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Education enseignement nouveau depart ?

Dossier-enseignement

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<strong>Education</strong>,<br />

<strong>enseignement</strong><br />

vers<br />

un<br />

<strong>nouveau</strong> <strong>depart</strong> ?<br />

Eté 2015<br />

Version actualisée Février 2016


Les Jeunes Forces Démocrates<br />

QUI SOMMES NOUS ?<br />

Les Jeunes Forces Démocrates (JFD) constituent le mouvement jeune associé à la Force<br />

Européenne Démocrate (FED), le courant centriste créé par le député Jean-Christophe<br />

Lagarde, parti composante de l’Union des Démocrates et Indépendants (UDI).<br />

La FED entend jouer un rôle important dans le débat d’idées en défendant les valeurs<br />

des démocrates-sociaux au sein de l’UDI : l’humanisme, la promotion d’une Europe<br />

fédérale et démocratique, l’égalité des chances et la solidarité, la justice sociale, la modernisation<br />

de l’Etat et la réduction de la dette, le développement durable...<br />

Nous vous invitons à consulter notre site internet : www.jeunesforcesdemocrates.fr<br />

Ainsi que :<br />

- celui de la FED : www.forceeuropeennedemocrate.fr<br />

- celui de l’UDI : www.parti-udi.fr<br />

POURQUOI CE DOCUMENT ?<br />

Issu du pôle projet des JFD, ce document préparatoire est une matière à réflexion, en<br />

vue des débats récurents sur l’<strong>enseignement</strong> superieur et l’education en France. Ce<br />

document ne prétend aucunement à l’exhaustivité. Il se contente, sur plusieurs sujets,<br />

autour de quelques constats, de prises de position et de propositions ciblées, d’alimenter<br />

le débat pour l’élaboration du projet FED-UDI. Ce document s’efforce de tenir<br />

compte de tous les thèmes concernés par cette question complèxe.<br />

2


SOMMAIRE<br />

INTRODUCTION<br />

Le contexte général<br />

Une situation budgétaire précaire<br />

Les réformes prévues par le Gouvernement<br />

PROPOSITIONS BUDGETAIRES ET POUR L’ECOLE<br />

Propositions budgétaires<br />

L’école primaire<br />

REVOLUTION DANS LES COLLEGES<br />

Mode d’évaluation<br />

Techniques pédagogiques<br />

Contenu de la formation au collège<br />

Devenir du Brevet des collèges<br />

PROFONDS CHANGEMENTS AU LYCEE<br />

La formation au lycée<br />

Une nouvelle organisation des cours<br />

Un <strong>nouveau</strong> maillage territorial des établissements<br />

L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR RENOVE<br />

BTS et DUT<br />

Universités<br />

Droit à la seconde chance<br />

Filières professionnelles<br />

LE CORPS ENSEIGNANT<br />

Formation initiale et concours<br />

Formation continue<br />

Rôles et autorité de l’enseignant<br />

Evolution de carrière<br />

CONCLUSION<br />

ANNEXES « POUR UNE EDUCATION SOCIALE »<br />

4<br />

4<br />

5<br />

6<br />

9<br />

9<br />

9<br />

11<br />

11<br />

12<br />

13<br />

17<br />

18<br />

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22<br />

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25<br />

26<br />

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27<br />

28<br />

30<br />

30<br />

33<br />

33<br />

34<br />

35<br />

36<br />

3


L<br />

es évaluations internationales classent très défavorablement la France depuis<br />

plusieurs années. Ainsi, le classement le plus connu, dit PISA (Programme for<br />

International Student Assessment), sous l’égide de l’OCDE montre une baisse<br />

du niveau scolaire constante depuis plusieurs années (Tableau 1).<br />

Nous sommes ainsi à la traîne par rapport à de nombreux pays européens. Pire, l’Allemagne<br />

qui était largement derrière la France au début des années 2000 est largement<br />

passée devant notre pays dans le classement 2012, ce pays ayant profondément réformé<br />

son système éducatif.<br />

Érigée en modèle pour la France, la Finlande (qui a beaucoup inspiré la réforme portée<br />

par le gouvernement) est en perte de vitesse face aux pays d’Asie du Sud-Est et aux<br />

pays libéraux d’Europe de l’Est (Pologne et Estonie). A contrario, les pays aujourd’hui<br />

en tête du classement sont des pays dépensant de nombreux deniers publics pour<br />

l’<strong>Education</strong>, mais présentant également un système scolaire beaucoup plus exigeant,<br />

basé sur le travail et l’assimilation massive de connaissances et de compétences.<br />

4<br />

En plus du classement brut, PISA fournit également des commentaires concernant<br />

chaque pays. La France est citée en exemple comme le pays proposant le système scolaire<br />

le plus inégalitaire de l’OCDE. Notre école est présentée comme incapable de corriger<br />

les inégalités sociales et inapte à permettre l’ascension sociale. Ainsi, les remontées<br />

sur le terrain sont alarmantes et annoncent des évaluations encore plus sévères pour la<br />

France dans un avenir proche : en effet, l’Enseignement Supérieur connaît lui aussi une<br />

baisse du niveau depuis plusieurs années, et la tendance semble s’aggraver de manière<br />

exponentielle. D’abord cantonnées à des difficultés ponctuelles d’orthographe, de méthodologie<br />

et de compréhension, les enseignants, notamment dans les Universités, font<br />

remonter des difficultés en terme de connaissances fondamentales dans les matières<br />

qu’ils enseignent, alors que les étudiants sont censés s’orienter vers les domaines qu’ils<br />

maîtrisent le mieux.


Mathématiques Sciences Lecture<br />

2000 11 13 15<br />

2003 16 13 13<br />

2006 23 25 23<br />

2009 22 27 22<br />

2012 25 26 21<br />

Tableau 1 : Évolution du classement PISA de la France<br />

Aujourd’hui, alors que l’<strong>enseignement</strong> secondaire a déjà largement échoué dans sa<br />

vocation à former des citoyens éclairés, sensibilisés aux valeurs républicaines, l’<strong>enseignement</strong><br />

supérieur rencontre de profondes difficultés à former des techniciens et des<br />

ingénieurs, le vivier d’étudiants ayant le niveau requis s’amenuisant considérablement.<br />

A terme, c’est toute notre économie de l’innovation qui est menacée, et notre place<br />

dans les pays en pointe remise en cause.<br />

Désormais, une grande partie de la communauté éducative de notre pays est en défiance<br />

par rapport au gouvernement actuel, sans pour autant éprouver une grande<br />

nostalgie pour les années Chirac et Sarkozy qui ont également été marquées par des<br />

réformes de l’école fortement contestées.<br />

Une situation budgétaire précaire<br />

La situation financière de la France ne cesse de se dégrader. Premier poste de dépenses<br />

publiques si on fait abstraction de la gestion de la dette, l’<strong>Education</strong> Nationale<br />

n’échappe pas à ce triste constat. Pire, aujourd’hui son fonctionnement s’enlise dans<br />

une bureaucratie dénoncée à de multiples reprises sur le terrain (Tableau 2).<br />

« La Nation garantit l’égal accès de<br />

l’enfant et de l’adulte à l’instruction,<br />

à la formation professionnelle et à<br />

la culture.<br />

L’organisation de l’<strong>enseignement</strong> public<br />

gratuit et laïque à tous les degrés est un<br />

devoir de l’État. »<br />

Préambule de la<br />

Constitution<br />

5


France Allemagne Royaume-Uni<br />

Nombre d’élèves 10 547 000 10 540 500 10 500 200<br />

Nombre d’établissements<br />

Nombre d’élèves<br />

par établissement<br />

Nombre d’enseignants<br />

Personnels administratifs<br />

et de<br />

support (y compris<br />

TOS)<br />

Assistants d’éducation<br />

et pédagogiques<br />

Autres personnels<br />

(agents publics du<br />

ministère)<br />

49 160 28 181 -<br />

205 417 -<br />

859 294 733 319 530 000<br />

220 514 87 600 106 100<br />

68 321 - 239 800<br />

3 143 900 2 780<br />

Total 1 351 272 821 819 878 680<br />

Tableau 2 : Effectifs comparés des systèmes scolaires (primaire<br />

et secondaire - sources IFRAP/Institut Thomas More)<br />

Malgré un budget en constante hausse ces dernières années, rien ne semble pouvoir<br />

enrayer la spirale de l’échec. Comme pour la politique de la ville où la gestion des<br />

deniers publics a souvent été contestée, la clé pour une bonne réforme de l’Ecole<br />

semble avant tout relever d’une profonde remise en cause du fonctionnement de notre<br />

système éducatif et d’un redéploiement de ses moyens et de ses ressources humaines.<br />

Les réformes prévues par le gouvernement<br />

C’est dans ce contexte que le gouvernement a annoncé sa réforme du système éducatif.<br />

Elle se fait dans la continuité de la réforme des rythmes scolaires qui était déjà très<br />

contestée. Il s’agit, là encore, de promouvoir une philosophie « moderne » pour l’éducation,<br />

dite « constructiviste », en plaçant l’élève « au centre de l’école » et en mettant<br />

en place un cadre scolaire leur permettant « de construire eux-même leurs savoirs » à<br />

l’aide de techniques pédagogiques « innovantes » et de l’introduction du « numérique<br />

à l’école ».<br />

La question du numérique<br />

Ce mouvement idéologique constructiviste est profondément contesté, notamment<br />

dans les pays qui l’ont adopté comme les Etats-Unis, où de nombreuses associations<br />

préconisent le « back to basics », avec un retour à l’<strong>enseignement</strong> classique, qui a fait<br />

ses preuves. L’exemple le plus médiatisé fut celui des ingénieurs de la Sillicon Valley<br />

scolarisant leurs enfants dans des établissements privés bannissant les nouvelles technologies,<br />

et notamment les tablettes électroniques. Dans la foulée, des études récentes<br />

semblent démontrer la nocivité de l’introduction des tablettes à l’école. Les principaux<br />

arguments avancés dans ces études évoquent le problème du côté virtuel des tablettes,<br />

qui empêche les élèves de mettre à contribution leur mémoire visuelle et gestuelle ; de<br />

même, les artifices visuels du numérique brouillent le message lors de l’assimilation de<br />

connaissances.<br />

6


Lors de son allocution du 31 décembre 2014, le président de la République a particulièrement<br />

mis l’accent sur « l’introduction du numérique à l’école ». En ligne de mire,<br />

l’introduction massive de tablettes à l’école et la mise en place d’<strong>enseignement</strong>s des «<br />

TICE » ( Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement).<br />

Cette philosophie est reprise dans la réforme proposée par le gouvernement, avec<br />

l’introduction d’éléments de programmation dans certaines matières comme les Mathématiques<br />

et les Sciences de la Vie et de la Terre. Le problème est qu’il n’y a pas de<br />

mise en situation pertinente au collège pour ce genre d’exercices. L’<strong>enseignement</strong> qui<br />

va en découler sera donc totalement artificiel, et les élèves auront le sentiment d’avoir<br />

fait quelque chose qui ne sert à rien. Enfin, cette introduction de la programmation est<br />

beaucoup trop superficielle pour être pertinente, de nombreux acteurs du numérique<br />

comme le PDG de Free, Xavier Niel, préconisent l’introduction d’un vrai <strong>enseignement</strong><br />

du codage à l’école, avec de nombreux créneaux horaires et, si nécessaires, des intervenants<br />

du monde de l’entreprise.<br />

De plus, le ministère de l’<strong>Education</strong> Nationale et certaines collectivités locales poussent<br />

à l’achat massif de tablettes électroniques, outil qui, comme exposé ci-dessus, pose<br />

problème.<br />

Le contenu pédagogique de la réforme<br />

Le principal objectif de la réforme est de diminuer le temps alloué aux disciplines classiques<br />

comme le Français, les Mathématiques ou l’Histoire-Géographie pour introduire<br />

des EPI, ou Enseignements Pratiques Interdisciplinaires. La réforme veut ainsi décloisonner<br />

les <strong>enseignement</strong>s et permettre une<br />

formation plus individualisée des élèves. Derrière cette idée intéressante se cache une<br />

mise en place des plus problématiques :<br />

• Tout d’abord, en plus de l’introduction des EPI, le gouvernement compte supprimer<br />

l’annualisation des programmes scolaires en Collège, en prévoyant notamment des<br />

cycles sur plusieurs années. C’est ce qui a été voté par le Conseil Supérieur des<br />

Programmes. Ainsi, le Cycle 1 ira du CP au CE2, le Cycle 2 du CM1 à la 6ème et le<br />

Cycle 3 de la 5ème à la 3ème. Avec l’introduction de ces cycles, le redoublement<br />

devient donc presque impossible à mettre en place. C’est d’ailleurs ce que souligne<br />

Michel Lussault, du Conseil Supérieur des Programmes auteur de ce changement.<br />

Avec cette suppression, les élèves qui manqueraient des cours sur plusieurs mois ne<br />

pourront plus rattraper le temps perdu, tout comme ceux ayant une année difficile<br />

à cause de problèmes personnels. - De plus, l’introduction des EPI se fait au détriment<br />

du temps consacré aux <strong>enseignement</strong>s disciplinaires classiques. Les craintes<br />

de voir les programmes scolaires allégés se sont révélées fondées puisque le Conseil<br />

Supérieur des Programmes a voté il y a quelques semaines la nouvelle monture des<br />

programmes scolaires pour 2016 et ils seront en effet considérablement attaqués.<br />

Nombreux sont les enseignants qui craignent que les élèves aient une formation encore<br />

plus allégée en connaissances que les années précédentes.<br />

• Le projet de réforme prévoit également la suppression des « <strong>enseignement</strong>s élitistes<br />

