Dossier n°11 : Les équipements sportifs en Île-de-France - IRDS

Liberté • Égalité • FraternitéJ.C. Bardot - Le bar Floréal/IAU îdFLES DOSSIERS DE L’IRDSLES ÉQUIPEMENTS SPORTIFSEN ÎLE-DE-FRANCE : FRÉQUENTATION,PERCEPTION ET ATTENTES DES FRANCILIENSN° 11 - JUIN 2010En 2008, 49 % des Franciliens âgés de 15 ans et plus ont fréquenté au moinsune fois dans l’année une installation sportive, et 30 % l’ont fait régulièrement.Ce dossier montre qu’une offre accrue et mieux adaptée permettrait d’augmentersensiblement le nombre d’utilisateurs et favoriserait ainsi la pratique sportiveen élargissant la palette des choix sportifs des Franciliens.L’histoire du parc des équipements sportifs, enÎle-de-France comme en France, est marquée parla période des années 1970. Une multitude destructures ont été construites, dans l’urgence,pour répondre aux deux priorités de l’époque: ledéveloppement du sport scolaire et du sport decompétition. Aujourd’hui, ce parc est vétuste etne répond plus pleinement aux attentes des sportifs,dont le profil s’est élargi (femmes, seniors),et pour lesquels les motivations se sont diversifiées(santé, loisir). Au cours des deux dernièresdécennies, un processus de rénovation des équipementssportifs s’est d’ailleurs mis en place. Lapart des travaux de réhabilitation dans les appelsd’offre est ainsi passée de 20 % à 50 % (1) .La principale difficulté de la programmationreste d’établir une évaluation précise des besoinsde la population et d’identifier les zones carencées.Un schéma des services collectifs du sporta été établi par la Datar (2) et approuvé par décreten 2002. Il a pour objectif d’orienter et de coordonnerles politiques sportives, notamment en cequi concerne l’accessibilité au sport pour tous.De même, un recensement des équipementssportifs a été engagé en 2004, livrant une photographiedu parc existant. La direction régionalede la Jeunesse et des Sports a, par ailleurs, élaboréune analyse de l’offre d’équipements en2007, actualisée en 2009 (3) . Le ministère de laSanté et des Sports a publié de son côté un guidepratique pour la mise en oeuvre d’un schéma deséquipements sportifs. Cependant, il n’existe pasde schéma directeur propre aux équipementssportifs qui permettrait un «diagnostic territorialpartagé et une mise en cohérence»: quels typesd’équipements (salle spécialisée, stade, gymnase…),pour quels types de public et de pratique(compétition, loisir, scolaire…), à quel endroit?Certaines fédérations (4) ont déjà réfléchi à l’élaborationd’un schéma directeur pour le développementde leur discipline. Il serait utile de croiserces approches verticales avec une approchetransversale.(1) SABBAH Catherine, VIGNEAU François,Les équipements sportifs, coll.« Techniques et conception », éditions leMoniteur, 2006.(2) Délégation interministérielle à l’aménagementdu territoire et à l’attractivitérégionale.(3) Analyse de l’offre d’équipementssportifs en Île-de-France, rapport de ladirection régionale et départementaleJeunesse et Sports de Paris-Île-de-France, 2009.(4) Schéma directeur de développementterritorial des équipements golfiques2009-2018, Fédération française de golf,décembre 2009.RÉPUBLIQUE FRANÇAISEInstitut Régional de Développement du SportMINISTÈREDE LA SANTÉDE LA JEUNESSE,ET DES SPORTS

2LES ÉQUIPEMENTS SPORTIFS EN ÎLE-DE-FRANCE :FRÉQUENTATION, PERCEPTION ET ATTENTES DES FRANCILIENSLa moitié des sportifss’adonnent à uneactivité physiquerégulière en dehorsd’une installation.La réalisation d’un équipement nécessite deréfléchir en amont à son dimensionnement et safonctionnalité. Cette étape primordiale de programmationdoit favoriser l’utilisation optimalede l’équipement en partant des besoins des différentstypes de pratiquants. Quelques modificationspar rapport aux normes standard peuventainsi améliorer de façon significative l’utilisationpour un surcoût réduit (5) .La construction de nouveaux équipements nécessite,en effet, un lourd investissement financier etentraîne des coûts d’exploitation importants qu’ils’agit de rentabiliser au mieux. Ces coûts incombentla plupart du temps aux communes, voire auxintercommunalités (6) , même si les régions et lesdépartements participent de plus en plus au financementdes installations sportives. Il faut dire queces structures font l’objet de multiples enjeux:sportifs, culturels, éducatifs, économiques, d’insertionet de cohésion sociale et touristiques.L’enquête sur les pratiques sportives desFranciliens (EPSF) 2008 décrit les disciplinespratiquées en Île-de-France, les motivations