Carte de Saigon et de Cholon établie en 1815 par Trân Van Hoc(Carte n°2)Comparée à la carte précédente de M. Brun, cette carte laisse apparaître une densification desconstructions sur la bordure nord-est de Gia Dinh-Saigon avec un phénomène similaire en ce quiconcerne Cholon qui s’étend dans la même direction.Atelier F04 / Virtual Saigon : Écriture d'une nouvelle histoire de la villeà partir des documents visuelsLa ville de Cholon, depuis l’origine à nos jours :Une approche cartographique de l’histoire de la villeLaurent Gédéon / 6
Cholon vers 1850Au milieu du XIX e siècle, Cholon comptait environ 500 maisons aux toits recouverts par des tuiles,elles-mêmes entourées de très nombreuses paillottes. On notait la présence dans le centre de la villede deux canaux et de cinq ponts en construction, dont un en fer. L’activité économique caractéristiquede la ville était particulièrement apparente sur les quais de l’arroyo chinois, avec la présence de docksainsi que de nombreuses embarcations destinées au transport des marchandises. 10Si les villes de Cholon et Saigon étaient nettement séparées, leur proximité géographique (ellesn’étaient séparées que de six kilomètres) et leur complémentarité économique nécessitait ledéveloppement de voies de communication. Celles-ci étaient de deux sortes : fluviale et routière.La voie fluviale était représentée par le canal autrefois nommé « rach Bên Nghe » qui fut rebaptisé« arroyo chinois » par les Français, ces derniers ayant remarqué qu’il conduisait à la ville de Cholondont les habitants les plus nombreux étaient les Chinois. Notons que ce nom de Bên Nghe provenaitdes buffles – et surtout des bufflons (nghe) – qui se baignaient autrefois dans ces lieux. 11L’arroyo servait à transporter les marchandises au départ de Cholon. Les jonques mouillaient à ceteffet à Xom Chiêu (point de mouillage situé entre le fort du Sud et les Messageries maritimes). Lesbords du canal représentaient une zone de forte urbanisation et l’on remarquait la présence, à cetteépoque, de nombreuses maisons sur pilotis bâties en rang serré le long des rives.Deux voies routières permettaient de joindre Cholon à Saigon : la route basse longeant l’arroyo, d’unelongueur de 6 kilomètres, et la route haute, située plus au nord, en bordure de la plaine destombeaux, d’une longueur de 5 kilomètres.Cholon lors de la conquête françaiseDès le début de leur pénétration en Cochinchine, les Français prirent conscience de la différence quiexistait, tant sur le plan ethnique que de l’activité économique, entre les cités de Saigon (Gia Dinh) etde Cholon, perception dont font état divers écrits parus au cours de la deuxième moitié du XIX e siècle.H. L. Jammes évoque ce « grand emporium des basses provinces cochinchinoises, du Laos et duCambodge, aussi bien que des régions siamoises que commande le Mékong. Dans ses magasins,sous ses vastes hangars, viennent sans cesse s'entasser tous les produits de la colonie, qu'unénorme mouvement de jonques et de vapeurs emporte vers tous les points du globe. » 12 P. Cultru,quant à lui, décrit comme suit la ville chinoise : « A cinq kilomètres de Saigon, à Cholon, existait uneville peuplée de 12 à 15 000 Chinois, presque tous célibataires, s'occupant d'affaires et vivant à peuprès libres de toute surveillance, dans des rues étroites et très animées où se suivaient leursmagasins et où la police annamite ne pénétrait pas souvent. » 13 On peut également citer ici P.Doumer qui, tout en notant les différences entre les deux cités, prédisait dans son ouvrage paru en1905 leur future fusion : « Il y a deux villes dignes de ce nom en Cochinchine : Saigon, villeadministrative, maritime et militaire, de création française ; Cholon, la ville du commerce et del'industrie, asiatique peut-on dire, plutôt qu'annamite, qui existait avant notre arrivée. C'est dans cesdeux centres voisins, presque soudés, se complétant l'un l'autre, que toute la vie de la Cochinchinevient aboutir. Malgré leur séparation légale, leur séparation matérielle, que chaque jour d'ailleursréduit, Saigon et Cholon font une seule et même cité. » 14Il est utile de noter ici que Cholon ne fut pas épargnée par les combats qui précédèrent, de 1859 à1862, la prise de contrôle par les troupes franco-espagnoles de trois des six provinces de laCochinchine. C’est ainsi que de mars 1860 à février 1861, dans le cadre de la guerre de position quiopposa les troupes du commandant d’Ariès à celles du maréchal Nguyên Tri Phuong, les troupesfrançaises occupèrent la ligne Saigon-Cholon (la fameuse ligne de Khi Hoa) et notamment quatre10 Tsai Mau Kuey, op. cit., p. 29.11 Petrus Ky,op. cit., p. 19.12 H. L. Jammes, op. cit., pp. 45-46.13 P. Cultru, Histoire de la Cochinchine française, Paris, Editions Challamel, 1910, p. 183.14 P. Doumer, Indochine française, souvenirs, Paris, Edition Vuibert et Nony, 1905, p. 64.Atelier F04 / Virtual Saigon : Écriture d'une nouvelle histoire de la villeà partir des documents visuelsLa ville de Cholon, depuis l’origine à nos jours :Une approche cartographique de l’histoire de la villeLaurent Gédéon / 7