» selon la coalition de syndicats « pédagogistes », majoritaires dans certaines instances<br />

consultatives de l’<strong>enseignement</strong>, et notamment SE-UNSA et SGEN-CFDT. En<br />

ligne de mire : le latin, le grec et les sections européennes. Ce projet a déclenché<br />

une levée de boucliers mais la ministre semble faire la sourde oreille. Pour tenter<br />

d’éteindre l’incendie, Najat Vallaud-Belkacem a rappelé que le latin et le grec seront<br />

proposés dans les EPI, mais l’expérience a montré que ce mode opératoire allait<br />

7


conduire in fine à la disparition de ces <strong>enseignement</strong>s sur le territoire scolaire. -<br />

Enfin, les solutions proposées par le gouvernement ne corrigeront en rien les problèmes<br />

déjà constatés par le passé : il n’y a rien de concret qui sera mis en place<br />

pour garantir la maîtrise des savoirs fondamentaux (lire, écrire, compter), l’<strong>enseignement</strong><br />

des Sciences reste archaïque et particulièrement peu ambitieux, le poids<br />

des langues sera réduit, alors qu’il devrait être renforcé. Sur les problèmes de l’autorité<br />

du professeur, de l’<strong>enseignement</strong> des valeurs républicaines, rien n’est proposé<br />

non plus. Enfin, sur la formation des professeurs, c’est également le néant, alors que<br />

la Cour des Comptes a récemment tiré à boulets rouges sur ce point précis.<br />

Les JFD-UDI s’opposent donc fermement à cette réforme et, dans le cadre<br />

d’une opposition constructive, nous proposons toute une série de mesures<br />

afin d’enrayer la spirale de l’échec de notre système éducatif.<br />

8


Propositions<br />

budgétaire et<br />

pour l’école<br />

Propositions budgétaires<br />

Comme nous l’avons vu précédemment, la gestion des fonds publics dans l’<strong>Education</strong><br />

nationale peut, a minima, soulever de grandes interrogations. Nous proposons donc<br />

de réduire la bureaucratie à tous les échelons de l’Éducation Nationale et de l’Enseignement<br />

Supérieur et de la Recherche, même si, pour ce dernier ministère, de lourds<br />

efforts ont déjà été entrepris.<br />

Afin de décentraliser le système, seule garantie d’une utilisation plus intelligente des<br />

fonds publics, nous proposons de renforcer le pouvoir décisionnaire des régions dans<br />

l’Enseignement secondaire après une vaste réforme territoriale, réforme dont nous<br />

avons déjà discuté il y a quelques mois ( ** voir dossier conssacré ** ). Toujours dans<br />

un esprit de décentralisation, nous suggérons de renforcer l’autonomie budgétaire des<br />

établissements<br />

En outre, notre projet prévoit la suppression des établissements de taille trop modeste.<br />

En effet, nous estimons qu’il est plus intéressant de mutualiser les moyens, et de les<br />

concentrer dans des établissements plus grands, chaque collège ayant en effet des dépenses<br />

fixes, quelque soit sa taille (locaux, approvisionnement du CDI, modernisation,<br />

maintenance, restauration, personnel de direction et d’administration etc.). Ce redéploiement<br />

des moyens pourrait dégager des économies allant jusqu’à 13,6 milliards<br />

d’euros par an.<br />

Enfin, nous proposons de rationaliser les coûts de construction des <strong>nouveau</strong>x établissements<br />

scolaires, qui sont trop souvent l’occasion pour des élus locaux d’avoir de belles<br />

photos dans la presse locale pour des coûts insensés.<br />

L’école primaire<br />

Le constat est unanime : de nombreux élèves entrent au collège avec des difficultés<br />

dans l’écriture, la lecture et le calcul. Le problème n’est pas <strong>nouveau</strong> mais il connaît une<br />

aggravation spectaculaire durant la dernière décennie.<br />

Pour remettre notre système éducatif sur les rails, on ne peut faire l’impasse sur l’école<br />

primaire. Les professeurs des écoles doivent être davantage rémunérés, mais aussi<br />

respectés par la hiérarchie et les parents. Trop souvent, les maîtres et maîtresses sont<br />

vilipendés avec violence à la sortie des écoles. La responsabilisation des parents est<br />

9


donc une priorité.<br />

De plus, les enfants en difficulté doivent pouvoir systématiquement bénéficier d’un accompagnement<br />

avec dispositifs de soutien et d’aide aux devoirs.<br />

Sur les rythmes scolaires, la réforme instaurée par Vincent Peillon est excessivement<br />

teintée de dogmatisme, et n’a pas été faîte dans l’intérêt des élèves, générant des<br />

inégalités très visibles en fonction de la richesse des communes finançant le temps<br />

périscolaire. Il est plus qu’urgent de réfléchir soit à une suppression rapide et radicale<br />

du dispositif, soit à une refonte profonde mettant l’accent sur l’acquisition de connaissances<br />

et de méthodes de travail efficaces. Il est également envisageable de généraliser<br />

le dispositif d’études surveillées qui a prouvé son efficacité sur le terrain depuis de<br />

très nombreuses années.<br />

Pour le délicat sujet des cantines scolaires, qui touche aussi les Collèges et Lycées, la<br />

laïcité doit rester une valeur centrale de l’école. Rien n’empêche en revanche la mise<br />

en place de menus différents afin de ne priver personne, par exemple des menus végétariens.<br />

Le primaire doit également être l’occasion de donner goût aux élèves de la culture, et<br />

notamment la lecture, afin de garantir une curiosité qui leur permettra de mieux aborder<br />

l’<strong>enseignement</strong> secondaire.<br />

10


Révolution dans<br />

les collèges<br />

Nous proposons de recentrer le Collège autour de trois missions fondamentales du<br />

collège :<br />

• Assurer définitivement les acquis fondamentaux de primaire (lire, écrire, compter)<br />

et les approfondir avec de préparer la suite des études au lycée, notamment ;<br />

• Permettre également de préparer des élèves demandeurs au monde professionnel<br />

en garantissant une possibilité de reprise des études plus tard ;<br />

• Quoi qu’il arrive, assurer à chacun un Socle Commun de Connaissances et de Compétences.<br />

Afin de garantir la réussite de ces trois missions, nous proposons différentes pistes de<br />

travail, sur les modes d’évaluation, ainsi que l’utilisation des nouvelles pédagogies ou<br />

encore le contenu de la formation dispensée dans l’<strong>enseignement</strong> au Collège.<br />

Mode d’évaluation<br />

Le Socle Commun de Connaissances et de Compétences doit être redéfini. Aujourd’hui<br />

ce dernier est trop orienté vers des notions abstraites voire artificielles qui ont tendance<br />

à très largement sur-estimer les compétences réellement acquises par les<br />

élèves.<br />

Nous proposons donc de remanier l’évaluation par compétence avec l’introduction de<br />

qualificatifs plus concrets (difficultés critiques, fondamental, standard, avancé) :<br />

Difficultés critiques<br />

Fondamental<br />

Standard<br />

Avancé<br />

Compétence non acquise au niveau fondamental<br />

Compétence acquise au niveau fondamental.<br />

Contrat de l’école respecté<br />

Compétence acquise à un niveau d’exigence standard<br />

(références internationales)<br />

Compétence acquise à un niveau plus élevé<br />

que les standards<br />

11


12<br />

Chaque année, 150 000<br />

jeunes quittent le système<br />

scolaire sans diplôme<br />

...<br />

Dans la mesure du possible, l’évaluation des compétences doit se faire hors des établissements<br />

pour d’assurer une évaluation objective, charge aux régions d’organiser des<br />

épreuves pratiques, orales ou écrites en ce sens. Un seuil régional pourrait également<br />

être envisagé avec pour possibilité une évaluation intégrale ou une évaluation de compétences<br />

aléatoires afin de contrôler la pertinence de l’évaluation par compétences au<br />

sein des établissements.<br />

Davantage que les notes, l’évaluation par compétences doit permettre de faciliter<br />

l’orientation d’un élève.<br />

Techniques pédagogiques<br />

La mise au point de nouvelles techniques pédagogiques est rendue essentielle par<br />

l’évolution du savoir et l’accès à la culture pour tous rendu possible par internet.<br />

Toutefois, même s’il est courant d’entendre dire que « tout est sur internet », la bonne<br />

utilisation du savoir nécessite toujours l’acquisition de bases fondamentales.<br />

Or, nous assistons depuis plusieurs années à une dérive idéologique qui souhaite mettre<br />

« l’élève au centre de l’école », où celui-ci serait capable de construire seul son savoir,<br />

avec l’aide des nouvelles technologies. Cet idéal est une utopie, il est impensable que<br />

des Collégiens aient suffisamment de bases pour utiliser la connaissance sur internet à<br />

bon escient.<br />

Voilà pourquoi il convient de recentrer le Collège autour de l’assimilation de connaissances<br />

fondamentales. Les nouvelles pédagogies doivent avant tout être utilisées pour<br />

venir en aide aux élèves en difficulté, dans des modules plus personnalisés qu’une<br />

classe normale.<br />

Ce n’est que par ce biais que nous permettrons la réussite de tous au Collège.


« La bonne utilisation du<br />

savoir nécessite toujours<br />

l’acquisition de bases<br />

fondamentales. »<br />

Afin de faciliter l’accomplissement de ces objectifs, il est nécessaire d’intégrer judicieusement<br />

le numérique dans les classes. Or, depuis de nombreuses années, les choix faits<br />

en terme de matériel au sein des établissements scolaires sont souvent hasardeux, avec<br />

notamment l’implémentation massive de « Tableaux blancs interactifs », solution privilégiée<br />

au détriment des « tableaux numériques interactifs », plus onéreux. La première<br />

technologie est plus économique, puisque le volet numérique est intégré à partir du<br />

vidéo-projecteur avec capteur infrarouge projeté sur un tableau blanc classique, tandis<br />

que la deuxième technologie est un tout, avec un tableau en acier intégré au dispositif,<br />

qui permet une fiabilité beaucoup plus grande du trait, une utilisation plus agréable<br />

et surtout, une interaction avec la main. Mal calibrés, peu fiables et désagréables à<br />

l’utilisation, les tableaux blancs interactifs sont souvent très peu utilisés sur le terrain.<br />

Nous proposons donc de proscrire tout achat de tableau blanc interactif à l’avenir, et de<br />

favoriser les tableaux numériques interactifs (SMART Board…)<br />

Plus généralement du point de vue des logiciels, les enseignants seront incités à utiliser<br />

d’autres nouvelles technologies pour rendre leur cours plus interactifs, comme des<br />

logiciels de reconnaissance vocale.<br />

Contenu de la formation en Collège<br />

D’une manière générale, les programmes scolaires d’aujourd’hui se révèlent inadaptés<br />

voire même dépassés, notamment en ce qui concerne l’<strong>enseignement</strong> scientifique. De<br />

plus, les ajustements faits ces dernières années vont dans la tendance à un allègement,<br />

ce qui va à l’ encontre du bon sens étant donné les exigences d’aujourd’hui, le succès<br />

des doubles spécialisations dans l’<strong>enseignement</strong> supérieur en témoigne. Nous proposons<br />

donc de lancer un vaste chantier de refonte des programmes afin de les adapter<br />

aux réalités d’aujourd’hui. Il s’agit de renforcer le contenu disciplinaire afin de préparer<br />

au lycée qui serait davantage exigeant de ce côté là, le but final étant d’adapter le niveau<br />

du Baccalauréat aux exigences de l’<strong>enseignement</strong> supérieur.<br />

Pour arriver à ces objectifs, nous proposons de :<br />

• Recentrer la 6ème et la 5ème autour d’un tronc commun Français – Langue vivante<br />

1 – Mathématiques.<br />

• Modifier en profondeur les cours de Technologie dispensés au collège, les remplacer<br />

par des cours d’informatique. L’informatique obligatoire : notions de codage en C++<br />

(possibilité d’intervenants extérieurs), de montage et démontage d’ordinateurs, initiation<br />

à LINUX, à la robotique…<br />

• Redéployer les effectifs d’<strong>enseignement</strong> pour permettre une présence humaine ac-<br />

13


14<br />

crue dans ces deux années afin de s’assurer que chaque élève dispose d’un niveau<br />

de base incontournable. Cela peut passer par une modification du nombre d’heures<br />

d’<strong>enseignement</strong> à dispenser pour certains professeurs à des classes plus chargées<br />

en fin de collège/lycée.<br />

• Permettre au collège d’assurer sa mission de validation définitive des acquis fondamentaux<br />

du primaire et de préparer un approfondissement de ces notions dans les<br />

années ultérieures, que ce soit dans l’optique d’un parcours dans l’<strong>enseignement</strong><br />

secondaire ou professionnel.<br />

• Le suivi des élèves serait permanent et devrait permettre d’identifier les difficultés<br />

nécessitant un accompagnement plus personnalisé. Ces élèves pourraient ainsi être<br />

pris en charge en petits groupes.<br />

• Créer des parcours professionnels dès la quatrième sans pour autant occulter la reprise<br />

des études de l’élève à l’avenir.<br />

• Réduire les horaires du collège (et du lycée) : passer de l’amplitude classique 8h –<br />

17h à 8h – 15h. Les trois dernières heures (15h-18h) seraient consacrées, dans la<br />

mesure du possible, à des « marges interdisciplinaires ou d’éveil » comprenant :<br />

> des <strong>enseignement</strong>s d’éveil comme le sport, le théâtre, des <strong>enseignement</strong>s<br />

scientifiques, artistiques et culturels, éventuellement en Anglais. Ces <strong>enseignement</strong>s,<br />

compte tenu de leur position en fin de journée dans le rythme scolaires<br />

doivent être dynamiques et épanouissants pour les élèves.<br />

> ce temps scolaire devra également être l’occasion d’approfondir certaines partie<br />

des programmes des disciplines « classiques » avec une pédagogie de projet<br />

Ce remodelage des horaires devrait permettre une modification du contenu enseigné<br />

et un allègement du volume horaire dédié à chaque matière. On peut ainsi envisager<br />

la suppression de certaines matières en tant que telles comme la Musique ou les Arts<br />

Plastiques, avec des enseignants redéployés dans la marge horaire. Notons cependant<br />

que les concours de recrutement de ces enseignants seraient évidement maintenus.<br />

Pourquoi des marges interdisciplinaires et d’éveil ?<br />

La plupart des établissements scolaires se montrent demandeurs de marges horaires<br />

afin de concevoir une offre d’<strong>enseignement</strong> adaptée aux contraintes locales.<br />

D’une part, cette marge comprendrait un tronc commun obligatoire (tableau 4)<br />

permettant « d’enseigner autrement » certaines parties du programme des matières<br />

disciplinaires classiques, et notamment le Français et l’Histoire-Géographie.<br />

D’autre part, il est prévu de supprimer l’<strong>Education</strong> Musicale et les Arts Plastiques<br />

pour les intégrer à cette marge. En supprimant ces matières et en les intégrant<br />

à des disciplines classiques (Anglais, Histoire etc...) on leur redonne de l’intérêt<br />

concret. De plus, ce dispositif offre la possibilité aux enseignants de mettre en valeur<br />

des compétences acquises en dehors de leur champ disciplinaire.<br />

Enfin, il restera à chaque établissement un volume de marge suffisant pour proposer<br />

une offre d’<strong>enseignement</strong> diversifiée, en fonction des contraintes locales.