dessportifs, mais aussi leurs attentes en termesd’installations sportives. Elle apporte des élémentséclairant en termes d’aménagement.Le succès des piscinesEn 2005, les installations sportives étaient ledeuxième équipement le plus utilisé en France,derrière les salles de cinéma et devant les bibliothèques(Aires (7) ). Arrivaient en tête les piscines,les gymnases (8) , ainsi que les stades. Un constatidentique est observé en 2008 à l’échelle de l’Îlede-France.La piscine se distingue des autres installationssportives par une fréquentation occasionnelleplus importante, rappelant qu’il s’agitaussi bien d’un espace de pratique sportive queTableau 1 - Installations sportives fréquentées en 2008 par les Franciliens âgés de 15 ans et plusInstallations (% de Franciliens) Régulièrement Occasionnellement EnsemblePiscine 10 14 24Gymnase, salle de sport spécialisée 10 3 13Stade 7 2 9Court de tennis 2 2 4Salle privée type Club Med Gym ou Forest Hill 2 2 4Autres salles 3 1 4Autres 3 5 8Lecture du tableau : 10 % des Franciliens ont fréquenté régulièrement la piscine au cours de l’année et 14 % l’ont fréquentée occasionnellement.Source : EPSF 2008(5) La modernisation des équipements etinstallations sportives, rapport d’étude,Association pour l’information et larecherche sur les équipements de sportet de loisirs (Aires), janvier 2001. Voirégalement SABBAH et VIGNEAU, 2006.Op. cit.(6) BAYEUX Patrick, Le sport et les collectivitésterritoriales, coll. « Que sais-je ? »,PUF, janvier 2006.(7) Pratiques de fréquentation et évaluationde la satisfaction des équipementssportifs des Français, rapport d’étude,Association pour l’information et larecherche sur les équipements de sportet de loisirs (Aires), mai 2005.(8) Gymnases et salles de sport spécialisées.(9) L’enquête globale transport (EGT)fourni par exemple des vitessesmoyennes de déplacement en fonctiondu lieu de résidence, du motif et du modede déplacement.Tableau 2 - Profil des personnes qui fréquententrégulièrement un équipement sportif en 2008Profils % de la population % des sportifsSexeHommes 32 52Femmes 29 50Âge15-34 ans 43 6635-54 ans 29 5055 ans et plus 18 33DiplômeInférieur au bac 24 45Bac et plus 35 55Lieu de résidenceParis 28 48Proche couronne 29 51Grande couronne 34 53ActivitéCadres 31 50Employés/ouvriers 31 52Retraités/autres inactifs 19 37Étudiants 55 75Statut familialVit seul 29 51Vit seul avec enfant 25 50Vit en couple avec enfant 28 48Vit en couple sans enfant 25 42Habite chez ses parents 50 69Ensemble 31 51Lecture du tableau : 29 % des femmes âgées de 15 ans et plus ont fréquentérégulièrement une installation sportive au cours des douze derniers mois.Source : EPSF 2008Dispositif d’enquêtes et partievariable sur les équipementsLe dispositif d’enquête sur les pratiques sportivesdes Franciliens (EPSF) a été mis en placeen 2007 par l’Institut régional de développementdu sport (IRDS). Il concerne les Franciliensâgés de 15 ans et plus. Il a pour objectif demesurer leur activité physique et sportive horsdu cadre scolaire ou professionnel et en dehorsdes déplacements. Chaque année, 3 000Franciliens sont ainsi interrogés par téléphonesur les disciplines qu’ils exercent et les modalitésde leur pratique (fréquence, lieu,moment…). À ces questions centrales vients’ajouter, chaque année, un zoom sur une thématiquespécifique. En 2008, l’enquête s’estintéressée au sentiment de satisfaction desFranciliens vis-à-vis des équipements sportifsqu’ils fréquentent, aux freins qui les empêchentde fréquenter ces installations et à l’existenceéventuelle de carences dans la région.Dans cette enquête, une personne est considéréecomme sportive si elle exerce une disciplineau moins une fois par semaine. La pratiqueoccasionnelle concerne les individus quiont pratiqué une activité au moins une foisdans l’année.N° 11 - JUIN 2010

LES ÉQUIPEMENTS SPORTIFS EN ÎLE-DE-FRANCE :FRÉQUENTATION, PERCEPTION ET ATTENTES DES FRANCILIENS 3d’un lieu de sortie et de loisir. À l’inverse, lesgymnases et les stades sont presque exclusivementdédiés à une activité physique régulière(tableau 1).La moitié des sportifs s’adonnent à une activitéphysique régulière en dehors d’une installationsportive. L’âge, le niveau d’études et le lieu derésidence apparaissent comme des facteursdéterminants quant à l’utilisation d’un équipementsportif (tableau 2). Les plus jeunes, les plusdiplômés et les habitants de grande couronneauront ainsi une tendance plus forte à pratiquerdans un équipement que les autres sportifs.Une pratique de proximitéLes