Le Relais
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08<br />
06<br />
26<br />
10<br />
56 18<br />
MAROC<br />
06 <strong>Le</strong> Roi Mohammed VI repense la stratégie du<br />
partenariat<br />
08 Au-delà de la géopolitique héritée de<br />
la bipolarisation<br />
10 Mohammed VI : Un autre ton<br />
FONDATION Mohammed VI<br />
12 Un rapprochement spirituel pour le partage<br />
des valeurs de tolérance<br />
14 Parlement Européen : Sahara Marocain<br />
Documentaire<br />
16 Diplomatie : Bourita et Mansouri reçus par le<br />
Président du Nigeria<br />
16 Phosboucraâ : un pôle de développement<br />
régional du Sud du Maroc<br />
ENVIRONNEMENT<br />
18 La Cop22 au Maroc<br />
18 Espoir de la planète<br />
22 Entretien avec M. Jawad Kerdoudi<br />
le président de L’IMRI<br />
La Tunisie<br />
23 M. Ridha Ben Mosbah parle des réponses à<br />
apporter aux aspirations de la population<br />
24 Destination de choix au cœur de<br />
la méditerranée<br />
26 <strong>Le</strong> président Kabila reste<br />
RDC<br />
28 Conclave de Genval<br />
28 <strong>Le</strong> Rwanda inaugure sa première centrale<br />
électrique au méthane sur le lac Kivu<br />
En bref<br />
30 Gabon-santé | Côte-d’ivoire<br />
32 Parlement europeéen<br />
34 Présentation de l’outil Quidlex devant<br />
les ambassadeurs des pays membres<br />
de l’Ohada à Bruxelles<br />
36 Mission économique Belge au Maroc<br />
BRUXELLES FRANCOPHONIE<br />
40 Club presse francophone : un nouvel ordre<br />
redonnant sa place à la langue française<br />
42 <strong>Le</strong>s laureats du prix Sakharov pour la<br />
diplomatie du megaphone<br />
44 L’Union Européenne adopte une stratégie<br />
énergique dans la lutte contre la radicalisation<br />
46 Union Européenne : les minerais du sang les<br />
minerais des zones en conflit interdits dans le<br />
marché européen<br />
ENSEIGNEMENT<br />
48 Cheikh Anta Diop, réhabilité par l’enseignement<br />
50 <strong>Le</strong> musée royal de l’Afrique Centrale renaît en<br />
pariant sur la civilisation africaine<br />
SPORTS<br />
54 <strong>Le</strong>s Fellainis : Tel père tel fils<br />
58 à la mémoire de Mohamed Ali<br />
InitiaT-eve<br />
54 Portrait de femmes exceptionnelles<br />
38 Success story d’une femme du Rif<br />
4 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
Edité par<br />
African Press in Europa<br />
Siège social<br />
6, rue Au Bois, Woluwé-Saint-Pïerre<br />
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Président du Conseil<br />
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REDACTION<br />
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Jean Boole<br />
Conseiller de la Rédaction<br />
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Jeanne <strong>Le</strong>mba<br />
Secrétaire de la rédaction<br />
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Brugge - Belgique<br />
ISSN : 2295-7723<br />
EDITO<br />
“<strong>Le</strong> <strong>Relais</strong>” nouvelle formule : grande ambition<br />
et nouveaux défis !<br />
« <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> » est un magazine mensuel rénové, par<br />
une équipe rédactionnelle soucieuse de répondre<br />
aux besoins d’un lectorat de plus en plus exigeant.<br />
En traitant de dossiers politiques ou autres, la<br />
revue dans sa nouvelle « peau » se fixe une ambition<br />
nouvelle. Elle veut être un miroir et devenir une tribune de débats pour une<br />
meilleure compréhension de l’Europe, de l’Afrique, et naturellement du Maghreb,<br />
dans toutes ses composantes, à l’heure où le monde est submergé par des<br />
bouleversements de tout genre.<br />
Ce tabloïd, nouvelle formule, portant auparavant le titre<br />
« Yambola », a pour souci majeur d’être en adéquation réelle avec<br />
sa perspective à savoir le partenariat Europe-Afrique-Maghreb.<br />
La réussite d’une telle gageure, exige une meilleure connaissance<br />
de ces trois régions dans toutes ses composantes et spécificités<br />
“<strong>Le</strong> <strong>Relais</strong>”, proposera au cours de ses éditions, des éclairages, des analyses sur<br />
l’actualité régionale tout en traitant de thématiques diversifiées focalisées sur les<br />
pays maghrébins et africains notamment.<br />
<strong>Le</strong> changement sera majeur. Il s’agit avant tout d’un savoirfaire<br />
avéré, d’une hardiesse qui respectera la continuité<br />
« institutionnelle » d’un programme d’action et de travail. Tel changement ciblera<br />
la vulgarisation de « nos différences », nos contradictions et nos similitudes.<br />
La réussite d’un tel projet n’est que la meilleure compréhension de nos diversités.<br />
La continuité ? C’est continuer à couvrir comme à l’accoutumée tous les évènements<br />
politiques et économiques qui aurons un impact sur nos régions respectives,<br />
notamment, les sommets européens, la coopération sud-sud, le partenariat<br />
euro-méditerranéen, le réchauffement climatique, la politique européenne d’immigration.<br />
En outre, le magazine, touchera également le monde des arts<br />
et de la culture, du sport, des faits de société. Son équipe esquissera également<br />
des portraits de personnalités politiques et de celles issues d’une immigration<br />
réussie.<br />
Par conséquent, cette revue a pour vœu pieux de relever les défis de l’heure et<br />
de réussir son pari. La démarche est simple et consiste à vulgariser les initiatives<br />
qui seront entreprises dans le cadre du partenariat UE-Afrique, UE-Maghreb et<br />
ce dans un monde d’ouverture généralisée des marchés.<br />
Avant-gardiste, « le <strong>Relais</strong> » encadrera des missions d’exploration d’opportunités<br />
dans les différents pays du partenariat, des rencontres entre les acteurs et<br />
opérateurs de ces trois régions ainsi que des échanges d’informations et<br />
d’expériences et ce, dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant.<br />
youssef el filali<br />
Président
MAGHREB<br />
SM le Roi Mohammed VI et<br />
Xi Jinping, Président de la<br />
République Populaire de Chine<br />
MAROC : <strong>Le</strong> Roi Mohammed VI<br />
REPENSE LA STRATÉGIE DU<br />
PARTENARIAT<br />
Engagé dans une démarche pro-active,<br />
sa Majesté, le Roi du Maroc, a posé<br />
de nouveaux jalons, ayant compris les<br />
enjeux du futur. <strong>Le</strong> Maroc, est, et reste<br />
toujours pour l’Occident un allié traditionnel.<br />
Mais pour les intérêts de son<br />
pays, le Roi innove en matière de coopération,<br />
en élargissant la perspective du<br />
réel développement et en multipliant ses<br />
partenaires. Par exemple, avec la Fédération<br />
de la Russie et la Chine. Partout où<br />
il passe Mohammed VI signe des partenariats<br />
stratégiques affirmant ainsi que le<br />
Maroc nouveau est arrivé … Et, demain ce<br />
sera le cas avec l’Inde. ici aussi, les lignes<br />
bougent ….<br />
On s’en souvient, les 15 et 16 mars<br />
dernier, à l’occasion de la visite officielle<br />
de sa Majesté le Roi Mohammed VI,<br />
le Maroc et la Fédération de Russie ont<br />
signé un accord sur le partenariat stratégique<br />
approfondi.<br />
6 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
SM le Roi Mohammed VI<br />
et le Premier Ministre<br />
Indien, M. Narendra Modi<br />
<strong>Le</strong>s réformes politiques, économiques<br />
et sociales ménées au Maroc sous la<br />
conduite de son Roi ont été saluées par<br />
la Russie.<br />
Intensifiactaion de leurs relations bilatérales<br />
sera un objectif à poursuivre. Cela<br />
ne sera possible que par la réalisation<br />
des projets communs dans les domaines<br />
tels que l’énergie, le tourisme, la haute<br />
technologie, l’agriculture, la pêche et les<br />
infrastrures de transport.<br />
Avec l’Inde, les possibiltés d’un partenariat<br />
sont en train d’être explorées. En<br />
novembre dernier, La présence du Roi<br />
Mohammed à New Delhi, lors du sommet<br />
Afrique-Inde a été une occasion d’ouvrir<br />
la voie pour un partenariat avec l’Inde.<br />
C’est pourquoi, à Rabat, lors de la<br />
rencontre entre le chef du gouvernement<br />
marocain, Abdelilah Benkirane et le<br />
Vice-président de l’Inde, Mohammad<br />
Hamid Ansari, ont souligné la nécessité<br />
de poursuivre les efforts communs afin<br />
de donner un contenu concret aux orientations<br />
générales issues de la visite du<br />
Roi Mohammed VI, à New Delhi.<br />
Cette nouvelle vision, on le verra dans ce<br />
dossier, est poursuivi avec la Chine et les<br />
Etat du Conseil Economiques du Golfe<br />
comme en témoigne son discours.<br />
Sans oublier le potentiel que constitue<br />
l’Afrique, c’est ainsi qu’ on se souviendra<br />
des multiples voyages en Afrique au<br />
Sud du Sahara et cela dans le cadre de<br />
la coopération sud-sud. Et de nombreux<br />
contrats ont été signés, notamment avec<br />
le Sénégal, le Mali, la Côte d’Ivoire, le<br />
Gabon et la Guinée...<br />
Jean Boole<br />
3 ème année N°11 • Bruxelles • Septembre 2016<br />
7
MAGHREB<br />
Au-delà<br />
de la géopolitique<br />
héritée de<br />
la bipolarisation<br />
8 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
SM le Roi Mohammed VI reçu par<br />
le Président de la fédération<br />
de Russie, Vladimir Poutine<br />
Hier, c’était la Russie, tout récemment<br />
la Chine, et probablement l’Inde demain. Plus<br />
que les étapes, ce sont là des séquences de<br />
la vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI,<br />
sur le partenariat qui, pour être bénéfique,<br />
doit résister aux influences liées à la géographie<br />
et à l’histoire entre les partenaires.<br />
Et cette vision est portée par ce que je peux<br />
nommer la stratégie de la diversification des<br />
partenaires qui, depuis un certain temps,<br />
guide la politique de coopération du Maroc.<br />
<strong>Le</strong> choix de cette stratégie, le Souverain<br />
chérifien l’a annoncé au mois de mars<br />
dernier, dans son discours à Ryad devant ses<br />
pairs des pays du Golfe. Promesse tenue :<br />
quelques jours seulement, le Roi du Maroc<br />
vient d’éffectuer un voyage à caractère<br />
historique entre son pays et la Chine. Du<br />
jamais vu entre la Monarchie marocaine<br />
et la République Populaire de Chine. Par<br />
l’importance de la délégation (ministres,<br />
chefs d’entreprise) et l’aspect multisectoriel :<br />
énérgie, envoronnement, finances, industrie,<br />
culture... Cette visite marquera pour longtemps<br />
les relations entre les deux Etats.<br />
La déclaration de partenariat stratégique<br />
signée à l’issue de la visite par le Roi<br />
Mohammed VI et le président chinois,<br />
M. Xi Jinping, est à la hauteur des espoirs<br />
suscités. Ce partenariat stratégique couvre<br />
tant les échanges humains, économiques,<br />
culturels, commerciaux, financiers que<br />
le dialogue politique...Aussi le Maroc<br />
compte-t-il parmi les trente pays au<br />
monde à avoir signé un tel partenariat<br />
avec la Chine.<br />
A Moscou, quelques mois auparavant,<br />
le Roi Mohammed VI, a signé avec Vladmir<br />
Poutine un accord sur le partenariat stratégique<br />
approfondi, dominé par des questions<br />
de sécurité et de paix en prenant en<br />
compte le souci de la préservation de l’intégrité<br />
territoriale de deux pays. Dès lors,<br />
on comprend, le sens du vote de la Russie<br />
sur la dernière résolution du Conseil de<br />
sécurité sur le Sahara marocain.<br />
Une certaine opinion en Europe, juque-là<br />
partenaire traditionnelle et privilégiée du<br />
Maroc, scrute avec inquiétude ce rapprochement.<br />
La Chine et surtout la Fédération<br />
de Russie, aux yeux de l’Europe ne sont<br />
pas des bons élèves en matière des droits<br />
de l’homme. On craint pour le Maroc une<br />
mauvaise influence.<br />
Mais pourquoi ne peut-on pas mettre cette<br />
ouverture sur le compte du dynamisme de<br />
l’économie marocaine qui, maintenant,<br />
arrive au stade d’aller à la conquête<br />
d’autres marchés ? Déjà, le Royaume chérifien<br />
est très présent économiquement en<br />
Afrique au Sud du Sahara. La Chine aussi.<br />
<strong>Le</strong> partenariat stratégique Maroc-Chine<br />
pourrait-il dépasser le cadre bilatéral?<br />
Il y a lieu de l’espérer. Des synérgies entre<br />
les deux parties pourraient occasionner<br />
des retombées sur l’Afrique subsahérienne.<br />
<strong>Le</strong> Maroc tout autant que la Chine ont la<br />
maîtrise du marché africain. Des firmes<br />
marocaines investissement dans d’importants<br />
domaines en Afrique noire : Saham<br />
Assurances, présente dans 20 pays via<br />
37 filiales, est leader en Afrique; Cimaf<br />
(Ciments d’Afrique ) avec de nouvelles<br />
installations, au Mali et en Côte d’Ivoire,<br />
cette entreprise marocaine connaît une<br />
expension extraordinaire en Afrique de<br />
l’ouest. Dans le secteur des finances,<br />
Wafabank contribue au financement du<br />
développement, à travers ses filiales<br />
installées un peu partout dans la région.<br />
L’Afrique n’est plus la terre de réglèment<br />
des conflits internationaux et de jeu<br />
d’influences des puissances économiques.<br />
C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la<br />
démarche de la stratégie de diversication<br />
des partenaires, initiée par le Roi du Maroc.<br />
Car dans la pratique de la coopération ou<br />
dans le domaine d’affaires, les puisances<br />
vis-à-vis de l’Afrique, ont encore des attitudes<br />
et comportements dictés par leurs<br />
intérêts géopolitiques.<br />
L’Afrique n’est plus la<br />
terre de réglèment<br />
des conflits<br />
internationaux et<br />
de jeu d’influences<br />
des puissances<br />
économiques.”<br />
3 ème année N°11 • Bruxelles • Septembre 2016<br />
9
MAGHREB<br />
Mohammed VI :<br />
Un autre ton<br />
Une allocution qui fera date. A Ryad, lors<br />
du sommet Maroc-pays du Golfe, <strong>Le</strong> Roi<br />
Mohammed VI, a indéniablement trouvé<br />
des mots justes pour traduire sa vision<br />
parfaitement claire sur le partenariat<br />
stratégique avec ses partenaires et son<br />
approche face aux défis sécuritaires dans<br />
la région.<br />
Dans un style nouveau, le langage direct,<br />
sans pathos, tenu par le Roi chérifien<br />
devant ses frères, Majestés et Altesses,<br />
étonne et dénote: tenez :”Nous nous<br />
réunissons donc aujourd’hui pour donner<br />
une forte impulsion à ce partenariat, qui a<br />
atteint un tel degré de maturité que nous<br />
nous devons, désormais, d’en développer<br />
le cadre institutionnel et les mécanismes<br />
opérationnels. C’est la meilleure démonstration<br />
que l’Action arabe commune ne<br />
se réalise pas à coups de réunions et de<br />
discours, ni au moyen de Sommets périodiques<br />
de forme, ou de résolutions toutes<br />
prêtes, mais inapplicables”.<br />
Franchise inhabituelle : quand on sait<br />
le caractère formaliste et les discours<br />
pleins de xyloglossies lors des sommets<br />
arabes dont les résolutions restent<br />
souvent lettre morte. Ici, le Roi chérifien,<br />
tout en reconnaissant le soutien moral et<br />
financier des Etats du Golfe, qui par leurs<br />
investissements permettent au Maroc de<br />
réaliser ses projets de développement,<br />
a tranché dans le vif. Pour cause, au<br />
moment où les autres régions du monde<br />
construisent des ensembles économiques<br />
viables par des échanges des expériences<br />
réussis et la mise en commun des projets<br />
mobilisateurs, l’espace arable n’est pas<br />
stable.<br />
Encore des mots justes du souverain<br />
marocain : “Ce Sommet se tient dans une<br />
conjoncture délicate. La région arabe vit,<br />
en effet, au rythme de tentatives de changement<br />
de régimes et de partition des<br />
Etats, comme c’est le cas en Syrie, en Irak<br />
10 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
et en Libye, avec tout ce que cela comporte<br />
comme tueries, exodes et expulsions d’enfants<br />
de la patrie arabe. Après ce qui fut<br />
présenté comme un printemps arabe qui<br />
a occasionné tant de ravages, de désolations<br />
et de drames humains, nous voilà<br />
vivre aujourd’hui un automne calamiteux,<br />
avec le dessein de faire main basse sur<br />
les ressources des autres pays arabes et<br />
de briser les expériences réussies d’autres<br />
Etats, comme le Maroc, en portant atteinte<br />
à son modèle national original qui le<br />
distingue”.<br />
Effectivement, des menaces diverses dont<br />
celle de désintégration des Etats arabes<br />
se profilent à l’horizon. Et aucun pays n’est<br />
épargné. <strong>Le</strong>s conséquences, soulignons-le,<br />
sont de nature à compromettre la paix et<br />
la sécurité pas seulement dans la région<br />
mais également le monde. Et le Roi de dire<br />
: “la situation est grave, surtout au regard<br />
de la confusion patente dans les prises<br />
de position et du double langage dans<br />
l’expression de l’amitié et de l’alliance,<br />
parallèlement aux tentatives de coups de<br />
poignard dans le dos”. Aussi la communauté<br />
internationale doit-elle s’impliquer<br />
de façon efficace mais neutre dans la<br />
résolution des conflits déchirant le monde<br />
arabe et surtout celui du Sahara marocain,<br />
le plus ancien.<br />
S.M le Roi Mohammed VI au milieu des chefs d’Etats membres du CCG<br />
Et c’est à juste titre que Mohammed VI<br />
apprécie le soutien des Etats du Golfe<br />
à la récupération par le Maroc de ses<br />
provinces du Sud, seule solution dans ce<br />
conflit artificiel et entretenu à dessein afin<br />
de déstabiliser la monarchie marocaine et<br />
tout le Maghreb.<br />
Bien que s’agissant du sommet entre son<br />
pays et les Etats du Golfe, Mohammed VI<br />
a tenu à rappeler que le Maroc reste<br />
un partenaire privilégié, ouvert à<br />
d’autres régions du monde. A propos,<br />
Mohammed VI a rappelé que sa visite en<br />
Russie, le mois dernier, a été marquée par<br />
le développement des relations hissées<br />
au niveau de partenariat stratégique<br />
approfondi et par la signature d’accords<br />
dans de nombreux domaines vitaux.<br />
C’est, sans doute, sa stabilité qui rend<br />
possible cette diversification.<br />
Avec ses partenaires du Golfe, pour qu’elle<br />
soit bénéfique, la coopération doit s’opérer<br />
dans un environnement stable et apaisé.<br />
C’est pourquoi, Mohammed VI pense que<br />
la sécurité et la stabilité des pays du<br />
Golfe sont indissociables de la sécurité<br />
du Maroc. En plus, elle ne doit pas s’appuyer<br />
sur la langue, la religion mais sur<br />
un attachement de tous les acteurs de la<br />
région aux mêmes valeurs et orientations<br />
constructives sur les liens qui doivent<br />
unir les pays arabes. La vision royale est<br />
largement partagée par des observateurs.<br />
Cet important discours étonne par son<br />
ton qui tranche avec des formules figées<br />
caractérisant la communication de dirigeants<br />
dans cette partie du monde.<br />
3 ème année N°11 • Bruxelles • Septembre 2016<br />
11
MAGHREB<br />
FONDATION Mohammed VI<br />
un rapprochement spirituel<br />
pour le partage des valeurs<br />
de tolérance<br />
SM le Roi Mohammed VI<br />