Le tronc commun devra être fixé nationalement et chaque élève français suivra le<br />

même <strong>enseignement</strong>. En revanche, en ce qui concerne les <strong>enseignement</strong>s de marges<br />

interdisciplinaires ou d’éveil, leur organisation sera à la discrétion de chaque établissement.<br />

Ces derniers devront néanmoins correspondre au cadrage national imposé par<br />

le Ministère, certains des thèmes abordés consolideraient ainsi certaines matières disciplinaires<br />

qui ont donc vu leur volume horaire amputé (voir projet de grille horaire). Il<br />

est donc important de noter que ces modules sont dits de marge « interdisciplinaires »<br />

car ils offrent une grande flexibilité en terme de contenu et de gestion des personnels,<br />

mais qu’ils ne peuvent en aucun cas être considérés comme des modules avec une pluridisciplinarité<br />

qui serait imposée.<br />

Les professeurs documentalistes seront également impliqués dans ces <strong>enseignement</strong>s,<br />

et les statuts modifiés pour garantir leur présence au sein des équipes pédagogiques,<br />

pour participer à la formation des élèves aux travers de cours, comme la recherche sur<br />

internet ou d’élaboration de synthèses sur des ouvrages couvrant un thème précis.<br />

Il vient que chaque établissement sera tenu de communiquer de manière claire sur le<br />

contenu pédagogique qu’il propose.<br />

L’objectif étant d’apporter plus de flexibilité à l’équipe pédagogique et de leur offrir la<br />

possibilité d’impliquer d’autres enseignants dans leurs cours. Un tel dispositif pourrait<br />

également permettre aux équipes de travailler davantage ensemble, et d’apporter de<br />

l’enrichissement personnel aux enseignants (par exemple un professeur de Mathématiques<br />

passionné par les Lumières et qui souhaiterait s’impliquer dans ce thème).<br />

Nous proposons également de créer une nouvelle discipline : langues antiques, qui sera<br />

optionnelle. Elle consistera en l’étude des langues et littérature grecques et latines, afin<br />

de garantir à chaque élève le désirant la maîtrise d’une partie des fondements de notre<br />

culture et de notre langue, bénéficiant bien souvent de l’expertise d’enseignants issus<br />

d’une formation universitaire de qualité dans ce domaine.<br />

Sont également prévus des modules d’accompagnement dans les emplois du temps<br />

afin de remplacer les études dirigées. L’objectif est d’aider les élèves à acquérir des<br />

méthodes de travail en autonomie après les cours. Ces modules peuvent se réaliser de<br />

Matière 6ème 5ème 4ème 3ème<br />

Français 5 5 3 3<br />

LV1 5 5 3 3<br />

Mathématiques 5 5 4 4<br />

Technologie 1,5 1,5 2 2<br />

Hist. Géo. –ECJS 1,5 1,5 3 3<br />

SVT 1,5 1,5 3 3<br />

Physique-Chimie 1 1,5 2 2<br />

LV2 0 0 3 3<br />

Éveil<br />

12 dont 4h d’EPS<br />

Langues antiques 2 2 2 2<br />

Marge interdisciplinaire<br />

Accompagnement<br />

4 4 3 3<br />

Tableau 3 : Notre proposition de grille horaire pour le Collège<br />

15


16<br />

différentes formes selon les besoins des élèves, d’un accompagnement très personnalisé<br />

à des études dirigées classiques.<br />

Compte tenu des <strong>nouveau</strong>x rythmes scolaires que nous prévoyons, il apparaît indispensable<br />

de rationaliser les devoirs à la maison. Les équipes pédagogiques devront se<br />

concerter afin de respecter un cahier des charges précis sur le travail en dehors des<br />

cours : en semaine, ceux-ci devront pouvoir être faits en accompagnement, en sus des<br />

leçons à apprendre. Le week-end, des exercices pourront être planifiés de manière raisonnable.<br />

Les vacances scolaires seront l’occasion de proposer des devoirs à la maison<br />

notés.<br />

Dans les modules d’éveil et interdisciplinaires, en dehors des thèmes imposés, le volume<br />

horaire permet aux équipes pédagogiques de proposer un large panel d’activités<br />

et de projets à réaliser selon les sensibilités thématiques des enseignants.<br />

Il est fondamental de souligner que le contenu de ces <strong>enseignement</strong>s interdisciplinaires<br />

vient en complément du programme disciplinaire. Par exemple lorsqu’il s’agit de l’étude<br />

de la Révolution Française, les travaux réalisés sont conçus pour apporter un support<br />

au cours et aux exercices sur ce sujet<br />

Français Histoire-Géo-EC Arts Libre<br />

Étude des genres<br />

6 ème littéraires<br />

(1h par semaine)<br />

5 ème Expression écrite<br />

(2h par semaine)<br />

Étude des œuvres<br />

des grands auteurs<br />

du XVIIIème siècle<br />

4 ème Influence de la littérature<br />

sur l’Histoire<br />

: de l’antiquité<br />

aux Lumières<br />

(2h par semaine)<br />

Étude des œuvres<br />

des grands auteurs<br />

du XIXème siècle<br />

3 ème Étude des œuvres<br />

des grands auteurs<br />

du XXème siècle<br />

(2h par semaine)<br />

L’Égypte antique<br />

L’Empire Romain<br />

(1h30 par semaine)<br />

Évolution des frontières<br />

au Moyen-Âge<br />

(1h30 par semaine)<br />

Le Premier Empire<br />

Colonial<br />

La Révolution Français<br />

Le Consulat et le Second<br />

Empire<br />

(2h par semaine)<br />

Les guerres<br />

mondiales<br />

(2h par semaine)<br />

Initiation à la calligraphie<br />

Mise au point d’une chorégraphie<br />

Interpréter une œuvre artistique<br />

(3h par semaine)<br />

Échelles<br />

Réalisation d’une carte<br />

Conception d’une musique<br />

synthétique<br />

(1h par semaine)<br />

Inspiration artistique<br />

La musique engagée<br />

(2h par semaine)<br />

Design et webdesign<br />

La musique engagée<br />

(2h par semaine)<br />

Tableau 4 : liste des thèmes obligatoires à aborder dans<br />

les créneaux de marge interdisciplinaire ou d’éveil.<br />

2h30<br />

3h30<br />

2h<br />

2h


L’Égypte antique<br />

Évolution des frontières<br />

au Moyen-Âge<br />

La Révolution Française<br />

Frise chronologique, étude des monuments égyptiens<br />

de l’antiquité, l’œuvre d’Herodote, les hiéroglyphes,<br />

recherche documentaire sur un pharaon<br />

Réalisation d’une carte animée (gif, animation flash ou<br />

PréAO), recherche documentaire sur les grands ensembles<br />

politiques du Moyen-Âge<br />

Étude de films sur la Révolution, réalisation d’une<br />

frise, jeu de rôle sur le procès de Louis XVI<br />

Tableau 5: exemple de travaux réalisables<br />

pour des thèmes cités -ci-dessus :<br />

Remarque concernant l’organisation des <strong>enseignement</strong>s en fin<br />

d’année :<br />

Véritable serpent de mer, le problème des <strong>enseignement</strong>s en fin d’année scolaire<br />

au Collège n’a toujours pas été résolu, malgré des demandes répétées sur le<br />

terrain. En effet, bien que l’année scolaire se termine début Juillet, le ministère<br />

impose des conseils de classe, ainsi que l’arrêt des notes pour début Juin, en raison<br />

notamment des délais nécessaires pour que les commissions d’appel puissent<br />

fonctionner. Le Ministère devra revoir ce système en profondeur afin de permettre<br />

d’assurer des conseils de classe pour fin juin-début Juillet (excepté en 3ème). Le<br />

report de l’arrêt des notes qui en découlera devrait permettre d’assurer une ambiance<br />

de travail jusqu’au dernier moment.<br />

Devenir du Brevet des Collèges<br />

Le principe du Brevet des Collèges doit être conservé : il permet en effet de préparer<br />

les élèves à l’exigeante épreuve d’un examen tout en permettant un suivi des établissements<br />

scolaires. Son côté minimaliste doit également être conservé, car un examen<br />

dans toutes les matières serait trop lourd et trop contraignant. Le système de contrôle<br />

continu actuel permet en outre d’inciter les élèves au travail s’ils ont pour objectif<br />

d’avoir le brevet.<br />

Toutefois, il apparaît nécessaire d’adapter l’examen aux réalités d’aujourd’hui. Tout<br />

d’abord, intégrer une Langue Vivante aux épreuves finales écrites semble indispensable.<br />

L’épreuve d’Histoire des Arts, récemment introduite, permet d’évaluer la mise<br />

au point d’un dossier et d’une soutenance orale sur un thème artistique. Elle constitue<br />

ainsi une bonne introduction au travail d’un futur lycéen et surtout d’un futur étudiant.<br />

Nous proposons donc de diviser le brevet entre le Français, les Mathématiques, l’Histoire-Géographie-<strong>Education</strong><br />

Civique, une langue, et une option obligatoire, au choix<br />

entre l’épreuve l’Histoire des Arts facultative et une seconde option qui serait en parallèle<br />

une épreuve similaire, d’Histoire des Sciences et Techniques, avec là aussi une<br />

remise de dossier avec soutenance orale.<br />

17


18<br />

Profonds<br />

changements<br />

au lycée<br />

Notre projet a pour ambition de fixer trois objectifs clairs pour le lycée :<br />

• restaurer la valeur du Baccalauréat afin que celui-ci garantisse la maîtrise d’un corpus<br />

général de connaissances, avec des horizons divers permettant d’envisager sereinement<br />

toutes les formes d’études supérieures, et notamment les double cursus ;<br />

• préparer les futurs étudiants au post-Bac en incitant les élèves à développer des<br />

méthodes de travail plus efficaces, tout en continuant à mobiliser leurs facultés intellectuelles<br />

pour les améliorer ;<br />

• accentuer le travail de groupe pour réaliser des objectifs ambitieux et assurer une<br />

plus grande autonomie des futurs étudiants dans leur travail.<br />

La formation au Lycée<br />

Pour garantir l’accomplissement de ces <strong>nouveau</strong>x objectifs au lycée, nous proposons<br />

de :<br />

• Rendre plus lisibles les passerelles entre les classes de première générale, technologique<br />

ou professionnelle (et vice-versa).<br />

• Créer des filières technologiques et professionnelles d’excellence avec une possibilité<br />

d’internat et de bourses supplémentaires pour les élèves les plus modestes.<br />

• Renforcer la spécialisation dès la seconde avec une orientation Scientifique, Littéraire,<br />

Économique et Sociale. Ajouter à ces trois filières une filière « Technologie ».<br />

L’orientation dans une filière serait réversible à la fin du premier semestre de seconde.<br />

L’élève réorienté bénéficierait de cours de rattrapage.<br />

• La spécialisation mentionnée ci-dessus serait limitée par un tronc commun persistant<br />

Français – Histoire Géographie – Sciences – Langues + <strong>enseignement</strong> culturel.<br />

• Introduire dès la Seconde un <strong>enseignement</strong> de Philosophie conséquent, afin de faire<br />

acquiérir une culture critique au futur citoyen, à développer ses capacités d’argumentation<br />

ou encore à enrichir sa culture littéraire.<br />

• Instaurer des <strong>enseignement</strong>s d’exploration en Terminale pour chaque filière (Biochimie,<br />

Droit, Cinéma, Géopolitique…) afin que les étudiants soient mieux préparés à l’<strong>enseignement</strong><br />

supérieur et puissent s’intéresser à des matières spécifiques abordées dans la


suite de leurs études. Ces modules différeraient des <strong>enseignement</strong>s de détermination<br />

par leur contenu, plus pointu, mais aussi par les intervenants, par exemple des enseignants<br />

détachés dans le supérieur ou encore des étudiants doctorants en monitorat.<br />

Pourquoi des modules de l’<strong>enseignement</strong> supérieur au lycée ?<br />