sportifs qui fréquentent régulièrement unéquipement le font généralement à proximité deleur domicile, à moins de 20 minutes (tousmodes de transport confondus). Ce résultat peutêtre interprété de deux manières: soit le parcactuel est satisfaisant et permet à l’ensemble desFranciliens d’être à moins de 20 minutes d’unestructure sportive, soit seules les personnes quirésident à proximité de celle-ci les fréquentent.Ce laps de temps constituerait alors un seuil audelàduquel les Franciliens ne feraient plus l’effortde se déplacer pour leur activité régulière. Ilsétabliraient un rapport entre la fréquence de leurpratique et le temps nécessaire pour se rendre àl’équipement. Des informations complémentairescroisant le temps moyen pour se rendre àl’équipement, le mode de transport utilisé et lelieu de résidence permettraient de calculer desdistances (9) et donc des aires géographiques, afind’identifier d’éventuelles zones carencées.Une offre en équipementsatisfaisante…La majorité des Franciliens (69 %) et des sportifs(73 %) estime que le nombre d’installationsà proximité du domicile est satisfaisant. Ceconstat est identique à celui observé à l’échellede la France : selon l’étude menée par l’associationAires, en 2005, 66 % des Français âgés de15 ans et plus étaient satisfaits quantitativementde l’offre.Étant donné qu’elles fréquentent moins souventdes structures sportives que les autres, les personnesâgées se sentent moins concernées par laquestion (23 % ne se sont pas prononcées). Et,lorsqu’elles donnent leur avis, elles sont plussatisfaites que le reste de la population. Les plusLa piscine : un espace de loisir difficile d’accèsLa piscine est l’équipement fréquenté par le plus grand nombre de Franciliens(24 %). Avec environ cinq bassins publics (1) pour 100 000 habitants, l’Île-de-France est l’une des régions les moins bien dotées de France. Entre les départements,des inégalités subsistent et, avec 3,6 bassins publics pour 100 000habitants, Paris propose l’offre la plus faible. Le parc francilien est ancien,puisque la moitié des piscines publiques ont été construites avant 1975. Leprivé (2) représente un quart des bassins de natation.Bien qu’elle soit l’installation sportive la plus utilisée régulièrement en Île-de-France, la majeure partie de ses visiteurs y viennent occasionnellement (58 %).Les clients les plus réguliers sont les femmes, les personnes qui vivent en coupleavec des enfants et les plus diplômés. Ils privilégient généralement la piscineà proximité de chez eux (86 %) et la fréquentent, en moyenne, une à deux foispar semaine. Le plus souvent, ils s’y rendent en semaine et en priorité en soirée.Le temps de trajet moyen est de 15 minutes. 85 % des nageurs réguliersfréquentent une piscine située dans un rayon de 20 minutes (tous modes detransport confondus).La grande majorité des utilisateurs est satisfaite de la qualité des installations(94 % sont plutôt ou tout à fait satisfaits). Ils apprécient tout particulièrement lesconditions de pratique et se sentent en sécurité. Les principaux motifs d’insatisfactionportent sur les horaires d’ouverture (21 % d’insatisfaits), la saturation del’équipement (17 %), les facilités de parking (17 %) et la modernité (16 %).Nombre de bassins de natation publicspour 100 000 habitants selonle département765432104035302520151050205 minuteset moins302213156 à 10minutes11 à 15minutes16 à 20minutesPlus de 20minutesSource : MSJS - RES 2009Répartition des piscines publiquesconstruites avant 2005,selon leur ancienneté%5044,14030,830075 92 93 94 77 78 91 95 Avant1945 19451964 19651974 19751984 19851994 19952004Lecture du graphique : Il y a 3,6 bassinsde natation pour 100 000 habitants à Paris.Distribution du temps mis par les sportifspour se rendre à la piscine(tous modes de transports confondus)%(1) Est considérée comme publique une installation dont le propriétaire principal est soit une commune ou un groupementde communes, un département, une région, l’État ou encore un établissement public.(2) Est considérée comme privée une installation dont le propriétaire principal est soit un établissement d’enseignementprivé, un établissement privé commercial ou non, ou encore une association.20104,35,27,58,1Lecture du graphique : En 2005, 4 % des piscinesfranciliennes avaient été construites avant 1945.C. Doutre - BaSoh/IAU îdFSource : MSJS - RES 2009Lecture du graphique : 20 % des nageurs réguliers fréquententune piscine dans un rayon de 5 minutes ou moins entransport (tous modes confondus).Source : EPSF 2008N° 11 - JUIN 2010

