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LE MOIS DE LASSERPEEditorialDes chirurgi<strong>en</strong>spour l’économieChacun des articles consacrés à la décroissance nousa valu quelques ricanem<strong>en</strong>ts. Avec les problèmessociaux du mom<strong>en</strong>t, comm<strong>en</strong>t osions-nous avancerl’idée d’une décroissance de l’économie ?Ces réactions se compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t. Nous sommes tous marquésau fer rouge (la couleur, <strong>ici</strong>, n’est pas politique, du moins…pas seulem<strong>en</strong>t), marqués d’une certitude pour bagnards :la croissance, c’est le progrès et le progrès social irait avec.Diff<strong>ici</strong>le, dans ces conditions, de suggérer qu’on a peutêtretout faux.Dans l’optique productiviste, on a exploité — pillé ! — lanature et les forces de travail. Mais les qualités humaines,dans notre civilisation, n’ont pas été utilisées, sinon briméesou déviées à des fins mercantiles comme, par exemple, lacréativité artistique. On peut donc supposer que, délivréesdu conditionnem<strong>en</strong>t, ces qualités pourrai<strong>en</strong>t révéler desrichesses insoupçonnées. Si l’on nous laissait dev<strong>en</strong>ir intellig<strong>en</strong>tset créatifs après avoir extirpé cette fatale obligationde croissance marchande, nous pourrions sans doute concevoirune tout autre notion du progrès et alors, oui, d’un progrèssocial synonyme d’équité.La croissance dev<strong>en</strong>ue l’ex-croissance, ça ne vous fait pasp<strong>en</strong>ser à l’ablation d’une mortelle tumeur ? Nous faut-ildes chirurgi<strong>en</strong>s de l’économie pour pouvoir vivre, <strong>en</strong>fin,pleinem<strong>en</strong>t, notre fonction d’êtres sociaux ?Madeleine Nutchey nSILENCE N°328 Octobre 20053


DécroissanceLibérez la socialité !DR


Depuis que, dans S!l<strong>en</strong>ce, l’on a agité cette idéede décroissance – et cela fait plusieurs années –il y a eu de nombreuses réactions, parfoisexplosives. La décroissance ? vous êtes fous !Avec le chômage qu’on a déjàet les problèmes sociaux…la décroissance va supprimerdes emplois mais c’est bi<strong>en</strong>,-Oui,il faut arrêter de travailler.— Non, la décroissance ne va pas susciterdavantage de chômage puisque lessolutions écologiques sont créatricesd’emploi.— Il ne faut créer aucun type d’emploi,le salaire incite à la consommation etla croissance va repartir !— Et puis tout travail nécessite del’énergie et des matières premières et nousn’<strong>en</strong> avons plus, etc.Et tout le monde il a raison.François Schneider a trouvé une trèsbelle formule : “Le choix ce n’est pasdécroissance ou croissance mais c’estdécroissance ou récession”.Et il est peut-être possible d’aborderautrem<strong>en</strong>t le problème qu’<strong>en</strong> se lançantdans une querelle d’experts et des prévisionséconomiques chiffrées qui ont trèspeu de chances de s’avérer, étant donnéqu’il est très diff<strong>ici</strong>le d’imaginer l’aprèspétrole.Conditionnem<strong>en</strong>tsCep<strong>en</strong>dant, il n’est pas interdit des’interroger sur le caractère social de ladécroissance, sachant que la croissance,qui a été c<strong>en</strong>sée assurer des emplois, desbons salaires et des avantages sociaux, afait tout le contraire de ces promesses.Cela ne veut pas dire pourtant que, acontrario, la décroissance va nous garantirtout ça. Mais, effectivem<strong>en</strong>t, on peutne plus le souhaiter et rechercher unbi<strong>en</strong>-être social qui ne soit pas bâti surdes prestations liées au salaire. On a faitcroire à cette formule il n’y a même pasun siècle à de braves salariés rêvant decongés et de retraite après le dur labeur.On leur a vanté le “progrès social”, mais ilfallait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre “progrès économique”.La Révolution de 1789 avait conçu laDéclaration des droits de l’homme, larévolution industrielle les a fait redesc<strong>en</strong>dreau niveau des droits du travail.Comme si le droit de vivre devait s’acheter— très cher et obligatoirem<strong>en</strong>t — parun emploi salarié durant une quarantained’années. Nous sommes condamnés àquarante ans de boulot, la s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ce estlourde… Et nous sommes tellem<strong>en</strong>tconditionnés par cette notion d’obligation(de fatalité ?) du travail que lorsqu’on areculé l’âge de la retraite sous le fallacieuxprétexte de l’allongem<strong>en</strong>t de la durée devie, les salariés ont à peine protesté, deuxou trois manifs. D’ailleurs un certainMonsieur Raffarin, alors <strong>en</strong> poste, pas <strong>en</strong>retraite, a déclaré “Ce n’est pas la rue quigouverne”.Oui Monsieur, mais c’est la rue quiécrit l’Histoire…Un marché de dupesEn att<strong>en</strong>dant, rev<strong>en</strong>ons au social. Jelui préfère le terme de socialité, conceptionplus large, plus naturelle, mieuxappar<strong>en</strong>tée à la convivialité.Il serait temps de dissocier complètem<strong>en</strong>tcette notion de socialité, ou de bi<strong>en</strong>vivresocial, de la notion de salariat.Le social, <strong>en</strong>chaîné à l’emploi, dansles dernières années, est allé jusqu’à semuer <strong>en</strong> zacquissocios… Le plus belexemple, c’est la sécu. Résumons les faits :résigné à accepter n’importe quel emploisalarié, vous avez dès lors le droit de vousépuiser à ce travail, de stresser, de respirerdes rejets toxiques si l’emploi côtoie lachimie, ou de vous ruiner le moral si vousfabriquez de l’inutile ou du dangereuxet… les lourds prélèvem<strong>en</strong>ts sur votresalaire vous donn<strong>en</strong>t droit non pas àretrouver votre santé, perdue <strong>en</strong> travaillant,mais à <strong>en</strong> réparer, un peu, certainsdégâts, <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant des médicam<strong>en</strong>tsallopathiques remboursés qui vont vous<strong>en</strong> faire d’autres, des dégâts. Si ce n’est pasle plus beau des marchés de dupes, comm<strong>en</strong>tfaut-il l’appeler ?Le plus horrible des cas a été celui destravailleurs de l’amiante, continuant leurlabeur dans les <strong>en</strong>treprises à risques p<strong>en</strong>dantdes déc<strong>en</strong>nies sans être avertis dudanger. Frappés d’asbestose, ils ont <strong>en</strong>coreaujourd’hui toutes les difficultés possiblepour être “indemnisés”, indemnisésau lieu de rester “indemnes” si on lesavait prév<strong>en</strong>us à temps… Et ils se sonttués au travail pour que se répande partoutun sale truc dont on ne sait comm<strong>en</strong>t(1) Le Monde 08 juillet 2005.(2) La RTT est remise <strong>en</strong> cause par l’actuel gouvernem<strong>en</strong>t.(3) Voir articles d’Alain-Claude Galtié dans S!l<strong>en</strong>ce.se défaire et qui met de nouveau <strong>en</strong> dangerceux qui s’y essai<strong>en</strong>t !Certes, à l’usine ou au bureau, onpeut se créer des li<strong>en</strong>s sociaux, mais cesont des li<strong>en</strong>s sociaux par défaut parceque, <strong>en</strong> passant la plus grande partie de lajournée sur son lieu de travail ou pour s’yr<strong>en</strong>dre, il ne reste guère de temps pourr<strong>en</strong>contrer ailleurs d’autres personnes,avec lesquelles on aurait plus d’affinités.Cep<strong>en</strong>dant, avec les 35 h il y a eu un petitprogrès, certains ont pu aborder le mondeassociatif, organiser des fêtes de quartier(2). On peut parler pourtant d’une communautéd’intérêts pour des personnestravaillant dans la même <strong>en</strong>treprise maison est loin des li<strong>en</strong>s sociaux qui pouvai<strong>en</strong>tse créer autour des “communaux”(3) utilisés gratuitem<strong>en</strong>t par la communautéet confisqués pour le profit dequelques groupes ou personnes.Retrouverle plaisir de faireMais pour dissocier socialité etemploi, il va falloir dissocier aussi emploiet travail. Pour tous ceux qui, il y aquelques millénaires, ne sont pas nés surdes îles paradisiaques, le travail a permisla survie de l’espèce. Aux temps préhistoriquesoù dégraisser le mammouth n’étaitpas une boutade de ministre mais la préparationdu pot au feu, feu qu’il avait fallud’abord inv<strong>en</strong>ter avant d’<strong>en</strong>voyer lesgosses ramasser du bois (apportez-<strong>en</strong>beaucoup, ça demande à être bi<strong>en</strong> cuit, lemammouth). Et chasser la bête, la ram<strong>en</strong>erpar morceaux à la grotte, c’était unsacré boulot. Tellem<strong>en</strong>t sacré que ces troglodytesla dessinai<strong>en</strong>t sur les parois de lagrotte, au cas où il y aurait plus tard desdieux à mêler à tout ça. Sans compter ledanger : sans la solidarité de tous lesacteurs, personne n’aurait pu s’<strong>en</strong> tirer,c’était de la pratique sociale de sauvegarde,ancêtre du syndicat… Et le plus étrange,alors qu’ils aurai<strong>en</strong>t pu se reposeraprès l’exploit, c’est qu’ils se taillai<strong>en</strong>t destuniques dernier cri dans la peau, aveccollier assorti fait des plus petits des os. Jeme demande même si les plus gros, frappés<strong>en</strong> cad<strong>en</strong>ce les uns contre les autres,ne préludai<strong>en</strong>t pas au rythme du jazz,mais je n’ai pas de preuve… Bref, tout sepassait comme si se régaler, décorer l’apparte,se parer, monter un groupe musical,étai<strong>en</strong>t des activités glissant ins<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>tde la corvée initiale au stade duplaisir. Comme si le travail, outre la satisfactionde se procurer par lui quelquechose qu’avant l’on n’avait pas, apportaitdans l’exercice lui-même une satisfaction.SILENCE N°3285Octobre 2005


DécroissanceAlors, instinct ou prémisses de conditionnem<strong>en</strong>tculturel ? Avai<strong>en</strong>t-ils inv<strong>en</strong>té unemorale paléolithique du devoir accompli ?Je ne le p<strong>en</strong>se pas, j’opte pour le plaisir defaire.Quoi qu’il <strong>en</strong> soit, la satisfactionintrinsèque que comporte l’acte de travailremonte à des temps immémoriaux. On laretrouve dans le bénévolat, avec des g<strong>en</strong>squi écriv<strong>en</strong>t des articles pour S!l<strong>en</strong>ce aulieu de profiter des belles journées d’étédans une chaise longue. Bi<strong>en</strong>, <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, jeplaisante. Le bénévolat, <strong>en</strong> fait, quand ils’agit des pompiers volontaires et dessecouristes peut aller jusqu’à risquer savie pour aider. La satisfaction accède <strong>ici</strong> àun degré suprême parce qu’il faut sauver.Chez ces bénévoles-là, mais aussi dansd’autres groupes, on remarque une grandecohésion sociale. Est-ce la résultante d’unchoix d’action commun ?Génétique ou culturelle, je ne saispas, mais ce qui gâche à notre époque unepratique saine et valorisante du travail,c’est le système du salariat. Fabriquern’importe quoi selon des horaires imposésavec, <strong>en</strong> outre, la peur de perdre c<strong>en</strong>’importe quoi parce que le chômage ceserait pire, c’est inhumain. Plus ri<strong>en</strong> à voiravec la satisfaction profonde de l’ouvragebi<strong>en</strong> fait que seuls quelques artisansconnaiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core. Alors, sans cettesatisfaction profonde, on se console <strong>en</strong>dép<strong>en</strong>sant le salaire gagné (avec des crédits<strong>en</strong> plus pour conforter le systèmebancaire) afin d’acheter les produits quela pub dit indisp<strong>en</strong>sables et qui se révèl<strong>en</strong>tfrustrants à court terme, la bellebagnole qu’on se ruine à <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir, legrand écran qui ne diffuse ri<strong>en</strong> de plusintéressant que le petit, les grossesbouffes qui r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t malades.En réalité, nous n’avons pas à déplorer10% de chômeurs, mais un énormepourc<strong>en</strong>tage de salariés privés de la satisfactionvitale du travail.Ce n’est pas de travail que nous manquonsmais de s<strong>en</strong>s du travail.Faudrait-il créer des groupes de “chômeursvolontaires” comme ceux des faucheursvolontaires pour dénoncer cettespoliation ?Quoique quelques-uns parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tmalgré tout à éprouver une “satisfactionpar le travail” là où on l’att<strong>en</strong>d le moins.Les maçons qui chant<strong>en</strong>t sur le chantier,pour peu qu’ils soi<strong>en</strong>t itali<strong>en</strong>s, ça s’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dtoujours (mais s’appar<strong>en</strong>te à l’artisanat).Par contre, des ouvriers chantant sur deschaînes de montage exist<strong>en</strong>t aussi, si levacarme le permet. C’est plus diff<strong>ici</strong>le àcompr<strong>en</strong>dre, mais indiquerait un besoinde travailler, bigrem<strong>en</strong>t profond, chezl’homo faber.DRRedéfinirla justice socialeJe disais “fabriquer n’importe quoi”,de l’inutile, du dangereux et c’est dev<strong>en</strong>ule lot commun. On a perdu l’innoc<strong>en</strong>cedu geste. Tout ce que l’on produit, tout ceque l’on consomme, tout a des conséqu<strong>en</strong>cespour les autres et pour la planète.Les conséqu<strong>en</strong>ces sont très diff<strong>ici</strong>les àévaluer, d’autant plus que tous les moy<strong>en</strong>sfinanciers vont à la production et à lav<strong>en</strong>te, jamais à l’étude préalable de cesconséqu<strong>en</strong>ces. On fait une étude de marché,c’est tout.Mais <strong>en</strong> sachant pertinemm<strong>en</strong>t quel’on a perdu l’innoc<strong>en</strong>ce du geste, on vapeut-être pouvoir découvrir une socialitéincluse, précisém<strong>en</strong>t, dans cette nécessitéde réfléchir à l’impact de toutes nosactions sur la biosphère et toutes ses composantes.Si l’on a besoin d’une devise, cepourrait être “Agir sans nuire”, quiimplique une socialité tout à fait différ<strong>en</strong>tedu “faire vite, beaucoup et n’importequoi pour <strong>en</strong>suite camoufler et réparer unpeu” que nous ont garanti nos systèmessociaux.Au début, ils étai<strong>en</strong>t exempts de toutsoupçon et des salariés sincères et courageuxse sont battus pour qu’ils soi<strong>en</strong>t mis<strong>en</strong> place. Je ne souhaite surtout pas qu’ilsdisparaiss<strong>en</strong>t au profit des chefs d’<strong>en</strong>treprise! Au contraire, je voudrais qu’ilssoi<strong>en</strong>t remplacés par des mesures permettantune vraie justice sociale. Mais il nepeut plus exister de part<strong>en</strong>ariat social nide conv<strong>en</strong>tions collectives seulem<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tre patrons et employés. La planète etsa biosphère sont parties pr<strong>en</strong>antes, une“collectivité” <strong>en</strong>globe tout. Car tout <strong>en</strong>dénonçant avec virul<strong>en</strong>ce et à juste titreles abus du patronat, les militants ontaccepté, sans se méfier, le principe d’uneproductivité qu’il fallait accroître sanscesse pour que, soi-disant, les salaires suiv<strong>en</strong>t,ainsi que tout le paquet-cadeauqu’on y avait attaché, congés, sécu, etc.On s’est bi<strong>en</strong> gardé, dans les instancesdécisionnelles, de dire que la croissanc<strong>en</strong>e concernerait que celle des portefeuillesd’actions. Au contraire, on a jeté de lapoudre aux yeux sous forme de siglesinv<strong>en</strong>tés pour impressionner le peuple,comme le PIB par exemple, ce produitintérieur brut qui devrait mesurer notreétat économique mais qui est tellem<strong>en</strong>tbrut qu’il n’inclut aucune appréciationsociale de la véritable marche de la société.Ne pas oublierla planèteTout ce qui permet <strong>en</strong> fait de t<strong>en</strong>irbon, la main t<strong>en</strong>due pour aider, tout letravail énorme fait à la maison, ce n’estpas “payé” donc ça n’existe pas (4). Mais(4) La réglem<strong>en</strong>tation est de plus <strong>en</strong> plus restrictive.Un exemple : si vous avez besoin de v<strong>en</strong>dre une maison,que vous avez achetée il y a quelques années dansun état lam<strong>en</strong>table, et après y avoir passé un tempsfou pour la restaurer de vos mains, vous ne pourrezpas déduire de la plus value à régler ni les factures dematériaux (écolos ou non) ni le nombre d’heures detravail que vous avez effectuées. C’est comme çadepuis un an, pour nier <strong>en</strong>core davantage le travailnon salarié, fût-il le vôtre et pour répondre à vospropres besoins. La valorisation du travail <strong>en</strong> luimême,ce n’est pas pour demain, c’est même moinsbi<strong>en</strong> reconnu qu’hier …SILENCE N°3286Octobre 2005


c’était tellem<strong>en</strong>t irréaliste que les économistesoff<strong>ici</strong>els ont fini par <strong>en</strong> avoirhonte, sans doute, puisqu’ils ont concoctéun PNUD, Programme des Nationsunies pour le développem<strong>en</strong>t, qui pr<strong>en</strong>d<strong>en</strong> compte certains aspects sociaux (éducation,santé…). Mais ce n’était pas lapeine de tellem<strong>en</strong>t réfléchir<strong>en</strong>tre PIB et PNUDpour ne pas même s’apercevoirqu’ils oubliai<strong>en</strong>tune… broutille : la planète.L’épuisem<strong>en</strong>t des ressourcesnaturelles n’existepas non plus pour ces économistes! On va donc leleur redire <strong>en</strong>core une fois :au rythme de la consommationactuelle, nousexploitons une surface dela planète équival<strong>en</strong>te à unpeu plus de cinq hectares pour unFrançais, un et demi pour un Chinois(mais dans ce pays le temps de l’écrire etc’est déjà dépassé) et l’Etasuni<strong>en</strong> <strong>en</strong> est àdix hectares bushem<strong>en</strong>t non-négociables.Si l’on divise la surface de la Terre par lessix milliards de ses habitants, calcul élém<strong>en</strong>taireà la portée semble-t-il des économistes,on ne peut dépasser 1,9 hectare(il s’agit de la surface totale nécessaire,pas de la seule surface cultivable).Redéfinir des activités conviviales peut éviterle recours au salariat.Nous n’avons pasà déplorer 10%de chômeurs,mais un énormepourc<strong>en</strong>tagede salariés privésde la satisfactionvitale du travail.Bruno GuilleminDans la pratique d’une société t<strong>en</strong>dantà la décroissance, pour stopper ces int<strong>en</strong>ablesexcès de la consommation et <strong>en</strong>p<strong>en</strong>sant que beaucoup de peuples ont,eux, d’énormes besoins vitaux à satisfaire,qu’est-ce que l’on peut faire ? Arrêterimpérativem<strong>en</strong>t toutes les industries dontla production est nuisibleou inutile, des armem<strong>en</strong>taux gadgets. Quel tempsfaudra-t-il, alors qu’il y aurg<strong>en</strong>ce, je ne peux l’évaluerni calculer ce quipourra subsister ou remplacerle mode actuel(agriculture saine obligatoirem<strong>en</strong>t,une forme desoins médicaux noninféodée aux intérêts deslabos, des secteurs d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>tstotalem<strong>en</strong>trep<strong>en</strong>sés, la fabrication d’objets indisp<strong>en</strong>sableset réparables, une industrie desénergies r<strong>en</strong>ouvelables, des moy<strong>en</strong>s detransport collectifs ou individuelsdoux…).Tout le travail à fournir fonctionneraitsur la base d’un salaire universel, ainsique beaucoup l’ont proposé et à conditionque les prélèvem<strong>en</strong>ts ou impôts <strong>en</strong>cor<strong>en</strong>écessaires soi<strong>en</strong>t réglés équitablem<strong>en</strong>tpar l’<strong>en</strong>semble de la population et nonplus principalem<strong>en</strong>t par les salariés.Si l’on veut garder le terme d’emploipour l’accomplissem<strong>en</strong>t partagé destâches indisp<strong>en</strong>sables et s’il faut répondreà la question du nombre des “emplois” àpourvoir alors, il y a bi<strong>en</strong> eu quelquesévaluations mais est-ce vraim<strong>en</strong>t possible— et nécessaire ? — d’avancer deschiffres. La seule chose qui me semblecertaine c’est que, passant d’un systèmeéconomique libéral qui ne vise qu’à lasuppression de la main-d’œuvre pouraugm<strong>en</strong>ter les bénéfices, on ne va pasconstater globalem<strong>en</strong>t une diminutionnotable du travail à fournir puisque cettefaçon d’agir sera inversée par la volontéde décroissance. Quelle que soit la quantitéconsidérable des industries supprimées,il y aura un nombre peut-être équival<strong>en</strong>tde choses à faire qui ne l’ont jamaisété parce que non r<strong>en</strong>tables, de nouveauxservices, de la maint<strong>en</strong>ance pour fairedurer etc.“Le social” ne se résumerait plus alors<strong>en</strong> une série de prestations, il devi<strong>en</strong>draitune coopération naturelle. Je compr<strong>en</strong>dsbi<strong>en</strong> que, dans l’esprit des militants de1936, il était nécessaire de r<strong>en</strong>dre la solidaritéobligatoire et codifiée pour quepersonne ne dép<strong>en</strong>de plus d’une charitédisp<strong>en</strong>sée ou refusée. Mais on s’aperçoit àl’usage que l’inégalité a persisté et s’estmême aggravée. Le Courrier internationalde cet été titre sur le modèle social (5). Enpage 12, comparaison <strong>en</strong>tre les systèmesanglais et français et une politique “axéesur le li<strong>en</strong> direct <strong>en</strong>tre le droit aux allocationset l’obligation de chercher du travail”.Juste avant, <strong>en</strong> page 9, “le Fol été dela Riviera” relatait les fêtes de plus <strong>en</strong> plussomptueuses des milliardaires, un étalagede luxe <strong>en</strong>core jamais vu. L’écart <strong>en</strong>tre lesserfs et leurs seigneurs, au Moy<strong>en</strong> âge, mesemble rétrospectivem<strong>en</strong>t moins monstrueux.Car, à l’époque, on avouait clairem<strong>en</strong>tqu’il y avait d’un côté des serfs, del’autre des seigneurs alors que maint<strong>en</strong>antl’<strong>en</strong>semble est classé dans une catégori<strong>en</strong>ommée démocratie.Combattred’une autre manièreCela donne à p<strong>en</strong>ser que l’injusticesociale est à combattre d’une autre manière,sur un autre plan, peut-être <strong>en</strong> cassantce système monétaire où la thésaurisationdevi<strong>en</strong>t une catastrophe. Ne plus rétribuerles placem<strong>en</strong>ts et même adopter unsystème inversé, pénalisant l’arg<strong>en</strong>tconservé au lieu de lui accorder des intérêts,pourquoi pas ?D’aucuns pousseront de grands cris,invoquant l’OMC et les autres instancescontraignantes, on nous ferait “la guerreéconomique”… Bof ! La guerre économiqu<strong>en</strong>e durerait guère, stoppée par l’arrivéeproche de la crise pétrolière. Et toutsystème réfractaire à l’économie de marchépasserait, d’un coup, au rang demodèle.Dans un rythme de travail plus équilibré,non traumatisant, une socialité libéréedevrait apparaître. Je ne sais quand, j<strong>en</strong>e suis pas prophète, mais je p<strong>en</strong>se que ceserait probable.Je suggérais une petite devise à afficherdans sa cuisine, “ Agir sans nuire”,mais sans doute faut-il <strong>en</strong> trouver une àappliquer à l’échelle planétaire. On peutalors repr<strong>en</strong>dre la formule de FrançoisSchneider, pour choisir <strong>en</strong>tre décroissanceou récession .Ou bi<strong>en</strong> celle de Pierre Kropotkinequi date de plus d’un siècle et me sembletoujours bonne : “Faire s<strong>en</strong>tir à l’ouvrierque son cœur bat avec le cœur de l’humanitédans le monde <strong>en</strong>tier. C’est l’espéranceet non le désespoir qui fait le succèsdes révolutions”.Madeleine Nutchey n(5) Le Courrier International n°768, juillet 2005.SILENCE N°3287Octobre 2005


DécroissanceOn n’a pas fini de rire !Le débat sur la décroissance heurte de plus<strong>en</strong> plus les convictions d’une gauche syndicalequi répète avec le patronat : sans croissance,pas d’emplois ! Et si on réfléchissait autrem<strong>en</strong>t ?Comme le rappelle à chacune de sesinterv<strong>en</strong>tions Serge Latouche, lapremière chose à faire pour p<strong>en</strong>serla décroissance, c’est de changer notreimaginaire. Si nous nous plaçons dans undébat économique classique, adopté parla gauche comme par la droite, par lessyndicats comme par le patronat, sur laquestion de l’emploi, nous sommes foutus.Essayons d’amorcer ce débat <strong>en</strong> partantdes besoins de chacun et non <strong>en</strong>fonction de statistiques économiquesRires, sourireset amour“Je ne veux pas que meshommes travaill<strong>en</strong>t car ils n’aurontplus le temps de rêver”Un chef indi<strong>en</strong> s’adressantaux militaires US.DRComme je l’ai déjà expliqué dans unarticle précéd<strong>en</strong>t (1), nos besoins fondam<strong>en</strong>tauxsont d’abord respirer, boire,manger (et chier), dormir. A ces besoinsvitaux, s’ajout<strong>en</strong>t des besoins un peumoins impératifs qui sont avoir un logem<strong>en</strong>t,r<strong>en</strong>contrer d’autres personnes,appr<strong>en</strong>dre et se cultiver.Comm<strong>en</strong>t s’exprime la satisfaction d<strong>en</strong>os besoins ? Par le bonheur, notion diff<strong>ici</strong>leà quantifier. On peut toutefois avancerqu’une personne heureuse a t<strong>en</strong>danceà sourire aux autres, voire même danscertaines circonstances à éclater de rire.Si nous adoptons comme “monnaies”le sourire et le rire, force est de constaterque nous changeons complètem<strong>en</strong>td’imaginaire. Le sourire le plus fréqu<strong>en</strong>tdevi<strong>en</strong>t sans doute celui d’un par<strong>en</strong>t pourson <strong>en</strong>fant, ce qui <strong>en</strong> ferait alors la plusgrande richesse. Le regard des amoureuxsemble aussi à placer tout <strong>en</strong> haut de cetteéchelle de valeurs, l’amour étant dans cesdeux exemples ce qui s’exprime par lesourire et le regard (2).Dans une société décroissante, nousdevons donc pr<strong>en</strong>dre comme référ<strong>en</strong>ceque nous cherchons une “sobriété heureuse”avec le maximum de bonheur,d’amour, de rire et de fou-rire.Alors que répondre à ceux qui pleur<strong>en</strong>tle risque de ne plus avoir d’emploi ?Rev<strong>en</strong>diquerune contrainte ?Comme on peut le voir dans la liste debesoins ci-dessus, l’emploi n’y figure pas.Ce n’est pas un besoin, c’est év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>tune contrainte.Pourquoi faut-il aujourd’hui “créerdes emplois”. Parce que nous sommesdans une société marchande, qui crée des<strong>en</strong>vies (et non des besoins) et que ces<strong>en</strong>vies ne peuv<strong>en</strong>t se satisfaire que parl’achat, donc par la possession d’arg<strong>en</strong>t.Pour gagner de l’arg<strong>en</strong>t, il faut v<strong>en</strong>drequelque chose, le plus souv<strong>en</strong>t notre forcede travail.L’humour reste <strong>en</strong>core prés<strong>en</strong>t dans les luttes.Il faut, à ce niveau de la réflexion,faire la distinction <strong>en</strong>tre le travail et l’emploi.Tout le monde travaille : depuis l’<strong>en</strong>fantqui range sa chambre au vieux quiécosse les petits pois. P<strong>en</strong>dant des siècles,ce travail n’a pas été rémunéré, l’arg<strong>en</strong>trestant un moy<strong>en</strong> pour des échangesextrêmem<strong>en</strong>t limités (3). Et puis avecl’industrialisation, progressivem<strong>en</strong>t lesystème capitaliste a mis la main d’abordsur les objets puis plus récemm<strong>en</strong>t sur lesservices. Aujourd’hui tout s’achète, toutse v<strong>en</strong>d (4).A écouter les médias off<strong>ici</strong>els, leséchanges sans arg<strong>en</strong>t devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t rarissimes.C’est oublier un peu vite l’énormetravail qui s’effectue dans la sphère familiale,<strong>en</strong>tre amis et égalem<strong>en</strong>t dans bonnombre d’associations avec des c<strong>en</strong>tainesde milliers de bénévoles.En parallèle à cette évolution, onassiste à une progression parallèle del’emploi salarié. Echapp<strong>en</strong>t aujourd’hui àces emplois salariés, les professions libérales(dont les employeurs), les artisans etles paysans.Si l’on observe un “salarié”, on peutconstater qu’il sourit et rigole peu dansson travail. Selon notre échelle du bonheur,on peut <strong>en</strong> conclure que le salariatn’est pas une bonne chose.Donc, pour réfléchir autrem<strong>en</strong>t,posons comme hypothèse de départ qu<strong>en</strong>ous devons tout faire pour diminuer l<strong>en</strong>ombre d’emplois.Diminuer le nombred’emplois“Au début, on dit que c’estimpossible pour ne pas avoir à let<strong>en</strong>ter et effectivem<strong>en</strong>t, cela devi<strong>en</strong>timpossible parce qu’on ne le t<strong>en</strong>te pas”Fourier.Si nous voulons diminuer les emploiset donc le travail salarié, synonyme decontraintes, nous devons essayer de p<strong>en</strong>serune société où les ressources ne provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tplus pour l’ess<strong>en</strong>tiel d’un salaire.Il existe des pistes pour cela.Une société qui choisirait la décroissancepourrait comm<strong>en</strong>cer par revalorisertous les échanges gratuits qui échapp<strong>en</strong>taux indicateurs économiques actuels :valoriser le “travail” des par<strong>en</strong>ts, desbénévoles associatifs, mais égalem<strong>en</strong>t deceux et celles qui s’investiss<strong>en</strong>t dans l’organisationde spectacles, de fêtes… bref,de toutes les activités où la satisfactions’exprime par le sourire.(1) Voir “Décroissants des champs, décroissants desvilles”, S!l<strong>en</strong>ce n°322, page 9.(2) L’amour — dans ses deux s<strong>en</strong>s : amoureux etaltruisme — est sans doute la valeur suprême àrechercher, ce que les religions ont su mettre <strong>en</strong> avantpour assurer leur prospérité.(3) La foire par exemple qui n’avait lieu le plus souv<strong>en</strong>tqu’une fois par an.(4) A ce sujet, on peut s’interroger sur le rôle de l’économiesolidaire qui t<strong>en</strong>d à r<strong>en</strong>dre “solvable” de plus<strong>en</strong> plus d’activités. Voir “Mystères de l’économie solidaire”,S!l<strong>en</strong>ce 325, page 54.SILENCE N°3288Octobre 2005


DRLes jeunes cadres ne rigol<strong>en</strong>t pas !Il faut <strong>en</strong>suite s’attaquer au mondeéconomique “classique”. Il faut comm<strong>en</strong>cerpar supprimer les métiers les plus nuisiblesà la société. Indiscutablem<strong>en</strong>t, cesont les usines d’armem<strong>en</strong>t qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<strong>en</strong> tête. De nombreuses études économiques(5) montr<strong>en</strong>t que payer les salariésdes usines d’armem<strong>en</strong>t à ne ri<strong>en</strong> faireserait positif pour la santé économique dela planète. D’autres modifications pourrai<strong>en</strong>tsuivre comme reconvertir progressivem<strong>en</strong>tles usines de production <strong>en</strong>usines d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> de l’existant et finird’utiliser ces <strong>en</strong>gins à des fins socialem<strong>en</strong>tutiles. Les Africains dont l’indice de sourireest manifestem<strong>en</strong>t supérieur à celuides Europé<strong>en</strong>s, sav<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir nosobjets “jetables” pour qu’ils dur<strong>en</strong>t beaucoupplus longtemps. Mettons <strong>en</strong> placeune aide des pays du Sud au pauvres paysdu Nord : mettons des Africains à la têtesde nos usines pour qu’ils nous aid<strong>en</strong>t à lesfermer !Il faudrait <strong>en</strong>suite étudier les produitsindustriels qu’il faut conserver (les vélos ?)pour qu’ils soi<strong>en</strong>t construits pour durer etnon pour s’user rapidem<strong>en</strong>t.Je ne vais pas plus loin dans l’énumérationde ce qu’il faudrait changer, mais cequi ressort de cela, c’est que très logiquem<strong>en</strong>t,cela devrait <strong>en</strong>traîner une baisseradicale du nombre d’emplois salariés aubénéfice des emplois artisanaux et artistiques.Ainsi, d’anci<strong>en</strong>s monteurs de voiturespourrai<strong>en</strong>t se retrouver à leur comptecomme garagiste, des anci<strong>en</strong>s fabricantsde chaussures comme cordonniers…Selon des estimations établies delongue date (6), le travail utile destiné àl’échange — salarié ou non — peut alorsdesc<strong>en</strong>dre à <strong>en</strong>viron deux heures par jour(ou 15 heures par semaine).Cette diminution du temps de travailutile d’échange libère du temps pourm<strong>en</strong>er — év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t — d’autres activités,donc du temps de travail que jequalifierais de “convivial”, celui qui semesure précisém<strong>en</strong>t <strong>en</strong> sourires (7).Répartir les ressourcesLe risque pour une politique dedécroissance, serait alors dans l’abs<strong>en</strong>cede partage des ressources au fur et àmesure que diminu<strong>en</strong>t les emplois. Nousaurions une acc<strong>en</strong>tuation de ce que l’onobserve déjà actuellem<strong>en</strong>t : d’un côté deschômeurs dont les tal<strong>en</strong>ts sont mis <strong>en</strong>veille et de l’autre des personnes stresséesqui boss<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong> plus de peur deperdre leur emploi. Cette coupure <strong>en</strong>treUn sourir<strong>en</strong>e coûte ri<strong>en</strong>Un sourire ne coûte ri<strong>en</strong>et produit beaucoup.Il <strong>en</strong>richit ceux qui le reçoiv<strong>en</strong>t,sans appauvrir ceux qui le donn<strong>en</strong>t.Il ne dure qu’un instant, mais son souv<strong>en</strong>irest parfois éternel.Personne n’est assez richepour pouvoir s’<strong>en</strong> passer,Et personne n’est trop pauvrepour ne pas le mériter.Il crée le bonheur au foyer,est un souti<strong>en</strong> dans les affaireset le signe s<strong>en</strong>sible de l’amitié.Un sourire donne du repos à l’être fatigué,r<strong>en</strong>d du courage au plus découragé, consoledans la tristesse et est un antidote de lanature pour toutes les peines.Cep<strong>en</strong>dant il ne peut s’acheter, ni se prêter,ni se voler.Car c’est une chose qui n’a de valeurqu’à partir du mom<strong>en</strong>t où il se donne.Et si quelquefois vous r<strong>en</strong>contrez une personnequi ne vous donne pas le sourire que vousméritez, soyez généreux, donnez-lui le vôtre.Car nul n’a autant besoin d’un sourire quecelui qui ne peut <strong>en</strong> donner aux autres.“actifs” et “inactifs” (mots pièges !) cacheune autre coupure : d’un côté des g<strong>en</strong>s,salariés ou chômeurs, qui gagn<strong>en</strong>t demoins <strong>en</strong> moins, et de l’autre une frangede plus <strong>en</strong> plus étroite de g<strong>en</strong>s qui accumul<strong>en</strong>tles richesses matérielles.Pour faire retrouver le sourire aux unset aux autres, il faut effectivem<strong>en</strong>t unevéritable révolution de l’imaginaire etcomm<strong>en</strong>cer par prôner que l’oisiveté n’estpas un vice, mais une bénédiction pour laplanète. Soyons z<strong>en</strong> et contemplatif,vivons d’amour et d’eau fraîche.Pour faire le partage <strong>en</strong>tre salariés etchômeurs, la solution est connue et déjàgérée par le système : c’est la diminutiondu temps de travail. Chaque fois que letaux de chômage risque d’avoir desconséqu<strong>en</strong>ces politiques, le temps de travailest diminué pour répartir les emploissur le plus grand nombre (8).Le partage du temps de travail nerésout malheureusem<strong>en</strong>t pas la secondecoupure qui est l’inégalité dans l’accèsaux ressources.Dans une politique de croissance, lediscours — de gauche comme de droite— est qu’il faut que les plus pauvres“gagn<strong>en</strong>t du pouvoir d’achat” avec le folespoir qu’ils se rapproch<strong>en</strong>t un peu dusommet de la pyramide. Concrètem<strong>en</strong>tc’est l’inverse qui se réalise, mais la forcedes médias dominants permet de cachercette réalité.Les t<strong>en</strong>ants de la décroissance expliqu<strong>en</strong>ttrès bi<strong>en</strong> pourquoi cette démarch<strong>en</strong>’a aucune chance d’aboutir : pour que lesplus pauvres devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t riches, il faudraitque les ressources soi<strong>en</strong>t illimitées, ce quin’est pas le cas. Alors que proposer ?L’inverse ! Il faut <strong>en</strong>lever du pouvoird’achat aux riches !Une réflexion diff<strong>ici</strong>le“Au début, ils ne savai<strong>en</strong>t pasque c’était impossible, alors ilsl’ont fait”Comm<strong>en</strong>t ? Aïe, c’est là que les difficultéscomm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t ! Les marxistes nousont proposé la dictature du prolétariat eton <strong>en</strong> a vu le résultat : le fascisme et l’accumulationpar la structure étatique. Les(5) Voir les publications de l’ONU.(6) Voir Le droit à la paresse de Paul Lafargue, éd. Alia,1999 ou éd. Mille-et-une-Nuit, 2000, Travailler deuxheures par jour du collectif Adret, éd. Seuil, 1979…(7) Lire Du chômage à l’autonomie conviviale d’IngmarGranstedt, éd. S!l<strong>en</strong>ce.(8) Depuis le Front populaire <strong>en</strong> 1936, nous sommesainsi passé de 48 h à 35 h par semaine… <strong>en</strong> théorie.SILENCE N°3289Octobre 2005


Décroissancesocio-démocrates propos<strong>en</strong>t une redistributionpar le biais d’un Etat-provid<strong>en</strong>ce.Cela pourrait être possible si cet Etat-provid<strong>en</strong>c<strong>en</strong>’étai<strong>en</strong>t pas confié à des élus quifont partie des plus riches et qui doncsabot<strong>en</strong>t toute t<strong>en</strong>tative vers plus d’égalité(9). Les distributistes, proches desanarchistes, propos<strong>en</strong>t une distributiondirecte… mais sans que l’on sache bi<strong>en</strong>comm<strong>en</strong>t et par qui sont gérés ces distributions: une structure fédérative géréedémocratiquem<strong>en</strong>t par des élus révocablesà tout mom<strong>en</strong>t semble l’idée la plusaboutie pour le mom<strong>en</strong>t et se pratiquedéjà à petite échelle dans les milieuxanarchistes. Mais la difficulté est imm<strong>en</strong>sepour passer de petites structures(comme les associations) qui peuv<strong>en</strong>tfonctionner ainsi et l’ampleur du problèmede la répartition au niveau mondial(10). Les distribustistes ont la réflexion laplus intéressante sur cette question etpropos<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t une autre distributiondu travail : un service civique où l’onferait du travail d’utilité collective p<strong>en</strong>dantun certain nombre d’années audébut de l’âge adulte et <strong>en</strong>suite le mainti<strong>en</strong>du seul travail convivial souhaitépour ceux qui veul<strong>en</strong>t continuer à travailler.C’est une autre façon de répartiréquitablem<strong>en</strong>t le travail collectif indisp<strong>en</strong>sable(11).Tout le défi d’une volonté de décroissanceest donc d’am<strong>en</strong>er sur le plan politiquedes scénarios à expérim<strong>en</strong>ter qui nesoi<strong>en</strong>t récupérables ni par les habituelsdirigeants du monde actuel (je veux parlerdes multinationales et non des gouvernem<strong>en</strong>ts)dans le style “développem<strong>en</strong>tdurable”, ni par les appr<strong>en</strong>tis dictateurs.Face à une situation écologique qui sedégrade rapidem<strong>en</strong>t, il faut trouver unAvec de l’arg<strong>en</strong>tAvec de l’arg<strong>en</strong>t, vous pouvez acheter :Un lit, mais pas le sommeil.De la nourriture, mais pas l’appétit.Des bijoux, mais pas la beauté.Des livres, mais pas l’intellig<strong>en</strong>ce.Des médicam<strong>en</strong>ts, mais pas la santé.Des tranquillisants, mais pas la paix.Le plaisir, mais pas la joie.Le confort, le luxe, mais pas le bonheur.Une certaine réputation, mais pasune bonne consci<strong>en</strong>ce.Des relations, mais pas un véritable ami.Une assurance sur la vie, mais passur la mort.Une place au cimetière, mais pas au ciel.Cité par Pierre Pradervanddans “Gérer mon arg<strong>en</strong>t dans la liberté”,éd. Jouv<strong>en</strong>ce, 2005Bruno GuilleminTransmettre les savoirs : <strong>ici</strong>, Fabrice prés<strong>en</strong>te sa remorque de cycliste, r<strong>en</strong>contres des Ami(e)s de S!l<strong>en</strong>ce 2005.équilibre <strong>en</strong>tre la nécessité de changer auplus vite nos modes de consommation etde travail (12) et la nécessité de maint<strong>en</strong>irun projet politique qui respecte l’individu,la démocratie directe et évite tout<strong>en</strong>ouvelle forme de hiérarchisation.Débattre d’une question comme celledes “emplois” nécessite donc de prés<strong>en</strong>terun autre imaginaire, avec toutes les difficultésque l’on peut avoir à définir une“utopie réaliste”.Expérim<strong>en</strong>ter“Celui qui pr<strong>en</strong>d un risque perdpied un mom<strong>en</strong>t, mais celui qui n’<strong>en</strong>pr<strong>en</strong>d pas perd sa vie”Soer<strong>en</strong> Kierkegaard.Comme je l’ai écrit ci-dessus, il s’agitbi<strong>en</strong> de proposer des scénarios et non unscénario. Le pluriel est une protectioncontre le risque autoritaire, mais c’est égalem<strong>en</strong>tune source de richesses : plusnous sommes divers, plus nous pouvonsnous adapter <strong>en</strong> fonction de ce que l’onconstatera dans la pratique.Depuis la naissance du mouvem<strong>en</strong>tcoopératif dans la première moitié du dixneuvièmesiècle, de multiples t<strong>en</strong>tativesd’alternatives ont été t<strong>en</strong>tées. Le mouvem<strong>en</strong>tcoopératif ne se place pas, <strong>en</strong>coreactuellem<strong>en</strong>t, dans une recherche dedécroissance, mais dans une recherche deforme d’organisation plus démocratiquede l’<strong>en</strong>treprise. Avec la décroissance, ledéfi est plus grand : il nous faut sortir del’emprise économique et donc partird’autre chose. Il faut donc expérim<strong>en</strong>ter àpartir de ce qui répond à nos besoins etdonc favorise l’autonomie, il faut aussisimplifier le recours à la technique (13),refuser les structures hiérarchiques, développerles structures de démocratie directe,s’appuyer sur l’<strong>en</strong>traide et la coopération(et donc refuser la compétition),essayer de sortir du système marchand leplus de services possible…A ce titre, les systèmes d’échangeslocaux, les écolieux, les squatts, les colocations,l’autoconstruction, les Amap…que nous prés<strong>en</strong>tons dans les pages de larevue, sont autant de pistes à explorer. Etle débat que nous m<strong>en</strong>ons dans ces pagesdoit nous aider à construire ce nouvelimaginaire. Comme le souhaite FrançoisPartant, il faut souhaiter “Que la crises’aggrave” (14)… car c’est de la crise dusystème actuel qu’il s’agit. Rejetés par cesystème, nous sommes de plus <strong>en</strong> plusnombreux à avoir “du temps de cerveaudisponible” pour réfléchir à ces alternativeset pour préférer aux <strong>en</strong>treprises d’insertion,des <strong>en</strong>treprises de désertion.Michel Bernard n(9) Rappelons-nous que l’un des rares impôts progressifs<strong>en</strong> fonction de la consommation, la vignetteautomobile, a été supprimée par un gouvernem<strong>en</strong>t de“gauche plurielle”.(10) Les personnes plus riches de la planète ont desrev<strong>en</strong>us supérieurs à ceux des Etats les plus pauvres :les 365 les plus “riches” possèd<strong>en</strong>t plus que les 3 milliardsdits “les plus pauvres”… on parle <strong>en</strong> dollars,pas <strong>en</strong> temps ou <strong>en</strong> sourires !(11) Il <strong>en</strong> existe bi<strong>en</strong> d’autres, comme cette réflexionqui consisterait à ne plus travailler quand la températuredépasse un certain niveau, limite que l’on revoità la baisse progressivem<strong>en</strong>t pour augm<strong>en</strong>ter le tempsdes vacances…(12) Voir le li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre les deux dans “Mirages de l’effetrebond”, S!l<strong>en</strong>ce 322, page 13.(13) Voir les suggestions de Daniel Juli<strong>en</strong> dans“Conceptualiser pour avancer sur un terrain solide”,S!l<strong>en</strong>ce 325, page 87.(14) Que la crise s’aggrave, François Partant, préfacede José Bové, postface de Serge Latouche, éd.Parangon, 2002.SILENCE N°32810Octobre 2005