Que ce soit le Droit ou la Biochimie ou d’autres modules, ce genre d’<strong>enseignement</strong><br />

est habituellement dispensé dans l’Enseignement Supérieur. En intégrer une partie<br />

au lycée présente certains avantages : tout d’abord, cela permet de consacrer<br />

la première année du supérieur à d’autres notions et assure à l’élève un socle de<br />

connaissances plus vaste pour mieux aborder les études post-Baccalauréat. De<br />

plus, il permet de sensibiliser les élèves à l’abordage de front d’un champ disciplinaire<br />

totalement <strong>nouveau</strong> en un temps restreint, ce qui devrait inciter les futurs<br />

étudiants à développer des méthodes de travail adaptées au fonctionnement de la<br />

scolarité après le Baccalauréat, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui où les étudiants<br />

arrivent en général avec une méthode de travail dépassée, acquise en fin de<br />

collège et insuffisamment mise à l’épreuve lors du passage au lycée.<br />

Nous proposons également de restaurer les <strong>enseignement</strong>s de détermination et de<br />

les généraliser au lycée, tout en élargissant le catalogue proposé. Les élèves pourront<br />

bénéficier d’une formation choisie dans un domaine pointu, en lien avec une matière<br />

proposée au lycée, afin de l’approfondir.<br />

Les <strong>enseignement</strong>s de détermination feraient ainsi leur retour, mais de manière simplifiée,<br />

afin de proposer une offre plus uniforme sur le territoire et plus lisible pour les familles.<br />

Chaque discipline comporterait ainsi un programme commun, et un programme<br />

approfondi, qui ferait office d’<strong>enseignement</strong> de détermination. Exception faite de la<br />

filières ES, où l’<strong>enseignement</strong> de détermination constitue les Sciences Économiques et<br />

Sociales (SES) et de la Filière Technologie où il s’agit des Sciences et Techniques de<br />

l’Industrie et de l’Ingénieur (ST2I) ou encore les Sciences et Techniques en Laboratoire<br />

(STL).<br />

En outre, certains de ces créneaux pourraient être consacrés à des modules transversaux<br />

prévoyant des rencontres entreprises/écoles, pour avoir des présentations de métiers<br />

concrets et tenter de donner une idée de la vie professionnelle, de ses exigences,<br />

tout en facilitant les possibilités de stages dès le lycée.<br />

• Mettre en place un <strong>enseignement</strong> d’initiation et de formation à l’entrepreneuriat au<br />

lycée et dans toutes les filières (intervention d’entrepreneurs, projets de groupe,<br />

structures d’encadrement et d’aide pour les futurs étudiants qui souhaiteraient se<br />

lancer…) selon les disponibilités locales.<br />

• Lancer, à l’instar du Collège, un vaste chantier de refonte des programmes afin de<br />

les adapter aux réalités d’aujourd’hui. A titre d’exemple, quelques notions qui pourraient<br />

être abordées dès le lycée et de manière systématique (des notions évoquées<br />

ci-dessous pouvant être abordées ponctuellement dans des options) :<br />

19


20<br />

Filière ES<br />

Filière L<br />

Filière S<br />

Géopolitique européenne, Histoire des grands courants<br />

politiques français, étude de différentes économies<br />

capitalistes (Japon, Etats-Unis, Chine...)<br />

Histoire du Droit, Histoire de la civilisation chinoise,<br />

<strong>enseignement</strong> bilingue.<br />

Littérature scientifique, éléments en cancérologie,<br />

Régulations génétiques, épigénétique, thermodynamique.<br />

Tableau 5: exemple de travaux réalisables<br />

pour des <strong>enseignement</strong>s de détermination<br />

en Terminale.


6ème (1,5h)<br />

5ème (1,5h)<br />

4ème (3h)<br />

3ème (3h)<br />

2nde S<br />

(2h+2h*)<br />

1ère S<br />

(3h+2h*)<br />

Tle S<br />

(4h+2h*)<br />

- La cellule<br />

- La production de matière et nutrition chez les animaux et végétaux<br />

- Populations et écosystèmes<br />

- Influence de la géologie sur les paysages<br />

- Les besoins en énergie de la cellule et du corps I<br />

- Nutrition et équilibre alimentaire<br />

- Organisation interne de la Terre I<br />

- Introduction à l’anatomie des grands embranchements animaux et<br />

végétaux<br />

- La dérive des continents<br />

- Initiation à la météorologie<br />

- L’écosystème marin<br />

- Système uro-génital chez l’humain<br />

- La contraception<br />

- Initiation à la Microbiologie et à l’Immunologie<br />

- Organisation générale du système nerveux chez l’Homme<br />

- Les grands temps géologiques<br />

- La théorie de l’évolution<br />

- Génétique<br />

- Éléments de Cancérologie<br />

- Les besoins en énergie de la cellule et du corps II<br />

- Microbiologie et interactions avec l’Homme<br />

- La Chimie du Vivant I<br />

- Le génie génétique<br />

- Influence de l’Homme sur les écosystèmes<br />

- Organisation interne de la Terre II<br />

- Formation des océans et des montagnes<br />

- Les besoins en énergie de la cellule et du corps III<br />

- La Chimie du Vivant II<br />

- Génétique mendélienne<br />

- Anatomie des grands embranchements animaux et végétaux II<br />

- Étude des roches caractéristiques<br />

- Organisation interne de la Terre III<br />

- Le système solaire<br />

- Initiation à la Biologie moléculaire<br />

- Microbiologie et Immunologie II<br />

- Métabolisme du carbone chez les bactéries<br />

- Anatomie des grands embranchements animaux et végétaux III<br />

- Les besoins en énergie de la cellule et du corps IV<br />

- Organisation interne de la Terre IV<br />

- La Chimie du Vivant III et enzymologie<br />

- Exobiologie (thème pluridisciplinaire)<br />

- Biologie moléculaire II<br />

- La sénescence<br />

- Physiologie du corps humain<br />

- Anatomie du corps humain<br />

- Physiologie végétale<br />

14<br />

Exemple de <strong>nouveau</strong>x programmes : les Sciences de la Vie & Terre (filière S<br />

au lycée)<br />

* : dont 2h d’<strong>enseignement</strong> de détermination<br />

21


Une nouvelle organisation des cours<br />

Une réorganisation de la journée du lycée apparaît aujourd’hui comme essentielle,<br />

tant celle-ci fait aujourd’hui office de zapping permanent, avec des cours de moins en<br />

moins approfondis faute de temps et des élèves de moins en moins susceptibles de<br />

travailler convenablement pour préparer leur avenir.<br />

Nous proposons plusieurs vastes chantier concernant l’organisation des études d’un<br />

lycéen :<br />

• Développer le travail de groupe au lycée est aujourd’hui une nécessité, de nombreux<br />

étudiants arrivent aujourd’hui dans l’Enseignement Supérieur en présentant<br />

des difficultés à travailler en groupes. Rappelons que le travail collectif permet à un<br />

élève ayant suffisamment de bases d’apprendre à travailler en relative autonomie<br />

par rapport au corps enseignant. Cette capacité de travail de groupe doit voir son<br />

importance renforcée en vue du Baccalauréat. Une piste pourrait être l’élargissement<br />

des Travaux Personnels Encadrés aux classes de Seconde et de Terminale,<br />

avec donc trois exposés notés pour le Baccalauréat en trois ans, et non plus un<br />

seul exposé en Première.<br />

• Remodeler les horaires au lycée afin d’intégrer au mieux les <strong>nouveau</strong>x <strong>enseignement</strong>s<br />

et de renforcer les spécialisations (Tableaux ci-dessous hors options).<br />

• Ouvrir la possibilité d’avoir des cours le mercredi après-midi au lycée.<br />

Un <strong>nouveau</strong> maillage territorial des établissements<br />

scolaires (Collèges et Lycées)<br />

Afin de réduire les inégalités territoriales et de garantir, partout en France, un <strong>enseignement</strong><br />

de qualité dans des locaux adaptés, nous proposons plusieurs aménagements<br />

afin de mutualiser les moyens tout en permettant plus d’adaptabilité face aux<br />

imprévus :<br />

• Fusionner les petits établissements afin de limiter la dilution des moyens humains.<br />

• Développer l’internat, en insistant particulièrement sur l’encadrement et le soutien<br />

scolaire.<br />

• Octroyer une autonomie aux établissements au niveau du recrutement pour qu’ils<br />

puissent recruter des personnels contractuels ou vacataires facilement, pour répondre<br />

à des besoins ciblés.<br />

• Lancer un chantier permettant la titularisation sans concours d’enseignants<br />

contractuels ou vacataires ayant présenté durant plusieurs années de grandes capacités<br />

pédagogiques.<br />

22


Seconde L ES S T<br />

Français 3 2 2 2<br />

Mathématiques 1,5 4 4 4<br />

Histoire Géographie - ECJS 3 4 2 2<br />

LV1 6 5 4 4<br />

LV2 3 3 3 3<br />

TPE 2 2 2 2<br />

Philosophie 4 2 2<br />

SVT<br />

2 1,5<br />

1,5 2<br />

Physique-Chimie 3 3,5<br />

EPS 2 2 2 2<br />

Enseignement de détermination<br />

(dont SES et STI)<br />

2 2 2 4<br />

Première L ES S T<br />

Français 5 2 2 2<br />

Mathématiques 2 4 4 4<br />

Histoire Géographie - ECJS 3 5 2 2<br />

LV1 6 5 4 4<br />

LV2 3 3 3 3<br />

TPE 2 2 2 2<br />

Philosophie 4 2 2<br />

SVT<br />

3 1,5<br />

2<br />

Physique-Chimie 3 3,5<br />

EPS 2 2 2 2<br />

Enseignement de détermination<br />

(dont SES et STI)<br />

2 2 2 5<br />

Terminale L ES S T<br />

Français 5 2<br />

Mathématiques 4 4 4<br />

Histoire Géographie - ECJS 3 5<br />

LV1 6 5 4 4<br />

LV2 3 3 3 3<br />

TPE 2 2 2 2<br />

Philosophie 4 2 2 2<br />

SVT 4<br />

Physique-Chimie 4 4<br />

EPS 2 2 2 2<br />

Enseignement de détermination<br />

(dont SES et STI)<br />

2 2 2 5<br />

Enseignements d’exploration 4 4 4 4<br />

23


24<br />

15


L’<strong>enseignement</strong><br />

supérieur<br />

rénové<br />

Dans l’aboutissement d’une diminution des exigences dans le primaire et secondaire,<br />

les <strong>nouveau</strong>x étudiants sont rapidement confrontés à un manque de méthodologie en<br />

arrivant dans l’<strong>enseignement</strong> supérieur, ainsi qu’à un manque de motivation. Nos propositions<br />

avaient pour but de remédier à ces maux qui touchent notre jeunesse, mais<br />

l’Enseignement Supérieur français n’en est pas loin lacunaire dans de nombreux points,<br />

notamment l’insertion professionnelle et l’intensité de la formation à l’Université.<br />

Nous proposons donc, là encore, de recentrer l’Université autour de deux objectifs précis<br />

:<br />

• former aux réalités professionnelles et aux enjeux contemporains<br />

• former des étudiants autonomes et polyvalents<br />

Pour ce faire, nous proposons tout d’abord d’ouvrir davantage de postes de l’<strong>enseignement</strong><br />

supérieur aux enseignants du second degré (PRAG...), afin d’augmenter le<br />

nombre d’heures d’<strong>enseignement</strong> en Licence.<br />

Nous proposons également la création de classes préparatoires technologiques (sur le<br />

modèle des CPGE actuelles) permettant de passer en deux ans directement d’un Bac<br />

professionnel/technologique à un parcours de Master professionnel et/ou un diplôme<br />

d’ingénieur, au lieu de 4 ans en général.<br />

En ce qui concerne le financement des études, nous suggérons de revoir en profondeur<br />

le très inéquitable système de bourses en France : celui-ci octroie en effet de nombreuses<br />

bourses au montant exorbitant pour des étudiants vivant chez leurs parents<br />

(jusqu’à plus de 500€/mois) tandis que dans le même temps de nombreux étudiants<br />

touchent insuffisamment malgré un loyer à leur charge.<br />

• réinstaurer les points de charge destinés aux familles monoparentales ;<br />

• doubler les points de charges octroyés pour la distance entre le domicile familial et<br />

le lieu d’études ;<br />

• plafonner à 100€/mois les bourses destinées aux étudiants n’ayant pas de logement<br />

à leur charge.<br />

De plus, il a été constaté que certaines UFR usaient de stratégie afin de ne pas avoir à<br />

se conformer à la loi concernant la rémunération des stages. Nous proposons donc que<br />

25


le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche n’homologue plus aucune<br />

formation demandant aux étudiants de suivre officieusement un stage de plus de deux<br />

mois sans être rémunérés. Les structures d’accueil, et notamment les laboratoires de<br />

recherche publique seront donc invitées à prévoir une enveloppe destinée aux stagiaires<br />

dans la limite de leurs capacités réelles. Il s’agit aussi d’empêcher des structures<br />

d’embaucher des étudiants en stage sans perspective de débouché professionnel.<br />

BTS et DUT<br />

Les BTS et DUT, conçus pour être des diplômes permettant l’accès rapide à un emploi<br />

constituent de plus en plus une alternative aux premières années de l’Université afin<br />

de faire une Licence ou un Master professionnel. D’un autre côté, certains BTS et DUT<br />

conservent tout de même un fort caractère professionnalisant. Nous proposons donc<br />

de tenir compte de ces réalités afin d’aider les étudiants à construire le projet d’étude<br />

le plus adapté à leurs souhaits.<br />

Pour ce faire, nous suggérons tout d’abord de mieux informer les futurs étudiants sur<br />

les deux grands types de formations : celles qui permettent une bonne insertion dès<br />

l’obtention du diplôme et celles qui nécessitent plutôt une poursuite d’étude.<br />

