ARIADNE auf NAXOS - Opéra de Lyon

RICHARD STRAUSS
ARIANE à NAXO S
ARIADNE auf NAXOS
Opéra en un acte avec un prologue
de HUGO VON HOFMANNSTHAL
Opus 60
1916
OPERA de LYON

Illustration.
Gravures de Jacques Callot (1592-1635), extraites des Balli di Sfessania,
danses des personnages de la commedia dell’arte (1615-1620)

LIVRET
5 Fiche technique
10 L’argument
12 Les personnages
CAHIER de LECTURES
CARNET de NOTES
ARIADNE AUF NAXOS
ARIANE À NAXOS
18 Vorspiel / Prologue
60 Oper / Opéra
129 Dominique Jameux
Les deux Ariane
135 Correspondance Strauss-Hofmannsthal
« Sellez Pégase »
147 Bernard Banoun
Le travail du librettiste
152 Emmanuel Reibel
Zerbinette, une autre Circé
158 Christiane Chauviré
Du mythe grec au mystère de la
Verwandlung : Ariane ou la
défaite de Dionysos
166 Roberto Calasso
Thésée, Ariane, Dionysos,
variations du mythe
Richard Strauss
126 Repères biographiques
140 & Notice bibliographique
Hugo von Hofmannsthal
141 Repères biographiques
144 & Notice bibliographique
Ariane à Naxos
145 Orientations discographiques
3

LIVRET
En 1911, Hofmannsthal et Strauss souhaitent remercier le
grand metteur en scène Max Reinhardt pour sa contribution
artistique déterminante à la création du Chevalier à la rose. Le
cadeau est un divertissement musical et théâtral – Ariane à
N a xo s – destiné à accompagner L e B o u rgeois gentilhomme d e
Molière. En mai 1911, le canevas détaillé est écrit. Le livret
complet est achevé en juillet. En mai 1912, il paraît dans la
Neue Freie Pr e s s e. Après l’insuccès de cette A r i a n e I (Ariane à
N a xo set L e B o u rgeois gentilhomme), Hofmannsthal retravaille
le livret dès janvier 1913 et, en juin suivant, adresse à S t r a u s s
la nouvelle version avec Pr o l o g u e : A r i a n eI I .
COMPOSITION
A partir du scénario envoyé par Hofmannsthal en mai 1911,
Strauss compose la musique d’Ariane à Naxo s, dans la
logique d’un opéra à numéros. A r i a n e I est achevée le 21
juillet 1912.
Entre avril et juin 1916, Strauss finalise A r i a n e II, effectue
des remaniements dans la partie « o p é r a », compose le
Prologue. La partition est dédiée à Max Reinhardt « en signe
de vénération et de gratitude ». L’œuvre est éditée en 1916
par Adolph Fürstner, Berlin.
Le manuscrit autographe est conservé aux Archives Richard-
Strauss à Garmisch-Partenkirchen (Bavière).
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PERSONNAGES
Prologue
LE MAJORDOME Rôle parlé
UN MAÎTRE DE MUSIQUE Baryton
LE COMPOSITEUR Soprano
LE TÉNOR / BACCHUS Ténor
UN OFFICIER Ténor
UN MAÎTRE À DANSER Ténor
UN PERRUQUIER Baryton
UN LAQUAIS Basse
ZERBINETTE Soprano aigu
LA PRIMA DONNA / ARIANE Soprano
ARLEQUIN Baryton
SCARAMOUCHE Ténor
TRUFFALDIN Basse
BRIGHELLA Ténor aigu
Opéra
ARIANE Soprano
BACCHUS Ténor
NAÏADE Soprano aigu
DRYADE Contralto
ECHO Soprano
ZERBINETTE Soprano aigu
ARLEQUIN Baryton
SCARAMOUCHE Ténor
TRUFFALDIN Basse
BRIGHELLA Ténor aigu
ORCHESTRE
2 flûtes (également piccolos)
2 hautbois
2 clarinettes
2 bassons
2 cors
1 trompette
1 trombone
Timbales
Percussions
2 harpes

Célesta
Piano
Harmonium
Cordes (violons I et II, altos, violoncelles)
DURÉE MOYENNE
2 heures15
CRÉATION
Version Ariane I (Le Bourgeois gentilhommesuivi
d’Ariane à Naxos)
25 octobre 1912 au Königliches Hoftheater de Stuttgart
Direction. Richard Strauss
Mise en scène. Max Reinhardt
Avec Maria Jeritza (Ariane), Hermann Jadlowker
(Bacchus), Margarethe Junker-Burchardt (Naïade), Lilly
Hoffmann-Onegin (Dryade), Erna Elmenreich (Echo),
Margarethe Siems (Zerbinette), Albin Swoboda
(Arlequin), Georg Maeder (Scaramouche), Reinhold Fritz
(Truffaldin), Franz Schwerdt (Brighella)
Version Ariane II (Opéra avec Prologue)
4 octobre 1916 au Hofoper de Vienne
Direction. Franz Schalk
Mise en scène. Wilhelm von Wymetal
Décors. Hans Pühringer & Anton Brioschi
Costumes. Heinrich Lefler
Avec August Stoll (Le Majordome), Hans Duhan
(Maître de musique / Arlequin), Lotte Lehmann
(Le Compositeur), Béla Környei (Le Ténor puis Bacchus),
Anton Arnold (Officier), Georg Maikl (Maître à danser
puis Brighella), M. Stehmann (Perruquier), Viktor Madin
(Laquais), Maria Jeritza (La Prima Donna puis Ariane),
Selma Kurz (Zerbinette), Hermann Gallos (Scaramouche),
Julius Betetto (Truffaldin), Charlotte Damen (Naïade),
Hermine Kittel (Dryade), Carola Jovanovic (Echo)
A noter. Georges Szell, qui devint un des plus grands
chefs d’orchestre du XX e siècle tenait la partie de piano.
7

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CRÉATION en FRANCE
Le 10 septembre 1937 au Théâtre des Champs-Elysées
Version de 1916
Direction musicale. Clemens Krauss
Mise en scène. Heinz Tietjen
Avec Kaete Heidersbach (Le Compositeur),
Helge Rosvaenge (Le Ténor puis Bacchus), Erna Berger
(Zerbinette), Viorica Ursuleac (La Prima Donna puis
Ariane), Willy Domgraf-Fassbaender (Arlequin),
Irmagard Armgard (Naïade), Hilde Scheppan (Dryade),
Ruth Berglund (Echo)
Orchestre de l’Opéra de Berlin / Production de l’Opéra de Berlin
L’ŒUVRE à LYON
1976
Version de 1916
Direction musicale. André Vandernoot
Mise en scène. Gaston Benhaim
Décor et costumes. Danièle Rozier
Avec Claude Verbiese (Le Majordome), Frantz Petri
(Maître de musique), Lyliane Guitton
(Le Compositeur), Allen Cathcart (Le Ténor puis
Bacchus), Francisco Toca (Officier),
Jean-Pierre Chevalier (Maître à danser), Alain Vernhes
(Perruquier), Michel Denonfoux (Laquais),
Eliane Manchet / Anne-Marie Rodde (Zerbinette),
Ruth Falcon (La Prima Donna puis Ariane),
Jean-Christophe Benoit (Arlequin), José Denisty
(Scaramouche), Christos Grigoriou (Truffaldin),
Michel Lecocq (Brighella), Christiane Chateau (Naïade),
Sonia Nigoghossian (Dryade), Dany Barraud (Echo)
A noter. Le prologue était donné en français (texte de Paul
Spaak) et l’opéra en allemand.
1989
Version 1916
Direction musicale. Kent Nagano
Mise en scène.Goran Järvefelt
Décors et costumes. Kathrine Hysong
Eclairages. Clément Cayrol
Avec Klaus Henner Russius (Le Majordome),

David Pittman-Jennings (Maître de musique),
Ute Walther (Le Compositeur), Klaus Kœnig (Le Ténor
puis Bacchus), Robert John Forbes (Officier), Steven Cole
(Maître à danser puis Brighella), Philippe Lignères
(Perruquier), Katsunori Kono (Laquais), Sumi Jo
(Zerbinette), Mechtild Gessendorf (La Prima Donna puis
Ariane), Thomas Lander (Arlequin), Georges Gautier
(Scaramouche), René Schirrerr (Truffaldin),
Brigitte Fournier (Naïade), Brigitte Balleys (Dryade),
Janet Williams (Echo)
1994
Version 1912
Direction musicale. Kent Nagano
Mise en scène.Ernst Theo Richter
Décors. Karl Ernst Hermann / Hartmut Schönghofer
Costumes. Jorge Jara
Eclairages. Karl Ernst Hermann
AvecMargaret Price / Jane Thomer (Ariane),
Robert Schunk (Bacchus), Brigitte Fournier (Naïade),
Doris Lamprecht (Dryade), Virginie Pochon (Echo),
Sumi Jo (Zerbinette), Thomas Mohr (Arlequin),
Steven Cole (Scaramouche), Alfred Kühn (Truffaldin),
Markus Schäfer (Brighella)
2002
Version 1916
Direction musicale. Iván Fischer
Mise en scène. Günter Krämer
Décors. Jürgen Backmann
Costumes. Falk Bauer
Eclairages. Christophe Forey
Avec Martin Reinke (Le Majordome), Robert Bork
(Maître de musique), Katharine Gœldner
(Le Compositeur), Howard Haskin (Le Ténor puis
Bacchus), Gérard Bourgoin (Officier), Michaël Howard
(Maître à danser puis Brighella), Marcin Habela
(Perruquier), Paul Gay (Laquais), Laura Aikin
(Zerbinette), Christine Brewer (La Prima Donna puis
Ariane), Stéphane Degout (Arlequin), François Piolino
(Scaramouche), Nicolas Courjal (Truffaldin),
Anne-Sophie Duprels (Naïade), Daniela Denschlag
(Dryade), Virginie Pochon (Echo)
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PROLOGUE
Dans la demeure de « l’homme le plus riche de Vienne »
On achève les derniers préparatifs d’une grande réception.
Des ouvriers sont occupés à aménager un théâtre de salon. Le
MA Î T R E D E M U S I Q U E vient d’apprendre qu’Ariane à Naxo s,
opera seria commandé à son jeune élève, L E CO M P O S I T E U R,
sera suivi d’une farce jouée par des masques italiens : telle est
la volonté du riche mécène. Le MA Î T R E D E M U S I Q U E est désespéré
à l’idée de devoir expliquer cela à son élève.
LE COMPOSITEUR, quant à lui, a déjà bien des motifs d’irrit
a t i o n : les violons qu’il veut faire répéter sont occupés à
accompagner le dîner des invités, LA PRIMA DONNA est introuvable,
LE TÉNOR est furieux contre le PERRUQUIER, le papier à
musique manque... Mais quand ZERBINETTE sort de sa loge, il
tombe en arrêt devant elle. Le MAÎTRE DE MUSIQUE lui révèle
qu’elle est la chef de la troupe de commedia dell’arte qui se
produira après son opéra : la fureur du jeune artiste éclate
devant ce mélange des genres...
Mais voici L E MA J O R D O M E venant annoncer un changement
de dernière minute : afin que le feu d’artifice, clou de la
soirée, soit tiré en temps et en heure, son maître a finalement
décidé de faire jouer l’opera seria et la farce comique non pas
l’un après l’autre mais s i m u l t a n é m e n t. LE CO M P O S I T E U R e s t
horrifié et désespéré. Le MAÎTRE DE MUSIQUE et le MAÎTRE À
DANSER, réalistes et pragmatiques, suggèrent au jeune homme

de couper dans son opéra et d’apprendre à faire des concessions.
LE CO M P O S I T E U R cède un instant au charme de
ZERBINETTE, à son discours séduisant, et il accepte la transformation
de son œuvre. Mais les baladins de c o m m e d i a
d e l l ’ a r t e s’apprêtent à entrer en scène pour se mêler à son
chef-d’œuvre : c’en est trop, il s’enfuit, désespéré.
OPÉRA
ARIANE, abandonnée par Thésée sur l’île de Naxos, sommeille.
Elle est veillée par les trois nymphes NAÏADE, DRYADE
et ECHO. A son réveil, elle se remémore douloureusement son
histoire avec Thésée et appelle la mort de ses vœux.
ZERBINETTE et ses compagnons tentent en vain de la divertir.
ARIANE n’aspire qu’à la venue d’Hermès qui la conduira vers
le royaume des ténèbres. ZE R B I N E T T E renvoie les masques.
Restée seule avec ARIANE, elle s’adresse à elle, de femme à
f e m m e : toutes les femmes sont abandonnées un jour, mais
toutes retrouvent un nouvel amant, le « nouveau dieu » qui
remplace le précédent. ARIANE, insensible à cette démonstration,
reste murée dans son désespoir. Les quatre masques
reviennent et entreprennent de faire la cour à ZERBINETTE. La
comédienne joue avec chacun avant de filer avec ARLEQUIN.
Les bouffes quittent la scène.
Les nymphes annoncent l’arrivée de BACCHUS, jeune dieu
échappé des sortilèges de la magicienne Circé qui, sur son
île, transforme ses hôtes en pourceaux. ARIANE croit voir en
lui Hermès, venu enfin la conduire vers la mort alors que
BAC C H U S prend AR I A N E pour une nouvelle incarnation de
Circé. Tous deux sont envahis par l’amour et s’abandonnent à
l’exaltation de la métamorphose. ZERBINETTE réapparaît brièvement,
pour rappeler qu’elle l’avait toujours dit : « Quand
arrive le nouveau dieu, nous nous abandonnons muettes ! ».
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« Ariane à Naxos, opéra en un acte avec un prologue de
Hugo von Hugo von Hofmannsthal » : c’est le titre que porte
la première page de la partition de Richard Strauss. Le prologue
l’est autant pour le public que pour les personnages de
l’œuvre. Il montre en effet la préparation de la représentation
de l’opera seria Ariane à Naxos.
Le jeu des artistes en répétition, la préparation d’un spectacle,
on retrouve cela montré dans plusieurs pièces du répert
o i r e : Le Songe d’une nuit d’étéde Shakespeare, Les Acteurs de
bonne foi de Marivaux, La Mouette de Tc h e k h o v, Le Bourg e o i s
gentilhomme e t L’Impromptu de Versailles de Molière, que
Strauss et Hofmannsthal lisaient et admiraient beaucoup.
Il y a un personnage important du prologue qu’on ne voit
j a m a i s : « L’H O M M E L E P LU S R I C H E D E VI E N N E », celui qui a
ordonné pour le soir une fête somptueuse, pendant laquelle
doit être représenté l’opéra Ariane à Naxos, qu’il a commandé
à un jeune musicien, LE COMPOSITEUR. On pressent qu’Ariane
à N a xo s, opéra du genre tragique, n’est qu’une concession
que fait ce riche seigneur à l’art « s é r i e u x » ; le divertissement
de commedia dell’arte q u’il a également commandé
est apparemment plus à son goût et à celui de ses invités.

Pendant le prologue, ce riche mécène est représenté par
son M A J O R D O M E. Ce personnage ne chante pas mais
parle, comme pour souligner la distance entre ceux qui
créent et ceux qui paient. C’est lui qui transmet l’ordre inouï
de son maître : pour gagner du temps, on représentera
ensemble l’o p e r a s e r i a et la farce de commedia dell’arte ;
c’est une scène savoureuse, les coups de timbales qui l’introduisent
sont trop majestueux pour ne pas être ironiques.
Ce caprice de mécène frappe de plein fouet LE
C O M P O S I T E U R. Strauss a sans doute mis beaucoup de
lui-même dans ce rôle travesti, attribué à un mezzo-soprano
(comme Cherubin dans Les Noces de Figaro et Oktavian dans
Le Chevalier à la rose). LE COMPOSITEUR est un passionné et
son sang se glace à l’idée de retrancher ne fût-ce qu’ u n e
croche ou un soupir de son œuvre. On sait combien Strauss
était exaspéré par les coupures qu’opéraient chefs d’orchestre
et directeurs d’opéra dans ses œuvres... D’autre part, LE COM-
POSITEUR est atterré par l’idée de voir son opéra parasité par
les personnages burlesques et – à son goût – grossiers de la
commedia dell’arte.
Il ne consent à retoucher son opéra que sous la pression
du pragmatisme du MAÎTRE À DA N S E R et du M A Î T R E
DE MUSIQUE, personnage émouvant de vieux professeur
dévoué, qui semble avoir trouvé en son élève un musicien
mieux doué que lui. Et puis opère sur lui – car les contraires
s’attirent – le charme puissant de ZE R B I N E T T E, chef de la petite
troupe des comédiens italiens : elle le trouve beau ce « g a r s
aux yeux sombres, au teint pâle » ; lui la trouve « r a v i s s a n t e» ,
« douce et insaisissable ». Mais, au dernier moment, voyant
les bateleurs se préparer en hâte à intervenir dans son œuvre,
il craque et quitte la scène en courant, désespéré.
Ces quatre bateleurs, menés par ZE R B I N E T T E, sont
A R L E Q U I N, S C A R A M O U C H E, T R U F FA L D I N, B R I -
GHELLA. Ils sont décrits par les indications scéniques de la
seconde partie : AR L E Q U I N est « h a r d i », BR I G H E L L A e s t
« jeune, balourd », SCARAMOUCHE est «un coquin de cinquante
ans », TRUFFALDIN « un vieillard idiot ». Ils sont, à peine
retouchés par Hofmannsthal et Strauss, les personnages types
13

14
de la commedia dell’arte. Les caractères de ce théâtre
comique qui connut son âge d’or aux X V I e et X V I I e s i è c l e :
improvisation des comédiens à partir d’un canevas, personnages
très typés et reconnaissables, virtuosité physique et
verbale des acteurs.
Dans le prologue, Z E R B I N E T T E est décrite par le
MAÎTRE À DANSER comme « une maîtresse de l’improvisation :
« comme elle n’incarne toujours qu’elle-même, elle est juste
en toute situation, les autres se règlent sur elle, tout marche
comme sur des roulettes ». C’est précisément ce qui se passe
pendant la seconde partie. En fait, ZE R B I N E T T E est le fil
d’Ariane de l’œuvre, seul personnage à la traverser de bout
en bout sans changer de rôle, en gardant son identité, plus
profonde qu’il n’y paraît : « Sur le théâtre je joue la coquette,
mais qui dit que je prend part à ce jeu ? Je semble gaie, mais
je suis triste, faite pour le monde, mais suis si seule. »
Hormis quelques silhouettes superbement croquées par
les auteurs – un LAQUAIS insolent, un PERRUQUIER maladroit,
un OFFICIER galant... – le prologue met en scène les héros de
la seconde partie : LA PRIMA DONNA qui incarnera
AR I A N E et LE TÉNOR qui chantera BAC C H U S. Strauss et
Hofmannsthal caricaturent avec talent une espèce qu’ i l s
connaissent bien : les chanteurs. Ceux du prologue sont vaniteux,
égocentriques, préoccupés avant tout de leur personne
et de l’importance de leur rôle. On perçoit une douce et ironique
revanche du compositeur et de son librettiste sur certains
artistes. Le comique naît aussi du contraste entre les
mesquineries et les caprices de ces chanteurs, avec la
noblesse des personnages mythologiques qu’ils incarnent
dans la seconde partie.
Enfin, derniers personnages du prologue que l’on aperçoit
à peine : les chanteuses anonymes qui, pendant l’opéra, joueront
les trois nymphes : celle des eaux, LA NAÏADE, celle
des bois, LA DRYADE et ECHO, qu’on ne présente plus.
Sur l’île de Naxos, que représente la scène de la seconde
partie, ces trois nymphes veillent sur le sommeil triste
d’ARIANE, abandonnée par Thésée. « Elle est l’emblème de

la solitude humaine » avait dit LE COMPOSITEUR au prologue.
En effet, ARIANE est seule et désespérée, insensible à la présence
consolante de ces trois compagnes. Elle n’attend que la
mort et son messager. Le très beau lied d’AR L E Q U I N ne la
touche pas davantage, non plus que, apparemment, le long
discours que ZE R B I N E T T E lui tient sur les intermittences du
cœur et du désir : l’air le plus célèbre de la partition, le plus
virtuose aussi et peut-être le plus profond : un chef-d’œuvre.
« Quand arrive le nouveau dieu, nous nous abandonnons,
muettes... » conclut-elle, anticipant à peine la fin de l’opéra.
Après que les personnages de la commedia dell’arte o n t
chanté et dansé, fait leurs tours et leurs détours, après
q u’AR L E Q U I N a filé avec ZE R B I N E T T E au grand désespoir des
autres, BACCHUS entre en scène. Il est le fils de Jupiter et
de Sémélé, une mortelle. Sa mère fut brûlée vive par la puissance
du dieu mais Jupiter arracha l’enfant qu’elle portait en
elle et le cousit dans sa cuisse jusqu’à la fin du terme où l’enfant
naquit, sortant littéralement de la cuisse de Jupiter.
Dans Ariane à Naxo s, le dieu est encore adolescent, il
arrive de l’île de la magicienne Circé. Si elle n’a pu le transf
o r m e r, elle ne l’en a pas moins touché : « tu ne m’as p r e s q u e
rien fait » dit BAC C H U S. Ce premier contact avec la femme,
BAC C H U S l’approfondit avec AR I A N E. Celle-ci le prend
d’abord pour le messager de la mort. Mais, touchée sans
doute en profondeur par le discours de ZE R B I N E T T E, comme
BAC C H U S le fut par la rencontre avec Circé, AR I A N E se rend
finalement au désir et à l’amour du dieu adolescent.
Métamorphosés l’un et l’autre, BAC C H U S et AR I A N E s ’ u n i s s e n t
sous l’œil, à la fois narquois et ému de ZE R B I N E T T E : « q u a n d
arrive le nouveau dieu... » .
Jean Spenlehauer
15

RICHARD STRAUSS
A R I A N EÀ N AXO S
ARIADNE AUF NAXO S

18
HANS WERNER HENZE L’UPUPA...
VORSPIEL
Ein tiefer, kaum möblierter und dürftig erleuchteter Raum
im Hause eines großen Herrn.
Links und rechts je zwei Türen. In der Mitte ein runder Tisch.
Im Hintergrund sieht man Zurichtungen zu einem
Haustheater. Tapezierer und Arbeiter haben einen Prospekt
aufgerichtet, dessen Rückseite sichtbar ist.
Zwischen diesem Teil der Bühne und dem vorderen Raum
läuft ein offener Gang querüber.
Der Haushofmeister tritt auf.
MUSIKLEHRER, ihm entgegen
Mein Herr Haushofmeister! Sie suche ich im ganzen Hause.
HAUSHOFMEISTER (gesprochen)
Womit kann ich dienen? Muß allerdings bemerken, daß
ich pressiert bin. Die Vorbereitungen zur heutigen großen
Assemblée im Hause des reichsten Mannes von Wien –
wie ich meinen gnädigen Herrn wohl betiteln darf –
MUSIKLEHRER
Ein Wort nur! Ich höre soeben, was ich allerdings nicht
begreifen kann –
HAUSHOFMEISTER (gesprochen)
Und das wäre?

