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Vol. 8 • No. 16 • Du <strong>29</strong> <strong>Octobre</strong> au 4 Novembre <strong>2014</strong> <strong>Haiti</strong> 20 gdes/ USA $1.50/ France 2 euros/ Canada $2.00<br />
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HAÏTI LIBERTÉ<br />
JUSTICE • VÉRITÉ • INDÉPENDANCE<br />
Email: editor@haitiliberte.com<br />
Web: www.haitiliberte.com<br />
ARRESTATION DE BYRON ODIGÉ ET DE<br />
RONY TIMOTHÉE !<br />
Gen polisye<br />
pou kraze<br />
manifestasyon<br />
popilè yo, men pa<br />
genyen pou bay<br />
pèp la sekirite<br />
Page 6<br />
English<br />
Page 9<br />
Voir page 4<br />
Qui finance le<br />
juge «zafra»<br />
Lamarre<br />
Bélizaire?<br />
Page 7<br />
Les deux militants du Foparc arrêtés ont été emmenés à la Prison Omega à Carrefour. Malgré la représsion du gouvernement, les manifestations anti-<br />
Martelly doivent se poursuivre !<br />
PETIT-GOÂVE: FOYER DE MOBILISATION<br />
ANTI-MARTELLY !<br />
Nouvel ordre<br />
mondial : De<br />
nouvelles règles<br />
ou un jeu sans<br />
règles ? Discours<br />
de Vladimir<br />
Poutine !<br />
Page 10<br />
Voir page 4<br />
Petit-Goâve, la population ne s'arrête pas de se soulever contre l’agent intérimaire de l’Exécutif, Sandra W. Jules, concubine du député PSP, Jacques<br />
Stevenson Thimoléon.<br />
Dilma Rousseff<br />
réélue présidente<br />
du Brésil<br />
Page 17
Editorial<br />
Martelly sur le fil du rasoir !<br />
Par Berthony Dupont<br />
Paniqué par le vent du changement en cours, ainsi que<br />
par l’essor de la mobilisation populaire, Martelly a<br />
peut-être entrepris sa tournée en France et en Allemagne<br />
pour aller directement demander de l’aide de façon à<br />
mater le soulèvement populaire, à moins qu’il ne soit<br />
parti pour aller préparer un exil doré à l’instar de Jean-<br />
Claude Duvalier.<br />
Pour l’instant, il semble que le régime impopulaire<br />
de Martelly fait face à deux menaces réelles: celle découlant<br />
de la crise permanente qui expose ce régime de<br />
mercenariat et de trafiquants à des lendemains difficiles<br />
et incertains et celle de la mobilisation qui a repris en<br />
intensité. Les alliés impériaux de Martelly vont-ils le<br />
lâcher du fait que le régime n’a rien délivré ? Combien de<br />
temps encore Washington va-t-il laisser pourrir la situation<br />
? D’autant que l’on sait bien que l’empire n’a jamais<br />
eu d’amis et d’alliés, sauf la sauvegarde de ses intérêts.<br />
L’impérialisme n’est sans doute pas disposé à renflouer<br />
en millions des caisses qui se vident encore plus vite que<br />
le tonneau des Danaïdes.<br />
Le gouvernement est pris d’un ahurissant délire narcissique<br />
avec ses programmes bidon, sa stérile et tapageuse<br />
propagande pour amadouer les naïfs dont la pire<br />
expression est le funambulesque Gouvènman an Lakay<br />
ou. Ces recettes mensongères n’ont pas donné le vertige<br />
aux masses populaires, pas plus qu’elles ne les ont<br />
empêchées de gagner les rues pour exiger le départ du<br />
pouvoir de ce saltimbanque imposé par l’empire. Washington,<br />
estime-t-on, viserait à repenser ses tactiques<br />
et selon certains observateurs, les choses pourraient<br />
brusquement changer si la mobilisation populaire continuait<br />
à s’amplifier.<br />
Est-ce pour y parer que Martelly a fait arrêter certains<br />
militants, croyant par ainsi désamorcer la bombe<br />
d’un rejet massif de ses extravagances néoduvaliéristes<br />
assorti d’une explosion populaire ? Monstrueusement,<br />
il utilise du gaz lacrymogène de façon massive sur des<br />
milliers de manifestants pacifiques au risque même d’en<br />
tuer un certain nombre. Mais malgré ce traitement infâme<br />
infligé à des êtres humains, il ne saurait stopper les<br />
manifestations qui doivent se répandre dans tout le pays<br />
afin d’arracher Martelly du pouvoir.<br />
A ce stade, une autre phase de la lutte est indispensable<br />
et impérative. Il s’agit d’organiser l’alternative pour<br />
remplacer ce régime. Il ne faut pas que nous laissions<br />
à Washington le loisir de venir nous préparer la relève<br />
qui consistera à placer au pouvoir ses hommes, d’autres<br />
mercenaires apatrides moins discrédités certes, mais plus<br />
capables de les servir que les actuels valets.<br />
En conséquence, face à cette oligarchie dépravée<br />
qui, pour un rien, fait appel aux forces d’occupation<br />
étrangère, il nous faut tracer un exemple : déboucher sur<br />
l’échec de Martelly-Lamothe qui est aussi celui des forces<br />
occupantes de la Minustah. Le départ de cette force est<br />
une condition sine qua non pour sauver la patrie en danger.<br />
La vraie libération passe par la mobilisation et la lutte<br />
continuelle. Alors, si vous tenez à sortir le pays du joug<br />
de l’impérialisme, il apparaît illusoire que des pourparlers<br />
à huis-clos qui se font devant des verres de champagne et<br />
de barbancourt entre le gouvernement et certains partis<br />
politiques, y parviennent. Un appel patriotique à toutes<br />
les forces populaires, et démocratiques, conscientes du<br />
fait que le pays ne peut plus continuer ainsi, est impératif,<br />
afin qu’elles s’unissent pour le grand coup de balai<br />
national et la riposte massive aux ennemis du peuple.<br />
Il ne s’agit plus d’être dupe. Le pays doit se libérer<br />
du néo-esclavage qui y sévit déjà. En ce sens, une opposition<br />
organisée, structurée avec un minimum de plateforme<br />
doit être mise en place pour qu’elle s’unisse et se<br />
constitue en un vaste front de lutte anti-impérialiste pour<br />
briser toute velléité de reconquête. La lutte doit s’entendre<br />
et s’étendre sur une volonté largement partagée entre les<br />
différents secteurs de l’opposition anti-martelliste devant<br />
s’arcbouter sur des changements en profondeur dans les<br />
structures et la nature de l’État.<br />
Martelly sans aucun doute se trouve sur le fil du rasoir.<br />
Le chaudron populaire bout. Alors qu’il est en pleine<br />
ébullition, nous devons forcément et coûte que coûte le<br />
faire exploser avant les fêtes de fin d’année pour qu'il ne<br />
soit pas trop tard.<br />
Que les flambeaux de la résistance et de la libération<br />
s’allument dans tous les esprits et dans tous les coins et<br />
recoins du pays ! Il est nécessaire de faire en sorte qu’ils<br />
ne s’éteignent. Car si la résistance n’est pas organisée,<br />
nos efforts pour amener la chute du régime s’effondreront<br />
comme un château de cartes.<br />
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2<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 16 • Du <strong>29</strong> <strong>Octobre</strong> au 4 Novembre <strong>2014</strong>
A Travers <strong>Haiti</strong><br />
Haïti, chronique d’une crise électorale (24)<br />
René Préval à la rescousse !<br />
Par Catherine Charlemagne<br />
Qui l’eût cru ! A la surprise générale,<br />
le Président Michel Martelly a fait<br />
appel à son prédécesseur René Préval<br />
afin de trouver la recette pour sortir du<br />
pétrin dans lequel il s’est englué avec la<br />
crise préélectorale. Selon certains vieux<br />
routiers de la politique haïtienne, il faut<br />
que le chef de l’Etat se sente vraiment<br />
en difficulté pour qu’il pense à faire venir<br />
l’ancien Président de la République<br />
au Palais national pour bénéficier de<br />
son expérience. Décidément, être à<br />
la tête de ce pays n’est franchement<br />
pas la chose la plus facile. Comment<br />
l’équipe du pouvoir « Tèt Kale » est-elle<br />
arrivée à s’embourber de la sorte face<br />
à quelques élus qui finalement s’en<br />
sortent mieux qu’ils espéraient ?<br />
Puisque, non seulement ces sénateurs<br />
ultra- minoritaires, ne sont que<br />
6 sur 20, finissent par constituer un<br />
front commun de l’opposition, mais en<br />
un laps de temps, ils deviennent quasiment<br />
les maitres de la situation. Du G6<br />
au MOPOD, le petit groupe, mené par<br />
les sénateurs Moïse Jean-Charles élu du<br />
Nord et son voisin du Nord’Est, Jean-<br />
Baptiste Bien-Aimé, arrive à rendre<br />
dysfonctionnel tout le système politique<br />
du pouvoir en place. Malgré tous<br />
les efforts entrepris par la présidence<br />
de la République en vue de parvenir<br />
à assouplir la position de l’opposition<br />
en général, le G6 tient bon et parvient<br />
à paralyser, voire bloquer, toutes les<br />
démarches du Président Martelly pour<br />
une sortie de crise avant le fameux<br />
deuxième lundi de janvier 2015.<br />
Sans moyen ou presque, sans<br />
un vrai groupe parlementaire organisé,<br />
sans un parti politique ayant pignon<br />
sur rue, ces sénateurs de province<br />
restent scotchés au talon du pouvoir,<br />
l’empêchant d’avancer d’un centimètre<br />
dans le processus électoral même avec<br />
un CEP (Conseil Electoral Provisoire)<br />
plus ou moins acceptable par tous.<br />
Pourtant, l’exécutif ne reste pas inactif.<br />
Certes, il a entrepris des démarches trop<br />
tardivement laissant ainsi trop d’espace<br />
ou de champ libre à une minorité qu’il<br />
pensait pouvoir neutraliser qu’en activant<br />
ses propres réseaux. Erreur ! Ni<br />
les groupuscules politiques proches du<br />
pouvoir, ni les Organisations Populaires<br />
(OP) à tendance « Tèt Kale » et enfin ni<br />
les regroupements de la Société civile<br />
pro-Martelly, n’ont pas pu stopper les<br />
manœuvres de ce groupe des six petits<br />
sénateurs qui ont démontré qu’ils maitrisent<br />
parfaitement l’espace politique<br />
Joel H. Poliard<br />
M.D., M.P.H.<br />
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tel. (305) 751-1105<br />
Michel Martelly a fait appel à son prédécesseur René Préval afin de<br />
trouver la recette pour sortir du pétrin dans lequel il s’est englué avec la<br />
crise préélectorale<br />
et social haïtien ou du moins dévoilé<br />
sur la place publique l’inexpérience de<br />
l’équipe au pouvoir.<br />
Curieuse situation. Les six sénateurs<br />
qui n’ont même pas un lieu<br />
fixe pour se réunir sinon l’enceinte<br />
du Sénat de la République pour leurs<br />
conférences de presse quand ils veulent<br />
dénoncer la politique du gouvernement<br />
et critiquer l’attitude du chef de l’Etat<br />
ont su trouver les moyens de tenir à<br />
la gorge le Président Martelly qui s’essouffle<br />
à force de se battre pour sortir<br />
de ce guet-apens dans lequel il est tombé<br />
maladroitement dès le début de son<br />
quinquennat en 2011. Aujourd’hui,<br />
le Président Michel Martelly se doute<br />
de lui-même et de sa capacité à sortir<br />
sain et sauf du piège politique et institutionnel<br />
qui se referme petit à petit<br />
sur lui. Le pire, c’est que le groupe des<br />
six n’attend rien en retour, puisque<br />
personne en Haïti ne pense que l’un<br />
d’entre eux succèdera au Président<br />
Martelly en 2016, l’essentiel pour la<br />
bande à Moïse et ses amis demeurant<br />
l’échec du régime.<br />
Et cela devient de plus en plus<br />
évident et même inquiétant pour<br />
l’équipe au pouvoir. Car le plan du<br />
Palais national de passer le pouvoir au<br />
Premier ministre Laurent Lamothe en<br />
2016 risque de tomber à l’eau sauf un<br />
miracle. L’on ne voit pas, en effet, comment,<br />
en cas d’échec de trouver une<br />
entente avec ses protagonistes avant à<br />
la fin de son mandat, le Président de<br />
la République pourra mettre en exécution<br />
son plan qui consiste à faire de son<br />
ami et Premier ministre son successeur.<br />
Certes, en politique il existe beaucoup<br />
d’imprévus. L’élection en 2011 de Michel<br />
Martelly à la présidence de la République<br />
fait partie de ces choses dont<br />
seule la nature a le secret.<br />
Mais il est tout aussi vrai que les<br />
choses ont elles aussi évolué en Haïti.<br />
Dans cette affaire, le plus grand perdant<br />
serait peut-être l’actuel chef du<br />
gouvernement, autrement dit Laurent<br />
Lamothe, le dauphin désigné. Pourtant<br />
au fil des semaines, le Président<br />
Martelly fait montre de plus en plus<br />
de sagesses dans son comportement.<br />
Sauf bien sûr sa tentation d’orienter la<br />
Police Nationale d’Haïti (PNH), sous la<br />
houlette de son Directeur général, Godson<br />
Orélus, vers une police politique<br />
en réprimant systématiquement toutes<br />
les manifestations anti-gouvernementales<br />
dans le pays. Et surtout la police<br />
de Port-au-Prince, dirigée par Vladimir<br />
Paraison, connu pour ses « tactiques<br />
agressives pour réprimer des manifestations<br />
au Cap-Haïtien », comme l’avait<br />
écrit le Miami Herald lors de sa nomination<br />
à la Direction Départementale<br />
de l’Ouest (DDO) en remplacement de<br />
Michel-Ange Gédéon.<br />
A part cela, plusieurs faits sont<br />
là pour témoigner un changement de<br />
ton de la part du locataire du Palais<br />
national. Tout d’abord, la disparation<br />
brutale de l’ancien dictateur haïtien<br />
Jean-Claude Duvalier, foudroyé par<br />
une crise cardiaque le samedi 4 octobre<br />
<strong>2014</strong> a été l’occasion de découvrir un<br />
autre Martelly. Les volte-face successives<br />
de la présidence de la République<br />
sur la marche à suivre vis-à-vis de ce<br />
cadavre encombrant étant la preuve.<br />
Après un premier communiqué officiel<br />
du chef de l’Etat exprimant ses<br />
sympathies, la douleur et le regret du<br />
pays pour la mort du fils de François<br />
Duvalier, l’on s’attendait à ce que les<br />
choses s’arrêtent là. Mais voulant sonder<br />
davantage l’opinion publique et le<br />
sentiment des Haïtiens en particulier, la<br />
présidence de la République laissait entendre<br />
par diverses sources officieuses<br />
qu’il pourrait avoir des funérailles officielles,<br />
voire nationales pour Baby Doc.<br />
Mais très vite, le ton monta d’un cran.<br />
La nation tout entière s’est levée<br />
et a fait comprendre au Président<br />
Michel Martelly que les crimes et les<br />
actions odieuses du duvaliérisme demeurent<br />
encore vivaces dans le cœur<br />
et dans la chair des haïtiens. Dans ces<br />
conditions, la communauté nationale<br />
n’était pas prête à accepter que le cercueil<br />
du feu dictateur parade à travers<br />
les rues de la capitale haïtienne. Face<br />
à cette levée de boucliers et le front du<br />
refus se mettant en place, le chef de<br />
l’Etat a dû abandonner son idée et faire<br />
machine arrière. Résultat des courses,<br />
il n’y eut pas de funérailles officielles<br />
encore moins nationales. L’ancien Président<br />
à vie d’Haïti a eu droit à des obsèques<br />
privées comme monsieur tout le<br />
monde. Afin d’enlever toute ambiguïté<br />
sur la position du Palais national, les<br />
deux chefs de l’exécutif : Président et<br />
Premier ministre, ont quitté subrepticement<br />
le pays pour ne pas être associés<br />
de près ou de loin à l’enterrement de<br />
Jean-Claude Duvalier. C’est un signe de<br />
sagesse.<br />
Autre fait significatif auquel nous<br />
avons assisté en ce mois d’octobre<br />
<strong>2014</strong> de la part du Président Martelly,<br />
c’est son comportement à l’hôtel Karibe<br />
où il devait rencontrer les responsables<br />
des six partis politiques de l’opposition.<br />
Sans prévenir, aucun des membres<br />
desdits partis ne s’était déplacé. Abandonnant<br />
le chef de l’Etat seul avec sa<br />
rencontre sur la cour de l’hôtel. Or,<br />
tout le monde s’était étonné de voir un<br />
Martelly calme et serein rentrant chez<br />
lui comme si rien d’anormal ne s’était<br />
passé. Pourtant, l’affront était plus<br />
qu’évident pour le chef de l’exécutif.<br />
Deux ou trois jours plus tard,<br />
peut être en guise de réponse aux leaders<br />
de l’opposition radicale, Martelly<br />
ne trouve rien de moins à faire qu’à<br />
envoyer chercher l’ex-Président René<br />
Préval depuis sa bourgade de Marmelade<br />
où il habite depuis qu’il n’est plus<br />
au pouvoir pour le ramener à la présidence<br />
de la République en vue d’avoir<br />
son avis sur cette crise préélectorale<br />
qui ne cesse de ronger le tissu sociopolitique<br />
haïtien depuis plus de trois ans.<br />
Là encore c’est un signe qui prouve<br />
que le Président Michel Martelly est<br />
en passe de devenir plus raisonnable<br />
dans la gestion des affaires politiques.<br />
Même si, selon l’avis de plus d’un,<br />
cette opération héliportée pour ramener<br />
l’ancien Président du Parti Espoir<br />
(ESPWA) dans la capitale ne devrait<br />
rien changer dans le prolongement de<br />
la crise préélectorale. Puisque l’ex-chef<br />
de l’Etat n’ayant pas le charisme d’un<br />
Jean-Bertrand Aristide et ne disposant<br />
d’aucune troupe ni de crédit auprès de<br />
l’opposition et encore moins auprès du<br />
G6, peut tout juste servir de caution ou<br />
d’alibi au locataire du Palais national<br />
au moment opportun.<br />
En revanche, devant la Communauté<br />
internationale l’illustre enfant de<br />
Marmelade apporte un peu de crédit au<br />
compteur du Président Michel Martelly<br />
qui prouve qu’il est prêt à tout pour<br />
trouver une solution à la crise. Certes,<br />
il ne compte pas céder aux pressions<br />
des radicaux qui réclament à cor et à cri<br />
son départ. Certes, il est déjà convaincu<br />
qu’il ne parviendra pas à organiser des<br />
élections avant à la fin de l’année <strong>2014</strong><br />
et par conséquent le Parlement sera<br />
dysfonctionnel, d’où l’option de gouverner<br />
par décret. N’empêche, il veut<br />
démontrer qu’il a appris et peut-être<br />
même compris qu’être chef de l’Etat ne<br />
signifie pas forcément être au-dessus<br />
de tout et de tout le monde.<br />
Si jusqu’à maintenant il ne pense<br />
pas une minute abandonner le pouvoir<br />
avant la fin de son mandat, il a<br />
néanmoins pris conscience qu’il pourrait<br />
perdre la partie devant ces six sénateurs<br />
de province qui eux ont déjà<br />
atteint leur premier objectif : brouiller<br />
l’image, la politique et l’agenda de<br />
l’ancien Président du Konpa. De toute<br />
manière, au point où l’on est arrivé, il<br />
ne fait quasiment plus de doute : si sur<br />
le plan des infrastructures le pouvoir<br />
« Tèt Kale » laissera sa marque dans le<br />
pays, sur le plan institutionnel et politique<br />
le bilan sera en dessous de ce que<br />
l’on pouvait attendre d’une équipe qui<br />
se prétendait vouloir changer l’ordre<br />
des choses en Haïti en apportant du<br />
sang neuf au sommet de l’Etat et une<br />
nouvelle vision dans la gestion gouvernementale.<br />
Les conseils de René Préval<br />
en tant qu’ancien Président de la<br />
République qui en a connu des crises<br />
institutionnelles auraient pu servir à<br />
aider son successeur, si du temps de<br />
sa présidence, il avait apporté quelques<br />
changements dans ce domaine.<br />
Il n’en était rien. D’ailleurs, en<br />
dehors des multiples gouvernements<br />
de facto, c’est l’un des pires régimes<br />
post-Duvalier que le pays ait connu<br />
bien qu’il ait bénéficié, pendant ses<br />
deux quinquennats, de la meilleure<br />
conjoncture politique. Les problèmes<br />
du non-respect des échéances électorales<br />
ont commencé sous l’administration<br />
de celui-ci. Faut-il le rappeler, c’est<br />
sous la présidence de René Préval que<br />
le pays a connu le premier dysfonctionnement<br />
de son Parlement ; ce qui<br />
a eu pour conséquence justement la<br />
gestion du pays par décret après que<br />
le chef de l’Etat eut à constater la caducité<br />
de l’Assemblée nationale. C’est<br />
peut-être l’une des raisons qui a motivé<br />
le Président Martelly à le rencontrer. Il<br />
avait certainement besoin de savoir<br />
comment son prédécesseur s’en était<br />
pris pour gouverner par décret après<br />
avoir procédé à la fermeture des portes<br />
du Parlement tout en plaçant des fonctionnaires<br />
de police devant l’entrée du<br />
bâtiment.<br />
L’on ignore les conseils de celui<br />
qui a bouclé presque sans encombre<br />
ses deux mandats face à son opposition<br />
qui était aussi têtue que celle qui<br />
colle aujourd’hui aux basques du Président<br />
Michel Martelly. L’histoire relèvera<br />
certainement un jour ce qui avait<br />
été dit entre les deux hommes. Pour<br />
le moment, la crise préélectorale se<br />
poursuit comme s’il n’y a jamais eu de<br />
rencontre entre ce grand calme qu’est<br />
René Préval dont la devise est « Naje<br />
pou soti » (débrouille-toi pour t’en sortir)<br />
et ce hyper agité, Michel Martelly<br />
qui ne sait point par quel bout il doit tenir<br />
une opposition qui jure de le rendre<br />
responsable de sa propre perte, s’il ne<br />
parvient pas, aux yeux de l’opinion<br />
publique nationale et internationale, à<br />
organiser des élections pour combler<br />
le vide parlementaire et renouveler les<br />
Collectivités Territoriales.<br />
C.C<br />
AVIS JUDICIAIRE<br />
PAR CES MOTIFS, le Tribunal, sur les conclusions conformes du Ministère public,<br />
accueille l’action en reconnaissance du droit de propriété de la dame Mildoit<br />
Jolizaire et de sa fille unique Milna Jolizaire et relative à nullité du contrat de bail à<br />
ferme signé uniquement par le sieur Mildoit Jolizaire et la dame Paulène Georges<br />
échu depuis le huit (08) janvier deux mille sept (2007) ; maintient le défaut octroyé<br />
à l’audience du mercredi quatorze (14) mai deux mille quatorze (<strong>2014</strong>) ; reconnait<br />
le nullité et la caducité du contrat de bail à ferme signé uniquement par le sieur<br />
Mildoit Jolizaire et la dame Paulène Georges échu depuis le huit (08) janvier deux<br />
mille sept (2007) ; déclare que la dame Marie-Anna Orestal et Milna Jolizaire sont<br />
propriétaires incommutables des vingt-cinq centièmes (25/100) de carreau de<br />
terre ; ordonne l’expulsion de la dame Paulène Georges des lieux par elle occupés<br />
illégalement depuis plusieurs années ; ordonne également la démolition de toutes<br />
les constructions érigées sur la propriété de la dame Mildoit Jolizaire née<br />
Marie-Anna Orestal et de Milna Jolizaire ; condamne la dame Paulène Georges à<br />
cinquante mille gourdes (50.000.00Gdes) de dommages-intérêts au profit de la<br />
partie demanderesse ; la condamne également aux frais et dépens de la procédure<br />
; accorde l’exécution provisoire et sans caution de la présente décision sur le chef<br />
du principal, conformément aux dispositions de l’article 276 du Code de procédure<br />
civiles, vu qu’il y a titres authentiques et promesse expressément reconnue ;<br />
commet l’Huissier Toussaint Pierre Sony pour la signification de la présente<br />
décision<br />
Ainsi jugé et prononcé par nous Me. Gérard Nertilus, Juge au Tribunal de Première<br />
Instance de Miragoâne en audience publique du mercredi quatre (4) Juin deux mille<br />
quatorze (<strong>2014</strong>) à deux heures de l’après-midi (02 heures PM), An 211e de<br />
l’Indépendance, avec l’assistance de sieur Yves Antoine Dupervil, greffier du siège.<br />
Il est ordonné à tous huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement à<br />
exécution ; aux officiers du ministère public près les Tribunaux civils d’y tenir la<br />
main ; à tous commandants et autres Officiers de la force publique d’y prêter mains<br />
fortes lorsqu’ils en seront légalement requis.<br />
En foi de quoi, la minute du présent jugement est signée du Juge Gérard NERTILUS<br />
et du Greffier Yves Antoine DUPERVIL<br />
Pour Expédition conforme, collationnée<br />
Yves Antoine DUPERVIL<br />
Greffier<br />
Vol. 8 • No. 16 • Du <strong>29</strong> <strong>Octobre</strong> au 4 Novembre <strong>2014</strong> <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 3
Arrestation de Byron Odigé<br />
et de Rony Timothée !<br />
Les manifestations anti-Martelly<br />
doivent se poursuivre !<br />
Les manifestants ont traversé Pétion-ville sans trop de difficultés, et ils<br />
ont été accueillis par de centaines de personnes qui venaient grossir la<br />
foule<br />
Par Isabelle L. Papillon<br />
La mobilisation du peuple haïtien<br />
pour exiger le départ de l’occupant<br />
du Palais national, le dictateur en herbe<br />
Michel Joseph Martelly se poursuit<br />
tant à la capitale que dans des villes<br />
de province.<br />
Ainsi, le dimanche 26 <strong>Octobre</strong><br />
<strong>2014</strong> date à laquelle, le peuple haïtien<br />
avait été invité à ses comices, afin de<br />
remplir démocratiquement ses devoirs<br />
de citoyens, des centaines de milliers<br />
de personnes étaient descendues dans<br />
les rues, une fois de plus, pour réclamer<br />
le respect de la Constitution et la<br />
poursuite du processus démocratique<br />
en Haïti. Depuis plus de 3 ans, il<br />
devait y avoir des élections pour renouveler<br />
le personnel administratif et<br />
politique ; cependant le régime néoduvaliériste<br />
coloré en rose, Martelly-<br />
Lamothe a refusé catégoriquement de<br />
les réaliser. Alors qu’il a organisé 3<br />
carnavals l’an et zéro élection depuis<br />
plus 3 ans. Ce comportement répond<br />
à ce qu’on dit souvent : « Macoute ne<br />
réalise jamais des élections. » (Makout<br />
pa janm fè eleksyon). Sous la<br />
pression des forces populaires et de<br />
l’international, par arrêté présidentiel<br />
signé le 10 juin <strong>2014</strong>, Monsieur<br />
Martelly avait convoqué le peuple à<br />
se préparer à aller aux urnes le 26<br />
<strong>Octobre</strong> <strong>2014</strong>. Vu que Martelly ne<br />
respecte pas ses paroles, le peuple qui<br />
a choisi la voie démocratique pour<br />
élire ses dirigeants a gagné les rues<br />
à la recherche des bureaux de vote.<br />
N’ayant pas trouvé les bureaux de<br />
vote, il exige la remise des clefs du<br />
Palais national.<br />
Dès 10 heures du matin,<br />
des milliers de personnes se sont<br />
rassemblées devant les locaux de<br />
l’église Saint-Jean Bosco. Après la<br />
cérémonie habituelle d’usage, la foule<br />
s’est dirigée vers les quartiers populaires<br />
de La Saline, de Saint-Martin, et<br />
de Bel Air avant d’emprunter la route<br />
de Delmas. De là, ils se sont dirigés<br />
tête droite en direction de Pétionville.<br />
Déterminés, les manifestants<br />
sont montés pacifiquement à Pétionville,<br />
malgré les tentatives de provocation<br />
des bandits légaux tètkale au<br />
niveau de Delmas 18. La police, présente<br />
à cette manifestation a maitrisé<br />
les provocateurs et pris le contrôle de<br />
la situation.<br />
Au niveau de Delmas 75, la Police<br />
accompagnée d’un juge de paix et<br />
des mandats tout préparés a procédé<br />
à l’arrestation de deux (2) militants :<br />
Timothée Rony et Biron Odigé. Ils ont<br />
été conduits au commissariat de Pétion-ville<br />
et quelques instant après, ils<br />
ont été transportés au commissariat<br />
de Carrefour, Sud de la capitale. Au<br />
lendemain lundi, sans être entendus<br />
par un juge, des mandats de dépôt ont<br />
été décernés contre eux sous l’ordre<br />
du commissaire du gouvernement<br />
près le Tribunal de Première Instance<br />
de Port-au-Prince, Me. Kerson Darius<br />
Charles. Ils sont maintenant incarcérés<br />
à la prison de Carrefour.<br />
Les manifestants ont traversé<br />
Pétion-ville sans trop de difficultés, et<br />
ils ont été accueillis par de centaines<br />
de personnes qui venaient grossir la<br />
foule. Après avoir parcouru diverses<br />
rues de ce quartier Chic, les manifestants<br />
se sont dirigés en direction<br />
du Palais national pour réclamer les<br />
La manifestation du 26 <strong>Octobre</strong> au Cap-<strong>Haiti</strong>en<br />
clefs du palais présidentiel. Arrivés<br />
au Champ-de-Mars, l’accès menant<br />
devant le Palais national leur a été<br />
interdit par la police. Ils se sont dirigés<br />
vers la rue Capois pour se rendre<br />
à Carrefour en vue d’apporter leur<br />
solidarité à Biron Odigé et Timothée<br />
Rony. En cours de route, à la rue<br />
Magloire Ambroise, la police a violemment<br />
mis fin à cette grande manifestation<br />
à coup de gaz lacrymogène<br />
pour une énième fois.<br />
Petit-Goâve: Foyer de<br />
mobilisation anti-Martelly !<br />
Par Isabelle L. Papillon<br />
Pendant tout le parcours, les<br />
manifestants réclamaient la démission<br />
de Martelly : « Démission immédiate<br />
de Martelly. Michel Martelly est<br />
un vagabond, il ne devrait pas être<br />
président d’Haïti. Il a été imposé par<br />
l’international. Il doit partir. Veut ou<br />
pas, Martelly doit partir. A bas Martelly<br />
! A bas Ti Simone. Appelle un sapeur-pompier<br />
Martelly est tombé dans<br />
une toilette. » Sur certaines pancartes,<br />
on pouvait lire : « Martelly = Occupation<br />
! Martelly = Choléra ! Martelly =<br />
Morpion rose ! Martelly symbolise la<br />
misère ! Martelly = restavèk kolon. »<br />
Le peuple était en colère contre Martelly,<br />
il s’en est pris à lui en arrachant<br />
avec rage les posters sur lesquels est<br />
inscrit : « Ayiti ap vanse. » Ils les ont<br />
ont jetés par terre et y ont mis le feu.<br />
La foule compacte chantait à pleins<br />
poumons « Si Aristide n’est pas là,<br />
Moise le remplacera ».<br />
Divers représentants de partis<br />
politiques y ont pris part : Dr. Maryse<br />
Narcisse pour l’Organisation politique<br />
Fanmi Lavalas, les ex-parlementaires,<br />
Turneb Delpé et Serge Jean<br />
Louis pour le MOPOD, des parlementaires<br />
en fonction, les sénateurs Moïse<br />
Jean Charles et John Joël Joseph. Pour<br />
le sénateur Moise Jean-Charles, « Le<br />
peuple ne veut plus de l’équipe tèt<br />
kale et Martelly a perdu le contrôle de<br />
la situation.»<br />
A la nouvelle de l’arrestation<br />
des deux militants du Foparc en l’occurrence<br />
Byron Odigé et Rony Timothée<br />
au sein de la foule, les manifestants<br />
n’ont pas paniqué au contraire<br />
ils redoublent de force, d’énergie, de<br />
courage et de vigilance. Des rumeurs<br />
ont fait savoir que les deux manifestants<br />
arrêtés ont été emmenés à<br />
la Prison Omega à Carrefour ; les<br />
manifestants ont déclaré qu’ils se<br />
rendraient au commissariat de Carrefour.<br />
En un clin d’œil, un groupe de<br />
manifestants y était déjà, criant : A<br />
Bas Martelly ! A l’arrivée du sénateur<br />
Moise et de l’avocat André Michel, les<br />
manifestants se sont sentis renforcés<br />
et Moise a lancé le cri de mobilisation<br />
générale chaque jour contre cette dictature<br />
naissante.<br />
Au lendemain de la manifestation,<br />
le lundi 27 octobre, dans une<br />
note de presse de Fanmi Lavalas, lue<br />
par Dr. Maryse Narcisse, la coordonnatrice<br />
de l’organisation a félicité le<br />
dévouement et la détermination de<br />
la population, à l’occasion du déroulement<br />
de la manifestation. Elle a<br />
condamné avec rigueur l’arrestation et<br />
l’emprisonnement arbitraire et illégal<br />
de Biron Odigé et de Timothée Rony,<br />
ainsi que 3 autres militants arrêtés<br />
aux Cayes au début d’une manifestation.<br />
Il s’agit de Frantzou Dieu, Frantz<br />
Luxama et Mentor Pétuel. Elle a exigé<br />
la libération de tous les prisonniers<br />
politiques sans distinction aucune.<br />
Voici donc la liste des prisonniers<br />
politiques arrêtés entre le 17<br />
et le 26 <strong>Octobre</strong> <strong>2014</strong> : A Port-au-<br />
Prince :<br />
Vladimir Pierre<br />
Jean-Henry Delassin<br />
Hérard Seradieu<br />
Moïse Roody<br />
Jean Jacques Renault<br />
Lovenson Mersier<br />
Depuis la célébration de la fête<br />
patronale de Petit-Goâve, le 15<br />
Août de l’année en cours, la population<br />
n’arrête pas de se soulever contre<br />
