Carte de Saigon et de Cholon établie en 1795 par M. Brun(Carte n°1)Cette carte est intéressante car elle met en évidence d’une part le fait que les deux cités, chinoise etvietnamienne étaient nettement séparées et différenciées (y compris sur le plan de l’ordonnancementdes rues) et d’autre part, le fait que la bourgade chinoise était déjà identifiée comme un centred’activité économique comme en témoigne l’emploi du terme « bazar ». Cette vocation commercialede Cholon ne fera que se renforcer au cours des décennies suivantes.Atelier F04 / Virtual Saigon : Écriture d'une nouvelle histoire de la villeà partir des documents visuelsLa ville de Cholon, depuis l’origine à nos jours :Une approche cartographique de l’histoire de la villeLaurent Gédéon / 4
Cholon au XIX e siècleUne fois la paix revenue, les habitants s’organisèrent collectivement pour rendre habitable et apte àl’activité commerciale leur nouveau point d’implantation où existaient à cette époque de nombreuxmarécages notamment dans la zone devenue plus tard la rue de Canton ainsi que celle située entre lavieille route de Cholon et l'Arroyo chinois (zone que les Français appelèrent nommèrent le maraisBoresse aux premiers temps de la colonie). 6 Ils agrandirent notamment les cours d’eau existants,creusèrent des canaux et construisirent des bassins de radoub. En outre, des quais en pierre destinésà accueillir les embarcations et les marchandises furent construits le long du canal sur une longueurde trois kilomètres environ. Les habitants érigèrent également des cales sèches ainsi que des docksdestinés à entreposer les marchandises sur les bords du Lo Gom. Ces grands magasins appelés taukhâu étaient loués aux Chinois qui venaient de Chine une fois par an sur des jonques de mer et quiapportaient leurs marchandises dans ces magasins et les vendaient en gros ou en détail. 7 Parailleurs, plusieurs ponts en bois furent bâtis, destinés à relier les deux rives de l’arroyo. En 1820, laroute commerciale du Cambodge par Cholon et My Tho était complètement terminée et les donnéeséconomiques de l’époque indiquent que, dès 1830, les Chinois de Cholon exportaient annuellement12 000 tonneaux de riz, 2 200 tonneaux de coton, 400 tonneaux de sucre, 120 d'épices, 20 tonneauxde cire, des holothuries, de l'ivoire, de l'écaillé et des plantes médicinales. 8Rapidement, la ville commença à s’étendre débordant l’espace initial où se concentrait la majorité deshabitants et dont Petrus Ky indique qu’il se trouvait à l’emplacement du Cho Rây. 9 Cette période,marque également le début de l’urbanisation progressive des rives de l’arroyo de Cholon déjà bordéde grands entrepôts aux abords de la cité mais où commençaient à émerger des maisons, d’espaceen espace, depuis le pont du marché (Câu Duong) jusqu’à celui de Câu Khâm et au Lo Gom. Notonsque l’accroissement de la population fut particulièrement remarquable à la charnière entre le XVIII e etle XIX e puisque, en cinq ans, la population de Cholon vit tripler ses effectifs.Le développement économique de la ville se fit de pair avec celui des infrastructures nécessaires à lavie de la collectivité et c’est ainsi qu’elle bénéficia rapidement d’un éclairage public ainsi que d’écolesdirigées par des enseignants venus de Chine. Ces décisions étaient prises par un conseil urbaincomposé de notables de la cité.Cette prospérité se poursuivit jusqu’à l’arrivée des Français en 1858 qui marqua un tournant majeurdans l’histoire de la Cochinchine. Bien que les habitants de Cholon aient été directement concernéspar les affrontements qui opposèrent troupes franco-espagnoles et vietnamiennes, les événementsqui aboutirent à la création de la colonie affectèrent toutefois peu les Chinois sur le long terme car ilssurent s’adapter rapidement aux nouveaux arrivants.6 Notice historique, administrative et politique sur la ville de Saigon, Imprimerie de l’Union, Saigon, 1917, p. 4.7 Petrus Ky, op. cit., p. 25.8 P. Vial, Les premières années de la Cochinchine, colonie française, Paris, Edition Challamel, 1874, p. 352.9 Concernant la population, Petrus Ky précise que les Minh Huong, population d’origine du bourg, habitaient principalement lapartie comprise entre la rue des Marins et l’arroyo chinois (Petrus Ky, op. cit., p. 25).Atelier F04 / Virtual Saigon : Écriture d'une nouvelle histoire de la villeà partir des documents visuelsLa ville de Cholon, depuis l’origine à nos jours :Une approche cartographique de l’histoire de la villeLaurent Gédéon / 5