PREMIÈRE PARTIE TABLEAU 1
PROLOGUE
Une salle basse, à peine meublée et faiblement éclairée
dans la maison d’un grand seigneur.
A gauche et à droite, deux portes. Au centre, une table ronde.
Tout à l’arrière-plan, on voit la mise en place d’un théâtre
d’intérieur. Tapissiers et ouvriers ont dressé une toile peinte
dont on voit l’envers. Entre cette partie de la scène
et l’avant-plan se trouve un couloir ouvert.
Le Majordome entre.
LE MAÎTRE DE MUSIQUE, allant à sa rencontre
Monsieur Le Majordome ! Monsieur le Majordome !
Je vous cherche dans toute la maison.
LE MAJORDOME (parlé)
Que puis-je pour votre service ? Je dois néanmoins signaler
que je suis pressé. Les préparatifs de la grande fête, donnée
dans la maison de l’homme le plus riche de Vienne –
c’est ainsi que je puis qualifier mon gracieux maître –
LE MAÎTRE DE MUSIQUE
Juste un mot ! Je viens d’entendre quelque chose qu’à la
vérité je n’arrive pas à comprendre –
LE MAJORDOME (parlé)
Et que serait-ce ?
19

20
MUSIKLEHRER
– und was mich in erklärliche Aufregung versetzt –
HAUSHOFMEISTER (gesprochen)
In Kürze, wenn ich bitten darf!
MUSIKLEHRER
– daß bei der heutigen festlichen Veranstaltung hier im
Palais – nach der Opera seria meines Schülers – ka u m
traue ich meinen Ohren –, noch eine weitere, und zwar
gleichfalls sozusagen musikalische Darbietung in
Aussicht genommen ist – eine Art von Singspiel oder niedrige
Posse in der italienischen Buffo-Manier! Das kann
nicht geschehen!
HAUSHOFMEISTER (gesprochen)
Kann nicht? Wieso?
MUSIKLEHRER
Darf nicht!
HAUSHOFMEISTER (gesprochen)
Wie beliebt?
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
MUSIKLEHRER
Das wird der Komponist nie und nimmer gestatten!
HAUSHOFMEISTER (gesprochen)
Wer wird? Ich höre: gestatten. Ich wüßte nicht, wer außer
meinem gnädigen Herrn, in dessen Palais Sie sich
befinden und Ihre Kunstfertigkeiten heute zu produzieren
die Ehre haben, etwas zu gestatten – geschweige denn
anzuordnen hätte!
MUSIKLEHRER
Es ist wider die Verabredung. Die Opera seria A r i a d n e
wurde eigens für diese festlicheVeranstaltung komponiert.
HAUSHOFMEISTER (gesprochen)
Und das ausbedungene Honorar wird nebst einer
munifizenten Gratifikation durch meine Hand in die
Ihrige gelangen

LE MAÎTRE DE MUSIQUE
– et qui m’a plongé dans une légitime irritation –
LE MAJORDOME (parlé)
En bref, si je puis vous en prier !
LE MAÎTRE DE MUSIQUE
– que lors de la fête solennelle donnée aujourd’hui ici au
palais – après l’opera seria de mon élève – j’en crois à
peine mes oreilles – il a été prévu de donner en plus une
autre représentation, pour ainsi dire semblablement musicale
– une sorte d’opérette ou de farce grossière dans la
matière italienne buffa ! Cela ne se peut pas !
LE MAJORDOME (parlé)
Ne peut pas ? Pourquoi ?
LE MAÎTRE DE MUSIQUE
Ne doit pas !
LE MAJORDOME (parlé)
Plaît-il ?
ARIANE À NAXOS PROLOGUE
LE MAÎTRE DE MUSIQUE
Le compositeur ne le permettra jamais, au grand jamais !
LE MAJORDOME (parlé)
Qui ne permettra pas ? J’entends : permettre. Je ne vois
pas qui, en dehors de mon gracieux maître, dans le palais
duquel vous vous trouvez et avez l’honneur de produire
votre art, aurait quelque chose à permettre, encore moins
à ordonner.
LE MAÎTRE DE MUSIQUE
C’est contre notre accord. L’opera seria A r i a n e a été composé
tout spécialement à l’occasion de cette fête solennelle.
LE MAJORDOME (parlé)
Et les honoraires qui avaient été convenus seront versés
de ma main à la vôtre, accompagnés d’une gratification
munificente.
21

22
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
MUSIKLEHRER
Ich zweifle nicht an der Zahlungsfähigkeit eines steinreichen
Mannes.
HAUSHOFMEISTER (gesprochen)
Für den Sie samt Ihrem Eleven Ihre Notenarbeit zu liefern
die Auszeichnung hatten. – Was dann steht noch zu
Diensten?
MUSIKLEHRER
Diese Notenarbeit ist ein ernstes, bedeutendes Werk. Es
kann uns nicht gleichgültig sein, in welchem Rahmen
dieses dargestellt wird!
HAUSHOFMEISTER (gesprochen)
Jedennoch bleibt es meinem gnädigen Herrn summo et
unico loco überlassen, welche Arten von Spektakel er seinen
hochansehnlichen Gästen nach Vorsetzung einer
feierlichen Kollation zu bieten gesonnen ist.
MUSIKLEHRER
Zu diesen die Verdauung fördernden Genüssen rechnen
Sie demnach die heroische Oper Ariadne?
HAUSHOFMEISTER (gesprochen)
Zuvörderst diese, danach das für Punkt neun Uhr anbefohlene
Feuerwerk und zwischen beiden die eingeschobene
Opera buffa. Womit die ich Ehre habe, mich zu
empfehlen.
(Geht ab.)
MUSIKLEHRER
Wie soll ich das meinem Schüler beibringen?
(Er geht nach der anderen Seite ab. Ein junger Lakai führt
einen Offizier herein, dem er voranleuchtet.)
LAKAI
Hier finden Euer Gnaden die Mamsell Zerbinetta.
(Horcht.) Sie ist bei der Toilette. Ich werde anklopfen.
(Klopft an die Tür rechts vorne.)

ARIANE À NAXOS PROLOGUE
LE MAÎTRE DE MUSIQUE
Je ne doute pas de la solvabilité d’un homme riche
comme Crésus.
LE MAJORDOME (parlé)
A qui, accompagné de votre élève, vous avez eu l’honneur
de livrer votre travail musical. Qu’y a-t-il encore pour
votre service ?
LE MAÎTRE DE MUSIQUE
Ce travail musical est une œuvre sérieuse, remarquable.
Le cadre dans lequel elle sera représentée ne peut pas
nous être indifférent !
LE MAJORDOME (parlé)
Néanmoins, il appartient à mon gracieux maître, s u m m o
et unico loco, de décider quel genre de spectacle il présentera
à ses éminents invités, après leur avoir offert une
magnifique collation.
LE MAÎTRE DE MUSIQUE
Par conséquent, vous comptez l’opéra héroïque A r i a n e
parmi les plaisirs favorisant la digestion ?
LE MAJORDOME (parlé)
C e l u i -ci d’abord, puis le feu d’artifice commandé pour
neuf heures précises et, entre les deux, l’opéra bouffe. Làdessus,
j’ai l’honneur de vous saluer
(Il sort.)
LE MAÎTRE DE MUSIQUE
Comment annoncer cela à mon élève ?
(Il sort du côté opposé. Un jeune laquais introduit un
officier dont il éclaire le chemin.)
UN LAQUAIS
Votre Grâce trouvera ici la demoiselle Zerbinette.
(Il écoute.)Elle est à sa toilette. Je vais frapper.
(Il frappe à la porte de droite au premier plan.)
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OFFIZIER
Laß er das sein und geh er zum Teufel.
(Stößt den Lakai heftig an und tritt ein.)
LAKAI
(Er taumelt, rettet den Leuchter auf einem Wandtisch rechts
zwischen den beiden Türen und klaubt sich zusammen)Das
ist die Sprache der Leidenschaft, verbunden mit einem
unrichtigen Objekt.
KOMPONIST
(Er kommt eilig von rückwärts) Lieber Freund!
Verschaffen Sie mir die Geigen. Richten Sie ihnen aus,
daß sie sich hier versammeln sollen zu einer letzten kurzen
Verständigungsprobe.
LAKAI, gemein und grob
Die Geigen werden schwerlich kommen, erstens weil’s ke i n e
Füß’ nicht haben, und zweitens, weil’s in der Hand sind!
KOMPONIST, naiv, belehrend, ohne sich verspottet zu glauben
Wenn ich sage: die Geigen, so meine ich die Spieler.
LAKAI, gemein, von oben herab
Ach so! Die sind aber jetzt dort, wo ich auch hin sollt’!
und wo ich gleich sein werd’ – anstatt mich da mit Ihnen
aufzuhalten.
KOMPONIST, ganz naiv, zart
Wo ist das?
LAKAI, plump
Bei der Tafel!
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
KOMPONIST, aufgeregt
Jetzt? Eine Viertelstunde vor Anfang meiner Oper beim
Essen?
LAKAI
Wenn ich sag’: bei der Tafel, so mein’ ich natürlich bei
der herrschaftlichen Tafel, ( v e r ä c h t l i c h ) nicht beim
Musikantentisch.

ARIANE À NAXOS PROLOGUE
UN OFFICIER
Laisse ça et va au diable.
(Il écarte brutalement le laquais et entre.)
LE LAQUAIS
(Il chancelle, parvient à poser son chandelier sur une
console à droite entre les deux portes et reprend ses esprits)
C’est le langage de la passion liée à un objet mal choisi.
LE COMPOSITEUR
(Arrivant en hâte par le fond) Cher ami ! Faites-moi venir
les violons. Informez-les qu’il doivent se retrouver ici
pour un dernier et court raccord.
LE LAQUAIS, vulgaire et grossier
Les violons viendront difficilement, premièrement parce
q u’ils n’ont pas de pieds et deuxièmement parce qu’ i l s
sont en main !
LE COMPOSITEUR, naïf, pédagogue, sans se sentir moqué
Quand je dis : les violons, je veux dire les instrumentistes.
LE LAQUAIS, vulgaire, condescendant
Ah bon ! Mais ils sont en ce moment là où je devrais être
a u s s i ! et là où je vais aller tout de suite – au lieu de
m’entretenir ici avec vous.
LE COMPOSITEUR, complètement naïf, tendre
Où est-ce ?
LE LAQUAIS, comme un lourdaud
A table !
LE COMPOSITEUR, énervé
Maintenant ? Manger un quart d’heure avant le début de
mon opéra ?
LE LAQUAIS
Quand je dis : à table, je veux naturellement dire à la
table du maître ( m é p r i s a n t ) et non pas à la table des
musiciens.
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KOMPONIST
Was soll das heißen?
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
LAKAI
Aufspielen tun sie. Capito? Sind also für Sie derzeit nicht
zu sprechen.
KOMPONIST, aufgeregt, unruhig
So werde ich mit der Demoiselle die Arie der Ariadne
repetieren –
(Will an die vordere Tür rechts.)
LAKAI hält ihn ab
Hier ist nicht die Demoiselle drin, die Sie suchen, diejen’ge
Demoiselle aber, die hier drin ist, ist derzeitig für
Sie ebenfalls nicht zu sprechen.
KOMPONIST, naiv, stolz
Weiß er, wer ich bin? Wer in meiner Oper singt, ist für
mich jederzeit zu sprechen.
LAKAI lacht spöttisch
He, he, he!
(Winkt ihm herablassend, geht ab.)
KOMPONIST klopft an die Tür rechts, bekommt keine Antwort ;
dann plötzlich zornrot dem Lakai nach
Eselsgesicht!
Sehr unverschämter frecher Esel!
Der Eselskerl läßt mich allein hier vor der Tür –
hier vor der Tür mich steh’n und geht.
(Seine Miene geht vom Zorn zum Ausdruck starken
Nachdenkens über.) O, ich möcht’ vieles ändern noch in
zwölfter Stund’– und heut wird meine Oper – O der Esel!
Die Freud’! Du allmächtiger Gott! O du mein zitterndes
Herz! Du allmächtiger Gott!
(Er nimmt der Melodie nach, sucht in seinen Rocktaschen
nach einem Stück Notenpapier, findet eines, zerknittert’s,
schlägt sich an den Kopf.)
Dem Bacchus eintrichtern, daß er ein Gott ist! Ein seliger
Knabe! Kein selbstgefälliger Hanswurst mit einem Pantherfell!
Mir scheint, das ist seine Tür.

ARIANE À NAXOS PROLOGUE
LE COMPOSITEUR
Qu’est-ce que cela signifie ?
LE LAQUAIS
Ils jouent. Pigé ? Ce n’est donc pas le moment de leur parler.
LE COMPOSITEUR, énervé, anxieux
Alors je vais répéter l’air d’Ariane avec la demoiselle –
(Il se dirige vers la porte de droite au premier plan.)
LE LAQUAIS, le retenant
La demoiselle que vous cherchez n’est pas là-dedans, et
la demoiselle qui est là-dedans, vous ne pouvez pas non
plus lui parler en ce moment.
LE COMPOSITEUR, naïf, orgueilleux
Sais-tu qui je suis ? A qui chante dans mon opéra, je puis
parler à tout moment.
UN LAQUAIS rit en se moquant
Hé, hé, hé !
(Il s’incline avec dédain et sort.)
LE COMPOSITEUR frappe à la porte de droite ; pas de réponse ;
alors soudain, rouge de colère, au laquais
Face d’âne!
Ane effronté, tu n’as pas honte !
Cet âne me laisse seul ici devant la porte –
Ici, debout devant la porte, et il s’en va.
(Sa mine passe de la colère à l’expression d’une profonde
r é fl exion.) O, j’aimerais modifier tant de choses jusqu’au dernier
moment – et aujourd’hui mon opéra sera – ô quel âne !
La joie ! Toi, Dieu tout puissant ! O toi, mon cœur tremblant
! Toi, Dieu tout puissant !
(Il reprend la mélodie, cherche dans sa poche un bout
de papier à musique, en trouve un, le froisse et
se tape le front.)
Faire comprendre à Bacchus qu’il est un dieu ! Un jeune
homme sublime. Pas un polichinelle vaniteux couvert
d’une peau de panthère ! Je crois que c’est sa porte.
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(Läuft an die zweite Tür links, klopft; hält indessen mit
voller Stimme die gefundene Melodie fest.)
O du Knabe! Du Kind! Du allmächtiger Gott!
Die Tür geht auf. Der Perückenmacher taumelt heraus,
empfängt soeben eine Ohrfeige vom Tenor, der als Bacchus,
aber mit kahlem Kopf die Lockenperücke in der Hand,
nach ihm zornig heraustritt.
TENOR
Das! Für einen Bacchus! Das mir aufzusetzen mutet er
zu. Da hat er, Lump, für seinen Bacchuskopf!
(Gibt ihm einen Fußtritt)
KOMPONIST ist zurückgesprungen
Mein Wertester! Sie allerdringendst muß ich sprechen!
PERÜCKENMACHER, zum Tenor
Dero mißhelliges Betragen kann ich belächelnd nur einer
angeborenen Gemütsaufwallung zurechnen!
KOMPONIST, nun wieder näherkommend
Mein Wertester!
Tenor schlägt die Tür zu.
PERÜCKENMACHER, schreiend gegen die geschlossene Tür
Habe meinerseits keine Ursache, wegen meiner Leistungen
vor Ihnen zu erröten!
KOMPONIST, sich ihm nähernd, naiv-bescheiden
Hat der Herr leicht ein Stückerl Schreibpapier? Hätt’ mir
gern was aufnotiert! Ich vergess’ nämlich gar leicht.
PERÜCKENMACHER
Kann nicht dienen!
(Läuft ab.)
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
ZERBINETTA, noch sehr im Negligé, mit dem Offizier aus dem
Zimmer rechts
Erst nach der Oper kommen wir daran. Es wird ke i n e

(Il court vers la deuxième porte à gauche ; frappe ;
il reprend à pleine voix la mélodie qu’il vient d’inventer.)
O jeune homme ! Enfant ! Toi dieu tout puissant !
La porte s’ouvre. Le perruquier sort en titubant,
ayant pris une claque du ténor, qui le suit en colère,
costumé en Bacchus mais le crâne chauve,
une perruque bouclée à la main.
LE TÉNOR
Ça ! Pour un Bacchus ! Tu crois que je vais mettre ça.
Prends ça, chiffonnier, pour ta tête de Bacchus !
(Il lui donne un coup de pied.)
LE COMPOSITEUR a reculé d’un saut
Mon très cher ! Je dois vous parler toutes affaires cessantes.
LE PERRUQUIER, au Ténor
Je ne puis que sourire de votre désaccord et l’attribuer à
un excès de sensibilité congénital.
LE COMPOSITEUR, se rapprochant à nouveau
Mon très cher !
Le Ténor claque la porte.
LE PERRUQUIER, criant à la porte close
Pour ma part, je n’ai aucun motif de rougir de ma production
devant vous !
LE COMPOSITEUR, s’approchant de lui, naïvement modeste
Monsieur aurait un petit bout de papier ? J’aimerais noter
quelque chose ! J’oublie si facilement.
LE PERRUQUIER
Je ne peux rien faire !
(Il sort en courant.)
ARIANE À NAXOS PROLOGUE
ZERBINETTE, encore en négligé, sort avec l’Officier de la
chambre à droite
Nous ne passons qu’après l’opéra. Ça ne va pas être une
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STRAUSS / HOFMANNSTHAL
kleine Mühe kosten, die Herrschaften wieder lachen zu
machen, wenn sie sich erst eine Stunde gelangweilt haben.
(Kokett)Oder meinen Sie, es wird mir gelingen?
Offizier küßt ihr stumm die Hand. Sie gehen nach
rückwärts, sprechen weiter. Die Primadonna mit dem
Musiklehrer tritt aus der vorderen Tür links. Sie trägt über
dem Ariadne-Kostüm den Frisiermantel. Bleibt in der Tür
stehen. Der Musiklehrer will sich verabschieden.
PRIMADONNA
Schnell, lieber Freund! Einen Lakai zu mir! Ich muß
unbedingt sofort den Grafen sprechen.
Der Komponist hat sie gesehen, will hin;
sie schließt ihre Tür.
MUSIKLEHRER hält ihn auf
Du kannst jetzt nicht eintreten – sie ist beim Frisieren.
Tanzmeister kommt von rückwärts, tritt rückwärts zu
Zerbinetta und dem Offizier.
KOMPONIST gewahrt erst jetzt Zerbinetta; zum Musiklehrer
Wer ist dieses Mädchen?
Der Musiklehrer verlegen, nimmt ihn beiseite.
TANZMEISTER, zu Zerbinetta
Sie werden leichtes Spiel haben, Mademoiselle. Die Oper
ist langweilig über die Begriffe, und was die Einfälle
anlangt, so steckt in meinem linken Schuhabsatz mehr
Melodie als in dieser ganzen »Ariadne auf Naxos«.
MUSIKLEHRER, mit dem Komponisten ganz vorne
Sei sie wer immer!
KOMPONIST, dringender
Wer ist dieses entzückende Mädchen?

ARIANE À NAXOS PROLOGUE
sinécure de faire rire ces messieurs dames s’ils se sont
d’abord ennuyés pendant une heure.
(Avec coquetterie)Ou pensez-vous que j’y réussirai ?
L’ Officier lui baise la main sans rien dire.
Ils vont vers le fond, continuant leur conversation.
La Prima Donna et le Maître de musique entrent par
la porte de gauche au premier plan. Elle porte un peignoir
sur son costume d’Ariane. Elle reste sur le pas de la porte.
Le Maître de musique s’apprête à prendre congé.
LA PRIMA DONNA
Vite, cher ami ! Un laquais ! Je dois absolument parler au
comte, tout de suite.
Le Compositeur l’a vue et veut entrer ; elle ferme la porte.
LE MAÎTRE DE MUSIQUE le retient
Tu ne peux entrer maintenant – elle se fait coiffer.
Le Maître à danser arrive par le fond, où il rejoint
Zerbinette et l’Officier.
LE COMPOSITEUR, ne remarquant Zerbinette qu’à cet instant ;
au Maître de musique
Qui est cette fille ?
Le Maître de musique, gêné, le prend à part.
LE MAÎTRE À DANSER, à Zerbinette
Ce sera un jeu d’enfant pour vous, Mademoiselle. L’opéra
est ennuyeux – cela dépasse l’imagination – et en ce qui
concerne les idées, il y en a plus dans mon talon gauche
que dans toute cette « Ariane à Naxos ».
LE MA Î T R ED E M U S I Q U E, avec le Compositeur, au tout premier plan
Peu importe !
LE COMPOSITEUR, pressant
Qui est cette ravissante fille ?
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MUSIKLEHRER
Um so besser, wenn sie dir gefällt. Es ist die Zerbinetta.
( L e i c h t h i n )Sie singt und tanzt mit vier Partnern das lustige
Nachspiel, das man nach deiner Oper gibt.
KOMPONIST, zurückprallend
Nach meiner Oper? Ein lustiges Nachspiel? Tänze und
Triller, freche Gebärden und zweideutige Worte nach
Ariadne! Sag’ mir’s!
MUSIKLEHRER zaghaft
Ich bitte dich um alles!
KOMPONIST tritt von ihm weg; edel
Des Geheimnis des Lebens tritt an sie heran, nimmt sie
bei der Hand (heftig) und sie bestellen sich eine Affenkomödie,
um das Nachgefühl der Ewigkeit aus ihrem
unsagbar leichtfertigen Schädel fortzuspülen!
(Lacht krampfhaft) O ich Esel!
MUSIKLEHRER
Beruhige dich!
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
KOMPONIST, wütend
Ich will mich nicht beruhigen! Ein heiteres Nachspiel!
Ein Übergang zu ihrer Gemeinheit!
Dieses maßlos ordinäre Volk will sich Brücken bauen aus
meiner Welt hinüber in die seinige! O Mäzene!
Das erlebt zu haben, vergiftet meine Seele für immer. Es
ist undenkbar, daß mir je wieder eine Melodie einfällt!
In dieser Welt kann keine Melodie ihre Schwingen regen!
(Pause, dann mit verändertem Ton, ganz gemütlich) Und
gerade früher ist mir eine recht schöne eingefallen!
( L e b h a f t ) Ich habe mich über einen frechen Laka i e n
erzürnt, da ist sie mir aufgeblitzt – dann hat der Te n o r
dem Pe r ü c kenmacher eine Ohrfeige gegeben – da hab’
ich sie gehabt! ( Ru h i g ) Ein Liebesgefühl, ein süß bescheidenes,
ein Vertrauen, wie diese Welt es nicht wert ist
– da: (den Text improvisierend)Du, Venus’ Sohn – gibst
süßen Lohn für unser Sehnen und Schmachten! La, la, la
–; mein junges Herz und all mein Sinnen und Trachten:

LE MAÎTRE DE MUSIQUE
Tant mieux, si elle te plaît. C’est la Zerbinette.
(Désinvolte)Elle chante et danse avec quatre partenaires
l’épilogue comique qu’on donne après ton opéra.
LE COMPOSITEUR, reculant, atterré
Après mon opéra ? Un épilogue comique ? Des danses et
des trilles, pantomimes grossières et mots obscènes après
Ariane ! Dis-moi !
LE MAÎTRE DE MUSIQUE, hésitant
Je t’en prie !
LE COMPOSITEUR le repousse ; avec noblesse
Le mystère de la vie s’approche d’eux, tout près, il les
prend par la main (avec véhémence) et eux se commandent
une comédie de singes, pour laver leur cerveau indiciblement
léger du sentiment de l’éternité !
(Avec un rire désespéré)Oh, quel âne je suis !
LE MAÎTRE DE MUSIQUE
Calme-toi !
ARIANE À NAXOS PROLOGUE
LE COMPOSITEUR, furieux
Je ne veux pas me calmer ! Un épilogue joyeux ! Une passerelle
vers leur bassesse !
Ces gens démesurément vulgaires veulent lancer des
ponts allant de mon univers au leur ! Ô mécènes !
D’avoir vécu cela empoisonnera mon âme pour toujours. Il
est impensable que je puisse encore inventer une mélodie !
En ce monde, aucune mélodie ne peut ouvrir ses ailes !
(Un temps, puis, sur un ton différent, très doux)Et justement,
je viens d’en trouver une, très belle ! (Vivement)Je
m’étais mis en colère à cause d’un laquais insolent, et elle
m’est venue comme un éclair – puis le ténor a giflé le perruquier
– et là, je l’ai saisie !
(Avec calme) Un sentiment d’amour doux et pudique, une
foi, tels que ce monde-ci n’en mérite pas – là : (improvi -
sant le texte) Toi, fils de Vénus – tu donnes douce récompense
à nos désirs, à nos soupirs ! La, la, la – ; mon jeune
cœur et tous mes rêves et mes désirs :
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STRAUSS / HOFMANNSTHAL
O du Knabe, du Kind, o allmächtiger Gott!
(Eilig, gemütlich) Hast ein Stückerl Notenpapier?
(Musiklehrer gibt ihm welcher. Der Komponist notiert.)
Zerbinetta, im Gespräch, lacht auf. Harlekin,
Scaramuccio, Brighella, Truffaldin sind im Gänsemarsch
aus Zerbinettas Zimmer herausgekommen.
ZERBINETTA (vorstellend)
Meine Partner! Meine erprobten Freunde! Jetzt meinen
Spiegel, mein Rot, meinen Crayon!
Die vier laufen ins Zimmer, kommen bald wieder, bringen
ein Strohstühlchen, Spiegel, Dosen, Puderquasten.
KOMPONIST, mit einem Blick auf Zerbinetta, besinnt sich
plötzlich; fast tragisch, zum Musiklehrer
Und du hast es gewußt! Du hast es gewußt!
MUSIKLEHRER
Mein Freund, ich bin halt dreißig Jahrl’n älter als du und
hab’ halt gelernt, mich in die Welt zu schicken!
KOMPONIST
Wer so an mir handelt, der ist mein Freund gewesen,
gewesen, gewesen, gewesen!
(Zerreißt wütend das Notierte.)
Primadonna öffnet ihre Tür. Komponist wirft die Fetzen
Papier auf den Boden, beißt wütend seine Nägel,
läuft auf und nieder, dann nach hinten.
PRIMADONNA winkt dem Musiklehrer
Haben Sie nach dem Grafen geschickt?
(Tritt ein wenig vor, bemerkt Zerbinetta und die übrigen.)
Pfui! Was gibt’s denn da für Erscheinungen!
Zerbinetta hat auf dem Strohstühlchen rechts im
Vordergrund Platz genommen, schminkt sich zu Ende,
von ihren Partnern bedient; Harlekin hält das Licht,
Brighella den Spiegel.

