelle sont placées les narines;dit actif et subtil à se procurer sa subsistance ; sagaxet cœnœgerula et operosa : il aur.oit pu le dire avecplus de vérité , inquiet et soucieux.(ï) Willulghby, pag. 2o3.I 2


i5sHISTOIREsa couleur est jaunâtre et très-rembrunieà la pointe ; la mandibule inférieure est plusjaune , et les deux branches qui la composentne se joignent qu'à deux pouces dela pointe ; l'entre-deux est garni d'une membranecouverte de plumes blanches; la gorgeest blanche aussi, et de belles moucheturesnoires marquent les longues plumes pendantesdu devant du cou ; tout le dessus ducorps est d'un beau gris de perle ; mais dansla femelle, qui est plus petite que le mâle,les couleurs sont plus pâles, moins foncées,moins lustrées ; elle n'a point la bande transversalenoire sur la poitrine , ni d'aigrettesur la tête (1) ; dans le mâle il y a deux(ï) Nous n'hésitons pas, d'après ces caractères dedifférences établies entre le mâle et la femelle duhéron , sur les meilleurs témoignages , de regarder lehéron huppé dont M. Brisson fait sa seconde espèce,et qui est le même que celui de nos planches enluminées, n° 755, comme le mâle de l'espèce dont lafemelle est représentée n° 787. En remontant à lasource , je trouve que les naturalistes ne se sont portésà distinguer le héron gris huppé du héron gris commun,que sur une indication de Gesner ( A lia quœdamardea. Avi. pag. 219), qu'il ne donne lui-même qued'après une tête séparée du corps de l'oiseau , et sansoser prononcer fermement que ce héron huppé nesoit pas une variété quelconque du héron gris commun,


DES HERONS. i53ou trois longs brins de plumes minces, effilées, flexibles et du plus beau noir ; cesplumes sont d'un grand prix , sur-tout enOrient (i ) ; la queue du héron a douze pennestant soit peu étagées ; la partie nue de sajambe a trois pouces ; le tarse six ; le granddoigt plus de cinq ; il est joint au doigt intérieurpar une portion de membrane ; celuide derrière est aussi très-long , et, par unesingularité marquée, dans tous les oiseauxde cette famille , ce doigt est comme articuléavec l'extérieur, et implanté à côté dutalon ; les doigts, les pieds et les jambes dece héron commun sont d'un jaune verdâtre;ainsi que M. Klein l'a très-bien soupçonné (Ord. avi.pag. i22,Q° ï); et Willulghby semble l'entendre demême pour son ardea cinerea major, que M. Brissonrapporte mal à propos à une espèce différente duhéron commun , puisque Willulghby lui en donne lenom , the common héron. ( Ornith. pag. 2o5. )(ï) Plumulas longas in capite ardearum dependentes,magnatibus imprimis asiaticis caras. Klein , Avi.pag. 122. — H y a trois fameux panaches de ces raresplumes de héron y celui de l'empereur, celui du grandturc, et celui du mogol ; maiss'il est vrai, comme onle prétend, que les plus belles plumes pour ces panachessoient les blanches, elles appartiennent aubihoreau, dont la plume est en effet encore plus belloque celle du héron.ï 3


134 HISTOIREil a cinq pieds d'envergure, près de quatredu bout du bec aux ongles , et un peu plusde trois jusqu'au bout de la queue ; le cou& seize ou dix-sept pouces ; en marchant,il porte plus de trois pieds de hauteur ; il estdonc presque aussi grand que la cigogne ;mais il a beaucoup moins d'épaisseur de corps,et on sera peut - être étonné qu'avec d'aussigrandes dimensions le poids de cet oiseaun'excède pas quatre livres (i).Aristote et Pline paraissent n'avoir connuque trois espèces dans ce genre : le héroncommun ou le grand héron gris dont nousvenons de parler (2) , et qu'ils désignent parle nom de héron cendré ou brun , pellos ;le héron blanc, leucos , et le héron étoile oule butor, asterias (3) : cependant Oppien observeque les espèces de héron sont nombreuseset variées. En efïêt, chaque climata les siennes , comme nous le verrons par• _ ' ; - • ' ' 1 « • ! • • • •• 1 . i i ) i i ï,, - ... —(1) Un héron mâle , pris le 10 janvier , pesoit troislivres dix onces ; une femelle , trois livres cinq onces.( Observation faite par M. Guenau de Montbcillard. )(2) Pellam, sive cineream , simpliciter ardeam vocamus.Gesner.(3) Ardeolarum tria sunt gênera : pellus, leucus yet qui asterias dicitur. Aristot. lib. 9, cap. 2 ; la mêmechose dans Pline, lib. 10, cap. 79.


DES HERONS.i55leur énumération ; et l'espèce commune,celle de notre héron gris paroît s'être portéedans presque tous les pays, et les habiter conjointementavec celles qui y sont indigènes.Nulle espèce n'est plus soli!aire, moins nombreusedans les pays habités, et plus isoléedans chaque contrée ; mais en même temsaucune n'est plus répandue et ne s'est portéeplus loin dans des climats opposés ; un naturelaustère , une vie pénible ont apparemmentendurci le héron , et l'ont renducapable de supporter toutes les intempériesdes différens climats. Dutertre nous assurequ'au milieu de la multitude de ces oiseauxnaturels aux Antilles , on trouve souvent lehéron gris d'Europe (1) (2) ; on l'a de mcmètrouvé à O-Taïli, où il a un nom propredans la langue du pays (3), et où les insulairesont pour lui, comme pour le martinpêcheni-, un respect superstitieux (4). Aum. m , . „ . , - • - , ,1 • , • , „ _, .m(1) Histoire naturelle des Antilles, tom. II, p. 275.(2) Molina assure aussi que ce héron se trouve auChilf. (Hist. nat. du Chili, edit. fr. p. 2i/ f .)SONNINI.(3) Otoo est le nom propre du héron i-ris en languelaïlienne.( Voyez le Vocab. des langues des îles du sud,par M. Forster ; suite du second Voyage de Cook. )•(4) Forster, Observations h la suite du secondVoyage du capitaine Cook, tom. V, pag. 188.' ' 1 4


i36H I S T O I R E•lapon , entre plusieurs espèces de saggis ouhérons, on distingue , dit Koeinpfer, le goi*saggis ou Je héron gris (i); on le rencontreen Egypte (2) (3), en Perse (4), en Sibérie,chez les jakutes(5) (6). Nous en dirons autantdu héron del'île Saint-Y ago, au cap Verd (7) ;de celui de la baie de Saldana (8) ; du héronde Guinée de Bosman (9) ; dos hérons grisde 1 ile de May ou des rabékès du voyageur(]) Histoire naturelle du Japon, tom. I, pag. 112.(2) Voyage de Granger ; Paris , 174^ > pag. 257. —Voyage du P. Vansleb; Paris, 1677 , pag. io5.(3) Poiret met le héron commuu au nombre desoiseaux de Barbarie , où il se nourrit de poissons ,de grenouilles, de lézards, e te. ( Voyage en Barbarie,tom. I , pag. 277.) SONNINI.(4) Voyage de Chardin; Amsterdam, 1711, tom. II,pag. 5o.(5) Gmelin, Hist. génér. des Voyages', tom. XVIII,page 3oo.(6) M. Pallas Ta vu près de l'embouchure du Jaïket sur les bords de la mer. ( Voyage en Russie et dansl'Asie septentrionale , tom. I, in-4 de l'édition française, pag. 672. ) SONNINT.( 7 ) Histoire générale des Voyages, tome H,page 376.(8) Idem, tom. I, pag. 44î>(9) « On trouve ici ( à la côte de Guinée) deuxsortes de hérons , des bleus et des blancs ». (Voyageen Guinée , par Guillaume Bosman; Utrecht, i^oj. )


DE S H E R O N S. i3?Roberts (1); du héron de Congo, observépar Loppez (2) ; de celui de Guzarate , dontparle Maudeslo (3); de ceux de Malabar (4);de Tunquin (5) ; de Java (6) ; de Timor (7) ;puisque ces différens voyageurs indiquentces hérons simplement sous le nom de l'espècecommune, et sans les en distinguer (8).i(j) Voyez la relation de Roberts dans l'Histoiregénérale des Voyages , tom. II, pag. 57.(2) Outre les oiseaux qui sont propres au royaumede Congo et d'Angola , l'Europe en a peu qui ne setrouvent dans l'une ou l'autre de ces deux régions :Loppez observe que les étangs y sont remplis dehérons et de butors gris , qui portent le nom d'oiseauroyal. Hist. générale des Voyages, tom. V, pag. 75*( 3 ) Voyage de Mandeslo à la suite d'Olearius,tom. II, pag. i45.(4) Recueil des voyages qui ont servi à l'établissementde la compagnie des Indes; Amsterdam, 1702,tom. VI, pag. 479-(5) Voyage de Dampier; Rouen, 1715V tom. III,pag. 5o.(6) Nouveau Voyage autour du monde, par leGentil y tom. III, pag. 74.(7) Uampier, tom. V, pag. 61.(8) Dans quelques cantons de la Chine, l'on voit unemultitude de hérons ; elles y nichent et en font despoints de départ et de retour. ( Voyez le voyage enChine de Houckgeest , édition française , tom. II,pag. 21 J.)SONNINI.


Ï38HISTOIRELe héron appelé dangcanghac dans File deLuçon, et auquel les espagnols des Philippinesdonnent en leur langue le nom propredu héron d'Europe ( garza ) , nous paroîtencore être le même (1). Dampier dit expressémentque le héron de la baie de Campècheest en tout semblable à celui d'Angleterre (2) ;ce qui, joint nu témoignage de Dutertre età celui de le Page du Pratz , qui a vuà la Louisiane le même héron qu'en Europe(3), ne nous laisse pas douter que l'espècen'en soit commune aux deux continens ;quoique Catesby assure qu'il ne s'en trouvedans le nouveau que des espèces toutes différentes(4).Dispersés et solitaires dans les contrées(1) Voyez Camel, de Avib.philippin. Transactionsphilosophiques , numb. 288.(2) « Les hérons d'ici ( de la baie de Campèche )ressemblent tout à fait à ceux que nous avons en Angleterre, soit par rapport à la grosseur, soit par rapportà la figureet au plumage ». (Voyage de Dampier;Rouen; 17 15, tom. III, pag. 3i.)(5) Histoire de la Louisiane , tom. II , pag. 116.(4) A la baie de Montcrey, en Californie, les derniersnavigateursfrançais trouvèrent des hérons sur lesbords de la mer et des étangs. ( Voyez le Voyage de laPérouse autour du monde, ia-8°, toan. II, pag. 287*)


DES H E R O N S. i5gpeuplées , les hérons se sont trouvés rassembléset nombreux dans quelques ilesdésertes, comme dans celles du golfe d'Arguimau cap Blanc, qui reçut des portugaisle nom d'isolas das Garzas ou d'ile auxHérons , parce qu'ils y trouvèrent un sigrand nombre d'oeufs de ces oiseaux, qu'onen remplit deux barques ( 1 ). Aldrovandeparle de deux iles sur la cote d'Afriquenommées de même, et pour la même raison, îles des hérons par les espagnols ( 2 ) ;celle du Niger où aborda M. Adanson, eûtmérité également ce surnom par la grandequantité de ces oiseaux qui s'y étoient établis(3). En Europe l'espèce du héron grisL'on prétend , dit Of bon Fabricius, que l'on a vu deshérons dans un canton au midi du Groenland ; mais jen'en ai rien appris de plus, et j'ignore le nom groenlandaisde cet oiseau , si toutefois il y est connu.( Faiiiia groenlandica, pag. 106.) SONNINI.(1) Relation de Cadamosto, Histoire générale desvoyages, tom. Il, pag. 291,(2) Aldrovande , tom. III , pag. 36t|.(5) « On arriva le 8 à Lammai , petite ville sur I»Niger ; les arbres étoient couverts d'une multitude siprodigieuse de cormorans et de hérons de toutes lesespèces, que les laptots qui entrèrent dans un ruisseaudont elle étoit alors traversée , remplirent en moins


149 HISTOIREs'est portée jusqu'en Suède (1), en Danemarket en Norvège (2). On en voit enPologne (3), en Angleterre (4), en France,dans la plupart de nos provinces , et c'estsur-tout dans les pays coupés de ruisseauxou de marais , comme en Suisse (5) et enHollande (6), que ces oiseaux habitent enplus grand nombre (7).Nous diviserons le genre nombreux deshérons en quatre familles ; celle du héronde demi-heure un canot, tant de jeunes qui furentprisri la main ou abattus à coups de bâtons, que desvieux, dont chaque coup de fusil faisoit tomber plusieursdouzaines. Ces oiseaux sentent un goût d'huilede poisson qui ne plaît pas à tout le monde ». (Voyageau Sénégal, par M. Adanson, pag. 80.)(1) Fauna suecica , n° i35.(2) Brunnich, Ornith. boréal. n° i56.(5) Ardea polonis czapla ; cinereœ in sylvis , nosùrisnidos ponunt. Rzaczynski, Hist. nat. polon. p. 271.(4) Hist. nat. of Cornwallis, pag. 2.47.(5) Ardeœ apud helvetios abundant, propter multoset magnos fiuvios et lacus piscosos. Gesner.(6) ^ oy-dge historique de l'Europe; Paris, i6cf5,tom. V, pag. 75.(7) Les hérons se tiennent près des marais du côtéd'Orbe dans le pays de Vaud. (Histoire naturelle duïorat, par le comte de Razoumowsky, tom. I, p. 69.)On voit aussi ces oiseaux dans toute l'étendue des


DES HERONS. 141proprement dit, dont nous venons de décrirela première espèce; celle du héron butor;celle du bihoreau , et celle des crabiers. Lescaractères communs qui unissent et rassemblentces quatre familles sont, la longueurdu cou, la rectitude du bec qui est droit ,pointu et dentelé aux bords de sa partiesupérieure vers la pointe ; la longueur desailes qui, lorsqu'elles sont pliées,recouvrentla queue ; la hauteur du tarse et de la partienue de la jambe ; la grande longueur desdoigts, dont celui du milieu a l'ongle dentelé, et la position singulière de celui dederrière qui s'articule à côté du talon prèsdu doigt intérieur ; enfin la peau nue, verdâtre, qui s'étend du bec aux yeux danstous ces oiseaux ; joignez à ces conformitésphysiques celles des habitudes naturelles,qui sont à peu près les mêmes ; car tous cesoiseaux sont également habitans des maraiset de la rive des eaux ; tous sont patienspar instinct, assez lourds dans leurs mouvemens, et tristes dans leur maintien.hautes et basses Vosges, et en toutes saisons, sur lebord des étangs, et particulièrement le long de laMoselle. (Note communiquée par Girardin, professeurd'histoire naturelle à Epinal. )SONNINI.


142 HISTOIRELes traits particuliers de la famille deshérons, dans laquelle nous comprenons lesaigrettes, sont, le cou excessivement long,très-grêle et garni au bas de plumes pendanteset effilées; le corps étroit, éflanqué,et dans la plupart des espèces élevé sur dehautes échasses.Les butors sont plus épais de corps, moinshauts sur jambes que le héron; ils ont lecou plus court, et si garni de plumes, qu'ilparoît très-gros en comparaison de celui duhéron.Les bihoreaux ne sont pas si grands queles butors; leur cou est plus court, les deuxou trois longs brins implantés dans la nuquedu cou les distinguent des trois autres familles; la partie supérieure de leur bec estlégèrement arquée.Les ci abiers , qu'on pourrait nommerpetits hérons , forment une famille subalterne,qui n'est, pour ainsi dire, que la répétitionen diminutif de celle des hérons (1);aucun des crabiers n'est aussi grand que lehéron-aigrette, qui est des trois quarts plus(ï) C'est avec toute raison qu'Aldrovande les aappelées ardeœ minores. (Avi. tom. III, pag. 397.)


DES HERONS.ifipetit que le héron commun ; et le blongiosqui n'est pas plus gros qu'un rasle, terminela nombreuse suite d'espèces de ce genre,plus variée qu'aucune autre pour la proportionde la grandeur et des formes.


i44HISTOIRELE HÉRON BLANC (i) (2).SECONDE ESPÈCE.Voyez les planches enluminées, n° 886.VOMME les espèces des hérons sont nombreuses, nous séparerons celle de l'anciencontinent, qui sont au nombre de sept, de(ï) Eu grec, erodios leykos, deykerodios. En latin,leucus ; ardea alba , albardeola. En italien , garza ougarzetta bianca. En allemand yiveisserreger.Jïn anglais,whiùe-heron, ivliite gaulding.Héron blanc. Belon, Nat. des oiseaux, pag. roi. —Ardea alba. Gesner , Avi. pag. 213. Idem, Icon. Avi.pag. 118. — Aldrovande , Avi. tom. III, pag. 58g. —Jonston, Avi. tab. 5i , mauvaise figure empruntée deGesner. Ardea alba major. Willulghby, Ornithol,pag. 2o5.— Hay, Synops. avi. pag. 99, n° a 4.—Marsigl. Danub. tom. V, pag. 12, tab. 4.—Klein,Avi. pag. 122 , n° 2. — Charleton , Exercit. pag. 109,n° 2. Idem, Onomazt. pag. io3 , n° 2. — Ardea candida.Schwenckfeld Avi. sites, pag. 224» — Ardeaalba major cribtâ carens. Rzaezynski, Auctuar. hist.nat. polon. pag. 564- —The great while héron. Brit.zoolog. pag. 117. — Ver wisse reiger. Frisch , 12 e div.sect. 1 , pi. 11. — Ardea capite Icevi , corpore albo 9celles


DES HERONS. 145celles du nouveau monde, dont nous enconnoissons déjà dix ; la première de cesespèces de notre continent est le héroncommun que nous venons de décrire ; et laseconde est celle du héron blanc qu'Aristotea indiqué par le surnom de leucos,qui désigne en effet sa couleur ; il est aussigrand que le héron gris, et même il a lesjambes encore plus hautes , mais ils manquentde panaches , et c'est mal à proposrostro rubro. . ardea alba. Lin. Syst. nat. edit. 10,gen. 76,3p. 17. — Ardea alba tota; capite lœvi. Idem,Fauna suce. n° i32. — Aztatlseu ardea candens.Yex-«nandez ? Hist. nov. Hisp. pag. 14 > cap. 5.— Guiratingabrasiliensibus. Marcgrave , Hist. nat. brasiens.pag. 210. — Ray, Synops. avi. pag. 101 , n° 17 ; etpag. 189, n° 1. — Jonston , Avi. pag. 144 et i5o. —Willulghby, Ornith. p. 210. Guiratinga.De Laet.Nov.orb. pag. 575.— Ardea alba maxima. Sloane , Jamaïc.pag. 314 > n° 2. — Ardea alba major. Brown , Hist.nat. of Jamaïc. pag. 478.— Ardea in toto corpore alba;spatio rostrum inter et oculos nudo viridi : rostro croceofavicante; pedibus nigris.. . ardea candida. Brisson,Ornith. tom. V, pag. 428.(2) Ardea capite lœvi, corpore albo , rostro fulvo ,pedibus nigris. . . ardea alba.lLin. Syst. nat. edit. i5,gen. 84? sp. 24* — Latham, Syst. ornith. gen. 69,sp. 65. S o N N 1 NI.TOME LVII.K


146 JIISTOIREque quelques nomenclateurs l'ont confonduavec l'aigrette (1) : tout son plumage estblanc, le bec est jaune et les pieds sont noirs.Turner semble dire qu'on a vu le héronblanc s'accoupler avec le héron gris ( 2 ) ;mais Belon dit seulement , ce qui est plusvraisemblable, que les deux espèces se hantentet sont amies jusqu'à partager quelquefoisla même aire pour y élever encommun leurs petits (3) : il paroît doncqu'Aristote n'étoit pas bien informé lorsqu'ila écrit que le héron blanc mettoit plusd'art à construire sou nid que le hérongris (4). ^M. Brisson donne une description duhéron blanc , à laquelle on doit ajouterque la peau nue autour des yeux n'est pastoute verte, mais mêlée de jaune sur lesbords ; que l'iris est d'un jaune citron ; que( 1 ) « Le grand héron blane, que les vénitiensnomment garza , et lea français aigrette ». ( Histoiredes oiseaux de Salerne , pag. 5n. Voyez ci-aprèsl'article de Vaigrette.)(2) Apud Aldrov. tom. III, pag. 5.9.(3) Nat. des oiseaux, pag. 192.(4) Leucos. ? nidum pulchrè struit. Hist. animal.lib. 9 ? cap* 24.


DES HÉRONS. 147îes cuisses sont verdâtres dans leur partienue (1) (2).On voit beaucoup de hérons blancs surles côtes de Bretagne (3), et cependantl'es-»pèce en est fort rare en Angleterre (4),quoiqu'assez commune dans le nord jusqu'enScanie (5) (6) ; elle paroît seulementmoins nombreuse que celle du héron gris (7)sans être moins répandue , puisqu'on l'atrouvée à la nouvelle Zélande ( 8 ), au Ja-(i) Extrait d'une lettre de M. le docteur Hermannà M. de Montbeillard , datée de Strasbourg le 22 sep^tembre 1774*(2) C'est aussi la couleur des tarses et des doigts;les ongles sont noirs ; tout le plumage est d'un blancéclatant.SONNINI.(3) Voyez Belon, Nat. des oiseaux.(4) Brit. zoolog. pag. io5.(5) Fauna suecica.(6) Elle est aussi répandue sur les bords de la merNoire et de la mer Caspienne, aux environs des lacsde la grande Tartarie et le long de l'Irtisch , et elles'élève vers le nord jusqu'au cinquante - troisièmedegré de latitude. (Pennant ? Arctic zoolog. tom. II,pag. 44^ J n ° 334- )SONNINI.(7) Ardea candida.. rarius occurrit. Schwenckfeld,pag. 225.(8) « On tua un héron blanc à la nouvelle Zélande %qui ressembloit exactement à celui qu'on voit encore


148 HISTOIREpon (1) (2), aux Philippines (3), à Madagascar(4) , au Brésil, où il se nommeguiratinga (5), et au Mexique sous le nomd'aztatl ( 6).ou qu'on voyoit autrefois en Angleterre ». (Cook,second Vo) r age , tom. 1, pag. 190.) Dans la langue desîles de la Société , le nom du héron blanc est trà-pappa.(1) On l'y nomme siiro-saggi, suivant Kœmpfer.( Hist. nat. du Japon , tom. I, pag. 112.)(2) C'est vraisemblablement la héron blanc dontparle Thunberg dans son Voyage au Japon, (traductionfrançaise, tom. III, pag. 425.) « Cette belle espèce,dit il, nettoie les champs des vers et des insectes malfaisans;ils sont si apprivoisés qu'ils suivent, pourainsi dire, pas à pas les cultivateurs qui bêchent oulabourent leurs terres. Les services que rendent cesoiseaux leur servent de sauve-garde, et personne nesonge à les effrayer ni à les inquiéter. C'est à cettebienveillance générale pour eux que j'attribuai leurfamiliarité ».SONNINI.(5) Ardeolœ species candidissima Talabong 7 Luzoniensibus, François Camel, de Avibus philippin. Transactionsphilosophiques , numb. 285.(4) Le nom de héron blanc, en langue madégasse,est vahon-valionfouchi. (Flaccourt, Voyagea Madag.Paris, 1661 , pag. i65.( r >) Hist. nat. bras. pag. 210. De Laët décrit leguiratinga en ces termes, qui dépeignent parfaitementle héron blanc : Ducit, agnien guiratinga , in ter avesquœ in mari victitant, grui magnitudine par, plumis


DES HERONS. 149candidis , rostro prolixo atque acuto , crocei coloris,cruribus oblongis, è rubro sub-flavis, collum vestiturplumis tant subtilibus et elegantihus, ut cum sthrutionisplumis certent. Nov. orb. pag. 575.(6) Aztatl, seu ardea candens, ardea nostrati auteadem , aut forma et magnitudine proxima ; universicorporis pennœ niveœ , mollissimœ, ac mirum in modumpexœ etcompositœ ; rostrum longum etpallens, ac virensjuxta exortum ; crura prolixa nigraque. Fernandez,Hist. avi. nov. Hisp. cap. 5 , pag. 14.K5


ï5oHISTOIRE~^F^ '— •'• ' • •! '• •• J •• - •. • ••»—*" - ••.••'- ' —' ''"' '- •«•••u"'«*• »^i«T i . -T M » ' !••.• ...ï. ... ••. «... w i • .. — .,..^v^^- | • i ,.mmLE HÉRON NOIR (i)(a).TROISIÈME ESPÈCE.OÇHWENCKFELP sqroit le seul des naturalistesqui auroit fait mention de ce héron,si les auteurs de l'Ornithologie italienne neparloient pas aussi d'un héron de mer qu'ilsdisent être noir (3) ; celui de Schwenckfeldqu'il a vu en Silésie , c'est-à-dire , loin dela mer, pourroit donc ne pas être le même(ï) Ardea nigra. Schwenckfeld, Avi. siles. p. 224*— Klein, Avi. pag. 123, n° 5. — Ardea nigricans;tectricibus alarum superioribus cinereo-cœrulescentibus;rectrïcibus nigricantibus ; rostro pedibusque nigris. . .ardea nigra. Brisson , Ornith. tom. V, pag. 45g.(2) Ardea tota nigra ,facie nudâ, capite lœviardea atra. Lin. Syst. nat. edit. i3 , gen. 84 , sp. 62.Ardea nigricans y tectricibus alarum cinereo-cœrulescentibus,rectrïcibus nigricantibus y rostro pedibusquenigris. . . ardea atra. Latham, Syst. ornith. gen. 69,sp. 71.SONNINI.(3) Ornithologie de Florence , n 1 ' 458. Au reste,Aldrovande nous avertit qu'on donne vulgairement enItalie le nom de héron noir au courlis verd. (VoyezAldrovande, tom. III, pag. 422.)


D E S H E R O N S.i5ique celui des ornithologistes italiens. Aureste, il est aussi grand que notre héron gris;tout son plumage est noirâtre, avec Un refletde bleu sur les ailes ; il paroît que l'espèceen est rare en Silésie (1 ) ; cependant On doitprésumer qu'elle est plus commune ailleurs >et que cet oiseau fréquente les mers, car ilparoît se trouver à Madagascar où il a unnom propre (2) ; mais on ne doit pas rapporterà cette espèce, comme l'a fait M. Klein,Y ardea oœruleo-nigra de Sloane, qui est lecrabier de Labat , qui est beaucoup pluspetit, et qui par conséquent doit être placéparmi les plus petits hérons que nous appelleronscrabiers.(1) In pago Gusmunsdorff territorii ïïisbergensis.visa. Avi. Siles. pag. 223.(2) Vahon-vahon^maintchi. Flaccourt, Voyage3Paris, 1661 , pag« i65.K 4


^ - • • - • • • .. . . . l . — - ~i5» HISTOIRELE HÉRON POURPRÉ (1).Voyez les planches enluminées , n° 788 , sous la dénominationde héron pourpré, huppé.QUATJtlÈME ESPÈCE.JLiE héron pourpré du Danube , donné parMarsigli (2), et le héron pourpré huppé de(1) Ardea supernè castaneo-purpurea, infernè cinerascens; vertice cinereo - nigricante ; collo supernècinereo , lineolis nigricantibus vario , collo inferiore etpectore maculis obscure flavis rtspersis ; rectricibuscastaneo-purpureis ; rostro superius flavo-viridescente ;in exortu et infernè flavicante ; pedibus griseo-fuscis..ardeapurpurascens; le héron pourpré. ( Briss. Ornith.clas. 5 j ord. 17 , gen. 81, sp. 12.)Ardea capitis lœvis vertice colloque ex nigricantecinereis , corpore suprà ex purpureo badio , subtùs cinereoy facie nudâ flavicante. . . ardea purpurata. Lin.Syst. nat. edit. i5, gen. 84, sp. 63.Ardea capite lœvi colloque cinereo - nigricoMtibus,corpore suprà castaneo-purpureo subtus cinereo.afdeapurpurata. Lath. Syst. ornith. gen. 69, sp. 75.S O N N I N J .(2) Ardea cinerea favescens y nova species. Marsigl.Danub. tom. V, pag. 20, avec une figure peu exacte,tab. 8* — Klein, Avi. pag. 124 ; n°. 22.


DÈS HERONS. i53nos planches enluminées nous paraissentdevoir se rapporter à une seule espèce ,• lahuppe, comme l'on sait, est l'attribut dumâle, et les petites différences qui se trouventdans les couleurs entre ces deux héronspeuvent de même se rapporter au sexe' ou àl'âge ; quant à la grandeur, elle est la, même,car bien que M. Brisson donne son héronpourpré huppé (1 ) comme beaucoup inoinsgros que le héron pourpré de Marsigli, lesdimensions dans le détail se trouvent êtreà très-peu près égales , et tous deux çont de—T. • ! ;, ; , ^,:,j£(ï) Ardea cristata, supernè obscure olivacea , infernèoastaneo -purpurascens ; vertice et cristâ sp/endidè ni--gris ; collo supremo rufo y triplici tœniâ nigra notato ;colli inferioris irnâ partemaculis longitudinalibusnigris varia ; pennis in colli inferioris imâ parte strictissimiset longissimis ; fasciâ longitudinali a pectoread anumnigrâ ; rectrïcibus saturatè cinereis , supernèad olivaceum y infernè ad cœrulescentem colorent vergentibus; rostro superiits dilaté fusco y infernè flavicantey apice nigricante ; pedibus virescentibus. .ardea cristata purpurascens ; le héron pourpré huppé.(Brisson, Ornith. sp \t\ , avec une figure, pi. xxxvi.)Ardeaoccipite nigro , cristâ dependente pennis duabuselongatis, corpore olivaceo subtùs purpurascente.. .ardea purpurea. Lin. Syst. nat. edit. i3 , gen. 84/sp. 10. — Latham, Syst. ornith. gen. 69, sp. 72.SONNINI.


154 HISTOIREla grandeur du héron gris ,' le cou, l'estomacet une partie du dos sont d'un beau rouxpourpré ; de longues plumes effilées de celtetnême belle couleur partent des côtés dudos, et s'étendent jusqu'au bout des ailes enretombant sur la queue (1).(ï) L'espèce du héron pourpré , comme celle duhéron blanc, est commune , selon M. Pennant, sur lescôtes de la mer Noire et de la mer Caspienne , sur leslacs de la grande Tartarie et les rives de l'Irtisch;jnais elle ne s'avance jamais vers le nord au delà ducinquantième degré de latitude. On la trouve aussi enSuisse, err France et en Italie.c •SONNINI.1 . ^ r*\ i ' '.'.\ %-•',.' !. -N •.• - J . Sj ...V-


I) E S H E R O N S. i55•" " ' " " " " ' ' ' • 1 -—*LE HÉRON VIOLET (i).Voyez les planches enluminées , n° 906.CINQUIÈME E S P È C E.V-iE héron nous a été envoyé de la côte deCoromandei ; il a tout le corps d'un bleuâtretrès-foncé , teint de violet ; le dessus de la tèteest de la même couleur, ainsi que le bas ducou, dont le reste est blanc ; il est plus petitque le héron gris, et n a au plus que trentepouces de longueur.(1) En anglais, violet héron. Au Bengale, monickjore.Dans l'Ind os tan , lu glu g.Ardea ex cœrulescente nigra violaceo-nitens, verticelœvi nigro , reliquo capite , collo crissoque albis.ardea leucocephala. Lin. Sy:st. nat. edit. 10, gen. 84;sp. 66.Ardea nigro-violacea , vertice nigro, capite, collosuperiore, crisso tectricibusque subcaudalibtis albis,rostro pedibusque fusco-rubris. . . ardea leucocephala»Latham , Syst. ornith. gen. 69, . c p. 78.lie héron violet est commun aux Indes orientales;on le chasse à l'oiseau de proie , de la même manière


i5pHISTOIREque l'on chassoit autrefois le héron commun enAngleterre; c'est un assez bon gibier. (Note communiquéepar M. Middleton à M. Latham ; voyez Supplémentto the gênerai synopsis of birds, pag. 256 ,n° 77. ) M. Samuel Turner l'a rencontré aussi auThibet. ( Ambassade au Thibet et au Boutan, traductionfrançaise , tom. I, pag. 32. )SONNINI.


D E S H E R O N S. 167LA GARZETTE BLANCHE (1).SIXIÈME ESPÈCE.ALDROVANDE désigne ce héron blanc;plus petit que le premier, par les noms degarzetta et de garza bianca (2), en le distinguantnettement de l'aigrette qu'il a auparavanttrès - bien caractérisée : cependantM. Brisson les a confondus, et il rapportedans sa nomenclature la.garza bianca d'Aldrovandeà l'aigrette, et ne donne à sa place,sous le titre dé petit héron blanc (3), qu'unepetite espèce àjplumage blanc teint de jaunâtre(i) Ardea candida minor Brissoni. Lin. Syst. nat.edit. 13 ? gen. 84 y s p- 25, var. b.Ardea capite lœvi , corpore albo , vertice et pectorecroceis y loris pedibusque flavo-croceis. Latham , Syst.ornith. gen. 69, sp. 70, var. b.L'on voit que les ornithologistes modernes ont penséque la garzette blanche n'étoit qu'une variété du crabierblanc à bec rouge , dont il sera bientôt question.SONNINI.(2) Avi. tom. III, pag. 393.(3) Ardea alba ; vertice et pectore croceis ; spaii


i58^HISTOIREsur la tête et la poitrine ( 1 ), qui paroîtn'être qu'une variété dans l'espèce de la gartfette,ou plutôt la garzette elle-même, maisjeune et avec le reste de sa livrée commeAldrovande l'indique par les caractères qu'illui donne (2). Au reste, cet oiseau adulteest tout blanc, excepté le bec et les piedsqui sont noirs ; il est bien plus petit que legrand héron blanc, n'ayant pas deux piedsde longueur. Oppien paroît avoir connucette espèce (3). Klein et Linneeus n ? en fontpas mention , et probablement elle ne setrouve pas dans le nord. Cependant le héronblanc dont parle Rzaczynsky que l'on voiten Prusse, et qui a le bec et les pieds jaunâtres(4), paroît être une variété de cetteespèce ; car , dans le grand héron blanc, lebec et les pieds sont constamment noirs,rostrum inter et oculos nudo, rostroque luteis ; pedibusflavo croceis.. .. ardea candida minor. Brisson,Ornith. clas. 5, ord. 17, gen. 84, sp. 20.SONNINI.(1) Ardea minor alia , vertice croceo. Aldrovande,ubi suprà.(2) Corps moins grand, plus ramassé-, bec toutjaune , etc.(3) Ardeœ quœdamparvœ et ulbœ sunt. Exeutic,(4) Auctuar. pag. 365«


D E S H E R O N S. i5 9d'autant plus qu'en France même cettepetite espèce de garzette est sujette à d'autresvariétés. M. Hébert nous assure avoir tuéen Brie , au mois d'avril, un de ces petitshérons blancs , pas plus gros de corps qu'unpigeon de volière , qui avoit les pieds verds,avec fécaille lisse et fine , au lieu queles autres hérons ont communément cetteécaille des pieds d'un grain grossier et farineux(ï) (2).(1) « J'ai revu, en 1757, trois de ces mêmes héronssur les bords du lac de Nantua par un froid excessif;ils y parurent pendant une huitaine de jours , jusqu'àce que le lac gelât par l'excès du froid n. (Note comrmuniquée par M. Hébert. )(2) Mauduyt a vu une garzette blanche , tuée àFontainebleau, et il en cite une autre , conservée dansle cabinet de M. Desmoulins, qui avoit été apportéede Saint-Domingue. (Encyclopédie méthod. partieornithologique , article de la garzette blanche. )SONNINI.*.