Vers une civilisationpost-économiqueAu début des années 1990, la réédition du livrede Georgescu-Roeg<strong>en</strong> sur la décroissance (écrits quidat<strong>en</strong>t de 1979) avait déjà provoqué des débats surla décroissance. Certains textes n’ont pas vieilli…Comm<strong>en</strong>t va-t-on vivre dans lefutur ? Je ne suis pas sûr de pouvoirrépondre à de telles questions.Tout dép<strong>en</strong>d <strong>en</strong> effet de la manière dontnous passerons dans un hypothétiquefutur. Certains sembl<strong>en</strong>t admettre tacitem<strong>en</strong>tque ce passage se fera de manièreplus ou moins progressive. Pour ma part,je ne peux pas exclure une crise, doncune transition brutale, voire catastrophique(au s<strong>en</strong>s usuel ou au s<strong>en</strong>s plusgénéral de la théorie des catastrophes deR<strong>en</strong>é Thom, ce qui n’est de toute manièrepas très différ<strong>en</strong>t). Il me semble mêmediscerner que la crise devi<strong>en</strong>t tous lesjours plus diff<strong>ici</strong>le à éviter. La raison <strong>en</strong>est que les décideurs actuels, à savoir lespouvoirs économiques et politiques (cesont d’ailleurs, <strong>en</strong> gros, les mêmes personnes)se refus<strong>en</strong>t à voir les échéancesexist<strong>en</strong>tielles auxquelles nous allons êtreconfrontés et <strong>en</strong> comparaison desquellesles considérations économiques risqu<strong>en</strong>td’apparaître bi<strong>en</strong> futiles.ContraintesincontournablesJe pars des constatations suivantes :1) Nous vivons dans un monde fini.2) La vie échappe à la compréh<strong>en</strong>sionhumaine.3) La Terre (Gaïa) est un système fermépar rapport à la matière (mais ouvert parrapport à l’énergie) et toute activité quiveut se poursuivre sur une durée assezlongue, comparable au moins aux tempshistoriques (quelques millénaires), doitfonctionner ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> cycles fermés.Cela, signifie, <strong>en</strong> particulier, qu’iln’est pas l<strong>ici</strong>te de transformer une substance<strong>en</strong> une ou plusieurs autres substancesqui ne peuv<strong>en</strong>t, après avoir parcouruun certain circuit, restituer intégralem<strong>en</strong>tla substance de départ. En d’autrestermes, la production de déchets n’est pasacceptable.4) Le monde économique actuel est fondésur le mythe de la prospérité par l’expansionéconomique. L’expansion perman<strong>en</strong>tedans un monde fini est un non-s<strong>en</strong>s.5) Dans un futur relativem<strong>en</strong>t proche, onne pourra plus utiliser que des énergiesr<strong>en</strong>ouvelables. Cela signifie qu’il faudra,pour les pays occid<strong>en</strong>taux, <strong>en</strong> gros, secont<strong>en</strong>ter du quart de l’énergie dont nousdisposons aujourd’hui.Les contraintes ci-dessus sont incontournables.Même si on imaginait que desphys<strong>ici</strong><strong>en</strong>s sort<strong>en</strong>t un lapin de leur chapeau(fusion, surgénération, tout-à-l’hydrogène,etc.) pour nous permettre decontinuer à consommer toujours plusd’énergie, on ne ferait qu’avancer lemom<strong>en</strong>t où l’on se heurtera aux limitesimposées par la finitude de notre mondeet de ses ressources.Le système économique étant incompatibleavec le mode de fonctionnem<strong>en</strong>tde la biosphère devra bi<strong>en</strong> se soumettreou se démettre. Je peux donc év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>timaginer un mode de vie une fois lacrise passée, c’est-à-dire une fois que lebon s<strong>en</strong>s aura repris le dessus. Mais <strong>en</strong>corefaut-il que la crise ne soit pas d’uneampleur telle que l’exist<strong>en</strong>ce d’êtresvivants complexes comme les humainssoit compromise.Il me semble percevoir que notre systèmeéconomique est fondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>tincapable de s’adapter. C’est un systèmediverg<strong>en</strong>t sans mécanismes de contrôleinternes capables de le stabiliser. Parconséqu<strong>en</strong>t, la transition de la sociétévers un mode de fonctionnem<strong>en</strong>t compatibleavec la vie ne semble pas pouvoir sefaire d’une manière progressive. Pourqu’une telle transition soit possible, il faudrait<strong>en</strong> effet que le mythe de la prospéritépar l’expansion économique soit rapidem<strong>en</strong>tabandonné et remplacé par unparadigme totalem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>t, prônant,au lieu d’une croissance perman<strong>en</strong>te, unestabilité dynamique conforme au mode defonctionnem<strong>en</strong>t de la biosphère. Un telchangem<strong>en</strong>t ne peut guère se faire quecontre la volonté du pouvoir.Gagner sa vieDans notre société économique, onperd sa vie à la gagner (tiré de “Travaillerdeux heures par jour”), parce que pourune partie importante de la population, ily a une séparation nette <strong>en</strong>tre les activitéslucratives, qui permett<strong>en</strong>t de gagner del’arg<strong>en</strong>t, et les activités qui permett<strong>en</strong>t dejouir de la vie <strong>en</strong> dép<strong>en</strong>sant l’arg<strong>en</strong>t gagnéavec les premières. La toute-puissance del’arg<strong>en</strong>t <strong>en</strong> découle, au moins partiellem<strong>en</strong>t.Une autre raison de la toute-puissancede l’arg<strong>en</strong>t réside dans sa capacitéde se reproduire tout seul du fait de l’intérêt.Cet intérêt permet de “gagner” del’arg<strong>en</strong>t sans ri<strong>en</strong> faire de concret. Il estune expression très directe du mythe dela prospérité par l’expansion économiqueet le responsable principal d’une inflationperman<strong>en</strong>te que ri<strong>en</strong> ne semble pouvoirarrêter.Dans la “civilisation post-économique”,l’intérêt n’existera plus et lavaleur de l’arg<strong>en</strong>t devra rester constante.Il n’y aura plus d’activités de type spéculatifet les activités bancaires se limiterontà la circulation de l’arg<strong>en</strong>t disponible. Cesactivités seront donc considérablem<strong>en</strong>tréduites, ce qui suppose un secteur tertiair<strong>en</strong>ettem<strong>en</strong>t moins hypertrophiéqu’aujourd’hui.(…) Chacun sera beaucoup pluspolyval<strong>en</strong>t, moins spécialisé. L’obsessionde devoir gagner toujours plus d’arg<strong>en</strong>tn’étant plus le moteur principal de l’activitéhumaine, le citoy<strong>en</strong> exécutera beaucoupmoins de travail lié et d’autant plusde travail libre. Il est clair que le PNB nesera qu’une faible fraction de ce qu’il estaujourd’hui et, de toute manière, ne seraplus considéré comme un indicateur deprospérité. Le citoy<strong>en</strong> sera davantageoccupé à vivre qu’à gagner sa vie. Celasous-<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d que les valeurs dans lesquellesil se reconnaîtra seront très différ<strong>en</strong>tesde ce qu’elles sont aujourd’hui. Ilsera plus important de maint<strong>en</strong>ir la beautéd’un site que de l’exploiter par la spéculationimmobilière. D’ailleurs, dans laphase initiale de cette civilisation postéconomique,une partie importante dutravail devra être consacrée à la “restauration”,c’est-à-dire à redonner aux sites etpaysages le cachet et la beauté que le systèmeéconomique s’est acharné à détruire.Dans la mesure où dans la civilisationpost-économique l’obsession de la productionaura disparu, le travail lié auraperdu une bonne partie de son importance.Le rev<strong>en</strong>u ne sera pas un critère déterminant.Les <strong>en</strong>treprisesDans le système économique, le butd’une <strong>en</strong>treprise est d’abord de faire del’arg<strong>en</strong>t. Peu importe l’utilité du produit,pourvu qu’il se v<strong>en</strong>de.Dans la civilisation post-économique,une <strong>en</strong>treprise devra avoir une utilitéallant au-delà du chiffre d’affaires et desSILENCE N°32811Octobre 2005


places de travail. Elle sera vraisemblablem<strong>en</strong>t<strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne beaucoup plus petiteet fabriquera des objets destinés à satisfaireles besoins librem<strong>en</strong>t exprimés descitoy<strong>en</strong>s. Ri<strong>en</strong> n’empêche que certainesfabrications soi<strong>en</strong>t très sophistiquées etexig<strong>en</strong>t la mise <strong>en</strong> œuvre de procédéscomplexes. Les voitures, par exemple,seront sûrem<strong>en</strong>t plus “performantes”qu’aujourd’hui, c’est-à-dire qu’ellesconsommeront moins pour transporterdavantage et il y <strong>en</strong> aura beaucoup moins.J’imagine que l’<strong>en</strong>treprise de la civilisationpost-économique aura pour butprincipal de satisfaire des besoins propresaux g<strong>en</strong>s de la région dans laquelle elle estimplantée. Elle sera donc intégrée structurellem<strong>en</strong>tdans cette région et non pasanecdotiquem<strong>en</strong>t comme aujourd’hui(par exemple parce que la fiscalité estfavorable ou la main d’œuvre bon marché).Une telle <strong>en</strong>treprise sera gérée demanière à optimiser la qualité et la durabilitédu produit, à maximiser la satisfactiondes travailleurs et minimiser lesimpacts de son activité sur l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.Il n’est pas évid<strong>en</strong>t qu’elle aitbesoin d’un chef d’<strong>en</strong>treprise.Villes, campagnes,région, paysJe ne p<strong>en</strong>se pas que la civilisationpost-économique sera constituée d’Etatsnationstels que nous les connaissonsaujourd’hui. La mondialisation de l’économiea vidé le pouvoir politique de l’ess<strong>en</strong>tielde son cont<strong>en</strong>u (François Partant).Ce qui dirige le monde, ce sont d’abordles multinationales et leurs présid<strong>en</strong>ts.Pour qu’une <strong>en</strong>tité politique ait uns<strong>en</strong>s, il faut qu’elle s’occupe d’abord de lavie des g<strong>en</strong>s qu’elle est supposée représ<strong>en</strong>ter.De Tocqueville a dit : “Ce sont leshommes qui ont fait les royaumes, mais lacommune semble sortir de la main deDieu”. On peut faire une politique utileau niveau de la commune. A l’échelle d’unpays, cela devi<strong>en</strong>t quasim<strong>en</strong>t impossible.Les royaumes se font puis s’effondr<strong>en</strong>t, lesvillages rest<strong>en</strong>t.Je p<strong>en</strong>se que dans la civilisation postéconomique,les frontières des Etats n’aurontplus l’importance qu’elles ontaujourd’hui. Idéalem<strong>en</strong>t, il n’y aura plusd’Etat-nation du tout, <strong>en</strong>tité qui n’auraitplus guère de s<strong>en</strong>s dans une ère post-militaire.On peut <strong>en</strong>visager, par exemple,une Europe des régions, comme le préconisaitD<strong>en</strong>is de Rougemont. Cela signifieque des collectivités publiques de typecommune gèr<strong>en</strong>t leurs affaires principalem<strong>en</strong>t<strong>en</strong> interaction avec leurs voisinesimmédiates. Cela n’exige pas que l’onsupprime le téléphone et la télévision,<strong>en</strong>core que l’importance de ces moy<strong>en</strong>s decommunication devrait être notoirem<strong>en</strong>tplus faible qu’aujourd’hui. Le tourisme demasse n’aura plus cours. Les voyagesseront plus rares et mieux vécus. De toutefaçon, le mainti<strong>en</strong> des trafics aéri<strong>en</strong>s etautomobiles actuels est impossible àterme, non seulem<strong>en</strong>t par manque de carburant,mais <strong>en</strong>core à cause de la destructionde la biosphère qu’ils provoqu<strong>en</strong>t.J’imagine que dans la civilisationpost-économique, les activités agricoles,ou, plus généralem<strong>en</strong>t, celles qui découl<strong>en</strong>tdes nécessités premières de l’individu,à savoir boire, manger, se vêtir, etc.occuperont une partie beaucoup plusimportante de la population qu’aujourd’hui.On sera détourné de la mécanisationforc<strong>en</strong>ée des cultures et on pr<strong>en</strong>drade nouveau du plaisir aux travaux deschamps. L’agriculture sera différ<strong>en</strong>te.J’imagine que la permaculture (BillMollison) se sera répandue et finira parêtre le mode dominant de l’utilisation dusol. Il s’agit d’ailleurs moins d’une utilisationque d’une sorte de collaboration.Recherches spirituellesEn quelques mots, on ne peut pasdonner une vision du monde de demain.Il faudrait élaborer plus <strong>en</strong> détail beaucoupd’aspects que je n’ai fait qu’effleurer.D’autres aspects importants manqu<strong>en</strong>tcomplètem<strong>en</strong>t, comme par exemple, lamanière dont nous pratiquons la connaissance(sci<strong>en</strong>tisme).Ce qui me paraît fondam<strong>en</strong>tal, c’est lanécessité de réaliser que le paradigme quifonde la société dite moderne (appeléd’ailleurs paradigme du modernisme parEdward Goldsmith) ne peut nous am<strong>en</strong>erqu’à une crise. Je ne suis pas prophète etje ne sais pas si la crise pourra être évitée.Mais nous pouvons au moins essayer defaire quelque chose <strong>en</strong> tant qu’individus.Il n’y a probablem<strong>en</strong>t pas de recette toutefaite et il faut donner plus d’importanceau vécu qu’à la théorie.La nécessité de se tourner davantagevers une certaine spiritualité me paraîtévid<strong>en</strong>te aussi. Notre société est maladede consommation et manque de culture etd’idéal. L’homo economicus manque demodestie vis-à-vis de la vie qu’il ne compr<strong>en</strong>dpas et essaye d’asservir. Bi<strong>en</strong> que j<strong>en</strong>e sois adepte d’aucune religion, j’imagineque cela constitue un péché danslequel on ne peut se complaire qu’untemps assez limité.Pierre Lehmann nTexte paru <strong>en</strong> 1992 dans la revue du SEBES,Stratégies énergétiques, Biosphère & Société,G<strong>en</strong>ève, alors que v<strong>en</strong>ait d’être publié le livre deGeorgescu-Roeg<strong>en</strong> sur la décroissance.Il faudrait de lacroissance pour créerdes emplois ? Pourtantdepuis cinquante ans,c’est le contraireque l’on observe.de quelle croissance – oudécroissance – s’agit-il ? De laD’abord,valeur de la production du pays,de la consommation des ménages, dufameux PIB, produit intérieur brut ?Ce qui n’a pas grand-chose à voir avecla croissance ou dessaire pour assurer laproduction, et <strong>en</strong> particulier avec la croissanceou décroissance du nombre d’emplois.En effet, croissance et emplois ont évolué<strong>en</strong> s<strong>en</strong>s inverse, sans être liés, depuisla fin de la Seconde guerre mondiale.ComparaisonhistoriqueEn France, dans les années 1950,nous avions une production qui assuraitun certain niveau de vie par tête, très inférieurà ce que l’on connaît aujourd’hui :très peu de voitures, de téléphones, detéléviseurs, des réfrigérateurs et des lavelingepour une fraction seulem<strong>en</strong>t de lapopulation, une alim<strong>en</strong>tation suffisantemais pas très variée. En revanche, pratiquem<strong>en</strong>tpas de chômage, malgré d<strong>en</strong>ombreuses arrivées de l’étranger ou descolonies, et le baby-boom.Il y a si peu de chômeurs que l’Assedicne date que de la fin des années 50, et,p<strong>en</strong>dant presque une dizaine d’années, il afonctionné à peu près à vide : les chômeursretrouvai<strong>en</strong>t vite un travail <strong>en</strong>contrat à durée indéterminée.Depuis, la production a énormém<strong>en</strong>taugm<strong>en</strong>té, pour la majorité, les foyers dispos<strong>en</strong>tde la télévision, de téléphones,d’un lave-linge, d’un réfrigérateur, de laradio, d’une cuisinière et souv<strong>en</strong>t d’unevoiture, sans compter tout le reste. Nousconsommons de façon souv<strong>en</strong>t excessivede la viande et bi<strong>en</strong> d’autres alim<strong>en</strong>ts,mais la durée du travail a considérablem<strong>en</strong>tbaissé pour ceux qui ont un emploià temps complet, et il y a des millionsd’actifs qui travaill<strong>en</strong>t à temps partiel, etd’autres qui ne travaill<strong>en</strong>t pas du tout.Il est permis d’affirmer que retrouverla situation de 1950, ce qui représ<strong>en</strong>teraitune énorme décroissance, serait, <strong>en</strong> ce quiconcerne l’emploi, retrouver une situationbeaucoup plus favorable.SILENCE N°32812Octobre 2005


DécroissanceQuel li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre croissance,décroissance et emploi ?DRProductivitéet chômagePourtant, un raisonnem<strong>en</strong>t tropsimple amène à croire que si la productiondu pays et le niveau de vie de chacunaugm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t, comme il faut produiredavantage, il faut davantage de travail.Mais ça ne se passe pas comme çadans la réalité, comme le montr<strong>en</strong>t lessituations suivantes, qui sont pourtantbi<strong>en</strong> connues. Chine et Inde connaiss<strong>en</strong>tdepuis plusieurs années une croissancephénoménale (de l’ordre de 8%) et pourtantdes millions de ruraux quitt<strong>en</strong>t lescampagnes chaque année faute de travail.Les Etats-Unis sont <strong>en</strong> croissance, et lechômage ne s’y réduit pas. Il <strong>en</strong> est demême <strong>en</strong> France.Où disparaiss<strong>en</strong>t donc tous cesemplois ? Tout simplem<strong>en</strong>t dans les gainsde productivité !On peut compr<strong>en</strong>dre, par exemple,que si une année 100 ouvriers produis<strong>en</strong>t1500 voitures, si l’année suivante onintroduit des machines plus performantes,ou/et des cad<strong>en</strong>ces plus élevées,ces 100 ouvriers vont pouvoir produirepeut-être 1800 voitures ou que 80 salariéssuffiront pour produire 1500 voitures.Et justem<strong>en</strong>t, beaucoup de marchés,ceux des produits les plus courants, sontà peu près saturés : les besoins n’augm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tpratiquem<strong>en</strong>t plus (c’est notamm<strong>en</strong>tle cas dans l’automobile pour un payscomme la France).Les économies faites sur les salairespermett<strong>en</strong>t de « faire face à la concurr<strong>en</strong>ce» : investir, dégager des profits.Notons que la réduction des dép<strong>en</strong>ses desalaires se fait par des réductions sur lesrémunérations, des retraites plus oumoins précoces, des lic<strong>en</strong>ciem<strong>en</strong>ts : lecoût <strong>en</strong> est reporté sur les salariés qui rest<strong>en</strong>tdans l’<strong>en</strong>treprise, ou sur l’<strong>en</strong>sembledes actifs du pays.Vo<strong>ici</strong> d’autres preuves que la croissanc<strong>en</strong>’est pas nécessairem<strong>en</strong>t créatriced’em plois, que c’est même plutôt l’inverse :les 500 000 ruraux français d’aujourd’huiproduis<strong>en</strong>t beaucoup plus de produitsagricoles que les 7 millions de l’immédiateaprès-guerre.Ne parlons pas de qualité, ce quiserait d’ailleurs une autre manière decontester la croissance.Et que dire de l’hypothèse suivante : sitous les propriétaires de magasins <strong>en</strong>libre-service où l’on emploie des chariots(ou caddies), faisai<strong>en</strong>t installer dans leursmagasins des appareils lecteurs de chariots(ils exist<strong>en</strong>t déjà), qui sort<strong>en</strong>t la facture(le ticket de caisse) simplem<strong>en</strong>t aprèsun survol du chariot par une douchette,ou un passage sous un portique ?Il y aurait croissance de la valeur de laproduction du fait de la fabrication et del’installation de ces appareils, mais il yaurait aussi suppression de 300 000emplois de caissières.Alors la décroissanceet l’emploidans tout ça ?Il s’agit de vivre aussi bi<strong>en</strong>, si possible,<strong>en</strong> consommant très différemm<strong>en</strong>t d’aujourd’hui; pour certains bi<strong>en</strong>s et services,nettem<strong>en</strong>t moins, mais pas pour tous.L’objectif est d’<strong>en</strong> finir avec les modesde vie actuels, qui <strong>en</strong>voi<strong>en</strong>t la planètedans le mur.Considérons le cas des pays riches.On peut imaginer de consommer beaucoupmoins d’énergie <strong>en</strong> revoyant complètem<strong>en</strong>tla conception des logem<strong>en</strong>ts : ila été démontré qu’une maison individuelleconçue pour utiliser le moins possibled’énergie réduit la consommation de 70%(avant tout recours à des énergies alternatives): évidemm<strong>en</strong>t, il faut beaucoup plusde main-d’œuvre pour construire cettemaison qu’une construction traditionnelle.Dans l’agriculture, bi<strong>en</strong> sûr, <strong>en</strong> rev<strong>en</strong>irà une agriculture non-productiviste augm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>écessairem<strong>en</strong>t la main-d’œuvre.La France est un pays particulièrem<strong>en</strong>t<strong>en</strong> pointe pour les gains de productivitédestructeurs d’emplois : un pays oùil est possible de passer une nuit dans unhôtel sans r<strong>en</strong>contrer âme qui vive, toutse faisant automatiquem<strong>en</strong>t ; <strong>en</strong> rev<strong>en</strong>ir àdes relations plus humaines serait souhaitableet positif pour l’emploi.D’autres exemples ; il est bi<strong>en</strong> connuque bi<strong>en</strong> des services aux personnes nesont pas assurés dans notre société decroissance.En matière de commerce, faire lechoix du petit commerce de proximitépermettrait de recréer des c<strong>en</strong>taines demilliers d’emplois (ceux qui ont disparudans les épiceries, boucheries, magasinsde fleurs, stations-services, etc., tués parles grandes surfaces). Et il a déjà étédémontré que cela ne revi<strong>en</strong>drait sansdoute pas plus cher, tout bi<strong>en</strong> pesé, auxconsommateurs.La décroissance correspondant aussi àune volonté de limiter les déplacem<strong>en</strong>ts<strong>en</strong> véhicule à moteur, il faudrait aussidavantage de production et de réparationsde vélos ; d’ailleurs, dans la réparation desobjets <strong>en</strong> panne mais pas usagés, il y aune mine d’emplois.La décroissance ne semble donc apriori pas plus néfaste à l’emploi que lacroissance, c’est même plutôt l’inverse.Reste la question : peut-on vivre aussibi<strong>en</strong> avec beaucoup moins d’arg<strong>en</strong>t qu’actuellem<strong>en</strong>t?Luci<strong>en</strong> Recrosio nTexte paru initialem<strong>en</strong>t dans Alp’Azur Ecologie,novembre 2004.SILENCE N°32813Octobre 2005


Témoignage d’exclusionLa contestation du capitalisme ne suffit pas.Il faut intégrer dans la décroissance la critiquede la notion même de développem<strong>en</strong>t.En gare de Montélimar, une quinquagénaireSDF s’avance vers moi,main t<strong>en</strong>due. Elle est désespérée :“la droite nous appauvrit chaque jour unpeu plus”, s’exclame-t-elle ! “Mitterrandnous avait donné le RMI, mais aujourd’hui,ri<strong>en</strong> ne va plus et la droite parle dele supprimer. Heureusem<strong>en</strong>t que nousavons dit non au traité. Avec Fabius, ça vaêtre mieux !”.Elle est outrée quand je lui rappelleque Jospin a privatisé à tour de bras.Quand je m’insurge contre l’hypocrisie dela gauche pour laquelle je vote, mais dontje n’att<strong>en</strong>ds plus ri<strong>en</strong> ! Elle refuse d’admettreque le RMI sert surtout à cont<strong>en</strong>irune explosion sociale et que sa suppressionnous forcerait à nous mobiliser pourlutter. Je lui confie que, voilà quatre ans,je me suis exclu volontairem<strong>en</strong>t et que jeserai bi<strong>en</strong>tôt dans sa situation. Pourtant,je ne suis pas inquiet, je parcours laFrance, je r<strong>en</strong>contre beaucoup de personnesà la dérive et j’<strong>en</strong> découvred’autres qui s’organis<strong>en</strong>t pour créer duli<strong>en</strong> social, des activités de proximitépour vivre <strong>en</strong> marge du système. Ellem’écoute att<strong>en</strong>tivem<strong>en</strong>t, voudrait <strong>en</strong>savoir davantage. Son visage s’illuminequand, au mom<strong>en</strong>t de nous quitter, je luipropose de garder le contact.Les positionsde la gaucheCette r<strong>en</strong>contre révèle chez moi lamarginalité de mes positions quand je lesconfronte autant au discours dominant(cela va de soit) que lorsque je constateles analyses de la presse de gauche reflétantcelles du mouvem<strong>en</strong>t social. Endehors de toute comparaison sur la sincéritédes <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts politiques des uns etdes autres, là où la droite (1) pose la questionde l’origine des richesses, la gaucherépond équité de la redistribution (2).Est-ce que les porte-parole de cettegauche élud<strong>en</strong>t volontairem<strong>en</strong>t les vraiesquestions ?Mis à part le regain de confiancequ’une certaine gauche semble accorderà un Fabius soudain att<strong>en</strong>dri par lessirènes du mouvem<strong>en</strong>t social, je ne valideraispas une analyse qui se limiterait àétudier seulem<strong>en</strong>t la redistribution desrichesses. Je me permettrais de prolongercette réflexion <strong>en</strong> m’interrogeant sur l’originede ces richesses, les conséqu<strong>en</strong>ces deleur création et l’organisation de leurredistribution.Tous les économistes s’accord<strong>en</strong>t pourannoncer que la richesse cumule du travailet des matières premières. Plus précisém<strong>en</strong>t,elle se crée par l’exploitation dela force de travail et l’exploitation des ressourcesnaturelles (sans oublier la spéculationmonétaire qui <strong>en</strong> dép<strong>en</strong>d). Jusquelà, cette création ordonnée par le capitalismeproduit les effets que l’on observepartout : destruction sociale, pollution,épuisem<strong>en</strong>t des ressources. Ce n’est certainem<strong>en</strong>tpas ce modèle économique qu<strong>en</strong>ous déf<strong>en</strong>drons. Poursuivant le décryptagedes analyses de la presse de gauche,je découvre une rev<strong>en</strong>dication : “unecroissance non productiviste riche <strong>en</strong>emplois” (3). Je connaissais le commerceéquitable et le développem<strong>en</strong>t durable,vo<strong>ici</strong> un nouvel oxymore à trois étages !(guère mieux que l’économie sociale demarché). Perçoit-on la réalité d’une telleproposition ?Analyse capitalisteLe capitalisme a construit un systèmede prédation <strong>en</strong> intégrant toutes lesrégions du monde dans la compétitiongénéralisée et la course à la croissancesans limite. Les conséqu<strong>en</strong>ces au Sud sontdramatiques et s’observ<strong>en</strong>t aussi chaquejour davantage au Nord. Si la constructioneuropé<strong>en</strong>ne n’a d’autre objectif quede r<strong>en</strong>forcer sa capacité à résister à ce jeuabsurde sinon à <strong>en</strong> être acteur, elle doit <strong>en</strong>assumer les conséqu<strong>en</strong>ces aussi bi<strong>en</strong> sur(1) Nicolas Sarkozy s’insurgeait contre les partisansdu “non” quelques jours avant le scrutin du Traitéconstitutionnel europé<strong>en</strong> : “ Il faut bi<strong>en</strong> produire desrichesses pour pouvoir les redistribuer”. En cela, ilrepr<strong>en</strong>ait le préambule du texte constitutionnel :“une économie sociale de marché”.(2) D<strong>en</strong>is Sieffert (directeur de la rédaction dePolitis, le 9 juin 2005) : “On <strong>en</strong> revi<strong>en</strong>t toujours à laquestion à laquelle se résume toute la politique : laredistribution des richesses. Et, <strong>en</strong> ce domaine, cesont les int<strong>en</strong>tions qui compt<strong>en</strong>t. Nul n’ignore dansquel s<strong>en</strong>s irait la redistribution voulue par M.Sarkozy, porte-parole du Medef. Sorte de Guizotd’une nouvelle bourgeoisie des affaires, il prône le “laisser-faire “à la sauce du vingt et unième siècle”.(3) Dominique Plihon (membre du conseil sci<strong>en</strong>tifiqued’Attac) dans Politis du 9 juin 2005.le plan interne qu’au-delà de ses frontières.Consci<strong>en</strong>ts déjà de part<strong>ici</strong>per, nousOccid<strong>en</strong>taux, à la prédation de 85% desressources planétaires et de notre responsabilitéconcernant la misère des populationsdu Sud, notre souci de solidarité etde justice nous conduirait plutôt à revoirnotre niveau de vie. C’est bi<strong>en</strong> ce que j’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dsdans certaines propositions comme :“une croissance non polluante et économe<strong>en</strong> ressources non r<strong>en</strong>ouvelables” (3).Nous sommes certainem<strong>en</strong>t nombreuxà <strong>en</strong> accepter les conséqu<strong>en</strong>ces.J’imagine notre niveau de vie correspondantà nos capacités de créer des richessesproduites sur nos propres ressources.Diff<strong>ici</strong>le à évaluer certainem<strong>en</strong>t. Dans unpremier temps, nous gagnerions certainem<strong>en</strong>tà nous débarrasser de tout ce qui estgénérateur de nuisances : le commerceinternational, les transports internationaux,le tout routier, la voiture individuelle,l’armem<strong>en</strong>t, le nucléaire, le principedes subv<strong>en</strong>tions interdisant toutecapacité d’autonomie, le travail salariésans la maîtrise de la finalité de l’acte productif.Ensuite, soyons certains que sanscontrôle de la production, la consommationn’a aucune chance d’être ori<strong>en</strong>téevers la qualité plutôt que la quantité debi<strong>en</strong>s. Pourtant, nous gagnerons tous à cechangem<strong>en</strong>t de cap, ainsi que notre planète.Dans cette optique, je m’étonne depropositions productivistes telles que :“financer de grands industriels, derecherche et de développem<strong>en</strong>t, de rénovationurbaine et de transports publicsnon polluants (ferroutage)” (3).Les acteurs sociauxet leurs rev<strong>en</strong>dicationsAu-delà de cet état des lieux, pour lesacteurs susceptibles de se fédérer <strong>en</strong> s’opposantà ce système de destruction (mouvem<strong>en</strong>tsocial, associations de solidarité,société civile, médias), à l’évid<strong>en</strong>ce, leplus diff<strong>ici</strong>le est de parv<strong>en</strong>ir à construireun projet de société cohér<strong>en</strong>t.D’un côté, les médias se font peu l’échod’une alternative crédible à mon s<strong>en</strong>s.De l’autre, les propositions émisescommuném<strong>en</strong>t par les acteurs sociauxdépass<strong>en</strong>t rarem<strong>en</strong>t le mainti<strong>en</strong> desacquis sociaux, la valorisation du pouvoird’achat et l’aide au tiers monde. L’un etl’autre de ces domaines de rev<strong>en</strong>dicationsse heurt<strong>en</strong>t à la limite propre au systèmelui-même (capacité de production, rapportde domination, limites physiques dela planète) à les satisfaire.SILENCE N°32814Octobre 2005


Se focaliser sur la rev<strong>en</strong>dication d’unEtat redistributeur nous contraint à légitimer,chez nous, une gestion des nuisances<strong>en</strong>g<strong>en</strong>drées par le système plutôt que des’<strong>en</strong> pr<strong>en</strong>dre à leur origine. De même quepour les populations du Sud, noussommes plus <strong>en</strong>clins à rev<strong>en</strong>diquer desmesures généreuses telles que l’annulationde la dette, le commerce équitable,l’aide au développem<strong>en</strong>t, le micro crédit,la taxation des transactions financières.qu’à rechercher les causes réelles de lapauvreté et que de constater les limites deces rev<strong>en</strong>dications.Si nous éprouvons autant de difficultésà imaginer un autre mode de fonctionnem<strong>en</strong>tsocial, un autre modèle économique,c’est bi<strong>en</strong> parce que ce systèmes’est forgé, par ses assises historiques, unegrande capacité à nous formater et à effacerde notre esprit l’origine même de lacréation de l’Etat moderne, à savoir l’organegestionnaire du capitalisme.Tribune libreDécroissance et emploi :le couple infernalPour s’ori<strong>en</strong>ter vers une politique de décroissancesout<strong>en</strong>able, faut-il conserver le refrain despolitiques actuelles concernant le nécessaireemploi comme garant de notre niveau de vie ?Quelques propositionsPersonne ne conçoit que nous puissionspréserver notre humanité sans rejeterle capitalisme historique ou pire <strong>en</strong><strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>ant de l’aménager. Si nous<strong>en</strong> visageons diff<strong>ici</strong>lem<strong>en</strong>t des solutionsefficaces, <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dons-nous déjà sur ce qu<strong>en</strong>ous sommes prêts à abandonner : lacroissance, le productivisme, la valorisationde la propriété, la réussite matérielle.En contrepoint, observons avec intérêtparmi les expérim<strong>en</strong>tations vécues auNord et au Sud porteuses de solidarité,celles qui ouvr<strong>en</strong>t la voie à l’émancipation,à l’autonomie, à d’autres rapportsdans la production et l’échange de proximité,à la convivialité. Des alternativesportant les exig<strong>en</strong>ces des populationspour préserver leurs cultures traditionnelleset les équilibres écologiques.La contestationdu développem<strong>en</strong>tBi<strong>en</strong> que convaincus de la forte capacitédu système à nous empêcher d’<strong>en</strong>trevoirune issue, force est de constater qu’ilnous sera indisp<strong>en</strong>sable, pour imaginerun projet de société alternatif, deconstruire une démocratie directe. Toutela difficulté est là ! Trouver des converg<strong>en</strong>cesd’opinions et d’actions jusqu’àconcevoir une autre construction politique.Prophète serait celui qui pourrait lamodéliser mais je suis persuadé que ceprojet ne sera réaliste que si nous nousaccordons sur des bases communes, <strong>en</strong>priorité la non-collaboration avec le systèmeet <strong>en</strong> rejetant l’imaginaire du développem<strong>en</strong>t.Gérald Almarcha nDRLa décroissance apparaît comme évid<strong>en</strong>teet incontournable à ceux quifont un bilan négatif de notre modede vie susp<strong>en</strong>du à l’équation plus = mieuxet qui s’appui<strong>en</strong>t sur le fait que nousvivons dans un <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t fini oulimité.Ses adeptes prôn<strong>en</strong>t généralem<strong>en</strong>tdeux grandes directions pour aller vers ladécroissance :• La première est individuelle et setraduit par une consommation réfléchieet modérée et aussi par une réappropriationde certains secteurs d’activité. Ellepeut se résumer à ce que l’on appelle“sobriété volontaire”.• La seconde vise à changer les politiquesénergétiques, agricoles, des transports...<strong>en</strong> s’appuyant sur deux argum<strong>en</strong>tsprincipaux : la déf<strong>en</strong>se de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t(ou du milieu) et la création massived’emplois.• Une troisième pourrait être adoptéemais elle a le “désavantage”, par rapport àla précéd<strong>en</strong>te, même si elle a infinim<strong>en</strong>tplus d’intérêt sur le plan de la baisse del’empreinte écologique globale (et aussisur le plan social évidemm<strong>en</strong>t), de supprimerpurem<strong>en</strong>t et simplem<strong>en</strong>t un grandnombre d’emplois.Activités substitutivesLa deuxième piste propose d’abandonnerles activités nuisibles, la fabricationd’armem<strong>en</strong>t par exemple, mais toujourspour les remplacer par d’autres,moins polluantes, plus utiles socialem<strong>en</strong>t,comme la fabrication d’éoli<strong>en</strong>nes ou depanneaux solaires. Pourquoi opérer parsubstitution ? Toujours pour essayer derésoudre cette question de l’emploi surlaquelle on butte et dont on se débarrassecomme d’une patate chaude <strong>en</strong> remplaçantdes emplois par d’autres. On omet cep<strong>en</strong>dantde nous dire que l’on remplace <strong>en</strong>général plusieurs activités par une seule.Si on considère l’abandon de la filièr<strong>en</strong>ucléaire pour mettre à la place les énergiesr<strong>en</strong>ouvelables, on remplace un outilpar un autre. Mais peut-on contester queles emplois que représ<strong>en</strong>te le nucléairedans son <strong>en</strong>semble (compr<strong>en</strong>ant l’amontet l’aval, l’extraction des carburants, laconstruction des c<strong>en</strong>trales, les déchets, l<strong>en</strong>ucléaire militaire, les guerres, les reconstructions...)sont infinim<strong>en</strong>t plus nombreuxque ceux qui serai<strong>en</strong>t nécessairesau remplacem<strong>en</strong>t du seul nucléaire civil ?Evidemm<strong>en</strong>t non. Comm<strong>en</strong>t sout<strong>en</strong>irsérieusem<strong>en</strong>t que des équipem<strong>en</strong>ts desti-SILENCE N°32815Octobre 2005