inaugure la Fondation<br />
des Oulemas Africains<br />
<strong>Le</strong> Royaume du Maroc, par l’installation<br />
du Conseil Supérieur des Ouléma africains<br />
de la Fondation Mohammed VI, vient de<br />
faire un grand bond vers le rapprochement<br />
avec l’Afrique subsaharienne. Très présent<br />
au plan économique dans cette partie du<br />
continent, il ne manquait que la donne<br />
spirituelle qui, comme on le sait, alimente<br />
les comportements et les valeurs. Il a fallu<br />
attendre une année après sa création pour<br />
qu’enfin la fondation Mohammed VI, soit<br />
installée par son initiateur, Sa Majesté<br />
le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste et<br />
le glorifie. Désormais, effective elle va s’atteler<br />
à la formation des Ouléma africains.<br />
Quant au rôle qu’incarnent les théologiens<br />
musulmans dans l’organisation et le vécu<br />
de l’Islam, on mesure combien est louable<br />
l’initiative du Roi Chérifien.<br />
Ils seront au moins 120 Ouléma.<br />
Ce qui n’est pas négligeable en termes de<br />
quantité, donc de l’encadrement.<br />
Parmi eux, il y a 17 femmes. Une ouverture<br />
incroyablement révolutionnaire, s’agissant<br />
d’une institution islamique. En ayant en son<br />
sein, un nombre significatif de femmes, le<br />
Conseil a pris conscience de leur pugnacité<br />
dans la lutte contre l’extrémisme dont elles<br />
sont les premières victimes.<br />
L’équilibre géographique et linguistique a<br />
été respecté.<br />
Car ces Ouléma viennent de 31 pays africains:<br />
anglophones, francophones, lusophones.<br />
Parmi lesquels, des pays qui ne sont pas en<br />
phase avec le Maroc, par exemple dans le<br />
dossier du Sahara. Voir dans ce Conseil des<br />
Ouléma africains, une institution mise en<br />
place afin d’élargir l’influence religieuse et<br />
partant diplomatique du Maroc en Afrique,<br />
c’est passer à côté de la plaque.<br />
Ces allégations, en l’occurrence, ont été<br />
faites par certains médias, à l’occasion de<br />
l’installation officielle.<br />
Plus qu’une action diplomatique, c’est plutôt<br />
un rapprochement spirituel afin de partager<br />
les valeurs de tolérance, d’ouverture et de<br />
modernité dans la mise en application de<br />
la charia. C’est à l’exemple du Maroc même,<br />
qui, à la différence de certains pays, pratique<br />
et encourage un islam modéré. C’est à juste<br />
titre que la formation des Ouléma soit assurée<br />
et organisée par ce pays. Au moment où<br />
la menace djihadiste préoccupe l’Afrique où<br />
l’Islam virulent, le cas de Bokoharam qui<br />
endeuille le continent; la formation des<br />
théologiens islamiques au Maroc tombe au<br />
bon moment.<br />
12 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
MAGHREB<br />
Parlement Européen :<br />
Sahara Marocain<br />
Documentaire<br />
Bruxelles : Documentaire et débat lèvent<br />
l’ambiguïté sur l’exploitation « illégale »<br />
des richesses dans le Sahara Marocain<br />
Du jamais vu ! Et pourtant, les facteurs d’un<br />
développement économique de grande<br />
envergure dans le Sahara marocain sont<br />
indéniables.<br />
La preuve, est la projection récente à<br />
Bruxelles d’un documentaire réalisé par le<br />
journaliste et producteur Hassan El Bouharouti,<br />
et le débat qui s’en est suivi afin de<br />
lever toute ambiguïté sur l’exploitation «<br />
illégale » des richesses naturelles dans les<br />
provinces du Sud du Royaume du Maroc.<br />
L’évènement organisé au Parlement européen<br />
sous le patronage de M. Louis Michel<br />
député européen et co-président de l’assemblée<br />
paritaire ACP-UE, par le Centre<br />
Euro-méditerranéen de Coopération et<br />
Diplomatie Citoyenne, a été une occasion<br />
de mettre en lumière, l’approche globale<br />
de développement initiée dans tous les<br />
domaines socio-économiques et, de réfuter<br />
les allégations fallacieuses du Polisario,<br />
sur un prétendu pillage des richesses dans<br />
le Sahara marocain.<br />
Ce témoignage de grande vérité, a offert<br />
l’opportunité une nouvelle fois, au parterre<br />
d’intellectuels, de députés et diplomates<br />
européens, de découvrir à travers la projection,<br />
le développement durable enclenché<br />
par le Royaume et ce, depuis la récupération<br />
en 1976 de ses provinces du Sud.<br />
Intitulé « Sahara occidental : Sources<br />
et Ressources », le film d’une trentaine<br />
de minutes, a mis en lumière, les projets<br />
de développement lancés et les efforts<br />
déployés par le Royaume pour garantir<br />
les meilleures conditions de vies à cette<br />
population locale.<br />
Promenant sa caméra dans toute sa<br />
région, le réalisateur a zoomé, révélant<br />
des images inédites qui ne peuvent rester<br />
méconnues ni ignorées. Il a de même<br />
rapporté des actions vivantes, sans faux<br />
14 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
fuyants ni complaisance. <strong>Le</strong> but noble<br />
est, de donner une preuve tangible : les<br />
ressources naturelles profitent bel et<br />
bien à leurs ayants droit et, de dénoncer<br />
les propos mensongers des uns et<br />
des autres.<br />
La projection focalisée sur les ressources<br />
des provinces du Sud, n’est point innocente.<br />
L’objectif est d’ébranler les certitudes «<br />
malintentionnées », de contrer les idées<br />
reçues et, de démontrer que les richesses<br />
de la région profitent uniquement à sa<br />
population.<br />
<strong>Le</strong> débat par la suite fut percutant, même<br />
si, parfois il a été houleux. <strong>Le</strong>s ambassadeurs<br />
du Maroc en Belgique et auprès de<br />
l’Union européenne MM Samir Addahre<br />
et Menouar Alem ont tour à tour étayé ce<br />
documentaire par des exemples concrets,<br />
mettant le doigt sur cette expérience<br />
régionale réussie.<br />
Ils ont ainsi réfuté énergiquement les<br />
déclarations fallacieuses du Polisario sur<br />
un pillage inexistant des richesses dans le<br />
Sahara marocain.<br />
Evoquant la dimension humaine et la<br />
question des droits de l’Homme, ils ont mis<br />
l’accent, sur le détournement de l’aide<br />
humanitaire par les séparatistes et leurs<br />
soutiens algériens, déplorant la misère des<br />
populations des camps de Tindouf.<br />
Faisant état des investissements effectués<br />
par le Maroc depuis plusieurs décennies, ils<br />
ont réaffirmé la pertinence de l’initiative<br />
d’autonomie proposée par le Maroc pour<br />
trouver une solution définitive au conflit.<br />
<strong>Le</strong>s diplomates marocains ont en outre<br />
tenu à évoquer le rejet par le président du<br />
Tribunal de l’UE de l’arrêt du 10 décembre<br />
dernier. Un tel rejet stipule que rien n’interdit<br />
à l’UE de négocier des accords avec<br />
le Maroc incluant le Sahara ont-ils dit.<br />
M. Amae el Aynin Mae Al Aynin, directeur<br />
de la société Phosboucraâ (filiale de l’office<br />
chérifien des phosphates) a pour sa part,<br />
donné un aperçu des projets initiés dans<br />
la région.<br />
L’exploitation des phosphates dans cette<br />
région est rentable socialement à travers<br />
la création d’emplois en faveur de la population<br />
locale.<br />
<strong>Le</strong> site minier de Phosboucraâ est le plus<br />
petit du Maroc : sa capacité de production<br />
annuelle est de moins de 2, 6 millions de<br />
tonnes. Il contient ainsi moins de 2pc des<br />
réserves nationales a poursuivi le responsable<br />
qui a précisé, que la totalité des<br />
recettes des exploitations est réinvestie<br />
dans le financement du développement<br />
local.<br />
Pour Mme Hajbouba Zoubeir vice-présidente<br />
de la fondation Phosboucraâ, de<br />
multiples actions ont été menées dans<br />
plusieurs domaines (formation, éducation,<br />
agriculture et préservation du cheptel),<br />
de même que différents programmes de<br />
développement ont été mis en place.<br />
<strong>Le</strong> souci étant de garantir les meilleures<br />
conditions aux bénéficiaires que sont les<br />
habitants des provinces du Sud.<br />
L’exploitation des<br />
phosphates dans cette<br />
région est rentable<br />
socialement à travers<br />
la création d’emplois<br />
en faveur de la<br />
population locale.<br />
3 ème année N°11 • Bruxelles • Septembre 2016<br />
15
MAGHREB<br />
Diplomatie<br />
Bourita et Mansouri<br />
reçus par le Président<br />
du Nigeria<br />
Nasser Bourita et Yassine Mansouri reçus jeudi 14 juillet en audience par le président du Nigeria<br />
<strong>Le</strong> ministre délégué aux Affaires<br />
étrangères, Nasser Bourita, et le directeur<br />
de la DGED, Yassine Mansouri, ont été<br />
reçus hier jeudi en audience par le<br />
président du Nigeria, Muhammadu Buhari,<br />
à qui ils ont transmis un message du roi<br />
Mohammed VI.<br />
L’offensive diplomatique du Maroc en<br />
Afrique se poursuit.<br />
De sources médiatiques nigérianes, <strong>Le</strong>360<br />
apprend que le ministre délégué aux<br />
Affaires étrangères, Nasser Bourita, et le<br />
directeur de la DGED, Yassine Mansouri,<br />
ont été reçus hier jeudi en audience par le<br />
président du Nigeria, Muhammadu Buhari.<br />
<strong>Le</strong>s mêmes sources affirment que les deux<br />
responsables marocains ont été dépêchés<br />
auprès du président Buhari en tant qu’envoyés<br />
spéciaux du roi Mohammed VI.<br />
Peu d’informations ont filtré à propos de<br />
cette audience si ce n’est que le président<br />
du Nigeria a salué les «ambitieux projets<br />
de la coopération bilatérale en matière<br />
d’agriculture» et la décision du Maroc d’implanter<br />
une usine d’engrais dans ce pays<br />
pour couvrir une bonne partie des besoins<br />
de l’Afrique de l’Ouest.<br />
<strong>Le</strong> président Bihari a également salué les<br />
efforts du Maroc en matière de lutte contre<br />
le terrorisme et l’extrémisme.<br />
A Rabat, aucune source à la diplomatie<br />
marocaine n’a accepté de commenter la<br />
tournée africaine de Nasser Bourita et de<br />
Yassine Mansouri.<br />
«Une annonce sera faite dans les jours à<br />
venir», se limite à dire un responsable sans<br />
plus de précisions, alors que cette annonce<br />
pourrait être liée à un éventuel retour du<br />
Maroc au sein de l’Union africaine.<br />
D’ailleurs, en plus de Bourita et de<br />
Mansouri, Salaheddine Mezouar est également<br />
engagé depuis plusieurs jours dans<br />
une tournée africaine.<br />
Il à rappeler que de nombreux pays africains<br />
amis du Maroc pressent depuis des<br />
années le royaume de réintégrer l’Union<br />
africaine. Cette éventualité semble plus<br />
proche que jamais.<br />
Par Mohammed Boudarham<br />
<strong>Le</strong> 15/07/2016<br />
Source www.le360.ma<br />
16 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
Phosboucraâ<br />
un pôle de développement régional<br />
du Sud du Maroc<br />
Phosboucraâ situé à Laayoune est un des<br />
pôles de développement régional des<br />
provinces du Sud du Maroc.<br />
Phosboucraâ développe la plus petite mine<br />
du Maroc (2,6 millions de tonnes par an soit<br />
moins de 2Pc des réserves nationales)<br />
<strong>Le</strong>s investissements injectés dans les<br />
améliorations opérationnelles, ont permis<br />
au site de devenir rentable à partir de 2007.<br />
Tous les profits réalisés sont conservés par<br />
la filiale et réinvestis dans ses opérations<br />
locales au profit de la population locale.<br />
La majorité des 2300 salariés proviennent de<br />
la région. La société est considérée comme<br />
le plus grand employeur privé au niveau<br />
local et comme un contributeur majeur à la<br />
vie économique et à l’infrastructure sociale.<br />
Quelques 600 emplois ont été créés en 2012<br />
et 500 nouveaux sont prévus sur les cinq<br />
prochaines années.<br />
Par ailleurs, un montant de 250 millions de<br />
dollars a été alloué par le Conseil de Phosboucrâa,<br />
au développement social régional<br />
pour la décennie 2013-2022.<br />
Ce fonds d’investissements financera<br />
plusieurs programmes tels que l’emploi des<br />
jeunes, la santé, l’éducation, la technologie,<br />
l’enseignement supérieur et la pêche halieutique<br />
En 2012, un budget de 57 millions a été<br />
consacré pour la réalisation de projets<br />
socioculturels.<br />
En février, SM le Roi Mohammed VI, a lancé<br />
les travaux d’un complexe industriel intégré<br />
de production d’engrais.<br />
Ce grand projet génèrera à terme près de<br />
1270 emplois. Il prévoit notamment, la<br />
construction d’une plate forme de production<br />
d’engrais d’une valeur de 8,3 MM de<br />
DH, la réalisation d’une usine de lavage et<br />
de flottation de phosphates de 1,7 MM de<br />
Dh, d’une unité de séchage des phosphates<br />
destinée à l’export de 600 MDh et d’un parc<br />
de stockage d’une capacité de 500 000 t de<br />
800Mdh.<br />
Jean Boole<br />
3 ème année N°11 • Bruxelles • Septembre 2016<br />
17
MAGHREB<br />
ENVIRONNEMENT<br />
COP22 AU MAROC<br />
ESPOIR DE LA PLANÈTE<br />
d’augmentation de la température au-dessous<br />
de 2°C par rapport à l’ère préindustrielle<br />
et si possible sous 1,5°C, aide économique<br />
en faveur des pays de l’hémisphère<br />
du sud industriellement moins développés,<br />
ou encore obligation de communication<br />
publique des résultats des contributions<br />
en matière de réduction des gaz à effet de<br />
serre par chaque nation.<br />
Et c’est au Maroc que se déroulera en<br />
Novembre 2016 la COP22. <strong>Le</strong>s yeux du<br />
monde seront braqués sur Marrakech.<br />
« Conférence de l’action», c’est ainsi qu’on<br />
a nommé cette réunion internationale qui<br />
s’inscrira dans la continuité de celle organisée<br />
à Paris et où un accord a été adopté.<br />
<strong>Le</strong> choix du Maroc pour l’organisation de<br />
cette COP22 traduit par ailleurs les efforts<br />
réels du Royaume en faveur de l’environnement<br />
et notamment en matière de lutte<br />
contre le changement climatique faisant du<br />
Maroc l’un des pays les plus écologiques de<br />
la planète.<br />
Kaoutar Fal<br />
HAKIMA El Haité<br />
Ministre déléguée chargée de l’Environnement<br />
interview exclusiVE<br />
réalisée par<br />
Kaoutar Fal,<br />
notre<br />
correspondante<br />
à Casablanca<br />
et directrice<br />
de la Région Mena<br />
HAKIMA El Haité, Ministre déléguée<br />
chargée de l’Environnement :<br />
La COP21 à Paris s’est achevée le 12<br />
Décembre 2015 par un accord international<br />
historique avec une série d’annonces spectaculaires<br />
et ambitieuses : maintenir le seuil<br />
Mme la ministre de l’Environnement<br />
se confiant à notre journal, évoque<br />
les enjeux essentiels de la COP22, l’étendue<br />
des attentes de la communauté internationale,<br />
après celle de Paris, ainsi que le rôle<br />
que son pays entend désormais jouer dans<br />
la protection de l’environnement.<br />
LE RELAIS: La participation du Maroc n’est<br />
pas passée inaperçue avec une délégation<br />
de 760 personnes présidée par le Roi<br />
Mohammed VI. Que pourriez-vous nous dire<br />
à propos de cet accord et de cette manifestation<br />
mondiale ?<br />
Hakima El Haité: La participation du<br />
Maroc était aussi bien remarquable que<br />
les décisions prises lors de ce sommet. En<br />
matière d’environnement et de développement<br />
durable, le Maroc est l’un des pays<br />
leaders en Afrique et dans le monde arabe,<br />
déjà organisateur de la COP7 en 2001, le<br />
royaume s’est engagé bien avant la COP21<br />
18 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
à limiter ses émissions de gaz à effet de<br />
serre, et nous sommes le deuxième pays<br />
africain ayant publié sa Contribution Prévue<br />
Déterminée au niveau National (INDC)<br />
pour lutter contre les effets du changement<br />
climatique.<br />
L’accord de Paris est un accord universel,<br />
contraignant, équilibré et dynamique.<br />
<strong>Le</strong>s contributions ne sont révisables qu’a<br />
la hausse, c’est également un accord holistique<br />
qui intègre le lien avec les 17 objectifs<br />
du développement durable définis par<br />
l’ONU, la dignité et les droits humains et la<br />
question du genre.<br />
Cet accord est aussi le début d’une nouvelle<br />
phase, marquant le début d’un processus<br />
de construction multilatérale d’un nouveau<br />
mode de développement et de gouvernance<br />
inclusif. En effet, de nombreuses décisions<br />
ont été prises : ‘’Décision de la présidence<br />
‘’constituant une matrice d’engagements<br />
dont la mise en oeuvre opérationnelle est<br />
le grand enjeu de la COP22.<br />
Au titre de l’Accord de Paris, chaque pays<br />
devrait remettre sa contribution en termes<br />
de réduction des émissions de gaz à effet<br />
de serre, qui sera révisée chaque 5 ans à la<br />
hausse. L’accord incite à renforcer les capacités<br />
d’adaptation, de résilience et de réduction<br />
de la vulnérabilité notamment des pays<br />
les plus touchés par le changement climatique<br />
et comporte de ce fait des dimensions<br />
locales, nationales, régionales et internationales.<br />
La COP22 est la phase opérationnelle de<br />
la COP21. Dans ce contexte pourriez vous<br />
nous fournir de plus amples informations<br />
et plus de détails quant aux enjeux opérationnels<br />
de la COP de Marrakech ?<br />
La feuille de route de la présidence Marocaine<br />
découle de l’accord lui-même et priorités<br />
les outils qui permettraient de répondre<br />
aux deux grands enjeux :<br />
Diminuer les émissions d’une part et aider<br />
les pays vulnérables aux changements climatiques<br />
d’autre part<br />
De ce fait <strong>Le</strong>s enjeux d’opérationnalisation de<br />
l’Accord de Paris se trouvent concentrés dans :<br />
la construction de la feuille de route d’avant<br />
2020 qui consiste à apporter le renforcement<br />
de capacité, le transfert technologie et l’aide<br />
financière pour les pays en développement<br />
non émetteurs de gaz a effet de serre<br />
La réduction des émissions en complétant<br />
les dispositions du Protocole de Kyoto<br />
avant son remplacement par L’Accord en<br />
2020, en poursuivant et institutionnalisant<br />
le Lima-Paris-Action Agenda (LPAA) et en<br />
établissant un mécanisme de transparence<br />
pour les engagement des pays (NDC)<br />
Engager les actions prévues dans les Décisions<br />
et l’Accord et pour lesquelles des indications<br />
de dates sont données (années<br />
concernées : 2016, 2017, 2018, 2019, 2020,<br />
2023)<br />
Parmi les grands enjeux de la COP22 en<br />
termes d’avancées figurent aussi le prix<br />
du carbone, des contributions ou taxes<br />
carbones comme outils d’incitation et de<br />
financement, l’interopérabilité et à terme<br />
l’unification des marchés carbone. D’autre<br />
part, le soutien aux mécanismes d’accès<br />
aux technologies demeure aussi un enjeu,<br />
notamment par transfert de technologie,<br />
la dissémination des technologies matures<br />
particulièrement à travers la création de<br />
marchés de masse et la stimulation de<br />
la R&D sur les technologies émergentes<br />
sans négliger l’effort de renforcement<br />