4LES ÉQUIPEMENTS SPORTIFS EN ÎLE-DE-FRANCE :FRÉQUENTATION, PERCEPTION ET ATTENTES DES FRANCILIENSLes principaux freinsà la fréquentationdes équipements pourles femmes sontle prix, mais aussiles horaires d’ouvertureet l’éloignement.(10) « Premiers résultats de l’enquête surles pratiques sportives des Franciliens »,Les dossiers de l’IRDS, n° 4, juillet 2008.(11) Dispositif-cadre de soutien au développementdes piscines en Île-de-France :plan piscines régional, rapport pour leconseil régional d’Île-de-France, septembre2007.(12) Analyse de l’offre d’équipementssportifs en Île-de-France, rapport de ladirection régionale et départementaleJeunesse et Sports de Paris-Île-de-France, 2009.(13) SABBAH et VIGNEAU, 2006. Op. cit.(14) « La pratique sportive desFranciliennes », Les dossiers de l’IRDS,n° 6, mars 2009.(15) Femmes et hommes : regards sur laparité, coll. « Insee Références », Insee,2008.(16) Les équipements sportifs en zonesurbaines sensibles, rapport del’Observatoire national des zonesurbaines sensibles, 2009.(17) « La pratique sportive à l’échelle desdépartements », Les dossiers de l’IRDS,n° 7, septembre 2009.diplômés, qui fréquentent les installations plussouvent que les autres, soulignent davantage lemanque d’infrastructures, de même que lesParisiens. C’est d’ailleurs sur ce territoire que letaux d’équipement pour 10000 habitants est leplus faible de la région (13 équipementspour 10 000 habitants contre 36 enEssonne ou dans le Val-d’Oise).…mais les Franciliens réclament plusde piscines, de gymnases et de stadesTableau 3 - Liste des installations qui manquent le plus en Île-de-FranceLe tableau 3 décrit les installations qui manquentle plus selon les Franciliens. On retrouve auxpremières positions celles qui sont déjà le plusutilisées (piscines, gymnases et stades), ce quitraduit une forte demande et une saturation deces équipements en termes de fréquentation. Ilfaut dire qu’ils permettent la pratique d’un grandnombre de disciplines: natation, aquagym, plongée…pour les piscines, gymnastique, yoga,sports collectifs… pour les gymnases. Les patinoires,les courts de tennis, les pistes cyclables etles terrains extérieurs de petits jeux ont égalementété cités.L’analyse du parc sportif montre qu’il existe uneréelle carence de piscines en Île-de-France, alorsque la natation est la première discipline pratiquéepar les Franciliens (10) et que les piscines sontles installations les plus fréquentées. Ce sont leshabitants de grande couronne, les couples avecenfants et les plus diplômés qui se plaignent leplus de leur absence à proximité du domicile.Le «plan piscines» (11) du conseil régional évaluela superficie de bassins manquants à 90000 m 2 .Ce plan a pour objectif de doter la région d’unparc à la hauteur de ses besoins et d’effacer lesinégalités territoriales en termes d’offre.L’enveloppe budgétaire s’élève, en moyenne,à 10 millions d’euros par an. Selon une autreanalyse, 199 piscines couvertes seraient àconstruire (12) .Bien que les gymnases, les salles spécialisées etles stades fassent partie des équipements les plusprésents dans la région, l’offre ne satisfait pastotalement la demande des Franciliens. Lemanque de ce type de structure à proximité dudomicile est surtout évoqué par les hommes etles plus jeunes. Une étude (13) souligne, cependant,qu’il peut être utile, avant de construire une nouvellesalle, de déterminer si les horaires d’ouverture,l’accessibilité en transport ou encore lestarifs des équipements déjà en place sont adéquatset propices à un usage optimal. Elle insisteégalement sur le fait que la phase de conceptionde la structure est essentielle. Des gymnases peuvent,par exemple, être saturés par des activitésqui ne nécessitent pas la totalité de la superficiede l’installation et pour lesquelles des salles spécialiséessuffiraient. Une autre solution seraitd’assurer la multifonctionnalité de l’équipementdans de bonnes conditions. Une salle doit pouvoirchanger de configuration facilement et rapidement(déplacement de tribune, changement dematériel pratique, rideau de séparation…).Installations % des non % des pratiquants % des sportifs % des Francilienspratiquants occasionnels réguliersPiscine 9 14 14 13Gymnase, salle de sport spécialisée 8 9 9 9Stade 4 5 8 7Patinoire 1 4 4 4Court de tennis 3 5 5 4Pistes cyclables 1 2 4 3Terrains extérieurs de petits jeux 2 3 3 3Salle privée type Club Med Gym 4 5 3 3Autres salles