Tribune libr<strong>en</strong>és à fournir de l’énergie d’une manièrebeaucoup moins c<strong>en</strong>tralisée (donc avecdes réseaux de transport de l’énergie nettem<strong>en</strong>tplus réduits), sans carburants(pour le solaire et l’éoli<strong>en</strong>) et dont lesmoy<strong>en</strong>s à mettre <strong>en</strong> œuvre pour leurdémantèlem<strong>en</strong>t (qui ne nécessite ni de“traitem<strong>en</strong>t” des déchets sur des milliersd’années ni de nécessaire recyclage desmatériaux soi-disant faiblem<strong>en</strong>t radioactifs)ne sont que de l’ordre de quelquesjours, puiss<strong>en</strong>t requérir davantage demain-d’œuvre ?Les écologistes mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> avant ledanger nucléaire — et ils ont raison bi<strong>en</strong>sûr — mais ils occult<strong>en</strong>t lereste. Ce qui montre leslimites de leur <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>tsur le plan global, résultantde leur incapacité à proposerdes pistes viables et forcém<strong>en</strong>tradicales (qui découl<strong>en</strong>tdes causes profondes etne cherch<strong>en</strong>t pas à concurr<strong>en</strong>cerles fausses solutions)et qui les conduit, malgréeux, à faire allégeance au systèmecapitaliste ou redistributiste.En pr<strong>en</strong>ant la seule composantesociale, on trouveune multitude d’activités(secteurs commerciaux, bancaires,militaires, pol<strong>ici</strong>ers,administratifs, touristiques,de productions de qualitésles plus basses possible, des transports demarchandises et des personnes…) toutesaussi nuisibles les unes que les autres et legisem<strong>en</strong>t semble inépuisable (il était estiméil y a plus de tr<strong>en</strong>te ans par le collectifAdret à <strong>en</strong>viron 75% de l’<strong>en</strong>semble) si oncontinue de tirer sur la ficelle. La questionde leur remplacem<strong>en</strong>t n’est que trèspeu abordée par les “décroissants” puisqu’ilsne remett<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong> cause leur utilité.Et cette remise <strong>en</strong> cause n’a pas lieuparce que l’on ne sait pas comm<strong>en</strong>t pallierles suppressions d’emplois que cela<strong>en</strong>g<strong>en</strong>drerait. Donc on résout la questionde l’emploi <strong>en</strong> feignant d’ignorer la choseet <strong>en</strong> conservant ces activités à tout prix.L’emploi est dev<strong>en</strong>u l’argum<strong>en</strong>t justifiantla création ou le mainti<strong>en</strong> d’une activité.Il est abondamm<strong>en</strong>t repris commeflambeau par bon nombre de décroissants,qui se veul<strong>en</strong>t aussi écologistes etclam<strong>en</strong>t, chiffres à l’appui (évidemm<strong>en</strong>ttrès contestables <strong>en</strong> raison de l’étroitessede la prise <strong>en</strong> compte), que les énergiesr<strong>en</strong>ouvelables, la culture biologique etbi<strong>en</strong>s d’autres choses nécessit<strong>en</strong>t plusd’emplois que ce que l’on veut remplacer.Ce qui est non seulem<strong>en</strong>t faux mais c’est<strong>en</strong> plus l’inverse qui se vérifie : ce qui estvalable pour le nucléaire l’est pour toutesles activités humaines, qui sont extrêmem<strong>en</strong>tnombreuses, à visée productiviste etexpansionniste.Dans le domaine agricole parexemple, une relocalisation des cultureset des élevages (avec une nette t<strong>en</strong>dancevers le végétarisme) associée à un retour àune taille modeste des fermes et à unécoulem<strong>en</strong>t lui aussi local des produits ades conséqu<strong>en</strong>ces importantes sur les secteursconnexes. La rationalisation de l’utilisationde moy<strong>en</strong>sDe nombreuxdécroissantspersist<strong>en</strong>t àvouloir le beurreet l’arg<strong>en</strong>tdu beurre, créerdes emploiset diminuerl’empreinteécologique,ce qui est uneimpasse.mécaniques, voire leretour à la traction animaledans un certainnombre de cas a poureffets de diminuer l’activitédes constructeurs etla consommation de carburantsfuss<strong>en</strong>t-ils bios.L’abandon de l’utilisationdes <strong>en</strong>grais et pest<strong>ici</strong>deschimiques fait disparaîtreles industriescorrespondantes et ceque celles-ci induis<strong>en</strong>t<strong>en</strong> amont et <strong>en</strong> aval. Lav<strong>en</strong>te directe du producteurau consommateursupprime les intermédiaires,grossistes, petitscommerces ou hypers etbi<strong>en</strong> sûr les transports nécessaires à cestransactions. La liste est loin d’être complèteet si on faisait la somme, on nepourrait que constater le gâchis actuelcomparé aux moy<strong>en</strong>s <strong>en</strong> énergie, matièrespremières et main-d’œuvre employés parles petits agriculteurs ayant fait le choixdu local et de la qualité.Nier cet état de fait revi<strong>en</strong>drait à attribuerune meilleure productivité au systèmequi est remis <strong>en</strong> cause par des décroissantset donc à r<strong>en</strong>dre leur lutte injustifiablesur un plan autre qu’écologique.Ceux-ci persist<strong>en</strong>t à vouloir le beurre etl’arg<strong>en</strong>t du beurre, créer des emplois etdiminuer l’empreinte écologique, ce quiest une impasse. Car faire reposer la qualitéd’une activité, outre son utilité socialesi elle est reconnue, égalem<strong>en</strong>t sur lefait qu’elle nécessite plus d’emploisqu’une autre, c’est nier que tout emploi,quel qu’il soit, a des conséqu<strong>en</strong>ces écologiquesnéfastes.Cette obsession persiste uniquem<strong>en</strong>tparce qu’on n’a pas de solution de rechangetoute faite, prête à l’emploi. Mais onDRn’<strong>en</strong> aura jamais, sachons-le. Est-ce queça justifie que l’on continue à garder latête dans le sable ? Ne doit-on pas avancerquand même ?Vous avez dit“vacances” ?On <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d parfois qu’il vaut mieuxêtre au chômage que fabriquer des armes.Facile à dire quand on n’est pas concerné.Pourquoi ? Parce que le chômage estgénéralem<strong>en</strong>t subi (bi<strong>en</strong> qu’il soit de plus<strong>en</strong> plus souv<strong>en</strong>t “choisi”) et qu’il <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drela précarité par le caractère temporairedes indemnités qui lui sont assortieset par la pression qu’il exerce sur lessalaires et les contrats de travail.Mais alors pourquoi, si on reconnaîtplus d’intérêt social à ces vacances qu’auxemplois qui ont été abolis, ne donnerions-nouspas à ce nouvel état lesmoy<strong>en</strong>s de subsister ? En maint<strong>en</strong>antl’intégralité des salaires, qui ne représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tqu’une partie des coûts de cesemplois supprimés, et auxquels il fautajouter le coût écologique, bi<strong>en</strong> plusimportant, représ<strong>en</strong>té par les matièrespremières à peu près définitivem<strong>en</strong>tgâchées et l’énergie elle aussi perdue. Cecoût écologique représ<strong>en</strong>té par lesmoy<strong>en</strong>s qui sont utilisés pour lesconstructions des infrastructures, pourleur fonctionnem<strong>en</strong>t, pour les productionsqui <strong>en</strong> découl<strong>en</strong>t et pour les déplacem<strong>en</strong>tsqui leur sont nécessaires, seraitainsi économisé. Pourquoi s’<strong>en</strong> priver ?Permettre à de tels choix de perdurerserait alors l’objectif suivant qui se verraitatteint par le seul fait que ce rev<strong>en</strong>u neserait plus limité dans le temps, limite quicontinuerait sinon d’imposer à son bénéf<strong>ici</strong>airede s’employer à nouveau à n’im-SILENCE N°32816Octobre 2005


porte quelle tâche dans le seul but d’assurersa survie. Et<strong>en</strong>dre la remise <strong>en</strong> questionet les nouveaux fonctionnem<strong>en</strong>ts(provisoires) qui <strong>en</strong> découlerai<strong>en</strong>t àd’autres secteurs d’activités serait la suitelogique et “naturelle” de ce qui précède.Peut alors surv<strong>en</strong>ir l’objection suivante: si le nombre de g<strong>en</strong>s qui travaill<strong>en</strong>tdiminue considérablem<strong>en</strong>t et que donc laproduction diminue elle aussi, même si çan’est pas tout à fait dans les mêmes proportions,la quantité de richesses produitesva baisser et donc les salaires aussi.Si ce fait n’est pas contestable, <strong>en</strong> quoiconstitue-t-il un problème ? Du seul fait,reconnaissons-le, que nombre d’<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>ous raisonn<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core <strong>en</strong> termes de pouvoird’achat. Il faut s’extraire de ce formatagede la raison, bon pour le “croissant”,qui veut bi<strong>en</strong> travailler moins, mais neveut pas que ses rev<strong>en</strong>us baiss<strong>en</strong>t ; il fautfaire preuve de cohér<strong>en</strong>ce et avant toutréaliser que le salarié n’<strong>en</strong> est plus un, quesa place dans la société n’est plus lamême, qu’il ne sert plus La Société maisqu’il construit une organisation socialequi lui permettra de vivre <strong>en</strong> accord avecson milieu, dont il dép<strong>en</strong>d complètem<strong>en</strong>tet qu’il doit donc préserver “à tout prix”.Reconnaître que la suppression destrois quarts de ces emplois est positivec’est du même coup reconnaître commepositif le fait de ne plus consommer laproduction correspondante. Les moy<strong>en</strong>s(l’arg<strong>en</strong>t) qui permettai<strong>en</strong>t ces acquisitionsn’ont donc plus de raisons d’exister.Donc moins on gagne mieux on vitpuisque notre pression écologique diminue.Mais les vieux réflexes ayant la peaudure, il reste qu’on ne peut quand mêmepas payer, même de moins <strong>en</strong> moins, deplus <strong>en</strong> plus de g<strong>en</strong>s “à ne ri<strong>en</strong> foutre”.On a toujours t<strong>en</strong>dance à se mettre dansla peau de celui qui va se faire avoir, doncqui continue de travailler et va regarderles autres profiter de leur temps libre.“L’oisiveté”est-elle un danger ?Essayons quand même de nous imagineroisif tout <strong>en</strong> ayant les moy<strong>en</strong>s de subsister.Que va-t-on faire ? Profiter de cetavantage et définitivem<strong>en</strong>t s’installer dansla contemplation de la société qui avanceraitsans nous ? Supposons que ça puisseêtre le cas de certains d’<strong>en</strong>tre nous. Est-ceque ce s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’auto-exclusion n<strong>en</strong>ous ramènerait pas vers un besoin depart<strong>ici</strong>per ? Peut-être, mais peut-être passuffisamm<strong>en</strong>t.On peut alors imaginer que dans lepire des cas, ceux qui ont la “malchance”de continuer de travailler (parce que leurtravail a été jugé utile jusque là, par la collectivitéet donc par eux aussi, n’oublionspas de le préciser) ne toléreront plus cettesituation. Que leur restera-t-il à faire detout à fait légitime <strong>en</strong> dernier ressort ?Cesser leur activité, ce qui permettra deremettre <strong>en</strong> cause la pertin<strong>en</strong>ce de cetteproduction d’une part et aussi de poser laquestion de la répartition du travail.Observons que jusque là, l’évolutionde la société ne poserait guère de problèmes,au contraire, puisque le bénéficeglobal est incontestable mais sans doute<strong>en</strong>core trop mal réparti lui aussi.Notons aussi que la question de l’inégalitéou de l’égalité des rev<strong>en</strong>us n’a pas<strong>en</strong>core été posée et que si la masse salarialeglobale a été diminuée dans la proportiondes emplois supprimés, des injusticessubsist<strong>en</strong>t et doiv<strong>en</strong>t être prises <strong>en</strong>compte. En effet, on peut imaginer quedes emplois supprimés qui étai<strong>en</strong>t auparavantmieux payés (il y a d’ailleurs defortes chances pour que les exemplessoi<strong>en</strong>t multiples : publ<strong>ici</strong>té, armem<strong>en</strong>t,commerce...) donn<strong>en</strong>t lieu à une rétributionsupérieure à celle allouée à ceux quicontinu<strong>en</strong>t leur activité initiale, même sielle est diminuée proportionnellem<strong>en</strong>t àla baisse de la production (ou au chiffred’affaires ?).On pourrait alors avancer l’hypothèsedu rev<strong>en</strong>u égalitaire et universel quiaurait le mérite de ne pas privilégier apriori une activité plutôt qu’une autre.Toutes étant considérées comme provisoirem<strong>en</strong>tutiles, ceci prévaudrait sur l’év<strong>en</strong>tuelprestige ou image dégradante quel’on pourrait accoler à l’une ou à l’autredes tâches et déjouerait les volontés dejustifier un rev<strong>en</strong>u adapté à la vision toutesubjective que chacun d’<strong>en</strong>tre nous pourraitavoir. Et la recherche n’étant plus leprofit mais les moy<strong>en</strong>s donnés à chacunde vivre, quoi de plus juste que l’égalitééconomique qui reste cep<strong>en</strong>dant un pisaller étant donné l’inégalité des “besoins”de chacun. En att<strong>en</strong>dant la prise au tas...La répartition des rev<strong>en</strong>us et du travailreste une question épineuse qui nousempêche non seulem<strong>en</strong>t d’avancer maisde faire même le premier pas.Certains prôn<strong>en</strong>t un service social,géré par l’Etat, d’autres une organisationqui découlerait des pratiques.Trancher <strong>en</strong> faveur de l’un ou del’autre n’est cep<strong>en</strong>dant pas l’urg<strong>en</strong>ce. Cequi nous presse, très nombreux sont ceuxqui le clam<strong>en</strong>t, c’est de sortir de cette fuite<strong>en</strong> avant et donc d’<strong>en</strong>tamer la décroissance.Celle-ci se traduira inévitablem<strong>en</strong>t parune diminution très importante de laquantité de travail, même si cette réductionest s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t amortie par uneaugm<strong>en</strong>tation de la part due aux “nouvelles”pratiques adoptées dans les activitésrestantes (les fameuses créations d’emploisqu’avanc<strong>en</strong>t les décroissants). Maiscette diminution de l’emploi se fera trèsprogressivem<strong>en</strong>t et il y a fort à parier qu’ilsera diff<strong>ici</strong>le de maint<strong>en</strong>ir, au moins dansune première période, les rev<strong>en</strong>us desemplois “perdus”, toujours à cause de ceréflexe t<strong>en</strong>ace qui veut maint<strong>en</strong>ir le salariat,même chez les décroissants. Ayantcep<strong>en</strong>dant opté pour la décroissance etnon pour l’emploi, et la t<strong>en</strong>dance s’amplifiant,on observera que les “chômeurs”vivront de mieux <strong>en</strong> mieux (et ils serontaussi de plus <strong>en</strong> plus nombreux, de plus<strong>en</strong> plus nombreux aussi à pouvoir seconsacrer à des activités jugées utiles pareux et donc par la collectivité) puisqu<strong>en</strong>’ayant plus à supporter eux aussi lefinancem<strong>en</strong>t des activités nuisibles, ilsn’auront plus les mêmes besoins <strong>en</strong>termes de pouvoir d’achat. La baisse desrev<strong>en</strong>us, <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drée par une baisse de laproduction, sera donc un indicateur dequalité de vie. Et c’est bi<strong>en</strong> l’abandon dela subordination du rev<strong>en</strong>u au travail quipermettra cette t<strong>en</strong>dance. Sans ce divorce,la décroissance demeurera insout<strong>en</strong>able,n’ayant pas résolu la contradiction : plus(d’emplois) = mieux (social et écologique).Nous serions alors <strong>en</strong>trés dans le distributisme,sans le nommer, presque sansle savoir, tout <strong>en</strong> sachant que l’évolutionvers le moins aurait <strong>en</strong>core beaucoup ànous apporter.Patrick Urlacher nSILENCE N°32817Octobre 2005


PolitiquePetite phrase“Tout <strong>en</strong> veillant à ne pas laisserles fascistes définir ce qu’est lanation, ni décider à qui elle doitappart<strong>en</strong>ir, nous devons nous rappelerque le nationalisme — soustoutes ses formes : socialistes,capitalistes, fascistes — a été lemoteur de presque tous les génocidesdu vingtième siècle. Laquestion du nationalisme réclamela plus grande prud<strong>en</strong>ce”.Arundhaty RoyEcrivaine indi<strong>en</strong>ne.E T A T S - U N I SRechercheinféodéeau politiqueDeux associations, l’UCS, Uniondes sci<strong>en</strong>tifiques concernés etPEER, Employés publics pour laresponsabilité <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tale,ont distribué un questionnaireaux chercheurs travaillant pourl’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t pour connaîtrel’influ<strong>en</strong>ce du politique sur leurstravaux. Malgré des consignes desautorités pour ne pas répondre auquestionnaire, 1400 personnes,soit 30% des demandes, ontrépondu. 56% cit<strong>en</strong>t au moins uncas où une interv<strong>en</strong>tion politiquea modifié les résultats d’uneétude et 20% affirm<strong>en</strong>t avoirdéjà eu l’ordre de modifier leursrapports. Certains racont<strong>en</strong>t quecela va même, pour protéger desintérêts économiques, jusqu’àinverser les résultats !(Libération, 11 février 2005)Europe sousinflu<strong>en</strong>ceAlors qu’aujourd’hui 70% deslois nationales sont des transcriptionsdes directives europé<strong>en</strong>nes,on peut s’interroger sur l’originede ces directives. Au côté de 732députés europé<strong>en</strong>s, légitimem<strong>en</strong>télus, mais presque sans pouvoir,on compte 2700 personnes quitravaill<strong>en</strong>t pour la CommissionDReuropé<strong>en</strong>ne (ce qui correspond à2% de l’administration du gouvernem<strong>en</strong>tfédéral des Etats-Unis) et surtout 15 000 lobbyistesou “professionnels de l’influ<strong>en</strong>ce”.2600 lobbies ont pignonsur rue à Bruxelles… Plus ilssont gros, plus ils sont prochesdes bâtim<strong>en</strong>ts europé<strong>en</strong>s. 40%des lobbyistes représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t desgroupem<strong>en</strong>ts d’industriels, 12%directem<strong>en</strong>t des <strong>en</strong>treprises, 10%des ag<strong>en</strong>ces de relationspubliques et 10% des cabinetsjuridiques. Ces deux catégoriestravaill<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t pourles deux précéd<strong>en</strong>tes. 17% pourla “société civile” : regroupem<strong>en</strong>td’associations d’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t,de consommateurs, d’étudiants,de déf<strong>en</strong>se des droits humains,etc. Enfin 10% représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>td’autres institutions (ONU, OMS,Banque mondiale, régions…). Desassociations ont décidé de semobiliser pour demander aumoins la transpar<strong>en</strong>ce sur ce lobbying<strong>en</strong> adoptant les mêmesprincipes qu’aux Etats-Unis :quand un budget lobbying dépasse10.000 dollars, l’id<strong>en</strong>tité desprofessionnels doit être r<strong>en</strong>duepublique, dire pour qui ils travaill<strong>en</strong>t,leur budget. Ceci estpublic sur le site du sénat américain.(Imagine, été 2005)Tous pourris ?Le Canard <strong>en</strong>chaîné a révélé queles trois quarts des députés élus<strong>en</strong> 1993 avai<strong>en</strong>t reçu un financem<strong>en</strong>tde la société Véolia (ex-Générale des eaux). P<strong>en</strong>ser quetous nos députés sont achetés neserait donc pas qu’une impressionet explique sans doute leur intérêtpour les grands travaux, l<strong>en</strong>ucléaire, l’armem<strong>en</strong>t… Et bi<strong>en</strong>sûr la Constitution europé<strong>en</strong>ne auservice des multinationales.Décroissanc<strong>en</strong> Petite phrase. “La France est malade. La pauvretéaugm<strong>en</strong>te. L’écart <strong>en</strong>tre les plus riches et lesplus pauvres s’ét<strong>en</strong>d. L’asc<strong>en</strong>seur social n’est pas<strong>en</strong> panne, il marche à l’<strong>en</strong>vers. Aujourd’hui, lespar<strong>en</strong>ts ont la certitude que leurs <strong>en</strong>fants vivrontmoins bi<strong>en</strong> qu’eux. C’est un phénomène inacceptableet dangereux pour la démocratie”.Déclaration du préfet de la région Paca,La Marseillaise, 24 février 2005.Eh oui, le gâteau étant limité à une planète, si lesplus riches pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t tout, les autres n’ont plus ri<strong>en</strong> !n Rapport du PNUD. Le rapport du programmedes Nations-Unies pour le développem<strong>en</strong>t, r<strong>en</strong>dupublic le 3 juin, met clairem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce l’étatde dégradation global de la planète et pose la questionde l’urg<strong>en</strong>ce d’une “autre croissance” : “Nousavons connu dans les tr<strong>en</strong>te dernières années deschangem<strong>en</strong>ts plus rapides que jamais dans l’histoirehumaine (…) Perte des zones humides, déforestation,effondrem<strong>en</strong>t de nombreux stocks de poissons,érosion des sols, disparition des espèces sontquelques-unes des conséqu<strong>en</strong>ces de ce changem<strong>en</strong>t (…) Notre demandetoujours croissante pour les bi<strong>en</strong>s que fournit la nature crée une séried’énormes empreintes maint<strong>en</strong>ant visibles depuis l’espace” (…)83% de la surface du globe sont directem<strong>en</strong>t influ<strong>en</strong>cés par l’activitéhumaine (…) Pour survivre nous devons sortir de l’ère de la conquêtede la nature et <strong>en</strong>trer dans une nouvelle ère, l’ère de la durabilité et dela gestion prud<strong>en</strong>te”.n Verts m<strong>en</strong>teurs. Rapporté par Charlie-Hebdo du 16 mars dernier,le nouveau jeune secrétaire du parti aurait déclaré : “La décroissanceest un concept que nous portons depuis notre création”. Le jeune YannWerling oublie sans doute qu’aux dernières élections présid<strong>en</strong>tielles, <strong>en</strong>2002, la profession de foi du candidat Noël Mamère, seul docum<strong>en</strong>tdes Verts distribué dans tous les foyers, se prononçait pour “une croissancedurable”.n 1200 euros par mois ? La Fondation Copernic, une association“de gauche” proche d’Attac, a lancé un appel sous letitre “personne ne peut vivre à moins de 1200 euros parmois” qui demande que tout le monde gagne plus que cettesomme ! On peut s’interroger sur le niveau de rev<strong>en</strong>us desintellectuels qui lanc<strong>en</strong>t ce g<strong>en</strong>re d’appel. Les chiffres del’INSEE indiqu<strong>en</strong>t <strong>en</strong> effet que la moitié des ménages (etnon des individus !) <strong>en</strong> France viv<strong>en</strong>t avec s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t cettesomme ! Non seulem<strong>en</strong>t on peut vivre avec cette somme,mais même on peut <strong>en</strong> vivre bi<strong>en</strong> si on refuse de plongerdans la course à la consommation (la voiture mange un tiersdu rev<strong>en</strong>u d’une personne au Smic par exemple). Face à lacrise écologique majeure actuelle, ce g<strong>en</strong>re d’appel est totalem<strong>en</strong>tirresponsable. Le bon appel devrait être “Personn<strong>en</strong>e devrait avoir le droit de gaspiller plus de 1200 euros parmois”. Pour info : à S!l<strong>en</strong>ce, le rev<strong>en</strong>u de ceux qui travaill<strong>en</strong>tle plus (27h30 par semaine pour deux des salariés)est de 1000 euros pas mois… les autres viv<strong>en</strong>t avec moins.n Le développem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> questions. Le ROCADe, Réseaudes objecteurs de croissance pour l’après-développem<strong>en</strong>t, etl’association Solidarité ont réalisé un CD-Rom qui peut servirpour animer une confér<strong>en</strong>ce, appréh<strong>en</strong>der la question dudéveloppem<strong>en</strong>t et le critiquer. C’est une succession d’imagesde différ<strong>en</strong>ts pays qui dém<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t le discours off<strong>ici</strong>el. Un comm<strong>en</strong>taireest complété par des interv<strong>en</strong>tions de Pierre Rabhi et de Rajagopal(Inde) sur les alternatives possibles. On peut commander ce CD contre15 € (+1,20 € de port) à Solidarité/Rocade, BP 52, 7 bis, av<strong>en</strong>ueFoch, 81602 Gaillac cedex.n Objecteurs de croissance. Hervé-R<strong>en</strong>é Martin et Hélène Lioultfiniss<strong>en</strong>t actuellem<strong>en</strong>t le montage d’un film de 52 mn sur le thème dela décroissance. On y r<strong>en</strong>contre des élèves ayant travaillé sur ce problème,des interviews de Pierre Rabhi, François Schneider et son ânesseJujube, quelques élus locaux… Le film devrait passer sur France 3 <strong>en</strong>2006. Il sera projeté <strong>en</strong> avant-première le 3 octobre à Marseille, etsuivi d’un débat avec Serge Latouche. Un appel est lancé pour ceux etcelles qui veul<strong>en</strong>t organiser des débats autour du film. On peut pr<strong>en</strong>drecontact avec Hélène Lioult, Airelles-Vidéo, tél : 04 42 96 58 92.SILENCE N°328 Octobre 200518


Sauvons les sem<strong>en</strong>cespaysannesActuellem<strong>en</strong>t, ne sontcommercialisables <strong>en</strong>France que les sem<strong>en</strong>ces inscritesau catalogue off<strong>ici</strong>el…ce qui de fait limite le commerceaux seules grandesvariétés appart<strong>en</strong>ant auxmultinationales. Les amateursde biodiversité, lesagriculteurs bio, les opposantsaux OGM anim<strong>en</strong>t unecampagne “Sauvons lesAgriculturebiologiqueDRsem<strong>en</strong>ces paysannes” (tél : 05 63 41 72 86) pour demander le libreéchangedes sem<strong>en</strong>ces. Ceci n’a ri<strong>en</strong> d’utopique puisque chez nos voisinssuisses, une loi confédérale précise que “les sem<strong>en</strong>ces d’une variétélocale peuv<strong>en</strong>t être mises <strong>en</strong> circulation sans que la variété soit <strong>en</strong>registréedans la catalogue et que ces sem<strong>en</strong>ces soi<strong>en</strong>t certifiées”, les seulesexig<strong>en</strong>ces sont un étiquetage spécial précisant que ces sem<strong>en</strong>ces ne sontpas off<strong>ici</strong>elles, que les quantités soi<strong>en</strong>t limitées et qu’une comptabilitédes échanges soit t<strong>en</strong>ue par les producteurs. Si les Suisses le font,l’Europe peut aussi le faire.n Les femmes plus bio !Selon une <strong>en</strong>quête CSA réalisée<strong>en</strong> octobre 2004, 48 % desfemmes consomm<strong>en</strong>t occasionnellem<strong>en</strong>tdu bio contre 41 % deshommes. C’est le côté alim<strong>en</strong>tsain qui les attire.n Aveyron : la gestion du bois.Le mouvem<strong>en</strong>t de culture biodynamiqueorganise les 22 et 23octobre un séminaire sur la gestiondu bois dans l’exploitationagricole à Najac (Aveyron) :comm<strong>en</strong>t gérer la forêt, favoriserla diversification des espèces, utilisationsdu bois dans l’autoconstruction,le chauffage, le compostage,dans l’alim<strong>en</strong>tation animale…Pour <strong>en</strong> savoir plus : DidierVallet, Le Mas de Jammes,12260 Vill<strong>en</strong>euve-d’Aveyron,tél : 05 65 81 72 62 ou SoazigCornu, SABD, 5, place de laGare, 68000 Colmar, tél : 03 8924 37 01.n Bouches-du-Rhône : le guide.Un guide de la bio, de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tet de la vie saine est disponiblegratuitem<strong>en</strong>t (contre une<strong>en</strong>veloppe A5 timbrée à 1,45 €)sur demande à Grainesde vie, 450, allée de laVieille-Ferme, 13540Puyricard, tél : 04 4292 06 70.n Normandie : leguide. Un annuairegratuit de la bio <strong>en</strong>Basse-Normandie, 64pages, peut êtredemandé au GRAB, 6,rue des Roquemonts,14053 Ca<strong>en</strong> cedex 4,tél : 02 31 47 22 29.Porterson <strong>en</strong>fantDRLe portage des <strong>en</strong>fants à l’aided’une écharpe (qui peut être issuedu commerce équitable <strong>en</strong> cotonbio) a beaucoup d’avantages. Toutd’abord, dans un souci de décroissance,on peut ainsi éviter d’avoirrecours à une poussette : l’<strong>en</strong>fantpeut être porté par le père et lamère jusqu’à l’âge de 4 ans (soit<strong>en</strong>viron 20 kg). Mais il a aussides avantages physiologique :l’<strong>en</strong>fant bénéf<strong>ici</strong>e d’une proximitérassurante qui lui permet d’éviterle stress, de faciliter son sommeilet l’expéri<strong>en</strong>ce montre que celastimule son développem<strong>en</strong>tmoteur (les <strong>en</strong>fants portés march<strong>en</strong>tsouv<strong>en</strong>t plus tôt). Le portageaide les par<strong>en</strong>ts à tisser unerelation plus profonde avec l’<strong>en</strong>fant,tout <strong>en</strong> leur laissant lesmains libres. Il existe <strong>en</strong> Franceun réseau qui met <strong>en</strong> relationles par<strong>en</strong>ts porteurs et donne desconseils sur les moy<strong>en</strong>s de bi<strong>en</strong>porter (sur le dos, le v<strong>en</strong>treou sur la hanche) : Réseau Lana,Le monde de bébé, 18, routede la Chapelle, 67190 Mollkirch-Laub<strong>en</strong>heim, tél : 03 88 49 00 54.G E N È V ECercles decompassionUn cercle de compassion est unoutil simple et puissant pouraider les g<strong>en</strong>s à communiquer defaçon plus honnête et ouverte.C’est une alternative aux structureshiérarchiques rigides. Entreautres choses, les cercles de compassionnous aid<strong>en</strong>t à écoutersans juger, <strong>en</strong>courage la compréh<strong>en</strong>sionet la coopération, aide àmettre <strong>en</strong> pratique des solutionscréatrices aux problèmes, aideà construire des ponts <strong>en</strong>tre lesdiffér<strong>en</strong>ces, aide à résoudre lesdisputes et atteindre des cons<strong>en</strong>sus,r<strong>en</strong>force la réconciliationet le pardon.Les structures hiérarchiques habituellescultiv<strong>en</strong>t les divisions <strong>en</strong>treles g<strong>en</strong>s. Quand les g<strong>en</strong>s se mett<strong>en</strong>t<strong>en</strong> cercle, ils devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t trèsconsci<strong>en</strong>ts que, à un niveau profond,cette séparation est inexistante.De tels cercles aid<strong>en</strong>t doncà corriger l’impression que noussommes seul(e)s pour faire faceà la dureté de la société moderne.Ils nous rappell<strong>en</strong>t que noussommes tous un.Les cercles constitu<strong>en</strong>t des<strong>en</strong>droits excell<strong>en</strong>ts pourappr<strong>en</strong>dre des leçons positives surle pouvoir. Le leadership descercles s’effectue par rotation, desorte que chacun-e a l’occasionde faire l’expéri<strong>en</strong>ce du rôle deleader. Il n’existe pas de hiérarchie,seulem<strong>en</strong>t le leadershipinteractif et distribué. La fondationSommet mondial des femmesorganise à G<strong>en</strong>ève les 5 et 6novembre un atelier autour de ceconcept pour appr<strong>en</strong>dre à l’utiliserau mieux. Inscriptions :Fondation Sommet mondial desfemmes, BP 2001, CH 1211G<strong>en</strong>ève, tél : 0041 22 738 66 19.Chapeaude pailleAlternativesChapeau de paille est un regroupem<strong>en</strong>td’une vingtaine d’exploitationsagricoles qui propos<strong>en</strong>tà tous ceux et celles qui le veul<strong>en</strong>tde v<strong>en</strong>ir faire eux-mêmesles récoltes de leurs produits, cequi baisse évidemm<strong>en</strong>t les prix.La qualité est dite “respectueusede l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t”, maisapparemm<strong>en</strong>t ce n’est pas bio.La démarche estpartie<strong>en</strong> 1984 d’unepremière ferme<strong>en</strong> Val-d’Oise.n Cueillette de Pithi<strong>en</strong>ville,RN 13 <strong>en</strong>tre Evreux et Lisieux,27000 Pithi<strong>en</strong>ville,tél : 02 32 34 37 59.n Cueillette de Séresville,CD 105, 28300 Mainvilliers,tél : 02 37 21 42 40.n Les jardins de Meslay, RN 10,37210 Parçay-Meslay,tél : 02 47 29 05 20.n Cueillette de Muizon, RN 31,51140 Muizon,tél : 03 26 02 99 61.n Cueillette d’Aulnay-sur-Marne,RN 3, <strong>en</strong>tre Châlons et Epernay,51150 Aulne-sur-Marne,tél : 03 26 66 07 07.n Cueillette de l’Aragnon, cheminBastard, bois de Pau, 64000 Pau,tél : 05 59 33 71 31.n Cueillette de Peltre, route deStrasbourg, 57245 Peltre,tél : 03 87 74 32 93.n Cueillette du moulin de Dachstein,rue Principale, 67120 Dachstein,tél : 03 88 49 31 48.n Cueillette de Dorlisheim,D 392, <strong>en</strong>tre Dorlisheim et Altorf ,67120 Dorlisheim,tél : 03 88 49 31 48.n Cueillette du Paradis Vögel, moulinde la Hardt, 68520 Burnhaupt-le-Bas.n Cueillette des Authieux, 76690Clères, tél : 02 35 33 56 30.n Cueillette des Jardins de Rutel,<strong>en</strong>trée de Meaux sur RN 3, 77124Vill<strong>en</strong>oy-Meaux,tél : 01 64 33 44 09.n Cueillette de Servigny, D 50, <strong>en</strong>treLieusaint et Nandy, 77127 Lieusaint,tél : 01 64 41 81 09.n Cueillette de la Grange, RN19,allée des Tilleuls, 77170 Coubert,tél : 01 64 06 71 14.n Cueillette de Compans,23, rue de l’Eglise, 77290 Compans,tél : 01 60 26 88 39;n Cueillette du Plessis, Rozay-<strong>en</strong>-Brie,77540 Lumigny,tél : 01 64 07 71 41.n Cueillette du Chanteloup,route de Provins, D 231,77600 Chanteloup-<strong>en</strong>-Brie,tél : 01 64 30 26 37.n Cueillette des vergers de Pamfou,rue de la Forêt, 77830 Pamfou,tél : 01 64 31 81 81.n Ferme de Viltain, 78350 Jouy<strong>en</strong>-Josas,tél : 01 69 41 22 23.n Cueillette de Gally, route de Ballyà Saint-Cyr, 78870 Bailly,tél : 01 39 63 30 90.n Cueillette du Gois, route du Gois,85630 Barbatre (île de Noirmoutier),tél : 02 51 26 55 98.n Cueillette de Torfou, RN20, <strong>en</strong>treArpajon et Etampes, 91730 Torfou,tél : 01 60 82 91 11n Cueillette de Cergy, route deCourcelles, 95650 Puiseux-Pontoise,tél : 01 34 46 10 52.S A R T H EL’émerg<strong>en</strong>cedu changem<strong>en</strong>tL’association Terre du Ciel organiseson dix-septième forum surce thème du 29 au 31 octobreau palais des congrès du Mans.R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts : Terre du Ciel,SILENCE N°328 Octobre 200519


Alternativesdomaine de Chard<strong>en</strong>oux, 71500Bruailles, tél : 03 85 60 40 33.P A R I SFestivaldu livred’écologieLe 3 e festival du livre d’écologiese ti<strong>en</strong>dra le dimanche20 novembre au Trianon,80, boulevard de Rochechouart(Montmartre, Paris 18e,M° Anvers). Imm<strong>en</strong>se librairieavec de multiples thèmes : économiesolidaire, faune et flore, ressourcesnaturelles, santé, <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t,développem<strong>en</strong>t durable,Fêtes, foires, salons(le signe i indique que S!l<strong>en</strong>ce est prés<strong>en</strong>t)non-viol<strong>en</strong>ce, relations nord-sud,urbanisme, habitat, agriculture,alim<strong>en</strong>tation, biodiversité, climat,nucléaire, déchets, nature, OGM,pollutions, commerce équitable,politique, éco-citoy<strong>en</strong>neté, énergiesalternatives… Dédicacesd’auteurs, débats, confér<strong>en</strong>ces,expositions… Entrée libre et gratuite.Festival du livre d’écologie,maison des associations, boît<strong>en</strong>°9, 15, passage Ramey, 75018Paris, tél : 08 71 37 10 93.i Lot-et-Garonne : 17 e Horizon vert. 1 er et 2 octobre au parc des expositions deVill<strong>en</strong>euve-sur-Lot. Thème de l’année : des territoires et des hommes, vers une cultureécologique et solidaire”. Confér<strong>en</strong>ces : la qualité <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tale des bâtim<strong>en</strong>ts,santé et territoires, les éco-hameaux, l’empreinte écologique, conservationde la biodiversité des fermes, la souveraineté alim<strong>en</strong>taire, le droit au logem<strong>en</strong>t, territoireet peuple palestini<strong>en</strong>… 240 exposants dont une cinquantaine d’associations.Horizon vert, BP 208, 47305 Vill<strong>en</strong>euve-sur-Lot, tél : 05 53 40 10 10.i Drôme : 22 e foire bio de Montfroc. 1 er et 2 octobre. La plus grande foire bio<strong>en</strong> plein air du sud-est de la France et l’une des plus conviviales dans unvillage à la limite de la Drôme et des Alpes-de-Haute-Prov<strong>en</strong>ce. Produits bio, produitstransformés, plantes aromatiques et méd<strong>ici</strong>nales, artisanat, associations…Marie-Claude et André Bucher, Foire de Montfroc, domaine de Grigon, 26560Montfroc, tél : 04 92 62 01 55.n Isère : définitivem<strong>en</strong>t bio. 2 octobre dans la Grande cour de l’Abbaye,à Saint-Antoine-l’Abbaye. Office de tourisme, place Ferdinand-Gilibert, 38160Saint-Antoine-l’Abbaye, tél : 04 76 36 44 46.n Bourges : festival international du film écologique. 6 au 9 octobre,aux rives d’Auron. Ag<strong>en</strong>ce culturelle de Bourges, BP121, 18003 Bourges cedex,tél : 02 48 24 93 32.n Nord : Salon vie saine et bi<strong>en</strong>-être. 7 au 9 octobre au parc des expositions deDouai. Agri bio, santé, <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, habitat sain, loisirs nature. Gayant Expo,parc des Exposition de Douai, route de Tournai, BP 60093, 59502 Douai cedex,tél : 03 27 93 25 73.n Poitiers : 4 e Bi<strong>en</strong>-être et mieux-vivre. 7 au 10 octobre, au parc des expositionsLes Arènes. Bio, médecines douces, artisanat, écoconstruction… LoireEvénem<strong>en</strong>t, 19, place de la Poterne, 49400 Saumur, tél : 02 41 38 60 00.n Paris : 3 e Salon du livre anarchiste. 8 et 9 octobre à la salle Olympe-de-Gouges, 13, rue Merlin, 75011 Paris (M° Voltaire). Entrée gratuite. LibrairiePublico, 145, rue Amelot, 75011 Paris, tél : 01 48 05 34 08.i Ille-et-Vilaine : 14 e Ille-et-Bio. 8 et 9 octobre, à Guich<strong>en</strong>, au sud-ouest deR<strong>en</strong>nes. 170 exposants, une quinzaine d’animations, autour de la bio, des énergiesr<strong>en</strong>ouvelables, de l’habitat écologique, de la santé et des solidarités.21 confér<strong>en</strong>ces dont le samedi à 14 h la bio, agriculture de demain, à 14 h,la communication non-viol<strong>en</strong>te, à 17 h, pour un monde sans faim…Le dimanche, à 11 h, l’habitat écologique groupé, à 11 h, les OGM, à 14 h : tablerondesur la décroissance, à 14 h : projet de parc éoli<strong>en</strong> coopératif… Culture bio,Crotigné, 35580 Guich<strong>en</strong>, tél : 02 99 57 38 11.n Bouches-du-Rhône : troisième forum Habitat écologique.Les 8 et 9 octobre à l’éco-musée de la forêt de Gardanne. Une quarantainede stands : énergies r<strong>en</strong>ouvelables (solaire, éoli<strong>en</strong>, bois), matériaux écologiques(briques, peintures, isolants, <strong>en</strong>duits, produits d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>…), réharmonisationde la maison (f<strong>en</strong>g-shui et géobiologie), architectes. Parmi les confér<strong>en</strong>ces :le samedi : le solaire dans l’habitat (11h30), architecture bioclimatique méditerrané<strong>en</strong>ne(15h15), j’att<strong>en</strong>ds une maison (16h45) ; dimanche : énergies r<strong>en</strong>ouvelablesdans la maison (13h30), développem<strong>en</strong>t durable dans la maison (15h15), réchauffem<strong>en</strong>tclimatique (15h15), se chauffer au naturel (16h30)… Graines de vie, alléede la Vieille-Ferme, 13540 Puyricard, tél : 04 42 92 06 70.n Montauban : 12 e foire bio. 9 octobre au marché gare. Bio et artisanat.Association Echo-Synergie c/o T. Serre, Saint-Juli<strong>en</strong>, 82200 Moissac,tél : 05 63 04 70 58.i Isère : 16 e salon de l’écologie C’est tout vert. 9 octobre au c<strong>en</strong>tre Equinoxe,DRL A R Z A CTerres collectivesEn 1973, naiss<strong>en</strong>t les GFA Larzac, groupem<strong>en</strong>ts fonciers agricoles,mis <strong>en</strong> place pour acheter de manière collective des fermes convoitéespar le camp militaire tout proche. En 1981, les paysans du Larzacgagn<strong>en</strong>t la lutte et le projet d’ext<strong>en</strong>sion de l’armée est abandonné. Lesterres achetées par le ministère sont r<strong>en</strong>dues aux paysans sous formed’un bail emphytéotique. Les 6300 hectares sont exploités aujourd’huipar 67 agriculteurs. Les GFA sont maint<strong>en</strong>us et gèr<strong>en</strong>t 1300 hectaresqui sont confiés à 22 agriculteurs.Le capital des GFA est partagé<strong>en</strong>tre 3126 personnes qui possèd<strong>en</strong>t3894 parts de 152 €. Afin depermettre l’ext<strong>en</strong>sion de cette gestioncollective des terres, un appelest lancé pour augm<strong>en</strong>ter le capitaldes GFA. Vous pouvez souscriredes parts <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant contactavec GFA Larzac, Montredon,12230 La Cavalerie,tél : 05 65 62 13 39.DRLa Tour-du-Pin. Samedi 8 à 20h30 confér<strong>en</strong>ce exceptionnelle de Jean-Marie Pelt :“L’av<strong>en</strong>ture des plantes” (<strong>en</strong>trée 5 €, donne droit à l’accès au salon le 9).Contact : association GUEPE, 645 grand chemin de Leyssins, 38490 Chimilin,tél : 04 76 32 59 00.n Orléans : 8 e Bio Terre naturelle. 15 au 17 octobre, parc des expositions.Bio, santé, <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. Orléans-Gestion, 1, rue Présid<strong>en</strong>t-Schuman,45074 Orléans, tél : 02 38 56 97 10.n Saône-et-Loire : 7 e festival des saveurs. 16 octobre, La Chapelle-Naude.Thème de l’année : le lait et ses dérivés. La Grange-Rouge, 71500 La Chapelle-Naude, tél : 03 85 75 85 84.n La Rochelle : 2 e Salicorne. 21 au 23 octobre, parc des expositions. Eco-habitat,bio, énergies r<strong>en</strong>ouvelables, <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t… Comité des fêtes, foires et salons,parc des Expositions, 17043 La Rochelle cedex 1, tél : 05 46 30 08 53.n Creuse : arboretum de la Sédelle. 22 et 23 octobre, à Villejoint-Crozant, v<strong>en</strong>tede plantes, balades contées… Les Jardins de la Sédelle, BP 1, 23160 Croizant,tél : 05 55 89 83 16.n Ille-et-Vilaine : 4 e Vin et gourmandises bio. 22 et 23 octobre à Cesson-Sévigné, près de R<strong>en</strong>nes. Jean-Paul Lécluze Salons Animations, 28, rue du Pontde-Sévigné35510 Cesson-Sévigné, tél : 02 99 83 85 38.n Haute-Garonne : 9 e Salon Santé et Nature. 28 au 30 octobre, la GrandeHalle à l’Union. Santé et bio. Diagonale, 18, rue des Sept-Troubadours, 31000Toulouse, tél : 05 61 62 21 19.n Angers : 1 er Bi<strong>en</strong>-être et mieux-vivre. 28 au 30 octobre, au parc des expositions,bâtim<strong>en</strong>t Novaxia. Bio, médecines douces, écoconstruction… LoireEvènem<strong>en</strong>t, 19, place de la Poterne, 49400 Saumur, tél : 02 41 38 60 00.i Jura : foire eco-bio de Longchaumois. 29 et 30 octobre. Produits issus detechniques respectueuses de l’ecologie, échanges <strong>en</strong>tre producteurs et consommateurs.Contact : Anne Lancon, 1187 route de G<strong>en</strong>ève, 39310 Septmoncel,tél : 03 84 41 50 76;n V<strong>en</strong>dée : 2 e Salon du bi<strong>en</strong>-être. 5 et 6 novembre au parc des expositionsde La Roche-sur-Yon. Bio et santé. C2L Organisation, Théon, 17120 Cozes,tél : 05 46 90 11 52.i Paris : 30 e Marjolaine. 5 au 13 novembre au parc floral de Paris(M° Château de Vinc<strong>en</strong>nes). Le plus grand et le plus anci<strong>en</strong> des salons écolos.75 000 visiteurs, 550 stands : Bio, produits naturels, écoproduits, santé, artisanat,prêt-à-porter, jardinage, <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, édition, tourisme vert. Parmi les confér<strong>en</strong>ces: grands barrages et biodiversité (Martin Arnould, WWF, samedi 5 à 12 h),la marchandisation de l’eau (Riccardo Petrella, samedi 5 à 14h),itinéraire d’un écologiste (Pierre Rabhi, dimanche 6 à 14 h), table-ronde militantismeet <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t (dimanche 6 à 16 h), économie et écologie (Alain Lipietz,Guillaume Duval, lundi 7 à 14 h), bio et changem<strong>en</strong>t climatique (Claude Aubert,mardi 8 à 14 h), objectif 100 % bio (Hugues Toussaint, mardi 8à 16 h), la maison autonome (Patrick Baronnet, mercredi 9 à 14 h), l’<strong>en</strong>jeu énergétique(B<strong>en</strong>jamin Dessus, Yves-Bruno Civel, Jean-Luc Wingert, mercredi 9à 16 h), commerce équitable ou marché de l’éthique (Christian Jacquiau, jeudi10 à 16 h), les cosmétiques dangereux pour la santé (Yannick Vicaire Gre<strong>en</strong>peaceet autres, v<strong>en</strong>dredi 11 à 16 h), le grand bond libéral <strong>en</strong> arrière (Serge Halimi, v<strong>en</strong>dredi11 à 19h), OGM, les dangers se précis<strong>en</strong>t (Jacques Testart d’inf’OGM, Jean-Emile Sanchez de la Conf’Paysanne, Thierry Jacquaud de L’Ecologiste… samedi12 à 14 h), alternatives aux OGM (Guy Kastler de Nature & Progrès, Marie-Hélène Aubert des Verts, Hervé Kempf… samedi 12 à 16 h), quand la misèrechasse la pauvreté (Majid Rahnema, Ligne d’Horizon, dimanche 13 à 14 h).Programme complet : SPAS, 86, rue de Lille, 75007 Paris, tél : 01 45 56 09 09.SILENCE N°328 Octobre 200520