des capacités surtout pour l’élaboration<br />
et la mise en oeuvre des NDC,des plans<br />
nationaux d’adaptation et le montage<br />
de projets bancables pour attirer les flux<br />
publics et privés de la finance climatique.<br />
<strong>Le</strong> financement qui est une obligation<br />
des pays développés découlant des dispositions<br />
de la convention, constitue une priorité<br />
absolue pour la COP22. Comment assurer,<br />
selon vous Madame la Ministre, l’augmentation<br />
des financements pour l’adaptation ?<br />
L’accord stipule que les pays développés<br />
fournissent des ressources financières<br />
aux pays en développement pour soutenir<br />
les mesures d’atténuation et d’adaptation<br />
des pays en développement, et laisse<br />
la libre volonté aux autres pays de le faire<br />
également.. Nous devons donc préparer<br />
une feuille de route pour atteindre l’objectif<br />
des 100 milliards $ en 2020, et de bien<br />
identifier des projets bancables orientés<br />
vers l’adaptation afin d’équilibrer la balance<br />
des flux financiers entre l’atténuation<br />
et l’adaptation.<br />
<strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> : comment pourriez vous assurer<br />
la transparence quant aux déclarations de<br />
chaque pays ?<br />
L’accord stipule que chaque partie à la<br />
Convention Cadre des Nations Unies sur<br />
le Changement Climatique (CCNUCC) doit<br />
établir régulièrement un rapport national<br />
d’inventaire de ses émissions de gaz à effet<br />
de serre, transmettre les informations<br />
nécessaires au suivi des progrès accomplis<br />
et mettre en place un système de transparence<br />
qui permet de mesurer, notifier<br />
et vérifier la conformité des informations<br />
communiquées à la situation réelle..<br />
Nous avons entendu parler d’un bilan<br />
mondial en 2023. Pourriez-vous nous en<br />
parler?<br />
<strong>Le</strong> bilan mondial est un rapport établi périodiquement<br />
par la conférence des parties<br />
afin d’évaluer les progrès collectifs accomplis<br />
pour lutter contre le changement climatique.<br />
En effet le premier bilan mondial<br />
sera publié en 2023, et ses résultats seront<br />
révisés tous les 5 ans.<br />
Après la COP7, le Maroc abrite la COP22<br />
en Novembre 2016. Quels impacts économiques<br />
et politiques auraient cette manifestation<br />
sur notre Royaume ?<br />
En tant que pays hôte, le Maroc va accueillir<br />
pendant deux semaines,des milliers de<br />
délégués,d’acteurs de la société civile et de<br />
journalistes,soit environ 30 000 personnes,<br />
dont chacun est un acteur et un agent d’influence,<br />
il s’agit bien évidemment d’une<br />
opportunité mais aussi une responsabilité<br />
historique pour notre pays .<br />
On ne peut pas parler du volet économique<br />
sans évoquer le volet touristique, la capacité<br />
touristique de la ville hôte sera largement<br />
sollicitée pour le programme évènementiel<br />
et les activités des délégués.<br />
La production d’un tel événement présente<br />
également une opportunité commerciale<br />
pour les industries locales en termes de<br />
fabrication, services, accueil et accompagnement,<br />
logistique, catering, production<br />
et post –production, décoration, animation…<br />
Sans oublier les média ! Oui un impact<br />
médiatique hors norme : pas moins de 2000<br />
journalistes, le thème du climat quotidiennement<br />
à la Une des Médias traditionnel<br />
et numérique. Pendant 10 jours, le Maroc<br />
et Marrakech seront au coeur d’une actualité<br />
unanimement considérée comme prioritaire<br />
dans l’agenda mondial. Cela représente<br />
3 ème année N°11 • Bruxelles • Septembre 2016<br />
19
MAGHREB<br />
HAKIMA El Haité<br />
Ministre déléguée chargée de l’Environnement<br />
une opportunité sans précédent de valoriser<br />
le rôle et l’attractivité du Royaume.<br />
Des avantages politiques certes, en tant que<br />
pays assurant la présidence : le Maroc disposera<br />
d’atouts politiques et économiques<br />
d’influence dont les bénéfices perdureront<br />
longtemps après la Conférence Climat, le<br />
Maroc jouera aussi le rôle de facilitateur<br />
auprès de toutes les parties de la négociation,<br />
il aura aussi un levier puissant<br />
pour renforcer ses relations internationales<br />
que ce soit sur le plan bilatéral ou à travers<br />
des actions plurilatérales et la mise en<br />
oeuvre de coalitions dans les processus de<br />
convergence de la négociation.<br />
En tant que gestionnaire de l’agenda :<br />
le Maroc sera très sollicité par toutes<br />
les parties prenantes gouvernementales<br />
et non gouvernementales ainsi que<br />
privées. C’est un atout d’influence qui peut<br />
être habilement utilisé pour faire avancer<br />
un certain nombre d’intérêts du Royaume<br />
«pays pivot» : le Maroc sera en position<br />
privilégiée pour incarner la diplomatie de<br />
convergence et contributive qu’appelle le<br />
soutien du multilatéralisme.<br />
La COP22 serait marqué par une participation<br />
très importante d’acteurs d’influence<br />
mondiaux, pourriez- vous nous donner plus<br />
de précisions quant aux participants ?<br />
Il est important de rappeler que la société<br />
civile est très impliquée sur les enjeux de<br />
développement durable, les acteurs non<br />
étatiques sont devenus de véritables puissances<br />
dans l’architecture internationale,<br />
dont l’influence ne cesse d’être amplifiée<br />
par le rôle croissant des médias et des<br />
réseaux sociaux.<br />
Il est donc fondamental de traiter les participants<br />
de la société civile avec le même<br />
niveau d’attention et de considération<br />
que les délégations gouvernementales<br />
et la presse.<br />
En contrepartie, le Maroc bénéficiera d’une<br />
extraordinaire plateforme de promotion sur<br />
son sol, regroupant des entreprises multinationales,<br />
des institutions financières, de<br />
grandes organisations industrielles, technologiques<br />
ou commerciales et des ONG<br />
de premier plan, ainsi que des Think-Tanks<br />
et plusieurs milliers de journalistes.<br />
<strong>Le</strong> Royaume aura également sur son sol le<br />
plus grand rassemblement mondial d’intelligence<br />
collective dans les domaines de<br />
l’énergie, de l’environnement, du développement<br />
et du climat.<br />
Au- delà de l’opportunité historique de<br />
présenter et de promouvoir les réalisations<br />
20 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
du Royaume pendant deux semaines où<br />
celui-ci sera un épicentre de l’attention<br />
politique et médiatique mondiale, le Maroc<br />
grâce à la COP22, pourra inscrire son action<br />
dans la longue durée et en retirer des bénéfices<br />
à la fois amplifiés et pérennes, puisque<br />
son rôle se sera étendu entre 2015 (coordination<br />
avec la présidence française de<br />
la COP21 et préparation de la COP22)<br />
et 2017 (passage du relais et suivis opérationnel<br />
conduisant à la COP23).<br />
Ainsi, accueillir et présider la COP22 représente<br />
une opportunité historique et stratégique<br />
pour le Royaume du Maroc avec un<br />
large éventail de bénéfices.<br />
On ne peut pas dissocier la COP22 du<br />
continent africain auquel appartient le<br />
Maroc que serait l’impact de cette COP sur<br />
l’Afrique ?<br />
1. La COP22, sans préjudice de son<br />
universalité, sera aussi la COP de l’Afrique.<br />
<strong>Le</strong> Maroc appartient au groupe Afrique avec<br />
lequel il élabore et défend des positions<br />
de négociation, nous représentons l’Afrique<br />
au sein du bureau de la COP21 qui prépare<br />
la COP22 avec un poste de Vice-Président<br />
qui m’a été attribué.<br />
2. La Présidence marocaine<br />
montante soutien fortement un agenda<br />
orienté vers les priorités africaines,notamment<br />
dans les domaines de l’ambition<br />
(trajectoire 1 ,5%, NDC, renforcement<br />
des capacités,agenda pré-2020), l’adaptation,<br />
la finance climatique et le transfert de<br />
technologies). Elle accorde une importance<br />
très grande aux projets africains dans le<br />
cadre de l’Agenda d’Action Lima-Paris (LPAA)<br />
et aux deux grandes initiatives stratégiques<br />
pour l’Afrique que sont la AFRICAIN RENEW-<br />
BALE ENERGY INTIATIVE et l’Initiative sur<br />
L’ÈLECTRIFICATION DE L’AFRIQUE ;<br />
3. L’importance de la COP22<br />
pour l’Afrique sera aussi matérialisée par<br />
des initiatives sur des sujets transversaux :<br />
le rôle des femmes, jeunesse et éducation,<br />
mise en valeur du patrimoine immatériel<br />
et des savoirs traditionnels.<br />
HAKIMA El Haité<br />
Ministre déléguée chargée de l’Environnement<br />
3 ème année N°11 • Bruxelles • Septembre 2016<br />
21
MAGHREB<br />
Entretien<br />
avec<br />
M. Jawad<br />
Kerdoudi<br />
le<br />
président<br />
de L’IMRI<br />
M. JAWAD Kerdoudi<br />
président de L’IMRI<br />
L’Institut marocain des relations<br />
internationales (IMRI) est une institution<br />
indépendante. Son rôle principal est<br />
la défense de l’image du Royaume du<br />
Maroc à l’étranger. Dans cet entretien,<br />
M. Kerdoudi, son président parle de ses<br />
perspectives d’ici à 2020.<br />
Entretien.<br />
<strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> : M. Kerdoudi, on entend beaucoup<br />
parler de votre institut, pourriez-vous nous<br />
en dire un mot ?<br />
Jawad Kerdoudi : Crée en 2003, l’Institut<br />
Marocain des Relations Internationales<br />
(l’IMRI), est une institution marocaine<br />
indépendante spécialisée dans les relations<br />
internationales. Il procède à des<br />
études, des recherches, des Conférences-Débats,<br />
des publications, et des<br />
délégations économiques à l’étranger.<br />
Son principal objectif est de vulgariser<br />
les relations internationales au niveau<br />
du grand public et de valoriser l’image du<br />
Maroc à l’étranger.<br />
<strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> : quelles sont vos perspectives<br />
à l’horizon 2020 ?<br />
L’IMRI développe année après année ses<br />
activités tant sur le plan national qu’international.<br />
Ses perspectives à l’horizon<br />
2020 est de l’élever au niveau des Think<br />
-Tanks américains et européens. Par cela,<br />
il s’active pour recruter des chercheurs de<br />
haut niveau spécialisés dans les secteurs<br />
politiques, économiques, culturels<br />
et sociaux.<br />
<strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> : Vous êtes un institut de relations<br />
internationales, où en sont vos relations<br />
avec les institutions européennes ?<br />
Du fait des relations historiques et géostratégiques<br />
du Maroc avec l’Europe,<br />
l’IMRI entretient des rapports forts avec<br />
l’Union européenne. Notre institution a<br />
réalisé beaucoup d’études sur les relations<br />
entre le Maroc et l’Union européenne et<br />
multiplié les propositions pour les consolider<br />
davantage. L’IMRI est membre des<br />
réseaux Euro-Méditerranéens, Euromesco<br />
qui est un réseau de centres de recherches.<br />
Il est le septième meilleur réseau de thinktanks<br />
du monde. On est aussi membre de<br />
Femise, le Forum Euroméditerranéen des<br />
instituts de sciences économiques.<br />
Kaoutar Fal<br />
Son principal objectif<br />
est de vulgariser<br />
les relations<br />
internationales au<br />
niveau du grand<br />
public et de valoriser<br />
l’image du Maroc à<br />
l’étranger.<br />
22 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
A BRUXELLES,<br />
M. RIDHA BEN<br />
MOSBAH PARLE<br />
DES REPONSES<br />
A APPORTER AUX<br />
ASPIRATIONS DE<br />
LA POPULATION<br />
M. RIDHA BEN MOSBAH,<br />
Ministre-Conseiller du<br />
Président du Gouvernement<br />
Quelles réponses le gouvernement<br />
tunisien réserve aux aspirations de<br />
la population pour une vraie transition<br />
économique ? Telle était la question<br />
à la quelle devait répondre M. Ridha,<br />
Ministre-Conseiller du Président du<br />
Gouvrenement, devant les journalistes au<br />
Press club brussels europe, dans le prolongement<br />
de son déplacement à Bruxelles<br />
pour Tunisian Belgium Business forum, au<br />
mois de mai dernier.<br />
Réussir une transition économique en<br />
Tunisie, préoccupe au plus au niveau<br />
les autorités actuelles. Venu à Bruxelles<br />
dans le cadre du Tunisian Belgium<br />
Business Forum, M. Ridha ben Mosbah,<br />
Ministre-Conseiller du Président du Gouvernement,<br />
chargé des Affaires économiques,<br />
s’est entretenu avec la presse<br />
européenne sur les réformes du gouvernement<br />
en vue de soutenir une compétitivité<br />
et une croissance inclusive.<br />
...Il y a eu d’abord un programme de cent<br />
jours, a dit M. Ridha afin d’apporter<br />
des réponses aux revendications sociales<br />
de la révolution. Rappelons qu’en général,<br />
le chômage des jeunes a joué un rôle<br />
déterminant dans le déclenchement de<br />
la révolution. Aujourd’hui, encore, ce problème<br />
est loin d’être résolu. Et les disparités<br />
existent entre les régions, a reconnu<br />
le Ministre-Conseiller, avant de rassurer<br />
que les choses commencent à bouger.<br />
Déjà, dans le cadre du plan de développement<br />
économique et social, on prévoit<br />
une réduction du chômage de 4 % en 5<br />
ans. Aujourd’hui, le chômage des jeunes<br />
représente 15 % et celui des diplômés est<br />
de 30 %.<br />
C’est pourquoi, le dialogue national<br />
pour l’emploi recommande la croissance.<br />
Impérativement, l’économie doit se relancer.<br />
D’où, l’injection de 2 millions de Dinars<br />
pour redynamiser les PME. Pour M. Ridha,<br />
cette relance passera par l’existence<br />
de services à valeur ajoutée, l’innovation<br />
et le développement des ressources<br />
humaines. Frappé durement, le secteur du<br />
tourisme doit retrouver sa vitalité.<br />
Répondant à une question sur le plan du<br />
développement économique et social, M.<br />
Rhida a rappelé que l’équité, l’efficacité<br />
et la durabilité doivent caractériser ce<br />
plan. En allant dans ce sens, le pays peut<br />
envisager une bonne gouvernance. Et là,<br />
l’éradication de la corruption devient un<br />
des défis pour les autorités tunisiennes<br />
afin de répondre aux revendications<br />
sociales de la révolution. Un autre défi, a<br />
souligné le ministre tunisien, est relatif au<br />
social. Dans le cadre d’un dialogue permanent<br />
avec les syndicats, un accord salarial<br />
sur trois ans a été conclu. Il est question<br />
également de réformer l’administration<br />
qui affiche un effectif pléthorique de<br />
640.000 fonctionnaires.<br />
Qu’en est-il de la situation sécuritaire ?<br />
Nous avons maîtrisé la menace terroriste<br />
malgré la situation géopolitique régionale<br />
difficile. Mais beaucoup de choses,<br />
à ce niveau, restent à réaliser, a conclu M.<br />
Rhida.<br />
Ayant réussi sa transition politique, la stabilité<br />
de la Tunisie repose désormais sur<br />
le développement. <strong>Le</strong> train de réformes<br />
envisagées, la lutte contre la pauvreté<br />
et le développement des PME n ‘étant-là<br />
que quelques uns des leviers choisis<br />
pour répondre aux aspirations légitimes<br />
de la population.<br />
Jeanne <strong>Le</strong>mba<br />
3 ème année N°11 • Bruxelles • Septembre 2016<br />
23
MAGHREB<br />
La Tunisie,<br />
destination de choix<br />
au cœur<br />
de la méditerranée<br />
Située à la pointe la plus nordique de<br />
l‘Afrique, la Tunisie s’est développée depuis<br />
son histoire la plus ancienne des ambitions<br />
dignes de sa géographie stratégique. Carrefour<br />
de civilisations et de commerce<br />
au coeur du bassin méditerranéen,<br />
le plus petit pays de l’Afrique s’est<br />
vite bâti une réputation internationale<br />
de pays d’accueil. Touristes<br />
et entreprises internationales ont afflué<br />
depuis le début des années soixante-dix<br />
pour faire de la Tunisie une destination<br />
privilégiée pour les vacances comme<br />
pour la production et le développement<br />
a l’international. <strong>Le</strong>s marques<br />
internationales les plus prestigieuses<br />
ont été parmi les premiers<br />
investisseurs en Tunisie,<br />
suivies au fil des années par<br />
les grands noms de l’industrie<br />
automobile. Si les dernières<br />
créations de la haute couture tissées<br />
par des mains tunisiennes ornent les plus<br />
en vogue des vitrines de luxe, les composants<br />
les plus techniques, produits<br />
dans des usines tunisiennes,<br />
vont directement sur les chaines<br />
européennes de montage<br />
pour équiper citadines<br />
et berlines.<br />
Démunie de ressources<br />
naturelles abondantes,<br />
la Tunisie a adopté dès<br />
le départ une approche<br />
pragmatique en matière d’attraction<br />
des investissements internationaux.<br />
<strong>Le</strong> territoire tunisien s’est équipé<br />
en infrastructure nécessaire pour assurer<br />
la fluidité des navettes de biens d’équipements<br />
et de produits finis entre les usines<br />
tunisiennes et les marchés internationaux.<br />
Du nord vers le Sud, les facilités logistiques<br />
sont disponibles selon les normes internationales.<br />
24 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
La proximité étant l’avantage naturel de<br />
la Tunisie, la notion a été élevée au rang<br />
de devise par les autorités tunisiennes<br />
pour en créer un network institutionnel<br />
tout autour de l’entreprise dans l’objectif<br />
d’assurer un accès immédiat aux avantages<br />
et services rendus par les différentes structures<br />
d’appui public.<br />
La loi d’Avril 1972, à l’origine de l’émergence<br />
en Tunisie d’un tissu industriel<br />
exportateur, est toujours citée en exemple<br />
par les instances internationales quand<br />
il s’agit des premières politiques mises<br />
en place par les pays en développement<br />
pour attirer des investissements créateurs<br />
d’emploi et de richesse partagée. Cette loi<br />
longtemps copiée, aura marqué le choix<br />
par la Tunisie de l’ouverture sur l’extérieur<br />
comme une opportunité.<br />
Pour la première fois dans l’histoire de<br />
la promotion des investissements, la discrimination<br />
entre national et étranger fut<br />
abolie pour mettre en place une discrimination<br />
basée sur la performance et la<br />
créativité. Des entreprises installées en<br />
Tunisie pour des considérations de cout<br />
se sont vite rendu compte que la Tunisie<br />
offre beaucoup plus que des gains financiers.<br />
<strong>Le</strong> développement à l’international<br />
grâce à des compétences tunisiennes est<br />
aujourd’hui parmi les options stratégiques<br />
les plus recherchées par les entreprises<br />
internationales installées en Tunisie.<br />
Parmi les premiers défis de la Tunisie<br />
indépendante, auquel se sont attaquées<br />
les instances tunisiennes, les historiens<br />
citent en pole position la consolidation<br />
d’une société instruite, formée, informée<br />
et consciente de son avenir. La mise faite<br />
sur la scolarisation a vite donné ses résultats<br />
et début des années 70, la Tunisie est<br />