l’agent intérimaire de l’Exécutif, Sandra<br />
W. Jules, concubine du député PSP,<br />
Jacques Stevenson Thimoléon. On lui<br />
reproche gabegie administrative, vol,<br />
détournement de fonds, concussion,<br />
népotisme. Les protestataires pointent<br />
du doigt Jacques Stevenson Thimoléon<br />
dans toutes ces affaires louches,<br />
puisqu’en l’absence de sa concubine,<br />
il assure l’intérimaire. Parmi les faits<br />
reprochés on peut citer : 10 millions de<br />
gourdes débloqués dans le budget pour<br />
la réparation de la place Faustin Soulouque<br />
; alors que les travaux restent<br />
inachevés, et aucun rapport financier<br />
n’a été donné.<br />
Après le passage du cyclone<br />
Sandy en 2012, 10 millions de<br />
gourdes avaient été décaissés pour la<br />
réfection de 500 mètres sur le pont La<br />
Digue. Seuls 50 mètres ont été réparés<br />
; tout comme 2.5 mille dollars US<br />
débloqués pour la réparation du Lycée<br />
Faustin Soulouque ont été détournés.<br />
15 millions de gourdes décaissés pour<br />
les travaux de réparation du Bon Repos<br />
Plage ont été volatilisées. La population<br />
se demande également où sont<br />
passés les fonds débloqués pour la célébration<br />
des 350 ans de la fondation<br />
de la ville de Petit-Goâve ?<br />
Jacques Stevenson Thimoléon se<br />
comporte en matador suprême à Petit-<br />
Goâve. Il contrôle toutes les institutions<br />
étatiques : la Justice, la Police, la Mairie,<br />
l’éducation, la santé… Une bonne<br />
partie de la presse a été cooptée par<br />
le député-agent. A Petit-Goâve, l’Etat<br />
c’est Thimoléon. Ses agents de sécurité<br />
n’ont aucun respect pour les policiers.<br />
Tout ceci révolte la conscience<br />
de la population Petit-Goâvienne. Un<br />
front Mixte pour la Libération de Petit-<br />
Goave s’est mis en place pour lutter<br />
contre Thimoléon et sa concubine,<br />
Sandra Jules. Il est à sa 21e manifestation<br />
pour exiger d’abord la démission<br />
de l’agent intérimaire, Sandra Jules ;<br />
et puisque le président Martelly refuse<br />
de la révoquer, la population réclame<br />
maintenant la démission de Martelly.<br />
Pour l’obtenir, la population<br />
manifeste jour et nuit durant toute<br />
une semaine, du lundi au vendredi.<br />
Toutes les activités sont complète-<br />
La Police a lancé de bonbonnes<br />
de gaz lacrymogène partout dans<br />
la ville, des dizaines d'élèves sont<br />
tombés en syncope, inhalés, tandis<br />
que d’autres ont été blessés<br />
ment paralysées : école, commerce,<br />
banques, bureaux d’Etat n’ouvrent<br />
pas leurs portes. Des barricades utilisant<br />
des véhicules sont dressées tout<br />
autour de la ville. La mairie a été saccagée<br />
par une foule en colère, le mercredi<br />
22 <strong>Octobre</strong> dernier. Les écoles<br />
qui tentaient d’ouvrir leurs portes<br />
ont été contraintes de les fermer. La<br />
Police a lancé de bonbonnes de gaz<br />
lacrymogène partout dans la ville,<br />
des dizaines d’élève sont tombés en<br />
syncope, inhalés, tandis que d’autres<br />
ont été blessés. L’hôpital Notre Dame<br />
de Petit-Goâve n’en pouvant plus, les<br />
blessés sont transportés en toute urgence<br />
ailleurs.<br />
Le vendredi 24 <strong>Octobre</strong>, alors<br />
que des milliers de personnes manifestaient<br />
dans la ville de Léogâne et<br />
de Petit-Goâve, les policiers et les<br />
bandits légaux affectés aux cortèges<br />
Gouvernementaux qui se rendaient<br />
aux Côtes-de-Fer pour participer au «<br />
Gouvènman Lakay » ont ouvert le feu<br />
sur les manifestants. Deux jeunes ont<br />
été blessés chez eux : Youri Laguerre<br />
23 ans et Jocelyne René 16 ans. Ils<br />
ont été transportés à l’hôpital. La police<br />
a procédé à 8 arrestations, selon<br />
le porte-parole de cette institution,<br />
Garry Desrosiers. Cela porte le nombre<br />
d’arrestation à 10 et 6 mandats<br />
d’amener ont été émis à l’encontre des<br />
dirigeants du Front. Adrienne Derival,<br />
une jeune fille âgée de 24 ans est décédée<br />
à l’hôpital Sainte-Thérèse de Miragoane<br />
le jeudi 23 octobre dernier à 10<br />
heures du matin suite à des blessures<br />
par balles.<br />
Malgré tout, la population<br />
n’entend pas lâcher prise ; la détermination<br />
reste toujours du côté de la<br />
population pour continuer à manifester<br />
jusqu’à ce que les revendications<br />
soient satisfaites : le départ de Sandra<br />
W. Jules et de monsieur Michel Joseph<br />
Martelly à la tête du pays. Le samedi<br />
25 <strong>Octobre</strong> dernier, le directeur adjoint<br />
du ministère de l’Intérieur, Patrick Bastien<br />
a procédé à l’installation d’un Comité<br />
technique de gestion composé de<br />
3 membres : Marc Chavannes, Mexon<br />
Elvenson et Hugues Darin. En dépit de<br />
l’installation de ce Comité, les portes<br />
de la mairie sont restées toujours fermées<br />
le lundi 27 <strong>Octobre</strong> ; les activités<br />
n’ayant pas repris dans la mairie de<br />
Petit-Goâve. Le ministre de l’Intérieur,<br />
Reginald Delva a annoncé la formation<br />
d’une autre commission en remplacement<br />
de celle dirigée par Sandra W.<br />
Jules. Entretemps 3 des 10 personnes<br />
arrêtées la semaine dernière ont recouvré<br />
la liberté, il s’agit de: Guirand<br />
Auguste, St-Jean Harry et de Berthony<br />
St- Hilaire.<br />
Paul Joanel<br />
Ralph Desilus<br />
Lormicile Isaac Homme<br />
Saint-Gourdain Dodelyn<br />
Mersier Jean Louiné<br />
Louiredant Louisvens<br />
Clergé Jeff<br />
Clervin MIdin<br />
Sampeur Jonas<br />
Laguerre Angelot<br />
Fritzner Montinat<br />
Charles Altès<br />
Biron Odigé<br />
Thimoté Rony<br />
Aux Cayes :<br />
1.Frantzou Dieu, 2) Luxama<br />
Frantz et Mentor Pétuel et 10 autres<br />
à Petit-Goâve, 3 d’entre eux ont été<br />
libérés le lundi 27 octobre. Il s’agit<br />
de : Guirand Auguste, St-Jean Harry<br />
et Berthony St Hilaire.<br />
Suite à tout ce qui s’est passé<br />
dans le pays le dimanche 26 <strong>Octobre</strong><br />
dernier, les organisations de défense<br />
des Droits humains, de la société civile<br />
et d’autres citoyens avisés, ont<br />
fait savoir qu’Haïti vit à nouveau sous<br />
un régime totalitaire, rétrograde, fasciste<br />
où les droits humains, les droits<br />
à l’organisation et à la manifestation<br />
sont systématiquement violés par le<br />
pouvoir tètkale Martelly-Lamothe.<br />
Selon le sénateur de l’Artibonite, François<br />
Annick Joseph : « Aujourd’hui,<br />
Haïti retourne dans un régime totalitaire<br />
avec un dictateur sans vision.<br />
Face à ce pouvoir, il faut la révolte<br />
populaire, un soulèvement des citoyens.<br />
Tous ceux qui supportent ce pouvoir<br />
commettent des crimes contre le<br />
peuple haïtien… »<br />
4<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 16 • Du <strong>29</strong> <strong>Octobre</strong> au 4 Novembre <strong>2014</strong>
Twa Fèy! Twa Rasin O!<br />
À la source même! Tous devant l’ambassade américaine !<br />
Par Fanfan la Tulipe<br />
La semaine dernière, dans mon<br />
article «Ce 17 octobre <strong>2014</strong> de<br />
la honte», j’évoquais le cauchemar<br />
la commémoration de cette date par<br />
le pouvoir Martelly-Lamothe dans<br />
la honte, le déshonneur, l’opprobre,<br />
l’indignité. Ce sont des centaines de<br />
milliers qui, ce samedi 17 octobre,<br />
ont eu un haut le cœur, se sont senti<br />
amoindris, bafoués, insultés, humiliés<br />
par la façon désinvolte, scandaleuse,<br />
choquante, outrageante,<br />
révoltante dont s’est pris le pouvoir<br />
mickyste pour saluer la mémoire du<br />
fondateur de notre indépendance assassiné<br />
au Pont-Rouge en 1806.<br />
Dans un article intitulé «La<br />
nouvelle mise à mort de Jean-Jacques<br />
Dessalines», Castro Desroches a<br />
aussi exprimé toute son indignation,<br />
et assurément celle de milliers sinon<br />
de millions d’Haïtiens, à propos de<br />
la «Commémoration du 208e anniversaire<br />
de l’assassinat du fondateur<br />
de la Nation haïtienne [qui] s’est<br />
déroulée dans une ambiance de bacchanales<br />
et de profanation». Ailleurs,<br />
dans nombre de médias parlés, a été<br />
manifestée cette même colère exprimée<br />
au vu du comportement avilissant,<br />
méprisable, scandaleux et honteux<br />
de Martelly et de son équipe.<br />
Bien sûr, il fallait dénoncer<br />
cette barbarie des mœurs comme on<br />
n’en a jamais vu dans nos annales<br />
politiques. Seulement au niveau de<br />
la porcherie morale mickyste, a-t-on<br />
pu imaginer un comportement aussi<br />
vil, aussi ignoble, aussi abject, aussi<br />
ignominieux, aussi crapuleux ? Ce<br />
débordement sordide de dépravation<br />
et de haineuse perversion n’a pu<br />
se manifester qu’à la faveur d’une<br />
haine de classe. Pire, sans doute inspirée<br />
par les infâmes transfuges de<br />
la trempe des Mario Dupuy, Rudy<br />
Hériveaux, Joseph Lambert et Youri<br />
Latortue, la bande infâme à Martelly<br />
a caricaturé son forfait en voulant<br />
faire passer son odieuse et macabre<br />
profanation de la mort de l’Empereur<br />
comme une «célébration de sa vie».<br />
Il est incompréhensible que<br />
ce violent affront à la mémoire de<br />
Dessalines n’ait pas soulevé un<br />
vigoureux et continu tollé dans les<br />
milieux médiatiques. La chose, généralement,<br />
a été rapportée presque<br />
comme un fait divers. Elle n’a pas<br />
soulevé une colère soutenue et une<br />
dénonciation manch long de ce<br />
monstrueux sacrilège commis par les<br />
rejetons politiques des parricides de<br />
1806. Non. Tous les feux sont encore<br />
concentrés sur de fumeuses élections<br />
dont Martelly s’est servi comme<br />
appât, comme miroir aux alouettes<br />
pour mystifier les gogos, les naïfs et<br />
les gobe-mouches.<br />
Il est encore plus incompréhensible<br />
que des hommes et femmes politiques<br />
d’expérience aussi informés<br />
du passé tortueux et immoral de Martelly,<br />
aussi bien imbus des combines<br />
d’officine qui ont présidé à son choix,<br />
imposé par le couple Clinton pour être<br />
président d’Haïti, aussi conscients<br />
de ses dérives graves et honteuses,<br />
aient pu se laisser mener en bateau et<br />
manipuler pendant plus de trois ans<br />
par ce maître en mystifications, par<br />
ce saltimbanque, ce clown, ce bouffon<br />
aux manières grossières dont les<br />
processus de pensée et de décisions,<br />
les comportements tout à fait hideux<br />
et gesticulations de funambule sont<br />
télécommandés par l’ambassade<br />
américaine.<br />
Comment s’asseoir avec un<br />
mec aussi dévergondé et borné que<br />
Martelly et croire à un «dialogue»<br />
possible avec lui ? On a vu comment<br />
La blonde Pamela à son bureau, en compagnie de son Valet au<br />
crâne rasé, luisant d’ambitions. Une évidente félicité partagée,<br />
complice, tèt kale.<br />
Les manifestations de rejet de<br />
Martelly doivent aussi viser la<br />
soutirèz Pamela White. Le proverbe<br />
le dit clairement : si pat gen soutirè<br />
pa ta gen vòlè. S’il n’y avait pas<br />
la «soutirance» de l’ambassadrice<br />
qui protège les intérêts des<br />
multinationales accapareuses de<br />
nos richesses, il n’y aurait pas<br />
l’arrogance, la suffisance (et aussi<br />
les insuffisances) de Martelly.<br />
ces ombres politiciennes, ces fantômes<br />
sans caractère, sans principes,<br />
sans amour propre, sans vraie vision<br />
d’avenir se sont empressés d’accourir<br />
à la mascarade «politichienne» de El<br />
Rancho sous les auspices complices<br />
de l’Église catholique en la personne<br />
d’un certain évêque répondant au<br />
nom de Chibly Langlois et dont on<br />
présume que sa «prestidigitante»<br />
prestation a été récompensée par la<br />
pourpre cardinalice. L’homme s’est<br />
«empourpré» et embourbé dans le<br />
marécage vaticano-martellyste, on<br />
se demande encore pourquoi.<br />
Nombre de politiciens sans<br />
mémoire se sont approchés de la<br />
«sainte table», espérant recevoir le<br />
pain de corruption du pouvoir et le<br />
vin vatican, rouge de basses combines<br />
«polititicouloutes». Certains,<br />
comme les représentants de Fanmi<br />
Lavalas, s’étant vite rendus compte<br />
que le pain était rassis, fade, et le<br />
vin aigre, piqué, tourné se sont éloignés<br />
des roses appâts du pouvoir. Un<br />
autre, réputé pour être un «éminent<br />
professeur» et politologue averti a<br />
mordu à l’hameçon bien que le vin<br />
du cardinal fût de saveur vinaigrée.<br />
Du vinaigre politique quoi.<br />
Ces messieurs et dames, épouvantés<br />
par le spectre d’un «chaos» si<br />
au deuxième lundi du mois de janvier<br />
2015 des élections («sincères, honnêtes<br />
et inclusives») ne renouvellent<br />
pas les chambres, les mairies et les<br />
CASEC, n’ont pas arrêté de réclamer,<br />
à cor et à cri, la tenue de ces<br />
comices. Au dernier moment, se rendant<br />
compte que les jeux étaient faits<br />
et que la menace «chaotique» était<br />
inévitable, ils se sont rabattus, cahincaha,<br />
sur des «propositions de sortie<br />
de crise» aussi oiseuses qu’inutiles et<br />
Pamela White, ambassadrice sans<br />
tenue, ni retenue, s’exhibant avec<br />
l’homme del’ombre, «l’homme de<br />
qui l’on craint», l’homme Gagòt,<br />
Laurent ‘‘le magnifique’’.<br />
dont Martelly n’a cure. L’une d’entre<br />
elles, celle du journaliste Daly Valet, a<br />
dû être remaniée par son auteur, sans<br />
doute à la demande du saltimbanque<br />
Micky ou même de l’ambassadrice<br />
américaine, «maîtresse dame» qui<br />
apparemment reçoit de temps à autre<br />
son Valet dans ses bureaux.<br />
En fait, Martelly se moque<br />
éperdument de tous ces politiques qui<br />
perdent leur temps à s’asseoir avec<br />
lui pour d’impossibles négociations.<br />
Je me l’imagine souriant sous cape,<br />
se grattant le crâne dénudé, faisant<br />
de brusques rots sans s’excuser, se<br />
moquant follement de ces aryennafè<br />
qui espèrent tirer leurs marrons<br />
du feu électoral s’ils arrivent à un<br />
«consensus» quelconque avec lui.<br />
Car, ce ne sont pas les intérêts de la<br />
nation, le développement rationnel<br />
du pays, l’accès des miséreux à une<br />
pauvreté digne qu’ils ont à cœur.<br />
Même quand pour la façade<br />
ils demandent que la MINUSTAH<br />
s’en aille, ce n’est même pas du bout<br />
des lèvres qu’ils le souhaitent, c’est<br />
du bout de leur hypocrisie qu’ils le<br />
disent; car, sauf la présence de forces<br />
armées haïtiennes dont ils souhaitent<br />
ardemment ou anbachal le retour,<br />
leur pouvoir présidentiel éventuel<br />
ne s’appuiera que sur la présence<br />
minustahte. Et non pas sur un mandat<br />
octroyé par une majorité du pays.<br />
D’ailleurs, Martelly lui-même ne s’est<br />
pas caché de cette protection dont il<br />
bénéficie grandement de la part des<br />
forces occupantes de l’ONU.<br />
L’opposition dans sa presque<br />
totalité s’est longtemps évertuée à<br />
croire en un minimum de sens de<br />
responsabilité de la part de Martelly<br />
pour appeler le peuple en ses comices,<br />
selon le vœu de la Constitution,<br />
d’où leurs pirouettes politiques, les<br />
appels à la formation d’un «Conseil<br />
de Notables», de «gouvernement de<br />
Salut Public» sorte de cousin germain<br />
du «Gouvernement de consensus<br />
Transitoire» de Daly Valet, sans oublier<br />
l’invocation à tout casser de la<br />
Constitution selon maints articles et<br />
alinéas que l’on arrive plus à mémoriser,<br />
tellement ils sont nombreux.<br />
Entre-temps, Micky s’amuse.<br />
Il reçoit en consultation nigauds<br />
et nigaudes, larrons et larronnes,<br />
atoufè et atoufèz, gueux et gueuses<br />
politiques, epav de la société civile,<br />
kaptenn anba kabann reponsable<br />
de partis politiques dérisoires, parlementaires<br />
coriaces et récalcitrants.<br />
Jusqu’à Préval a été tiré de l’oubli<br />
pour donner des conseils sur comment<br />
«nager pour s’en sortir». De<br />
toutes ces virées et dévirées politiques<br />
«négotiantes», rien n’a encore<br />
filtré. Peut-être que le tour d’Aristide<br />
de venir s’asseoir avec le preyidan<br />
n’est pas bien loin. Soyez sur vos<br />
gardes, juge Lamarre Bélizaire ! Ah<br />
ce crétin bélizairien !<br />
Micky fera-t-il appel à nouveau<br />
aux conseils «cardinaux» de<br />
Langlois ? Comme il doit consulter<br />
tous les secteurs de la société, il<br />
faut s’attendre à ce qu’il fasse appel<br />
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(between E. 26th & Farragut Rd.)<br />
Brooklyn, NY 11210<br />
aux handicapés, aux sourds-muets,<br />
aux kokobe, aux zèl ravèt, bref tout<br />
ce qui ressemble de près ou de loin<br />
aux membres de son gouvernement.<br />
Paraît-il qu’il doit encore se décider<br />
avec qui commencer. Brrrrrr ! D’ici là,<br />
on finira bien par tomber au fond du<br />
puits «chaotique».<br />
En fait, Micky se la coule douce<br />
parce que c’est l’ambassade américaine<br />
qui lui dit et dicte quoi faire. Or<br />
l’opposition s’entête à vouloir «négocier»<br />
avec Martelly ki pa menm mèt<br />
tèt li. Au mieux elle disait jusqu’à<br />
récemment : élections ou démission.<br />
Maintenant acculée, elle est pour le<br />
rache manyòk. On se demande pourquoi<br />
ces gesticulations puisque ce<br />
sont l’ambassade et la MINUSTAH<br />
qui contrôlent le terrain. Elle doit<br />
faire un bon jan tèt kole avec le secteur<br />
populaire radical pour faire savoir<br />
à l’anbasadèz que c’est elle qui<br />
tire les ficelles de son pantin Martelly.<br />
Nous le savons.<br />
De façon rétrospective, on se<br />
rend compte, aujourd’hui, comment<br />
le contre-ordre donné par Fanmi<br />
Lavalas d’aller commémorer le <strong>29</strong><br />
novembre à la ruelle Vaillant plutôt<br />
que d’aller manifester devant l’ambassade<br />
américaine, la source de nos<br />
malheurs, a été un désastre politique,<br />
télécommandé, on le sait, suivi d’ailleurs<br />
du renvoi de l’organisation du<br />
sénateur Moïse et du député Bélizaire.<br />
Erreur et horreur à la fois. C’est justement<br />
là que le bât blesse. L’opposition<br />
devrait s’en rendre compte et y<br />
mettre tout le paquet. Les manifestations<br />
de rejet de Martelly doivent viser<br />
aussi systématiquement l’ambassade<br />
américaine. Il faut dénoncer la<br />
soutirèz Pamela White. Le proverbe<br />
le dit clairement : si pat gen soutirè<br />
pa ta gen vòlè. S’il n’y avait pas la<br />
«soutirance» de l’ambassadrice qui<br />
protège les intérêts des multinationales<br />
accapareuses de nos richesses,<br />
il n’y aurait pas l’arrogance, la suffisance<br />
(et aussi les insuffisances) de<br />
Martelly.<br />
C’est pourquoi nous clamons :<br />
À la source même! À la source de<br />
nos maux ! Manifestons tous devant<br />
l’ambassade américaine, ce nid de<br />
vipères ! Que l’opposition règle les<br />
comptes de la nation avec Martelly,<br />
certes, mais surtout avec l’anbasadèz,<br />
la manman rizèz! Plus de<br />
baignade avec «cachade» de lonbrik<br />
! Devant l’ambassade US, tous,<br />
toutes !<br />
Dr. Kesler Dalmacy<br />
1671 New York Ave.<br />
Brooklyn, New York 11226<br />
Tel: 718-434-5345<br />
Le docteur de la<br />
Communauté Haïtienne<br />
à New York<br />
Vol. 8 • No. 16 • Du <strong>29</strong> <strong>Octobre</strong> au 4 Novembre <strong>2014</strong> <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 5
Kwonik Kreyòl<br />
Antèman Paul Ambroise<br />
ak Michaël Benoit tounen<br />
manifestasyon kont Martelly<br />
Chante rezistans ak kontestasyon<br />
Nan dyaspora ayisyen an lan new<br />
york sou rejim duvalier yo<br />
(Dezyèm pati) Guy Gérald Ménard<br />
Paul Ambroise alias Ti koton<br />
Antèman 2 militan Lavalas yo Paul<br />
Ambroise alyas Tikoton, 40 lane<br />
ak Michaël Benoit alyas Pouchon, <strong>29</strong><br />
lane, bandi legal tètkale yo te touye<br />
mèkredi 8 oktòb pase a devan estad<br />
Sylvio Cator, te chante mèkredi 22<br />
oktòb la, nan lokal ONG brezilyen an<br />
Viva Rio, kote Tikoton t ap travay. Nan<br />
sal kote pè a t ap chante antèman 2<br />
militan sa yo, paran ak pwòch pa t<br />
ka rive konsole, se te rèl ak dlo nan<br />
je. Antèman an te chante anprezans<br />
yon delegasyon òganizasyon politik<br />
Fanmi Lavalas, ki te gen nan tèt li; Kòdonatris<br />
la, Dr. Maryse Narcisse, Dr<br />
Louis Gerald Gilles ak Schiller Louidor.<br />
Senatè Moïse Jean Charles ak plizyè<br />
lòt militan politik te prezan tou. Yo te<br />
pwofite okazyon sa a pou lonje dwèt<br />
yo sou ajan enterimè ki nan tèt meri<br />
Pòtoprens lan, Pierre Richard Duplan<br />
alyas Pierrot yo di ki te kòmandite sasina<br />
2 militan yo epi polisye Gregoire<br />
alyas Grèg te egzekite zak kriminèl sa<br />
yo.<br />
Aprè antèman an te fin chante,<br />
militan yo te pran kadav yo, pote yo<br />
rive devan legliz Saint-Jean Bosco, al<br />
depoze yo nan pye papa Dessalines<br />
nan Pon Wouj, kote plizyè militan te<br />
pran lapawòl. Se nan yon anbyans<br />
manifestasyon pèp la te pote sèkèy<br />
yo sou tèt li, sòti Pon Wouj pase Site-<br />
Solèy, Taba pou al antere yo nan komin<br />
Kwadèboukè.<br />
Plizyè santèn moun te kondui<br />
kadav 2 militan Lavalas yo, kote yo t<br />
ap chante: Martelly ba nou kou a, kou<br />
a fè nou ma l o ! Pierrot ba nou kou<br />
a, kou a fè nou ma l o ! Wè pa wè n<br />
ap vanje yo! Jistis pout Tikoton! Jistis<br />
Gen polisye pou kraze<br />
manifestasyon popilè yo,<br />
men pa genyen pou bay<br />
pèp la sekirite<br />
Plizyè katye popilè nan kapital la,<br />
tankou : Site solèy, Pele-simon,<br />
Lasalin, Solino, Matisan, Kafou nan<br />
lamanten 54, anba lavil nan Kwa bosal<br />
ak anpil lòt zon, se tèt chaje . Gwo<br />
kout zam ap tire san rete,lajounen kou<br />
lannuit. Nou pa janm kapb rive idantifye<br />
kilès ki lapolis kilès ki Bandi Legal<br />
paske tout jan ou vire l, se zak abitrè,<br />
yo tou de ap fè sou pèp la.<br />
Nan diferan katye popilè yo, se<br />
batay ki genyen ant yo, batay sa yo<br />
leplisouvan se boujwazi a ki alimante<br />
yo pou fè se teworize youn ap teworize<br />
lòt nan kan pèp la. Travay destabilizasyon<br />
sa a fè Ayiti ap vin chak jou pi<br />
mal. Bagay yo vin pirèd sou pouvwa<br />
makouto-boujwa a, se kònmsi pouvwa<br />
tèt kale a pa vin pou kite lavi ditou nan<br />
mitan mas pèp Ayisyen an.<br />
Pouvwa Tèt Kale a pa janm sispann<br />
depanse gwo lajan pou achte<br />
zam, fè pwogram ki pa janm rive ede<br />
pèp la vre, aloske moun nan katye popilè<br />
yo ap peri anba grangou roz. Genyen<br />
tou, yon tandans chèf pouvwa<br />
Tèt kale a mete nan katye popilè yo:<br />
Bandi Legal, li etabli yo sou pretèks lidè<br />
Benoit Michel alias Pouchon<br />
pou Pouchon! Arete Pierrot ! » Asasina<br />
2 militan Lavalas sa yo vin alonje lis<br />
militan Lavalas ekip tètkale a touye<br />
apre Fritz Gerald Civil nan Miragwàn<br />
pou konviksyon politik yo ak pil ak<br />
pakèt lòt moun rejimMartelly-Lamothe<br />
la touye : komèsan Octanol Derissaint,<br />
sou fwontyè a, jij Jean Serge Joseph,<br />
Daniel e Girldy Larèche, Evinx Daniel<br />
yo disparèt pou zafè dwòg, polisye<br />
Walky Calixte ak anpil lòt militan nan<br />
katye popilè yo tankou : Site Solèy, Lasalin,<br />
Bèlè, Granravin, Senmaten, Taba<br />
elatriye.<br />
Pandan antèman t ap chante<br />
kout zam t ap chante tou nan mache<br />
Kwadèbosal ak zòn Lasalin lan. Se 2<br />
gwoup ame k ap goumen pou pran<br />
kontwòl mache a ki t ap tire kout zam<br />
ak lapolis. Lapolis bò kote pa l pa t ka<br />
reziste anba kout zam nèg ame yo, yo<br />
te sètoblije fè bak devan nèg ame yo.<br />
Sitiyasyon sa a te paralize tout aktivite<br />
komèsyal yo, plizyè machann viktim<br />
nan kouri, genyen ki blese anba bal,<br />
gen lòt ki tonbe nan kanal dlo santi,<br />
nan twou egou. Selon machann yo,<br />
gen yon moun ki mouri anba bal epi<br />
lage kadav la nan yon kanal.<br />
Aprè asasina Fritz Gerald Civil<br />
nan Miragwàn, na mwa avril pase a,<br />
militan Lavalas yo pa sispann tonbe<br />
anba bal bandi legal tètkale yo nan<br />
katye popilè yo, menm jan Tikoton ak<br />
Pouchon tonbe anba bal bandi legal<br />
Pierrot yo. Nan Site Solèy, plizyè militan<br />
Lavalas tonbe anba bal ajan enterimè<br />
yo. Se sa k fè pèp la nan manifestasyon<br />
yo ap chante: “ Prese, prese,<br />
prese O ! Martelly di l ap touye pèp la O<br />
! O ! O ! prese prese, prese voye l ale.»<br />
Yon jèn gason, yo sasinen<br />
nan katye Belekou<br />
zòn, pandan y ap bay gwo zam pou fè<br />
presyon sou pèp la, pou l pa manifeste:<br />
Nèg yo san konsyans anpil, se mechan<br />
ak kriminèl ki pran peyi a.<br />
Gen yon gwo dram ki te pase nan<br />
site solèy espesyalman nan Belekou<br />
jou ki te samedi 23 Out <strong>2014</strong> la nan<br />
maten. Li te anviron 5 kè nan aprè midi<br />
plizyè nèg ki sòti nan Boule; youn nan<br />
34 katye nan site solèy, Bandi ak gwo<br />
zam te antre nan Belekou, yo touye 5<br />
moun san konte plizyè lòt moun ki te<br />
blese.<br />
Suite à la page (19)<br />
Tanbou Libète: yon egzanp pou lòt<br />
gwoup kiltirèl yo<br />
Menm jan Troupe Kouidor te jwe yon<br />
wòl enpòtan lan devlopman yon nouvo<br />
teyat ayisyen, se konsa Tanbou Libète<br />
ap sèvi egzanp pou tout gwoup atistik<br />
pwogresis ki pral epapiye lan dyaspora<br />
ayisyen an. Jan nou te wè deja, Koral<br />
Patriyotik Tanbou Libète jwe premye<br />
chante l sou antèn emysyon radyo<br />
L’Heure <strong>Haiti</strong>enne an septanm 1971 e<br />
depi lè sa a gwoup la te anime laplipa<br />
miting politik ki te fèt epòk sa. Tanbou<br />
Libète pase lan diferan faz pandan devlopman<br />
li.<br />
Pandan ane 71/72 yo enstriman<br />
debaz koral la se te òg ak tanbou akote<br />
gita, batri, klòch ak maraka ki t ap<br />
akonpaye yon ventèn vwa ki divize ant<br />
alto, tenò ak bariton. Koral la te monte<br />
lan tradisyon koral tip Troupe Simidor,<br />
Les Caracos Bleus osnon Troupe Michel<br />
Déjean.Twa koral sa yo t ap fonksyone<br />
ann Ayiti lan ane 60 yo. Pandan de<br />
premye lane egzistans li, Tanbou Libète<br />
te gen yon kolaborasyon sere ak òganizasyon<br />
politik tankou MHAP (Mouvement<br />
Haïtien d’Action Patriotique)<br />
ak UFHAP (Union des Femmes Haïtiennes<br />
Patriotes). Apati 1972 koral<br />
la te gen kontak regilye ak jenn nan<br />
rali Sacré-Coeur lan Queens epi jenn<br />
nan rali Bushwick ak koral legliz Sainte<br />
Thérèse lan Brooklyn. Plizyè manm<br />
Tanbou Libète t ap travay ak jenn sa<br />
yo pou aprann yo chante patriyotik epi<br />
devlope talan atistik yo.<br />
Manm koral patriyotik la te wè<br />
travay yo lan gwoup la kòm pwolonjman<br />
lit pou liberasyon nasyonal la sou<br />
plan kiltirèl. Lefèt chante patriyotik yo<br />
te parèt lan yon peryòd byen detèmine<br />
nan istwa peyi nou, sa pral make ni kalite<br />
atis yo ni tèm ak lide y ap chante yo.<br />
Ositou nou jwenn lan chante yo menm<br />
demach anti diktatoryal ak anti enperyalis<br />
ou rejwenn lan mitan mouvman<br />
patriyotik la. Youn lan chante ki karakterize<br />
premye faz Tanbou Libète a se M<br />
ale : Vye frè m, vye kouzen m, vye sè<br />
m, vye zanmi yo m ale. Mwen pral wè<br />
kote Lan Ginen rive…Mwen pran vye<br />
dyakout san m pa bliye vye karabin<br />
Frè Bout ki te tire, ki te tire, ki te tire...<br />
Mwen pran devan pou m fè chimen pou<br />
sa k rete dèyè, menm si gen van menm<br />
si gen san n a vin jwenn mwen…Chante<br />
sa a sou premye plak 33 tou gwoup la<br />
mete deyò 22 fevriye 1973 avèk tit<br />
Chants revolutionnaires haïtiens.<br />
Lan mitan ane 1973 la Tanbou<br />
Libète te redui ak yon dizèn manm<br />
konsa. Kòm enstriman lè sa a te gen de<br />
gita, yon pè bongo, yon tanbourin ak de<br />
maraka. Se lan dezyèm faz sa a gwoup<br />
la lage non Koral Patriyotik la pou pran<br />
non Òganizasyon Kiltirèl Revolisyonè<br />
Tanbou Libète. Non sa a te vin pi kadre<br />
ak nivo devlopman pratik gwoup la<br />
ki te angaje l sou plizyè chantye kiltirèl<br />
alafwa. Anplis chante, gwoup la te<br />
lage kò l tou lan teyat. Menm jan ak<br />
Troupe Kouidor, Tanbou Libète te gen<br />
yon konsepsyon modèn sou teyat . Li te<br />
chwazi pou fè yon teyat total ki makònen<br />
ansanm plizyè fòm atistik : chante,<br />
dans, mim, pwezi eksetera. Piblik la tou<br />
te gen yon patisipasyon lan teyat sa. Te<br />
gen yon dekò minimòm sou sèn nan e<br />
li te posib pou yon aktè jwe plizyè wòl<br />
nan yon menm tablo. Tanbou Libète<br />
te rele estil teyat sa a montaj e li te<br />
renmen itilize ladan maryaj vwa, kote<br />
plizyè vwa ap antre soti youn apre lòt.<br />
Lè nou konsidere etap sa a nou<br />
pa ka pale ankò de mizik patriyotik sèlman,<br />
men fòk nou pale de yon mouvman<br />
kiltirèl patriyotik ki t ap defann<br />
souverènte teritoryal nou e mete sou<br />
sèn osnon lan chante : reyalite peyi<br />
d Ayiti. Tanbou Libète te prezante de<br />
montaj. Youn se Si kacho pran pale, ki<br />
montre represyon politik sou rejim Duvalier<br />
yo. Lòt la se Sou lanmè tout kannòt<br />
yo rasanble ki dekri tribilasyon botpipòl<br />
yo ak pèsonaj prensipal Turenne<br />
Deville ki te pito pann tèt li lan prizon<br />
Krome Avenue tan pou yo te depòte li<br />
tounen Ayiti anba bòt fachis makout<br />
yo. Dezyèm montaj sa a te monte nan<br />
kolaborasyon avèk Atis Endepandan.<br />
Apa 33 tou a, Tanbou Libète te<br />
pwodui de 45 tou ki pote non: 4 Chante<br />
flè solèy (novanm 1973) ak 4 Chabon<br />
dife (desanm 1974). Gwoup la te<br />
prezante espektak lan New York, New<br />
Jersey, Pennsylvania ak Canada. Lan<br />
twazyèm faz egzistans Tanbou Libète<br />
atis yo te itilize pyano, gita ak tanbou<br />
jan sa parèt nan entèpretasyon adaptasyon<br />
kreyòl Basta ya ! Mizik sa a se<br />
kreyasyon Atahualpa Yupanki, yon<br />
gwo chantè ak gitaris otoktòn ajanten :<br />
Monkonpè koute on koze. M gon pawòl<br />
pou mwen pale. M ap travay pou blan<br />
angle. M ap travay pou de gouden. Lè<br />
m pran l li pase lan menm oooo...Ki<br />
moun ki genyen lagè a yo te fè lan mòn<br />
Vyetnam ? Se yanki yo lan sinema, se<br />
Vyetkong yo sou tè a…<br />
Eksperyans Asosyasyon<br />
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Fondateur: Jude Joseph<br />
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Kiltirèl Solèy Leve<br />
Nan fen lane 1972 Solèy Leve fè aparisyon<br />
li sou sèn kiltirèl la apre yon seri<br />
manm Tanbou Libète te kite gwoup la<br />
pou al fòme pwòp koral pa yo. Ositou<br />
se pa yon aza si de gwoup yo te<br />
pòtre anpil lan yon premye tan. Tou de<br />
te chita sou menm baz ideyolojik e yo<br />
te gen menm konsepsyon mizikal ak<br />
menm repètwa. Pi devan Tanbou Libète<br />
ap vin kite estil koral Cœur Simidor la<br />
ki te baze sou plizyè kategori vwa k ap<br />
balanse ansanm. Solèy Leve okontrè ap<br />
kenbe estil sa a nèt, sitèlman nou ka di<br />
se te mak fabrik asosyasyon an. Enstriman<br />
akonpayman yo se te òg, gita ak<br />
tanbou. Kòd lonbrit asosyasyon an te<br />
mare ak òganizasyon politik MHAP ak<br />
UFHAP. Se konsa Solèy Leve te asire<br />
animasyon kiltirèl pi fò rankont politik<br />
gwoupman sa yo te òganize.<br />
Sou plan atistik Asosyasyon Kiltirèl<br />
Solèy Leve te gen yon atachman<br />
espesyal ak Haïti Culturelle lan Boston<br />
epi Gwoup Kiltirèl Vaksin lan Montréal.<br />
Menm tip relasyon ki te gen sou plan<br />
politik ant MHAP ak Groupe d’action<br />
patriotique Vertières lan Boston e Mouvement<br />
Patriotique Haïtien 18 mai<br />
lan Canada. Menmman parèyman pou<br />
UFHAP ak Détachement Féminin Vertières<br />
lan Boston epi Comité Féminin<br />
MPH 18 mai a. Kesyon lit pou liberasyon<br />
fanm yo te gen yon gwo enpòtans<br />
pou dènye gwoup sa yo. Se sitèlman<br />