Economie alternativeLes robins des boisde l’industrieLes ingénieurs de la société Perche Activitésv<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t à l’industrie des prestations qui leurpermett<strong>en</strong>t de financer des activités alternatives.Basées sur le concept de technologiesappropriées, ces activités ont pour vocationde lutter contre la domination technologiqueet économique inhér<strong>en</strong>te à notre modèle dedéveloppem<strong>en</strong>t, aussi bi<strong>en</strong> au Sud qu’au Nord.La première chose que nous remarquons<strong>en</strong> arrivant devant les locauxde Perche Activités, à Champrond<strong>en</strong>-Gâtine,est la boîte aux lettres. Lesplaques indiqu<strong>en</strong>t Association ReinetteVerte, Association Oïkos, Association Danseet Rêve, Sarl Perche Activités, Sarl DSP,Sarl STT, Editions du Colombiers, SarlCréer. Toutes ces structures ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t dansune petite maison de village avecquelques bureaux dans une pièce à l’étage.Pas de séparation <strong>en</strong>tre bureaux, pasde fléchage, tout est <strong>ici</strong>, acteurs compris !Pourtant, les activités de ces diversesstructures sont bi<strong>en</strong> aussi variées queleurs raisons sociales : Perche Activitéss’occupe de techniques industrielles, detechnologies appropriées et de fabricationartisanale de jus de pomme naturel ; l’associationReinette Verte met à la dispositionde ses adhér<strong>en</strong>ts, afin qu’ils fabriqu<strong>en</strong>tleur propre jus de pomme, lesavoir-faire et l’outil de fabrication dePerche Activités ; la société Développem<strong>en</strong>tsout<strong>en</strong>able pour la plante (Sarl DST) promeutla recherche <strong>en</strong> énergies r<strong>en</strong>ouvelableset fabrique des matériels à biomasse; Capital risque pour une économier<strong>en</strong>ouvelable et solidaire (Sarl Créer) estune société qui collecte de l’épargne pourle souti<strong>en</strong> à la création d’activités éthiques; d’autres structures exerc<strong>en</strong>t dans ledomaine culturel. De plus, Perche activitésest active dans plusieurs réseaux d’échangestels que Minga (1) ou le Repas (2).Les nombreuses articulations <strong>en</strong>treces activités à première vue très différ<strong>en</strong>tes,voire contradictoires, font apparaîtreun projet alternatif cohér<strong>en</strong>t quivise, <strong>en</strong> s’appuyant sur le concept de technologiesappropriées, à sortir de la logiquedéveloppem<strong>en</strong>tiste sévissant aussibi<strong>en</strong> au nord qu’au sud de la planète.Des technologiesindustriellesaux technologiesappropriéesAu début des années 80, MaximeHaudebourg, un des futurs fondateurs dePerche activités, est professeur de physiqueet d’électronique. Ses activités d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>tlui permettant d’avoir desrev<strong>en</strong>us suffisants, il se consacre pleinem<strong>en</strong>tà ses activités militantes au MRJC,Mouvem<strong>en</strong>t rural de la jeunesse chréti<strong>en</strong>ne,où il fut objecteur puis perman<strong>en</strong>t. Dansce cadre, il démarre une activité de collectesélective, qui évoluera vers une activitéd’insertion dans le milieu du recyclagedes déchets. Passionné depuis son<strong>en</strong>fance par l’inv<strong>en</strong>tion de machines,Maxime suit <strong>en</strong> parallèle des cours du soirau Cnam et devi<strong>en</strong>t ingénieur. Suite auLes locaux de Perche Activités .rachat de son activité de recyclage par laLyonnaise des eaux, Maxime crée avec desassociés un bureau d’ingénieurs et seretrouve pédégé à 26 ans. Cette structureconnaît une croissance rapide et les associésde départ finiss<strong>en</strong>t par rev<strong>en</strong>dre leursparts à Thyss<strong>en</strong>, Maxime conservant sonposte et son autonomie pour la gestion dubureau. Mais, peu de temps après, pourdes raisons “stratégiques”, Thyss<strong>en</strong> rev<strong>en</strong>dl’<strong>en</strong>treprise à la Lyonnaise des eaux quiopte pour une stratégie d’intégration.Maxime, perdant son autonomie de gestion,décide de démissionner et profite decette occasion pour partir <strong>en</strong> voyage <strong>en</strong>Inde avec son épouse et ses quatre<strong>en</strong>fants.Lors de ce voyage, Maxime découvreles technologies appropriées, notamm<strong>en</strong>tdans l’agro-alim<strong>en</strong>taire et dans les énergiesr<strong>en</strong>ouvelables. Les technologiesappropriées sont des petits équipem<strong>en</strong>tsde production ou de transformation adaptéesà des artisans, petits agriculteurs etmicro-<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs, qui offr<strong>en</strong>t uneindép<strong>en</strong>dance à l’utilisateur vis-à-vis de latechnologie et de son fournisseur. Latransformation des produits étant maîtriséesur place, la valeur ajoutée reste dansle pays d’origine. Maxime est alorsconvaincu que “c’est un facteur de développem<strong>en</strong>t,bi<strong>en</strong> plus que les grands projetsfinancés par les bailleurs de fonds, qui nemarch<strong>en</strong>t pas mais qui attir<strong>en</strong>t toujours”.De retour <strong>en</strong> France, Maxime accepteune offre d’emploi de la Lyonnaise deseaux et y travaille à mi-temps dans lecontrôle de gestion et le suivi commercial.Toujours <strong>en</strong> relation avec ses anci<strong>en</strong>s(1) Réseau d’échanges et de pratiques alternatives etsolidaires, lire le dossier dans S!l<strong>en</strong>ce n°314.(2) Association Minga, 6, rue Arnold-Géraux, 93450L’Ile-Saint-D<strong>en</strong>is, tél : 01 48 09 92 53, http://www.minga.net, lire l’article “Construire des alternativesau commerce équitable” dans S!l<strong>en</strong>ce n°325-326.Alban LabouretSILENCE N°32821Octobre 2005


Economie alternativeassociés, il profite de son temps libre pourcréer Perche activités, dont la vocationsera les technologies appropriées,“manière de lutter contre le système développem<strong>en</strong>tiste<strong>en</strong> créant des alternativesau sud”.Perche activités démarre tout de mêmeavec les compét<strong>en</strong>ces de ses créateurs, lestechniques industrielles (automatisme,électr<strong>ici</strong>té, hydraulique, mécanique,pneumatique), qui sont des projets d’automatisationet d’optimisation des productionsindustrielles. Ces projets t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>tvers des systèmes demandant unetechnologie de plus <strong>en</strong> plus complexe etde plus <strong>en</strong> plus précise (r<strong>en</strong>dant donc lescli<strong>en</strong>ts de plus <strong>en</strong> plus dép<strong>en</strong>dants de leurtechnologie). Perche activités est ainsi prés<strong>en</strong>tedans les secteurs de l’agroalim<strong>en</strong>taire,des cosmétiques, de la métallurgie etde l’automobile, mais s’interdit tout demême les secteurs du nucléaire et de l’armem<strong>en</strong>t.Ces techniques industrielles ne reflèt<strong>en</strong>tpas le cœur de l’<strong>en</strong>treprise, mais simplem<strong>en</strong>tl’une de ses compét<strong>en</strong>ces qui,servant de vache à lait, assure la pér<strong>en</strong>nitédes autres activités. Le fait de gagner del’arg<strong>en</strong>t dans le secteur industriel est vucomme le moy<strong>en</strong> d’alim<strong>en</strong>ter un systèmede péréquation. Afin de promouvoir lestechnologies appropriées, Perche activitésassume ainsi la contradiction <strong>en</strong>tre savocation à changer profondém<strong>en</strong>t notremodèle de développem<strong>en</strong>t et sa part<strong>ici</strong>pationà l’optimisation de ce même système.Alternatives au SudLes rev<strong>en</strong>us issus de ce bureau d’ingénieur<strong>en</strong> technologies industrielles permett<strong>en</strong>tdonc à Perche activités de développerdes technologies appropriées, quis’inscriv<strong>en</strong>t dans une démarche de simplificationet de transfert de technologies,afin de promouvoir la création de microateliersdans les pays du Sud. En effetMaxime p<strong>en</strong>se que ceux-ci “ne doiv<strong>en</strong>t pasessayer de copier les pays du Nord, car ledéveloppem<strong>en</strong>t occid<strong>en</strong>tal court à l’échec”.Les salariés de Perche Activités sontcep<strong>en</strong>dant bi<strong>en</strong> consci<strong>en</strong>ts qu’il ne s’agitpas simplem<strong>en</strong>t d’apporter des solutionstechniques au Sud. Compr<strong>en</strong>dre les coutumes,le fonctionnem<strong>en</strong>t et les projetsdes populations afin de pouvoir travailler<strong>en</strong>semble à la construction de micro-atelierspermettant l’autonomie et le respectdes modes de vie constitue l’objectif principalde ces activités. Ces projets, situés<strong>en</strong> Afrique, <strong>en</strong> Amérique du Sud et <strong>en</strong>Inde, intègr<strong>en</strong>t ainsi une réflexion et unaccompagnem<strong>en</strong>t sur les sources d’énergies(charbon, têtes d’ananas), sur laAlban Labouretconstruction des ateliers et sur les aspectssociaux (insertion de personnes <strong>en</strong> difficulté,primes d’aides à la famille) ou commerciaux(recherche de transpar<strong>en</strong>ce etd’équité sur toute la filière).Le défi de ces ateliers est de produireplus tout <strong>en</strong> restant artisanal. Perche activitésfavorise ainsi l’organisation de structurescoopératives ou associatives (mêmeinformelles) ou le regroupem<strong>en</strong>t sur unmême lieu d’un grand nombre de microateliers,afin permettre des économiesd’échelle. Dans la même logique, les rev<strong>en</strong>deursde la production sont ciblés : lagrande distribution est refusée au profitde cli<strong>en</strong>ts comme la coopérative Andines(3) qui n’impose pas de contraintes deproduction et qui commerce sur la basede relations équitables.Mais ces ateliers ne sont pas uniquem<strong>en</strong>tdes unités de transformationimplantées au Sud et vouées à exporter auNord. Perche activités ti<strong>en</strong>t aussi à promouvoirles relations de coopération et decommerce <strong>en</strong>tre pays du Sud. Maximecite un projet de fabrication de silos <strong>en</strong>Inde pour des cli<strong>en</strong>ts marocains ou l’accompagnem<strong>en</strong>tà la création d’un atelierassociatif qui permet à des femmes africainesde transformer et conserver dessurplus de cultures de mangues. Lesfemmes amèn<strong>en</strong>t les fruits pour les transformeret repart<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> fonction du poids,avec des sachets équival<strong>en</strong>t à 100F CFApour les rev<strong>en</strong>dre. Cet atelier est aussi axésur la s<strong>en</strong>sibilisation à l’hygiène.DSP (développem<strong>en</strong>t sout<strong>en</strong>able pour laplanète), est une autre société liée par soncapital à Perche activités. Elle a pour butde v<strong>en</strong>dre des combustibles (bois, biomasse)et des prestations d’ingénierie etde fabrication de matériels à biomasse(3) Andines Scop, 6, rue Arnold-Géraux, 93450 L’Ile-Saint-D<strong>en</strong>is, tél : 01 48 20 48 60, http://www.andines.com, même article dans S!l<strong>en</strong>ce n°325-326.La presse à jus de pommes.(chaudières à déchets, gazogènes). Ellepromeut égalem<strong>en</strong>t la recherche sur lesénergies r<strong>en</strong>ouvelables <strong>en</strong> finançant desthèses, notamm<strong>en</strong>t sur le thème de l’utilisationde la biomasse comme carburant.Le but est de faire le li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre recherchefondam<strong>en</strong>tale et technologies appropriées :DSP est par exemple à l’origine du foyeramélioré (Association bois de feu).Ces projets se font non sans mal etpos<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> sûr de nombreux problèmesd’ordre technique ou d’ordre financier.Mais Perche activités ti<strong>en</strong>t à poursuivre cesexpérim<strong>en</strong>tations et <strong>en</strong> assume les risquescar l’activité des technologies appropriéesa finalem<strong>en</strong>t un but très subversif : travailler<strong>en</strong>semble à la fin de l’esclavageéconomique.Alternatives au NordMais les effets néfastes du développem<strong>en</strong>téconomique se font égalem<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>tirau sein même des pays occid<strong>en</strong>taux.Perche activités travaille donc aussi localem<strong>en</strong>t.Un grand groupe industriel français,propriétaire d’une marque d’apéritifanisée très connue, ayant failli s’implanterdans le Perche pour y fabriquer du cidre,il avait été demandé aux agriculteurs deplanter des pommiers. Une fois le désistem<strong>en</strong>tde l’<strong>en</strong>treprise annoncé, il a étédemandé aux mêmes agriculteurs d’arracherles pommiers pour toucher des subv<strong>en</strong>tions,le prix de la pomme s’écroulant !Perche activités a ainsi lancé, dès sacréation, un atelier artisanal de fabricationde jus de fruits naturels à partir despommes récoltées dans le Perche : lesfruits sont ainsi achetés le double de duprix du marché à des agrobiologistes,transformés dans l’atelier de Perche activitéset commercialisés <strong>en</strong> direct ou par l’intermédiairede la coopérative Andines, quipart<strong>ici</strong>pe aussi à la promotion d’un commerceéquitable Nord-Nord.SILENCE N°32822Octobre 2005


Alban LabouretCette activité valorise ainsi le patrimoinelocal face à la progression desmonocultures beauceronnes sur le bocagedu Perche, souti<strong>en</strong>t les agrobiologistes <strong>en</strong>leur assurant des débouchés plus équitableset apporte de la crédibilité <strong>en</strong> ce quiconcerne les technologies appropriées.Anne, de la Reinette verte.L’atelier est loué par Perche activités àl’association Reinette verte sans recherchede profit. Cette association propose à sesadhér<strong>en</strong>ts de v<strong>en</strong>ir fabriquer eux-mêmes,de façon coopérative, leur jus de pomme.Plus de deux c<strong>en</strong>ts familles pass<strong>en</strong>t ainsidans l’atelier chaque année. Au-delà de laproduction de jus de fruit, les réunions dela Reinette verte sont aussi un mom<strong>en</strong>t defête et de convivialité et lorsque tout lemonde se retrouve autour de la presseartisanale c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire, l’atelier devi<strong>en</strong>tespace de discussion : selon Anne, responsablede l’association, “l’atelier est surtoutun prétexte pour discuter, la pomm<strong>en</strong>’étant qu’un support”.En effet, on retrouve dans l’atelierquelques produits du commerce équitabled’Andines, comme le café autour duquelon s’assoit, et les adhér<strong>en</strong>ts se s<strong>en</strong>sibilis<strong>en</strong>taux <strong>en</strong>jeux du commerce équitable,de l’économie solidaire, de l’agriculturebiologique. Anne se bat tout particulièrem<strong>en</strong>tpour expliquer la différ<strong>en</strong>ce radicalede vision <strong>en</strong>tre le café Max Havelaar etle café Andines.Profitant d’une amélioration dans laviabilité économique de ses activités initiales,Perche activités a favorisé la créationde la société et de l’association Créer,Capital risque éthique pour une économier<strong>en</strong>ouvelable, fondées pour sout<strong>en</strong>ir descréations d’activités éthiques quelles quesoi<strong>en</strong>t leur implantation géographique, <strong>en</strong>pr<strong>en</strong>ant des parts inférieures à 25% ducapital. Les projets doiv<strong>en</strong>t répondre à uncertains nombre de critères exigeants :organisation et fonctionnem<strong>en</strong>t démocratique,produits et services qui ne pouss<strong>en</strong>tpas au gaspillage et qui répond<strong>en</strong>t à unedemande sociale, processus de productionéconome <strong>en</strong> ressources naturelles etnon agressif à l’égard de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t,relations de solidarité, viabilité économique.Perche activités part<strong>ici</strong>pe ainsi à bi<strong>en</strong>d’autres activités, elle héberge notamm<strong>en</strong>tDanse et rêve, association d’expressioncorporelle ainsi que les Editions duColombier (livres d’histoire régionale)avec lesquelles elle n’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>t pas deli<strong>en</strong>s économiques.Fonctionnem<strong>en</strong>tinterneLe statut de Sarl, société à responsabilitélimitée, a été choisi pour Perche activitéscar il permet une meilleure crédibilitédans les milieux industriels, le fonctionnem<strong>en</strong>tinterne de la structure n’étantpas forcém<strong>en</strong>t mis <strong>en</strong> avant. Elle compte36 associés, dont six associés-travailleursà parts égales, pour un capital de29 250€. Soucieuse de son indép<strong>en</strong>dancevis à vis de l’extérieur, la société a étécréée sans l’aide des banques et elle <strong>en</strong> estmême maint<strong>en</strong>ant complètem<strong>en</strong>t détachée,puisque son compte courant est uncompte d’associé hébergé à la Nef (4),mais autogéré ! Elle reçoit cep<strong>en</strong>dantquelques souti<strong>en</strong>s publics ponctuels, soitpar l’implication de particuliers (le mairede la commune est membre de la Reinetteverte et de Créer), soit par des part<strong>en</strong>ariatsavec des structures issues des collectivitéslocales.Il n’existe pas de hiérarchie proprem<strong>en</strong>tdite au sein de la structure. Lesdécisions ne se pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas par votemais par recherche d’un cons<strong>en</strong>sus“gagnant-gagnant”. Selon Maxime, “même<strong>en</strong> démocratie, ceux qui ont perdu ontperdu”. Il estime cep<strong>en</strong>dant que, dans unpetit groupe, on peut aller plus loin qu’auniveau d’un Etat. Ainsi, après débat, celuiqui pr<strong>en</strong>d la décision est celui qui est leplus compét<strong>en</strong>t dans le domaine :Maxime <strong>en</strong> gestion, Anne pour la Reinetteverte... Cela permet une reconnaissanced’autrui dans ses capacités. Le cons<strong>en</strong>suspouvant être long à obt<strong>en</strong>ir, Maxime souligneque cela est parfois incompatibleavec la réactivité nécessaire <strong>en</strong> <strong>en</strong>treprise.Il arrive donc que certains pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t desdécisions seuls et rapidem<strong>en</strong>t. Il paraît <strong>en</strong>effet “plus facile de gérer un service de 200(4) La Nef, Nouvelle économie fraternelle, est unesociété coopérative de finances solidaires. Sociétéfinancière de la Nef, 114, boulevard du 11-Novembre-1918, 69626 Villeurbanne cedex, tél 0 811 90 11 90,http://www.lanef.compersonnes à La Lyonnaise des eaux que septpersonnes dans une <strong>en</strong>treprise alternative” !Maxime, à qui ces responsabilités de faitpès<strong>en</strong>t, souhaite aujourd’hui que d’autress’occup<strong>en</strong>t de la gestion, non seulem<strong>en</strong>tpour ne pas porter trop de responsabilitésmais aussi pour que chacun acquierre descompét<strong>en</strong>ces dans tous les domaines.Perche activités peut donc être vucomme un <strong>en</strong>semble à multiples statutsayant trois activités principales. Toutd’abord les techniques industrielles qui,basées sur la v<strong>en</strong>te de prestations d’ingénierieau secteur industriel, permett<strong>en</strong>t derapporter de l’arg<strong>en</strong>t utilisable dans lesactivités alternatives. Ensuite, les technologiesappropriées qui, basées sur unedémarche de simplification technologiqueet d’autonomie, sont au cœur de lapromotion d’alternatives sociales, économiqueset <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tales à notremodèle de développem<strong>en</strong>t. Enfin, l’atelierartisanal de fabrication de jus de fruitsnaturels, basé lui aussi sur des technologiesappropriées, qui favorise à la fois lapromotion d’une agriculture paysannelocale et biologique et la s<strong>en</strong>sibilisationdes particuliers aux <strong>en</strong>jeux sociaux, <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tauxet économiques de notreépoque.Dans le même temps, de par son souti<strong>en</strong>à la recherche fondam<strong>en</strong>tale, à lacréation d’autres <strong>en</strong>treprises éthiques, àdes actions associatives et culturelles etde par sa part<strong>ici</strong>pation à des réseaux telsque Repas (notamm<strong>en</strong>t par l’accueil decompagnons) ou Minga, Perche activitéscrée les conditions pour que des alternativesà un modèle dominant et insout<strong>en</strong>ablese multipli<strong>en</strong>t et se souti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tmutuellem<strong>en</strong>t, dans le respect de l’autonomiede chacun.Du fait des multiples délocalisationsdont sont victimes les industries cli<strong>en</strong>tesde Perche activités, l’activité des techniquesindustrielles perd de la vitesse.Selon Maxime, “l’activité sera morte d’<strong>ici</strong>trois ans s’ils ne se spécialis<strong>en</strong>t pas”. Lapoursuite de cette activité ne fait de toutefaçon pas l’unanimité au sein de la structure.Perche activités pourrait peut-êtrediminuer un peu plus ses li<strong>en</strong>s avec lesystème dominant à la faveur des technologiesappropriées et des multiples projetsque les ingénieurs ont <strong>en</strong> tête, mais seretrouverait face au défi de la viabilitééconomique de ses activités alternatives.Un peu comme si Robin des bois se lançaitdans la construction d’un monde plusjuste sans avoir de riches à délester !Alban Labouret et Aymeric Mercier nPerche-Activités, 35, grande rue,28240 Champrond-<strong>en</strong>-Gâtine, tél : 02 37 49 83 62.SILENCE N°32823Octobre 2005


Economie alternativeLe travail, un long fleuve tranquille ?Alban LabouretLa Péniche travaille dans le domaine del’économie sociale et solidaire avec notamm<strong>en</strong>tla rédaction du magazine “Association Moded’emploi”. Elle part<strong>ici</strong>pe au Réseau d’échangeset de pratiques alternatives et solidaires (Repas).chaland de transportfluvial. Halées d’abord le long“Granddes rives par des bêtes desomme, puis traînées par de puissantsremorqueurs, les péniches sont maint<strong>en</strong>antpoussées ou autonomes” (Office dela langue française, 1985)La Péniche dont nous parlons n’est pasun grand chaland mais une scop (Sociétécoopérative ouvrière de production)située dans un local du 20e arrondissem<strong>en</strong>tà Paris. Elle n’a pas pour compét<strong>en</strong>cele transport fluvial, mais la rédactiond’articles sur la vie associative. Alorspourquoi donc s’appeler la Péniche ?“Parce que c’est une <strong>en</strong>treprise plate etmolle !” selon Alain Détolle, rédacteur àLa Péniche “et qu’elle avance doucem<strong>en</strong>tet sûrem<strong>en</strong>t”.Au delà de cette définition autodérisoires<strong>en</strong>sée figurer une anti-startup, etbi<strong>en</strong> qu’elle fonctionne de manière autogéréeet qu’elle partage le temps de travail,peut-on dire de La Péniche qu’ellepratique une alternative solidaire ?Traînées parde puissantsremorqueurs...Au cœur de la Péniche.A la fin des années 70, Alain,Christian et Olivier, viv<strong>en</strong>t près de Nice ettravaill<strong>en</strong>t au sein d’une structure autogéréed’<strong>en</strong>viron tr<strong>en</strong>te personnes. Cettestructure, Le Papier mâché, lieu de r<strong>en</strong>contresdu milieu militant et alternatifniçois, comporte plusieurs activités dontun restaurant, une librairie et l’organisationd’expositions. Subissant l’essoufflem<strong>en</strong>tde ces mouvem<strong>en</strong>ts, Le Papiermâché ferme après sept ans d’activité etles trois amis imagin<strong>en</strong>t un projet collectifde vie sur une péniche avec notamm<strong>en</strong>tune activité maraîchère. Mais ceprojet ne verra jamais le jour.Nous les retrouvons aux éditions Syrosjusqu’<strong>en</strong> 1995, date de leur lic<strong>en</strong>ciem<strong>en</strong>tcollectif coïncidant avec la fusion <strong>en</strong>treSyros et La Découverte, filiale d’Editis,deuxième groupe d’édition français...A première vue, Syros affiche desvaleurs de respect des différ<strong>en</strong>ces et desdroits de l’homme, travaille à l’éducationdes <strong>en</strong>fants et prés<strong>en</strong>te un certain militantisme.Mais, <strong>en</strong> fusionnant avec LaDécouverte, cette maison d’édition est passée<strong>en</strong> 1995 sous le giron d’Editis, quiappart<strong>en</strong>ait à Havas qui appart<strong>en</strong>ait àViv<strong>en</strong>di... jusqu’<strong>en</strong> septembre 2004. Pourla petite histoire, Editis, et donc Syros,apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t désormais à W<strong>en</strong>delInvestissem<strong>en</strong>t, énorme <strong>en</strong>treprise qui avocation, comme dirait son PDG, Ernest-Antoine Seillère <strong>en</strong> première page du siteinternet “à investir dans des <strong>en</strong>treprisesindustrielles et de services et à les aider àdev<strong>en</strong>ir des leaders internationaux”... Pasétonnant donc, qu’Alain, Christian etOlivier n’ai<strong>en</strong>t pas été ret<strong>en</strong>us pour la part<strong>ici</strong>pationà une telle stratégie !Avec d’autres personnes de leur<strong>en</strong>tourage, elles aussi au chômage, ilsdécid<strong>en</strong>t de créer une <strong>en</strong>treprise autogéréeet conserv<strong>en</strong>t le nom de La Péniche. Ilschoisiss<strong>en</strong>t comme activité la rédactionpour l’économie sociale et solidaire. Mais,comme les membres de La Péniche ledis<strong>en</strong>t eux-mêmes, le choix de cette activitén’est pas idéologique. Même si lesnotions d’autorité et de hiérarchie sontremises <strong>en</strong> cause et que certains membres,comme Christian, rev<strong>en</strong>diqu<strong>en</strong>t de m<strong>en</strong>erun combat politique, la base de ce projetest économique : “il s’agissait de se trouverune activité”, de travailler moins etplus agréablem<strong>en</strong>t.Ainsi, d’abord trainées puis lâchéespar le puissant remorqueur qu’étai<strong>en</strong>t lesEditions Syros, ces chômeurs s’auto-organis<strong>en</strong>tet se retrouv<strong>en</strong>t, tels de simples“bêtes de somme”, à haler péniblem<strong>en</strong>tleur péniche à peine sortie du port....les péniches sontmaint<strong>en</strong>ant poussées...De 1995 à 1998, le démarchage decli<strong>en</strong>ts est peu fructueux, les difficultéséconomiques sont conséqu<strong>en</strong>tes et lescontrats obt<strong>en</strong>us ne sont pas forcém<strong>en</strong>t“intéressants ou r<strong>en</strong>table”. Mais aujourd’hui,même si les salariés de La Pénichep<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t avoir franchi le cap de la r<strong>en</strong>tabilité,on peut néanmoins toujours s’interrogerquant à l’intérêt des contrats.La Péniche est principalem<strong>en</strong>t propulséepar la première maison d’édition et depresse des collectivités territoriales : leséditions Territorial, qui réalis<strong>en</strong>t unchiffre d’affaires annuel de plus de 10 millionsd’euros. Leur part<strong>en</strong>ariat aboutit à lacréation du journal Association Moded’emploi, guide m<strong>en</strong>suel de la vie associative.Auparavant, La Péniche assurait aussila rédaction de TESS (Travailler dansl’économie sociale et solidaire), m<strong>en</strong>suelégalem<strong>en</strong>t diffusé par Territorial. Mais lescollectivités imposai<strong>en</strong>t certains articlesdans TESS, voyant l’économie sociale etsolidaire comme leur appart<strong>en</strong>ant et LaPéniche voyant cette même économiecomme n’appart<strong>en</strong>ant ni à l’Etat, ni... aumarché !Territorial représ<strong>en</strong>te aujourd’hui untiers de l’activité de La Péniche. Maisalors, qui sont donc les autres cli<strong>en</strong>ts deSILENCE N°32824Octobre 2005


Alban LabouretLes poissons-caméras, <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec les autres rédacteurs.cette <strong>en</strong>treprise alternative, contestant lesprincipes de fonctionnem<strong>en</strong>t des <strong>en</strong>treprisesclassiques ?Tout d’abord il y a la Mutuelle desménages prévoyants, dont le magazine estdestiné à plus de 70 000 cli<strong>en</strong>ts, maisaussi la Caisse d’épargne, le Crédit agricole,le Crédit mutuel qui doiv<strong>en</strong>t, par obligationlégale, diffuser de l’informationauprès de leurs cli<strong>en</strong>ts du secteur associatif...Comme ses salariés le dis<strong>en</strong>t, LaPéniche est aussi une “boîte de com” !Même si elle aurait les moy<strong>en</strong>s financiersde le faire aujourd’hui, La Péniches’est donné comme principe de ne pasrefuser de cli<strong>en</strong>ts, donnant ainsi la prioritéà son confort de travail. Seule exceptioncitée : le groupe Besnier, regroupantdix-sept marques des plus connues dansle milieu des produits laitiers.Les cli<strong>en</strong>ts de La Péniche amèn<strong>en</strong>tdonc à se poser une première question :comm<strong>en</strong>t peut-on se dire “alternatif” etdép<strong>en</strong>dre, <strong>en</strong> tant qu’<strong>en</strong>treprise de communication,d’un groupe tel queTerritorial, de banques, mutuelles ouassurances ?On peut conclure à une faible extérioritéde l’alternative qu’est La Péniche faceau système dominant. Mais La Péniche,comme le font d’autres <strong>en</strong>treprises duRepas, pourrait aussi se servir de ses“méchants cli<strong>en</strong>ts capitalistes” commevache à lait, afin de développer d’autresactivités qui aurai<strong>en</strong>t une extérioritéforte. Et là, La Péniche semble peu impliquéedans des actions politiques, sociales,culturelles ou écologiques.En 2004, le thème de la décroissancefut abordé lors des r<strong>en</strong>contres du Repas.Christian, explique que “<strong>en</strong> tant que citadins”,la fin du pétrole ne les concernepas “et puis nous allons tous au travail àpied” !“De toute façon, le capitalisme saurasurmonter les problèmes écologiques etsociaux auquel il est confronté” nous ditplus tard un autre rédacteur. Même ausein d’<strong>en</strong>treprises se disant alternatives, lap<strong>en</strong>sée dominante fait des ravages. Si LaPéniche rev<strong>en</strong>dique son anti-libéralisme,elle ne sort pas de l’éternelle dialectiquemarché-Etat : militer contre les dégâts dulibéralisme semble rev<strong>en</strong>ir pour elle àmiliter pour les institutions étatiques deprotection sociale. N’y aurait-il doncaucune alternative à expérim<strong>en</strong>ter <strong>en</strong> cedomaine ?En dehors de la part<strong>ici</strong>pation aux r<strong>en</strong>contresdu Repas et à celles d’autres structuresautogestionnaires de la région parisi<strong>en</strong>ne,les excéd<strong>en</strong>ts dégagés par l’activitéde La Péniche ne serv<strong>en</strong>t donc pas àl’expérim<strong>en</strong>tation, à la s<strong>en</strong>sibilisation ou àtoute autre activité militante non r<strong>en</strong>tablevisant la recherche d’un “autrem<strong>en</strong>t”....ou autonomes ?Nous v<strong>en</strong>ons donc de voir qu’auniveau de ses cli<strong>en</strong>ts, La Péniche dép<strong>en</strong>dlargem<strong>en</strong>t des grandes institutions, desbanques mais aussi des <strong>en</strong>treprises privéescapitalistes. De plus, les implicationsextérieures (écologiques, sociales, politiques)de La Péniche sont faibles et cellecisemble avoir foi dans le système dominantpour la réparation des dégâts qu’ilcause... Alors pourquoi La Péniche part<strong>ici</strong>pe-t-elleau réseau Repas, pourquoi se ditellealternative ?La réponse se trouve dans le fonctionnem<strong>en</strong>tinterne et dans sa vision du travail: il n’existe pas de hiérarchie au seinde La Péniche, les employés travaill<strong>en</strong>t <strong>en</strong>autogestion, les salaires sont égaux et letravail est partagé.Qu’il n’existe pas de hiérarchie paraîtnaturel étant donné qu’il existe peu decompét<strong>en</strong>ces différ<strong>en</strong>tes (c’est un collectifde rédacteurs) et que les responsabilitéspeuv<strong>en</strong>t être portées par tous. Ce choixprovi<strong>en</strong>t aussi de convictions et d’expéri<strong>en</strong>cespersonnelles apportées par lescréateurs qui critiqu<strong>en</strong>t le fonctionnem<strong>en</strong>tdes <strong>en</strong>treprises classiques, qui sontaussi malheureusem<strong>en</strong>t leurs cli<strong>en</strong>ts.Le système d’autogestion mis <strong>en</strong> placesemble très efficace. Chaque décision estprise <strong>en</strong> commun, chaque sujet ou angled’attaque se discute, chacun perçoitl’autre comme son égal, qu’il ait plus d’anci<strong>en</strong>netéou qu’il vi<strong>en</strong>ne d’être embauché.Certains rédacteurs ne sont prés<strong>en</strong>tsque virtuellem<strong>en</strong>t, reliés <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>cepar webcam, seul témoin de leurs prés<strong>en</strong>ces.Ils part<strong>ici</strong>p<strong>en</strong>t de la même manièreaux discussions, aux réunions et ilssont écoutés et soll<strong>ici</strong>tés comme n’importequi durant la journée.Dans ce s<strong>en</strong>s, l’autogestion à onzepersonnes de La Péniche est une manièrealternative de fonctionnem<strong>en</strong>t interneparfaitem<strong>en</strong>t rodée et peut apporter unebonne expéri<strong>en</strong>ce au réseau REPAS.Par ailleurs, un des principes fondateursde La Péniche est le partage dutemps de travail : onze salariés pour septequival<strong>en</strong>ts temps-plein. Ce partage reposesur un salaire moy<strong>en</strong> relativem<strong>en</strong>tmodeste pour la région parisi<strong>en</strong>ne et peuapparaitre comme étant un choix militant.La paix et la nicheLa Péniche, c’est donc une façonagréable de travailler, un bateau qui nefait pas de remous, un bateau qui assurerespect et sécurité à ses marins. A traversl’autogestion, La Péniche montre unmodèle intéressant de travail où chacuntouche à tout, pr<strong>en</strong>d ses responsabilités,s’exprime, se s<strong>en</strong>t respecté et gère sontemps de travail comme il l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d. Cemodèle de fonctionnem<strong>en</strong>t, ainsi que lechoix du partage du temps de travail et lepaiem<strong>en</strong>t de salaires relativem<strong>en</strong>tmodestes constitu<strong>en</strong>t le côté alternatif deLa Péniche.Mais les cli<strong>en</strong>ts ne le sont pas. LaPéniche s’est donc trouvé une bonne nichecommerciale dans la rédaction d’articlespour l’information des associations ets’arrête là. Elle ne rédige aucune revue<strong>en</strong>gagée, ne milite pas, ne s’implique pasdans la lutte contre les problèmes écologiques,sociaux et politique du mondecapitaliste et se laisse doucem<strong>en</strong>t ballotterpar les flots.Ainsi, cette paix passe par une fortedép<strong>en</strong>dance vis-à-vis du système dominant,système que les salariés de LaPéniche n’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t pas changer autrem<strong>en</strong>tque pour eux-mêmes.“Contrairem<strong>en</strong>t à beaucoup d’<strong>en</strong>treprisesdu réseau Repas”, La Péniche “neremet pas <strong>en</strong> cause l’idée de développem<strong>en</strong>tou de progrès” et se s<strong>en</strong>t éloignéedes convictions écologiques des autresmembres du Repas. Mais le réseau Repasn’est il pas un réseau d’échanges ?Espérons qu’elle puisse apporter auréseau son expéri<strong>en</strong>ce très aboutie d’autogestionet, <strong>en</strong> retour, ress<strong>en</strong>tir les valeurs,les efforts et les convictions de ces personnesqui s’affair<strong>en</strong>t tous les jours à créeret à expérim<strong>en</strong>ter des alternatives à extérioritéforte, des alternatives qui montr<strong>en</strong>tqu’un mode de vie plus humain et plusépanouissant est non seulem<strong>en</strong>t possiblemais <strong>en</strong> cours.En att<strong>en</strong>dant, La Péniche a fait bonnepêche et r<strong>en</strong>tre tranquillem<strong>en</strong>t au porttous les soirs.Alban Labouret et Aymeric Mercier nLa Péniche, 144, rue de Bagnolet, 75020 Paris,tél : 01 43 67 47 99, www.la-p<strong>en</strong>iche.fr.SILENCE N°32825Octobre 2005


DRFred PieauI R A KQuelle placepour lesfemmes ?En principe les Iraki<strong>en</strong>s devrai<strong>en</strong>tvoter pour adopter leur constitutionle 15 octobre prochain. Maisquel sera le texte soumis ? LesEtats-Unis cherch<strong>en</strong>t à y inclurele respect des conv<strong>en</strong>tions internationalespour les droitshumains… les partis religieux ysont opposés. Au c<strong>en</strong>tre desdébats : la place des femmes dansla future société iraki<strong>en</strong>ne.Amnesty international a lancé unappel pour demander que le respectdu droit des femmes soitinclus dans la future constitution.17 octobreM O N T R É A LMarchede nuitLa nuit, les femmes seules dansla rue ont peur. De très nombreusesagressions ont lieu lanuit. Pour dénoncer cet état defait et pour réclamer le droit àêtre dans la rue n’importe quand,un collectif antipatriarcalde Montréal a organisé le9 septembre dernier une premièremarche de nuit.Quoti<strong>en</strong>tintellectuelsexisteSelon une étude du c<strong>en</strong>tre de psychologiede Manchester àparaître dans la revue britanniquede psychologie d’<strong>ici</strong> la fin de l’année,et portant sur des testsauprès de 80 000 personnes,après 14 ans, les hommesaurai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne un quoti<strong>en</strong>tintellectuel (QI) de 5 points supérieurà celui des femmes. Chezceux qui ont un QI supérieur à155 (génie), il y aurait cinqhommes pour une femme. Seulproblème : au niveau des études,elles aussi c<strong>en</strong>sées être le reflet24 h de solidarité féministeLe 17 octobre marque la fin de la marche mondiale des femmes.Celle-ci se termine au Burkina Faso après avoir traversé les cinqcontin<strong>en</strong>ts (elle est passée <strong>en</strong> France les 28 et 29 mai à Marseille). Acette occasion, sur tous lesfuseaux horaires, des manifestationsse ti<strong>en</strong>dront à midi, assurantainsi au niveau mondial unemanifestation continue de 24 h.Collectif 13 Droits des femmes,7, rue de la Paix, 13001Marseille, tél : 04 91 42 95 92.DRFemmesLa marche à Marseille.de notre intellig<strong>en</strong>ce, on constateque les filles sont meilleures etque cela augm<strong>en</strong>te avec l’avancéedes études. Il ne vi<strong>en</strong>t, semble-t-il,à l’idée de personne que ces testsde QI sont peut-être conçus(par des hommes) sur des basesfausses. (Le Monde, 25 août2005)LesPénélopesDepuis 1996, les Pénélopes tiss<strong>en</strong>tsur la toile un réseau d’informations<strong>en</strong>tre les groupes defemmes (www.p<strong>en</strong>elopes.org). Ceréseau, du fait de nombreuxdéboires dans les subv<strong>en</strong>tions, estactuellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t animépar des bénévoles. Pour r<strong>en</strong>forcerce réseau, les Pénélopes cherch<strong>en</strong>tdes personnes pour lesaider à Paris, mais égalem<strong>en</strong>tailleurs pour leur <strong>en</strong>voyer desinformations. Les Pénélopes, 21,rue Voltaire, 75011 Paris, tél :01 43 71 09 37.R H Ô N EFéminismeet hominismeYvon Dallaire, psychologue québécois,auteur de “Homme et fierde l’être” est invité par leRéseau-Homme Rhône-Alpes etanimera une confér<strong>en</strong>ce sur lethème “féminisme, hominisme,même combat”, le jeudi 10novembre à 20 h, au palais dutravail, 6, place Lazare-Goujon,à Villeurbanne. R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts :SILENCE N°328 Octobre 200526Françoise d’Eaubonne,écoféministeFrançoise d’Eaubonne est mortele 3 août dernier. Née <strong>en</strong> 1920,elle a publié plus d’une soixantained’ouvrages, beaucoup sur la littérature,mais égalem<strong>en</strong>t beaucoup debiographies sur des femmes et desessais sur le féminisme. Elle ainv<strong>en</strong>té le mot “phallocrate” dansles années 60 et part<strong>ici</strong>pe alors aulancem<strong>en</strong>t du MLF, mouvem<strong>en</strong>t deDRFançoise d’Eaubonne.libération des femmes. En 1971,elle part<strong>ici</strong>pe à la fondation duFront homosexuel d’action révolutionnaire(Fhar). En 1978, elle lance le mouvem<strong>en</strong>t Ecologie etFéminisme et rédigera de nombreux textes sur le li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre les deux,lançant le mot “écoféminisme”. Elle sera égalem<strong>en</strong>t animatrice à Radiolibertaire (Paris). On peut relire “Ecologie, féminisme, révolution oumutation” paru <strong>en</strong> 1978.Réseau-Hommes, c/o PatriceThéry, 113, rue de la Cotinière,38920 Crolles,tél : 04 78 37 97 20.DRDRAnnetteMessagerAnnette Messager a été la représ<strong>en</strong>tantede la France pour labi<strong>en</strong>nale d’art contemporain deV<strong>en</strong>ise cet été. Elle y a remportéle Lion d’or. En c<strong>en</strong>t ans d’exposition,c’était la première fois quela France était représ<strong>en</strong>tée parune femme !Annette Messager.