déjà pays exportateur de talents qu’ils<br />
soient ingénieurs, enseignants ou techniciens.<br />
A la même époque, les entreprises<br />
étrangères ayant choisi le pays comme<br />
site d’investissement notamment suite à la<br />
promulgation de la loi d’avril 1972 sont<br />
unanimes à témoigner : «la Tunisie, limitée<br />
en richesses naturelles, a bien su développer<br />
sa propre richesse, soit une population<br />
bien formée et passionnée par les challenges<br />
quel que soit le degré de leur complexité».<br />
L’éducation en Tunisie est gratuite, accessible<br />
et obligatoire pour tout tunisien qui<br />
aura atteint l’âge des six ans. Aujourd’hui,<br />
l’Etat tunisien consacre plus de 5 % de son<br />
budget annuel à l’éducation. Il était temps,<br />
début des années 60, où l’éducation relevée<br />
au rang de priorité nationale absorbait<br />
30% du budget de l’Etat. <strong>Le</strong> résultat ne s’est<br />
pas fait attendre :<br />
• 99 % des jeunes tunisiens sont scolarisés.<br />
Plus de 337 000 étudiants (dont 62,3<br />
% sont des filles) sont inscrits dans les 198<br />
établissements universitaires répartis sur<br />
l’ensemble du territoire tunisien.<br />
• Plus de 1 000 centres de formation professionnelle<br />
(publics et privés), assurent<br />
la formation de 140 000 apprenants et stagiaires<br />
dans des centaines de spécialités<br />
couvrant l’ensemble des secteurs économiques.<br />
• Plus de 70 000 nouveaux diplômés par<br />
an rejoignent le marché du travail avec un<br />
multilinguisme exceptionnellement élevé.<br />
• 35 % des diplômés sont issus des filières<br />
de l’ingénierie, des sciences de l’informatique,<br />
des communications ainsi que<br />
d’autres filières techniques.<br />
• Plus de 6 000 des diplômés sont des ingénieurs.<br />
Au-delà des aspects de la diversité<br />
des branches et la richesse des profils mis<br />
sur le marché de l’emploi, les compétences<br />
tunisiennes, une fois intégrée dans un<br />
environnement professionnel, font preuve<br />
de sérieux, application et imagination qui<br />
en font un partenaire privilégié pour les<br />
entreprises internationales en quête de<br />
gains en productivité et d’innovation. A ce<br />
jour plus de 90% parmi les 3100 entreprises<br />
étrangères actives en Tunisie sont<br />
gérées par un management 100%, tunisien.<br />
L’attractivité de la Tunisie, confirmée par<br />
tous les rapports internationaux en la<br />
matière, à certes été touchée par les événements<br />
post-évolution, mais les experts<br />
s’accordent que les fondements historiques<br />
de cette attractivité sont loin d’être<br />
touchés. <strong>Le</strong>s chantiers engagés par les<br />
autorités tunisiennes, que ce soit au niveau<br />
de la modernisation des infrastructures<br />
ou des lois, ne manqueront pas de propulser<br />
la Tunisie comme destination de<br />
choix des investissements innovateurs<br />
et à forte composante en savoir. Si les<br />
européens sont les premiers à avoir pris<br />
conscience de cette donne, Américains<br />
et japonais leur emboitent le pas déjà. la<br />
Tunisie que l’on considérait toujours le<br />
pays le plus proche de l’Europe, géographiquement<br />
et culturellement, est au même<br />
titre le pays le plus proche du marché<br />
de l’avenir : l’Afrique. La réputation du<br />
savoir faire sur le marché africain fait de<br />
la Tunisie un partenaire idéal pour toute<br />
entreprise souhaitant se développer sur le<br />
continent africain.<br />
Plus de 70.000<br />
nouveaux diplômés<br />
par an rejoignent<br />
le marché du<br />
travail avec un<br />
multilinguisme<br />
exceptionnelement<br />
élevé.<br />
3 ème année N°11 • Bruxelles • Septembre 2016<br />
25
AFRIQUE<br />
LE PRÉSIDENT KABILA RESTE,<br />
EN ATTENDANT<br />
L’HYPOTHéTIQUE<br />
DIALOGUE ET SES<br />
RéSULTATS<br />
Joseph Kabila président de la RDC<br />
En Rdc, l’idée d’organiser l’élection<br />
présidentielle, en 2016 est-elle réduite à un<br />
simple souhait ? Peut-être ! La Cour constitutionnelle<br />
de ce pays a enlevé le caractère<br />
obligatoire de la tenue du scrutin présidentiel<br />
cette année. Son arrêt du 16 mai dernier<br />
a décidé le maintien du président Kabila au<br />
pouvoir au-de là de son dernier mandat.<br />
On peut s’en douter, l’unanimité devient<br />
impossible. Et la suspicion s’installe. <strong>Le</strong>s avis<br />
contradictoires des politiques et des juristes,<br />
réunis dans ce dossier étalent la fracture au<br />
sein même de la classe dirigeante au sujet de<br />
ce laborieux processus électoral.<br />
Joseph Kabila reste<br />
<strong>Le</strong> président de la République démocratique<br />
du Congo, Joseph Kabila Kabange, restera en<br />
fonction jusqu’à l’installation du nouveau<br />
président élu. Telle est la décision de la Cour<br />
constitutionnelle rendue par son arrêt R.<br />
Const. 263 du 11 mai 2016, pris à la suite de<br />
la sollicitation, par 267 députés nationaux,<br />
de «l’interprétation de l’article 70 alinéa 2 de<br />
la Constitution, en combinaison, d’une part, avec<br />
ses articles 103, 105 et 197, et d’autre part, avec<br />
les articles 75 et 76 de la même Constitution».<br />
La haute Cour justifie cette décision en<br />
vertu du principe de continuité de l’Etat,<br />
et éviter ainsi le vide à la tête de l’Etat.<br />
Ancien ministre congolais des Affaires<br />
étrangères et membre du bureau politique<br />
de la Majorité présidentielle (MP) au pouvoir,<br />
le sénateur Léonard She Okitundu trouve<br />
que «la Loi fondamentale congolaise a tout fait<br />
dans ses dispositions pour éviter la vacance du<br />
pouvoir institutionnel à tous les niveaux, que<br />
ce soit au niveau des assemblées provinciales<br />
qu’à celui du Parlement ou de la présidence<br />
de la République. Joseph Kabila restera donc<br />
en fonction jusqu’à l’installation effective du<br />
nouveau président élu».<br />
Cet arrêt a provoqué une levée des boucliers<br />
terrifiante dans le chef de l’Opposition<br />
politique, principalement sa frange radicale.<br />
Dans une déclaration commune, faite lors<br />
d’une rencontre jeudi 12 mai 2016 à Lubumbashi,<br />
en réaction à cet arrêt de la Cour<br />
constitutionnelle relatif à l’article 70 de<br />
la constitution, les leaders des plates-formes<br />
de l’opposition politique G7, Front citoyen,<br />
Dynamique de l’opposition et Alternance<br />
pour la République ont affirmé ne pas<br />
accepter que le président de la RDC, Joseph<br />
Kabila, prolonge son mandat au-delà du 19<br />
décembre 2016.<br />
Ancien président de l’Assemblée nationale,<br />
Vital Kamerhe, actuellement leader d’un<br />
parti de l’opposition, UNC, qualifie d’imposture<br />
l’arrêt de la Cour constitutionnelle.<br />
«La Cour constitutionnelle vient de réviser<br />
la Constitution, réécrire un nouvel article qui<br />
ne se trouve pas dans la Constitution. C’est très<br />
grave, c’est un acte de haute trahison», a-t-il<br />
déclaré sur Radio France Internationale.<br />
En plus du rejet de cet arrêt, l’opposition<br />
annonce la tenue des marches de protestation<br />
sur toute l’étendue de la République.<br />
<strong>Le</strong> populiste ancien président de l’Assemblée<br />
provinciale de l’ex.Katanga, Gabriel<br />
Kyungu wa Kumuanza, menace. «Nous allons<br />
considérer cela comme un coup d’Etat. Et nous<br />
allons faire appel au peuple pour se ranger<br />
derrière toute l’opposition pour combattre<br />
ce coup d’Etat», dit-il au cas où le Président<br />
Joseph Kabila demeurait en poste au-delà du<br />
19 décembre 2016.<br />
Moins virulent, le parti de l’ancien Premier<br />
ministre et leader de l’Udps, Etienne Tshisekedi,<br />
trouve la justification de la tenue du<br />
dialogue politique national. Bruno Tshibala<br />
Nzenze, son secrétaire général adjoint<br />
et porte-parole, rejette également l’arrêt de<br />
la haute cour. «C’est une cour qui est vouée<br />
entièrement à Joseph Kabila. Nous pouvons<br />
refuser cette décision, mais elle nous sera<br />
imposée. C’est pour cette raison que nous avons<br />
prévenu que nous devons aller au dialogue<br />
pour voir ensemble si l’élection présidentielle<br />
peut être encore organisée avant décembre<br />
2016 et exiger le changement des personnes<br />
qui composent principalement la Cour<br />
constitutionnelle et la Commission électorale».<br />
26 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
Mais le professeur Bob Kabamba, chercheur<br />
résidant en Belgique, constate : «L’opposition<br />
se trompe d’arguments en s’appuyant<br />
sur des dispositions constitutionnelles<br />
qui ne nécessitent aucune interprétation<br />
tellement elles sont claires». Il est d’avis que<br />
les contestataires devaient «saisir la Cour<br />
constitutionnelle et lui apporter des éléments<br />
qui prouvent que le gouvernement a, de<br />
manière intentionnelle, bloqué la tenue<br />
des élections dans les délais, tant sur le plan<br />
du financement des scrutins, de la révision du<br />
fichier électoral que celui de l’arsenal juridique<br />
avec ces réformes électorales qui se font<br />
toujours attendre».<br />
Pour sa part, le constitutionnaliste André<br />
Mbata dit que l’article 70 parle de l’élection<br />
et non de l’installation, c’est du français<br />
facile.<br />
L’arrêt de la Cour constitutionnelle répond<br />
à une préoccupation réelle quant au non-respect<br />
du délai pour la tenue des élections<br />
prévues pour cette année 2016. En effet,<br />
le mois de décembre 2016 devait marquer<br />
la fin de la deuxième législature et celle du<br />
mandat présidentiel, le second et dernier<br />
pour Joseph Kabila Kabange, selon la Constitution.<br />
<strong>Le</strong> calendrier global rendu public<br />
par la Commission Electorale Nationale<br />
Indépendante, Céni en sigle, prévoyait aussi<br />
la prise en compte des arriérés électoraux,<br />
notamment par la tenue des élections de<br />
renouvellement des mandats des députés<br />
provinciaux, des gouverneurs de province<br />
et des sénateurs expirés depuis 2012. Au<br />
niveau de la base, aucune élection n’a été<br />
organisée depuis le lancement du processus<br />
électoral en 2005. Ainsi, le calendrier électoral<br />
avait prévu les élections des conseillers de<br />
chefferie et de secteur, des chefs de secteur,<br />
des conseillers municipaux, des bourgmestres<br />
de commune, des conseillers urbains<br />
ainsi que des maires de ville.<br />
Si le cycle électoral en cours a prévu la tenue<br />
des élections locales, urbaines et provinciales<br />
en 2015, aucune de ces élections n’a<br />
été organisée jusque-là. Quelques couacs<br />
ont été enregistrés dans la mise en œuvre<br />
du cycle électoral. Ces couacs se résument<br />
en termes de financement de ces élections<br />
en une période où le gouvernement est buté<br />
à la conjoncture financière internationale<br />
médiocre, du code de bonne conduite pour la<br />
sécurisation des élections afin de faire face<br />
à tous les troubles que les partis politiques<br />
créent contre les populations en période<br />
électorale, du renouvellement du fichier<br />
électoral en intégrant les nouveaux majeurs,<br />
évalués entre 10 et 15 millions, les Congolais<br />
de l’étranger, les déplacés ou réfugiés<br />
retournés dans leurs milieux de résidence. Il<br />
y a aussi les électeurs de 2011 décédés à ce<br />
jour estimés entre 1 et 2 millions de morts<br />
qu’il faudra radier du fichier électoral.<br />
Pour ce faire, le président de la République<br />
voudrait tenir un dialogue national inclusif<br />
pour dégager un<br />
consensus sur le processus électoral. <strong>Le</strong><br />
président de la Ceni, Corneille Nangaa, qui<br />
vient de procéder au lancement des opérations<br />
d’identification et de recensement<br />
des électeurs, a déclaré qu’il lui était<br />
impossible d’assurer la tenue des élections<br />
crédibles et transparentes dans les délais<br />
définis dans le calendrier global. Il lui faut<br />
donc avoir un nouveau calendrier électoral<br />
à élaborer après avoir obtenu un consensus<br />
politique.<br />
Un consensus politique ?<br />
Joseph Kabila président de la RDC<br />
C’est la raison d’être du dialogue politique<br />
que certains opposants qualifient de<br />
stratégie visant à renvoyer la date de l’élection<br />
présidentielle. Ce dialogue, annoncé<br />
depuis le mois de mai 2015, coulé en ordonnance<br />
présidentielle depuis fin novembre<br />
2015, et qui a son facilitateur désigné depuis<br />
avril 2016 en la personne de l’ancien Premier<br />
ministre togolais et ancien secrétaire<br />
général de l’OUA, Edem Kodjo, n’a toujours<br />
pas démarré ses travaux préparatoires.<br />
Si la Majorité présidentielle a déposé la liste<br />
de ses 12 participants ainsi que la Société<br />
civile, celle de ses six participants, l’opposition<br />
politique tarde à présenter la liste<br />
de ses membres participants. L’Udps qui a<br />
exigé la gestion de cette liste, n’arrive pas<br />
à ramener certains membres du camp du<br />
refus à la table des négociations, tout comme<br />
il n’arrive pas à se mettre d’accord avec<br />
d’autres partis de l’opposition favorables<br />
au dialogue sur les noms des participants<br />
à proposer. Déjà, l’Udps ne fait pas mystère<br />
de sa position de respect du délai constitutionnel.<br />
De Bruxelles, en plus, son président<br />
n’a-t-il pas déclaré qu’il ne reconnaissait pas<br />
cette Cour constitutionnelle ? Dès lors, il y a<br />
lieu de craindre un coup de théâtre en plein<br />
dialogue.<br />
<strong>Le</strong>s partis de l’opposition soulèvent aussi le<br />
problème de violation des droits politiques<br />
qu’il impute au gouvernement qui réprimerait<br />
des marches interdites organisées<br />
par l’opposition et dont la justice a inculpé<br />
l’ancien gouverneur de la province du<br />
Katanga, actuellement opposant et candidat<br />
déclaré à la présidentielle, d’atteinte à la<br />
sûreté de l’État pour son implication avéré<br />
dans le recrutement des mercenaires<br />
étrangers.<br />
Impatient, le facilitateur a mis en place un<br />
groupe de travail composé exclusivement<br />
des membres de la société civile. Ce groupe<br />
de travail a commencé les travaux préparatoires<br />
en attendant que les participants<br />
affichent complet pour démarrer les travaux<br />
préparatoires proprement dits.<br />
La tenue de ce dialogue politique répond<br />
aussi aux vœux tant du Secrétaire général<br />
de l’ONU, Ban Ki-moon, qui n’a cessé<br />
d’inviter «tous les intervenants de régler<br />
leurs différends par le dialogue et de créer<br />
des conditions propices à la tenue en temps<br />
voulu d’élections crédibles, conformément<br />
à la Constitution», a dit M. Ban au cours de<br />
son exposé devant les membres du Conseil,<br />
que du Pape François ainsi que de l’Union<br />
africaine, l’Union européenne et de l’Organisation<br />
internationale de la Francophonie qui,<br />
à travers des déclarations, plaident pour la<br />
tenue d’un dialogue en vue de la tenue<br />
des élections crédibles et apaisées.<br />
Tshibambe Lubowa<br />
3 ème année N°11 • Bruxelles • Septembre 2016<br />
27
AFRIQUE<br />
RDC :<br />
CONCLAVE DE GENVAL<br />
Jusqu’où Tshisekedi et Katumbi iront-ils ensemble ?<br />
Étienne Tshisekedi<br />
Homme politique<br />
Conclave du Lac : événement considéré<br />
historique tant par les résultats obtenus,<br />
le statut des participants et leur nombre<br />
que par sa référence au précédent du<br />
Front Commun Congolais à la Table Ronde.<br />
Plus de 80 délégués congolais venus de<br />
partout et représentant la société civile<br />
et les partis politiques se sont réunis en<br />
Conclave à Genval (Hôtel du Lac) du 8 au<br />
9 juin. <strong>Le</strong> thème était aussi d’une grande<br />
signification : rassemblement des forces<br />
sociales et politiques acquises au changement<br />
autour de M. Etienne Tshisekedi,<br />
président de l’Udps. Et l’ambition identique<br />
: “ la démocratie immédiate”, comme<br />
hier l’Indépendance immédiate.<br />
On peut le dire, à ce jour, que le succès<br />
était au rendez-vous. Parmi les résultats, il<br />
y a l’unité de l’opposition, chose jusque-là<br />
impossible et le refus du dialogue version<br />
Kabila. En d’autres termes, la mise en<br />
oeuvre intégrale de la résolution 2277<br />
des Nations unies. Limitons-nous, à ces<br />
deux acquis principaux. Ils témoignent de<br />
la farouche détermination de l’opposition<br />
congolaise désormais unie à obliger le<br />
président Kabila à respecter la constitution.<br />
Cette résolution encourage certes le<br />
dialogue en RdCongo, mais dans le respect<br />
strict du délai constitutionnel. Nous saluons<br />
le départ de Kabila, prévu 19 décembre,<br />
ont répété en chœur, les participants, au<br />
moment de la clôture des travaux du<br />
conclave de Genval. La mise sur pied d’un<br />
comité des 9 Sages présidé par E. Tshisekedi<br />
est la manifestation la plus visible<br />
de la réussite du Conclave. C’est la préfiguration<br />
d’un gouvernement de transition<br />
en cas de glissement. Chargé de suivre<br />
l’évolution du processus électoral, et en<br />
faire des évaluations; le Comité des Sages<br />
peut à tout moment prendre les initiatives<br />
pour barrer la route au président Kabila.<br />
Et les observateurs s’étonnent de l’unanimité<br />
facilement acquise autour de<br />
Tshisekedi, proclamé tard dans la nuit de<br />
la fin du Conclave, leader de l’opposition.<br />
Ce qu’elle n’a pas réussi en 2011, lors de<br />
l’élection présidentielle.<br />
D’où vient cette évolution ? Sans doute,<br />
de la volonté de toutes les plateformes de<br />
l’opposition de tout faire pour que Kabila<br />
ne reste pas au pouvoir après son deuxième<br />
mandat. Dans ce contexte, depuis<br />
le mois de janvier Katebe Katoto et son<br />
frère Moïse, vrai patron du G7, ont multiplié<br />
des contacts avec Etienne Tshisekedi.<br />
Ils l’ont convaincu de ne pas aller au<br />
dialogue présidentiel, contre l’opinion<br />
de certains membres de l’Udps ayant<br />
participé aux discussions préliminaires<br />
avec les représentants du pouvoir.<br />
28 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
Après les ennuis judiciaires de Katumbi, le<br />
G7 a pris clairement l’option de s’appuyer<br />
sur Tshisekedi. Etant presque certains de<br />
la non tenue de l’élection présidentielle<br />
en décembre 2016, les dirigeants du G7<br />
tablent sur la transition. Seul le président<br />
de l’Udps est capable, en pareille situation<br />
de tenir tête à Kabila et faire échec à l’idée<br />
du glissement. D’ou l’intérêt de le soutenir<br />
financièrement et politiquement. La tenue<br />
du Conclave de Genval en est la preuve.<br />
En plus, l’arrêt de la Cour constitutionnelle<br />
a fait perdre toutes leurs illusions<br />
à Tshisekedi et aux membres de l’Udps,<br />
favorables au dialogue tel que convoqué<br />
par l’ordonnance présidentielle. L’arrêt<br />
en question autorise le président Kabila<br />
