téléchargement en PDF ici. - Silence

LE MOIS DE LASSERPEEditorialDes chirurgienspour l’économieChacun des articles consacrés à la décroissance nousa valu quelques ricanements. Avec les problèmessociaux du moment, comment osions-nous avancerl’idée d’une décroissance de l’économie ?Ces réactions se comprennent. Nous sommes tous marquésau fer rouge (la couleur, ici, n’est pas politique, du moins…pas seulement), marqués d’une certitude pour bagnards :la croissance, c’est le progrès et le progrès social irait avec.Difficile, dans ces conditions, de suggérer qu’on a peutêtretout faux.Dans l’optique productiviste, on a exploité — pillé ! — lanature et les forces de travail. Mais les qualités humaines,dans notre civilisation, n’ont pas été utilisées, sinon briméesou déviées à des fins mercantiles comme, par exemple, lacréativité artistique. On peut donc supposer que, délivréesdu conditionnement, ces qualités pourraient révéler desrichesses insoupçonnées. Si l’on nous laissait devenir intelligentset créatifs après avoir extirpé cette fatale obligationde croissance marchande, nous pourrions sans doute concevoirune tout autre notion du progrès et alors, oui, d’un progrèssocial synonyme d’équité.La croissance devenue l’ex-croissance, ça ne vous fait paspenser à l’ablation d’une mortelle tumeur ? Nous faut-ildes chirurgiens de l’économie pour pouvoir vivre, enfin,pleinement, notre fonction d’êtres sociaux ?Madeleine Nutchey nSILENCE N°328 Octobre 20053