Les Ami(e)s de S!l<strong>en</strong>ceC’est dans le Périgord vert, qu’une fois de plusle “cirque” des ami(e)s de S!l<strong>en</strong>ce a plantéson chapiteau, fin juillet.R<strong>en</strong>contresLe brave “chapilopin” a repris duservice, monté <strong>en</strong> quelques heuresà la satisfaction des anci<strong>en</strong>s, et avecl’aide et la curiosité des nouveaux.L’équipe chargée des douches inv<strong>en</strong>te lecloisonnem<strong>en</strong>t à base de fougères, matériauon ne peut plus local et biodégradable; le demi-teepee sera de même faitde perches de châtaignier. Prise decontact avec Jocelyne et Claude, propriétairesdes lieux qui malgré l’invasion d<strong>en</strong>os quelque deux c<strong>en</strong>ts part<strong>ici</strong>pantsferont tout pour nous faciliter la tâche.Une démarche d’autant plus sympathiqueque leurs chèvres angora seront viréespour la circonstance de leur pâture habituelleet de leur étable : celles-là n’aurontpeut-être pas apprécié notre v<strong>en</strong>ue.Bi<strong>en</strong>tôt, grâce au nombre élevé depart<strong>ici</strong>pants à la semaine de préparation,les différ<strong>en</strong>ts aménagem<strong>en</strong>ts sont prêts :économat, cuisine, <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, accueil, animation<strong>en</strong>fants, vaisselle, tout se met <strong>en</strong>place, à temps pour l’arrivée du gros destroupes.Après ce n’est pas la confusion maisl’abondance : les propositions d’ateliersfoisonn<strong>en</strong>t, innombrables points de discussions,d’échanges, d’essai. Cette annéeon parle beaucoup jardinage, graines,terre, mais aussi bricolage (chauffage etcuisson solaire, poêles économes, toilettessèches, remorques à vélo…),recettes diverses qui vont du d<strong>en</strong>tifrice àBruno Guilleminfaire soi-même à la quiche aux orties, <strong>en</strong>passant par les conserves au four. Projetd’écovillages, non-viol<strong>en</strong>ce, éditionsalternatives, tout comme les massages,ateliers chant, et bi<strong>en</strong> d’autres figur<strong>en</strong>taussi à un m<strong>en</strong>u que chacun ti<strong>en</strong>t à cœurd’<strong>en</strong>richir. Il y a aussi le monastère z<strong>en</strong>voisin que va découvrir un petit groupedont certains membres n’hésiteront pas àse lever à cinq heures du matin pour part<strong>ici</strong>perà la première méditation. D’autresmoins matinaux, mais plus gourmands, ydécouvriront les secrets de la fabricationdu tofu.Il faudrait <strong>en</strong>core bi<strong>en</strong> de la placepour décrire <strong>en</strong> détail la richesse de ceséchanges qui permett<strong>en</strong>t à nombre d’<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>ous de repartir la tête pleine d’idées nouvelles,le cœur <strong>en</strong>core battant de la chaleuret de la profondeur de tous cescontacts. J’exagère ? J’embellis ? Alorspr<strong>en</strong>ons un exemple : <strong>en</strong> trouverez-vousbeaucoup des r<strong>en</strong>contres de ce type oùune bande d’allumés vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t, banderolesLes plus décroissant(e)s.Gérald et Edwige install<strong>en</strong>t les douches solaires.<strong>en</strong> main, saluer bruyamm<strong>en</strong>t à un passageà niveau l’un de leurs potes sil<strong>en</strong>cieux et— accessoirem<strong>en</strong>t — conducteur detrain, à l’arrivée de son TER ?Et aussi, où <strong>en</strong> quelques minutes onmet au point un stand écolo-bricolo pourla foire locale, où nos propositions alternativesr<strong>en</strong>contreront d’ailleurs un francsuccès.Ultime remarque <strong>en</strong> forme de noted’espoir : nos r<strong>en</strong>contres “vieilliss<strong>en</strong>t”d’une année tous les ans, alors que lespart<strong>ici</strong>pants, eux rajeuniss<strong>en</strong>t. Des jeunesde plus <strong>en</strong> plus nombreux sont <strong>en</strong> effetprés<strong>en</strong>ts — et actifs — de quoi bi<strong>en</strong>réjouir les anci<strong>en</strong>s militants, la relèvemonte au créneau !Bruno Guillemin nBruno GuilleminBruno GuilleminBruno GuilleminFrançois et l’un de ses cuiseurs solaires.SILENCE N°32827Octobre 2005


DRTchernobylNucléair<strong>en</strong> Nouveau sarcophage. Le projetret<strong>en</strong>u <strong>en</strong> 2004 pour construireun nouveau sarcophage vingtans après la construction du premierdevrait <strong>en</strong>trer <strong>en</strong> chantierd’<strong>ici</strong> la fin de l’année. Des maisonssituées dans la zone interditeont été rasées ce printemps pourdégager l’aire de construction.En effet, pour limiter les expositionsà la radioactivité, le nouveausarcophage de 20 000tonnes, 150 mètres de large,257 mètres de long, 108 mètresde hauteur sera construit à proximité,monté sur des rails puisainsi glissé par dessus l’actuelsarcophage. Le coût annoncé :1,1 milliard de dollars financé à70% par les pays du G7. Si toutva bi<strong>en</strong>, le chantier sera terminé<strong>en</strong> 2010 (Le Dniepr, avril 2005)n Suite sans fin. Le césium aune période de demi-vie de 30ans, ce qui signifie qu’il perd lamoitié de sa radioactivité aprèsce temps. Au bout de 60 ans, onn’<strong>en</strong> est qu’à 75 % de baisse, aubout de 90 ans, 87,5 %… Lecésium ayant contaminé unebonne partie de l’Europe, nousconsommons tous de ce produitradioactif. En certains <strong>en</strong>droits,la conc<strong>en</strong>tration est telle qu’il esttoujours interdit de manger dugibier ou des champignons (<strong>en</strong>Suisse) ou de consommer desmoutons (379 exploitations couvrant74 000 hectares principalem<strong>en</strong>t<strong>en</strong> Pays-de-Galles). L’Unioneuropé<strong>en</strong>ne fait égalem<strong>en</strong>t état decas d’alim<strong>en</strong>ts retirés du marché<strong>en</strong> prov<strong>en</strong>ance d’Allemagne ou dePologne. Si les cancers augm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t,c’est donc bi<strong>en</strong> normal ! Desessais médicaux <strong>en</strong> Biélorussie etUkraine signal<strong>en</strong>t que manger despommes favorise l’élimination ducésium. (Les <strong>en</strong>fants deTchernobyl, juin 2005)B R É S I LArevav<strong>en</strong>d deuxc<strong>en</strong>tralesAreva, notre spécialiste dunucléaire, fait des affaires auBrésil. Le 4 mars 2005, la multinationalea annoncé avoir v<strong>en</strong>dudeux c<strong>en</strong>trales électriques pourun montant de 16,6 millions d’euros.Ce n’est pas très cher… pourla simple raison qu’il ne s’agitpas de c<strong>en</strong>trales nucléaires maisde c<strong>en</strong>trales thermiques fonctionnantavec des déchets de boisproduits localem<strong>en</strong>t par desusines de meubles. La puissancedes c<strong>en</strong>trales est de 12,3 MWchacune. Si ça marche au Brésil,ça pourrait peut-être marcheraussi <strong>ici</strong> ?P A Y S - B A SGre<strong>en</strong>peacesur le toitd’unec<strong>en</strong>traleDes militants du mouvem<strong>en</strong>tGre<strong>en</strong>peace ont escaladé le18 mai le toit de la c<strong>en</strong>tral<strong>en</strong>ucléaire de Borssele (sud-ouestG R A N D E B R E T A G N ELe vrai coût du démantèlem<strong>en</strong>tJusqu’à maint<strong>en</strong>ant EDF mettait 10% du coût des réacteurs nucléairespour provision pour le démantèlem<strong>en</strong>t. La Cour des comptes a de nombreusesfois signalé qu’elle trouvait cette réserve insuffisante.Le gouvernem<strong>en</strong>t britannique qui prévoit le démantèlem<strong>en</strong>t de vingtréacteurs nucléaires dans l’av<strong>en</strong>ir a estimé ce que cela va lui coûter :56 milliards de livres pour les bâtim<strong>en</strong>ts et 14,5 milliards de livres pourle combustible, soit au total 70,5 milliards de livres ou 96 milliardsd’euros… soit près de 5 milliards d’euros par réacteur… réacteurs quiont coûté moins de 2,5 milliards d’euros. Le démantèlem<strong>en</strong>t ne coûtedonc pas 10% du prix de construction mais 200%. A ce tarif, la vraiedette d’EDF augm<strong>en</strong>terait de l’ordre de 300 milliards d’euros !des Pays-Bas) et y on peint unefissure afin de prouver que lesc<strong>en</strong>trales nucléaires sont impossiblesà protéger totalem<strong>en</strong>t.Tr<strong>en</strong>te personnes ont réussi à<strong>en</strong>trer sur le terrain, quatreà grimper sur le toit. La prochainefois, ce ne sera peut-être pasun mouvem<strong>en</strong>t non-viol<strong>en</strong>t quifera ce g<strong>en</strong>re d’opération.EPRn Retards. Selon un article parudans L’Usine nouvelle du 26 mai,la construction de l’EPR pourraitpr<strong>en</strong>dre plusieurs années deretard car Areva ne maîtriseraitpas certains processus industrielsnotamm<strong>en</strong>t pour la constructionde pièces pour la partie supérieurede la cuve et des générateursde vapeur. Jean-Pierre Durski,directeur de l’usine Areva deChalon/Saint-Marcel (Saône-et-Loire) reconnaît : “Il faudra surtouttrois, voire quatre années derecherche pour espérer pouvoirlancer la production”… Autantdire que l’on a décidé de construireun réacteur et qu’on l’a v<strong>en</strong>duà la Finlande, alors que l’on nesait même pas le fabriquer !n EPR : un deuxièmeSuperphénix ? Si techniquem<strong>en</strong>t,l’EPR est plus proche des c<strong>en</strong>tralesnucléaires actuelles (PWR)que de Superphénix, concernantle montage financier, EDFessaie actuellem<strong>en</strong>t deconstituer une sociétéeuropé<strong>en</strong>ne pour diminuerses frais. AinsiEndesa (Espagne),Enel (Italie) et RWE(Allemagne) ont étéapprochés pour une sociétécommune. Rappelons queSuperphénix avait été construitavec un capital 51% français,33% itali<strong>en</strong>, 16% allemand et1% à se partager <strong>en</strong>tre différ<strong>en</strong>tsSILENCE N°328 Octobre 200528Bandajevsky est libreYouri Bandajevsky a été libéré le 5 août dernier. Il est toujours soussurveillance pol<strong>ici</strong>ère, doit <strong>en</strong>core payer 13500 €€ d’am<strong>en</strong>des et nepeut occuper de poste de responsabilitép<strong>en</strong>dant cinq ans.Il avait été arrêté <strong>en</strong> 1999 sous leprétexte d’une fraude aux exam<strong>en</strong>salors que, brillant médecin, ilpubliait des résultats d’étudesmontrant les conséqu<strong>en</strong>ces de l’accid<strong>en</strong>tde Tchernobyl sur les populationsde sa région. La CRII-Rada comm<strong>en</strong>cé à collecter150.000 €€pour l’aider à mettre<strong>en</strong> place un laboratoire indép<strong>en</strong>dant.Au mom<strong>en</strong>t de sa libération<strong>en</strong>viron la moitié de la sommea déjà été réunie.Le professeur Youri Bandajevsky.DRpays. A la fin, tout le monde aperdu de l’arg<strong>en</strong>t et EDF a dûrécupérer le prototype qui resteaujourd’hui à démanteler aprèsun déf<strong>ici</strong>t de l’ordre de 10 milliardsd’euros.n Parti socialiste : doublelangage. La position du PS surl’EPR est off<strong>ici</strong>ellem<strong>en</strong>t la suivante(communiqué du 10 mai2004) : “le PS rappelle sonopposition à la décision deconstruire aujourd’hui l’EPR <strong>en</strong>France, ce qui ne correspond pas,<strong>en</strong> l’état actuel du parc nucléaire,à un vrai besoin”. C’estdéjà une phrase bi<strong>en</strong>ambiguë : le PS nes’oppose pas à l’EPR,maisà la décision deconstruire aujourd’hui,il n’est pas non pluscontre le fait de leconstruire à l’étranger…Bref, on ne veut pas se fâcher“aujourd’hui”, “<strong>en</strong> France”,avec les écologistes.


DRDRLa Hagu<strong>en</strong> Gouvernem<strong>en</strong>t obéissant !Le 13 avril 2005, Cogéma faitune demande urg<strong>en</strong>te au gouvernem<strong>en</strong>tpour obt<strong>en</strong>ir des autorisationsde stockage concernant desdéchets… à la suite de plaintesdéposées par plusieurs associations.Le 14 avril 2005, leJournal off<strong>ici</strong>el publie un décretrégularisant ces stockages illégaux.Qui peut <strong>en</strong>core douterque nous sommes dans unedémocratie !n Déchets : 90% à La Hague etMarcoule. Le dernier inv<strong>en</strong>tairede l’Andra sur les déchets radioactifsliste 856 lieux de stockage…mais 90% de la radioactivitéest conc<strong>en</strong>trée sur deux sites :Marcoule (Gard) et La Hague(Manche).SécheresseEDFau tribunalLe 30 août dernier, le réseau“Sortir du nucléaire”,fédération de 718 associations,a décidé de porter plaintecontre EDF concernant sa gestionde la sécheresse : rejetschimiques illégaux de la c<strong>en</strong>tral<strong>en</strong>ucléaire de Saint-Laur<strong>en</strong>t-les-Eaux (Loir-et-Cher) dans la Loire, alors quela dilution n’est plus assurée.Contestation des dérogationsdemandées par EDF pourcontinuer à faire ses rejetspour les c<strong>en</strong>trales de Chinon(Indre-et-Loire), de Belleville(Cher) et de Dampierre (Loiret). Plainte contre EDF pour non respectdes conditions d’utilisation des barrages <strong>en</strong> amont : le barrage deNaussac (sur l’Allier) est aujourd’hui à sec, et EDF a comm<strong>en</strong>cé àvider le barrage de Villerest (sur la Loire). Conséqu<strong>en</strong>ce : l’hiver prochain,lors des pointes de consommations dues à la scandaleuse politiqu<strong>en</strong>ationale du chauffage électrique, la production d’électr<strong>ici</strong>téhydraulique manqueraà l’appel. Le Réseau attaque égalem<strong>en</strong>t les décrets accordant des dérogationsà la c<strong>en</strong>trale de Civaux (Vi<strong>en</strong>ne) qui bénéf<strong>ici</strong>e de privilègesinjustifiables : dans la région française la plus durem<strong>en</strong>t frappée parla sécheresse, alors que la population et les <strong>en</strong>treprises sont soumises àdes restrictions drastiques, cette c<strong>en</strong>trale fait évaporer quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>tprès de 150 millions de litres d’eau de la Vi<strong>en</strong>ne !G O L F E C HFissureursvolontairesLe 6 juin, le collectif antinucléairetoulousain a organisé uneaction p<strong>en</strong>dant l’<strong>en</strong>quête publiquepour le r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t des autorisationsde fonctionnem<strong>en</strong>t de lac<strong>en</strong>trale de Golfech. Bi<strong>en</strong> que suivisde près par les forces del’ordre, ils ont “fissuré le dossier”<strong>en</strong> <strong>en</strong> déchirant quelques pages.Les militants <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t dénoncercette parodie de démocratie :même si tout le monde se prononçaitcontre la prolongation defonctionnem<strong>en</strong>t, ri<strong>en</strong> n’empêcheraitle gouvernem<strong>en</strong>t de donnerles autorisations nécessaires.G R A V E L I N E SSept incid<strong>en</strong>ts<strong>en</strong> trois moisLa plus grosse c<strong>en</strong>tral<strong>en</strong>ucléaire de France, située à côtéde Dunkerque, multiplie lesincid<strong>en</strong>ts :n 16 mars, réacteur 2 :indisponibilité d’une chaînede mesure neutronique,n 15 avril, réacteur 3 :manœuvre inappropriée provoquantun décl<strong>en</strong>chem<strong>en</strong>t intempestifde l’aspersion de sécuritéde l’<strong>en</strong>ceint<strong>en</strong> 7 mai, réacteur 5 : perte dedeux capsules de neptunium 237.n 20 mai, réacteur 3 : montée <strong>en</strong>puissance trop rapide <strong>en</strong> phase deredémarrage.n 31 mai, réacteur 5 : arrêtintempestif <strong>en</strong> phase de redémarragesuite à un apport d’eau nonborée dans le primaire.n 14 juin, dégagem<strong>en</strong>t de fuméedans un local du bâtim<strong>en</strong>t desauxiliaires nucléaires des unitésde production numéro 1 et 2 suiteà l’échauffem<strong>en</strong>t du moteurd’une pompe.n 14 juin, inc<strong>en</strong>die dans un localde la station de pompage del’unité de production, 2h30 d’interv<strong>en</strong>tiondes pompiers.Les syndicats dénonc<strong>en</strong>t unecourse à la productivité quise traduit par une moindre surveillance,le recours à un personnelsous-qualifié et un moindre<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> du matériel… Alors queles réacteurs vieilliss<strong>en</strong>t nécessitantau contraire plus d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>,la multiplication des incid<strong>en</strong>tss’expliqu<strong>en</strong>t par une gestionà la limite de l’accid<strong>en</strong>t.B U R EDu laboratoireau stockagedes déchetsDepuis le début, les opposantsau site de l’Andra dénonc<strong>en</strong>t unemagouille pour masquer sousforme de laboratoire le creusem<strong>en</strong>td’un site de stockage desEt sion sortait…Jean-Yves Chetail fait de lachanson <strong>en</strong>gagée depuis tr<strong>en</strong>teans et propose ses bio-spectacles.Il a réalisé avec le Réseau Sortirdu nucléaire, un CD avec douzechansons sur Tchernobyl, lesénergies r<strong>en</strong>ouvelables, les aberrationsdu nucléaire, les déchets,les trains radioactifs… A commander(13 € port compris)à Réseau Sortir du nucléaire,9, rue Dum<strong>en</strong>ge, 69317 Lyoncedex 04. Pour l’inviter à unefête : 06 76 69 54 98.NucléaireDR DRdéchets. Alors que le laboratoir<strong>en</strong>’est pas <strong>en</strong>core <strong>en</strong> fonctionnem<strong>en</strong>t,l’Andra a annoncé le5 août, quelques jours aprèsles manifestations donc, que“stocker des déchets, c’est faisable”.L’Andra estime que lestravaux actuels lui suffiss<strong>en</strong>t pourpasser à l’étape suivante ! C’estbeau et triste la certitude desnucléocrates.D R Ô M ELe chantierde ladéc<strong>en</strong>nie ?Actuellem<strong>en</strong>t, 25% de la productionmondiale d’uranium <strong>en</strong>richiest produite par l’usine Georges-Besse de la société Eurodif, àPierrelatte, dans la Drôme. Ceturanium sert aux 58 réacteursfrançais et à une cinquantainedans d’autres pays. Eurodifest une filiale d’Areva. AnneLauvergeon, présid<strong>en</strong>te du groupe,a annoncé son int<strong>en</strong>tion d’investirtrois milliards d’euros surle site pour la construction d’un<strong>en</strong>ouvelle usine fonctionnant d’<strong>ici</strong>2018. Les travaux doiv<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>cercet été.Pari audacieux qui supposeraitqu’au niveau mondial, on assisteà une relance du nucléaire. Orri<strong>en</strong> n’est moins sûr.L’usine actuelle est une grosseconsommatrice d’énergie : elleconsomme à elle seule la productionde trois des quatre réacteursde la c<strong>en</strong>trale nucléaire duTricastin. La nouvelle usine, quifonctionnerait par c<strong>en</strong>trifugationet non par diffusion gazeuse,devrait consommer cinquante foismoins. La première usine laissera140 000 tonnes de ferraillesradioactives. Il y a peu d’oppositionlocale : 4000 personnes travaill<strong>en</strong>tdans cette usine.Opposants aux convois de déchets.SILENCE N°328 Octobre 200529


NucléaireUne fresque humaineLe 23 avril dernier, à Nantes, quelque8000 personnes se sont retrouvées pourécrire un imm<strong>en</strong>se slogan de 300 mètresde long et 40 m de large :“Le nucléaire tue l’av<strong>en</strong>ir, sortons-<strong>en</strong>”.le groupe Sortir du nucléairedu pays de Redon qui a initié finC’est2004 cette action, dans l’objectifde réussir un événem<strong>en</strong>t important aumom<strong>en</strong>t du dix-neuvième anniversaire del’accid<strong>en</strong>t de Tchernobyl.Dans le cadre du Tour de France antinucléaire<strong>en</strong> 2004, le comité était restésur une demi-déception lors de l’organisationd’une première fresque humaine quiavait rassemblé alors <strong>en</strong>viron 2000 personnes,le 14 mai à Redon. La presse locale<strong>en</strong> avait peu parlé, la presse nationalepas du tout. Cette première action sur3000 m2 représ<strong>en</strong>tait le sigle de la radioactivitésuivi du slogan “Sortons-<strong>en</strong>”.Un réseau localimplanté depuislongtempsCette fois la mobilisation était au r<strong>en</strong>dez-vous.Elle a été r<strong>en</strong>due possible parl’histoire locale. Les comités antinucléaireslocaux sont restés actifs depuis leprojet d’implantation d’un réacteurnucléaire d’abord au Pellerin puis auCarnet, dans l’estuaire de la Loire, <strong>en</strong>treNantes et Saint-Nazaire. Cette longuelutte a parfois connu des affrontem<strong>en</strong>tstrès viol<strong>en</strong>ts, notamm<strong>en</strong>t lors des <strong>en</strong>quêtespubliques. Il est apparu importantà certaines personnes de mettre <strong>en</strong> placedes actions non-viol<strong>en</strong>tes, particulièrem<strong>en</strong>tau mom<strong>en</strong>t de la signature de laDUP, déclaration d’utilité publique, <strong>en</strong>1997. A cette époque, une grande chaînehumaine avait été organisée le 1er juin1997 où 25 à 30 000 personnes s’étirèr<strong>en</strong>tle long du fleuve sur <strong>en</strong>viron 30 km.C’était le jour des élections législatives etJospin avait annoncé qu’<strong>en</strong> cas de victoirede la gauche, le projet du Carnet seraitabandonné. A 20h01, les organisateurspouvai<strong>en</strong>t être heureux…Cette chaîne conforta les groupeslocaux sur l’importance de proposer auxcitoy<strong>en</strong>s autant de fois que l’on peut, uneforme d’expression de foule qui soit pluspercutante, plus motivante qu’un défilé.L’action gagne <strong>en</strong> attrait, <strong>en</strong> émotion pourles part<strong>ici</strong>pants, et <strong>en</strong> attrait aussi pour lapresse. L’originalité d’une telle actionmultiplie l’efficacité de la mobilisation.Le principedes <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>tsMais si elle gagne <strong>en</strong> attrait, elle gagneaussi <strong>en</strong> complexité ! Pour la fresque <strong>en</strong>particulier, il faut à l’avance ant<strong>ici</strong>per l<strong>en</strong>ombre possible de part<strong>ici</strong>pants. Pourcette fresque, comme pour la chaînehumaine de 1997, il a été proposé à chacunun <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t à l’avance. 50 000tracts ont été distribués et comportai<strong>en</strong>tun coupon-réponse à r<strong>en</strong>voyer avec unepart<strong>ici</strong>pation financière minimum d’uneuro par personne. Au final, ce sont 1500<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts qui ont été retournés et2800 euros. Les comités locaux ont alorscraint une mobilisation insuffisante carpour le projet initial, il avait été prévuqu’il fallait arriver à 10 000 personnes. En1997, il y avait eu 9000 <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>tspour 25 à 30 000 part<strong>ici</strong>pants. En 2004, àun niveau plus local, 600 <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>tspour 2000 part<strong>ici</strong>pants au final. Avec lamême proportion (une multiplication partrois <strong>en</strong>viron), les groupes ont craint d<strong>en</strong>e pas dépasser les 5000 part<strong>ici</strong>pants.L’anniversaire de Tchernobyl tombait aumilieu des vacances scolaires de Pâques etde nombreux <strong>en</strong>seignants nous signalai<strong>en</strong>tqu’ils accompagnai<strong>en</strong>t des voyagesscolaires. Pour augm<strong>en</strong>ter <strong>en</strong>core le stressdes organisateurs, la pluie qui manquaitcruellem<strong>en</strong>t depuis des mois se mit àtomber la veille sans discontinuer et lamétéo annonçait pour le jour même defortes averses et orages. Ce n’était pas lemeilleur des scénarios pour faire v<strong>en</strong>ir lesindécis. Cela gênait <strong>en</strong> plus le vol de l’hélicoptèrequi devait emm<strong>en</strong>er cameram<strong>en</strong>de télévision et photographes de l’AFP.Heureusem<strong>en</strong>t, les nuages restèr<strong>en</strong>t audessusde 500 m, minimum pour que levol soit autorisé. La pluie ne décourageapas trop de monde car au final, <strong>en</strong>viron8000 personnes constituèr<strong>en</strong>t la fresque.De la fresque au défiléL’action a été réalisée sur une imm<strong>en</strong>seplace. Il a fallu dessiner à l’avance leslettres : 3800 mètres de longueur de trait.A chaque manifestant on donnait unefeuille jaune pour ceux qui se trouvai<strong>en</strong>tdans le ligne Sortons-<strong>en</strong> et une feuill<strong>en</strong>oire pour ceux de la ligne le nucléaire tuel’av<strong>en</strong>ir. Le remplissage s’est fait <strong>en</strong> plaçantdeux personnes par mètre sur l’<strong>en</strong>sembledes contours, puis <strong>en</strong> laissant lesautres remplir progressivem<strong>en</strong>t l’intérieurdes lettres.Avec une sonorisation, il était demandéà chaque manifestant de placer lafeuille de papier au-dessus de sa tête àchaque passage de l’hélicoptère.Après le dernier passage de ce dernier,les g<strong>en</strong>s pur<strong>en</strong>t écouter un certainnombre d’interv<strong>en</strong>ants : Didier Angerv<strong>en</strong>u parler de l’EPR prévu dans leCot<strong>en</strong>tin (Manche) et de la lutte à m<strong>en</strong>erà ce sujet. Vladimir Tcherkoff parla lui deYouri Bandajevski, médecin biélorusseemprisonné… La foule se dirigea <strong>en</strong>suite<strong>en</strong> cortège jusqu’à la mairie de Nantes.SILENCE N°32830Octobre 2005


pour sortir du nucléaireRéseau sortir du nucléaireDeux camions remplis de fleurs (colza,g<strong>en</strong>ets, jacinthe, <strong>en</strong> majorité cueillies àl’avance par cinq équipes) att<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t lespart<strong>ici</strong>pants sur le cours du défilé. Lesfleurs fur<strong>en</strong>t distribuées à chacun et chacunepour <strong>en</strong>suite les déposer sur ungrand drap devant la mairie. Sur les grillesde l’édifice, une imm<strong>en</strong>se banderole rappelaitl’objet de cette action : “<strong>en</strong> hommageaux 800 000 liquidateurs de Tchernobyl”.Ce fut un mom<strong>en</strong>t très émouvant.4 eme foirehumeur biosamedi 29 octobre14h à 20hdimanche 30 octobre10h à 17hLONGCHAUMOIS(JURA)Nombreux exposants prés<strong>en</strong>tsExpositi on - confér<strong>en</strong>ceset animati onscontact : 03 84 42 71 46Motivés, motivés…Il faudrait disposer de longs développem<strong>en</strong>tpour expliquer dans le détailcomm<strong>en</strong>t l’opération a été préparée.Parmi les points importants, relevonsqu’il fallut disposer d’un perman<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dantle dernier mois et aussi d’une bonnesemaine à temps complet, <strong>en</strong> février, pourla personne chargée de la communication.Il fallait pr<strong>en</strong>dre les contacts avectoutes les organisations susceptibles desout<strong>en</strong>ir l’action et de figurer sur le tractdans la liste des souti<strong>en</strong>s. Il a fallu égalem<strong>en</strong>tbeaucoup de temps pour la personnequi gérait la trésorerie et pour celle quirecueillait les <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts. Enfin, il afallu une personne pour négocier ledéroulem<strong>en</strong>t de la journée avec la mairieet les autorités.Globalem<strong>en</strong>t, cette action a été coordonnéepar une quinzaine de personnestrès investies qui se sont coordonnées<strong>en</strong>tre elles à l’aide de quatre commissions: logistique, communication, animation,constitution de la fresque.La commission constitution de lafresque a été la plus gourmande <strong>en</strong> volon-SILENCE N°32831Octobre 2005taires : 150 personnes réparties <strong>en</strong> dixéquipes ont placé les personnes sur leslettres. Au total, près de 250 personnesauront aidé à un mom<strong>en</strong>t ou à un autre(dont un bon tiers de moins de 25 ans).Les réunions des commissions et <strong>en</strong> AGétai<strong>en</strong>t très suivies : la dernière AG réunitpresque c<strong>en</strong>t personnes.L’animation des commissions et desréunions a été, autant que faire se peut,organisée de manière tournante pouravoir un fonctionnem<strong>en</strong>t le moins hiérarchiquepossible, avec une majorité d’animateursde moins de 30 ans.Cette organisation a permis de préparerun événem<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dant des mois trèslaborieux dans une ambiance bi<strong>en</strong>agréable. Au final, le groupe local se trouvetrès r<strong>en</strong>forcé et élargi et s’appellemaint<strong>en</strong>ant Réseau Sortir du nucléaireLoire-et-Vilaine.Paul Roullaud nUn CD prés<strong>en</strong>tant les photos et les reportagestélévision et radio de cette action, la plus importantede ces dernières années, est <strong>en</strong> préparation et estdisponible auprès du comité : Sortir du nucléaireLoire-et-Vilaine, c/o Paul Roullaud, Bourlinguette,44530 Gu<strong>en</strong>rouet, tél : 02 40 87 60 47.


EnergiesLe vrai coûtdes énergiesRécemm<strong>en</strong>t un rapport gouvernem<strong>en</strong>talfrançais reconnaissait quela moitié du coût du nucléaireétait payé par les impôts et nonpar l’électr<strong>ici</strong>té. Mais ceci ignorela question des déchets. NewEconomics Foundation, une fondationbritannique, a publié unrapport le 29 juin dernier quiindique que les coûts annoncéspour l’énergie nucléaire sontsous-estimés d’un facteur trois !Le rapport rappelle que si l’onintègre tous les coûts, les énergiesr<strong>en</strong>ouvelables sont moins chères,permett<strong>en</strong>t une réponse plus rapideaux questions liées aux changem<strong>en</strong>tsclimatiques et ne pos<strong>en</strong>tpas de problèmes de sécurité <strong>en</strong>ces périodes de terrorisme.Eoli<strong>en</strong>n Bi<strong>en</strong>tôt devant le nucléaire ?L’énergie éoli<strong>en</strong>ne a dépassé p<strong>en</strong>dantl’été les 50 000 MW installéset la croissance dans le secteurest énorme : trois fois plusde puissance installée au premierDRsemestre 2005 qu’un an avant,ce qui laisse p<strong>en</strong>ser que l’ondevrait dépasser rapidem<strong>en</strong>t les10 000 MW par an. P<strong>en</strong>dant cetemps, le nucléaire a atteint unsommet <strong>en</strong> 2002 avec 444 réacteurset 365 500 MW… et auvu des chantiers actuels, il estsûr que la production va baisser,les c<strong>en</strong>trales fermant plus vitequ’il ne s’<strong>en</strong> construit. La productionélectrique éoli<strong>en</strong>ne pourraitpasser devant celle du nucléaired’<strong>ici</strong> seulem<strong>en</strong>t une vingtained’années.n Espagne : la production s’<strong>en</strong>vole.Le gouvernem<strong>en</strong>t espagnol aadopté le 26 août un plan nationalpour aider les énergies r<strong>en</strong>ouvelables: 23,6 milliards d’eurosd’aides à l’investissem<strong>en</strong>t. D’<strong>ici</strong>2010, le gouvernem<strong>en</strong>t vise àproduire 30 % de son électr<strong>ici</strong>tépar les r<strong>en</strong>ouvelables, ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t<strong>en</strong> faisant passer la capacitédes éoli<strong>en</strong>nes de 13 000 MWactuels à 20 000 MW.n Pas de seuil ! Le projet de loidéposé par certains députésvisant à ne garantir le courantqu’aux installations d’une certainepuissance (plus de 20 MW)a provoqué d’importantes protestations…et les sénateurs avai<strong>en</strong>trepoussé cet am<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t. Unecommission paritaire avait alorsvu le jour p<strong>en</strong>dant l’été… qui amaint<strong>en</strong>u la loi sans l’am<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t,assurant aux producteursd’électr<strong>ici</strong>té la possibilité derev<strong>en</strong>dre à EDF. La taille desinstallations sera désormais duchoix des communes.n Valeur immobilière. Les opposantslocaux aux éoli<strong>en</strong>nes ont unargum<strong>en</strong>t fort pour faire peur :si elles se construis<strong>en</strong>t, vous nepourrez plus v<strong>en</strong>dre votre maison…Une étude du CAUE,conseil d’architecture, d’urbanismeet d’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, dans ledépartem<strong>en</strong>t de l’Aude, départem<strong>en</strong>tqui compte le plus d’éoli<strong>en</strong>nes,réalisée auprès de 33ag<strong>en</strong>ces immobilières, indique que8 estimai<strong>en</strong>t qu’elles avai<strong>en</strong>t unimpact négatif, 18 que cela n’aaucune incid<strong>en</strong>ce, 7 que celaà un impact positif, l’une <strong>en</strong> faisantmême un argum<strong>en</strong>t publ<strong>ici</strong>taire.D’autres études m<strong>en</strong>éesdans d’autres pays conclu<strong>en</strong>t àl’abs<strong>en</strong>ce d’impact sur la valeurimmobilière.n Haute-Loire : 26 éoli<strong>en</strong>nes.Un parc de 26 éoli<strong>en</strong>nes pourune puissance de 39 MW est <strong>en</strong>construction à Ally. Le groupeexploitant canadi<strong>en</strong> Boralex ainvesti 52,6 millions d’euros.Il permettra d’alim<strong>en</strong>terl’équival<strong>en</strong>t de 32 000 foyers.Le plateau d’Ally est balayé toutel’année par un v<strong>en</strong>t moy<strong>en</strong> de6,5 mètres/seconde, relativem<strong>en</strong>tmodéré mais constant. Le mêmegroupe est déjà propriétaire duparc de la Montagne ardéchoise(12 éoli<strong>en</strong>nes, 18 MW).Fin du pétrol<strong>en</strong> Petite phrase. “Je crois que nous allons connaître une dizained’années au cours desquelles la courbe de production pétrolière va ressemblerà un plateau bosselé, avant qu’elle ne comm<strong>en</strong>ce irrémédiablem<strong>en</strong>tà chuter”. Jean Laherrère, anci<strong>en</strong> directeur chez Total.n Pays producteurs de pétrole. La Chine a exporté du pétrole jusqu’<strong>en</strong>1993 puis est dev<strong>en</strong>ue importatrice. L’Indonésie a exporté dupétrole jusqu’<strong>en</strong> 2003, puis est dev<strong>en</strong>ue importatrice. Les Etats-Unis ontatteint leur maximum de production dès les années 70, la Grande-Bretagne dès les années 80, la Norvège <strong>en</strong> 1999. L’Iran aaussi indiqué ne plus pouvoir produire plus. Rest<strong>en</strong>t les paysdu Proche-Ori<strong>en</strong>t, certains pays africains, la Russie et leV<strong>en</strong>ezuela… Si l’on découvre <strong>en</strong>core de nouveaux gisem<strong>en</strong>ts,on <strong>en</strong> découvre de moins <strong>en</strong> moins. Les découvertes sontpassées par un maximum au milieu des années 60… etdécroiss<strong>en</strong>t depuis.n Prix maxi. En t<strong>en</strong>ant compte de l’inflation et <strong>en</strong> recalculantles prix <strong>en</strong> “dollars constants”, le record pour le prixdu baril de pétrole est actuellem<strong>en</strong>t de 94 $, prix atteint <strong>en</strong>mai 1980 après la révolution irani<strong>en</strong>ne. Au cours des troisdernières années, le prix est passé de 20 à plus de 70 $.n Energies r<strong>en</strong>ouvelables compétitives. Le prix du gazmonte presqu’aussi vite que celui du pétrole. Avec un prixqui a dépassé les 65 euros à la mi-août, le pétrole n’est pluscompétitif devant l’éoli<strong>en</strong> et le prix du kWh de l’éoli<strong>en</strong> offshore estmoins élevé que celui des c<strong>en</strong>trales au gaz les plus performantes. Lesinvestisseurs se tourn<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong> plus du côté de l’éoli<strong>en</strong>… car le prixdu kWh produit sera au mieux stable, voire <strong>en</strong> baisse dans les années àv<strong>en</strong>ir alors que celui du pétrole et du gaz ne cesse de monter. Quant aunucléaire, cela fait bi<strong>en</strong> longtemps que les investisseurs privés n’ycroi<strong>en</strong>t pas. Enfin, les capteurs solaires pour l’eau chaude sanitaire sontaussi compétitifs : déjà moins chers que le chauffage au fuel et à l’électr<strong>ici</strong>té,ils sont <strong>en</strong> train de dev<strong>en</strong>ir moins chers que le gaz.n Début des grandes manœuvres. La montée régulière du prix dupétrole (de 50 à 70 dollars <strong>en</strong> un trimestre) met <strong>en</strong> péril l’organisationéconomique des pays occid<strong>en</strong>taux : <strong>en</strong>volée du coût des transports doncinflation pour la plupart des produits. Le gouvernem<strong>en</strong>t français quibénéf<strong>ici</strong>e d’importantes <strong>en</strong>trées fiscales du fait de l’indexation sur leprix, promet une redistribution pour les poids-lourds, les pêcheurs, lesbas rev<strong>en</strong>us, mais ce g<strong>en</strong>re de solution ne fonctionnera qu’un temps : letemps que les g<strong>en</strong>s comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t à se restreindre sur leur consommationde pétrole. La “gauche” (PS et PC) propose de baisser les taxes pourmaint<strong>en</strong>ir le prix au niveau actuel, c’est d’une rare intellig<strong>en</strong>ce ! Qui vaoser proposer de p<strong>en</strong>ser une société plus économe ?n Perb<strong>en</strong> propose de bonnes mesures. Dominique Perb<strong>en</strong>a proposé fin août de diminuer la limite de vitesse sur lesautoroutes à 115 km/h, une telle mesure provoquant uneéconomie de consommation du pétrole par les voiturespermettant pour le particulier de maint<strong>en</strong>ir son budgetcarburant au même prix qu’au début de l’année. Unemesure décriée immédiatem<strong>en</strong>t par la droite qui estimequ’on ne doit pas toucher à la liberté des automobilistes.La FNAUT, Fédération nationale des associationsd’usagers des transports a apporté son souti<strong>en</strong> auministre <strong>en</strong> soulignant qu’une telle diminution de vitesseaurait deux autres conséqu<strong>en</strong>ces positives : diminuer l<strong>en</strong>ombre d’accid<strong>en</strong>ts et diminuer les émissions de gaz àeffet de serre. Même si le gouvernem<strong>en</strong>t n’adopte pascette proposition, rappelons que le code de la route obligesimplem<strong>en</strong>t à rouler sur les autoroutes à plus de 60 km/h et que les voituressont réglées pour consommer le moins <strong>en</strong>tre 70 et 90 km/h. Sivous pr<strong>en</strong>ez une autoroute, ri<strong>en</strong> ne vous oblige à aller plus vite.n Paris : quelle éthique (de la fin) du pétrole ? La Journée du FondsPaul Ricœur organise le lundi 10 octobre de 9h30 à 18 h, à la facultéde théologie protestante (83 boulevard Arago, Paris 14e, M°D<strong>en</strong>fert-Rochereau ou Saint-Jacques), une journée sur ce thème avec commeinterv<strong>en</strong>ants Alain Gras, anthropologue, membre du comité de rédactionde La Décroissance, Olivier Abel, professeur d’éthique à la facultéprotestante, Yves cochet, député Vert, auteur de Pétrole apocalypse,Jacques Varet, direction de la prospective au BRGM. R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts :01 43 31 61 64.SILENCE N°328 Octobre 200532