vre, sou premye plak Solèy Leve a ki<br />
pote non li, gen senk powèm, chante<br />
ak dyalòg ki debat divès aspè pwoblèm<br />
sa a. Gen twa chante ki rele Fanm Ayisyèn,<br />
Nou se fanm toutbon ak Fanm<br />
vanyan, ni Tanbou Libète ni Solèy Leve<br />
te konn chante, ki te sèvi kòn lanbi<br />
rasanbleman pou mobilizasyon fanm<br />
ayisyèn aletranje.<br />
Asosyasyon Kiltirèl Solèy Leve<br />
te gen yon repètwa laj e varye. Chante<br />
Peyi an mwen ak N a prale poze pwoblèm<br />
tribilasyon legzil ak konviksyon<br />
nou pa vini tabli aletranje, depi lè a<br />
sonnen n a prale lakay nou. Bèl flè d<br />
Ayiti mande pou nou pa pran fanm<br />
pou joujou men pou nou gade pito sa<br />
yo pote. Lalam tire, Boukan ak Goudiye<br />
sonnen raliman pou gwo batay<br />
la ak asirans bato a gen pou rive lan<br />
pò. Nesesite pou tèt ansanm poze nan<br />
Ti sous ak Plante manyòk. Yon verite<br />
rekonèt enpòtans lang kreyòl la pou<br />
Ayisyen, yon eritaj nou dwe aksepte ak<br />
fyète. N ap fè demen bèl ak Ayiti demen<br />
montre liberasyon Ayiti ak lespwa pou<br />
demen. Ayiti Demen se non twazyèm<br />
plak Solèy Leve a tou.<br />
Kwak gwoup sa a te plis espesyalize<br />
nan chante li te eseye fòs li lan teyat<br />
tou. Li te jwe yon pyès yo rele : Imigrasyon<br />
Debake. Tit la tou di sijè pyès la.<br />
Gen manm Solèy Leve ki te konn jwe<br />
yon ti eskètch ki rele : Tribilasyon fanm<br />
ayisyèn lan Nouyòk. Moso sa a sou<br />
premye plak la. Gwoup la te prezante<br />
tou de montaj atistik sou non Plante<br />
manyòk ak Peyi an mwen. Ojis montaj<br />
sa yo se te reprezantasyon vizyèl de<br />
chante sa yo. Kidonk lan aktivite atistik<br />
Solèy Leve nou jwenn : pwezi, chante<br />
ak teyat.<br />
Apa founi animasyon kiltirèl nan<br />
miting politik jan nou te mansyonnen pi<br />
wo a, Asosyasyon Kiltirèl Solèy Leve te<br />
prezante plizyè espektak. Li te patisipe<br />
lan piknik ak fèt etidyan. Epòk sa a li<br />
te gen kat chante ki te mache lan san<br />
piblik la anpil. Se : Peyi an mwen, Ayiti<br />
Demen, Peze kafe ak Depi lendepandans.<br />
Dènye chante sa a te jwenn yon<br />
plas an desanm 1982 lan Sa k pase,<br />
bilten Asosyasyon Etidyan Ayisyen lan<br />
City College lan vil New York.<br />
Eksperyans Gwoup<br />
Atis Endepandan<br />
Apa Tanbou Libète ak Solèy Leve ki<br />
6<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 16 • Du <strong>29</strong> <strong>Octobre</strong> au 4 Novembre <strong>2014</strong>
t ap evolye nan vil New York te gen<br />
yon twazyèm gwoup kiltirèl patriyotik<br />
ki rele Atis Endepandan. Gwoup sa a<br />
te konpoze ak atis ki t ap travay ansanm<br />
depi 1971 ak emisyon L’Heure<br />
<strong>Haiti</strong>enne plis detwa lòt patriyòt ki te<br />
rejwenn gwoup la pita. E li te kòmanse<br />
ap jwe pasipala san li pa t gen yon non<br />
pou idantifye li, jiskaske Komite k ap<br />
Defann Dwa Pèp Ayisyen te mande<br />
gwoup la non l pou mete sou afich yon<br />
n fèt li t ap òganize. Atis yo te reponn<br />
yo se atis endepandan pou montre kòd<br />
lonbrit yo pa t tache ak ankenn gwoup<br />
politik ni yo pa t sou lobedyans okenn<br />
parenn k ap deside pou yo. Se konsa<br />
non Atis Endepandan an tou rete kòm<br />
non gwoup la.<br />
An reyalite, yo te gen kontak<br />
sere ak òganizasyon politik En Avant<br />
ansanm ak emisyon radyo L’Heure <strong>Haiti</strong>enne.<br />
Atis Endepandan te jwe nan fèt<br />
ak miting òganizasyon politik la e gen<br />
yon epòk li te konn anime yon tranch<br />
kiltirèl yon dimanch pa mwa sou antèn<br />
L’Heure <strong>Haiti</strong>enne. Lan pwogram sa<br />
te genyen pwezi ak chante. Youn lan<br />
chante ki te gen siksè se Dodinen. Se<br />
nou ki boulanje a se nou k boule nan<br />
fou. Se nou ki fezè d nat la se nou k<br />
dòmi atè. Bagay sila pa kapab dire,<br />
travayè di yon mo.Granmesi pa nou se<br />
kout baton li ye, men zòt chita sou do<br />
n l ap dodinen.<br />
Atis Endepandan te kolabore tou<br />
ak lòt gwoup atistik ak kiltirèl ayisyen<br />
kou etranje. Yo te kolabore ak Atelye<br />
Tanbou Libète lan montaj teyatral Sou<br />
Lanmè Tout Kannòt yo Rasanble. Yo te<br />
bay gwo konkou nan aspè mizikal la lè<br />
yo te konpoze yon pati lan chante ki<br />
anndan montaj la. Gen manm Atis Endepandan<br />
tou dèyè kèk lan enstriman<br />
ki te akonpaye aktè yo sou sèn, kit se<br />
te lan Prospect Park, Brooklyn kit se te<br />
lan oditoryòm lekòl Spring Valley, toujou<br />
nan leta New York. Atis Endepandan<br />
te devlope yon relasyon espesyal<br />
ak yon gwoup atistik ameriken ki rele<br />
Human Condition. Yo te jwe ansanm<br />
lan anpil espektak.<br />
Se Barbara Dane, yon atis militan<br />
ameriken ak Paredon Records ki<br />
te pwodui plak Atis Endepandan an<br />
an 1975. Tit plak la se Ki sa pou n fè.<br />
Se non tou yon mizik sou plak la ki te<br />
popilè anpil. Human Condition te konn<br />
entèprete chante sa a. Jou ap pase Ayiti<br />
ap fè bak. Jaden seche, timoun ape<br />
mouri grangou. Gen lenjistis, gwo ape<br />
vale piti, peyi a se peyi n li ye se nou<br />
ki pou di yon mo lan sa… Ki sa pou n<br />
fè ? Revolisyon pou tout bagay kapab<br />
mache…<br />
Lan yon espektak li te fè nan<br />
Park Slope, Brooklyn, Atis Endepandan<br />
te prezante yon montaj pou premye<br />
fwa e lan montaj sa a ou te santi<br />
enfliyans Tanbou Libète. Pinga nou<br />
kriye_ se non montaj la_ se dramatizasyon<br />
yon chante gwoup la ki rele menm<br />
jan. Pyès sa te mete sou sèn sitiyasyon<br />
makawon peyi d Ayiti ak yon ekonomi<br />
k ap dekrenmen. Li te montre tou koripsyon<br />
ak vòl k ap layite lan mitan kad<br />
administratif yo san konte wòl restavèk<br />
leta ayisyen ap jwe pou enperyalis ameriken<br />
an. Pinga nou kriye se non tou<br />
plak moso sa parèt sou li a ; yon plak<br />
L’Heure <strong>Haiti</strong>enne te fè soti an 1979<br />
pou komemore dizyèm anivèsè li. Van<br />
sèk pase l soufle li touye jaden nou. Bèt<br />
nou mouri grangou pinga nou kriye.<br />
Se nou ki bay lavi pinga nou kriye n<br />
a chache lavi a kote l al kache. Mwen<br />
di nou konsa pinga nou kriye. Mwen di<br />
nou konsa pinga nou kriye. Mwen di<br />
nou konsa pinga nou kriye, ann mache<br />
kontre pou n chache lavi.<br />
Konklizyon<br />
Se nan chèche lavi lòt kote apre yo pati<br />
kite Ayiti, swa pou rezon ekonomik<br />
swa pou rezon politik, konpatriyòt lan<br />
dyaspora a mache kontre pou mete<br />
sou pye yon mouvman politik nan bi<br />
pou denonse opresyon ak eksplwatasyon<br />
pèp ayisyen t ap sibi anba men<br />
klas dominan lokal yo ak konplisite<br />
boujwazi entènasyonal la, epi fè sa ki<br />
posib pou chanje sitiyasyon malouk sa<br />
a.Se nan kad kontestasyon ak rezistans<br />
ki te pran chè nan okazyon pasasyon<br />
pouvwa avi rejim diktatoryal divalyeris<br />
la chante patriyotik yo wè jou.<br />
Konpozisyon mizikal sa yo te<br />
soti nan matris gwoup atis pwogresis<br />
ayisyen ann Amerik di nò ak ann<br />
Ewòp nan kad kanpay sansibilizasyon,<br />
mobilizasyon ak konsyantizasyon<br />
kominote ayisyen yo aletranje. Se te<br />
rezilta jefò pou pote nouvo mesaj sou<br />
nouvo fòm. An plis gwoup ki te baze<br />
New York yo moun te pi konnen, gen<br />
plizyè lòt gwoup nou pa t gen posibilite<br />
pou sènen anndan tèks sa a ki<br />
merite atansyon nou tou. Haïti Culturelle<br />
jwe pou premye fwa nan Boston<br />
an 1973 ; Grenn Banbou parèt North<br />
Miami an 1980.Vaksin ak Kouto Digo<br />
fòme nan Montréal an 1977. Shango<br />
ak Kiskeya toulede te pran lari nan lane<br />
1976, premye a nan Paris, dezyèm<br />
nan nan Bruxelles. Pou fini nou ka di :<br />
mizik patriyotik yo se te ekspresyon<br />
yon mouvman kiltirèl revolisyonè ki li<br />
menm te apiye sou yon mouvman politik<br />
revolisyonè.<br />
Par Thomas Péralte<br />
Le juge «Zafra», Lamarre Bélizaire,<br />
contesté par des organisations de<br />
défense des droits humains a été chargé<br />
de multiples dossiers par le gouvernement<br />
Martelly-Lamothe.<br />
Il est assisté du journaliste-mercenaire<br />
Guyler Cius Delva, travaillant<br />
pour le pouvoir tètkale vu qu’il s’est<br />
engagé à publier les ordonnances de<br />
son complice de juge. Delva, lui a le<br />
privilège de savoir tout le secret des<br />
instructions particulièrement, celles de<br />
l’ancien président Jean Bertrand Aristide.<br />
Alors que le principe de la justice<br />
veut que l’instruction soit secrète ; en<br />
Perspectives<br />
Qui finance le juge «zafra» Lamarre Bélizaire ?<br />
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Adresse Internet: www.eliegroupe.com • info@eliegroupe.com<br />
Guyler Cius Delva<br />
ce sens, le secret de l’instruction est<br />
violé par le juge qui a dévoilé tout le<br />
secret de l’instruction de cette affaire.<br />
Si elle existe vraiment.<br />
Malgré sa récusation pour suspicion<br />
légitime, Lamarre Bélizaire<br />
n’entend pas lâcher prise. Il continue<br />
sans désemparer la poursuite de la<br />
persécution politique. Cela prouve que<br />
l’intérêt est le mobile de ses actions.<br />
L’avocat Me. Newton Saint-Juste<br />
vient de vendre la mèche lorsqu’il a fait<br />
savoir que le juge Lamarre Bélizaire,<br />
embauché dans l’appareil judiciaire<br />
en juillet 2012 et qui touche comme<br />
salaire moins de 50 mille gourdes (à<br />
45 G pour 1 dollar équivalent à 1,086<br />
$ US) a acheté deux maisons, l’une à<br />
Juvénat et l’autre à Nazon évaluées à<br />
plus de 500 mille dollars US. Il avance<br />
450 mille dollars sur une maison à<br />
Delmas 75. Me. Newton Saint-Juste<br />
demande à l’Unité Centrale de Renseignements<br />
Financiers (UCREF) et à<br />
l’Unité de Lutte Contre la Corruption<br />
(ULCC) de diligenter une enquête sur<br />
les avoirs du juge Lamarre Bélizaire.<br />
Il est inconcevable qu’un juge, qui<br />
touche comme émoluments mensuels<br />
1,086 dollars US, ait dans son actif<br />
des maisons qui coûtent plusieurs centaines<br />
de milliers de dollars US achetées<br />
dans ce court laps de temps.<br />
Dans ce même ordre d’idées, des<br />
manifestants, lors de la manifestation<br />
du 17 <strong>Octobre</strong> dernier, commémorant<br />
le 208 e me année d’assassinat du<br />
père-fondateur de la Nation haïtienne,<br />
Jean Jacques Dessalines, ont dénoncé<br />
l’ex-notaire du président Aristide, Jean<br />
Henry Céant dans ce vaste complot<br />
contre son ancien client qui n’a aucun<br />
lien politique et idéologique avec<br />
lui. Sur une pancarte exhibée par un<br />
manifestant, il est inscrit: «Me. Jean<br />
Henry Céant bay jij Lamarre Bélizaire<br />
500,000 dola » pour persécuter Dr.<br />
Aristide. Est-ce une vérité ? Nous ne<br />
le savons pas. Cette Pancarte a été<br />
postée sur le site du Journal Le Nouvelliste<br />
dans l’espace de l’actualité en<br />
Jean Henry Céant<br />
vidéo. Elle est également postée sur<br />
Youtube.<br />
Donc, avec Me. Anel Alexis<br />
Joseph à la tête du Conseil Supérieur<br />
du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) et le juge<br />
«zafra» Lamarre Bélizaire, la justice<br />
est devenue un instrument du pouvoir<br />
tètkale pour persécuter les opposants à<br />
ce regime. Tous les dossiers de persécution<br />
politique ont été confiés à Lamarre<br />
Bélizaire. Qu’il s’agisse du dossier<br />
de Me. André Michel, du Dr. Jean<br />
Bertrand Aristide, des frères Florestal,<br />
de Louima Louis Juste, d’Anthony<br />
Nazaire, de Nadal et Cleevens Aristide,<br />
de Nazaire Thidé, des 18 manifestants<br />
arrêtés le 17 <strong>Octobre</strong> <strong>2014</strong> ; tous se<br />
trouvent dans le cabinet de Lamarre<br />
Bélizaire.<br />
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Vol. 8 • No. 16 • Du <strong>29</strong> <strong>Octobre</strong> au 4 Novembre <strong>2014</strong> <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 7
Perspectives<br />
Le vaudou, fondement gracieux de<br />
l’épopée de 1804<br />
D'Haïti au Libéria même<br />
combat ?<br />
Par Henry Robert PIERRE PAUL<br />
Implanté dans ce pays au début du XVIè<br />
siècle, avec l’arrivée des noirs d’Afrique<br />
recommandée par le « fameux » prêtre<br />
catholique Las Casas qui n’hésitait pas<br />
à ordonner aux autorités coloniales de<br />
l’époque de faire transporter jusque sur<br />
la terre d’Hispaniola, ces créatures-là<br />
qu’il ne considérait pas comme des êtres<br />
humains à part entière, dans le but de<br />
venir remplacer les « Indiens » qu’il aimait<br />
tant, dans leurs rudes travaux qui<br />
les décimaient en grand nombre, le vaudou<br />
s’entend donc comme étant une<br />
religion d’origine africaine pratiquée en<br />
Haïti, qui emprunte certains de ses éléments<br />
au rite catholique. Sa présence<br />
ou du moins son acceptation dans le<br />
milieu haïtien n’a jamais été chose facile,<br />
ni sans conséquence. Dès ses premiers<br />
jours, il devait faire face aux hostilités<br />
féroces (attaques et persécutions<br />
de toutes sortes) de ses détracteurs et<br />
ennemis qui interdisaient son existence<br />
même, tout comme ses manifestations.<br />
Alors que pour certains, il était déterminant<br />
dans le processus ayant conduit à<br />
l’indépendance nationale, concrétisée le<br />
1er Janvier 1804, pour certains autres,<br />
l’aboutissement à cette épopée n’a pas<br />
de rapports certains ou signifiants avec<br />
lui. Aussi, une analyse même succincte<br />
de cette religion qui, au dire de plus<br />
d’un, allait représenter le foyer culturel<br />
du peuple haïtien, nous permettra-telle<br />
d’appréhender et de cerner la réalité<br />
autour de cette religion dans la<br />
dynamique de la lutte des esclaves de<br />
Saint Domingue pour l’indépendance<br />
nationale.<br />
En effet, le vaudou haïtien est<br />
constitué de trois éléments a) africain, b)<br />
chrétien, c) indien. De l’avis de pas mal<br />
de gens, l’essentiel de cette religion noire<br />
qui, dès le début se mélangeait au christianisme<br />
pour produire le vaudou peut se<br />
résumer comme suit :<br />
Indifférenciation de l’homme et<br />
des choses.<br />
Attribution des qualités de<br />
l’homme aux animaux, plantes, minéraux,<br />
objets. D’où la possibilité pour<br />
l’homme de se transformer en animaux<br />
ou en plantes.<br />
Possibilité pour les groupes humains<br />
de s’allier aux animaux et d’en<br />
utiliser la puissance.<br />
Comme toute autre religion, le<br />
vaudou possède ses structures. A ce propos,<br />
il convient de jeter un coup d’œil sur<br />
le clergé qui occupe une place importante<br />
dans l’existence de ce culte.<br />
Le clergé (1)<br />
On donne le nom de Houngan aux<br />
hommes, et mambos aux femmes. Par<br />
ailleurs, le fidèle ayant déjà subi l’initiation<br />
est appelé ounsi. On rapporte que le<br />
plus zélé est le ounguénicon. Quant au<br />
père savann, il a pour mission de réciter<br />
les prières vaudouesques et l’esprit<br />
des talismans. En fait, celui qui veut<br />
accéder à ces grades doit passer par des<br />
stades : Laver-tête, Kanzo, Asson. Le<br />
vaudou a également des rites. Plus précisément<br />
trois dont a) le rada, qui est<br />
bienfaisant, b) le pétro, qui apprécie le<br />
porc dans les sacrifices et procure aux<br />
cérémonies un caractère magique, c)<br />
le congo, qui réunit des esprits assoiffés<br />
de sang. L’exécution de ces riteslà<br />
se réalise sur des autels différents.<br />
Ainsi, l’autel personnel est : 1) le petit<br />
rogatoire qui se trouve dans la chambre.<br />
2) Le péristyle c’est là où ont lieu les<br />
cérémonies et les danses. Au milieu du<br />
péristyle se trouve le poteau mitan sur<br />
lequel est représenté le vêvê ou symbole<br />
du loa. 3) L’autel familial : le houmfort.<br />
Le sanctuaire principal, c’est le badji où<br />
l’on trouve des cruches contenant les<br />
esprits des morts. 4) L’autel collectif,<br />
c’est le lieu de pèlerinage (catholique).<br />
Exemple : Limonade, bord de mer de Limonade,<br />
Saut d’Eau, Plaine du Nord, etc.<br />
La morale du vaudou consiste en une<br />
Une cérémonie vaudou à Lakou Badjo<br />
Une Haïtienne en transe pendant une cérémonie vaudou, à Souvenance<br />
défense de tuer, en la défense aux prêtres<br />
du vaudou de se servir des forces spirituelles<br />
pour faire le mal. Contrairement<br />
à d’autres, il est une religion pratique qui<br />
ne prêche pas la résignation mais plutôt<br />
qui pousse l’homme à rechercher son<br />
bonheur sur la terre et non ailleurs. Il est<br />
toute une vision, une conception, une<br />
idéologie, une philosophie du monde. Sa<br />
survivance est donc expliquée par tout<br />
cela. Au cours de la colonisation, l’Haïtien<br />
vaudouisant, nous rappelle le professeur<br />
Micial Néréstant, était livré pieds et<br />
poings liés à toute domination possible.<br />
On lui coupait tout langage, on l’exilait<br />
de lui-même, et il ne disposait pas de<br />
défense. Durant ces époques-là, Haïti a<br />
connu l’humiliation la plus terrible de<br />
son histoire. Ainsi, le vaudou a donc été,<br />
poursuit le professeur, (2) une forme de<br />
résistance culturelle contre le système<br />
esclavagiste. Il est aussi l’expression de<br />
l’exploitation économique et de l’insécurité<br />
fondamentale des couches populaires.<br />
En outre, comme religion, il est un<br />
système d’intégration de l’individu dans<br />
le tout, c’est-à-dire une attitude d’harmonie<br />
et de participation active et volontaire<br />
de l’individu à tout son univers, l’expression<br />
de l’être en monde du vaudouisant<br />
se traduisant comme une attitude fondamentale<br />
du paysan face à l’absolu.<br />
Il remplit des fonctions de compensation<br />
dans l’ordre économique,<br />
social, politique, religieux. Il constitue<br />
une sorte de refuge surnaturel pour les<br />
vaudouisants et aussi leur fournit des<br />
moyens de se récréer et de solutionner<br />
leurs problèmes sanitaires et autres. C’est<br />
dans ce contexte-là qu’au cours des<br />
luttes acharnées que menait la masse<br />
des esclaves de Saint Domingue pour<br />
l’indépendance nationale, il a trouvé<br />
l’opportunité, l’occasion propice pour<br />
les incorporer durant les dures épreuves<br />
qu’ils devaient surmonter, sans oublier<br />
le profond désaccord qui existait entre<br />
eux. Tout ceci rendait difficile et même<br />
inimaginable l’aboutissement à l’objectif<br />
primordial visé (l’indépendance).<br />
Face à ce dilemme, il avait fallu<br />
son intervention qui, plus tard allait<br />
apporter un souffle nouveau dans la<br />
dynamique du combat pour la liberté et<br />
la libération, notamment l’union parfaite<br />
des esclaves leur facilitant la tâche de<br />
les libérer du joug de l’esclavage. Car,<br />
à partir de lui leur arrivait une prise de<br />
conscience, élément capital qui leur<br />
manquait et qui représentait l’obstacle, la<br />
barrière à briser, à franchir pour parvenir<br />
à atteindre leur but, concrétiser leur<br />
rêve d’affranchissement général. Cela<br />
leur permettait de s’unir en un seul pour<br />
livrer le bon et le vrai combat et arriver<br />
à vaincre l’ennemi commun (le colon)<br />
qui les réduisait à l’état infra-humain. La<br />
question du vaudou en Haïti a tout au<br />
long de son histoire été un sujet de vives<br />
tensions et de controverses intenses.<br />
Le vaudou a été l’objet de plusieurs<br />
croisades ou même de guerres<br />
de religion comme la campagne des<br />
rejete de 1939 à 1942. La constitution<br />
haïtienne a toujours été ambiguë, nous<br />
signale monsieur Jean Yves Blot, face au<br />
vaudou le traitant de pratiques superstitieuses,<br />
de pratiques diaboliques, etc. A<br />
son avis, certains prédicateurs, du haut<br />
de leur chaire dénigrent publiquement<br />
le vaudou dans leurs ‘‘voye monte’’(3)<br />
simplistes qui frisent l’obscurantisme.<br />
La perception des Haïtiens en général<br />
face au vaudou ne diffère pas de celle<br />
que les colons leur avaient inculquée à<br />
travers le système colonial-esclavagiste,<br />
jusqu’à traiter le vaudou de ‘‘pratiques<br />
cannibales’’, de ‘‘superstitions’’, de principal<br />
obstacle au développement. Somme<br />
toute, le vaudou vu sa partition importante<br />
qu’il a toujours su jouer dans la vie<br />
du peuple haïtien a, et mérite lui aussi sa<br />
place à côté des autres religions, dans la<br />
société. D’ailleurs, son intervention dans<br />
la dynamique de la lutte des esclaves<br />
de Saint Domingue pour la liberté était<br />
plus que décisive et salutaire. Il est donc<br />
parmi tant d’autres choses un élément<br />
relevant du patrimoine culturel haïtien.<br />
_____________________________<br />
_____<br />
NERESTANT, Micial : Introduction<br />
à la sociologie, à l’usage des infirmières,<br />
éditions caraïbes, Cayes, 1987, p.97.<br />
NERETANT, Micial : O.p. cit,<br />
p.103.<br />
BLOT, Jean Yves : Introduction à<br />
l’anthropologie, p.17.<br />
Henry Robert PIERRE PAUL<br />
Sociologue.<br />
Suite aux plaintes portées par la société civile haïtienne contre ce<br />
contingent de casques bleus népalais, les Etats-Unis ont pourtant<br />
soutenu l'impunité de l'Onu.<br />
Une victime du Cholera de la<br />
Minustah en <strong>Haiti</strong><br />
Ebola, Otan médical, Oms et forces<br />
militaires atlantistes : une stratégie<br />
de reconquête coloniale de l'Afrique de<br />
l'Ouest ?<br />
Une stratégie du soin ouvertement<br />
colonialiste et impérialiste accompagne<br />
la lutte contre Ebola. L'Union<br />
africaine ne compte pour rien dans les<br />
stratégies de l'Ue, de l'Otan, de l'Oms<br />
et des Usa en Afrique ; qu'il s'agisse du<br />
terrorisme en Afrique ou des problèmes<br />
sanitaires. C'est le Nord qui décide pour<br />
le Sud dans ses anciennes colonies de<br />
ce qu'il y a de mieux pour ces populations<br />
en s'appuyant sur des kleptocrates<br />
mis au pouvoir par les pays occidentaux.<br />
Au moment où près de 10 000<br />
soldats des forces de l'Otan (Etats Unis,<br />
Allemagne, France, Grande-Bretagne)<br />
vont s'abattre sur l'Afrique de l'Ouest<br />
pour lutter contre l'Ebola, dans le plus<br />
grand silence de leurs médias complices,<br />
on ne peut que s'étonner de cette<br />
conception du soin si spécifique aux<br />
pays occidentaux, tandis que les Russes,<br />
les Cubains déploient laboratoires et<br />
centaines de médecins sans déployer<br />
aucun militaire. C'est à un tel point<br />
que les autorités étatsuniennes étaient<br />
incapables de justifier devant le Congrès<br />
les subtilités et les détails de cette<br />
opération militaire si ce n'est de créer<br />
un centre de commandement Africom<br />
à Monrovia.<br />
Ce déploiement intervient au moment<br />
où Foreign Policy (The Ultimate<br />
Ebola Fighting Force) évoque la possibilité<br />
de créer un Otan médical voulu<br />
par l'Oms et les pays occidentaux. Une<br />
force militaro-humanitaire capable<br />
d'intervenir sans l'aval des pays hôtes<br />
pour lutter contre une épidémie ravageant<br />
ce pays : soit une reconquête militaire<br />
de ces pays au nom du prétexte<br />
médical.<br />
« Cet «Otan médical», pour ainsi<br />
dire, consisterait en une coalition de<br />
pays qui recruterait des équipes spécialisées<br />
- composées de médecins,<br />
d'infirmières et autres - des organismes<br />
et des systèmes de santé nationaux.<br />
L'alliance pourrait nommer un médecin<br />
en chef, et tous les pays participants<br />
développeraient conjointement des<br />
plans opérationnels pour mener des exercices<br />
de répétition.<br />
Les équipes seront déployées à la<br />
demande de l'Oms, suite à la déclaration<br />
d'une urgence sanitaire mondiale.<br />
Elles pourraient être mobilisées pour<br />
supprimer une maladie soit complètement,<br />
ou à un niveau tel que le pays<br />
pourrait alors gérer la crise lui-même.<br />
Elles auraient le pouvoir de fournir<br />
directement les traitements médicamenteux<br />
et mettre en œuvre des<br />
mesures de prévention, sans ingérence<br />
politique de la part d'un pays dans lequel<br />
une épidémie est en train de se<br />
produire. » (Ebola et impérialisme militaro-médical<br />
au Liberia : vers un "Otan<br />
médical" ?).<br />
On comprend alors mieux le<br />
pourquoi du déploiement de ces milliers<br />
de militaires, s’il faut effectivement administrer<br />
aux populations locales des<br />
traitements sans l'aval de leur population<br />
ou de leur gouvernement. Rappelons<br />
seulement qu'en Haïti les Etats<br />
Unis avaient déployé 10 000 Marines,<br />
le lendemain du tremblement de terre<br />
en janvier 2010, pour envoyer dans un<br />
second temps des équipes de médecins<br />
et de chirurgiens sur le terrain, auxquels<br />
Msf a reproché un usage abusif<br />
de l'amputation. Fin 2010, une épidémie<br />
de cholera a éclaté faisant 3000<br />
morts en Haïti.<br />
"Un groupe d'experts nommés par<br />
l'Onu a conclu que l'épidémie de choléra<br />
en <strong>Haiti</strong> était due à la contamination de<br />
la rivière Meye, affluent du fleuve Artibonite,<br />
par une souche pathogène de<br />
Vibrio choléra d'origine sud-asiatique, à<br />
la suite d'activités humaines. Selon le<br />
ministre de la Santé haïtien, Alex Larsen,<br />
il s'agit d'une souche de type O1,<br />
la plus dangereuse. Une étude publiée<br />
peu après a démontré l'identité parfaite<br />
des souches isolées au Népal et en <strong>Haiti</strong><br />
au début de l'automne 2010. Selon une<br />
synthèse publiée début 2012, les données<br />
épidémiologiques et génétiques<br />
montrent que la source du choléra en<br />
<strong>Haiti</strong> provient de la relève d'un bataillon<br />
de casques bleus népalais au début<br />
du mois d'octobre 2010." (Wikipedia).<br />
Suite aux plaintes portées par la société<br />
civile haïtienne contre ce contingent de<br />
casques bleus, les Etats-Unis ont pourtant<br />
soutenu l'impunité de l'Onu.<br />
Suite à la page (15)<br />
Director: Florence Comeau<br />
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8<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 16 • Du <strong>29</strong> <strong>Octobre</strong> au 4 Novembre <strong>2014</strong>
This Week in <strong>Haiti</strong><br />
Anti-Martelly Protests Grow in <strong>Haiti</strong><br />
by Isabelle L. Papillon and Kim Ives<br />
<strong>Haiti</strong> Cholera Victims Get<br />
First Hearing in Court<br />
Haïti Liberté<br />
Thousands marched through the streets of Port-au-Prince on Oct. 26,<br />
<strong>2014</strong>, demanding the resignation of President Michel Martelly.<br />
The uprising across <strong>Haiti</strong> to demand<br />
the resignation of President<br />
Michel Martelly grew again<br />
this week with massive marches<br />
in the capital and several towns on<br />
Oct. 26, <strong>2014</strong>, the date on which<br />
Martelly had promised elections<br />
earlier this year.<br />
As they had just nine days<br />
earlier on Oct. 17, tens of thousands<br />
of <strong>Haiti</strong>ans took to the<br />
streets again to demand the holding<br />
of elections, respect for the<br />
Constitution, and the continuation<br />
of the democratic process in <strong>Haiti</strong>.<br />
But for this to happen, there is a<br />
growing consensus around the<br />
demonstrators’ principal demand:<br />
“Martelly must go!”<br />
In addition to Port-au-Prince,<br />
demonstrators marched in Aux<br />
Cayes, Petit Goâve, and Cap Haïtien.<br />
Parliamentary and municipal<br />
elections are more than three<br />
years overdue because of Martelly’s<br />
bureaucratic foot-dragging<br />
and intransigence in naming a<br />
compromise electoral council.<br />
Nonetheless, Martelly has blamed<br />
his political opposition and the<br />
parliament for the delay and found<br />
the time and resources to hold<br />
three carnivals a year. The situation<br />
seems to confirm the old <strong>Haiti</strong>an<br />
dictum: "Macoutes never hold<br />
elections" (Makout pa konn fè<br />
eleksyon), a reference to the repressive<br />
paramilitary Tonton Macoute<br />
force which was the armed<br />
expression of the Duvalier dictatorships<br />
Under pressure from the<br />
<strong>Haiti</strong>an people, and his imageconscious<br />
backers in Washington,<br />
Martelly signed a presidential<br />
decree on Jun. 10, <strong>2014</strong> setting<br />
elections for Oct. 26, <strong>2014</strong>. But in<br />
mid-August, Martelly’s electoral<br />
council announced that the elections<br />
would be postponed indefinitely.<br />
In a symbolic move, the people<br />
took to <strong>Haiti</strong>’s streets in search<br />
of polling stations. Not finding<br />
any, they asked for the keys to the<br />
National Palace.<br />
In the capital, the demonstration<br />
started at 10 am. Thousands<br />
gathered in front of the ruins of St.<br />
Jean Bosco, the church where Father<br />
Jean-Bertrand Aristide used to<br />
preach. The crowd then marched<br />
through the popular quarters of<br />
La Saline, St. Martin, and Bel Air<br />
before taking the Delmas Road.<br />
Peacefully, but with determination,<br />
the sea of demonstrators marched<br />
to Pétionville<br />
"We demand the immediate<br />
resignation of Martelly,” chanted<br />
demonstrators. “Martelly is a vagabond.<br />
He should not be president<br />
of <strong>Haiti</strong>. He was imposed on us by<br />
the international community. No<br />
matter what, Martelly must go!”<br />
Militants of the Dessalines<br />
Coordination party (KOD) carried<br />
signs that read: “Occupation<br />
= Martelly! Martelly = Cholera!”<br />
Other signs said: “Martelly = a<br />
pink flea! Martelly symbolizes<br />
misery! Martelly = the colonists’<br />
servant (restavèk kolon)."<br />
Angry demonstrators tore<br />
down pink government posters<br />
proclaiming that “Ayiti ap vanse"<br />
(<strong>Haiti</strong> is moving ahead). Protestors<br />
burned and stamped on them.<br />
Regime thugs tried to provoke<br />
the crowd into a confrontation<br />
at Delmas 18, but the <strong>Haiti</strong>an<br />
police stopped the harassment.<br />
They had another agenda.<br />
At Delmas 75, the police, accompanied<br />
by a justice of the peace<br />
with prepared warrants, arrested<br />
Thimoté Rony and Biron Odigé,<br />
the two leaders of the Patriotic<br />
Front for Respect of the Constitution<br />
(FOPARC). FOPARC was one<br />
of the principal march organizers.<br />
The two leadeers were taken to the<br />
Pétion-ville police station and then<br />
transported to the Carrefour police<br />
station, in the south of the capital.<br />
As news of the two leaders’<br />
arrest spread through the crowd,<br />
the protestors’ strength and determination<br />
increased. It was resolved<br />
to head to Carrefour.<br />
Demonstrators arrived at<br />
Pétion-ville without too much difficulty<br />
and were greeted and joined<br />
by hundreds of people who swelled<br />
the crowd. After passing along<br />
various streets of swank town,<br />
the demonstrators headed towards<br />
the National Palace to demand the<br />
keys. But the police denied the<br />
marchers access to the Champ de<br />
Mars, the square in front of the<br />
National Palace. So the protestors<br />
headed down Rue Capois en route<br />
to Carrefour to bring solidarity to<br />
Biron Odigé and Thimoté Rony.<br />
However, at Rue Magloire Ambroise,<br />
as they did on Oct. 17, the<br />
police broke up the demonstration<br />
with tear gas and pepper water.<br />
<strong>Haiti</strong>ans throughout the capital<br />
had quickly learned that the<br />
two arrested leaders were jailed<br />
at the Omega Prison in Carrefour.<br />
Within minutes, demonstrators<br />
were protesting outside, chanting<br />