160 HISTOIREL'AIGRETTE (i) (2).Voyez lesplanches enlumin.n 0de ce volume.901 ; et pi. CLXXXVIISEPTIÈME ESPÈCE.DELON est le premier qui ait donné lenom d'aigrette à cette petite espèce de héron(Î) Aigreltte. (Belon, Nat. des oiseaux , pag. 195,avec une mauvaise figure,répétée. Portraits d'oiseaux,pag. 46 b. ) — Aigrette. (Gesner, Avi. pag. 795.—Garzetta. Idem , ibid. pag. 214. —Adea alba minor.Aldrovande, Avi. tom. III, pag. 595. Nota. Aldrovande, après avoir très-bien décrit ici l'aigrette etl'avoir caractérisée par les longs brins de pennes effiléesqui lui chargent le dos , la méconnoît dans ladescription de Belon (aigretta gallorum , pag. 392.),quoique l'aigrette de Belon et la sienne soient exactementle même oiseau. — Ardea alba minor. Willulghby, Ornithol. pag. 2o5. — Garzetta Aldrovandi.Idem, ibid. pag. 206. — Ray, Synops. avi. pag. 99,n° 5. — Garzetta italorum. Jonston , Avi. pag. 104. —— Garzetta bianca. Idem , ibidem. — Egretta gallorum.Idem, ibidem. — Ardea alba minor. Marsigl.Danub. tom. V, avec une figure assez exacte , tab. 5.— Ardea alba minor cristata. Rzaczynski , Auctuar..blanc y


DES HERONS. 161blanc , et vraisemblablement à cause deslongues plumes soyeuses qu'il porte sur ledos, parce que ces belles plumes servent àfaire des aigrettes pour embellir et releverla coiffure des femmes, le casque des guerrierset le turban des sultans ; ces plumessont du plus grand prix en Orient ; ellesétoient recherchées en France dès le temsde nos preux chevaliers qui s'en faisoient despanaches. Aujourd'hui, par un usage plusdoux , elles servent à orner la tête et àrehausser la taille de nos belles ; la flexibilité,la mollesse et la légèreté de ces plumesondoyantes ajoutent à la grâce des mouvemens; et la plus noble, comme la pluspiquante des coiffures , ne demande qu'uneHist, nat. polon. pag. 36^ — Garzetta italorum.Charleton , Exercit. pag. 110 , n° 5. Onomazt. p. io3 ,n° 3. — Egretta gallorurn. Idem, Exerc pag, iio,n° 4- — Onomazt. pag. io3 , n° 4- — Ardea cristata ,in toto corpore alba ; spatio rostrum inter et oculosnudo , viridi ; rostro nigro ; pedibus nigro virescentibus.egretta. Brisson , Ornithol. tom. V, pag. 451.(1) En a nglais , little egrzt, criel héron.Ardea occipite cristato , corpore albo, rostro nigro,loris pedibusque virescentibus. ardea garzetta.Lin. Syst. nat. edit. i3, gen. 84; sp. i3. — Latham,Syst. ornith. gen. 69 , sp. 64-TOME LVILSONNINI.L


ï6aH I S T O I R Esimple aigrette placée dans de beaux clie^yeux.Ces plumes sont composées d'une cotetrès-déliée, d'où partent par paires à j>etitsintervalles des filetstrès-fins et aussi douxque la soie; de chaque épaule de l'oiseausort une touffe de ces belles plumes, quis'étendent sur le dos et jusqu'au delà de laqueue ; elles sont d'un blanc de neige, ainsique toutes les autres plumes qui sont moinsdélicates et plus fermes : cependant il paroîtque l'oiseau jeune avant sa première mue,et peut-être plus tard , a du gris ou du brunet même du noir, mêlés dans son plumage.Un de ces oiseaux tué par M. Hébert, enBourgogne (i) , avoit tous les caractères dela jeunesse, et particulièrement ces couleursbrunes de la livrée du premier âge (2).— ••••• ' II 1 il I . . . . — 1 - • • 1 1 1 — . . . . . i l . m • H .(1) A Magny, sur les bords de la Tille , le 9 mai1778.(2) Ces oiseaux étoient autrefois communs en Angleterre; ils y sont aujourd'hui extrêmement rares. Onles trouve néanmoins dans des pays beaucoup plusseptentrionaux; car je ne doute pas que ce ne soitl'espèce de notre aigrette que des voyageurs ont rencontréecommunément sur les bords du Tanaïs près dela mer Noire (Découvertes des russes, tom. I, p. 164;Voyage de Jacquin , pag. 18 , et nouveaux Commen-


D E S H E R O N S.i65Cette espèce à laquelle on a donné le nom$ aigrette, n'en est pas moins un héron , maisc'est l'un des phis petits ; il n'a communémentpas deux pieds de longueur; adulte, il aiebec et les pieds noirs; il se tient de préférenceaux bords de la mer, sur les sables et lesvases : cependant il se perche et niché surles arbres comme les autres hérons.Il paroît que l'espèce de notre aigrettetaires de l'acad. de Pétersbourg, tom. XVII, p. 458,avec figure , pi. xvn ) ; quoique les nomenclateursaient fait une espèce distincte de cette aigrette dunord :Ardea capite lœvi , rostro pedibusque nigris, corporeniveo , colli dorsoque pennis fluctuantibus. ardeanivea. Lin. Syst. nat. edit. i3, gen. 84, sp. 59. Etardea xanthedactylos, ibid. var. b.Ardea cristata nivea, pennis occipitis, colli dorsiquelongioribus setosis, digitis croceis.Latham, Syst. ornith. gen. 69, sp. 6^.Les différences indiquées entre cette aigrette et. . ardea nivea.l'aigrette commune sont si peu importantes, que l'onne peut guère les regarder que comme des variétéslégères de la même espèce. La couleur des pieds n'estpoint un attribut qui puisse passer pour caractéristique,puisqu'ainsi que je le remarquerai tout à l'heure,il y a en Egypte , pays où les aigrettes abondent, desindividus à pieds noirs , d'autres à pieds jaunes, d'autresenfin à pieds verdâtres.SONNINI.L 2


164 H ISTOIRfid'Europe se retrouve en Amérique (ï) avecune autre espèce plus grande , dont nousdonnerons la description dans l'article suivant(2) : il paroît aussi que celle même espèce-• •- — ' '" " '• . - . - - , , .mm(1) Duterlre , Hist. des Antilles , tom. II, p. 777. —ce Entre les oiseaux de rivière et des étangs. il ya des aigrettes d'une blancheur du tout admirable, dela grosseur d'un pigeon. elles sont particulièrementrecherchées à cause de ce précieux bouquet de plumesfines et déliées comme de la soie dont elles sont parées,et qui leur donnent une grâce toute particulière».( Hist. nat. et moral, des Antilles ; Rotterdam , i658 ;p. 1^9. — Le P Charlevoix dit qu'il y a des pêcheursou aigrettes à Saint-Domingue , qui sont devrais héronspeu différens des nôtres. (Hist. de Saint-Domingue jParis, 1730 , tom. I. )(2) L'aigrette d'Amérique, qui est très-communeà la Guiane , n'est point tout à fait la même que cellede l'ancien continent y cependant les disparités ne sontni assez nombreuses , ni assez saillantes pour constituerdeux espèces distinctes. En Amérique l'aigretteest plus petite ; les plumes soyeuses de son dos ontmoins de longueur, et sa huppe est composée de plumeslongues de deux ou trois pouces, déliées, à filets fins ,doux au toucher , et formant par leur réunion unassez gros faisceau qui pend verticalement de l'occiput.Un autre rapprochement entre ces deux oiseaux , c'estque -jeunes , ils ont également le plumage varié de griset de noir.A Carthagène d'Amérique celte aigrette porte lesUQttiS de spaniards et de garça bianca.SONNINI.


DES HERONS. i65d'Europe s'est répandue dans tous les climatset jusques dans les îles lointaines isolées,comme aux îles Malouines (1) et à file deBourbon (2) ; on la trouve en Asie, dans lesplaines de l'Araxes (3), sur les bords de lamer Caspienne (4) et à Siam (5) (6), au Sé~(1) ce Les aigrettes sont assez communes aux îl


166 HISTOIREnégal et à Madagascar (7) (8), où on l'appelleventre qui font sa principale beauté , et qui le rendentextraordinaire )>. ( Dernier Voyage de Siam , par leP. Tachard; Paris, 1686, pag. 201.)(6) Elle existe aussi en Chine et au Bengale , où onl'appelle caboga.SONNINI.(7) « On trouve le long de la rivière de la Cambiale héron nain , que les français nomment Vaigrette ;il ressemble aux hérons communs, à l'exception dubec et des jambes qui sont tout à fait noirs , et du plumagequi est blanc sans mélange ; il a sur les ailes etsur le dos une sorte de plumes fines,longues de douzeà quinze pouces, qui s'appellent aigrettes en français ;elles sont fort estimées des turcs et des persans qui s'easervent pour orner leurs turbans ». (Histoire généraledes voyages , tom. III, pag. 3o5.) +*'(8) Les aigrettes sont communes en Egypte , et particulièrementdans la partie basse où les eatix dont ellesaiment le voisinage, occupent plus d'espace ; j'ai remarquéque toutes n'ont pas les pieds de la même couleur;quelques-unes les ont noirs ; d'autres verdâtres , efcceux de plusieurs sont jaunes ; il y a tout lieu de présumerque cette variété est l'eifet de l'âge ou du sexe ,et non une distinction de races. On les voit aussi fréquemmentsur les rives du Nil ; le soir elles se posenten troupes sur les dattiers pour y passer la nuit, et leblanc éblouissant de leur plumage forme avec le beauverd des palmiers le bouquet le plus agréable. Lesfrançais habitués en Egypte appeloient ces oiseauxgarde bœufs , parce qu'en effet ils recherchent le 3


DES HERONS. 167langhouron (1); mais pour les aigrettes noires;grises ou pourprées que les voyageurs I laccourtet Cauche (2) placent dans cette mêmeîle , on peut les rapporter avec beaucoup devraisemblance à quelqu'une des espèces précédentesde hérons , auxquels le panachedont leur tête est ornée , aura fait donnerimproprement le nom d'aigrette.endroits où paissent les boeufs, les suivent, et se posentsouvent sur leurs dos.M. Bruce parle d'oiseaux de la famille du héronqu'il rencontra en grand nombre au dessus des cataractesdu Nil, et qui sont, dit-il, fort communs euEgypte et en Syrie où on les appelle vackes. ( Voyageen Nubie et en Abissinie , édition française , tom. IV,in~4° ? pag. 690.) Leur plumage aussi blanc que dulait, et l'analogie entre le nom qu'ils portent en Syrieet celui que je leur ai entendu donner en Egypte , m©feroient penser que ce sont des aigrettes, si M. Brucen'ajouloit qu'ils ont sur la gorge une touffe couleur dechair, dont les plumes sont plus courtes , plus duresque les autres et semblables à des crins. Mais je souprçonne que dans ce passage il y a quelque méprise de lapart du voyageur, ou peut-être quelque erreur dotraduction.SONNINI.(1) Flaccourt, Voyage à Madagascar ; Paris , 1661 ,pag. i.65,(2) Voyez aussi Rennefort, tom. VIII de l'Histoiregénérale des voyages, pag. 604.L 4


168 HISTOIRELE HÉRON ROUX (i),PAR SONNINI.J\ BIEN prendre, ce héron , aussi grandque le héron commun, est plutôt noir queroux, puisque la tête et la huppe , tombanteen arrière, le ventre, la queue et les grandespennes des ailes sont noirs, et qu'il n'y a deroux que sur les tempes, la poitrine , unepar!ie du cou et les jambes; mais Scopoliqui le premier a indiqué cet oiseau lui a imposéle nom de héron roux (2) ; les auteursmodernes l'ont adopté , et j'ai dû le lui conserver.De l'angle postérieur de l'œil, uneligne noire va jusqu'à la nuque; le bas du cou(1) Ardea nigra, capite lœvi, temporibus ferrugineis,pectore rufo , collo inpriore albido , maculis Iongitudinalibusfuscescenlibtts , superiore dorso et alis excinereo fu-cd ardea ruj'a. Lin. Syst. nat. edit. i3,gen 84, sp. 67.Ardea cinereo - fusca mbtùs castaneo - ferruginea ,cristâ dependente.ornith. gen. 69 , sp. 56.(2) Scopoli, ann. tom. I, n° 119... ardea ruj'a. Latham, Syst.


D E S H E R O N S. iGgest blanchâtre et tacheté de brun ; le dessusdu -corps est brun ; c'est aussi Ja couleur despieds et des doigts. Le bec a sept pouces dolongueur.L'on a trouvé cette espèce en Autriche,près des marais ; elle y est rare.


HISTOIRELE H É R O N VARIÉ (i)„rPARS O N N I N IJLJ E même auteur, qui a fait connoître lehéron de l'article précédent, en cite un autredont le plumage est de couleur de rouille „plus claire sous le corps et tachetée de brunen dessus, le front noir, la gorge blanche, lajambe rousse et le pied brun. C'est à quoise réduisent les renseignemens que Scopolidonne au sujet de cet oiseau (2).( 1) Ardea ferruginea , fusco maculata subtùs palliadior ^frente nigrâ , gulâ albâ. .. ardea variegâta,Latham, Syst. ornith. gen. 69, sp. 56.(2) Ann. tpm, I, n° 120.%


DES HE R O N S.îjt» : * •*~ ' '"" "-*• ' • ' '•• • •• — • - -' —i ' "»LE HÉRON MONTAGNARD (i),PAR SONNINI.VETTE belle espèce n'a encore été ob~servée qu'aux Pyrénées ; elle y fréquente lesprairies arrosées par les rivières. Voici ladescription que Picot la Peyrouse en a publiéedans la partie ornithologique de l'Encyclopédiepar ordre de matières.« Cet oiseau a trois pieds de long , depuisle bout du bec jusqu'à celui de la queue ; sonbec a près de six pouces de long ; les ailesdépliées ont quatre pieds cinq pouces. Lehéron montagnard a le front noir ; le dessusde la tête et du cou rougeâtres ; les plumesdu dessus du corps sont brunes , bordées derougeâtre ; la gorge , d'un blanc roussâtre,est marquée par clés taches noires qui augmententde longueur en se rapprochant dela poitrine , laquelle est brune , rayée de. — . — . — — — • •(ï) Le héron montagnard. (Encyclopédie méthodoarticle de M. de la Peyronse ; et Tables méthodiquesdes mammifères et des oiseaux, par le même, pag. 44.Ardea monticola.)


i 7 2HISTOIRErougeâtre ; les flancs sont d'un cendré obscur; le ventre est blanc, ainsi que l'intérieurdes cuisses.» L'aile est composée de vingt-huit pennes,la queue de douze : elles sont noires ; le becest brun, agréablement mêlé de jaune ,• l'espacenu autour de l'œil est d'un jaune verdâtre; la partie nue des jambes est d'un jaunecitron ; le dessus des pieds est noirâtre et ledessous est jaune. Le mâle ne diffère dela femelle que par mie petite huppe rougeâtre».


DES HERONS. i 7 3L E S O Y - I E ( i ) ,P A li SONNINI.C/EST le nom que porte à la Chine unhéron dont M. Latham a fait la descriptiond'après une figure peinte dans le paysmême (2). L'on ne peut pas toujourscompter sur l'exactitude des représentationsd'animaux que nous tenons du pinceau despeintres indiens ; en sorte que le héron dontil est question doit être rangé au nombrede ces espèces douteuses , qui inspirentquelque défiance et appellent les observations.Le soy-ie est brun; cette teinte est moins( i ) Ardea fusca , liturispallidis , capite lœvi , caudâremigibusque nigris.. . ardea sinensis. Lin. Syst. nat.edit. i5 , gen. 84? sp. 68.Ardea fusca striis pallidioribus subtiisremigibus rectricibusque nigrisLatham, Syst. ornith. gen. 69, sp. 81.dilutior,ardea sinensis.(2) General synopsis of birds , tom. V, pag. 99,u° 73, Chineuse héron.


i 7 4HISTOIREfoncée sous le corps qu'en dessus, et desraies d'une nuance plus claire forment desondes sur le plumage ; les pennes des aileset de la queue sont noires ; Je bec est jaunâtreet les pieds sont verds. L'oiseau estde petite taille , et il n'a point de huppesur la tête.


D E S H E R O N S. 1 7 5*-— .-i+ ,,'7 —• . , - ' . . . ,.' —-. •*' "•••»-L E H É R O NDE L'ILE DE SAINTE - JE ANNE fi\PAR SONNINI.JLi E dessin de cet oiseau se trouvoit dans unecollection apportée de la Chine, et appartenantau docteur Fothergill. C'est d'aprèscette figure que M. Latham l'a décrit (2),Son plumage est cendré en dessus et blancen dessous ; il a la face nue et d'un verd jaunâtre; la huppe pendante de la plupart desoiseaux du même genre, et noire sur le derrièrede la tête ; les plumes de la gorge longues, effilées et tachetées de noir ,* le becjaunâtre et les pieds d'un brun clair. Cehéron se trouve à l'île de Sainte-Jeanne,l'une des Comores, dans la mer de l'Inde,(1) Ardea corpore suprà cinereo , subtus albo y cristâdependente remigibusque nigris , juguli pennis longis ,Iaxis, nigro -maculâtis. ardea johanna. Lin. Syst.nat. edit. i5 , gen. 84, sp. 56.Ardea cristâ occipitis nigrâ , corpore suprà griseosubtus albo, collo anticè maculis remigibusque nigris....ardea joluxnna. Latham , Syst. ornith. gen. 69, sp. 82.(2) General synopsis of birds, tom. Y, pag. 100,n° 74. Johanna herpn.


ï 7 6HISTOIRELE LAHAUJUNG (i),PAR SONNINI.JLLNCORE une espèce incertaine de l'Inde,dont M. Latham a vu le dessin dans lacollection de lady Impey (2), espèce qui,dit-on , n'est pas rare, et que les indiensappellent lahaujung. Cet oiseau est de ]amême grandeur que le héron huppé, et salongueur est de près de trois pieds ; il estbrun sur les parties supérieures du corpsavec des taches vertes ,• en dessous il estblanc ; les couvertures et les grandes pennesdes ailes sont également blanches , et lespennes moyennes sont vertes ; celles de laqueue sont noires, aussi bien que les deuxmandibules du bec ; les pieds sont d'unrouge léger. Sur quelques individus le dosest tout blanc.(1) Ardea fusca viridi varia, remigibus secundariisviridibus , caudâ nigrâ, rectricibus alarum remigibusprimoribus corporeque subtus albis. . . ardea indica.Latham, Syst. ornith. gen. 96, sp. 86.(2) Supplément to the gênerai synopsis of birds ,pag. 238 ; n° 81. Lohaujung héron.LE


— ' ' ' ' ' " ' " ' . 1 - 1 1 1 . . . . . . . II,. . . . M .D E S H E R O N S- 177LE HÉRON A COU JAUNE (1),PAR SONNINI.C E héron est très-commun dans les cantonsinondés de plusieurs parties de l'Inde,mais c'est un gibier peu estimé. Il a le coujaune sur les côtés, de couleur marron endevant, et les plumes qui couvrent cettepartie ont une bordure noire et blanche ;le reste du plumage est noir, aussi bien quela huppe; sa taille est celle du crabier bleu,et sa longueur de près de deux pieds ( 2 ).(ï) Ardea cristâ occipitis corporeque nigris , collolateribus flavescente , anteriùs castaneo pennis albonigroque marginatis. . . ardea flavicollis. Latham ,Syst. ornith. gen. 69 , sp. 87.(2) Latham^s , Supplément to Ihe général synopsis ofbirds, pag. 259, n° 82. Yellow-necked héron.TOME LVII.M


178 HISTOIRELE HERONA CARONCULES (i),PAR SONNINI.UNE rare et belle espèce de héron estcelle qui se trouve au midi de l'Afrique,et qui est particulièrement remarquablepar deux caroncules pendantes sous le becet revêtues de petites plumes blanches; lesyeux sont placés au milieu d'un espace nuet rougeâtre , et les iris sont d'un rougetendre ; sur le dos il y a quelques plumeslongues , étroites et pendantes, mais aucunehuppe n'orne la tête ; elle est blanche, avec(ï) Ardea dorso , alis, pedibus et vertice ex atrocœruleis, capite lœvi colloque albis, corpore subtusnigro , rostro mentoque carunculatis... ardea carunculata.Lin. Syst. nat. edit. i3. gen. 84, sp. 71.Ardea dorso tectricibusque alarum cœruleo-cinereisabdomine ni^o, capite, collo carunculisque sub gulâgeminis pennaceis albis ardea carunculata. Lath.Syst. ornith. gen. 69, sp. 55.


DES HERONS. 179une calotte noire qui couvre son sommet;îe cou est aussi blanc ; le dos et les ailesont une couleur mélangée de bleu et denoir , et le dessous du corps est teint ennoir seulement ; le bec rouge à sa base estnoir à sa pointe, et les pieds sont d'un cendrébeuâtre. L'oiseau entier a un peu plusde cinq pieds de long, et il a la taille de lacigogne ; M. Latham en a donné une figurecoloriée ( 1 ).Dans cette énumération des hérons denotre continent, je n'ai pas compris celuique les auteurs méthodistes ont appelé lehéron de la mer Caspienne (2), parce qu'ilne diffère presqu'en rien du héron pourpré,et que les légères dissemblances, indiquéespar les descriptions, ne doivent être attribuéesqu'au jeune âge, suivant la remarquede M. Latham lui-même, sans que pour(1) General synopsis of birds, tom. V, pag. 82,ji° 49 y plaliche LXXVIII. Wattled héron.(2) slrdea cristata corpore cinereo , collo , pectoreabdomineque ferrugineis , gulâ albâ , collo lineis tribusnigris. ardea caspica. Lath. Syst. ornith. gen. 69 ,sp. 73. — Et Supplément to the gênerai synopsis ofbirds, pag. 23/ , n° 80. African héron.M 2


i8oHISTOIREcela il se soit dispensé de présenter cetoiseau jeune comme une espèce distincteet séparée. C'est en multipliant ainsi lesespèces hors de propos que l'histoire naturelledevient en quelques occasions un cahosimpénétrable.\


DES HERONS. 1S1LE HÉRONDE LA NOUVELLE HOLLANDE (i),PAR SONNINI.JL/ON a trouvé ce héron au port Jacksondans la nouvelle Hollande. Il est plus petitde moitié que le héron commun , et salongueur est de vingt-six pouces. Au basdu cou sont des plumes longues et nuancéesde rouge pâle; celles du dos sont longues,étroites et pendantes ,• sur la tête est unecalotte de plumes noires et un bouquet depoils (2); le front, les côtés de la tête etla gorge sont de couleur blanche, qui se(1) Ardea subcristata plumbeo-cinerea subtus rufoferruginea, facie ultra oculos gulâ juguloque albis..ardea novœ Hollandiœ. Lath. Syst. ornith. gen. 69 ,sp. 88.(2) L'auteur anglais dit une crête de poil ;il s'agit«an s doute des plumes soyeuses dont sont parés presquetous les hérons.M 3


i8aHISTOIR Etermine en pointe sur le milieu du devantdu cou; le dessus du corps est d'un bleucendré un peu noirâtre, et tout le dessousd'un rouge très-clair ; les ailes et la queueont une teinte noirâtre ; les pieds sont d'unbrun jaunâtre, et les ongles comme le becsont noirs (1).(1) Voyage du gouverneur Phillip à Botany-Bay,traduit de l'anglais, pag. 5i5. Héron à front blanc.y


JII L2


y., ^Tr.


DES HERONS.i85HÉRONSDU NOUVEAU CONTINENT.LA GRANDE AIGRETTE (1).Voyez les planches enlum. n° 925; et pi. CLXXXVIIIde ce volume.PREMIÈRE ESPÈCE.JL o u T E s les espèces précédentes de héronssont de l'ancien continent ; toutes celles quisuivent appartiennent au nouveau : ellessont très «nombreuses en individus dans cesrégions où les eaux, qui ne sont point contraintes,se répandent sur de vastes espaces,et où toutes les terres basses sont noyées.La grande aigrette est sans contredit la plus(ï) Ardea subcristata alba, pedibus nigris, pennisdorsipectorisque Iaxis angustis, pendulis longissimis. . .ardea egretta. Lin. Syst. nat. edit. i5 , gen. 84 > sp. 34*Ardea occipite cristato , corpore albo , pennis scapw*laribus longissimis laceris , rostro pedibusque nigris.ardea egretta. Latham, Syst. ornith. gen. 69, sp. 63#SONNINI.M4


- - ' - - • • — . . . . . . . |184 HISTOIREbelle de ces espèces, et ne se trouve pasen Europe ; elle ressemble à notre aigrettepar le beau blanc de son plumage , sansmélange d'aucune autre couleur, et elle estdu double plus grande , et par conséquentson magnifique parement de plumes soyeusesest d'autant plus riche et plus volumineux;elle a, comme l'aigrette d'Europe, le becet les pieds noirs : à Cayenne elle niche surles petites îles qui sont dans les grandessavannes noyées ; elle ne fréquente pas lesbords de la mer ni les eaux salées, mais setient habituellement sur les eaux stagnanteset sur les rivières, où elle s'abrite dans lesjoncs ; l'espèce en est assez commune à laGuiane ; mais ces grands et beaux oiseauxne vont pas en troupes comme les petitesaigrettes ; ils sont aussi plus farouches, selaissent moins approcher et se perchent rarement(i). On en voit à Saint-Domingue(i) Quoique les deux espèces d'aigrettes , la grandeet la petite, soient également communes à la Guiane,elles diffèrent entre elles par les habitudes encore plusque par la grandeur. Aux traits cités dans cet article,et qui sont déjà dus à mes observations, il faut ajouterque la petite aigrette se tient de préférence sur lespalétuviers qui bordent les côtes de la Guiane etles rivières dans lesquelles les eaux salées remontent j


DES HERONS.i85où, dans la saison sèche , ils fréquentent lesmarais et les étangs : enfin il paroît quecette espèce n'est pas confinée aux climatsles plus chauds de l'Amérique , car nousen avons reçu quelques individus qui nousont été envoyés de la Louisiane ( 1 ).elle ne s'éloigne jamais du voisinage de la mer ;elle se perche souvent, sur-tout à la haute mer,pour attendre le moment du reflux qui lui permettede se poser sur la vase et d'y guetter sa proie. Sonnaturel est aussi plus social que celui de la grandeaigrette; on l'apprivoise assez aisément; elle vit entroupes et se mêle volontiers avec des oiseaux aquatiquesde genre différent ; il n'est pas rare de voir deces petites aigrettes réunies sur le même arbre avecdes courlis rouges, et y former le contraste le plusbrillant et le plus agréable ; elles établissent leursnids sur les palétuviers ; ce ne sont que de petitesbûchettes grossièrement arrangées; la ponte est detrois ou quatre œufs.Dans les deux espèces la couleur du bec et des piedsvarie , et j'ai toute raison de présumer que ces partiessont d'un beau noir dans le mâle, et que les femellesont le bec jaune pâle et les pieds verdàtres. Le mâleadulte a seul la huppe de la tête et les plumes soyeusesdu dos ; ces ornemens manquent à la femelle et àl'oiseau jeune.SONNINI.(I) L'espèce de la grande aigrette est si nombreusedans cette partie de l'Amérique, qu'un homme en tuadix-huit cents en trois semaines. Le parement des


186 HISTOIREplumes soyeuses de cet oiseau est moins estimé dan»le commerce que celui de la petite aigrette, parce queles tiges ont plus de roideur et que les barbes moinspressées les garnissent moins agréablement. Mauduytrapporte que les plumassiers de Paris donnoient quarantefrancs de l'once des plumes de la grande aigrette,tandis qu'ils en offroient quatre-vingt-dix de celles dela petite espèce. (Encyclop. méthodique, partie ornithologique, article de la grande aigrette d'Amérique.)L'on a trouvé aussi la grande aigrette aux îlesMoluques.SONNINI.


D E S H E R O N S. 187L'AIGRETTE ROUSSE (1).Voyez les planches enluminées, n° 902.SECONDE ESPÈCE.LETTE aigrette, a^ec le corps d'un grisnoirâtre, a les panaches du dos et les plumeseffilées du cou d'un roux de rouille. Elle setrouve à la Louisiane , et n'a pas tout à faitdeux pieds de longueur.(1) Ardea ex nigricante grisea, loris orbitisque viridïbus,capitis, colli et longioribus angustisque dorsipennis ex ferrugineo rufis.Syst. nat. edit. i3 , gen. 84, sp. 55... ardea rufescens. Lin.Ardea cinereo-nigricans, capite , çollo dorsoque posticofulvo-rufis... . ardea rufescens. Latham , Syst.ornith. gen. 69 , sp. 61.Les plumes du dos sont dans cette espèce beaucoupplus longues que dans les autres; elles dépassentla queue de plus de quatre pouces. Le bec est jaunâtreet sa pointe est noire ; les pieds ont cette dernièrecouleur.SONNINI.


188 HISTOIRELA DEMI-AIGRETTE (i).Voyez les planches enlum. n° 35o, et pi. CLXXXVIIIde ce volume.TROISIÈME ESPÈCE.JNious donnons ce nom au héron bleuâtreà ventre blanc de Cayenne de nos planchesenluminées , pour désigner un caractère quisemble faire la nuance des aigrettes auxhérons : en effet, celui-ci n'a pas, commeles aigrettes , un panache sur le dos aussiétendu , aussi fourni, mais seulement unfaisceau de brins effilés qui lui dépassent laqueue, et représente en petit les touffes del'aigrette ; ces brins que n'ont pas les autreshérons sont de couleur rousse ; cet oiseau(ï) Ardea ex cœruleo nigro subtus alba y occipitiscristâ bipenni, rostro ,facie nudâ pedibusque fia vis. ..ardea leucogaster. Lin. Syst. nat. edit. i5, gen. 84 >sp. 52.Ardea cristata cœruleo-nigricans , alis subtus abdominefemoribusque albis... ardea leucogaster. Latham ;Syst. ornith. gen. 67, sp. 62.SONNIM.


*DÈS HERONS. 189n'a pas deux pieds de longueur ; le dessusdu corps, le cou et la tête sont d'un bleuâtrefoncé, et le dessous du corps est blanc ( 1 ).(1) La peau nue entre le bec et l'œil est jaune ; lebec brun, et les pieds sont jaunâtres.Sur quelques oiseaux de celte espèce le cou estviolet, avec des taches roussâtres en dessous , et lepanache est gris ; ce sont vraisemblablement lesfemelles.La demi-aigrette se trouve à la Louisiane et dansla colonie de Cayenne , mais elle y est moins communeque l'aigrette blanche.SONNINI.


HISTOIRELE S O C O (1) (2).QUATRIÈME ESPECE.uoco, suivant Pison, est le nom génériquedes hérons au Brésil : nous l'appliquons à* • ' - — — '«»(1) Çocoi brasiliensibus. Marcgrave , Hist. nat. bras.pag. 209, avec une mauvaise figure, pag. 210. —Willulghby ? Ornith. pag. 209. —Ray , Synops. avi.pag. 100 , n° i5. —Jonston , Avi. pag. 143. —secundus. Pison, Hist. nat. pag. 89. —ÇocoiWillulghby,Jonston et Pison copient la figure de Marcgrave. —Second crabier. Dutertre , Hist. des Antilles , tom. Il ,pag. 275 , avec une figure peu exacte, pag. 246,n° i5. — Héron bleu. Albin , tom. III, pag. 52, avecune figure mal coloriée, pi. LXXIX. —Ardea cristata ydilutè cinerea ; capite superiore in medio cinereo , adlatera nigro, cristâ cinerea, collo albo, inferius maculislongitudinalibus nigro-cinereis vario , pennis in colliinferioris imâ parte strictissimis, longissimis ,candidis;Tectricibus dilutè cinereis, rostro flavo virescente;pedibuscinereis. ardea cayanensis cristata. Brisson $Ornithol. tom. V, pag. 400.(2) Ardea occipite, cristâ dependente dorsoque cinereis, collo subtus nigro maculato, capitis Ittteribusnigrisardea çocoi. Lin. Syst. nat. edit. i5^gen. 84 } sp. 14.— Latham. Syst. ornith. gen, 69.,sp. 80.SONNINI.


DES HERONS. 191Cette grande et belle espèce dont Marcgravefait son second héron, et qui se trouve égalementà la Guiane et aux Antilles commeau Brésil ; il égale en grandeur notre hérongris j il est huppé ; les plumes fines et pendantesqui forment sa huppe, et dont quelques-unesont six pouces de long , sont d'unjoli cendré ; suivant Dutertre , les vieuxmâles seuls portent ce bouquet de plumes;celles qui pendent au bas du cou sont blanches, et également délicates , douces etflexibles ; Ton peut de même en faire despanaches ; celles des épaules et du manteausont d'un gris cendré ardoisé. Pison , enremarquant que cet oiseau est ordinairementassez maigre, assure néanmoins qu'ilprend de la graisse dans la saison des pluies,Dutertre qui l'appelle crabier, suivant l'usagedes îles où ce nom se donne aux hérons, ditqu'il n'est pas aussi commun que les autreshérons, mais que sa chair est aussi bonne,c'est-à-dire, pas plus mauvaise.


H I S T O I R ELE HÉRON BLANCA CALOTTE NOIRE (Ï).Voyez les planches enluminées, n° 107, sous le nomde héron blatte huppé de Cayenne. Voyez aussi laplanche CLXXXIX de ce volume.CINQUIÈME ESPÈCE.KJ E héron , qui se trouve à Cayenne , atout le plumage blanc , à l'exception d'unecalotte noire sur le sommet de la tête, quiporte un panache de cinq ou six brinsblancs; il n'a guère que deux pieds de longueur;il habite le haut des rivières à laGuiane et il est assez rare (2) (3). Nous lui( 1 ) Ardea occipite cristato , corpore albo , verticenigro. ardeapileata. Latham, Syst. ornith. gen. 69,sp. 66.SONNINI.(2) Remarques de MM. de la Borde et Sonnini surles oiseaux de la Guiane.(3) Je n'ai vu que trois oiseaux de cette espèce dansmes longues et nombreuses excursions à la Guiane ;ils étoient ensemble vers la source de l'Oyac où je lesai tués ; on ne les connoissoit pas à Cayenne , parcejoindrons


x xxxix JT' S 7 f igzDe Sève d&- , j fiert&zu/f S-cuZ.1. LE IIKKOTsT BI-AXC a ûz/oéfe;TIOIT? .Z. J^: CRABIER r/e Jfafan .


DES HÉRONS. 1ïg3Joindrons le héron blanc du Brésil (i) (2),la différence de grandeur pouvant n'êtrequ'une différence individuelle , la plaquenoire, ainsi que la huppe , pouvant n'appartenirqu'au mâle , et former son attributdistinctif, comme nous l'avons déjà remarquépour la huppe, dans la plupart des autresespèces de hérons.qu'on n^en rencontre jamais dans lo voisinage descôtes.Le blanc du plumage de ce héron n'est pas pur ;l'on y distingue une légère nuance de jaune j le becet les jambes sont verdâtres.SONNINI.(I) Alia ardeœ species. Marcgrave , pag. 220.(2) Ardea in toto corpore alba ; spatio rostrum intet•et oculos nudo, rostroque croceis ; pedibus nigris. • .. .:ardea brasiliensis candida. Brisson, Ornithol. clas. 5>ord. 17 , gen. 81, sp. 17.SONNINI.TOME LVILN


i- 9 4 HISTOIRELE HÉRON BRUN (i).Voyez les planches enluminées , n° 858.SIXIÈME ESPÈCE.1 L, est plus grand que le précédent, etcomme lui naturel à la Guiane. Il a toutle dessus du corps d'un brun noirâtre, dontla teinte est plus foncée sur la tête , etparoît ombrée de bleuâtre sur les ailes; ledevant du cou est blanc , chargé de tachesen pinceaux brunâtres ; le dessous du corpsest d'un blanc pur.(i) Ardea cristâ capitis nigrâ, corpore nigro-virescentesubtus albo , alis caudâque cinereis.... ardeafusca. Latham , Syst. ornith. gen. 69, sp. 83.Le bec de cet oiseau est brun, et ses pieds sontjaunes.SONNINI.


DES HERONS. i 9 5LE HÉRON AGAMI (i).Voyez les planches enluminées, n° 85g.SEPTIÈME ESPÈCE.


196 H l'STOIR Esent de même la queue de ce héron > eiiquoi il a du rapport aux aigrettes; ces plumessont d'un bleu clair; celles des ailes et dudos sont d'un gros bleu foncé ; le dessous ducorps est roux ; le cou est de cette mêmecouleur en devant, mais il est bleuâtre aubas et gros bleu en dessus ; la tète est noireavec l'occiput bleuâtre, d'où pendent delongs filets noirs.C ~t


DESHERONS.w, • . '—• •—•L> H O C T I (i) ( 2 ).HUITIÈME ESPÈCE.INIIEREMBERG interprète le nom mexicainde cet oiseau hoactli ou toloactli, par( 1 ) Avis sicca. Nieremberg, pag. 222 ( mas ).Hoacton. Idem , pag. 225 (fasmiua ). —Hoactli, seutobactli, id est, avis sicca. Fernandez , Hist. nov.Hisp. pag. 26, cap. 52 (mas), hoacton fœmina. Idem,pag. i5, cap. 1. •— Willulghby, Ornith. pag. 5ooet 5o2. — Ray, Synops. avi. pag. 128. —Ardea cristata, supernè ( nigro virescens , mas ) (fusca albo varia 9fremina ) infernè alba (fusco varie gâta , fsemina ) ;vertice et cristâ nigris ; tœniâ ab oculo ad oculum, etcollo candidis ; alis supernè cinereo-virescentibus; rectrïcibuscinereis ; rostro supernè et infernè nigro, adlatera flavescente ; pedibus dilutè flavis. ... ardeamexicana cristata. Brisson, Ornith. tom. V", p. 418.( 2 ) Ardea capite cristato et corpore suprà atro,subtus albo , facie nudâ flavicante, fronte inter oculosalbâ, alis caudâque cinereis.Syst. nat. edit. i3 , gen. 84 9 sp. 37.ardea hoactli. Lin aArdea cristâ capitis nigricante, corpore fusco-nigricanlesubtus albo , pectore maculis fuscishoactli. Latham , Syst. ornith. gen 69, sp. 8_\.SONNINI.N 5ardea


198 HISTOIREavis sicca, oiseau sec ou maigre , ce quiconvient fort bien à un héron; celui-ci estde moitié moins grand que le héron commun.Sa tête est couverte de plumes noiresqui s'alongent sur la nuque en panache; ledessus des ailes et la queue sont de couleurgrise ; il a sur le dos quelques plumesd'un noir lustré de verd ; tout le reste duplumage est blanc. La femelle porte unnom différent de celui du mâle ( hoactonfcemina ) ; elle en diffère en effet par quelquescouleurs dans le plumage ; il est brunsur le corps mélangé de quelques plumesblanches, et blanc au cou mêlé de plumesbrunes.Cet oiseau se trouve sur le lac de Mexique; il niche dans les joncs et a la voix forteet grave , ce qui semble le rapprocher dubutor : les espagnols lui donnent mal à proposle nom de martinete pescador, car il esttrès-différent du marlin-pêcheur.


DES HERONS. 199LE H O H O U. (1) (2).NEUVIÈME ESPÈCE.1/EST encore par contraction du motxoxouquihoactli, et qui se prononce hohouquihoactli,qtie nous avons formé le nom decet oiseau avec d'autant plus de raison quehouhou est son cri : Fernandez, qui nousdonne cette indication, ajoute que c'est un(1) Hoxouquihoactli. Fernandez, Hist. avi. nov.Ilisp. pag. 14 y répété , pag. 40. —Ray, Synops. avi.pag. 102, n° 21. —Ardea cristata, cinerea, frontealbo et nigro varia ; capite superiore et cristâ purpurascentibus; alis albo , cinereo et cyaneo variis ; rectrïcibuscinereis ; rostro nigro ; pedibus fusco, nigro y etflavescente variegatis. . .Brisson , Ornith. tom. V, pag. 4o4-ardea mexicana cinerea.(2) Ardea capite purpureo cristato , corpore cinereo ,alarum angulis albis , fronte ex nigro et albo , alarumtectricibus ex cœruleo et cinereo variis.Lin. Syst. nat. edit. i5 , gen. 84? sp. 58.ardea hohu.Ardea cristata cinerea , fronte albo nigroque varia ,alis albo , cinereo et cyaneo variis, pedibus variegatis..,ardea hohou. Latham , S} r ât. ornith. gen. 69, sp. 85*S o N N 1 N 1.N 4


200 HISTOIREhéron d'assez petite espèce ; sa longueur esfcnéanmoins de deux coudées ; le ventre etle cou sont cendrés ; le front est blanc etnoir ; le sommet de la tête et l'aigrette à,l'occiput sont d'une couleur pourprée , etles ailes sont variées de gris et de bleuâtre^Ce héron est assez rare ; on le voit de tems,en tems sur le lac de Mexique , où il paroiÊvenir des régions plus septentrionales*,


D E S H E R O N S.soiLE GRANDHÉROND' A M É R I Q U E (i) (2).DIXIÈME ESPÈCE.XJANS le genre des oiseattxde marécages,c'est au nouveau Monde qu'appartiennent(1) Largest crestedhéron. Catesby, Carolîn. append.pag. 10 , avec une figure de la tête et du cou , pi. x,figure 1. — Ardea cristata americana. Klein , Avi,pag. 125 , n° 4- —Ardea occipite cristato , dorso cinereoyfemoribus rufis,pectore maculis oblongis nigris*.herodias. Lin. Syst. nat. edit. 10, gçn. 76 , sp. 11. —Ardea cristata , fusca ; collo inferiore et pectore rufescentibus, maculis longitudinalibus fuscis. variis; remigibusnigris; rectrïcibus fuscis; rostrv supernè et infernèfusco , ad later a fusco-flavicante, pedibus fuscisardea virginiana cristata. Brisson, Ornithol. tom. V,pag. 416.(2) Ardea occipite cristato, corpore fusco, femoribusrufis, pectore maculis oblongis nigrisardeâherodias. Lin. Syst. nat. edit. i5 , gen. 84 , sp. i5.Ardea occipite cristato , dorso fusco y femoribus.rufis, pectore maculis oblongis nia-ris. ardeaherodias. Latham, Syst. ornith. gen. 6g, sp. 56.Le bec du grand héron est jaunâtre sur les cotésles pieds et le reste du bec sont bruns, So*\m


$02 HISTOIREles plus grandes comme les plus nombreusesespèces. Catesby a trouvé en Virginie celledu grand héron , que cette dénominationcaractérise assez, puisqu'il est le plus grandde tous les hérons connus; il a près de quatrepieds et demi de hauteur lorsqu'il est debout yet presque cinq pieds du bec aux ongles :son bec a sept à huit pouces de longueur;tout son plumage est brun , hors les grandespennes de l'aile qui sont noires ; il porte unehuppe de plumes brunes effilées : il vit nonseulement de poissons et de grenouilles, maisaussi de grands et de petits lézards (i).(Ï) Ce héron , suivant Bartram , se trouve aussi enPensilvanie, oùil passe l'année entière. (Voyage dansles parties de l'Amérique septentrionale , édition française, tom. II, pag. 40 et 5o. ) SONNINI.