à rester au pouvoir jusqu’à l’installation<br />
du nouveau président. Aussi l’Udps avait-il<br />
intérêt à composer avec le G7.<br />
Tshisekedi, de son côté, pense que la situation<br />
judiciaire de l’ancien gouverneur<br />
du Katanga, joue en sa faveur. A partir ce<br />
moment, il y a un deal entre Tshisekedi<br />
et Katumbi. Conséquence, le processus<br />
de la convocation du Conclave a pris<br />
une accélération d’autant plus étonnante<br />
que l’opposition congolaise était en<br />
demande d’un fédérateur.<br />
Pour la concrétisation, le G7, logiquement,<br />
s’est occupé de la logistique, en participant<br />
financièrement de manière significative<br />
aux préparatifs et au déroulement<br />
des travaux du Conclave. Mais dans toutes<br />
les plates formes, en ce compris au sein de<br />
l’UDPS lui même a commencé à souffler<br />
le vent de la nécéssité d’un “compromis<br />
historique” sur “l’essentiel. C’est à dire “le<br />
peuple d’abord”..<br />
L’Udps, pour sa part, s’est chargée de<br />
l’organisation. Mais Jusqu’où Tshisekedi<br />
et Katumbi iront-ils ensemble? <strong>Le</strong> MLC<br />
et l’UNC, malgré la présence de son<br />
secrétaire général à Genval, partis politiques<br />
importants sur la scène congolaise<br />
ne se sont pas prononcés sur les conclusions<br />
du Conclave. On peut croire qu’ils<br />
sont sceptiques sur la sincérité des intentions<br />
des acteurs présents au Conclave.<br />
Mais après Genval, sans aucun doute, plus<br />
rien dans l’opposition ne sera comme<br />
avant …<br />
Jeanne <strong>Le</strong>mba<br />
<strong>Le</strong> Rwanda<br />
inaugure sa première<br />
centrale électrique au<br />
méthane sur le lac Kivu<br />
KIGALI<br />
<strong>Le</strong> Rwanda a inauguré dernièrement une<br />
centrale électrique au méthane sur le lac<br />
Kivu (ouest), une installation unique au<br />
monde qui transforme une menace mortelle<br />
en source d’énergie et doit à terme<br />
augmenter de plus de 60% la capacité de<br />
production d’électricité du pays.<br />
La centrale électrique KivuWatt a été<br />
inaugurée par le président rwandais Paul<br />
Kagame, a indiqué à l’AFP Augusta Mutoni,<br />
une responsable de Rwanda Energy Group<br />
(REG), l’entreprise publique de production<br />
et de distribution d’électricité. Située<br />
à Kibuye, près de la frontière avec la<br />
République démocratique du Congo (RDC),<br />
cette centrale électrique construite par la<br />
société américaine ContourGlobal produit<br />
depuis fin décembre 26 mégawatts<br />
d’électricité s’ajoutant à la capacité de<br />
production de 160MW dont disposait déjà<br />
le Rwanda.<br />
<strong>Le</strong> système d’extraction est réalisé grâce à<br />
une plateforme flottant sur le lac à 13 km<br />
de la rive et pompant à plus de 300 mètres<br />
de profondeur de l’eau à forte concentration<br />
en gaz méthane et en dioxyde de<br />
carbone. <strong>Le</strong> méthane est séparé de l’eau et<br />
du CO2, et est acheminé sur la terre ferme<br />
via un pipeline sous-marin, tandis que le<br />
CO2 est réinjecté dans le lac. La centrale<br />
et cette plateforme représentent un<br />
investissement d’environ 200 millions de<br />
dollars issus de capitaux privés mais aussi<br />
de prêts d’institutions internationales<br />
d’aide publique au développement, dont la<br />
Banque africaine de développement (BAD).<br />
Source Belga<br />
3 ème année N°11 • Bruxelles • Septembre 2016<br />
29
AFRIQUE<br />
En bref<br />
GABON-SANTé<br />
LA BANQUE MONDIALE ACCORDE PRèS DE 35<br />
MILLIARDS DE FCFA<br />
La Banque mondiale accepte d’accorder un<br />
prêt de 34.720 milliards de FCFA au Gabon.<br />
Ce fonds servira au développement socioéconomique<br />
du pays et plus particulièrement<br />
dans le domaine de la santé. Ce prêt<br />
aidera dans la mise en place des Techonologies<br />
de l’Information et de la Communication<br />
(TIC), à travers le projet e-Gabon.<br />
<strong>Le</strong> projet e-Gabon, s’adresse aux usagers<br />
et aux professionnels du système national<br />
de santé et opérateurs privés et les entrepreneurs<br />
désireux d’investir dans l’économie<br />
numérique. Ce projet va accélerer la<br />
mise en oeuvre du système de cybersanté<br />
qui est défini par l’Organisation mondiale<br />
de la Santé (OMS) comme l’utilisation des<br />
services numériques aussi bien dans le<br />
secteur public que privé, afin d’assurer le<br />
bien-être des populations, à déclaré Mme<br />
Sylvie Dossou, représentante résidente de<br />
la Banque mondiale au Gabon.<br />
<strong>Le</strong> Projet e-Gabon va renforcer le dispositif<br />
de surveillance épidémiologique en faisant<br />
appel aux TIC pour compiler et diffuser<br />
régulièrement des renseignements permettant<br />
d’alerter rapidement les populations<br />
et de susciter une riposte immédiate.<br />
CÔTE -D’IVOIRE :<br />
UN CLUB POUR LES ENTEPRENEURS AFRICAINS<br />
ABIDJAN,<br />
Capitale économique de la Côte d’Ivoire<br />
Investisseurs & Partenaires, c’est le nom<br />
dun nouveau club africain d’entrepreneurs<br />
que vient de lancer un groupe français<br />
d’investissements dans les PME<br />
africaines.<br />
Cette association cherche à favoriser<br />
l’émergence d’une classe entrepreneuriale<br />
africaine.<br />
30 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
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europe<br />
PARLEMENT EUROPéEN<br />
1 er SOMMET ITALIE-AFRIQUE<br />
Matteo Renzi<br />
Président du Conseil des Ministres Italien<br />
La députée européenne Cécile Kyenge<br />
plaide pour une migration circulaire.<br />
Coopérer avec l’Afrique est-il devenu<br />
une nécessité vitale pour les économies<br />
des puissances ? <strong>Le</strong> premier sommet Italie-<br />
Afrique qui vient de se tenir à Rome prouve<br />
l’intérêt que représente le continent. Rien<br />
que l’année dernière, plusieurs rencontres<br />
de ce genre ont été organisées ici et là,<br />
à tavers le monde : sommet Chine-Afrique,<br />
sommet Inde-Afrique, sommet Turquie-<br />
Afrique, sans oublier le tradionnel sommet<br />
France- Afrique...<br />
Depuis des années, l’Italie, porte de l’Europe,<br />
est confrontée de manière tragique<br />
à la problématique de la migration. Dans<br />
ses rivages, devenus meurtriers, par<br />
milliers chaque année, des jeunes africains<br />
y laissent leurs vies. Aussi ce premier<br />
sommet entre Italiens et Africains a t-il été<br />
dominé par la migration. Il faut des solutions,<br />
il y a urgence. Preuve, cette déclaration<br />
de M. Moussa Faki Mahamat, ministre<br />
thadien des Affaire étrangères : les jeunes<br />
africains sont tentés par deux possibilités,<br />
soit ils rejoignent des groupes terroristes,<br />
soit ils émigrent, avec les dangers que l’on<br />
connait.<br />
Parmi les solutions, se trouve la migration<br />
circulaire. L’investissement des migrants<br />
bien installés socialement, économiquement<br />
en Europe, dans leurs pays d’origine,<br />
grâce au retour, peut constituer un frein à la<br />
migration massive. Cette idée défendue par<br />
Mme Kyenge, député socialiste au Parlement<br />
européen, la très dynamique, Vice<br />
– Présidente de l’Assemblée paritaire ACP/<br />
CE, a retenu l’attention. La députée européenne,<br />
par ailleurs, encourage la migration<br />
légale dans le cadre des programmes<br />
bien spécifiques.<br />
Cette rencontre jete les bases d’un partenariat<br />
entre l’Italie et l’Afrique.... Pour<br />
bien fonctionner, ce partenariat a besoin<br />
d’une réelle politique africaine de l’Union<br />
européenne. M. Mario a tenu à le souligner<br />
et que son pays va plaider dans ce sens<br />
au niveau de l’Europe. Au moins quarante<br />
délégations ministérielles ont participé<br />
à ce premier rendez-vous économique<br />
entre l’Italie et l’Afrique. Encore un pas<br />
dans la bonne direction ….<br />
Notre correspondant à Rome<br />
Giovanni Pepito<br />
Qu ‘est ce qui motive cettte course vers<br />
l’Afrique à la quelle, à son tour, l’Italie<br />
vient de s’engager ? On pensera, certes,<br />
à la croissance africaine dont la moyenne<br />
est de (5,5 %, à ses matièrespremières....<br />
Mais avec l’Italie, au-delà de la coopération<br />
classique, ce sera surtout un cadre de<br />
gestion commune des enjeux du moment<br />
: la sécurité, l’environnement et la migration.<br />
C’est ce qu’a dit M. Mario Giro, le<br />
Vice-ministre italien des Affaires étrangères<br />
et de la Coopération internationale.<br />
32 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
europe<br />
Présentation<br />
de l’outil Quidlex devant<br />
les ambassadeurs des pays<br />
membres de l’Ohada<br />
à Bruxelles<br />
Ce 29 février 2016, s’est tenue une réunion<br />
devant les Ambassadeurs des pays<br />
membres de l’Ohada au siège des ACP<br />
à Bruxelles. Présidée par Son Excellence<br />
Roger-Julien Menga, Ambassadeur de<br />
la République du Congo, ladite réunion,<br />
capitale pour l’avancée du droit en Afrique,<br />
a permis à divers intervenants de soulever<br />
des problématiques rencontrées par<br />
les professionnels du droit, et d’y apporter<br />
des solutions. Ainsi, se sont notamment<br />
exprimés Maître Paolo Criscenzo, Directeur<br />
général de la maison d’édition Actualités<br />
du Droit Belge et Monsieur Christophe<br />
Yvetot, Représentant de l’ONUDI auprès<br />
de l’Union européenne à Bruxelles.<br />
Deux volets ont été abordés lors de<br />
ce sommet, accueillant les réflexions<br />
et préoccupations, notamment de Son<br />
Excellence Daniel Evina Abe’e, Ambassadeur<br />
Extraordinaire et Plénipotentiaire<br />
de la République du Cameroun<br />
auprès du Royaume de Belgique et Son<br />
Excellence Charles Borromée Todjinou,<br />
Ambassadeur près les pays du BENELUX<br />
et Représentant permanent du Bénin<br />
auprès des Organisations internationales<br />
basées à Bruxelles et aux Pays-Bas.<br />
Accessibilité de l’information juridique en<br />
droit des affaires<br />
<strong>Le</strong> premier volet portait sur l’accessibilité<br />
de l’information juridique en droit<br />
des affaires dans les pays de l’espace<br />
OHADA.<br />
A cette occasion, Actualités du Droit Belge,<br />
représentée par Maître Criscenzo, avocat<br />
au Barreau de Bruxelles, a présenté<br />
une initiative portant sur l’accessibilité<br />
au droit des affaires en Afrique grâce à de<br />
nouvelles technologies de l’information<br />
juridique qu’elle a développées. Cette<br />
initiative pourrait prochainement être<br />
intégrée à un programme de l’ONUDI<br />
relatif aux investissements en cours de<br />
développement.<br />
Tant l’ONUDI qu’Actualités du Droit Belge<br />
partent en effet du même constat :<br />
les pays de l’espace OHADA font actuellement<br />
face à une difficulté majeure,<br />
à savoir le manque d’information sur<br />
les règles commerciales applicables dans<br />
chaque pays membre. Or, le droit positif<br />
OHADA est un droit vivant, en ce qu’il est<br />
appliqué et interprété quotidiennement<br />
par les cours et tribunaux des différents<br />
pays. Il n’existe toutefois pas, à l’heure<br />
actuelle, d’outils permettant de numériser<br />
et d’utiliser facilement ces décisions de<br />
jurisprudence.<br />
Maître Paolo Criscenzo a alors présenté<br />
un nouvel outil nommé «Quidlex» qui<br />
apporte des solutions à la question de<br />
l’accessibilité au droit des affaires en<br />
Afrique.<br />
Quidlex, en tant qu’outil technologique,<br />
contribue à rendre le droit positif OHADA<br />
accessible, non<br />
seulement aux professionnels du droit, en<br />
ce compris les magistrats et les avocats,<br />
mais également aux investisseurs. Il s’agit<br />
en effet d’un instrument intelligent qui<br />
traite une information juridique de pointe<br />
alimentée par des références de jurisprudence<br />
et de doctrine permettant de<br />
contribuer à la cohérence du droit positif<br />
OHADA. L’ajout du volet «droit comparé»<br />
permet, de plus, de nourrir les réflexions<br />
scientifiques dans la pratique du droit<br />
des affaires au sein des différents pays de<br />
l’espace OHADA.<br />
34 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
Comme l’a, par ailleurs, souligné Christophe<br />
Yvetot, «il est indispensable,<br />
pour favoriser les investissements en<br />
Afrique, que les investisseurs soient<br />
rassurés sur la sécurité juridique offerte<br />
par le pays dans lequel ils souhaitent<br />
investir».<br />
Sécurité, renforcement, cohérence. Autant<br />
de notions que l’outil Quidlex privilégie<br />
afin de répondre aux nombreuses interrogations<br />
posées par les différents intervenants<br />
du droit. Car comment les juges,<br />
pour rendre une décision conforme<br />
à la jurisprudence et à la législation en<br />
la matière, peuvent-ils avoir accès aux<br />
décisions rendues dans les autres pays ?<br />
Comment peuvent-ils prendre pleinement<br />
connaissance de la teneur de ces<br />
décisions, alors qu’elles sont parfois rédigées<br />
d’une manière telle que leur compréhension<br />
n’est pas aisée et alors qu’elles<br />
ne s’inscrivent pas dans une cohérence<br />
jurisprudentielle d’ensemble ?<br />
Quidlex reprend non seulement<br />
les décisions rendues par les juges dans<br />
les différents pays OHADA et appliquant<br />
les instruments législatifs du droit<br />
OHADA, mais comprend également<br />
une analyse desdits jugements et arrêts.<br />
Des recherches par thèmes et par pays<br />
pour faciliter l’accès à l’information sont<br />
aussi possibles.<br />
L’outil Quidlex pourrait utilement<br />
compléter le programme relatif aux<br />
investissements que l’ONUDI est en<br />
train de développer en ce qu’il poursuit<br />
le même objectif de renforcement<br />
des investissements dans plusieurs<br />
régions d’Afrique, des Caraibes et du<br />
Pacifique. Ce renforcement passera nécessairement<br />
par une accessibilité plus<br />
grande à l’information juridique en droit<br />
des affaires dans les pays de l’espace<br />
OHADA, mais pas seulement… Car cet<br />
espace, en constante modernisation,<br />
tend à s’étendre dans les autres pays ACP.<br />
Interopérabilité entre le droit civil et le<br />
droit de la common law<br />
<strong>Le</strong> second volet portait donc sur l’interopérabilité<br />
entre le droit civil et le droit<br />
de la common law en vue de l’établissement<br />
de règles commerciales communes<br />
pour les pays des ACP.<br />
L’outil Quidlex permettra également<br />
d’être l’une des bases, l’une des sources<br />
de réflexion pour l’étude de l’interopérabilité<br />
entre le droit civil et le droit<br />
de la common law pour l’établissement<br />
des règles commerciales communes,<br />
et ce, dans le but d’informer et de rassurer<br />
les investisseurs. Adopter des règles<br />
claires, et par conséquent apporter<br />
une sécurité juridique plus grande, aura<br />
pour effet d’augmenter les investissements<br />
dans les pays de l’espace OHADA,<br />
voire même dans plusieurs pays en même<br />
temps, car la diversité entre les systèmes<br />
juridiques constitue un frein à l’activité<br />
économique dans son ensemble.<br />
<strong>Le</strong> Président du Comité des Ambassadeurs<br />
ACP, Son Excellence Roger-Julien Menga,<br />
soutient fermement ce projet. Quant aux<br />
intervenants, ils ont tous montré un vif intérêt<br />
pour l’outil Quidlex d’Actualités du Droit Belge,<br />
présenté par Maître Paolo Criscenzo.<br />
Il est possible de résumer cette rencontre<br />
en un mot : complémentarité. Il existe<br />
en effet une synergie importante entre<br />
la composante «droits des affaires»<br />
soutenue par Actualités du Droit Belge<br />
et le programme de l’ONUDI dans lequel<br />
ladite composante pourrait s’inscrire.<br />
Ce partenariat entre Actualités du droit<br />
Belge et l’ONUDI poursuit un objectif de<br />
cohérence et vise à éviter les duplications,<br />
le tout dans le but d’améliorer la rationalité<br />
du système actuel et, par voie de<br />
conséquence, le climat des affaires.<br />
Paolo CRISCENZO<br />
Directeur général<br />
Actualités du Droit Belge<br />
Il est indispensable,<br />
pour favoriser<br />
les investissements<br />
en Afrique, que<br />
les investisseurs<br />
soient rassurés sur<br />
la sécurité juridique<br />
offerte par le pays<br />
dans lequel ils<br />
souhaitent investir”<br />
3 ème année N°11 • Bruxelles • Septembre 2016<br />
35
europe<br />
MISSION éCONOMIQUE<br />
BELGE AU MAROC<br />
INTERVIEW<br />
EXCLUSIve<br />
Cécile Jodogne :<br />
‘La stabilité du Maroc,<br />
un facteur sécurisant pour<br />
les investissements belges’<br />
Mme Cécile Jodogne, Secrétaire<br />
d’Etat à la Région de Bruxelles-<br />
Capitale, chargée de Commerce<br />
extérieur, a dernièrement, conduit<br />
une forte délégation composée<br />
des 77 entreprises belges au Maroc.<br />
Une mission économique qui a été<br />
couronnée par la signature d’un<br />
protocole d’accord avec Maroc-Export.<br />
A l’issue de cette mission, Mme<br />
la secrétaire d’Etat a bien accepté de<br />
nous accoder cette interview exclusif.<br />
<strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> magazine : Mme la secrétaire<br />
d’Etat, la mission économique belge arrive<br />
à sa fin. A ce stade, quel bilan pouvez-vous<br />
faire de celle-ci ?<br />
Cécile Jodogne : D’abord, permettez-moi de<br />
parler des objectifs de cette mission. En venant<br />
ici, notre mission avait un objectif des différents<br />
niveaux. Renforcer les liens déjà existants<br />
entre le Maroc et la Belgique au niveau<br />
économique. Il y a ici, au Maroc des entreprises<br />
belges qui sont établies depuis longtemps. Et<br />
certaines participent à cette mission. Elles<br />
ont déjà des contacts avec des partenaires,<br />
des clients marocains et ont, au cours de cette<br />
mission, souhaité les approfondir et les élargir.<br />
Par ailleurs, beaucoup d’entreprises sont<br />
venues cette fois-ci pour découvrir et chercher<br />
des opportunités et des partenaires.<br />
A ce stade, néanmoins, il est difficile d’établir<br />
le bilan de cette importante mission. Il<br />
faut du temps avant de conclure des marchés<br />
et signer des contrats. Mais tous les échos<br />
qui nous parviennent sont positifs. En plus,<br />
il y a l’aspect confidentialité. <strong>Le</strong>s entreprises<br />
n’ont pas encore dévoilé les résultats de leurs<br />
contacts.<br />
Mme Cécile Jodogne<br />
Secrétaire d’Etat à la Région Bruxelloise<br />
Mener une délégation de 77 entreprises<br />
est un beau succès. C’est aussi<br />
36 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
Mme Cécile Jodogne avec le Ministre de l’habitat du Maroc<br />
une démonstration des intérêts des entreprises<br />
belges pour le Maroc, un pays qui<br />
a des projets ambitieux pour le développement<br />
et des attentes. Pendant cette<br />
mission, nous avons contribué à les<br />
rencontrer. C’est pourquoi, partout, où nous<br />
sommes passés, l’accueil a été excellent<br />
et nous avons eu des moments forts.<br />
C’est ainsi que, par exemple, la signature<br />