De plus, dans les DUT et les BTS qui aiguillent plutôt vers une poursuite d’étude, il<br />

convient de proposer une offre de formation d’un meilleur calibre afin d’instaurer une<br />

concurrence saine avec les premières années de Licence, tout en offrant un choix au<br />

bachelier entre une formation avec beaucoup d’encadrement (BTS/DUT) et une autre<br />

favorisant l’autonomie.<br />

Afin de rendre ces ambitions réalisables, nous proposons de redonner de l’autonomie<br />

budgétaire aux IUT qui ont paradoxalement été rendues moins autonomes suite à la<br />

LRU.<br />

Enfin, de manière à revaloriser les filières professionnelles et technologiques, nous proposons<br />

de supprimer la sélection en BTS et IUT pour les étudiants issus de ces filières,<br />

tout en accordant une large autonomie aux établissements afin de pouvoir faire face à<br />

des flux irréguliers d’étudiants.<br />

Universités<br />

Les Universités françaises souffrent de l’échec croissant en première année, qui est<br />

difficile à enrayer compte tenu des problématiques complexes de notre système éducatif.<br />

Nous proposons une solution qui consiste à mettre fin à une dérive amorcée de-<br />

26<br />

« Revaloriser les filières<br />

professionnelles<br />

et technologiques »


18<br />

puis de nombreuses années, par la Droite comme la Gauche, et qui consiste à retarder<br />

au maximum la spécialisation, voulant faire des années de Licence 1 et 2 des Terminale-bis.<br />

Nous pensons au contraire que la spécialisation permet aux étudiants d’être<br />

plus motivés et intéressés, par une formation à la fois davantage concrète et en rapport<br />

avec ce qu’ils souhaitent faire.<br />

Dans un premier temps, nous proposons de remplacer une partie des contrôles continus<br />

dispensés en première année de Licence par des travaux personnels de type mémoire<br />

bibliographique à propos de sujets généraux, qui permettent à l’étudiant de construire<br />

son savoir et de mieux l’impliquer dans sa formation. De plus, afin de permettre aux<br />

étudiants de se réunir et de travailler en groupe, nous souhaitons obliger les universités,<br />

si ce n’est pas déjà fait, à mettre à disposition des salles de TD.<br />

Les cours magistraux à l’Université sont également responsables en partie de la problématique<br />

de l’échec scolaire des étudiants. Nous souhaitons donc lancer une concertation<br />

avec les enseignants-chercheurs afin de trouver une meilleure utilisation des nouvelles<br />

technologies en cours. Il s’agit d’éviter, par exemple, que des cours magistraux<br />

ne soient en fait qu’une vulgaire lecture à peine expliquée d’un diaporama.<br />

Les contraintes liées au marché du travail poussent de plus en plus d’étudiants bien<br />

avisés à suivre des doubles cursus (« bi-Licences »). Cette pratique ne doit pas être<br />

réservée à une marge d’étudiants, nous proposons donc d’augmenter les bourses pour<br />

les étudiants en double cursus et d’octroyer l’aide au mérite pour les étudiants ayant<br />

validé leur première année de double cursus avec une mention Très Bien dans les deux<br />

parcours.<br />

Afin d’améliorer de manière générale la qualité de l’<strong>enseignement</strong> dans les facultés,<br />

nous proposons plusieurs pistes :<br />

• Lancer une concertation avec des représentants du monde universitaire afin que les<br />

Universités intègrent le développement de compétences pouvant être mise à contribution<br />

dans un emploi, public ou privé.<br />

• Mettre au point un système d’évaluation des équipes pédagogiques des UFR. Celles<br />

qui assureraient au mieux la réussite de leurs étudiants et une bonne insertion au<br />

marché du travail (qu’il soit public ou privé) se verraient octroyer une prime conséquente<br />

à répartir entre les laboratoires de recherche rattachés à cette UFR.<br />

• Octroyer des postes d’enseignants-chercheurs « bonus » aux laboratoires de recherche<br />

universitaire ayant un rayonnement international.<br />

• Proposer des modules d’<strong>enseignement</strong> obligatoires en Anglais dans les cursus où<br />

l’usage de la matière prédomine. Bien que l’<strong>enseignement</strong> soit en Anglais, les étudiants<br />

pourraient librement passer leurs examens écrits ou oraux en Français ou en<br />

Anglais.<br />

Droit à la seconde chance<br />

Notre pays se doit de venir en aide à celles ou ceux ayant quitté précocement notre<br />

système éducatif. En effet, ces personnes n’ont pas bénéficié pleinement de leur droit<br />

fondamental à une formation scolaire complète. Il est du devoir de notre système éducatif<br />

de prendre en charge ces personnes souhaitant reprendre des études afin de leur<br />

ouvrir de nouvelles perspectives professionnelles. C’est un vaste chantier qui nécessite<br />

27


d’abord de lancer une étude sur la généralisation au sein d’établissements scolaires, de<br />

structures de formation de type « cours du soir » en vue de préparer un Baccalauréat,<br />

en plus des GRETA actuels.<br />

Le CNED doit également devenir un vrai service public, et la formation qu’il dispense<br />

rendue gratuite sous des conditions plus larges que celles actuellement.<br />

Notre pays doit également donner la possibilité pour des travailleurs ayant arrêté leurs<br />

études précocement de bénéficier d’une Allocation de Solidarité Formation permettant<br />

le maintien du revenu d’un salarié qui passerait à temps partiel pour pouvoir suivre une<br />

formation. De même, et afin de supprimer certains verrous, il convient de donner la<br />

possibilité aux travailleurs de pouvoir anticiper une démission pour formation en permettant<br />

une inscription anticipée à Pole Emploi. De cette manière, le versement d’allocations<br />

chômage serait garanti une fois la démission effective et la formation lancée.<br />

Enseignement filières professionnelles<br />

Serpent de mer emblématique des faux débats autour de l’<strong>enseignement</strong> en France, le<br />

mal qui touche les voies professionnelles dans notre pays est difficile à cerner, puisque<br />

certains constats peuvent apparaître comme paradoxaux. Ainsi, la demande pour ces<br />

filières n’a jamais été aussi forte, tout comme la sélectivité. Pourtant, ces diplômes<br />

continuent de souffrir d’une dévalorisation bien souvent injuste.<br />

Derrière ces constats paradoxaux se cache une réalité : aujourd’hui, la qualité de l’<strong>enseignement</strong><br />

dans les filières professionnelles est insuffisante, car elles manquent de<br />

concret. De plus, elles n’attirent pas suffisamment les bons élèves, qui ont peut de voir<br />

certaines de leurs perspectives hypothéquées. Nous proposons donc de conduire, dans<br />

la durée (au moins 5 ans), un plan national et cohérent de promotion et de valorisation<br />

des métiers des filières technologies et professionnelles, ainsi que de l’industrie.<br />

Il s’agirait de mieux vanter les métiers préparés, les évolutions professionnelles possibles,<br />

les méthodes pédagogiques, l’approche par les travaux pratiques.<br />

Enfin, nous proposons de créer des filières d’ouvrier artisan d’excellence avec une possibilité<br />

d’internat et de bourses supplémentaires pour les élèves les plus modestes.<br />

Nos propositions pour mieux intégrer l’entreprise dans les formations:<br />

• Le contenu des différentes spécialités et séries technologiques, le nombre de places<br />

disponibles dans ces filières, devraient s’établir par le ministère de l’<strong>Education</strong> Nationale<br />

en collaboration avec des corps d’entreprises.<br />

• Accroître l’autonomie des lycées professionnels, leur permettre de recruter facilement<br />

des experts venus du monde industriel et professionnel, inclure dans le conseil<br />

d’administration de ces lycées des entrepreneurs, cadres et techniciens en activité.<br />

• Systématiser l’alternance en cas d’échec scolaire. L’accompagnement des jeunes<br />

dans leur recherche de stage ou d’alternance en entreprise doit être renforcé.<br />

• Explorer la possibilité d’une année de césure après la troisième, associant un programme<br />

en alternance en entreprises (avec par exemple la possibilité de changer de<br />

‘métier’ tous les quatre mois) et un accompagnement approfondi de l’élève durant<br />

cette année (par exemple avec des cours de remise à niveau ou de consolidation<br />

28


des acquis) avant de poursuivre dans une filière professionnelle, technologique ou<br />

générale.<br />

• Multiplier, si ce n’est rendre obligatoire, des échanges au niveau européen entre<br />

lycées technologiques et professionnels, étudiants en BTS. Créer un Erasmus technologique<br />

et professionnel et un Erasmus de l’apprentissage.<br />

Nos propositions pour plus de flexibilité:<br />

• Rendre plus lisibles et mutliplier les passerelles entre la première générale et la première<br />

technologique ou professionnelle (et vice-versa).<br />

• Permettre aux jeunes travailleurs issus de ces filières et d’un Bac Pro, de pouvoir<br />

bénéficier facilement d’une formation universitaire, même après plusieurs années<br />

passées sur le marché du travail afin de leur offrir une seconde chance s’ils désirent<br />

reprendre leurs études : instaurer un système de bourse et d’aides aux logements<br />

pour ces étudiants, formations en alternance facilitée.<br />

• Revaloriser le BTS, ancienne filière d’excellence professionnelle, afin qu’il puisse<br />

mieux permettre des passerelles vers les Licences professionnelles<br />

• Instaurer des facilités pour les étudiants de Licences professionnelles venant d’un<br />

BTS voulant accéder à un Master professionnel (ces étudiants subissent bien trop<br />

souvent la concurrence des étudiants issus des licences générales).<br />

• Mettre en place des projets transversaux d’ampleur associant universités, IUT,<br />

écoles d’ingénieur et lycées professionels et technologiques sur une ou plusieurs<br />

années. On pourrait imaginer par exemple, la conception, réalisation et fabrication<br />

d’un avion. Un tel projet serait piloté par des étudiants du supérieur et du secondaire<br />

et s’inscrirait dans leur cursus pédagogique (valorisation des matières, orientation<br />

des études vers un but précis, implication des élèves dans leur projet, etc) tout en<br />

permettant aux élèves (tant du secondaire que du supérieur) de mieux comprendre<br />

les métiers et les valeurs propres à chaque filière, et finalement d’estomper les idées<br />

reçues et les barrières entre ces filières.<br />

29


Au coeur<br />

de tout: le corps<br />

enseignant<br />

30<br />

Formation initiale et concours<br />

L’objectif de la formation initiale d’un enseignant (en M1 et M2) doit reposer sur un juste<br />

équilibre entre <strong>enseignement</strong>s didactiques, afin de former des enseignants qualifiés et<br />

compétents, et d’éléments en neurosciences et en psychologie. Cela permettrait aux<br />

futurs enseignants de bénéficier des dernières découvertes pour mieux comprendre les<br />

processus d’apprentissage et de mobilisation<br />

de la mémoire chez les élèves. En assurant une plus grande place aux <strong>enseignement</strong>s<br />

portant sur la connaissance cognitive et motrice de l’élève, nous permettrons à chaque<br />

enseignant apprenant ou titulaire une meilleure préparation à l’<strong>enseignement</strong> en classes.<br />

De manière plus générale, la première des priorités est d’accentuer la professionnalisation<br />

du corps enseignant au travers d’<strong>enseignement</strong>s de thématiques transversales tels<br />

que la gestion de classe, la pédagogie différenciée etc...<br />

Nous proposons également d’étendre la validation de la titularisation d’un enseignant<br />

sur 2 ans. Cette phase de validation serait accompagnée de temps formatifs professionnalisant<br />

conduisant à la validation. L’objectif est d’éviter de faire de la titularisation une<br />

année couperet, souvent extrêmement stressante pour les enseignants et particulièrement<br />

peu formatrice, en plus d’être aléatoire quant à son déroulement, en fonction du<br />

tuteur dont bénéficie le fonctionnaire stagiaire.<br />

Nous proposons également de diversifier le recrutement d’<strong>enseignement</strong>s à travers<br />

deux voies d’accès au métier : une voie universitaire et une voie par concours repartie<br />

de façon égale (50-50).<br />

Création d’une voie universitaire pour accéder aux métiers liés à l’<strong>enseignement</strong><br />

Cette voie universitaire commencerait dès la deuxième année après l’obtention du baccalauréat<br />

par un concours d’entrée sur connaissances. Ce cursus se déroulerait en 4<br />

années et reprendrait le modèle des parcours « <strong>enseignement</strong> » avec des stages dans<br />

des établissements ainsi qu’une formation disciplinaire et pédagogique classique.<br />

Les années Licence 2 et 3 s’articuleraient autour de cours et de stages en établisse-


ments avec l’assistance d’enseignants.<br />

En Master 1, un semestre serait dédié à un stage de co-intervention avec un enseignant<br />

qualifié pendant que l’étudiant suivra des cours à l’Université au deuxième semestre.<br />

En Master 2 : 1 an de stage en établissement en co-intervention, avec des cours en<br />

parallèle ainsi que deux mémoires à rédiger (un mémoire disciplinaire et un mémoire<br />

pédagogique) avec soutenance orale à préparer.<br />

La validation de la titularisation d’un enseignant s’étendrait là aussi sur 2 ans. Cette<br />

phase de validation serait accompagnée de temps formatifs professionnalisant conduisant<br />