DES HERONS. 2o3LEHERONDE LA BAIE D'HUDSON (i)(a).ONZIÈME ESPÈCE.v; E héron est aussi très - grand ; il a prèsde quatre pieds du bec aux ongles ; une bellehuppe d'un brun noir, jetée en arrière , luiombrage la tête ; son plumage est d'un brunclair sur le cou , plus foncé sur le dos, et*' 3 - .


ao4HISTOIREet plus brun encore sur ]es ailes : les épaule*et les cuisses sont d'un brun rougeâtitî ; l'estomacest blanc ainsi que les grandes plumesqtii pendent du devant du cou , lesquellessont marquées de traits en pinceaux bruns (i).Voilà toutes les espèces de hérons quinous sont connues ; car nous n'admettons pasdans ce nombre la huitième espèce décritepar M. Brisson, d'après Aldrovande, parcequ'elle est donnée sur un oiseau qui portoitencore la livrée de son premier âge, comme-Aldrovande en avertit lui-même ; nous excluronsaussi du genre des hérons la quatrièmeet la vingt - deuxième espèce deM. Brisson , qui nous paraissent devoir êtreséparées de ce genre jmr des caractères trèssensibles, la première ayant le bec arqué etles jambes garnies de plumes jusques sur legenou ; et la seconde ayant un bec court quila rapproche plutôt du genre des grues : enfinnous ne comptons pas la neuvième espècede héron du même auteur , parce que nousavons reconnu que c'est la femelle du bi~horeau.(J) L'espace nu entre le bec et l'œil est jaunâtre', ledemi-bec supérieur noir et l'inférieur orangé • lespieds sont bruns.SONNINI»


DES HERONS. so5• > ' 'T • , •' ' • " " f -~' ' ' i • l i i i I — m * mLE HÉRONCOULEUR DE ROUILLE (i),PAR SONNINI.JLiE nouveau Monde nourrit encore plusieursautres espèces de hérons que Buffonn'a pu connoitre , et il est très-probable quenous ne les connoissons pas toutes. Celle-cia la grandeur du butor ; la tête ornée d'unehuppe peu alongée ; les plumes de la poitrinelongues et effilées ; le front et les pennes desailes noirâtres ; le dessus du corps de couleurde rouille, avec quelques taches noires surle dos ; le dessous du corps blanc sale, rayéde noir ; la gorge blanche ; sur le bas du couquatre lignes noires ; la queue de couleur( i ) Ardea ferruginea y subtus exalbida nigro-striata,capite subcristato, gulâ albâ , dorsi maculis paucisnigris. ardea rubiginosa. Lin. Syst. nat. edit. i5,gen. 84, sp, 4°»Ardea subcristata ferruginea, gulâ albâ, abdominealbo nigro striato , collo subtus lincis quatuor nigris.ardea rubiginosa. Lath. Syst. ornith. gen. 69, sp. 58.


so6HISTOIREplombée ; enfin l'iris des yeux, le bec et lespieds jaunes.Ce héron , dit M. Pennant , existe dansl'Amérique septentrionale , mais l'on ne saitdans quelles parties (i).(i) Arclic zoolog. tom. II, pag. 452 ; n° 358. Rustycrownedhéron.


DES/HERONS.LE HÉRONCENDRÉ (i),PAR SONNINI.V^ E héron arrive dans la province de Ne w-Yorck au mois de mai, et en repart au moisd'octobre. Sa longueur est d'environ deuxpieds ; les plumes de ses flancssont longues,larges et pendantes, et son bec est fort ; iln'a point de huppe sur la tête. Son plumageest généralement en dessus d'un cendré foncéet blanc en dessous , de même que sur sesjoues et sa gorge ; son bec est noir et sespieds sont jaunes (2).(1) Ardea cinereo - nebulosa, subtus alba, verticelœvi obscuro , genis mentoque atbidis , collo ex cinereofuscescente, anterius albo-striato.... ardea cana. Lin.Syst nat. edit. i3, gen. 84, sp. 70.Ardea cinerea , collo fusco- cinerascente , ab dominegenis gulâque albidis. ardea cana. Latham , Syst.ornith. gen^ 69, sp. 59.(2) Pennant, Arctic zoology, tom. II, pag. 449 9n Q553» Ash-colored héron-


208 HISTOIRELE H É R O N RAYÉ (i),PARSONNINI.C^'EST encore un héron du nord de l'Amérique, dont on ne connoît rien de plusque la description. Sa longueur est d'un peuplus de seize pouces, et il n'a point de huppe.Le sommet de la tête , le dos, les pennes desailes et de la queue sont d'un brun noirâtre;la peau nue entre le bec et l'œil est teintede noir roussâtre comme le haut du cou ;la gorge est blanche, et il y a sur le devantdu cou des lignes blanches et noires ; les(i) Ardea vertice lœvi , dorso , remigibuscaudâqueobscuris, vertice et genis ex ferrugineo et nigro mistis 9mento gulaque albis , jugulo virgis albis et riigris ,tectricibus alarum nigris et ochroleucis variis..virgata. Lin. Syst. nat. edit. i5, gen. 84? * S P- 69.Ardea fusco - nigricans , collo subtus albo, juguloardeanigro striato y tectricibus alarum flavescente striatis.ardea virgata. Latham , Syst. ornith. gen. 69 , sp. 60.couvertures


couvertures supérieures des ailes sont aussirayées 4e noir et de blanc jaunâtre (i).Quelques individus, vraisemblablement lesfemelles, ont un trait-blanc sur le haut dela gorge et des taches de la même couleursur les plumes scapulair.es etJes couverturesdes ailes.(i) Pepnant, Arctic zoology, tom. II, pag. 449 >n° 534- Streated héron.. i l . ' « . • . . ;. ;.. i ' i iTOME LVII,O


— - . — • — • - •aïo.»HISTOIREL E H É R O NBLANC DE LAIT (i),PAR SONNINI.AVEC le plumage entièrement blanc delait, ce beau héron du Chili a le bec jauneet les pieds d'un rouge cramoisi ; la longueurde son bec est de quatre pouces, et celle deson cou et de ses jambes de deux pieds etdemi (2).fc • T 11. 11 • 1 1 1 n 1 1 1 •• n m • 1 i, . • • i( 1 ) Ardea occipite subcristato , corpore lacteolo ,rostro luteo , pedibus coccineis ardea galatea.Latham, Syst. ornith. gen. 849 sp. 48. — Latham,Syst. ornith. gen. 69 , sp. 68.(2) Moiina, Histoire naturelle du Chili, éditionfrançaise , pag. 214.


DES CRABIERS.anLESCRABIERS.\JBS oiseaux sont des hérons encore pluspetits que l'aigrette d'Europe ; on leur adonné le nom de crabiers , parce qu'il y en aquelques espèces qui se nourrissent de crabesde mer, et prennent des écrevisses dans lesrivières. Dampier et Wafer en ont vu auBrésil, à Timor, à la nouvelle Hollande (i) ;ils sont donc répandus dans les deux hémisphères.Barrère dit que, quoique les crabiersdes îles de l'Amérique prennent des crabes,ils mangent aussi du poisson qu'ils pèchentsur les bords des eaux douces, ainsi que leshérons. Nous en connoissons neuf espècesde l'ancien continent, et treize dans le nouveau(2).(1) Voyez Dampier, Voyage autour du monde;Rouen, 1715 , tom. IV, pag. 66 , 69 et ni ; et leVoyage de Wafer à la suite de Dampier, tom. V,pag. 6r.(2) Le nombre de ces,espèces s'est accru par lesrecherches des ornithologistes et des voyageurs depuisla mort de Buffon. J. J. VIREY.o 2


ÊifiH I S T O I R ECRABIERSDE L'ANCIENCONTINENT.LE CRABIER CAIOT (i).PREMIÈRE ESPÈCE v2).ALDROVANDE dit qu'en Italie, dans leÊoulonais , on appelle cet oiseau quaiôt,quaiotta ; apparemment par quelque rapportde ce mot à son cri ; il a le bec jaune et les,pieds verds ;il porte sur la tète une 1)elîë(ï) Ardeœspecies , vulgo squaiotta. Aldrovande-,Avi. tom. 111., pag. 401, avec une mauvaise figure. —Squawtto Aldrovand. Wilîulglïby,'Ornith. p. 207. —Squaiotto italorum. Jonston, Avi. pag. 104. *— C8tarleton, -Exercit. ^pag. -110-, -n° £. Idem, Onomazt.•p. io3 ? n° r 6. — Ray , Synops. avi. ,pag. 99, *n Q castanea , jpennis scupularibus inexortu albis ; cristâ in medio albâ y ad latera nigrûr;Tectricibus castaneis ; rostro luteo , apice nigricante r ;pedibus viridibus•tom. V, pag. 466.• cancrofagus. Brisson , Ornith.(2) Ardea, badia , cristâ capitis nigr/c : meduXpennû


DES CRABIERS.ai5touffe de plumes effilées, blanches au milieu,noires aux deux bords ; le haut du corpsest recouvert d'un chevelu de ces longuesplumes minces et tombantes, qui forment surle dos de la plupart de ces oiseaux crabierscomme un second manteau ; elles sont danscette espèce d'une belle couleur rousse.albâ y pennis scapularibus longis angustis basialbis..'.ardea squaiotta. Lin. Syst. nat. edit. i5, gen. 84? S P- 47-Ardea cristata castanea , pennis scapularibus basialbis y cristâ medio albâ laterïbus nigrâ..squaiotta. Latham ; Syst. ornith gen. 69, sp. 36.J. J. VlREY... ardeaO 3


314 HISTOIRELE CRABIER ROUX (i).SECONDE ESPÈCE (l).IJELON Schwenckfeld, ce crabier est rouge( ardea rubra ), ce qui veut dire d'un rouxvif et non pas marron , comme traduitM. Brisson ; il est de la grosseur d'une corneille;son dos est roux (dorso rubicundo);son ventre blanchâtre ; les ailes ont uneteinte de bleuâtre, et leurs grandes pennessont noires. Ce crabier est connu en Silésie ,et s'y nomme héron rouge {rodler-reger);il niche sur les grands arbres._ ,. -...,. m • ..„ .I.^I.... --• — • • M ^ M(i) Ardea rubra , vulgb sand-reger, rodter reger.Schwenckfeld , Avi. Silcs. pag. 225. —Ardea supernècastaneo , infernè sordide alba ; tœniâ longitudinalicandidâ à gutture ad ventrem usque productâ ; tectricibusalarum superioribus ad cœruleum vergentibus ;remigibus nigris y rectrïcibus castaneis ; rostro fusco ;pedibus rubris. cancrofagus castaneus. Brisson ,Ornith. tom.* V, pag. 468.(2) Ardea badia subtils exalbida : stria mediâ longitudinaliniveâ, capite lœvi, remigibus nigris , tectricibusalarum cœrulescentibus. ardea badia. Lin. Syst*nat. edit. i3, gen. 84> sp. 75.Ardea castanea subtus albida, tectricibus alarumcœrulescentibus ,pedibus rubris.ardea badia. Lath,Syst. ornith. gen. 69, sp. 57- J. J. VIRE Y.


DES- CRABIERS.2i5LE CRABIER MARRON (i).TROISIÈME ESPÈCE (2).-A.PRÈS avoir ôté ce nom mal donné àl'espèce précédente par M. Brisson , nousl'appliquons à celle que le même naturalisteappelle rousse, quoique Aldrovande le disede couleur uniforme , passant du jaunâtre(1) Ardea hœmatopus , forte cirris Virgilii Scaligero.Aldrovande , Avi, tom. 111 , pag. 597 , avec unemauvaise figure, pag. 398. —Willulghby , Ornith*pag. 206. — Ray , Syno\>s. avi. pag. 99 , n° 7. —Ardeacristata ex croceo ad castaneutn ver gens, supernè dilutiàs,infernè saturatiùs ; capite superiore et cristâlutescente et nigro variegatis ; rectrïcibus ex croceo adcastaneum vergentibus ; rostro viridi cœruleo, apicenigro ; pedibus saturatè rubris..Brisson , Ornith. tom. V, pag. 469.cancrofagus rufus.(2) Ardea capite cristato, corpore ex croceo in badiumvergente... ardea erythropus. Lin. Syst. nat. edit. i5,gen. 84, sp. 88.Ardea cristata , croceo-castanea subtus saturatior 9rostro cœruleo, pedibus rubrisLatham , Syst. ornith. gen. 69, sp. 58.J. J. Vl R E Y.O 4ardea erythropus.


ai6HISTOIREau marron : ex croceo ad colorent castaneœvergens : mais, s'il n'y a pas méprise dansles expressions, ces couleurs sont distribuéescontre l'ordinaire, étant plus foncées dessousle corps et plus claires sur le dos et les ailes (i );les plumes longues et étroites, qui recouvrentla tête et flottent sur le cou , sontvariées de jaune et de noir ; un cercle rougeentoure l'œil qui est jaune ; le bec noir à lapointe est verd bleuâtre près de la tète ;les pieds sont d'un rouge foncé ; ce crabierest fort petit, car Aldrovande , comptanttous les crabiers pour des hérons , dit cœterisùïdeis ferè omnibus minor est. Ce mêmenaturaliste pârôît donner cdrtinïé simple variétéle crabier (2) dont M. Brisson a faitsa trente - sixième espèce; ce crabier a lespieds jaunes et quelques taches de plus quel'autre sur les côtés du cou ; du reste il luiçst entièrement semblable, per omnia similis :nous n'hésiterons donc pas à les rapporter àtine seule et iiiême espèce , mais Aldrovandeparoît peu fondé dans l'application particulièrequ'il fait du nom de cirris à cette espèce.( 1) Pronè intensiùs, supernè et super alis remissius 9pag. 577, lin. ultim.(2) Ardeà castanei coloris alla. Avi. tom. III, p. 399;


DES CRABIERS. 217Scaliger, à la vérité, prouve assez bien quele cirris de Virgile n'est point l'alouette(galerita), comme on l'interprète ordinairement, mais quelque espèce d'oiseau derivage aux pieds rouges , à, la tête huppée,et qui devient la proie de l'aigle de mer( haliœetus ) ; mais cela n'indique pas que lecirris soit une espèce de héron, et moinsencore cette espèce particulière de crabierqui n'est pas plus huppé que d'autres ; etScaliger lui-même applique tout ce qw'il ditàa Cirris à l'aigrette , qUoiqu'à la vérité avec*aussi peu de certitude (1). C'est ainsi queces discussions érudites, faites sans étude dela Kature , loin de l'éclairer, n'ont servi qu'àl'obscurcir.(1) Vid. Scàllg. comment, in cirr, apud Aldrovand.lom. III, pag. 397.


siSHISTOIRELE GUACCO (i).QUATRIÈME ESPÈCE (2).V/EST encore ici un petit crabier connuen Italie , dans les vallées du Boulonais,(i) Ardeœ genus , quam sguacco vocant. Aldrovande,tf\vi. tom. III, pag. 4°o , avec une figure peucaractérisée.—Willulghby, Ornith. pag. 206. —Ray,Synops. pag. 99 , n° 8. — Ardea cristata, supernè luteorufescens, infernè candicans , capite , cristâ et collolutescente , albo et nigro variegatis ; Tectricibus candicantïbus; rostro luteo rufescente ; pedibus virescentibus....cancrofagus luteus. Brisson, Ornith. tom. V,P a g*47 2 -(2) Ardea ferruginea , subtus alba, cristâ occipitishngis&imâ albâ , nigro-marginatâ dependenteardea comata. Lin. Syst. nat. edit. i3 , gen. 84, sp. 47.D'après Pallas (Reise, tom. II, pag. 716, n° 5i ), cetoiseau se trouve aussi sur les rivages de la mer Caspienneet près des eaux stagnantes des déserts de laTartarie.Il paroîï que le héron de couleur marron , décrit parSamuel George Gmelin dans les nouv. Mém. acad.Pctersbourg , tom. XV, pag. 454 > lab. i5 , et dans sonVoyage , tom. III, pag. 255 . se rapporte beaucoup ànotre guucco. 11 habite sur les bords du Tanaïs, et


DES CRABIERS. 219sous le nom de sguacco. Son dos est d'unjaune rembruni ( ex luteo ferrugineus ) ; lesplumes des jambes sont jaunes ; celles duventre blanchissantes ; les plumes minces ettombantes de la tête et du cou sont variéesde jaune, de blanc et de noir : ce crabier estplus hardi et plus courageux que les autreshérons ; il a les pieds verdâtres , l'iris del'œil jaune , entourée d'un cercle noir.^ ^ * ^ • li «i • • 1 • 1 1 I - I L . 1 . 1 1 — 1 .1 1. 11 1 • * . . m , 1 1 1 . •descend de là dans les campagnes du Pont-Euxin et surles grèves sabloneuses de l'Arabie. Il pose son nid surles arbres. Cet oiseau qui a quelques analogies avecles rasles est de couleur marron sur le dos, blanchâtreen dessous ; sa tète et les sourcils sont verdâtres ; soussa gorge , qui est blanche , se trouve un renflement enforme de sac; son croupion est blanc, et sa tête estornée d'un huppe , les pennes des ailes et de la queuesont blanches.Ardea castanea subtus alba , facie et superciliis viridibus,gulâ saccatâ et uropygio albis , capite cristato.. .ardea castanea. Lin. Syst. nat. edit. i3 , gen. 84 > sp. 46.Ardea cristata luteo - rufescens , uropygio corporesubtus alis caudâque albis. .. ardea comata. Lath.Syst. ornithol. gen. 69, sp. 39. Suivant cet auteurVardea castanea est une espèce voisine, mais différente,qu'il spécifie ainsi : Ardea cristata alba, lateribuscapitis, colloque castaneo-flavis, dorso castaneo , remigibusin tus rectrïcibus apice albo maculatis. .castanea. Latham , Syst. ornith. gen. 69, sp. 40.J. J. Vl R EY.fardea


J2oHISTOIRELE CRABIER DE MAHON (i).Voyez les pi. enluminées, n° 348 ; et pi. CLXXXIXde ce volume.CINQUIÈME ESPÈCE.VET oiseau, nommé dans nos planchesenluminées héron huppé de Mahon , est uncrabier, même de petite taille , et qui n'apas dix-huit pouces de longueur ; il a lesailes blanches , le dos roussâtre ; le dessus ducou d'un roux jaunâtre , et le devant grisblanc ; sa tête porte une belle et longuehuppe de brins gris blancs et roussâtres.(1) Gmelin (Lin. Syst. nat. edit. i3 ,gen.84 , sp.41)regarde cet oiseau comme appartenant à l'espèce précédente^ et Latham aussi, sp. 3^ J. J, VIRET.


DES CRABIERS. saiLE CRABIERDE € O R O M A N D E L.Voyez les planches enluminées,n°QIQ.SIXIÈME ESPi.CE (l).\JE crabier a du rapport avec le précédent;il a de même du roux sur le dos, du rouxjaune et doré sur la tête et au bas du devantdu cou , et le reste du plumage blanc , maisil est sans huppe ; cette différence, qui pourroit s'attribuer au sexe, ne nous empêcheraitpas de le rapporter à l'espèce précédente, sicelle-ci n'étoit plus grande de près de troispouces.(Ï) Voici encore une variété duguacco , selon Lin»Syst. nat. edit. i5, gen. 84? sp. l±\ , var. b, ardeacomata , et Latham, Syst. ornith. gen. 69, sp. 5g.Quoique cet oiseau soit petit, il est cependant fortcourageux et se défend avec beaucoup d'opiniâtretécontre les oiseaux de proie qui veulent lui disputersa pâture. Cet animal diffère cependant du guacco parle défaut de huppe, mais en revanche le derrière de


232 HÏSTOI R Eson cou est orné d'une sorte de crinière ; son dos estviotfttre ; les pieds sont longs et d'une couleur de verdpomme.Il y a encore une autre variété du guacco, décritedans le Voyage en Esclavonie , pag. i/^. Latham décritainsi ses caractères : Ardea fronte colloque albidotestaceo nigroque striatis, alis testaceis, uropygio abdomihefemoribusquealbis ardea comata. Var. 9 ,gen. 69, sp. 59. Sa taille et son aspect ressemblentbeaucoup au crabier de Mahon et au guacco ) elle setrouve dans le comté de Poséga en Hongrie.


DES CRABIERS. 223"^" " ' ' ' - • ' * ' " - ' - " - * ' * •• •• ' —*»' " "- 1 • 1 • • ru,LE CRABIERBLANC ET BRUN (1).Voyez les planches enluminées, ri 0crabier de Malaca.911 -, sous le nom deSEPTIÈME ESPÈCE.J JE dos brun ou couleur de terre d'ombre ;tout le cou et la tête marqués de longs traitsde cette couleur sur un fond jaunâtre ; l'aileet le dessus du corps blancs ; tel est le plumagede ce crabier que nous avons reçu deMalaca : il a dix-neuf pouces de longueur.(1) Ardea fusca, subtus alis caudâque albâ, capitelœvi colloque fusco ex albo striatisfacie nudâ cinerea...ardea malaccensis. Lin. Syst. nat. edit. i5, gen. 84,sp. 72.Ardea alba dorso fusco, collo fusco alboque striato 9rostro pedibusque flavis. .. ardea malaccensis. Lath.Syst. ornitli. gen. 69, sp. 47*L J. VIREY*.


224 M ï 3 T 0 J R £LE C R A B I E R NOIR.Voyez les planches enluminées , n° 926.•H U -I T I È M E ES P È C B. (l).1VI. SONNERAT a trouvé ce crabier à lanouvelle Guinée ; il est tout noir, et a dixpouces de longueur. Dampier place à la nouvelleGuinée de petits preneurs d'écrevissesà plumage blanc de lait (2) ; ce pourroit êtrequelque espèce de crabier , mais qui ne nousest pas jusqu'ici parvenue,.et que cette noticeseule nous indique.(1) Ardea nigra, cq-pile lœvi, rostro fusco, facienudâ virescentenat. edit. i3, .gen. 84* sp. 78.ardea novœ Guineœ. Lin. Syst.Arded corpore toto nigro iridibus flavis, rostro pedibusquefuscis.ornith. gen. 6g, sp. v 34-ardea novœ Guineœ. I^athaçi, Syst.J- 'J- VIREY.- • - > • ' . . . - . >(2) Yoy^ge autour du .Monde, tom. V.,pag.8i.LE


D ES C R A B I E R S. 22$LE PETIT CRABIER (1).Voyez les planches enluminées, n° 898 , sous le nomde crabier des Philippines.NEUVIÈME ESPÈCE (2).V/EST assez caractériser cet oiseau que delui donner le nom de petit crabier. Il est en( 1) Ardea supernè castaneo et nigricante transversimet undatim striata, infernè griseo rufescens ; capitecastaneo, in parte posteriore nigro variegato ; collosuperiore dilutè castaneo , collo inferiore et pectoregriseis y ad castaneum vergentibus ; rectrïcibus nigricantibusy rostro superiùs nigricante, infernè albo flavicante; pedibus griseo fusciscancrofagusphilippensis. Brisson , Ornith. tom. V, pag. 474-(2) Ardea subtus alba , vertice lœvi etcervice ex rufofuscis , dorso lineis transversis ru fis et fuscis picto , aliscaudâque nigris, gittture ex rufescente sordide albo. . ;ardea philippensis. Lin. Syst. nat. edit. i3, gen. 84,sp. 77.Ardea castanea , subtus aïbida y dorso striis transversisnigris, tectricibus alarum nigricantibus albomarginatis, remigibus caudâque nigris... ardeaphilippensis. Latham, Syst. ornith. gen. 69, sp, 35-TOME LVII.J. J. VIRE Y.P


'226 HISTOIREeffet plus petit que tous les crabiers, plusmême que le blongios, et n'a pas onze poucesde longueur. Il est naturel aux Philippines ;il a le dessus de la tête , du cou et du dos,d'un roux brun ; le roux se trace sur le dospar petites lignes transversales, ondulantessur le fond brun : le dessus de l'aile est noirâtre,frangé de petits festons inégaux, blancsroussâtres ; les pennes de l'aile et de la queuesont noires.»


mr,-W*


fl CJ£C c/ fo J> 22,7/M d'être OU1. LE BLONOrOS .Z. LE CRABIER VERT âxcÀcJe'.yfer/!fazztfi^7c


DES CRABIERS. 227LE BLONGIOS (1).Voyez les planches enluminées, n° 3a5 , sous le nom deblongios de Suisse ; et pi. CXC de ce volume.DIXIÈME ESPÈCE (2).LE blongios est en ordre de grandeur ladernière de ces nombreuses espèces que laNature a multipliées, en répétant la mêmeforme sur tous les modules depuis la taille(1) Ardea supernè nigro-viridescens, infernè dilutèfulva; collo superiore griseo-fulvo , ad castaneum vetgente; pennis in colli inferioris imâ parte longissimis;pectoris maculis longitudinalibus nigricantibus varioTectricibus nigro-virescentibus ; rostro viridi flavicantesuperiàs apice nigricante ; pedibus virescentibusardeola. Brisson, Ornith. tom. V, pag. 407.(2) Ardea capite lœvi, corpore fusco , subtus rufescente, rectrïcibus nigro-virescentibus , loris flavicantilus.. . ardea minuta. Lin. Syst. nat. edit. i3, gen. 84sp. 26.Ardeacapite lœvi } vertice, dorso , remigibus rectricibu^quenigro-virescentibus , collo tectricibus alarumabdomineque pallidè fulvis ( mas ).Lath. Syst. ornith. gen. 69, sp. 27.ardea minuta.Mais l'individu femelle se caractérise ainsi d'aprèsP 2


228 H I S T O IREdu grand héron égal à la cigogne , jusqu'àcelle du plus petit crabier et du blongios, quin'est pas plus grand qu'un rasle ; car le blongiosne diffère des crabiers que par les jambesun peu basses, et le cou en proportion encorepins long : aussi les arabes de Barbarie y suivantle docteur Shaw, lui donnent-ils le nom deboo-onk , long cou , ou à la lettre , père ducou (i). Il Falonge et le jette en avant commepar ressort en marchant, ou lorsqu'il cherchesa nourriture ; il a le dessus de la tête et dudos noirs à reflets verdâtres , ainsi que le&pennes des ailes et de la queue ; le cou , leventre > le dessus des ailes d'un roux marron,mêlé de blanc et de jaunâtre ; le bec et lespieds sont verdâtres (2).»• i. .^. 1 mm 11 .,> -. - -fc, , if . .11 1 m ... 1 1 an i • •Latham, ibid. : ardea eapite lœvi, corpore fusco ^.marginibuspennarum rufescentibus, subtus rufescente,vertice , dorso , remigibus, caudâque nigris (fsemina ).J. J. V I R E Y.(1) Voyage du docteur Shaw 5 la Haye, 1743,tom. I, pag. 55o.(2) Un savant voyageur naturaliste, Sonnini, aremarqué à la Guiane un oiseau qui a beaucoup derapport avec le blongios, et qu'il croit être le même.Il a encore quelques traits de ressemblance avec lesonorés ; 11 se tient au milieu des hautes herbes et desplantes aquatiques qui couvrent les savannes noyées.


DES CRABIERS. 229Il paroît que le blongios se trouve fréquentment en Suisse ; on le connoît à peine dansnos provinces de France où on ne Ta rencontréqu'égaré et apparemment emportépar quelque coup de vent , ou poussé dequelque oiseau de proie (1). Le blongios setrouve sur les côtes du Levant aussi bien quesur celles de Barbarie (2). M. Edwards enreprésente un qui lui étoit venu d'Alep ,* ildifférait de celui que nous venons de décrire,en ce que ses couleurs étoient moins foncées,C'est là que , le pied dans la fange , il attend sa proie etélève de tems en, tems, sur-tout vers le soir, sa voixmugissante et haute qui ressemble extrêmement àcelle d'un homme qui en appelle un autre , ho ! ho !J. J. VIRE Y.(1) J'ai vu un de ces petits hérons, de la grandeurd'un merle; il s'étoit laissé prendre à la main dans ler*jardin des Dames du Bon-Pasteur à Dijon ; je le visenfermé dans une cage à faire couver des serins ; sonplumage ressembloit à celui d'un rasle de prairie; ilétoit fort vif, et s'agitoit sans cesse dans sa cage,plutôt par une sorte d'inquiétude que pour chercherà s'échapper ; carlorsqu'on approchoit de sa cage , ils'arrêtoit, menaçoit du bec et le lançoit comme parressort. Je n'ai jamais rencontré ce très-petit hérondans aucune des provinces où j'ai chassé; il faut qu'ilsoit de passage. ( Note communiquée par M. Hébert.)(2) La demeure de cet oiseau s'étend jusqu'auxp 3


23oH I S T O I R Eque les plumes du dos étoient frangées deroussâtre et celles du devant du cou et ducorps marquées de petits traits bruns (i) :différences qui paroissoient être celles deFâge ou du sexe de l'oiseau ; ainsi ce blongiosdu Levant dont M. Brisson fait sa secondeespèce (2) , et le blongios de Barbarie, ouboo-onk du docteur Shaw , sont les mêmes,selon nous-, que notre blongios de Suisse (5).Toutes les espèces précédentes de crabiersappartiennent à l'ancien continent : nousallons faire suivre celles qui se trouvent dansle nouveau, en observant pour les crabiers lamême distribution que pour les-'hérons.climats glacés die la Sibérie , depuis les vallons brûlansde la Syrie et les ardentes campagnes de l'Arabie. Cet* * *animal vit sauvage et retiré; Sonnini l'a rencontréplusieurs fois en Egypte. ( Voyez son Voyage en.Egypte, tom. I, pag. 26.) J. J VIREY.(1) Little Brown Bittern. Edwards, Glan. p. i55,pi. CCLXXV.(2) Le blongios tacheté. (Brisson , Ornith. tom. V,pag. 5oo. )(5) Ardea minuta. Lin. Syst.. nat. gen. 84 7 sp- 26,var. b.J. J. VIREY.


DES GRABIBR S. -H•.M^—I • . - ••• . _mt*" ~ ^ — ' ' ' " " I » i • , ,,,„, ] , — » — i i ^ » ^ —PETIT BLONGIOSDE LA MER CASPIENNE (1)^1PAR J. J. V 1 R E Y.iu E T oiseau n'a qu'un pied sept pouces delongueur ; son bec noir est jaune en dessous,son iris jaune et ses pieds sont noirâtres. Lemanteau de sa robe est de couleur terreusetirant sur le marron. Sur le milieu des couverturesde ses ailes règne un assemblage delignes et de points blancs et jaunes entremêlés.Sur le devant du cou une ligne blanchedescend perpendiculairement jusques sur le(i) Ardea capite lœvi collo ex flavicante , castaneoet albo variis, corpore suprà castaneo, subtus albicante,rectricibus niveis... ardea pumila. Lin. Syst. nat,edit. i5 , gen. 84 > sp. 74.Ardea castanea , tectricibus alarum mediis alboflavoquevariis , collo anticè stria longitudinali abdominecaudâque albis.. ardea pumila. Latham, Syst.ornith. gen. 69, sp. 28.P4


éàH ÏVT'O I R Eventre et la queue , et semble partager lecorps dans sa longueur. Le croupion est blancet les pieds sont brunâtres (i).tab. 14, fig. 1.1


D ES C R A B I E R S. a35CRA5IER CANELLE (i),P A R J. J. V I R E Y.VETTE espèce, qui a la stature de notrecrabier ve,rd, habite dans les Indes orientales, et principalement à la Chine d'oùelle a été rapportée. Elle est voisine de l'espècq,du crabier blanc et. brun de Maîaca,jmais les teintes de son plumage sont différentes.Une couleur de marron tirant surcelle de la canelle couvre le dessus du corps.Une sorte de hausse-col brun , avec des raiesplus foncées, se remarque vers le cou antérieur,.Sur la gorge et les angles des mandibulesrègne une tache blanche. L'anus estblanc aussi, mais la queue est d'une teinteplus foncée que le corps ; le bec et les piedssont jaunes ; la tête ji'a pas d'aigrette,* n i . — -., • m 1.1 . n. ,-. , , n > ... ...n,,. .... ,. • - t i — . ' -(i) Ardea cinnamomea', capite lœvi,mento cris$o~que albis , jugulo fusco-striato, gulce utrinquè liturâ,albâ. ardea cinnamomea. Lin. Syst.' nat. edit. i5,gen. 84 ; sp. 73.Ardea castaneo - cinnamomea y collo anticè fuscostriato , gulâ macula maxillari crissoque albis. . . .,ardea cinnamomea. Latham, Syst. ornithol. gen. 69 fsp. 46.


254 HISTOIRECftABIER RAYÉDE LA GUIANE (i),i» •» » . : I •PAR J. J. V I R E Y.f^/ET oiseau se trouve non Seulement dansle nouveau continent, comme à SUrinâm età la Guiane , mais il appartient encore à l'ancienmonde, puisqu'on 1 le trouve aux environsd'Àstracan. Sa taille égale à peu prèscelle dix hérôil cômtntiri; sa tête ornée d'unepetite aJgrette est noire, son cou de èouïeutrouilléeen dessous et son dos blanchâtre etrayé ; ses pelmës de l'aile sbnt brunes, et lessecondaires sont terniinées de blanc.(+) Ardea occipite subcristato . dorso cano , striato,-collo subtusdférrugineo, remigibus secundanis apiceralbis*. *.. ardea striata. Lin. Syst. nat. edit. i3,gen. 84, sp. 19. — Latham, Syst. ornith. gen. 69,sp. 52.i


DES CRABIERS.s3SCRABIERROUILLÉ (i),P A R J. J. V I R E Y.UANS le cours du Don ou Tanaïs,fleuveqru sépare l'Europe de l'Asie et qui porte seseaux au Palus-Méotide , on observe souventdes crabiers qui parcourent ses rivages, etceux des nombreuses rivières qui apportentà ce grand fleuve le tribut de leurs eaux.Ces crabiers rouilles se nourrissent principalementde larves d'insectes et de petitspoissons qu'ils guettent entre les roseaux $avec une grande patience. Les femelles déposentleurs nids srtr les hautes bràrifches dessaules qui croissent au bord des rivières. La(i) Ardea capite subcristato , corpore nigricante;pennarum apice ferrugineo , subtus ex ferrugineo 9candicante fusco et cinereo vario. ardea ferruginea.Lin. Syst. nat. edit. i5, gen. 84, sp. 49-Ardea subcristata nigricans rufo maculata, subtusrufoalbido cinereo fuscoque variegata.. ardea ferruginea.Latham, Syst. ornith. gen. 69, sp. 4'-


mH IS TOI R Etaille de ces oiseaux, dans leur phis grandaccroissement, est de 21 pouces environ.Le bec et les pieds sont verdâtres ; unepetite aigrette noirâtre couronne la tête. Ledessus du corps est de couleur de rouille defer avec dés taches rousses. Le dessous ducorps a un fond plus pâle et cendré , maisi! est bigarré eja divers sens de roux « de blarnchâtreet de brun. . t ».j fr Il paroît que la, deme ure de cetoiseau n'estpas circonscrite d^nsune seule contrée,. mai&s'étend au contraire dans plusieurs latitudesen Europe et en Asie. On pense même qu'ilest un oiseau de passage , car oji n'en rencontrepas çn toute saison dansdes-mêmespays (l). J -,, M '.,„,;^,,-. -r:,.— . ••;!! -\ ïbl *. : - r*; ^ ' .! :;± ' i r '(?) Voyez S. G. Gmelin , nov* Comment, petrop^tom. XV, pag. 4^6, pi. xvi j et son «Voyage, ea.allemand , tom. III ; pag. 253.. .. J . ,,, . . , .. • • • •


DES CRABIERS. s5 7». -..,. ..-_^,CRABIERS- . . TDU NOUVEAU CONTINENT,PAR J. J. V I R E Y.h ON N INI , qui a voyagé dans l'Amériqueméridionale, a eu plusieurs occasionsd'observer les crabiers qui s'y rencontrent.Ces oiseaux sont solitaires et épars sur lesplages maritimes , comme la famille tristeet sauvage des hérons. Ils parcourent attentivement, le cou tendu, l'œil au guet, lesrivages des eaux salées , se perchent sur unpalétuvier isolé, et découvrent de loin lescrabes et les poissons dont ils font leur nourriture.Ils nichent aussi sur les mêmes arbres,et arrangent grossièrement un nid qu'ils composentde petits rameaux de bois sec. Lesfemelles y pondent quatre à six œufs bleuâtreset tachetés. C'est vers la fin du mois demars, ou au plus tard dans le commencementd'avril que les petits crabiers percentleur coque. Ces oiseaux sont communément


238 HISTOIREmaigres, et leur chair coriace exhale uneforte odeur de marécage, ce qui la rend désagréableau goût.Ces oiseaux sont, comme une partie de laclasse des autres oiseaux de rivage, seminocturnes; le grand jour les offusque ; aussichassent-ils plus communément pendant lescrépuscules du matin et du soir. C'est alorsqu'ils font retentir au loin les rivages de leurscris. Il préfèrent aussi les tems sombres etpluvieux et les terrains humides, mais sabloneux.