LES ÉQUIPEMENTS SPORTIFS EN ÎLE-DE-FRANCE :FRÉQUENTATION, PERCEPTION ET ATTENTES DES FRANCILIENS 5Le problème de l’accessibilitéaux équipementsC’est essentiellement pour des raisons d’accessibilité(financière, horaires d’ouverture, saturation,distance) plus que pour des raisons de qualité(vétusté, manque de confort) que certainssportifs ne fréquentent pas d’équipement(figure 1, page 6).Les raisons divergent toutefois sensiblementselon le profil du sportif interrogé. Les plus âgésdéclarent plus souvent ne pas être intéressés parla fréquentation d’un équipement. Outre le faitd’exercer des activités de plein air qui ne nécessitentpas de structure, ils affirment avoir unepratique occasionnelle et de loisir incompatible,selon eux, avec l’utilisation d’une installation.De même, alors qu’ils pratiquent régulièrementau moins une activité, ils se considèrent trop âgéset en mauvaise santé pour exercer dans un équipement.Il semble que, dans leur esprit, fréquenterune structure va de pair avec une pratiqueintensive.Les plus jeunes n’utilisent pas les installations,car elles leurs paraissent vétustes, mal entretenues,elles manquent de confort, les horaires neconviennent pas, et les prix leur paraissent tropélevés. Bien souvent, lorsqu’ils habitent encorechez leurs parents et qu’ils sont sans doute moinsautonomes en termes de moyen de locomotion,ils estiment qu’elles sont mal desservies.Pour les femmes, les principaux freins à la fréquentationdes équipements sont le prix, maisaussi les horaires d’ouverture et l’éloignement.Ces résultats, déjà observés auparavant (14) , doiventêtre mis en parallèle avec le fait qu’elles disposentde moins de temps pour les loisirs que leshommes (15) .Il semble que les sportifs n’ont pas accès auxmêmes structures selon leur statut social. Lescatégories sociales les plus basses se plaignentdavantage du manque de confort, du mauvaisentretien et de l’insécurité des installations. Uneinégalité qualitative de l’offre qui s’ajoute audéficit en équipements sportifs, souvent observédans les zones urbaines sensibles (16) .Les raisons qui incitent à ne pas utiliser un équipementsportif divergent aussi spatialement: lessportifs de grande couronne se plaignent de leuréloignement, alors que les Parisiens et les habitantsde la proche couronne mettent en avant lesproblèmes de saturation et de vétusté. Ces résultats,en partie observés dans une précédenteétude (17) , mettent en lumière un manque générald’équipements dans l’ensemble de la région.Le gymnase : une structure à moderniserLes salles multisports et spécialisées sont fréquentées régulièrement par 10 %des Franciliens âgés de 15 ans et plus. Bien qu’il s’agisse du type d’équipementle plus présent dans la région, comparativement au reste de la France et rapportéeà la population, l’Île-de-France est sous dotée en salle multisports. Ellese situe dans la moyenne en termes d’offre de salles spécialisées publiques. Larépartition territoriale de ces équipements est inégale dans la région. L’Essonneest, par exemple, deux fois mieux dotée que Paris. Le parc des salles multisportsest plus ancien que celui des salles spécialisées. Le privé représente 8 %des salles multisports et 33 % des salles spécialisées.L’enquête montre que, parmi les utilisateurs réguliers, les plus jeunes sont surreprésentés.En revanche, on observe une mixité sociale et des genres. Les installationssont fréquentées généralement la semaine, en soirée, à proximité dudomicile et souvent de manière intensive (en moyenne plus de deux fois parsemaine). Le temps moyen pour s’y rendre est de 13 minutes et 90 % des utilisateursréguliers les fréquentent dans un rayon de 20 minutes, tous modes detransport confondus.La plupart des utilisateurs réguliers sont satisfaits de la qualité globale des gymnases(91 %). Ils apprécient la qualité de l’accueil, la sécurité et les conditionsde pratique. Certains points peuvent cependant être améliorés : les possibilitésde parking (16 % d’insatisfaits), les services associés (club house, restauration,garderie : 14 % d’insatisfaits) et la modernité des installations (14 %). Leshommes et les habitants de la grande couronne sont les plus insatisfaits (13 %).Nombre de salles multisportset spécialisées publiques pour10 000 habitants selon le département3 Salles multisportsSalles spécialisées210%403530252015105075 92 93 94 77 78 91 95315 minuteset moins3414126 à 10minutes11 à 15minutes16 à 20minutes10Plus de 20minutesSource : MSJS - RES 2009Lecture du graphique: Il y a 2,1 salles multisports et2,5 salles spécialisées publiques pour 10 000 habitantsdans les Hauts-de-Seine.Distribution