à la validation.<br />

Diversifier la formation et le<br />

recrutement des professeurs<br />

31


Valoriser l’expérience sur le<br />

terrain en facilitant la<br />

titularisation des contractuels et<br />

en allongant la durée du stage<br />

pour le rendre formateur<br />

A cette voie universitaire s’ajouterait deux types d’admission par<br />

concours :<br />

Enseignants du secondaire<br />

Pour les disciplines disparues, les concours de recrutement seront maintenus, charge<br />

aux chefs d’établissements d’intégrer ce personnel aux <strong>enseignement</strong>s interdisciplinaires<br />

proposés dans l’établissement. Seule exception : la Technologie, remplacée par<br />

un concours de recrutement d’enseignants en Informatique.<br />

Remarque : cette nouvelle formule garantirait, en outre, aux candidats libres une année<br />

de décalage entre les épreuves d’admissibilité et les épreuves d’admission, afin<br />

de permettre à l’étudiant d’étendre sa formation notamment en vue des oraux ou de<br />

bénéficier d’une expérience en tant que contractuel<br />

Enseignants contractuels<br />

(2 années d’expérience<br />

cumulées sur 5 ans)<br />

Candidats libres<br />

Enseignants du primaire<br />

Plusieurs évaluations des<br />

capacités pédagogiques.<br />

Un contrôle des connaissances,<br />

remplaçant le<br />

CAPES réservé actuel.<br />

CAPES, Agrégation, CAPLP,<br />

CAER, CAFEP externes ou<br />

internes.<br />

Sélection sur classement.<br />

Titularisation immédiate.<br />

Sélection sur classement.<br />

Titularisation après deux<br />

ans de stage.<br />

Le recrutement des enseignants du primaire suivrait les même modalités que l’<strong>enseignement</strong><br />

secondaire. Nous espérons que la revalorisation salariale du métier (voir nos<br />

propositions sur la rémunération des enseignants) permettra de garantir un meilleur<br />

recrutement pour nos écoles primaires, notamment du point de vue des barres d’admissibilité.<br />

Candidats libres<br />

CRPE externe ou interne.<br />

Sélection sur classement.<br />

Expérience en tant que<br />

contractuel pendant un<br />

an (entre l’admissibilité et<br />

l’admission). Titularisation<br />

après deux ans de stage.<br />

32<br />

Enseignants contractuels<br />

(2 années d’expérience<br />

cumulées sur 5 ans)<br />

Plusieurs évaluations des<br />

capacités pédagogiques.<br />

Un contrôle des connaissances<br />

Sélection sur classement.<br />

Titularisation immédiate.


Formation continue<br />

La formation continue serait rendue obligatoire pour tous les enseignants. Ces derniers<br />

auront la liberté de choisir les formations qu’ils souhaitent suivre. Le suivi de ces formations<br />

fera l’objet d’évaluations qui permettront une notation plus juste en complément<br />

des inspections classiques en classe.<br />

La première année de l’enseignant titulaire devra s’accompagner d’une formation spécifique<br />

au 1er terrain d’<strong>enseignement</strong>. Ainsi, un enseignant débutant sa carrière sur un<br />

territoire exigeant, devra être préparé et former à ces conditions spécifiques d’<strong>enseignement</strong>.<br />

Nous proposons également la mise en place de formations continues tous les 3 ans sur<br />

des thématiques précises comme la gestion en lien avec la Vie Scolaire des problèmes<br />

de discipline, la conduite d’entretien avec les parents, le décryptage des textes législatifs<br />

sur l’Enseignement, l’utilisation de nouvelles technologies etc. Ces formations<br />

auraient lieu en dehors hors du temps scolaire et seraient organisées en bloc de plusieurs<br />

journées, avec un alignement des statuts des enseignants du 1er et 2nd degré<br />

concernant la formation continue afin de permettre des temps de formation communs.<br />

Rôle et autorité de l’enseignant<br />

Afin de réhabiliter les principes républicains d’égalité et de faciliter le travail pédagogique<br />

des enseignants mais également de favoriser une ambiance propice au travail en<br />

classe, nous proposons :<br />

• La mise en place de partenariats entre enseignants et éducateurs spécialisés dans<br />

les zones territoriales exigeantes, et ce dès le primaire.<br />

• L’échelonnement du temps de travail des enseignants en fonction de la difficulté de<br />

l’établissement où ils se trouvent.<br />

• Rétablir l’autorité des enseignants en leur octroyant davantage d’autonomie, notamment<br />

dans la gestion de classe et l’exclusion des élèves turbulents.<br />

• Permettre aux enseignants d’envoyer un élève en conseil de discipline si l’équipe<br />

pédagogique vote cette décision en conseil de classe.<br />

• En finir avec la sur-medicalisation des problèmes comportementaux des enfants, revenir<br />

à des approches plus rationnelles (prise en charge personnalisée ou en groupes<br />

très réduits dans des établissements spécifiques).<br />

• Instauration d’établissements spécifiques sur tout le territoire. Certains collèges,<br />

avec internat par exemple, serraient désignés comme tels. Ils conserveraient leur<br />

mission d’origine, comme tout collège en France mais seraient dotés de moyens<br />

supplémentaires pour assurer la prise en charge d’enfants avec des difficultés médico-psychologiques.<br />

Cela assurerait une forme de mixité, tout en contribuant à la<br />

prise en charge d’enfants en difficultés dans des conditions adaptées, avec un personnel<br />

formé.<br />

33


34<br />

Évolution de carrière<br />

L’avancement de carrière sera indexé sur les notes positives de l’enseignant en formation<br />

et en inspection.<br />

Perspectives de promotion interne :<br />

nos propositions de remodelage de l’agrégation interne.<br />

L’agrégation interne serait obtenue de droit, pour :<br />

• les candidats titulaires ayant été reçus 3 fois à l’écrit de l’agrégation externe ;<br />

• les candidats non-titulaires cumulant 2 années d’expérience sur cinq ans et ayant<br />

été reçus 3 fois à l’écrit de l’agrégation interne ;<br />

• parmi les 5 % mieux classés (échelle nationale) de l’évaluation couplée formation +<br />

inspection, ceux qui ne seraient toujours pas agrégés ;<br />

• les enseignants titulaires depuis 5 ans qui sont diplômés d’un doctorat.<br />

A cette obtention de droit s’ajouterait une obtention sur concours interne, classique.<br />

Nous proposons en outre un remodelage de l’agrégation sur liste d’aptitude permettant<br />

de promouvoir les enseignants publiant régulièrement du contenu pertinent et actualisé<br />

sur Internet<br />

Concernant la rémunération des enseignants, le traitement des enseignants étant inférieur<br />

à la moyenne des pays de l’OCDE, l’instauration du concept « d’agrégation de droit<br />

» permettrait d’augmenter sensiblement le traitement moyen des enseignants. Compte<br />

tenu de l’augmentation de la charge horaire globale des équipes pédagogiques avec<br />

l’instauration des <strong>enseignement</strong>s d’éveil et interdisciplinaires, il convient d’augmenter<br />

progressivement le traitement salarial des enseignants chaque année pour en arriver<br />

à un différentiel compris entre +30 et +50% par rapport à la rémunération actuelle.<br />

Cette mesure sera en partie financée par les économies réalisées par la fermeture des<br />

établissements de taille trop restreinte.<br />

Cette augmentation de la rémunération s’accompagnera d’une augmentation du temps<br />

de travail des enseignants. Le service hebdomadaire pourrait ainsi être relevé jusqu’à<br />

25 heures par semaine.<br />

Concernant les enseignants du primaire, cette évolution des salaires s’appliquerait sans<br />

contrepartie notable. Nous estimons que le métier est déjà très exigeant et difficile,<br />

pour le travail inestimable d’aiguiller les jeunes élèves vers la réussite dans le secondaire.<br />

A propos du chômage des personnels non-titulaires, de nombreux cas connaissant des<br />

difficultés dans le versement de leurs allocations chômage ont été recensés. Il est inacceptable<br />

que des personnels non-titulaires intervenant au sein d’établissements scolaires<br />

et ayant besoin d’un statut et d’une autorité, soient traités comme des salariés<br />

de seconde zone. A l’avenir, l’État devra se montrer irréprochable dans ce domaine et<br />

devra se porter garant de la prise en charge décente des personnels non-titulaires, que<br />

ce soit dans le traitement de leur chômage mais aussi de leur rémunération.


CONCLUSION<br />

La situation de l’<strong>enseignement</strong> dans notre pays fait l’objet de<br />

nombreux débats. Au travers de ce dossier, nous avons avant<br />

tout souhaité ouvrir des perspectives de réflexion, des pistes<br />

de travail afin de rattraper le retard considérable de notre pays.<br />

La comparaison avec d’autres pays européens est parfois pertinente,<br />

mais ce sont surtout les études internationales qui<br />

doivent primer, compte tenu de la faiblesse des pays européens<br />

en général dans ces études. De fait, harmoniser les systèmes<br />

éducatifs en Europe n’a pas forcément d’intérêt, et la<br />

France, de par ses valeurs républicaines et son système social<br />

avancé se doit de réussir afin de proposer un modèle pour<br />

l’Europe face aux défis qui nous attendent dans le monde des<br />

prochaines décennies.<br />

Ce projet pour l’école, que nous portons, demande des moyens<br />

considérables. Cependant, contrairement à l’idée reçue, notre<br />

pays a les moyens de telles ambitions. En effet, nous sommes<br />

loin d’être le pays qui, en proportion de son PIB, dépense le plus<br />

pour l’<strong>Education</strong> : ainsi avec 5.9% du PIB en 2010, la France<br />

est loin derrière des pays comme le Danemark, l’Islande, la Finlande<br />

et l’Irlande, avec respectivement 8.75%, 7.8%, 6.5%.<br />

Une simple mise à niveau pour rejoindre ces pays nous donnerait<br />

largement les moyens de porter des propositions ambitieuses,<br />

encore plus si nous nous donnons les moyens de faire<br />

des économies dans d’autres postes de dépenses. La génération<br />

qui subira de plein fouet les conséquences de 30 ans de<br />

mauvaise gestion budgétaire vaut bien ces sacrifices. Il en va<br />

de l’honneur de notre nation toute entière.<br />

Nous avons donc avant tout souhaité, par nos idées, proposer<br />

un modèle de civilisation pour notre pays et l’Europe en vue du<br />

XXIème siècle qui sera marqué par une révolution technologique<br />

et de la connaissance qui rebattra totalement les cartes<br />

au sein des puissances qui dominent le monde actuel.<br />

20 35


Nos propositions<br />

pour une Éducation<br />

Sociale<br />

36<br />

Dans le cadre d’un travail de réflexion engagé au deuxième semestre de l’année 2015,<br />

les Jeunes Forces Démocrates - UDI ont engagé un travail de fond en vue de porter<br />

un projet innovant et pragmatique pour la prochaine élection présidentielle. A cet<br />

effet, nous avons cherché à actualiser l’héritage idéologique de la démocratie sociale<br />

pour le faire correspondre aux réalités actuelles. Nous avons souhaité intégrer les<br />

deux articles écrits sur « l’éducation sociale » car ils apportent un éclairage supplémentaire<br />

pour ce dossier.<br />

QUEL PROJET POUR UNE<br />

ÉDUCATION SOCIALE ?<br />

Confrontés au cloisonnement social de notre société, peu de ressorts permettent de<br />

relancer la machine intégration sociale. Toute ambition pour remettre en marche cette<br />

machine passerait nécessairement par une réflexion autour de l’éducation. En effet,<br />

notre système éducatif fait face à de nombreux dysfonctionnements. En premier lieu,<br />

les décisions prises ces dernières décennies suivent toutes la même tendance : les<br />

décideurs ont systématiquement souhaité placer l’enfant «au centre de l’école». Derrière<br />

ces bonnes intentions s’est concrétisée une politique vectrice d’inégalités : moins<br />

de culture générale, moins de stimulation intellectuelle, au profit prétendait-t’on d’un<br />

supposé épanouissement individuel. De même, le maintien à tout prix du collège<br />

unique a considérablement compliqué la prise en charge des élèves en décrochage<br />

scolaire, particulièrement ceux présentant des troubles de l’attention, alors que leur<br />

incidence a considérablement augmenté ces dernières années. (1)<br />

Ces dysfonctionnements ont progressivement conduit à un creusement flagrant des<br />

inégalités sociales. Plus les études internationales s’accumulent, plus elles démontrent<br />

systématiquement que notre pays est l’un des plus inégalitaires en matière d’éducation,<br />

et donc socialement. C’est lorsque l’on s’intéresse à ceux qui ont vraiment besoin<br />

de l’école que les problèmes commencent réellement à se faire sentir. Comme<br />

le montre la dernière étude PISA, il est dit que « le système d’éducation français<br />

est plus inégalitaire qu’il ne l’était il y a 9 ans » (2), et ce malgré les nombreux programmes<br />

ZEP, ECLAIR etc. qui furent mis en place à coup de grandes campagnes de<br />

communication. A propos des politiques d’intégration, le constat est encore plus sévère,<br />

puisque « les élèves issus de l’immigration accusent des scores inférieurs de 37


points, soit presque l’équivalent d’une année d’études (contre 21 points en moyenne<br />

dans les autres pays de l’OCDE) ». Face ces problèmes, il est urgent de repenser<br />

notre système éducatif autour d’une mission d’éducation sociale.<br />

Notre choix de se focaliser en priorité sur l’éducation n’est pas anodin. Dans notre tradition<br />

de démocrates sociaux, l’aspiration vers une justice sociale et la réduction des<br />

inégalités font partie intégrante de notre doctrine politique. Dans cette optique, l’éducation,<br />

et en particulier l’<strong>Education</strong> Nationale jouent un rôle capital car elle constitue<br />

le ciment de notre société actuelle et future. A ce titre, l’école prend une place centrale<br />

car elle est le premier facteur de justice sociale et de réduction des inégalités<br />

dans le sens où elle garantie à chacun la possibilité d’une ascension sociale. En effet,<br />

l’école inculque à chaque individu des valeurs et des codes communs à l’ensemble<br />

de la société, mais offre également un savoir commun et la possibilité à chacun de<br />

décider et d’agir librement, peu importe son milieu d’origine. C’est pour cela que les<br />