ARIANE À NAXOS PROLOGUE
Ô toi jeune homme, toi enfant, ô dieu tout-puissant !
(En hâte, avec douceur) Tu as un petit bout de papier à
musique ?
(Le Maître de musique lui en donne un. Le Compositeur note.)
Zerbinette, en conversation, éclate de rire.
Arlequin, Scaramouche, Brighella, Truffaldin sont sortis
en file indienne de la chambre de Zerbinette.
ZERBINETTE, les présentant
Mes partenaires ! Mes amis à toute épreuve ! Maintenant
mon miroir, mon rouge, mon crayon !
Les quatre se précipitent dans la chambre, reviennent
rapidement, et apportent une petite chaise de paille,
un miroir, des boîtes de maquillage, des houppettes.
LE COMPOSITEUR, avec un regard sur Zerbinette, se reprend
soudain ; presque tragique ; au Maître de musique
Et tu le savais ! Tu le savais !
LE MAÎTRE DE MUSIQUE
Mon ami, j’ai trente ans de plus que toi, ma foi, et justement
j’ai appris à me résigner au monde !
LE COMPOSITEUR
Celui qui me traite ainsi fut mon ami, fut, fut, fut, fut !
(Il déchire avec colère ce qu’il avait noté.)
La Prima Donna ouvre sa porte.
Le Compositeur jette les petits bouts de papier sur le sol,
se mord rageusement les ongles, marche de long en large,
puis vers le fond.
LA PRIMA DONNA, faisant signe au Maître de musique
Avez-vous fait appeler le comte ?
(Elle s’avance un peu, aperçoit Zerbinette et les autres.)
Pouah ! Qu’est-ce que c’est que ces phénomènes !
Zerbinette a pris place au premier plan à droite sur la petite
chaise de paille, elle termine son maquillage, assistée par ses
p a r t e n a i r e s; Arlequin tient la lampe, Brighella le miroir.
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STRAUSS / HOFMANNSTHAL
PRIMADONNA, zum Musiklehrer, nicht gerade leise
Uns mit dieser Sorte von Leuten in einen Topf! Weiß man
hier nicht, wer ich bin? Wie konnte der Graf –
ZERBINETTA, mit einem frechen Blick auf die Sängerin
und absichtlich laut
Wenn das Zeug so langweilig ist, dann hätte man doch
uns zuerst auftreten lassen sollen, bevor sie übellaunig
werden. Haben sie sich erst eine Stunde gelangweilt, so
ist es doppelt schwer, sie lachen zu machen.
TANZMEISTER, zu Zerbinetta
Im Gegenteil. Man kommt vom Tisch, man ist beschwert
und wenig aufgelegt, man macht unbemerkt ein
Schläfchen, klatscht dann aus Höflichkeit und um sich
wach zu machen. Indessen ist man ganz munter geworden:
»Was kommt jetzt?« sagt man sich. Die ungetreue
Zerbinetta und ihre vier Liebhaber, ein heiteres Nachspiel
mit Tänzen, leichte, gefäll’ge Melodien, ja! eine Handlung,
klar wie der Tag; da weiß man, woran man ist, das
ist unser Fall, sagt man sich, da wacht man auf, da ist
man bei der Sache! – Und wenn sie in ihren Karossen sitzen,
wissen sie überhaupt nichts mehr, als daß sie die
unvergleichliche Zerbinetta haben tanzen sehn.
MUSIKLEHRER, zur Primadonna, beruhigend
Erzürnen Sie sich nicht um nichts und wieder nichts.
Ariadne ist das Ereignis des Abends, um Ariadne zu
hören, versammeln sich Kenner und vornehme Personen
im Hause eines reichen Mäzens, Ariadne ist das
Losungswort, Sie sind Ariadne, und morgen wird überhaupt
niemand mehr wissen, daß es außer Ariadne noch
etwas gegeben hat.
LAKAI läuft rückwärts vorüber
Die Herrschaften stehen vom Tisch auf! Man sollte sich
hier beeilen.
(Ab.)
MUSIKLEHRER
Meine Damen und Herren, an Ihre Plätze.

ARIANE À NAXOS PROLOGUE
LA PRIMA DONNA, au Maître de musique, pas vraiment
avec douceur
Nous, dans le même sac que cette sorte de gens ! On ne
sait pas qui je suis, ici ? Comment le comte a-t-il pu –
ZERBINETTE, avec un regard effronté sur la chanteuse
et volontairement fort
Si ce truc est tellement barbant, on aurait dû nous faire
passer en premier, avant qu’ils ne deviennent tristes. S’ils
se sont d’abord ennuyés pendant une heure, ce sera deux
fois plus dur de les faire rire.
LE MAÎTRE À DANSER, à Zerbinette
Au contraire. On arrive de table, on est alourdi et pas très
en train, on pique un petit somme discrètement, puis on
applaudit par courtoisie, pour se réveiller. Là-dessus, on a
retrouvé la forme : « Q u’y a-t-il maintenant ? », se
d e m a n d e- t -o n . L’Infidèle Zerbinette et ses quatre amants,
un épilogue joyeux avec des danses légères, des mélodies
plaisantes, oui ! une intrigue claire comme le jour ; là on
sait à quoi s’en tenir, c’est notre genre, se dit-on, on se
réveille, on est à son affaire ! – Et quand ils seront assis
dans leurs carrosses, ils ne sauront plus rien, sauf qu’ils
auront vu danser l’incomparable Zerbinette.
LE MAÎTRE DE MUSIQUE, à la Prima Donna, apaisant
Ne vous irritez pas pour moins que rien. Ariane est l’événement
de la soirée, les connaisseurs et les personnes
distinguées se retrouvent dans la demeure d’un riche
mécène pour entendre Ariane, Ariane est le mot d’ordre,
vous êtes Ariane, et demain personne ne saura plus qu’à
côté d’Ariane, il y a eu autre chose.
LE LAQUAIS passe au fond en courant
Les messieurs dames se lèvent de table ! On devrait se
presser ici.
(Il sort.)
LE MAÎTRE DE MUSIQUE
Mesdames et Messieurs, à vos places.
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Alles kommt in Bewegung, die Arbeiter rückwärts sind
fertig. Der Tenor, als Bacchus, sowie Nymphe :
Najade, Dryade, Echo sind aus der zweiten Tür links
hervorgetreten.
HAUSHOFMEISTER kommt eilfertig von links rückwärts,
tritt auf den Musiklehrer zu; mit Wichtigkeit
Ihnen allen habe ich eine plötzliche Anordnung meines
gnädigen Herrn auszurichten.
MUSIKLEHRER, munter
Ist schon geschehen, wir sind bereit, in drei Minuten mit
der Oper Ariadne anzufangen.
HAUSHOFMEISTER, mit Grandezza
Der gnädige Herr haben sich nunmehr wiederum anders
besonnen.
MUSIKLEHRER
Es soll also nicht mit der Oper begonnen werden?
PRIMADONNA
Was ist das?
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
HAUSHOFMEISTER, stets mit Grandezza
Um Ve rgebung. Wo ist der Herr Tanzmeister? Ich habe
einen Auftrag meines gnädigen Herrn für Sie beide.
TANZMEISTER tritt eilig hinzu
Was wünscht man von mir?
HAUSHOFMEISTER (gesprochen)
Mein gnädiger Herr belieben, das von ihm selbst genehmigte
Programm umzustoßen –
MUSIKLEHRER
Jetzt im letzten Moment! Das ist doch ein starkes Stückl!
HAUSHOFMEISTER (gesprochen)
– umzustoßen und folgendermaßen abzuändern.

ARIANE À NAXOS PROLOGUE
Tout se met en mouvement, les ouvriers, au fond,
ont terminé. Le ténor, en Bacchus, ainsi que les Nymphes :
Naïade, Dryade, Echo sont entrés par la deuxième porte
à gauche.
LE MAJORDOME arrive en hâte du fond à gauche, se dirige vers
le Maître de musique ; avec importance
J’ai à vous communiquer à tous un ordre subit de mon
gracieux maître.
LE MAÎTRE DE MUSIQUE, vif
C’est déjà fait, nous sommes prêts à commencer l’opéra
Ariane dans trois minutes.
LE MAJORDOME, avec hauteur
Mon gracieux maître a désormais d’autres intentions.
LE MAÎTRE DE MUSIQUE
On ne doit donc pas commencer par l’opéra ?
LA PRIMA DONNA
Qu’est-ce que c’est que ça ?
LE MAJORDOME, toujours avec hauteur
Je vous demande pardon. Où est le Maître à danser ? J’ai
un ordre de mon gracieux maître pour vous deux.
LE MAÎTRE À DANSER s’approche rapidement
Que désire-t-on de moi ?
LE MAJORDOME (parlé)
Il plaît à mon gracieux maître d’annuler le programme par
lui-même approuvé –
LE MAÎTRE DE MUSIQUE
Maintenant, au dernier moment ! C’est quand même un
peu fort !
LE MAJORDOME (parlé)
– de l’annuler et de le remplacer comme suit.
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TANZMEISTER
Das Nachspiel wird Vorspiel, wir geben zuerst Die unge -
treue Zerbinetta, dann Ariadne. Sehr vernünftig.
HAUSHOFMEISTER (gesprochen)
Um Ve rgebung. Die Ta n z m a s kerade wird weder als
Nachspiel noch als Vorspiel aufgeführt, sondern mit dem
Trauerstück Ariadne gleichzeitig.
(Allgemeiner Schrecken.)
TENOR
Ha! Ist dieser reiche Herr besessen?
MUSIKLEHRER
Will man sich über uns lustig machen?
PRIMADONNA
Sind die Leute wahnsinnig? Ich muß augenblicklich den
Grafen sprechen!
Komponist nähert sich erschrocken.
Zerbinetta horcht von rechts.
HAUSHOFMEISTER, mit hochmütiger Ironie (gesprochen)
Es ist genau so, wie ich es sage. Wie Sie es machen werden,
das ist natürlich Ihre Sache.
MUSIKLEHRER, dumpf
Unsere Sache!
HAUSHOFMEISTER, sehr wichtig und pompös (gesprochen)
Mein gnädiger Herr ist der für Sie schmeichelhaften
Meinung, daß Sie beide Ihr Handwerk genug verstehen,
um eine solche kleine Abänderung auf eins, zwei durchzuführen.
– Es ist nun einmal der Wille meines gnädigen
Herrn, die beiden Stücke, das lustige und das traurige,
mit allen Personen und der richtigen Musik, so wie er sie
bestellt und bezahlt hat, gleichzeitig auf seiner Bühne
serviert zu bekommen.
MUSIKLEHRER
Warum gleichzeitig?
STRAUSS / HOFMANNSTHAL

ARIANE À NAXOS PROLOGUE
LE MAÎTRE À DANSER
L’épilogue devient prologue, nous donnons d’abord L’Infidèle
Zerbinette, puis Ariane. Très judicieux.
LE MAJORDOME (parlé)
Je vous demande pardon. La mascarade dansée ne sera
représentée ni comme prologue, ni comme épilogue, Mais
en même temps que la tragédie Ariane.
(Effroi général.)
LE TÉNOR
Ah ! Ce riche seigneur est-il fou ?
LE MAÎTRE DE MUSIQUE
Veut-on se moquer de nous ?
LA PRIMA DONNA
Les gens sont-ils fous ? Il faut que je parle au comte
immédiatement !
Le Compositeur s’approche, effrayé.
A droite, Zerbinette écoute.
LE MAJORDOME, avec suffisance et ironie (parlé)
C’est exactement comme je le dis. La façon dont vous le
réaliserez, c’est naturellement votre affaire.
LE MAÎTRE DE MUSIQUE, d’une voix sourde
Notre affaire !
LE MAJORDOME, avec importance, pompeux (parlé)
Mon gracieux maître est d’avis – et c’est flatteur pour
vous – que vous connaissez assez votre métier tous les
deux pour faire ces petits changements en deux temps
trois mouvements. C’est comme ça ; la volonté de mon
gracieux maître est que les deux œuvres, la comique et la
tragique, soient servies en même temps sur sa scène, avec
tous les personnages et la bonne musique, ainsi qu’il les a
commandées et payées.
LE MAÎTRE DE MUSIQUE
Pourquoi en même temps ?
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42
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
ZERBINETTA, leichtfertig
Da muß ich mich ja beeilen!
(Läuft in ihr Zimmer.)
HAUSHOFMEISTER
Und zwar so, daß die ganze Vorstellung deswegen auch
nicht einen Moment länger dauert, denn für Punkt neun
Uhr ist ein Feuerwerk im Garten anbefohlen.
MUSIKLEHRER
Ja, wie um aller Götter willen stellt sich denn Seine
Gnaden das vor?
KOMPONIST, ganz für sich, leise
Eine innere Stimme hat mir von der Wiege an etwas
Derartiges vorausgesagt.
HAUSHOFMEISTER
Es ist wohl nicht die Sache meines gnädigen Herrn, wenn
er ein Spektakel bezahlt, sich auch noch damit abzugeben,
wie es ausgeführt werden soll. Seine Gnaden ist gewohnt,
anzuordnen und seine Anordnungen befolgt zu sehen.
(Nach einer Pause nochmals umkehrend, herablassend)
Zudem ist mein gnädiger Herr schon seit drei Ta g e n
ungehalten darüber, daß in einem so wohlausgestatteten
Hause wie das seinige ein so jämmerlicher Schauplatz
wie eine wüste Insel ihm vorgestellt werden soll und ist
eben, um dem abzuhelfen, auf den Gedanken gekommen,
diese wüste Insel durch das Personal aus dem anderen
Stück einigermaßen anständig staffieren zu lassen.
TANZMEISTER
Das finde ich sehr richtig. Es gibt nichts Geschmackloseres
als eine wüste Insel.
KOMPONIST
Ariadne auf Naxos, Herr. Sie ist das Sinnbild der menschlichen
Einsamkeit.
TANZMEISTER, flink, witzig
Eben darum braucht sie Gesellschaft.

ARIANE À NAXOS PROLOGUE
ZERBINETTE, avec légèreté
Alors il faut que je me dépêche !
(Elle court dans la chambre.)
LE MAJORDOME
Et cela de telle sorte que, pour autant, toute la représentation
ne dure pas un instant de plus, car un feu d’artifice
est commandé au jardin pour neuf heures précises.
LE MAÎTRE DE MUSIQUE
Par tous les dieux, comment sa Grâce conçoit-t-elle cela ?
LE COMPOSITEUR, pour lui-même, avec douceur
Dès le berceau, une voix intérieure m’avait prédit
quelque chose de ce genre.
LE MAJORDOME
Ce n’est certes pas l’affaire de mon gracieux maître, alors
q u’il paye un spectacle, de s’occuper aussi de la façon
dont il sera réalisé. Sa Grâce est habituée à ordonner et à
voir ses ordres suivis.
(Après une pause, revenant sur ses pas, avec condescendance)
En outre, depuis trois jours, mon gracieux maître est irrité
que dans une maison aussi richement installée que la
sienne, un décor aussi misérable qu’une île déserte doive
lui être présenté et c’est précisément pour y remédier
qu’il a eu l’idée de décorer, décemment en quelque sorte,
cette île déserte avec les personnages de l’autre pièce.
LE MAÎTRE À DANSER
Je trouve cela très juste. Il n’y a rien de plus fade qu’une
île déserte.
LE COMPOSITEUR
Ariane à Naxos, Monsieur. Elle est l’emblème de la solitude
humaine.
LE MAÎTRE À DANSER, rapide, piquant
Justement, elle a besoin de compagnie.
43

44
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
KOMPONIST
Nichts um sich als das Meer, die Steine, die Bäume, das
fühllose Echo. Sieht sie ein menschliches Gesicht, wird
meine Musik sinnlos!
TANZMEISTER
Aber der Zuhörer unterhält sich. So wie es jetzo ist, ist es,
um stehend einzuschlafen.
(Schlägt eine Pirouette.)
HAUSHOFMEISTER
Um Ve rgebung, aber ich bitte sich höchlich zu beeilen,
die Herrschaften werden sogleich eintreten.
(Ab.)
MUSIKLEHRER
Ich weiß nicht, wo mir der Kopf steht. Wenn man zwei
Stunden Zeit hätte, über die Lösung nachzudenken!
KOMPONIST
Darüber willst du nachdenken? Wo menschliche Gemeinheit,
stier wie die Meduse, einem entgegengrinst.
(Mit Schwung) Fort, was haben wir hier verloren?
MUSIKLEHRER, traurig, langsam
Was wir hier verloren haben? Die fünfzig Dukaten unter
anderm, von denen du das nächste halbe Jahr zu leben
gedachtest!
KOMPONIST, vor sich finster
Ich habe nichts mit dieser Welt gemein!
Wozu leben in ihr?
TANZMEISTER nimmt den Musiklehrer beiseite
Ich weiß wirklich nicht, warum Sie beide einem so v e rnünftigen
Vorschlag solch übertriebene Schwierigkeiten
entgegensetzen!
MUSIKLEHRER
Meinen Sie im Ernst, es ließe sich machen?

ARIANE À NAXOS PROLOGUE
LE COMPOSITEUR
Rien autour d’elle que la mer, les pierres, les arbres, l’insensible
Echo. Si elle voit un visage humain, ma musique
devient absurde !
LE MAÎTRE À DANSER
Mais l’auditoire s’amuse. Comme ça se présente maintenant,
c’est à dormir debout.
(Il exécute une pirouette.)
LE MAJORDOME
Je vous demande pardon, mais je vous prie vraiment de
vous hâter, ces messieurs dames vont arriver incessamment.
(Il sort.)
LE MAÎTRE DE MUSIQUE
Je ne sais plus où j’ai la tête. Si on avait deux heures pour
réfléchir à une solution !
LE COMPOSITEUR
Tu veux y réfléchir ? Ici où la vulgarité humaine, comme
Méduse, nous fixe en grimaçant.
(Avec élan) Partons, qu’avons-nous à y perdre ?
LE MAÎTRE DE MUSIQUE, tristement, lentement
Ce que nous avons à perdre ? Entre autres les cinquante
ducats sur lesquels tu comptais pour vivre pendant le prochain
semestre !
LE COMPOSITEUR, sombre, pour lui-même
Je n’ai rien en commun avec ce monde.
A quoi ça sert d’y vivre ?
LE MAÎTRE À DANSER, prend le Maître de musique à part
Je ne comprends vraiment pas pourquoi vous deux, vous
opposez des résistances excessives à une proposition si
judicieuse !
LE MAÎTRE DE MUSIQUE
Vous pensez sérieusement qu’elle est réalisable ?
45

46
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
TANZMEISTER
Nichts leichter als das. Die Oper enthält Längen – (leiser)
– gefährliche Längen. Man läßt sie weg. Diese Leute wissen
zu improvisieren, finden sich in jede Situation.
MUSIKLEHRER
Still, wenn er uns hört, begeht er Selbstmord.
TANZMEISTER
Fragen Sie ihn, ob er seine Oper lieber heute ein wenig
verstümmelt hören will, oder ob er sie niemals hören will.
Schaffen Sie ihm Tinte, Fe d e r, einen Rotstift, was immer!
(Zum Ko m p o n i s t e n ) Es handelt sich darum, Ihr Werk zu
r e t t e n !
KOMPONIST
(Er drückt die ihm von allen Seiten gereichten Noten leidenschaftlich
an die Brust.)
Lieber ins Feuer!
Man bringt Tinte, Feder, ein Licht dazu; schiebt den Tisch
nach vorne.
TANZMEISTER
Hundert große Meister, die wir auf den Knien bewundern,
haben ihre erste Aufführung mit noch ganz anderen
Opfern erkauft.
KOMPONIST, rührend, hilflos
Meinen Sie? Hat er recht? Du? Darf ich denn? Muß ich denn?
TANZMEISTER drückt ihn sanft an den Tisch, wo man die Noten
ausbreitet und das Licht daneben stellt; zum Musiklehrer
Sehen Sie zu, daß er genug streicht. Ich rufe indeß
Zerbinetta, wir erklären ihr in zwei Worten die Handlung!
Sie ist eine Meisterin im Improvisieren; da sie immer nur
sich selber spielt, findet sie sich in jeder Situation
zurecht, die anderen sind auf sie eingespielt, es geht alles
wie am Schnürchen.
(Er holt Zerbinetta aus dem Zimmer, spricht zu ihr.
Komponist fängt an, beim Schein der Kerze zu streichen.)

ARIANE À NAXOS PROLOGUE
LE MAÎTRE À DANSER
Rien de plus facile que ça. L’opéra contient des longueurs
– (à voix basse)– de dangereuses longueurs. Coupons-les.
Ces gens savent improviser, s’adaptent à toute situation.
LE MAÎTRE DE MUSIQUE
Chut, s’il nous entend, il se suicide.
LE MAÎTRE À DANSER
Demandez-lui s’il préfère entendre son opéra aujourd’hui,
même un peu mutilé, ou s’il veut ne jamais l’entendre.
Apportez-lui de l’encre, une plume, un crayon rouge, tout
le nécessaire !
(Au Compositeur)Il s’agit de sauver votre œuvre !
LE COMPOSITEUR
(Il serre avec passion sur sa poitrine les pages de papier à
musique qu’on lui tend de tous côtés.)
Plutôt la mettre au feu !
On apporte de l’encre, une plume, une lampe ;
on pousse la table au premier plan
LE MAÎTRE À DANSER
Cent grands maîtres, que nous adorons à genoux, ont payé
leur première représentation de tout autres sacrifices.
LE COMPOSITEUR, touchant, désarmé
Vous croyez ? A-t-il raison ? Alors puis- j e ? Alors dois- j e?
LE MAÎTRE À DANSER l’attire doucement à la table où les notes
sont étalées sous la lampe ; au Maître de musique
Veillez à ce qu’il fasse assez de coupures. Pendant ce
temps, j’appelle Zerbinette, nous lui expliquons l’intrigue
en deux mots ! C’est une maîtresse de l’improvisation ;
comme elle n’incarne toujours qu’ e l l e-même, elle est
juste en toute situation, les autres se règlent sur elle, tout
marche comme sur des roulettes.
(Il va chercher Zerbinette dans sa chambre, lui parle.
Le Compositeur commence à biffer, à la lumière
de la chandelle.)
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48
{
{
{
TENOR tritt verstohlen zum Komponisten, beugt sich zu ihm
Der Ariadne müssen Sie streichen.
PRIMADONNA, zum Musiklehrer
Sehen Sie zu, daß er dem Bacchus einiges wegnimmt:
Man erträgt es nicht, diesen Mann
MUSIKLEHRER, flüsternd, zu Primadonna
Sie behalten alles.
PRIMADONNA
So viel hohe Töne singen zu hören.
TENOR
Niemand hält es aus, wenn diese Frau unaufhörlich auf
der Bühne steht.
MUSIKLEHRER, zum Tenor nach der andern Seite gewandt
Er nimmt ihr zwei Arien weg, Ihnen keine Note.
Verraten Sie mich nicht.
(Zur Pr i m a d o n n a ) Er nimmt dem Bacchus die Halbe
Rolle, lassen sie sich nichts merken.
TANZMEISTER, zu Zerbinetta, lustig geistreich
Diese Ariadne ist eine Königstochter.
Sie ist mit einem gewissen
Theseus entflohen, dem sie vorher das Leben gerettet hat.
ZERBINETTA, zwischen Tür und Angel
So etwas geht selten gut aus.
TANZMEISTER
Theseus wird ihrer überdrüssig und läßt sie bei Nacht auf
einer wüsten Insel zurück!
MUSIKLEHRER, links leise gleichzeitig zum Komponisten
Noch das, es muß sein!
ZERBINETTA, verständnisvoll
Kleiner Schuft!
STRAUSS / HOFMANNSTHAL

{
{
{
LE TÉNOR s’approche furtivement du Compositeur,
se penche sur lui
Vous devez couper dans le rôle d’Ariane.
LA PRIMA DONNA, au Maître de musique
Veillez à ce qu’il en enlève un peu à Bacchus :
On ne pourra tolérer que cet homme...
LE MAÎTRE DE MUSIQUE, chuchotant à la Prima Donna
Vous conservez tout.
LA PRIMA DONNA
... chante tant de notes aiguës.
LE TÉNOR
Personne ne supportera que cette femme soit sans arrêt
en scène.
LE MAÎTRE DE MUSIQUE, au Ténor, tourné de l’autre côté
Il lui coupe deux airs. A vous, pas une note.
Ne me trahissez pas.
(A la Prima Donna) Il coupe à Bacchus
La moitié de son rôle, faites comme si de rien n’était.
LE MAÎTRE À DANSER, à Zerbinette, gai, plein d’esprit
Cette Ariane est une fille de roi.
Elle a fui avec un certain
Thésée, à qui elle a auparavant sauvé la vie.
ZERBINETTE, sur le pas de la porte
De telles histoires finissent rarement bien.
LE MAÎTRE À DANSER
Thésée se lasse d’elle et l’abandonne de nuit sur une île
déserte !
LE MAÎTRE DE MUSIQUE, au Compositeur
Ça aussi, il le faut !
ZERBINETTE, compréhensive
Petit coquin !
ARIANE À NAXOS PROLOGUE
49

50
TANZMEISTER
Sie verzehrt sich in Sehnsucht (parodierend heroisch) und
wünscht den Tod herbei.
ZERBINETTA
Den Tod! Das sagt man so. Natürlich meint sie einen
anderen Verehrer.
TANZMEISTER
Natürlich, so kommt’s ja auch!
KOMPONIST hat aufgehorcht, kommt näher
Nein, Herr, so kommt es nicht!
Denn, Herr, sie ist eine von den Frauen, die nur einem im
Leben gehören und danach keinem mehr.
ZERBINETTA
Ha!
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
KOMPONIST verwirrt, starrt sie an
Keinem mehr als dem Tod.
ZERBINETTA tritt heraus
Der Tod kommt aber nicht. Sondern das Gegenteil wetten
w i r. Vielleicht auch ein blasser, dunkeläugiger Bursche,
wie du einer bist.
MUSIKLEHRER
Sie vermuten ganz recht. Es ist der jugendliche Gott
Bacchus, der zu ihr kommt!
ZERBINETTA, fröhlich spöttisch
Als ob man das nicht wüßte! Nun hat sie fürs nächste ja,
was sie braucht.
KOMPONIST, sehr feierlich
Sie hält ihn für den Todesgott. In ihren Augen, in ihrer
Seele ist er es, und darum, einzig nur darum –
ZERBINETTA, aus der Tür, sehr zierlich
Das will sie dir weismachen.