d’un accord entre Maroc Export et Brussls<br />
Invest&Export a été l’un de ces moments<br />
forts. Il y a eu aussi la rencontre avec le<br />
ministre de l’habitat, M.Nabil Ben Abdellah<br />
avec lequel, j’ai parlé des problèmes liés<br />
à la sécurité, aux projets des constructions.<br />
Et aux grands chantiers. La rencontre avec<br />
le Wali de Tanger et celui de Casablanca<br />
a permis de discuter des projets de développement<br />
concernant ces deux grandes<br />
villes marocianes.<br />
Côté informel, il y a eu des échanges<br />
intéressants entre les chefs d’entreprises<br />
belges et leurs homologues marocains.<br />
C’était alors, à l’accasion d’un déjeuner<br />
au Consulat belge à Casablanca. Un autre<br />
moment de conviviabilité et d’échanges<br />
fut la rencontre au siège de la chambre<br />
de Commerce Belgo-Luxembourgoise,<br />
toujours à Casablanca. Enfin, l’inaugutation<br />
d’une antenne de la chambre de<br />
Commerce de Tanger.<br />
<strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> magazine : Quels étaient<br />
les secteurs économiques les plus importants<br />
qui ont accompagné cette mission ?<br />
<strong>Le</strong>s 77 entreprises belges de cette mission<br />
relevaient de plusieurs secteurs.<br />
concerne l’agro-alimentaire, le secteur<br />
de la construction et des infrastructures.<br />
Nous avions ainsi des bureaux d’ingénierie<br />
et d’architectes. Il y a eu également<br />
des entreprises dans le domaine<br />
de la construction, écoconstruction<br />
et de maintenance des bureaux et de<br />
consultance juridique. Comme on le<br />
sait, les entreprises agro-alimentaires,<br />
d’écoconstruction et des infrastructures<br />
répondent à des différents types<br />
des produits et services. Donc, ces secteurs<br />
d’activités correspondent justement aux<br />
attentes du partenariat maroco-belge.<br />
La signature des contrats entre partenaires<br />
marocains et belges dans ces<br />
secteurs stratégiques peut augmenter le<br />
volume des relations commerciales entre<br />
nos deux pays.<br />
C’est pourquoi, l’idée d’organiser<br />
une mission économique marocaine en<br />
Belgique a été une des pistes qui a été<br />
envisagée. Il s’agira d’inviter en Belgique<br />
des chefs d’entreprises marocains afin<br />
de rencontrer des partenaires chez-nous.<br />
Ainsi, le salon Made in Maroc qui a eu<br />
lieu dernièrement à Bruxelles représente<br />
une vitrine pour le Maroc et peut également<br />
aider à l’augmentation des échanges<br />
économiques avec la Belgique.<br />
<strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> magazine : Comment voyez-vous<br />
le positionnement économique belge au<br />
Maroc ?<br />
<strong>Le</strong> Maroc est un important partenaire. Une<br />
partie de notre population est d’origine<br />
marocaine. <strong>Le</strong>s Belges ont une grande<br />
proximité avec cette communauté établie<br />
en Belgique depuis les accords de migration<br />
des travailleurs marocains, en 1964.<br />
Sur le plan culturel, nous partageons<br />
une langue, le français.<br />
Effectivement, la Belgique veut renforcer<br />
ses liens économiques avec le Maroc...<br />
C’était une mission multisectorielle.<br />
Cependant, quelques secteurs étaient<br />
un peu plus présents. Tout ce qui<br />
Mme Cécile Jodogne<br />
Secrétaire d’Etat à la Région Bruxelloise<br />
3 ème année N°11 • Bruxelles • Septembre 2016<br />
37
europe<br />
Mme Cécile Jodogne<br />
et M. l’Ambassadeur de Belgique au Maroc<br />
La stabilité de ce pays est un facteur sécurisant<br />
des entreprises belges. Aujourd’hui, le<br />
Royaume du Maroc attire beaucoup d’investissements<br />
propres, et devient ainsi<br />
la première place financière en Afrique<br />
devant l’Afrique du Sud. Il est la porte d’entrée<br />
idéale pour le marché africain. A ce<br />
titre, ce pays représente un grand intérêt<br />
pour les entreprises belges. Celles-ci, en<br />
complémentarité avec les sociétés marocaines<br />
peuvent aller prospecter en Afrique<br />
subsaharienne.<br />
On sait, par ailleurs qu’il y a au Maroc un<br />
grand nombre d’entreprises françaises,<br />
voire espagnoles. Cette présence n’est pas<br />
une raison pour nos chefs d’entreprises de<br />
se sentir timides. <strong>Le</strong>s entrepreneurs belges<br />
ont des atouts pour faire valoir auprès<br />
des chefs d’entreprises et autorités marocaines.<br />
Au Maroc, les gens sont vaincus de<br />
la plus value de travailler avec les entreprises<br />
belges. A la différence des autres,<br />
nous avons une attitude de modestie qui<br />
facilite l’adaptabilité et l’écoute, ce qui<br />
constitue une garantie aux besoins de nos<br />
partenaires.<br />
<strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> magazine : Votre mission s’est<br />
déroulée dans trois grandes villes du<br />
Maroc : Rabat, Casablanca et Tanger.<br />
Comment expliquez-vous ce choix ?<br />
Casablanca s’impose déjà comme la capitale<br />
économique. Certaines entreprises<br />
belges y sont installées. Rabat est la capitale<br />
politique du pays. Il était question<br />
de rencontrer les autorités politiques<br />
et discuter avec elles sur certains enjeux<br />
économiques et socio-politiques en<br />
Belgique ou au Maroc. Quant à Tanger,<br />
cette ville portuaire, de grande importance<br />
développe beaucoup de projets de développement<br />
pouvant intéresser les entreprises<br />
belges.<br />
Cette fois-ci, on s’est focalisé sur<br />
les grandes villes. Car c’est au départ de<br />
ces grandes villes, par la suite, que nous<br />
pouvons, avec des entreprises qui ont<br />
développé des contacts positifs, nous<br />
rendre dans d’autres villes.<br />
En plus, rassurez-vous, Celle-ci n’est pas<br />
la dernière mission. Il y en aura d’autres.<br />
Chaque année depuis 2010, nous organisons<br />
une mission dans ce pays. <strong>Le</strong> but de<br />
cette mission était, entre autres de poursuivre<br />
les contacts du mois de septembre.<br />
Souvenez-vous, au mois de septembre<br />
dernier, Brussels Invest & Export a organisé<br />
une mission économique au Maroc.<br />
Elle a été conduite par notre directrice,<br />
Mme Bénédicte Wilders.<br />
La signature de l’accord avec Maroc-Invest&Export<br />
est la suite de la mission de<br />
Brussels Invest & Export. Pour moi, c’était<br />
important et un privilège de visiter le<br />
Maroc au moins une fois sur mon mandat.<br />
Youssef EL Filali<br />
Casablanca<br />
s’impose déjà<br />
comme la capitale<br />
économique.”<br />
38 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
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Forum Afrisanté Cartes Afrique Africa IT & Telecom Forum<br />
Africa Banking Forum Forum Africain des Infrastructures Africa Agri Forum<br />
Forum Postal Africain<br />
www.i-conferences.org<br />
t +212 522 36 95 15 / ywaqif@i-conferences.org
europe<br />
BRUXELLES FRANCOPHONIE<br />
CLUB PRESSE FRANCOPHONE :<br />
un nouvel ordre redonnant<br />
sa place à la langue française<br />
Une initiative recevant le soutien officiel<br />
de la Représentation de la Francophonie<br />
auprès de l’Union Européenne, de l’Ambassade<br />
de France et de la Représentation de<br />
la France auprès de l’Union Européenne, le<br />
cocktail de lancement du Club a eu lieu le<br />
11 février 2016. Il s’est déroulé en présence<br />
du Président de la Commission Européenne<br />
Jean-Claude Juncker, de la Secrétaire Générale<br />
de l’Organisation Internationale de<br />
la Francophonie Michaëlle Jean et des<br />
Ambassadeurs Claude-France Arnould,<br />
Pierre Sellal et Stéphane Lopez.<br />
La programmation et les activités du Club<br />
étant du ressort exclusif des journalistes,<br />
un premier groupe «d’initiateurs du Club<br />
de la Presse Francophone» – ceux qui se<br />
battent depuis longtemps pour le maintien<br />
de l’usage de la langue française<br />
à Bruxelles et qui la parlent avec fierté.<br />
António BUSCARDINI<br />
Editor-in-Chief<br />
Press Club Brussels Europe<br />
Tel.: +32 497 197 101<br />
antonio.buscardini@pressclub.be<br />
MICHAËLLE JEAN,<br />
Secrétaire générale de la Francophonie<br />
<strong>Le</strong>s débats portant sur l’usage de la langue<br />
française dans les instances européennes<br />
sont de plus en plus présents dans<br />
la presse. S’il faut bien convenir que l’élargissement<br />
de l’Union Européenne consacre<br />
une diversité linguistique et culturelle, il<br />
faut également reconnaître la tendance<br />
croissante à la seule publication de textes<br />
officiels uniquement en anglais.<br />
Car il est loin le temps du Congrès de<br />
Vienne où les représentants diplomatiques<br />
des grandes puissances européennes<br />
vainqueurs de Napoléon Ier ainsi<br />
que les autres États européens se réunissaient<br />
pour rédiger et signer les conditions<br />
de la paix, déterminer les frontières,<br />
tenter d’établir un nouvel ordre<br />
pacifique, discuter sur la libre circulation<br />
une programmation originale pour faire<br />
de cette nouvelle structure un espace de<br />
promotion et d’usage de la langue française.<br />
Pour atteindre ses objectifs, le Club<br />
de la Presse Francophone entend solliciter<br />
différents partenaires «fondateurs» privés<br />
et institutionnels.<br />
La programmation<br />
et les activités<br />
du Club étant du<br />
ressort exclusif<br />
des journalistes”<br />
40 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
EUROPE<br />
LES LAURÉATS DU PRIX<br />
SAKHAROV POUR LA<br />
DIPLOMATIE DU MÉGAPHONE<br />
PRIX SAKHAROV<br />
Comment soutenir les défenseurs de<br />
droits de l’homme à l’ère numérique?<br />
Ils étaient neuf, les Lauréats du Prix<br />
Sakharov, pour répondre à cette question.<br />
Vous êtes des véritables héros modernes<br />
parce que vous mettez vos vies et celles<br />
de vos familles en danger. En plus, vous<br />
êtes des modèles pour les jeunes du<br />
monde entier, grâce à la façon dont vous<br />
gérez la peur, leur a dit Cristian Dan<br />
Préda, le député démocrate-chrétien<br />
roumain, à l’introduction de la conférence<br />
organisée par le réseau Sakharov.<br />
A cet égard, un de leurs pairs, le célèbre<br />
mathématicien et physicien Albert Einstein<br />
écrivait : “ le monde est dangereux<br />
à vivre ! Non pas tant à cause de ceux<br />
qui font le mal, mais à cause de ceux qui<br />
regardent faire”. Et il ajoutait : “la vie c’est<br />
comme une bicyclette, il faut avancer pour ne<br />
pas perdre l’équilibre”.<br />
Cristian Dan Préda qui est également<br />
Vice-président de la Sous-Commission<br />
des Droits de l’Homme au Parlement<br />
européen, voit dans cette mobilisation<br />
de ces Lauréats du Prix Sakharov un<br />
signe des plus encourageants pour faire<br />
reculer la barbarie. Lors de cette conférence<br />
organisée par le réseau Sakharov,<br />
chaque Lauréat a partagé ses expériences<br />
sur la défense des droits de l’homme. De<br />
l’avis du Dr Denis Mukwege, lauréat en<br />
2014, la combinaion entre la diplomatie<br />
publique et la diplomatie secréte constitue<br />
un bon coctail dans la défense des droits<br />
de l’homme. <strong>Le</strong>s interventions et prises<br />
de positions publiques de l’Union européenne<br />
par le biais de MM. Schutz, Ganny<br />
Pitella et de Mme Mogherini m’ont permi<br />
de sauver mes malades, a - t- il précisé en<br />
rappelant l’épisode de la menace sur l’Hôpital<br />
de PANZI qui a redonné le sourire<br />
à tant de femmes victimes de viols dans le<br />
contexte de la guerre du coltan dans l’est<br />
de la République Démocratique du Congo<br />
( RDC )....A cause des restrictions financières<br />
injutifiées, notre hôpital allait fermer. Ménacé<br />
physiquement par deux fois, et c’est grâce<br />
à ce type d’interventions que j’ai eu la vie<br />
sauve. L’Union européenne, selon le Dr<br />
congolais, doit faire usage de son pouvoir<br />
économique, en recourant aux sanctions,<br />
à t- il martelé.<br />
<strong>Le</strong> lauréat de la Russie et les membres<br />
de son organisation, ont réçu deux<br />
lettres avec des menaces de mort. Elles<br />
émanaient des autorités de l’Etat.” L’exécution<br />
de ces menaces n’a pas eu lieu tout<br />
simplement parce que ces missives ont été<br />
rendues publiques. Confondues, les mêmes<br />
autorités sont venues vers nous pour dire que<br />
leur message n’avait pas été bien compris,<br />
“a poursuvi Aliaxandr Milichevich.<br />
42 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
Dans ce pays, la nouvelle législation sur<br />
la lutte contre le terrorisme et les agents<br />
étrangers, autorise même des poursuites<br />
judiciaires contre les défenseurs des droits<br />
de l’homme. Aussi, l’Union européenne<br />
ne doit pas se contenter seulement de<br />
la diplomatie secrète. Il faut des résolutions<br />
contraignantes.<br />
… La conscience internationale doit s’exprimer<br />
sur les violations des droits de<br />
l’homme et les crimes contre l’humanité haut<br />
et fort, a estimé le soudanais. Il pense que<br />
la diplomatie du silence a bien des limtes.<br />
Mais dans certaines circonstances, grâce<br />
à l’explosion de l’Internet, l’utilisation efficiante<br />
de réseaux peut améliorer le travail<br />
sur le terrain des défenseurs des droit<br />
de l’homme. Au Soudan, les manifestations,<br />
font partie des moyens de défense<br />
de droits de l’homme. De l’Union européenne<br />
on attend un soutien tant politique<br />
que financier afin de faire face aux<br />
dépenses relatives aux procès, a conclu le<br />
Soudanais.<br />
Martin Schulz, le président du Parlement<br />
européen a clôturé cette conférence avec<br />
des mots qui traduisent l’engagement de<br />
l’Union européenne et qui faisaient chaud<br />
au coeur des lauréats du Prix Sakharov.<br />
Pour rappel, les Lauréats du Prix Sakharov<br />
forment un réseau dont les membres se<br />
soutiennent mutuellement dans leurs activités<br />
et ont choisi de franchir le rubicon de<br />
la solidarité publique.<br />
BACHIRI Radouan<br />
la vie c’est comme<br />
une bicyclette, il faut<br />
avancer pour ne pas<br />
perdre l’équilibre”<br />
Dr. DENIS MUKEWEGE<br />
3 ème année N°11 • Bruxelles • Septembre 2016<br />
43
EUROPE<br />
L’UNION EUROPÉENNE ADOPTE<br />
UNE STRATÉGIE ÉNERGIQUE DANS<br />
LA LUTTE CONTRE LA RADICALISATION<br />
Conformément à ses engagements pris au titre du programme européen en matière<br />
de sécurité, la Commission présente aujourd’hui des mesures supplémentaires visant<br />
à aider les États membres à prévenir et à combattre la radicalisation violente menant<br />
au terrorisme.<br />
La responsabilité de la lutte contre<br />
la radicalisation violente menant au<br />
terrorisme incombe en premier lieu aux<br />
États membres et aux acteurs locaux,<br />
régionaux et nationaux. Toutefois, comme<br />
le terrorisme, la radicalisation ne connaît<br />
pas de frontières, ainsi que l’ont clairement<br />
démontré les événements qui ont conduit<br />
aux attentats de Paris et de Bruxelles.<br />
C’est pourquoi la Commission européenne<br />
présente une série d’initiatives destinées<br />
à soutenir les États membres dans<br />
les efforts qu’ils déploient dans plusieurs<br />
domaines d’action, allant de la promotion<br />
d’une éducation ouverte à tous et de valeurs<br />
communes à la lutte contre la propagande<br />
extrémiste en ligne et la radicalisation en<br />
milieu carcéral.<br />
EXCLURE LES DISCOURS HAINEUX EN<br />
LIGNE<br />
M. Frans Timmermans, premier vice-président<br />
de la Commission, a déclaré à ce<br />
propos: «<strong>Le</strong>s récentes attaques terroristes ont<br />
montré comment certains jeunes Européens<br />
sont tombés dans le piège d’une idéologie<br />
prônant la mort et la destruction, jusqu’à<br />
rompre les liens avec leur famille et leurs<br />
amis et à se retourner contre leur société. Ce<br />
phénomène appelle une réponse déterminée<br />
de la société dans son ensemble afin de prévenir<br />
la radicalisation et de resserrer les liens<br />
qui nous unissent tous. L’UE devrait apporter<br />
son aide là où elle peut le faire.»<br />
La Commission vient de définir une série<br />
d’actions dans sept domaines spécifiques<br />
dans lesquels une coopération au<br />
niveau de l’UE peut apporter une valeur<br />
ajoutée:<br />
• Lutte contre la propagande terroriste<br />
et les discours de haine illégaux<br />
en ligne: collaborer avec le secteur<br />
informatique pour faire cesser la diffusion<br />
de contenus incitant à la violence, soutenir<br />
l’élaboration de contre-discours positifs par<br />
la société civile et développer l’éducation<br />
aux médias afin que les jeunes apprennent<br />
à analyser les informations de façon<br />
critique.<br />
• Lutte contre la radicalisation en milieu<br />
carcéral: échanger des expériences<br />
entre États membres en vue d’élaborer<br />
des lignes directrices sur les mécanismes<br />
et des programmes destinés à prévenir<br />
et à combattre la radicalisation en milieu<br />
carcéral et à favoriser la réadaptation et la<br />
réinsertion.<br />
• Promotion d’une éducation ouverte à tous<br />
et des valeurs communes de l’UE: utiliser<br />
des fonds du programme Erasmus+<br />
pour soutenir des projets favorisant<br />
l’inclusion sociale, nos valeurs communes<br />
et la compréhension interculturelle.<br />
• Promouvoir une société inclusive,<br />
ouverte et résiliente et se mettre à l’écoute<br />
des jeunes: par exemple, la Commission<br />
créera une boîte à outils qui aidera ceux qui<br />
travaillent en contact direct avec les jeunes<br />
à détecter la radicalisation violente et à y<br />
réagir.<br />
• Renforcement de la coopération<br />
internationale: L’UE aidera les pays tiers<br />
confrontés à des défis similaires à lutter<br />
contre la radicalisation par des réponses<br />
respectueuses de l’application des lois<br />
et des droits de l’homme.<br />
• UNE SOCIETE INCLUSIVE, OUVERTE ET<br />
RESILIENTE<br />
• Soutien à la recherche, à la collecte<br />
de données probantes, à des actions de<br />
suivi et aux réseaux: produire des outils<br />
concrets et des analyses des politiques<br />
permettant de mieux comprendre le<br />
processus de radicalisation et pouvant être<br />
utilisés directement par les spécialistes de<br />
la sécurité et les responsables politiques<br />
des États membres, en se fondant également<br />
sur le cadre du centre d’excellence du RSR.<br />
• Accent sur la dimension sécuritaire: la<br />
prévention de la radicalisation exige<br />
également une approche fondamentale<br />
de la sécurité axée sur des mesures visant<br />
à combattre les menaces immédiates et à<br />
plus long terme, telles que des interdictions<br />
de voyage et la criminalisation des séjours<br />
dans un pays tiers à des fins terroristes, ainsi<br />
que la Commission l’a déjà proposé. <strong>Le</strong>s États<br />
membres devraient renforcer le partage<br />
d’informations, exploiter pleinement<br />
les cadres de coopération et les outils<br />
d’information et accroître l’interconnexion<br />