Jeunes Forces Démocrates considèrent que l’éducation est le principal levier sur lequel<br />

il est impératif d’agir, car son action touchera non seulement un maximum de personnes<br />

mais ses conséquences seront les plus durables et profitables.<br />

« Dans notre tradition<br />

de démocrates sociaux, l’aspiration<br />

vers une justice sociale et la<br />

réduction des inégalités font partie<br />

intégrante de notre doctrine<br />

politique. Dans cette optique,<br />

l’éducation, et en particulier<br />

l’<strong>Education</strong> Nationale jouent un rôle<br />

capital car elle constitue le ciment<br />

de notre société actuelle et future. »<br />

Dans ce sens, nous proposons ici de repenser notre système éducatif autour de deux<br />

axes. Premièrement, prendre le parti pris de proposer une nouvelle vision de l’éducation,<br />

une “éducation sociale” qui serait synonyme d’intégration et de mobilité sociale.<br />

Deuxièmement, inscrire notre projet éducatif dans une réflexion plus large autour de<br />

notre système redistributif pour permettre une réelle justice sociale.<br />

Défendre une nouvelle vision de l’éducation: l’éducation sociale<br />

Vouloir l’éducation sociale, c’est nécessairement être en rupture avec la politique qui<br />

est menée depuis de nombreuses années. Il est à noter que le problème n’est pas<br />

cantonné à la France, et se révèle plus global. Ainsi, au Canada, Normand Baillargeon,<br />

professeur en Sciences de l’<strong>Education</strong>, a récemment fait parler de lui en écrivant une<br />

37


38<br />

tribune dans le quotidien “Le Devoir”(3) où il attaque avec virulence les réformes sur<br />

l’éducation entreprises dans son pays sous l’inspiration de chercheurs en pédagogie<br />

qui forment, d’après lui “un milieu relativement fermé, composé de gens qui restent<br />

entre eux et qui disposent néanmoins, avec le ministère, d’un énorme pouvoir sur<br />

l’adoption des politiques publiques”. Il enfonce ensuite le clou en dénonçant le fait<br />

qu’il existe “au Québec, en éducation, une sorte de cercle fermé s’apparentant à une<br />

nomenklatura qui rend extrêmement difficile non seulement l’expression de positions<br />

critiques ou dissidentes, mais aussi une sorte d’impartialité informée devant ce qui<br />

est avancé.” De manière plus générale, Normand Baillargeon dénonce le manque total<br />

de travail scientifique derrière les théories pédagogiques en vogue, et ironise même<br />

; “le succès de la réforme, s’il avait eu lieu, aurait constitué un véritable événement<br />

qui aurait amené nombre de chercheurs au fait de la littérature scientifique et philosophique<br />

pertinente à se pencher sur ce singulier cas du Québec, qui aurait à leurs yeux<br />

été une sorte d’énigme à résoudre. Ce ne fut pas le cas.” Ce problème est également<br />

présent en France, et s’est particulièrement manifesté par la réforme des rythmes<br />

scolaires où une caste de “scientifiques”, chronobiologistes en tête, ont imposé aux<br />

professeurs des écoles et aux élèves une réforme fortement contestée par l’ensemble<br />

des acteurs : parents, enseignants, et même élèves. Au delà des conflits politiques,<br />

c’est avant tout un conflit de fond sur une question simple : comment enseigner et<br />

penser l’école ?<br />

Vouloir une éducation sociale c’est donc s’affranchir des faux débats et s’inspirer<br />

d’une étude rigoureuse et honnête du terrain. Il ne s’agit pas d’opposer, comme on<br />

a pu le voir ces derniers mois, “républicains” et “modernistes”, mais plutôt de penser<br />

l’éducation comme vecteur de cohésion et justice sociale, quelque soient les moyens<br />

entrepris, avec pour principal objectif de permettre aux élèves et aux étudiants de<br />

s’épanouir dans la société actuelle. Cela suppose (A) un <strong>enseignement</strong> rigoureux permettant<br />

de stimuler les capacités intellectuelles et donc de vivre dans un monde où<br />

l’innovation occupe une grande part dans l’économie, mais aussi (B) une initiation à la<br />

vie en société, avec une transmission de codes, d’usages et de pratiques sociales qui<br />

fondent notre communauté. C’est donc une vision fort différente de celle des “républicaïstes”<br />

qui fonde notre projet d’une éducation sociale. Cette volonté d’une éducation<br />

sociale s’inscrit par ailleurs dans un corpus de valeurs qui nous est propre qui allie<br />

justice sociale et redistribution.<br />

« Vouloir une éducation sociale c’est<br />

donc s’affranchir des faux débats et<br />

s’inspirer d’une étude rigoureuse et<br />

honnête du terrain. »<br />

L’éducation au centre de notre système de redistribution<br />

S’agissant de la redistribution, le système français consiste aujourd’hui à redistribuer<br />

chaque année la moitié de la richesse nationale créée pour la reverser sous la forme<br />

monétaire ou de services publics (santé, éducation logement etc.). Si la France fait<br />

partie des pays riches où les inégalités sont les plus faibles avec un coefficient de<br />

Gini de 0,29 (4), la situation devient pour autant de plus en plus alarmante. En effet,<br />

le creusement des inégalités se fait désormais par le bas, s’expliquant par une


aisse des revenus observable. Alors même que notre système redistributif est censé<br />

palier ces inégalités, certains de nos leviers principaux semblent aujourd’hui ne plus<br />

fonctionner. C’est le cas de notre système éducatif qui devient de plus en plus inégalitaire,<br />

et c’est là que réside notre démarche. Nous souhaitons en effet inscrire notre<br />

réflexion sur l’éducation dans une réflexion autour des moyens de réduction des inégalités<br />

sociaux.<br />

Cette notre volonté de repenser le système éducatif français est double. Premièrement<br />

parce que la justice sociale fait partie intégrante de notre ADN politique. En<br />

effet, nous souhaitons profondément faire en sorte que les différences matérielles<br />

soient au minimum un facteur rédhibitoire de mobilité sociale. C’est en ça que notre<br />

système éducatif peut jouer un rôle primordial, car il permet de compenser les handicaps<br />

de départ au lieu de les conforter, tout en permettant aux talents de s’exprimer<br />

sans que des contraintes financières viennent contrecarrer leurs projets et leurs ambitions.<br />

Mais nous souhaitons également repenser le système éducatif français, parce<br />

que la répartition des richesses doit pouvoir trouver une réponse dans une société de<br />

liberté et d’initiative. Nous devons ainsi réfléchir à la manière dont les richesses nationales<br />

doivent être utilisées et c’est pour cela que nous voulons deuxièmement inscrire<br />

notre réflexion sur le système éducatif en France dans une démarche de réflexion<br />

autour de l’efficacité des services publics en France.<br />

Un projet pour une éducation sociale<br />

Pour les Jeunes Forces Démocrates, repenser notre système éducatif doit se traduire<br />

par une nouvelle vision de l’éducation, une “éducation sociale” qui serait synonyme<br />

d’intégration et de mobilité sociale mais aussi s’inscrire dans une réflexion plus large<br />

autour notre système redistributif pour permettre une réelle justice sociale. L’éducation<br />

sociale telle que nous la concevons doit avant tout cibler les élèves en situation<br />

de vulnérabilité sociale, notamment les enfants de travailleurs pauvres, de chômeurs<br />

ou encore de familles monoparentales. En effet, l’environnement familial constitue un<br />

vecteur considérable d’inégalités scolaires, et particulièrement au sein des familles<br />

monoparentales (5). Notre République doit venir en aide à ces familles qui subissent<br />

de plein fouet le chômage, la précarité ou encore la mise à l’écart de la valeur “éducation<br />

nationale”. Ces profonds changements sociétaux n’ont pas été accompagnés<br />

d’une réflexion de fond sur les conséquences néfastes de ces évolutions, et c’est pour<br />

cela que notre système éducatif et plus généralement nos services publics doivent<br />

s’adapter.<br />

Notre République doit donc être plus présente aux côtés de ces enfants issus de milieux<br />

défavorisés, en leur proposant un suivi ainsi que des programmes éducatifs<br />

mieux répartis dans la semaine, et ce en sus des cours classiques, qui allieront accompagnement,<br />

épanouissement et enrichissement intellectuel.<br />

Cibler les inégalités, c’est accepter que notre système éducatif puisse échouer à<br />

certains moments, et qu’au lieu de vouloir obstinément tendre vers une perfection<br />

impossible à atteindre, pour des coûts trop souvent déraisonnables, il vaille mieux<br />

allouer les ressources nécessaires pour offrir un vrai programme de seconde chance<br />

à ceux qui ont été laissés de côté par notre système scolaire. Assumer cette réalité,<br />

c’est nous donner les moyens de disposer d’écoles de la seconde chance qui seront<br />

demain citées en exemple dans le monde. L’éducation n’est pas une dépense, c’est un<br />

investissement sur l’avenir pour notre société, c’est un investissement social.<br />

En outre, l’école ne doit en aucun cas négliger l’entrée dans la vie professionnelle.<br />

39


40<br />

La qualité de nos formations doit donc évoluer, et se baser davantage sur ce qui se<br />

fait dans le monde professionnel. L’apprentissage devra être plus fidèle à la réalité et<br />

devra s’affranchir de contraintes qui peuvent interférer avec la découverte de métiers<br />

(6).<br />

Enfin, nous devrons engager des réformes structurelles sur notre système éducatif,<br />

car les enseignants sont parfois trop peu nombreux dans certaines matières, mal<br />

payés par rapport à la moyenne des pays développés (7). L’<strong>enseignement</strong> professionnel<br />

doit également offrir plus de places disponibles si l’on souhaite mettre fin à l’hypocrisie<br />

de notre système qui fait subir une orientation non-choisie à nombre d’élèves<br />

en fin de collège.<br />

NOS PROPOSITIONS<br />

POUR UNE<br />

ÉDUCATION SOCIALE<br />

Aussi surprenant qu’on puisse le penser, nous sommes déjà au crépuscule du XXIème<br />

siècle et avec lui le sort de la France scellé. Non pas parce que les nombreuses années<br />

qui restent doivent être quantité négligeable, mais parce que la vélocité avec<br />

laquelle elle passeront sera prodigieuse, compte tenu des progrès technologiques.<br />

En premier lieu, le développement de l’informatique et de la robotique permet à des<br />

pays technologiquement avancés de sublimer leur avantage déjà acquis, et d’accroître<br />

leur productivité. Ensuite, parce que la généralisation d’internet rend le savoir universel,<br />

et que la pérennité d’un avantage technologique s’en trouve par conséquent<br />

considérablement amoindrie. Il apparaît évident que les années qui vont suivre ne seront<br />

que succession de découvertes technologiques, et que les nations qui compteront<br />

dans le monde de demain seront celles qui posséderont la capacité d’innover frénétiquement,<br />

grâce au travail, à l’inspiration voire au génie de quelques uns.<br />

L’ardent développement de ces pays reposera sur une fondation bien solide : l’école.<br />

Il semble dès lors évident que notre pays ne fera pas partie de ceux qui compteront<br />

dans les prochaines années, tant notre système éducatif est défaillant, et tant notre<br />

pays se montre incapable de convaincre les jeunes de rester en France. Nous avons<br />

précédemment dressé un constat sévère de notre système éducatif. Ce constat s’appuie<br />

avant tout sur les remontées venant du terrain, de la lecture de sites ou blogs<br />

tenus par des acteurs du monde de l’éducation ou encore de l’analyse des différentes<br />

études internationales, PISA notamment, qui ont le mérite de chiffrer de manière<br />

claire le lent déclin de notre système éducatif.<br />

Face à ces problèmes, les Jeunes Forces Démocrates-UDI ont publié cet été ce dossier<br />

dont le but était de lancer les bases de réflexions d’une refonte de notre système<br />

éducatif. Nous avons reçu de nombreux témoignages, parfois critiques, mais toujours<br />

constructifs et enrichissants. Mais il était nécessaire d’aller plus loin, notamment sur<br />

les volets du décloisonnement de notre société ainsi que la mobilité sociale, deux<br />

thèmes qui nous sont chers.<br />

Vouloir décloisonner notre société, c’est également disposer d’un système éducatif


qui permette à chaque jeune de trouver sa place dans le monde de demain. Derrière<br />

ces paroles répandues dans les discours politique, se cache une concrétisation difficile<br />

à réaliser sur le terrain, tant les blocages sont nombreux. Pourtant, il est plus qu’urgent<br />

d’agir, si nous voulons que la France compte demain, et que notre pays soit cité<br />

en exemple pour la mobilité sociale dont bénéficie chacun de ses citoyens. Nous ne<br />

gagnerons le combat des valeurs que si nous sommes en capacité de les concrétiser<br />

dans la réalité.<br />

Face à cette ambition, nous proposons quatre axes de réflexion : sur l’école primaire,<br />

là où tout se joue, sur l’<strong>enseignement</strong> secondaire où doivent se poser les questions de<br />

la prise en charge des élèves en difficulté, sur le contenu de la formation en lui-même<br />

et enfin sur l’instauration d’un vrai droit à la seconde chance, auquel chaque citoyen<br />

pourrait prétendre s’il l’estime nécessaire.<br />

L’école primaire : moment clef pour l’élève<br />

Le système éducatif élémentaire constitue un instant clef pour beaucoup d’élèves.<br />

