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M.I.F.A. - Hors Serie 2016 CESCOF : Interview Cyril Villerbu<br />
012<br />
Q : Justement, quand choisissez-vous<br />
de faire appel à un<br />
prestataire ? Quel est l’élément<br />
déclencheur de la recherche<br />
d’un nouveau partenaire ?<br />
C.V. : Nous décidons à notre niveau<br />
dans quel domaine nous<br />
attendons une réponse du secteur<br />
industriel. Nous avons,<br />
par exemple, une difficulté à<br />
répondre à la protection contre<br />
le paludisme des militaires engagés<br />
en zone équatoriale. Sur<br />
cette question, nous menons<br />
des travaux communs croissants<br />
avec des entreprises de la<br />
chimie et de la confection pour<br />
mettre au point des effets qui<br />
protègent contre les vecteurs<br />
de ces maladies et puissent<br />
en même temps résister à des<br />
lavages successifs. Le tout<br />
sans danger pour les porteurs.<br />
C’est nous qui sommes maître<br />
d’oeuvre, avant de mener ensuite<br />
des expérimentations sur<br />
le terrain. L’innovation n’existe<br />
pas sur étagère ! Il faut savoir<br />
exprimer le besoin pour susciter<br />
une réponse industrielle,<br />
puis une expérimentation et<br />
enfin une protection à grande<br />
échelle.<br />
Q : Quel est le profil type de vos<br />
fournisseurs ?<br />
C.V. : Nous sommes en lien<br />
avec 168 fournisseurs. 83%<br />
sont français et 75% sont des<br />
PME.<br />
Nous souhaitons garder un tissu<br />
d’entreprises partenaires<br />
qui soit français, pour assurer<br />
la sécurité de nos approvisionnements.<br />
Nous attendons une<br />
certaine diversité, mais qui<br />
soit a priori nationale, à défaut<br />
d’être européenne. Nous évitons<br />
ainsi de n’avoir de contact<br />
pour un produit qu’avec un seul<br />
fournisseur étranger, ce qui<br />
serait un risque pour la sécurité<br />
de l’approvisionnement des<br />
équipements et donc des militaires<br />
sur le terrain.<br />
Q : Cette sécurité de l’approvisionnement<br />
est-elle assurée<br />
pour tous les produits ?<br />
C.V. :Il y a il est vrai un secteur<br />
sensible : la confection.<br />
Il n’existe plus d’industries du<br />
secteur en France même. Le<br />
tissage est encore français ou<br />
européen, surtout quand il fait<br />
appel à des technologies de<br />
pointe, mais la fabrication des<br />
tenues est devenue trop chère<br />
en France. La confection est<br />
donc assurée dans les pays de<br />
l’Est de l’Europe, en Afrique<br />
du Nord, à Madagascar ou au<br />
Sri Lanka. Nous transmettons<br />
par conséquent le tissu à ces<br />
fabricants et nous sommes<br />
contraints d’en attendre la livraison<br />
maritime. Nous effectuons<br />
bien entendu une surveillance<br />
sur place.<br />
Q : Mais en dehors de la confection,<br />
secteur sinistré en France,<br />
pourquoi ne pas vous reposer<br />
intégralement sur des entreprises<br />
hexagonales ?<br />
C.V. : Nous sommes tenus au<br />
respect effectif des règles européennes<br />
encadrant les appels<br />
d’offres. En conséquence, nous<br />
ne saurions acheter uniquement<br />
français. Nous pouvons<br />
le regretter bien sûr, mais encore<br />
faudrait-il que le secteur<br />
industriel hexagonal puisse<br />
répondre à nos demandes. Ce<br />
n’est pas le cas. Même certaines<br />
entreprises françaises<br />
avec lesquelles nous contractons<br />
sous-traitent à l’étranger.<br />
Nous faisons donc également<br />
attention à ce qu’au bout de la<br />
chaîne d’approvisionnement<br />
il n’y ait pas un sous-traitant<br />
unique basé à l’étranger.<br />
Q : Quelle est l’innovation principale<br />
sur laquelle vous travaillez<br />
actuellement avec vos partenaires<br />
?<br />
C.V. : Nous menons une étude<br />
sur les gilets de protection des<br />
équipages d’engins blindés. En<br />
effet, ces militaires ne peuvent<br />
pas porter les gilets standards<br />
à cause de la difficulté de se<br />
mouvoir ensuite à l’intérieur<br />
de leur engin. Nous devons<br />
donc concevoir un équipement<br />
qui soit plus souple et plus léger<br />
que le traditionnel système<br />
de plaques qui peut peser une<br />
trentaine de kilos. Plus récemment<br />
encore, nous avons voulu<br />
concevoir une tenue des pilotes<br />
de la «Patrouille de France»<br />
qui puisse être adaptée à leurs<br />
conditions de protection feu et<br />
de vol... mais tout en restant<br />
dans leur couleur emblématique,<br />
le bleu clair. C’est loin<br />
d’être évident que de concilier<br />
les qualités thermostables d’un<br />
effet et sa teinture dans une<br />
couleur précise !<br />
Q : Hormis les questions<br />
liées au strict équipement,<br />
y’a-t-il d’autres domaines<br />
dans lesquels vous intervenez<br />
particulièrement ?<br />
Pour quelles problématiques ?<br />
C.V. : Nous sommes effectivement<br />
chargé d’un domaine<br />
stratégique de l’alimentation<br />
du militaire : les rations de<br />
combat. Mais aussi du matériel,<br />
comme les cuisines roulantes,<br />
qui permettent de préparer<br />
les repas sur un terrain<br />
d’opérations. Dans ce dernier<br />
domaine, nous sommes bien<br />
sur des problématiques similaires<br />
à celles des vêtements :<br />
le poids et la résistance à un<br />
environnement climatique difficile.<br />
La question que nous<br />
nous posons en ce moment est :<br />
est-il bien utile que ce matériel<br />
soit sur roues ? Ne serait-il pas<br />
plus opératoire qu’il soit installé<br />
sur des conteneurs transportables<br />
et facilement installables<br />
? Nous avons constaté<br />
en effet que le matériel de<br />
préparation des repas n’était<br />
que très peu déplacé une fois<br />
«Nos deux axes forts d’amélioration : l’efficacité<br />
thermique et le poids»