PREMIÈRE ARIANE À NAXOS PROLOGUEPARTIE TABLEAU 5
LE MAÎTRE À DANSER
Elle se consume de nostalgie (parodiant le ton héroïque)
et désire que la mort vienne.
ZERBINETTE
La mort ! On dit ça. Naturellement elle pense à un autre
soupirant.
LE MAÎTRE À DANSER
Bien sûr, ça viendra aussi !
LE COMPOSITEUR qui a écouté, s’approche
Non Monsieur, ça ne viendra pas !
Car, Monsieur, elle est de ces femmes qui ne se donnent
qu’à un seul dans leur vie, et plus jamais.
ZERBINETTE
Ah !
LE COMPOSITEUR, troublé, la regardant fixement
Excepté à la mort.
ZERBINETTE, sortant
Mais la mort ne vient pas. Au contraire, parions. Peut-être
même que ce sera un gars aux yeux sombres, au teint
pâle, comme toi.
LE MAÎTRE DE MUSIQUE
Votre supposition est parfaitement juste. C’est le jeune
dieu Bacchus qui vient à elle !
ZERBINETTE, gaiement ironique
Comme si on ne le savait pas ! Bon, elle a ce qu’il lui faut
pour la suite.
LE COMPOSITEUR, très solennel
Elle le prend pour le dieu de la mort. A ses yeux, en son
âme, il est celui-ci et c’est pour ça, uniquement pour ça –
ZERBINETTE, à la porte, très gracieuse
Ça, c’est ce qu’elle veut te faire croire.
51

52
KOMPONIST
– einzig nur darum geht sie mit ihm – auf sein Schiff! Sie
meint zu sterben! (Leise aber große) Nein, sie stirbt wirklich.
ZERBINETTA, Indem was überwirft
Tata! Du wirst mich meinesgleichen kennen lehren!
KOMPONIST
Sie ist nicht Ihresgleichen!
(Schreiend)Ich weiß es, daß sie stirbt!
( L e i s e ) Ariadne ist die eine unter Millionen, sie ist die
Frau, die nicht vergißt.
ZERBINETTA
Kindskopf!
(Sie kehrt ihm den Rücken; zu ihren vier Partnern, die her -
angetreten sind) Merkt auf, wir spielen mit in dem Stück
Ariadne auf Naxos. Das Stück geht so: eine Prinzessin ist
von ihrem Bräutigam sitzen gelassen, und ihr nächster
Verehrer ist vorerst nicht angekommen. Die Bühne stellt
eine wüste Insel dar. Wir sind eine muntere Gesellschaft,
die sich zufällig auf dieser wüsten Insel befindet. Ihr richtet
euch nach mir, und sobald sich eine Gelegenheit bietet,
treten wir auf und mischen uns in die Handlung!
KOMPONIST, während sie spricht; vor sich
Sie gibt sich dem Tod hin – ist nicht mehr da – weggewischt
– stürzt sich hinein ins Geheimnis der Verwandlung – wird
neu geboren – entsteht wieder in seinen Armen! –
( G r a n d i o s )Daran wird er zum Gott.
Worüber in der Welt könnte eines zum Gott werden als
über diesem Erlebnis?
(Springt auf.)
ZERBINETTA tritt zu ihm, sieht ihm in die Augen
Courage! Jetzt kommt Vernunft in die Verstiegenheit!
KOMPONIST
Lebendig war’s! Stand da – so!
(Malt’s mit den Händen in die Luft.)
ZERBINETTA
STRAUSS / HOFMANNSTHAL

ARIANE À NAXOS PROLOGUE
LE COMPOSITEUR
– c’est uniquement pour ça qu’elle va avec lui – sur son
n a v i r e ! Elle croit qu’elle va mourir ! (Doucement mais
avec grandeur) Non, elle meurt réellement.
ZERBINETTE, en se couvrant les épaules
Taratata ! Tu ne m’apprendras pas à connaître mes semblables !
LE COMPOSITEUR
Elle n’est pas votre semblable !
(Criant) Je sais qu’elle meurt !
( D o u c e m e n t ) Ariane, entre toutes les femmes, est celle
qui n’oublie pas.
ZERBINETTE
Bêtasson !
(Elle lui tourne le dos ; à ses quatre partenaires, qui se sont
a p p r o c h é s ) Ecoutez, nous jouons dans la pièce Ariane à
N a xo s. La pièce marche comme ça : une princesse est
abandonnée par son fiancé et son prochain soupirant n’est
pas encore arrivé. La scène représente une île déserte.
Nous sommes une joyeuse compagnie qui se trouve par
hasard sur cette île déserte. Vous vous réglez sur moi, et
dès qu’une occasion se présente, nous entrons en scène et
nous nous mêlons à l’action !
LE COMPOSITEUR, pendant qu’elle parle ; pour lui-même
Elle s’abandonne à la mort – elle n’est plus là – effacée –
se jette dans le mystère de la métamorphose – elle va
naître à nouveau – renaître dans ses bras !
(Grandiose) – C’est ainsi qu’il devient un dieu.
Par quoi au monde pourrait-on devenir un dieu sinon par
cette expérience ?
(Il sursaute.)
ZERBINETTE s’approche de lui, le regarde dans les yeux
Courage ! Voilà un peu de raison dans l’extravagance !
LE COMPOSITEUR
C’était vivant ! C’était là – comme ça !
(Il en fait le dessin dans l’espace avec ses mains.)
53

54
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
Und wenn ich hineinkomme, wird’s schlechter?
KOMPONIST, vor sich
Ich überlebe diese Stunde nicht!
ZERBINETTA
Du wirst noch ganz andere überleben.
KOMPONIST, verloren
Was wollen Sie – in diesem Augenblick – damit sagen?
ZERBINETTA, mit äusserter Koketterie, scheinbar ganz schlicht
Ein Augenblick ist wenig – ein Blick ist viel. Viele meinen,
daß sie mich kennen, aber ihr Auge ist stumpf.
Auf dem Theater spiele ich die Ko kette, wer sagt, daß mein
Herz dabei im Spiele ist? Ich scheine munter und bin doch
traurig, gelte für gesellig und bin doch so einsam.
KOMPONIST, naiv entzückt
Süßes, unbegreifliches Mädchen!
ZERBINETTA
Törichtes Mädchen, mußt du sagen, (sehr innig) das sich
manchmal zu sehnen verstünde nach dem einen, dem sie
treu sein könnte, treu bis ans Ende.
KOMPONIST, lebhaft
Wer es sein dürfte, den du ersehnest! Du bist wie ich –
das Irdische unvorhanden in deiner Seele.
ZERBINETTA, schnell, zart
Du sprichst, was ich fühle. Ich muß fort. Ve rgißest du
gleich wieder diesen einen Augenblick?
KOMPONIST, hingerissen, schwärmend
Vergißt sich in Äonen ein einziger Augenblick?
Zerbinetta macht sich los, läuft schnell in ihr Zimmer
nach rechts.
Während dieses Dialogs, der Musiklehrer, als Regisseur der

ARIANE À NAXOS PROLOGUE
ZERBINETTE
Et si j’entre en jeu, ce sera moins bien ?
LE COMPOSITEUR, pour lui-même
Je ne survivrai pas à ce moment !
ZERBINETTE
Tu survivras à bien d’autres choses.
LE COMPOSITEUR, perdu
Que voulez-vous dire par là, en cet instant ?
ZERBINETTE, avec une extrême coquetterie,
mais apparemment très simple
Un instant, c’est peu – un regard, c’est beaucoup.
Beaucoup croient qu’ils me connaissent mais leur œil est
insensible. Sur le théâtre, je joue la coquette, mais qui dit
que mon cœur prend part à ce jeu ? Je semble gaie, mais
je suis triste, faite pour le monde, mais suis si seule.
LE COMPOSITEUR, naïvement émerveillé
Douce et insaisissable fille !
ZERBINETTE
Fille stupide, devrais-tu dire, (très tendre)qui se languit
parfois de l’unique, à qui elle pourrait être fidèle, fidèle
jusqu’au bout.
LE COMPOSITEUR, vivement
Pouvoir être celui que tu désires ! Tu es comme moi – le
terrestre n’a pas de place en ton âme.
ZERBINETTE, rapidement, tendrement
Tu dis ce que je sens. Il faut que j’y aille. Oublieras-tu de
suite cet instant ?
LE COMPOSITEUR, transporté, enthousiaste
Dans les éternités, un unique instant peut-il être oublié ?
Zerbinette se dégage, et court rapidement vers sa chambre
à droite.
55

56
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
Oper, hat die übrigen Figuren, den Tenor, dann die drei
Nymphen auch rückwärts, wo die Bühne angenommen ist,
dirigiert und kommt jetzt eilfertig nach vorne, die
Primadonna abzuholen, die noch einmal in ihr
Garderobenzimmer verschwunden war.
MUSIKLEHRER
An Ihre Plätze, meine Damen und Herren! Ariadne!
Zerbinetta! Scaramuccio, Harlekin! Auf die Szene, wenn
ich bitten darf!
PRIMADONNA, mit einem Blick auf Zerbinetta, die aus ihrem
Zimmer tritt, dem Komponisten einen Kuß zuwirft, dann nach
rückwärts läuft; zum Musiklehrer
Ich soll mit dieser Person auf einer Szene stehen!
Woran denken Sie!
MUSIKLEHRER
Seien Sie barmherzig! Bin ich nicht Ihr alter Lehrer?
PRIMADONNA
Jagen Sie mir die Kreatur von der Bühne – oder ich weiß
nicht, was ich tue!
MUSIKLEHRER
Wo hätten Sie eine bessere Gelegenheit als auf der
Bühne, ihr zu zeigen, welch unermeßlicher Abstand zwischen
Ihnen befestigt ist?
PRIMADONNA, höhnisch lachend
Abstand! Ha! Eine Welt, hoffe ich.
MUSIKLEHRER
Legen Sie diese Welt in jede Gebärde, und – man wird
Ihnen anbetend zu Füßen sinken.
(Küßt ihr die Hand, führt sie ein paar Schritte nach
rückwärts, kommt dann sogleich wieder, den Komponisten
zu holen.)
KOMPONIST umarmt den Musiklehrer stürmisch
Seien wir wieder gut! Ich sehe jetzt alles mit anderen
Augen! Die Tiefen des Daseins sind unermeßlich!

ARIANE À NAXOS PROLOGUE
Pendant ce dialogue le Maître de musique, en tant que
metteur en scène de l’opéra a dirigé vers le fond les autres
personnages, le Ténor puis les trois Nymphes, là où la
scène se dessine ; il revient en hâte au premier plan
et va chercher la Prima Donna qui une fois encore
a disparu dans sa loge.
LE MAÎTRE DE MUSIQUE
A vos places, mesdames et messieurs ! Ariane ! Zerbinette !
Scaramouche, Arlequin! En scène, s’il vous plaît.
LA PRIMA DONNA, avec un regard sur Zerbinette, qui sort de sa
loge, envoie un baiser au Compositeur avant de courir vers le
fond ; au Maître de musique
Je devrais être en scène avec ces gens !
A quoi pensez-vous !
LE MAÎTRE DE MUSIQUE
Soyez charitable ! Ne suis-je pas votre vieux professeur ?
LA PRIMA DONNA
Chassez-moi ces créatures de la scène – ou je ne sais pas
de quoi je serais capable !
LE MAÎTRE DE MUSIQUE
Où auriez-vous une meilleure occasion que sur la scène, de
démontrer quelle incommensurable distance vous sépare ?
LA PRIMA DONNA, ricanant
Distance ! Ah ! un monde j’espère.
LE MAÎTRE DE MUSIQUE
Mettez ce monde dans chaque mouvement et l’on tombera
à vos pieds, en adoration à vos pieds.
(Il lui baise la main, l’accompagne pendant quelques pas
vers le fond, puis revient immédiatement chercher
le Compositeur.)
LE COMPOSITEUR embrasse le Maître de musique avec fougue
Réconcilions-nous ! A présent, je vois tout avec d’autres
yeux ! Les profondeurs de l’existence sont immenses !
57

58
Mein lieber Freund, es gibt manches auf der Welt, das läßt
sich nicht sagen. Die Dichter unterlegen ja recht gute
Worte, recht gute – (Jubel in der Stimme)– jedoch, jedoch,
jedoch, jedoch, jedoch! – Mut ist in mir, Freund. Die We l t
ist lieblich und nicht fürchterlich dem Mutigen – und was
ist denn Musik? (Mit fast trunkener Fe i e r l i c h keit) Musik ist
eine heilige Kunst, zu versammeln alle Arten von Mut wie
Cherubim um einen strahlenden Thron! und darum ist sie
die heilige unter den Künsten! Die heilige Musik!
(Zerbinetta erscheint rückwärts, mit einem frechen Pfiff
ihre Partner auf die Bühne zu rufen. Harlekin kommt
eilfertig aus dem Zimmer rechts, läuft seinen Gurt
schnallend auf die Bühne.)
Was ist das? Wohin?
(Scaramuccio, wie Harlekin, gleichfalls seine Toilette im
Laufen beendend)
Diese Kreaturen – ( Truffaldin, Brighella, den gleichen
Weg wie die vorigen.) – in mein Heiligtum hinein ihre
Bocksprünge! Ah!
MUSIKLEHRER
Du hast es erlaubt!
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
KOMPONIST, rasend
Ich durfte es nicht erlauben! Du durftest mir nicht erlauben,
es zu erlauben! Wer hieß dich zerren mich in diese
Welt hinein? Laß mich erfrieren, verhungern, versteinern
in der meinigen!
(Läuft vorne ab, verzweifelt.
Musiklehrer sieht ihm nach, schüttelt den Kopf.)
Vorhang fällt schnell.

Mon cher ami, il y a beaucoup plus de choses dans le
monde qu’on ne peut dire. Les poètes, eux, trouvent les
bons mots, les mots justes – (avec jubilation) – pourtant,
pourtant, pourtant, pourtant, pourtant ! – le courage est en
moi, ami. Le monde est à aimer, il n’est pas terrifiant pour
les audacieux – et qu’est-ce donc que la musique ? (Avec
une solennité presque enivrée)La musique est un art saint
qui rassemble toutes les audaces comme des chérubins
autour d’un trône rayonnant ! et c’est pourquoi elle est
sacrée parmi les arts ! La sainte musique !
(Zerbinette apparaît au fond, appelle ses partenaires en
scène en sifflant avec insolence. Arlequin arrive en hâte de la
pièce de droite, court vers la scène en bouclant sa ceinture.)
Qu’est-ce que c’est ? Où vont-ils ?
(Scaramouche, comme Arlequin, achève de s’habiller
en courant.)
Ces créatures – (Truffaldin, Brighella, prennent le même
chemin que les précédents.)– dans mon sanctuaire, leurs
sauts de bouc ! Ah !
LE MAÎTRE DE MUSIQUE
Tu l’as permis !
ARIANE À NAXOS PROLOGUE
LE COMPOSITEUR, furieux
Je n’avais pas le droit de le permettre ! Tu n’avais pas le
droit de me permettre de le permettre ! Qui t’a demandé
de me traîner dans ce monde ! Laisse-moi dans le mien
mourir de froid, de faim, être changé en pierre !
(Il sort en courant par l’avant, désespéré.
Le Maître de musique le suit des yeux et secoue la tête.)
Le rideau tombe rapidement.
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60
OPER
Der Vorhang hebt sich.
Eine Grotte. Ariadne regungslos vor der Höhle auf dem Boden.
Najade links. Dryade rechts.
Echo rückwärts an der Wand der Grotte.
NAJADE
Schläft sie?
DRYADE
Schläft sie?
NAJADE
Nein! Sie weinet!
DRYADE
Weint im Schlafe! Horch! Sie stöhnet.
NAJADE
Sie weinet –
DRYADE
Weint im Schlafe.
RICHARD STRAUSS ARIANE
BEIDEN
Ach! So sind wir sie gewöhnt.
NAJADE
Tag um Tag in starrer Trauer.

OPÉRA
Le rideau se lève.
Une grotte. Ariane inerte sur le sol, devant la cavité.
La Naïade à gauche. La Dryade à droite.
Echo au fond, près de la paroi de la grotte.
NAÏADE
Elle dort ?
DRYADE
Elle dort ?
NAÏADE
Non ! Elle pleure !
DRYADE
Pleure dans son sommeil ! Ecoutez ! Elle gémit !
NAÏADE
Elle pleure –
DEUXIÈME PARTIE TABLEAU 6
DRYADE
Elle pleure dans son sommeil.
ENSEMBLE
Ah ! Nous sommes habituées à la voir ainsi.
NAÏADE
Jour après jour en un deuil glacé
61

62
{
{
{
DRYADE
Ewig neue bittre Klagen.
NAJADE
Neuen Krampf und Fieberschauer,
Ewig neue bittre Klagen.
DRYADE
Wundes Herz auf ewig, ewig.
ECHO
Ewig!
Ewig!
NAJADE, DRYADE
Unversöhnet!
ECHO
Unversöhnet.
ZU DREIEN, ohne Ausdruck
Ach, wir sind es eingewöhnet.
NAJADE
Wie der Wellen sanftes Gaukeln,
DRYADE
Wie der Blätter leichtes Schaukeln,
NAJADE
Wie der Blätter leichtes Schaukeln,
ECHO
Wie der Wellen, wie der Blätter leichtes Schaukeln,
DRYADE
Wie der Wellen sanftes Gaukeln,
DIE DREI
Gleitet’s über uns dahin
STRAUSS / HOFMANNSTHAL

{
{
{
DRYADE
Toujours d’amères nouvelles plaintes.
NAÏADE
Nouveaux spasmes et frissons de fièvres,
Toujours d’amères nouvelles plaintes.
DRYADE
Cœur blessé pour toujours, toujours.
ECHO
Toujours !
Toujours !
NAÏADE, DRYADE
Sans retour !
ECHO
Sans retour !
LES TROIS, sans expression
Ah, nous y sommes habituées.
NAÏADE
Comme le doux vol de l’onde,
DRYADE
Comme la berceuse légère du feuillage,
NAÏADE
Comme la berceuse légère du feuillage,
ECHO
Comme de la vague, comme la berceuse légère du feuillage,
DRYADE
Comme le doux vol de l’onde ;
TOUTES LES TROIS
S’insinuent vers nous
ARIANE À NAXOS OPÉRA
63

64
{
NAJADE, DRYADE
Ihre Tränen, ihre Klagen,
ach, seit wieviel, wieviel Tagen,
sie beschweren kaum den Sinn!
DIE DREI
Ach...
DRYADE
Wie der Wellen
Sanftes Gaukeln,
NAJADE, ECHO
Wie der Blätter
Leichtes Schaukeln,
DIE DREI
Gleitet’s über uns dahin.
ARIADNE, an der Erde
Ach!
ECHO
Ach!
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
ARIADNE
Wo war ich?
Tot? Und lebe, lebe wieder und lebe noch?
Und ist ja doch kein Leben, das ich lebe!
Zerstückelt Herz, willst ewig weiter schlagen?
(Richtet sich halb auf.)
Was hab’ ich denn geträumt? Weh! Schon vergessen!
Mein Kopf behält nichts mehr; nur Schatten streichen
durch einen Schatten hin.
Und dennoch, etwas zuckt dann auf und tut so weh!
Ach!
ECHO, ganz identisch mit Ariadnes Schrei, aber seelenlos
Ach!
HARLEKIN, in der Kulisse
Wie jung und schön und maßlos traurig!

{
NAÏADE, DRYADE
Ses larmes, ses plaintes,
Ah, il y a tant et tant de jours,
Qu’elles nous attristent à peine le cœur.
TOUTES LES TROIS
Ah...
DRYADE
Comme de l’onde
Le doux vol ;
NAÏADE, ECHO
Comme du feuillage
La berceuse légère
TOUTES LES TROIS
S’insinuent vers nous,
ARIANE, allongée sur le sol
Ah !
ECHO
Ah !
ARIANE À NAXOS OPÉRA
ARIANE
Où suis-je ?
Morte ? Et je vis, je vis à nouveau et je vis encore ?
Et ce que je vis pourtant, ce n’est pas la vie !
Cœur brisé, veux-tu continuer de battre toujours ?
(Elle se redresse à moitié.)
Qu’ai-je donc rêvé ? Hélas ! Déjà oublié !
Ma tête ne retient plus rien ; seules des ombres se dessinent
sur une ombre.
Et pourtant, quelque chose m’étreint, si douloureux !
Ah !
ECHO reproduit exactement le cri d’Ariane, mais sans âme
Ah !
ARLEQUIN, de la coulisse
Si jeune, si belle et d’une tristesse sans borne !
65

66
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
ZERBINETTA
Von vorne wie ein Kind, doch unterm Aug’ wie dunkel!
HARLEKIN, TRUFFALDIN
Und schwer, sehr schwer zu trösten, fürchte ich!
ARIADNE, ohne ihrer irgendwie zu achten, vor sich,
monologisch
Ein Schönes war, hieß Theseus-Ariadne
und ging im Licht und freute sich des Lebens!
(Sehr innig) Ariadne-Theseus-Theseus!
(Schwächer) Ariadne-Theseus.
(Heftig) Warum weiß ich davon? Ich will vergessen!
(Ein andere Gedanke geht ihr durch den armen
zerrütteten Kopf.)
Dies muß ich nur noch finden: es ist Schmach, zerrüttet
sein, wie ich!
Man muß sich schütteln: ja, dies muß ich noch finden:
das Mädchen, das ich war!
Jetzt hab’ ich’s – Götter! daß ich’s nur behalte!
Den Namen nicht – der Name ist verwachsen mit einem
anderen Namen, ein Ding wächst so leicht ins andere ;
wehe!
NAJADE, ECHO, DRYADE, als wollten sie sie erinnern, wachrufen
Ariadne!
ARIADNE, abwinkend
Nicht noch einmal! Sie lebt hier ganz allein,
Sie atmet leicht, sie geht so leicht, kein Halm bewegt sich,
wo sie geht,
Ihr Schlaf ist rein, ihr Sinn ist klar, ihr Herz ist lauter wie
der Quell:
Sie hält sich gut, drum kommt auch bald der Tag, da darf
sie sich in ihren Mantel wickeln,
Darf ihr Gesicht mit einem Tuch bedecken und darf da
drinnen liegen und eine Tote sein!
(Sie träumt vor sich hin.)
HARLEKIN, in der Kulisse
Ich fürchte, großer Schmerz hat ihren Sinn verwirrt.

ARIANE À NAXOS OPÉRA
ZERBINETTE
De face une enfant, mais dans le regard, comme il fait
sombre !
ARLEQUIN, TRUFFALDIN
Et difficile, très difficile à consoler, j’en ai peur !
ARIANE, sans leur prêter attention, pour elle-même,
comme un monologue
C’était beau, s’appeler Thésée-Ariane
Et marcher dans la lumière et se réjouir de la vie !
(Avec ardeur)Ariane-Thésée-Thésée !
(Plus faiblement) Ariane-Thésée.
(Violemment)Pourquoi y penser ? Je veux oublier !
(Une autre pensée traverse son pauvre esprit dérangé.)
Il faut juste que je trouve encore cela : c’est ignoble
d’avoir, comme moi, l’esprit dérangé.
Il faut se secouer : oui, il me faut encore trouver cela :
la jeune fille que j’étais !
Ca y est, je l’ai – dieux ! Que je puisse juste la retenir !
Pas le nom – le nom s’est greffé à un autre, une chose
grandit si facilement en une autre ;
Hélas !
NAÏADE, ECHO, DRYADE, comme si elles voulaient la faire
se souvenir et l’appeler à l’éveil
Ariane !
ARIANE, avec un signe de dénégation
Plus jamais ! Elle vit ici toute seule,
Elle respire bien, son pas est si léger, nul brin d’herbe ne
bouge sous son pied ;
Son sommeil est pur, son esprit est clair, son cœur est limpide
comme une source :
Elle se tient bien, c’est pourquoi viendra bientôt le jour
où elle pourra s’envelopper dans son manteau,
Se couvrir le visage d’un drap et elle pourra ainsi
s’étendre et devenir une morte !
(Elle poursuit sa rêverie en elle-même.)
ARLEQUIN, dans la coulisse
Je crains qu’une grande douleur ait troublé son esprit.
67

68
ZERBINETTA
Versucht es mit Musik!
SCARAMUCCIO, TRUFFALDIN, in der Kulisse
Ganz sicher, sie ist toll!
ARIADNE, ohne den Kopf zu wenden, vor sich ; als hätte sie die
letzten Worte in Ihren Traum hinein gehört
Toll, aber weise, ja! – Ich weiß, was gut ist, wenn man es
fernhält von dem armen Herzen.
ZERBINETTA, in der Kulisse
Ach, so versuchet doch ein kleines Lied!
HARLEKIN
Lieben, Hassen, Hoffen, Zagen,
Alle Lust und alle Qual,
Alles kann ein Herz ertragen,
Einmal um das andere Mal.
ECHO wiederholt seelenlos, wie ein Vogel, ohne Text.
HARLEKIN, stärker
Aber weder Lust noch Schmerzen,
Abgestorben auch der Pein,
Das ist tödlich deinem Herzen,
Und so mußt du mir nicht sein!
Mußt dich aus dem Dunkel heben,
Wär, es auch um neue Qual,
Leben mußt du, liebes Leben,
Leben noch dies eine Mal!
ECHO, wie vorhin.
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
Ariadne unbewegt träumt, vor sich hin.
ZERBINETTA, halblaut
Sie hebt auch nicht einmal den Kopf.
HARLEKIN, ebenso
Es ist alles vergebens. Ich fühlte es während des Singens.