des systèmes d’information.<br />
44 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
La Commission vient<br />
de définir une série<br />
d’actions dans sept<br />
domaines spécifiques<br />
Contexte<br />
À ce jour, quelque 4 000 ressortissants<br />
de l’UE auraient, selon les estimations,<br />
rejoint des organisations terroristes dans<br />
des pays en conflit tels que la Syrie et l’Irak<br />
La plupart des terroristes présumés<br />
impliqués dans les récentes atrocités<br />
terroristes commises dans l’UE étaient<br />
des citoyens européens, nés et élevés dans<br />
nos sociétés. L’UE est en train de durcir son<br />
dispositif de sécurité afin de faire face à ce<br />
problème, en intensifiant les échanges<br />
d’informations entre les bases de données<br />
dans les domaines de la sécurité, du<br />
contrôle aux frontières et de la migration,<br />
et en renforçant Europol et son centre<br />
européen de lutte contre le terrorisme.<br />
L’UE soutient l’action des États membres<br />
dans le domaine de la lutte contre la radicalisation<br />
depuis plus d’une décennie.<br />
L’Union européenne s’est efforcée d’aider<br />
les États membres à offrir une réponse<br />
forte à l’extrémisme violent par une plus<br />
grande coopération dans des domaines<br />
tels que l’éducation et par un renforcement<br />
de la résilience de nos sociétés.Depuis<br />
2005, les efforts mis en œuvre pour combattre<br />
la radicalisation sont guidés par<br />
la stratégie de l’UE visant à lutter contre<br />
la radicalisation et le recrutement de terroristes.<br />
<strong>Le</strong> programme européen en matière de<br />
sécurité, adopté par la Commission le 28<br />
avril 2015, contient les grandes mesures<br />
que propose l’institution pour la période<br />
2015–2020, en vue de permettre à l’UE<br />
de contrer efficacement la menace terroriste<br />
sur son sol et les autres menaces<br />
pour sa sécurité. Dans le prolongement<br />
du réseau européen de sensibilisation<br />
à la radicalisation (RSR), la Commission a<br />
également lancé, le 1eroctobre 2015, un<br />
centre d’excellence associé à ce réseau. La<br />
Commission a organisé, en octobre 2015,<br />
une réunion de haut niveau à laquelle<br />
ont participé les ministres de la justice<br />
afin de débattre de la réponse pénale<br />
à la radicalisation, débat qui a débouché<br />
sur des Communication sur la lutte<br />
contre la radicalisation appelant à un<br />
échange de bonnes pratiques en matière<br />
de déradicalisation dans les prisons et de<br />
programmes de réhabilitation ainsi qu’au<br />
soutien de la formation de tous les acteurs<br />
et à de nouveaux financements. À la suite<br />
des attentats de Paris et de Copenhague,<br />
la Commission et les ministres de l’éducation<br />
ont signé, le 17 mars 2015, la «déclaration<br />
de Paris» sur la promotion de<br />
l’éducation à la citoyenneté et aux valeurs<br />
communes.<br />
3 ème année N°11 • Bruxelles • Septembre 2016<br />
45
EUROPE<br />
LES MINERAIS DU SANG<br />
LES MINERAIS DES ZONES EN CONFLIT<br />
INTERDITS DANS LE MARCHé EUROPéEN<br />
Après des négociations longues et difficiles, le<br />
Parlement européen, le Conseil et la Commission<br />
ont réalisé un accord politique au sujet<br />
d’un règlement qui exclut du marché de l’UE<br />
les minerais des zones en conflit.<br />
En effet, les citoyens européens étaient<br />
les complices inconscients des entreprises<br />
qui profitent de l’extraction des minerais<br />
dans les zones en conflit. Ces compagnies<br />
y exploitent des populations affaiblies,<br />
et l’argent est utilisé pour alimenter la violence.<br />
<strong>Le</strong>s minéraux en question sont mis en œuvre<br />
dans les appareils électroniques que nous<br />
utilisons quotidiennement, comme les téléphones<br />
mobiles, les tablettes, les télévisions<br />
et les ordinateurs.<br />
L’Est de la République Démocratique du Congo<br />
( RDC ) étant devenu le lieu d’une véritable ruée<br />
au prix d’une terrible catastrophe humanitaire.<br />
<strong>Le</strong>s négociateurs du Groupe Socialiste<br />
et Démocratique européen ont joué un<br />
rôle crucial dans la réalisation d’un accord<br />
ambitieux. Celui-ci prévoit l’instauration d’un<br />
système obligatoire applicable aux importateurs<br />
de minerais et de métaux désignés par<br />
le sigle «3TG» (étain, tantale, tungstène et or).<br />
L’Europe a gagné une bataille pour la justice<br />
«L’entêtement, l’engagement et la force avec<br />
lesquels le Groupe S&D a défendu ses valeurs<br />
ont permis à l’Europe de gagner une bataille<br />
pour la justice», a déclaré Gianni Pittella,<br />
président du Groupe S&D. Toutefois,<br />
ce an’est pas la victoire finale. Même si nous<br />
avons porté un coup dur aux milices qui<br />
massacrent et violent femmes et enfants dans<br />
de nombreuses régions du monde et dans<br />
l’Est de la RDC en particulier, afin d’exploiter<br />
les minerais dits des zones en conflit : l’étain,<br />
le tungstène, le tantale et l’or. La situation de<br />
Far West actuelle touche à sa fin. À présent,<br />
les citoyens européens doivent prendre<br />
conscience du fait que leur tablette, leur GSM<br />
ou leur PC sont probablement produits à partir<br />
de minerais entachés de sang innocent.»<br />
«Nous avons visité la RDC, il y a un an.<br />
Nous avons constaté de nos propres yeux<br />
l’exploitation brutale des enfants et la violence<br />
à l’égard des femmes. Depuis, nous menons<br />
une bataille éthique, au Parlement européen<br />
d’abord, dans les négociations avec le Conseil<br />
de l’UE ensuite. Car le problème des minerais<br />
des zones en conflit n’est pas et ne peut pas<br />
être considéré comme une pure question<br />
commerciale.»<br />
«Dans ce contexte, ce ne sera une surprise<br />
pour personne si, suite à notre demande,<br />
la semaine prochaine le Parlement européen<br />
adopte une résolution sur la violence dans l’Est<br />
du Congo, et en particulier autour du village de<br />
Beni. En effet, les minerais des zones en conflit<br />
sont une des causes fondamentales de cette<br />
violence, que nous espérons éradiquer. Notre<br />
engagement a démontré que l’attachement<br />
de l’Union européenne aux droits de l’homme<br />
et à la dignité humaine va bien au-delà<br />
des déclarations creuses et des intérêts<br />
financiers.»<br />
Un pas importnat vers la responsabilisation<br />
des compagnies européennes<br />
Selon Mme Marie Arena, eurodéputée<br />
et porte-parole S&D pour les minerais<br />
des zones en conflit, au début de la négociation,<br />
la Commission et le Conseil rejetaient<br />
totalement l’idée d’une quelconque obligation<br />
de respect. Ce n’est que la pression du Parlement<br />
européen, conduit par les S&D, qui a<br />
permis de réaliser une percée en la matière.<br />
À présent, les compagnies seront obligées<br />
d’analyser les risques potentiels qu’implique<br />
l’origine des minerais qu’elles commercialisent,<br />
a ajouté Marie Arena.<br />
Il s’agit d’un premier pas très important<br />
a poursui l’eurodéputée vers la responsabilisation<br />
des compagnies européennes<br />
et de toute la chaîne de production. Nous<br />
avons réussi à introduire des exigences<br />
obligatoires de vigilance appropriée et de<br />
transparence, applicables aux entreprises<br />
depuis la mine jusqu’au point de fonte<br />
des produits couverts par la législation<br />
concernant les minerais, et applicables aussi<br />
aux importateurs de métaux provenant de ces<br />
minerais.<br />
Enfin Mme Marie Arena a conclu en ces termes :<br />
«Nous voulions aller plus loin, et nous le ferons.<br />
En effet, cet accord n’est pas juste une façade.<br />
Nous avons fermement insisté sur la présence<br />
d’une clause de révision, afin de pouvoir inclure<br />
les entreprises qui produisent les composants<br />
ainsi que celles qui commercialisent les produits<br />
finaux (l’aval). La Commission européenne<br />
commencera par instaurer un système volontaire<br />
applicable à ces entreprises. Toutefois, au cas où<br />
ce système ne fonctionnait pas, une législation<br />
plus contraignante sera mise en place. Notre<br />
combat continue – même si nous avons franchi<br />
une étape cruciale dans la lutte pour casser le<br />
cercle vicieux.»<br />
<strong>Le</strong> Groupe Socialiste et Démocrate européen<br />
a ainsi gagné une bataille historique dans<br />
la guerre du coltan ou de la justice et la paix<br />
dans le commerce des minerais des zones en<br />
conflit. C’est avec raison que M. Pittella a pu<br />
dire : «les jours du Far West sont comptés».<br />
46 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
InitiaT-eve<br />
Jamila Larbitin:<br />
success story<br />
d’une femme<br />
du Rif<br />
Jamila Iarbitin<br />
Jamila Iaerbitin, est le portrait de la jeune<br />
femme Marocaine de la ville de Tétouan,<br />
cette jeune Riféne s’est faite une grande<br />
place au Maroc et s’est fait très vite solliciter<br />
par la société civile à l’échelle nationale<br />
pour son militantisme et son patriotisme et<br />
devient le modèle de la femme marocaine<br />
entre authenticité et modernité.<br />
Mariée maman de 4 enfants, Jamila est<br />
aussi carde au ministère de la santé, son<br />
histoire est considérée comme étant une «<br />
true success story » sur le plan personnel<br />
et professionnel, très difficile à concilier de<br />
nos jours.<br />
Jamila, dont le nom en arable signifiant<br />
«belle» n’est que le synonyme de ses<br />
qualités humaines, a milité pendant toute<br />
une vie pour la sensibilisation des citoyens<br />
sur les enjeux de l’égalité entre les Hommes<br />
et les Femmes dans tous les milieux, rural<br />
en particulier cette dame de cœur qui est<br />
membre de la Fondation Mohammed V<br />
pour la Solidarité et a également favorisé<br />
les échanges interculturels en créant des<br />
occasions de rapprochement des femmes<br />
en situations difficiles, ce n’est pas tout,<br />
Jamila encourage toutes les femmes qui<br />
s’investissent de façon remarquable pour<br />
le développement économique, social;<br />
politique et culturel sur la région du nord<br />
grâce à son réseau à l’échelle internationale;<br />
elle contribue d’une manière efficace et<br />
efficiente à Mettre en valeur les projets des<br />
femmes Marocaines et donne la chance à<br />
la relève féminine de se produire et de se<br />
faire valoir.
CULTURE<br />
ENSEIGNEMENT : Cheikh<br />
ANTA DIOP, REHABILITE<br />
PAR L’ENSEIGNEMENT<br />
Bruxelles, un après-midi de printemps assez doux, deux journalistes du <strong>Relais</strong><br />
magazine, sont reçus par deux diplomates sénégalais. L’entretien tourne autour<br />
de la décision du Sénégal d’enseigner à l’école Cheikh-Anta Diop. Passionné mais<br />
de haut niveau la discussion se déroule au 2ième étage de l’Ambassade, dans<br />
une atmosphère studieuse grâce a l’accent très pédagogique des diplomates<br />
sénégalais, MM. Khare DIOUF et Paul Benoît SARR, respectivement Ministre-<br />
Conseiller et Premier-Conseiller.<br />
Cheick Anta Diop, matière d’enseignement?<br />
Pas de doute, répondent en choeur<br />
les deux diplomates, c’est officiel. Dernièrement,<br />
le gouvernement du Sénégal, pays<br />
dont Cheick Anta Diop est originaire, a<br />
pris une option dans ce sens. Enseigner<br />
la pensée de cet illustre savant africain<br />
à l’école, est l’aboutissement des requêtes<br />
émanant des milieux scolaires, universitaires<br />
à travers le Sénégal, a affirmé M. Khare<br />
DIOUF.<br />
C’est l’expression populaire dépassant<br />
les limites géographiques, culturelles,<br />
politiques sénégalaises. N’en déplaise<br />
à ses détracteurs, l’œuvre immense et<br />
éminemment scientifique de Cheikh Anta<br />
Diop, embrassant beaucoup de disciplines<br />
fait partie du patrimoine de toute l’Afrique,<br />
voire du monde. <strong>Le</strong> président Macky Sall,<br />
pour sa part, a saisi la ballon au bon.<br />
Selon notre interlocuteur : ‘l’e président<br />
ambitionne d’intégrer la volonté des gens<br />
dans une vision politique émancipative et<br />
éducative’.<br />
Depuis l’annonce, la société sénégalaise<br />
est mise en mouvement. ça bouge de tous<br />
les côtés : colloques, séminaires sur la<br />
vie et l’œuvre de Cheick Anta Diop, sont<br />
animés à travers le pays.<br />
Une importante avancée dans le domaine<br />
de l’enseignement, c’est ainsi que cette<br />
initiative est perçue par les Sénégalais de<br />
tout bord. Aussi une commission transversale<br />
a-t-elle été mise sur pied. Son objectif<br />
est d’étudier les aspects techniques, pédagogiques<br />
afin d’en dégager des modalités<br />
pratiques. Cela avec le concours des<br />
ministères de l’Education et de la Culture.<br />
Car il faut un programme adapté à chaque<br />
niveau, dès la maternelle à l’université.<br />
Forcément, des manuels scolaires doivent<br />
être également élaborés. Des cellules<br />
pédagogiques sont pour là ces tâches.<br />
Sans oublier, la formation des enseignants<br />
qui devrait être organisée à court et long<br />
terme.<br />
N’est - il pas trop tard de recourir aux<br />
idées de Cheikh, surtout dans le domaine<br />
de l’enseignement ? Nullement. C’est une<br />
nécessité d’illuminer les enjeux politiques,<br />
économiques aux quels les Etats africains<br />
sont confrontés d’autant que la pensée<br />
du savant touche plusieurs domaines du<br />
développement : énérgie, environnement<br />
et infrastructures, gestion des ressources,<br />
culture..., a souligné cette fois-ci Paul<br />
Benoît SARRE.<br />
Cette réhabilitation via l’enseignement est<br />
une plus-value pour le Sénégal et pourquoi<br />
pas le reste de l’Afrique en quête du<br />
développement.<br />
Sandra Ndongala<br />
Cheikh ANTA DIOP<br />
La société sénégalaise<br />
est mise en<br />
mouvement. ça bouge<br />
de tous les côtés :<br />
colloques, séminaires<br />
sur la vie et l’œuvre de<br />
Cheick Anta Diop, sont<br />
animés à travers le<br />
pays.”<br />
48 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
CULTURE<br />
<strong>Le</strong> Musée Royal de l’Afrique<br />
Centrale renaît en pariant<br />
sur la civilisation africaine<br />
«La Belgique apporte la civilisation au<br />
Congo» tels sont les écrits du panneau qui<br />
vous accueille à l’entrée du Musée royal<br />
de l’Afrique centrale, unique institution<br />
internationale en son genre pour rappeler<br />
les propos de l’époque avant le soleil<br />
des indépendances. Aujourd’hui, après la<br />
décolonisation cette expression est bien<br />
entendu inappropriée. Ce que révèlent les<br />
œuvres représentées au MRAC . Car elles<br />
proviennent toutes de l’Afrique et non de la<br />
Belgique et sont de véritables œuvres de<br />
civilisation. Ces œuvres magnifiques n’ont<br />
pas non plus été réalisés sous l’influence<br />
belge. Aucun Belge n’a participé à leur<br />
réalisation. C’est le fruit du génie propre<br />
des peuples du Congo et c’est la culture<br />
congolaise s’exportant en Belgique Sous<br />
le titre : «La Culture ancêstrale congolaise<br />
en dialogue avec la Belgique». Car le Belge<br />
qui y vient en repart avec dans sa tête des<br />
secrets livrés par l ‘Afrique mystérieuse.<br />
<strong>Le</strong> Musée a longtemps été reconnu comme<br />
l’un des plus beaux et des plus impressionants<br />
musées consacrés à l’Afrique dans<br />
le monde. Mais aussi comme le dernier<br />
musée démontrant la grandeur et la décadence<br />
d’un empire colonial.<br />
Puis fin 2013, le musée a fermé ses portes<br />
pour une longue période de rénovation. Sa<br />
réouverture étant prévue pour 2017 après<br />
des travaux colossaux. <strong>Le</strong> Musée Royal<br />
de L’Afrique Centrale (MRAC) ouvrant une<br />
nouvelle page après son brillant passé.<br />
Son objectif étant de mieux intégrer l’Afrique<br />
actuelle aux collections amassées<br />
pendant la colonisation. Son pari étant de<br />
garantir une place pour une réelle participation<br />
des Africains pour une nouvelle<br />
légitimité. Pour ce faire, le Musée travaille<br />
depuis 2004 avec la diaspora africaine<br />
via le (Comité de concertation Diaspora<br />
– Musée Royal de l’Afrique Centrale<br />
(COMRAF), organe créé à cette fin. <strong>Le</strong> passé<br />
ayant besoin d’un regard neuf, et souvent<br />
même croisé. Interculturel.<br />
50 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
<strong>Le</strong> succès de cette<br />
exposition conduit<br />
à l’établissement<br />
du Musée Royal de<br />
l’Afrique Centrale.”<br />
Grandeur et décadence d’un empire colonial.<br />
Au XIXe siècle, en Europe c’est l’essor des<br />
empires coloniaux. La Belgique n’y déroge<br />
pas. Elle est une grande puissance coloniale<br />
au sommet de sa gloire principalement<br />
grâce à l’Etat Indépendant du Congo.<br />
A cette époque, l’idée de promouvoir l’édification<br />
de l’empire colonial en plein essor<br />
apparaît en parallèle dans plusieurs pays<br />
européens.<br />
<strong>Le</strong>s exhibitions d’objets rares provenant<br />
des colonies, les spectacles zoologiques<br />
mettant en scène des populations<br />
exotiques sont de plus en plus fréquents.<br />
C’est en 1910, à l’initiative de Léopold II et<br />
par sa volonté de démontrer la grandeur<br />
de son Empire auprès de la population<br />
nationale, métropolitaine que le «Musée<br />
du Congo belge» a été inauguré.<br />
En effet, en 1897, lors de l’exposition universelle<br />
en Belgique, se déroule au Palais<br />
des Colonies, une exposition coloniale.<br />
Elle présente des objets ethnographiques,<br />
des animaux empaillés et divers produits<br />
comme le tabac, le café ou le cacao.<br />
Dans le parc, un village congolais est<br />
reproduit. <strong>Le</strong> zoo humain. 267 Congolais<br />
y ont sont exposés comme des animaux<br />
sauvages et ont vécu pendant toute la<br />
période de l’exposition, habillés de leurs<br />
tenues tropicales malgré la baisse de<br />
température, reproduisant les scènes africaines<br />
de la vie quotidienne. Il y a eu des<br />
morts parmi eux. Aujourd’hui à Tervuren il<br />
y a 7 tombes de ces Congolais morts de<br />
froid et enterrés d’abord dans des fosses<br />
communes.<br />
<strong>Le</strong> film de Francis Dujardin “ Boma -<br />
Tervuren, le voyage “ raconte ce voyage<br />
de quatre mois qu’effectuèrent les 267<br />
Congolais, enlevés de leurs villages et<br />
arrachés à leurs clans par une équipe de<br />
médecins belges afin d’être ainsi exhibés.<br />
<strong>Le</strong> succès de cette exposition conduit à<br />
l’établissement du Musée Royal de l’Afrique<br />
Centrale.<br />
Si le monarque, décédé en décembre 1909,<br />
n’a pas vu l’inauguration de son musée,<br />
tout, dans ce palais, aux allures d’un petit<br />
Versailles, démontre sa volonté de rivaliser<br />
avec les grandes puissances européennes.<br />
<strong>Le</strong>s travaux ont d’ailleurs été payés par la<br />
Fondation de la Couronne, qui exploitait<br />
le domaine privé royal en Afrique centrale,<br />
donc par l’argent congolais.<br />