du temps mis par les sportifspour se rendre au gymnase(tous modes de transports confondus)Répartition des salles multisportset spécialisées publiques construitesavant 2005, selon leur ancienneté%302026,8 27,024,125,517,919,522,0C. Doutre - BaSoh/IAU îdFSource: MSJS - RES 200912,313,3104,05,02,60Avant1945 19451964 19651974 19751984 19851994 19952004Salles multisports Salles spécialiséesLecture du graphique : En 2005, 4 % des salles multisportset 2,6 % des salles spécialisées publiquesfranciliennes avaient été construites avant 1945.Lecture du graphique : 31 % des utilisateurs réguliers fréquententun gymnase dans un rayon de 5 minutes ou moinsen transport (tous modes confondus).Source : EPSF 2008N° 11 - JUIN 2010

6LES ÉQUIPEMENTS SPORTIFS EN ÎLE-DE-FRANCE :FRÉQUENTATION, PERCEPTION ET ATTENTES DES FRANCILIENSFigure 1 - Raisons citées par les sportifs pour ne pas exercerdans des installations et intervalle de confiance à 95 %Abscence de parkingManque de confortTrop vieillesPas bien desserviesPas le temps, trop contraignantPas d'installation à proximitéAutresInstallations saturéesHoraires ne conviennent pasPas intéressé (car pratique loisir,extérieure, en famille, seul,…)PrixUn meilleuraménagementdes espaces publicspermettrait defaciliter la pratique.0 5 10 15 20 25 30 35Lecture du graphique: 29 % des sportifs franciliens déclarent ne pas pratiquer dans une installation sportive pour des raisons de prix.Source: EPSF 2008(18) AIRES, 2001. Op. cit.(19) KNOBE Sandrine, SCHORLE Carole,« Des études systématiques de fréquentationcomme outil d’aide à la décisionpolitique : le cas de la gestion des installationssportives strasbourgeoises »,Revue européenne de management dusport, n° 8, décembre 2002.(20) RAZE Jean-François, « Localisationdes équipements sportifs : efficacité ouéquité ? », Revue européenne de managementdu sport n° 6, novembre 2001.RAZE Jean-François, « Les méthodesd’aide à la décision pour la localisationd’équipements sportifs : l’approche économiquecontre l’approche managériale», Revue européenne de managementdu sport n° 14, décembre 2005.L’enquête fait également ressortir un manqued’accessibilité des équipements pour la pratiqueautonome. À ce jour, l’offre est organisée demanière à répondre du mieux possible auxattentes des scolaires en journée et des clubs ensoirée, si bien que les créneaux horaires disponiblesà la pratique autonome sont souvent limités.En 2008, 20 % seulement des sportifs autonomesont fréquenté une installation, contre 80 % dessportifs encadrés. Cette différence peut s’expliqueraussi par la nature des activités pratiquées.Celles qui nécessitent le plus souvent une installationsont les sports de combat, le football, letennis, les arts martiaux, la natation, la gymnastiqueet la danse. À l’inverse, la course à pied, levélo ou la marche, qui s’exercent souvent demanière autonome, nécessitent rarement destructure.Un parc inadapté qui influencela pratique sportive des Franciliens22 % des Franciliens âgés de 15 ans et plus, soitplus de 2 millions d’individus, ont déclaré ne pasavoir pratiqué une activité sportive, faute destructure adéquate à proximité du domicile. Pourmoitié, ils pratiquent d’ailleurs exclusivement endehors d’une installation sportive. Le manqued’équipements dans la région semble donc avoirdes retombées sur l’activité physique desFranciliens.La mauvaise qualité des structures a égalementun impact: plus de 700000 individus ont ainsipréféré ne pas exercer leur activité en raisond’équipements insatisfaisants. Selon l’enquête,les jeunes, les plus diplômés, mais aussi les%femmes semblent être les plus insatisfaits. LesFranciliens ont toutefois des taux de satisfactionsupérieurs à ceux des Français. Ils sont très satisfaitsde la sécurité des installations et, dans unemoindre mesure, de l’hygiène, qui sont les critèresde base d’une structure de qualité. Mais cesderniers ne suffisent plus (18) . L’enquête montreque les Franciliens souhaitent des équipementsplus accessibles, modernes, avec un certainconfort et des services annexes. Ces dernierspourraient proposer, par exemple, des activitésaux parents, pendant que les enfants pratiquentleur sport, et inversement.Certaines disciplines sont plus touchées qued’autres par les faiblesses du parc francilien. Plusde 5 % de Franciliens ont renoncé à la natation,4 % à la gymnastique, 2 % au tennis et à la danse.Il n’est pas précisé de quelle manière ces personnesauraient exercé ces activités (régulière ouoccasionnelle, encadrée ou autonome).Connaître l’usage