“Down with Martelly,” even<br />
as thousands were wending their<br />
way down from Pétion-ville. When<br />
Sen. Moïse Jean-Charles, the charismatic<br />
leader of the anti-Martelly<br />
movement, and lawyer André<br />
Michel arrived at the prison, the<br />
demonstration grew in size and<br />
volume. Moïse called for a “permanent<br />
mobilization” against the<br />
“emerging dictatorship.”<br />
"The people do not want the<br />
tet kale (bald headed) group,” said<br />
Sen. Moïse. “Martelly has lost control<br />
of the situation."<br />
The next day, Oct. 27, Portau-Prince<br />
prosecutor Kerson Darius<br />
Charles executed warrants of<br />
committal against the two leaders,<br />
who were not heard by a judge.<br />
They remain incarcerated in Carrefour’s<br />
Omega prison, where demonstrators<br />
will again protest on<br />
Oct. 30.<br />
Along with Sen. Moïse Jean-<br />
Charles and Sen. John Joël Joseph,<br />
many political leaders marched in<br />
the protest including former parliamentarians<br />
Turneb Delpé and<br />
Serge Jean-Louis of the Patriotic<br />
Movement of the Democratic Opposition<br />
(MOPOD), Oxygène David<br />
and Thomas Jean Dieufaite of<br />
KOD, and Dr. Maryse Narcisse, the<br />
coordinator of the Lavalas Family<br />
party of former President Jean-Bertrand<br />
Aristide.<br />
Narcisse condemned the arrest<br />
and illegal imprisonment and<br />
Biron Odigé and Thimoté Rony, as<br />
well as three other demonstrators<br />
arrested in Aux Cayes. She called<br />
for the release of all <strong>Haiti</strong>an political<br />
prisoners.<br />
The list of demonstrators<br />
(now political prisoners) arrested<br />
during the Oct. 17 and Oct. 26<br />
marches include the following: in<br />
Port-au-Prince, 1)Vladimir Pierre,<br />
2) Jean-Henry Delassin, 3) Hérard<br />
Seradieu, 4) Moïse Roody, 5)<br />
Jean Jacques Renault, 6) Lovenson<br />
Mersier, 7) Paul Joanel, 8) Ralph<br />
Desilus, 9) Lormicile Isaac Homme,<br />
10) Saint-Gourdain Dodelyn,<br />
11) Mersier Jean Louiné, 12)<br />
Louiredant Louisvens, 13) Clergé<br />
Jeff, 14) Clervin Midin, 15)<br />
Sampeur Jonas, 16) Laguerre Angelot,<br />
17) Fritzner Montinat, 18)<br />
Charles Altès, 19) Biron Odigé,<br />
and 20) Thimoté Rony. In Aux<br />
Cayes, 1) Frantzou Dieu, 2) Luxama<br />
Frantz, and 3) Mentor Pétuel.<br />
Ten other demonstrators<br />
were arrested in Petit-Goâve, and<br />
three of them were released on<br />
Oct. 27: Guirand Auguste, St. Jean<br />
Harry, and Berthony St. Hilaire.<br />
"Today, <strong>Haiti</strong> is returning<br />
into a totalitarian regime with a<br />
dictator without vision,” said Sen.<br />
François Annick Joseph of the Artibonite.<br />
“Faced with this regime,<br />
there must be popular uprising, an<br />
uprising of citizens.”<br />
Lawyer Brian Concannon, Jr. of the Institute for Justice and Democracy in<br />
<strong>Haiti</strong> (IJDH) speaks to the press after the Oct. 23 hearing in Manhattan.<br />
Lawyers Kertch Conzé (left) and Mario Joseph (right) also made<br />
statements.<br />
by Jake Johnston, <strong>Haiti</strong> Relief and Reconstruction<br />
Watch (HRRW)<br />
“<strong>Haiti</strong>an people are all too<br />
familiar with the court expressing<br />
sympathy to their plight but closing<br />
doors to them,” concluded Muneer<br />
Ahmad, Clinical Professor of Law at<br />
Yale Law School, at an Oct. 23 federal<br />
District Court hearing concerning<br />
the UN’s immunity for introducing<br />
cholera to <strong>Haiti</strong>. “That need not be<br />
the case here,” said Ahmad.<br />
For one day, at least, the Southern<br />
District federal court in New York<br />
did open their doors, as Judge J. Paul<br />
Oetken heard oral arguments in the<br />
case George et al. V. United Nations<br />
et al. The question before the court<br />
was whether or not the UN and its<br />
officers should have immunity from<br />
claims arising from the introduction<br />
of cholera into <strong>Haiti</strong> by UN troops in<br />
October 2010.<br />
“It is not seriously disputed<br />
that the UN is responsible for causing<br />
this devastating epidemic,” stated<br />
Beatrice Lindstrom, a staff attorney<br />
at the Institute for Justice and Democracy<br />
in <strong>Haiti</strong> (IJDH) and counsel<br />
for the thousands of <strong>Haiti</strong>an cholera<br />
victims represented in the suit. The<br />
UN did not appear in court, but rather<br />
it was U.S. government attorney<br />
Ellen Blain who spoke in defense of<br />
UN immunity, citing the U.S.’s obligation<br />
as host nation to the UN.<br />
Lindstrom argued that the UN’s<br />
immunity, as called for in Section 2<br />
of the Convention on the Privileges<br />
and Immunities of the United Nations<br />
(CPIUN) did not need to be expressly<br />
waived by the UN, because it<br />
had failed to provide an alternative<br />
dispute mechanism, as called for in<br />
Section <strong>29</strong> of the CPIUN. Lindstrom<br />
stated that these two sections were<br />
“two-sides of the came coin” and<br />
that the convention must be interpreted<br />
“in whole.” By failing to live<br />
up to its obligations under Section<br />
<strong>29</strong>, the UN would not be able to then<br />
claim immunity under Section 2.<br />
U.S. attorneys argued that there was<br />
no link between the two sections and<br />
pointed to previous cases where U.S.<br />
courts have upheld immunity.<br />
However, in those previous<br />
cases, the plaintiffs argued, the UN<br />
had provided an alternative dispute<br />
mechanism, and the question was<br />
over its adequacy. This was the first<br />
case before U.S. courts where the<br />
UN had failed entirely to live up to<br />
its obligations under Section <strong>29</strong>, according<br />
to the plaintiffs as well as<br />
international law scholars, who filed<br />
amicus curiae with the court.<br />
“This case is without precedent,<br />
for two reasons,” said Ahmad,<br />
“The catastrophic scope of injury<br />
Kim Ives/Haïti Liberté<br />
caused by the UN; and the failure of<br />
the UN to provide any forum whatsoever<br />
in which victims of the cholera<br />
epidemic may bring their claims.”<br />
While the U.S. attorney argued<br />
that allowing the case to go forward<br />
would open the UN to a flood<br />
of lawsuits, impacting operations<br />
worldwide, Lindstrom countered by<br />
requesting a “narrow ruling” based<br />
on the specific facts of the case. As<br />
Kertch Conzé, appearing on behalf of<br />
the <strong>Haiti</strong>an Lawyers Association and<br />
the <strong>Haiti</strong>an Women of Miami, noted,<br />
if the UN had simply complied with<br />
its own obligations under Section<br />
<strong>29</strong>, “we wouldn’t be here today.”<br />
Speaking to HRRW after the hearing,<br />
Lindstrom explained that all the UN<br />
would have to do to prevent a flood<br />
of lawsuits is simply comply with<br />
their own obligations.<br />
Mario Joseph, Managing Attorney<br />
of the International Lawyers<br />
Office (BAI) in Port-au-Prince, <strong>Haiti</strong>,<br />
who also represents the cholera victims,<br />
noted in a press release after<br />
the hearing that “the UN spends lots<br />
of time and money telling our officials<br />
and citizens to respect the rule<br />
of law. Then it refuses to have the<br />
law apply to itself after killing thousands<br />
of <strong>Haiti</strong>ans. Does the UN think<br />
<strong>Haiti</strong>ans do not notice the double<br />
standard?”<br />
U.S. attorney Blain argued that<br />
any question regarding the interpretation<br />
of the convention should be<br />
brought to the International Court<br />
of Justice, but that only signatories<br />
to the convention could bring such<br />
claims, meaning the U.S. government<br />
or another UN member nation.<br />
Asked by Judge Oetken if the U.S.<br />
would bring the case to the international<br />
court, Blain responded that<br />
she was “not authorized” to speak<br />
on that question.<br />
Lindstrom, as lawyer for the<br />
cholera victims, explained that the<br />
Status of Forces Agreement signed<br />
by <strong>Haiti</strong> and the United Nations explicitly<br />
calls for third parties to be<br />
able to present claims and further,<br />
that Section <strong>29</strong> of the CPIUN deals<br />
expressly with injuries to individuals.<br />
The question of whether or not<br />
the court’s doors remain open to <strong>Haiti</strong>ans<br />
will have to wait; Judge Oetken<br />
reserved judgment for now, and no<br />
decision is expected for months.<br />
Another case, filed in Brooklyn earlier<br />
this year, is also making its way<br />
through the U.S. court system. Dr.<br />
Tim Howard, one of the lead attorneys<br />
in the case, told HRRW that, “If<br />
they lose here, and we lose there [in<br />
New York’s Eastern District, where<br />
the second case is being heard],<br />
we’ll take it somewhere else. We<br />
won’t stop until justice is done.”<br />
Vol. 8 • No. 16 • Du <strong>29</strong> <strong>Octobre</strong> au 4 Novembre <strong>2014</strong> <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 9
NOUVEL ORDRE MONDIAL : DE NOUVEL<br />
DISCOURS DE VLA<br />
Vladimir Poutine a pris part à la<br />
dernière séance plénière de la XIe session<br />
du Club International de Discussion<br />
Valdaï*. Le thème de la réunion<br />
était : L’ordre mondial : de nouvelles<br />
règles ou un jeu sans règles ?<br />
Cette année, 108 experts, historiens<br />
et analystes politiques originaires de<br />
25 pays, dont 62 participants étrangers,<br />
ont pris part aux travaux du Club.<br />
La réunion plénière a présenté une<br />
synthèse des travaux du Club au cours<br />
des trois journées précédentes, qui ont<br />
été consacrées à l’analyse des facteurs<br />
d’érosion du système actuel des institutions<br />
et des normes du droit international.<br />
Voici en son intégralité, le discours<br />
du Président Vladimir Poutine le<br />
24 octobre <strong>2014</strong>.<br />
Chers collègues, Mesdames et<br />
Messieurs, chers amis,<br />
C’est un plaisir de vous accueillir<br />
à la XIe réunion du Club Valdaï.<br />
Il a déjà été mentionné que le<br />
Club a de nouveaux co-organisateurs<br />
cette année. Ils comprennent des organisations<br />
non gouvernementales russes,<br />
des groupes d’experts et de grandes<br />
universités. Il a également été suggéré<br />
d’élargir les discussions à des questions<br />
qui ne sont pas seulement liées à la<br />
Russie elle-même, mais aussi à la politique<br />
et à l’économie mondiales.<br />
J’espère que ces changements<br />
dans l’organisation et le contenu des<br />
sessions renforceront l’influence du<br />
Club en tant que forum de discussion<br />
et d’experts de premier plan. Dans le<br />
même temps, j’espère que « l’esprit de<br />
Valdaï » sera conservé – cette atmosphère<br />
libre et ouverte, cette opportunité<br />
d’exprimer toutes sortes d’opinions<br />
très différentes et franches.<br />
Permettez-moi de dire à cet égard<br />
que je ne vais pas vous décevoir et que<br />
je vais parler directement et franchement.<br />
Certains de mes propos pourront<br />
sembler un peu trop rudes ; mais<br />
si nous ne parlons pas directement et<br />
honnêtement de ce que nous pensons<br />
vraiment, alors il est absolument inutile<br />
de tenir de telles réunions. Il serait préférable,<br />
dans ce cas, de se contenter des<br />
rencontres diplomatiques, où personne<br />
ne dit rien qui ait une véritable portée<br />
et, reprenant les paroles d’un célèbre<br />
diplomate, où vous vous rendez compte<br />
que les diplomates ont une langue faite<br />
pour ne pas dire la vérité.<br />
Nous nous réunissons pour<br />
d’autres raisons. Nous nous réunissons<br />
pour nous parler franchement.<br />
Nous avons besoin d’être directs et<br />
francs aujourd’hui, non pas pour<br />
s’envoyer des piques, mais afin de<br />
tenter de faire la lumière sur ce qui<br />
se passe dans le monde, d’essayer de<br />
comprendre pourquoi le monde est de<br />
moins en moins sûr et de plus en plus<br />
imprévisible, et pourquoi les risques<br />
augmentent partout autour de nous.<br />
Les débats d’aujourd’hui se sont tenus<br />
sous le thème : De nouvelles règles ou<br />
un jeu sans règles ? Je pense que cette<br />
formule décrit avec précision le tournant<br />
historique que nous avons atteint<br />
aujourd’hui et le choix auquel nous<br />
sommes tous confrontés. Bien sûr, il<br />
n’y a rien de nouveau dans l’idée que<br />
le monde est en train de changer très<br />
rapidement. Je sais que c’est quelque<br />
chose dont vous avez parlé durant les<br />
échanges d’aujourd’hui. Il est certainement<br />
difficile de ne pas remarquer les<br />
transformations dramatiques dans la<br />
politique mondiale et dans l’économie,<br />
dans la vie publique, dans l’industrie,<br />
l’information et les technologies sociales.<br />
Permettez-moi de vous demander<br />
dès maintenant de me pardonner, si<br />
j’en viens à répéter ce que certains des<br />
participants à la discussion ont déjà<br />
dit. C’est pratiquement inévitable. Vous<br />
avez déjà eu des discussions détaillées,<br />
mais je vais exposer mon point de vue.<br />
Il coïncidera avec le point de vue des<br />
participants sur certains points et divergera<br />
sur d’autres.<br />
Tandis que nous analysons la<br />
situation d’aujourd’hui, n’oublions pas<br />
les leçons de l’histoire. Tout d’abord, les<br />
changements dans l’ordre mondial – et<br />
tout ce que nous voyons aujourd’hui<br />
constitue des événements de cette ampleur<br />
– ont généralement été accompagnés<br />
sinon par une guerre et des conflits<br />
à l’échelle mondiale, du moins par<br />
des chaînes de conflits locaux intenses.<br />
Deuxièmement, la politique mondiale<br />
est avant tout une question de leadership<br />
économique, de guerre et de paix,<br />
avec une dimension humanitaire, incluant<br />
les droits de l’homme.<br />
Aujourd’hui, le monde est plein<br />
de contradictions. Nous devons être<br />
francs en nous demandant mutuellement<br />
si nous avons un filet de sécurité<br />
fiable et bien en place. Malheureusement,<br />
il n’y a aucune garantie et aucune<br />
certitude que le système actuel<br />
de sécurité mondiale et régionale soit<br />
en mesure de nous protéger des bouleversements.<br />
Ce système a été sérieusement<br />
affaibli, fragmenté et déformé.<br />
Les organisations internationales et<br />
régionales de coopération politique,<br />
économique, et culturelle traversent<br />
également des temps difficiles.<br />
Oui, un grand nombre des mécanismes<br />
actuels visant à assurer<br />
l’ordre mondial ont été créés il y a très<br />
longtemps, y compris et surtout dans la<br />
Pourquoi la Libye a-t-elle été réduite à cette situation ? Aujourd’hui,<br />
c’est un pays en danger de démantèlement et qui est devenu un terrain<br />
d’entraînement pour les terroristes.<br />
période suivant immédiatement la Seconde<br />
Guerre mondiale. Permettez-moi<br />
de souligner que la solidité du système<br />
créé à l’époque reposait non seulement<br />
sur l’équilibre des forces et les droits<br />
des pays vainqueurs, mais aussi sur le<br />
fait que les « pères fondateurs » de ce<br />
système se respectaient mutuellement,<br />
n’essayaient pas de mettre la pression<br />
sur les autres, mais tentaient de parvenir<br />
à des accords.<br />
L’essentiel est que ce système<br />
doit se développer, et malgré ses diverses<br />
lacunes, il doit au moins être<br />
capable de maintenir les problèmes<br />
mondiaux actuels dans certaines limites<br />
et de réguler l’intensité de la concurrence<br />
naturelle entre les nations. Je<br />
suis convaincu que nous ne pouvions<br />
pas prendre ce mécanisme de freins et<br />
contrepoids que nous avons construit<br />
au cours des dernières décennies, parfois<br />
avec les plus grands efforts et difficultés,<br />
et tout simplement le détruire<br />
sans rien reconstruire à sa place. Sinon,<br />
nous serions laissés sans instruments<br />
autres que la force brute.<br />
Ce que nous devions faire était<br />
de procéder à une reconstruction rationnelle<br />
et de l’adapter aux nouvelles<br />
réalités du système des relations internationales.<br />
Mais les Etats-Unis, s’étant<br />
eux-mêmes déclarés vainqueurs de la<br />
Guerre Froide, n’en voyaient pas le besoin.<br />
Au lieu d’établir un nouvel équilibre<br />
des forces, essentiel pour maintenir<br />
l’ordre et la stabilité, ils ont pris des<br />
mesures qui ont jeté le système dans un<br />
déséquilibre marqué et profond.<br />
La Guerre Froide a pris fin, mais<br />
elle n’a pas pris fin avec la signature<br />
d’un traité de paix comprenant des accords<br />
clairs et transparents sur le respect<br />
des règles existantes ou la création<br />
d’un nouvel ensemble de règles<br />
et de normes. Cela a créé l’impression<br />
que les soi-disant « vainqueurs » de la<br />
Guerre Froide avaient décidé de forcer<br />
les événements et de remodeler le<br />
monde afin de satisfaire leurs propres<br />
besoins et intérêts. Lorsque le système<br />
actuel des relations internationales, le<br />
droit international et les freins et contrepoids<br />
en place faisaient obstacle à<br />
ces objectifs, ce système a été déclaré<br />
sans valeur, obsolète et nécessitant une<br />
démolition immédiate.<br />
Pardonnez l’analogie, mais c’est<br />
la façon dont les nouveaux riches se<br />
comportent quand ils se retrouvent<br />
tout à coup avec une grande fortune,<br />
dans ce cas sous la forme d’un leadership<br />
et d’une domination mondiale.<br />
Au lieu de gérer leur patrimoine intelligemment,<br />
pour leur propre bénéfice<br />
aussi bien sûr, je pense qu’ils ont commis<br />
beaucoup de folies. Nous sommes<br />
entrés dans une période de différentes<br />
interprétations et de silences délibérés<br />
dans la politique mondiale. Le droit international<br />
a maintes fois été forcé de<br />
battre en retraite, encore et encore, par<br />
l’assaut impitoyable du nihilisme légal.<br />
L’objectivité et la justice ont été sacrifiées<br />
sur l’autel de l’opportunisme politique.<br />
Des interprétations arbitraires et<br />
des évaluations biaisées ont remplacé<br />
les normes juridiques. Dans le même<br />
temps, l’emprise complète sur les médias<br />
de masse mondiaux ont rendu possible,<br />
quand on le désirait, de présenter<br />
le blanc comme noir et le noir comme<br />
blanc.<br />
Dans une situation où vous aviez<br />
la domination d’un pays et de ses alliés,<br />
ou plutôt de ses satellites, la recherche<br />
de solutions globales s’est souvent<br />
transformée en une tentative d’imposer<br />
ses propres recettes universelles. Les<br />
ambitions de ce groupe sont devenues<br />
si grandes qu’ils ont commencé à<br />
présenter les politiques qu’ils concoctaient<br />
dans leurs corridors du pouvoir<br />
comme le point de vue de l’ensemble de<br />
la communauté internationale. Mais ce<br />
n’est pas le cas.<br />
La notion même de « souveraineté<br />
nationale » est devenue une valeur<br />
relative pour la plupart des pays. En<br />
essence, ce qui était proposé était cette<br />
formule : plus la loyauté de tel ou tel<br />
régime en place envers le seul centre de<br />
pouvoir dans le monde est grande, plus<br />
grande sera sa légitimité. Nous aurons<br />
une discussion libre après mon propos<br />
et je serai heureux de répondre à vos<br />
questions et je tiens également à utiliser<br />
mon droit à vous poser des questions.<br />
Que personne n’hésite à essayer<br />
de réfuter les arguments que je viens<br />
d’exposer lors de la discussion à venir.<br />
Les mesures prises contre ceux<br />
qui refusent de se soumettre sont bien<br />
connues et ont été essayées et testées<br />
de nombreuses fois. Elles comprennent<br />
l’usage de la force, la pression<br />
économique et la propagande,<br />
l’ingérence dans les affaires intérieures,<br />
et les appels à une sorte de légitimité<br />
« supra-légale » lorsqu’ils ont besoin<br />
de justifier une intervention illégale<br />
dans tel ou tel conflit ou de renverser<br />
des régimes qui dérangent. Dernièrement,<br />
nous avons de plus en plus de<br />
preuves que le chantage pur et simple<br />
a également été utilisé en ce qui concerne<br />
un certain nombre de dirigeants.<br />
Ce n’est pas pour rien que « Big Brother<br />
» dépense des milliards de dollars pour<br />
tenir sous surveillance le monde entier,<br />
y compris ses propres alliés les<br />
plus proches. Demandons-nous à quel<br />
point nous sommes à l’aise avec tout<br />
cela, à quel point nous sommes en sécurité,<br />
combien nous sommes heureux<br />
de vivre dans ce monde, à quel degré<br />
Une vue des participants au Club de Discussion Valdaï, forum<br />
international annuel qui vise à rassembler des experts pour débattre de<br />
la Russie et de son rôle dans le monde.<br />
de justice et de rationalité il est parvenu.<br />
Peut-être n’avons-nous pas de<br />
véritables raisons de nous inquiéter,<br />
de discuter et de poser des questions<br />
embarrassantes ? Peut-être que la position<br />
exceptionnelle des États-Unis et<br />
la façon dont ils mènent leur leadership<br />
est vraiment une bénédiction pour<br />
nous tous, et que leur ingérence dans<br />
les événements du monde entier apporte<br />
la paix, la prospérité, le progrès,<br />
la croissance et la démocratie, et nous<br />
devrions peut-être seulement nous détendre<br />
et profiter de tout cela ?<br />
Permettez-moi de dire que ce<br />
n’est pas le cas, absolument pas le cas.<br />
Un diktat unilatéral et le fait d’imposer<br />
ses propres modèles aux autres<br />
produisent le résultat inverse. Au lieu<br />
de régler les conflits, cela conduit à leur<br />
escalade ; à la place d’États souverains<br />
et stables, nous voyons la propagation<br />
croissante du chaos ; et à la place de la<br />
démocratie, il y a un soutien pour un<br />
public très douteux allant de néo-fascistes<br />
avoués à des islamistes radicaux.<br />
Pourquoi soutiennent-ils de tels<br />
individus ? Ils le font parce qu’ils décident<br />
de les utiliser comme instruments<br />
dans la voie de la réalisation de leurs<br />
objectifs ; mais ensuite, ils se brûlent les<br />
doigts et font marche arrière. Je ne cesse<br />
jamais d’être étonné par la façon dont<br />
nos partenaires ne cessent de marcher<br />
sur le même râteau, comme on dit ici en<br />
Russie, c’est-à-dire de faire les mêmes<br />
erreurs encore et encore. Ils ont jadis<br />
parrainé des mouvements islamistes<br />
extrémistes pour combattre l’Union<br />
soviétique. Ces groupes se sont formés<br />
au combat et aguerris en Afghanistan,<br />
et ont plus tard donné naissance aux<br />
Talibans et à Al-Qaïda. L’Occident les a<br />
sinon soutenus, du moins a fermé les<br />
yeux sur cela, et, je dirais, a fourni des<br />
informations et un soutien politique et<br />
financier à l’invasion de la Russie et<br />
des pays de la région d’Asie centrale<br />
par les terroristes internationaux (nous<br />
ne l’avons pas oublié). C’est seulement<br />
après que des attaques terroristes hor-<br />
Vladimir Poutine à la dernière séance plénièr<br />
Discussio<br />
ribles eurent été commises sur le sol<br />
américain lui-même que les États-Unis<br />
ont pris conscience de la menace collective<br />
du terrorisme. Permettez-moi<br />
de vous rappeler que nous avons été<br />
le premier pays à soutenir le peuple<br />
américain à l’époque, le premier à réagir<br />
comme des amis et partenaires après<br />
la terrible tragédie du 11 Septembre.<br />
Au cours de mes conversations<br />
avec les dirigeants américains<br />
et européens, je parlais toujours de la<br />
nécessité de lutter ensemble contre le<br />
terrorisme, de le considérer comme<br />
un défi à l’échelle mondiale. Nous ne<br />
pouvons pas nous résigner et accepter<br />
cette menace, nous ne pouvons pas la<br />
couper en morceaux séparés à l’aide<br />
du deux poids deux mesures. Nos<br />
partenaires ont exprimé leur accord ;<br />
mais après quelques temps, nous nous<br />
sommes retrouvés au point de départ.<br />
Ce fut d’abord l’opération militaire en<br />
Irak, puis en Libye, qui a été poussée<br />
au bord du gouffre. Pourquoi la Libye<br />
a-t-elle été réduite à cette situation ?<br />
Aujourd’hui, c’est un pays en danger<br />
de démantèlement et qui est devenu<br />
un terrain d’entraînement pour les terroristes.<br />
Seule la détermination et la sagesse<br />
de la direction égyptienne actuelle<br />
ont sauvé ce pays arabe clé du chaos<br />
et de l’emprise des terroristes. En Syrie,<br />
comme par le passé, les États-Unis<br />
et leurs alliés ont commencé à financer<br />
et armer directement les rebelles et leur<br />
ont permis de remplir leurs rangs de<br />
mercenaires provenant de divers pays.<br />
Permettez-moi de vous demander où<br />
ces rebelles obtiennent leur argent, leurs<br />
armes et leurs spécialistes militaires ?<br />
D’où tout cela vient-il ? Comment l’Etat<br />
Islamique notoire a-t-il réussi à devenir<br />
un groupe aussi puissant, de fait<br />
une véritable force armée ? Quant aux<br />
sources de financement, aujourd’hui,<br />
l’argent ne vient plus seulement de la<br />
drogue, dont la production a augmenté<br />
non pas de quelques points de pourcentage,<br />
mais dans des proportions<br />
considérables depuis que les forces de<br />
la coalition internationale sont intervenues<br />
en Afghanistan. Vous êtes au<br />
courant de cela. Les terroristes obtiennent<br />
également de l’argent en vendant<br />
du pétrole. Le pétrole est produit dans<br />
le territoire contrôlé par les terroristes,<br />
qui le vendent à des prix de dumping,<br />
le produisent et le transportent. Mais<br />
d’autres achètent ce pétrole, le revendent,<br />
et font du profit, sans penser au<br />
fait qu’ils financent ainsi les terroristes<br />
qui pourraient venir tôt ou tard sur leur<br />
propre sol et semer la destruction dans<br />
leur propre pays.<br />
Où trouvent-ils les nouvelles recrues<br />
? En Irak, après que Saddam Hussein<br />
eut été renversé, les institutions de<br />
l’État, y compris l’armée, ont été laissés<br />
en ruines. Nous avons dit, à l’époque,<br />
soyez très, très prudents. Vous mettez<br />
les gens à la rue, et que vont-ils y faire<br />
? N’oubliez pas que légitimement ou<br />
non, ils faisaient partie de la direction<br />
d’une grande puissance régionale, et<br />
en quoi est-ce que vous les transformez<br />
maintenant ?<br />
Quel fut le résultat ? Des dizaines<br />
10<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 16 • Du <strong>29</strong> <strong>Octobre</strong> au 4 Novembre <strong>2014</strong>
LES RÈGLES OU UN JEU SANS RÈGLES ?<br />
DIMIR POUTINE !<br />
e de la XIe session du Club International de<br />
n Valdaï<br />
de milliers de soldats, d’officiers et<br />
d’anciens militants du parti Baas<br />
se sont retrouvés à la rue et ont<br />
aujourd’hui rejoint les rangs des rebelles.<br />
Peut-être cela explique-t-il<br />
pourquoi l’Etat islamique s’est avéré<br />
si efficace. En termes militaires, il agit<br />
très efficacement et il a certains cadres<br />
très compétents. La Russie a mis en<br />
garde à plusieurs reprises sur les dangers<br />
des actions militaires unilatérales,<br />
des interventions dans les affaires des<br />
Etats souverains, et des flirts avec les<br />
extrémistes et les radicaux. Nous avons<br />
insisté pour que les groupes luttant<br />
contre le gouvernement syrien central,<br />
surtout l’Etat islamique, soient inscrits<br />
sur les listes des organisations terroristes.<br />
Mais avons-nous vu le moindre<br />
résultat ? Nous avons lancé des appels<br />
en vain.<br />
Nous avons parfois l’impression<br />
que nos collègues et amis sont constamment<br />
aux prises avec les conséquences<br />
de leurs propres politiques,<br />
et qu’ils dépensent tous leurs efforts<br />
dans le traitement des risques qu’ils ont<br />
eux-mêmes créés, en payant un prix de<br />
plus en plus élevé.<br />
Chers collègues,<br />
Cette période de domination unipolaire<br />
a démontré de manière convaincante<br />
que le fait d’avoir un seul<br />
centre de pouvoir ne rend pas les processus<br />
mondiaux plus faciles à gérer.<br />
Au contraire, ce type de construction<br />
instable a montré son incapacité à lutter<br />
contre les menaces réelles telles que<br />
les conflits régionaux, le terrorisme, le<br />
trafic de drogue, le fanatisme religieux,<br />
le chauvinisme et le néo-nazisme. Dans<br />
le même temps, il a ouvert une large<br />
voie aux fiertés nationales exacerbées,<br />
à la manipulation de l’opinion publique<br />
à la brutalisation et à l’oppression des<br />
faibles par les forts.<br />
Essentiellement, le monde unipolaire<br />
est tout simplement un moyen<br />
de justifier la dictature sur les individus<br />
et les nations. Le monde unipolaire<br />
s’est avéré un fardeau trop rude, trop<br />
lourd et trop ingérable même pour son<br />
chef auto-proclamé. Des commentaires<br />
ont été faits dans ce sens juste avant<br />
mon intervention ; et je suis entièrement<br />
d’accord avec eux. Voilà pourquoi<br />
nous voyons, en cette nouvelle étape<br />
de l’histoire, des tentatives de recréer<br />
un semblant de monde quasi-bipolaire<br />
en tant que modèle commode pour<br />
perpétuer le leadership américain. Peu<br />
importe qui prend la place du centre du<br />
mal dans la propagande américaine,<br />
peu importe qui remplace l’ex-l’URSS<br />
en tant que principal adversaire. Cela<br />
pourrait être l’Iran, en tant que pays qui<br />
cherche à acquérir la technologie nucléaire,<br />
la Chine, en tant que plus grande<br />
économie mondiale, ou la Russie, en<br />
tant que superpuissance nucléaire.<br />
Aujourd’hui, nous assistons à<br />
de nouveaux efforts pour fragmenter<br />
le monde, dessiner de nouvelles lignes<br />
de clivage, réunir des coalitions qui ne<br />
sont pas façonnées pour quelque chose<br />
; mais dirigées contre quelqu’un, qui<br />
que ce soit, pour créer l’image d’un<br />
ennemi comme ce fut le cas pendant les<br />
années de Guerre Froide, et s’emparer<br />
du droit à ce leadership, ou diktat, si<br />
vous préférez. La situation était présentée<br />
de cette façon au cours de la Guerre<br />
Froide. Nous savons tous cela et nous<br />
le comprenons bien. Les Etats-Unis<br />
ont toujours dit à leurs alliés : « Nous<br />
avons un ennemi commun, un ennemi<br />
terrible, le centre du mal, et nous vous<br />
protégeons, vous nos alliés, de cet<br />
ennemi, et nous avons donc le droit<br />
de vous donner des ordres, de vous<br />
forcer à sacrifier vos intérêts politiques<br />
et économiques et à payer votre quotepart<br />
des coûts de cette défense collective<br />
; mais nous serons les responsables<br />
de tout cela bien sûr. » En bref, nous<br />
voyons aujourd’hui des tentatives,<br />
dans un monde nouveau et changeant,<br />
de reproduire les modèles familiers de la<br />
gestion globale, et tout cela de manière<br />
à garantir aux États-Unis leur situation<br />
exceptionnelle et à récolter des dividendes<br />
politiques et économiques.<br />
Mais ces tentatives sont de plus<br />
en plus déconnectées de la réalité et<br />
sont en contradiction avec la diversité<br />
du monde. Des mesures de ce<br />
genre créent inévitablement des confrontations<br />
et provoquent des contremesures,<br />
et ont pour résultat l’effet<br />
inverse de ce qui était souhaité. Nous<br />
voyons ce qui se passe quand la politique<br />