DES CRABIERS. a3 9CRABIERSDU NOUVEAU CONTINENT.m' • - •• • i — • n. ' • •' — • • i i . . . i . i i «^LE CRABIER BLEU (i).PREMIÈRE ESPÈCE.\y E crabier est très-singulier en ce qu'il ale bec bleu comme tout le plumage, en sorteque, sans ses pieds verds, il seroit entièrementbleu ; les plumes du cou et de la tête ont unbeau reflet sur bleu ; celles du bas du cou,du derrière de la tête et du bas du dos sont(i) The blew héron. Catesby, Carolina , tom. I,pag. 76, avec une belle figure. Ardeacœruleo nigra.Sloaue, Jamaïc. tom. 11, pag. 5i 5 , avec une mauvaisefigure, tab. 263 , fig.3. — Ray , Synops. avi. pag. 189,ji° 3. —Ardea occipite cristato , corpore cœruleo.ardea cœrulea. Lin. Syst. nat. edit. 10 , gen. 76sp. 3 (*). — Ardea cyanea. Klein , Avi. pag, is>4> u ° 7*(*) Ardea cœrulea. Lin. Syst. nat. , éd. i3 7 gen 84, sp. 17.Ardea occipite cristato, corpore cœruleo crislâ colloqueviolaceis..,. ardea cœrulea. Latham, Syst. ornith., gen. 69,sjp. 48. J. J. VIRSY.


s4oHIST OI R Eminces et pendantes; ces dernières ont jusqu'àun pied de long; elles couvrent la queue etla dépassent de quatre doigts ; l'oiseau est unpeu moins gros qu'une corneille , et pèsequinze onces ; on en voit quelques-uns à laCaroline, et seulement au printems ; néanmoinsCatesby ne paroit pas croire qu'ils yfassent leurs petits, et il dit qu'on ignored'où ils viennent. Cette même belle espèce seretrouve à la Jamaïque , et paroit mêmes'être divisée en deux races ou variétés danscette ile (i).-—Ardea cristata, cœrulea; capite cristâ et collo adviolaceum vergentibus ; pennis in Colli inferioris imâparte strictissimis, longissimis; spatio rostrum intérêtoculos nudo , rostroque cœruleis ; pedibus viridibus.cancrofagus cœruleus. Brisson, Ornithol. tom. V,pag. 484.(1) Suivant Sonnini, le crabier commun de Cayennebabite dans les palétuviers , le long des coter; dela mer et sur les bords des rivières dans lesquellesla marée monte. On lui donne en ce pays le nom dernichelle. U paroît que cet oiseau se trouve aussi dansle nord de l'Amérique , suivant Pennaat, Arctic. zool.tom. II, pag. 448, n° 55i. J. J. VIREY.LE


DES CRABIERS. 2_i— "' ' ' *" "'•' "' """ " " *"" I II. •! I . , ..— ll^l • •••• I I •LE CRABIER BLEUA COU BRUN (i).Voyez les planches enluminées, n° 349? sous ^a dénominationde héron bleuâtre de Cayenne.SECONDE ESPÈCE.JL o u T le corps de ce crabier est d un bleusombre , et malgré cette teinte très-foncée,nous nen eussions fait qu'une espèce avec'laprécédente , si la tête et le qou de celui - cin'étoient d'un roux brun , et le bec d'unjaune foncé ; au lieu que le premier a latête et le bec bleus. Cet oiseau se trouve àCayenne , et peut avoir dix-neuf pouces delongueur.(i) Ardea occipite cristato, corpore cœruleo. . ..ardea cœrulea. Lin. Syst. nat. edit. i3 , gen. 84,2p. 1^ , var. b.On assure qu'il se trouve aussi des crabiers bleus àl'île d'O-Taïti et dans d'autres îles de l'Océan Pacifique.Ardea cristata, corpore obscure cœruleo, capite colloquefusco-rufis , occipite pennis duabus elongatis. .ardea cœrulescens. Lath. Syst. ornith. gen. 69, sp. 49.J. J. VlR E Y.TOME LVII.Q


34* HISTOIRELE CRABIER'G.RIS-DE-FER (i) (2).TROISIÈME ESPÈCE.X^JET oiseau, que Catesby donne pour unbutor, est certainement un petit héron oucrabier ; tout son plumage est d'un bleuobscur et noirâtre > excepté le dessus de la~— s *(1) Crested bittern. Catesby, 1.1 , pag. et pi. LXXIX.— Grey crested bittern. Brown, Hist. nat. of Jamaïc.pag. 478. —- Ardea cœrulea. Sloane , Jamaïc. tom. II,pag. 314. — Ray, Synops. avi. pag. 189, n° 2. —Ardea cristâ Jlavâ , corpore nigro-cœrulescente ,fasciâtemporali albâardea violacea. Lin. Syst. nat.edit. 10 , gen. 76, sp. 12. — Klein, Avi. pag. 124,n° 9. •—Ardea cristata , supernè albo et nigro striata,infernè obscure cœrulea ; capite nigro cœrulescente ;vertice pallidè luteo ; tœniâ longitudinali in genis , etpennis in occipite strlctissimis , longissimis candidis ;spatio rostrum inter et oculos nudo viridi ; rostro nigro;pedibus luteis. cancrofagus bahamensis. Brisson ,Ornithol. tom. V, pag. 481.(2) Ardea occipite luteo , cristâ albâ, corpore alb*


D E £ ' C R AB I E R S. 54*léfé^uîsê^ relevé «« huppe d'un jaune $>âle^d'oà partent à Ibecipui trois on quatre brinsblancs ; il y a aussi mie large raie blanchesur la joue jusqu'anxroins du feee ; l'œil estprotubérant - j 1-iris en est rouge et la paupièreverte ; ; àè Ï6hguè$ '• phMiès effilées baissentsur les côtés du dos et Viennent en tombantdépasser la queue ; les jambes sont jaunes ;le bec est noir et fort, et l'oiseau pèse unelivre et demie. On voit, dit Catesby, de cescrabiers à la Caroline , dans la saison despluies ; mais , dans les îles de Bahama , ilssont en bien plus grand nombre et font leurspetits dans des buissons qui croissent dansles fentes des rochers ; ils sont en si grandequantité dans quelques - unes de ces îles >qu'en peu d'heures deux hommes peuventprendre de leurs petits pour charger uncanot; car ces oiseaux, quoique déjà grandset en état de s'enfuir, ne s'émouvent quedifficilement et se laissent prendre par nonchalance; ils se nourrissent de crabes plusque de poisson , et les habitans de ces îlesnigroque striato subtus cœrulescente , pedibus luteis...ardea violacea. Lin. Syst. nat. edit. i3, gen. 84»sp. 16.— Lath. Sj r st. ornith. gen. 69, sp. 5o.J. J. "V I R E Y.Q a


m- HISTOIREles nomment preneurs de cancres; leur diair;*dit Catesby, est de très-bon goût v et ne sentpoint le marécage (i).(i) Cet oiseau vient sur-tout pendant la saison pluvieuseà la Caroline ; il ne craint point l'approche del'homme y sa queue est bleue j les ongles sont bruns»J. J. V IRE Y.


DES CRABIERS. 246LE CRABIER BLANCA BEC ROUGE (1).QUATRIÈME ESPÈCE (2).UN bec rouge et des pieds verds , avecl'iris de l'œil jaune , et la peau qui l'entourerouge comme le bec , sont les seules couleursqui tranchent sur le beau blanc du plumagede cet oiseau ; il est moins grand qu'une corneille, et se trouve à la Caroline au prin-(1) The little white héron. Catesby, Carolin, tom. I,pag. 77 , avec une belle figure. —Ardea alba minorcarolinensis. Klein, Avi. pag. \il± ,n° \o. — Ardea in,toto corpore alba ; spatio rostrum inter et oculos nudo,rostroque rubris ; pedibus viridibus.ardea carolinensiscandida. Brisson, Ornith. tom. V, pag. 435.(2) Ardea capite lœvi, corpore albo , remigibusduabus primis , margine exteriore fuscisardeaœquinoctialis. Lin. Syst. nat. edit. i5 , gen. 84? sp- ^5»— Latham, Syst. ornith. gen. 69 , sp. 70.J. J. VIRE Y.Q3


246 HISTOIREtems et jamais en hyver ; son bec est unpeu courbé , et Klein remarque à ce sujetque, dans plusieurs espèces étrangères dugenre des hérons, le bec n'est pas aussi droitque dans nos hérons et nos butors (i).(i) Ordo avi. pag. 122.


DES CRABIERS. 247LE CRABIER CENDRRÉ (1).C I N Q U I Ê.M E ESPÈCE (â).yj E crabier de la nouvelle Espagne n'estpas plus gros qu'un pigeon ; il a le dessus ducorps cendré clair; les pennes de l'aile mipartiesde noir et de blanc ,• le dessous ducorps blanc ; le bec et les pieds bleuâtres ; à(1) Héron ou calidris leucophœa. Feuillée , Journald'observations physiques, pag. 287 (edit. 1725). —Ardea supernè dilutè cinerea > infernè alba, remigibuspartim nigris, partim candidis; rectrïcibus dilutè cinereisy rostro cyaneo , apice nigro ; pedibus cœruleis. ..ardea americana cinerea. Brisson , Ornithol. tom. V,pag. 406.(2) Ardea cinerea y subtus alba y capite lœvi,faciecœrulea, remigibus partim albis, partim nigris.ardea cyanopus. Lin. Syst. nat. edit. i5, gen. 84,sp. 79.Ardea cinerea y subtus alba, remigibus partim nigris,partim candidis , rostro loris pedibusque cœruleis.ardea cyanopus. Lath. Syst. ornith. gen. 69, sp. 55.J. J. Vl R E Y.Q4


548 HISTOIREces couleurs on peut juger que le P. Feuilléese trompe en rapportant cette espèce à lafamille du butor, autant qu'en lui appliquantmal à propos le nom de calidris, qui appartientaux oiseaux nommés chevaliers , et nonà aucune espèce de crabier ou de héron.


DES CRABIERS. 249LE CRABIER POURPRÉ (1).SIXIÈME ESPÈCE (2).OEBA dit que cet oiseau lui a été envoyédu Mexique , mais il lui a expliqué le nomde xoxouquihoactli, que Fernandez donnea une espèce du double plus grande , et quiest notre hohou ou neuvième espèce dehéron d'Amérique ; ce crabier pourpré n'aqu'un pied de longueur; le dessus du cou,du dos et des épaules est d'un marronpourpré ; la même teinte éclaircie couvretout le dessous du corps ; les pennes de l'ailesont rouge bai foncé ; la tête est rouge baiclair, avec le sommet noir.( 1 ) Ardea mexicana seu avis xoxouquihaactli. Seba,Thesaur. vol. I, pag. 100. —Ardea castaneo-purpurea,supernè saturatius, infernè dilutius, capite dilutèspadiceo y vertice nigro ; remigibus saturatè spadicels ;rectrïcibus castaneo purpureis. . . ardea. mexicana purpurascens.Brisson , tom. V, pag. 422.(2) Ardea, ex purpureo-badia , remigihusr, caudâ etcapite lœvi badiis m vertice nigro. . . ardea spadicea.Lin. Syst. nat. edit. i5 , gen. 84 > s p- 34.Ardea castaneo-purpurea, capite remigibusque spadicels, vertice nigro. .. ardea spadicea. Latham,Syst. ornithol. gen. 69, sp. 76. J. J. VIREY.


s5oHISTOIREl • . . • i • "i - — • .._ M ... -.-.— .. ,»-. .1 !•" " ' • '• • • . . . .. . i. .1 • - i .1 i .1 - - — . . - . . - . , fLE CRACRA (i).SEPTIÈME ESPÈCE (2).I^/RACRA est le cri que ce crabier jette envolant y et le nom que les français de Ja Martiniquelui donnent ; les naturels dé YAmé-(i) Héron ou ardea varia. Feuillée , Journal d'observationsphysiques , pag. 268 (edit. 1725); héronon ardea varia major chiliensis. Idem. ibid. pag. 57. —Ardea supernè cinereo cœrulescente, viridi obscuro etrufescente varia 7 infernè cinerea; vertice cinereo-ccerulescente; collo superiore fusco , xerampelino varia ;eollo inferiore et pectore candidis , maculis xerampelinisvariegatis ; rectrïcibus nigro-virescentibus ; rostrosupernè nigro, infernè fusco-flavicante ; pedibus fiavis,cancrofagus americanus. Brisson, Ornithol.tom. V , pag. 477*( 2 ) Ardea capitis lœvis vertice ex cœrulescentecinereo, dorso et uropygio ex cinereo, viridi et rufovariis 7 gutture et pectore albis maculis foliorum mortuorumcolore, abdomine cinereo , remigibus caudâquenigris.... ardea cracra. Lin. Syst. nat. edit. i5,gen. 84, sp. 65.Ardea rufescente variegâta , suprà cinereo-cœrules^cens subtus cinerea, collo subtils pectoreque albis. . „ardea cracra. Latham, Syst. ornith. gen. 69, sp. 77.J. J. VlKEY.


DES CRABIERS. a5irique l'appellent jaboutra ; le P Feuillée,qui Ta trouvé au Chili, le décrit dans lestermes suivans : cet oiseau a la taille d'ungros poulet, et son plumage est très-varié ; ila Je sommet de la tête cendré bleu, le haut dudos tanné, mêlé de couleur feuille morte; lereste du manteau est un mélange agréablede bleu cendré, de verd brun et de jaune;les couvertures de l'aile sont , partie d'unverd obscur, bordées de jaunâtre, et partienoires ; les pennes sont de cette dernière couleuret frangées de blanc ; la gorge et la poitrinesont variées de taches feuille morte surfond blanc; les pieds sont d'un beau jaune (i).(i) Cet oiseau se trouve particulièrement au Chiliet dans les contrées qui en sont voisines ; il se tientsur les rivages sabloneux des fleuves qui portentJeurs eaux à la mer , et il préfère l'eau salée à celle desrivières continentales; il ne s'avance point dans lespays froids, mais se tient constamment dans l'Amériquela plus chaude. J. J. VIREY.


252 HISTOIRELE CRABIER CHALYBÉ (i).HUITIÈME ESPÈCE (a).JLiE dos et la tête de ce crabier sont decouleur chalybée, c'est-à-dire, couleur d'acier(i) Ardeola. Marcgrave , Hist. nat. bras. pag. 2^10,avec une figure défectueuse que Pison, Jonston etWillulghby ont copiée.— Josiston, Avi, pag. i/}4* —Willulghby, Ornith. pag. 210. — Ray , Synops. avi.pag. 101 , n° 18. — Çocoi primus. Pison , Hist. nat-.pag. 89. — Ardea supernè nigro-chalybœa, fusco etflavicante varia, infernè alba, cinereo et pallidè luteovarie gâta ; capite superiore nigro - chalybeo , dilutèfusco notato ; rectrïcibus virescentibus ; spatio rostruminter et oculos nudo , luteo ; rostro superius fusco ,infernè albo-flavicante ; pedibus luteis. cancrofagusbrasiliensis. Brisson, Ornith. tom. V, pag. 479.(2) Grnelin , dans la treizième édition du Syst. nat.de Linnasus , range cet animal dans l'espèce du crabierbleu, et en forme une troisième variété. Ardea cœrulea, gen. 84 > sp. 17. Ardea fusco-flavo cinereoquevaria , suprà nigro-chalybea subtus alba, remigibusractricibusque virescentibus. Var. g. Ardea cœrulea.Lath. Syst. ornith. gen. 69, sp. 48. J. J. VIREY.


DES CRABIERS. 253poli ; il a les longues pennes de l'aile verdâtres, marquées d'une tache blanche à lapoitrine; le dessus de l'aile est varié de brun,de jaunâtre et de couleur d'acier ; la poitrineet le ventre sont d'un blanc varié de cendréet de jaunâtre ; ce petit crabier est à peinede la grandeur d'un pigeon ; il se trouve auBrésil ; c'est là tout ce qu'en dit Marcgrave.


254 HISTOIRELE CRABIER VERD (i).NEUVIÈME ESPÈCE (2).O E T oiseau , très - riche en couleurs , estdans son genre l'un des plus beaux ; délongues plumes d'un verd doré couvrent le(1) The small bittern. Catesby Carol. tom. I, pageet planche LXXX. — Ardea stellaris mlnima. Klein ,Àvi, pag. 125, n° 6. — Ard*a occipite subcristato ,dorso viridi , pectore rufescente.Lin. Syst. nat. edit. 10, gen. 76, sp. i5. —ardea vlrescens.Ardeasupernè vlridi-aurea, cupri puri colore varians y infernèfusco - castanea ; gutture albo , maculis fuscisvario ; collo castaneo, albido in parte inferiore variegato; pennis in colli inferioris imâ parte strlctlssimislongissimis ; marginibus alarumgriseo fulvis ; rectrïcibusviridi-aureis cupri puri colore variantibus; rostrosuperiùs fusco , inferius flavicante ; pedibus griseofuscis... cancrofagus viridls. Brisson, Ornithol.tom. V, page 486.(2) Ardea occipite subcrlstato , dorso virldl-niten te 9pectore rufescente y loris lutels y rectrïcibus viridi-aureis...ardea vlrescens. Lin. Syst. nat. edit. i3, gen. 84,sp. 20.— Latham, Syst. ornithol. gen. 69, sp, 3i.C'est le mâle ; la femelle est „ selon cet auteur , lecrabier verd tacheté.J. J. VIREY.


D ES CRABIERS. â553essus de la tête, et se détachent en huppe;des plumes de même couleur , étroites etflottantes , couvrent le dos ; celles du cou etde la poitrine sont d'un roux ou rougeâtrefoncé ; les grandes primes de l'aile sont d'unverd très-sombre ; les couvertures d'un verddoré vif, la plupart bordées de fauve ou demarron. Ce joli crabier a dix-sept ou dixhuitpouces de longueur ; il se nourrit degrenouilles et de petits poissons comme decrabes ; il ne paroît à la Caroline et en Virginieque l'été , et vraisemblablement ilretourne en automne dans des climats pluschauds , pour y passer l'hy ver-


556 HISTOIRELECRABIERVERD TACHETÉ (i).Voyez les planches enluminées, n° 912 , sous la dénominationde crabier tacheté de la Martinique.DIXIÈME ESPÈCE (2).•VET oiseau , un peu moins grand que léprécédent, n'en diffère pas beaucoup par lescouleurs; seulement il a les plumes de latête et de Ja nuque, d'un verd doré sombre(1) Ardea supernè viridi-aurea , cupri puri colorevarians , infernè grisea ; gutture albo maculis fuscisvario ; collo castaneo , albido in parte inferiore variegato; pennis in colli inferioris imâ parte strictisslmiset longissimis, marginibus alarum albidis , ails supernèalbo punctulatis : rectrïcibus obscure viridi-aureis,cupri puri colore variantibus, lateralibus apice griseofuscls; rostro superius nigricante y infernè albo-flavicante; pedibus fuscis.. .Brisson , Ornith. tom. V, pag. 490-cancrofagus virldls nœvlus.(2) Il est difficile de déterminer parmi les oiseauxsi un individu n'appartient pas à une espèce voisine;car l'âge , le sexe , le climat et des variétés particulièroschangent tellement un être dont on ne connoîtet


DES CRABIERS. 267et à reflet brouïé, et les longs effilés du manteaudu même verd doré , mais plus clair ;les pennes de l'aile d'un brun foncé ont leurcôté extérieur nuancé de verd doré^ et cellesqui sont les plus près du corps ont une tacheblanche à la pointe ; le dessus de l'aile estmoucheté de points blancs, sur un fond brunnuancé de verd doré ; la gorge tachetée debrun sur blanc ; le cott est marron et garniau bas de plumes grisés tombantes. Cetteespèce se trouve à la Martinique (i).que le plumage , qu'on n'est pas en état de prononceravec sûreté. On regarde ce crabier comme la femelledu crabier verd , mais sans preuves évidentes.J. J. V 1 R E Y.(1) Plusieurs ornithologistes regardent cet oiseaucomme une variété ou la femelle du crabier verd. Ilparoît qu'il s'avance dans le nord de l'Amérique jusqu'àNew-Yorck pendant l'été. Comme le précédent,il fait sa pâture ordinaire de grenouilles, de crabes etde petits poissons qu'il guette en sentinelle sur unebranche d'arbre voisin des eaux.Ardea vlrescens. Lin. Syst. nat. edit. i3, gen. 84/sp. 20 , var. b.Ardea fusca viridi-aurea , corpore subtus albido,collo rufescente albo striato, tectricibus alarum, remigibusquealbo maculatis ( iaemina ). Latham, Syst.ornith. gen. 69, sp. 3i. J. J. VIRJEY.TOME LVIL Rt


258 HISTOIRELE ZILATAT (i).ONZIEME ESPÈCE (2).J\ o u s abrégeons ainsi le nom mexicain dohoitzilaztatl, pour conserver à ce crabierl'indication de sa terre natale ; il est toutblanc, avec le bec rougeatre vers la pointe yet les jambes de même couleur ; c'est l'un desplus petits de tous les crabiers, étant à peine(Ï) Hoitzilaztatl. Fernandez, Hist. nov. Hispan.pag. 27 , cap. 62.— R«*y> Synops. av. pag. 102, n°22.Ardea in toto corpore alba; spatlo rostrum inter etoculos nudo luteo ; rostro purpureo ; pedibus pallldèpurpurascentlbus.Ornith. tom. V, pag. 437.ardea mexicana candlda. Briss.(2) Gmelin regarde le zilatat comme une simplevariété du crabier blanc à bec rouge, ardea œquinoctialis,var. g. Sa taille est près de dix-huit pouces;son plumage est d'une blancheur éclatante, suivantRay.Ardea capite lœvi y corpore albo y loris lutels , rostropurpureo , pedibus pallldè purpurascentlbus. Var.


DES CRABIERS. sSç,de la grandeur d'un pigeon. M. Brisson enfait néanmoins son dix-neuvième héron ; maiscet ornithologiste ne paroît avoir établi, entreses hérons et ses crabiers , aucune divisionde grandeur , la seule pourtant qui puisseclasser ou plutôt nuancer des espèces , quid'ailleurs portent en commun les mêmescaractères.R 2


js6oHISTOIRELE CRABIER ROUXA TÊTE ET QUEUE VERTES (i).Voyez les planches enluminées, n° 909 , sous la dénominationde crabier de la Louisiane.DOUZIÈME ESPÈCE.>K^j E crabier n'a guère que seize pouces delongueur ; il a le dessus de la tête et la queued'un verd sombre ; même couleur sur unepartie des couvertures de l'aile qui sont frangéesde fauve ; les longues plumes minces dudos sont teintes d'un pourpre foible ; le couest roux , ainsi que le ventre, dont la teintetire au brun. Cette espèce nous a été envoyéede la Louisiane.(1) Ardea capite colloque rufis , fronte albâ rufomaculatâ,vertice cristato, tectricibus alarum caudâqueviridibus, dorso cinereo, purpura tincto, ventre exrufo fusco ardea ludovlclana. Lin. Syst. nat.edit. i3 , gen. 84; sp. 39.Ardea cristata cinerea , collo abdomineque rufisvertice, alis caudâque viridi-nigricantibus.. . ardealudoviciana. Latham, Syst. ornith. gen. 69, sp. 5i.J. J. Vl RE Y.


D E S C R A B I E R S. a6i'LE CRABIER PYGMÉE (i),P A R J. J. V I R E Y.JJANS chaque famille d'êtres la Nature aétabli une mesure générale dans chacune deleurs qualités physiques et morales ; mais ellen'a point fixé leurs limites d'une manièreprécise, et, pour ainsi dire , elle a conservéson indépendance jusques dans les lois mêmequ'elle sembloit s'être prescrites.L'espèce de crabier pygmée nous en fournitla preuve, car elle forme l'extrémité de lachaîne de cette famille par sa petitesse, tandisque les hérons, et sur-tout les cigognes et lesgrues, en forment l'autre extrémité pour lagrandeur de leur taille.Nous avons donné le nom de pygmée à cecrabier, parce qu'en effet il est le plus petitde tous ceux que nous connoissons , et queson corps, gros à peine comme celui d'une(i) Ardea rufo-castanea , collo rufo , anticè abdominequealbo , lunulâ pectorali, remigibus rectriclbusquenigris.. ardea exills. Latham , Syst. ornithol*gen. 69, sp. 29.R 3


262 HISTOIREgrive, n'a pas plus de onze pouces et demi delongueur. Son pays natal est la Jamaïque etdiverses contrées de l'Amérique septentrionale.Son plumage est d'un brun châtain endessus, blanchâtre en dessous. Les côtés ducou sont roux ; les pennes des ailes , de laqueue et un croissant sur la poitrine sontnoirs. Le bec et les pieds sont verds r les irisjaunâtres ; des lignes ferrugineuses sillonnentles couvertures intermédiaires des ailes (i).(i) Ardea capite lœvi et corpore suprà ex rufo badio,subtus albo , colli lateribur, rufis y remigibus caudâquenigris. .. ardea exilis. Lin. Syst. nat. edit. i5gen. 84? sp. 83*


DES CRABIERS. 265LE CRABIER A COLLIER,PAR J. J. V I R E Y.MILL E R a fait la description , dans sesIllustrations zoologiques (i), d'un nouveaucrabier rapporté de l'Amérique méridionale.Un chaperon noir couronné d'une aigrettede la même couleur qui se retrouve encoresur la poitrine en forme de plastron, un dosbrun , le cou et le ventre d'iui blanc sale,parsemé de croissans de couleur jaunâtre,distinguent cet oiseau ^sur lequel nous n'avonsrien appris de particulier. Cette espèce sembleseulement faire nombre dans l'immensité dela nature, sans présenter à l'homme des caractèresremarquables qui puissent fixer sesregards (2).(1) Illust. of zool. tab. 56.(2) Ardea occipite nigro cristato , dorso fusco, colloet abdomine sordide albis , pectore nigro , lunulls fiavescentibus.. ardea torquata. Lin. Syst. nat. edit. i5,gen. 84 > sp. 28, — Lath. Syst. ornith. gen. 69, sp. 42*.R 4


264 HISTOIRELES TROIS CRABIERSDU CHILI,PAR J. J. V I R E Y.JLJ'ABBÉ Molina, dans son Histoire naturelledu Chili, donne de courtes notices surdes crabiers qui habitent dans cette contréede l'Amérique méridionale. Quoique nousrangions parmi les crabiers les trois oiseauxque nous allons décrire, peut-être appartiennent-ilsà la famille des hérons qui enest voisine. Comme leur description est trèssuccintedans le voyageur que nous citons,il n'est pas possible de se décider avec certitudesur ce point.Le premier crabier est fort joli ; son corpsentièrement blanc est de la taille du héron ,mais ce qui le distingue particulièrement estson aigrette d'un bea,u rouge qui pend derrièresa tête , et qui flotte avec élégancejusques sur son dos (i).- ,(i) Ardea occipitis cristâ dependente rubra, corpore,albo. ardea erythrocephala. Lin. Syst. nat. edit. i5>


DES CRABIERS. a65'On distingue la seconde espèce par la couleurde son aigrette qui est entièrementblanche, de même que le corps. Aucunetache n'interrompt l'uniformité de ce plumage(i).La troisième espèce est très-différente desprécédentes. Son bec est noir , sa queueverte , et son ventre d'un verd jaunâtre. Sespieds sont jaunes et ses ailes noires sont bordéesde blanc. Sur le manteau se répand unebelle couleur bleue , qui teint aussi l'aigrettequi couronne la tête (2). Nous ne connoissonsaucune des moeurs de ces oiseaux,,maisnous pensons qu'elles ne sont pas différentesde celles des autres crabiers des contréesvoisines , où le climat est à peu près semblable, et où les productions sont pareilles.gen. 84? s p- 4 2 - — Lath, Syst. ornith. gen. 69, sp. 43.D'après Molina , Hist. nat. du Chili, traduction française;Paris, 17S9 , in-8°, pag. 215.(ij Ardea occipitis cristâ et toto corpore albis 1ardea thula. Lin. Syst. nat. edit. i3, gen. 84 > «P- 43*-—'Lath. Syst. ornith. gen. 69, sp. 44*— Voyez Molina,Hist. nat. du Chili, pag. 2i4-(2) Ardea vertice cristato dorsoque cœruleis , alisnigris margine albis. .. ardea cyanocephala. Lin.Syst. nat. edit. i5 , gen. 84 , sp. 44* — Latham , Syst.ornith. gen. 69, sp. 4^- — Voyez Molina , Hist. nat.du Chili, traduction française , par Gruvel, pag. 214»


s6SHISTOIRELE CRABIER GRISA TÈTE ET QUEUE VERTES.Voyez les planches enluminées, n° 908.TREIZIÈME ESPÈCE (l).VE crabier , qui nous a été envoyé deCayenne, a beaucoup de rapports avec leprécédent, et tous deux eji ont avec le crabierverd, dixième espèce , sans cependantlui ressembler assez pour n'en faire qu'uneseule et même espèce ; la tête et la queuesont également d'un verd sombre , ainsiqu'une partie des couvertures de l'aile ; ungris ardoisé clair domine sur le reste duplumage.(1) Voici un animal que quelques ornithologistesrangent avec d'autres espèces, et qu'on a regardécomme une espèce distincte. Telle est l'incertitude del'histoire naturelle sur des animaux éloignés de l'Europeet des observateurs, et qui se soustrayent à nosrecherches au sein des paisibles solitudes de la Nature.Ardea vlrescens. Lin. Syst. nat. edit. i5, gen. 84,sp. 20 , var. b. b. ->—« Latham, Syst. ornith. gen. 69- >«p. 5i, var. b.Ardea cristata cinerea, collo anticè albo , striis rufis >tectricibus alarum virescentibus rufo marginatls ? ver-ttice caudâque nigris. J, J, VlREY*


Y. CXCT.Js. fy. /' zfy.SJeJ>i> i/r/.ILE BEC "OUVERT.2 - LE BUTOR^^Sz^TTT


DES CRABIERS. 267L E B E C-O U V E R T (1).Voyez les planches enluminées , n° g32 ; et pi. CXCIde ce volume\APRÈS l'énumération de tous les grandshérons et des petits, sous le nom de crabiers, nous devons placer un oiseau qui, sansêtre de leur famille, en est plus voisin qued'aucune autre ; tous les efforts du nomendateurtendent à contraindre et forcer lesespèces d'entrer dans le plan qu'il leur trace,et de se renfermer dans les limites idéalesqu'il veut placer au milieu de l'ensembledes productions de la Nature , mais toutel'attention du naturaliste doit se porter aucontraire à suivre les nuances de la dégradationdes êtres, et chercher leurs rapportssans préjugé méthodique; ceux qui sontaux confins des genres, et qui échappent( 1 ) Ardea sordide cinerea, remigibus nigris longls,ungue aiedio non serrato . .. ardea pondiceriana. \Àn*Syst. nat. edit. i5, gen. 84> sp, 84-Ardea cinereo-grisea, remigibus nigris y rostro lateribusglabro apice mucronato. ardea pondiceriana.Latham , Syst. ornith. gen. 69 , sp. 90. J. J. VIREY.


s68HISTOIREà ces règles fautives , qu'on peut appelerscholastiques , s'en trouvent rejetés sous lenom d'anomaux ; tandis qu'aux yeux du philosophece sont les plus intéressans et les plusdignes de son attention ; ils font, en s'écartantdes formes communes, les liaisons et lesdégrés par lesquels la Nature passe à desformes plus éloignées ; telle est l'espèce àlaquelle nous donnons ici le nom de becouvert; elle a des traits qui la rappellent augenre des hérons , et en même tems elle ena d'autres qui l'en éloignent ; elle a de plusune de ces singularités ou défectuosités quenous avons déjà remarquées sur un petitnombre d'êtres , reste des essais imparfaitsque, dans les premiers tems, dut produireet détruire la force organique de la Nature.Le nom de bec-ouvert marque cette difformité; le bec de cet oiseau est en effet ouvertet béant sur les deux tiers de sa longueur, lapartie du dessus et celle du dessous se déjetantégalement en dehors , laissent entreelles un large vuide , et ne se rejoignent qu'àla pointe. On trouve cet oiseau aux grandesIndes , et nous l'avons reçu de Pondichéry ;il a les pieds et les jambes du héron , maisn'en porte qu'à demi le caractère sur l'ongledu doigt du milieu , qui s'élargit bien en


DES CRABIERS. 2S9dedans en lame avancée, mais qui n'est pointdentelée à la tranche ; les pennes de ses ailessont noires ; tout le reste du plumage est d'ungris cendré clair; son bec, noirâtre à la racine,est blanc ou jaunâtre dans le reste de sa longueur, avec plus d'épaisseur et de largeurque celui du héron : la longueur totale del'oiseau est de treize à quatorze pouces.On ne nous a rien appris de ses habitudesnaturelles (1).(1) Cet animal mérite d'être mis dans un genre 4part, soit par la forme particulière de son bec, soitparle défaut de dentelure;» au doigt intermédiaire dechaque pied. Cette sorte de conformation doit apporterquelques différences dans ses habitudes.J.J. VIREX.


HISTOIRELE BEC-OUVERT BLANCDES INDES (i),PAR J. J. V I R E Y.vJ N trouve dans le Voyage aux Indes et àla Chine, par Sonnerat (2), la description etla figure de cet oiseau.Ce savant voyageur pense que le becouvertblanc des Indes ayant des caractèresde conformation semblables au précédent,x décrit par Buffon , et n'en différant que parles teintes de son plumage , pourroit êtreun individu de la même espèce, mais d'unautre sexe. Cependant , comme ce n'est(1) Ardea alba, dorso, remigibus caudâque nigris ,mandibulâ superiore a medio ad apicem serrataardea coromandeliana. Lin. Syst. nat. edit. i5 ; gen. 84*sp. 86.Ardea alba , facie , dorso supremo , remigibus caudâquenigris, rostro lateribus serrato apice dentato. -.ardea coromandeliana. Latham, Syst. ornith. gen. 69,sp. 91(2) Tom. II, pag. 219, tab. 219. Voyez aussi laplanche cxxn


DES CRABIERS. «7»qu'une simple conjecture , nous séparons cesoiseaux.C'est vers la saison d'automne , de septembreà décembre, que cet animal s'avanceSur la côte de Coromandel, près du bord desfleuves et des rives des étangs où il guetteperpétuellement sa pâture. Elle est ordinairementcomposée de diverses espèces de poissonset de reptiles. Son bec dentelé sur sesbords, ses pieds à moitié palmés , ses ailesfort longues sont ses armes.Son plumage est blanc sur la tête , le croupion, le ventre et les couvertures des ailes ;le dos, les grandes pennes des ailes et de laqueue sont noirs ; une bande nue de couleurnoire traverse de l'angle du bec jusqu'àl'œil, dont l'iris est rouge ; une autre bandedescend de chaque côté du cou sur la gorge;un jaune sale et roussâtre colore les piedset le bec ; les plumes de sa tête souvent seredressent


HISTOIRELE BUTOR (i).Voyez les planches enluminées, n° 789; et pi. CXCIde ce volume.\J UELQUE ressemblance qu'il y ait en treles hérons et les butors , leurs différences( 1 ) En grec , asterias , erodias asterias , oknos.En latin, ardea stellarls, botaurus, butio (inque paludiferishutio bubit aquis. Aut. Philomelaî). En italien,trombotto, trombone. Dans le Ferrarois et lé Boulonais, terrabuso.. En portugais , gazola. En alleihand ,dans les diflerens idiomes , meer-rind y los-rind, rosdumpf y moss-ochs , moss-kou , rostrum y ross-reiael ywasser-ochs, erd-bull; tous noms analogues aux maraiset aux roseaux qu'il habite , ou au mugissement qu'ily fait entendre. En suédois , toerdrum. En hollandais ,plttoor. En anglais, bittern , ou mirerum chez les anglaisSeptentrionaux. En écossais , buttour. En breton ,galerand. En polonais, bah ou bunk. En illyrien,bukacz. En turc, gelve.Butor. Belon , Hist. nat. des oiseaux, pag. 192,avec une mauvaise ligure , qui ressemble plus à unmartin-pêcheur qu'à un butor, suivant la remarqued'Aldrovande. —Butor , nommé par aucuns y de nomcorrompu, plttouer y idem, Portr. d'oiseaux , p. 42. b,avec la même figure. — Ardea stellaris minor, quantbotaurum vel butorium recentiores vocant. Gesner,sont


D U B U T O R. 273sont si marquées qu'on ne peut s'y méprendre: ce sont en effet deux familles distincteset assez éloignées, pour ne pouvoirÀvi. pag. 214, avec une mauvaise figure. — Ardeastellarls Pllnii et Aristoteli. Idem , Tcon. avi. pag. 120.— Ardea asterias , sive stellaris. Aldrovande , Avi.t. III ? p. 4o3 , avec une figurefautive. — Jonston, quile plus souvent n'est qu'un copiste , répète les figureset les notices de Gesner et d'Aldrovande, et donneencore le butor sous les noms de gruscriopa et de moshuw.— Ardea stellaris. Schwenckfeld , Avi. Siles.pag. 225. —Willulghby, Ornithol. pag. 207. — Ray,fiynops. avi. pag. 100 , n° a. 11. — Sibbald. Scot. illust.part. II , lib. 5 , pag. 18. — Klein , Avi, pag. I2 r > ,n° 4. — Mus. Worm. pag. 507. — Marsigl. Danub.tom. V ; pag. 16 , avec une très-mauvaise figure ,tab. 6. — Charleton , Exercit. pag. J 10 , n° 5. Idem 9Onomazt. pag. io5 , n° 5. — Botaurus ornithologis 9aliis butio. — Rzaczynski , Hist. nat. polon. pag. 275.— Botaurus, ardea palustrls vel arundinum. Idem,Auctuar. pag. 368. — The bittern. Brit. zool. pag. 117.— Der grosse rohrdomel. Frisch , tom. Il, divis. 12,sect. 1 , planche xn. — Ardeapalllda, pennis in dorsofulvis. Barrère, Ornithol. clas. 4? g en « 1, sp. 2. —•Ardea capite lœviusculo, suprà testacea maculis transversls, subtus pallldlor maculis oblongis fuscisardea stellaris. Lin. Syst. nat. edit. 10, gen. 76 , sp. 16.— Ardea vertice nigro ; pectore pallido maculis longitudinatibusnigricantibus. Idem , Fauna suec. n° 134*— Ardea stellaris, danis kordrum. Brunnich. Ornithol.borealis , n° 155. —TOMELVII.Ardea supernè rufescente et nigroS


274 H I S T O I R Ese réunir, ni même s'allier. Les butors (i)ont les jambes beaucoup moins longues queles hérons, le corps un peu plus charnu , etle cou très-fourni de plumes , ce qui le faitparaître beaucoup plus gros que celui deshérons. Malgré l'espèce d'insulte attachée àson nom, le butor est moins stupide que lehéron, mais il est encore plus sauvage ; onne le voit presque jamais.; il n'habite queles marais d'une certaine étendue où il y abeaucoup de joncs ; il se tient de préférencesur les grands étangs environnés de bois ; ily mène une vie solitaire et paisible , couvertpar lés roseaux , défendu sous leur abri duvent et de la pluie ; également caché pouri — • • • • . . . , . , . „ . — , _^varia , infernè dilutè fulva maculis longitudinalibus ,nigricantibus varie gâta ; vertice nigricante, collo supernènigricante , Infernè fusco transversim striato ;pennis in colli inferioris imâ parte longissimis ; uropygiofulvo nigricante transversim striato; rectrïcibus binisintermediis nigricantibus , rufescente marginatls , lateralibusfulvis, maculis nigricantibus variegatis , rostrofusco , infernè viridescente ; pedibus viridl-flavicantibus.. ... botaurus. Brisson , Ornithol. tom. V,pag. 444.(1) Ardea capite lœviusculo , suprà testacea maculistransversis, subtus pallidior, maculis oblongis fuscis...ardea stellaris. Lin. Syst. nat. edit. i3 , gen. 84 >sp. 21. — Lath. Syst. ornith. gen. 69, sp. 18.J. J. VIRE Y.


