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Bruxelles,<br />

le nouveau phare<br />

qui attire tous<br />

les jeunes talents<br />

page 22<br />

LE RELAIS<br />

3ème année N°12 - Décembre 2016 - Bruxelles MAGAZINE DU PARTENARIAT AFRIQUE - EUROPE - MAGHREB<br />

«CONGO,<br />

IL EST TEMPS<br />

D’AGIR !»<br />

INTERVIEW DE GIANNI PITTELLA<br />

Président du groupe<br />

des Socialistes Européens<br />

page 6<br />

Zone Euro 3 € - Maroc 15 DH - US Dollar 3,5 $<br />

page 14<br />

Détournement de l’aide<br />

humanitaire par l’Algérie<br />

Le réquisitoire de Me Rodrigues<br />

L’AMBASSADEUR DU BURUNDI<br />

À BRUXELLES ACCUSE LE RWANDA<br />

DE DÉSTABILISER SON PAYS<br />

page 26


Sommaire<br />

Europe<br />

6. Le groupe socialiste européen place l'Afrique<br />

au centre de son action. Interview avec Gianni Pittella.<br />

10. Mise en place d'un grand partenariat stratégique<br />

Union européenne – Afrique.<br />

12. Le Parlement européen a sorti son Plan Marshall<br />

pour soutenir l'économie tunisienne.<br />

Sahara<br />

14. L'Algérie de nouveau au centre des critiques<br />

devant les Nations unies. En cause : un lourd<br />

dossier de détournement de l'aide humanitaire.<br />

Maroc<br />

16. La divine artiste peintre Nadia Chellaoui<br />

nommée ambassadrice !<br />

18. Pas à pas, le Royaume du Maroc se replace<br />

au centre de l'échiquier politique mondial.<br />

20. 18e édition du Crans Montana Homeland &<br />

Global Security Forum<br />

Bruxelles<br />

22. La capitale européenne est devenue<br />

LE pôle d'attraction des talents internationaux.<br />

Afrique<br />

26. L'ambassadeur du Burundi, en place à<br />

Bruxelles, pointe du doigt le rôle du Rwanda<br />

dans la crise de son pays.<br />

28. L'Afrique centrale face au défi démocratique.<br />

Les progrès sont cosntants mais encore trop lents.<br />

32. Afrique du Sud, le président Zuma évite<br />

de justesse la démission.<br />

34. Nigeria et les conséquences dramatiques de<br />

l'exploitation aveugle de son or noir par<br />

des compagnies étrangères.<br />

Culture<br />

36. Grâce à la mobilisation internationale,<br />

Tombouctou renaît de ses cendres.<br />

38. Kimpa Vita, une déesse oubliée<br />

mais immortelle.


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EDITÉ PAR<br />

African Press in Europa<br />

Siège social<br />

6, rue Au Bois, Woluwé-Saint-Pïerre<br />

1150, Bruxelles BELGIQUE<br />

N° d’entreprise SS/352 107 845<br />

Fondateur<br />

Jean BOOLE<br />

Président du Conseil<br />

d’administration<br />

Youssef El Filali<br />

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Directeur de la publication<br />