Pas assezd’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tdans les médiasSelon un sondage réalisé <strong>en</strong>juin pour le compte de l’associationdes journalistes-écrivainspour la nature et l’écologie,les Français estim<strong>en</strong>t queles questions d’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t nesont pas assez traitées dans lesmédias : pas assez à la radio55%, à la télé 52%, dans lapresse quotidi<strong>en</strong>ne 51%, dansles magazines 49%. Ce sont lesjeunes de 25 à 34 ans (71%),les jeunes de 18 à 24 ans(67%), les diplômés bac+2(69%) qui sont le plus demandeurs.Quels sont les sujets surlesquels ils veul<strong>en</strong>t plus d’info ?la pollution de l’eau (62%), lapollution de l’air (58%), le recyclagedes déchets et leur réductionà la source (49%), leréchauffem<strong>en</strong>t climatique(48%). Hit-parade des sujetsqui les ont le plus marqué ?le tsunami, la pollution dela mer, le climat.Changem<strong>en</strong>tclimatiqu<strong>en</strong> Brochure explicative. LeRAC, Réseau Action-Climat,France nature <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, leWWF, la LPO et Gre<strong>en</strong>peace sesont associés pour publier unepetite brochure intitulée changem<strong>en</strong>tclimatique : la naturem<strong>en</strong>acée <strong>en</strong> France qui fait lepoint sur ce que provoque la montéede la température : migrationpossible des espèces animales,migration diff<strong>ici</strong>le des espècesvégétales et du fait d’undéséquilibre croissant,risque d’appauvrissem<strong>en</strong>tde la biodiversité.On peut l’obt<strong>en</strong>irauprès du RAC,tél : 01 48 58 83 92.n Espagne : sécheresseet désert.Cet été, l’Espagne aconnu sa pire sécheressedepuis plus decinquante ans. Les climatologuessontinquiets et annonc<strong>en</strong>tque l’<strong>en</strong>semble dusud-ouest del’Espagne pourraitdev<strong>en</strong>ir un désertdans les années àv<strong>en</strong>ir.n Etiquette énergie. Agir pourl’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t propose au gouvernem<strong>en</strong>td’adopter une étiquetteEnergie pour les véhiculescomme cela se fait déjà pourl’électroménager. Il faudrait quecette étiquette soit valable pourtous les modes de transports : lesavions serai<strong>en</strong>t ainsi toujoursdans la catégorie la pire, suivisdes 4x4. La première catégorieserait réservée aux “voiturespropres”, c’est-à-dire les vélos,les chaussures et les rollers.Sout<strong>en</strong>irle programmeREACHLe projet de réglem<strong>en</strong>tationREACH prévoit l’obligation pourles firmes de prouver l’innocuitédes molécules qu’elles veul<strong>en</strong>tcommercialiser avant leur misesur le marché. Actuellem<strong>en</strong>t, d<strong>en</strong>ombreux problèmes de santé etd’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t dela mauvaise évaluation des conséqu<strong>en</strong>cesde l’arrivée de nouvellesmolécules. Sous prétexte qu’unetelle obligation coûterait très cherà l’industrie chimique, un importantlobbying est m<strong>en</strong>é par lesmultinationales, mais aussi parcertains Etats comme la Francepour empêcher ce projet de directivede voir le jour. Le projetétant sans cesse repoussé, lesVerts ont lancé une campagne delettres. On peut <strong>en</strong> obt<strong>en</strong>ir unmodèle <strong>en</strong> le demandant à :Les Verts, 247, rue du Faubourg-Saint-Martin, 75010 Paris,tél : 01 53 19 53 19.B E L G I Q U EPitié pourles abeilles !L’imidaclopride est une moléculed’insect<strong>ici</strong>de qui est utilisée pour<strong>en</strong>rober les sem<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> agricultureet horticulture : maïs, colza,tournesol, betteraves, grainespotagères, graines de fleurs…C’est ce qui donne cette jolie,mais dangereuse, couleur rougeint<strong>en</strong>se aux graines. C’est aussi cemême produit que l’on place surles chats et des chi<strong>en</strong>s (derrièrela tête pour qu’ils ne puiss<strong>en</strong>t passe lécher !) et qui, <strong>en</strong> passantdans le sang de la bête, tue lapuce qui suce le sang contaminé.Alors qu’<strong>en</strong> France, les apiculteursont finalem<strong>en</strong>t obt<strong>en</strong>u,après des années de dénonciation,l’interdiction de cette moléculequi provoquait des ravages dansles essaims, <strong>en</strong> Belgique, elle esttoujours autorisée. (correspondanceChristian Jacques)Environnem<strong>en</strong>tIncinérationDes œufs à la dioxineDébut juin, le CNIID r<strong>en</strong>dait public un rapport t<strong>en</strong>u confid<strong>en</strong>tielindiquant que l’incinérateur de Gi<strong>en</strong>-Arrabloy rejetait plus de6000 fois les doses admissibles <strong>en</strong> dioxine (soit 50 g <strong>en</strong> 2004 !).L’incinérateur était alors arrêté… mais la pollution est là. Fin août,la préfecture, après analyses, a interdit la consommation des œufset volailles dans un rayon de 5 km autour du site.B É Z I E R SInc<strong>en</strong>die toxiqueLe 27 juin à 3 h du matin, un inc<strong>en</strong>die important ravage 5000 m2d’<strong>en</strong>trepôts de l’usine SBM Formulation qui stocke d’importantesquantités de pest<strong>ici</strong>des. Un important nuage toxique provoque des problèmesrespiratoires sur son passage. Le v<strong>en</strong>t souffle de l’est et lesodeurs sont ress<strong>en</strong>ties jusqu’à Toulouse (180 km !). L’usine est classéeSeveso 2. Seule mesure prise par les autorités : un confinem<strong>en</strong>t dans unrayon de 400 m autour de l’usine.Dès le matin, de nombreux directeurs d’écoles ont appelé la préfecturepour demander ce qu’il fallait faire… sans qu’aucune consigne ne soitdonnée. Off<strong>ici</strong>ellem<strong>en</strong>t, les seuils de pollution ne sont pas dépassés !L’hôpital de Béziers note pourtant une recrudesc<strong>en</strong>ce des irritationspulmonaires et cutanées, mais sous des formes bénignes. Des personnesont été hospitalisées <strong>en</strong> prov<strong>en</strong>ance de plus de 50 km de l’inc<strong>en</strong>die.Les habitants devront, p<strong>en</strong>dant près d’un mois, se cont<strong>en</strong>ter des messagesrassurants des autorités. Ce n’est que le 20 juillet que la préfecturedonne la composition de ce qui a brûlé : 1720 tonnes de pest<strong>ici</strong>desparmi lesquels de l’aldéhyde (152 t), carbamate (173 t), pyridine (72 t),dicarboximide (57 t), dithiocarbamate (84 t), colorants et solvants(136 t), fiprole (127 t), hydrocarbure aromatique (47 t), organo-phosphoré(34 t), oxadiazine (75 t), phosphonate (27 t), phtalimide (63 t),plastiques d’emballage (44 t), pyrethroides (34 t), triazole (104 t)…Bref, un cocktail cancérigène hautem<strong>en</strong>t toxique.Verts, associations de déf<strong>en</strong>se de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, Confédération paysannesont montés au créneau pour demander que l’on étudie comm<strong>en</strong>tdiminuer l’usage des pest<strong>ici</strong>des dans l’agriculture. Plusieurs médecins,dont l’association des médecins indép<strong>en</strong>dants pour l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t et lasanté, ont protesté contre la désinformation concernant les conséqu<strong>en</strong>cesde l’inc<strong>en</strong>die. France nature <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t a demandé la publicationde cartes sur les retombées du nuage.En 1984, au mom<strong>en</strong>t de l’accid<strong>en</strong>t de Bhopal, <strong>en</strong> Inde, les associationsavai<strong>en</strong>t demandé la fermeture de cette usine qui, à l’époque, avait lemême propriétaire : Union Carbide et stockait le même produit, l’isocyanatede méthyl, à l’origine des graves conséqu<strong>en</strong>ces de Bhopal : 16 à30 000 aujourd’hui, 500 000 personnes touchées. Deux accid<strong>en</strong>tsavai<strong>en</strong>t déjà eu lieu avant dont le dernier le 11 avril 2005 avec undébut d’inc<strong>en</strong>die dans un atelier.(La semaine du Minervois, 7, 13 et 21 juillet 2005)Mahl<strong>en</strong>SILENCE N°328 Octobre 200533


Santén Allemagne : faucheursvolontaires. Repr<strong>en</strong>antla forme d’action choisie par lesfaucheurs français, un collectifa vu le jour <strong>en</strong> Allemagne qui am<strong>en</strong>é sa première action le31 juillet à visage découvert, dansle Brandebourg, à une cinquantainede kilomètres à l’est de Berlin.Six Français sont v<strong>en</strong>us représ<strong>en</strong>terles faucheurs français. 75 personnesont été arrêtées par lesforces de l’ordre et devront passer<strong>en</strong> procès.Santém<strong>en</strong>tale desadolesc<strong>en</strong>tsOrganisation mondiale de laL’ santé s’inquiète du “déclinde la santé m<strong>en</strong>tale des adolesc<strong>en</strong>tsdans les pays développés”.Des études montr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> effet uneaugm<strong>en</strong>tation rapide des comportem<strong>en</strong>tsdissimulateurs (m<strong>en</strong>tir,voler, désobéir). Ceci n’auraitaucun li<strong>en</strong> ni avec le divorce, niavec les classes sociales, ni avecles différ<strong>en</strong>ces culturelles ethniques.Les chercheurs s’interrog<strong>en</strong>t.Ti<strong>en</strong>s, une piste : les spotspubl<strong>ici</strong>taires que tous ces jeunesingurgit<strong>en</strong>t à longueur de journéepour les inciter à toujours ressemblerà un dieu de la consommation.n Grande-Bretagne : contaminationhumaine. L’Université deNewcastle a révélé, fin août,qu’elle avait trouvé des moléculesd’ADN marqué par un OGM dansla flore intestinale de personnesayant mangé des alim<strong>en</strong>ts à based’OGM. Le gouvernem<strong>en</strong>t britanniquea estimé que cela n’avaitaucune importance.n Essais illégaux. Rappelons quela plupart des essais <strong>en</strong> pleinchamp sont illégaux. La loi prévoit<strong>en</strong> effet la mise <strong>en</strong> place d’unorganisme indép<strong>en</strong>dant d’évaluationdes risques doté des moy<strong>en</strong>spour le faire, la réalisation d’uneétude d’impact sur l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t,l’information du public,l’autorisation du ministère de lasanté puisqu’il s’agit de plantesmédicam<strong>en</strong>ts, la définition derègles de coexist<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>treplantes OGM et les plantesconv<strong>en</strong>tionnelles ainsi que ladétermination de la responsabilitédu laboratoire <strong>en</strong> cas de contamination(si des problèmes surv<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t,aucune assurance ne veutpr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> charge ce type derisques). Ces conditions ne sontjamais réunies, les essais se faisantde plus <strong>en</strong> plus clandestinem<strong>en</strong>t.Les associations qui ontessayé de m<strong>en</strong>er des actions <strong>en</strong>justice n’ont pour le mom<strong>en</strong>tjamais obt<strong>en</strong>u satisfaction àtemps pour éviter les risques dedissémination. Quand la justicefonctionnera, nous n’aurons plusbesoin des faucheurs volontaires.n Puy-de-Dôme : 15 arrestations.Deux nouvelles parcellesont été fauchées le samedi 27août, vers 15 heures, par 400faucheurs, sur les communes deNeschers et Nonette. 6000 m2 et6 hectares ont pu être détruits,mais pas la plus grande parcellevisée de 13 ha hautem<strong>en</strong>t protégéepar les forces de l’ordre.P<strong>en</strong>dant l’action, un commando,peut-être <strong>en</strong>voyé par la firmeLimagrain, a crevé les pneusd’une vingtaine de véhicules et lefaucheur chargé de la surveillancea eu le bras fracturé à coup debatte de base-ball. 15 personnesont été interpellées… du côté desfaucheurs, aucune du côté desviol<strong>en</strong>ts.n Le péché ogémique. Depuis2002, Emmanuelle della Schievaet Eti<strong>en</strong>ne Brac ont mis au pointpour la Compagnie Carpe Diemun spectacle Le péché ogémique,sur les manipulations génétiques.Le spectacle a été joué pour lapremière fois au rassemblem<strong>en</strong>tdu Larzac <strong>en</strong> 2003 et est maint<strong>en</strong>antdisponible pour animer vosfêtes ou soirées. Carpe diem,171, rue des Jardiniers, 69400Villefranche-sur-Saône, tél : 0474 68 86 26.n Cheval clôné. Le premier chevalclôné est né le 26 février dernier<strong>en</strong> région parisi<strong>en</strong>ne. Il a étéobt<strong>en</strong>u à partir de cellule d’uncheval nommé Pierraz, championdu monde d’<strong>en</strong>durance dans lesannées 90. La sociétéCryozootech qui a fait cettemanipulation espère faire fortune<strong>en</strong> v<strong>en</strong>dant le sperme du clône. Ilne s’agit plus comme les OGM defaire croire que c’est pour mieuxnourrir ou mieux soigner. Cettefois, c’est clairem<strong>en</strong>t pour gagnerde l’arg<strong>en</strong>t. (Campagnes solidaires,été 2005)n Orléans : procès de faucheurs.Prévu le 9 août, le procèsde faucheurs volontaires a étéreporté au 27 octobre. Il s’agitde six personnes interpellées lorsd’un fauchage à Neuville-aux-Bois et à Gr<strong>en</strong>eville-<strong>en</strong>-Beauce(Loiret), le 7 juillet dernier.El Brujo El Brujo El BrujoPollution et malformationUne étude réalisée à New York sur des femmes <strong>en</strong>ceintes, nonfumeuses, exposées ou non aux gaz d’échappem<strong>en</strong>t des voitures,conclut que la pollution atmosphérique double le nombre d’<strong>en</strong>fantsmalformés à la naissance. (20 minutes, 28 février 2005)n Fauchages. Le gouvernem<strong>en</strong>ta indiqué qu’<strong>en</strong> 2004, 26 essaisde culture OGM <strong>en</strong> plein air sur48 ont été détruits. En 2005,112 parcelles ont été autoriséesdont les deux-tiers dans la régionMidi-Pyrénées. Les faucheursvolontaires ont annoncé avoirpassé le cap des 5000 adhér<strong>en</strong>ts.Cet été, les faucheurs volontairesont changé de tactique : des opérationscommando de nuit pourdétruire les parcelles puis desrev<strong>en</strong>dications au grand jour. AM<strong>en</strong>ville (Haute-Garonne), uneparcelle est détruite le 14 juillet.Dans le Puy-de-Dôme, deux parcellessont détruites à Beaulieudans la nuit du 18 au 19 juillet.Dans le Tarn, une parcelle est partiellem<strong>en</strong>tdétruite le 28 juillet, etdéfinitivem<strong>en</strong>t dans la nuit du 4au 5 août. Dans le Puy-de-Dôme,une nouvelle parcelle a été détruitedans la nuit du 1 er au 2 août,deux autres parcelles sontdétruites à Issoire et au Broc.Le 2 août, de jour, une parcelle estpartiellem<strong>en</strong>t détruite à Neschers.Ceci provoque une militarisationsans précéd<strong>en</strong>t des champs. Ceuxcidéjà clôturés par des fils électriquesse voi<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tourés jouret nuit par des gardes mobiles.Huit parcelles proches sont mêmesurveillées <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce parhélicoptère. Tous ces champs sontloués par la coopérativeLimagrain à différ<strong>en</strong>tes firmescomme Meristem ou Biogemma.Question : qui paie les forces del’ordre ? Le privé ou le public ?SILENCE N°328 Octobre 200534


Téléphone portable(1)Pourquoi il n’y a plusde gorilles dans le GrésivaudanOn croyait tout savoir sur les nuisances du téléphone portable. On était loindu compte. A l’échelle planétaire (trafic de déchets électroniques, massacresde populations et d’espèces m<strong>en</strong>acées…), nationale (surveillanceélectronique, destruction de paysages, bombardem<strong>en</strong>t publ<strong>ici</strong>taire…),locale (destruction du Grésivaudan, pollution, pillage des ressources etdes fonds publics…) et individuelle (addiction au gadget, effet “bulle”,autisme social…), découvrons le fléau universel qu’est le portable.t<strong>en</strong>u du très fort développem<strong>en</strong>tprévisible du“CompteC<strong>en</strong>tre de recherche <strong>en</strong> nanotechnologiesde la zone d’activité desFontaines et de la Zone industrielle deCrolles, sout<strong>en</strong>u localem<strong>en</strong>t et nationalem<strong>en</strong>t,il est indisp<strong>en</strong>sable de compléter defaçon urg<strong>en</strong>te sa desserte, pour assurer sonaccessibilité” (1).On sait que pour dev<strong>en</strong>ir une agglomérationde “statut international”, une“Silicon Valley à la française”, et bi<strong>en</strong>tôtun “Pôle de compétitivité”, la cuvette gr<strong>en</strong>obloisea sacrifié depuis un siècle sespaysages, son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, la santé deses habitants, la démocratie locale et lecontrôle de sa vie (2). Livrée au technogratin,la ville se consume dans la R&D(recherche et développem<strong>en</strong>t), et la courseà la croissance, dont le dernier avatarsont les nanotechnologies qui impos<strong>en</strong>taujourd’hui cette nouvelle bretelle d’autoroute.Il faut bi<strong>en</strong> transporter jusqu’àCrolles les produits chimiques stockés àLancey, sur l’autre rive de l’Isère, et lesemployés de l’Alliance, contraints de seloger jusqu’à Albertville. Ri<strong>en</strong> que de trèsconforme au projet de “continuité urbainede G<strong>en</strong>ève à Val<strong>en</strong>ce” prévu par le schémadirecteur pour 2020. On ne fait pas demégapole sans bretelles d’autoroute, et cesemi-échangeur de Bernin <strong>en</strong> préfigurebi<strong>en</strong> d’autres, et de plus imposants.Crolles II, la fierté du techno-gratin,ce sont des investissem<strong>en</strong>ts colossaux(2,8 milliards dont 543 M€ d’aidespubliques), la destruction des terres agricolesdu Grésivaudan, le transport et lestockage de produits hautem<strong>en</strong>t toxiques,les bouchons sur l’autoroute, la guerreéconomique contre Chinois et Américains,le pillage des ressources <strong>en</strong> eau,les contrôles d’id<strong>en</strong>tité à l’<strong>en</strong>trée del’Alliance, la soumission des chercheursdu CEA aux exig<strong>en</strong>ces des industrielsSTMicroelectronics, Philips et FreescaleSemiconductors, la visite régulière des autorités— Chirac, Sarkozy, Devedjian, etc.Pour quoi faire ? Des téléphones portables.Ne souriez pas. Si vous trouvez dérisoirele résultat de ces sacrifices, gaspillageset destructions, c’est que vousn’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dez ri<strong>en</strong> à la réalité économique. Letéléphone portable, c’est une innovation,et comme l’a expliqué Michel Destot,maire de Gr<strong>en</strong>oble, avec l’innovation“apparaît le développem<strong>en</strong>t des activitéséconomiques qui génère lui-même desemplois pour l’<strong>en</strong>semble de nos concitoy<strong>en</strong>s.Il y a là une véritable mine d’or, pr<strong>en</strong>ons-<strong>en</strong>consci<strong>en</strong>ce” (3).Le téléphone portable génère bi<strong>en</strong>d’autres choses que des emplois et de l’or.Non seulem<strong>en</strong>t il accélère la destructionde la planète, mais il contribue à la technificationtotale du monde. Des effetsdont jamais les chercheurs du CEA-Léti,sous-traitant de Nokia, ne parl<strong>en</strong>t dansleurs réunions m<strong>en</strong>suelles à la Fnac, cedébitant de téléphones prét<strong>en</strong>dûm<strong>en</strong>t“agitateur d’idées”.SILENCE N°328 Octobre 200535Il n’y a plus de gorillesau numéro demandéLe téléphone portable est un conc<strong>en</strong>tréde nuisances.D’abord à cause de sa puce. Eric D.Williams, chercheur à l’université desNations unies à Tokyo, a mesuré les élém<strong>en</strong>tsnécessaires à la fabrication d’unepuce de 2 grammes. Résultat : 1,7 kgd’énergie fossile, 1 mètre cube d’azote, 72 gde produits chimiques et 32 litres d’eau.Par comparaison, il faut 1,5 tonne d’énergiefossile pour construire une voiture de750 kg. Soit un ratio de 2 pour 1, alorsqu’il est de 630 pour 1 pour la puce (4).A Crolles, l’usine à puces de l’AllianceSTMicroelectronics/Freescale/Philips<strong>en</strong>gloutit 700 mètres cubes d’eau parheure, et soumet les pouvoirs publics àses exig<strong>en</strong>ces : 150 000 €€d’am<strong>en</strong>de parheure à payer à l’<strong>en</strong>treprise <strong>en</strong> cas de(1) Enquête publique création du semi-échangeur“Crolles II”, avril 2005.(2) cf “Croissance à la gr<strong>en</strong>obloise – Comm<strong>en</strong>t onnous détruit” sur www.piecesetmaindoeuvre.com.(3) In L’espace alpin et la modernité, bilan et perspectivesau tournant du siècle, sous la direction de DanielJ. Grange, PUG 2002.(4) Libération 21novembre 2002.


défaillance dans la fourniture d’eau, etobligation de doubler prochainem<strong>en</strong>t lesconduites d’adduction. Si l’Alliance achoisi le Grésivaudan, c’est aussi pourpiller ses ressources <strong>en</strong> eau pure — ycompris <strong>en</strong> période de sécheresse et decanicule.Crolles II, site Seveso, consomme desproduits toxiques comme la phosphine(hydrogène phosphoré), le thilane ou l’arsine(hydrogène et ars<strong>en</strong>ic) : “des gaz decombat” se vantait un salarié de ST lorsd’une visite publique. Les produits chimiquessont stockés à des kilomètres dusite, notamm<strong>en</strong>t à Lancey, et circul<strong>en</strong>tchaque jour dans des camions qui travers<strong>en</strong>tl’agglomération.Off<strong>ici</strong>ellem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> 2002, l’Alliance arejeté dans l’atmosphère 9 tonnes deNOx, 10 270 tonnes de CO2, 40 tonnesde COV (5). C’est déjà énorme. Mais unsalarié de l’usine confie, sans vouloir <strong>en</strong>dire plus, que la t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> produits polluantsdes rejets dans l’atmosphère seraitfaussée par l’utilisation de gaz pulsés.Comm<strong>en</strong>t le vérifier ? La direction necommunique pas sur les chiffres.Ce n’est pas tout. Autour de sa puce,votre téléphone a besoin de coltan, unminerai résistant à la chaleur. Celui-ci estextrait notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> République démocratiquedu Congo.Comme les diamants, le coltan a été auc<strong>en</strong>tre d’une guerre pour le contrôle desressources qui a tué plus de trois millionsde personnes dans sept pays. Au Congo, d<strong>en</strong>ombreux <strong>en</strong>fants sont retirés de l’écolepour aller travailler dans les mines de coltan.Le minerai est acheté aux rebellescongolais et à des compagnies minièreshors-la-loi par trois sociétés : Cabot Inc.aux Etats-Unis, HC Starc <strong>en</strong> Allemagne, etNigncxia <strong>en</strong> Chine. Ces sociétés transform<strong>en</strong>tle minerai <strong>en</strong> une poudre qu’ellesv<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t à Nokia, Motorola, Ericsson, Sony,Siem<strong>en</strong>s et Samsung (6).Les mines de coltan sont situées sur leterritoire des derniers gorilles des plaines,qui sont la cible des mineurs. Au rythmedu saccage actuel, les spécialistes estim<strong>en</strong>tà dix ou quinze ans maximum l’espérancede survie de l’espèce (7).Chaque fois que vous passez un coupde fil sur votre portable, vous jouez avecla santé des habitants du Grésivaudan,avec la vie des Congolais et celle des derniersgrands singes de la planète.Téléphone jetable“Force est de constater que lesSmartphones ont considérablem<strong>en</strong>t évolué.L’Orange SPV originel ? Démodé ! Le P800de Sony Ericsson ? Presque ringard ! Lesderniers appareils du g<strong>en</strong>re accueill<strong>en</strong>tvolontiers les cartes Flash 64 Mo et embarqu<strong>en</strong>tdes slots SD qui vous permettront deporter la mémoire totale à 1 Go” (8).Au-delà du jargon hystérique typiquedes amateurs de gadgets électroniques, onaura compris l’ess<strong>en</strong>tiel : dans leurmonde, le danger c’est la ringardise. Ilfaut changer son téléphone portable ouson “assistant personnel” aussi souv<strong>en</strong>tque l’exig<strong>en</strong>t la mode, le “progrès” et lesfabricants. “En moy<strong>en</strong>ne les Japonais chang<strong>en</strong>tde mobile tous les douze à dix-huitmois”, indique Yoshimi Ogawa, patronned’Index Corporation, société japonaisequi v<strong>en</strong>d du “cont<strong>en</strong>u” pour portables, etqui a acheté le club de foot gr<strong>en</strong>oblois (9).Changer de téléphone signifie jeterson téléphone. Depuis le lancem<strong>en</strong>t de cegadget sur le marché, 500 millionsd’exemplaires ont déjà été jetés, grossissantles montagnes de déchets électroniqueset électriques (DEEE). Ri<strong>en</strong> qu’<strong>en</strong>France, nous <strong>en</strong> produisions 25 kg parpersonne <strong>en</strong> 2001, et ce chiffre doit doublerd’<strong>ici</strong> 2013. “Or, ces déchets sont loind’être anodins. Ils conc<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t un mélangecomplexe de matières et de composants particulièrem<strong>en</strong>ttoxiques. Métaux lourds, cadmium,mercure, et plomb <strong>en</strong> grande quantité: 40 % du plomb trouvé dans les déchargesprovi<strong>en</strong>t de l’électronique de consommation.Les rebuts électroniques et électriques sontpour l’ess<strong>en</strong>tiel incinérés avec les déchetsménagers et provoqu<strong>en</strong>t ainsi d’importantesémissions de dioxines. Ces substances, <strong>en</strong>nemiesde longue date de l’air, des sols et desnappes phréatiques, m<strong>en</strong>ac<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t lasanté des êtres vivants. Quelques mois suffis<strong>en</strong>tpour qu’un téléphone mobile dernier cri(5) D’après le “Bilan de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t industriel <strong>en</strong>Rhône-Alpes” de la Drire).(6) Source Coltan.(7) Sci<strong>en</strong>ces et Av<strong>en</strong>ir, juin 2004.(8) Stuff, février 2005.(9) Le Journal du Net, 27 janvier 2004.(10) Le Figaro Magazine 7 juillet 2001.(11) Le Monde 17 avril 2002.(12) Le Monde 23 février 2005.et un ordinateur ultra-performant se métamorphos<strong>en</strong>t<strong>en</strong> bombes à retardem<strong>en</strong>t pourl’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t” (10).Aux apôtres du “recyclage” c<strong>en</strong>sérésoudre le problème, précisons la fin del’histoire : “Plus de la moitié des ordinateurs“recyclés” [aux Etats-Unis] sont <strong>en</strong>réalité expédiés <strong>en</strong> Chine, où des travailleursmédiocrem<strong>en</strong>t payés récupèr<strong>en</strong>t lesparties jugées intéressantes des appareils(voir www.ban.org). Mais cela se traduitpar une sérieuse pollution, <strong>en</strong> raison desquantités importantes de plastique et demétaux lourds <strong>en</strong>trant dans la compositiondes ordinateurs. Les pièces inutiles sont brûlées,provoquant des émanations toxiques,ou abandonnées dans des décharges où l’eaude ruissellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>traîne les polluants dansles nappes phréatiques. Non loin de HongKong, dans la ville de Guiyu, spécialiséedans ce “recyclage” particulier, les <strong>en</strong>quêteursont constaté que l’eau n’était pluspotable et devait être acheminée par citernesde villes voisines, tandis que les maladies semultiplierai<strong>en</strong>t du fait de la pollution del’air” (11).Plus près de nous, à Bourg-Fidèle(Ard<strong>en</strong>nes), l’usine Métal Blanc a étéjugée <strong>en</strong> février 2005 pour la contaminationpar le plomb et le cadmium du sol,de l’air et de l’eau, avec des conséqu<strong>en</strong>cessur la santé d’une quarantaine de personnes(salariés et <strong>en</strong>fants voisins ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t)(12). L’activité de cette usine ?Le recyclage. On voit que les nuisancessont aussi durables que le développem<strong>en</strong>tdes industries qui les provoqu<strong>en</strong>t.Grillades de cerveau“R<strong>en</strong>tabilité oblige, les téléphonesmobiles ont été mis sur le marché sans quedes études préalables de nuisance ai<strong>en</strong>t étéfaites. Autrem<strong>en</strong>t dit, les utilisateurs sont lescobayes d’une expéri<strong>en</strong>ce planétaire dont onignore <strong>en</strong>core, faute de recul suffisant, lesconséqu<strong>en</strong>ces sur la santé”.Depuis ce constat de Sci<strong>en</strong>ce et Vie <strong>en</strong>avril 1999, sci<strong>en</strong>tifiques, industriels etgouvernem<strong>en</strong>ts jou<strong>en</strong>t au ping-pong avecSILENCE N°32836Octobre 2005


les <strong>en</strong>quêtes sur la santé des porteurs demobiles. L’Organisation mondiale de lasanté a lancé une étude <strong>en</strong> 1996, dont onatt<strong>en</strong>d les résultats pour 2005 : oui ounon les portables et les ant<strong>en</strong>nes-relaissont-ils un danger pour la santé ?“Les champs électromagnétiques généréspar les ant<strong>en</strong>nes des téléphones portablesprovoqu<strong>en</strong>t indirectem<strong>en</strong>t des ruptures dansles brins d’ADN de cellules humaines et animales.Ils vont même jusqu’à perturber lasynthèse de certaines protéines.Tels sont deux des résultats marquantsde l’étude europé<strong>en</strong>ne Reflex,dévoilée le 8 décembre dernier par la fondationallemande Verum, basée à Munich.Financée par l’Union europé<strong>en</strong>ne ainsique par les gouvernem<strong>en</strong>ts suisse et finlandais,elle a mobilisé douze laboratoiresp<strong>en</strong>dant quatre ans.Le Pr Franz Adlkofer, coordinateur duprojet et directeur exécutif de la fondationVerum, assène d’ailleurs que l’étudedémontre l’exist<strong>en</strong>ce “d’un mécanismephysiopathologique qui pourrait être à labase du développem<strong>en</strong>t de désordres fonctionnelsou de maladies chroniques chezl’animal et chez l’homme”. (…) les impactsbiologiques observés sur les cellules sontapparus pour des doses d’énergie (...) inférieuresau seuil de 2 W/kg actuellem<strong>en</strong>trecommandé par la Commission internationalede protection contre les rayonnem<strong>en</strong>tsnon ionisants et repris par la législationfrançaise” (13).“(…) ces ondes électromagnétiquesatteign<strong>en</strong>t, à 2 cm de profondeur, la régionla plus superf<strong>ici</strong>elle — mais aussi la pluss<strong>en</strong>sible — du cerveau : le cortex, ou écorcecérébrale (…), provoquant une élévation dela température du tissu cérébral. “Auniveau du cortex, cette augm<strong>en</strong>tation estd’<strong>en</strong>viron 1°C”, explique Luc Vershaeve, del’équipe d’Anne-Marie Maes, au VlaamseInstelling voor Technologish Onderzoek, àMol (Belgique). Tout se passe exactem<strong>en</strong>tcomme dans un four à micro-ondes, saufqu’<strong>ici</strong> c’est le c<strong>en</strong>tre névralgique du corpshumain qui subit un échauffem<strong>en</strong>t. “Si l’ontéléphone régulièrem<strong>en</strong>t et p<strong>en</strong>dant delongues périodes il n’est pas impossibleque l’effet thermique finisse par léserl’ADN cellulaire et provoquer des tumeurscancéreuses” précise Luc Verschaeve” (14).Les ondes nuisiblespour la véritéPourquoi les cobayes humains nesont-ils pas informés ? Parce que le lobbyde la téléphonie mobile ne laisse ri<strong>en</strong> passer,verrouille les résultats négatifs, <strong>en</strong>fumeles autorités sanitaires, attaque <strong>en</strong> diffamationles citoy<strong>en</strong>s qui exprim<strong>en</strong>t leursinquiétudes (15).“D’une façon générale, tous les résultatsmettant <strong>en</strong> cause la téléphonie mobilesont systématiquem<strong>en</strong>t rejetés par les fabricantsde portables. Le Dr H<strong>en</strong>ry Lai qui travaillaitsous contrat avec WirelessTechnology Research (WTR) une sociétésous la tutelle de fabricants de téléphonesmobiles, s’est vu refuser la publication de sestravaux parce qu’ils dém<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t le credodes fabricants. (…) “Ils me demandai<strong>en</strong>td’interpréter différemm<strong>en</strong>t mes résultatsafin de les r<strong>en</strong>dre plus favorables à la téléphoniemobile”, s’insurge le chercheur.La même mésav<strong>en</strong>ture est arrivée aubiologiste américain Ross Adey, qui effectuaitune étude pour le compte de Motorola(…). Comme le fabricant refusait d’admettreses conclusions, à savoir l’effet nocifdes ondes électromagnétiques sur des animauxde laboratoire, il a préféré arrêter sacollaboration sci<strong>en</strong>tifique. “Tout se passecomme autrefois avec les fabricants decigarettes, qui refusai<strong>en</strong>t de réveler toutesles études montrant les dangers du tabac”proteste H<strong>en</strong>ry Lai” (16).En France, quatre chercheurs duComité sci<strong>en</strong>tifique sur les champs électromagnétiquesont publié <strong>en</strong> février2004 leur livre blanc des incid<strong>en</strong>ces de latéléphonie mobile et des ant<strong>en</strong>nes relaissur votre santé : “Votre GSM, votre santé :on vous m<strong>en</strong>t !” (17).Ces sci<strong>en</strong>tifiques, <strong>en</strong> pointe dans ledomaine, avai<strong>en</strong>t été écartés du groupe(13) 01net, 14 janvier 2005, http://www.01net.com.(14) Sci<strong>en</strong>ce et Vie, avril 1999.(15) Cf affaire d’Eti<strong>en</strong>ne C<strong>en</strong>drier à Paris, 2003.(16) Sci<strong>en</strong>ce et Vie, avril 1999.(17) R. Gautier, P. Le Ruz, D. Oberhaus<strong>en</strong>, R. Santini,éditions Marco Pietteur.(18) Cf http://csifcem.free.fr.(19) Association française des opérateurs de téléphoniemobile : www.afom.fr.(20) Extrait des auditions des opérateurs de téléphoniemobile par l’AFSSE, 10 janvier 2003 –www.afsse.fr).d’experts consultés par l’AFSSE (Ag<strong>en</strong>cefrançaise de sécurité sanitaire de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t)<strong>en</strong> 2003. Leur livre résumece que les autorités françaises n’ont pasvoulu <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre : “Cette publication a étér<strong>en</strong>due nécessaire <strong>en</strong> raison des nombreuxtroubles observés chez les riverains des stations-relaisde téléphonie mobile (dont l’installation<strong>en</strong> France a été particulièrem<strong>en</strong>tanarchique) et chez les utilisateurs de téléphonesportables. Sont passés <strong>en</strong> revue lestravaux sci<strong>en</strong>tifiques mondiaux relatifs àl’exposition des êtres vivants aux ondes de latéléphonie mobile. On peut y constater deseffets particulièrem<strong>en</strong>t nocifs sur le systèm<strong>en</strong>erveux et le métabolisme cellulaire. Lespublications off<strong>ici</strong>elles françaises, destinéesà permettre le développem<strong>en</strong>t technologiquesans <strong>en</strong>trave, y sont examinées et critiquées.Les études épidémiologiques m<strong>en</strong>ées unpeu partout dans le monde révèl<strong>en</strong>t clairem<strong>en</strong>tl’étiologie des nombreux malaises ress<strong>en</strong>tispar les utilisateurs de téléphones portableset les riverains d’ant<strong>en</strong>nes relais(insomnies, troubles cardiaques, hypert<strong>en</strong>sion,céphalées...) ainsi que l’exist<strong>en</strong>ce possibled’un li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre cette exposition et despathologies lourdes telles des maladies neurodégénératives,certaines formes de cancer…”(18).R<strong>en</strong>dons hommage aux rares sci<strong>en</strong>tifiquescapables de résister, quand lesreprés<strong>en</strong>tants de la téléphonie mobile,eux, évoqu<strong>en</strong>t des “symptômes subjectifs”(19) chez leurs cli<strong>en</strong>ts qui se plaign<strong>en</strong>t.Les opérateurs, eux, ont été <strong>en</strong>t<strong>en</strong>duspar l’AFSSE lors de la consultation de2003, affirmant à cette occasion : “Depuisquelques mois, nous assistons à un véritablemarché de la peur qui r<strong>en</strong>d malades les personnesfragiles. Ces dernières dorm<strong>en</strong>t malou ont mal à la tête à force d’être inquiétéespar des discours alarmistes” (20).www.piecesetmaindoeuvre.com(suite et fin de cet article au prochain numéro)SILENCE N°32837Octobre 2005


Petite phrase“La croissance explosive desvilles dans les pays pauvres exerceune pression sur les agriculteurspour qu’ils produis<strong>en</strong>t plusd’alim<strong>en</strong>ts avec de moins <strong>en</strong>moins d’eau. Les pays pauvrespourront diff<strong>ici</strong>lem<strong>en</strong>t assurer lasécurité alim<strong>en</strong>taire si, au lieu deservir à l’irrigation pour augm<strong>en</strong>terla production alim<strong>en</strong>taire,l’eau de leurs rivières, lacs etnappes souterraines est de plus<strong>en</strong> plus utilisée dans les systèmessanitaires, l’industrie, les piscines,les terrains de golf, lesstades et les parcs. (…)L’explosion urbaine et la proliférationdes mégalopoles nécessiterontl’appui de méga-économiesdotées d’une capacité de productiond’alim<strong>en</strong>ts, d’énergie etd’eau, trois ressources sans lesquellesles grandes villes devi<strong>en</strong>drontde véritables <strong>en</strong>fers et desbombes écologiques”.Oswaldo de Rivero, Le mythe dudéveloppem<strong>en</strong>t, collection EnjeuxPlanète, éd. Les Ateliers.B R É S I LDesterritoirespour lesIndi<strong>en</strong>sNord/SudLe 15 avril dernier, le gouvernem<strong>en</strong>tbrésili<strong>en</strong> a signé un accordavec les 15 000 indi<strong>en</strong>s makuxi,wapixana, ingariko et patamonaqui leur accorde l’autonomie surleurs territoires au nord-ouest dupays. D’autres territoires ont étéégalem<strong>en</strong>t accordés aux 200indi<strong>en</strong>s Awà qui viv<strong>en</strong>t dans lehaut Turiaçu, au nord du pays.Ceci fait suite à une campagneinternationale de plusieurs annéesm<strong>en</strong>ée par Survival international,45, rue du Faubourg-du-Temple, 75010 Paris,tél : 01 42 41 47 62.DRDRIndi<strong>en</strong> makuxi.C O N G OLe 11 septembretous les joursLa guerre qui déchire l’est duCongo depuis maint<strong>en</strong>ant cinqans a déjà fait près de 4 millionsde morts… soit 2000 par jour.Amnesty international a sorti uneaffiche sur ce thème : “Au Congo,c’est le 11 septembre tous lesjours”, mais là par contre,presque personne n’<strong>en</strong> parle.La localisation du conflit s’expliquepar la richesse du sous-sol,on y trouve des diamants et <strong>en</strong>coreplus cher, le coltan, qui sertà fabriquer le titane indisp<strong>en</strong>sablepour l’électronique.T O G OLa FranceaccuséeAprès la parodie d’élection présid<strong>en</strong>tielledu 24 avril, Amnestyinternational a publié un rapportsur les “irrégularités” constatées.Aide Sud-NordQuel est le pays dont les statistiquesindiqu<strong>en</strong>t qu’il compte36 millions de personnes qui souffr<strong>en</strong>tde la faim dont 13 millionsd’<strong>en</strong>fants ? Selon son propre ministèrede la culture, ce sont les Etats-Unis. Ce n’est pourtant pas fautede bénéf<strong>ici</strong>er d’une large aide (oupillage) des pays du Sud ! Maisc’est aussi le pays où les inégalitéssont les plus grandes. Ce n’est paspour ri<strong>en</strong> que le budget de la déf<strong>en</strong>seet de la police augm<strong>en</strong>te sanscesse : il faut se protéger desgueux. Premières victimes : lesfamilles monopar<strong>en</strong>tales où lamère, même avec un salaire del’ordre de 1000 $, dép<strong>en</strong>se les deuxtiers de ses rev<strong>en</strong>us pour assurer lelogem<strong>en</strong>t de ses <strong>en</strong>fants. (La Méesocialiste, 6 juillet 2005)Le rapport dénonce la répressiondes manifestions populairescontre le verdict du scrutin :“exécutions extrajud<strong>ici</strong>aires, <strong>en</strong>lèvem<strong>en</strong>ts,actes de torture, mauvaistraitem<strong>en</strong>ts, viols”. L’ONG arécupéré des balles <strong>en</strong> caoutchoucet des gr<strong>en</strong>ades lacrymogènes: elles sont françaises : “LaFrance doit s’assurer que lesmatériels de sécurité et de policequ’elle fournit et la formationqu’elle disp<strong>en</strong>se ne sont pas utiliséspour commettre des violationsdes droits fondam<strong>en</strong>taux”. Depuisles élections, 30 000 personnesont fui le pays et n’os<strong>en</strong>t plusr<strong>en</strong>trer chez elles. Amnestydemande la mise <strong>en</strong> place d’unecommission d’<strong>en</strong>quête. P<strong>en</strong>dantce temps, la France avalise lerésultat des élections.Commerceéquitabl<strong>en</strong> Leader du commerce équitable.Si vous croyez que c’estArtisans du monde ou les boutiquesMinga, c’est perdu ! C’estLeclerc qui s’<strong>en</strong> vante dans sespubl<strong>ici</strong>tés, bi<strong>en</strong> sûr avec le souti<strong>en</strong>de Max Havelaar.DRn Vers un libéralisme responsable.Les cafés Malongo quicommercialis<strong>en</strong>t du café équitableont organisé, avec le souti<strong>en</strong> deMax Havelaar, un colloque sur lethème “regards croisés sur lecommerce équitable, vers un libéralismeresponsable”.n Lyon : Epicerie équitable.Après un an de v<strong>en</strong>te par internet,l’Epicerie équitable vi<strong>en</strong>td’ouvrir un magasin à Lyon. On ytrouve un large choix de produitsissus du commerce équitable, dontde nombreux produits ayant aussile label bio. On y trouve égalem<strong>en</strong>tdes produits produits localem<strong>en</strong>tet dont le bénéfice sert àfinancer des initiatives de solidaritéinternationale. L’Epicerieéquitable, 126, rue Sébasti<strong>en</strong>-Gryphe, 69007 Lyon,tél : 04 37 28 07 71.I L E - D E - F R A N C ESalon international pour un commerce équitableL’ association Minga qui fédère plus de quatre-vingt structures de commerce équitable <strong>en</strong> France organise du 1er au 4 octobre, à la Nef de l’Ile-Saint-D<strong>en</strong>is, le premier salon international pour un commerce équitable. Les 1 er et 2, le salon est grand public, les 3 et 4,il est réservé aux professionnels. Une c<strong>en</strong>taine de stands et sept confér<strong>en</strong>ces : l commerce équitable, de quoi parle-t-on ? l souveraineté alim<strong>en</strong>taireet régulation mondiale du commerce l commerce équitable, simple consommation ou moy<strong>en</strong> d’un développem<strong>en</strong>t durable l les garanties d’un commerceéquitable (normalisation ou régulation) l commerce équitable : une nouvelle organisation du travail ? l filière commerciale et coopérationdéc<strong>en</strong>tralisée”. Des ateliers aborderont d’autres thèmes : l pouvoir, médias et pratiques culturelles l commerce équitable et transpar<strong>en</strong>ce financièrel distribution classique (grandes surfaces, internet, par correspondance…) et alternatives l commerce équitable, religion et laïcité l la filière textilel monter une structure de commerce équitable… Minga, 6, rue Arnold-Géraux, 93450 Ile-Saint-D<strong>en</strong>is, tél : 01 48 09 92 53.SILENCE N°328 Octobre 200538