commence imprudemment à<br />
s’ingérer dans l’économie et que la<br />
logique des décisions rationnelles cède<br />
la place à la logique de confrontation,<br />
qui ne fait que nuire aux propres positions<br />
et intérêts économiques des pays<br />
en question, y compris les intérêts des<br />
entreprises nationales.<br />
Les projets économiques communs<br />
et les investissements mutuels<br />
rapprochent objectivement les pays et<br />
contribuent à aplanir les problèmes actuels<br />
dans les relations entre Etats. Mais<br />
aujourd’hui, la communauté mondiale<br />
des affaires fait face à des pressions<br />
sans précédent de la part des gouvernements<br />
occidentaux. De quelles affaires,<br />
de quelles opportunités économiques<br />
ou de quel pragmatisme peut-on encore<br />
parler lorsque nous entendons des slogans<br />
tels que « la patrie est en danger<br />
», « le monde libre est menacé », et «<br />
la démocratie est en péril » ? Et tout le<br />
monde doit alors se mobiliser. Voilà à<br />
quoi ressemble une vraie politique de<br />
mobilisation.<br />
Les sanctions sapent déjà les<br />
fondements du commerce mondial,<br />
les règles de l’OMC et le principe de<br />
l’inviolabilité de la propriété privée. Ils<br />
portent un coup dangereux au modèle<br />
libéral de la mondialisation fondé sur<br />
les marchés, la liberté et la concurrence,<br />
qui, permettez-moi de le souligner, est<br />
précisément un modèle qui a avant<br />
tout bénéficié aux pays occidentaux.<br />
Et maintenant, ils risquent de perdre la<br />
confiance en tant que gouvernants de<br />
la mondialisation. Nous devons nous<br />
demander, pourquoi était-ce nécessaire<br />
? Après tout, la prospérité des<br />
États-Unis repose en grande partie sur<br />
la confiance des investisseurs et des<br />
détenteurs étrangers de dollars et de<br />
valeurs mobilières étasuniennes. Cette<br />
confiance est clairement mise à mal<br />
et des signes de désillusion quant aux<br />
fruits de la mondialisation sont maintenant<br />
visibles dans de nombreux pays.<br />
Le précédent bien connu de Chypre<br />
et les sanctions pour des motifs<br />
politiques n’ont fait que renforcer la<br />
tendance à chercher à renforcer la souveraineté<br />
économique et financière et la<br />
volonté des pays ou de leurs groupes<br />
régionaux de trouver des moyens de<br />
se protéger contre les risques de pressions<br />
extérieures. Nous voyons déjà<br />
que de plus en plus de pays cherchent<br />
des moyens de devenir moins dépendants<br />
du dollar et mettent en place<br />
des systèmes financiers, de paiement<br />
et des monnaies de réserve alternatifs.<br />
Je pense que nos amis américains<br />
sont tout simplement en train de scier<br />
la branche sur laquelle ils sont assis.<br />
On ne peut pas mélanger la politique et<br />
l’économie ; mais c’est ce qui se passe<br />
maintenant. J’ai toujours pensé et je<br />
pense encore aujourd’hui que les sanctions<br />
pour des motifs politiques sont<br />
une erreur qui nuira à tous ; mais je suis<br />
sûr que nous reviendrons sur ce point.<br />
Nous savons comment ces décisions<br />
ont été prises et qui exerçait les<br />
pressions. Mais permettez-moi de souligner<br />
que la Russie ne va pas perdre<br />
son calme, s’offenser ou venir mendier<br />
Comment l’Etat Islamique notoire a-t-il réussi à devenir un groupe aussi<br />
puissant, de fait une véritable force armée ?<br />
à la porte de quiconque. La Russie est<br />
un pays auto-suffisant. Nous allons<br />
travailler au sein de l’environnement<br />
économique international qui a pris<br />
forme, développer la production et la<br />
technologie nationales et agir de façon<br />
plus décisive pour mener à bien<br />
notre transformation. Les pressions de<br />
l’extérieur, comme cela a été le cas à<br />
plusieurs reprises par le passé, ne feront<br />
que consolider notre société, nous<br />
maintenir en éveil et nous amener à<br />
nous concentrer sur nos principaux objectifs<br />
de développement.<br />
Bien sûr, les sanctions constituent<br />
un obstacle. Ils essaient de nous<br />
affaiblir par ces sanctions, d’entraver<br />
notre développement et de nous pousser<br />
à l’isolement politique, économique<br />
et culturel ; en d’autres termes, nous<br />
forcer à prendre du retard. Mais permettez-moi<br />
de rappeler encore une<br />
fois que le monde est un endroit très<br />
différent aujourd’hui. Nous n’avons<br />
pas l’intention de nous isoler de quiconque<br />
ou de choisir une sorte de voie<br />
de développement fermée, en essayant<br />
de vivre en autarcie. Nous sommes<br />
toujours ouverts au dialogue, y compris<br />
au sujet de la normalisation de nos<br />
relations économiques et politiques.<br />
Nous comptons ici sur l’approche et<br />
la position pragmatiques des milieux<br />
d’affaires dans les principaux pays.<br />
Certains disent aujourd’hui que la<br />
Russie tournerait le dos à l’Europe – de<br />
tels propos ont probablement été tenus<br />
ici aussi lors des discussions – et rechercherait<br />
de nouveaux partenaires commerciaux,<br />
surtout en Asie. Permettezmoi<br />
de dire que ce n’est absolument<br />
pas le cas. Notre politique active dans<br />
la région Asie-Pacifique n’a pas commencé<br />
d’hier, et non en réponse aux<br />
sanctions ; mais c’est une politique que<br />
nous suivons depuis maintenant un<br />
bon nombre d’années. Comme beaucoup<br />
d’autres pays, y compris les pays<br />
occidentaux, nous avons vu que l’Asie<br />
joue un rôle de plus en plus important<br />
dans le monde, dans l’économie et<br />
dans la politique, et nous ne pouvons<br />
tout simplement pas nous permettre<br />
d’ignorer ces développements.<br />
Permettez-moi de dire encore<br />
une fois que tout le monde agit ainsi, et<br />
nous allons le faire nous aussi, d’autant<br />
plus qu’une grande partie de notre pays<br />
est géographiquement en Asie. Au nom<br />
de quoi devrions-nous ne pas faire<br />
usage de nos avantages concurrentiels<br />
dans ce domaine ? Ce serait faire<br />
preuve d’une vue extrêmement courte<br />
que de ne pas le faire.<br />
Le développement des relations<br />
économiques avec ces pays et la réalisation<br />
de projets d’intégration communs<br />
créent aussi de grandes incitations pour<br />
notre développement national. Les tendances<br />
démographiques, économiques<br />
et culturelles actuelles suggèrent que<br />
la dépendance à une seule superpuissance<br />
va objectivement diminuer. C’est<br />
une chose que les experts européens et<br />
américains ont également évoqué dans<br />
leurs réunions et travaux.<br />
Peut-être que l’évolution de la<br />
politique internationale sera le reflet<br />
de l’évolution que nous constatons<br />
dans l’économie mondiale, à savoir<br />
la concurrence intensive pour des<br />
niches spécifiques et des changements<br />
fréquents de dirigeants dans des domaines<br />
précis. Ceci est tout à fait possible.<br />
Il ne fait aucun doute que<br />
des facteurs humanitaires tels que<br />
l’éducation, la science, la santé et la<br />
culture jouent un rôle plus important<br />
dans la concurrence mondiale. Cela<br />
a également un impact important sur<br />
les relations internationales, y compris<br />
parce que cette ressource douce<br />
(soft power) dépendra dans une large<br />
mesure des réalisations concrètes dans<br />
le développement du capital humain<br />
plutôt que des trucages sophistiqués de<br />
la propagande.<br />
Dans le même temps, la formation<br />
d’un soi-disant monde polycentrique<br />
(je voudrais également attirer<br />
l’attention sur cela, chers collègues),<br />
en soi et d’elle-même, n’améliore pas la<br />
stabilité ; de fait, il est plus probable que<br />
ce soit l’inverse. L’objectif d’atteindre<br />
l’équilibre mondial est en train de devenir<br />
un casse-tête assez difficile, une<br />
équation à plusieurs inconnues.<br />
Qu’est-ce que l’avenir nous<br />
réserve donc, si nous choisissons de ne<br />
pas respecter les règles – même si elles<br />
peuvent être strictes et peu pratiques –<br />
mais plutôt de vivre sans règles du tout<br />
? Et ce scénario est tout à fait possible ;<br />
nous ne pouvons pas l’exclure, compte<br />
tenu des tensions dans la situation<br />
internationale. Beaucoup de prédictions<br />
peuvent déjà être faites, en tenant<br />
compte des tendances actuelles, et<br />
malheureusement, elles ne sont pas optimistes.<br />
Si nous ne créons pas un système<br />
clair d’engagements et d’accords<br />
mutuels, si nous ne construisons pas les<br />
mécanismes de gestion et de résolution<br />
des situations de crise, les symptômes<br />
de l’anarchie mondiale vont inévitablement<br />
s’accroître. Aujourd’hui, nous<br />
voyons déjà une forte augmentation<br />
de la probabilité de tout un ensemble<br />
de conflits violents avec la participation<br />
directe ou indirecte des plus grandes<br />
puissances mondiales. Et les facteurs<br />
de risque comprennent non seulement<br />
les conflits multinationaux traditionnels,<br />
mais aussi l’instabilité interne<br />
dans différents États, surtout quand<br />
on parle de nations situées aux intersections<br />
des intérêts géopolitiques des<br />
grandes puissances, ou à la frontière<br />
de continents civilisationnels, culturels,<br />
historiques et économiques.<br />
L’Ukraine, qui j’en suis sûr a été<br />
longuement évoquée et dont nous parlerons<br />
encore, est l’un des exemples<br />
de ces sortes de conflits qui affectent<br />
l’équilibre international des puissances,<br />
et je pense que ce ne sera certainement<br />
pas le dernier. De là émane la prochaine<br />
menace réelle de détruire le système<br />
actuel d’accords de contrôle des armements.<br />
Et ce processus dangereux a été<br />
initié par les Etats-Unis d’Amérique<br />
quand ils se sont unilatéralement retirés<br />
du Traité sur les missiles anti-balistiques<br />
(ABM) en 2002, puis se sont<br />
lancés dans la création de leur système<br />
global de défense antimissile et poursuivent<br />
aujourd’hui activement ce processus.<br />
Chers collègues et amis,<br />
Je tiens à souligner que nous ne<br />
sommes pas à l’origine de tout cela.<br />
Une fois de plus, nous glissons vers<br />
des temps où, au lieu de l’équilibre des<br />
intérêts et des garanties mutuelles, ce<br />
sera la peur et l’équilibre de la destruction<br />
mutuelle qui empêcheront les nations<br />
de se livrer à un conflit direct. En<br />
l’absence d’instruments juridiques et<br />
politiques, les armes deviennent encore<br />
une fois le point focal de l’ordre du jour<br />
mondial ; elles sont utilisées n’importe<br />
où et n’importe comment, sans la<br />
moindre sanction du Conseil de sécurité<br />
de l’ONU. Et si le Conseil de sécurité refuse<br />
de rendre de tels arrêts, alors on le<br />
condamne immédiatement comme un<br />
instrument dépassé et inefficace.<br />
Irak, statue de Saddam Hussein abattue à Bagdad, en avril 2003 par les<br />
soldats américains. Après que Saddam eut été renversé, les institutions<br />
de l’État, y compris l’armée, ont été laissées en ruines.<br />
De nombreux États ne voient pas<br />
d’autres moyens d’assurer leur souveraineté<br />
qu’en obtenant leurs propres<br />
bombes. Cela est extrêmement dangereux.<br />
Nous insistons sur la nécessité<br />
de poursuivre les négociations ; nous<br />
ne sommes pas seulement en faveur de<br />
pourparlers ; mais nous insistons sur la<br />
nécessité de poursuivre les pourparlers<br />
de réduction des arsenaux nucléaires.<br />
Moins nous aurons d’armes nucléaires<br />
dans le monde, mieux ce sera. Et nous<br />
sommes prêts à mener les discussions<br />
les plus sérieuses et les plus concrètes<br />
sur le désarmement nucléaire – mais<br />
seulement des discussions sérieuses<br />
sans aucun deux poids, deux mesures.<br />
Qu’est-ce que je veux dire par<br />
là ? Aujourd’hui, de nombreux types<br />
d’armes de haute précision sont déjà<br />
assimilables à des armes de destruction<br />
massive en termes de capacité, et<br />
en cas de renonciation complète aux<br />
armes nucléaires ou de réduction radicale<br />
du potentiel nucléaire, les nations<br />
Suite à la page (16)<br />
Vol. 8 • No. 16 • Du <strong>29</strong> <strong>Octobre</strong> au 4 Novembre <strong>2014</strong> <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 11
Perspectives<br />
Journalistes achetés, journaux achetés :<br />
l’exemple de la campagne de dénigrement<br />
menée par George Soros contre la Russie<br />
Le rôle diplomatique secret de<br />
Google dénoncé par<br />
Julian Assange<br />
Par Jean-Paul Baquiast<br />
Début octobre <strong>2014</strong>, Udo Ulfkotte, ancien<br />
journaliste au sein du grand média<br />
allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung,<br />
a publié un livre intitulé Journalistes<br />
achetés – Comment les politiciens,<br />
les services secrets et la haute finance<br />
dirigent les médias de masse allemands<br />
[1].<br />
Dans ce livre, il révèle que pendant<br />
toute sa carrière de journaliste<br />
d’investigation, dont il ne renie pas par<br />
ailleurs l’essentiel (notamment des enquêtes<br />
sur le poids acquis par l’islamisme<br />
en Allemagne), il a publié, sous son nom<br />
et sans changements, des articles écrits<br />
par des agents de la CIA ou d’autres<br />
agences américaines. Ces articles visaient<br />
à soutenir les interventions des<br />
États-Unis sur la politique allemande ou<br />
européenne, et à discréditer toutes réactions<br />
politiques poussant l’Allemagne à<br />
s’affranchir de ces influences.<br />
Udo Ulfkotte reconnaît avoir, pour<br />
ce faire, été rémunéré par les services<br />
secrets américains, ce qu’il avait accepté<br />
pour une raison simple : être journaliste<br />
d’investigation indépendant ne nourrit<br />
pas son homme. Il ne dissimule pas le fait<br />
que, du temps de l’URSS, des agents du<br />
KGB opéraient de même en Allemagne<br />
auprès d’autres journalistes. Mais selon<br />
lui, ils le faisaient sur une bien moindre<br />
échelle et d’une façon qui a disparu<br />
à la chute du Mur. Au contraire, plus<br />
l’Allemagne prenait de l’influence au sein<br />
de l’Union européenne et dans l’Otan,<br />
plus il devenait important pour le gouvernement<br />
américain et ses services que<br />
l’opinion et le gouvernement allemand<br />
soutiennent les stratégies américaines.<br />
Pour cela la mobilisation de medias réputés<br />
comme indépendants devenait essentielle.<br />
Il est remarquable de constater que<br />
le livre de Udo Ulfkotte, bien qu’il ait fait<br />
le tour des cercles alternatifs et des blogs<br />
politiques allemands, n’a pratiquement<br />
pas été cité par la presse, qu’il faut bien<br />
nommer officielle, qu’il faut bien aussi<br />
nommer subventionnée par des flots de<br />
dollars souterrains. Seule à ce jour, La<br />
Voix de la Russie en a parlé. Pour connaître<br />
le contenu du livre, il faut donc<br />
se référer à cet organe, qui a publié une<br />
interview de l’auteur. Rien d’étonnant,<br />
diront les lecteurs animés d’une hostilité<br />
envers la Russie encore très générale en<br />
Europe. La Voix de la Russie n’est-elle<br />
pas directement inspirée par les gouvernements<br />
et les services secrets russes ?<br />
Peut-être, mais la question n’est pas là<br />
: elle est de pouvoir écouter ce que Udo<br />
Ulfkotte a à dire [2].<br />
La presse allemande n’est pas la<br />
seule à être sous contrôle<br />
Or, lorsque l’on y réfléchit un tant soit<br />
peu, il ne fait aucun doute que les opinions<br />
publiques qui en Europe font de<br />
l’anti-poutine systématique ne le font pas<br />
par conviction personnelle, mais parce<br />
qu’elles sont influencées par le discours<br />
– la propagande à la Goebbels faudraitil<br />
dire – émanant des grands journaux<br />
et des chaines de télévision. Il en est en<br />
France et dans les autres pays européens<br />
de même qu’en Allemagne. Comment<br />
pouvoir juger indépendamment si l’on<br />
est abreuvé en permanence de désinformation.<br />
Or cette désinformation, s’exerçant<br />
systématiquement en faveur des<br />
intérêts géostratégiques et économiques<br />
américains, ne tombe pas du ciel. A la<br />
lecture du livre d’Udo Ulfkotte, l’on comprend<br />
qu’elle est financée directement<br />
par des dollars contribuant à l’équilibre<br />
économique des grands médias, et<br />
aux bénéfices de leurs actionnaires.<br />
Il faut reconnaître<br />
que les lanceurs d’alerte, tel Udo Ulfkotte<br />
(que l’on peut comparer en son domaine<br />
George Soros<br />
à un autre dénonciateur de la CIA et de<br />
la NSA devenu célèbre), ne sont pas les<br />
seuls. Philippe Grasset, qui s’oppose quotidiennement,<br />
sur son site Dedefensa, à<br />
ce qu’il nomme le Système de l’américanisme,<br />
vient d’en porter témoignage. Il<br />
relate les pressions et les menaces qu’il<br />
avait reçues, notamment, lorsque pratiquant<br />
le journalisme indépendant en<br />
Belgique, il avait, avec de bons arguments<br />
techniques et politiques, critiqué<br />
le choix fait par le gouvernement belge<br />
de l’époque d’un avion de combat américain,<br />
face à l’offre française reposant sur<br />
l’avion Rafale, offre beaucoup plus avantageuse<br />
à tous égards pour la Belgique<br />
[3].<br />
Aujourd’hui, La corruption permanente<br />
qu’exercent sur les médias européens<br />
les intérêts stratégiques et économiques<br />
américains saute aux yeux de tout observateur<br />
un tant soit peu averti. Ainsi,<br />
pour ne citer que cet exemple, le grand<br />
journal français de référence qu’est resté<br />
pour de nombreux lecteurs Le Monde,<br />
vient de publier un long article du grand<br />
philanthrope et milliardaire George Soros,<br />
titré curieusement de deux façons différentes<br />
: L’Europe doit sauver la nouvelle<br />
Ukraine (version papier) et Ukraine : «<br />
L’Europe est indirectement en guerre »<br />
(version électronique). Soros y conjure<br />
les Européens à se ressaisir face à une<br />
menace russe grandissante. Si l’Europe<br />
ne soutient pas l’Ukraine de Kiev, tant<br />
au plan économique que politique, elle<br />
devra (écrit-il quasiment) s’attendre à<br />
une invasion prochaine par l’Ogre russe<br />
[4]. La diatribe guerrière est soutenue<br />
par une illustration représentant un ours<br />
immense déchiquetant entre ses dents<br />
une Europe en lambeaux.<br />
George Soros est devenu milliardaire, et<br />
donc logiquement philanthrope, par des<br />
comportements économiques souvent<br />
proches de ceux de la maffia. Par ailleurs,<br />
il a financé toutes les révolutions Orange<br />
en mettant en place des gouvernements<br />
corrompus de par le monde. Il vient de<br />
dépenser sans compter pour porter vers<br />
la victoire, d’abord Marina Silva, puis<br />
Aecio Neves, l’adversaire conservateur,<br />
et sous influence américaine, qui s’oppose<br />
à Dilma Roussef lors du second tour<br />
de l’élection présidentielle brésilienne en<br />
cours [5].<br />
Dans ces conditions, on devrait s’étonner<br />
du fait que Le Monde et les principaux<br />
journaux dits occidentaux (car la communication<br />
de Soros est largement européenne,<br />
comme le montre par exemple le<br />
communiqué de Soros en espagnol) aient<br />
publié ce tissu de mensonge et de désinformation,<br />
d’incitation à la guerre, qu’est<br />
cet article de George Soros, et cela sans<br />
préambule, sans mise en garde. Dans la<br />
version électronique, le nom de l’auteur<br />
de l’article, en l’occurrence George Soros,<br />
n’est même pas mentionné sous le titre,<br />
ce qui peut faire croire que c’est un article<br />
de la rédaction du Monde (voir copie<br />
d’écran ci-dessous). Déontologie journalistique,<br />
où es-tu ?<br />
Mais peut-on encore s’en étonner,<br />
quand, depuis des mois, on lit quasiment<br />
chaque jour, en première page de<br />
ce journal (il n’est pas le seul, mais c’est<br />
un archétype), au moins un gros titre<br />
dénigrant la Russie, férocement ou insidieusement<br />
? Un travail de sape méthodique<br />
(le fameux Bashing anglosaxon),<br />
qui s’attaque à l’inconscient collectif d’un<br />
peuple. Il est loin le temps où ce journal<br />
était un lieu de débats, cherchant à peser<br />
le pour le contre : il ne reste plus de cette<br />
idée initiale que la mention Débats, en<br />
haut à gauche de la version papier. Il est<br />
loin le temps où les clients de ce journal<br />
étaient ses lecteurs…<br />
Cependant, pour ne pas sombrer dans le<br />
pessimisme, on pourra constater, à la lecture<br />
de leurs commentaires, que la plupart<br />
des lecteurs du Monde ne s’en laissent<br />
pas compter [6]. Sans doute est-ce là un<br />
des bons effets de la numérisation de la<br />
communication politique. Ceux qui proposent<br />
sur le web, à titre individuel ou<br />
collectif, des propos quelque peu alternatifs<br />
parviennent de plus en plus, ne fut-ce<br />
que faiblement, à se faire entendre.<br />
Note de Tlaxcala<br />
L’article de Soros publié par Le Monde<br />
est paru en anglais dans la New York<br />
Review of Books (Wake Up, Europe), repris<br />
par le Kyiv Post en Ukraine et divers<br />
sites ouèbe anglophones, et commenté/<br />
paraphrasé dans un bref article par Julian<br />
Borger dans The Guardian (George<br />
Soros: Russia poses existential threat to<br />
Europe). En français, à part Le Monde,<br />
le quotidien La Tribune a publié une interview<br />
de Soros (Le plan de George<br />
Soros pour sauver l’Europe), présenté<br />
ainsi : «Le légendaire créateur du fonds<br />
éponyme et de l’Open Society était de<br />
passage à Bruxelles jeudi pour promouvoir<br />
son dernier livre, « Wake up Europe<br />
!», qu’il vient de publier dans la New York<br />
Review of Books». L’article de Soros est<br />
devenu un livre… Le même article est<br />
paru en espagnol dans La Vanguardia<br />
(Despierta, Europa). Il n’est paru à notre<br />
connaissance dans aucune autre langue,<br />
certains médias européens se contentant<br />
de reproduire des dépêches d’agence le<br />
résumant. Cela paraît d’autant plus bizarre<br />
que Soros est propriétaire du Project<br />
Syndicate, qui diffuse des centaines de<br />
tribunes libres de «grandes plumes» – de<br />
Desmond Tutu à Bill Gates en passant<br />
par Michel Rocard et Javier Solana - dans<br />
181 quotidiens internationaux et dans<br />
une douzaine de langues. Alors que son<br />
précédent article (Sauver l’Ukraine pour<br />
sauver l’Europe), de mai dernier, avait<br />
été diffusé par cette entreprise, celui dont<br />
il est question ici ne l’a pas été. Bizarre,<br />
vous avez dit bizarre ?<br />
Notes<br />
[1] Gekaufte Journalisten: Wie<br />
Politiker, Geheimdienste und Hochfinanz<br />
Deutschlands Massenmedien lenken<br />
(amazon, allemand)<br />
[2] Udo Ulfkotte : l’Allemagne<br />
n’est pas un Etat libre et souverain !<br />
(partie 1) (french.ruvr.ru, français, 20-<br />
10-<strong>2014</strong>)<br />
[3] Le journalisme made in CIA,<br />
aujourd’hui et hier (dedefensa.org, français<br />
et anglais, 20-10-<strong>2014</strong>)<br />
[4] Ukraine : « L’Europe est indirectement<br />
en guerre » (lemonde.fr, édition<br />
abonnés, français, 23-10-<strong>2014</strong>)<br />
[5] Soros et la CIA misent maintenant<br />
sur Neves pour vaincre Rousseff<br />
(vineyardsaker, français, 22-10-<strong>2014</strong>)<br />
[6] Citons une lectrice du Monde, à<br />
qui « on ne la fait pas » :<br />
« Soros, un « philanthrope » qui<br />
défend l’État de Droit ! Qu’est-ce qu’il ne<br />
faut pas entendre ! L’Europe se retrouve<br />
bien avec une guerre civile à sa porte,<br />
à cause de l’ingérence de monsieur<br />
Soros et de ses amis américains, qui ont<br />
voulu jouer au grand échiquier, et, tout<br />
comme au Moyen-Orient, c’est le reflet<br />
de l’interventionnisme et de l’ingérence<br />
néocoloniale de l’Open Society. Il y a déjà<br />
fort à faire en termes d’état de droit et de<br />
philanthropie dans votre pays, monsieur<br />
Soros, restez-y !<br />
The Vineyard of the Saker Version<br />
française<br />
25 octobre <strong>2014</strong><br />
Tlaxcala: 27 octobre <strong>2014</strong><br />
Par Guillaume Champeau<br />
Dans un livre publié en septembre<br />
dernier, le fondateur de Wikileaks<br />
décrit en profondeur le rôle diplomatique<br />
joué très discrètement mais efficacement<br />
par Google, en particulier<br />
dans les pays arabes. Pour Julian Assange,<br />
Google est devenu une officine<br />
au service des intérêts américains,<br />
notamment grâce à sa filiale Google<br />
Ideas dirigée par Jared Cohen.<br />
"Personne ne veut reconnaître<br />
que Google a beaucoup grandi et en<br />
mal. Mais c’est le cas". En septembre<br />
dernier est paru chez OR Books le livre<br />
When Google Met Wikileaks, écrit par<br />
Julian Assange. Le magazine Newsweek<br />
en publie cette semaine de très<br />
longs extraits, dans lesquels le fondateur<br />
de Wikileaks décrit avec minutie le<br />
rôle de l’ombre joué par Google dans la<br />
politique internationale des Etats-Unis.<br />
Le passage est véritablement passionnant,<br />
et mérite d’être lu. Il est étayé par<br />
des documents, dont beaucoup avaient<br />
fuité sur Wikileaks, qui donnent corps<br />
à l’analyse.<br />
En résumé, Julian Assange estime<br />
qu’à travers l’action très politique<br />
de deux responsables de Google, son<br />
président Eric Schmidt et le beaucoup<br />
plus discret Jared Cohen, la firme de<br />
Mountain View est devenue une officine<br />
diplomatique au service des intérêts<br />
américains. Elle accomplirait<br />
une version modernisée du soutien<br />
qu’apportait la CIA aux dictateurs<br />
d’Amérique du Sud pendant la guerre<br />
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Julian Assange<br />
L’action très politique de deux responsables de Google, son président Eric<br />
Schmidt (à droite) et Jared Cohen, (à gauche) la firme de Mountain View<br />
est devenue une officine diplomatique au service des intérêts américains.<br />
froide. Il ne s’agit plus aujourd’hui de<br />
soutenir les régimes autoritaires contre<br />
les tentations communistes du peuple,<br />
mais de soutenir les rebelles contre<br />
les régimes autoritaires islamiques du<br />
Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.<br />
Déguisé sous des traits humanitaires,<br />
l’objectif fondamental reste toutefois<br />
le même : défendre le libéralisme<br />
économique et les intérêts stratégiques<br />
américains.<br />
Le libéralisme économique étant<br />
perçu comme une résultante des droits<br />
de l’Homme, il suffirait de défendre la<br />
liberté d’expression, de faciliter la communication<br />
entre les hommes et de<br />
mettre en valeur toutes formes de libertés<br />
individuelles pour que le libéralisme<br />
économique s’impose de lui-même. A<br />
cet égard, Internet est une aubaine. On<br />
sait que l’Agence des Etats-Unis pour<br />
le développement international (US-<br />
AID) a ainsi financé un clone de Twitter<br />
à Cuba, ou tenté d’imposer des réseaux<br />
sociaux en Afghanistan, au Kenya ou<br />
au Pakistan.<br />
Jared Cohen, l’homme de l’ombre<br />
des révolutions arabes<br />
De son côté, Google a fondé<br />
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12<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 16 • Du <strong>29</strong> <strong>Octobre</strong> au 4 Novembre <strong>2014</strong>
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pour une cause politique juste, même<br />
s’ils l’ont toujours fait comme un devoir.<br />
Le personnel médical qui part<br />
n’importe où pour sauver des vies,<br />
même au risque de la sienne, est le<br />
meilleur exemple de solidarité que<br />
puisse offrir un être humain… »<br />
Le fait est que le blocus<br />
économique, commercial et financier<br />
appliqué par les États-Unis à Cuba<br />
s’est renforcé durant cette dernière<br />
période et que son application extraterritoriale<br />
à toutes les régions s’est intensifiée,<br />
notamment par des amendes<br />
aussi énormes qu’insolites – pour un<br />
montant total de onze milliards de dollars<br />
– infligées à trente-huit banques,<br />
dont la banque française BNP Paribas,<br />
qui font des transactions avec<br />
Cuba et d’autres pays. Les préjudices<br />
économiques cumulés qui en découlent<br />
– énormes pour une petite économie<br />
– se chiffrent au total à 1 112<br />
534 000 000 de dollars, calculés à la<br />
valeur de l’or, laquelle est manipulée<br />
par les créateurs du néfaste système<br />
monétaire actuel, en proie à une crise<br />
insurmontable qui frappe les pays les<br />
plus pauvres.<br />
Les préjudices humains que<br />
cause le blocus ne cessent de croître.<br />
Dorénavant, 77 p. 100 des Cubains<br />
sont nés sous son ombre. Il est impossible<br />
de comptabiliser la souffrance<br />
de nos familles. De nombreuses conventions<br />
internationales prohibent le<br />
recours au blocus, telle la Convention<br />
de Genève de 1948 sur le crime de<br />
génocide. Le blocus interdit la jouissance<br />
des droits humains à tout un<br />
peuple. Le blocus entrave sérieusement<br />
le développement économique<br />
du pays ».<br />
Bien que nos systèmes<br />
d’assistance sociale et de santé parviennent<br />
à empêcher des pertes humaines,<br />
aucune personne honnête<br />
dans le monde, pas même aux États-<br />
Unis, ne pourrait justifier les conséquences<br />
dévastatrices de ce blocus.<br />
Notre culture nationale, l’éducation<br />
et la garantie de droits et de chances<br />
égales pour tous nous permettent de<br />
constituer une société instruite et solidaire.<br />
Monsieur le Président,<br />
Les peuples étasunien et cubain,<br />
situés de part et d’autre du détroit de<br />
la Floride, ont toujours eu des liens<br />
profonds. Malgré les campagnes mensongères<br />
orchestrées systématiquement<br />
contre notre pays pendant plus<br />
d’un demi-siècle, le peuple étasunien<br />
a appuyé le renvoi dans sa famille du<br />
petit Cubain séquestré en 1999.<br />
Devant les terribles actes terroristes<br />
du 11 septembre 2001, Cuba a,<br />
dès les premières heures, offert toute<br />
l’aide à sa portée quand des milliers<br />
d’avions ne savaient où atterrir, et elle<br />
l’a de nouveau offert, lors des attaques<br />
au bacille de charbon, pour remédier à<br />
la carence d’antibiotiques.<br />
Sincèrement préoccupée par les<br />
dommages qu’avait causés le cyclone<br />
Katrina en 2005, Cuba a offert sa coopération<br />
médicale à la population de la<br />
Nouvelle-Orléans. C’est d’ailleurs de là<br />
qu’est né le Contingent médical Henry<br />
Reeve spécialisé en catastrophes et<br />
épidémies – du nom d’un jeune Étasunien<br />
qui a lutté héroïquement au<br />
XIXe siècle pour l’indépendance de<br />
Cuba. Ce contingent est maintenant<br />
déployé au Sierra Leone, au Liberia<br />
et en Guinée. Toujours en 2005, il a<br />
prêté service au Pakistan à la suite du<br />
terrible séisme qui a frappé ce pays.<br />
En 2011, en El Salvador, après un autre<br />
séisme, ce contingent a collaboré<br />
d’une manière fructueuse avec des<br />
médecins militaires étasuniens, poursuivant<br />
d’ailleurs par là une coopération<br />
qui avait démarré au Guatemala,<br />
en 2002-2003, durant le traitement<br />
d’une épidémie d’onchocercose.<br />
En 2010, à la suite du tremblement<br />
de terre qui a frappé Haïti, les<br />
États-Unis et Cuba ont aussi coopéré<br />
en faveur de cette nation si pauvre. Le<br />
gouvernement cubain a fait invariablement<br />
parvenir à celui des États-<br />