Ivan Boole<br />

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REDACTION<br />

Rédacteur en chef<br />

Jean Boole<br />

Rédacteur en chef adjointe<br />

Jeanne Lemba<br />

Secrétaire de la rédaction<br />

Ivan Boole<br />

CORRESPONDANTS-RESPONSABLES<br />

Directrice Région MENA<br />

Kaoutar Fal<br />

CEO Fal’s consulting<br />

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Afrique centrale<br />

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Kinshasa-RD -Congo<br />

France<br />

Jeanne Lemba, C/iCAARC, Maison des<br />

Habitants Le Patio Boîte n°5, Galérie de<br />

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Brugge - Belgique<br />

ISSN : 2295-7723<br />

EDITO<br />

Après le Brexit, quel avenir pour l’Union européenne<br />

et ses partenaires ?<br />

C’est l’heure des incertitudes, après la sortie du Royaume Uni<br />

de l’Union Européenne. La rentrée politique de Bruxelles est<br />

particulière. Ils étaient 28 pays, ils ne sont plus que 27 désormais,<br />

à penser, à réfléchir et à décider d’un avenir qui s’annonce<br />

délicat, au sein de ce bloc mûrement construit au lendemain de<br />

la Seconde Guerre mondiale, pour la promotion des valeurs de<br />

paix , de sécurité et de prospérité économique.<br />

Le refus catégorique des Britanniques de rester au sein de l’UE,<br />

dans laquelle ils sont entrés en janvier 1973, marque une date<br />

capitale dans l’histoire de l’Europe. Il a plongé dans la stupeur les<br />

dirigeants non seulement européens mais aussi des autres Etats<br />

révélant ainsi un malaise longtemps tu. Une crise latente profonde<br />

à laquelle « de bonne ou de mauvaise foi », on ne voulait pas donner d’importance.<br />

En effet si le Brexit anglais est l’expression de la belle idée de la démocratie, il est le<br />

résultat manifeste d’une fracture sociale engendrée par le mal être de l’individu. Ce mal<br />

être qui a fini par gagner insidieusement toute une communauté de petites gens, des<br />

laissés pour compte, une société de plus en plus pauvre dans un pays de riches.<br />

Le Brexit est une transparence parfaite d’une crise des valeurs et des croyances qui<br />

animent l’homme dans sa quintessence. Par conséquent, il est le rejet de l’autre. Le refus<br />

de continuer à cohabiter avec l’autre, cet étranger qui pénètre et prend « notre place<br />

naturelle ». Les anglais n’en veulent plus. C’est de l’amertume : un ras-le bol !<br />

Le non-Anglais met l’accent sur les maux actuels qui secouent le continent européen<br />

confronté à des défis majeurs, notamment les flux migratoires et le terrorisme.<br />

Il serait déplacé d’affirmer ou de confirmer que c’est de la xénophobie toute bête, c’est<br />

bien au delà. Mais dans un climat de crise économique et identitaire culturelle, il s’agirait<br />

plus tôt d’une appréhension de l’à venir/avenir , d’un appel à résorber tous ces flux migratoires<br />

provenant en particulier des voisins des pays de l’Est auxquels l’Union à ouvert<br />

la porte à l’adhésion et autres pays confrontés à des guerres civiles.<br />

Dans cette transparence de contestations du vivre ensemble, et de revendications qui<br />

se sont exprimées à travers les résultats du référendum de juin dernier, quel avenir pour<br />

l’Union, quel impact dans ses rapports avec les partenaires privilégiés?<br />

Au lendemain, des quelques 52 % des suffrages exprimés en faveur de la sortie des<br />

Britanniques, l’Union européenne est sous le choc. Historique, ce scrutin la marquera<br />

durablement. Il ouvre une brèche. Et, telle une plaie, il la fragilise, dans la mesure où<br />

d’autres pays pourront être tentés de suivre la voie anglaise.<br />

«C’est un coup porté à l’Europe, un coup porté au processus d’unification européenne »,<br />

comme l’a si bien déclaré la chancelière allemande, Angela Merkel.<br />

Un coup qui aura ses effets sur la politique européenne future ne serait ce que sur le<br />

plan de la stabilité économique, un coup qui aura aussi ses effets sur les politiques européennes<br />

migratoires futures.<br />

Déjà les opinions s’expriment. « L’Europe ne doit plus intervenir partout, tout le temps »,<br />

selon les propos du Premier ministre français au lendemain du 23 juin dernier.<br />

Un coup qui impactera l’Afrique ? Je ne crois pas. Loin mais bien loin du joug colonial,<br />

l’Afrique est aujourd’hui un continent à part entière où se développe et foisonne une<br />

coopération Sud-Sud probante.<br />

L’Afrique n’est plus celle des idées reçues. Face à l’échec des politiques de développement<br />

importées et imposées, elle prend aujourd’hui son devenir en main. Comptant sur<br />

ses propres forces et ses richesses naturelles, elle a pris conscience des effets positifs<br />

d’un modèle de développement durable qui répondrait beaucoup mieux à ses propres<br />

besoins.<br />

L’Afrique est aujourd’hui dans la coopération Sud-Sud. L’ambition serait de poser demain,<br />

les jalons d’une coopération Sud-Nord complémentaire.<br />

Une incidence sur le Maghreb ? Non plus. La politique européenne de voisinage est ancrée<br />

et chaque fois développée avec les différents pays maghrébins. Le but pour ses trois<br />

ensembles est de relever les nouveaux défis du XXIe siècle.<br />

Chacun de nous sait que l’Europe a une histoire commune avec l’Afrique et le Maghreb.<br />