DRDRDép<strong>en</strong>ses militairesEn 2003, le budget de la déf<strong>en</strong>se aux USA était de 417 milliardsde dollars (47% des dép<strong>en</strong>ses mondiales !) soit 1419 dollars parhabitant. En Europe (des quinze), il était de 171 milliards (376 dollarspar habitant). Au Japon, de 47 milliards (367 par habitant). EnChine de 33 milliards (mais seulem<strong>en</strong>t 25 par habitant). En Russie de13 milliards (91 par habitant). En Inde, 12,4 milliards (12 par habitant).En 2004, les dép<strong>en</strong>ses militaires mondiales ont dépassé les 1000 milliardsde dollars. Alors que les deux tiers de la planète viv<strong>en</strong>t avecmoins de 350 dollars par an, cela représ<strong>en</strong>te 125 dollars par habitant.Petite phrase“Ri<strong>en</strong> n’est plus beau qu’un militaire,Ils ont toujours gagné la guerre,Souv<strong>en</strong>t massacré les civils,Alors que rarem<strong>en</strong>t les civils,Ont massacré les militaires”.Sarclo disque “on leur doit des<strong>en</strong>fants si doux” 1998Rapatriem<strong>en</strong>t des soldats américains.Bush de plus<strong>en</strong> plus seulLe gouvernem<strong>en</strong>t américain vaavoir de plus <strong>en</strong> plus de mal àm<strong>en</strong>er la guerre <strong>en</strong> Irak et <strong>en</strong>Afghanistan. D’une part, l’opinionpublique américaine est de plus<strong>en</strong> plus rétic<strong>en</strong>te, estimant quel’occupation iraki<strong>en</strong>ne n’a pasdiminué pour autant la m<strong>en</strong>aceterroriste. D’autre part, la guérillasemble de plus <strong>en</strong> plus efficacesur place et le nombre dedécès, blessés et rapatriés psychiatriquesest <strong>en</strong> hausse régulière(10% des soldats américainsdevi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t fous !). Ensuite, plusieurspays se sont retirés de lacoalition et il ne reste concrètem<strong>en</strong>tque deux gros souti<strong>en</strong>s : laGrande-Bretagne et l’Italie (prochainecible des kamikazes ?). Et<strong>en</strong>core, les pays musulmanscomme le Kirghizistan etl’Ouzbékistan qui avai<strong>en</strong>t autoriséla prés<strong>en</strong>ce de bases militairesprès des frontières afghanes ontdemandé le retrait des troupesaméricaines d’<strong>ici</strong> la fin de l’année.Enfin, les Talibans ont reprisdu poil de la bête et <strong>en</strong>Afghanistan aussi les militairesUS tomb<strong>en</strong>t les uns après lesautres.Essaisnucléairesn Premiers malades reconnus.André Mézières, 65 ans aujourd’hui,était soldat lors des essaisnucléaires qui ont eu lieu dans leSahara algéri<strong>en</strong> au début desannées 60. Il souffre aujourd’huide polymyosite, une maladie musculaireparalysante. Avec le souti<strong>en</strong>de l’AVEN, association desvictimes des essais nucléaires, ilavait demandé au tribunal que samaladie soit reconnue comme liéeaux essais nucléaires. Le 6 juin,le tribunal de Tours lui a donnéraison, lui accordant une p<strong>en</strong>sionà vie. C’est la première fois qu’unjugem<strong>en</strong>t accepte de lier maladieet essais nucléaires… Le 13 juin,le tribunal de Brest a accordéaussi une p<strong>en</strong>sion à vie à unanci<strong>en</strong> off<strong>ici</strong>er victime d’un cancerde la thyroïde. Plus de 200autres militaires att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t actuellem<strong>en</strong>tle même jugem<strong>en</strong>t.n Mission d’<strong>en</strong>quête. Le nouveaupouvoir <strong>en</strong> Polynésie a décidéd’ouvrir une <strong>en</strong>quête off<strong>ici</strong>ellesur les conséqu<strong>en</strong>ces des essaisnucléaires. La présid<strong>en</strong>ce de lacommission chargée de m<strong>en</strong>ercette <strong>en</strong>quête a été confiée àBruno Barillot, animateur duCDRPC, C<strong>en</strong>tre de docum<strong>en</strong>tationet de recherche sur la paix et lesconflits, c<strong>en</strong>tre qui depuis desannées multiplie les révélationssur les retombées des essais.Manifestationsdu 6 aoûtPour le soixantième anniversairedu bombardem<strong>en</strong>t d’Hiroshima,<strong>en</strong>viron 250 personnes ont manifestédevant le chantier du futurlaser Mégajoule au Barp, près deBordeaux. Les manifestantsdénonc<strong>en</strong>t un outil prévu pourmoderniser les bombes atomiques<strong>en</strong> contradiction avec le traité d<strong>en</strong>on-prolifération pourtant signépar la France qui prévoitSILENCE N°32839Octobre 2005DRRassemblem<strong>en</strong>t à l’Ile-Longue.la dénucléarisation de ceux quipossèd<strong>en</strong>t l’arme atomique.Une marche pour la paix a réuniune tr<strong>en</strong>taine de personnes àColmar pour dénoncer les risquesdu nucléaire.Plus de 300 personnes ont manifestéà Brest contre la prés<strong>en</strong>cedes sous-marins nucléaires del’Ile-Longue.EuropeP A R I SSalon internationaldes initiatives de paixAprès une première édition <strong>en</strong>juin 2004, une deuxième est <strong>en</strong>préparation du 2 au 4 juin 2006 auc<strong>en</strong>tre des congrès de la Villette,à la cité des sci<strong>en</strong>ces et de l’industrie.Le premier était très (trop)catholique et prés<strong>en</strong>tait 114 exposants.Espérons que la deuxièmeédition sera plus ouverte aux autresinitiatives de paix, et respecteraainsi sa propre charte : “le rejet detoute forme de discrimination” : onaimerait y voir les mouvem<strong>en</strong>tspacifistes. Coordination française dela déc<strong>en</strong>nie, 148, rue du Faubourg-Saint-D<strong>en</strong>is, 75010 Paris,tél : 01 46 33 41 56.Paixn Discours pour la paix.Le 8 mai dernier, pour marquerles soixante ans de la fin de ladeuxième guerre mondiale, le présid<strong>en</strong>tdu Parlem<strong>en</strong>t europé<strong>en</strong> surle thème du plus jamais ça a prononcéun discours <strong>en</strong> faveur dela paix, de la justice et de la toléranceet de déclamer : “Cesvaleurs sont irréversibles car ellessignifi<strong>en</strong>t que plus jamais nousn’aurons recours aux armes pourrégler nos différ<strong>en</strong>ds”.Au même mom<strong>en</strong>t, la Commissioneuropé<strong>en</strong>ne, celle qui a le vraipouvoir, essaya de faire adopter<strong>en</strong> force une constitution dontl’article I-41 précise : “Les Etatsmembres s’<strong>en</strong>gag<strong>en</strong>t à améliorerprogressivem<strong>en</strong>t leurs capacitésmilitaires. Il est institué uneAg<strong>en</strong>ce dans le domaine du développem<strong>en</strong>tdes capacités dedéf<strong>en</strong>se, de la recherche, desacquisitions et de l’armem<strong>en</strong>t”.n Charabia. Les t<strong>en</strong>tatives decompromis <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>test<strong>en</strong>dances au sein de l’Europeconduis<strong>en</strong>t à des formulationsubuesques. Ainsi l’Ag<strong>en</strong>ce dedéf<strong>en</strong>se europé<strong>en</strong>ne doit sout<strong>en</strong>ir“une approche holistique civilomilitaire”.Pour faire une guerreglobale non-viol<strong>en</strong>te ? (Unionpacifiste, juillet 2005)


SociétéL Y O NSarkoland <strong>en</strong> avant-première !Le samedi 30 avril dernier, à Lyon, une manifestive se déroulait dansles rues de Lyon. Des vitres ont été cassées dans un commissariataffecté à la vidéo-surveillance par quatre personnes masquées. Des pol<strong>ici</strong>ers<strong>en</strong> civil charg<strong>en</strong>t alors la manifestation place des Terreaux, la placec<strong>en</strong>trale devant la mairie. Des personnes essai<strong>en</strong>t de s’interposer dontVirginie qui se fait embarquer. Elle se fait matraquer, traîner par lescheveux et se pr<strong>en</strong>d une décharge d’un taser, un pistolet qui lance desdécharges de 50 000 volts. La manifestation se termine à Saint-Jeandans le Vieux-Lyon. Alors que les personnes se dispers<strong>en</strong>t, les CRS intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tà nouveau et embarqu<strong>en</strong>t quelques manifestants. Six personnesrest<strong>en</strong>t finalem<strong>en</strong>t arrêtées et pass<strong>en</strong>t <strong>en</strong> comparution immédiate lelundi suivant. Virginie se voit accusée de “rébellion”, “appel à l’émeute”“viol<strong>en</strong>ce volontaire sur ag<strong>en</strong>ts des forces de l’ordre” et d’avoir “t<strong>en</strong>téde dérober une arme à un pol<strong>ici</strong>er”. Les autres se voi<strong>en</strong>t accusés de“viol<strong>en</strong>ces volontaires avec armes par destination sur personnes dépositairesde l’autorité publique” (<strong>en</strong> français : avoir jeté des objets sur lespol<strong>ici</strong>ers). Les six demand<strong>en</strong>t le report du procès ce qui est accepté,mais quatre dont Virginie sont maint<strong>en</strong>us <strong>en</strong> dét<strong>en</strong>tion prév<strong>en</strong>tive. Lesassociations collect<strong>en</strong>t alors les photos et vidéos faites au mom<strong>en</strong>t desincid<strong>en</strong>ts. Une vidéo a filmé l’interpellation de Virginie. Le 25 mai, lorsd’une nouvelle audi<strong>en</strong>ce, les juges annonc<strong>en</strong>t que malheureusem<strong>en</strong>t lesbandes des vidéos de surveillance de la place des Terreaux ont été effacées(c’est la police qui les gère !), mais ils sont obligés de constater <strong>en</strong>voyant photos et vidéos fournis par la déf<strong>en</strong>se qu’il y a un problème. Uninculpé qui a reconnu des jets de cannettes est condamné à 6 mois deprison dont 4 avec sursis et 1250 € d’am<strong>en</strong>de, un autre qui a reconnuavoir r<strong>en</strong>versé une poubelle pleine alors que les pol<strong>ici</strong>ers le poursuiv<strong>en</strong>t,est condamné à 4 mois ferme égalem<strong>en</strong>t. Un troisième est condamné à4 mois dont 2 avec sursis. Pour les trois autres, les juges demand<strong>en</strong>tune <strong>en</strong>quête à l’IGPN, la police des polices et le jugem<strong>en</strong>t est reporté au6 juillet. Ce jour-là, après 7 h d’audi<strong>en</strong>ce, la version des pol<strong>ici</strong>erss’écroule peu à peu et finalem<strong>en</strong>t, Virginie est relaxée. Virginie aura doncfait 22 jours de prison pour n’avoir ri<strong>en</strong> fait d’autre qu’essayer de calmerles pol<strong>ici</strong>ers. Le l<strong>en</strong>demain, procès des deux derniers : l’<strong>en</strong>quête del’IGPN confirme que l’un des deux n’était pas à la manifestation et quel’on voit l’autre sur une vidéo <strong>en</strong> train d’essayer de calmer des personnesqui veul<strong>en</strong>t <strong>en</strong> découdre. Ils sont eux aussi relaxés. La conclusion decela : les flics ont embarqué n’importe qui parce qu’ils avai<strong>en</strong>t l’ordrede procéder à des interpellations. Et ils ont <strong>en</strong>suite construit un scénariopour les accusations. (site rebellyon.info)Mahl<strong>en</strong>G R E N O B L ESquats expulsés,ville aseptiséeLe 2 août dernier, deux grands squats politiques gr<strong>en</strong>oblois,les 400 couverts et La Kanaille ont étéexpulsés par la force. Des personnes y ont fait revivredes maisons abandonnées <strong>en</strong> y habitant et <strong>en</strong> y développantdes activités hors des circuits marchands et institutionnels,de manière autogérée : partage des tâches, part<strong>ici</strong>pationde chacun-e aux décisions et organisation collective.Plusieurs lieux avai<strong>en</strong>t déjà été expulsés lesannées précéd<strong>en</strong>tes : le CPA, la Loupiotte, la Charade,La Flibustière, Golgotha…Les 400 Couverts, c’était une traverse de c<strong>en</strong>tre ville avec six maisonssquattées depuis l’automne 2001 par une vingtaine de personnes et unlieu public, le Chapitonom, où se sont déroulés une c<strong>en</strong>taine d’événem<strong>en</strong>tsà prix libre (débats, ateliers, concerts, spectacles…). S’y trouvai<strong>en</strong>tégalem<strong>en</strong>t un four à pain, une yourte mongole, un atelier de filtraged’huile de tournesol (pour expérim<strong>en</strong>ter les moteurs à huile), un infokiosque(une bibliothèque alternative), une zone de gratuité (où chacunepeut se servir et déposer ceux dont il/elle ne se sert pas), un jardinpotager, une pharmacie axée sur la médecine alternative et les plantesméd<strong>ici</strong>nales, etc.A l’automne 2004 plusieurs autres squats, plus petits, avai<strong>en</strong>t étéouverts : La Mèche, Resistor, le Schmogul, La Mordue, La Boum…L’hôtel La Kanaille datait de mai 2005. C’était un lieu d’habitationpour une quinzaine de personnes qui accueillait diverses activités(perman<strong>en</strong>ce hebdomadaire juridique sur les squats, resto vegan, projections…).La Mairie socialiste de Gr<strong>en</strong>oble, propriétaire de la plupart des bâtim<strong>en</strong>tssquattés, a, pour certains lieux, timidem<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>té de proposeraux squats des arrangem<strong>en</strong>ts (conv<strong>en</strong>tiond’occupation de quelques mois, relogem<strong>en</strong>ttemporaire) qui ne correspondai<strong>en</strong>t pas à ladémarche des personnes prés<strong>en</strong>tes. La Mairiea donc int<strong>en</strong>té un procès à chacun dessquats, affirmant ainsi sa volonté de s’<strong>en</strong>débarrasser.Des actions se sont multipliées : manifestationde 500 personnes dans Gr<strong>en</strong>oble, festivalet activités dans les lieux occupés, occupationsde locaux et mairies PS, repas de quartiers…Les procès ont tous débouché sur un avisd’expulsion immédiate. Aux 400 couverts età La Kanaille, les portes et les f<strong>en</strong>êtres desmaisons ont été soigneusem<strong>en</strong>t barricadées.La mun<strong>ici</strong>palité a <strong>en</strong>voyé un médiateur ayant pour mission de convaincreles squatteur-euse-s de “quitter les locaux avec le sourire”.Après les vagues provoquées par l’évacuation des “écocitoy<strong>en</strong>s” perchésdans les arbres du parc Paul Mistral pour protester contre l’ext<strong>en</strong>siond’un stade, la mairie a cette fois att<strong>en</strong>du le creux de l’été pour <strong>en</strong>voyer,le 2 août 2005, plus de 200 g<strong>en</strong>darmes et pol<strong>ici</strong>ers pour l’expulsionsimultanée des deux lieux. Il leur a fallu quatre heures pour v<strong>en</strong>ir à boutde la résistance des occupant-e-s : nacelles et grande échelle des pompierspour aller chercher les squatteur-euse-s sur les toits.Au final ni blessés ni arrestations (juste des contrôles d’id<strong>en</strong>tité) et unemanifestation sauvage dans le c<strong>en</strong>tre de Gr<strong>en</strong>oble qui rassembla dans lafoulée une c<strong>en</strong>taine de personnes.Pour effacer ces lieux d’expérim<strong>en</strong>tation sociale et de contestation, laMairie use d’un argum<strong>en</strong>t facile : sa volonté de construire des logem<strong>en</strong>tssociaux à leur place. Cela permet de masquer les faiblesses des budgetsconsacrés aux logem<strong>en</strong>ts sociaux, ridicules à côté de ceux alloués à lacommunication ou à des constructions de prestige. Quant aux squatters,ils et elles prépar<strong>en</strong>t de nouveaux projets car “il faudra plus d’un bulldozerpour nous faire taire”.Expulsions du squat des 400 Couverts.DRSILENCE N°328 Octobre 200540


De fil <strong>en</strong> aiguilleSuite à un courrier d’une lectrice (été 2005), la société Bergère de Franc<strong>en</strong>ous fait savoir que ses magasins sont <strong>en</strong> bonne santé et “ne ferm<strong>en</strong>t pasles uns après les autres”. Dont acte.Avion et CO2Dans un article du n°324, vous parlezde rejet de CO2 par heure de vol à hauteurde 125 kg. Il convi<strong>en</strong>t de préciserque ce chiffre est par heure de vol etpar passager.Pour un gros porteur transportant unpeu plus de 300 passagers, on est àprès de 40 tonnes d’émission par heure(…) et une consommation de 7200litres de kérosène.En comparaison, une voiture produit<strong>en</strong>viron 200 g de CO2 par kilomètre <strong>en</strong>consommant <strong>en</strong>viron 0,07 litres parkilomètre soit près de 3 kg par litred’ess<strong>en</strong>ce consommé. (…)DécroissancePatrice Davi nHauts-de-Seine.A propose de la décroissance. Les t<strong>en</strong>ants de ce mouvem<strong>en</strong>t expliqu<strong>en</strong>t,avec raison, que la société occid<strong>en</strong>tale contemporaine, basée sur uneconfiance absolue <strong>en</strong> la technologie, court à sa perte. Il faudrait parexemple rev<strong>en</strong>ir à une médecine prév<strong>en</strong>tive (éloigner les MacDonald’s d<strong>en</strong>otre culture) et naturelle (utiliser des herbes autant que possible).J’aimerais toutefois avoir votre opinion <strong>en</strong> ce qui concerne le traitem<strong>en</strong>tcontre le cancer par exemple, une maladie qui n’est pas nécessairem<strong>en</strong>tliée à notre mode de vie. Dans ce cas précis, la technologie — parfoisbasée sur la recherche nucléaire — a permis de sauver des vies. Je voiségalem<strong>en</strong>t un accrochage, non un conflit, <strong>en</strong>tre les acquis démocratiquesdes dix-neuvième et vingtième siècle et l’application de la décroissance parla société. Je parle <strong>ici</strong> de la totale liberté d’expression. Il est un fait quel’opinion publique est modelée par la communication de masse. De lapubl<strong>ici</strong>té qui nous invite à consommer toujours plus aux émissions de téléréalitéqui insist<strong>en</strong>t sur la compétitivité et la performance au détrim<strong>en</strong>t desmoins forts. La télévision est le plus important vecteur de diffusion de latyrannie consumériste et de l’uniformisation culturelle, <strong>en</strong> particulier desvaleurs américaines. Que faire dans un tel cas ? Les citoy<strong>en</strong>s n’abandonnerontpas leurs postes de télévision <strong>en</strong> un seul jour. La seule solution seraitalors une “c<strong>en</strong>sure” politique. (…) Faut-il pour rétablir la démocratie,r<strong>en</strong>oncer à certains droits considérés comme inaliénables ? (…)Sylvain Rey nHaute-SavoieS!l<strong>en</strong>ce : sur la question des cancers, les dernières études estim<strong>en</strong>t qu’ilsprovi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à au moins 70% de notre mode de vie et de notre expositionà un <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t pollué (certains cancérologues parl<strong>en</strong>t de 90%).Assurer un <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t sain, coûterait moins cher, mais mettrait auchômage tous ceux qui profit<strong>en</strong>t de l’industrie liée aux cancers. Quant auxcancers qui év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t resterai<strong>en</strong>t, la littérature des médecines doucesraconte de multiples exemples de guérison par différ<strong>en</strong>tes méthodes…qu’il faudrait étudier sérieusem<strong>en</strong>t avant d’avoir recours à la chimie etaux rayonnem<strong>en</strong>ts (le jeûne et le travail psychologique, deux activités quine coût<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong>, sembl<strong>en</strong>t avoir de bons résultats). Concernant la démocratie,il serait nécessaire de la redéfinir <strong>en</strong> considérant la solidarité dansl’espace (arrêter le pillage dans le Sud) et dans le temps (ne pas détruirela planète de nos <strong>en</strong>fants).Leconte à la Nef (1)Au sujet de la prés<strong>en</strong>ce de ce monsieur Leconte à la Nef, j’ai d’abord étéinterrogateur et puis je me suis dit que ce monsieur devrait bénéf<strong>ici</strong>er d’uncrédit d’honnêteté, car même s’il a fait toute sa carrière au CEA,il peut faire un bon travail à la Nef.Et puis il y a eu cette lettre d’un des lecteurs, monsieur Claude Robert quirelatait (juillet 2005), un contact verbal avec M. Leconte et il apparaîtque ce dernier ne reconnaît pas les conséqu<strong>en</strong>ces de la catastropheDRCourrierde Tchernobyl, conséqu<strong>en</strong>ces maintes fois démontrées par la réalité surplace : 500 000 <strong>en</strong>fants <strong>en</strong> souffrance par les faibles doses de césium 137ingérés quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t dans la nourriture, le Pr Bandajevsky <strong>en</strong> prisonpour avoir montré la relation <strong>en</strong>tre les pathologies et ces ingestions, le PrNester<strong>en</strong>ko qui a échappé à deux att<strong>en</strong>tats, les cancers de la thyroïde quin’arrêt<strong>en</strong>t pas de croître <strong>en</strong> Europe et <strong>en</strong> France, les ministres de la santéd’Ukraine et de Biélorussie qui reconnaiss<strong>en</strong>t des dizaines de milliers demorts parmi les liquidateurs… Y a-t-il vraim<strong>en</strong>t un débat à ce sujet ?Il faut croire que oui puisque M. Leconte ex-CEA, IRSN, nie tout cela.Nous avons donc à faire à un négationniste comme d’autres l’ont fait pourles camps de conc<strong>en</strong>tration nazis, à la différ<strong>en</strong>ce près que pour la Shoah,c’était il y a cinquante ans, alors que la réalité de Tchernobyl,c’est aujourd’hui.M. Leconte se défausse <strong>en</strong> écrivant (S!l<strong>en</strong>ce de mai 2005) qu’il a “t<strong>en</strong>uà ce que les sociétaires de la Nef connaiss<strong>en</strong>t son li<strong>en</strong> professionnel avec leCEA”… Après tout cela est peut-être dans l’ordre des choses. Ne soyonspas naïfs. Rappelez-vous le commandant Mafart et la capitaine Prieur quiavai<strong>en</strong>t noyauté Gre<strong>en</strong>peace il y a vingt ans… avec comme résultat leRainbow-Warrior coulé et le photographe Fernando Pereira tué dansl’att<strong>en</strong>tat (…) Depuis, il y a eu le rachat par Areva des éoli<strong>en</strong>nes Jeumont-Industrie, le CEA qui a pris le leadership de la filière photovoltaïquefrançaise… (…)Finalem<strong>en</strong>t qu’un membre de la nom<strong>en</strong>klatura du CEA/IRSN <strong>en</strong>tre commeprésid<strong>en</strong>t du conseil de surveillance de la banque coopérative Nef est dansl’ordre des choses. Ce qui pose plus de questions, c’est que ce monsieur ysoit <strong>en</strong>tré avec l’ass<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t et la caution des autres dirigeants de la Nef(…)Dominique Weiss nLoire-Atlantique.Leconte à la Nef (2)(…) Je suis avec intérêt le débat concernant les li<strong>en</strong>s de M. PhilippeLeconte de la Nef avec le CEA. Un profond doute m’<strong>en</strong>vahit quant à son<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t personnel aux côtés de milliers de personnes désirant vivre demanière écologique et solidaire.(…) Notre association dispose de deux comptes à la Nef. (…) Je me solidarisecomplètem<strong>en</strong>t avec M. Claude Robert de Paris qui demande ladémission de vos fonctions dans le numéro 325/326 de S!l<strong>en</strong>ce. (…)François Carriat nPuy-de-Dôme.Leconte à la Nef (3)J’ai un compte à la Nef. Leconte à la Nef, cela doit-il nous inquiéter ?Je ne connais pas ce personnage et suis donc obligé, si je veux me faireune opinion, de m’<strong>en</strong> remettre aux textes dont je dispose.(…) Dans Vif-Arg<strong>en</strong>t n°37, M. Leconte dit être le directeur des programmesde recherche pour la gestion des déchets radioactifs. Il fautreconnaître que pour les écologistes que nous sommes ou que nousessayons d’être, cela ne pouvait pas être pire ! Dans Vif-Arg<strong>en</strong>t n°38,du même, un petit article sur “les bi<strong>en</strong>s communs” ne brille pas par saprofondeur d’analyse et laisse pour le moins perplexe au vu de la professionde l’auteur et n’est pas exempt d’approximations quand on a quelquesnotions… durables : cet article n’arrange ri<strong>en</strong>… bi<strong>en</strong> au contraireet il r<strong>en</strong>d tout à fait plausible les propos qu’on lui prête.Dans S!l<strong>en</strong>ce n°323, S!l<strong>en</strong>ce écrirait “Elle (la Nef) vautplus que nos histoires respectives”, on ne peut qu’être d’accordavec cela, mais alors pourquoi, juste avant, <strong>en</strong>voie-t-ilune pique parfaitem<strong>en</strong>t inutile (et tout à fait personnelle)à son détracteur ? Si cela est vraim<strong>en</strong>t de lui, ce n’estpas très cohér<strong>en</strong>t… au minimum !Enfin, dans S!l<strong>en</strong>ce 325-326, M. Robert nous affirme que M. Leconte souti<strong>en</strong>tqu’à Tchernobyl la surmortalité de la population n’est pas due à laradioactivité ! Ce qui explique que notre homme peut, sans problème, êtremembre de l’IRSN qui minimise le nombre de victimes que nous pourrionscraindre d’un accid<strong>en</strong>t nucléaire <strong>en</strong> France. Ici, au moins, il est <strong>en</strong> accordavec lui-même… Mais pour le meilleur.Des quelques lignes qui précèd<strong>en</strong>t, je crois que l’on peut dire que M.Leconte n’est pas écologiste (<strong>en</strong> tout cas pas comme on les conçoit àS!l<strong>en</strong>ce), qu’il est adepte du grand écart, voire maître es cloisonnem<strong>en</strong>t(…). Je p<strong>en</strong>se pourtant que demander la démission de M. Leconte n’estpas une solution au problème qu’il pourrait poser à certaines personnes.En effet, la situation actuelle est issue d’une cooptation. Il faut donc bi<strong>en</strong>admettre que si sa place n’est pas là, tous ceux qui ont contribué à luiaccorder sont fautifs et qu’ils ne peuv<strong>en</strong>t se retrancher derrièreSILENCE N°328 Octobre 200541


Courrierun “on ne savait pas” sans avouer leur légèreté (à moins que la présid<strong>en</strong>cedu conseil de surveillance ne soit qu’un titre honorifique !).[Quelles que soi<strong>en</strong>t les raisons de son arrivée à ce poste] je ne p<strong>en</strong>se passortir de la Nef car les prêts accordés me sembl<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> mieux attribuésque si j’étais au crédit avicole qui plume ou à la banque populeuse quisaigne… mais ri<strong>en</strong>, dans ce monde, n’est définitif ! (…)Patrice Dujardin nBouches-du-Rhône.S!l<strong>en</strong>ce : plusieurs autres lecteurs nous ont <strong>en</strong>voyé le double de leurscourriers à la Nef et les réponses de celle-ci. La Nef rappelle que PhilippeLeconte y est prés<strong>en</strong>t depuis sa création, qu’il amène un plus par ses compét<strong>en</strong>ces,qu’il a l’esprit large, qu’il a sout<strong>en</strong>u le part<strong>en</strong>ariat <strong>en</strong>tre la Nefet le Réseau Sortir du nucléaire, qu’il est personnellem<strong>en</strong>t pour la sortiedu nucléaire… mais ne creuse pas le côté problématique du mainti<strong>en</strong>d’une double activité Nef et institution nucléaire.Où sontles princes charmants ?L’idée que je me fais de la revue Sil<strong>en</strong>ce a des prét<strong>en</strong>tions éthiques élevées.Mais certainem<strong>en</strong>t que ce qui me dérange et dont je vais parler, estdû au fait que ce sont des hommes ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t qui la gèr<strong>en</strong>t, et peutêtreavec des femmes qui se tais<strong>en</strong>t.Je lis <strong>en</strong>core, dans les petites annonces “r<strong>en</strong>contre” du numéro été 2005,deux demandes parfaitem<strong>en</strong>t déplacées, si tant est qu’elles pourrai<strong>en</strong>tavoir une place ailleurs que dans des cerveaux grossièrem<strong>en</strong>t misogynes.Il s’agit de jeunes hommes de plus de 40 ans, souv<strong>en</strong>t plus de 50, qui cherch<strong>en</strong>tdes femmes de 10 à 30 ans de moins qu’eux (et douces surtout !).Didier (Gard) s’obstine depuis le début de l’année (4 ou 5 annonces), avecvotre accord, s’apercevant à 42 ans qu’il voudrait avoir des <strong>en</strong>fants. Si lafemme devait avoir de 25 à 40 ans au départ, la tranche (de chair) s’estraccourcie à 38 ans dernièrem<strong>en</strong>t. Pour vous dire le niveau, ce jeunehomme à qui j’ai transmis mes remarques, s’autorise à répondre que, <strong>en</strong>tant qu’homme il peut <strong>en</strong>core avoir des <strong>en</strong>fants (na na nère !). Un tel désird’<strong>en</strong>fant me paraît déjà très suspect, et de toute façon indéc<strong>en</strong>t quand il <strong>en</strong>appelle à 17 années de rajeunissem<strong>en</strong>t. Alors que l’équipe de Sil<strong>en</strong>ce prét<strong>en</strong>d“ne pas passer les annonces qui lui déplais<strong>en</strong>t” je suis étonnée etoffusquée : au contraire elles ont t<strong>en</strong>dance à se répéter (…)Ces annonces ne nous appr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> sur l’état d’esprit dont il est questionet que nous connaissons toutes, surtout quand nous dev<strong>en</strong>ons ce qu’onappelle une “vieille peau”. Et oui, c’est bi<strong>en</strong> de cela qu’il s’agit ! L’objetdu désir, la femme réduite à la chair doit être ferme, t<strong>en</strong>due, lisse... (etdécolorée ?). L’homme, <strong>en</strong> son démon de midi, ne supportant pas sonpropre reflet <strong>en</strong> elle quand le temps fait son œuvre de destruction, lafemme de ces hommes doit être la jeune mère qui les rajeunit et les<strong>en</strong>fants à v<strong>en</strong>ir auront la lourde charge, eux aussi, de faire oublier lesravages inacceptables sur les chairs de ce père attardé.Quel manque de considération, quel désert d’élégance morale, queldénuem<strong>en</strong>t de respect, quelle abs<strong>en</strong>ce d’amour !Lacan disait “un homme est prêt à tout pour faire l’amour, même aimer ;une femme est prête à tout pour aimer, même faire l’amour”. Quand lafemme aime, l’homme ne fait que désirer : et l’on compr<strong>en</strong>d pourquoi lescouples se form<strong>en</strong>t sur des mal<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dus. Et quand la femme ne correspondplus à l’objet du désir qui doit rester jeune, il est normal de tourner sesregards ailleurs. Jamais très haut ! Je rappelle que ce sont les femmes quiau Moy<strong>en</strong> Age, du temps des troubadours, ont inv<strong>en</strong>té l’amour : le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t,(lire “L’érotique des troubadours” de R<strong>en</strong>é Nelli, éd. Privât, 1963).On n’a pas toujours éprouvé ces<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t dans notre culture,et il est des cultures où ces<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t n’existe pas.Quand le poète disait : “lafemme est l’av<strong>en</strong>ir de l’homme”,sur cette question desrapports homme/femme, celane fait aucun doute.Je résumerai trivialem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>disant que quand l’homme secont<strong>en</strong>te d’une râpe mécaniqueet fantasme sur le stringde sa secrétaire, sa femmeatt<strong>en</strong>d vainem<strong>en</strong>t les motsd’amour... (p<strong>en</strong>sez au mailde votre amant !). Quand les hommes cesseront d’oublier que le vagin de lafemme est très peu innervé, ils feront peut-être l’amour avec amour ;quand ils feront autre chose que s’y masturber, ils connaîtront sans doutecette jouissance si puissante...De fil <strong>en</strong> aiguille, et puisque Sil<strong>en</strong>ce a pour objectif une amélioration desrelations humaines, j’insisterai sur le problème des femmes ménopauséesqui voi<strong>en</strong>t leur compagnon regarder du côté des chairs fraîches et souhaitele jour où il pourra desc<strong>en</strong>dre acheter des allumettes. Femmes seules à50 ans, vous êtes nombreuses qui allez le rester, à moins que vous n’acceptiezles propositions de ce jeune homme de 70 ans : le décalage perdurejusqu’au bout ! Quand les hommes sauront aimer, ils n’auront plus peur devieillir et n’abandonneront plus, c’est indigne, leurs compagnes de route àces mom<strong>en</strong>ts si diff<strong>ici</strong>les à vivre, où nous quitte l’insouciance.Je voudrais que l’on p<strong>en</strong>se aussi à comparer les relations vécues par leshomosexuels mâles à celles des lesbi<strong>en</strong>nes chez qui il n’y a pas cette frénésiede sexualité le plus souv<strong>en</strong>t sans amour. Il me semble qu’il y a quelquechose qui nous différ<strong>en</strong>cie des chi<strong>en</strong>s, c’est l’amour, et pas au s<strong>en</strong>s de lefaire mais de le ress<strong>en</strong>tir.L’homme est faible au regard de la perversion, il lui reste à s’humaniser.Mais peut-être y <strong>en</strong> a-t-il sur le versant féminin ?Je souhaite par ces dires ouvrir une porte à l’expression des femmes,paroles qui ne doiv<strong>en</strong>t pas rester confinées au divan du psychanalyste, etsurtout à celles qu’on ne considère plus comme femmes mais seulem<strong>en</strong>tcomme mères, puis grands-mères, ou bi<strong>en</strong> “vieilles filles”, et puis aller<strong>en</strong>core plus loin, du côté de la souffrance des vieilles, des vieux, qui n’ontplus que le regard de leur chi<strong>en</strong>. Jusqu’à l’<strong>en</strong>casernem<strong>en</strong>t à la maison deretraite où le chi<strong>en</strong> ne peut les suivre...A la casse les maisons de retraite !Agnès Vinc<strong>en</strong>t nAveyron.La Politique agricolecommuneLa PAC est une erreur majeure,écologiquem<strong>en</strong>t, financièrem<strong>en</strong>t,humainem<strong>en</strong>t... Il est temps deretrouver nos paysans et nosagriculteurs ; le temps des fermesà taille humaine.Aujourd’hui, je suis <strong>en</strong>touré d’exploitationsagricoles (exploitation...on a l’impression de rev<strong>en</strong>irà l’esclavage) où les exploitants agricoles sont payés, <strong>en</strong> grande partie,par des subv<strong>en</strong>tions — nos impôts — pour faire du productivisme à grandeéchelle. Ces exploitants agricoles sont obligés pour être compétitifs d’employertoujours plus de produits chimiques (insect<strong>ici</strong>des, pest<strong>ici</strong>des,<strong>en</strong>grais) dangereux pour la santé de l’homme (ils sont <strong>en</strong> première ligne).Tous ces produits dont on parle peu (on préfère insister sur les fumiers etautres lisiers), pollu<strong>en</strong>t, pollu<strong>en</strong>t tant et si bi<strong>en</strong> qu’actuellem<strong>en</strong>t la nappephréatique picarde est déclarée irrécupérable.De plus, ces exploitants agricoles produis<strong>en</strong>t des produits d’une qualitéparfois déplorable, je p<strong>en</strong>se <strong>en</strong>tre autres, aux fruits (…) cueillis verts bourrésde produits chimiques, souv<strong>en</strong>t sans saveur, parfois même carrém<strong>en</strong>tpas bons ; au blé non panifiable, à la viande impropre à la consommation(vache folle et autre...) ; au lait, <strong>en</strong> quantité que l’industrie et la publ<strong>ici</strong>ténous pouss<strong>en</strong>t à consommer (lire à ce sujet Le lait quelle vacherie !)...Tout est à l’av<strong>en</strong>ant.Grâce à tous ces produits de mauvaise qualité, les cancers et autres pathologieslourdes sembl<strong>en</strong>t augm<strong>en</strong>ter dans notre beau pays, creusant un peuplus le trou de la Sécu.Cette agriculture europé<strong>en</strong>ne, régie par la PAC <strong>en</strong>gloutit 40% du budgetde l’Europe (nos impôts). Cet arg<strong>en</strong>t pourrait peut-être avoir une autreutilité ailleurs, dans certains secteurs où les besoins sont criants !Autre bi<strong>en</strong>fait de la PAC, les exploitants agricoles produis<strong>en</strong>t pas cher (…)et sont donc très compétitifs vis-à-vis des pays du Sud. (…).La PAC est véritablem<strong>en</strong>t une merveille sortie d’esprits irresponsablesqu’il est temps de revoir sans plus tarder.Si vous avez des idées, faites-le savoir pour que nos paysans et nos agriculteursviv<strong>en</strong>t, pour que l’on respecte notre <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, pour que l’impôtne soit pas gaspillé, pour que l’on respecte les hommes et les femmesdu Sud.Pour que l’on puisse se nourrir <strong>en</strong> toute sécurité.Claude Garcia nMorbihan.DRSILENCE N°328 Octobre 200542