et la fréquentationdes équipements sportifsLe manque d’équipements ou leur inadaptationrejaillissent directement sur la pratique sportive.En extrapolant les résultats obtenus dans cetteétude à l’ensemble des Franciliens âgés de 15 anset plus, on observe que 2 millions d’entre eux, en2008, n’ont pu exercer certaines activités en raisonde problèmes d’équipement. Les Franciliensont désigné les piscines, les gymnases et lesstades comme principales structures défaillantes.Il serait pourtant précipité de se fonder sur cetunique constat pour prendre des décisions entermes d’aménagement. Des études ont ainsimontré qu’il était nécessaire de connaître précisémentl’utilisation et la fréquentation des équipementsexistants, afin de répondre au mieuxaux attentes de la population (19) . Il serait utile deconnaître, par exemple, le mode de gestion desinstallations. L’IRDS mène actuellement uneétude dans ce sens au sujet des piscines franciliennes.Les Parisiens sont les moins satisfaits de l’offreen équipements. Cette offre paraît, à premièrevue, difficile à augmenter dans le cœur dense eturbanisé de la région, en raison du manque d’espacedisponible, du prix du foncier, mais aussi dela concurrence entre ce type d’infrastructure etd’autres usages du sol (logements, notamment).Lorsque des parcelles sont disponibles, il s’agitd’optimiser les dimensions de l’équipement,malgré l’étroitesse du terrain. Par ailleurs,l’IRDS a récemment montré que les habitantsN° 11 - JUIN 2010

LES ÉQUIPEMENTS SPORTIFS EN ÎLE-DE-FRANCE :FRÉQUENTATION, PERCEPTION ET ATTENTES DES FRANCILIENS 7des zones fortement urbanisées n’hésitent pas às’approprier les espaces publics pour s’adonner àleurs activités physiques : un aménagementapproprié permettrait d’y faciliter la pratique dusport. Dernièrement, des aires de fitness en pleinair et en libre service ont, par exemple, vu le jourdans plusieurs squares et jardins de communesfranciliennes.L’étude de satisfaction des Franciliens au sujet duparc actuel montre que ces derniers ne se contententplus d’installations propres et sécurisées. Ilscherchent à exercer dans un cadre agréable,moderne, avec du confort et des servicesannexes. Il faut dire que la population qui fréquenteces lieux a beaucoup évolué, de mêmeque ses motivations. Les équipements futurs doiventprendre en compte ces évolutions: devenirdes lieux de vie, d’animation et offrir une multiplicitédes usages. Outre la qualité des équipementsà proximité du domicile, l’offre des clubspeut également influencer leur fréquentation. Unservice de qualité répondant aux attentes dupublic en termes de pratique et d’animationencouragera la fréquentation des équipements.Une grande attention doit être portée à l’accessibilitéet à la localisation des installations (20) ,notamment en grande couronne. L’utilisation depistes cyclables permettrait par exemple aux plusjeunes d’être autonomes et de se rendre seuls surleur lieu de pratique. L’enquête montre que, pourdes équipements sportifs destinés à des usagesréguliers, le temps de transport moyen ne doitpas dépasser 20 minutes. Ce chiffre donne unepremière indication de l’aire d’attraction d’unéquipement sportif et fournit une informationimportante sur la taille des territoires à prendreen compte pour l’analyse de l’évaluation desbesoins.Les terrains de grands jeux :une offre inégale pour un public jeune et masculinLa région a le plus faible nombre de terrains de grands jeux publics pour 10 000habitants de France (2,8 contre 10,8 pour la région Champagne-Ardennes).L’offre est très inégale selon le département. La Seine-et-Marne a, par exemple,8 fois plus de structures pour 10 000 habitants que Paris. C’est d’ailleurs,d’après l’enquête, en grande couronne qu’on les fréquente le plus. La majoritédes terrains de grands jeux ont été construits avant 1985. Le privé représente5 % du parc.L’enquête montre que les stades sont un environnement essentiellement masculin,où les jeunes sont surreprésentés. Il s’agit d’un lieu de mixité sociale. Lapratique sportive s’y effectue le plus souvent le week-end, à proximité du domicile(plus de 90 % des utilisateurs réguliers), ou le soir, en semaine. La pratiquey est intensive (plus de deux fois par semaine). Le temps de trajet moyen pours’y rendre est de 13 minutes et 89 % des utilisateurs réguliers fréquentent unstade dans un rayon de 20 minutes, tous modes de transport confondus.88 % des personnes qui fréquentent régulièrement les stades sont plutôt satisfaitsou tout à fait satisfaits de leur qualité