Unis des informations concernant des<br />
projets d’actes ou d’attentats terroristes<br />
visant ce pays. Malgré de vieilles<br />
tensions et les tentatives d’extrémistes<br />
violents et de groupes terroristes pour<br />
la provoquer, la guerre n’a jamais<br />
éclaté entre les deux pays et aucun<br />
jeune Étatsunien n’est mort à Cuba.<br />
Malgré des calomnies dans ce sens,<br />
Cuba n’a jamais menacé la sécurité<br />
nationale des États-Unis.<br />
Aucune hostilité n’existe entre<br />
nos peuples. Cuba accueille de façon<br />
hospitalière les rares Étasuniens que<br />
leur gouvernement autorise à venir ou<br />
qui courent des risques légaux quand<br />
ils le font, et ceux qui, comme les Pasteurs<br />
pour la paix, nous offrent une<br />
aide humanitaire ou viennent faire<br />
des études de médecine chez nous.<br />
Les sondages d’opinion prouvent<br />
qu’absolument tous les secteurs de<br />
la société étasunienne sont toujours<br />
plus favorables dans leur majorité à<br />
la levée du blocus et à la normalisation<br />
des relations bilatérales. Il est<br />
particulièrement symptomatique que<br />
cette opinion soit encore plus marquée<br />
en Floride, ce que confirme d’ailleurs<br />
la tendance du vote lors des dernières<br />
élections présidentielles.<br />
Des personnalités politiques des<br />
tendances les plus diverses et de prestigieux<br />
universitaires reconnaissent<br />
que cette politique a échoué quant à<br />
ses objectifs et qu’elle ne répond pas<br />
aux intérêts nationaux. Il suffit pour<br />
s’en convaincre de lire les éditoriaux<br />
que The New York Times a consacrés<br />
à ce point ces dernières semaines.<br />
Des leaders religieux invoquent des<br />
raisons morales et humanitaires légitimes<br />
et irréfutables pour demander un<br />
changement de politique.<br />
Les Étasuniens réclament le<br />
droit de se rendre librement au seul endroit<br />
de la planète où il leur est interdit<br />
d’aller et de se faire personnellement<br />
une opinion directe sur la réalité cubaine.<br />
Des organisations d’entreprises<br />
et d’hommes d’affaires estiment que le<br />
blocus lèse leurs intérêts économiques.<br />
L’opinion publique s’oppose dans<br />
sa majorité à l’orientation actuelle<br />
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et se montre toujours plus critique à<br />
cet égard. L’émigration cubaine, qui<br />
se heurte à des mesures discriminatoires<br />
et à de nombreux obstacles en<br />
matière de réunification familiale, de<br />
voyages aux coûts excessifs dans les<br />
deux directions, et qui est victime de<br />
manipulation politique, voire de violence<br />
terroriste, souhaite dans sa majorité<br />
la paix et le bien-être pour ses<br />
familles et son peuple, et des relations<br />
normales avec sa nation d’origine.<br />
Pourquoi stimuler l’utilisation illégale<br />
des technologies de l’information, au<br />
lieu d’autoriser des affaires mutuellement<br />
avantageuses en télécommunications<br />
? Pourquoi empêcher Cuba de<br />
se connecter aux câbles sous-marins<br />
tout proches, ce qui limite et entrave<br />
sa connectivité ?<br />
Le blocus nuit à Cuba, mais il<br />
nuit aussi aux États-Unis. L’inscription<br />
absurde et ridicule de Cuba sur la liste<br />
des États parrainant le terrorisme, qui<br />
sert uniquement à justifier des sanctions<br />
financières internationales, jette<br />
le discrédit sur les États-Unis. Les<br />
seize ans d’emprisonnement injuste et<br />
frauduleux infligés aux trois antiterroristes<br />
cubains ne les ont pas abattus.<br />
Au contraire, ils en ont fait des héros<br />
et un exemple pour les futures générations<br />
de Cubains et un motif de fierté<br />
pour ceux qui, par leurs sacrifices, ont<br />
frayé la voie de la nouvelle Cuba.<br />
La décision de lever le blocus serait<br />
la bienvenue dans la communauté<br />
internationale et exercerait une influence<br />
unitaire en faveur de la paix et du<br />
règlement pacifiques des conflits et des<br />
différends. Après les mesures limitées,<br />
quoique positives, de 2009 et de 2011,<br />
relatives aux visites familiales, aux<br />
envois de fonds familiaux des Cubains<br />
installés aux USA et aux voyages de<br />
catégories données d’Étatsuniens en<br />
vue d’échanges de différente nature,<br />
le dialogue technique s’est élargi à<br />
d’autres points et la coopération s’est<br />
accrue dans des domaines tels que<br />
la lutte contre le trafic de drogues, la<br />
criminalité transnationale, la traite<br />
d’êtres humains, la prévention des<br />
marées noires, la recherche et le sauvetage<br />
de personnes, la sécurité aérienne<br />
et celle de l’aviation, ou face à<br />
des événements spécifiques.<br />
La société étasunienne et la<br />
communauté internationale ont appuyé<br />
et encouragé ces modestes<br />
progrès. Le président Barack Obama<br />
jouit de toutes les prérogatives constitutionnelles<br />
pour modifier, sans avoir<br />
à recourir au Congrès, des aspects clefs<br />
du blocus et infuser une dynamique<br />
nouvelle et décisive aux relations bilatérales.<br />
Monsieur le Président,<br />
Cuba invite l’administration étasunienne<br />
à nouer des relations mutuellement<br />
respectueuses et réciproques,<br />
fondées sur l’égalité souveraine, les<br />
principes du droit international et<br />
la Charte des Nations Unies. Nous<br />
pouvons tenter de trouver un règlement<br />
à nos différends par le dialogue<br />
respectueux et la coopération dans<br />
des domaines d’intérêt commun. Indépendamment<br />
de nos différences,<br />
nous pouvons coexister et avoir des<br />
relations civilisées. Cuba ne renoncera<br />
jamais NI à sa souveraineté ni à la voie<br />
que son peuple a choisie librement : la<br />
construction d’un socialisme plus juste<br />
et efficace, prospère et durable. Elle ne<br />
renoncera pas non plus à sa recherche<br />
d’un ordre international juste ni ne<br />
cessera de lutter pour « l’équilibre du<br />
monde ».<br />
Monsieur le Président ;<br />
Chers représentants permanents<br />
;<br />
Messieurs les délégués,<br />
En cette conjoncture internationale<br />
particulièrement difficile, je vous<br />
demande de voter le projet de résolution<br />
A/69/L.4 intitulé : « Nécessité de<br />
lever le blocus économique, commercial<br />
et financier appliqué à Cuba par<br />
les États-Unis d’Amérique », afin de<br />
soutenir l’idée que, compte tenu des<br />
graves problèmes qui se posent de<br />
nos jours à l’humanité, nous devons<br />
impérieusement modifier la façon dont<br />
nous entrons en rapport entre nous si<br />
nous voulons les régler, préserver la<br />
paix et sauvegarder l’espèce humaine.<br />
Je vous remercie.<br />
RHC Nations Unies,<br />
28 octobre <strong>2014</strong><br />
Mexique: une faillite planifiée<br />
de l'État<br />
Manifestation de parents des normaliens disparus d'Ayotzinapa<br />
Par Raúl Zibechi *<br />
L<br />
’État mexicain est devenu une institution<br />
criminelle où les narcos et les<br />
politiciens fusionnent pour contrôler la<br />
société. Un État dont la faillite a été organisée<br />
durant les deux dernières décennies<br />
pour conjurer le pire cauchemar des élites<br />
: une deuxième révolution mexicaine. «<br />
Ils les ont enlevés vivants, c'est vivants<br />
que nous les voulons », crie Marie Ester<br />
Contreras, tandis que vingt poings levés<br />
accompagnent le slogan à la tribune de<br />
l’Université (jésuite) ibéroaméricaine de<br />
Puebla, lors de la réception du prix Tata<br />
Vasco au nom du collectif Forces Unies<br />
Pour Nos Disparus au Mexique (Fundem),<br />
pour son travail contre les disparitions<br />
forcées. La scène est saisissante : les<br />
parentes des disparus, presque toutes des<br />
mères ou des sœurs, ne peuvent retenir<br />
leurs pleurs chaque fois qu’elles prennent<br />
la parole au XIème Forum des Droits humains.<br />
Rien à voir de la généalogie des<br />
disparitions que nous connaissons dans<br />
le Cône Sud. Au Mexique il ne s’agit pas<br />
de répression, de disparitions forcées et<br />
de tortures de militants ; mais de quelque<br />
chose de beaucoup plus complexe et terrible.<br />
Une mère a raconté la disparition de<br />
son fils, un ingénieur en communications<br />
qui travaillait pour IBM, séquestré par les<br />
narcos pour le forcer à construire un réseau<br />
de communications à leur service. «<br />
Cela peut arriver à n’importe qui », avertitelle,<br />
disant que toute la société est dans<br />
le collimateur et que personne ne devrait<br />
donc rester indifférent.<br />
Fundem est née en 2009, à Coahuila,<br />
et a réussi à réunir plus de 120<br />
familles qui recherchent 423 personnes<br />
disparues, et travaillent aussi avec le Réseau<br />
Vérité et Justice, qui recherche 300<br />
migrants d’Amérique centrale disparus en<br />
territoire mexicain. L’ex-président Felipe<br />
Calderón a nommé cela « des dommages<br />
collatéraux », essayant de minimiser la<br />
tragédie des disparitions. « Ce sont des<br />
êtres qui n’auraient jamais du disparaitre<br />
», réplique Contreras.<br />
Pire que l’État islamique<br />
Un communiqué de la Fundem, à<br />
l’occasion de la Troisième Marche de la<br />
Dignité célébrée en mai, souligne que «<br />
selon le Ministère de l’Intérieur, jusqu’à<br />
février 2013, on comptait 26 121 personnes<br />
disparues », depuis que Calderón<br />
a déclaré la « guerre au narcotrafic » en<br />
2006. En mai 2013, Christof Heyns, rapporteur<br />
spécial des Nations Unies sur les<br />
exécutions extrajudiciaires a dit que le<br />
gouvernement a reconnu 102 696 homicides<br />
durant les six ans de présidence<br />
de Calderón (1 426 victimes par mois en<br />
moyenne). Mais en mars dernier, après<br />
14 mois de présidence de Peña Nieto,<br />
l’hebdomadaire Zeta comptabilisait 23<br />
640 homicides (1 688 par mois).<br />
La chaîne d’information Al Jazeera<br />
a diffusé une analyse où sont comparées<br />
les morts provoquées par l’État Islamique<br />
(EI) avec les massacres des narcos mexicains.<br />
En Irak, en <strong>2014</strong>, l’EI a mis fin à la<br />
vie de 9 000 civils, pendant que le nombre<br />
de victimes des cartels mexicains en 2013<br />
a dépassé 16 000 (Russia Today, 21 octobre<br />
<strong>2014</strong>). Les cartels commettent des<br />
centaines de décapitations tous les ans. Ils<br />
en sont arrivés à démembrer et mutiler les<br />
corps des victimes, pour ensuite les exposer<br />
afin de terroriser la population. « Avec<br />
la même intention, les cartels attaquent<br />
aussi des enfants et des femmes, et, comme<br />
l' EI, ils publient les images horribles<br />
de leurs crimes sur les réseaux sociaux ».<br />
De nombreux médias ont été<br />
réduits au silence par des pots-de-vin ou<br />
"La justice n'a pas de mère" -<br />
Mexico, 10 mai 2013 : l'évêque de<br />
Saltillo, Raúl Vera López, guidant<br />
une manifestation nationale de<br />
mères de personnes disparues<br />
des intimidations et depuis 2006, les cartels<br />
ont été responsables de l’assassinat<br />
de 57 journalistes. L’État Islamique a assassiné<br />
deux citoyens US, dont les cas<br />
ont fait la Une des grands médias, mais<br />
peu de gens savent que <strong>29</strong>3 citoyens USaméricains<br />
ont été assassinés par les cartels<br />
mexicains entre 2007 et 2010.<br />
La question n’est pas, et ne doit pas<br />
être, de savoir qui est le plus sanguinaire,<br />
mais pourquoi. Depuis que nous savons<br />
qu'Al Qaïda et l’État Islamique ont été<br />
créés par les renseignements US, la question<br />
de savoir qui est derrière le narcotrafic<br />
mérite d’être posée.<br />
Diverses études et enquêtes journalistiques<br />
soulignent la fusion entre<br />
les autorités étatiques et les narcos au<br />
Mexique. Le magazine Proceso souligne<br />
dans sa dernière édition que « depuis le<br />
premier trimestre de 2013 le gouvernement<br />
fédéral a été alerté par un groupe<br />
de parlementaires, de militants sociaux<br />
et de fonctionnaires fédéraux au sujet du<br />
degré de pénétration du crime organisé<br />
dans les secteurs de la sécurité de plusieurs<br />
municipalités du Guerrero », sans<br />
obtenir la moindre réponse (Proceso, 19<br />
octobre <strong>2014</strong>). Analysant les liens<br />
derrière le massacre récent des étudiants<br />
d’Ayotzinapa (six morts et 43 disparus),<br />
le journaliste Luis Hernández Navarro<br />
conclut que l'événement « a mis à jour le<br />
cloaque de la narcopolitque guerreroise »<br />
(La Jornada, 21 octobre <strong>2014</strong>). Dans ce<br />
cloaque pataugent des membres de tous<br />
les partis, y compris du PRD, de centregauche,<br />
où "militait" le président municipal<br />
(maire) d’Iguala, José Luis Abarca,<br />
directement impliqué dans le massacre.<br />
Raul Vera a été évêque de San Cristobal<br />
de la Casas quand la hiérarchie a décidé<br />
d’écarter de cette ville Samuel Ruiz.<br />
Mais Vera a suivi le même chemin que<br />
son prédécesseur et maintenant il exerce<br />
à Saltillo, la ville de l’État de Coahuila d’où<br />
viennent plusieurs mères actives dans la<br />
Fundem. Elles n’ont pas de local à elles<br />
et se réunissent au Centre diocésain pour<br />
les droits humains. L’évêque et les mères<br />
travaillent au coude à coude.<br />
En 1996 Mgr. Vera avait dénoncé<br />
le massacre d’Acteal, où 45 indigènes<br />
tzotzils, dont 16 enfants et adolescents et<br />
20 femmes, avaient été assassinés alors<br />
qu’ils priaient dans une église de la communauté,<br />
dans l’État de Chiapas. Bien que<br />
le massacre eût été perpétré par paramilitaires<br />
hostiles à l’EZLN, le gouvernement<br />
a essayé de le présenter comme un conflit<br />
ethnique.<br />
Contrôler la société<br />
Sur la base de sa longue expérience, il<br />
soutient que le massacre d’Ayotzinapa<br />
« est un petit message au peuple, pour<br />
nous dire : regardez de quoi nous sommes<br />
capables », comme cela a été le cas<br />
à San Salvador Atenco en 2006, quand<br />
des militants du Frente de Pueblos en<br />
Defensa de la Tierra (Front des peuples<br />
en défense de la terre), qui participaient à<br />
L’autre campagne zapatiste, ont été brutalement<br />
réprimés avec un bilan de deux<br />
Suite à la page (14)<br />
Vol. 8 • No. 16 • Du <strong>29</strong> <strong>Octobre</strong> au 4 Novembre <strong>2014</strong> <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 13
Suite de la page (13)Pour Ankara... Suite de la page (13)Mexique..<br />
était l’agent de liaison entre l’Otan et la<br />
Turquie. En définitive, l’UÇK chassa les<br />
Serbes orthodoxes et profana leurs lieux<br />
de culte. En 2011, Hakan Fidan envoya<br />
des jihadistes au Kosovo pour être formés<br />
au terrorisme par l’UÇK, puis attaquer la<br />
Syrie.<br />
Durant l’occupation de l’Irak, les<br />
États-Unis s’appuyèrent officiellement<br />
sur la Turquie et l’Arabie saoudite pour<br />
reconstruire le pays. La politique qui fut<br />
alors conduite provoqua la guerre civile et<br />
des massacres systématiques, principalement<br />
de chiites et de chrétiens. Comme<br />
l’a expliqué l’ancien conseiller de la Maison-Blanche<br />
pour la Sécurité de la Patrie,<br />
Richard A. Falkenrath, cette politique<br />
était conçue pour enkyster le jihadisme,<br />
l’utiliser sur place et s’assurer qu’il ne vienne<br />
pas aux États-Unis [5].<br />
En septembre 2013, des centaines<br />
de jihadistes de l’Armée syrienne libre (la<br />
milice soutenue par la France et qui arbore<br />
le drapeau de la colonisation française)<br />
soutenus par des éléments du Front al-<br />
Nosra (branche syrienne d’Al-Qaïda) sont<br />
arrivés de Turquie pour prendre le village<br />
de Maloula, violer ses femmes, tuer ses<br />
hommes et profaner ses églises. Maloula<br />
n’offre aucun intérêt stratégique militaire.<br />
Cette attaque était uniquement un moyen<br />
de persécuter visiblement les chrétiens<br />
dont Maloula est le symbole syrien depuis<br />
près de deux mille ans.<br />
En mars <strong>2014</strong>, des centaines de jihadistes<br />
du Front al-Nosra et de l’Armée<br />
de l’islam (pro-Saoudiens) sont arrivés de<br />
Turquie, encadrés par l’Armée turque, pour<br />
mettre à sac la ville de Kessab. La population<br />
réussit à fuir avant d’être massacrée.<br />
Lorsque l’Armée arabe syrienne vint à la<br />
rescousse, la Turquie la combattit et abattit<br />
un de ses avions. Kessab présente un intérêt<br />
stratégique pour l’Otan, en raison de<br />
la proximité d’une base de radars russes<br />
qui surveille la base turque de l’Alliance<br />
d’Incirlik. Les habitants de Kessab sont<br />
des Arméniens dont les familles ont fui les<br />
massacres perpétrés par les Jeunes Turcs.<br />
La Turquie actuelle admet-elle les<br />
génocides ?<br />
Force est donc de se poser la question :<br />
en niant que le massacre des Arméniens<br />
en général et de diverse minorités principalement<br />
chrétiennes, survenu de 1915 à<br />
1925, a été organisé par le Comité Union<br />
et Progrès, la Turquie n’affirme-t-elle pas<br />
qu’un génocide n’est pas un crime, mais<br />
une politique comme une autre.<br />
La politique de l’actuel gouvernement<br />
turc se fonde sur la « doctrine Davutoglu<br />
», du nom de l’actuel Premier<br />
ministre. Selon ce professeur de Sciences<br />
politiques, la Turquie doit rétablir son influence<br />
de l’ère ottomane et unifier le Proche-<br />
Orient sur la base de l’islam sunnite. Dans<br />
un premier temps, l’administration Erdogan<br />
a prôné la résolution des conflits laissés<br />
en suspens depuis la chute de l’Empire<br />
ottoman, qu’elle a qualifié de politique de<br />
« zéro problème » avec ses voisins. Saisissant<br />
la balle au bond, la Syrie et l’Iran négocièrent<br />
alors une zone de libre-échange<br />
qui provoqua un boom économique dans<br />
les trois pays. Mais en 2011, durant la<br />
guerre de l’Otan contre la Libye, la Turquie<br />
abandonna son attitude conciliatrice pour<br />
s’imposer comme puissance belligérante.<br />
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Depuis lors, elle s’est à nouveau fâchée<br />
avec tous ses voisins, à l’exception de<br />
l’Azerbaïdjan.<br />
Le soutien français à la Turquie<br />
Durant les guerres contre la Libye et<br />
contre la Syrie, la Turquie et la France se<br />
sont rapprochées jusqu’à forger un véritable<br />
pacte, dans la lignée de l’alliance<br />
franco-ottomane voulue par François Ier<br />
et Soliman Le Magnifique ; une alliance<br />
qui dura deux siècles et demi et ne prit fin<br />
qu’avec Napoléon Bonaparte, puis ressurgit<br />
brièvement durant la guerre de Crimée.<br />
La nouvelle alliance fut ratifiée par le<br />
ministre français des Affaires étrangères,<br />
Laurent Fabius, qui leva en février 2013 le<br />
veto français à l’adhésion de la Turquie à<br />
l’UE et s’engagea désormais à en favoriser<br />
l’entrée.<br />
Sur ce, François Hollande et Laurent Fabius,<br />
Recep Tayyip Erdogan et Ahmet<br />
Davutoglu commanditèrent une opération<br />
conjointe pour faire assassiner le président<br />
Bachar el-Assad et son ministre des Affaires<br />
étrangères Walid el-Mouallem par<br />
du personnel de nettoyage du palais présidentiel,<br />
mais l’opération échoua.<br />
À l’été 2013, la Turquie organisa le bombardement<br />
chimique de la ghoutta et en<br />
accusa la Syrie. Soutenue par la France,<br />
elle chercha à impliquer les États-Unis<br />
dans un bombardement de la capitale et<br />
un renversement de la République arabe<br />
syrienne. Les deux pays tentaient de ramener<br />
Washington à son projet initial<br />
de renversement de la République arabe<br />
syrienne.<br />
Un document, remis au Conseil de sécurité<br />
des Nations unies, atteste qu’après le vote<br />
secret par le Congrès US, en janvier <strong>2014</strong>,<br />
de l’armement et du financement de rebelles<br />
syriens pour nettoyer ethniquement<br />
la région, la France et la Turquie ont<br />
continué secrètement à armer ensemble<br />
le Front al-Nosra (c’est-à-dire Al-Qaïda)<br />
pour qu’il lutte contre Daesh. Il s’agissait<br />
toujours de ramener Washington à son<br />
projet initial. On notera au passage,<br />
que ce n’est pas seulement la Turquie,<br />
mais aussi la France, qui ont armé<br />
les jihadistes ayant attaqué les villes chrétiennes<br />
de Maloula et de Kessab, violé<br />
leurs femmes, tué leurs hommes et profané<br />
leurs églises.<br />
La corruption des dirigeants français<br />
par la Turquie<br />
Alors que la presse évoque fréquemment<br />
la corruption de la classe dirigeante<br />
française par le Qatar, elle ne dit<br />
mot sur l’investissement colossal de la<br />
Turquie dans des politiciens français. La<br />
preuve de cette corruption : le silence<br />
des dirigeants français sur l’évolution intérieure<br />
de la Turquie (record du monde<br />
de l’emprisonnement de journalistes,<br />
d’avocats et d’officiers supérieurs), sur<br />
son soutien au terrorisme international (la<br />
Justice turque a établi qu’Erdogan a rencontré<br />
12 fois le banquier d’Al-Qaïda ; la<br />
Turquie abrite quatre camps d’Al-Qaïda et<br />
a organisé le transit de dizaines de milliers<br />
de jihadistes), sur le pillage de la Syrie (des<br />
milliers d’usines ont été démontées dans<br />
le district d’Alep et transférées en Turquie)<br />
et sur ses massacres (Maloula, Kessab, et<br />
bientôt peut-être Kobané).<br />
Le patronat turc —fidèle allié d’Erdogan<br />
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—a créé, en 2009, l’Institut du Bosphore<br />
chargé de promouvoir les liens entre les<br />
deux pays [6]. Son comité scientifique,<br />
co-présidé par Anne Lauvergeon [7],<br />
comprend la crème des politiciens français<br />
de l’UMP (Jean-François Coppé [8] et<br />
Alain Juppé [9]), du Parti socialiste (Élisabeth<br />
Guigou [10] et Pierre Moscovici [11]<br />
), beaucoup de très proches du président<br />
Hollande (Jean-Pierre Jouyet [12] et Henri<br />
de Castries [13]), et même d’anciens communistes,<br />
pour ne citer que quelques exemples.<br />
Il n’est certainement pas dans l’esprit de<br />
ces personnalités, dont certaines sont honorables,<br />
d’approuver les massacres commis<br />
par Ankara. C’est pourtant ce qu’elles<br />
font. En s’alliant à la Turquie, la France<br />
est devenue complice active de ses massacres.<br />
Notes<br />
[1] “Remarks by Joe Biden at the<br />
John F. Kennedy Forum”, by Joseph R.<br />
Biden Jr., Voltaire Network, 2 October<br />
<strong>2014</strong>.<br />
[2] “Remarks by U.S. Treasury Under<br />
Secretary David S. Cohen on Attacking<br />
ISIL’s Financial Foundation”, David S. Cohen,<br />
Carnegie Endowment for Internationale<br />
Peace, 23 octobre <strong>2014</strong>.<br />
[3] Statistics of Democide : Genocide<br />
and Mass Murder Since 1900, R.J.<br />
Rummel, Transaction, 1998, p. 223-235.<br />
[4] Les Jeunes-Turcs étaient un<br />
parti politique nationaliste révolutionnaire<br />
et réformateur ottoman, officiellement<br />
connu sous le nom de Comité Union et<br />
Progrès (CUP). Il s’allia aux minorités et<br />
renversa le sultan Abdülhamid II. Arrivé<br />
au pouvoir, il mit en œuvre une politique<br />
de turquification qui le conduisit à planifier<br />
le génocide des minorités, principalement<br />
des Arméniens.<br />
[5] Cité in « If Democracy Fails, Try<br />
Civil War », Al Kamen, The Washington<br />
Post, 25 septembre 2005.<br />
[6] Voir le site internet de l’Institut<br />
du Bosphore.<br />
[7] Ancienne collaboratrice de<br />
François Mitterrand, elle devint directrice<br />
d’Areva (2001-11). Elle est actuellement<br />
présidente de la Commission sur<br />
l’innovation.<br />
[8] Député, ancien ministre et ancien<br />
président de l’UMP.<br />
[9] Maire de Bordeaux, ancien<br />
Premier ministre et ancien président de<br />
l’UMP, il devint ministre des Affaires<br />
étrangères au début des guerres contre la<br />
Libye et la Syrie.<br />
[10] Ancienne collaboratrice de<br />
François Mitterrand et ancienne ministre,<br />
actuelle présidente de la Commission des<br />
Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.<br />
[11] Député et ancien ministre, il<br />
a été désigné pour devenir commissaire<br />
européen.<br />
[12] Haut-fonctionnaire, ami de<br />
longue date de François Hollande, il est<br />
aujourd’hui secrétaire général de l’Élysée.<br />
[13] Ami de longue date de François<br />
Hollande, il est aujourd’hui directeur<br />
général des assurances AXA.<br />
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"Par les temps qui courent, il est plus dangereux d'être étudiant que<br />
criminel. Ils les ont enlevés vivants, c'est vivants que nous les voulons "<br />
Normaliens d'Ayotzinapa<br />
morts et plus de 200 arrestations, dont 26<br />
viols. Le gouverneur responsable de ce<br />
pataquès était Enrique Peña Nieto, l’actuel<br />
président.<br />
Ces « messages » se répètent à intervalles<br />
réguliers dans la politique mexicaine.<br />
Le père Alejandro Solalinde, qui a<br />
participé au Forum des Droits humains,<br />
coordonne la Pastoral de Movilidad Humana<br />
Pacífico Sur - Pastorale des migrants<br />
du Pacifique Sud - de l’Épiscopat mexicain<br />
et dirige un foyer pour les migrants<br />
en route vers les USA qui passent par le<br />
Mexique, assure avoir été informé que les<br />
étudiants ont été brûlés vifs. Après avoir<br />
été mitraillés, les blessés ont été brûlés,<br />
comme l’ont raconté les policiers qui ont<br />
participé aux événements et « ont craché<br />
le morceau par remords de conscience »<br />
(Proceso, 19 octobre 201.<br />
Si la manière d’assassiner est un<br />
message mafieux clair, il faut en dévoiler<br />
les objectifs, vers qui ils pointent et pourquoi.<br />
La réponse vient de l’évêque Vera.<br />
Il souligne l’intime relation entre les cartels<br />
et les structures politiques, judiciaires<br />
et financière de l’État, au point qu’il est<br />
impossible de savoir où commence l’un et<br />
finit l’autre. Constater cette réalité l’amène<br />
à assurer que les dirigeants de son pays «<br />
sont le crime organisé » et que, par conséquent,<br />
« nous ne sommes pas dans une<br />
démocratie » (Proceso, 12 octobre <strong>2014</strong>).<br />
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"Où sont-ils ?"<br />
Mais l’évêque dirige sa réflexion<br />
vers un point névralgique qui permet de<br />
démêler le nœud. « Le crime organisé a<br />
aidé au contrôle de la société et c’est pourquoi,<br />
c’est un associé de la classe politique.<br />
Ils ont obtenu que le peuple ne s’organise<br />
pas, ne progresse pas ». C’est ce que le<br />
sous-commandant Marcos a signalé à peu<br />
près dans les mêmes termes.<br />
En dernière analyse, il ne s’agit pas<br />
d’une convergence fortuite, mais d’une<br />
stratégie. L’un de ceux qui l'ont construite<br />
sur le terrain, est le général colombien<br />
Oscar Naranjo, qui a été l’un « des architectes<br />
les plus remarquables de la narcodémocratie<br />
colombienne actuelle » sous<br />
le gouvernement d’Álvaro Uribe, comme<br />
le dénonçait Carlos Fazio (La Jornada, 30<br />
juin 2012). Naranjo, un protégé de la DEA<br />
(Drug Enforcement Administration) et «<br />
produit d’exportation » des USA pour la<br />
région, est devenu le conseiller du gouvernement<br />
Peña Nieto.<br />
Fazio reprend une information du<br />
Washington Post qui assure que « sept<br />
mille policiers et militaires mexicains ont<br />
été entraînés par des conseillers colombiens<br />
». Il ne faut pas avoir beaucoup<br />
d’imagination pour découvrir où on a<br />
commencé à fabriquer l’État failli mexicain.<br />
Mais il y a plus. « Le gouvernement<br />
des USA a aidé plusieurs cartels à travers<br />
l’Opération Fast and Furious (en espagnol<br />
Rápido y Furioso)», durant laquelle deux<br />
mille armes sont tombées "involontairement"<br />
aux mains des narcos, rappelle le<br />
site antiwar.com (voir Fast and Furious<br />
- Blowback from Mexico). Il est possible,<br />
comme le pensent des sites consacrés à<br />
l’analyse stratégique comme le site européen<br />
dedefensa.org, que le chaos mexicain<br />
soit favorisé par la paralysie croissante<br />
de Washington et la cacophonie émise par<br />
ses divers services, en concurrence entre<br />
eux [lire ici]. Mais en tout cas, tout indique<br />
qu’il y a là quelque chose de délibéré. Que<br />
cela puisse revenir en boomerang à travers<br />
la frontière poreuse et étendue entre<br />
Mexique et USA, ne devrait pas non plus<br />
faire de doute.<br />
Ndlr. * Raúl Zibechi: journaliste<br />
uruguayen, commentateur et écrivain,<br />
professeur et chercheur à la Multiversidad<br />
Franciscana d’Amérique Latine, et conseiller<br />
de plusieurs organismes. Il est responsable<br />
de la section internationale de<br />
l'hebdomadaire Brecha, édité à Montevideo.<br />
Alainet.org 23/10/<strong>2014</strong><br />
Traduit par Fausto Giudice<br />
Tlaxcala 24/10/<strong>2014</strong><br />
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<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 16 • Du <strong>29</strong> <strong>Octobre</strong> au 4 Novembre <strong>2014</strong>
Suite de la page (8)<br />
Un travailleur de la santé en train d’asperger sur un homme des produits<br />
chimiques désinfectants comme il est soupçonné de la mort due au virus<br />
Ebola au Libéria.<br />
La contamination de la rivière Meye, affluent du fleuve Artibonite<br />
Assiste-t-on à un procédé similaire<br />
avec l'Ebola ? Nul ne peut le dire<br />
pour le moment. Mais la communication<br />
de l'Oms apparaît de plus<br />
en plus alarmiste alors que nombre<br />
de ses derniers rapports ne vont<br />
pas dans le même sens. Si l'on ne<br />
peut nier la gravité de l'épidémie<br />
actuelle, l'Oms semble reporter une<br />
augmentation du nombre de cas relayés<br />
par les médias de masse occidentaux<br />
; alors que les derniers<br />
rapports de l'OMS montrent un net<br />
infléchissement de l'épidémie dans<br />
certaines régions sans qu'il faille<br />
crier victoires pour autant.<br />
Dans son rapport du 1er octobre<br />
(Ebola Response Roadmap<br />
Situation Report), l'Oms notait une<br />
baisse du nombre de nouveaux cas<br />
depuis deux semaines en Afrique de<br />
l'Ouest. Dans son rapport du 3 octobre<br />
(WHO: Ebola response roadmap<br />
update, October 3, <strong>2014</strong>) reconnaissait<br />
également avoir surévalué<br />
le nombre de cas alors que la prévalence<br />
des cas d'Ebola diminue.<br />
Ainsi, au Libéria, il y a environ 931<br />
cas avérés tandis que l'Oms en rapporte<br />
plus de 3834. Le Libéria étant<br />
précisément l'endroit où les 4000<br />
militaires Us sont en train d'être déployés<br />
(les Etats Unis ayant récemment<br />
révisé leur nombre à la hausse<br />
de 3000 le gouvernement Obama<br />
est passé à 4000 soldats) sans que<br />
les éléments sur le terrain puissent<br />
justifier un tel déploiement d'après<br />
les chiffres non diffusés de l'Oms<br />
dans les médias.<br />
Lorsque l'Oms communique<br />
sur un nombre de cas de plus de<br />
4000 morts liés à l'Ebola en Afrique<br />
de l'Ouest, elle communique<br />
un chiffre qui n'a pas été confirmé,<br />
mais qui comprend les cas confirmés<br />
avec les cas probables et les<br />
cas suspectés. Ainsi si l'on consulte<br />
leur rapport du 3 octobre (avant que<br />
l'Oms annonce le chiffre de plus de<br />
4000 décès) : il y aurait 3431 décès<br />
liés à l'Ebola mais sur ces 3431<br />
seulement 2071 ont été confirmés.<br />
Dans son dernier rapport du<br />
10 octobre, l'Oms estime le nombre<br />