Des labels bioDans le numéro de juin, un article a particulièrem<strong>en</strong>tarrêté mon att<strong>en</strong>tion de par son cont<strong>en</strong>u ; il s’agit del’article sur Nature-et-Progrès écrit par CécileRousseau-Traoré. On y trouve plusieurs erreursou inexactitudes.Page 19, il est fait état de “divers assouplissem<strong>en</strong>tsimposés par les autorités” : le cahier des charges europé<strong>en</strong>n’impose aucun assouplissem<strong>en</strong>t mais fixe un cadreminima et n’empêche <strong>en</strong> aucun cas à une m<strong>en</strong>tion la possibilité d’êtreplus contraignante.Page 20, il est dit qu’à l’arrivé d’Ecocert, la bio s’est scindée <strong>en</strong> deux :ceux qui veul<strong>en</strong>t faire du blé avec la bio et les autres (les Nature-et-Progrès ?).Ecocert n’est qu’un des quatre organismes certificateurs agréés par l’Etatfrançais et n’a pas de pouvoir particulier sur le cont<strong>en</strong>u des cahiersdes charges.Il est aussi mis <strong>en</strong> avant la qualité des contrôles de Nature-et-Progrès<strong>en</strong> opposition aux contrôles “principalem<strong>en</strong>t administratifs des organismescertificateurs”.Les contrôleurs d’Ecocert sont, pour ceux que je connais, des professionnelscompét<strong>en</strong>ts, formés, et sont eux-mêmes contrôlés par la Répressiondes Fraudes.J’admets qu’il est sûrem<strong>en</strong>t agréable et convivial de se faire contrôler parun collègue accompagné d’un consommateur, mais un consommateur n’aaucune compét<strong>en</strong>ce pour cela, de même qu’un éleveur ou un arboriculteurn’est pas compét<strong>en</strong>t pour contrôler un maraîcher.Un passé réc<strong>en</strong>t nous a montré que les contrôleurs d’Ecocert ontCourrierles moy<strong>en</strong>s d’aller au bout d’un contrôle <strong>en</strong> y impliquant la Répression desFraudes et le fisc si nécessaire.Que peut faire Nature-et-Progrès lorsqu’un producteur continue à utiliserson logo alors qu’il n’est plus adhér<strong>en</strong>t ? Que fait Nature-et-Progrès lorsqu’ilappr<strong>en</strong>d qu’un anci<strong>en</strong> adhér<strong>en</strong>t est convaincu d’escroquerie et estmalgré tout prés<strong>en</strong>t sur les marchés de la région lyonnaise ?Je suis moi-même producteur de légumes avec certification Ecocert et nonadhér<strong>en</strong>t Nature-et-Progrès, mais je me s<strong>en</strong>s aussi compét<strong>en</strong>t, honnête etintègre que les adhér<strong>en</strong>ts de Nature-et-Progrès que je connais. (…)Dominique D<strong>en</strong>aux nMaraîcher bioLoire.Plus d’alternativesJe me réabonne avec plaisir à votre revue que je lis toujours avec beaucoupd’intérêt. J’aimerais avoir <strong>en</strong>core des dossiers sur la télé et lesmédias <strong>en</strong> général (voir les analyses de l’Acrimed et de l’OFM) pour analyserleur part dans l’<strong>en</strong>doctrinem<strong>en</strong>t des “masses” et aussi sur les mouvem<strong>en</strong>tsalternatifs <strong>en</strong> Europe et dans le monde. Pourquoi pas un tourd’Europe ? Je p<strong>en</strong>se que nous raisonnons <strong>en</strong>core trop franco-français.Marie-Christine De Murcia nDrôme.S!l<strong>en</strong>ce : nous essayons déjà de faire un tour de France avec un dossiertous les six mois. Par contre, nous avons des abonnés dans une tr<strong>en</strong>tainede pays : que ceux-ci n’hésit<strong>en</strong>t pas à nous <strong>en</strong>voyer des reportagessur les alternatives qu’ils connaiss<strong>en</strong>t.AnnoncesEntraid<strong>en</strong> Nous cherchons une sage-femme quipeut et voudrait bi<strong>en</strong> accompagner lanaissance de notre premier <strong>en</strong>fant,tout naturellem<strong>en</strong>t, à la maison. Il-elleest att<strong>en</strong>du-e autour du 28 février2006. Nous habitons dans le nord dela Loire. Tél : 04 77 63 00 65.Vivre <strong>en</strong>sembl<strong>en</strong> Cherchons part<strong>en</strong>aires pour achat(copropriété ou SCI) grande propriété,préfér<strong>en</strong>ce Char<strong>en</strong>tes, Poitou, V<strong>en</strong>dée,sud Bretagne, assurant logem<strong>en</strong>t indép<strong>en</strong>dantà chaque famille. Notre idée :restaurer bâtim<strong>en</strong>ts avec matériauxsains et énergies r<strong>en</strong>ouvelables ; ouvrirchambres d’hôtes, cultiver jardin/verger(bio) <strong>en</strong> commun et mutualiseréquipem<strong>en</strong>ts, déplacem<strong>en</strong>ts… Apportminimal initial 120 000 €. Jean-Pierre Cattelain, 1, rue du Ruisseau,25480 Ecole, p.cattelain@wanadoo.fr.n Femme, 50 ans, mariée, souhaitecollaborer avec couple ou personneseule au développem<strong>en</strong>t d’un projetécologique, solidaire, agriculture bioou transformation de produits bio, toutd’abord bénévolem<strong>en</strong>t contre logem<strong>en</strong>tpuis possibilité d’association et d’apportfinancier si le projet se développeet si <strong>en</strong>t<strong>en</strong>te cordiale bi<strong>en</strong> sûr.Martine, tél : 03 86 37 58 27.Recherch<strong>en</strong> Nous cherchons actuellem<strong>en</strong>t àconcrétiser un projet et nous aurionsbesoin de bonnes adresses <strong>en</strong> conseilsjuridiques, écologiques et comptabilité.Vo<strong>ici</strong> le projet : étant de formation <strong>en</strong>restauration, possédant le permis poidslourd, né dans le voyage et souhaitantmiliter pour les valeurs que déf<strong>en</strong>dS!l<strong>en</strong>ce, nous aimerions équiper un busavec le matériel minimum pour fairede la nourriture à emporter. Le painserait préparé et cuit sur place, issu defarine prov<strong>en</strong>ant d’un moulin artisanal,ne portant pas le label bio, maisd’une qualité certaine. Nous souhaitonstravailler <strong>en</strong> stock minimum, avecdes produits issus d’agriculture propre,viandes et légumes ; proposer unediversité de légumes, autre que les“frites” ; faire tourner un groupe électrogèneavec des huiles de friture ;avoir à bord un système de toilettessèches, le toit couvert de cellules photovoltaïques.Et si possible utiliserun carburant type gaz ou d’originevégétale…Comme tout le monde, nous avonsbesoin de gagner notre vie, mais l’<strong>en</strong>richissem<strong>en</strong>tmatériel n’étant pas le but,nous souhaiterions tourner du printempsà l’automne sur les festivalsdans toute l’Europe voire plus loin et,l’hiver v<strong>en</strong>u, utiliser les excéd<strong>en</strong>tsfinanciers pour nous installer au cœurdes villes et servir gratuitem<strong>en</strong>t desrepas de même qualité aux personnessans logis, sans ressources.Nous souhaitons que ce bus devi<strong>en</strong>neune démonstration “ambulante” deschoix possibles <strong>en</strong> matière d’alim<strong>en</strong>tation,de fonctionnem<strong>en</strong>t et faire untrait d’union pour tous ceux qui adhèr<strong>en</strong>tà nos idéaux.Nous cherchons un système de financem<strong>en</strong>tpour les investissem<strong>en</strong>tscomme cela existe pour le solaire.A qui s’adresser ? Nous travaillonsavec une personne du CRIF qui sembleintéressée par l’originalité et la solidephilosophie de cette idée. Existe-t-il uncadre juridique pour gagner sa vie etdans le même cadre, redistribuer gratuitem<strong>en</strong>tà ceux qui sont dans lebesoin ? Nous p<strong>en</strong>sons soll<strong>ici</strong>ter la Nefpour le financem<strong>en</strong>t, mais peut-êtrey a-t-il d’autres modes de financem<strong>en</strong>t? Merci d’avance pour lesr<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts que vous voudrezbi<strong>en</strong> nous fournir. Bernard Rodolphet Adeline, Lechamp, 48200 La Fage-Saint-Juli<strong>en</strong>.n Char<strong>en</strong>te-Maritime. Je cherche desadresses de boutiques de papier recycléprès de chez moi ou v<strong>en</strong>te par correspondance.Laur<strong>en</strong>ce Toursière, 5,rue de la Libération, 17480 LeChâteau-d’Oléron.n L’association le P’tit gavrocherecherche des personnes intéresséespour part<strong>ici</strong>per (même à distance) ausite-ressources www.guidaltern.orgdédié principalem<strong>en</strong>t aux médias etréseaux alternatifs. Au m<strong>en</strong>u :Annuaire thématique de plus de 400revues alternatives, radios libres, télésassociatives, sites solidaires, Guide2006, li<strong>en</strong>s ... Nous cherchons doncdes personnes ou correspondant-e-s(elles aussi bénévoles) pour <strong>en</strong>richir lesite et la Lettre d’informations avecdes informations, ou articles, lectures,photographies et illustrations d’autresrégions et pays, par exemple. Votrepart<strong>ici</strong>pation est la bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>ue ! Pournous contacter, merci d’écrire àLe P’tit gavroche, 9, rue desPierres-Plantées, 69001 Lyon,ptitgavroche@wanadoo.fr, tél :04 78 27 19 49 (demandez Esteban).Emploisn Ouvrier agricole cherche emploisalarié <strong>en</strong> agriculture biologique.Préfér<strong>en</strong>ce pour maraîchage, PAM ouvaches laitières. Toutes régions deFrance. Merci de votre appelau 05 65 62 86 63.Logem<strong>en</strong>tn Stagiaire cherche hébergem<strong>en</strong>tproche Marmillat (63) pour la périodeoctobre à mai contre modeste loyerou petits services. 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LivresAgricultureset paysanneriesdes tiers-mondesMarc DufumierEd. Karthala2004 - 600 p.Ingénieur agronome, l’auteur prés<strong>en</strong>teles systèmes de culture etd’élevage des pays du Sud. Adiversité de situations, diversitéde pratiques. Et contrairem<strong>en</strong>t àce que veut nous faire croire lediscours dominant, ces méthodessont souv<strong>en</strong>t très élaborées etadaptées aux écosystèmes.Malheureusem<strong>en</strong>t, la mondialisationcroissante des échanges (et<strong>en</strong> particulier la consommationde viande dans les pays du Nordqui absorb<strong>en</strong>t 40% des céréalesdu monde <strong>en</strong>tier), l’impact desfirmes multinationales qui, sousprétexte de développem<strong>en</strong>t,détruis<strong>en</strong>t ces savoir-faire, <strong>en</strong>développant les cultures d’exportationavec force motorisation,<strong>en</strong>grais, sem<strong>en</strong>ces sélectionnées etcultures d’exportation. Ce développem<strong>en</strong>ta provoqué un importantexode rural qui risque d’êtredéfinitif. L’auteur prône un plusgrand respect de l’agriculturepaysanne, la prud<strong>en</strong>ce vis-à-vis dela mécanisation, la nécessité ded’abord produire pour l’autosuffisanceet de favoriser les conditionsde vie locales, nécessairepour assurer une stabilisationdémographique. MB.L’abattoir...Agirautrem<strong>en</strong>tGil RaconisEd. OABA, Œuvre d’assistanceaux bêtes d’abattoir,10, place Léon-Blum,75011 Paris2004 - 156 p. - 20 €L’abattoir... Agir autrem<strong>en</strong>t estun livre à mettre sur son assiettepour ne pas se s<strong>en</strong>tir trop bi<strong>en</strong>dedans. C’est un livre plus de problèmessolubles que de solutionsparfaites et l’auteur ne se noiepas dans le larmoyant, ni l’antropomorphisme.La fin du principe de l’abattoirsera probablem<strong>en</strong>t celle de la vie,<strong>en</strong> tout cas pour les chi<strong>en</strong>s, chatset autres carnivores non autonomes,donc probablem<strong>en</strong>t la finde l’homme “civilisé”. Cet ouvragecomporte un réquisitoireopportun contre l’abattage ritueldes religieux juifs et musulmans,intimem<strong>en</strong>t associés dans cettecruauté aussi immonde qu’inutileet, qui plus est, illégale. Mais, là<strong>en</strong>core, le gouvernem<strong>en</strong>t ferme lesyeux ce qui ne nous oblige pas àfermer les nôtres, ni à voter pourlui. Brigitte Bardot <strong>en</strong> vi<strong>en</strong>t ànous paraître moins arriérée qu<strong>en</strong>ombre d’imans et rabbins. C<strong>en</strong>’est pas être raciste que dedénoncer le sadisme juif oumusulman. Le choix du végétarismeest évoqué, avec ses limites desolution partielle, sans insistersur la controverse sci<strong>en</strong>tifique ausujet de la suppression de la viande.Cela ne résout pas l’agonie dela souris <strong>en</strong>tre les griffes du chat,ni celle du poisson pêché, ni lessouffrances du poireau jeté dansl’eau bouillante (mises <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>cepar des sci<strong>en</strong>tifiques russes).J’ai personnellem<strong>en</strong>t (et illégalem<strong>en</strong>t)parfois organisé avec desprofessionnels l’abattage à laferme (<strong>en</strong> biologie) qui m’a sembléla solution la moins pire detoutes. Les exig<strong>en</strong>ces du bio sontprobablem<strong>en</strong>t celles qui favoris<strong>en</strong>tle mieux la débarbarisationde l’abattoir et de l’abattage. Lelivre ne le dit pas, mais n’interditpas de l’ajouter ! Michel Guérin.BonjourparesseCorinne MaierEd Michalon2004 - 120 p - 12 €€Un tel titre était t<strong>en</strong>tant etce pamphlet cynique, même unpeu facile, ne déçoit pas. S’ildonne matière à s’attrister sur lagabegie dans le système public(l’auteure vit aux crochetsd’EDF) et les grandes <strong>en</strong>treprises<strong>en</strong> général, il apporte aussiquelques analyses pertin<strong>en</strong>tesrarem<strong>en</strong>t formalisées.Ainsi de la considération desdiplômes qui sont des certificatsde soumission, non des critères devaleur professionnelle.D’où probablem<strong>en</strong>t leur dévalorisation.Mais, comme laRépublique n’avait pas besoin desavants, l’<strong>en</strong>treprise n’a pasbesoin de valeur. Vo<strong>ici</strong> doncmatière à s’interroger sur la pertin<strong>en</strong>cedu choix de fonctionnem<strong>en</strong>tde notre société et sur l’incohér<strong>en</strong>ce<strong>en</strong>tre les simagréesdémocratiques et la dictatureprofessionnelle qui accable nosvies de travailleurs. Installer ladémocratie dans l’<strong>en</strong>treprise,comme le font les coopérativesouvrières, est-il une solution ?Michel Guérin.La biomalm<strong>en</strong>éeEviter les piègesJacques-Pascal CusinEd. Jouv<strong>en</strong>ce2005 - 192 p. - 14,50 €Aujourd’hui la bio est m<strong>en</strong>acéepar les pressions de la grande distributionqui n’intègre évidemm<strong>en</strong>tpas la dim<strong>en</strong>sion sociale dela démarche. Alors que l’opinionpublique plébiscite la démarche, ily a un risque évid<strong>en</strong>t de détournem<strong>en</strong>tdu s<strong>en</strong>s de la bio. L’auteur,issu du monde du marketing, posealors la nécessité de relier la bioau développem<strong>en</strong>t durable, aucommerce équitable et à la préservationde la santé. Le problèmequ’il ne voit pas c’est quedéveloppem<strong>en</strong>t durable et commerceéquitable sont deux autresconcepts qui sont <strong>en</strong>core plusrécupérés par la grande distribution.Même s’il écrit que la distributionde café Max Havelaardans les Mac Do “nous plong<strong>en</strong>tdans des abîmes de perplexité”[p.36], il n’<strong>en</strong> tire pas les conséqu<strong>en</strong>cessur son raisonnem<strong>en</strong>t. Lelivre est complété par une séried’interviews des acteurs de la bio,assez intéressantes. Par contre,les adresses utiles <strong>en</strong> fin d’ouvragessont assez nulles : pour lesrevues, seules sont citées deuxgratuits bourrés de publ<strong>ici</strong>té, pourles salons, les grands salons associatifssont passés sous sil<strong>en</strong>ce.Eh oui, “issu du monde du marketing”,cela se s<strong>en</strong>t ! MB.Le dossiernoir duvaccin contrel’hépatite BLuci<strong>en</strong>ne FoucrasEd. du Rocher2004 – 285 p. - 19,90 €€Le dossier de la vaccinationcontre l’hépatite B sera-t-il leprochain sur la liste des scandalesde santé publique ? C’est ceque s’efforce d’expliquer l’auteuredans cet ouvrage.Personnellem<strong>en</strong>t impliquée parcette affaire, puisque son mari estdécédé après avoir été vacciné,elle a découvert de nombreuxautres cas mortels dus à la mêmemaladie, qui la laiss<strong>en</strong>t sceptiquequant à la fatalité de ces dénouem<strong>en</strong>ts.Malgré les pressions, lescampagnes publ<strong>ici</strong>taires <strong>en</strong> faveurde ce vaccin, les sil<strong>en</strong>ces de laprofession médicale, l’omerta desfirmes pharmaceutiques et dumilieu politique et surtout l’abs<strong>en</strong>cede preuves incontestables,ce livre est un cri d’alarme pourt<strong>en</strong>ter de soulever la chape deplomb qui <strong>en</strong>toure ce drame. Lesfaits sont pourtant accablants.Luci<strong>en</strong>ne Foucras les révèle demanière éloqu<strong>en</strong>te. Ce récit, bi<strong>en</strong>docum<strong>en</strong>té, clair, avec de nombreuseset solides référ<strong>en</strong>ces,exprime l’indignation et la colèred’une des victimes de ce que l’onpourrait bi<strong>en</strong> appeler un m<strong>en</strong>songed’Etat. De même, il fait douterdu but de la médecine qui, dev<strong>en</strong>antde plus <strong>en</strong> plus mercantile,est incapable d’assurer sa fonctionpremière, soigner. Même sicertaines informations ont déjàété publiées par ailleurs, ce livreest précieux notamm<strong>en</strong>t pour nepas oublier les nombreuses victimes,et leur <strong>en</strong>tourage, d’uneaffaire certes compliquée maisrévélatrice de la pratique médicaleactuelle. MJ.SILENCE N°328 Octobre 200544


L E ROMAN D U M O I SGlobaliaJean-Christophe RufinEd. Gallimard2005 - 498 p. - 7,50 €€Globalia, c’est le bonheur parfait.Une société démocratique où leseul souci des habitants est de consommer.Tout le monde a le droit à un minimumprospérité. Les progrès de la chirurgiefait que l’on vieillit tranquillem<strong>en</strong>tet qu’un programme limite les naissancesau juste r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t. Lesjeunes sont donc rares et parmi eux,Baïkal ress<strong>en</strong>t comme une angoisseà vivre toujours derrière des paroisvitrées à l’abri des “non-zones”. Il t<strong>en</strong>tealors de découvrir ce qu’il y a de l’autrecôté… Après une première fuite, il estvite récupéré par la police… jusqu’à cequ’on lui propose de s’installer de l’autre côté. Comm<strong>en</strong>ce alors ladécouverte d’un autre monde, pillé par le premier.L’auteur, militant tiers-mondiste, pousse <strong>ici</strong> à ses limites le processusactuel de la mondialisation. Le monde sous serre est un prolongem<strong>en</strong>tdes t<strong>en</strong>dances actuelles aux Etats-Unis, tandis que le monde extérieurressemble aux pires zones de conflits du sud actuel. Repr<strong>en</strong>ant <strong>ici</strong> unscénario d’ant<strong>ici</strong>pation à la manière d’un 1984 de Georges Orwell ouLe meilleur des Mondes d’Aldus Huxley, il est intéressant de voir comm<strong>en</strong>t,à un demi-siècle d’intervalle, le monde parfait prés<strong>en</strong>te des dangers.Huxley (<strong>en</strong> 1932) et Orwell (<strong>en</strong> 1948) prés<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t les dangersd’une société totalitaire par référ<strong>en</strong>ce au nazisme. Ici, c’est la faussedémocratie américaine qui est décortiquée : pour assurer la consommationde quelques privilégiés du Nord, on pille les ressources du reste dumonde. L’auteur y inclut le rôle de plus <strong>en</strong> plus important du thème del’insécurité : la peur doit être <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ue pour assurer la cohésion socialeet Baïkal découvre un jour qu’il sert le système <strong>en</strong> dev<strong>en</strong>ant l’<strong>en</strong>nemipublic numéro 1. De quoi s’interroger sérieusem<strong>en</strong>t sur les att<strong>en</strong>tatsattribués aujourd’hui à B<strong>en</strong> Lad<strong>en</strong>.Jean-Christophe Rufin construit là une histoire tristem<strong>en</strong>t vraisemblableanalysant le pouvoir de contrôle de la société aujourd’hui et sonpouvoir de manipulation de la dissid<strong>en</strong>ce, avec la montée d’une armemoderne : la psychologie. A lire absolum<strong>en</strong>t. FV.R O M A N SLa plantationCalixthe BeyalaEd. Albin Michel2005 - 545 p. - 21,50 € €Au Zimbabwe, les anci<strong>en</strong>s colonisateursblancs sont <strong>en</strong>core lespropriétaires de grandes exploitationsagricoles. Le présid<strong>en</strong>t éludémocratiquem<strong>en</strong>t à vie, afind’asseoir son pouvoir, décidede lancer une redistribution desterres. Calixthe Beyala, écrivain<strong>en</strong>oire, se met à la place desblancs qui d’un seul coup voi<strong>en</strong>tleur mode de vie remis <strong>en</strong> cause.Avec son langage imagé, l’auteur<strong>en</strong>ous <strong>en</strong>traîne avec plaisir dansune longue épopée <strong>en</strong>tre les résignés,les révoltés, les conservateurset les révolutionnaires.L’amour et les s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tse mêler à cette page del’histoire pour construire unevaste fresque africaine. Un romanqui r<strong>en</strong>d palpable l’ambiance d’unconflit contemporain bi<strong>en</strong> réel.MB.Le pont deRan-MositarFranck PavloffEd. Albin-Michel2005 - 264 p. - 17,50 €Les épopées guerrières sont fréqu<strong>en</strong>tes,les dénonciations desconditions de guerre sont déjàplus rares, mais les conditionsde vie après la guerre sont desexceptions. Ce roman <strong>en</strong> est une.A travers une histoire qui pourraitêtre banale, Franck Pavloffnous <strong>en</strong>traîne sur le terrain de lapsychologie des victimes de laguerre. Dans un pays jamaisnommé (la Bosnie-Herzégovine),un homme <strong>en</strong> cherche un autre,l’occasion de multiples r<strong>en</strong>contresqui progressivem<strong>en</strong>t vont seretrouver autour de la reconstructiondu pont de Ran-Mositar(Mostar la ville coupée <strong>en</strong> deux<strong>en</strong>tre communautés chréti<strong>en</strong>ne etmusulmane). Après guerre, lessouv<strong>en</strong>irs et les haines sont toujourslà, les êtres sont déchirés<strong>en</strong>tre oubli et désir de v<strong>en</strong>geance,<strong>en</strong>tre résignation et désir de survivre.L’auteur trace les portraitsde ces femmes qui ont survécuaux viols et des rares hommes,anci<strong>en</strong>s nationalistes ou déserteurs.Il souligne l’indéc<strong>en</strong>ce destouristes qui revi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t parce quele niveau de vie est bon marché,l’inconsci<strong>en</strong>ce des Occid<strong>en</strong>tauxqui p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t à reconstruire unpont classé au patrimoine del’Unesco plutôt qu’à reconstruireun peuple déchiré. Une petite histoirequi explique les oublis de lagrande. Comm<strong>en</strong>t peut-on sortird’une spirale de viol<strong>en</strong>ce ? Ungrand roman. MB.B . D .LivresLe style CatherineLe plaisirégoïstedu partageThierry BouüaertEd. Bamboo2005 - 48 p. - 12,50 €€Catherine s’est <strong>en</strong>fuie avec sasœur, anci<strong>en</strong>ne prostituée, dansune station balnéaire. Va-t-elle<strong>en</strong>fin r<strong>en</strong>contrer l’amour ? Aprèsquelques mauvais trips dus à laconsommation de drogues, l’héroïnea bi<strong>en</strong> du mal à sortir deses errances. La BD est prés<strong>en</strong>téecomme si le lecteur était le confid<strong>en</strong>tde la jeune fille, ce qui créeindéniablem<strong>en</strong>t une compl<strong>ici</strong>té.Mais quelle vie glauque !L’auteur nous laissera-t-il un peud’espoir ? FV.Je veuxle princecharmantHélène BrullerEd. Albin-Michel2004 - 64 p. - 13€90 €Les femmes doiv<strong>en</strong>t appliquer ungrand nombre de règles complexespour être “idéales” dans lavie. Pour les “aider”, il y a lamultitude de titres de la pressedite “féminine” qui s’évertue àr<strong>en</strong>dre les femmes esclaves : obligationd’avoir le v<strong>en</strong>tre plat, depisser <strong>en</strong> sil<strong>en</strong>ce, d’être habillée àla dernière mode, de se marier,d’avoir des <strong>en</strong>fants… les femmescomme les hommes <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tpour leurgrade !Vous saurez<strong>en</strong>fincomm<strong>en</strong>tchoisirunmaillotde bain,une t<strong>en</strong>uede ski,une pairede chaussures…Trèsdrôle. FV.Les carottessont cruesLindingreet Lefred-ThouronEd. Les Requins marteaux(81000 Albi)2005 - 54 p. - 12,50 €€Alors que l’homme perd sesrepères, le recours aux médecinesdouces et aux démarches spirituellesles plus farfelues devraitnous permettre de retrouver nosracines (bio). Avec méchanceté etbêtise, les auteurs s’amus<strong>en</strong>t àdénoncer les dérives de cettemouvance, dans une totale mauvaisefoi. Quelques bonnes trouvailles,mais cela reste malheureusem<strong>en</strong>tsouv<strong>en</strong>t <strong>en</strong>-dessousde la ceinture. MB.SILENCE N°328 Octobre 200545


LivresE N F A N T SSoldatPeacefulMichael MorpurgoEd. Gallimard-Jeunesse2004 - 185 p. - 13,50 €€Tout une nuit pourse souv<strong>en</strong>ir. Le soldatPeaceful décidede passer la nuit àse souv<strong>en</strong>ir de savie. Le récit comm<strong>en</strong>cede manièresympathique dansles campagnesanglaises jusqu’àce que la guerrearrive et que le soldatPeaceful et son frère s’<strong>en</strong>gagedans l’armée. Comm<strong>en</strong>ce alorsune vie horrible <strong>en</strong>tre les supérieursqui vous puniss<strong>en</strong>t et leshorreurs de la guerre. Et l’oncompr<strong>en</strong>d petit à petit ce qui vase passer à l’aube… Un livre àfaire lire aux ados qui pourrai<strong>en</strong>têtre t<strong>en</strong>tés par un emploi faciledans l’armée. FV.Au cœurdes forêtstropicalesEd. Gallimard Jeunesse2005 - 48 p. - 6,90 €€A partir de 6 ans. Richem<strong>en</strong>tillustré, cet ouvrage prés<strong>en</strong>te àl’<strong>en</strong>fant les étages de la forêt tropicale,sa faune, sa flore… maispas ses habitants ! Juste un petitparagraphe <strong>en</strong> fin d’ouvrage pournous dire qu’il y a des tribus indigènesqui sav<strong>en</strong>t y vivre.Curieux ! FV.D V DCeci n’est pas une alerteSandrine et Christian UgoliniAber Images (immeuble Grand Large, quai dela Douane, 29200 Brest, tél : 01 42 97 56 73)2005 -52 mnTchernobyl, amiante, vache folle, marées noires, cancerset stérilité, OGM… Les catastrophes sanitairespassées et les perspectives inquiétantes offertes par lesnouvelles technologies rappell<strong>en</strong>t les risques liés à la viemoderne. Face à un système maîtrisé qui peut nouséchapper à tout mom<strong>en</strong>t, les lanceurs d’alertes sont despersonnages c<strong>en</strong>traux que nous avons appris à écouter.La confiance des citoy<strong>en</strong>s <strong>en</strong> une sci<strong>en</strong>ce bi<strong>en</strong>veillante a peu à peulaissé place à l’incertitude sci<strong>en</strong>tifique, à la prise de consci<strong>en</strong>ce desrisques et à un certain pessimisme. Malgré les m<strong>en</strong>songes des lobbiesindustriels et des Etats, les citoy<strong>en</strong>s sont aujourd’hui consci<strong>en</strong>ts desdébordem<strong>en</strong>ts liés à des progrès sci<strong>en</strong>tifiques et techniques inutiles àla société, mais utiles aux seuls techn<strong>ici</strong><strong>en</strong>s et industriels.Basé sur le témoignage de lanceurs d’alertes, qu’ils soi<strong>en</strong>t citoy<strong>en</strong>scomme Francis Dousal, politiques, comme Corinne Lepage et MichèleRivasi, fondatrice de la Criirad, ou chercheurs comme PierreM<strong>en</strong>eton, Claude Bourguignon, Jean-Pierre Berlan et JacquesTestard, ce docum<strong>en</strong>taire prés<strong>en</strong>te l’utilité sociale de ces personnageset les difficultés qu’ils r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t face à la pression de leurs pairs,de l’Etat, des syndicats et des lobbies. Le film <strong>en</strong>visage ainsi les solutionsindisp<strong>en</strong>sables pour replacer la sci<strong>en</strong>ce et la technologie aucœur de la démocratie, les grands choix éthiques au cœur de la société: protéger juridiquem<strong>en</strong>t le lanceur d’alerte, former et informer lescitoy<strong>en</strong>s grâce à une expertise et à une presse indép<strong>en</strong>dantes, donnerune force institutionnelle et contraignante aux confér<strong>en</strong>ces decitoy<strong>en</strong>s…Pour le biologiste Jacques Testard, l’<strong>en</strong>jeu est clair, nous n’avonsd’autre choix que “d’être intellig<strong>en</strong>t ou de disparaître”. Il faut donccontinuer à se battre, car “ceci n’est pas une alerte, ceci est un étatdes lieux de notre société”, la société du risque.Aymeric Mercier.NOUS A VONS ÉGA LEMENT REÇUn L’occid<strong>en</strong>talisation du monde, de Serge Latouche, éd. La Découverte/ Poche,2005, 170 p, 8 €. Publié avec succès depuis 1988, ce livre est maint<strong>en</strong>ant disponible<strong>en</strong> version poche à tout petit prix. Si vous ne connaissez pas <strong>en</strong>core les argum<strong>en</strong>tsqui remett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> cause les notions liées au “développem<strong>en</strong>t”, c’est lemom<strong>en</strong>t de vous plonger dans cette lecture.n Guide des restaurants bio et/ou végétari<strong>en</strong>s, éd. La Plage (34200 Sète),2005, 304 p. 12 €. Prés<strong>en</strong>tation détaillée des restaurants, mais aussi des gîtes,liste des magasins bio.n Dictionnaire de la non-viol<strong>en</strong>ce, Jean-Marie Muller, éd. du Relié (84220Cordes), 2005, 408 p. 12 €. Réédition d’un ouvrage dont nous avions soulevé àl’époque quelques limites : concernant des sujets proches de la non-viol<strong>en</strong>ce, l’auteurdevrait essayer de sortir d’une approche un peu simpliste : anarchistes etpacifistes ont grandem<strong>en</strong>t progressé sur la voie de la non-viol<strong>en</strong>ce.n Agir pour la protection de la nature, Rémy Michel, éd. Le Pré aux Clercs,2005, 126 p. 9,50 €. Un guide pour inciter ceux et celles qui le veul<strong>en</strong>t à s’investircomme bénévole dans une association. Un historique rapide de l’histoire de laprotection de la nature et de la naissance des différ<strong>en</strong>tes mouvances écolos, desconseils parfois bi<strong>en</strong> trop sérieux (<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> d’embauche d’un bénévole !) et lesadresses des grandes têtes de réseaux.n Voyager autrem<strong>en</strong>t, Françoise Perriot, éd. Le Pré aux Clercs, 2005, 126 p.9,50 €. Après une critique du tourisme de masse, l’auteure prés<strong>en</strong>te d’autresformes de tourisme. Pas mal de pistes pour essayer d’autres types de voyages,mais il manque une analyse de ce besoin frénétique de voyager, qui aussi “durable”soit-il, est destructeur de la planète.n Histoire désordonnée du Mil, André Cortade, éd. L’Echappée, 2005, 120 p.9 €. La fin des années 70, a été marqué par la réapparition de mouvem<strong>en</strong>ts révolutionnairescomme le Mil <strong>en</strong> Catalogne. Ce mouvem<strong>en</strong>t, proche des anarchistes,pour financer les activités révolutionnaires, a multiplié p<strong>en</strong>dant quelques annéesles “expropriations de banque”. Une prés<strong>en</strong>tation des textes et analyses de cemouvem<strong>en</strong>t disparu <strong>en</strong> 1976 avec la mort de Franco.n Les coopérateurs, Michel Dreyfus, Patr<strong>ici</strong>a Toucas, éd. de l’Atelier, 2005,432 p. - 50 €. Dès la première moitié du dix-neuvième siècle, les coopératives sedévelopp<strong>en</strong>t comme une alternative à l’exploitation des ouvriers dans l’industrie.Tous les secteurs économiques sont concernés. Reconnues juridiquem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 1867,elles se développ<strong>en</strong>t pour concerner plus de deux millions de personnes <strong>en</strong>tre lesdeux guerres. Alors qu’un r<strong>en</strong>ouveau se manifeste aujourd’hui, un ouvrage historiqueintéressant… mais hors de prix !n Manuel de la communication non-viol<strong>en</strong>te, Lucy Leu, éd. La Découverte,2005, 200 p, 15 €€. Ce livre prés<strong>en</strong>te des exercices concrets pour ceux qui veul<strong>en</strong>tutiliser les méthodes proposées par Marshall Ros<strong>en</strong>berg dans son livre Lesmots sont des f<strong>en</strong>êtres (ou bi<strong>en</strong> ce sont des murs).n Mor<strong>en</strong>o, Ed. Libertaires (17190 Saint-Georges-d’Oléron), 2005, 96 p. 8 €.Juan Martinez-Vita dit Mor<strong>en</strong>o est un libertaire qui milita au sein de la puissancefédération anarchique ibérique dès les années 20, qui lors de la guerre civilecontre les fascistes, <strong>en</strong> 1936, rejoint la colonne Durruti. Réfugié <strong>en</strong> France, il militeraau sein de la CNT et animera le C<strong>en</strong>tre international de recherches sur l’anarchismeà Marseille jusqu’à sa mort <strong>en</strong> 2002. Un parcours exemplaire.n Le petit livre noir, Ed. Libertaires (17190 Saint-Georges-d’Oléron), 2005,128 p. 10 €. Petit dictionnaire de définitions et de citations liées à l’anarchisme.Pour les amateurs de petites phrases.n Femmes <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>t, sous la direction de F<strong>en</strong>neke Reysoo et ChristineVerschuur, éd. IUED G<strong>en</strong>ève, 2005, 288 p. gratuit sur demande. Compte-r<strong>en</strong>dumultilingue d’un colloque sur le g<strong>en</strong>re, les migrations et la division internationaledu travail.n Les initiatives citoy<strong>en</strong>nes <strong>en</strong> Europe, Ed. Alternatives économiques, 2005,144 p. 9 €. 80 exemples de structures : on ne sait pas grand chose des motivationséthiques des différ<strong>en</strong>tes structures prés<strong>en</strong>tées et <strong>en</strong> quoi elles sont“citoy<strong>en</strong>nes”. Presque uniquem<strong>en</strong>t des structures subv<strong>en</strong>tionnées, sous contrôledes institutions (à l’exception des Amap et du Cniid). Pour “rester indép<strong>en</strong>dant”(p.131), il faudrait diversifier ses sources de rev<strong>en</strong>us… c’est-à-dire demander dessubv<strong>en</strong>tions à plusieurs institutions !n Les fleurs du bi<strong>en</strong>, Bachir H<strong>en</strong>ni, Ed. Savoirs de terroirs (07200 Saint-Juli<strong>en</strong>-de-Serre), 2005, 400 p. 39€. Il existe plus de 120 plantes comestiblesdans nos contrées que l’on peut utiliser pour se nourrir ou se soigner. Ce livre,illustré de nombreuses aquarelles et photos couleurs, nous <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>te les vertuset les lég<strong>en</strong>des.n Tisseurs de paix, Patrice van Eersel, éd. Le Relié (84220 Gordes), 2005,318 p. 14 €. L’auteur, rédacteur <strong>en</strong> chef de la revue Nouvelles clés prés<strong>en</strong>te <strong>ici</strong>les échanges d’une r<strong>en</strong>contre à Fès au Maroc <strong>en</strong>tre ceux qui, à travers unedémarche spirituelle, p<strong>en</strong>se combler les vides que laiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre les peuples lesconflits actuels. Cela donne des échanges forts <strong>en</strong>tre Christian Pierret, anci<strong>en</strong>ministre nucléocrate et Pierre Rabhi, <strong>en</strong>tre Leïla Chahid, Palestini<strong>en</strong>ne et SimoneBitton, Israéli<strong>en</strong>ne, <strong>en</strong>tre Sulak Sivaraksa, boudhiste thaïlandais et Mike Moore,anci<strong>en</strong> dirigeant de l’OMC…n Le pétrole du Tchad, rêve ou cauchemar ? Martin Petry et NaygotimtiBambé, éd. Karthala, 2005, 414 p. En 1994, Esso avec le souti<strong>en</strong> de la Banquemondiale a lancé un important projet d’extraction du pétrole dans le sud duTchad, une région agricole. En trois ans, 300 puits ont été mis <strong>en</strong> place et un oléoducévacue le pétrole vers la mer via le Cameroun. Malgré la dictature <strong>en</strong> place,les paysans se sont révoltés contre la destruction de leurs plantations et ont obt<strong>en</strong>ucertains dédommagem<strong>en</strong>ts et permis le r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t d’un contre-pouvoir localcivil. Ce livre raconte la résistance locale, les souti<strong>en</strong>s v<strong>en</strong>us des ONG et lance unappel : maint<strong>en</strong>ant que le pétrole coule, que l’on n’oublie pas cette lutte car l’équilibrelocal reste précaire.46Octobre 2005


) Courriers :9 rue Dum<strong>en</strong>ge, F 69317 Lyon Cedex 04& Comptabilité - Abonnem<strong>en</strong>ts :04 74 07 08 68 mardi 8h30-11h et 13h30-16h04 78 39 55 33 jeudi 10h-12h et 14h-17h& Rédaction :04 78 39 55 33 mercredi 10h-12h et 14h-17h& Stands, correspondants, dépositaires :04 78 39 55 33 v<strong>en</strong>dredi 10h-12h et 14h-17h) Virem<strong>en</strong>ts bancaires :CCP 550 39 Y LYON) Distribution <strong>en</strong> Belgique :Brabant-Ecologie - Route de R<strong>en</strong>ipont, 33B - 1380 Ohain - Tél / fax : 02 633 10 48CCP 000 15 19 365 54) Distribution <strong>en</strong> Suisse :Contratom CP 65 - CH 1211 G<strong>en</strong>ève 8tél : (41) 22 740 46 12CCP 17-497696-4Imprimé sur papier 100 % recycléblanchi sans chlore par Atelier 26 - LoriolTél : 04 75 85 51 00Les textes sont sous la responsabilitéde leurs auteurs. Les brèves sont des résumésdes informations que l’on nous communique.La reproduction des textes est autorisée,sauf avis contraire, sous réserve d’<strong>en</strong> indiquerla source et le nom des auteurs(photos et dessins non compris)N° de commission paritaire : 64946N°ISSN 0756-2640Date de parution : 4 e trimestre 2005Tirage : 7 700 exEditeur : Association Sil<strong>en</strong>cePrésid<strong>en</strong>t : Xavier SérédineVice-présid<strong>en</strong>t : Jacques CaclinTrésorière : Myriam CognardSecrétaire : Madeleine NutcheyPerman<strong>en</strong>ce : le mardi 10h-12h et 14h-17h& 04 78 39 55 33RÉALISATION DE LA REVUEDirectrice de publication :Madeleine NutcheySecrétaires de rédaction :Michel Bernard et Michel JarruGestion et abonnem<strong>en</strong>ts : Michel JarruMaquette et publ<strong>ici</strong>té : Patrice FarineStands, lieux de dépôts : Dorothée FesslerRédaction:Michel Bernard, AlexandreEsteban, Dorothée Fessler, Alain-Claude Galtié,R<strong>en</strong>é Hamm, Madeleine Nutchey, JocelynPeyret, Vinc<strong>en</strong>t Peyret, Sylviane Poul<strong>en</strong>ard,Mimmo Pucciarelli, Francis VergierConseillers sci<strong>en</strong>tifiques: Roger Bernard,Richard Grantham, Jacques Grinevald,H<strong>en</strong>ri Persat, André PicotDessinateurs : Altho, Lasserpe, Mahl<strong>en</strong>Correcteurs : Raymond Vignal,Françoise WeitéEt pour ce numéro : Gérald Almarcha,Christiane Bess<strong>en</strong>ay, Flor<strong>en</strong>ce de Luna,Marguerite Descamps, Bruno Guillemin,Alban Labouret, Pierre Lehmann, Vinc<strong>en</strong>tMartin, Paulette Mazoyer, Aymeric Mercier,Mireille Oria, piecesetmaindoeuvre, Luci<strong>en</strong>Recrioso, Reine Rosset, Paul Roullaud,Patrick Urlacher, Myriam Travostino,Bernard Valette.Couverture : S!l<strong>en</strong>ce + DR.Numéros régionauxn 272-273 RhôneCroix-Rousse. La Du<strong>en</strong>de. Le Bastringue.Cabiria. La Gryphe. Bioclima tique. RéseauSanté. Radio-Canut. Hommes viol<strong>en</strong>ts . 6 €n 285-286 IsèreSuperphénix. Moulin Guitare. 400 couverts.MNEI. Jardin alpin. Lo Parvi. P’tit vélo. Terrevivante. Encre Rage . . . . . . . . . . . . . 6 €n 291-292 AquitaineTerre de Jor. Champ d’action. Démos. Iskatola.Abbadia. Nola-Nohika. Maison des femmes.Azimuts. Boussac. Utopia. . . . . . . . . . 6 €n 298-299 Franche-ComtéCirque Plume. Eau secours ! TGV. Jardins deCocagne. La Fraternelle. La Batailleuse.Biolopin. Spirale. Pochon magique. MaisonVoisine. Convivialité . . . . . . . . . . . . . 6 €n 305-306 Bouches-du-Rhôneet VaucluseCours Juli<strong>en</strong>. Loubatas. Ecoforum. Jardins del’Espérance. Ilotopie. Mille babords, Ballonrouge. CIRA. Longo Maï. GERES. Graines devie. Pic Noir . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 €n 312-313 Poitou-Char<strong>en</strong>tesLes maisons de Béruges. Déf<strong>en</strong>se du maraispoitevin. 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SEL : de la monnaieau temps comme mode d’échange. . . . . 4 €n 315 Décroissance et non-viol<strong>en</strong>ceTransport fluvial. Les restes du festin. OGM :faucheurs volontaires . . . . . . . . . . . . 4 €n Annuaire de la presse alternative, édition 2004, 8 pages, plus de 400 adresses, 4 € (port compris)Abonnem<strong>en</strong>tAtt<strong>en</strong>tion ! Du fait de la parution de numéros doubles, 12 numéros ne correspond<strong>en</strong>t pas à un an.France métropolitain<strong>en</strong> Découverte 1ère année 6 n° 15 €n Particulier 12 n° 40 €n Institution 12 n° 80 €n Souti<strong>en</strong> 12 n° 50 € et +n Petit futé 24 n° 65 €n Groupés par 3 ex 3 x 12 n° 100 €n Groupés par 5 ex 5 x 12 n° 150 €n Petit budget 12 n° 25 €Suiss<strong>en</strong> Découverte 1ère année 6 n° 25 FSn Particulier 12 n° 60 FSAutres pays et Dom-tomn Découverte 1ère année 6 n° 22 €n Particulier 12 n° 45 €n Institution 12 n°a 90 €n Souti<strong>en</strong> 12 n° 50 € et +n Petit futé 24 n° 70 €n Petit budget 12 n° 40 €n 316 Réflexions fêtesVivre sans nucléaire : après le jeûne. Nord/Sud :les prix du sang. Agriculture bio . . . . . 4 €n 317 Vivre à la campagnesans voiture ?Nord/Sud : Vaccins et colonialisme. SEL :Analyses internes ou récupération . . . . . 4 €n 320 Ecologie et culturesalternativesDécroissance : Pétrole et géologie politique.Finances : Imaginer une banque transpar<strong>en</strong>te.Bureautique et économies d’énergie . . . . 4 €n 322 Décroissance <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>tEnergies : Acceptabilité de l’électr<strong>ici</strong>té verte.Alternatives : A fleur de terre. Culture : Pourle libre accès à la culture . . . . . . . . . . 4 €n 323 L’écologie au quotidi<strong>en</strong>Santé : les soins par les abeilles. Décroissance :diminuer notre vouloir d’achat. Constitution :vers une Europe militaire ! . . . . . . . . . . 4 €n 324 Voyages au pays de chez soiAlternatives : la bio au cœur de l’écologie.Eoli<strong>en</strong> : du v<strong>en</strong>t sur la maison qui brûle.Energies: Une technologie qui tombe pile 4 €n 327 De nos [in]cohér<strong>en</strong>cesREPAS : les Nouveaux Robinson. Energie :L’éoli<strong>en</strong> détrône le nucléaire . . . . . . . 4 €Sil<strong>en</strong>ce diffuse des ouvragespar correspondance.Envoi du catalogue contreune <strong>en</strong>veloppe timbrée.VilleFrance : Règlem<strong>en</strong>t à Sil<strong>en</strong>ce,9, rue Dum<strong>en</strong>ge,69317 Lyon cedex 04Belgique : Règlem<strong>en</strong>t à Brabant-Ecologie, Route de Rénipont, 33,B - 1380 Ohaintél : 00 32 2 633 10 48CCP OOO 15 19 365 54Suisse : Règlem<strong>en</strong>t à ContratomCP 65 - CH 1211 G<strong>en</strong>ève 8tél : (41) 22 740 46 12CCP 17-497696-4

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