globale. Ils considèrent notammentque le temps pour s’y rendre est tout à fait satisfaisant et apprécient la qualitéde l’accueil. Les principaux reproches concernent la modernité des installations(23 % d’insatisfaits), le confort (21 %), les horaires d’ouverture (21 %) et la propreté(15 %). Ce sont les plus diplômés qui se plaignent le plus de la qualité desstades (20 % d’insatisfaits). Les hommes et les plus jeunes se plaignent davantagedu manque de stades que les autres.Nombre de stades publics pour 10 000habitants selon le département654321075 92 93 94 77 78 91 95Source : MSJS - RES 2009Lecture du graphique : Il y a deux stadespublics pour 10 000 habitants dans le Val-de-Marne.Répartition des stades publics construitsavant 2005 selon leur ancienneté%353028,82522,42018,316,6159,8105 4,20Avant1945 19451964 19651974 19751984 19851994 19952004Source : MSJS - RES 2009C. Doutre - BaSoh/IAU îdFLecture du graphique : En 2005, 4 % des stades francilienspublics avaient été construits avant 1945.Distribution du temps mis par les sportifspour se rendre au stade(tous modes de transports confondus)%4035 333025201510505 minuteset moins272186 à 10minutes11 à 15minutes16 à 20minutes11Plus de 20minutesLecture du graphique : 33 % des utilisateurs réguliers fréquententun stade dans un rayon de 5 minutes ou moins entransport (tous modes confondus).Source : EPSF 2008N° 11 - JUIN 2010

8LES ÉQUIPEMENTS SPORTIFS EN ÎLE-DE-FRANCE :FRÉQUENTATION, PERCEPTION ET ATTENTES DES FRANCILIENS POUR EN SAVOIR PLUS-«Les piscines franciliennes », Dossiers de l’IRDS, n° 3, IRDS, janvier 2008.-«Premiers résultats de l’enquête sur la pratique sportive des Franciliens en 2007 », Dossiers de l’IRDS,n° 4, juillet 2008.-«La pratique sportive à l’échelle des départements », Les dossiers de l’IRDS, n° 7, IRDS, septembre 2009.-«Les licences et les clubs des fédérations sportives agréées en 2007 », Stat-info, ministère de la Santé etdes Sports, juin 2009.- SABBAH Catherine, VIGNEAU François, Les équipements sportifs, coll. « Techniques et conception », éditionsle Moniteur, 2006.- Analyse de l’offre d’équipements sportifs en Île-de-France, rapport de la direction régionale et départementaleJeunesse et Sports de Paris-Île-de-France, 2009.- Guide pratique pour la mise en œuvre d’un schéma des équipements sportifs. Méthodes et outils.Ministère de la santé et des sports, avril 2010, 89 pages.- Activités physiques et sportives : équipements et lieux de pratique en Île-de-France, CESR, 2005.- La modernisation des équipements et installations sportives, rapport d’étude, Association pour l’informationet la recherche sur les équipements de sport et de loisirs (AIRES), janvier 2001.- Les équipements sportifs en zones urbaines sensibles, rapport de l’Observatoire national des zonesurbaines sensibles, 2009.- Pratiques de fréquentation et évaluation de la satisfaction des équipements sportifs des Français, rapportd’étude, Association pour l’information et la recherche sur les équipements de sport et de loisirs (Aires),mai 2005.- KNOBE Sandrine, SCHORLE Carole, « Des études systématiques de fréquentation comme outil d’aide àla décision politique : le cas de la gestion des installations sportives strasbourgeoises », Revue européennede management du sport, n° 8, décembre 2002.- RAZE Jean-François, « Localisation des équipements sportifs : efficacité ou équité ? », Revue européennede management du sport n° 6, novembre 2001.- RAZE Jean-François, « Les méthodes d’aide à la décision pour la localisation d’équipements sportifs : l’approcheéconomique contre l’approche managériale », Revue européenne de management du sport n° 14,décembre 2005.- BAYEUX Patrick, Le sport et les collectivités territoriales, coll. « Que sais-je ? », PUF, janvier 2006.Le questionnaire de l’enquête est consultable sur le site internet de l’IRDS: http://www.irds-idf.frREMERCIEMENTSCette note n’aurait pas été réaliséesans le soutien du comité de pilotage :Brice Lefèvre - Insep ; Muriel Hirt -DRDJS; Patrick Sieradzki -CESR ; Damien Escaffre - Crosif ;Roger Bonnenfant - Association Aires;Olivier Jacod - Insee Île-de-France;Michel Jacquet et Luc De Bezenac -région Île-de-France.Institut Régional de Développement du SportDépartement autonome de l’IAU île-de-France15 rue Falguière 75740 Paris Cedex 15Tél. : 01 77 49 77 00 - Fax : 01 77 49 79 07http://www.irds-idf.frDirecteur Gérard LacosteArticle Benoît ChardonConception-Réalisation Olivier CransacPrix du dossier 5 €Librairie d’Île-de-FranceTél. : 01 77 49 77 40ISSN : 1959-1020