Les gares méritent de se distinguer par leur architecture - Eurostation

”
On pourrait comparer
l’ensemble à une dame
élégante qui embrasse
avec sollicitude son
environnement. Le
bras interagit avec
l’environnement direct, la
tour conférant au site
sa signification dans le
contexte de la ville.
Comment percevez-vous la relation entre
la nouvelle tour de bureaux et ses environs
immédiats ?
POLO: Lorsque vous vous trouvez sur la place
de la gare et regardez en direction de la gare de
Gand Saint-Pierre, la Koningin Fabiolalaan qui
se trouve à droite de la gare est parallèle aux
voies. Les bâtiments de la place de la gare sont
tous orientés vers la gare, mais quelque chose
manquait du côté de la Koningin Fabiolalaan.
Il s’agissait avant tout de trouver une jonction
avec l’architecture de la place de la gare. Une
nouvelle place intermodale et un nouveau
parvis sont cruciaux pour créer cet effet
d’intégration. La revalorisation de la
Koningin Fabiolalaan constitue un autre élément
important. A l’heure actuelle, cette avenue
manque d’éclat. La tour de bureaux marque le
coup d’envoi du réaménagement de l’avenue,
où espaces verts et plans d’eau occuperont une
place de choix.
Dans le projet, vous deviez tenir compte
du plan d’aménagement du domaine public
d’Alain Marguerit. Etait-ce un frein à votre
créativité ?
POLO: Avec l’architecte paysagiste Bas Smets,
nous nous sommes retrouvés dans les lignes
de force de Marguerit. Recommencer tout le
concept n’a aucun sens. C’est pourquoi nous
misons sur quelques interventions ponctuelles,
qui renforcent les lignes directrices et concepts
actuels.
La durabilité joue-t-elle un rôle important
dans l’élaboration du projet ?
POLO: Tout à fait. La création de projets
durables se fait à trois niveaux. Tout d’abord
au niveau écologique. Ce niveau comporte des
aspects comme l’énergie, les matériaux, le transport,
les déchets, l’eau,... Il y a ensuite le niveau
économique, c’est-à-dire des aspects comme
la rentabilité, la durée de vie, la flexibilité, des
proportions correctes, etc. Pour terminer, on
retrouve le niveau social, couvrant des aspects
comme le confort, la sécurité, l’esthétique,
l’intégration dans l’environnement, etc. Tous
ces aspects ne sont pas indépendants ; ils sont
au contraire étroitement liés. Cette approche
intégrée se base sur une consommation réduite
d’énergie, un confort accru et une utilisation
plus efficace, tout en tenant compte des
différentes “phases de vie” du bâtiment.
L’entrée de la nouvelle zone devient une
esplanade urbaine. Pourquoi ?
POLO: La différence de niveau accentue la
“lisibilité” de l’environnement, elle offre un
podium pour l’interaction spatiale entre les
utilisateurs de l’espace public, à savoir le
terminal de bus, la sortie de la gare et la Maria
Hendrikaplein. En outre, cette sorte de parvis
confère à l’immeuble de bureaux un accès bien
visible et sûr.
Le complexe de bureaux se compose de
deux parties : un bâtiment bas en forme de
L et une tour. Quelles sont leurs fonctions
respectives ?
POLO: Le bâtiment bas a une fonction publique.
Il abritera notamment le hall d’accueil et
l’espace d’exposition. Les bureaux se trouvent
LA PARoLe à un sPéCIALIste
dans la tour. On peut donc parler d’un bras
“public” et d’une tour “privée”.
Quels matériaux utilisez-vous dans le projet ?
POLO: Nous voulons créer deux ambiances.
Pour la façade que l’on aperçoit depuis la
Fabiolalaan en direction des voies ferrées, nous
avons opté pour une ambiance brute, introvertie
où nous utilisons des matériaux en pierre à la
structure marquante, comme la brique. D’une
part parce que ce matériau revient fréquemment
dans l’environnement et d’autre part parce que
l’ouverture est limitée sur ce flanc. Nous avons
en revanche voulu jouer la carte de la transparence
pour la façade entourant l’esplanade, qui
fait office de nouveau leitmotiv tout au long du
développement de projet. L’esplanade est centrale
et est parallèle à la Koningin Fabiolalaan et aux
voies ferrées. Autour de cette esplanade, nous
avons opté pour des matériaux lisses comme le
béton architectonique et le verre.
Vous prônez un plan de qualité visuelle.
Pourquoi ?
POLO: Un site subdivisé en zones et en différents
projets partiels est généralement complexe et ne
peut donc faire toujours l’objet d’une approche
univoque. On peut s’attendre à ce que différentes
initiatives soient impliquées dans les projets partiels
et plusieurs années s’écoulent parfois avant
qu’une autre pièce ne soit ajoutée au puzzle
de la construction. Souvent, les idéologies et le
mode de construction s’écartent du plan initial,
faisant qu’au final, on se retrouve en présence
d’une mosaïque manquant d’homogénéité. D’où
l’importance d’un plan de qualité visuelle,
garant de la qualité et de la cohérence de
l’architecture et de l’espace extérieur. Ce plan
constituerait un point d’accroche à court terme
tout en laissant une marge de manoeuvre sur le
long terme.
Vous accordez de l’importance à
l’intégration de l’art. Comment l’envisagezvous
dans le projet ?
POLO: Nous voulons offrir aux artistes la possibilité
de créer une œuvre jetant un pont entre le
bâtiment et son environnement. Le vaste espace
extérieur couvert qui est créé sous l’édifice du
pont peut, avec son volume réduit, s’avérer
intéressant pour accueillir une telle initiative. Le
projet crée en outre suffisamment d’espace pour
y exposer des oeuvres d’art.
Autres équipes de
concepteurs ayant figuré
sur la short-list :
1 Benthem Crouwel
Architekten (Amsterdam)
2 Asymptote Architecture
(New York)
3 AWG Architecten
(Anvers)
4 OAB (Barcelona)/
Jaspers-Eyers & Partners
(Bruxelles)
Surfez sur www.projectsofa.be
pour découvrir les projets des cinq
bureaux nominés.
13