À partir de 1910, tous les objets issus du<br />
Congo- belge qui n’étaient pas affectés à<br />
une autre institution devaient automatique<br />
revenir au musée de Tervuren. Ainsi,<br />
le musée a acquis énormément d’objets.<br />
La genèse du Musée Royale de l’Afrique<br />
Centrale (MRAC)<br />
A la fin du XIXe siècle, à partir des assises<br />
de Berlin de 1884-1885, la Belgique est<br />
reconnue puissance coloniale en Europe<br />
parmi les autres nations. Elle se déploie<br />
donc en Afrique sous le label de l’Etat<br />
Indépendant du Congo. En 1910, le «Musée<br />
du Congo belge» est inauguré dans ce contexte<br />
et constitue une institution vouée à<br />
3 ème année N°11 • Bruxelles • Septembre 2016<br />
51
CULTURE<br />
MUSEE AFRICAIN<br />
la propagande coloniale auprès de la population<br />
nationale. <strong>Le</strong> projet scientifique est<br />
ici doublé d’une vocation propagandiste et<br />
l’objectif général, assigné par Léopold II<br />
lui-même, est de concourir «à l’éducation<br />
coloniale de ses compatriotes»<br />
Voilà cependant qu’en décembre 1955,<br />
après le voyage du Roi Baudoin 1er au<br />
Congo, le Professeur Jeef VAN BILSEN a<br />
lancé l’idée d’un «plan de 30 ans», qui a<br />
mis en mouvement la réflexion politique<br />
et intellectuelle à l’origine de l’Indépendance<br />
.<br />
Tandis que l’Exposition Universelle de<br />
Bruxelles de 1958 a démytifié la Belgique<br />
aux yeux des leaders nationalistes congolais<br />
tandis qu’en Belgique l’idée d’un autre<br />
rapport avec le Congo en cours de décolonisation<br />
a fait son chemin …<br />
En 1960, le Musée se «décolonise» ! Il devient<br />
le «Musée Royal de l’Afrique Centrale»<br />
(MRAC) ; mais ce changement de nom ne<br />
se traduit pas par une transformation de<br />
son orientation muséographique. <strong>Le</strong> MRAC<br />
reste comme figé dans le passé et la<br />
présentation de ses collections témoigne<br />
de la permanence de son regard colonial<br />
sur l’Afrique.<br />
Il faudra attendre près de 50 ans, un contexte<br />
politique favorable, une opinion publique<br />
de plus en plus critique, pour que le<br />
MRAC envisage timidement sa Rénovation,<br />
ou mieux, sa «véritable décolonisation».<br />
L’objectif est de forger une nouvelle image<br />
du musée auprès d’une opinion publique<br />
plus jeune, devenue plus exigeante et critique<br />
sur la vision véhiculée par l’Institution.<br />
L’époque est à la protection et à la promotion<br />
de la diversité des expressions culturelles,<br />
reconnue comme source de créativité et d’innovation<br />
et force d’inclusion sociale et de<br />
participation.<br />
Cette démarche s’inscrit dans une dynamique<br />
plus globale qui vise, tant au<br />
niveau de la Belgique que de l’Europe,<br />
à intégrer la diversité des sociétés contemporaines<br />
en tant qu’enjeu de démocratie<br />
inclusive<br />
L’impérieuse nécessité de la Rénovation, de<br />
la «décolonisation» du Musée s’impose à la<br />
Direction et à sa tutelle, comme une urgence<br />
pour d’une part, répondre aux exigences<br />
d’une société belge, jeune, enrichie<br />
par sa diversité et sa multi-culturalité, sans<br />
référence avec la vision et le passé colonial,<br />
et d’autre part pour assurer la pérennité<br />
de l’Institution.<br />
La Rénovation du MRAC<br />
C’est dans ce contexte que le processus de<br />
Rénovation est lancé et l’expo «ExitCongo-<br />
Museum» (2000-2001), marque la volonté de<br />
rupture avec l’image d’une Institution vouée<br />
à glorifier un passé colonial révolu et controversé.<br />
<strong>Le</strong> Plan Stratégique, lancé en 2001, annonce<br />
l’ambition ! Il s’agit de faire du<br />
MRAC, un musée dynamique, contemporain<br />
et orienté vers la société ; un «centre<br />
mondial pour la diffusion de la recherche<br />
et de la connaissance du passé, du présent<br />
des sociétés et des environnements naturels<br />
de l’Afrique, et en particulier l’Afrique Centrale<br />
(...).<br />
La rénovation implique une profonde réforme<br />
de l’institution, bâtie sur les cendres<br />
des Administrations Coloniales. Pour faire du<br />
MRAC, ce lieu de mémoire, cette plate-forme<br />
dynamique de rencontre et de dialogue<br />
des visiteurs de générations et de cultures<br />
différentes, compris ceux issus des communautés<br />
d’origine de son «patrimoine», la participation<br />
de tous est requise. (…).<br />
Et le MRAC veut se démarquer ! Il fait de<br />
«la participation des diasporas d’Afrique<br />
Centrale», son originalité, sa marque de<br />
fabrique, la singularité de son processus de<br />
rénovation par rapport aux autres musées<br />
ethnographiques européens. 1 Cette démarche<br />
inédite suscite l’intérêt d’autres<br />
Instituions belges figées dans leur conservatisme<br />
et d’autres Musées coloniaux<br />
des pays Européens qui doivent aussi entamer<br />
la relecture de leur passé colonial.<br />
LE COMRAF<br />
<strong>Le</strong> Comité de Concertation du MRAC avec<br />
les Associations Africaines est l’instrument<br />
de mise en œuvre de l’objectif fixé.<br />
52 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
Si le pari est réussi, le MRAC deviendra un<br />
modèle de référence en ce qui concerne<br />
la reconversion des anciens Musées Coloniaux<br />
Européens en Musées modernes<br />
capables de refléter la diversité et le multiculturalisme<br />
des sociétés européennes<br />
actuelles.<br />
Billy Kalonji, l’actuel président du COMRAF<br />
relate le contexte dans lequel le processus<br />
de Rénovation a été réellement lancé.<br />
Naissance et évolution du COMRAF<br />
Collaborations ponctuelles<br />
Il existe des liens étroits de partenariat<br />
entre le Musée et l’Afrique, à travers<br />
des projets de coopération et de recherche,<br />
des programmes de formation et d’échanges<br />
ou des collaborations ponctuelles. Mais<br />
jusqu’au début des années 2000 les Africains<br />
n’avaient pas été impliqués directement<br />
dans le développement des stratégies<br />
et de programmes engageant le<br />
futur de l’institution. La collaboration<br />
structurelle avec les diasporas africaines a<br />
clairement été exprimée pour la première<br />
fois dans le Master Plan du Directeur, Guido<br />
Gryseels.<br />
Participation active et constante<br />
<strong>Le</strong>s Africains et les diasporas africaines<br />
de Belgique sont ainsi invités à jouer un<br />
rôle-clé dans le processus de rénovation<br />
globale de l’institution. <strong>Le</strong> MRAC étant le<br />
lieu par excellence de la représentation<br />
de l’Afrique, il est légitime d’accorder aux<br />
Africains d’origine le droit et la possibilité<br />
d’exprimer leur avis sur la manière dont le<br />
Musée les représente<br />
C’est donc au début de l’année 2000,que<br />
la (Afrikaans Plateform) Plateforme regroupant<br />
plusieurs associations d’Afrique<br />
subsaharienne de diverses origines linguistiques<br />
au travers de sa commission socio<br />
culturelle avait contacté d’une part le<br />
MRAC avec un souhait de s’impliquer dans<br />
le changement d’approche,de présentation,<br />
de représentation qu’avaient et qu’ont encore<br />
à ce jour les institutions en Belgique<br />
sur l’Afrique et pour la promotion des cultures<br />
africaines d’autre part quelques associations<br />
africaines ou non telle que l’association<br />
MOJA, BECAME etc..…Afin de bâtir<br />
des collaborations entre les diasporas africaines<br />
et les grandes institutions belges<br />
liées à l’Afrique.<br />
La pression des débats politiques, des différentes<br />
polémiques autour du musée sur<br />
son passé colonial, les diverses parutions<br />
sur <strong>Le</strong>opold II, la commission «Lumumba»,<br />
les dénonciations des actes de barbaries<br />
(les mains coupées), l’arrivé d’un nouveau<br />
Directeur au Musée Royal de l’Afrique Centrale<br />
sont quelques faits qui ont décidé<br />
le musée à ouvrir ses portes à un petit<br />
groupe d’Africains pour un début de réflexion.<br />
Dans la foulée, en 2003 le directeur du<br />
musée organise un week-end de réflexion<br />
et associe ce groupe d’africains dont<br />
l’actuel président du COMRAF : monsieur<br />
Billy Kalonji pour discuter des grandes<br />
lignes directives d’un master plan par<br />
rapport à la rénovation du musée.<br />
En 2004, le 17 novembre après que le<br />
musée ait invité plusieurs associations<br />
africaines de Belgique, naît officiellement<br />
le COMRAF. C’est la constitution du<br />
COMRAF 1.<br />
Beaucoup africains ont été et sont<br />
encore hostiles à l’initiative et d’autres<br />
qualifiaient et qualifient encore de traîtres<br />
les participants africains au projet. L’idée<br />
d’une collaboration avec une institution<br />
rappelant de manière assez frappante le<br />
tort causé aux africains a été mal perçu par<br />
une frange de la diaspora.<br />
Certains auraient plutôt préféré la mise<br />
en place d’une procédure de restitution<br />
pure et simple, le retour de biens issus<br />
à majorité du pillage des colons belges.<br />
Organe mixte<br />
La spécificité du COMRAF est d’être un<br />
organe mixte où l’on trouve 5 représentants<br />
du musée choisi par le directeur, 1 groupe<br />
élu (10) par le monde associatif africain<br />
des 3 régions (Wallonie, Bruxelles<br />
et Flandre), 3 personnes ressources non<br />
forcément liées au monde associatif et une<br />
secrétaire administrative. 19 membres au<br />
total constituent le bureau qui chapeaute<br />
une assemblée générale.<br />
Au début le COMRAF était un organe<br />
purement consultatif lié au directeur<br />
qui était libre d’apprécier ou non<br />
les propositions et réflexions. Son rôle a<br />
évolué. En 2008 le COMRAF 2 a succédé<br />
au 1. Suite au bilan de son prédécesseur,<br />
il a souhaité être plus influent dans<br />
les décisions du musée.<br />
Il a justifié sa revendication en se basant<br />
sur le constat que le COMRAF 1 avait peu<br />
influencé les décisions de la direction.<br />
<strong>Le</strong> COMRAF 2 a ainsi réclamé plus<br />
d’engagement de la part du musée. Il est<br />
passé donc d’un rôle consultatif à un rôle<br />
de concertation. Il a exigé à être consolidé<br />
et à exister d’une manière plus officielle<br />
et plus légale.<br />
À cette fin, une charte et un P.P.A (plan pluri<br />
annuel de 5 ans) ont été rédigé pour consolider<br />
ses actions.<br />
<strong>Le</strong>s membres étant des bénévoles, ces deniers<br />
ont réclamé un personnel. À la fin du<br />
COMRAF 2 une secrétaire administrative a<br />
été engagée.<br />
Cet engagement a permis la réalisation<br />
des tâches administratives et à plus de visibilité<br />
pour l’organe dans le musée.<br />
<strong>Le</strong> COMRAF s’inscrit donc dans le cadre<br />
de cette transformation que le MRAC<br />
veut accomplir en étroite collaboration<br />
avec les Diasporas d’Afrique Centrale, ce<br />
que traduit le Directeur général, Guido<br />
GRYSEELS par la proclamation : «l’histoire de<br />
l’institution et de ses collections appartient<br />
autant à la mémoire des Belges qu’à celles<br />
des populations d’Afrique centrale et leurs<br />
diasporas.»<br />
<strong>Le</strong>s Africains et les<br />
diasporas africaines de<br />
Belgique sont ainsi<br />
invités à jouer un rôleclé<br />
dans le processus<br />
de rénovation globale<br />
de l’institution.”’<br />
3 ème année N°11 • Bruxelles • Septembre 2016<br />
53
SPORTS<br />
SPORTS<br />
FELLAINI FILS A L’IMAGE DE<br />
FELLAINI PèRE<br />
ABDELLATIF FELLAINI,<br />
gardien de but du RAJA Casablanca en 1970<br />
‘Il n’ya qu’un père qui n’envie pas à son fils<br />
la supériorité du talent’, a dit le romancier<br />
allemand, Johann Wolfgang Von Goethe.<br />
C’est l’état d’esprit, on peut le deviner de<br />
Abdellatif Fellaini Alias Tifou pour les<br />
intimes, lorsque de sa tribune, il voyait<br />
Marouane jouer les matches de l’Euro<br />
2016, en France. Ancien chauffeur de bus<br />
à Bruxelles, Abdellatif Fellaini n’a, peutêtre,<br />
pas, en football autant de talent<br />
que Fellaini, son fils. Mais une chose est,<br />
pour autant, certaine : Fellaini -fils est<br />
à l’image de Fellaini -père.<br />
Voici comment il parle des débuts de son<br />
fils : ‘J’ai commencé à l’entrainer à l’âge de<br />
trois ans, au pied de l’Atomium. A 7 ans, j’ai<br />
voulu l’inscrire à Anderlecht; mais, ils n’ont<br />
pas voulu. J’ai dû supplier, il a été accepté et a<br />
signé sa licence. Ils ont découvert qu’il était<br />
endurant, rapide et savait jouer parfaitement<br />
avec ses deux jambes’.<br />
<strong>Le</strong>s qualités dont il a hérité de moi.<br />
Qui se souvient, par contre, des débuts<br />
sportifs de Fellaini-père ? Peut-être ses<br />
potes encore vivants : Houman, Petit<br />
Omar, Benene Said. C’est à Tanger, et il<br />
était encore élève à Don Morla, Institut<br />
espagnol, que Fellaini-père a entamé sa<br />
carrière de footballeur comme gardien.<br />
Et le restera jusqu’à la fin. Encore en<br />
activité aujourd’hui, l’école est juste<br />
devant la Mosquée Hassan II de Tanger.<br />
A l’époque, le jeune Abdellatif Fellaini<br />
est parmi les seuls 3 élèves marocains de<br />
l’école. Tous les autres sont Espagnols ou<br />
Portugais. Son équipe évoluait alors en<br />
troisième division.<br />
Plus de 20 ans plutard, Fellaini-fils se<br />
trouvait dans la même situation, sauf<br />
54 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
<strong>Le</strong>s FELLAINIs, père et fils<br />
que le père était chez lui, au Maroc. En<br />
1987, à Mons puis à Charleroi, il était un<br />
des rares jeunes joueurs étrangers brillants<br />
dans ces équipes. Pour en arriver<br />
là, son père a dû faire un sacré sacrifice<br />
matériel. Démuni et incapable ainsi d’assumer<br />
l’encadrement sportif de son fils,<br />
Fallaini-père n’a pas hésité un seul instant<br />
à vendre sa seule maison. Comment as-tu<br />
pris un tel risque pour un jeune enfant ?<br />
J’avais une grande foi aux talents de mon<br />
fils, répond fièrement Tifou. Quelqu’un a<br />
dit, poursuit-il : la jeunesse d’un fils est le<br />
vrai bien d’un père.<br />
Retour au Maroc. En 1970, Blagoje Vidinic<br />
débarque de la Yougslavie au Maroc avec<br />
la mission de conduire l’équipe nationale<br />
au Mexique, pays organisateur de la coupe<br />
du monde. Quatre ans après, en 1974, le<br />
même Vidinic réussira à faire qualifier<br />
le Zaire à la phase finale de la coupe du<br />
monde en Allemagne.<br />
<strong>Le</strong> Maroc est sportivement divisé en quatre<br />
parties : le nord, le sud, l’est et l’ouest.<br />
A Rabat, un tournoi est organisé afin<br />
d’arrêter une sélection nationale. A l’issue<br />
du tournoi, les exploits du jeunes gardien<br />
de Tanger ne laissent pas indifférentes<br />
les équipes marocaines. Même s’il n’a pas<br />
été séléctionné. Consolation, j’ai été acheté<br />
par le Raja de Casablanca, dit Tifou tout<br />
en souriant. <strong>Le</strong> gardien Abdellatef jouera<br />
une saison dans cette équipe et autant<br />
quelques temps après à Hassania d’Agadir.<br />
Ce qu’il ne savait pas ce que 34 ans après<br />
comme une sorte de vangeance, le fiston<br />
jouera la coupe du monde en 2014 avec<br />
l’équipe nationale belge, les Diables<br />
Rouges. Déjà, Marouane Fellaini vit en<br />
Belgique depuis 1972.<br />
Aussitôt arrivé en Belgique, le sportif<br />
marocain intègre l’équipe de 2ième division,<br />
savoir Malines-Boom. Mais sa carrière<br />
sportive commence à battre l’aile. Pourquoi<br />
? La fédération du Maroc a refusé de<br />
me donner un certificat de sortie pour jouer<br />
à l’étanger. Je suis resté 2 ans sans taper<br />
sur le ballon et j’ai commencé à jouer dans<br />
des équipes de promotion, notamment Uccle<br />
sport, Eclair de Louvain et Dairing. Il a porté<br />
le maillot de l’Etoile du Maroc, une équipe<br />
des ressortissants du Royaume de Maroc<br />
à Bruxelles, de 1978 à 1980, avant d’arrêter<br />
difinitivement.<br />
Fellaini fils, avec bonheur, poursuit sa carrière<br />
à l’étranger. En Angleterre, le milieu<br />
de terrain de Manchester United brille de<br />
mille feux. Auparavant, en 2008, il a reçu le<br />
Soulier d’Ebène qui récompense le meilleur<br />
joueur africain.<br />
Toujours en sport, mais dans l’encadrement<br />
de la jeunesse, Fellaini s’active. Il<br />
aide financierement et en équipement<br />
d’athlétisme plus 750 enfants issus des<br />
mileiux divers, à Fès (le Club athlétique de<br />
Fès Wifak). Il s’investit énormément dans<br />
l’humanitaire: n’est-il pas parrain de CAP<br />
48, association de la RTBF qui vient en<br />
aide aux personnes handicapées ? Fellaini-Marouane<br />
est aussi un des parrains de<br />
la Fondation Little Dreams qui a comme<br />
objectif de permettre aux jeunes talents<br />
handicapés ou non de réaliser leurs rêves<br />
dans les domaines sportifs et artistques.<br />
3 ème année N°11 • Bruxelles • Septembre 2016<br />
55
SPORTS<br />
Ses activités, il les mène avec discrétion et<br />
désintérssement. Abdellattif fellaini n’attend<br />
rien en retour tant au plan politique<br />
qu’économique. Une sorte d’apostolat.<br />
Felliani fils doit être heureux. Comme disait<br />
Jean François Ducis : heureux les fils qui<br />
ont dans leurs pères un modèle. Oui fellaini-père,<br />
par son parcours de vie exceptionnel<br />
et ses talents sportifs est un exemple<br />
parfait pour son fils.<br />
Jean BOOLE<br />
Marouane Fellaini,<br />
coupe de la Reine<br />
d’Angleterre<br />
Marouane Fellaini,<br />
exemple de<br />
l’immigration réussie<br />
à suivre...”<br />
56 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
SPORTS<br />
MOHAMED ALI<br />
A la mémoire<br />
DE MOHAMED ALI<br />
Pour les poètes de cette Afrique qu’il<br />
découvre à l’occasion de ses voyages<br />
au Ghana de NKRUMAH, au ZAIRE de<br />
«l’Authenticité Africaine» sous le Maréchal<br />
MOBUTU et l’AFRIQUE DU SUD, du<br />
Président Nelson Mendela, Mohamed Ali<br />
n’est pas mort et le poète Birago Diop<br />
persiste : «Ceux qui sont morts ne sont<br />
jamais partis Ils sont dans l’ombre qui<br />
s’éclaire et dans l’ombre qui s’épaissit,<br />
<strong>Le</strong>s morts ne sont pas sous la terre Ils<br />
sont dans l’arbre qui frémit, Ils sont dans<br />
le bois qui gémit, Ils sont dans l’eau qui<br />
coule, Ils sont dans la case, Ils sont dans<br />
la foule «<strong>Le</strong>s morts ne sont pas mort» <strong>Le</strong><br />
fils de Cassius Marcellus Clay Senior et de<br />
Mama Odessa, «le boxeur poète» n’est pas<br />
mort. Il livre tout simplement son nouveau<br />
combat ….<br />
De Cassius CLAY à Mohamed Ali : son tout<br />
premier combat, une prise de conscience …<br />
De Cassius à Ali<br />
Tout à apprendre de Mohamed Ali<br />
Ceux qui sont morts<br />
ne sont jamais partis<br />
Ils sont dans l’ombre<br />
qui s’éclaire et dans<br />
l’ombre qui s’épaissit”<br />
58 <strong>Le</strong> <strong>Relais</strong> • Magazine du Partenariat Afrique • Europe • Maghreb
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