de décès à 4024 selon les mêmes<br />
calculs alors que le nombre de décès<br />
confirmé lié à l'Ebola est de 2423.<br />
Vous aurez constaté que le<br />
nombre de décès entre le rapport<br />
du 8 octobre et celui du 10 octobre<br />
bondit de 3431 à 4024 soit 593 de<br />
plus imputables à l'Ebola alors que<br />
le nombre de décès confirmés liés à<br />
l'Ebola sur la même période bondit<br />
de seulement de 352 (on passe de<br />
2071 décès confirmés à 2423). Cela<br />
veut dire que l'Oms rapporte 243<br />
décès supplémentaires imputables<br />
à l'Ebola sans aucune preuve biologique.<br />
D'autre part l'Oms décrit<br />
un nombre de décès supplémentaire<br />
au nombre de cas car ceux-ci auraient<br />
été rapportés récemment et<br />
attribués à l'Ebola notamment en<br />
Sierra Leone. Une comptabilité pour<br />
le moins erratique qui tend à surévaluer<br />
la crise sanitaire dans ces<br />
pays même si on ne peut méconnaître<br />
l'augmentation de l'incidence de<br />
la maladie, selon l'Oms.<br />
Dans son rapport du 8 octobre,<br />
l'Oms, tout en tenant un ton<br />
particulièrement alarmiste, annonce<br />
que le nombre de cas a diminué<br />
au Libéria dans la région de Lofa,<br />
et en Sierra Leone dans les régions<br />
de Kailahun et de Kenema (l'un des<br />
épicentres où se situait un laboratoire<br />
biologique Us luttant contre<br />
le bioterrorisme qui a dû fermer en<br />
aout devant les protestations des<br />
populations et du gouvernement de<br />
Sierra Leone). Ces deux pays sont<br />
les endroits pourtant où les forces<br />
militaires Us et britanniques vont<br />
débarquer en force. Tandis que<br />
des forces militaro-humanitaires<br />
franco-allemande vont débarquer<br />
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Suite de la page (12)<br />
Google Ideas, une structure méconnue<br />
dont l’agenda est exclusivement<br />
politique. Il s’agit de voir "comment la<br />
technologie peut permettre aux gens<br />
de faire face à des menaces en étant<br />
confrontés au conflit, à l’instabilité<br />
et la répression". L’organisation est<br />
dirigée par Jared Cohen, un ancien<br />
conseiller diplomatique de Condoleeza<br />
Rice et d’Hillary Clinton au ministère<br />
des affaires étrangères du gouvernement<br />
américain.<br />
Selon sa fiche Wikipedia, Jared<br />
Cohen est un jeune spécialiste (33<br />
ans) de l’anti-terrorisme, de la "contreradicalisation",<br />
du Moyen-Orient et de<br />
l’Asie du Sud, des libertés sur Internet,<br />
et de "l’encouragement à l’opposition<br />
dans les pays répressifs". Il fut considéré<br />
l’an dernier par TIME comme<br />
l’une des 100 personnalités les plus<br />
influentes, tandis que le New Yorker<br />
lui avait consacré dès 2007 un portrait<br />
élogieux, qui rappelle qu’il s’était<br />
rendu en Iran pour aider l’opposition<br />
dès ses jeunes années d’étudiant.<br />
L’activité de Cohen au sein de Google<br />
Ideas lui a valu jusqu’aux inimitiés<br />
de Stratfor, l’officine privée très influente<br />
et proche du pouvoir dont<br />
les e-mails avaient fuité en 2011 sur<br />
Wikileaks, valant au pirate-informateur<br />
pas moins de 10 ans de prison.<br />
Ils voyaient l’activité diplomatique de<br />
Google comme une forme de concurrence.<br />
Dans un courriel interne cité<br />
par Julian Assange, daté du 27 février<br />
2012, le responsable aux renseignements<br />
de Stratfor avait parlé en ces<br />
termes d’un projet confidentiel de<br />
Jared Cohen de se rendre dans les semaines<br />
suivantes à la frontière entre<br />
l’Iran et l’Azerbaïdjan :<br />
Google a le soutien et la protection<br />
aérienne de la Maison Blanche et<br />
du Département d’Etat. En réalité, ils<br />
font des choses que la CIA ne peut pas<br />
faire. Mais je suis d’accord avec toi. Il<br />
va se faire kidnapper ou se faire tuer.<br />
C’est ce qui pourrait arriver de mieux<br />
pour exposer le rôle secret qu’a Google<br />
pour faire mousser les soulèvements,<br />
pour être franc. Le gouvernement US<br />
pourra prétendre qu’il ne savait rien,<br />
et c’est Google qui tiendra le sac de<br />
merde.<br />
Dans son livre, Julian Assange<br />
en Guinée. A chacun sa sphère<br />
d'influence. Quelque 4500 militaires<br />
et civils allemands issus de l'armée<br />
allemande sont prêts à intervenir.<br />
Inutile de dire que dans ce<br />
contexte les rumeurs les plus folles<br />
circulent dans ces pays. Ainsi un<br />
article du Liberian Observer met<br />
en cause des faux diagnostics<br />
d'Ebola par les hôpitaux locaux dû<br />
à un leurre utilisé par des manipulateurs.<br />
Selon ce journal qui n'en<br />
est pas à des approximations près,<br />
des personnes mal intentionnées<br />
infesteraient les puits d'eau ou les<br />
bouteilles d'eau à base de formaldéhyde<br />
qui à haute dose dans l'eau<br />
pourrait provoquer des symptômes<br />
similaires à l'Ebola. La méfiance<br />
s'installe au point que le ministre<br />
de l'information du Sierra Leone<br />
ait déploré le traitement sélectif de<br />
l'information par les médias occidentaux.<br />
Ce n'est pas le déploiement<br />
massif de soldats des forces<br />
atlantistes qui va rétablir la confiance<br />
à moins qu'il s'agisse de cadrer<br />
ses populations pour administrer les<br />
traitements médicaux jugés nécessaire<br />
par l'Otan médical en conjonction<br />
avec l'Oms ?<br />
D'ailleurs, l'Union européenne<br />
(Ue) ne s'en cache pas puisque<br />
les institutions de l'Ue ont prévu<br />
de déployer des troupes militaires<br />
pour restaurer la sécurité dans les<br />
zones épidémiques. Une stratégie<br />
du soin ouvertement colonialiste et<br />
impérialiste. Il est vrai que l'Union<br />
africaine ne compte pour rien dans<br />
les stratégies de l'Ue, de l'Otan, de<br />
l'Oms et des Usa en Afrique qu'il<br />
s'agisse du terrorisme en Afrique<br />
ou des problèmes sanitaires. C'est<br />
le Nord qui décide pour le Sud dans<br />
ses anciennes colonies de ce qu'il<br />
y a de mieux pour ces populations<br />
en s'appuyant sur des kleptocrates<br />
mis au pouvoir par les pays occidentaux.<br />
La présidente libérienne,<br />
pour ne pas gêner le déploiement<br />
des troupes Us, a demandé à ses<br />
propres troupes de rentrer dans<br />
les casernes tout en réclamant les<br />
pleins pouvoirs, tandis que le Qg<br />
des forces militaires Us s'est installé<br />
au ministère de la défense libérienne.<br />
Ebola et coups d'Etat militaire<br />
occidental en Afrique de l'Ouest ?<br />
Nous reviendrons ultérieurement<br />
sur le parcours d'Ellen Johnson<br />
Sirleaf [la présidente] qui a toujours<br />
soutenu les intérêts étatsuniens<br />
au Libéria, même durant la guerre<br />
menée par la France et les Etats<br />
Unis via le Burkina Faso et l'agent<br />
de la Cia, Charles Taylor, contre le<br />
dictateur Samuel Doe issu du peuple<br />
autochtone libérien qui luttait contre<br />
la pénétration Us au Libéria.<br />
Une guerre civile menée dans les<br />
coulisses par la France et les Etats-<br />
Unis via leur pion Compaoré et Taylor,<br />
qui a fait plus de 150 000 morts.<br />
A noter que Charles Taylor n'a pas<br />
été condamné pour ses crimes au<br />
Libéria, soutenu qu'il était par les<br />
Usa et indirectement par la France,<br />
mais pour son soutien à la terrible<br />
rébellion du Ruf en Sierra Leone.<br />
La présidente Ellen Johnson<br />
Sirleaf adulée par l'administration<br />
Obama a joué un rôle de soutien<br />
envers le criminel contre l'humanité<br />
Charles Taylor à un point tel que la<br />
Commission Vérité et Réconciliation<br />
libérienne avait demandé à ce<br />
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décrit par ailleurs toute une galaxie<br />
de fondations et associations qui<br />
sont directement ou indirectement<br />
liées à Google Ideas et à la diplomatie<br />
américaine, fondées ou rejointes<br />
par Jared Cohen. Parmi elles figurent<br />
Movements.org, créé par Cohen, qui<br />
a fusionné avec Advancing Human<br />
Rights. Or ce choix n’est pas neutre.<br />
AHR a été fondé par Robert Bernstein,<br />
qui a démissionné en 2010 de<br />
la prestigieuse association Human<br />
Rights Watch qu’il avait pourtant fondée.<br />
Il reprochait à HRW d’avoir été<br />
trop critique contre les violations des<br />
droits de l’homme par Israël. Par opposition,<br />
Advancing Human Rights<br />
ne s’intéresse donc qu’aux "sociétés<br />
fermées", fermant les yeux sur des<br />
régimes critiquables aux apparences<br />
plus démocratiques.<br />
Un pouvoir d’influence sans<br />
précédent ?<br />
De là à dire que Google Ideas protège<br />
aussi les intérêts israéliens en aidant<br />
à déstabiliser les puissances arabes<br />
voisines, il n’y a qu’un pas que Julian<br />
Assange prend garde de ne pas<br />
franchir. Il met toutefois en garde contre<br />
le pouvoir d’influence politique de<br />
Google, qui joue aussi bien sur des<br />
faits de société que sur des enjeux<br />
beaucoup plus stratégiques. "Google<br />
est perçu comme une entreprise essentiellement<br />
philanthropique", écrit<br />
Assange. Mais, fait-il remarquer, si<br />
une entreprise militaire privée comme<br />
Academi (anciennement Blackwater)<br />
"avait un programme tel que Google<br />
Ideas, ça lui vaudrait un examen critique<br />
intense" auquel Google échappe,<br />
grâce à son image de bienfaiteur de<br />
l’Internet. "Les aspirations géopolitiques<br />
de Google sont fermement<br />
mêlées dans celles de l’agenda des affaires<br />
étrangères de la plus grande superpuissance<br />
mondiale. A mesure que<br />
le monopole de Google sur la recherche<br />
et les services Internet s’accroît<br />
(...), son influence sur les choix et<br />
les comportements sur la totalité des<br />
être humains se traduit en un véritable<br />
pouvoir d’influer sur le cours de<br />
l’histoire".<br />
Numerama 24 <strong>Octobre</strong> <strong>2014</strong><br />
LGS 26 octobre <strong>2014</strong><br />
qu'elle soit écartée de la vie politique<br />
pendant 30 ans. On comprend<br />
mieux pourquoi à présent. On comprend<br />
aussi mieux pourquoi Ellen<br />
Johnson Sirleaf a reçu le prix atlantiste<br />
de la paix (aka prix Nobel)<br />
avant les élections qui devaient la<br />
porter au pouvoir.<br />
Chez les Occidentaux, "la<br />
guerre c'est la paix" et "l'intervention<br />
militaire ; c'est le soin". D'Haïti au<br />
Libéria même combat ?<br />
Pambazuka News 20 octobre <strong>2014</strong><br />
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Vol. 8 • No. 16 • Du <strong>29</strong> <strong>Octobre</strong> au 4 Novembre <strong>2014</strong> <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 15
Suite de la page (11)<br />
qui sont des leaders dans la création et la<br />
production de systèmes de haute précision<br />
auront un net avantage militaire. La<br />
parité stratégique sera perturbée, ce qui<br />
est susceptible d’entraîner de la déstabilisation.<br />
Le recours à une soi-disant<br />
première frappe préventive globale peut<br />
devenir tentant. En bref, les risques ne<br />
diminuent pas, mais s’intensifient. La<br />
prochaine menace évidente est l’escalade<br />
plus avant de conflits ethniques, religieux<br />
et sociaux. De tels conflits sont<br />
dangereux non seulement en tant que<br />
tels, mais aussi parce qu’ils créent des<br />
zones d’anarchie, d’absence totale de<br />
lois et de chaos autour d’eux, des lieux<br />
qui sont commodes pour les terroristes et<br />
les criminels, et où la piraterie, le trafic<br />
d’êtres humains et le trafic de drogue<br />
sont florissants.<br />
D’ailleurs, nos collègues ont alors<br />
essayé de contrôler plus ou moins ces<br />
processus, d’exploiter les conflits régionaux<br />
et de concevoir des « révolutions<br />
colorées » en fonction de leurs intérêts ;<br />
mais le génie s’est échappé de la lampe.<br />
Il semble que les pères de la théorie du<br />
chaos contrôlé eux-mêmes ne sachent<br />
plus quoi en faire ; il y a confusion dans<br />
leurs rangs.<br />
Nous suivons de près les discussions<br />
à la fois au sein de l’élite dirigeante<br />
et de la communauté des experts. Il suffit<br />
de regarder les gros titres de la presse occidentale<br />
de l’année dernière. Les mêmes<br />
personnes sont appelées des combattants<br />
pour la démocratie, puis des islamistes ;<br />
d’abord, ils parlent de révolutions, puis<br />
ils parlent d’émeutes et de soulèvements.<br />
Le résultat est évident : la propagation du<br />
chaos mondial.<br />
Chers collègues,<br />
Compte tenu de la situation mondiale,<br />
il est temps de commencer à se<br />
mettre d’accord sur des choses fondamentales.<br />
Ceci est d’une importance et<br />
d’une nécessité extrêmes ; cela vaudrait<br />
beaucoup mieux que de se retirer dans<br />
nos propres retranchements. Plus nous<br />
faisons face à des problèmes communs,<br />
plus nous nous trouvons dans le même<br />
bateau, pour ainsi dire. Et la manière sensée<br />
de trouver une issue réside dans la<br />
coopération entre les nations, les sociétés,<br />
dans le fait de trouver des réponses<br />
collectives aux défis croissants, et dans<br />
la gestion commune des risques. Certes,<br />
certains de nos partenaires, pour des raisons<br />
bien à eux, ne se remémorent cela<br />
que lorsque c’est dans leurs intérêts.<br />
L’expérience pratique montre que<br />
les réponses communes aux défis ne sont<br />
pas toujours une panacée, et il faut que<br />
nous comprenions cela. En outre, dans la<br />
plupart des cas, elles sont difficiles à atteindre<br />
: il n’est pas facile de surmonter<br />
les différences dans les intérêts nationaux<br />
et la subjectivité de différentes approches,<br />
en particulier lorsqu’il s’agit de<br />
pays ayant des traditions culturelles et<br />
historiques différentes. Mais néanmoins,<br />
nous avons des exemples où, ayant des<br />
objectifs communs et agissant sur la base<br />
des mêmes critères, nous avons obtenu<br />
collectivement un réel succès. Permettezmoi<br />
de vous rappeler la résolution du problème<br />
des armes chimiques en Syrie, et le<br />
dialogue de fond conséquent sur le programme<br />
nucléaire iranien, ainsi que notre<br />
travail sur les questions nord-coréennes,<br />
qui ont aussi connu des résultats positifs.<br />
Pourquoi ne pouvons-nous pas utiliser<br />
cette expérience à l’avenir pour relever<br />
les défis locaux et mondiaux ?<br />
Quelle pourrait être la base juridique,<br />
politique, et économique pour<br />
un nouvel ordre mondial qui permettrait<br />
la stabilité et la sécurité, tout en encourageant<br />
une saine concurrence, et<br />
en ne permettant pas la formation de<br />
nouveaux monopoles qui entravent le<br />
développement ? Il est peu probable que<br />
quiconque puisse proposer dès à présent<br />
des solutions absolument exhaustives et<br />
prêtes à l’emploi. Nous aurons besoin de<br />
beaucoup de travail et de la participation<br />
d’un large éventail de gouvernements,<br />
d’entreprises mondiales, de la société civile,<br />
et de plates-formes d’experts telles<br />
que celle-ci.<br />
Cependant, il est évident que les<br />
succès et les résultats réels ne sont possibles<br />
que si les participants clés des affaires<br />
internationales peuvent se mettre<br />
d’accord sur l’harmonisation des intérêts<br />
de base, sur le fait de s’imposer des limites<br />
raisonnables, et de donner l’exemple<br />
d’un leadership positif et responsable.<br />
Nous devons identifier clairement où se<br />
terminent les actions unilatérales et nous<br />
avons besoin de mettre en œuvre des<br />
mécanismes multilatéraux. Et dans le<br />
cadre de l’amélioration de l’efficacité du<br />
droit international, nous devons résoudre<br />
le dilemme entre les actions de la communauté<br />
internationale visant à assurer<br />
la sécurité et les droits de l’homme, et le<br />
principe de la souveraineté nationale et<br />
de la non-ingérence dans les affaires intérieures<br />
d’un État, quel qu’il soit.<br />
Ces collisions mêmes conduisent<br />
de plus en plus à une interférence extérieure<br />
arbitraire dans des processus<br />
internes complexes, et encore et encore,<br />
ils provoquent des conflits dangereux entre<br />
les principaux acteurs mondiaux. La<br />
question de la préservation de la souveraineté<br />
devient presque primordiale dans<br />
le maintien et le renforcement de la stabilité<br />
mondiale.<br />
De toute évidence, discuter des<br />
critères de l’utilisation de la force extérieure<br />
est extrêmement difficile. Il est pratiquement<br />
impossible de la séparer des<br />
intérêts des nations particulières. Cependant,<br />
il est beaucoup plus dangereux de<br />
rester dans une situation où il n’y a pas<br />
d’accords qui soient clairs pour tout le<br />
monde, et où des conditions claires pour<br />
l’ingérence nécessaire et légale ne sont<br />
pas fixées.<br />
J’ajouterais que les relations internationales<br />
doivent être basées sur le droit<br />
international, qui lui-même doit reposer<br />
sur des principes moraux tels que la justice,<br />
l’égalité et la vérité. Peut-être le plus<br />
important est-il le respect de ses partenaires<br />
et de leurs intérêts. C’est une formule<br />
évidente, mais le fait de la respecter,<br />
tout simplement, pourrait changer radicalement<br />
la situation mondiale. Je suis<br />
certain qu’avec une volonté réelle, nous<br />
pouvons restaurer l’efficacité du système<br />
international et des institutions régionales.<br />
Nous n’avons même pas besoin de<br />
reconstruire quelque chose de nouveau,<br />
à partir de zéro ; ce n’est pas une « terre<br />
vierge », d’autant plus que les institutions<br />
créées après la Seconde Guerre mondiale<br />
sont relativement universelles et peuvent<br />
être dotées d’un contenu moderne et adéquat<br />
pour gérer la situation actuelle. Cela<br />
est vrai quant à l’amélioration du travail<br />
de l’ONU, dont le rôle central est irremplaçable,<br />
ainsi que celui de l’OSCE, qui,<br />
durant 40 ans, a démontré qu’elle était<br />
un mécanisme nécessaire pour assurer la<br />
sécurité et la coopération dans la région<br />
euro-atlantique. Je dois dire que même<br />
aujourd’hui, en essayant de résoudre la<br />
crise dans le sud-est de l’Ukraine, l’OSCE<br />
joue un rôle très positif.<br />
À la lumière des changements<br />
fondamentaux dans l’environnement<br />
international, l’augmentation des désordres<br />
incontrôlables et des diverses menaces,<br />
nous avons besoin d’un nouveau<br />
consensus mondial des forces responsables.<br />
Il ne s’agit pas de conclure certaines<br />
transactions locales ou un partage<br />
des zones d’influence dans l’esprit de la<br />
diplomatie classique, ni d’assurer la domination<br />
globale et complète de quiconque.<br />
Je pense que nous avons besoin d’une<br />
nouvelle version de l’interdépendance.<br />
Nous ne devrions pas avoir peur de cela.<br />
Au contraire, c’est un bon instrument<br />
pour harmoniser les positions.<br />
Ceci est particulièrement pertinent<br />
étant donné le renforcement et la croissance<br />
de certaines régions de la planète,<br />
processus qui nécessite objectivement<br />
l’institutionnalisation de ces nouveaux<br />
pôles, par la création de puissantes organisations<br />
régionales et l’élaboration de<br />
règles pour leur interaction. La coopération<br />
entre ces centres contribuerait sérieusement<br />
à la stabilité de la sécurité, de<br />
la politique et de l’économie mondiales.<br />
Mais afin d’établir un tel dialogue, nous<br />
devons partir du postulat selon lequel<br />
tous les centres régionaux et projets<br />
d’intégration qui se forment autour d’eux<br />
doivent avoir les mêmes droits au développement,<br />
afin qu’ils puissent se compléter<br />
mutuellement et que personne ne<br />
puisse artificiellement les forcer à entrer<br />
en conflit ou en opposition. De telles actions<br />
destructrices briseraient les liens entre<br />
les Etats, et les Etats eux-mêmes seraient<br />
soumis à des difficultés extrêmes,<br />
voire même à une destruction totale.<br />
Je voudrais vous rappeler les<br />
événements de l’année dernière. Nous<br />
avions prévenu nos partenaires américains<br />
et européens que les décisions hâtives<br />
prises en coulisses, par exemple,<br />
sur l’association de l’Ukraine avec l’UE,<br />
étaient emplies de risques graves pour<br />
l’économie. Nous n’avons pas même<br />
évoqué les problèmes politiques ; nous<br />
n’avons parlé que de l’économie, en disant<br />
que de telles mesures, mises en place<br />
sans arrangements préalables, nuiraient<br />
aux intérêts de nombreux autres pays,<br />
dont la Russie – en tant que principal<br />
partenaire commercial de l’Ukraine –, et<br />
qu’un large débat sur ces questions était<br />
nécessaire. D’ailleurs, à cet égard, je vous<br />
rappelle que par exemple, les négociations<br />
sur l’adhésion de la Russie à l’OMC<br />
ont duré 19 ans. Ce fut un travail très<br />
difficile, et un certain consensus a finalement<br />
été atteint.<br />
Pourquoi est-ce que je soulève<br />
cette question ? Parce qu’en mettant<br />
en œuvre ce projet d’association avec<br />
l’Ukraine, nos partenaires seraient venus<br />
à nous avec leurs biens et services par<br />
la porte arrière, pour ainsi dire, et nous<br />
n’avons pas donné notre accord pour<br />
cela, personne ne nous a rien demandé à<br />
ce sujet. Nous avons eu des discussions<br />
sur tous les sujets liés à l’association de<br />
l’Ukraine avec l’UE, des discussions persistantes<br />
; mais je tiens à souligner que<br />
notre action a été menée d’une manière<br />
tout à fait civilisée, en indiquant des problèmes<br />
possibles, et en soulignant les<br />
raisonnements et arguments évidents.<br />
Mais personne ne voulait nous écouter et<br />
personne ne voulait discuter. Ils nous ont<br />
simplement dit : ce ne sont pas vos affaires,<br />
point, fin de la discussion. Au lieu<br />
du dialogue global, mais – je le souligne<br />
– civilisé que nous proposions, ils en sont<br />
venus à un renversement de gouvernement<br />
; ils ont plongé le pays dans le<br />
chaos, dans l’effondrement économique<br />
et social, dans une guerre civile avec des<br />
pertes considérables.<br />
Pourquoi ? Quand je demande à<br />
mes collègues pourquoi, ils n’ont plus de<br />
réponse ; personne ne dit rien. C’est tout.<br />
Tout le monde est désemparé, disant que<br />
ça c’est juste passé comme ça. Ces actions<br />
n’auraient pas dû être encouragées – cela<br />
ne pouvait pas fonctionner. Après tout (je<br />
me suis déjà exprimé à ce sujet), l’ancien<br />
président ukrainien Viktor Ianoukovitch<br />
avait tout signé, il était d’accord avec<br />
tout. Pourquoi ont-ils fait ça ? Dans quel<br />
but ? Est-ce là une manière civilisée de<br />
résoudre les problèmes ? Apparemment,<br />
ceux qui fomentent constamment de<br />
nouvelles « révolutions colorées » se considèrent<br />
comme de « brillants artistes » et<br />
ne peuvent tout simplement pas s’arrêter.<br />
Je suis certain que le travail des associations<br />
intégrées, la coopération des<br />
structures régionales, doivent être construits<br />
sur une base transparente et claire<br />
; le processus de formation de l’Union<br />
économique eurasienne est un bon exemple<br />
d’une telle transparence. Les États qui<br />
font partie de ce projet ont informé leurs<br />
partenaires de leurs plans à l’avance, en<br />
précisant les paramètres de notre association<br />
et les principes de son travail, qui<br />
correspondent pleinement aux règles de<br />
l’Organisation mondiale du commerce.<br />
J’ajouterais que nous aurions également<br />
accueilli favorablement l’initiation<br />
d’un dialogue concret entre l’Eurasie et<br />
l’Union européenne. D’ailleurs, ils nous<br />
ont presque catégoriquement refusé cela,<br />
et il est également difficile d’en comprendre<br />
les raisons. Qu’est-ce qu’il y a de si<br />
effrayant à cela ?<br />
Et bien sûr, avec un tel travail conjoint,<br />
on pourrait penser que nous devons<br />
nous engager dans un dialogue (j’ai<br />
évoqué cela à de nombreuses reprises<br />
et j’ai entendu l’accord de plusieurs de<br />
nos partenaires occidentaux, du moins<br />
en Europe) sur la nécessité de créer un<br />
espace commun pour la coopération<br />
économique et humanitaire, s’étendant<br />
depuis l’Atlantique jusqu’à l’océan Pacifique.<br />
Chers collègues,<br />
La Russie a fait son choix. Nos<br />
priorités sont d’améliorer encore nos institutions<br />
démocratiques et notre économie<br />
ouverte ; d’accélérer notre développement<br />
interne, en tenant compte de<br />
toutes les tendances modernes positives<br />
observées dans le monde, et en consolidant<br />
notre société sur la base des valeurs<br />
traditionnelles et du patriotisme. Nous<br />
avons un agenda pacifique et positif,<br />
tourné vers l’intégration. Nous travaillons<br />
activement avec nos collègues de<br />
l’Union économique eurasienne, de<br />
l’Organisation de coopération de Shanghai,<br />
du BRICS et avec d’autres partenaires.<br />
Ce programme vise à renforcer<br />
les liens entre les gouvernements, pas à<br />
les fragiliser. Nous ne prévoyons pas de<br />
façonner des blocs ou de participer à un<br />
échange de coups.<br />
Les allégations et déclarations<br />
selon lesquelles la Russie essaie d’établir<br />
une sorte d’empire, empiétant sur la souveraineté<br />
de ses voisins, n’ont aucun<br />
fondement. La Russie n’a pas besoin<br />
d’un quelconque rôle spécial ou exclusif<br />
dans le monde – je tiens à le souligner.<br />
Tout en respectant les intérêts des autres,<br />
nous voulons simplement que nos propres<br />
intérêts soient pris en compte et que<br />
notre position soit respectée.<br />
Nous sommes bien conscients du<br />
fait que le monde est entré dans une ère<br />
de changements et de transformations<br />
globales, dans laquelle nous avons tous<br />
besoin d’un degré particulier de prudence<br />
et de la capacité à éviter toutes mesures<br />
irréfléchies. Dans les années suivant<br />
la guerre froide, les acteurs politiques<br />
mondiaux ont en quelque sorte perdu<br />
ces qualités. Maintenant, nous devons<br />
nous les rappeler. Sinon, les espoirs d’un<br />
développement stable et pacifique seront<br />
une illusion dangereuse, tandis que la<br />
crise d’aujourd’hui servira simplement<br />
de prélude à l’effondrement de l’ordre<br />
mondial.<br />
Oui, bien sûr, j’ai déjà souligné<br />
que la construction d’un ordre mondial<br />
plus stable est une tâche difficile. Nous<br />
parlons d’une tâche longue et difficile.<br />
Nous avons réussi à élaborer des règles<br />
pour l’interaction après la Seconde Guerre<br />
mondiale, et nous avons pu parvenir à un<br />
accord à Helsinki dans les années 1970.<br />
Notre devoir commun est de résoudre ce<br />
défi fondamental à cette nouvelle étape<br />
du développement.<br />
Je vous remercie vivement pour<br />
votre attention.<br />
Ndlr. Le Club de Discussion<br />
Valdaï est un forum international annuel<br />
qui vise à rassembler des experts<br />
pour débattre de la Russie et de son rôle<br />
dans le monde. La mission du Club est de<br />
créer une plateforme internationale pour<br />
permettre aux élites russes de débattre<br />
du développement du pays et de son rôle<br />
dans le monde, avec des experts étrangers<br />
issus du monde académique, de la<br />
politique et des médias. Le club Valdaï<br />
défend la vision d'un monde multipolaire,<br />
par opposition à un monde unipolaire<br />
dominé par les États-Unis d'Amérique.<br />
Traduction : http://www.<br />
sayed7asan.blogspot.fr<br />
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16<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 16 • Du <strong>29</strong> <strong>Octobre</strong> au 4 Novembre <strong>2014</strong>
A travers le monde<br />
Dilma Rousseff réélue présidente du Brésil !<br />
La fusillade d’Ottawa<br />
Par José FORT<br />
Pour les progressistes latino-américains<br />
et au delà, le résultat de l’élection présidentielle<br />
au Brésil est source de soulagement<br />
et de satisfaction.<br />
Avec 51,4% des suffrages (selon<br />
le chiffre annoncé à 1h, heure française),<br />
Dilma Rousseff est réélue présidente<br />
du Brésil, pays de plus de 200 millions<br />
d’habitants qui couvrent la moitié du territoire<br />
de l’Amérique du Sud. Il y a quinze<br />
jours, les sondages la donnaient perdante.<br />
Tous les médias liés à l’oligarchie<br />
ont été mobilisés contre celle qui symbolise<br />
– malgré les limites de son action et<br />
les dérives corruptives survenues jusque<br />
dans son gouvernement – une politique<br />
de progrès social, de souveraineté nationale,<br />
de coopération avec les nations de la<br />
région et plus généralement de projection<br />
sur l’avenir dans le cadre des Brics, la nouvelle<br />
structure internationale réunissant la<br />
Chine, la Russie, l’Inde, l’Afrique du Sud<br />
et le Brésil. Dilma Rousseff a dû subir durant<br />
la campagne électorale tous les coups<br />
bas, la bourgeoisie croyant son heure de<br />
revanche arrivée, les marchés financiers<br />
allant jusqu’à provoquer, à la veille du<br />
scrutin, la chute de la bourse en annonçant<br />
un possible marasme économique.<br />
Les populations extirpées de la pauvreté<br />
(quarante millions de Brésiliens au<br />
Par Cathy Ceïbe<br />
«Pepe» va passer la main. Les Uruguayens<br />
s’étaient pourtant habitués à la<br />
bonhomie de leur président au point de<br />
l’appeler par son diminutif. Figure tranquille<br />
et de bonté de 79 ans, José Mujica<br />
est entré dans la vie de ses concitoyens<br />
en 2009. Sans fracas. Lui qui fut l’un des<br />
visages de la guérilla des Tupamaros. Pour<br />
ses activités subversives, il sera emprisonné<br />
treize années durant et torturé, s’il<br />
fallait le préciser, avant d’être libéré en<br />
1985. «Pepe» a incarné pendant cinq ans<br />
le bon sens populaire. «Un monsieur Toutle-monde»,<br />
en somme. «Ce n’est pas une<br />
lutte des superhéros ou des phénomènes.<br />
C’est la cause d’un peuple, une cause collective,<br />
d’engagement. Aucun type ne<br />
peut offrir la prospérité à une société. (…)<br />
La prospérité, nous allons tous la gagner»,<br />
a-t-il déclaré le soir de sa victoire. Sa première<br />
mesure a été de réduire de 90% son<br />
salaire de président. «Cet argent me suffit,<br />
Dilma Rousseff est réélue<br />
présidente du Brésil, pays de plus<br />
de 200 millions d’habitants qui<br />
couvrent la moitié du territoire de<br />
l’Amérique du Sud. Il y a quinze<br />
jours, les sondages la donnaient<br />
perdante.<br />
Uruguay:<br />
« Pepe », Tabaré et les autres<br />
et doit me suffire parce qu’il y a des Uruguayens<br />
qui vivent avec moins. (…) Je ne<br />
suis pas pauvre. Les pauvres ce sont ceux<br />
qui croient que je le suis», a-t-il précisé un<br />
jour. Son geste n’est pas étranger à celui<br />
d’autres chefs d’État de gauche parvenus<br />
aux plus hautes fonctions en Amérique<br />
latine à l’aune des années 2000. Mais<br />
cours des dernières années), une partie de<br />
celles qui n’en sont pas encore sorties et<br />
à qui la présidente sortante a promis des<br />
mesures rapides et efficaces, une partie<br />
de la classe ouvrière, des travailleurs agricoles<br />
et des nouvelles classes moyennes<br />
ainsi qu’une frange importante des jeunes<br />
électeurs ont assuré la victoire de Dilma<br />
Rousseff. Ce sont eux d’abord qu’il ne<br />
faudra pas décevoir.<br />
Rien n’était inscrit d’avance car<br />