DU BUTOR. 2 7 5le chasseur qu'il craint, et pour la proie qu'ilguète, il reste des jours entiers dans le mêmelieu, et semble mettre toute sa sûreté dansla retraite et l'inaction ; au lieu que le héronplus inquiet se remue et se découvre davantageen se mettant en mouvement tous lesjours vers le soir ; c'est alors que les chasseursl'attendent au bord des marais couverts deroseaux où il vient s'abattre ; le butor , aucontraire, ne prend son vol à la même heureque pour s'élever et s'éloigner sans retour ;ainsi ces detix oiseaux , quoiqu'habitans desmêmes lieux, ne doivent guère se rencontreret ne se réunissent jamais en famillecommune.Ce n'est qu'en automne et au coucher dusoleil, selon "Willulghby, que le butor prendson essor pour voj^ager ou du moins pourchanger de domicile ; on le prendrait dansson vol pour un héron , si de moment àmomentil ne faisoit entendre une voix toutedifférente , plus retentissante et plus grave,côb , côb ; et ce cri,quoique désagréable, nel'est pas autant que la voix effrayante quilui a mérité le nom de butor ; botaurus ,quasi bout us tauri (i) ; c'est une espèce de(i) Botaurus, quodboatum tauri edat. Willulghby.S 2


k 7 6HISTOIREmugissement hî-rhônd qu'il répète cinq ousix fois de suite au printems, et qu'on entendd'une demi-lieue ; la plus grosse contre-basserend un son moins ronflant sous l'archet :pourroit-on «imaginer que cette voix épouvantablefût l'accent du tendre amour ?mais ce n'est en effet que le cri du besoinphysique et pressant d'une nature sauvage,grossière et farouche jusques dans l'expressiondu désir ; et ce butor, une fois satisfait, fuit safemelle ou la repousse , lors même qu'elleïe recherche avec empressement (i), et sansque ses avances aient aucun succès après unepremière union presque momentanée ; aussivivent-ils à part chacun de leur côté,ce IIm'est souvent arrivé, dit M. Hébert, de fairelever en même teins deux de ces oiseaux;j'ai toujours remarqué qu'ils partaient à plusde deux cents pas l'un de l'autre, et qu'ils(r) Suivant M. Salerne (Ornithol. pag. 315 ), c'estla femelle qui fait seule tous les frais de l'amour,de.l'éducation et du ménage, tant est grande la paressedu mâle. « C'est elle qui le sollicite et l'invite à l'amourpar les fréquentes visites qu'elle lui fait 3 el par l'abondancede vivres qu'elle lui apporte ». Mais toutes cesparticularités prises d'undicours moral ( Discours deM. de la Chambre, sur l'amitié ) ne sont apparemmentque le roman de l'oiseau,


DU BUTOR.2 7 ise posoient à égale distance ». Cependant ilfaut croire que les accès du besoin et lesapproches instantanées se répètent peut-êtreà d'assez grands intervalles , s'il est vrai quele butor mugisse tant qu'il est en amour (i);car ce mugissement commence au mois defévrier (2), et on l'entend encore au tems dela moisson. Les gens de la campagne disentque, pour faire ce cri mugissant , le butorplonge le bec dans la vase ; le premier tonde ce bruit énorme ressemble en effet à uneforte aspiration , et le second à une expirationretentissante dans une cavité (3) ; mais( 1 ) Nec diutiùs mugit quàm libidine tentatur.Willulghby.(2) Nota. C'est sûrement des cris du butor dontil s'agit dans le passage des problêmes d'Aristote( Sect. 2 , 35 ), où il parle de ce mugissement pareil àcelui d'un taureau, qui se fait entendre au printemsdu fond des marais, et dont il cherche une explicationphysique dans des vents emprisonnés sous les eaux etsortant des cavernes,.lé peuple en rendoit des raisonssuperstitieuses, et ce n'étoit réellement que le cri d'unoiseau.( 5 ) Nota, Aldrovande a cherché cptelle étoit laconformation de la trachée-artère relativement à laproduction de ce son extraordinaire : plusieurs oiseau^d eau à voix éclatante, comme le cygne, ont undouble larynx j le butor au contraire n y en a point,s 3


278 HISTOIREce fait supposé est très-difficile à vérifier, carcet oiseau est toujours si caché qu'on ne peutle trouver ni le voir de près ; les chasseurs neparviennent aux endroits d'où il part qu'entraversant les roseaux , souvent dans l'eaujusqu'au dessus du genou.A toutes ces précautions , pour se rendreinvisible et inabordable , le butor sembleajouter une ruse de défiance ; il tient sa têteélevée, et comme il a plus de deux pieds etdemi de hauteur, il voit par dessus les roseauxsan§ être aperçu du chasseur ,* il ne change delieu qu'à l'approche de la nuit dans la saisond'automne , et il passe le reste de sa vie dansune inaction qui lui a fait donner par Arislotele surnom de paresseux (i) ; tout son mouvementse réduit en effet à se jeter surune grenouille ou un petit poisson , qui^ ' ' " " m •» -


DU B.U T O R. 279vient se livrer lui-même à ce pêcheurindolent (1).Le nom d'asterias ou dé stellaris , donnéau butor par les anciens , vient , suivantScaliger , de ce vol du soir par lequel ils'élance droit en haut vers le ciel, et sembleaujourd'hui le vulgaire se ressent de son antiquité surce passage , qu'en injuriant un homme paresseux ,pense l'outrager de le nommer butor ». ( Belon , Nat.des oiseaux , pag. 195.)(1) On trouve dans les Ephémérides des curieux dela Nature, an i683, obs. 3i , par J. de Muralto , desobservations anatomiques sur le butor. Ses musclespectoraux, selon cet observateur , sont très-épais ets'étendent jusques sur les côtes ; le sternum a unecarène forte et arquée jusqu'à la clavicule pourl'attache de ces muscles ; les clavicules sont revêtuesd'une membrane mince, mais forte ; six côtes de chaquecôté s'appuient sur le sternum ; entre les reins et lecœur sont placés les deux testicules de couleur blanchâtreet de figure oblongue : leurs conduits se terminentà l'anus \ le foie, partagé en deux portionscomme celui de l'homme , porte dans sa scissure la vésiculedu fielfaite en forme de poire ; la tunique internede l'estomac est velue et parsemée de glandes ; lepylore très-étroit est formé par une valvule; les intestinssont longs de trois aunes ( mesure du Rhin) ;il y aun cœcumpourvu d'une seule valvule ; les intestinsont des fibrescirculaires. ( Voyez aussi la collectionacadem. tom. III, pag. 439-)J- J- VIKEY.s 4


*8o HISTOIREse perdre sous la voûte étoilée: d'aulres tirentl'origine de ce nom des taches dont est seméson plumage , lesquelles néanmoins sont disposéesplutôt en pinceaux qu'en étoiles ; elleschargent tout le corps de mouchetures ouhachures noirâtres ,* elles sont jetées transversalementsur le dos dans un fond brunfauve , et tracées longitudinalement sur fondblanchâtre au devant du cou, à la poitrineet au ventre ; le bec du butor est de la mêmeforme que celui du héron ; sa couleur, commecelle des pieds, est verdâtre ; son ouvertureest très-large ; il est fendu fort au delà desyeux, tellement qu'on les dirait situés surla mandibule supérieure ; l'ouverture del'oreille est grande ; la langue courte et aiguëne va pas jusqu'à moitié du bee , mais lagorge est capable de s'ouvrir à y loger lepoing (i) ; ses longs doigts s'accrochent auxroseaux, et servent à le soutenir sur leursdébris fïottans (2) ; il fait grande capture degrenouilles ; en automne il va dans les bois" ' ' ' 1 1 !• 1 1 - . . 1 .i, . . . . . . . . r r . i r - ,(1) Gula sub rostro in immensum dilatatur ut velpugnum admittat. Willulghby, pag. 208.(2) La grande longueur des ongles, et particulièrementde celui de derrière es! remarquable : Aldrovandedit que de son tems on s } en servoit en forme decure-dent.


chasser aux rats qu'il prend fort adroitementet avale tout entiers (i) ; dans cette saison, ildevient fort gras (2); quand il est pris, ils'irrite (3), se défend et en veut sur-tout auxyeux (4) ; sa chair doit être de mauvais goût;quoiqu'on en mangeât autrefois dans le mêmetems que celle du héron faisoit un metsdistingué (5).Les œufs du butor sont gris blancs verdâtres;il en fait quatre ou cinq, pose sonnid au milieu de roseaux sur une touffede joncs, et c'est assurément par erreur, eten confondant le héron et le butor, que Belondit qu'il perche son nid au haut des arbres (6) ;ce naturaliste paroit se tromper égalementen prenant le butor pour Yoûocratale de(1) In ventriculo murium pili et ossiculi inventi.Willulghby Ornithol. pag. 208.(2) Schwenckfeld , pag. 225.(3) Irritata miré inflatur ac intumescit, rostroquese munit. Schwenckfeld , ibid.(4) « Cet oiseau a cela de particulier qu'il essaietoujours à crever les yeux ; pour laquelle choâe lespays qui en prennent , les voulant garder en vie,les tiennent toujours ciglés ». (Belon, Nature desoiseaux, pag 195. )(5) Belon.(6) Gesner ne connoît pas mieux sa nichée quand ildit qu'on y trouve douze oeufs.


282 H I S T O I R EPline, quoique distingué d'ailleurs dans Plin©même par des traits assez reconnoissables.Au reste, ce n'est que par rapport à sonmugissement si gros 5 suivant l'expression deBelon , qu'ilrfy a bœuf qui pût ciiersi haut,que Pline a pu appeler le butor un petitoiseau, si tant est qu'il faille , avec Belon ,appliquer au butor le passage de ce naturalisteoù il parle de l'oiseau taurus , qui setrouve , dit-il, dans le territoire d'Arles, etfait entendre des mugissemens pareils à ceuxd'un bœuf (i).Le butor se trouve par-tout où il y a desmarais assez grands pour lui servir de retraite(2) : on le connoît dans la plupart denos provitrées ; il n'est pas rare en Angleterre(3) , et assez fréquent en Suisse (4) et en(1) Est quœ boum mugitus imitetur, in arelatensiagro ; taurus appellata, alloque parva. Plin.lib. 10 , cap. 57.(2) La Pérouse en a rencontré plusieurs fois dansson Voyage autour du Monde ( voyez tom. III, p. 54 ).Une variété se trouve à la baie de Hudson ( voyezPhilos, trans. tom. LXII, pag. 4.10 ) ; c'est le butorde la baie d'Hudson que Buffon a décrit par la suite.J. J. V I R E Y.(3) Britisch zoology , pag. io5.(4) Gesner.


Autriche (i ) ; on le voit aussi en Silésie (2) ,en Danemark (5), en Suède (4). Les régionsles plus septentrionales de l'Amérique ontde même leur espèce de butor, et l'on entrouve d'autres espèces dans les contréesméridionales; mais il paroît que notre butor >moins dur que le héron, ne supporte pasnos hyvers , et qu'il quitte le pays quandle froid devient trop rigoureux. D'habileschasseurs nous assurent ne l'avoir jamaisrencontré aux bords des ruisseaux ou dessources dans le tems des grands froids ; et,s'il lui faut des eaux tranquilles et des marais,nos longues gelées doivent être pour lui unesaison d'exil. "Willulghby semble l'insinuer,et regarder son vol élancé , après le coucherdu soleil en automne , comme un départpour des climats plus chauds (5).(1) Eleuch. austr. 348.(2) Schwenckfeld ? Avi. Siles. pag. 225.(5) Brunnich. Ornithol. boréal.(4) Fauna suecica.(5) Lorsque cet oiseau se met à voler , il ne s'élèvepoint perpendiculairement ainsi que l'alouette, maisen décrivant une ligne spirale. C'est ainsi qu'il s'élanceà perte de vue et au plus haut des airs. Il avale lesgrenouilles et antres amphibies tout entiers ; aus^non œsophage est fort large. J. J. Vi rfEY.


m HISTOIREAucun observateur ne nous a donné demeilleurs renseignemens que M. Bâillon surles habitudes naturelles de cet oiseau : voicil'extrait de ce qu'il a bien voulu m'en écrire.« Les butors se trouvent dans presquetoutes les saisons de l'année à Montreuilsur-meret sur les côtes de la Picardie, quoiqu'ilssoient voyageurs ; on les voit en grandnombre dans le mois de décembre ; quelquefoisune seule pièce de roseaux en cache desdouzaines.» Il y a peu d'oiseaux qui se défendentavec autant de sang froid ; il n'attaque jamais,mais lorsqu'il est attaqué, il combat courageusement, et se bat bien sans se donnerbeaucoup de mouvemens. Si un oiseau deproie fond sur lui, il ne fuit pas ; il l'attenddebout et le reçoit sur le bout de son becqui est très - aigu ; l'ennemi blessé s'éloigneen criant. Les vieux buzards n'attaquentjamais le butor, et les faucons communs nele prennent que par derrière et lorsqu'il vole;il se défend même contre le chasseur qui l'ablessé ; au lieu de fuir il Fat tend, lui lancedans les jambes des coups de bec si violens,qu'il perce les bottines et pénètre fort avantdans les chairs ; plusieurs chasseurs en ontété blessés grièvement; on est obligé d'as-


sommer ces oiseaux , car ils se défendentjusqu'à la mort.» Quelquefois, mais rarement, le butorse renverse sur le dos, comme les oiseauxde proie, et se défend autant des griffes, qu'ila très - longues, que du bec ; il prend cetteattitude lorsqu'il est surpris par un chien.» La patience de cet oiseau égale son courage; il demeure pendant des heures entièresimmobile, les pieds dans l'eau et caché parles roseaux ; il y guète les anguilles et lesgrenouilles ;il est aussi indolent et aussi mélancoliqueque la cigogne : hors le tems desamours où il prend du mouvement et changede lieu ; dans les autres saisons, on ne peutle trouver qu'avec des chiens. C'est dans lesmois de février et de mars que les mâlesjettent, le matin et se soir, un cri qu'onpourrait comparer à l'explosion d'un fusild'un jgros calibre ; les femelles accourentde loin à ce cri; quelquefois une douzaineentoure un seul mâle, car, dans cette espècecomme dans celle des canards,il existe plusde femelles que de mâles : ils piaffent devantçlles et se battent contre les mâles qui surviennent.Ils font leurs nids pjresque surPeau, au milieu des roseaux, dans le moisd'avril; le tems de l'incubation est de vingt-


286 H I S T O I R Equatre à vingt-cinq jours ; les jeunes naissentpresque nus, et sont d'une figure hideuse ;ils semblent n'être que cou et jambes ; ilsne sortent du nid que plus de vingt joursaprès leur naissance ; le père et la mère lesnourrissent dans les premiers tems de sangsues, de lézards et de frai de grenouilles, etensuite de petites anguilles. Les premièresplumes qui leur viennent sont rousses >comme celles des vieux; leurs pieds et lebec sont plus blancs que verds. Les buzards,qui dévastent les nids de tous les autresoiseaux de marais , touchent rarement àcelui du butor ; le père et la mère y veillentsans cesse et le défendent ; les enfans n'osenten approcher ; ils risqueroient de se fairecrever les 3 eux.» Il est facile de distinguer les butors millespar la couleur et par la taille, étant plusbeaux , plus roux et plus gros que lesfemelles; d'ailleurs ils ont les plumes de lapoitrine et du cou plus longues.» La chair de cet oiseau, sur-tout celledes ailes et de la poitrine, est assez bonneà manger, pourvu que l'on en ôte la peau,dont Jes vaisseaux capillaires sont remplisd'une huile acre et de mauvais goût, qui serépand dans les chairs par la cuisson, et luidonne alors une forte odeur de marécage.»


OISEAUXDE L'ANCIEN CONTINENTQUI ONT RAPPORT AU BUTOR.LE GRAND BUTOR (i).PREMIÈRE ESPÈCE (2).•iLTESNER est le premier qui ait parlé decet oiseau, dont l'espèce nous paroît faire(1) Ardea stellaris major. Gesner, Avi. pag. 218,avec une mauvaise figure répétée. ( Icon. avi. p. 119.)— Aldrovande, Avi. tom. III, pag. 408, avec lafigure prise de Gesner; et pag. 4 IO > une figure plusrecannoissable , sous le nom de ardea stellaris major,sive rubra cirrata. — Willulghby , Ornithol. pag. 208.— Ray, Synops. avi. pag. 100, n° i5. — Jonston, Avi.pag. ao5, sous le nom de ardea stellaris major ; ettab. 5o , sous celui de ardea cinerea alba. — Ardeamaxima lutescens, maculis nigris sagittatis densissimètispersa. Barrère , Ornithol. c!as. 4 > g en - I •> sp. 1. —Ardea cristata maculona fusca. Jdem ; ibid. clas. 4>«p. 3. — Ardea cristata supernè cinereo fusca y infernè


s8SH I S T O I R Ela nuance entre la famille des hérons etcelle des butors (3); les habilans des bordsdu lac Majeur, en Italie, l'appellent ruffey >suivant Aldrovande ; il a le cou roux avecdes fâches de blanc et de noir ; le dos et lesailes sont de couleur brune, et le ventre estroux ; sa longueur , de la pointe du bec àl'extrémité de la queue , est au moins detrois pieds et demi, et jusqu'aux ongles deplus de quatre pieds ; le bec a huit pouces ;rufa ; vertice et cristâ nigris ; collo ad latera rufo ;tœniâ longitudinall nigra notato , inferiore albo, maculislongitudinalibus nigris et albo rufescentlbus varlo;pennis in colli inferioris imâparte longissimis ; rectrïcibuscinereo fuscis ; rostro flavicante ; pedibus fuscis.botaurus major. Brisson , Ornithol. tom. V,pag. 455.(2) Ardea capite lœvisculo nigro, corpore suprà excinereo fusco subtus rufo , loris orbitisque nudls flavis,gutture albo nigro et rufescente-striatobotaurus. Lin. S}^. nat. edit. i3 y gen. 84, sp. 5o.ardeaArdea cristata, clnereo-fusca subtus rufa, verticenigro , gulâ juguloque albo strils nigris.botaurus. Latham, Syst. ornith. gen. 6g , sp. 74.J. J. VIRE Y.(5) Cet oiseau est aussi nonchalant et solitaire quel'espèce précédente. Non seulement il habite les bordsdes marais de 1 Italie, mais même dans le nord del'Asie vers Astracan.J. J. VIREY.. . ardeail


U U ÏS U 1 U K. 2»Ç)il est jamie ainsi que les pieds: la figure dansAldrovande présente une huppe dont Gesnerne parle pas; mais il dit que le cou est grêle,ce qui semble indiquer que cet oiseau n'estpas un franc butor; aussi Aldrovande remarque-t-ilque cette espèce paroît mélangéede celle du héron gris et du butor, et qu'onla croiroit métive de l'une et de l'autre, tantelle tient du héron gris par la tête, les tachesde la poitrine, la couleur du dos et des aileset la grandeur, en même tems qu'elle ressembleau butor par les jambes et par lereste du plumage, à l'exception qu'il n'estpoint tacheté.TOME LVII.T


290 HISTOIRELE PETIT BUTOR (i).SECONDE ESPÈCE (2).VETTE petite espèce de butor, vue sur leDanube par le comte Marsigli, a le plumageroussâtre, rayé de petites lignes brunes ; ledevant du cou blanc et la queue blanchâtre;son bec n'a pas trois pouces de long ; enjugeant, par cette longueur du bec, de sesautres dimensions que Marsigli ne donnepas, et en les supposant proportionnelles, ce(1) Ardea vlrldl flavescens nova species. Marsigl.Danub. tom. V, pag. 22 , avec une figure mal coloriée ,tab. g. — Klein, Avi, pag. 124 , n° 5. — Ardea rufescens,fusco striata; gutture et collo inferiore candidis;rectrïcibus albicantibus ; rostro superiùs obscure fusco,infernè flavo ; pedibus fuscis botaurus minor.Brisson , Ornith. tom. V, pag. 452.(?) Ardea rufa fusco striata, capite lœvi y gutturealbo , remigibus fuscescentibus obscurefasciatis y caudâalbidâ. . ardea Marsigli. Lin. Syst. nat. edit. i3,g' J| ï. 84 y Sp. 52.Ardea rufescens fusco striata , rectrïcibus albicantibus,collo subtus albo. . . ardea Marsigli. Latham ,Sy-t. oraith. gen. 69, sp. 20 J. J. VIREY.


utor doit être le plus petit de tous ceux denotre continent.Au reste, nous devons observer que Marsigliparoît se contredire sur les couleurs decet oiseau, en l'appelant ardea viridi-fia-*vescens.T 2


. • ..i t . . . A . . • , lt392 HISTOIREu '' • ... : • — — . . ». _ , < , - , i » . , , < . . > - , , , II _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ ^LE BUTOR BRUN RAYÉ (i).. TROISIÈME ESPÈCE (à).V^'EST encore ici un oiseau du Danube :Marsigli le désigne sous le nom de butor brun,et le regarde comme faisant une espèce particulière;il est aussi petit que le précédent;tout son plumage est rayé de lignes brunes,noires et roussâtres, mêlées confusément, demanière qu'il en résulte en gros une couleurbrune.(i) Ardea fusca, nova species. Mars. Danub. tom. V,pag. 24, avec une figure qui paroît assez bonne,lab. 10.— Ardea lineolls fuscis, nigris et rufescentibusstriata : collo inferiore et pectore albicantibus ;rectrïcibus fusco , nigro et rufescente striatis ; rostrosuperiùs fusco, infernè flavo, pedibus griseis , lineollsatrls notatlstom. V pag. 454-botaurus strlatus. Brisson , Ornith.(2) Ardea fusco, nigro et rufescente llneata, capitelœvi , loris nudls flavis, gutture et pectore albldls. . .ardea danubialis. Lin. Syst. nat. edit. i3 , gen, 84*sp. 53.Ardea lineolls fuscis nigris et rufescentibus striata,collo subtuspectoreque albicantibus ,rostro fusco subtus,flavo.ardea danubialis. Latham ; Syst. ornithgen. 69, sp. 2,1. J. J. y IRE Y.


v-^xi*-i 'VI* jr* LE BUTOR ROUX (i).QUATRIÈME ESPECE (2).IOUT le plumage dç ce butor est d'unecouleur uniforme , roussâtre claire sous lecorps , et plus foncée sur le dos ; les piedssont bruns et le bec est jaunâtre. Aldrovandedit que cette espèce lui a été envoyée d'Epidaure,et il y réunit celle d'un jeune butor >*+. . — .,( 1 ) Ardeœ stellaris tertlum genus. Aldrovande, Avi.tom. III, pag. 4 IO > avec une figure qui paroît assezbonne , pag. 411. — Willulghby, Ornith. pag. 208 —Ray, Synops. avi. pag. IOO, n° 12. —Marsigl. Dauub»tom. V, pag. 18, avec une figureinexacte, tab. 7. —-Ardea supernè nigricans, infernè rufescens ; verticenigro ; collo ferrugineo ; uropygio albo ; rectrïcibus nigricantibus; rostro supernè nigricante, infernè corneocolore tincto ; pedibus fuscis.. botaurus rufus. Brisson ;Ornith. tom. V, pag. 458.(2) Ardea vertice nigro, capite lœvi colloque ferrugineis,corpore suprà nigricante y subtus rufescente.. ..ardea soloniensis. Lin. Syst. nat. edit. i3, gen. 84,sp. 5i.Ardea nigricans subtus rufescens r capite colloqueferrugineis uropygio albo, tectricibus alarum albo ferrugineoquevariegatis...Syst. ornith. gen. 69, sp. 19.ardea soloniensis. Latham^I. J. VIRXY.T 5


sg4H I S T O I R Epris dans les marais près de Bologne, quimême n'avoit pas encore les couleurs del'âge adulte : il ajoute que cet oiseau lui aparu appartenir de plus près aux butorsqu'aux hérons. Au reste, il se pourrait, suivantla conjecture de M. Salerne, que ce fûtcette même petite espèce * de butor qui sevoit quelquefois en Sologne , et que l'ony connoît sous le nom de quoimeau ( i ).Marsigli place aussi sur le Danube cetteespèce, qui est la troisième d'Aldrovande ,et les auteurs de l'Ornithologie italiennedisent qu'elle est naturelle au pays de Bologne(2).U paroît qu'elle se trouve aussi en Alsace,car M. le docteur Hermann nous a mandéqu'il avoit eu un de ces butors roux quia constamment refusé toute nourriture , ets'est laissé mourir d'inanition; il ajoute.que,malgré ces longues jambes, ce butor montaitsur un petit arbre dont il pouvoit embrasserla tige en tenant le bec et le cou verticalementet dans la même ligne (5).(1) Histoire des oiseaux de Salerne , pag. 3i3.(2) Sgarza stellare rossiccia. Gerini, tom. IV, p. 5o.(3) Extrait d'une lettre de M. le docteur Hermannà M, de Montbeillard, datée dé Strasbourg le 22 septembre1779.'.


D U B U T O R. 2 9 5LE PETIT BUTORDU SÉNÉGAL (i).Voyez les planches enluminées , n° 5i5.CINQUIÈME ESPÈCE.J\l o u s rapporterons aux butors l'oiseaudonné dans nos planches enluminées sousle nom de petit héron du Sénégal, qui eneffet paroît, à son cou raccourci et bien garnide plumes, être un butor plutôt qu'un héron;il est aussi d'une très-petite espèce, puisqu'iln'a pas plus d'un pied de longueur. Il estassez exactement représenté dans la planchepour que l'on n'ait pas besoin d'une autredescription.(i) Ardea rufa, suhtus alba, capite lœvi, gutturispennis stria Media longitudinall nlgrâ notatls, alisalbis medio rubescentibus.Lin. Syst. nat. edit. i5, gen. 84 > sp. 82... ardea senegalensis.Ardea fusca, ab domine , alis caudâque albis, capitecolloque nigro striatls, alarum medlo fasciâ longitudinalipallldè rufâ. ... ardea senegalensis. Latham ;Syst. ornith. gen. 69 , sp. 3o.J. J. VIREY.TA


*)6 HISTOIRE— *— • •— — •LEPOUACREG UBUTOR TACHETÉ (i),SIXIÈME ESPÈCE (2).LES chasseurs ont donné le nom dejpouacre à cet oiseau ; sa grosseur est celled'une corneille , et il a plus de vingt poucesdu bec aux ongles ; tout le fond de sonplumage est brun , foncé aux pennes de(1) Der schwartze reiger. Frisch, vol. II, divis. 12,sect. x , planche ix. —Ardea fusca, supernè satura-'iiùs, infernè dilutius; supernè albo punctulata ; rectrïcibusfuscis ; spatio rostrum inter et oculos nudq viresçente; rostro supernè fusco , infernè flavo-virescente ;pedibus fusco - virescentibusBrisson, Ornith. tom. V, pag. 462.botaurus nœvius.(2) Ardea fusca, cervice dorsoque superipre albomaculatis,capite lœvi , loris t nudj,s virescentibus. .. , Aqrdea. maçulata. Lin. Syst. XWJL. éd. îS, gen. 84, sp. 80^Il y a grande apparence q j ue cette description deGmelin est un double emploi des mêmes caractères.,Cçttc faute $e se trouve pas dans latham. VIBÇY H


DU BUTOR. 297î'aile , clair au devant du cou et au dessousdu corps; parsemé sur la tête, le dessus ducou, du dos y et sur les épaules de petitestaches blanches , placées à l'extrémité desplumes ; chaque penne de l'aile est aussi terminéepar une tache blanche.Nous lui rapporterons le pouacre deCayenne , représenté dans nos planchesenluminées , n° 939, qui paroît n'en différerqu'en ce que le fond du plumage sur le dosest plus noirâtre, et que le devant du corpsest tacheté de pinceaux bruns , sur fondblanchâtre ; légères différences, qui ne paraissentpas caractériser assez une diversitéd'espèce entre ces oiseaux , d'autant plusque la grandeur est la même (1).(1) Les ornithologistes qui ont écrit après Buffonont fait une espèce particulière du pouacre de Cayenne.Ardea fusca , capite lœvi, dorso nigricante, gutture etpectore albldls fusco-maculatls. .... ardea Gardenl.Lin. Syst. nat. edit. i5, gen. 84 > sp. 81.Ardea nigricans aïbo-maculata subtus albida fuscostriata, remigibus y marglne apiceque albis, caudâfuscâ. . . . ardea Gardeni. Lath. Syst. ornith. gen. 69 ?*P* 52, J, J. VjRET.


298 HISTOIREOISEAUXDU NOUVEAU CONTINENTQUI ONT RAPPORT AU BUTOR.L'ÉTOILE(i).PREMIÈRE ESPÈCE (2).Kd E T oiseau est le butor brun de la Carolinede Catesby ; il se trouve aussi à laJamaïque , et nous lui donnons le nom(1) Brown bittern. Catesby , Carolin. tom. I, p. 78,avec une belle figure. — Small bittern. Sloane, Jamaïc..pag. 315 , n° 5. — Ray, Synops. avi. pag. 189, n° 4-— Ardea minor, sub-fusco grisea y cruribus brevioribus.Brown. Hist. nat. of Jamaïc. pag. 478. — Ardeafusca. Klein , avi. pag. 124 , n° 5.— Ardea fusca, supernèsaturatlùs, infernè dilutius ; alis supernè albopunclulatis , rectrïcibus cinereo cœrulescentibus, spatiorostrum inler et oculos nudo , et rostro inferiore viridibusy rostro superiore nigro-virescente ; pedibus flavovirescentibus...botaurus arnerlcanus nœvius. Brisson,Ornith. tom. V, pag. 464.(2) Gmelin a réuni cette espèce à celle du crabier


BU BUTOR, 299d'étoile, parce que son plumage, qui est entièrementbrun, est semé sur l'aile de quelquestaches blanches jetées comme au hasard danscette teinte obscure ; ces taches lui donnentquelque rapport avec l'espèce précédente ;il est un peu moins grand que le butord'Europe ; il fréquente les étangs et lesrivières loin de la mer, et dans les endroitsles plus élevés du pays. Outre cette espèce yqui paroît répandue dans plusieurs contréesde l'Amérique septentrionale, il paroît qu'ilen existe une autre vers la Louisiane , plussemblable à celle d'Europe (1).verd , comme étant la même , à l'exception de quelquestraits dans le plumage 5 mais ces différences,s'il n'enest point d'autres encore inconnues, sont peu importantes.Ardea vlrescens. Lin. SysL nat. edit* i3, var. g. Etaussi Latham qui la décrit ainsi :Ardea fusca subtus dilutior , alis albo punctulafis ,remigibus rectricibusque cœrulescentl-clnereis.ardea vlrescens. Latham 7 Syst. ornith. gen. 69, sp. 3i ,var. b. J. J. V 1 R J: Y.(.


1SooHISTOIREi •• —••••!• i m i .1 i • m m m ...i '•— i — i—..—•.. i '^i.• I I I n ' « • — " ' • " • ' ' ' - " ' " • ' ' ' * " •LE BUTOR JAUNEDU BRÉSIL (i),SECONDE ESPÈCE (2).I A R les proportions même que Marcgravedonne à cet oiseau , en le rapportant auxhérons, on juge que c'est plutôt un butor qu'unnéron; la grosseur du corps est celle d'un canard; le cou est long d'un pied ; le corps decinq pouces et demi ; la queue de quatre ; les— • 1 1 • 1 1, » » « ,..,.. •• 1 • • ..•••_.••,.---•« . .. IM(1) A lia ardeœ species. Mardgrave , Hist. nat. bras.pag. 210. — Jonston , Avi, pag. 143. — Ardea brasiliensis,stellari similis Marcgravil. — Willulghby,Ornith. pag. 209. •— Ardea brasiliensis , cinereœ similis.Marcgravil. Ray, Synops. avi. pag. 101, n° 16- —Ardea supernè fusca , rufescente striata, infernè albafusco striata ; marginlbus pennarum rufescentibus ;nigro striatis ; rectrïcibus partim nigris, partim cinereis, albo transversim striatis ; rostro superiùs fusco ,ii exortu et infernè flavo-virescente ; pedibus obscuregriseis. .. botaurus brasiliensis. Brisson , Ornith„tom. V, pag. 460.(2) Ardea capite lœvi y et cervice flavescentibus nigro-Striatis, corpore suprà fusco flavicante striato , subtus


D U B U T O R.Soipieds et la jambe de plus de neuf; tout le dos ;avec l'aile , est en plumes brunes, layées dejaune ; les pennes de l'aile sont mi-parties denoir et de cendré , et coupées transversalementde lignes blanches ; les longues plumespendantes de la tête et du cou sont d'un jaunepâle , onde de noir ; celles du bas du cou,de la poitrine et du ventre sont d'un blanconde de brun et frangé de jaune à l'entour.Nous remarquerons, comme chose singulière,qu'il aie bec dentelé vers la pointe,tant en bas qu'en haut.albo, fusco-undulato, gulâ albâ , remigibus, rectrici -busqué ex nigro et viridi mixtis apice albis ardeaflava. Lin. Syst. nat. edit. i5 , gen. 84? sp. 57.Ardea striata suprà fusca subtus alba y capite colloquerufescentibus, rectrïcibus strils transversls albis.... *jardea flava. Latham, Syst. ornithol. gen* 69, sp. 26*J. J. V t K. K Y


5o2HISTOIRE•LE PETIT BUTORDE CAYENNE (i).Voyez les planches enluminées, n° 765.TROISIÈME ESPÈCE.LE petit butor n'a guère qu'un pied outreize pouces de longueur ; tout son plumage,sur un fond gris roussâtre , est tacheté debrun noir par petites lignes transversalestrès-pressées , ondulantes et comme vermiculéeseu forme de zigzags, et de pointes aubas du cou, à l'estomac et aux flancs ; ledessus de la tête est noir; le cou très-fournide plumes , paroît presque aussi gros que lecorps.(1 ) Ardea ex rufo grisea , strils ex atro fuscis , plurimisundulatis et angulatis, capitis lœvispileo nigro...Lin. Svst. nat. edit. i5 , gen. 84 > sp. 54*Ardea rufo-grisea pileo nigro, corpore suprà strigisundulatis subtus angulatis nigris. .. ardea undulata.Lath. Syst. ornith. gen. 69, sp. 22.J. J. VIREY.


DU BUTOR. 3o3LE BUTOR SACRÉ (i),PAR J. J. V I R E Y.ON s'étonnera peut-être du nom que nousimposons à cet animal ; mais nous avons crudevoir le lui donner d'après les ornithologuesqui en ont fait mention les premiers,parce qu'en effet les insulaires d'O-Tahiti etdes îles voisines regardent ce butor commeun oiseau sacré et qu'il n'est pas permis detuer. Les exemples de la vénération deshommes pour divers animaux, et principalementpour quelques oiseaux de la familledes oiseaux de rivage, ne. sont pas rares dansles contrées où le christianisme et le mahométismen'ont pas pénétré. Cette vénération( i ) Ardea capite lœvi, vertice albo , pennis verticis,dorsi, tectricibus caudœ, remigibus nonnullis , rectricibusquescapo obscure striatis , roxtro fusco , pedibusflavis. .. ardea sacra. Lin. Syst. nat. edit. i3,gen. 84 > sp. 61.Ardea alba capite lœvi y tectricibus interioribus alarumrectriclbusque nigro-lineatis , pennis dorsalibuslaceris albis ardea sacra. Latham, Syst. ornith.gen. 69 , sp. 69.


3o4HISTOIREest quelquefois fondée sur l'utilité, commepour l'ibis égyptien qui purge le limon dûNil d'une multitude de reptiles immondes;de même la cigogne est respectée en plusieurspays de l'Europe.Le butor sacré habite dans les îles de lamer Pacifique ; sa taille a deux pieds troispouces de longueur. Son plumage est d'unfond blanc, mais les plumes de la tète, dudos, du croupion, les pennes de l'aile et lestiges des pennes de la queue sont rayées delignes obscures ; les franges des plumes dudos sont blanches , les pieds jaunes ; enfin lebec est brun.Il y a une variété de ce butor qui, de mêmeque le précédent, n'a pas d'aigrette sur la tête;les franges de ses plumes dorsales sont noires,et le corps, dont le fond est blanc, est agréaiblement bigarré de noir ; le sommet de lartête et la queue sont blancs ; celle-ci a unepenne toute noire, ainsi que les pieds (i).(i ) Ardea vertice remigibusque totis albis. Lin. Syst.nat. edît. i3, gen. 84 > sp. 61 , var. b.Ardea capite lœvi, corpore albo nigro varlegato ?pennis dorsalibus lacerls nigris. Latham, Syst. ornith.gen. 69, sp. 6g, var. b.XUVA


D U B U T O R. 5o5LEB U T O RDE LA BAIE D'HUDSON (i).QUATRIÈME ESPECE (2).JLiA livrée commune à tous les butors estun plumage fond roux ou roussâtre, plus oumoins haché et coupé de lignes et de traitsbruns ou noirâtres; et cette livrée se retrouvadans le butor de la baie d'Hudson : il est(1) Bittern from Hudsonf s bay. Edwards , Historyof birds, tom. III, pag. et planche cxxxvr. —Ardeasupernè rufescens, nigricante transversim striata , infernècandicans, maculis longitudinalibus rufescentibus, nigro aspersis, varia ; vertice nigricante ; colloinferiore albo , maculis longitudinalibus rufescentibus,nigro marginatis, vario ; pennis In colli inferioris imâparte longissimis ; rectrïcibus rufescentibus, nigricantetransversim striatis; rostro superius et aplce nigricante 9infernè luteo ; pedibus flavis. . botaurus freti Hud-^sonis. Brisson , Ornith. J.om. V, pag. 449-(2) Quelques ornithologues ne considèrent cetoiseauque comme une variété du butor commun. Sa tailleest néanmoins plus petite;il place son nid entre desjoncs dans des lieux humides. Les jeunes butors sontTOME LVII.V


5o6HISTOIREmoins gros que celui d'Europe; sa longueurdu bec aux ongles n'est guère que de deuxpieds six pouces.noirs; la femelle pond quatre à cinq œufs d'un cendréverdâtre. (Voyez Forster , Philos, trans. tom. LXII,pag. 4 IO « s q. ) Ardea stellaris. Lin. Syst. nat. edit. i5 ,gen. 84; sp. 21 , var. b. — Latham , Syst. ornithol.gen. 69,3p. 18. J. J. VIREY.


zCXCIT. Jf**/?* >?. 0 30/l.lfONOBE12. LE BIROBEAUJ2û?imt t/*.


DÛ BUTOR, 3o 7~ . — •.,.— « m » i. ,«,. .-— i. .L'ONORÉ(i).Voyez les planches enluminées n 9790, sous la dénominationûTonoré de Cayenne; et pi. CXGI1 de cevolume.CINQUIÈMEESPÈCE.JNous plaçons, à la suite des butors dunouveau continent , les oiseaux nommésonorés dans nos planches enluminées (2). A(1) Ardea capitis lœvis vertice, caudâque albofasciatânigris , corpore nigro-maculato , suprà rufo,subtus ochroleuco , mento et crisso albis. . .tigrina. Lin. Syst. nat. edit. i3 , gen. 84* sp. 55.Ardeamaculis nigris diffbrmibus notata , supràardearufa, subtus albida, vertice caudâque nigris, rectrïcibusfasciis quatuor albis... ardea tigrina. Latham,Syst. ornith. gen. 69 , sp. 24.J. J. VIREY.(2) Le mot onoré est un nom donné par les peupladessauvages des Galibis à ces oiseaux; ils ont lesmêmes habitudes que nos butors, et ils en représententles espèces dans ce nouveau continent perpétuellementinondé d'eaux stagnantes dans ses vastessavannes. Ces oiseaux volent sur-tout le soir , parceque le grand jour éblouit leurs yeux ; chaque jourcachés entre des roseaux , ou perchés sur une branchecourbée de palétuvier , ils jettent au loin des regardsV 2


5o8HISTOIRECayenne ce nom se donne à toutes les espècesde hérons; cependant les onorés dont il s'agitici nous paraissent se rapporter de beaucoupplus près à la famille du butor; ils en ontla forme et les couleurs, et n'en diffèrentqu'en ce que leur cou est moins fourni deplumes, quoique plus garni et moins grêleque le cou des hérons. Ce premier onoréest presque aussi grand, mais un peu moinsgros que le butor d'Europe; tout son plumageest agréablement marqueté et largementcoupé par bandes noires transversales,en zigzags, sur un fond roux au dessus ducorps et gris blanc au dessous.mélancoliques sur les plaines humides et fangeuses oùrampent les crapauds et les amphibies immondes dontils se nourrissent; de tems en tems ils font entendreleur mugissement qui, rude et sauvage , est pourtantl'accent de l'amour. Ainsi les plus douces affections dela Nature se modifient suivant les caractères des êtres ;elles sont tendres et vives dans le serin, mais âpreset atrabilaires dans la famille solitaire des hérons etes butors. J. J. VIREY.