ZERBINETTE
Essaye avec la musique !
SCARAMOUCHE, TRUFFALDIN, dans la coulisse
C’est certain, elle est folle !
ARIANE, sans tourner la tête, pour elle ; comme si,
dans son rêve, elle avait entendu les derniers mots
Folle mais sage, oui ! Je sais ce qui est bon, quand on le
tient loin d’un pauvre cœur.
ZERBINETTE, dans la coulisse
Ah, alors essaye donc une petite chanson !
ARLEQUIN
Amours, haines, espoirs, peurs,
Tout plaisir et toute douleur,
Un cœur peut tout supporter,
Sans jamais s’arrêter.
ECHO répète sans âme, comme un oiseau, sans texte.
ARLEQUIN, plus fort
Mais sans plaisir et sans souffrances,
Desséchée même pour la peine,
Pour ton cœur, c’est la mort,
Et tu ne seras jamais mienne !
Tu dois te hisser hors des ténèbres,
Même pour un nouvel effroi,
Tu dois vivre, chère vie,
Vivre encore cette fois !
ECHO, comme précédemment.
ARIANE À NAXOS OPÉRA
Ariane, sans mouvement rêve, pour elle.
ZERBINETTE, à mi-voix
Elle ne relève même pas la tête.
ARLEQUIN, de la même façon
Peine perdue. Je le sentais pendant que je chantais.
69

70
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
ECHO wiederholt nochmals die Melodie.
ZERBINETTA, schnell
Du bist ja ganz aus der Fassung.
HARLEKIN, schnell
Nie hat ein menschliches Wesen mich so gerührt.
ZERBINETTA
So geht es dir mit jeder Frau.
HARLEKIN
Und dir vielleicht nicht mit jedem Mann?
ARIADNE, VOR SICH
Es gibt ein Reich, wo alles rein ist:
Es hat auch einen Namen: Totenreich.
(Hebt sich im Sprechen vom Boden.)
Hier ist nichts rein! Hier kann alles zu allem!
(Sie zieht ihr Gewand eng um sich.)
Bald aber naht ein Bote, Hermes heißen sie ihn.
Mit seinem Stab regiert er die Seelen: wie leichte Vögel,
Wie welke Blätter treibt er sie hin.
Du schöner, stiller Gott! Sieh! Ariadne wartet!
Ach, von allen wilden Schmerzen muß das Herz
gereinigt sein;
Dann wird dein Gesicht mir nicken, wird dein Schritt vor
meiner Höhle,
Dunkel wird auf meinen Augen deine Hand auf meinem
Herzen sein.
In den schönen Feierkleidern, die mir meine Mutter gab,
Diese Glieder werden bleiben, stille Höhle wird mein Grab.
Aber lautlos meine Seele folget ihrem neuen Herrn,
Wie ein leichtes Blatt im Winde folgt hinunter, folgt so gern.
D u n kel wird auf meinen Augen und in meinem Herzen sein,
Diese Glieder werden bleiben schön geschmückt
und ganz allein.
(Mit wachsender Begeisterung)
Du wirst mich befreien, mir selber mich geben,
Dies lastende Leben du nimm es von mir...
An dich werd’ ich mich ganz verlieren,

ARIANE À NAXOS OPÉRA
ECHO répète une nouvelle fois la mélodie.
ZERBINETTE, rapidement
Te voilà tout décontenancé.
ARLEQUIN, rapidement
Jamais un être humain ne m’a tant ému.
ZERBINETTE
Chaque femme te fait cet effet.
ARLEQUIN
Et à toi peut-être chaque homme, non ?
ARIANE, pour elle
Il y a un royaume où tout est pur :
Il a un nom : le royaume des morts.
(En chantant, elle se relève du sol.)
Ici, il n’est rien de pur ! Ici tout peut se mêler à tout !
(Elle serre étroitement son vêtement autour d’elle.)
Bientôt s’approchera un messager, on l’appelle Hermès.
Avec sa baguette, il dirige les âmes : comme oiseaux légers,
Comme feuilles fanées, il les pousse devant lui.
Toi, beau dieu calme ! Vois ! Ariane attend !
Ah, de toutes souffrances violentes le cœur doit être purifié ;
Alors, ton visage me fera signe, ton pas se fera entendre
devant ma caverne,
Sur mes yeux et sur mon cœur, ta main posera l’obscurité.
Dans les beaux vêtements de cérémonie que ma mère
me donna,
Ces membres reposeront, la caverne silencieuse sera
ma tombe.
Mais, silencieuse, mon âme suivra son nouveau maître.
Comme feuille légère dans le vent, elle le suivra,
elle le suivra heureuse.
L’ombre sera sur mes yeux et en mon cœur,
Ces membres reposeront, magnifiquement parés
et dans la solitude.
(Avec un enthousiasme croissant)
Tu me libéreras, me rendras à moi-même,
Le fardeau de cette vie, tu me l’enlèveras...
En toi je me perdrai complètement,
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72
Bei dir wird Ariadne sein, bei dir wird Ariadne sein.
(Sie steht wie entrückt.)
Echo, Najade und Dryade sind während Ariadnes
Monolog verschwunden. Harlekin, verwegen ; Brighella,
jung, tölpelhaft; Scaramuccio, Gauner, 50 jährig;
Truffaldin, alberner Alter; hinter ihnen Zerbinetta.
Kommen von vorne auf die Bühne, schicken sich an
Ariadne durch einen Tanz zu erheitern. Zerbinetta bleibt
seitwärts an der Kulisse.
DIE VIER
Die Dame gibt mit trübem Sinn
Sich allzusehr der Trauer hin.
Was immer Böses widerfuhr,
Die Zeit geht hin und tilgt die Spur.
Wir wissen zu achten
Der Liebe Leiden,
Doch trübes Schmachten
Das wollen wir meiden.
Sie aufzuheitern,
Naht sich bescheiden
Mit den Begleitern
Dies hübsche Kind.
(Sie tanzen.)
Es gilt, ob Tanzen,
Ob Singen tauge,
Von Tränen zu trocknen
Ein schönes Auge.
Es trocknet Tränen
Die schmeichelnde Sonne,
Es trocknet Tränen
Der lose Wind.
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
ZERBINETTA
Wie sie sich schwingen, tanzen und singen,
Gefiele der eine

Près de toi sera Ariane, près de toi sera Ariane.
(Elle se tient là, comme absente au monde.)
Echo, Naïade et Dryade ont disparu pendant le monologue
d’Ariane. Arlequin, hardi ; Brighella, jeune, balourd ;
Scaramouche, un coquin, 50 ans ; Truffaldin, vieillard
idiot ; derrière eux, Zerbinette. Ils arrivent en scène par
l’avant, se préparent à égayer Ariane par une danse.
Zerbinette reste en coulisse, sur le côté.
LES QUATRE
Avec ses idées noires, la dame
Cède trop à la tristesse.
Quel que soit le mal qui arriva,
Le temps passe et efface les traces.
Nous respectons
Les souffrances de l’amour,
Mais les soupirs tristes
Ça nous l’évitons.
Pour la dérider,
S’approche, discrètement,
Avec ses cavaliers,
Cette gracieuse enfant.
(Ils dansent.)
Il faut par des danses,
Par des chansons,
Sécher les larmes
De ces beaux yeux.
Il assèche les pleurs,
Le soleil caressant,
Il assèche les pleurs
Le vent malicieux.
ARIANE À NAXOS OPÉRA
ZERBINETTE
Comme ils y vont, dansent et chantent,
L’un me plairait,
73

74
Oder der andere,
Gefiele mir schon.
Doch die Prinzessin
Verschließt ihre Augen,
Sie mag nicht die Weise
Sie liebt nicht den Ton.
(Indem sie zwischen die vier Tänzer tritt)
Geht doch! Laßt’s doch! Ihr fallet zur Last!
DIE VIER, Indem sie weitertanzen
Sie aufzuheitern,
Befahl den Begleitern,
O traurige Dame,
Dies hübsche Kind!
Doch wie wir tanzen,
Doch wie wir singen,
Was wir auch bringen,
Wir haben kein Glück.
…
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
ZERBINETTA, indem sie sie mit Gewalt fortdrängt
Drum laßt das Tanzen,
Laßt das Singen,
Zieht euch zurück!
...
(Sie schafft sie weg. Die Vier ab, zwei nach rechts,
zwei nach links.)
ZERBINETTA, mit einer tiefen Verneigung vor Ariadne
Großmächtige Prinzessin, wer verstünde nicht,
Daß so erlauchter und erhabener Personen Traurigkeit
Mit einem anderen Maß gemessen werden muß,
Als der gemeinen Sterblichen.
Jedoch... (einen Schritt nähertretend, doch Ariadne achtet
in keiner Weise auf sie) ... sind wir nicht Frauen unter uns,
Und schlägt denn nicht in jeder Brust
ein unbegreiflich, unbegreiflich Herz?
(Abermals näher, mit einem Knicks; Ariadne ihrer nicht

L’un ou l’autre
Me plairait sans doute.
ARIANE À NAXOS OPÉRA
Mais la princesse
Ferme les yeux,
Elle n’aime pas l’air
Elle n’aime pas la chanson.
(Pendant qu’elle se mêle aux quatre danseurs)
Filez ! Laissez tomber ! Vous l’embêtez !
LES QUATRE, tout en continuant à danser
Vous dérider,
O triste dame,
Elle l’ordonna à ses cavaliers,
Cette charmante enfant !
Mais quoique nous dansions,
Quoique nous chantions,
Et quoi que nous apportions,
Nous n’avons aucun succès.
...
ZERBINETTE, les chassant avec rudesse
Alors laissez la danse,
Laissez la chanson,
Effacez-vous !
...
(Elle les fait disparaître. Les quatre sortent,
deux par la droite, puis deux par la gauche.)
ZERBINETTE, s’inclinant profondément devant Ariane
Très puissante princesse, qui ne comprendrait
Que la tristesse de personnages si illustres, si nobles,
Doit être mesurée selon d’autres critères
Que celle du commun des mortels.
Pourtant... (elle s’avance d’un pas, mais Ariane ne lui prête
aucune attention) ... entre nous, ne sommes-nous pas femmes,
Et dans chaque poitrine, est-ce que ne bat pas
Un cœur insaisissable, insaisissable ?
(Elle se rapproche encore, fait la révérence ; pour ne pas
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76
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
zu achten verhüllt ihr Gesicht.)
Von unserer Schwachheit sprechen,
Sie uns selber eingestehn, ist es nicht schmerzlich süß?
(Lebhaft) Und zuckt uns nicht der Sinn danach?
Sie wollen mich nicht hören,
Schön und stolz und regungslos, als wären Sie die Statue
auf Ihrer eigenen Gruft.
Sie wollen keine andere Vertraute als diesen Fels
und diese Wellen haben?
(Ariadne tritt an der Eingang ihrer Höhle zurück.)
Prinzessin, hören Sie mich an – nicht Sie allein,
Wir alle – ach, wir alle - was Ihr Herz erstarrt,
Wer ist die Frau, die es nicht durchgelitten hätte?
Verlassen! In Verzweiflung! Ausgesetzt!
Ach, solcher wüsten Inseln sind unzählige auch mitten
unter Menschen,
Ich – ich selber, ich habe ihrer mehrere bewohnt –
Und habe nicht gelernt, die Männer zu verfluchen.
(Ariadne tritt vollends in die Höhle zurück, Zerbinetta
richtet ihre weiteren Tröstungen an die unsichtbar
Gewordene.)
Treulos – sie sind’s! Ungeheuer, ohne Grenzen!
Eine kurze Nacht, ein hastiger Tag, ein Wehen der Luft
Ein fließender Blick verwandelt ihr Herz!
Aber sind wir denn gefeit gegen die grausamen,
entzückenden,
Die unbegreiflichen Verwandlungen?
Noch glaub’ ich dem einen ganz mich gehörend,
Noch mein’ ich mir selber so sicher zu sein,
Da mischt sich im Herzen leise betörend
Schon einer nie gekosteten Freiheit,
Schon einer neuen verstohlenen Liebe
Schweifendes, freches Gefühle sich ein !
Noch bin ich wahr, und doch ist es gelogen,
Ich halte mich treu und bin schon schlecht,
Mit falschen Gewichten wird alles gewogen
Und halb mich wissend und halb im Taumel
Betrüg’ ich ihn endlich, betrüg ich ihm endlich
Und lieb’ ihn noch recht!

ARIANE À NAXOS OPÉRA
la voir, Ariane se voile le visage.)
Parler de notre faiblesse,
La confesser à nous-même, n’ e s t -ce pas douloureusement
d o u x ?
( Avec animation) Et notre cœur ne nous y pousse-t-il pas ?
Vous ne voulez pas m’entendre,
Belle et fière et impassible, comme si vous étiez statue
sur votre propre tombeau.
Vous ne voulez pas avoir d’autres confidents que ce roc
et ces vagues ?
(Ariane recule jusqu’à l’entrée de la grotte.)
Princesse, écoutez-moi – pas vous seulement,
Nous toutes – hélas, nous toutes – ce qui glace votre cœur,
Quelle est la femme qui n’en n’aurait pas souffert ?
Abandonnée ! Dans le désespoir ! Plaquée !
Ah, de telles îles désertes sont innombrables,
chez les humains aussi,
Moi – moi-même, j’en ai habité beaucoup –
Et je n’ai pas appris à maudire les hommes.
(Ariane rentre complètement dans la grotte, Zerbinette
adresse ses consolations à celle qui est devenue invisible.)
Infidèles – ils le sont ! Monstres, sans limites !
Une courte nuit, un jour pressé, un vent qui va
Un regard qui passe transforme leur cœur !
Mais sommes-nous donc blindées contre ces cruelles,
merveilleuses,
Incompréhensibles métamorphoses ?
A l’un, je crois encore appartenir complètement,
Je me sens encore si sûre de moi,
Qu’en mon cœur se mêle, le troublant avec douceur,
L’audacieuse et vague sensation
D’une liberté jamais goûtée
D’un amour neuf encore secret !
Je suis encore sincère et pourtant je mens
Je me garde fidèle et je suis déjà fausse,
Tout est pesé avec des poids truqués
Et mi-consciente, mi-enivrée
A la fin je le trompe, à la fin je le trompe
Et je l’aime encore !
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Noch mein’ ich mir selber so sicher zu sein,
Da mischt sich im Herzen leise betörend
Schon einer neuen verstohlenen Liebe.
(Plötzlich abrechend)
So war es mit Pagliazzo und Mezzetin!
Dann war es Cavicchio, dann Burattin, dann Pasquariello!
Ach, und zuweilen will es mir scheinen,
Waren es zwei!
Doch niemals Launen immer ein Müssen!
Immer ein neues beklommenes Staunen:
Daß ein Herz so gar sich selber,
Gar sich selber nicht versteht!
Als ein Gott kam jeder gegangen,
Und sein Schritt schon machte mich stumm.
Küßte er mir Stirn und Wangen,
War ich von dem Gott gefangen
Und gewandelt um und um!
Als ein Gott kam jeder gegangen,
Jeder wandelte mich um, küßte er mir Stirn und Wangen,
Hingegeben war ich stumm.
Als ein Gott kam jeder gegangen,
Jeder wandelte mich um, küßte er mir Stirn und Wangen,
War ich von dem Gott gefangen
Hingegeben war ich stumm, hingegeben ah!...
Kam der neue Gott gegangen,
Hingegeben war ich stumm, stumm...
HARLEKIN springt aus der Kulisse
Hübsch gepredigt! Aber tauben Ohren!
ZERBINETTA, sich rasch zu ihm wendend
Ja, es scheint, die Dame und ich sprechen verschiedene
Sprachen.
HARLEKIN, trocken
Es scheint so.
STRAUSS / HOFMANNSTHAL

Je me sens encore tellement sûre de moi,
Qu’en mon cœur se mêle, le troublant avec douceur,
Un amour neuf encore secret !
(S’interrompant brusquement)
C’était comme ça avec Paillasse et Mezzetin
Puis ce fut Cavicchio, puis Burattin, puis Pasquariello !
Et parfois, j’ai l’impression
Qu’ils étaient deux !
Mais jamais de fantaisie, toujours le devoir !
A chaque fois, un nouvel étonnement angoissé :
Qu’un cœur à tel point,
A tel point ne se comprenne pas lui-même !
Comme un dieu on approchait,
Et ce pas suffisait à me rendre muette.
Il me baisait le front, les joues,
Par le dieu j’étais capturée
Et complètement métamorphosée.
Comme un dieu on approchait,
Chacun me métamorphosait, il me baisait le front,
les joues,
Je m’abandonnais, muette
Comme un dieu on approchait,
Chacun me métamorphosait, il me baisait le front, les joues,
Par le dieu j’étais capturée,
Je m’abandonnais, muette, ah !...
Que vînt le nouveau dieu
Je m’abandonnais, muette, muette.
ARLEQUIN jaillit de la coulisse
Joliment prêché ! Mais les oreilles sont sourdes !
ZERBINETTE, se tournant promptement vers lui
Oui, on dirait que la dame et moi parlons des langues
différentes.
ARLEQUIN, sèchement
On dirait oui.
ARIANE À NAXOS OPÉRA
79

80
ZERBINETTA
Es ist die Frage, ob sie nicht schließlich lernt, sich in der
meinigen auszudrücken.
HARLEKIN
Wir wollen’s abwarten. Was wir aber nicht abwarten wollen...
(Er ist mit einem Sprung dicht bei ihr.)
ZERBINETTA macht sich los
Wofür hältst du mich?
HARLEKIN
Für ein entzückendes Mädchen, (sucht sie zu umarmen)d e ssen
Beziehungen zu mir dringend einer Belebung bedürfen.
ZERBINETTA
Unverschämter! und außerdem: hier!
Zwei Schritte von der Wohnung der Prinzessin!
HARLEKIN
Pah! Wohnung, es ist eine Höhle.
ZERBINETTA
Was ändert das?
HARLEKIN
Sehr viel, sie hat kein Fenster.
(Versucht abermals sie zu küssen.)
ZERBINETTA macht sich energisch los
Ich glaube, du wärest wirklich fähig!
HARLEKIN
Zweifle nicht, zu allem!
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
ZERBINETTA mißt ihn mit dem Blick; halb für sich
Zu denken, daß es Frauen gibt, denen er eben darum
gefiele.
HARLEKIN
Und zu denken, daß du von oben bis unten eine solche

ZERBINETTE
C’est la question : est-ce qu’elle va finalement apprendre
à s’exprimer dans la mienne.
ARLEQUIN
Attendons. Mais n’attendons pas pour...
(D’un bond, il est tout près d’elle.)
ZERBINETTE se dégage
Pour qui tu me prends ?
ARLEQUIN
Pour une fille ravissante (il essaye de l’enlacer)dont les
relations avec moi exigent d’urgence une stimulation.
ZERBINETTE
Effronté ! et en plus : ici !
A deux pas de la demeure de la princesse !
ARLEQUIN
Tu parles d’une demeure, c’est une grotte.
ZERBINETTE
Qu’est-ce que ça change ?
ARLEQUIN
Beaucoup, il n’y a pas de fenêtres.
(Il essaie à nouveau de l’embrasser.)
ZERBINETTE se dégage avec énergie
Je crois que tu en serais vraiment capable !
ARLEQUIN
De tout, n’en doute pas !
ARIANE À NAXOS OPÉRA
ZERBINETTE, le toisant ; à moitié pour elle-même
Quand on pense qu’il y a des femmes qui l’aimeraient
précisément à cause de ça.
ARLEQUIN
Et quand on pense que, des pieds à la tête,
81

82
{
Frau bist!
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
Brighella, Scaramuccio, Truffaldin stecken links und
rechts ihre Köpfe aus der Kulisse.
BRIGHELLA, SCARAMUCCIO, TRUFFALDIN
Pst! Pst! Zerbinetta!
ZERBINETTA hat sich Harlekin entzogen, läuft nach vorn;
vor sich, beinahe ad spectatores
Männer! Lieber Gott, wenn du wirklich wolltest,
Daß wir ihnen widerstehen sollten,
Warum hast du sie so verschieden geschaffen?
DIE VIER
Eine Störrische zu trösten,
Laßt das peinliche Geschäft!
Will sie sich nicht trösten lassen,
Laß sie weinen, sie hat recht!
Zerbinetta tanzt von einem zum anderen,
weiß jedem zu schmeicheln.
BRIGHELLA, in albernem Ton
Doch ich bin störrisch nicht, gibst du ein gut Gesicht.
Ach, ich verlang’ nicht mehr, freu’ mich so sehr.
SCARAMUCCIO, mit schlauem Ausdruck
Auf dieser Insel, gibt’s hübsche Plätze.
Komm, laß dich führen, ich weiß Bescheid!
TRUFFALDIN, täppisch lüstern
Wär’ nur ein Wagen, ein Pferdchen nur mein,
Hätt’ ich die Kleine bald wo allein!
HARLEKIN, diskret im Hintergrund
Wie sie vergeudet Augen und Hände,
Laur’ ich im Stillen hier auf das Ende!
ZERBINETTA, von einem zum anderen tanzend
Immer ein Müssen, niemals Launen,
Immer ein neues, unsägliches Staunen!

{
Tu es une de ces femmes !
ARIANE À NAXOS OPÉRA
Brighella, Scaramouche, Truffaldin passent la tête
par les coulisses, à gauche et à droite.
BRIGHELLA, SCARAMOUCHE, TRUFFALDIN
Pst ! Pst ! Zerbinette !
ZERBINETTE a échappé à Arlequin et court vers l’avant-scène ;
pour elle-même, quasiment au public
Les hommes ! Dieu bon, si tu voulais vraiment
Que nous leur résistions,
Pourquoi les as-tu créés si différents ?
LES QUATRE
Une obstinée à consoler,
Laissez cette pénible mission !
Si elle ne veut pas se faire consoler,
Laissez-la pleurer, elle a ses raisons !
Zerbinette danse de l’un à l’autre,
sachant cajoler chacun.
BRIGHELLA, d’un ton de niais
Mais moi je ne suis pas obstiné, fais-moi bon visage.
Ah je n’en demande pas davantage, j’en serais si heureux.
SCARAMOUCHE, avec une expression rusée
Sur cette île, il y a de jolis coins,
Viens, laisse-toi guider, je m’y connais !
TRUFFALDIN, lourdaud, lubrique
Si seulement j’avais une voiture, un petit cheval
J’emmènerais la petite dans un coin isolé !
ARLEQUIN, discrètement, à l’arrière-plan
Comme elle gaspille regards et caresses,
Ici au calme, j’attends la fin !
ZERBINETTE, dansant de l’un à l’autre
Toujours le devoir, jamais de fantaisie,
A chaque fois, un nouvel étonnement angoissé !
83

84 {
BRIGHELLA
Ich bin nicht störrisch.
HARLEKIN
Ich laure im Stillen –
SCARAMUCCIO
Hätt’ ich das Mädchen –
TRUFFALDIN
Ich wüßte Bescheid!
ZERBINETTA
So war...
ZERBINETTA
{
{ {
HARLEKIN
Wie sie vergeudet Augen und Hände,
Laur’ ich im Stillen hier auf das Ende!
... es mit Pasquariello und Mezzetin!
Dann mit Cavicchio und mit Burattin!
Niemals launen...
BRIGHELLA
Ich bin nicht...
... störrisch.
ZERBINETTA
Immer ein Müssen...
HARLEKIN
Ich laure im Stillen.
ZERBINETTA
... und ach, zuweilen...
SCARAMUCCIO
Hätt ich das Mädchen
ZERBINETTA
... waren es zwei und ach...
STRAUSS / HOFMANNSTHAL

{ {
{ {
BRIGHELLA
Je ne suis pas obstiné
ARLEQUIN
J’attends au calme –
SCARAMOUCHE
Si j’avais la fille –
TRUFFALDIN
Je saurais m’y prendre !
ZERBINETTE
C’était comme...
ARLEQUIN
Comme elle gaspille regards et caresses,
Ici au calme, j’attends la fin !
ZERBINETTE
... ça avec Pasquariello et Mezzetin !
Puis avec Cavicchio et avec Burattin !
Jamais de fantaisie...
BRIGHELLA
Je ne suis pas...
... obstiné.
ZERBINETTE
Toujours le devoir...
ARLEQUIN
Tranquille, j’attends.
ZERBINETTE
... et hélas, parfois...
SCARAMOUCHE
Si j’avais la fille
ARIANE À NAXOS OPÉRA
ZERBINETTE
... ils étaient deux et hélas...
85

86
{
{
{
... zuweilen, zuweilen, zuweilen...
HARLEKIN
Ich laure im Stillen hier auf das Ende!
BRIGHELLA, SCARAMUCCIO, TRUFFALDIN
Hätt’ich das Mädchen, ich wüßte Bescheid.
ZERBINETTA
... waren es zwei.
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
Unterm Tanzen scheint Zerbinetta einen Schuh zu
verlieren. Scaramuccio flink erfaßt den Schuh und küßt
ihn. Sie läßt sich ihn von ihm anziehen, wobei sie sich auf
Truffaldin stützt, der ihr von der anderen Seite zu Füßen
gefallen ist.
ZERBINETTA
Wie er feurig sich erniedert!
(Sie hat Scaramuccio das Innere der Hand zum Kuße
gereicht und beginnt aufs neue zu tanzen.)
Mach’ ich ihn auf diese neidig,
BRIGHELLA, steif tanzend
Macht sie mich auf diese neidig, ach, wie will
Ich mich geschmeidig
Ach wie will ach mich geschmeidig...
SCARAMUCCIO, tanzend
Macht sie uns auf diesen neidig,
Hei,
ZERBINETTA
wird der steife – wie geschmeidig,
Wird der steife Bursch sich dreh’n!
BRIGHELLA
... um die hübsche Puppe drehn!
SCARAMUCCIO
... wie alle sich geschmeidig,
Hui, um ihre Gunst sich drehn!