C’est au sein des écoles primaires que, bien souvent, en quatre ans seulement, se<br />

joue la vie de nos futurs élèves. C’est aussi le moment où se creusent les écarts.<br />

Tout d’abord, les professeurs jouent un rôle primordial durant ces années, et même si<br />

nul ne le conteste aujourd’hui, force est de constater que leur importance a considérablement<br />

diminué ces dernières années, pour des raisons précises. En premier lieu,<br />

parce que les professeurs des écoles sont de moins en moins à l’aise dans l’exercice<br />

de leur mission. Il convient donc de lancer une réflexion autour de leur rémunération,<br />

compte tenu de leurs conditions de travail souvent difficiles. Même si ces propositions<br />

font l’objet d’un consensus de plus en plus large, elles peinent à se concrétiser. Pire<br />

encore, on tend trop souvent à minimiser la pression toujours plus grande à laquelle<br />

font face les professeurs des écoles. Ils doivent donc être accompagnés dans la mise<br />

en place de leurs activités par les mairies et soutenus par leur hiérarchie, qui devra<br />

-entre autres- veiller à assurer leur formation continue.<br />

« L’implication du RASED à l’école<br />

primaire devrait être plus grande »<br />

Si les enseignants sont davantage impliqués et soutenus, ils doivent aussi bénéficier<br />

d’un cadre plus propice à la progression des élèves. Dans ce sens, la réforme des<br />

rythmes scolaires doit être abrogée, tant elle suscite l’opposition de tous les acteurs<br />

de la communauté éducative. Le déroulement des cours sur l’année doit permettre la<br />

maîtrise des savoirs fondamentaux (lire, écrire, compter) pour un maximum d’élèves.<br />

Afin d’accompagner les élèves en difficulté, l’<strong>Education</strong> Nationale dans son ensemble<br />

doit lancer un vaste chantier de réflexion autour du Réseau d’aide spécialisée aux<br />

élèves en difficulté (RASED) dont le rôle a été amoindri ces dernières années alors<br />

qu’au contraire, leur implication à l’école primaire devrait être plus grande. Cela supposerait<br />

également la mise en place de mécanismes d’évaluation et de formation des<br />

membres de ces structures.<br />

Pour rendre l’école encore plus efficace, il est nécessaire qu’il y ait une implication<br />

bien plus grande des parents dans la scolarité de leurs enfants. Bien sûr, cela ne<br />

doit pas passer, hors cas exceptionnels, par de l’ingérence dans le travail des enseignants<br />

mais plutôt dans un partenariat. Ce partenariat consisterait à garantir à l’enfant<br />

des dispositions de travail lors des cours, mais aussi à la maison. Bien trop sou-<br />

41


42<br />

vent, nombre d’élèves se montrent peu vaillants dans leur travail, et font preuve d’un<br />

manque flagrant d’autonomie. Alors que face à ces problèmes, l’opinion commune<br />

pourrait appeler l’enseignant à trouver des solutions, sur le terrain ces solutions se<br />

font souvent au détriment de la prise en charge des élèves en grande difficultés. En<br />

effet, les enseignants perdent souvent du temps à mettre fin aux bavardages, lire les<br />

énoncés, motiver les élèves. Des solutions doivent donc être trouvées en dehors des<br />

salles de cours.<br />

La prise en charge des élèves en difficulté dans l’<strong>enseignement</strong> secondaire<br />

Il peut arriver que l’<strong>enseignement</strong> primaire soit incapable, après de nombreux dispositifs<br />

mis en place, de permettre à un élève de surmonter ses grandes difficultés. La<br />

tendance ces dernières années consiste à surmédicaliser ces problèmes, derrière des<br />

qualificatifs appartenant à la famille des Troubles de déficit de l’attention / hyperactivité<br />

(TDAH) alors que leur existence scientifique est encore sujette à controverses.<br />

De même, la prescription de médicaments avec des effets sur long terme peu connus<br />

tend à se répandre comme une solution commode face aux difficultés scolaires de<br />

certains enfants.<br />

Notre société doit trouver des solutions alternatives, qui s’inscrivent davantage dans<br />

l’intérêt des enfants. En premier lieu, le rôle des Auxiliaires de Vie Scolaire doit être<br />

renforcé (AVS). Cela passe tout d’abord par leur recrutement. Aujourd’hui, les AVS<br />

sont recrutés soit par CDD, soit par Contrat Unique d’Insertion (CUI/CUE), ce qui<br />

induit une précarité qui, d’une part rend instable les effectifs, et d’autre part fait qu’il<br />

est impossible de mettre en place des formations continues.<br />

« Le rôle des AVS doit être renforcé<br />

et leur statut moins précaire »<br />

Le rôle des AVS ainsi renforcé, les enseignants doivent également pouvoir mieux<br />

prendre en charge les élèves en grande difficulté. Cela passe là encore par une meilleure<br />

formation des enseignants avec, comme nous l’avions évoqué dans notre dossier,<br />

l’intégration dans la formation initiale de modules de neurosciences et de psychologie,<br />

scientifiques et techniques, dépourvus de vernis idéologique. Cette formation<br />

doit également se poursuivre tout au long de la carrière des enseignants, sous forme<br />

de séminaires sur une ou plusieurs journées.<br />

Enfin, de manière à faciliter la prise en charge des élèves en difficulté, les établissements<br />

doivent être incités à mettre en place des classes avec un niveau plus homogène<br />

pour mieux cibler les besoins des élèves. Une telle politique permettrait de moduler<br />

les effectifs de chaque classe en fonction des besoins des élèves, garantissant<br />

un <strong>enseignement</strong> plus personnalisé pour les élèves en difficulté, à la manière de l’Accompagnement<br />

Personnalisé (AP).<br />

L’accès à un <strong>enseignement</strong> de qualité pour tous<br />

La prise en charge des élèves en difficulté doit constituer la priorité des nouvelles politiques<br />

éducatives à mener. Cependant, comme nous l’avons vu dans l’introduction, la<br />

finalité de toute réforme doit être claire : repenser notre système éducatif pour revoir<br />

à la hausse son efficacité, en terme de volume de connaissances et de compétences<br />

transmises aux enfants, de sorte à combler le retard de notre pays, notamment par<br />

rapport à l’Asie du Sud-Est, partie du monde érigée en modèle dans le dernier classe-


ment PISA (2012).<br />

Pour concrétiser ces objectifs, notre pays doit poser un débat de société. En effet,<br />

nous pensons que la place de l’école doit être plus grande dans la construction des<br />

enfants, et ce pour plusieurs raisons, la principale étant que les inégalités se creusent<br />

principalement non pas à l’école, mais surtout à la maison. Plusieurs raisons expliquent<br />

cela : tout d’abord la précarité affective qui touche certains enfants, et que<br />

nous avions abordé dans notre précédent article. De même, l’accès à des activités<br />

périscolaires est en général beaucoup plus délicat pour les familles en situation de<br />

précarité financière.<br />

Une réforme des rythmes scolaires dans le secondaire s’impose donc. Il serait intéressant<br />

de concevoir trois temps scolaires : le premier de 8h30 à 12h30, avec des cours<br />

classiques, le second de 14h à 16h, avec des cours classiques mélangés à des travaux<br />

de groupes, et enfin un troisième temps scolaire, de 16h à 19h pouvant être utilisé<br />

comme “marge” pour des ateliers autour de l’éveil, avec les arts plastiques, de la musique,<br />

du théâtre, ou encore des ateliers scientifiques sous forme de TP. On pourrait<br />

ainsi imaginer des élèves qui auraient, en plus de leurs heures de Physique-Chimie<br />

et de Sciences de la Vie et de la Terre, 3h par semaine de Travaux Pratiques, ce qui<br />

consoliderait grandement le bagage scientifique des élèves.<br />

Cette offre ne peut être qu’enrichie avec les sections bilangues et les options comme<br />

le latin, voilà pourquoi les Jeunes Forces Démocrates-UDI appellent à leur maintien.<br />

Cet appel est d’autant plus justifié que sur le terrain, les inégalités se creusent entre<br />

l’<strong>enseignement</strong> public et l’<strong>enseignement</strong> privé, ce dernier conservant bien souvent<br />

ces dispositifs, considérés à tort comme “élitistes”. Toujours sur la réforme du Collège<br />

présentée par le gouvernement actuel, nous considérons que les Enseignements Pratiques<br />

Interdisciplinaires (EPI) et l’AP -que nous proposions déjà dans notre dossier–<br />

doivent être ajoutés en plus des cours actuels, alors que le projet du gouvernement<br />

prévoit d’amputer l’horaire des disciplines classiques pour y intégrer ces <strong>enseignement</strong>s,<br />

ce qui s’assimile à un procédé douteux destiné à imposer des méthodes de<br />

travail -n’ayant jamais fait leur preuve scientifiquement- aux enseignants, en dépit<br />

des textes qui sacralisent une certaine forme de liberté pédagogique chez les enseignants.<br />

Enfin, nous appelons à une réflexion autour du Français. Doit-on en effet mélanger<br />

étude de la langue et littérature ? L’évolution ces dernières années est claire, et voulue<br />

par les gouvernements successifs : moins de grammaire, moins de conjugaison,<br />

plus de littérature et d’expression, au point aujourd’hui que les élèves ont de plus<br />

en plus de mal à rédiger des phrases correctes. Voilà pourquoi nous proposons de<br />

scinder la discipline du français, entre des cours d’étude de la langue (Linguistique<br />

française) et des cours plus littéraires (Littérature française). Ceci mettrait fin à une<br />

hypocrisie, qui consiste à mélanger les deux branches d’apprentissage de la langue<br />

française, de manière supposée équitable, alors que sur le terrain, suite aux directives<br />

successives, ce n’est clairement pas le cas.<br />

Un vrai droit à la seconde chance<br />

Notre pays se doit de venir en aide à celles ou ceux ayant quitté précocement notre<br />

système éducatif. En effet, ces personnes n’ont pas bénéficié pleinement de leur droit<br />

fondamental à une formation scolaire complète. Il est du devoir de notre système<br />

éducatif de prendre en charge ces personnes souhaitant reprendre des études afin<br />

de leur ouvrir de nouvelles perspectives professionnelles. C’est un vaste chantier qui<br />

43


44<br />

nécessite d’abord de lancer une étude sur la généralisation au sein d’établissements<br />

scolaires, de structures de formation de type « cours du soir » en vue de préparer un<br />

Baccalauréat, en plus des GRETA actuels.<br />

Le CNED doit également devenir un vrai service public, et la formation qu’il dispense<br />

rendue gratuite sous des conditions plus larges que celles actuellement.<br />

Notre pays doit également donner la possibilité pour des travailleurs ayant arrêté<br />

leurs études précocement de bénéficier d’une Allocation de Solidarité Formation permettant<br />

le maintien du revenu d’un salarié qui passerait à temps partiel pour pouvoir<br />

suivre une formation. De même, et afin de supprimer certains verrous, il convient de<br />

donner la possibilité aux travailleurs de pouvoir anticiper une démission pour formation<br />

en permettant une inscription anticipée à Pole Emploi. De cette manière, le versement<br />

d’allocations chômage serait garanti une fois la démission effective et la formation<br />

lancée.<br />

Ce projet pour l’école, que nous portons, demande des moyens considérables. Cependant,<br />

contrairement à l’idée reçue, notre pays a les moyens de telles ambitions.<br />

En effet, nous sommes loin d’être le pays qui, en proportion de son PIB, dépense le<br />

plus pour l’<strong>Education</strong> : ainsi avec 5.9% du PIB en 2010, la France est loin derrière<br />

des pays comme le Danemark, l’Islande, la Finlande et l’Irlande, avec respectivement<br />

8.75%, 7.8%, 6.5% (8). Une simple mise à niveau pour rejoindre ces pays nous donnerait<br />

largement les moyens de porter des propositions ambitieuses, encore plus si<br />

nous nous donnons les moyens de faire des économies dans d’autres postes de dépenses.<br />

La génération qui subira de plein fouet les conséquences de 30 ans de mauvaise<br />

gestion budgétaire vaut bien ces sacrifices. Il en va de l’honneur de notre nation<br />

toute entière.<br />

Maxime Cruzel,<br />

Pôle Projet des Jeunes Forces Démocrates<br />

Références :<br />

(1) : Ilina Singh, Beyond polemics: science and ethics of ADHD, Nature Neuroscience,<br />

2008<br />

(2) : PISA 2012 : faits marquants, OCDE, 2012<br />

(3) : http://www.ledevoir.com/societe/education/455378/reforme-de-l-education-aveux-confessions-esperances<br />

(4) : http://www.inegalites.fr/spip.php?article1579&id_groupe=20&id_mot=116<br />

(5) : L.C., Les familles monoparentales et l’école : un plus grand risque d’échec au<br />

collège ?, Éducation & formations, 2012<br />

(6) : https://www.francebleu.fr/infos/economie-social/les-jeunes-de-16-18-ans-nepeuvent-plus-travailler-sur-un-escabeau-1394470740<br />

(7) : http://www.lemonde.fr/ecole-primaire-et-secondaire/article/2014/09/09/enfrance-un-professeur-est-mieux-paye-au-lycee-qu-a-l-ecole_4484274_1473688.html<br />

(8) : http://statistiques-mondiales.com/depenses_education.htm


Dossier realisé par le Pôle projet des<br />

Jeunes Forces Democrates -UDI<br />

Piloté par Maxime Cruzel<br />

21 45


www.jeunesforcesdemocrates.fr

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