l’Amérique du Sud est confrontée actuellement<br />
à une vaste offensive ultralibérale<br />
inspirée et coordonnée depuis les officines<br />
de Washington. Les Boliviens ont<br />
déjà répliqué en réélisant triomphalement<br />
Evo Morales. Les Brésiliens ont pris le<br />
même chemin ; mais l’alerte fut chaude.<br />
Ils avaient tout à perdre d’un retour de la<br />
droite.<br />
A l’heure des bilans, le géant brésilien<br />
peut afficher une baisse considérable de<br />
la pauvreté et des avancées considérables<br />
en matière de santé et d’éducation. En<br />
surfant sur des mécontentements justifiés,<br />
souvent instrumentalisés, la bourgeoisie<br />
a cru pouvoir prendre sa revanche. Si ses<br />
plans ont été évincés dans les urnes, on<br />
ne peut pas exclure de possibles provocations,<br />
à l’instar des événements survenus<br />
ces dernières semaines à Caracas.<br />
Au lendemain de ce scrutin, il<br />
y a un grand perdant : les Etats-Unis<br />
d’Amérique. Les changements progressistes<br />
intervenus dans la plupart des pays<br />
latino-américains, la création de nouvelles<br />
structures régionales d’intégration politique<br />
et économique, la mise au pas des<br />
multinationales, la distribution équitable<br />
des richesses, la conquête des souverainetés<br />
sont autant de crimes de lèse-majesté<br />
vus du côté de Washington. Les veines<br />
de l’Amérique latine sont-elles toujours<br />
ouvertes ? Peu à peu, elles cicatrisent ;<br />
mais restent toujours sous la menace du<br />
prédateur.<br />
LGS 27 <strong>Octobre</strong> <strong>2014</strong><br />
José «Pepe» Mujica, (à gauche) le populaire président de gauche, passe le<br />
relais dimanche à Tabaré Vasquez (à droite) lors des élections générales<br />
il est suffisamment rare de ce côté-ci de<br />
l’Atlantique pour ne pas le relever.<br />
Un homme simple, proche des gens<br />
Peu à peu, José Mujica s’est imposé,<br />
s’attirant la sympathie des médias.<br />
Suite à la page (18)<br />
Par Keith Jones<br />
Le gouvernement conservateur du<br />
Canada a proclamé que le Canada et<br />
la démocratie canadienne sont la cible<br />
d'attaques terroristes. Ce n’est pas simplement<br />
une exagération ou du sensationnalisme:<br />
c’est un mensonge. Le gouvernement,<br />
aidé par les médias, déforme les<br />
faits pour justifier un tournant drastique à<br />
droite de la politique extérieure et intérieure<br />
du Canada.<br />
Le gouvernement a deux objectifs<br />
immédiats: délégitimer et étouffer<br />
l’opposition à la nouvelle guerre menée<br />
par les États-Unis au Moyen-Orient pour<br />
que le Canada puisse s'y impliquer davantage;<br />
et légiférer rapidement afin de<br />
donner de nouveaux pouvoirs à l’appareil<br />
de sécurité nationale. Les évènements de<br />
mercredi à Ottawa – le meurtre d’un soldat<br />
qui montait la garde au Monument<br />
commémoratif de guerre du Canada, suivi<br />
d’une fusillade dans le bâtiment principal<br />
du Parlement canadien – ont été commis<br />
par un individu désorienté, agissant seul.<br />
C’est le même type d’individu, un récent<br />
converti à l'islam radical, qui était impliqué<br />
dans le meurtre, deux jours plus tôt, d’un<br />
autre membre des Forces armées canadiennes,<br />
qui a été renversé par une voiture<br />
alors qu’il marchait dans le stationnement<br />
d’un centre d’achats à St-Jean-sur-Richelieu<br />
au Québec.<br />
Aucun des agresseurs n’appartenait<br />
à «un groupe terroriste du terroir», sans<br />
parler d’Al-Qaïda, de l’État islamique (EI)<br />
ou d’une quelconque organisation terroriste<br />
basée à l’étranger. La police a conclu<br />
que les agresseurs ne se connaissaient<br />
pas et que les deux meurtres constituaient<br />
des évènements complètement séparés,<br />
même si ce n’est pas inconcevable que<br />
le meurtre de St-Jean-sur-Richelieu ait pu<br />
encourager le tireur d’Ottawa.<br />
Malgré l’absence d’un complot terroriste,<br />
le premier ministre Stephen Harper<br />
et son gouvernement sont déterminés à<br />
présenter le Canada comme étant assiégé.<br />
Suite au délit de fuite de lundi dernier à<br />
St-Jean-sur-Richelieu, Harper et le bureau<br />
du premier ministre se sont empressés<br />
d'occuper le devant de la scène. Rompant<br />
avec les normes canadiennes, c'est<br />
Harper, et non la police, qui a annoncé<br />
publiquement qu’il y avait eu une possible<br />
attaque «terroriste». Ce sont ses conseillers<br />
qui ont continué d’être la principale source<br />
d’information pour l’enquête de la police<br />
et des agences de renseignement<br />
Dans un discours télédiffusé mercredi<br />
soir partout au pays – bien après<br />
qu'il soit devenu évident que la fusillade<br />
du matin à Ottawa avait été commise par<br />
un individu agissant seul – Harper a tenté<br />
d’adopter un ton churchillien, affirmant<br />
que le Canada vaincrait les terroristes qui<br />
ont attaqué et menacé ses «valeurs» et la<br />
démocratie. Il a fait une référence gratu-<br />
Le Canadien de 32 ans Michael<br />
Zehaf-Bibeau qui a tué mercredi<br />
un militaire à Ottawa cherchait<br />
à obtenir un passeport afin de se<br />
rendre en Syrie, a indiqué jeudi le<br />
commissaire de la Gendarmerie<br />
royale du Canada (GRC),<br />
Bob Paulson<br />
ite à la guerre au Moyen-Orient. Harper a<br />
juré que le gouvernement «redoublerait»<br />
d’efforts pour mieux collaborer avec les<br />
partenaires militaires et stratégiques du<br />
Canada et pour priver les terroristes de<br />
«refuge» partout dans le monde. Les tentatives<br />
de Harper de se présenter comme<br />
un défenseur de la démocratie seraient<br />
ridicules si les enjeux n’étaient pas aussi<br />
sérieux. Son gouvernement a aboli de facto<br />
le droit de grève des employés fédéraux<br />
et des travailleurs soumis aux règlements<br />
fédéraux et il a directement affirmé le droit<br />
de l’État d’espionner à volonté les communications<br />
électroniques des Canadiens. En<br />
décembre 2008, il a imposé ce qui revient<br />
à un coup constitutionnel. Il a eu le dernier<br />
mot devant la gouverneure générale,<br />
un poste non élu, afin d’utiliser les pouvoirs<br />
antidémocratiques de cette instance<br />
pour fermer le parlement et empêcher les<br />
députés de voter pour renverser ce gouvernement.<br />
Le scénario qui s’est<br />
déroulé à Ottawa la semaine dernière<br />
est devenu trop familier. Une fois après<br />
l'autre depuis le 11 septembre 2001, les<br />
gouvernements ont utilisé des actes terroristes<br />
et des campagnes de peur pour<br />
mettre de l’avant un programme politique<br />
réactionnaire et prédéterminé. Les attaques<br />
du 11 septembre sont devenues le<br />
prétexte de l’administration de George W.<br />
Bush pour lancer une guerre d’agression<br />
contre l’Afghanistan et l’Irak et attaquer<br />
les droits démocratiques des Américains.<br />
Le Canada a rapidement emboîté le pas:<br />
il a passé sa propre loi antiterroriste, s’est<br />
réarmé et a joué un rôle de premier plan<br />
dans l’invasion de l’Afghanistan.<br />
L’offensive pour faire un tournant<br />
aussi, sinon plus abrupt, est déjà en cours.<br />
Le gouvernement était censé<br />
dévoiler mercredi des amendements<br />
controversés à la Loi antiterroriste canadienne<br />
de 2001, qui donneraient de<br />
nouveaux pouvoirs aux agences de sécurité,<br />
y compris une plus grande intégration<br />
de leur surveillance des Canadiens<br />
avec la National Security Agency (NSA)<br />
des États-Unis et d’autres services de<br />
Suite à la page (18)<br />
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Vol. 8 • No. 16 • Du <strong>29</strong> <strong>Octobre</strong> au 4 Novembre <strong>2014</strong> <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 17
Suite de la page (17)Uruguay...<br />
De droite comme de gauche. On<br />
le voit sur un cliché dans une salle<br />
d’attente d’un hôpital public, refusant<br />
tout passe-droit. Là encore, il est<br />
au volant d’une voiture modeste à<br />
l’image de sa maison, «sa chacra», où<br />
il réside avec son épouse, la sénatrice<br />
et elle aussi ancienne guérillera, Lucia<br />
Topolansky. Loin des fastes de la République.<br />
Pepe est un homme simple,<br />
proche des gens.<br />
Dimanche, lors du premier<br />
tour des élections générales, il sera<br />
candidat au Sénat «pour aider» son<br />
Mouvement pour la participation<br />
populaire, la Constitution lui interdisant<br />
de briguer un second mandat<br />
présidentiel. Il reviendra au socialiste<br />
Tabaré Vazquez de défendre les couleurs<br />
du Front ample (Frente amplio,<br />
Fa), cette large coalition de vingt et<br />
un partis, créée en 1971, et reliant<br />
le centre gauche à l’extrême gauche<br />
radicale. La chose n’est pas nouvelle<br />
pour l’ancien maire de Montevideo<br />
et cardiologue de profession. C’est<br />
lui qui a ouvert en 2005 les portes<br />
du pouvoir à la gauche. À l’époque,<br />
ce succès n’avait pas autant réveillé<br />
la curiosité qu’un «Pepe» en jean et<br />
en basket. Ce fut pourtant une victoire<br />
historique. Pour la première<br />
fois depuis 168 ans, les Uruguayens<br />
avaient refusé de sacrer l’une<br />
des formations libérales traditionnelles,<br />
le Parti national (Blanco) ou<br />
le Parti colorado. Ces partis de droite,<br />
qui ont scellé une alliance historique<br />
Suite de la page (17)La fusillada..<br />
renseignement étrangers. Mais,<br />
cherchant maintenant à exploiter le<br />
climat de peur et de nationalisme<br />
qu’il a alimenté grâce aux attaques<br />
de cette semaine, le gouvernement<br />
a signalé qu’il va remettre à plus<br />
tard l’introduction des amendements<br />
pour pouvoir les réécrire et donner<br />
aux agences de sécurité encore plus<br />
de pouvoirs. Les amendements révisés<br />
vont apparemment comporter<br />
des pouvoirs accrus pour arrêter de<br />
présumés terroristes – ce qui veut<br />
dire, détenir des gens sans accusation<br />
sur l’unique base qu’ils pourraient<br />
commettre des gestes illégaux<br />
dans le futur.<br />
Même si les conservateurs<br />
n’ont pas fait de nouvelles annonces<br />
sur le rôle du Canada dans<br />
la nouvelle guerre au Moyen-Orient,<br />
l’armée canadienne et les médias de<br />
la grande entreprise ont encouragé<br />
fortement le gouvernement à «parler<br />
franchement» aux Canadiens et<br />
à leur annoncer que la mission de<br />
combat du Canada durera plus longtemps<br />
que les six mois prévus. Ils<br />
ont aussi appelé le gouvernement à<br />
augmenter de façon significative les<br />
dépenses militaires, de pair avec son<br />
discours belliqueux contre la Russie,<br />
l’Iran et d’autres États.<br />
Rejeter l’affirmation fausse et<br />
politiquement motivée que le Canada<br />
est sous un siège terroriste ne revient<br />
pas à dire que le phénomène de<br />
terrorisme du «terroir» est complètement<br />
fabriqué. Mais, dans la mesure<br />
où, pour les Canadiens ou des gens<br />
aux États-Unis, en Europe et en<br />
Australie, des individus désorientés<br />
et influencés par la propagande<br />
djihadiste de l’EI, d’Al-Qaïda ou de<br />
leurs filiales posent un plus grand<br />
danger, la responsabilité repose sur<br />
les épaules des classes dirigeantes<br />
des puissances impérialistes – y<br />
compris le Canada.<br />
Les puissances impérialistes<br />
ont amené la destruction et la dévastation<br />
sociale partout au Moyen-<br />
Orient, en Afrique du Nord et en<br />
Asie centrale, des régions à majorité<br />
musulmane, avec leurs guerres,<br />
leurs frappes par drones, leur appui<br />
à des dictatures militaires et à des<br />
monarques, et les plans d’ «ajustement<br />
structurel» du FMI. Pour défendre<br />
leurs intérêts de prédateurs, elles<br />
ont renforcé, utilisé et manipulé pendant<br />
des décennies les éléments islamistes.<br />
Parfois, comme c’est le cas<br />
pour l’Irak et la Syrie aujourd’hui,<br />
ces éléments ont servi de prétexte<br />
pour lancer de nouvelles guerres<br />
d’alternance, avaient jusqu’alors<br />
vampirisé les institutions du pays, à<br />
l’exception de la sinistre période de<br />
la dictature (1973-1985), lorsque<br />
l’Uruguay avait activement participé<br />
au plan «Condor» d’extermination<br />
des démocrates et des opposants de<br />
la région.<br />
Tabaré Vazquez va creuser<br />
une politique différente après les années<br />
sombres des plans d’austérité.<br />
Lorsqu’il quitte le pouvoir en 2010, il<br />
laisse à son successeur «Pepe» Mujica<br />
un bilan plutôt flatteur. Le PIB est en<br />
hausse de 35,4%, tandis que les exportations<br />
ont cru de 100%. Le taux<br />
de chômage a été ramené à 7% contre<br />
13% en 2004. Les salaires ont été<br />
augmentés en moyenne de 30%. Ces<br />
quatre dernières années, l’ex-rebelle<br />
en armes a suivi le sillon de son prédécesseur.<br />
La pauvreté a continué de<br />
reculer, passant de 40% à 11%. Cette<br />
dernière décennie, le salaire minimum<br />
a été rehaussé de 250%. L’éducation<br />
est devenue une priorité, même s’il<br />
reste beaucoup à faire, au même titre<br />
que l’accès à la santé, relevant ainsi<br />
l’espérance de vie à 80ans pour les<br />
femmes et à 73ans pour les hommes.<br />
De manière générale, près de 44% de<br />
la population reçoit une aide sociale<br />
contre 15,4% en 2004. Mais on est<br />
loin des réformes structurelles radicales<br />
espérées et attendues au sein<br />
du FA.<br />
En une décennie, la gauche au<br />
dont l’objectif est de défendre les<br />
intérêts géostratégiques américains.<br />
Plus souvent, ils ont été utilisés<br />
comme des agents en sous-main<br />
pour le compte de l’impérialisme.<br />
Les Talibans et Al-Qaïda ont<br />
émergé suite à l’organisation et à<br />
l’armement par Washington des<br />
fondamentalistes islamistes pour<br />
combattre le gouvernement appuyé<br />
par les soviétiques en Afghanistan.<br />
L’État islamique (EI) est un produit<br />
de l’invasion américano-britannique<br />
de 2003 et de l’occupation de l’Irak.<br />
Cela a mené à plus d’un million<br />
de morts, à l’alimentation par les<br />
États-Unis des tensions sectaires en<br />
Irak dans le cadre de leur stratégie<br />
de diviser pour mieux régner, et à<br />
l’utilisation de forces islamistes sectaires<br />
comme armées en sous-main<br />
dans leurs guerres pour changer les<br />
régimes en Libye et en Syrie.<br />
Le vice-président américain,<br />
Joe Biden, a récemment laissé échapper<br />
que les alliés fidèles de Washington,<br />
la Turquie, l’Arabie Saoudite et<br />
les Émirats arabes unis, ont versé de<br />
l’argent et des armes à l’EI dans le<br />
cadre du conflit sectaire sunnite avec<br />
l’Iran.<br />
Le Canada, aussi bien sous les<br />
Libéraux que sous les conservateurs,<br />
a été complice de ces crimes. Il a joué<br />
un rôle majeur dans les guerres en<br />
Afghanistan et en Libye; il a appuyé<br />
loyalement Israël, y compris<br />
lors de sa récente agression contre<br />
les Palestiniens à Gaza; il a défendu<br />
la dictature de Moubarak et le retour<br />
de l’armée au pouvoir en Égypte<br />
en 2013; il a fourni des armes à<br />
l’Arabie Saoudite… la liste est sans<br />
fin. Même les médias de la grande<br />
entreprise ont dit que les bombes canadiennes<br />
pourraient bientôt tomber<br />
en Irak sur les mêmes combattants<br />
islamistes avec qui les Forces armées<br />
canadiennes ont coordonné la campagne<br />
de bombardement en Libye en<br />
2011 et qu’Ottawa a présentés comme<br />
des «combattants pour la liberté»<br />
autant en Libye qu’en Syrie.<br />
La hausse des crimes impérialistes<br />
à l’étranger va de pair avec<br />
la promotion du militarisme, la destruction<br />
des droits démocratiques<br />
et l’implantation d’un programme<br />
social de droite au pays. Le Canada,<br />
comme toutes les puissances<br />
impérialistes, a vu une croissance<br />
massive des inégalités sociales et<br />
de l’insécurité économique dans le<br />
dernier quart de siècle. Depuis 2008,<br />
l’assaut sur les services publics, les<br />
retraites, les prestations de chômage<br />
pouvoir a augmenté le salaire<br />
minimum de 250 %.<br />
La dépénalisation du cannabis, la légalisation<br />
de l’IVG ou encore la reconnaissance<br />
officielle du mariage homosexuel<br />
sont autant de réformes qui<br />
ont constitué des ruptures dans une<br />
région encore à la traîne en matière de<br />
droits sociétaux. «J’aurais voulu faire<br />
plus de choses», a récemment reconnu<br />
Pepe Mujica à l’agence EFE, notamment<br />
concernant l’enseignement ou<br />
encore l’insécurité, thème récurrent<br />
de cette campagne électorale. L’autre<br />
grande dette laissée en suspens par<br />
la gauche uruguayenne sont les lois<br />
dites de «caducidad». Elles garantissent<br />
jusqu’à présent une totale impunité<br />
aux auteurs des crimes perpétrés<br />
durant la dictature. Une aberration<br />
aux yeux des démocrates et des<br />
familles des victimes, et que Tabaré<br />
Vazquez ne semble pas vouloir corriger.<br />
Si l’Uruguay a changé, le poids<br />
dont jouissent les militaires reste, lui,<br />
quasi intact. Statu quo aussi du côté<br />
de l’opposition. À droite, Luis Alberto<br />
Lacalle défendra le Parti national. À<br />
droite encore, Pedro Bordaberry, du<br />
Parti colorado, retentera sa chance.<br />
Les deux hommes –fils de président<br />
impopulaire pour le premier et rejeton<br />
d’un dictateur pour le second– avaient<br />
été éconduits il y a quatre ans, face à<br />
un «Pepe», symbole du dirigeant politique<br />
proche du peuple.<br />
L’Humanité 23 <strong>Octobre</strong>, <strong>2014</strong><br />
et d’autres droits sociaux s'est intensifié.<br />
Dans un tel environnement de<br />
réaction, ce n’est pas surprenant que<br />
des idéologies politiques perverses<br />
puissent trouver un écho, particulièrement<br />
chez les marginalisés et les<br />
désorientés. Le tireur d’Ottawa, Michael<br />
Zehaf-Bibeau, avait lutté contre<br />
la dépendance à la drogue pendant<br />
des années et avait eu, à cause<br />
de cette dépendance, plusieurs accrochages<br />
avec la loi. Il vivait dans<br />
un refuge pour sans-abris dans les<br />
derniers jours de sa vie. Son père, un<br />
entrepreneur libyen-canadien, a apparemment<br />
été actif dans une milice<br />
djihadiste qui a participé en 2011 à<br />
une insurrection contre le régime de<br />
Kadhafi.<br />
Parce que leur programme de<br />
guerre et d’austérité va à l'encontre<br />
des intérêts de la vaste majorité de la<br />
population, les dirigeants au Canada,<br />
comme leurs homologues de classe<br />
aux États-Unis et dans les autres<br />
pays impérialistes, ramènent au<br />
pays les méthodes violentes et autoritaires<br />
qu’ils ont toujours employées<br />
en Asie, en Afrique et en Amérique<br />
latine.<br />
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1. Ni d’un côté, ni de l’autre<br />
C’était au cours d’un «Allô<br />
Presidente» que j’ai parlé d’un quotidien<br />
qui, à une certaine époque,<br />
était dans les rangs de la Révolution.<br />
Maintenant, il est dans ceux de<br />
la contre-révolution. Je me souviens<br />
qu’en 1977, j’emmenais ce journal<br />
avec moi quand j’étais dans le bataillon<br />
des chasseurs. Précisément en<br />
octobre 1977, j’écrivais cette consigne<br />
dans le journal : un Vietnam,<br />
deux Vietnam en Amérique latine.<br />
Et j’écrivais «les soldats ne sentent<br />
pas cette lutte». Nous parcourions<br />
la montagne, nous pourchassions la<br />
guerilla dans l’Oriente, à Anaco, à<br />
Canaura, à Santa Rosa, Santa Anna,<br />
Bergantin, Mesa la Tigra, Mesa La<br />
Leona, La Vuelta del Caro. Je connais<br />
tous ces coins comme ma poche,<br />
même si trente ans ont passé et que je<br />
n’y avais jamais mis les pieds. Mais<br />
je les avais appris par cœur, comme<br />
ça, en marchant, chemin après chemin,<br />
montagne après montagne.<br />
Au cours de ce mois d’octobre,<br />
on nous a tué sept soldats près<br />
d’Aragua de Barcelona [1], dans une<br />
embuscade tendue par un groupe de<br />
Bandera Roja [2]. Cette embuscade<br />
m’a bouleversé. Elle m’a stoppé net<br />
dans mon élan. Car mon plan était<br />
de rejoindre la guérilla avec ces soldats.<br />
J’ai été à deux doigts de passer<br />
du côté de la guérilla. Je savais déjà<br />
que nous défendions un système qui<br />
n’avait pas raison, que ce que nous<br />
défendions c’était Carlos Pérez, le<br />
président du Venezuela. Le pays se<br />
faisait piller, c’était les gringos qui<br />
commandaient ici. Alors je pensais<br />
:« Le Che avait raison». Et aussi :«<br />
Le me suis trompé». Je me rappelais<br />
mon enfance et les conversations de<br />
mon père dans le bar de Francisco<br />
Orta et je me disais: « Qu’et-ce que<br />
j’ai fait mon dieu ! Dans quoi je me<br />
suis engagé !»<br />
«Ce que je dois faire c’est partir<br />
dans la guérilla, maintenant que<br />
je me suis entraîné en guerre irrégulière.»<br />
Voilà ce que je me disais. J’étais<br />
déjà un soldat chasseur, parachutiste,<br />
spécialisé en explosifs. J’étais formé<br />
pour le combat et en très bonnes conditions<br />
physiques, en 77. Cette embuscade<br />
m’a fait l’effet d’un tourbillon<br />
et je ne savais plus quel chemin je<br />
devais prendre. Pourquoi ? Pourquoi<br />
avaient-ils tué lâchement ces sept<br />
soldats ? alors je disais :« Quel genre<br />
de guérilleros sont-ils pour avoir tué<br />
ces pauvres garçons ?» Ils les ont<br />
trouvés dans un camion et ils les ont<br />
massacrés. C’est une chose de mourir<br />
au combat, mais c’est autre chose de<br />
massacrer, d’assassiner des garçons<br />
endormis dans un camion.<br />
Alors j’ai dit :« Non, non, ni<br />
d’un côté, ni de l’autre.» C’est là<br />
que j’ai prêté serment à l’Armée bolivarienne<br />
de libération du peuple<br />
de Venezuela. Quelques mois après<br />
on m’a transféré à Maracay (4) et<br />
nous avons commencé à travailler<br />
à un autre niveau. En 1978, j’ai retrouvé<br />
d’autres personnes, Douglas<br />
Bravo (5), Alfredo Maneiro (6). Et<br />
avec eux, je me suis plongé dans la<br />
révolution, j’ai commencé à prendre<br />
le rythme. Je me souviens de ce que<br />
m’a dit Alfredo Maneiro la dernière<br />
fois que je l’ai vu : « Écoute, Chávez,<br />
cela va prendre du temps, alors du<br />
calme, patience, parce qu’il va falloir<br />
beaucoup de temps !» Et j’ai compris<br />
que cela prendrait du temps. Car cela<br />
prendra du temps. Notre vie entière<br />
va y passer.<br />
(1) Cette localité est le chef-lieu<br />
de la municipalité d’Aragua, dans<br />
l’État d’Anzoátegui, à l’est de Caracas.<br />
(2) «Drapeau rouge» : Front<br />
guérillero créé dans les années soixante-dix.<br />
(3) Terme très courant en<br />
Amérique latine pour désigner les<br />
Étatsuniens<br />
(4) Cette ville située à environ<br />
80 km à l’ouest de Caracas est la<br />
capitale de l’État d’Aragua.<br />
(5) Homme politique vénézuélien,<br />
ancien leader guérillero.<br />
(6) Homme politique vénézuélien,<br />
guérillero dans les années<br />
soixante.<br />
* Arañero: vendeur de gâteaux<br />
(en forme d’araignée) [du mot araña<br />
: araignée].<br />
** Histoires racontées par<br />
Chávez au cours de ses allocutions<br />
télévisées «Allô Presidente !» pendant<br />
ses 14 années au pouvoir, dont<br />
300 ont été collectées par deux journalistes<br />
cubains et traduites par Karine<br />
Alvarez.<br />
18<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 16 • Du <strong>29</strong> <strong>Octobre</strong> au 4 Novembre <strong>2014</strong>
Suite de la page (6)<br />
Pele ak Simon menm gen plis pase 10<br />
mwa nan yon batay san rete ki lakòz<br />
anpil malere ak malerèz kouri kite<br />
katye sa yo, Gen plis pase 15 moun ki<br />
mouri nan batay sa a ak plizyè kay te<br />
boule. Anba lavil Benoit Michel ak Paul<br />
Ambroise ki se responsab opozisyon<br />
nan lasalin ak kandida pou Majistra<br />
nan Meri Pòtoprens viktim anba men<br />
Majistra Potoprens lan: Joseph Pierre<br />
Richard DUPLAN, ki te pase polisyè<br />
Gregory alyas Grèg lòd pou fè egzekisyon<br />
2 Jèn gason sa yo, Jou ki te 22<br />
oktòb la, te gen plizyè milye moun ki<br />
te pran lari pou denonse zak kriminèl<br />
sa a epi mande jistis tou. Tout moun te<br />
chante pou rele chalbari dèyè Martelly<br />
: Mateli asasen, Mateli kriminèl !<br />
Minis Jean Renel Sanon ki responsab<br />
LaJistis ak Sekirite piblik nan<br />
peyi a, kisa menm li itil ? Yon nèg tout<br />
moun nan peyi a konnen byen anpil,<br />
li se yon ansyen militè, yo temenm<br />
revoke l nan lame Ayiti pou trafik ak<br />
lòt zak malonèt. Jounenjodia, li se yon<br />
gwo sispèk nan disparisyon dilè dròg<br />
Daniel Evinx, li se moun ki fè madan<br />
Sonson Lafamilya jwenn liberasyon’l,<br />
youn nan gwo trafikan peyi a epi li se<br />
yon sispèk nan lanmò Jij Serge Joseph,<br />
ki te deside rele Sophia Martelly alyas<br />
gro soso pou detounman lajan ak lòt<br />
zak koripsyon.<br />
Jounen jodia nou tout ka konstate<br />
nou pa gen dirijan k ap panse pou<br />
pèp men pito se fè krim ak koripsyon<br />
tèt kale pou kale tèt pèp la wòz. Zak<br />
ensekirite ap fèt toupatou nan peyi a,<br />
pèp la pa janm wè limyè lapolis pou<br />
vin pote l sekou. Epoutan depi se manifestasyon<br />
ki genyen pou mande yon<br />
lavi miyò, lapolis devlope ou pa konn<br />
kote yo te kache. Yo vin voye makak<br />
pou kraze zo moun, pou kase tèt, fè<br />
represyon karebare sou mas pèp la.<br />
Se nan bagay sa a, senatè Moïse<br />
Jean Charles manke jwenn lanmò l<br />
jou ki te 17 oktòb la nan gwo mobilizasyon<br />
kont pouvwa Martelly a, paske<br />
yon gwo konplo te fin fèt pou yo te<br />
etenn souf li, men kou a te mal pase<br />
men si se pou gaz lakrimojèn li jwenn<br />
anpil, jouk li te menm pèdi konesans<br />
se dlo yo vide sou li. Senatè Moïse di<br />
Jiskobou epi li sèmante pou l denonse<br />
tout zak malonèt ak koripsyon pouvwa<br />
Martelly ap manniganse . Li fè<br />
apèl ak popilasyon pou yon dozobeyisans<br />
sivil kont pouvwa Martelly a.<br />
Militan nan katye popilè mobilize<br />
yo, di :«An n dechouke Tèt kale<br />
pou Ayiti pa peri »<br />
Tercier Daniel<br />
Lannwit pote li nan<br />
bwa l<br />
Li vire do l ale<br />
Tout moun<br />
Plenyen nan nanm<br />
Men pèsonn pa bridin<br />
O kontrè yo regrèt<br />
Paske lanmò enjis<br />
Li pati san kreve<br />
Ou sot kote w soti<br />
De ran dlo de lari m<br />
Pwononse mo regrè w<br />
Menm si w se zotobre<br />
Sou san kretyen vivan<br />
ERITYE<br />
Simen nan gran<br />
kalfou<br />
Plake nan mi prizon<br />
Li te bon pitit kay<br />
Fòk nou ta onore l<br />
Eritye<br />
Ou pa fè ka de moun<br />
Fanmi ak tout zanmi<br />
Viktim tonton makout<br />
Tankou Roumain<br />
Raymond<br />
Bajeux ak Alexis<br />
Sa pa vle di anyen<br />
La vi k detwi nan<br />
chouk<br />
Lanmò k pran moun<br />
nan wout<br />
Pou asire pouvwa<br />
Ou pyetine listwa n<br />
Ou krache sou<br />
memwa n<br />
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Le Non au blocus étasunien contre<br />
Cuba retentit encore cette année à<br />
l'Assemblée Générale de l'ONU<br />
Le ministre cubain des<br />
affaires étrangères, Bruno<br />
Rodríguez<br />
Le Non au blocus étasunien<br />
contre Cuba retentit encore<br />
cette année à l’Assemblée<br />
Générale de l’ONU. En effet,<br />
pour la 23e année consécutive<br />
cet organe a adopté à une majorité<br />
écrasante : 188 voix pour,<br />
2 contre, les États-Unis et Israël<br />
et trois abstentions, les Iles Marshall,<br />
la Micronésie et Palau, la<br />
résolution présentée par Cuba<br />
intitulée « Nécessité de la levée<br />
du blocus économique, financier<br />
et commercial que les États-<br />
Unis maintiennent contre Cuba.<br />
Dans le discours de<br />
présentation de la résolution<br />
le ministre cubain des affaires<br />
étrangères, Bruno Rodríguez<br />
avait signalé : « L’Assemblée générale<br />
des Nations Unies aborde<br />
aujourd’hui, pour la vingttroisième<br />
fois, ce point d’autant<br />
plus important pour la communauté<br />
internationale qu’il<br />
concerne le droit international<br />
qui protège pareillement tous<br />
les États, qu’ils soient grands<br />
ou petits, qu’ils soient riches ou<br />
pauvres, ainsi que l’exercice de<br />
la souveraineté nationale, assise<br />
de l’égalité souveraine.<br />
Ce point a aussi un rapport<br />
direct avec la jouissance<br />
des droits humains par toutes<br />
les personnes et par tous les<br />
peuples. Enfin, il a trait au libreéchange<br />
et à la liberté de navigation<br />
qui protègent les intérêts<br />
des États, des compagnies et des<br />
citoyens. »<br />
« Nous nous réunissons<br />
toutefois dans une conjoncture<br />
très particulière, caractérisée par<br />
les graves périls qui pèsent sur<br />
la paix et la sécurité internationales,<br />
par des guerres atroces et<br />
des actes terroristes d’une cruauté<br />
extrême, par l’existence<br />
d’énormes arsenaux nucléaires<br />
qui représentent un grand danger,<br />
par des dépenses en armements<br />
faramineuses qui ne servent<br />
pourtant à rien pour régler<br />
un seul des graves problèmes<br />
d’une planète dont la population<br />
atteindra très vite les huit milliards<br />
d’habitants.<br />
Le moment est aussi crucial<br />
du fait des retombées des<br />
changements climatiques qui<br />
pourraient provoquer, entre autres<br />
conséquences catastrophiques,<br />
des famines inouïes, une<br />
pauvreté extrême s’étendant<br />
à des régions entières et des<br />
vagues de migration massives.<br />
Nous vivons une époque marquée<br />
par une crise mondiale<br />
systémique dans laquelle se<br />
chevauchent les composantes<br />
économiques, alimentaires, énergétiques<br />
et hydriques.<br />
De pair avec la pauvreté<br />
qui fauche plus de vies que la<br />
guerre, on voit s’accroître le risque<br />
de maladies graves, telles<br />
l’épidémie à virus Ébola qui,<br />
faute de la juguler et de l’éliminer<br />
grâce à la coopération urgente et<br />
efficace de tous dans les nations<br />
d’Afrique de l’Ouest déjà touchées,<br />
pourrait devenir l’une des<br />
pires pandémies de l’Histoire.<br />
Comme l’a déclaré récemment<br />
le président Raúl Castro : « Ce<br />
noble objectif réclame impérativement<br />
et d’urgence les efforts<br />
et l’engagement de toutes<br />
les nations du monde, selon les<br />
possibilités de chacune. Compte<br />
tenu de la gravité du problème,<br />
j’estime qu’il faut éviter toute<br />
politisation qui nous dévie de<br />
notre objectif fondamental :<br />
contribuer à juguler cette épidémie<br />
en Afrique et à la prévenir<br />
dans d’autres régions.<br />
Ce lacis sans précédent de<br />
problèmes vieux et nouveaux<br />
tend à rendre la vie humaine<br />
intenable. Mais aucun d’eux<br />
ne pourra se régler si nous ne<br />
modifions pas notre attitude et<br />
notre manière d’aborder la réalité<br />
en vue de la transformer et si<br />
nous ne coopérons pas vraiment<br />
à la survie de l’humanité ». Fidel<br />
Castro a écrit ces jours-ci au<br />
sujet de l’envoi en Afrique de<br />
médecins cubains : « N’importe<br />
quelle personne consciente sait<br />
que les décisions politiques qui<br />
entraînent des risques pour du<br />
personnel hautement qualifié<br />
impliquent une très grande responsabilité<br />
de la part de ceux<br />
qui invitent à accomplir une<br />
tâche dangereuse. C’est même<br />
une décision encore plus difficile<br />
à prendre que d’envoyer des<br />
soldats se battre, voire mourir,<br />
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