{
{
{
... parfois, parfois, parfois...
ARLEQUIN
Tranquille j’attends la fin ici !
BRIGHELLA, SCARAMOUCHE, TRUFFALDIN
Si j’avais la fille, je saurais m’y prendre.
ZERBINETTE
... ils étaient deux.
ARIANE À NAXOS OPÉRA
En dansant, Zerbinette fait semblant de perdre
une chaussure. Vite, Scaramouche s’en saisit et l’embrasse.
Elle se laisse rechausser par lui, en s’appuyant
sur Truffaldin, qui est tombé à ses pieds, de l’autre côté.
ZERBINETTE
Avec quelle flamme il s’humilie !
(Elle a tendu l’intérieur de sa main à Scaramouche pour
qu’il la baise et recommence à danser.)
Si je le rends jaloux de ceux-là,
BRIGHELLA, dansant avec raideur
Si elle me rend jaloux de ceux-là, ah, comme
Avec souplesse
Hélas, très docile...
SCARAMOUCHE, dansant
Si elle nous rend jaloux de celui-ci
Hé,
ZERBINETTE
Le lourdaud – avec quelle souplesse,
Le gars lourdaud virevoltera !
BRIGHELLA
... je virevolterai autour de la belle poupée !
SCARAMOUCHE
... comme tous avec souplesse,
Ouille, virevolteront pour avoir ses faveurs !
87

88
{
{ TRUFFALDIN
... weiß zu drehn!
TRUFFALDIN, tanzend
Wie sie jeden sich geschmeidig,
Einen auf den andern neidig,
Ohne Pause...
{
{
ZERBINETTA
Mach’ich
Ihn auf diese neidig...
ZERBINETTA
... wird der steife wie geschmeidig, wird der
Steife Bursch sich drehn!
BRIGHELLA, SCARAMUCCIO, TRUFFALDIN
Hei wie will ich
Mich geschmeidig um die hübsche Puppe drehn!
Während die drei sich drehen, wirft sich Zerbinetta
rückwärts Harlekin in die Arme und eilt mit ihm
zu verschwinden. Die drei finden sich allein.
TRUFFALDIN
Mir die Hand,
SCARAMUCCIO
Mir der Schuh,
BRIGHELLA
Mir der Blick,
SCARAMUCCIO
Das war das
Zeichen!
TRUFFALDIN
Das war
Das
{
Zeichen
STRAUSS / HOFMANNSTHAL

{ {
{
{
TRUFFALDIN, dansant
Comme tous docilement
Jaloux les uns des autres,
Sans arrêt...
ZERBINETTE
Si je le rends
Jaloux de ceux-là...
TRUFFALDIN
... elle sait les faire tourner !
ZERBINETTE
... le lourdaud, bien docilement
Le gars lourdaud virevoltera.
BRIGHELLA, SCARAMOUCHE, TRUFFALDIN
Hé je vais
Bien docilement tourner autour de la poupée !
Tandis que les trois tournent et virent, au fond, Zerbinette
se jette dans les bras d’Arlequin et se dépêche de dispa -
raître avec lui. Les trois se retrouvent tout seuls.
TRUFFALDIN
A moi sa main,
SCARAMOUCHE
A moi sa chaussure,
BRIGHELLA
A moi son regard,
SCARAMOUCHE
C’était le
Signe !
TRUFFALDIN
C’était
Le
{
Signe
ARIANE À NAXOS OPÉRA
89

90
{ BRIGHELLA
Das war
Das Zeichen
{
{
{
{
TRUFFALDIN
Mir die
Hand
SCARAMUCCIO
Das
War das
Zeichen
TRUFFALDIN
Das war
Das
Zeichen
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
BRIGHELLA, SCARAMUCCIO
Mich
Erwartet das
Himmlische Wesen.
Mich zum Freunde hat sie erlesen!
TRUFFALDIN
Schlau aus dem Kreise muß ich mich schleichen!
DIE DREI
Mich zum Freunde hat sie erlesen, mich erwartet das
himmlische Wesen!
Alle drei schleichen verstohlen in die Kulisse, gleich darauf
erscheint zuerst Scaramuccio, von rechts kommend,
von der Bühne verlarvt.
SCARAMUCCIO, leise
Pst, wo ist sie hin? Wo mag sie sein?
(Späht herum.)
Pst, wo ist sie?
(Geht rechts um die Bühne herum.)
Wo mag sie sein?

{ BRIGHELLA
C’était
Le signe
{
{
{
{
TRUFFALDIN
A moi sa
Main
SCARAMOUCHE
Ça
C’était le
Signe
TRUFFALDIN
C’était
Le
Signe
BRIGHELLA, SCARAMOUCHE
C’est moi
Qu’attend
L’être céleste.
Elle m’a élu son amant !
ARIANE À NAXOS OPÉRA
TRUFFALDIN
Il faut qu’avec ruse je me glisse hors du cercle !
LES TROIS
Elle m’a élu son amant, la créature céleste m’attend !
Tous les trois se glissent furtivement dans la coulisse,
puis très vite, à l’avant-scène à droite, réapparaît d’abord
Scaramouche, masqué.
SCARAMOUCHE, doucement
Pst, où est-elle passée ? Où peut-elle être ?
(Il scrute les environs.)
Pst, où est-elle ?
(Il contourne la scène par la droite.)
Où peut-elle être ?
91

92
BRIGHELLA, verlarvt, von links kommend, leise, dummschlau
Pst, wo ist sie? Wo mag sie sein?
(Wendet sich nach rechts, stößt dort mit
dem zurückkommenden Scaramuccio zusammen.)
TRUFFALDIN, verlarvt, von links, an der linken Ecke in eben
dem Augenblick hervorkommend, als Brighella nach rechts
den ersten Schritt tut
Pst, wo ist sie? Wo mag sie sein?
(Stößt mit den beiden Zusammenstoßenden auch noch
zusammen, alle Drei taumeln in die Mitte.)
BRIGHELLA, für sich
Verdammter Zufall!
SCARAMUCCIO, für sich
Verdammter Zufall!
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
TRUFFALDIN, für sich
Verdammter Zufall!
Aber man erkennt mich nicht!
SCARAMUCCIO
Aber man erkennt mich nicht!
BRIGHELLA
Aber man erkennt mich nicht!
ZERBINETTA, unsichtbar, rückwärts
Daß ein Herz so gar sich selber nicht versteht,
(Brighella, Scaramuccio, Truffaldin sehen einander an.)
Gar sich selber nicht versteht!
HARLEKIN, gleichfalls unsichtbar
Ach, wie reizend fein gegliedert!
BRIGHELLA, SCARAMUCCIO, TRUFFALDIN
Ai! ai! ai! ai!
ZERBINETTA
Hand und Lippe, Mund und Hand!

BRIGHELLA, masqué, arrivant par la gauche,
doucement, d’un air rusé mais sot
Pst, où est-elle ? Où peut-elle être ?
(Il se dirige vers la droite et se heurte à Scaramouche
qui revient en scène.)
TRUFFALDIN, masqué, arrivant du coin à gauche,
exactement au moment où Brighella s’avance à droite
Pst, où est-elle ? Où peut-elle être ?
(Il se cogne aux deux autres, tous les trois s’avancent
au centre de la scène en chancelant.)
BRIGHELLA, pour lui-même
Maudit hasard !
SCARAMOUCHE, pour lui-même
Maudit hasard !
ARIANE À NAXOS OPÉRA
TRUFFALDIN, pour lui-même
Maudit hasard !
Mais on ne m’a pas reconnu !
SCARAMOUCHE
Mais on ne m’a pas reconnu !
BRIGHELLA
Mais on ne m’a pas reconnu !
ZERBINETTE, invisible, au fond
Qu’un cœur à tel point ne se comprenne pas lui-même !
(Brighella, Scaramouche et Truffaldin se regardent.)
Ne se comprenne pas lui-même !
ARLEQUIN, invisible également
Ah, si charmante et si bien faite !
BRIGHELLA, SCARAMOUCHE, TRUFFALDIN
Aïe ! Aïe ! Aïe ! Aïe !
ZERBINETTE
La main et les lèvres, la bouche et la main !
93

94
{
{
{
BRIGHELLA, SCARAMUCCIO, TRUFFALDIN
Ai! ai! ai! ai!
ZERBINETTA, HARLEKIN
Hand und Lippe, Mund und Hand!
Welch ein zuckend Zauberband!
SCARAMUCCIO
Ai! ai!
TRUFFALDIN
Ai! ai!
BRIGHELLA
Ai! ai! ai! ai!
Der Dieb
TRUFFALDIN
Der Dieb
SCARAMUCCIO
Ai! ai!
BRIGHELLA
Ai! ai!
TRUFFALDIN
Ai! ai! ai! ai!
Der Dieb
BRIGHELLA
Der Dieb
TRUFFALDIN
Der nie-
-der
SCARAMUCCIO, BRIGHELLA
Der niederträchtige Dieb! Der niederträchtige Dieb!
Der niederträchtige Dieb!
ZERBINETTA
Sieh, wie...
STRAUSS / HOFMANNSTHAL

{
{
{
BRIGHELLA, SCARAMOUCHE, TRUFFALDIN
Aïe ! Aïe ! Aïe ! Aïe !
ZERBINETTE, ARLEQUIN
La main et les lèvres, la bouche et la main !
Quel lien magique et palpitant !
SCARAMOUCHE
Aïe ! Aïe !
TRUFFALDIN
Aïe ! Aïe !
BRIGHELLA
Aïe ! Aïe ! Aïe ! Aïe !
Le voleur
TRUFFALDIN
Le voleur
SCARAMOUCHE
Aïe ! Aïe !
BRIGHELLA
Aïe ! Aïe !
TRUFFALDIN
Aïe ! Aïe ! Aïe ! Aïe !
Le voleur
BRIGHELLA
Le voleur
TRUFFALDIN
L’in –
– fâ –
SCARAMOUCHE, BRIGHELLA
L’infâme voleur ! L’infâme voleur !
L’infâme voleur !
ZERBINETTE
Vois comme...
ARIANE À NAXOS OPÉRA
95

96
{
{
{
HARLEKIN
Ach wie reizend fein gegliedert
Reizend fein gegliedert
Wie der Druck den Druck erwidert,
Hand und Lippe, Mund und Hand
Hand und Lippe, Mund und Hand...
ZERBINETTA
... reizend fein gegliedert
Wie der Druck den Druck erwidert,
Hand und Lippe, Mund und Hand
Hand und Lippe, Mund und Hand...
TRUFFALDIN
Ai! ai! ai! ai!
BRIGHELLA, SCARAMUCCIO, TRUFFALDIN
Der Dieb, der Dieb, der niederträchtge Dieb.
Ai! ai! ai! ai! Ai! ai! ai! ai!
Der Dieb, der Dieb, der niederträchtge Dieb.
ZERBINETTA, HARLEKIN
Welch ein zuckend Zauberband...
Hand und Lippe, Mund und Hand,
Welch ein zuckend Zauberband.
DIE DREI, indem sie zornig und betrübt tanzend abgehen
Ai, ai ai, der Dieb!
Najade, Dryade, Echo treten fast zugleich, hastig auf,
rechts, links und rückwärts.
DRYADE, aufgeregt
Ein schönes
Wunder!
NAJADE
Ein reizender
Knabe!
DRYADE
Ein junger Gott!
STRAUSS / HOFMANNSTHAL

{
{
{
ARLEQUIN
Ah, si charmante et si bien faite !
Charmante et bien faite
L’étreinte répond à l’étreinte
La main et les lèvres, la bouche et la main !
La main et les lèvres, la bouche et la main !
ZERBINETTE
... Charmante et bien faite !
L’étreinte répond à l’étreinte
La main et les lèvres, la bouche et la main
La main et les lèvres, la bouche et la main...
TRUFFALDIN
Aïe ! Aïe ! Aïe ! Aïe !
BRIGHELLA, SCARAMOUCHE, TRUFFALDIN
Le voleur, le voleur, l’infâme voleur.
Aïe ! Aïe ! Aïe ! Aïe ! Aïe ! Aïe ! Aïe ! Aïe !
Le voleur, le voleur, l’infâme voleur.
ZERBINETTE, ARLEQUIN
Quel lien magique et palpitant...
La main et les lèvres, la bouche et la main
Quel lien magique et palpitant !
LES TROIS, pendant qu’ils sortent en dansant, tristes et furieux
Aïe, Aïe Aïe, le voleur !
Naïade, Dryade, Echo, presque en même temps entrent
en hâte, par la gauche, la droite et au fond.
DRYADE, excitée
Un beau
Miracle !
NAÏADE
Un charmant
Jeune homme !
DRYADE
Un jeune dieu !
ARIANE À NAXOS OPÉRA
97

98
{
{
{
ECHO
Ein junger
Gott!
DRYADE
So wißt ihr?
NAJADE
Den Namen?
ECHO
Ein junger Gott!
DRYADE
Bacchus!...
NAJADE
Bacchus!
ECHO
Ein junger Gott!
NAJADE
Ein reizender Knabe!
DRYADE
Mich höret doch an!
NAJADE
Mich höret!
DRYADE
Die Mutter starb bei der Geburt.
NAJADE
Eine Königstochter!
DRYADE
Eines Gottes Liebste!
NAJADE
Eine Königstochter!
STRAUSS / HOFMANNSTHAL

{
{
{
ECHO
Un jeune
Dieu !
DRYADE
Connaissez-vous ?
NAÏADE
Son nom ?
ECHO
Un jeune dieu !
DRYADE
Bacchus !...
NAÏADE
Bacchus !
ECHO
Un jeune dieu !
NAÏADE
Un charmant jeune homme !
DRYADE
Ecoutez-moi donc !
NAÏADE
Ecoutez-moi !
DRYADE
Sa mère est morte en lui donnant le jour.
NAÏADE
La fille d’un roi !
DRYADE
Aimée d’un dieu !
NAÏADE
La fille d’un roi !
ARIANE À NAXOS OPÉRA
99

100
{
{
DRYADE
Eines Gottes Liebste!
NAJADE
Was für eines Gottes?
ECHO, enthusiastisch
Eines
Gottes Liebste, eines Gottes Liebste!
DRYADE
Aber den Kleinen – hört doch! – Nymphen zogen ihn auf!
NAJADE
Nymphen zogen ihn auf!
ECHO, begeistert
Nymphen zogen ihn auf, Nymphen zogen ihn auf!
NAJADE
Nymphen! Das
Zarte göttliche Kind!
DRYADE
Nymphen! Das zarte,
Göttliche Kind!
ECHO
Nymphen zogen ihn auf
Nymphen zogen ihn
Auf!
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
NAJADE, DRYADE
Ach, daß nicht wir es gewesen sind.
ECHO, vogelhaft
Ach, daß nicht wir es gewesen sind.
DRYADE
Er wächst wie die Flamme unterm Wind.

{
{
DRYADE
Aimée d’un dieu !
NAÏADE
Quel dieu ?
ECHO, enthousiaste
Aimée
D’un dieu, aimée d’un dieu !
DRYADE
Mais le petit – écoutez donc – des nymphes l’ont élevé !
NAÏADE
Des nymphes l’ont élevé !
ECHO, avec exaltation
Des nymphes l’ont élevé, des nymphes l’ont élevé !
NAÏADE
Des nymphes ! Le
Tendre et divin enfant !
DRYADE
Des nymphes ! Le tendre,
Et divin enfant !
ECHO
Des nymphes l’ont élevé !
Des nymphes l’ont
Elevé !
NAÏADE, DRYADE
Hélas, ce n’était pas nous.
ECHO, comme un oiseau
Hélas, ce n’était pas nous.
ARIANE À NAXOS OPÉRA
DRYADE
Il a grandi comme la flamme sous le vent.
101

102
{
NAJADE
Ist schon kein Kind
Mehr
ECHO
Ist schon kein
Kind mehr
NAJADE
Knabe und Mann!
DRYADE
Schnell zu Schiffe mit wilden Gefährten!
NAJADE
Nächtig im Wind die Segel gestellt!
DRYADE
Er am Steuer.
NAJADE
Kühn der Knabe!
DRYADE
Kühn der Knabe!
ECHO, vogelhalft
Er am Steuer.
NAJADE
Heil dem ersten Abenteuer!
ECHO
Er am Steuer!
DRYADE
Das erste! Ihr wißt, was es war?
NAJADE, ECHO
Circe! Circe!
STRAUSS / HOFMANNSTHAL

{
NAÏADE
Ce n’est plus un enfant,
Déjà.
ECHO
Ce n’est plus un
Enfant, déjà.
NAÏADE
Un jeune homme, un homme !
DRYADE
Vite il s’embarque avec d’audacieux compagnons !
NAÏADE
Il met à la voile, de nuit !
DRYADE
Il est au gouvernail.
NAÏADE
Intrépide, le jeune homme !
DRYADE
Intrépide, le jeune homme !
ECHO, comme un oiseau
Il est au gouvernail.
NAÏADE
Gloire à sa première aventure !
ECHO
Il est au gouvernail !
DRYADE
Sa première aventure ! Savez-vous ce qu’elle fut ?
NAÏADE, ECHO
Circé ! Circé !
ARIANE À NAXOS OPÉRA
103

104
{
{
NAJADE
An ihrer Insel landet das Schiff,
Zu ihrem Palast schweift der Fuß,
Nächtlich mit Fackeln –
ECHO
An ihrer Insel landet das Schiff,
Zu ihrem Palast schweift
Der Fuß, nächtlich mit Fackeln –
DRYADE
An der Schwelle empfängt sie ihn,
An den Tisch zieht sie ihn hin,
Reicht die Speise,
ECHO
Reicht die Speise,
DRYADE
Reicht den Trank.
NAJADE, eifrigst
Den Zaubertrank!
ECHO
Den Zaubertrank!
NAJADE
Den
Zauberlippen!
ECHO
Allzu süße
Liebesgabe!
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
DRYADE, Triumph im Ton
Doch der Knabe – doch der Knabe! –
Wie sie frech und überheblich
Ihn zu ihren Füßen winkt –
Ihre Künste sind vergeblich,
Weil kein Tier zur Erde sinkt!

{
{
NAÏADE
Le bateau aborde son île,
A son palais le conduisent ses pas,
La nuit, à la lumière des torches –
ECHO
Le bateau aborde son île,
A son palais le conduisent
Ses pas, la nuit, à la lumière des torches –
DRYADE
Sur le seuil elle l’accueille,
A sa table elle l’attire,
Elle lui offre à manger,
ECHO
Elle lui offre à manger,
DRYADE
Elle lui offre à boire.
NAÏADE, avec ferveur
Le philtre magique !
ECHO
Le philtre magique !
NAÏADE
Ses
Lèvres magique !
ECHO
Trop doux
Cadeaux d’amour !
ARIANE À NAXOS OPÉRA
DRYADE, triomphalement
Mais sur le jeune homme – mais sur le jeune homme ! –
Qu’hautaine et insolente
Elle attire à ses pieds –
Sa magie est sans effets :
Aucun pourceau ne se roule par terre !
105

106
{
{
NAJADE, ECHO, DRYADE
Ihre Künste sind vergeblich,
Ihre Künste sind vergeblich
Weil kein Tier zu Erde sinkt!
DRYADE
Aus den Armen ihr entwunden,
Blaß und staunend, ohne Spott,
Nicht verwandelt, nicht gebunden
Steht vor ihr ein junger
Gott!
ECHO
Nicht verwandelt,
Nicht gebunden
Steht vor ihr ein junger Gott!
NAJADE, DRYADE, am Eingang der Höhle
Ariadne!
DRYADE
Schläft sie?
NAJADE
Schläft sie?
ECHO
Nicht gebunden
NAJADE
Nein! Sie hört uns!
NAJADE, der Ariadne meldend
Ein schönes Wunder!
ECHO
Nicht verwandelt!
DRYADE
Ein schönes Wunder!
ECHO
Ein Knabe!
STRAUSS / HOFMANNSTHAL

{
{
NAÏADE, ECHO, DRYADE
Sa magie est sans effets,
Sa magie est sans effets :
Aucun pourceau ne se roule par terre !
DRYADE
S’arrachant de ses bras,
Pâle et interdit, sans ironie,
Intransformé, libre
Se tient devant elle
Un jeune dieu !
ECHO
Intransformé,
Libre,
Se tient devant elle un nouveau dieu !
NAÏADE, DRYADE, à l’entrée de la grotte
Ariane !
DRYADE
Dort-elle ?
NAÏADE
Dort-elle ?
ECHO
Libre
NAÏADE
Non ! Elle nous entend !
NAÏADE, annonçant à Ariane
Un beau miracle !
ECHO
Intransformé !
DRYADE
Un beau miracle !
ECHO
Un jeune homme !
ARIANE À NAXOS OPÉRA
107

108
{
NAJADE
Ein Gott!
DRYADE, immer gegen der Höhle hin
Gestern noch der Gast der Circe,
Mit ihr liegend bei dem Mahle,
ECHO
Nicht gebunden,
DRYADE
Nippend von dem Zaubertrank,
ECHO
Ein Knabe!
NAJADE
Heute ist er hier bei uns!
DRYADE
Ein Gott!
NAJADE
Hörst du,
Ariadne?
DRYADE
Hörst du,
Ariadne?
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
Ariadne wie von Magie hervorgezogen, tritt lauschend
aus der Höhle. Die drei Nymphen, lauschend,
treten seit und rückwärts.
BACCHUS, jung, zauberhaft, träumerisch, erscheint auf einem
Felsen am Meer, Ariadne und den Nymphen unsichtbar.
Circe, Circe, kannst du mich hören?
Du hast mir fast nichts getan
Doch die dir ganz gehören, was tust du denen an?
Circe, ich konnte fliehen,
Sieh, ich kann lächeln und ruhn.
Circe, Circe, was war dein Wille, an mir zu tun?

{
NAÏADE
Un dieu !
DRYADE, toujours en direction de la grotte
Hier encore hôte de Circé,
Avec elle allongé à la table du repas,
ECHO
Libre,
DRYADE
Dégustant le philtre magique,
ECHO
Un jeune homme !
NAÏADE
Aujourd’hui, il est chez nous !
DRYADE
Un dieu !
NAÏADE
Entends-tu,
Ariane ?
DRYADE
Entends-tu,
Ariane ?
ARIANE À NAXOS OPÉRA
Ariane, comme par magie attirée, sort de la grotte,
écoutant. Les trois Nymphes, écoutant, sortent
par les côtés et au fond.
BACCHUS, jeune, merveilleux, rêveur, apparaît sur un rocher
du rivage, invisible aux regards d’Ariane et des Nymphes.
Circé, Circé, m’entends-tu ?
Tu ne m’as presque rien fait
Mais ceux qui t’appartiennent totalement, qu’en fais-tu ?
Circé, j’ai pu fuir,
Regarde, je souris, je suis calme.
Circé, Circé, quel est le dessein que tu avais pour moi ?
109

110
{
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
ARIADNE, in sein Singen hinein, vor sich, leisest
Es greift durch alle Schmerzen auflösend alte Qual:
An’s Herz im Herzen greift’s.
NAJADE, DRYADE, ECHO, leise, zaghaft
Töne, töne, süße Stimme, fremder Vogel, singe wieder,
Deine Klagen, sie beleben, uns entzücken solche Lieder,
Uns entzücken solche Lieder!
BACCHUS, schwermütig, lieblich
Doch da ich unverwandelt von dir gegangen bin,
Was haften die schwülen Gefühle
An dem benommenen Sinn?
Als wär’ ich von schläfernden Kräutern betäubt,
Ein Waldestier! – Circe – was du nicht durftest,
Geschieht es doch an mir?
ARIADNE, wie oben
O Todesbote! Süß ist deine Stimme!
Balsam in’s Blut und Schlummer in die Seele!
NAJADE, ECHO, DRYADE, nach dem die Stimme zu verstummen
scheint, leise
Töne, töne, süße Stimme, süße Stimme, töne wieder!
Deine Klagen, sie beleben! Uns entzücken deine Lieder!
Uns entzücken deine Lieder!
BACCHUS, fröhlicher, mit etwas wie graziösem Spott
Circe, Circe, Circe, ich konnte fliehen!
Circe, du hast mir fast nichts getan!
Circe, ich konnte fliehen!
Sieh, ich kann lächeln und ruhen!
Circe, Circe, was war dein Wille an
Mir zu tun?
ARIADNE, die Augen geschlossen, die Hände gehoben nach der
Richtung von der Stimme tönt
Belade
Nicht zu üppig mit nächtlichem Entzücken
Voraus den schwachen Sinn!
Die deiner lange harret, nimm sie dahin!