DU BUTOR. 309L'ONORÉ RAYÉ (i).Voyez les planches enluminées , n° 860.SIXIÈME ESPÈCE.CETTE espèce est un peu plus grande quela précédente, et la longueur de l'oiseau estde deux pieds et demi; les grandes pennesde l'aile et de la queue sont noires; tout lemanteau est joliment ouvragé par de petiteslignes très-fines de roux, de jaunâtre et debrun, qui courent transversalement en ondulantet formant des demi-festons; le dessusdu cou et la tête sont d'un roux vif, coupéencore de petites lignes brunes; le devant(i) Ardea capite lœvi rostro, loris que cœruleis yremigibus caudâque nigris, corpore suprà lineis rufis,flavescentlbus et fuscis undulato, subtus sordide albo...ardea lineata. Lin. Syst. nat. edit. i3 , gen. 84? sp. 56.Ardea flavo, fusco rufoque transversim lineata, subtusalblda y capite colloque rufis ,fasciolls rufis y ctnteriùslineâ longitudinall albâ. . .Syst. ornith. gen. 69, sp. 25.ardea lineata. Latham,J. J, VIRKY.v 5


5ioH I S T O I R Edu cou et du corps est blanc, légèrementmarqué de quelques traits bruns.Ces deux espèces d'onorés nous ont étéenvoyées par M. de la Borde, médecin duroi à Cayenne; ils se cachent dans les ravinescreusées par les eaux dans les savannes, etils fréquentent le bord des rivières. Pendantles sécheresses ils se tiennent fourrés dans lesherbes épaisses; ils partent de très-loin, eton n'en trouve jamais deux ensemble; lorsquel'on en blesse un, il ne faut,l'approcherqu'avec précaution, car il se met sur la défensive,en retirant le cou et frappant ungrand coup de bec et cherchant à le dirigerdans les yeux ; les habitudes de l'onoré sontles mêmes que celles de nos hérons.M. de la Borde a vu un onoré privé ouplutôt captif dans une maison; il y étoit continuellementà l'affût des rats; il les attrapoitavec une adresse supérieure à celle des chats;mais, quoiqu'il fût depuis deux ans dansla maison , il se tenoit toujours dans desendroits cachés, et quand on l'approchoit,il cherchoit, d'un air menaçant, à fixerlesyeux.Au reste, l'une et l'autre espèce de cesonorés paraissent être sédentaires chacune


D U BUT0RJ5I^dans leur contrée, et toutes deux sont assezrares ( i )." ' " — • • • " • " — '•" • • i, . • m(i) Toutes les espèces d'onorés que Sonnini a eul'occasion d'observer, avoient l'iris rougeâtre. Cettecouleur indique, à mpn avis , une certaine foiblessedans cet organe, comme on la remarque dans lesanimaux qui vivent dans le nord , et même parmi leshommes blafards. J. J. VIREY.V4


5i âH I S T O I R EL'ONORÉ DES BOIS (i).SEPTIÈME ESPÈCE (l).O N appelle ainsi cette esjièce à la Guiane ;nous lui laissons cette dénomination, suivant< m • ' - ' ' ' • ' ——. . n. • i • »(i) Soco braslliensibus. Marcgrave , Hist. nat. bras.pag. 199, avec une figure peu exacte. — Jonston,Avi. pag. i36. — Willulghby, Ornithol. pag. 209. —Ray, Synops. avi. pag. 100, n° 14. — Çocoi tertlus.Pison , Hist. nat. pag. go , avec la figure empruntéede Marcgrave. — Ardea sylvatlca coloris ferruginei :onoré des bois, par les français de la Guiane. (Barrère,France équinox. pag. 125. ) — Ardea americana, sylvatica, coloris ferruginei. Idem , Ornithol. clas. 4 *gen. 1 , sp. 14. — Ardea subfusca major, collo etpectore albo undatls. Brown , Nat. hist. of Jamaïc.pag. 478. — Ardea nigricans, flavescente punctulata ;capite et collo superiore fuscis , nigro punctulatis; colloinferiore albo , maculis longitudinalibus nigris fuscisvario : rectrïcibus nigricantibus ; rostro nigro ; pedibusfuscis.. ardea brasiliensis. Brisson, Ornith. tom. V,pag. 44 t.(2) Ardea capite lœvi, corpore nigricante flavopunctatoy remigibus , rectricibus , rostro pedibusquenigricantibus ardea brasiliensis. Lin. Syst. nat.edit. i5, gen. 84, sp. 23.Ardea brasiliensis. Latham, Syst. ornith. gen. 69,•P- 23. J. J. VlREY.


. iDU BUTOR,3iSnotre usage de conserver aux espèces étrangèresle nom qu'elles portent dans leurpays natal, puisque c'est le seul moyenpour les habitans de les reconnoître , etpour nous de les leur demander. Celle-ci setrouve à la Guiane et au Brésil ; Marcgravela comprend souS le nom générique de soco,avec les hérons : mais elle nous parbît avoirbeaucoup de rapport aux deux espèces précédentesd'onorés , et par conséquent auxbutors; le plumage est, sur le dos, le croupion,les épaules, d'un noirâtre tout pointilléde jaunâtre : et ce qui n'est pas ordinaire,ce plumage est le même sur la poitrine, leventre et les côtés; le dessus du cou est d'unblanc mêlé de taches longitudinales noireset brunes : Marcgrave dit que le cou estlong d'un pied, et que la longueur totale dubec aux ongles est d'environ trois pieds (i).(i) Sonnini parle, dans ses notes sur les oiseauxde la Guiane qu'il a bien voulu me communiquer,d'un onoré appelé moucou-moucou par les indiens ,parce qu'il se trouve dans les endroits où abondent lesmoucou-moucous. Cet onoré est grand et sa gorge estbleue. J. J. VIREY.


5i4HISTOIRELE BIHOREAU (i) (2).Voyez, les planches enluminées, n° 758, le mâle, etn° 759 , la femelle ; et pi. CXC1I de ce volume.JLÀA plupart des naturalistes ont désigné lebihoreau sous le nom de corbeau de nuit( nycticorax ), et cela d'après l'espèce de(1) En allemand , nacht-rab, bundter-reger , schildreger.En anglais, night-raven. En flamand, quack. Envieux français, roupeau.Bihoreau ou roupeau, espèce de héron. (Belon, Hist.nat. des oiseaux , pag. 197 , avec une mauvaise figure,pag. 198.) — Bihoreau, roupeau, idem, Portrait»d'oiseaux, pag. 44 ? a ? avec la même figure. — Nycticorax.Gesner, Avi. pag. 627 , avec une très-mauvaisefigure ; la même, Icon. avi. pag. 18. — Aldrovande ,Avi. tom. III, p. 271 , avec la figureprise de Gesner,pag. 272. — Jonston, Avi. pag. 95 , avec la mêmefigure, tab. 20. Sibbald, Scot. illust. part. II, lib. 3 ,pag. i5. — Charleton , Exercit. pag. 79 , n°9. Idem,Onomazt. pag. 71,^9. — Ardea varia. Schwenckfeld,Avi. Siles. pag. 226. — Ardea varia Schtvenckfeldii; corvus nocturnus agricolœ. Klein, Avi. p, 123,u 5. — Ardea cinerea minor. Jonston, Avi. pag. io3 ,avec la figureempruntée d'Aldrovande, tab. 5o. —Ray, Synops. avi. pag. 99, n° 3. —Ptzaczyriski,


D U B U T O R. 5i5croassement étrange, ou plutôt de râlementeffrayant et lugubre qu'il fait entendre pen-Auctuar. Hist. nat. pol. pag. 364 — Marsigl. Danub.tom. V, p. 10 , avec une très mauvaise figure, tab. 3.— Ardea cinerea minor, germanis nycticorax. Willulghby,Ornith. pag. 204. — Ardea cirrata, alba,dorso nigro. Barrère , Ornith. clas. 4 ? g e n. l y S P- 7- —Ardea cristâ occipitis tripenni dependente ; dorso nigro 9abdomine flavescente nycticorax. Lin. Syst. nat.edit. 10, gen. 76 , sp. 9. —Der aschgraue reiger, mitdrey nachen federn. Frisch , vol. II , divis. 12 , sect. 1 ,planche x.— Corbeau de nuit: Albin , tom. II , p. ^5>avec une figure mal coloriée , pi. LXVII. —Ardeasupernè obscure viridis , infernè alba , vertice nigroviridescente ; tœniâ in syncipite et suprà oculos candidâ; pennis tribus in occipite strictissimis, longissimisy candidis ; collo superiore albo cinerascente, uropyg10dilutè cinereo , remigibusque cinereis ; rostronigricante ; pedibus viridi-flavicantïbus.Brisson , Ornith. tom. V, pag. 226. —Nota. Il paroîtqu'il se trouve aux Antilles un bihoreau semblable àcelui d'Europe , et qu'on reconnoît dans Vardea cinerearostro curvioridu P. Feuillée. (Observ. pag. 411.)nycticorax.(2) Ardea cristâ occipitis tripenni albâ horizontali,dorso nigro, abdomine flavescente... ardea nycticorax.Lin. Syst. nat. edit. i5, gen. 84, sp. 9. —Syst. ornith. gen. 69, sp. i3.Latham,La femelle est ainsi spécifiée : Ardea capite lœvifusco , corpore fuscescente subtus albo , remigibus primoribusapice macula albâ. .ardea nycticorax.J. J. VIRE Y.


3i6HISTOIREdant la nuit (ï); c'est le seul rapport quele bihoreau ait avec le corbeau, car il ressembleau héron par la forme et l'habitudedu corps; mais il en diffère en ce qu'il ale cou plus court et plus fourni, la tête plusgrosse, et le bec moins effilé et plus épais ;il est aussi plus petit , n ayant qu'environvingt pouces de longueur ; son plumage estnoir, à reflet verd sur la tête et la nuque ,verd obscur sur le dos, gris de perle sur lesailes et la queue , et blanc sur le reste ducorps; le mâle porte sur la nuque du coudes brins, ordinairement au nombre de trois,très-déliés , d'un blanc de neige ( 2 ), et quiont cinq pouces de longueur ; de toutes lesplumes d'aigrette , celles - ci sont les plusbelles et les plus précieuses (5) ; elles tombentau printems, et ne se renouvellent qu'unefois par an ; la femelle est privée de cet ornement,et elle est assez différente du mâle( 1 ) Vespere et noctu absonâ voce molestât. Schwenckfeld, Avi. Siles. pag. 226.(2) « Entre les plumes noires du dessus de sa têtsortent d'autres petites plumes blanches, longues etdéliées , qu'il fait moult beau voir )>. ( Belon. )(5) « Elles se vendent à haut prix, ditSchwenckfeld ,et notre jeune noblesse aime à les porter en panachesur le chapeau ». ( Avi. Siles. pag. 226. )


D U B U T O R. 5i 7pour avoir été méconnue par quelques naturalistes.La neuvième espèce de héron deM. Brisson n'est en effet que cette mêmefemelle { i ) ; elle a tout le manteau d'uncendré roussâtre 9 des taches en pinceaux decette même teinte sur le cou, et le dessusdu corps gris blanc.Le bihoreau niche dans les rochers, suivantBelon, qui dérive de là son ancien nomroupeau ( 2 ) ; mais , selon Schwenckfeld etWillulghby, c'est sur les aunes près des marais(3) qu'il établit son nid (4); ce qui nepeut se concilier qu'en supposant que cesoiseaux changent d'habitude à cet égard suivantles circonstances; en sorte que, dansles plaines de la Silésie ou de la Hollande,ils s'établissent sur les arbres aquatiques, aulieu que, sur les côtes de la Bretagne, oùBelon les a vus, ils nichent dans les rochers:(1) Le héron gris. (Brisson, Ornithol. tom. V,pag, 412.)(2) Nat- des oiseaux , pag. 197.(3) La femelle pond trois à quatre œufs blancs ; ellediffère du mâle par son plumage gris et par ledéfaut dehuppe sur la tête. J. J. VIREY.( 4 ) Nldlfîcant gregatlm, in alnls et fructicibusdensis. Schwenckfeld , pag. 226 ',voyez aussi Willulghby,pag. 204./


5i8HISTOIREon assure que leur ponte est de trois ottquatre œufs blancs (j).Le bihoreau paroît être un oiseau de passage; Belon en a vu un exposé sur le marchéau mois de mars ; Schwenckfeld assure qu'ilpart de Silésie au commencement de l'automne,et qu'il revient avec les cigognes auprintems ( 2 ) ; il fréquente également lesrivages de la mer et les rivières ou maraisde l'intérieur des terres : on en trouve enFrance dans la Sologne ( 3 ) ; en Toscane surles lacs de Fuceccfyio et de Bientine (4); maisl'espèce en est par-tout plus rare que celledu héron; elle est aussi moins répandue (5),(1) Willulghby , Schwenckfeld.(2) Avi. Siles. pag. 226.(5) Hist, nat. des oiseaux ? pag. 510.(4) Ornithologie italienne , tom. IV, pag. 49»(5) Elle se trouve rarement en Angleterre , et plusrarement encore en Suède ; mais on l'a observée enAmérique , près de New-Ycrck sur-tout. Elle habiteaussi en diverses contrées d'Asie , suivant S. G. Gmeliu( nouv. Mém. académ. Pétersbourg, tom. XV, p. 452),et principalement dans les déserts des monts Urals,autour de la mer Caspienne, en Chine et aussi enSyrie. Elle émigré chaque automne.On rencontre dans la nouvelle Calédonie un bihoreauque Latham soupçonne être le même que notrebihoreau mâle. Un plumage brun et ferrugineux en


DU B U T O R. Srget même elle ne s'est pas étendue jusquesdans la Suède (i).Avec des jambes moins hautes et un couplus court que le héron, le bihoreau cherchesa pâture moitié dans l'eau, moitié sur terreet vit autant de grillons, de limaces et autresinsectes terrestres, que de grenouilles et depoissons ( 2 ) ; il reste caché pendant le jour,et ne se met en mouvement qu'à l'approchede la nuit, c'est alors qu'il fait entendre soncri ka,ka^ ka, que Willulghby compare auxsanglots du vomissement d'un homme (3).Le bihoreau (4) a les doigts très-longs:dessus , blanc en dessous , ainsi que son aigrette à troispennes et ses sourcils y le sommet de la tête et le becnoirs , les pieds jaunes distinguent cet oiseau.Ardea ferruginea, subtus alba, cristâ occipitis tripenni,capillitio nigro, superciliis albis. ardeacaledonica. Lin. Syst. nat. edit. i3 , gen. 84 ; sp. 3o.Ardea fusco ferruginea , subtus super ciliisque albis,vertice nigro , cristâ occipitis tripenni albâ. ,. ardeacaledonica. Latham , Syst. ornith. gen. 69, sp. i5.J. J. V I R E Y.(1) Nous en jugeons par le silence que garde surcette espèce M. Linnaeus dans son Faun. suecica.(2) Schwenckfeld.(5) Nycticorax , quod interdiu clamet voce absonâ ,et tanquam vomiturientis. Willulghby, pag. 20^.(4) Lutham et Gmelin font mention d'un bihoreau


32oHISTOIREles pieds et les jambes sont d'un jaune verdâtre; le bec est noir ( i ) , et légèrementarqué dans la partie supérieure ; ses yeuxsont brillans, et l'iris forme un cercle rougeou jaune aurore autour de la prunelle.m • " < — • • • • • — . • • .1. i -1' • • • ' — ' - '— • —de la Jamaïque , à peine long de deux pieds, de couleurbrune avec des stries blanches sur les flancs;lescouvertures des ailes ont chacune une tache blancheà leur extrémité • le bec est noirâlre et l'iris verdâtre;la gorge et l'anus sont blancs; les premières pennes desailes sont terminées de blanc.Ardea fusca ) subtus alba , capite subcristato, pectoreet abdomine fuscescente striatis. ardea jamaïcensls.Lin. Syst. nat. edit. i3 , gen. 84 •> S P- 29.Ardea subcristata , fusca , collo abdomineque fusco,alboque striatis, tectricibus alarum apice màculâ triangularlalbâ. . . . ardea jamaicensis. Latham , Syst.ornith. gen. 69 , sp. 14»Cet auteur regarde ce bihoreau comme un êtrevoisin et peut-être le même que la femelle du bihoreau;c'est pourquoi nous avons cru devoir les réunirici. J. J. VIRLY.(1) Schwenckfeld paroît se tromper sur la couleurdes pieds et sur celle du bec ; mais Klein se trompedavantage en exagérant les expressions de Schwenckfeldqu'il transcrit ; Schwenckfeld dit, rostrum obscurerubet. . cru?a nigricant cum rubedlne : Klein écrit,rostro sanguineo prout et pedes ; ce qui ne peut jamaisconvenir au bihoreau , et le rend méconnoissable.LE


Ï)U BIHOREAU. 321LE BIHOREAU£> E CAYENNE (i),Voyez les planches enluminées, n° 899.\UB bihoreau d'Amérique est aussi grandque celui d'Europe , niais il paroît moinsgros dans toutes ses parties ; le corps est plusmenu ; les jambes sont plus hautes ; le cou >la tête et le bôc sont plus petits : le plumageest d'un cendré bleuâtre sur le cou et audessous du corps ; le màiiteau est noir frangéde cendré sur chaque plume ; la tête estenveloppée de noir, et le sommet en estblanc ; il y a aussi un trait blanc sous l'œil :ce bihoreau porte un panache composé décinq ou six brins, dont les uns sont blancs etles autres noirs.M i . . ...,.., 1 1 n 1 . . .., . ,r.. m,( 1 ) Ardea cinerea , capitis nigri vertice albo et cristâinœquall sexpennl, albâ, altéra parte nigrâ. ardeacayennensis. Lin. Syst. nat. edit. i5 , gen. 84; ^>. 3i.Ardea cristâ sexpenni, corpore cœruleo-clnereo, dorsostriis nigris Capite nigro , pileo fasctâque subocularialbis. .. ardea cayennensis. Latham, Syst. ornith.gen. 69, sp. 17.TOME LVII.J. J. Vmr.Y.X


322 HISTOIRELE BIHOREAUD'ESCLAVONIE (i),PAR J. 3. V I R E Y.V/1; T T E espèce, nouvellement décrite etfigurée dans un voj^age fait dans la comtéde Poséga en Hongrie (2) , est à peu prèsde la taille et de l'aspect du butor. Sonplumage, comme celui de toute la famille,.est sombre et mélancolique , car il semblequ'il y ait quelque conformité entre l'habillementdes oiseaux et leur caractère moral.Ceux qui sont ornés de couleurs brillantes ,semblent être plus gais , plus vifs et plusaimables que les tristes familles d'oiseaux deproie dont la robe est brime , sombre , monotone;de même leur caractère est sérieux,•W • - • • m. . .- . , —. . ... „ . , - _. ._(1) Ardea occipite cristato, pennâ solitariâ, corporecastaneo suprà virescente-aureo, subtus castaneo alboferrugineoquelongitudinaliter liturato, remigibus apittmacula albâ69, sp. 16.ardea obscura. Latb. Syst. orn. gen.(2) Iter poseganum , tab. 2 , pag. 24.


DU BIHOREAU. 3s5âpre, sauvage , et même féroce et sanguinaire.Quoi qu'il en soijt,. ce bihoreau est d'uneteinté de marron en dessus, avec des refletsd'un verd sale doré ; le dessous du corpsest aussi d'une couleur de marron , maisplus claire , avec des raies longitudinalesrouillées.; l'extrémité des ailes est blanche;sur la tête pend une aigrette d'une seuleplume blanche penchée en arrière ; les piedsqui sont courts, ont une teinte verdâtfe. ,il.•,X 2


5^4 .1 Hï S T 0»I;R E• . r i • •i,iV O M BRÊT'TE ïi).Voyez les planches enluminées, n° 796 J £//>/. CXGIIÎcfe ce volume.r i » - ' ï * •C i 1 ' V '• » ( ' \ ' * , ) ' • ' ' . : . . /'EST à M. Àdanson que nous devons laconnoissance de cet oiseau (2) qui se trouveau Sénégal; il est';un,peu plus grand quele bihoreau ; la couleur de terre d'ombre >ou de gris brun foncé de son plumage, luia fait donner le nom à'ombrette ; il doit êtreplacé comme espèce anomale entre les genresdes oiseaux de rivage , car on ne peut lerapporter exactement à aucun de ces genres;il pourroit approcher de celui des hérons,s'il n'avoit un bec d'une forme entièrementdifférente , et qui même n'appartient qu'à(1) Scopusfuscus , supernè saturatiàs , infernè dilulias; tectricibus Caudœ inferioribus , rectricibus dilutèfuscis, fusco saturatiore transversim striatisscopus (a skia, umbra). Brisson, Ornithol. tom. V,pag. 5o3.(2) Scopus umbretta. Lin. Syst. nat. éd. i3 , gen. nov.»p. unica. — Lath. Syst. ornith. gen. 68, sp. 1.J. J. V m E Y.


i cxcm. \Js. £p. /. 3241. 1'OMBRE TTE2. LE COUKLtRIZ>esray S,


DEL' O M B R E T T E. 3^5lui ; ce bec, très-large et très-épais près dola tête, s'alonge en s'aplatissant par les côtés;rareté de la partie supérieure se relève danstoute sa longueur, et paroît s'en détacherpar deux rainures tracées de chaque côté ; ceque Brisson exprime en disant que le becsemble composé de plusieurs pièces articulées; et cette arête > rabattue sur le bout dubec , le termine en pointe recourbée : cebec est long de trois pouces trois lignes ; lepied joint à la partie nue de la jambe aquatre pouces et demi ; cette dernière partieseule a deux pouces. Ces dimensions ont étéprises sur un de ces oiseaux conservé aucabinet du roi. Brisson senfbïe en donnerde plus grandes ; les doigts sont engagés versla racine par un commencement de membraneplus étendue entre le doigt extérieuret celui du milieu ;lie doigt postérieur n'estpoint articulé comme dans les hérons, à côtédu talon , mais au talon même (i).i . . — i , . . . i — • ' • •• - •*(i) Cet animal diffère des bihoreaux , des erabierset des butors par sa forme et quelques-unes de ses•mœurs ; son bec est d'ailleurs conformé d'une manièredifférente; ses ongles sont fort petits; le mâle a uneaigrette qui ne se trouve point chez la femelle ; sataille est de vingt pouces, et sa grosseur égale celled'une corneille^ J. J. VIREY^


326 H I S T O IRELEC O U R L I R Iou COURLAN (i).Voyez les planches enluminées, n° 848 ; et pi. CXCIIIde ce volume.X-JE nom de courlan ou courliri ne doitpas faire imaginer que cet oiseau ait de grandsrapports avec les courlis ; il en a beaucoupplus avec les hérons , dont il a la stature etpresque la hauteur ; sa longueur du bec auxongles est de deux pieds huit pouces ; la partienue de la jambe , prise avec le pied , asept pouces ; le bec en a quatre ; il est droitdans presque toute sa longueur ; il se courbefoiblement vers la pointe , et ce n'est quepar ce rapport que le courlan s'approche(1) Ardèa fusca, gutture et pectore albo striatis,mento pedibusque albis , caudâ remigibusque œneonitentibus...ardea scolopacea. Lin. Syst. nat. edit. i5,gen. 84 > sp. 87.Ardea cupreo-fusca, collo pectoreque striis albis ,gulâ nigrâ... ardea scolopacea. Latham, Syst. ornith.gen. 69, sp. 89.J. J." ViREY.


DU C O U R L I R L 5a 7des courlis, dont il diffère par la taille, ettoute l'habitude de sa forme est très-ressemblanteà celle des hérons ; de plus on voità l'ongle du grand doigt la tranche saillantedu côté intérieur, qui représente l'espèce depeigne dentelé de l'ongle du héron. Le plumagedu courlan est d'un beau brun, qui devientrougeâtre et cuivreux aux grandespennes de l'aile et de la queue; chaque plumedu cou porte dans son milieu un trait de pinceaublanc. Cette espèce est nouvelle, et nousa été envoyée de Cayenne sous le nom decourliri, d'où on lui a donné celui de courlandans nos planches enluminées.X 4


52cSHISTOIRE_, . . _ _ . -LE SAVACOU (i).Voyez les planches enluminées, n os 38 et 8$9 J e $pi. CXCJ.V de ce volume. ÀJ_iE savacou, (2) est naturel aux régions dela Guiane- et du Brésil ; il a assez la tailleet les proportions du bihoreau ; et par lestraits de conformation, comme par la mar•1 • — 1 1* 1 . . . . . • _ " • ' ' ' ; - • '•• "• " " " ' - " ' 1(1) Savacou ou saouacou à Cayenne; rapapa parles sauvages garipanes; tamatia au Brésil : c'est lesecond tamatia de Marcgrave-, le premier est un oiseautout différent. ( Voyez l'article des oiseaux barbus. )Tamatia brasiliensibus dicta. Marcgrave, Hist.nat. bras. pag. 208, avec une très-mauvaise figure..—?Jonston, Avi. pag. i43. — Gcdllnula aquatica, tamar.tia brasiliensibus dicta Marcgravii. Willulghby, Orn..pag. 258. — Ray, Synops. avi. pag. 116, n° 12. —Cancrofagus major rostro cochlearis instar excavato ringluvie magnâ extuberante. Barrère, France équinox.pag. 128. —Cochlearius fuscus, capite nigro, ventre^candicante variegato , rectrïcibus fuscis. . cochleariusfuscus. Brisson , Ornith. tom. V pag. 509. — Cochleariussupernè cinereo albus infernè fusco rufescens ;capite superiore nigro; syncipite, genis et collo inferiore.albis : dorso supremo saturatè cinereo; rectrïcibus cinereo,albis... cochlearius. Idem,. ibidem , pag. 5P6«


M. cxciv. c5T>/. f 320.r-ret>e ae?LIE SAVACOU2. LA SPATULETTësraï/^f.


DU SAVACOU. 52 9ïiîère de vivre , il paroîtroit avoisiner lafamille des hérons, si son bec large et singulièrementépaté ne l'en éloignoit beaucoup,et ne le distinguoit même de tous les autresoiseaux de rivage. Cette large forme de beca fait donner ^u savacou le surnom de cuiller:ce sont en effet deux cuillers appliquées l'unecontre l'autre par le côté concave ; la partiesupérieure porte sur sa convexité deux rainuresprofondes qui partent des narines , etse prolongent de manière que le milieu formeune arête élevée, qui se termine par unepetite pointe crochue ; la moitié inférieurede ce bec , sur laquelle la supérieure s'emboîte, n'est y pour ainsi dire , qu'un cadre surlequel est tendue la peau prolongée de lagorge ; l'une et l'autre mandibules sont tranchantespar les bords, et d'une corne solideet très-dure ; ce bec a quatre pouces desangles à la pointe, et vingt lignes dans la plusgrande largeur.Avec une arme si forte, qui tranche et(2) Cancroma, ventre rufescente. . .. cancromacochlearla. Lin. Syst. nat. edit. i3 3 gen. 85, sp. 1.Cancroma cristata cinerascens, ventre rufo , verticelunulâque cervicis nigrâ cancrcma cochleariq.I/atham , Syst. ornith. gen. 67 , sp. 1. J. J. VIREY,


35oH I S T O I R Ecoupe , et qui pourrait rendre le savacouredoutable aux autres oiseaux , il paroît s'entenir aux douces habitudes d'une vie paisibleet sobre ; si l'on pouvoit inférer quelquechose de noms appliqués par les nomenclateurs, un de ceux que lui donne Barrèrenous indiqueroit qu'il vit de crabe* (i) ; mais,au contraire , il semble s'éloigner par goûtdu voisinage de la mer ; il habite les savannesnoyées , et se tient le long des rivières où lamarée ne monte point (2); c'est là que,perché sur les arbres aquatiqUes, il attendle passage des poissons dont il fait sa proie,et sur lesquels il tombe en plongeant et serelevant sans s'arrêter sur l'eau (5); il marche,le cou arqué et le dos voûté , dans une attitudequi paroît gênée, et avec un air aussitriste que celui du héron (4) ; il est sauvageet se tient loin des lieux habités (5); ses yeuxplacés fort près de la racine du bec lui(i) Cancrofagus , etc. Voyez la nomenclature.(2) Observations faites à Cayenne par M. Sonninide Manoncour.(5) Mémoires communiqués par M. de la Borde,médecin du roi à Cayenne.(4) Dorso incurvato incedens, et collo incurvato 9Marcgrave.(5) M. de la Borde.


DU SAVACOU.33idonnent un air farouche ; lorsqu'il est pris,il fait craquer son bec , et dans la colère oul'agitation , il relève les longues plumes dusommet de sa tête.Barrère a fait trois espèces de savacous (i),que M. Brisson réduit à deux (2) , et quiprobablement se réduisent à une seule : eneffet, le savacou gris et le savacou brun nediffèrent notablement entre eux que par lelong panache que porte le dernier ; et cepanache pourroit être le caractère du mâle;l'autre, que nous soupçonnons être la femelle,a un commencement ou un indice de cemême caractère dans les plumes tombantesdu derrière de la tête ; et, pour la différencedu brun au gris dans leur plumage, on peutd'autant plus la regarder comme étant desexe ou d'âge, qu'il existe dans le savacouvarié ( 3 ) une nuance qui les rapproche.(1) Onocrotalus americanus , cinereus, non maculosus.Barrère, Ornithol. clas. 5, gen. 2, sp. ï. —Onocrotalus americanus , cinereus maculaius. Idem ,ibid. sp. 2 ; et le cancrofagus major, rapporté dans lanomenclature.(2) A. cochlearius nœvlus. Brisson, Ornith. tom. V,pag. 5o8.(5) Rapporté de Cayenne par M. Sonnini.


332 H I S T O I R EDu reste , les formes et les proportions dusavacou gris et du savacou brun sont entièrementles mêmes ; et nous sommes d'autantplus portés à n'admettre ici qu'une seideespèce, que la Nature, qui semble les multiplieren se jouant sur les formes communeset les traits du plan général de ses ouvrages ,laisse au contraire comme isolées et jetéesaux confins de ce plan , les formes singulièresqui s'éloignent de cette forme ordinaire, comme on peut le voir par les exemplesde la spatule , de l'avocetle, du phémcoptère,etc. dont les espèces sont uniques, etn'ont que peu ou point de variétés.Le savacou brun et huppé , planche enluminée, n° 869 , que nous prenons pour lemâle, a plus de gris roux que de gris bleuâtredans son manteau ; les plumes de la nuquedu cou sont noires , et forment un panachelong de sept à huit pouces, tombant sur ledos ; ces plumes sont flottantes et quelquesunesont jusqu'à huit lignes de largeur.Le savacou gris, planche enluminée, n° 38»qui nous paroît être la femelle , a tout lemanteau gris blanc bleuâtre, avec une petitezone noire sur le haut du dos ; le dessousdu corps est noir mêlé de roux ; le devant ducou et le front sont blancs ; la coiffe de la


DU SAVACOU. 333tête tombante derrière en pointe est d'unnoir bleuâtre (i).L'un et l'autre ont la gorge nue ; la peautjui la recouvre paroît susceptible d'un renflementconsidérable ; c'est apparemment ceque veut dire Barrère par ingluvie extuberante.Cette peau, suivant Marcgrave , estjaunâtre ainsi que les pieds ; les doigts sontgrêles et les phalangeâ en sont longues ; onpeut encore remarquer que le doigt postérieurest articulé à côté du talon, près dudoigt extérieur comme dans les hérons ; laqueue est courte et ne passe pas Faile pliée ;la longueur totale de l'oiseau est d'environ( i ) Sonnini, qui a plusieurs fois observé cesoiseaux, vivans, fait mention du savacou gris huppé;son iris est noir , et une membrane qui sort de l'angleintérieur de l'œil peut le couvrir à volonté; il peutredresser les plumes longues de sa tête , sur-tout lors-*qu'il est irrité; elles se dressent en forme de capuchon,et alorsil s'élance avec fureur sur l'objet qui excite sacolère , en frappant vivement les mandibules de sonbec l'une contre l'autre , de même que les cigognes.On trouve cet oiseau dans les îlots des savannes noyéeset au bord des criques qui les coupent.Un autre savacou est entièrement roussâtre, exceptéla tête qui est noire. Notre savant observateur soupçonneque c'est ou un jeune ou la femelle du précédentj il les a tués dans le même lieu. J* J. VIRET-


334 HISTOIREvingt pouces. Nous devons observer quenos mesures ont été prises sur des individusun peu plus grands que celui qu'a décritM. Brisson , qui étoit probablement unjeune (i).(i) La cuiller brune, ou le savacou brun et huppéde Bufibn , est le tamatia de Marcgrave , Willulghby,et Bay. Toutes ses habitudes se rapportent au précédent;mais sa. nourriture est différente, carie premiervit principalement de poissons et celui-ci de crabes;sa robe différente l'a fait séparer du savacou , et regardercomme appartenant à une autre espèce.j. J. V I RE Y.


DE LA SPATULE. 535LA SPATULE (i).Voyez les planches enluminées , n° 4o5 ; et pi. CXCIVde ce volume.QUOIQUE la spatule soit d'une figure trèscaractériséeet même singulière, les nomenclateursn'ont pas laissé de la confondre sous(i) En grec, deyhorodios ; par emprunt de nomavec le héron blanc, et par erreur pelekan. En latin,platea, platelea. Eu hébreu, kaath y suivant Gesner.En italien , beccatoveglia. En allemand , pelecan ,loejUer. En Suisse , schufler. En flamand, lepelaer. Enanglais , spoonbil, schoveler. En suédois, pelecan. Enrusse, calpêtre. En polonais, pélican ,plaskonos. Enillyrien, bucacz. En catalan, pellicano. A Madagascar,fangali-am-bava, c'est-à-dire, bêche au bec.Pale , poche et cueillier. (Belon , Nat. des oiseaux ,pag. 194), avec une figure peu exacte.'— Pale, poche,cueillier , truble. {Idem y Portr. d'oiseaux, p. 34 > a) ,la même figure. — Pelecanus. Gesner, Avi. pag. 665 ,avec une mauvaise figure , pag. 666. Pelecanus, plateavelplatalea. Idem , Icon. avi, pag. 92 , avec une figurequi n'est pas meilleure. — Albardeola y platea Plinii,platelea Ciceronis, quam pelecanum faclt ornithologus.Aldrovande , Avi. tom. III, pag. 384 > a vec une figureassez reconnoissable, pag. 385; et une autre moins


336 HISTOIREdes dénominations impropres et étrangères /bonne, pag. 386. — Ardea alba. Jonston. Avi. p. io5,avec une figure empruntée d'Aldrovande , tâb. /fi ,sous le titre, pelicanus , siveplatea. — Platea , sivepelecanus Atdrovandi. Willulghby, Ornith. p. 212. —Ray, Synopsis, avi. pag. 102, n b 1. — Sibbald , Scot.illustr. part. II, lib. i5, pag. 18. — Platea leucorodjusïVlllulghbeii. Klein, Avi. pag. 126, n° 1. — Plated.Schwenckfeld , Avi. Siles. pag. 341» — Platea candida.Barrère , Ornithol. clast 3, gen. 29 sp. 1. — Ardettalba , cochlearia,plateola. Charleton , Exercit. p. 109,n° 2. Idem , Onomazt. pag. io5 , n" 2. — Platea, sivepelicanus Aldrovandi , etc. Marsigl. Danub. tom. V,pag. 28 , avec une figurepeu exacte , tab. 12. — Peli+canus Gesneri, platea Plinii , platelea Ciceronis, etc.ïtxaczynski, Auct. Hist. nat. polon. pag. 407. — Pelecanus.Moehring, Avi. gen. 60. — Platea corpore albo.Leucorodios. Lin* Systi nat. edit. 10, gen. 73, sp. 1. —•Albardeola, Mus. Worm. pag. 310. — Platyrinàhos.Mus. Besler, p. 36, n° 4> avec une assez bonne figurede la tête , tab. 9 , n° 4. — Ver loeffel reiger. Friscb,vol. II, divis. 12 , sect. 1 , pi. vu et vin. «— Palette.Anciens Mémoires de l'académie , torn. III, partie 3 ,pag. 23 , avec une figureexacte, planche v. — Pélican,Kolbe , Description du cap de Bonne - Espérance,tom. III, pag. 173, avec une figure reconnoissable ,pag. 172, n° 4- •— Petit héron ou bec à cuiller. Albin ,tom. II, pag. 42 , avec une mauvaise figure, pi. LXVI.Platea cristata , in toto corpore candida , oculorumambitu et gutture nudis, nigris. .... platea. Brisson>Ornith. tom. V ; pag. 552.avee


DE LA SPATULE. 337avec des oiseaux tous différais ; ils l'ontappelée héron blanc {i) et pélican (2), quoiqu'ellesoit d'une espèce différente de celledu héron (3) et même d'un genre fort éloignéde celui du véritable pélican ; ce que Belonreconnoît en même tems qu'il lui donne lenom de poche, qui appartient encore au pélican(4), et celui de cuiller, qui désigne plutôtle phénicoptère ou flammant qu'on appellebec à cuiller , ou le savacou qu'on nommeaussi cuiller ; le nom de pale ou palette conviendraitmieux , en ce qu'il se rapprochede celui de spatule que nous avons adopté (5),— • • •• -» •• — — •• • •• — 1 •< —•• '-• •part. 5 , pag. 25.)(4) Nature des oiseaux, lib. 5, pag. i$4*(5) Platalea corpore albo, gulâ nigrâ , occipite,TOME LVII.Y


338 HISTOIREparce qu'il a été reçu ou son équivalent dansla plupart des langues (i), et qu'il caractérisela forme extraordinaire du bec de cet oiseau ;ce bec, aplati dans toute sa longueur, s'élargiten effet vers l'extrémité en manière despatule, et se termine en deux plaques arrondies, trois fois aussi larges que le corps dubec même ; configuration d'après laquelleKlein donne à cet oiseau le surnom anomaloroster(2). Ce bec , anomal en effet par saforme, l'est encore par sa substance qui n'estpas ferme , mais flexible comme du cuir, etqui par conséquent est très - peu propre àl'action que Cicéron et Pline lui attribuent,en appliquant mal à propos à la spatule cequ'Aristote a dit avec beaucoup de vérité dupélican ; savoir , qu'il fond sur les oiseauxplongeurs et leur fait relâcher leur proie enles mordant fortement par la tète (3); sursubùristato platalea leucorodia- Lin. Syst. nat.edit. i5, gen. 80, gen. 1.— Latham , Syst. ornithol.gen. 64 5 sp. 1. J. J. V 1 R E Y.(1 ) Platea, platelea schufler , spoon-bill, etc. voyezla nomenclature.-(2) Ordo aviurn, pag. 126; mais ce naturaliste setrompe comme les autres, en pensant que lepelecanosd'Aristote est la spatule.(5) Aristot. Hist. animal, lib. t) } cap. i4« — Legi