{
ARIANE À NAXOS OPÉRA
ARIANE, reprenant son chant, pour elle-même, doucement
Il touche toutes mes douleurs, dissolvant la vieille souffrance :
Il touche le cœur du cœur.
NAÏADE, DRYADE, ECHO, doucement, timidement
Sonne, sonne, douce voix, oiseau d’ailleurs, chante encore,
Tes plaintes sont vivifiantes, ces chansons nous enchantent,
Ces chansons nous enchantent !
BACCHUS, triste, aimable
Si intransformé je t’ai quittée,
Pourquoi ces sentiments accablants s’attachent-ils
A mon âme engourdie ?
Comme si, anesthésié par des herbes narcotiques,
J’étais une bête de la forêt ! – Circé – ce que tu n’as pu faire,
M’a-t-il quand même touché ?
ARIANE, comme plus haut
O, messager de la mort ! Douce est ta voix !
Baume dans le sang et sommeil dans l’âme !
NAÏADE, ECHO, DRYADE, après que la voix semble s’éteindre,
doucement
Sonne, sonne, douce voix, douce voix, chante encore !
Tes plaintes sont vivifiantes ! Tes chansons nous enchantent !
Tes chansons nous enchantent !
BACCHUS, plus joyeux, avec quelque chose comme une ironie
gracieuse
Circé, Circé, Circé, j’ai pu fuir !
Circé, tu ne m’as presque rien fait !
Circé, j’ai pu fuir !
Regarde je souris et je suis calme !
Circé, Circé, quel était le dessein que
Tu avais pour moi ?
ARIANE, les yeux fermés, les mains tendues vers l’endroit
d’où parvient la voix
Ne charge
Pas excessivement, avec tes enchantements nocturnes,
Mon faible cœur !
Celle qui t’attend depuis longtemps, emmène-la !
111

112
Bacchus tritt ein, steht vor Ariadne.
ARIADNE, in jähem Schreck, schlägt die Hände vor’s Gesicht
Theseus!
(Najade, Dryade, Echo ziehen sich unter tiefen Ve r b e u g u n g e n
zurück.) Nein! Nein! Es ist der schöne stille Gott!
Ich grüße dich, du Bote aller Boten!
(Neigt sich.)
BACCHUS, ganz jung, zartest im Tone
Du schönes Wesen! Bist du die Göttin dieser Insel?
Ist diese Höhle dein Palast?
Sind diese deine Dienerinnen?
Singst du am Webstuhl Zauberlieder?
(Bacchus schüchtern, im Tiefsten verwirrt durch
das Abenteuer mit Circe, das erste in seinem Leben.)
Nimmst du den Fremdling dahinein und liegst mit ihm
beim Mahl
Und tränkest du ihn da mit einem Zaubertrank?
Und ach, wer dir sich gibt, verwandelst du ihn auch?
Weh! Bist du auch solch’ eine Zauberin?
ARIADNE, zart in ihrer Todesbereitschaft
Ich weiß nicht, was du redest.
Ist es, Herr, daß du mich prüfen willst?
Mein Sinn ist wirr von vielem Liegen ohne Trost!
Ich lebe hier und harre deiner, deiner harre ich
Seit Nächten, Tagen, seit wievielen, ach, ich weiß es nicht mehr!
BACCHUS
Wie? Kennst du mich denn?
Du hast mit einem Namen mich gegrüßt.
ARIADNE
Nein! Nein! Der bist du nicht,
Mein Sinn ist leicht verwirrt!
BACCHUS, ruhig
Wer bin ich denn?
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
ARIADNE neigt sich
Du bist der Herr über ein dunkles Schiff,
Das fährt den dunklen Pfad.

ARIANE À NAXOS OPÉRA
Bacchus entre, se tient devant Ariane.
ARIANE, dans une brusque frayeur, cache son visage
avec ses mains
Thésée !
(Naïade, Dryade, Echo se sont retirées avec de profondes
révérences.) Non ! Non ! C’est le dieu beau et serein !
Je te salue, toi, messager des messagers !
(Elle s’incline.)
BACCHUS, très jeune, très tendre
Belle créature ! Es-tu la déesse de cette île ?
Cette grotte est-elle ton palais ?
Celles-ci sont-elles tes suivantes ?
Au métier à tisser, chantes-tu des chansons magiques ?
(Bacchus est intimidé, profondément troublé par son
aventure avec Circé, la première de sa vie.)
D o n n e s-tu ici l’hospitalité à l’étranger, l’accueilles-tu à ta table,
Lui fais-tu boire un breuvage magique ?
Et, hélas, celui qui se donne à toi, le métamorphoses-tu,
toi aussi ?
Hélas ! Es-tu toi aussi une magicienne ?
ARIANE, tendre dans sa disponibilité à mourir
Je ne sais pas de quoi tu parles.
Serait-ce, Seigneur, que tu veux me mettre à l’épreuve ?
Mon esprit est dérangé, d’être tant resté sans consolation !
Je vis ici et je t’attends, je t’attends
Depuis des nuits, des jours, combien, hélas je ne le sais plus !
BACCHUS
Comment ? Me connais-tu donc ?
Tu m’as salué d’un nom.
ARIANE
Non ! Non ! Tu n’es pas celui-là,
Mon esprit est un peu troublé !
BACCHUS, calmement
Qui suis-je donc ?
ARIANE s’incline
Tu es le seigneur d’un sombre navire
Qui suit un sombre chemin.
113

114
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
BACCHUS nickt
Ich bin der Herr über ein Schiff.
ARIADNE, jäh
Nimm mich! Hinüber!
Fort von hier mit diesem Herzen!
Es ist zu nichts mehr nütze auf der Welt.
BACCHUS, sanft
So willst du mit mir gehen auf mein Schiff?
ARIADNE
Ich bin bereit, du fragst?
Ist es, daß du mich prüfen willst?
Bacchus schüttelt den Kopf.
ARIADNE, mit unterdrückter Angst
Wie schaffst du die Verwandlung? Mit den Händen?
Mit deinem Stab?
Wie, oder ist’s ein Trank, den du zu trinken gibst?
Du sprachst von einem Trank!
BACCHUS verträumt in ihren Anblick
Sprach ich von einem Trank, ich weiß nichts mehr.
ARIADNE nickt
Ich weiß, so ist es dort wohin du mich führest!
Wer dort verweilet, (leise) der vergißt gar schnell!
Das Wort, der Atemzug ist gleich dahin!
Man ruht und ruht vom Ruhen wieder aus;
Denn dort ist keiner matt vom Weinen,
Er hat vergessen, was ihn schmerzen sollte:
Nichts gilt, was hier gegolten hat, ich weiß.
(Sie schließt die Augen.)
BACCHUS, tief erregt, unbewußt feierlich
Bin ich ein Gott, schuf mich ein Gott,
Starb meine Mutter in Flammen dahin,
Als sich in Flammen mein Vater ihr zeigte,
Versagte der Circe Zauber an mir,

BACCHUS incline la tête
Je suis le seigneur d’un navire.
ARIANE, brusquement
Emmène-moi ! De l’autre côté !
Loin d’ici avec ce cœur !
Il ne peut plus servir à rien en ce monde.
BACCHUS, doucement
Ainsi tu veux venir avec moi sur mon navire ?
ARIANE
Je suis prête, tu me poses la question ?
Serait-ce que tu veux me mettre à l’épreuve ?
Bacchus secoue la tête.
ARIANE À NAXOS OPÉRA
ARIANE, maîtrisant sa peur
Comment opères-tu la métamorphose ? Avec les mains ?
Avec ton bâton ?
Comment ? ou par un breuvage que tu donnes à boire ?
Tu as parlé d’un breuvage !
BACCHUS, la regardant, rêveur
J’ai parlé d’un breuvage, je ne sais plus rien.
ARIANE incline la tête
Je sais l’endroit où tu me vas me conduire !
Qui y séjourne (doucement)oublie très vite !
La parole, le souffle disparaissent vite !
On s’y repose, et s’y repose encore de son repos ;
Car là-bas, personne n’est épuisé de pleurs,
On a oublié ce qui faisait souffrir :
Rien ne compte de ce qui comptait ici, je le sais.
(Elle ferme les yeux.)
BACCHUS, profondément ému, inconsciemment solennel
Si je suis un dieu, créé par un dieu,
Si ma mère mourut dans les flammes,
Alors que dans les flammes mon père se montra à elle,
Si la magie de Circé fut sans effet sur moi,
115

116
{
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
Weil ich gefeit bin, Balsam und Äther
Für sterbliches Blut in den Adern mir fließt.
Hör mich, Wesen, das vor mir steht,
Hör mich, du, die sterben will:
Dann sterben eher die ewigen Sterne,
als daß du stürbest aus meinen Armen!
ARIADNE, ängstlich zurückweichend vor der Gewalt
seines Tones
Das waren Zauberworte! Weh! So schnell!
Nun gibt es kein Zurück! Gibst du Vergessenheit
So zwischen Blick und Blick?
Entfernt sich alles, alles von mir?
Die Sonne? Die Sterne? Ich mir selber?
Sind meine Schmerzen mir auf immer, immer genommen?
Ach!
(Verhauchend)Bleibt nichts von Ariadne als ein Hauch?
(Sie sinkt, er hält sie. Alles versinkt, ein Sternenhimmel
spannt sich über den Zweien.)
BACCHUS, mehr ergriffen, als laut
Ich sage dir, nun hebt sich erst das Leben an für dich und
mich! (Er küßt sie.)
ARIADNE
Lag nicht die Welt auf meiner Brust?
(Entwindet sich ihm, unbewußt sieht sie mit bangen
Staunen um sich.)
Hast du, hast du sie
Fortgeblasen?
(Sie zeigt auf die Höhle, kindisch furchtsam.)
Da innen lag die arme Hündin,
An’ Boden gedrückt, auf kalten Nesseln
Mit Wurm und Assel und ärmer als sie.
BACCHUS
Nun steigt deiner Schmerzen innerste Lust
in dein’ und meinem Herzen auf!
ARIADNE
Du Zauberer, du! Verwandler, du!

{
ARIANE À NAXOS OPÉRA
Car je suis invulnérable, le baume et l’éther
Coulant dans mes veines en lieu de sang mortel,
Ecoute-moi, créature qui te trouves devant moi,
Ecoute-moi, toi qui veux mourir :
Périssent plutôt les étoiles éternelles
Que tu ne disparaisses de mes bras.
ARIANE recule avec angoisse devant la force de son discours
C’était les mots magiques ! Malheur ! Si vite !
Maintenant, plus de retour ! Donnes-tu l’oubli
Ainsi, le temps d’un regard ?
Tout part loin, loin de moi ?
Le soleil ? Les étoiles ? Moi-même ?
Mes souffrances me sont-elles enlevées pour toujours,
pour toujours ? Ah !
(Elle exhale un soupir)
D’Ariane ne reste-t-il rien qu’un souffle ?
(Elle défaille, il la soutient. Tout s’efface, un ciel étoilé
se déploie au-dessus d’eux.)
BACCHUS, plus ému qu’éclatant
Je te le dis, maintenant seulement commence la vie pour
toi et pour moi ! (Il l’embrasse.)
ARIANE
Le poids du monde n’était-il pas sur ma poitrine ?
(Elle s’arrache à lui, inconsciente, elle regarde autour d’elle,
étonnée, angoissée.)
As-tu, l’as-tu,
Enlevé d’un souffle ?
(Elle montre la grotte, avec une peur enfantine.)
Là-dedans gisait la pauvre chienne,
Pressée contre terre, sur de froides orties,
Avec les vers et les cloportes et plus misérable qu’eux.
BACCHUS
A présent s’élève le plaisir intérieur de ta souffrance
Dans ton cœur et dans le mien !
ARIANE
Ô toi, magicien ! Toi, qui métamorphoses !
117

118
{
{
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
Blickt nicht (noch bang, wie ein furchtsames Kind)
Aus dem Schatten deines Mantels
Der Mutter Auge auf mich her?
Ist so dein Schattenland! Also gesegnet?
So unbedürftig der irdischen Welt?
BACCHUS
Du selber! Du bist unbedürftig, du meine Zauberin!
ARIADNE
Gibt es kein Hinüber?
Sind wir schon da?
Wie konnt es geschehen?
Sind wir schon drüben?
Auch meine Höhle, schön, gewölbt
Über ein seliges Lager einen heiligen Altar!
Wie wunder-wunderbar verwandelst
Du!
BACCHUS
Du!
Alles du!
Ich bin ein anderer als ich war!
Der Sinn des Gottes ist wach in mir,
Dein herrlich Wesen ganz zu fassen!
Die Glieder reg’ ich in göttlicher Lust!
Die Höhle da! Laß mich, die Höhle deiner Schmerzen,
Zieh’ ich zur tiefsten Lust um dich und mich!
Ein Baldachin senkt sich von oben langsam über beide,
sie einschließend.
NAJADE, DRYADE, ECHO
Töne,
Töne, süße Stimme,
Fremder Vogel, singe wieder,
Deine Klagen, sie beleben,
Uns entzücken solche Lieder!
ARIADNE, an seinem Arm hängend
Was hängt von mir in deinem Arm?
O, was von mir, die ich vergehe,

{
{
ARIANE À NAXOS OPÉRA
Ne discerné-je pas, (encore anxieuse, comme une enfant
craintive) Dans l’ombre de ton manteau,
L’œil de ma mère sur moi ?
Est-il ainsi ton pays des ombres ! Béni ?
Sans lien avec le monde terrestre ?
BACCHUS
C’est toi-même ! Tu es sans lien, ma magicienne !
ARIANE
Il n’y a pas de passage ?
Y sommes-nous déjà ?
Comment est-ce arrivé ?
Sommes-nous déjà de l’autre côté ?
Ma grotte aussi, belle, arque sa voûte
Sur une couche bienheureuse, un saint autel !
Quelle merveilleuse métamorphose : c’est
Toi !
BACCHUS
Toi !
Rien que toi !
Je suis un autre qu’auparavant !
L’esprit du dieu s’éveille en moi
Pour saisir totalement ton être sublime !
Je bouge mon corps en un divin plaisir !
La grotte, là ! La grotte de tes souffrances, laisse-moi
La consacrer, pour toi et pour moi, au plus profond plaisir !
Un baldaquin descend lentement sur le couple.
NAÏADE, DRYADE, ECHO
Sonne,
Sonne, douce voix,
Oiseau d’ailleurs, chante encore,
Tes plaintes sont vivifiantes,
Ces chansons nous enchantent !
ARIANE, suspendue à son bras
Quelle part de moi est à ton bras ?
O, quelle part de moi, moi qui m’efface,
119

120
{
{
STRAUSS / HOFMANNSTHAL
Fingest du Geheimes
Mit deines Mundes Hauch?
Was, was bleibt von Ariadne?
Was bleibt, was bleibt von Ariadne?
Laß meine Schmerzen nicht verloren sein!
Zerbinetta tritt aus der Kulisse, weist mit dem Fächer
über die Schulter auf Bacchus und Ariadne.
ZERBINETTA, leise und diskret
Kommt der neue Gott gegangen,
Hingegeben sind wir stumm, stumm!
(Verschwindet wieder.)
BACCHUS
Deiner
Hab’ ich um alles bedurft!
Nun bin ich ein and’rer als ich war.
Deiner hab’ ich um alles bedurft!
ARIADNE
Laß meine Schmerzen nicht verloren sein,
Bei dir, bei dir laß Ariadne sein!
BACCHUS
Durch deine Schmerzen bin ich reich,
Nun reg’ ich die Glieder in göttlicher Lust!
Und eher sterben die ewigen Sterne,
Eh’ denn du stürbest aus meinem Arm!
Der Baldachin schließt sich vollends über
Ariadne und Bacchus.
Der Vorhang fällt
ENDE

{
{
ARIANE À NAXOS OPÉRA
As-tu pris secrètement
Avec le souffle de ta bouche ?
Quoi, que reste-t-il d’Ariane ?
Que reste-t-il, que reste-t-il d’Ariane ?
Ne laisse pas mes souffrances se perdre !
Zerbinette sort de la coulisse, elle désigne Bacchus et
Ariane avec son éventail, par-dessus son épaule.
ZERBINETTE, doucement, discrètement
Quand arrive le nouveau dieu,
Nous nous abandonnons, muettes, muettes !
(Elle disparaît à nouveau.)
BACCHUS
C’est toi
Dont j’ai besoin par-dessus tout !
A présent je suis un autre.
C’est toi dont j’ai besoin, par-dessus tout !
ARIANE
Ne laisse pas perdre mes souffrances,
Près de toi, laisse Ariane être près de toi !
BACCHUS
Tes souffrances me font riche,
A présent je bouge mon corps en un plaisir divin !
Périssent plutôt les étoiles éternelles
Que tu ne disparaisses de mes bras.
Le baldaquin se ferme complètement sur
Ariane et Bacchus.
Le rideau tombe.
FIN
Traduction : Jean Spenlehauer
121

CAHIER de LECTURES
Dominique Jameux
Les deux Ariane
Correspondance Strauss-Hofmannsthal
« Sellez Pégase »
Bernard Banoun
Le travail du librettiste
Emmanuel Reibel
Zerbinette, une autre Circé
—
Christiane Chauviré
Du mythe grec au mystère
de la Verwandlung : Ariane
ou la défaite de Dionysos
Roberto Calasso
Thésée, Ariane, Dionysos,
Variations du mythe

CARNET de NOTES
Richard Strauss
Repères biographiques
& Notice bibliographique
—
Hugo von Hofmannsthal
Repères biographiques
& Notice bibliographique
—
Ariane à Naxos
Orientations discographiques

RICHARD STRAUSSREPÈRES BIOGRAPHIQUES
126
H I S T O I R E RICHARD STRAU S S
1867.
L’Empire autrichien est
remplacé par la double
monarchie d’Autriche-Hongrie.
Regroupement des Etats
allemands autour de la Prusse.
1870-1871.
Guerre franco-prussienne.
1871.
Défaite de la France.
Perte de l’Alsace-Lorraine.
Chute de Napoléon III.
Commune de Paris
4 septembre : proclamation de
la III e République en France.
1875.
Création du parti des
travailleurs allemands (SAP)
marxiste.
1879.
Le Congrès de Berlin crée
les états des Balkans.
L’Autriche-Hongrie s’allie
à l’Allemagne.
1881-1882.
France : l’enseignement
primaire devient gratuit, laïc
et obligatoire.
Triple alliance : Allemagne,
Autriche-Hongrie, Italie.
1864.
11 juin : naissance à Munich.
Son père Franz est cor solo dans
l’Orchestre de Cour (Hofoper).
1869.
Leçons de piano auprès
de August Tombo, harpiste
au Hofoper.
1870-72.
Leçons de violon auprès
de Benno Walter (violon solo
du Hofoper). Premières
compositions : Weihnachstlied,
Schneiderpolka... Premiers
spectacles : Der Freischütz
de Weber et La Flûte enchantée
de Mozart.
1874-1875.
Education classique
au Ludwigs-Gymnasium.
Etudie la composition auprès
de Friedrich Wilhelm Meyer.
1877.
Sérénade, première œuvre
pour orchestre.
1881.
Chœur pour Electre
de Sophocle (au lycée).
Premières exécutions
publiques : Quatuor à cordes,
lieder, Symphonie en ré mineur,
Festmarch(op. 1).

STRAUSS & SON TEMPS
M U S I Q U E L I T T É R AT U R E
SCIENCE & ART S
1869.
Mort de Berlioz.
1874.
Naissance de Schœnberg.
1875.
Naissance de Ravel.
1876.
Inauguration du festival
de Bayreuth.
Wagner, La Tétralogie.
1878.
Danses slavesde Dvorák.
1881.
Naissance de Bartók.
1867.
Mort de Baudelaire.
1868.
Naissance de Paul Claudel.
1872.
Claude Monet, Impression,
soleil levant.
Nietzsche, La Naissance de
la tragédie.
1873.
Rimbaud, Une saison en enfer.
1875.
Achèvement du Palais-Garnier.
1876-1877.
Bell invente le téléphone,
Edison le phonographe.
127

RICHARD STRAUSSREPÈRES BIOGRAPHIQUES
128
H I S T O I R E RICHARD STRAU S S
1883.
Mort de Karl Marx.
Assurance sociale en
Allemagne : 1 re de plusieurs
lois sociales.
1888.
Mort de l’empereur Guillaume
Ier. Frédéric III règne 99 jours.
Guillaume II lui succède.
1890.
Démission de Bismarck.
Création du parti social-d é m o c r a t e
allemand (SPD).
Dirige les répétions de
l’orchestre Wild Gungl
(dirigé par son père).
1882.
Voyage à Bayreuth avec son
père. Etudes universitaires
à Munich. Création de sa
Sérénade pour instruments
à vent à Dresde.
1883-1884.
Sérénade pour instruments
à vent dirigée par
Hans von Bülow.
Séjour à Berlin. Débuts comme
chef d’orchestre à Meiningen.
Création de sa Symphonie en
fa mineur à New York.
1885.
Assistant de Bülow à
Meiningen. Amitié et influence
du violoniste Alexandre Ritter.
Rencontre Brahms.
1886.
1 er Concerto pour corà
Meiningen. Voyage en Italie :
Aus Italien. Nommé 3 e chef de
l’Orchestre de Cour de Munich.
1887.
Rencontre Pauline de Ahna,
sa future femme.
Rencontre Mahler.
1888.
Voyage en Italie, commence
à composer Don Juan.
1889.
Assistant à Bayreuth pour
Parsifal. Nommé Kapellmeister
à Weimar où il dirige la
création de Don Juan.
1890.
Mort et Transfiguration et
Burlesquepour piano et
orchestre, créés à Eisenach.

STRAUSS & SON TEMPS
M U S I Q U E L I T T É R AT U R E
SCIENCE & ART S
1882.
Naissance de Stravinsky.
1883.
Naissance de Webern
et de Varèse.
Mort de Wagner.
1885.
Naissance d’Alban Berg.
1887.
Chabrier, Le Roi malgré lui.
1890.
Naissance de Martinu.
Mascagni, Cavalleria Ru s t i c a n a .
1882.
Naissance de James Joyce.
1883.
Nietzsche, Ainsi parlait
Zarathoustra.
1885.
Mort de Victor Hugo.
Pasteur : vaccin contre la rage.
1887.
Emile Zola, La Terre.
1889.
Exposition universelle à Paris.
129

RICHARD STRAUSSREPÈRES BIOGRAPHIQUES
130
H I S T O I R E RICHARD STRAU S S
1893.
Union générale des syndicats
allemands.
1894.
Assassinat du président
Sadi-Carnot à Lyon.
Début de l’affaire Dreyfus.
1897.
Extension des possessions
coloniales allemandes.
1891.
Grave maladie pulmonaire.
Assistant à Bayreuth
à l’invitation de Cosima.
1892.
Dirige Tristan (Pauline
en Isolde).
Nouvelle alerte pulmonaire.
Convalescence en Grèce et
Egypte. Commence Guntram.
1893.
Dirige la création de Hänsel
et Gretelde Humperdinck
à Weimar.
1894.
Echec de Guntram à Weimar.
Dirige Tannhäuser à Bayreuth
(Pauline est Elisabeth).
Mariage avec Pauline : il lui
dédie des lieder dont Morgen
et Cäcilie. Dirige le
Philharmonique de Berlin et
l’Orchestre de cour de Munich.
1895.
Succès de Till l’espiègle.
1896-1897.
Dirige dans de nombreuses
villes d’Europe et à Moscou.
Ainsi parlait Zarathoustra.
Naissance de son fils Franz.
Enoch Arden. Dirige Così fan
tutte à Munich.
1898.
Don Quichotte. Quitte Munich
pour Berlin où il est nommé
Hofkapellmeister de l’Opéra.
Est l’un des fondateurs
de la Genossenschaft deutscher
Tonsetzer(Ligue des
compositeurs allemands).
1899.
Une Vie de héros.

STRAUSS & SON TEMPS
M U S I Q U E L I T T É R AT U R E
SCIENCE & ART S
1893.
Verdi, Falstaff.
1897.
Mahler, directeur de l’Opéra
de Vienne.
1899.
S c h œ n b e rg, La Nuit transfigurée.
Mort de Johann Strauss.
1894.
D’Annunzio, Le Triomphe
de la mort.
1895.
Invention du cinéma par les
frères Lumière.
1896.
Henri Becquerel : découverte
de la radioactivité.
Alfred Jarry, Ubu Roi.
1897.
Sécession à Vienne.
1898.
Mort de Mallarmé.
131

RICHARD STRAUSSREPÈRES BIOGRAPHIQUES
132
H I S T O I R E RICHARD STRAU S S
1904.
Entente cordiale entre la
France et l’Angleterre.
1905.
France : Séparation de l’Eglise
et de l’Etat.
Grèves dans la Ruhr.
Visite de Guillaume II à Tanger
et discours d’Algésiras : crise
du Maroc.
Première Révolution russe.
1911.
Crise d’Agadir.
Accord entre la France et
l’Allemagne sur les colonies.
1912.
Le SPD remporte 1/3 des sièges
au Reichstag.
Protectorat français sur
le Maroc.
1900.
1 re rencontre avec
Hofmannsthal à Paris.
1902.
Mahler dirige Feuersnot
à Vienne.
1904.
1 er voyage aux Etats-Unis.
Sinfonia Domestica
1905.
Mort de son père. Succès de
Salomé à Dresde. Début
de sa collaboration avec
Hofmannsthal (Elektra).
1906-1907.
Succès de Salomé dans toute
l’Europe : Milan, Bruxelles,
Amsterdam, Berlin, Paris.
1908.
Construction de la maison de
Garmisch (Alpes bavaroises)
grâce aux royalties de Salomé.
1909.
Elektra à Dresde. Membre de
l’Académie des arts de Berlin.
1910.
Mort de sa mère.
1911.
Le Chevalier à la rose(livret
d’Hofmannsthal) à Dresde :
triomphe.
1912.
25 octobre : création de la
1 re version d’Ariane à Naxos
(Le Bourgeois gentilhomme
suivi d’Ariane à Naxos)
à Stuttgart.

STRAUSS & SON TEMPS
M U S I Q U E L I T T É R AT U R E
SCIENCE & ART S
1900.
Charpentier, Louise.
1901.
Mort de Verdi.
1902.
Mahler, Symphonie n° 5.
Debussy, Pelléas et Mélisande.
1906.
Schœnberg, Symphonie de
chambre.
Albéniz, Iberia.
1908.
Mahler, Le Chant de la terre.
1909.
Schœnberg : Traité d’harmonie.
1911.
Mort de Mahler.
Naissance d’Herbert von
Karajan.
1912.
Schœnberg, Pierrot lunaire.
1913.
S t r a v i n s ky, Le Sacre du printemps.
1900.
Mort d’Oscar Wilde.
Freud, L’Interprétation des rêves.
1905.
E i n s t e i n : la relativité restreinte.
1907.
Picasso, Les Demoiselles
d’Avignon.
1910.
Naissance de Jean Genet.
K a n d i n s ky, Du spirituel dans l’art.
Marinetti, Manifeste futuriste.
1911.
Hofmannsthal, Jedermann.
1913.
Proust, Du côté de chez Swann.
Apollinaire, Alcools.
133

RICHARD STRAUSSREPÈRES BIOGRAPHIQUES
134
H I S T O I R E RICHARD STRAU S S
1914.
Début de la Première Guerre
mondiale.
1917.
Révolution d’octobre en Russie.
1918.
Fin de la Première Guerre
mondiale.
Création du Parti communiste
allemand.
Proclamation de la république
en Autriche.
1919.
Traité de Versailles.
Ecrasement de la révolte
spartakiste à Berlin et naissance
de la république de Weimar.
1920.
Naissance du Parti nationalsocialiste
à Munich.
1921.
NEP de Lénine.
1922.
Mussolini marche sur Rome.
1924.
Allemagne : poussée
nationaliste aux élections.
Staline succède à Lénine.
Dictature de Mussolini.
1914.
La Légende de Joseph, pour les
Ballets russes de Diaghilev.
1915.
Symphonie alpestreà Berlin.
1916.
4 octobre : « Ariane II » à
Vienne : opéra avec Prologue.
1917.
Est l’un des artistes fondateurs
du festival de Salzbourg (avec
Hofmannsthal et Reinhardt).
1918.
Nouvelle version du Bourgeois
gentilhomme de
Hofmannsthal/Strauss, à Berlin
(mise en scène : M. Reinhardt,
chorégraphie : Balanchine)
1919.
Codirecteur de l’Opéra de
Vienne (avec Franz Schalk).
La Femme sans ombre(livret de
Hofmannsthal) à Vienne.
1920.
Suite d’orchestre Le Bourgeois
gentilhomme à Vienne.
1920-1923.
Tournées en Amérique latine
et aux Etats-Unis avec l’Opéra
de Vienne.
1924.
Démissionne de l’Opéra de
Vienne. Intermezzoà Dresde.

STRAUSS & SON TEMPS
M U S I Q U E L I T T É R AT U R E
SCIENCE & ART S
1915.
Pfitzner, Palestrina.
1917.
Ravel, Le Tombeau de Couperin.
1918.
Stravinsky, Histoire du soldat.
1919.
Ravel, La Valse.
1920.
Korngold, La Ville morte.
Premier festival de Salzbourg.
1921.
Prokofiev, L’Amour des trois
oranges.
Berg, Wozzeck.
1922.
Schœnberg aboutit
à la composition à douze sons.
Stravinsky, Renard.
1923.
Naissance de Ligeti.
1924.
Gershwin : Rhapsody in Blue.
Puccini: Turandot.
1915.
Kafka, La Métamorphose.
1916.
Freud, Introduction à
a psychanalyse.
1918.
Manifeste dada.
1919.
Fondation du Bauhaus à
Weimar.
1920.
Spengler, Le Déclin
de l’Occident.
1921.
Einstein prix Nobel.
Chaplin, Le Kid.
1922.
Joyce, Ulysse.
Murnau, Nosferatu.
1923.
Rodchenko créé la revue
constructiviste Lef à Moscou.
1924.
Thomas Mann, La Montagne
magique.
Mort de Kafka.
Modèle de la Ford T.
135

RICHARD STRAUSSREPÈRES BIOGRAPHIQUES
136
H I S T O I R E RICHARD STRAU S S
1925.
Conférence de Locarno :
l’Allemagne refuse
l’intangibilité de ses frontières
orientales.
1927.
USA : exécution de Sacco
et Venzetti.
1928.
Pacte Briand-Kellog.
1929.
24 octobre : « jeudi noir »
à Wall Street.
1932.
F.D. Roosevelt, président
des Etats-Unis.
1933.
Hitler, chancelier d’Allemagne.
Mise à l’index des écrivains
juifs, autodafé des ouvrages
« non conformes ».
1935.
Rétablissement du service
militaire en Allemagne.
1936.
Guerre d’Espagne.
1938.
Annexion de l’Autriche
par l’Allemagne.
Accords de Munich.
1928.
Hélène d’Egypteà Vienne
(livret Hofmannsthal).
1929.
Mort d’Hofmannsthal qui laisse
inachevé le travail sur Arabella.
1931.
Révise et dirige à Vienne
Idoménéede Mozart.
1933.
Arabella à Dresde.
Nommé président de la
Chambre de musique du Reich
par Gœbbels.
1935.
La Femme silencieuse(livret
Stefan Zweig) à Dresde.
Démissionne de la Chambre
de musique du Reich.
1936.
Hymne pour les jeux
olympiques de Berlin.
1938.
Jour de paix et Daphné
(livrets de Joseph Gregor).

STRAUSS & SON TEMPS
M U S I Q U E L I T T É R AT U R E
SCIENCE & ART S
1925.
Naissance de Boulez.
Busoni, Doktor Faust.
Berg, Wozzeck.
1928.
Ravel, Boléro.
Weil et Brecht, L’Opéra
de quat’ sous.
1931.
Varèse, Ionisation.
1935.
Berg, Concerto pour violon
« A la mémoire d’un ange ».
1936.
Bartók, Musique pour cordes,
percussions et célesta.
1937.
Orff, Carmina Burana.
1925.
Lang, Metropolis.
1926.
Kafka, Le Château.
1927.
Buñuel, le Chien andalou.
1 e r film parlant : Le chanteur de jazz.
1928.
Fleming : la pénicilline.
1929.
Claudel, Le Soulier de satin.
1930.
Breton, 2 nd Manifeste du
surréalisme.
Musil, L’homme sans qualités.
1932.
Céline, Voyage au bout
de la nuit.
1933.
Malraux, La Condition humaine.
137

RICHARD STRAUSSREPÈRES BIOGRAPHIQUES
138
H I S T O I R E RICHARD STRAU S S
1939.
Début de la 2 e Guerre mondiale.
1941.
Pearl Harbor.
1942.
Contre-offensive soviétique à
Stalingrad.
1945.
Fin de la 2 e Guerre mondiale.
1947.
Plan Marshall en Europe.
1949.
Traité de l’Atlantique nord.
Création de la République
fédérale d’Allemagne.
1942.
Capriccio à Munich (livret de
Clemens Krauss).
1943.
2 e Concerto pour cor.
1944.
A Salzbourg, L’Amour de Danaé
(livret de Gregor) ne dépasse
pas le stade des répétitions
(fermeture des théâtres).
1945.
Quitte Garmisch pour la Suisse.
Métamorphoses(à la mémoire
des bombardements des opéras
de Munich, Dresde et Vienne)
à Zurich, dirigées par Paul
Sacher.
1948.
Compose les Quatre Derniers
Lieder. La commission de
dénazification lui permet
de regagner l’Allemagne.
1949.
85 e anniversaire. Dirige pour
les dernière fois : répétition du
Chevalier à la rose à Munich et
extraits de Capriccio pour les
besoins d’un film.
8 septembre : meurt
à Garmisch.
1950.
Mort de Pauline quelque jours
avant la création des Quatre
Derniers Liederà Londres
par Furtwängler et Kirsten
Flagstadt.

STRAUSS & SON TEMPS
M U S I Q U E L I T T É R AT U R E
SCIENCE & ART S
1942.
Chostakovitch, Symphonie n° 7,
« Leningrad ».
1947.
Boulez, Le visage nuptial.
1948.
Messiaen, Turangalîla-
Symphonie.
1949.
Naissance de Michaël Levinas.
1939.
Steinbeck, Les Raisins
de la colère.
1942.
Suicide de Stefan Zweig.
1945.
1 re bombe atomique.
Carné-Prévert, Les Enfants
du paradis.
1947.
Thomas Mann, Doktor Faustus.
Pollock, action painting.
139

RICHARD STRAUSSNOTICE BIBLIOGRAPHIQUE
140
Bernard Banoun, L’Opéra selon Richard Strauss. Un théâtre et son
temps, Librairie Arthème Fayard, 2000.
Claude Rostand, Richard Strauss, Seghers, 1964.
Antoine Goléa, Richard Strauss, Flammarion, 1965.
André Tubeuf, Richard Strauss ou Le Voyageur et son ombre,
Albin Michel, 1980.
Dominique Jameux, Richard Strauss, collection Pluriel,
Hachette, 1986.
Michael Kennedy, Richard Strauss, traduit de l’anglais par
Odile Demange, Librairie Arthème Fayard, 2001.
Romain Rolland, Richard Strauss et Romain Rolland :
Correspondance, Fragments de Journal, Albin Michel, 1951.
Richard Strauss / Gustav Mahler : Correspondance 1888-1911,
traduite par Martin Kaltenecker, Editions Bernard Coutaz, 1989.
Richard Strauss / Hugo von Hofmannsthal : Correspondance,
traduite et présentée par Bernard Banoun, Fayard, 1992.
Richard Strauss / Stefan Zweig : Correspondance 1931-1936,
traduite par Nicole Casanova et Bernard Banoun,
Flammarion, 1994.
www.richardstrauss.at site réalisé par Richard et Christian Strauss,
petits-fils du compositeur.
www.richard-strauss-institut.de, institut et archives Richard Strauss
de Garmisch Partenkirchen.

HUGO VON HOFMANNSTHALREPÈRES BIOGRAPHIQUES
1874.
1er février : naissance à Vienne. Son père est banquier.
1884.
Devient élève à l’Akademisches Gymnasium de Vienne.
1890-1891.
Premières œuvres publiées : Frage (Question), poème,
puis Gestern(Hier), étude dramatique en un acte,
sous le pseudonyme de Loris Melikow.
Amitié avec Arthur Schnitzler, Hermann Bahr, Stefan George.
1892.
Collabore aux Feuilles pour l’art, revue de Stefan George.
Commence La Mort du Titien, pièce en vers.
Traduit Les Aveuglesde Maeterlinck.
Etudes de droit à l’université de Vienne.
1893-1894.
Poésie : Idylle, Tercets sur la fugacité des choses .
Théâtre : Le Fou et la Mort, Alcested’après Euripide.
1895.
Service militaire. Collabore à la revue Pan.
Abandonne le droit pour des études de philologie romane,
de philosophie et d’esthétique.
1897.
Mémoire sur La langue des poètes de la Pléiade.
Pièces de théâtre : Le Petit théâtre du monde,
Femme à sa fenêtre, L’Eventail blanc, Le Mariage de Zobéide,
L’Empereur et la sorcière.
Est promu lieutenant de réserve.
1898.
Docteur en philosophie. Une Femme à sa fenêtreest sa
première pièce représentée en public (Freie Bühne de Berlin
dirigée par Otto Brahm).
1899.
Création à Berlin de Le Mariage de Zobéide et L’Aventurier
et la cantatrice. La Mine de Falun (fragment).
1900.
Collabore à la revue Die Insel. Séjour à Paris : rencontre
Rodin, Anatole France, Jules Renard, Maeterlinck et
Richard Strauss.
1901.
Thèse sur l’évolution poétique de Victor Hugo.
Epouse Gertrud Schlesinger. Le couple s’installe à Rodaun
(banlieue de Vienne).
1902.
Naissance de sa fille Christiane. Lettre de Lord Chandos.
141

HUGO VON HOFMANNSTHALREPÈRES BIOGRAPHIQUES
142
1903.
Rencontre Max Reinhardt.
Naissance de son fils Franz.
Création d’Elektra (mise en scène de Reinhardt).
1904-1905.
Mort de sa mère.
Instructeur militaire pour réservistes.
Œdipe et le Sphinx, Venise sauvéed’après Otway.
1906.
Naissance de son troisième enfant : Raimund.
Version en prose de Jedermann. Rupture avec Stefan George.
Strauss le sollicite pour mettre en musique son Elektra.
1907.
Dirige la revue de poésie Morgen [Demain].
Séjour de Rilke à Rodaun.
Publications en plusieurs volumes : Poèmes complets,
Drames courts, Ecrits en prose rassemblés .
1908.
Création à Berlin de sa pièce de jeunesse Le Fou et la Mort.
Le Retour de Christina.
1909-1910.
Elektra à Dresde. Travail au Chevalier à la rose.
Lucidor (servira de base pour Arabella).
Traduit Le Mariage forcé de Molière.
1911.
Le Chevalier à la rose à Dresde.
Ecrit Ariane à Naxos. Jedermann est créé à Berlin.
1912.
La Légende de Joseph, (avec H. Kessler), pour Diaghilev.
Le Bourgeois gentilhomme (adapté de Molière)
suivi d’Ariane à Naxos à Stuttgart.
Travaille à Andreas.
1913.
Séjour en Italie (retrouve Strauss).
Livret de La Femme sans ombre.
Ecrit le Prologue d’Ariane à Naxos.
1914.
Mobilisé et envoyé comme officier en Istrie,
puis dans l’administration militaire Vienne.
Premiers articles politiques.
1915.
Mort de son père. Mission à Cracovie.
Publication des volumes de la Bibliothèque autrichienne
grâce au soutien des éditions I n s e l.

HUGO VON HOFMANNSTHALREPÈRES BIOGRAPHIQUES
1916.
Les Fâcheux(d’après Molière) à Berlin.
Ad me ipsum, notes autobiographiques. Mission à Varsovie.
Nouvelle version d’Ariane à Naxos créée à Vienne.
1917.
Conférence L’Idée d’Europeà Berne.
1919.
Termine L’Homme difficile.
Création de La Femme sans ombreà Vienne.
1920.
La Tour. Jedermann représenté sur le parvis de la cathédrale
de Salzbourg pour le premier festival.
Canevas de L’Amour de Danaé.
1921.
L’Homme difficileest créé au Théâtre de la Résidence
(mise en scène M. Reinhardt).
1922.
L’Incorruptible, Le Livre des amis.
Collabore avec la Bremer Presseafin d’éditer un panorama
de la littérature allemande : Livre de lectures allemandes,
Anthologies, Schiller par lui-même...
Créé la revue Nouveaux Cahiers allemands
(il y publie notamment Walter Benjamin).
1923.
Rédige le scénario pour le film tiré du Chevalier à la rose.
1924.
Livret d’Hélène d’Egypte, La Tour.
1926-1927.
Film Le Chevalier à la rose.
Publication de sa correspondance avec Strauss.
Travaille au livret d’Arabella. Conférence à Munich :
Les Ecrits comme espace spirituel de la nation.
1928.
Hélène d’Egypteà Vienne.
1929.
Révise le 1 er acte d’Arabella.
13 juillet : suicide de son fils Franz.
15 : juillet : meurt à Rodaun d’une attaque d’apoplexie
en se rendant à l’enterrement de son fils.
1933.
Création d’Arabella, sa dernière collaboration
avec Richard Strauss.
143

HUGO VON HOFMANNSTHALNOTICE BIBLIOGRAPHIQUE
144
Christiane Chauviré, Hofmannsthal et la métamorphose, variations
sur l’opéra. Edition de L’Eclat, collection Tiré à part, 1991.
Werner Volke, Hugo von Hofmannsthal, traduit de l’allemand par
Jean-Yves Masson, Editions Jacqueline Chambon, 1995.
Jacques Le Rider, Hugo von Hofmannsthal, Historicisme
et modernité, P. U. F., 1995.
Revue littéraire “Sud”, numéro hors série Hugo von Hofmannsthal,
textes inédits, études, témoignages réunis par
Jean-Yves Masson, 1990.
Revue “Austriarca” (publication de l’université de Rouen) n o 37,
Modernité de Hofmannsthal, études réunies
par Jacques Le Rider, décembre 1993.
Ouvrages de Hugo von Hofmannsthal
Le Chevalier à la rose et autres pièces,traduit par Colette Rousselle,
Henri Thomas, Jacqueline Verdeaux et Léon Vogel, Gallimard,
1979 (contient La Mort du Titien, La Mort et le Fou,
Electre, Jedermann, La Tour).
Andreas et autres récits,traduits de l’allemand par Eugène Badoux
et Magda Michel, collection L’Imaginaire, Gallimard, 1985.
Venise sauvée,traduit par Sylvie Müller, Actes-Sud / Papiers, 1986.
Le Livre des amis,traduit par Jean-Yves Masson, collection
Petite Bibliothèque européenne, Maren Sell, 1990.
Avant le jour,Poèmes, choisis et présentés par Jean-Yves Masson,
collection Orphée, La Différence, 1990.
Victor Hugo, traduit par Maria Ley-Deutsch, collection Latitudes,
La Différence, 1990.
Lettre de Lord Chandos et autres textes, traduits et présentés par
Jean-Claude Schneider, collection Poésie, Gallimard, 1992.
La Femme sans ombre, traduit par Jean-Yves Masson, Verdier, 1992.
L’Homme difficile, traduit par Jean-Yves Masson, Verdier, 1992.
L’Incorruptible, traduit par Jean-Yves Masson, L’Arche, 1997.
Daniel Defoë, scénario traduit par Jean-Yves Masson, in Anthologie
du cinéma invisible,sous la direction de Christian Janicot,
Artes Editions / Jean-Michel Place, 1995.
Correspondance Hugo von Hofmannsthal / Richard Strauss,
traduite et présentée par Bernard Banoun, Fayard, 1992.

ARIANE À NAXOS ORIENTATIONS DISCOGRAPHIQUES
CLEMENS KRAUSS, Orchestre de la Radio de Stuttgart
Bacchus (Helge Rosvaenge), Zerbinette (Erna Berger), Ariane
(Viorica Ursuleac), Arlequin (Karl Hammes)
Version sans le prologue. 1935 – Preiser
HERBERT VON KARAJAN, Orchestre Philharmonia de Londres
Un Maître de musique (Karl Dönch), Le Compositeur
(Irmgard Seefried), Le Ténor puis Bacchus (Rudolf Schock),
Zerbinette (Rita Streich), La Prima Donna puis Ariane
(Elisabeth Schwarzkopf), Arlequin (Hermann Prey)
1954 – EMI
WOLFGANG SAWALLISCH, Orchestre philharmonique de Vienne
Un Maître de musique (Walter Berry), Le Compositeur
(Trudeliese Schmidt), Le Ténor puis Bacchus (James King),
Zerbinette (Edita Gruberova), La Prima Donna puis Ariane
(Anna Tomowa-Simtow), Arlequin (Dale Düsing)
Enregistrement public. Festival de Salzbourg, 1982– Orfeo
Pour découvrir la première version de l’œuvre
KENT NAGANO, Orchestre de l’Opéra de Lyon
Monsieur Jourdain (Ernst Theo Richter), Bacchus
(Gösta Winbergh), Zerbinette (Sumi Jo), Ariane
(Margaret Price), Arlequin (Thomas Mohr)
1994 – Virgin
145

DANS LA MÊME COLLECTION
LUDWIG VAN BEETHOVEN. Fidelio.
Livret du compositeur, d’après Léonore ou l’amour conjugal,
de Jean-Nicolas Bouilly.
Novembre 2003.
ALBAN BERG. Wozzeck.
Livret du compositeur, d’après Woyzeck, de Georg Büchner.
Octobre 2003.
EMMANUEL CHABRIER. Le Roi malgré lui.
Livret d’Emile de Najac & Paul Burani.
Février 2005.
DIMITRI CHOSTAKOVITCH. Moscou, quartier des cerises.
Livret de Vladimir Mass & Mikhaïl Tchervinsky.
Décembre 2004.
CLAUDE DEBUSSY. Pelléas et Mélisande.
Livret d’après Pelléas et Mélisande de Maurice Maeterlinck.
Février 2004.
HANS WERNER HENZE. L’Upupa ou le Triomphe de l’amour filial.
Livret du compositeur.
Juin 2005.
LEOŠ JANÁČEK. Jenůfa.
Livret du compositeur d’après la pièce Její pastorkyňa
de Gabriela Preissová.
Mai 2005.
LEOŠ JANÁČEK. Kát’a Kabanová.
Livret d’après L’Orage d’Alexandre Ostrovski.
Mai 2005.
LEOŠ JANÁČEK. L’Affaire Makropoulos.
Livret d’après la pièce Věc Makropulosde Karel Čapek.
Mai 2005.
MICHAËL LEVINAS. Les Nègres.
Livret d’après Les Nègres de Jean Genet.
Janvier 2004.
CLAUDIO MONTEVERDI. L’Orfeo.
Livret d’Alessandro Striggio.
Avril 2004.
CLAUDIO MONTEVERDI. Le Couronnement de Poppée.
Livret de Giovanni Francesco Busenello.
Janvier 2005.

WOLFGANG AMADEUS MOZART. La Flûte enchantée.
Livret d’Emanuel Schikaneder.
Octobre 2004.
JEAN-PHILIPPE RAMEAU. Les Boréades.
Livret attribué à Louis de Cahusac.
Mai 2004.
TAN DUN. Tea.
Livret de Tan Dun & Xu Ying.
Juin 2004.
GIUSEPPE VERDI. Falstaff.
Livret d’Arrigo Boito d’après Shakespeare.
Juin 2004.
DANS LA MÊME COLLECTION

Pour la présente édition
© Opéra national de Lyon, 2005

Chargée d’édition
Jean Spenlehauer
Remerciements
Coralie Aydjian
Emmanuel Reibel
Sandi Solvit
(Théâtre du Châtelet)
Nicole Boudet
(Opéra national de Montpellier)
Michel Parfenov
(Editions Solin / Actes-Sud)
Médiathèque Mahler
Conception & Réalisation
Brigitte Rax / Clémence Hiver
Impression
Horizon
Opéra national de Lyon
Saison 2005/06
Président
Gérard Collomb
Directeur général
Serge Dorny
OPERA NATIONAL DE LYON
Place de la Comédie
69001 Lyon
Renseignements & Réservation
0.826.305.325 (0,15 e/ m n )
www.opera-lyon.com
L’Opéra national de Lyon est conventionné par le ministère de la Culture et
de la Communication, la Ville de Lyon, le conseil régional Rhône-Alpes
et le conseil général du Rhône.

ISBN 2-84956-014-6
Dépôt légal : septembre 2005

ACHEVÉ d’IMPRIMER
en cet été 2005 pour les
représentations d’Ariane à Naxos
à l’Opéra national de Lyon
Mise en scène, Günter Krämer
Direction musicale, Gérard Korsten