DE LA SPATULE. 53 9quoi, par une méprise inverse, on a attribuéau pélican le nom de platalea> qui appartientréellement à la spatule. Scaliger, au heu derectifier ces erreurs, en ajoute d'autres: aprèsavoir confondu la spatule et le pélican, il dit,d'après Suidas, que le pelicanos est le mêmeque le dendrocolaplès > coupeur d'arbres, quiest le pic (i) ; et, transportant ainsi la spatuledu bord des eaux au fond des bois , il lui faitpercer les arbres avec un bec uniquementpropre à fendre l'eau ou fouiller la vase (2).En voyant la confusion qu'a répanduesur la Nature cette multitude de méprisesscientifiques, cette fausse érudition, entassée«ans connoissance des objets, et ce cahos desetiam scriptum hic esse avem quamdam quœ plateleanominetur ; eam sibi cibum quœrere advolautem adeas aves quœ se in mari mer gèrent , quœ cum emersissent,piscemque cepissent, usque adeopremere earumcapita mordicus dum illœ captum amltterent y quodipsa invaderet. Cicero , lib 2 , de Nat. deor. — Plateanomlnatur advolans ad eas quœ se in mari mergunt, etcapita illarum morsu corripiens y donec capturant extor**queat. Plin lib. 10, cap. 56.( 1 ) Voyez l'histoire du pic , tome LV de cetteédition.(2) Voyez les Mémoires de l'académie , à l'endroitcité ci-devant*Y a


34oHISTOIREchoses et des noms encore obscurcis par lesnomenclateurs, je n'ai pu m'eiïipècher desentir que la Nature, par-tout belle etsimple, eût été plus facile à connaître enelle-même qu'embarrassée de nos erreurs,ou surchargée de nos méthodes , et quemalheureusement on a perdu, pour les établiret les discuter, le tems précieux qu'on eûtemployé a la contempler et à la peindre.La spatule est toute blanche ; elle est dela grosseur du héron, mais elle a les piedsmoins hauts et le cou moins long, et garnide petites plumes courtes ; celles du bas dela tète sont longues et étroites; elles formentun panache qui retombe en arrière ; la gorge»est couverte et les yeux sont entourés d'unenue ; les pieds et le nu de la jambe sontcouverts d'une peau noire, dure et écaille use;une portion de membrane unit les doigtsvers leur jonction, et par son prolongementles frange et les borde légèrement jusqu'àl'extrémité; des ondes noires transversales semarquent sur le fond de couleur jaunâtre dubec dont l'extrémité est d'un jaune quelquefoismêlé de rouge; un bord noir tracé parune rainure forme comme un ourlet relevétout autour de ce bec singulier, et l'on voiton dedans une longue gouttière sous la


DE LA SPATULE. 341mandibule supérieure; mie petite pointe,recourbée en dessous, termine l'extrémitéde cette espèce de palette qui a vingt-troislignes dans sa plus grande largeur, et paroîtintérieurement sillonnée de petites stries quirendent sa surface un peu rude et moins lissequ'elle ne l'est en dehors; près de la tète,la mandibule supérieure est si large et siépaisse que le front semble y être entièrementengagé; les deux mandibules, près de leurorigine, sont également garnies intérieurementvers les bords de petites tuberculesou mamelons sillonnés, lesquels ou serventà broyer les coquillages que le bec de laspatule est tout propre à recueillir, ou àretenir et arrêter une proie glissante; car ilparoît que cet oiseau se nourrit égalementde poissons, de coquillages, d'insectes aquatiqueset de vers.La spatule habite les bords de la mer, etne se trouve que rarement dans l'intérieurdes terres (1), si ce n'est sur quelques lacs (2),et passagèrement aux bords des rivières; elle(1) « La cuiller est extrêmement rare dans ce paysci: on en tua une près de Chartres , il y a quelqueannées)). (Salerne, Ornith. pag. 317.)(2) Comme sur ceux de Bientina et de Fucecchio\ O


» • • • • - . . . • •• 1 11 .i 1.1 . 1- . 1 r 1 1 — • m342 HISTOIREpréfère les côtes marécageuses; on la voitsur celles du Poitou, de la Bretagne (i), dela Picardie (2) et de la Hollande : quelquesendroits sont même renommés par l'affluencedes spatules qui s'y rassemblent avec d'autresespèces aquatiques, tels sont les marais deSevenhuis, près de Leyde (3).Ces oiseaux font leur nid à la sommitédes grands arbres voisins des côtes de la mer,et le construisent de bûchettes; ils produisenten Toscane, suivant Gerini, Storia d'egl 9 uccelli 7tom. IV, pag. 55. Il se trompe d'ailleurs en appelantcet oiseau pélican.(1)


DE LA SPATULE. 543trois ou quatre petits; ils font grand bruitsur ces arbres dans le tems des nichées, ety reviennent régulièrement tous les soirs sepercher pour dormir (i).De quatre spatules décrites par MM. del'académie des sciences (2), et qui étoienttoutes blanches, deux avoient un peu denoir au bout de l'aile, ce qui ne marque pasune différence de sexe, comme Aldrovandel'a cru, ce caractère s'étant trouvé égalementdans un maie et dans une femelle ; la languede la spatule est très-petite, de forme triangulaire, et n'a pas trois lignes en toutes dimensions;l'œsophage se dilate en descendant, etc'est apparemment dans cet élargissementque s'arrêtent et se digèrent les petites mouleset autres coquillages que la spatule avale, etqu'elle rejette quand la chaleur du ventriculeen a fondu la chair (3); elle a un gésierdoublé d'une membrane calleuse, commeles oiseaux granivores; mais, au lieu des(1) Belon.(2) Mémoires de l'académie, depuis 1666 jusqu'en1669 , tom. III, partie 3 , pag. 27 et 29.(5) Platea cum devoratis se implevit conclus , caloreventris codas evondt, ettque ex Us esculenta legit } testasexcernens. Plin. lib. 10, cap. 56.Y 4


344 H I S T O I R Ecœcum qui se trouvent dans ces oiseaux àgésier, on ne lui remarque que deux petiteséminences très - courtes à l'extrémité del'iléon; les intestins ont sept pieds de longueur; la trachée-artère est semblable àcelle de la grue, et fait dans le thorax unedouble inflexion ; le cœur a un péricarde,quoique Aldrovande dise n'en avoir pointtrouvé (i).Ces oiseaux s'avancent en été jusques dansla Bothnie occidentale et dans la Laponie,où l'on en voit quelques-uns suivant Linnseus;en Prusse, oùils ne paroissent égalementqu'en petit nombre, et où durant lespluies d'automne ils passent en venant dePologne (2). Rzaczynski dit qu'on en voit,mais rarement en Volhinie (3);il en passeaussi quelques-uns en Silésie dans les moisde septembre et d'octobre (4);ils habitent,cité.(1) Voyez les Mémoires de l'académie, à l'endroit(2) Klein, de Avibus erraticis, pag. i65 et 195.(3) Auctuar. Hist. nat. polon. pag. 408.(4) Aviar. Siles. pag. 31 4. Schwenckfeld, en cetendroit, paroît confondre le pélican avec la spatule,puisqu'il y rapporte , d'après Isidore et Saint-Jérôme,la fable de la résurrection des petits du pélican , par lesang qu'il verse de sa poitrine quand le serpent les luia tués.


DE LA SPATULE. 345comme nous l'avons dit, les côtes occidentalesde la France; on les retrouve sur cellesd'Afrique, àBissao, vers^Sierra-Léona (i);en Egypte, selon Granger (2); au cap deBonne-Espérance, où Kolbe dit qu'ils viventde serpens autant que de poissons, et où onles appelle slangen-vreeter, niange-serpens(3).M. Commerson a vu des spatules à Madagascar, où les insulaires leur donnent le nomde fangali-am-bava, c'est-à-dire, bêche aubec (4). Les nègres, dans quelques cantons 5appellent ces oiseaux vang-van; et dansd'autres vourou-doulon, oiseaux du diable 9par des rapports superstitieux (5). Cetteespèce, quoique peu nombreuse, est donctrès-répandue, et semble même avoir fait le(1) Voyez la relation de Brue, Histoire généraledes voyages , tom. II, pag. 5c)o.(2) Voyage de Granger; Paris , 174^ > P a g« 2^7.(5) Kolbe , Description du cap de Bonne-Espérance,tom. III, pag. 175 *, sa notice n'est pas juste en tout,et il nomme mal à propos l'oiseau pélican ; mais lafigure est celle de la spatule.(4) Vourou-goudron , suivant Flaccourt.(5) Les nègres lui donnent ce nom , parce que lorsqu'ilsl'entendent , ils s'imaginent que son cri annoncela mort à quelqu'un du village. ( Note laissée parM. Commerson.)


346 H I S T O I R Etour de l'ancien continent. M. Sonneratl'atrouvée jusqu'aux îles Philippines (i); et,quoiqu'il en distingue de deux espèces, lemanque de huppe, qui est la principaledifférence de l'une à l'autre, ne nous paroîtpas former un caractère spécifique, et jusqu'àce jour nous ne connoissons qu'une seuleespèce de spatule, qui se trouve être à peuprès la même du nord au midi, dans toutrancien continent ; elle se trouve aussi dansle nouveau , et quoique l'on ait encore icidivisé l'espèce en deux, on doit les réunir enune, et convenir que la ressemblance de cesspatules d'Amérique avec celles d'Europeest si grande , qu'on doit attribuer leurspetites différences à l'impression du climat.* La spatule d'Amérique (2) est seulement(1) Voyage à la nouvelle Guinée , pag. 89.* Voyez les planches enluminées, n° i65.(2) Ajaia brasiliensibus, colherado lusitauis ,belgislepelaer. Marcgrave, Hist. nat. bras. pag. 2o4- —Ayaia. Laët. Nov. orb. pag. 575. — Jonston, Avi.pag. 13p et 15o. — Platea brasiliensis, ajaia dicta, etc.Willulghby, Ornithol. pag. 215. — Bay ? Synops. avi.pag. 102, n° 5. — Platea brasiliensis. Klein, Avi.pag. 126, n° 2. — Ardea rosea , spatula die ta. Barrère,France équinox. pag. 124* — Platea americana, alboroseoque colore mlxta. Idem, Ornith. clas. 3 , gen. 29,


DE LA SPATULE. 547un peu moins grande dans toutes ses dimensionsque celïe d'Europe; elle en diffèreencore par la couleur de rose ou d'incarnatsp. 2. — Platalea corpore sanguineo , ajaia- Lin. Syst,nat. edit. 10, gen. 73, sp. 2 (*).—Platea rosea y capiteanterlore et gutture nudls , caudicantibus y collo supremocandido ; tectricibus caudœ superioribus et inferioribuscoccineis ; rectrïcibus roseis.Ornith. tom. V, pag. 556.Tlauhquechui.platea rosea. Brisson,Fernandez , Hist. avi. nov. Hispan.pag. 49? ca P- 178. — Jonston, Avi. pag. 126. —Charleton , Exercit. pag, 119, n° 2. Idem, Onomazt.pag. 116 , n°2. — Avis vivivora. Nieremberg , pag. 214.— Ardea phenicea , spatula dicta. Barrère, Franceéquinox. pag. 125. Platea americana phenicea. Idem ,Ornithol. clas. 3, gen. 2.9, sp. 3. —tota. Klein , Avi. pag. 126 , n° 3. —Platea sanguineaTlauhquechui, seuplatea mexicana, etc. Willulghby, Ornith. pag. 215.— Ray , Synops. avi. pag. 102 , n° 2. — Platea incarnata.Sloane, Jamaïc. pag. 5i6, n° 7. —Plateacorpore sanguineo . tlauhquechui, seu platea mexicana.Lin. Syst. nat. edit. 10, gen. 75, sp. 2, var. b. —Platea coccinea ; capite anteriore et gutture nudis 9caudicantibus , torque nigro; collo supremorectrïcibus coccineis. ..Ornithol. tom. V, pag. 359.candido;platea coccinea. Brisson,( * ) Edit. i3 . gen. 80 sp. 1. Des ornithologistes ontséparé cet oiseau de la spatule blanche et l'on regardé commeune espèce distincte. Platalea corpore roseo , tectricibus caudœcoccineis . rectricibus roseis platalea ajaja. Latham. Syst»ornith. gen. 64, sp. 2. J. J. VIRE Y.


548 H I S T O I R Eqni relève le fond blanc de son plumagesur le con, le dos et les flancs ; les ailessont plus fortement colorées, et la teintede rouge va jusqu'au cramoisi sur les épauleset les couvertures de la queue , dont lespennes sont rousses ; la côte de celles del'aile est marquée d'un beau carmin,- la têtecomme la gorge est nue ; ces belles couleursn appartiennent qu'à la spatule adulte;car on en trouve de bien moins rouges surtout le corps et encore presque toutesblanches, qui n'ont point la tête dégarnie,et dont les pennes de l'aile sont en partiebrunes, restes de la livrée du premier âge.Barrère assure (i) qu'il se fait dans le plumagedes spatules d'Amérique le mêmeprogrès en couleur avec l'âge que dansplusieurs autres oiseaux, comme les courlisrouges et les phénicoptères ou flammans,qui , dans leurs premières années , sontpresque tout gris ou tout blancs , et nedeviennent rouges qu'à la troisième année,-il résulte de là que l'oiseau couleur de rosedu Brésil, ou Yajaja de Marcgrave ( i ) ,décrit dans son premier âge avec les ailes(i) France équinoxiale , pag. i?*5.(2) Voyez la nomenclature précédente.


DE LA SPATULE. 349d'un incarnat tendre, et la spatule cramoisiede la nouvelle Espagne, ou la tlauhquechuide Fernandez, décrite dans l'âge adulte, nesont qu'un seul et même oiseau. Marcgravedit qu'on en voit quantité sur la rivière deSaint-François ou de Sérégippe, et que sacliair est assez bonne. Fernandez lui donneles mêmes habitudes qu'à notre spatule, devivre au bord de la mer de petits poissons.,qu'il faut lui donner vivans quand on veutla nourrir en domesticité (1), a ayant, dit-il,expérimenté qu'elle ne touche point auxpoissons morts ( 2 ) ».Cette spatule couleur de rose se trouvedans le nouveau continent, comme la blanchedans l'ancien , sur une grande étendue, dunord au midi, depuis les côtes de la nouvelleEspagne et de la Floride (3) jusqu'à(1) La spatule d'Europe ne refuse pas de vivre encaptivité; « on peut, dit Belon , la nourrir d'intestinsde volailles)). Klein en a long-tems conservé une dansun jardin, quoiqu'elle eût eu l'aile cassée d'un coupde feu.(2) C'est apparemment de cette particularité queNieremberg a pris occasion de l'appeler avis vivivora.(3) Voyez le Page du Pratz , Histoire de la Louisiane, tom. II , pag. 116. « On nous a envoyé dela Balize ( h la nouvelle Orléans ) un gros oiseau


55oH I S T O I R Ela Guiane et au Brésil : on la voit aussi à laJamaïque ( i ), et vraisemblablement dansles autres îles voisines ; mais l'espèce peunombreuse n'est nulle part rassemblée : àCayenne , par exemple, il y a peut-être dixfois pltis de courlis que de spatules, leursplus giandes troupes sont de neuf ou dix auplus, communément de deux ou trois, etsouvent ces oiseaux sont accompagnés desphénicoptères ou flammans. On voit , lematin et soir, les spatules au bord de la mer,ou sur des troncs fïottans près de la rive;mais, vers le milieu du jour, dans le temsde la plus grande chaleur, elles entrent dansles criques, et se perchent très-haut sur lesarbres aquatiques; néanmoins elles sont peusauvages ; elles passent en mer très-près descanots, et se laissent approcher assez à terrépour qu'on les tire, soit posées, soit au vol;qu'on appelle spatule, à cause de son bec qui a celteforme-, il a le plumage blanc, qui devient d'un rougeclair : il se rend familier et reste dans les basse-cours ».( Extr. d'une lettre de M. de Fontette , du 20 octobre,ann. 1750. )(2) The american scarlet pelecan , or spoon-bill,tlauhquechui Fernand. ajaia brasil. etc. Sloane , Jam.vol, II, pag. 317.


DE LA SPATULE.35ileur beau plumage est souvent sali par lavase ou elles entrent fort avant pour pêcher,M. de la Borde, qui a fait ces observationssur leurs mœurs , nous confirme celle deBarrère au sujet de la couleur, et nous assureque ces spatules de la Guiane ne prennentqu'avec l'âge et vers la troisième année cettebelle couleur rouge, et que les jeunes sontpresque entièrement blanches (i).M. Bâillon, auquel nous devons un grandnombre de bonnes observations, admet deuxespèces de spatules, et me mande que toutesdeux passent ordinairemej.it sur les côtes dePicardie dans les mois de novembre et d'avril,et que ni Tune ni l'autre n'y séjournent ;elles s'arrêtent un jour ou deux près de lamer et dans les marais qui en sont voisins;elles ne sont pas en nombre, et paroissentêtre très-sauvages.La première est la spatule Commune , quiest d'un blanc fort éclatant, et n'a point dehuppe. I^a seconde espèce est huppée et pluspetite que l'autre ; et M. Bâillon croit queces différences, avec quelques autres variétésdans les couleurs du bec et du plumage, sont(Ï) Mémoires de M. de la Borde, médecin du roi àCayenne.


35sH I S T O I R Esuffisantes pour en faire deux espèces distincteset séparées.Il est aussi persuadé que toutes les spatulesnaissent grises comme les hérons-aigrettes,auxquels elles ressemblent par la forme ducorps, le vol et les autres habitudes ; il parlede celles de Saint-Domingue comme formantune troisième espèce ; mais il nous paroît,par les raisons que nous avons exposées cidevant, que ce ne sont que des variétésqu'on peut réduire à une seule et mêmeespèce, parce que l'instinct et toutes les habitudesnaturelles, qui en résultent, sont lesmêmes dans ces trois oiseaux.M. Bâillon a observé sur cinq de ces spatulesqu'il s'est donné la peine d'ouvrir, quetoutes avoient le sac rempli de chevrettes ,de petits poissons et d'insectes d'eau ; etcomme leur langue est presque nulle , etque leur bec n'est ni tranchant ni garni dedentelures, il paroît qu'elles ne peuvent guèresaisir ni avaler les anguilles ou d'autres poissonsqui se défendent, et qu'elles ne viventque de très - petits animaux, ce qui lesoblige à chercher continuellement leur nourriture.Il y a apparence que ces oiseaux font,dans de certaines circonstances, le mêmeclaquement


DE LA SPATULE. 553claquement que les cigognes avec leur bec ;car M. Bâillon, en avant blessé un, observaqu'il faisoit ce bruit de claquement, et qu'ill'exécutai t en faisant mouvoir très-vite etsuccessivement les deux pièces de son bec,quoique ce bec soit si foible qu'il ne peutserrer le doigt que mollement.TOME LVII.Z


354 HISTOIRELA PETITE SPATULE (i),P A R J. J. V I R E Y.JLi A Nature n'a pas tellement-fixé la tailledans les mêmes genres d'animaux , qu'onn'y rencontre des différences frappantes. Lataille commune des spatules blanches et desspatules roses est d'environ deux pieds etquelques pouces , mais celle de notre petitespatule surpasse à peine la grandeur d'unmoineau : elle est ainsi l'un des plus petitsoiseaux de rivage ; et si sa nourriture estproportionnée à son corsage , il y a grandeapparence qu'elle est principalement destinéeà purger la fange humide de cette multitudede vers et de larves d'insectes quipullulent dans les marécages.Le bec de notre petite spatule paroît bienconformé pour cet usage ; son extrémité estpresque en forme de losange. Il est entièrementnoir, à l'exception des angles et de(i) Platalea corpore suprà fusco subtus albo.plataleapygmœa. Lin. Syst. nat. edit. i3 , gen. 80, sp. 3.— Latham, Syst. ornith. gen. 64 ; sp. 3.


DE LA SPATULE. 355l'extrémité de la mandibule supérieure; salongueur surpasse celle de la tête.Les tiges des pennes de l'aile sont blanches;la queue, qui est courte et arrondie, estblanchâtre ; les pieds sans membranes sontarmés d'angles aigus ; enfin le plumage decet oiseau est entièrement brun dans sesparties supérieures, et blanc dans les inférieures.Son pays natal est la Guiane et Surinam.Il paroît que Bancroft (i) l'a remarqué lepremier. Il est aussi décrit dans le Muséumde Frédéric Adolphe (2).(1) Nat. hist. ofGujana, pag, 171.(2) Mus. ad. frid. C. Lin. part. II ; pag. 26-Z 2


556 HISTOIRE-• • "• •' • •• • • • • • • • • ' - • _• •• '• J^ — — — • • • • — - ^ - ^LA BÉCASSE (i) (2).Voyez les planches enluminées, n 6de ce volume.885; et pi. CXCV,IL A bécasse est peut-être de tous les oiseauxde passage celui dont les chasseurs font le(1) Eh grec, skolopax, que Gaza traduitgallinago.En grec moderne, xylornis^ou xylornla ( a la bécassequi avoit anciennement le nom de scolopax , se ressentfncore quelque peu de son antique appellation grecque fcar encore pour le jourd'hui la nomment xilornitha ,c'est-à-dire , poule de bois , qui est conforme à sa dictionlatine gallinago ri. Belon, Obs. pag. 12). Enlatin, perdix rustica, rusticula. (Belon se trompe,suivant la remarque d'Aldrovande , en prenant laperdix rustica des anciens pour le râle. ) La bécassen'est point non plus la gallina rustica de Columelle ,puisqu'il dit celle-ci semblable à la poule domestique,gallinœ villaticœ ). En italien, becassa, becaccla,galllnella, gallina arciera ou rusticella et salvatlca.En Lombardie , gallinacia. En Toscane , acceggia. ARome ,plzzarda , suivant Olina , dalplzzo, che tantovale quanto dlr becco. En catalan , beccada. En allemand, schnepffe, schnepjfhun, gross-schnepffe, puschschnepffe, tvald - schnepffe , holtz- schnepffe , bergschnepffe.En flamand, sneppe. En polonais, slotnka


cxcr.t&â 0 /. /? s#6./>,- d\-iw t/ef.1. LA BECASSE .2 LA BECASSINE£e Jefleer ,/\


DE LA BECASSE. 35 7plus de cas , tant à cause de l'excellence desa chair que de la facilité qu'ils trouvent àet pardpva. En turc, tcheluk. En suédois, merkulla.En anglais, wood-cock (de wood-cock y on avoit faitdans l'ancien français ivit-coc , et ensuite vit-de-coq.Belon corrige cette dénomination ridicule -, elle seconserve encore en Normandie ). En Guienne, bécade.En Poitou, acée, de acus, suivant Borel. Dans Cotgrave, assée , bec-dasse ou solart; le mot bécasses'écrivoit anciennement béquasse.Bécasse. Belon, Nat. des oiseaux , pag. 272 , avecune figure peu exacte , planche CCLXXIII. — Bécasse 9(*) Le nom anglais wood-cock signifie coq des bois ; mais,selon la remarque de l'auteur moderne du Traité de la chasseau fusil, page 369 , la dénomination de videcoq n'est plus enusage en Normandie, et celle de bécasse y est générale ; ilparoît même que la première a été appliquée autrefois enNormandie à un oiseau tout différent de la bécasse. En effeton lit, dans les registres de la ville de Harfleur, le compte dedépense d'\jn dîner que Ton y donna en i5^6 au roi François1er- il «$t dit dans un article de cette dépense, dont lasomme totale monte à 35 livres 16 sols : « perdrix, canards,videcoqs, pluviers , lapins , chapons et autres sauvagins ,7 livres i5 sols,)) et l'on observera qu'il n'y a point debécasses en France au mois d'août ; mais, d'un autre côté , iln'y a pas davantage de pluviers. Une autre remarque qui faitcroire que le videcoq ou vit-de-coq de nos pères ne design oitpas la bécasse , c'est que l'auteur d'un livre intitulé le roiModus,qui écrivoit au quatorzième siècle, enseigne au dernierchapitre la manière de prendre es mares et es sourcesles videcocs, les bécasses et les oist aux de rivière. Il y abeaucoup d'apparence que ces videcocs sont les bécassines,SONNINI.z 3


358 HISTOIREse saisir de ce bon oiseau stupide qui arrivedans nos bois vers le milieu d'octobre , enbécasse grande, béquasse , videcoq. Idem, Portraitsd'oiseaux, pag. 56, b, même figure. — Gallina rustica.Gesner , Avi. pag. 477. — Rustlcula velperdix rusticamajor. Idem, ibidem, pag. 5oi , avec une figure peuexacte, pag. 5o2. — Idem, Icon. avi. pag. 110 , avecla même figure. Scolopax sive perdix rustica. Aldrovande, Avi. tom. III, pag. 47 Î ? avec une mauvaisefigure , pag. 473. —Scolopax. Jonston , Avi. pag. 110,avec la figure empruntée d'Aldrovande , tab. 5i ; etune autre aussi peu exacte, tab. 53 , sous le nom derusticola. — Willulghby , Ornithol. pag. 2i3 , avecune figure, tab. 55. Sibbald. Scot. illustr. part. II,lib. 3 , pag. 18. — Scolopax, galllnago maxima. Ray,Synops. avi. pag. 104 j n° 1 , a. — Scolopax simpllciterAristotelis , Aldrovandi. Klein , Avi. pag. 99 , n° 1. —Scolopax, rustlcula major. Charlet. Exercit. pag. 112,n° 7. — Idem, Onomazt. pag. 108 , n° 7. — Rustlcula.Moehring, Avi. gen. 97. — Scolopax subtus fulva,supernè cinerea. Barrère, Ornithol. clas. 3, gen. 12,sp. 1.— Scolopax rostro recto levi,pedibus cinereis;femoribus tectls, flasclâ frontls nigrâ. rusticola.Lin. Syst, nat. edit. 10 , gen. 77 ,*&p. 7 — Numeniusrostri apice lœvi; capite lineâ utrinquè nigrâ, rectrïcibusnigris, apice albis. Idem , Fauna suec. n° 141- —Perdix rustica major, scolopax, etc. Rzaczynski ,Hist. nat. polon. pag. 292. — Idem , Auctuar. pag. 4°9«•— Perdix rustica major. Schwenckfeld, Avi. Siles.pag. 329. — Wood cock. Borl. Nat. hist. of Cornvalis ,pag. 245. — Vie pvald schnepfe. Frisch, volume II*


DE LA BECASSE.55gmême tems que les grives (3) (4). La bécassevient donc dans cette saison de chasseabondante augmenter encore la quantité dubon gibier (5) ; elle descend alors des hautes• — - — - *divis. 12 , sect. 4 > pi. ni et iv , le mâle et la femeHe ;et vu une bécasse blanche. — Bécasse. Albin , tom. I ,pag. 62 , avec une figure peu exacte , pi. LXXIX. —-Scolopax supernè castaneo, nigro et griseo variegata 9infernè griseo rufescens, nigricante transversim striata ;tœniâ utrinquè , rostrum inter et oculum nigrâ ; gutturevandlcante ; collo superlore tœniis quatuor transversisnigris insignito ; uropygio castaneo , nigricante transversimstriato ; rectrïcibus nigris, apice griseis , maculistriangularibus castaneis in margine exterlore notatis.. .scolopax. Brisson, Ornith. tom. V, pag. 292.(2) Scolopax rostro recto basi rufescente , pedibuscinereis , femoribus tectls , fasciâ capitis nigrâscolopax rusticola. Lin. Syst. nat. éd. i3 , gen. 86 , sp. 6.Scolopax castaneo , nigro griseoque varia , subtusrufescens fasciolis nigris, fasciâ capitis nigrâ , femoribustous. . . scolopax rusticola. Latham , Syst. ornith.gen. 72, sp. 1. SONNINI.(3) Sœpe numéro adventantibus lurdis autumno , etcapitur scolopax. Aloysius Mundella. Apud Gesner.pag. 485.(4) L'on a vu quelquefois des bécasses au mois deseptembre ; mais cela est rare.SONNINI.(5) Le tems de la chasse est bien désigné dans lepoète Nemesianus.Cum nemus omne suo viridi spoliatur honore•. , . prœda est facilis et amœna scolopax.z 4


56oHISTOIREmontagnes où elle habite pendant l'été , etd'où les premiers frimais déterminent sondépart et nous l'amènent, car ses voyagesne se font qu'en hauteur dans la région del'air, et non en longueur , comme se fontles migrations des oiseaux qui voyagent decontrées en contrées (i) ; c'est des sommetsdes Pyrénées et des Alpes , où elle passel'été , qu'elle descend aux premières neigesqui tombent sur ces hauteurs dès le commencementd'octobre, pour venir clans les bois(i) aLa bécasse est oyseau se tenant Pété ez haultesmontaignes des Alpes, Pyrénées, Souisse , Savoy e etAuvergne, ou les avons souvent vues en tems d'été-,mais elles se partent l'hyver pour venir chercher pâtureça bas par les plaines et bois taillis, et d'autantqu'il y a de telles haultes montaignes en Grèce , cen'est étrange qu'Aristote n'ait dit qu'elles sont passagères: et de fait, la bécasse ne ressemble les autresqui s'en vont du tout hors de la région, en tant qu'elleschangent seulement leur demeure ; l'esté en la montagne, et l'hyver ez plaines , là où tandis que leshaultes montaignes sont congelées, hantant les sourceschaudes et autres lieux humides pour pâturer , tirent ^les achées, qu'on dit autrement les verms , hors deterre avec leur long bec j et pour ce faire, volent soiret matin , faisant leur demeure le jour aux lieux couverts,et la nuit découverts)). (Belon, Nat des ois*pag. 2 7 3.)


DE LA BECASSE.36ides collines inférieures et jusques dans nosplaines.Les bécasses arrivent la nuit et quelquefoisle jour, par un tems sombre (i) (2),toujours une à une ou deux ensemble , etjamais en troupes (3) ; elles s'abattent dansles grandes haies, dans les taillis, dans lesfutaies , et préfèrent les bois où il y a beaucoup,de terreau et de feuilles tombées ; elless'y tiennent retirées et tapies tout le jour,et tellement cachées, qu'il faut des chienspour les faire lever , et souvent elles partentsous les pieds du chasseur ; elles quittent cesendroits fourrés et le fort du bois à l'entréede la nuit, pour se répandre dans les clairièresen suivant les sentiers ; elles cherchentles terres molles, les paquis humidesà la rive du bois et les petites mares, oùelles vont pour se laver le bec et les pieds( 1 ) Ccelo nebuloso advolare et avolare dicuntur.Willulghby.(2) Les vents du levant et du nord-est sont ceuxqui amènent le plus de bécasses, sur-tout lorsqu'ilssont accompagnés de brouillards. SONNINI.(3) L'auteur du Traité de la chasse au fusil contestecette assertion , et il cite plusieurs faits qui prouventque les bécasses arrivent en troupes. (Pag. 370 et suiv.)S O V N I N I.


562 H I S T O I R Equ'elles se sont remplis de terre en cherchantleur nourriture. Toutes ont les mêmesallures, et l'on peut dire , en général, queles bécasses sont des oiseaux sans caractères,et dont les habitudes individuelles dépendenttoutes de celles de l'espèce entière.La bécasse bat des ailes avec bruit en partant; elle fileassez droit dans une futaie ;mais , dans les taillis , elle est obligée defaire souvent le crochet ; elle plonge envolant derrière les buissons pour se déroberà l'œil du chasseur (i) ; son vol , quoiquerapide, n'est ni élevé, ni long-tems soutenu ;elle s'abat avec tant de promptitude , qu'ellesemble tomber comme une masse abandonnéeà toute sa pesanteur ; peu d'instansaprès sa chute elle court avec vitesse ,• maisbientôt elle s'arrête, élève sa tête, regardede tous côtés pour se rassurer avant d'enfoncerson bec dans la terre. Pline compareavec raison la bécasse à la perdrix pour lacélérité de sa course (2), car elle se dérobede même ; et lorsqu'on croit la trouver oùelle s'est abattue , elle a déjà pietté et fui àune grande distance.(1) Willulghby.(2) Rustlcula et pcrdlces currunt. Plin.


DE LA BECASSE. 563Il paroît que cet oiseau , avec de grandsyeux, ne voit bien qu'au crépuscule, et qu'ilest offensé d'une lumière plus forte (i); c'estce que semble prouver ses allures et ses mouvemens, qui ne sont jamais si vifs qu'à lanuit tombante et à l'aube du. jour ; et cedésir de changer de lieu , avant le lever ouaprès le coucher du soleil, est si pressant etsi profond , qu'on a vu des bécasses renferméesdans une chambre prendre régulièrementun essor de vol tous les matins et tousles soirs; tandis que, pendant le jour ou lanuit, elles ne faisoient que pie t ter sans s'élancerni s'élever, et apparemment les bécassesdans les bois restent tranquilles quandla nuit est obscure ; mais, lorsqu'il y a clairde lune , elles se promènent en cherchantleur nourriture : aussi les chasseurs nommentla pleine lune de novembre la lune desbécasses , parce que c'est alors qu'on enprend en grand nombre ; les pièges se tendentou la nuit ou le soir ; elles se prennent à lapan tenue , au rejet, au lacet ,• on les tue aufusil sur les mares, sur les ruisseaux et lesgués à la chute. La pantenne ou pentière est( ï ) De là vient que les espagnols appellent la bécassegallina ciega, poule aveugle.SONNINI.


564 HISTOIREun filet tendu entre deux grands arbres, dansles clairières et à la rive des bois où l'on aremarqué qu'elles arrivent ou passent dansle vol du soir (i). La chasse sur les mares(ï) On travaille des pantières de deux espèces, lespantières simples y et les pantières contre-malllées ou àbouclettes. Toutes doivent être faites de bon filet deforts cordeaux auxquels on donne une teinture brunequi les conserve et les rend moins apparens au gibier._La pantlère simple n'est composée que d'une simplenappe dont les mailles ont deux pouces et demi de large ,et qui est ordinairement longue de cent pieds et hautede trente. Ce.filet est attaché aux quatre coins par deforts cordeaux, dont les deux qui tiennent aux perchessont très-longs, afin que la pantière détraquée puissetomber jusqu'à terre , les deux autres sont courts etassujettissent le filet à deux piquets solidement fichésen terre. Deux fortes perches attachées aux arbresservent à tendre la pantière au moyen de deux anneauxde fer , par lesquels passent les deux longs cordeauxqui vont s'accrocher dans une espèce de loge que l'oiseleurs'est construite. Aussitôt qu'une bécasse vientà donner dans le filet, on le détraque pour l'amasser ,et on s'empresse de relever la pantière , car avantqu'elle soit retendue, il se présente quelquefois unenouvelle bécasse.La pantière contre-maillée est faite de trois nappes jdeux sont à grandes mailles, et l'autre qui est dansle milieu a des mailles en losange et de deux poucesîle largeur seulement. Un fort cordeau qui unit


DE LA BECASSE. 365se fait aussi le soir ; le chasseur cabane sousune feuillée épaisse , à portée du ruisseauou de la mare fréquentée par les bécasses,ces trois pièces , sert aussi à les suspendre au moyeîid'anneaux placés à un demi - pied l'un de l'autre; oupasse un autre cordeau dans ces anneaux ; celui-ci sertde tringle sur laquelle toute la machine joue commedes rideaux de lit ; on l'attache à deux arbres et on letend assez pour que le bas du filet soit à quatre piedsau dessus de terre. Une forte ficelleest destinée à développeret à étendre la pantière. Le détraquement leplus en usage est un crampon de fer en forme de croissant, terminé par une vis en bois, que l'on fichediamétralementdans un arbre; un petit morceau de boiscylindrique attaché au cordeau sert de triquet j etquand il se présente une occasion de détraquer le piège,on fait échapper le triquet et la pantière tombe : pourqu'elle fasse bien son effet en tombant „ elle doit seplisser et envelopper l'oiseau. Cette chasse n'est bonnequ'en automne y parce qu'au printems les bécasses nesuivent pas les vallons et les clairières. Un tems calmeet couvert, des alentours tranquilles et abrités , unelégère pluie tombée le matin, sont des circonstancesfavorables pour faire usage de la pantière. L'endroitle plus convenable pour la placer est un vallon creux,étroit, arrosé par une fontaine, ou dans le voisinagede quelque terrain fangeux , de quelque marécage, ouenfin couvert d'herbe entre deux bois hauts, sombreset épais.C'est pendant le crépuscule que cette chasse , dont


366 HISTOIREet qu'il approprie encore pour les attirer, lesattend à la chute ; et peu de tems après lecoucher du soleil, sur-tout par les vents douxde sud et de sud-ouest, elles ne manquentpas d'arriver une à une ou deux ensemble,et s'abattent sur l'eau où le chasseur les tirepresque à coup sûr : cependant cette chasseest moins fructueuse et plus incertaine quecelle qui se fait aux pièges dormans , tendusdans les sentiers , et qu'on appelle rejets (i) ;c'est une baguette de coudrier ou d'autrebois flexible et élastique, plantée en terreet courbée en ressort , assujettie près duterrain à un trébuche t que couronne unnœud coulant de crin ou de ficelle ; on embarrassede branchages le reste du sentieroù-l'on a placé le rejet, ou bien, si l'on tendsur les paquis, ou y pique des genêts ou deson avoit fait un ^privilège de la féodalité , s'exécuteavec assez de fruit pour prendre quelquefois une douzaiuede bécasses en une demi-heure, et six à sept centsdans une saison. Il arrive aussi que des compagnies deperdrix ou d'autres oiseaux , et même des lapins , de^renards et jusqu'à des loups donnent dans la pantière ,et s'y trouvent pris si oh la fait tomber.SONNINI.(I) En Bourgogne, regipeaux. En Champagne et enLorraine, regimpeaux.


DE LA BECASSE. 667genièvres en files , plies de manière qu'il nereste que le petit passage qu'occupe le piège,afin de déterminer la bécasse , qui suit lessentiers et n'aime pas s'élever ou sauter, àpasser le pas du trébuchet, qui part dès qu'ilest heurté , et l'oiseau, saisi par le noeudcoulant, est emporté en l'air par la branchequi se redresse ; la bécasse , ainsi suspendue,se débat beaucoup , et le chasseur doit faireplus d'une tournée dans sa tendue le soir,et plus d'une encore sur la fin de la nuit ;sans quoi le renard , chasseur plus diligent,et averti de loin par les battemens d'ailesde ces oiseaux, arrive et les emporte les unsaprès les autres ; et sans se donner le temsde les manger , il les cache en différens endroitspour les retrouver au besoin.Au reste, on reconnoît les lieux que hantela bécasse , à ses fientes, qui sont de largesfécules blanches et sans odeur (1) ; pour l'attirersur les paquis où il n'y a point de sentiers, on y trace des sillons ,• elles les suit,cherchant les vers dans la terre remuée , etdonne en même tems dans les collets ou lacetsde crin disposés le long du sillon (2).(1) En terme d'oiselerie, ses fientesse nommentmiroirs. S o N N i N r.(2) Une des chasses au fusil de la bécasse est celle


568 HISTOIREMais n'est-ce pas trop de pièges pour uitoiseau qui n'en sait éviter aucun ? La bécasseest d'un instinct obtus et d'un naturel stu^pide (i); elle est moult sotte bête, dit Belon;qu'on appelle la passe. L'on Se rend au bois vers lecrépuscule ; on se place dans un chemin vis-à-vis d'uneclairière , et bientôt l'on entend les cris des bécassesqui passent et que le chasseur peut tirer à l'aise-, onpeut les attendre de la même manière à la volée dumatin-, il y a tel de ces passages où l'on voit douze àquinze bécasses pendant une demi-heure que durecette sorte d'affût.Pendant le jour on les chasse dans les bois en lesfaisant lever devant soi ; un chien d'arrêt n'est pointcommode, parce que, quand il est en arrêt, l'on ne saitla plupart du tems ce qu'il est devenu à cause del'épaisseur du bois. Pour parer à cet inconvénient, ilest à propos d'attacher au cou du chien de gros grelots,au bruit desquels on le suit à l'oreille , et lorsque cebruit vient à cesser, l'on sait où est le chien et qu'ilest en arrêt. U y a quelques chiens de plaine quidonnent de la voix sur la bécasse lorsqu'elle prend saVolée , et avertissent le chasseur de se tenir sur sesgardes.SONNINI.(I) Apud nos y dit Willulghby, ob stolldltatem infamisest hœc avis adeo ut scolopaxpro stolidoproverbiallteracclpiatur. C'est apparemment encore d'après cecaractère de stupidité que le docteur Shaw nous ditqu'on la nomme en Barbarie hammar el hadjel, l'ânedes perdrix. (Shaw, Travels, page 255.)elle


DE LA BECASSE.56gelle l'est vraiment beaucoup si elle se laisseprendre de la manière qu'il raconte , et qu'ilnomme folâtreriez un homme couvert d'unecappe couleur de feuilles sèches, marchantcourbé sur deux courtes béquilles , s'approchedoucement , s'arrèlant lorsque labécasse le fixe , continuant d'aller lorsqu'ellerecommence à errer jusqu'à ce qu'il la voiearrêtée, la tète basse ; alors frappant doucementde ces deux bâtons l'un contre l'autre ,la bécasse s'y amusera et ajfollera tellement ,dit notre vieux naturaliste, que le chasseurl'approchera d'assez près pour lui passer unlacet au cou (i).Est-ce en la voyant se laisser approcherainsi que les anciens ont dit qu'elle avoit pourl'homme un merveilleux penchant (2) ? EIÎce cas, elle le placeront bien mal, et dans sonplus grand ennemi f il est vrai qu'elle vienten longeant les bois jusques dans les haies desfermes et des maisons champêtres. Aristotele remarque (3) ; niais Albert se trompe en(i) Nat. des oiseaux, pag. 275.(2) Et hominem miré dillgit. Aristot. Hist. animal.lib. 9 , cap. 26.(3) Gallinago per sepes hortorum capitur. Idem ,ibidem. —Si vede ancora presso luoghi abitati , K massimelongo le siepi. Olina.TOMELVH.A a


5 7 o HISTOIREdisant qu'elle cherche les lieux cultivés et lesjardins pour y recueillir des semences (1),puisque la bécasse ni même aucun oiseaude son genre ne touchent aux fruits et auxgraines ; la forme de. leur bec étroit , trèslonget tendre à la pointe, leur interdiroitseule cette sorte d'aliment, et en effet labécasse ne se nourrit que de vers (2) ; ellefouille dans la terre molle des petits maraiset des environs des sources , sur les paquisfangeux et dans les prés humides qui bordentles bois ; elle ne gratte point la terre avec lespieds ; elle détourne seulement les feuillesavec son bec, les jetant brusquement à droite(1) In lib. g, Arist.(2) Solis vermibus alitur ; nunquam gt*ana attingit.Schwenckfeld. — Dès qu'elles entrent dans le bois ,elles courent sur les tas de feuilles sèches; elles lesretournent ou les écartent pour prendre les vers quisont dessous : les bécasses ont cette habitude communeavec les vanneaux et les pluviers , qui les prennentpar le même moyen sous l'herbe ou le blé verd; maisj'ai observé que ces derniers oiseaux , dont j'ai élevéplusieurs dans mon jardin , frappoient la terre avec lepied autour des trous où il y avoit des vers , apparemmentpour les faire sortir de leur retraite aumoyen de la commotion ; et les prenoient souventmême avant qu'ils ne fussent entièrement sortis deterre. ( Note communiquée par M. Bâillon, de Mon^treuil-sur-roer. )


DE LA BECASSE.3 7 iet à gauche. Il paroit qu'elle cherche et discernesa nourriture par l'odorat (1) plutôtque par les yeux qu'elle a mauvais (2) ; mais(1) Voici comment M. Bowles a vu que l'on nourrissentdes bécasses à Saint - Ildephonse , où l'infantdom Louis avoit une volière remplie de toutes sortesd'oiseaux.


5 7 a HISTOIREla Nature semble lui avoir donné, dans l'extrémitédu bec, un organe de plus et un sensparticulier approprié à son genre de vie ; lapointe en est charnue plutôt que cornée, etparoît susceptible d'une espèce de tact propreà démêler l'aliment convenable clans la terrefangeuse,- et ce privilège d'organisation a demême été donné aux bécassines , et apparenïmentaussi aux chevaliers , aux barges etautres oiseaux qui fouillent la terre humidepour trouver leur pâture (i).Du reste le bec de la bécasse est rude etcomme barbelé aux côtés vers son extrémité,et creusé sur sa longueur de ramures profondes;!^mandibule supérieure forme seulela pointe arrondie du bec en débordant lamandibule inférieure, qui est comme tronquéeet vient s'adapter en dessous par unjoint oblique; c'est de la longueur de sonbec que cet oiseau a pris son nom dans laplupart des langues, à remonter jusqu'à lagrecque (2),- sa tète, aussi remarquable que(1) Cette belle remarque nous est communiquéepar M. Hébert.(2) Solopax a solopa , pal ou pieu — Scolopax ,guod rostra palo y scolopos , similia ; quo sensu et abhebrœis kore ; a nostris lang-nasen , lang-chnabel dici~fur. Klein, Avi. pag. 99. Voyez la nomenclature.


DE LA BECASSE. 3 7 3son bec, est plus carrée que ronde, et les osdu crâne font un angle presque droit sur lesorbites des yeux; son plumage, qu'Aristotecompare à celui du francolin ( i ), est tropconnu pour le décrire ; et les beaux eiïètsde clair obscur, que des teintes hachées,fondues, lavées de gris, de bistre et deterre d'ombre y produisent, quoique dansle genre sombre, seroient difficiles et troplongues à décrire dans le détail.Nous avons trouvé à la bécasse une vésiculedu fiel,quoique Belon se soit persuadéqu'elle n'en avoit point (2); cette vésiculeverse sa liqueur par deux conduits dans leduodénum ; outre les deux cœcums ordinaires,nous en avons trouvé un troisièmeplacé à environ sept pouces des premiers, etqui avoit avec l'intestin une communicationtout aussi manifeste; mais, comme nous nel'avons observé que sur un seul individu,ce troisième cœcum est peut-être une variétéindividuelle ou un simple accident ; legésier est musculeux, doiiblé d'une mem-(1) Colore attagenœ.(2) Non plus , dit-il , que le pluvier, lé pigeon et !etette-chèvre. ( Nat. des oiseaux , pag. 275. )A a 5


374 HISTOIREbrane ridée sans adhérence ; on y trouvesouvent des petits graviers que l'oiseau avalesans doute en mangeant les vers de terre ; letube intestinal a deux pieds neuf pouces delongueur.Gesner donne la grosseur de la bécasse yen l'égalant à la perdrix, avec plus de justessequ'Aristote , qui la compare à la poule (t), etcette comparaison semble nous indiquer quela race commune des poules chez les grecsétoit bien plus petite que la nôtre ,• le corpsde la bécasse est en tout tems fort charnu,et très-gras sur la fin de l'automne (2) (5) ;c'est alors et pendant la plus grande partiefc~——1 — M • , , , , .„(1) Magnitudine quanta gallina est. Arïst. lib. g,cap. 26.(2) Olina et Longolius disent qu'on l'engraisse avecune pâte faite de farine de blé sarazin [farina d'orzo)et de figues sèches; ce qui nous paroît difficile pourun oiseau si sauvage, et inutile pour un gibier aussigras dans sa saison.(5) Les mois de décembre et de janvier sont le temsoù les bécasses sont grasses : depuis la fin de février,époqueoù elles commencent à entrer en amourjusqu'à leur départ, elles sont bien moins en chair-(Traité de la chasse au fusil, pag. 579.)SONNINI.


DE LA BECASSE. 3 7 5de l'hyver qu'elle fait un mets recherché(i),quoique sa chair soit noire et ne soit pas forttendre ; mais, comme chair ferme, elle a lapropriété de se conserver long-tems (2) ; on lacuit sans ôter les entrailles, qui, broyées avecce qu'elles contiennent, font le meilleurassaisonnement de ce gibier. On observeque les chiens n'en mangent point; il fautque ce fumet ne leur convienne pas , etmême qu'il leur répugne beaucoup, car iln'y a guère que les barbets qu'on puisseaccoutumer à rapporter la bécasse. La chairdes jeunes a moins de fumet, mais elle estplus tendre et plus blanche que celle des(1) Il paroît, au récit d'Olina, que la chasse encontinue tout l'hyver en Italie ; les grands froids aufort de l'hyver , dans nos provinces , obligent lesbécasses de s'éloigner un peu; cependant il en resteencore quelques-unes dans nos bois , près des fontaineschaudes.(2) Il faut même qu'elle soit conservée pendantquelque tems, pour qu'elle prenne le fumet qui lui estpropre et que les gourmets recherchent; ils ont unemanière de connoître le point où la chair de la bécasseest parvenue au degré qui leur convient : j'ai vu suspendrel'oiseau par une penne du milieu de sa queue;lorsque par un comencement de corruption le corps sedétache de la penne et tombe , c'est, dit-on, le momentde le manger.SONNINI.A a 4


3 7 6 H I S T O I R Ebécasses al du tes. Toutes s'amaigrissent à mesureque le printems s'avance, et celles quirestent en été sont dans cette saison dures,sèches et d'un fumet trop fort.C'est à la fin de l'hyver, c'est-à-dire, auïnois de mars, que presque toutes les bécassesquittent nos plaines pour retourner sur leursmontagnes (i) (2), rappelées par l'amour àla solitude, si douce aviec ce sentiment. Onvoit ces oiseaux au priiitems partir appariés(3); ils volent alors rapidement et sanss'arrêter pendant la nuit; mais le matin ilsse cachent dans les bois pour y passer la journée,et en partent le soir pour continuerleur route (4); tout l'été ils se tiennent dansles lieux les plus solitaires et les plus élevésdes montagnes où ils nichent, comme dans(1) « Elle ne fait pas son nid qu'elle ne soit retournéeà la montagne ». ( Belon. )(2) Quelquefois elles devancent celte époque;en 1788 , on- en vit dès le 15 do février dans le paysde Vaud. (Histoire naturelle du Jorat, par M. deRazoumowsky. ) SONNINI.( 5 ) Vere primo Angllam deserunt , prius tamenmatrlmonlo copulantur, et binœ mas et fœmina, unàvolant. Willulghby.(4) Observation faite par M. Bâillon, de Mon treuilsur-mer.


DE LA BECASSE. 3 77lcelles de Savoie, de Suisse, du Dauphiné,du Jura , du Bugey et des Vosges : il enreste quelques-uns dans les cantons élevésde l'Angleterre et de la France, comme enBourgogne, en Champagne, etc. Il n'est pasmême sans exemple que quelques couplesde bécasses se soient arrêtés dans nos provincesde plaine , et y aient niché ; retardéesapparemment par quelques accidens,et surprisesdans la saison de l'amour, loin deslieux où les portent leurs habitudes naturelles( i ) ( 2 ). Edwards a pensé qu'elles. . « i . . •' • . " — • i i i . . , i .. 1 1 . . i « r(i) Voyez une lettre datée d'Abbeville , du i5mai 1775 y dans les Affiches de province , du 25 juinsuivant, sur une nichée de bécasse avec des petitsdéjà grands , trouvée le 14 de mai dans les bois de laterre de Pont-de-Remy.(2) « Un garde-chasse de la Ferté-Vidame en Perchetua trois jeunes bécasses au vol, il y a sept ou huitans, dans le mois de mai ; une quatrième lui échappa,ainsi que la mère. Cet homme m'a dit avoir trouvé,les deux années suivantes, un nid de bécasse avec troisœufs seulement , dans le même canton de bois et àpeu près au même endroit , mais qui furent probablementdétruits par quelque bête puante, car il n'eutconuoissance d'aucuns petits dans ce canton. Il y abeaucoup d'apparence que les trois pontes appartenoientà la même bécasse qui s'étoit naturalisée dansle pays ». (Traité de la chasse au fusil, 1788, pag. 74. )SONNINI.


5 7 8 H I S T O I R Ealloient toutes,comme tant d'autres oiseaux,.dans les contrées les plus reculées du nord(i);apparemment il n'étoit pas informé de leurretraite aux montagnes et de l'ordre deleurs routes, qui, tracées sur un plan différentde celui des autres oiseaux, ne se portentet s'étendent que de la montagne à la plaine,et de la plaine à la montagne.La bécasse fait son nid par terre , commetous les oiseaux qui ne se perchent pas (2) :ce nid est composé de feuilles ou d'herbessèches, entre-mélées de petits brins de bois ;le tout rassemblé sans art et amoncelé contreun tronc d'arbre, ou sous une grosse racine;on y trouve quatre ou cinq œufs oblongs,un peu plus gros que ceux du pigeon commun;ils sont d'un gris roussâtre, marbréd'ondes plus foncées et noirâtres (3). On nous— • — — • -(1) Edwards, addition à la seconde partie, traductionfrançaise , pag. 12.(2) Nidulantur humi. s. perdices. .. atque aliœparum volantis generis ; ex his item alauda, et galllnago, et coturnlx , nunquam in arbore consistunt sedhumi. Aristote , lib. 9, cap. 8.(5) L'on dit que les œufs de bécasse sont un metstrès-friand , et M. Consett, auteur d'un Voyage enanglais, dans la Laponie suédoise, attribue à cettebonne qualité des œufs la rareté des bécasses en Angleterre.S ON NI Kl.


DE LA BECASSE. 3 79a apporté un de ces nids avec les œufs dèsle i5 d'avril. Lorsque les petits sont éclos,ils quittent le nid et courent, quoique encorecouverts de poil folet ; ils commencent mêmeà voler avant d'avoir d'autres plumes quecelles des ailes; ils fuient ainsi voletant etcourant quand ils sont découverts ; on a vula mère et le père prendre sous leur gorgeun des petits, le plus foible sans doute, etl'emporter ainsi à plus de mille pas ; le mâlene quitte pas la femelle tant que les petitsont besoin de leurs secours : il ne fait entendresa voix que dans le tems de leuréducation et de ses amours; car il est muet,ainsi que la femelle , pendant le reste del'année (i); quand elle couve, le mâle estpresque toujours couché près d'elle , et ilssemblent encore jouir en reposant mutuellementleur bec sur le dos l'un de l'autre :ces oiseaux, d'un naturel solitaire et sauvage,sont donc aimans et tendres; ils de-(i) Ces petits cris ont des tons dilférens, passantdu grave à l'aigu ? go, go, go, go; pidi, pidl ,pidi;cri, cri, cri , cri; ces derniers semblent être decolère entre plusieurs mâles .rassemblés : ils ont aussiune espèce de croassement couan , couan, et un certaingrondement,froû,froû,froû 9 lorsqu'ils se poursuivent.


38oH I S T O I R Eviennent même jaloux , car l'on voit lesmâles se battre jusqu'à se jeter par terre etse piquer à coups de bec en se disputantla femelle ; ils ne deviennent donc stupides etcraintifs qu'après avoir perdu le sentimentde l'amour , presque toujours accompgnéde celui du courage.L'espèce de la bécasse est universellementrépandue; Aldrovande et Gesner en ont faitla remarque (i). On la trouve dans les contréesdu midi comme dans celles du nord,dans l'ancien et dans le nouveau monde,* onla connoit dans toute l'Europe, en Italie (2),en Allemagne, en France (3), en Pologne,(1) Nullâ non in regione reperitur hœc avis. Aldrovande, tom. III, pag. 474- — Repertur hœc avisin omnibus ferè regionibus. Gesner , pag. 485.(2) En Espagne , où elle est si commune dans quelquesprovinces, et particulièrement dans le royaumede Jaën, que , suivant M. Bowles , on ne l'y vendpas un sou de notre monnoie la pièce.SONNINI.(5) « L'on ne voit plus autant de bécasses en ÎYancequ'on en voyoit il y a trente à quarante ans ; c'estun fait dont je ne puis expliquer la cause; mais tousles vieux chasseurs sont d'accord sur cette diminutionque j'ai observée moi-même ». ( Traité de la chasseau fusil, pag. 079. )SONNINI.


DE LA BECASSE. 58t.en Russie (i), en Silésie (2), en Suède (3),en Norvège (4), et jusqu'en Groenland, oùelle a le nom de sauarsuck, et où, par uncomposé suivant le génie de la langue, lesgroenlandais en ont un pour signifier lechasseur aux bécasses (5). En Islande, labécasse fait partie du gibier qui abonde surcette île, quoique semée de glaces (6) ; on laretrouve aux extrémités septentrionales etorientales de l'Asie, où elle est commune,puisqu'elle elle est nommée dans les langueskamchadales, koriaques et kouriles (7). M.Gmelin en a vu quantité à Mangasea, enSibérie sur le Jénisca, et quoique les bécasses ysoient en grand nombre, elles ne font qu'unetrès-petite partie de cette multitude d'oiseaux(1) Rzaczynski , Hist. nat. poîon. pag. 292.( 2 ) Montibus nostris familiaris. Schwenckfeld ,pag. 3129.(5) Fauna sueoica, n° 1,41.(4) Brunnich. Ornithol. boréal, pag. 48.(5) Scmrsuksiorpok. Dict groenlandais d'Egède.(6) Voyez Anderson, ïïiat.générale des Voyages,tom. XVIII , pag. 20.(7) En kamchadale, saahoitloutch. Chez les koriaques,tcheieia; et anx îles Kouriles,petoroi. Voyezles Vocabulaires de ces langues dans l'histoire généraledes Voyages, tom. XIX, pag. 35


38aHISTOIREd'eau et de rivage de toutes espèces, qui, 1dans cette saison, se rassemblent sur les bordset les eaux de ce fleuve (i) (2).La bécasse se trouve de même en Perse (3),en Egypte aux environs du Caire (4) , et cesont apparemment celles qui vont dans cesrégions, qui passent à Malte en novembre,par les vents de nord et de nord-est, et nes'y arrêtent qu'autant qu'elles y sont retenuespar le vent (5) (6). En Barbarie elles(1) Gmelin , Voyage en Sibérie.(2) Voyez aussi les Voyages de M. Pallas en Russieet dans l'Asie septentrionale, édition française, tom. I,pag. 672.SONNINI.(5) Voyage de Chardin ; Amsterd. 1771 , tom. II,pag. 5o.(4) Voyage d'Egypte, par Granger , pag. 257.(5) Observation communiquée par M. le chevalierdes Mazys.(6) J'ai vu aussi quelques bécasses dans la basseEgypte , mais elles y sont en petit nombre. Ellespassent en très-grande quantité dans les îles de l'Archipelgrec ; elles y descendent , dit-on , des montagnesde la Morée ; elles s'arrêtent au«si à l'île de Chypre ,mais elles n'y font pas leur couvée.On les voit arriver dans les environs de Constantinoploau mois de septembre , pour descendre enSyrie ; elles repassent en février et mars pour gagnerles pays du nord.SONNINI.


DE LA BECASSE. 383paroissent, comme dans nos contrées, enoctobre et jusqu'en [mars (i); et il est assezsingulier que cette espèce remplisse en mêmetems le nord et le midi , ou du moinspuisse s'habituer dans la zone torride en paroissantnaturelle aux zones froides ; carM. Adanson a trouvé la bécasse dans les îlesdu Sénégal (2) ; d'autres voyageurs l'ont vueen Guinée (3) (4) et sur la côte d'Or ( 5 ) ;Koempfer en a remarqué en mer entre laChine et le Japon ( 6 ), et il paroît que Knoxles a aperçues à Ceilan (7). Puisque la bécasseoccupe tous les climats, et se trouve dansle nord de l'ancien continent, il n'est pasétonnant qu'elle se retrouve au nouveaumonde ; elle est commune aux illinois et dans» 1 n. ..,..—„ -.... • • , . . . , ,, ,.,„ ., „, ., ,_ — „(i) Shaw, Travels , etc. pag. 255.(2) Voyage au Sénégal, pag. 169.(3) Bosman , Voyage en Guinée y Utrecht, 1705.(4) Les nègres de la Guinée ne pensent pas qu'unebécasse vale le coup de fusil, à moins qu'ils n'aient l'espoirde la vendre cher aux européens. ( Voyage enGuinée , par Isert , traduction française , page 2o5. )SONNINI.(5) Histoire générale des voyages, tom. IV, p. 245.(6) Koempfer , Hist. nat. du Japon, tom. I, p. 44*(7) Hist. générale des voyages, tom. VIII, p. 547»


384 H I S T O I R Etoute la partie méridionale du Canada (i);ainsi qu'à la Louisiane, où elle est un peuplus grosse qu'en Europe, ce que l'on attribueà l'abondance de nourriture (2) (3); elle estplus rare dans les provinces plus septentrionalesde l'Amérique; mais la bécasse de laGuiane, connue à Cayenne sous le nom de bécassedes savannes, nous paroît assez différerde la nôtre pour former une espèce séparée;nous la donnerons après avoir décrit lesvariétés peu nombreuses de cette espèce enEurope.(1) Histoire de la nouvelle France , par le P. Charlevoix,tom. III, pag. 155.(2) Le Page du Pratz , Histoire de la Louisiane,tom. II, pag. 126.(5) La bécasse paroît en Pensilvanie dans le commencementdu printems , lorsque l'orme et l'érablecommencent à fleurir. (Bartram , Voyage dans Jesparties sud de l'Amérique septentrionale, éditionfrançaise , tome II , page 327. )SO^NI^NI.VARIÉTÉS


DE LA BECASSE. 585+ ••• .VARIÉTÉS DE LA BÉCASSE,I. JLJ A bécasse blanche (i). Cette variété estrare, du moins dans nos contrées (2) ; quelquefoisson plumage est tout blanc ; phissouvent encore mêlé de quelques ondes degris ou de marron ; le bec est d'un blancjaunâtre; les pieds sont d'un jaune pâle, avecles ongles blancs; ce qui sembleroit indiquerque cette blancheur tient à une dégénérationdifférente du changement de noir en blancqu'éprouvent les animaux dans le nord, etcette dégénération dans l'espèce de la bécasseest assez semblable à celle du nègre blancdans l'espèce humaine.(1) Scolopax alba. Klein, Avi. pag. 100, n° 6.—IVhite wôod-cok. Albin , tom. III , p. 36. — Scolopaxcandida. Brisson , Ornith. tom. V, pag. 297 (*).(2) On en tua une près de Grenoble au mois dedécembre 1774* (Lettre de M. deMorges, datée deGrenoble le 29 février 1775.)(*) — Lin. Syst. nat. édit. i3, gen. 86, sp. 6 , var. b. —Latham , Syst. ornith. gen. 72, sp. 1, var. b. SONNINI.TOME LVII.Bb


386 H I S T O I R EII. La bécasse rousse. Dans cette variététout le plumage est roux sur roux, par ondesplus foncées sur un fond pi us clair ; elle paroîtencore plus rare que la première : l'une etl'autre furent tuées à la chasse du roi, aumois de décembre 1775, et sa majesté nousfit l'honneur de nous les envoyer par M. lecomte d'Angiviller, pour être placées dansson: cabinet d'Histoire naturelle,III. Les chasseurs prétendent distinguerdeux races de bécasses (1), la grande et lapetite; mais, comme le naturel et les habitudessont les mêmes dans ces deux bécasses,et qu'en tout le reste elles se ressemblent,nous ne regarderons cette petite différencede taille que comme accidentelle ou individuelle, ou comme celle du jeune à l'adulte,(1) J'ai remarqué plusieurs fois qu'il paroît y avoirdeux espèces de bécasse. Les premières qui arriventsont les plus grosses; elles ont les pieds cris , tirantlégèrement sur le rose ; les autres sont plus petites ,leur plumage est semblable à celui de la grandebécasse , mais elles ont les pieds de couleur bleue , eton a observé que, lorsque l'on prend cette petite espèceaux environs de Montreuil en Picardie , la grandebécasse y devient plus rare. ( Note communiquée parM. Bâillon , de Montreuii-sur-mer. )


DE LA BECASSE. 58 7laquelle par conséquent ne constitue pas deuxraces séparées entre deux oiseaux, qui dureste sont les mêmes, puisqu'ils s'unissent etproduisent ensemble (i).(i) Je rapporte ici l'opinion d'un chasseur habile etd'un bon observateur qui a écrit un livre sur la chasse,et je laisse aux chasseurs instruits à décider si elle doitprévaloir.« J'ai observé moi-même , dit-il , cette différence detaille entre les bécasses , et j'en ai tué très-souvent debeaucoup plus petites les unes que les autres. 3 'ai mêmeremarqué que la plus petite , à laquelle on donne enPicardie le nom de martinet, avoit le bec plus long quela grosse , et le plumage roussâtre ; mais ce que je n'aipoint observé , c'est que les plus grosses arrivent lespremières, qu'elles ont les pieds gris tirant légèrementsur le rose , et que les petites ont les piedsde couleur bleue. ... J'ajouterai à cela qu'un gardechasseque je connoishomme intelligent et expérimenté, et dont le témoignage mérite quelque confiance,m'a dit en avoir observé une troisième espèce ou race ,si l'on veut, plus grosse d'un tiers que la bécasse ordinaire, et d'un plumage plus rembruni. Celle-ci , selonlui, hante peu les bois , et habite par préférence lesgrosses haies doubles dans les pays couverts ». ( Traitéde la chasse au fusil, pages 374 et 375. )Cette dernière variété est sans doute celle que lesnaturalistes ont appelée la grande bécasse, et qu'ilsont présentée comme une espèce distincte.Scolopax pedibus et vertice nigris , hoc per medlamBb 2


388 HISTOIREstrlam pallidam bipartite , striapallidâ suprà et infràoculos , corpore suprà varlegato subtus albo. .. scolopaxmajor. Lin. Syst. nat. edit. i3, gen. 86, sp. 36.Scolopax nigro maculata suprà testacea subtus albida,Une a verticls testacea , altéra, utrinquè nigrâscolopax major. Lalham, Syst. ornith. gen. 72 , sp. 4«Elle est rare en Angleterre , en Allemagne , et setrouve plus particulièrement en Sibérie. ( Pennant,Arctic zoolog. tom. II, pag. 47°-)SONNINI.


DE LA BECASSE. 38 9Addition à Varticle des variétés de laBécasse , par SONNINI.I. JLiA bécasse Isabelle (i); la couleur jaunede son plumage est très-légère.II. La bécasse à tête rouge (2). Tout lecorps de cet oiseau est blanc ; ses ailes sontbrunes, et sa tête est rougeâtre.III. La bécasse aux ailes blanches (5),dont le reste du plumage ne diffère pas decelui de la bécasse ordinaire.Il est bon de remarquer que ces troisvariétés, fort rares, sont purement accidentelleset ne constituent pas des racesconstantes.(1) Scolopaxpallidisslmè straminea. Lin- Syst. nat.edit. i5, gen. 86, sp. 6, var. .g*. —ornithol. gen. 72 , sp. 1, var. g.Latham, Syst.{2) Scolopax capite rubescente y corpore albo , alisfuscis. Lin. Syst. nat. edit. i5 , gen. 86 , sp. 6 , var. d.— Latham , Syst. ornith. gen 72, sp. 1, var. d.(3) Scôpolax corpore usitato , alis totis niveis. Lath*Syst. ornith. gen. 72, sp. 1, var. e.B b 3


HISTOIREOISEAUÉTRANGERQUI A RAPPORT A LABÉCASSE.LA BÉCASSE DES SAVANNES (i).Voyez les planches enluminées 7 n° 895.LETTE bécasse de la Guiane, quoique duquart plus petite que celle de France, anéanmoins le bec encore plus long; elle estaussi un peu plus haut montée sur ses pieds,qui sont bruns comme le bec; le gris blanccoupé et varié par barres de noir, dominedans son plumage , moins mêlé de rouxque celui de notre bécasse ; avec ces différencesextérieures que le climat a peut-êtrefait naître, celles des moeurs et des habitudesqu'il produit aussi se reconnoissent dans labécasse des savannes. Elle demeure habituel-• I I(1) Scolopax rostro pedibusque fuscis , loris et supercililsnigris , corpore nigro vario suprà rufo, subtusexalbido. .. scolopaxpaludosa. Lin. Syst. nat. edit. i3 pgen. 86, sp. 35.Scolopax rufo nigroque varia, subtus albida nigroundulata , loris superciliisque nigris.. . . scolopaxpaludosa. Latham, Syst. ornithol. gen. 72 , sp.3.SONNINI.i)


DE LA BECASSE. 5 9 ilement dans ces immenses prairies naturellesd'où l'homme et les chiens ne l'ont pointencore chassée, parce qu'ils n'y sont pointétablis ; elle se tient dans les coulées ; onappelle ainsi les enfoncemens des savannesoù il y a toujours de la vase et des herbesépaisses et hautes, évitant néanmoins cellesoù la marée monte et dont l'eau est salée.Dans la saison des pluies , ces petites bécassescherchent les hauteurs, et s'y tiennentdans les herbes ; c'est là qu'elles s'apparientet qu'elles nichent sur de petites élévationsdans des trous tapissés d'herbes sèches. Lespontes ne sont que de deux œufs ; maiselles se réitèrent, et ne finissentqu'en juillet;les pluies passées, ces bécasses reviennentaux coulées, c'est-à-dire, des lieux élevésaux plus bas, ce qui leur est commun avecles bécasses d'Europe. Le feu qu'on met souventaux savannes en septembre et octobreles chassant devant lui, elles refluent engrand nombre dans les lieux voisins des partiesincendiées ; mais elles semblent éviterles bois, et lorsqu'on les poursuit, elles n'yfont jamais remise, et s'en détournent pourregagner les savannes; cette habitude estcontraire à celle de la bécasse d'Europe;néanmoins elles partent, comme cette der-B b 4


3 9 2 H I S T O I R E 'nière, toujours sous les pieds du chasseur'elles ont la même pesanteur en se levant,le même vol bruyait, et elles fientent demême en commençant à filer. Lorsqu'unede ces bécasses est tirée, elle ne va pas sereposer loin, mais fait plusieurs tours avantde s'abattre; communément elles partentdeux à deux, quelquefois trois ensemble ,et lorsqu'on en voit une, on peut être assuréque «la seconde n'est pas loin ; on les entendà l'approche de la nuit se rappeler par uncri de ralliement un peu rauque, assez semblableà Gjette vois basse ka, ka\ kà, ka ,que fait souvent entendre-la poule domestique;elles se pronièn^ent la nuit, et on lesvoit au clair de lacune venir se poser jusqu'auxportes des habitations. M. de la Borde,qui a fait ces observations à Cayenne, nousassure que la chair deda bécasse des savannesest au moins aussi bonne que celte de labécasse de France (i). •>,' , •• — - • - ,-• • • . * » • - — * »( i ) J'observerai que M. de la Borde avoit viçilli kCayenne, et perdu le souvenir de la saveur de labécasse de France ou bécasse commune. Dans le vrai ,t- ''_la chair de la bécasse des savannes est moins bonne , etd'ailleurs la- température chaude et humide de laGuiane ne permettant pas de conserver le gibier,celui-ci ne peut acquérir le fumet qui en fait le mérite.SONNINI*


DE LA BECASSE. 5 9 ;reddition à Varticle de Voiseau étrangequi a rapport à la Bécasse.LA PETITE BÈCASS1D'AMÉRIQUE (i),PAR SONNINI.INDÉPENDAMMENT de la bécasse cou:mune qui, d'après le témoignage de queques voyageurs, se trouve dausd'Amériqtseptentrionale, il en existe une autre dailes mêmes contréçs, à laquelle les ornithcJogues modçrnes ont donné la dénominaticde petite bécasse.. Elle est, en effet moû(i) Scolopax rostro recto\ pedibus fuscescentibufronte cinerea, occipite nigro lineis quatuor transver/lavicantibus y mento albo, corpore suprà nigrofulverente undulato , subtus flavo. . , scolopax minor. LiSyst. nat. edit. i5 , gen. 86, sp. 54-Scolopax castaneo nigro rufoque varia subtus flavecens , occipite 'nigro fasciis quatuor trçtnsversis flaVicentibus y caudâ nigrâ. .. scolopax minor. LalhaiSyst. ornith. gen. 72 , sp. 2.


5g4HISTOIRE, etc.grande que l'autre, mais elle en a le plumage, à quelques disparités près, qui consistentprincipalement en ce que le roux estla teinte dominante. Cependant leurs habitudessont un peu différentes, et sous cerapport l'on est fondé à**séparer ces deuxoiseaux comme deux espèces distinctes.La petite espèce du nord de l'Amériquese tient dans les bois marécageux ; elle semontre à la Caroline dès le mois de septembre; vers le mois d'avril elle passe dans leNew-Yorck et dans la Pensilvanie ; sa ponteest de huit œufs ou davantage ; la femelleles dépose sur la terre ou sur un troncd'arbre, et pendant qu'elle couve, le mâle,qui reste près d'elle, s'élève en l'air de temsen tems, et plusieurs fois de suite, par unvol perpendiculaire et fort-haut, redescendde même ; et dans ce mouvement alternatifil chante sans cesse d'une voix douceet flûtée. Cet oiseau passe pour un excellentgibier (i).* • — "•• m>(i) Pennant, Arclic zoolog. tom. II, pag. 47°- B.Fin du cinquante-septième Volume.


TABLEDe ce qui est contenu dans cecinquante-septième Volume.O UI TE des Oiseaux qui ont rapport à laCigogne, page 5Le Jabiru, planche CLXXXIV, ibidLe Nandapoa,i4Le Tayaya, par Sonnini, 17La Cigogne toute blanche, par le même, 18Le Jabiru des Indes, par le même, 19La Grue, planche CLXXXIV, 21à collier, 48blanche de Sibérie, par Sonnini j 49L'Argala, par /e même, 55Grues du nouveau continent, 56Za Gra£ blanche,ibidbrune, 61Oiseaux étrangers qui ont rapport à la Grue,; 67Xa Demoiselle de Numidie, />/., CLXXXV,i _ibidL'Oiseau Royal, planche CLXXXV, 74Z/£ Cariama, : 84Ze Secrétaire ou le Messager, p/. CLXXXVI,88


5 9 6 TABLE.Le Kamichi, planche CLXXXVI, 102Le Héron commun, planche CLXXXVII,première espèce, 112— blanc l seconde espèce, i44— — noir, troisième espècç, i5opourpré, quatrièmt^Êkpèce, i52violet, cinquième espèce , 155Za Garzette blanche , sixième espèce , 3 67L* Aigrette, planche CLXXXVII, septièmeespèce, 360Le Héron roux, par Sonnini, 1681varié, par le même, r,\ 170- montagnard, par le même, 171Z# Soy-ie, par le même, 175Zé> Héron de Vile de Sainte-Jeanne, par lemême, . . ., -„ . 176Z# Lahaujung, par le même, .r- 176Z# Héron à cou jaune, par Je même, 177—— à caroncules , par le même, 1,78Le Héron de la nouvelle Hollande, parSonnini,^ * s 181Hérons du nouveau continent, 185La grande Aigrette, planche CLXXXVIII,: première espèce, ibidL* Aigrette/Rôusse $ seconde espèce, 187La Demi-Aigrette, planche CLXXXVIH >f troisième èspècs, \ \(\ z\ :/ 188Le Soco, quatrième espèce - 190


TABLE. %Le Héron blanc à calotte noire , plancheCLXXXIX, cinquième espèce, 192* brun , sixième espèce , 194— — agami, septième espèce, ig5L'Hocti, huitième espèce, 197Le Hohou, neuvième espèce, 196Le grand Héron d y Amérique, dixième espèce >201Le Héron de la baie d'Udson, onzième espèce,2o5——' couleur de rouille , par Sonnini,cendré, par le même, 207rayé, par le même, 208blanc de lait, par le même, 210Les Crabiers, 211Crabiers de P ancien continent, 212Le Crabier Caiot, première espèce,——• roux, seconde espèce,2o5ibid2i4-—— marron, troisième espèce, 2i5Le Guacco , quatrième espèce, 218Le Crabier de Mahon , planche CLXXXIX,cinquième espèce, 220de Coromandel, sixième espèce, 221blanc et brun, septième espèce, 225noir, huitième espèce, 224Le petit Crabier, neuvième espèce, 2 25Le Blongios, planche CXC, dixième espèce,227


5 9 8 T A B L E.Petit Blongios de la mer Caspienne, parV ire y , 231Crabier canelle, par le même, 255rayé de la Guiane, par le même, 25^t« rouillé, par le même, 255Crabiers du nouveau continent, par le même,Le Crabier bleu, première espèce,267a5q— — bleu à cou brun, seconde espèce, 24igris-de-fer, troisième espèce, 242. blanc à bec rouge, quatrième espèce, 245— — cendré, cinquième espèce, ikrjpourpré, sixième espèce, 249Le Cracra, septième espèce,2ÔoLe Crabier chalybè, huitième espèce, 2Ô2—-— verd, neuvième espèce r 254— — verd tacheté, dixième espèce, plancheCXC, 256Le Zilatat, onzième espèce, 258Le Crabier roux à tête et queue vertes, douzièmeespèce, 260pygmée, par Vire y, 261à collier, par le même, 265Les trois Crabiers du Chili , par le même, 264Le Crabiers gris à tête et queue vertes, treizièmeespèce, 266Le Bec-Ouvert, planche CXCI, 267— — blanc des Indes, par J^irey, 270


TABLE. 3 99Le Butor, planche CXCI, 272Oiseaux de Vancien continent qui ont rapportau Butor, 287Le grand Butor, première espèce , ibidLe petit Butor, seconde espèce , 290Le Butor brun rayé, troisième espèce, 292roux , quatrième espèce , 2 9 5Le petit Butor du Sénégal, cinquième espèce,295Le Pouacre ou Butor tacheté, sixième espèce,296Oiseaux du nouveau continent qui ont rapportau Butor, 298L'Etoile, première espèce,ibidLe Butor jaune du Brésil, seconde espèce,3ooLe petit JButor de Cayenne, troisième espèce,Le Butor sacré, par Virey,5023o5— — de la baie d'Hudson, quatrième espèce,5o5L? Onoré, planche CXCII, cinquième espèce,507rayé, sixième espèce , 3o 9— — des bois, septième espèce, 5i2Le Bihoreau, planche CXCII, 5i4— — de Cayenne, 521d'Esclavonie, par Virey, 322


400 TABLE.L'Gmbrette, planche CXCIII,52iLe Courliri ou Courlan, planche CXCIII,Le Savacou, planche CXCIV,3263i8La Spatule, planche CXCIV, 535La petite Spatule, par Virey, 554La Bécasse, planche CXCV, 556Variétés de la Bécasse, 585La Bécasse blanche , première variété, ibidLa Bécasse rousse, deuxième variété, 586Troisième variété,ibidAddition à Varticle des variétés de la Bécasse,par Sonnini, 38 9La Bécasse Isabelle, première variété, ibidLa Bécasse à tête rouge, deuxième variété,LaibidBécasse aux ailes blanches , troisièmevariété,ibidOiseau étranger qui a rapport à la Bécasse,La Bécasse des savannes ,5cjoibidAddition à Varticle de Voiseau étranger quia rapport à la Bécasse, 3 9 5La petite Bécasse d?Amérique, par Sonnini,ibidFin de la Table.


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