Leurs liens sont solides, tissés, indéfectibles, il faut seulement puiser dans le bons sens<br />

et la maturité, au-delà des pronostics sur l’après Brexit, pour continuer à œuvrer ensemble<br />

et affronter les grands enjeux mondiaux de notre époque.<br />

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Président


EUROPE<br />

Entretien avec J. BOOLE<br />

LE GROUPE SOCIALISTE EUROPÉEN<br />

PLACE L’AFRIQUE<br />

AU CENTRE DE SON ACTION<br />

Depuis que M. Pittella est à la tête du Groupe socialiste,<br />

l’Afrique occupe le centre de l’action des<br />

socialistes européens. La semaine africaine instituée<br />

au Parlement européen, par exemple, Dernièrement,<br />

des acteurs africains : les représentants de la<br />

société africaine, du secteurs privés et autres avaient été invités<br />

au Parlement européen afin d’échanger entre eux et puis avec des<br />

parlementaires européens des expériences et préoccupations sur<br />

le développement du continent. Les socialistes européens, en plus<br />

de cette initiative, ont déjà effectué deux dans missions dans l’est<br />

de la RDC. La dernière en date a eu lieu en septembre dernier.<br />

Elena Valenciano a été l’envoyée spéciale du Président du groupe<br />

SD au parlement européen, Gianni Pittella.<br />

Voici le contexte de cette mission. Depuis Octobre 2014, la situation<br />

sécuritaire dans le Nord-Kivu, et notamment sur les territoires<br />

de Beni, Lubero et Butembo n’a cessé d’empirer. Plus de 1200 personnes<br />

ont été sauvagement assassinées, des milliers ont disparus,<br />

des dizaines des milliers de femmes, d’enfants et d’hommes ont<br />

été victimes d’abus sexuelles et des centaines de milliers viennent<br />

s’ajouter aux millions de personnes déplacées dans leur propres<br />

pays suite au début des conflits armés à l’Est de la RDC.<br />

Ces actions ont été attribuées par le gouvernement et la MO-<br />

NUSCO à l’Allied Democratic Forces, un groupement armé Ougandais.<br />

Pourtant, la société civile conteste leur seule responsabilité,<br />

dans une région qui reste dominé par des dizaines de groupements<br />

armés qui survivraient grâce à l’exploitation des ressources<br />

naturelles et des liens ambigus avec le gouvernement de la RDC<br />

mais aussi des pays voisins, ainsi que des multinationales étrangères.<br />

Alerté par l’indifférence de la communauté internationale et le silence<br />

des médias, le Parlement Européen a adopté le 23 Juin 2016<br />

une Résolution sur les massacres à l’Est de la RDC afin de mettre<br />

la lumière sur les événements tragiques mais aussi de lister des<br />

potentiels éléments de réponse à une crise qui pourrait non seulement<br />

perdurer à s’empirer mais aussi à s’étendre sur la région<br />

et au-delà.<br />

À l’origine de cette initiative, le Président du Groupe S&D Gianni<br />

Pittella a demandé à Elena Valenciano, Présidente de la Commission<br />

des Droits de l’Homme, de se rendre sur place afin de rencontrer<br />

les acteurs dans la région et établir à son retour un plan d’action<br />

autour des recommandations émises dans la Résolution.<br />

Gianni Pittella, président du<br />

groupe des Socialistes et Démocrates<br />

au Parlement européen<br />

exprime sa vive inquiétude sur la<br />

situation politique en République Démocratique<br />

de Congo. Il se prononce<br />

pour des sanctions ciblées envers les<br />

responsables du blocage du processus<br />

électoral et de la répression de<br />

la contestation contre le maintien du<br />

Président Joseph Kabila au pouvoir à<br />

l’issue de son second mandat. L’Union<br />

européenne, précise-t-il, ne doit pas<br />

se laisser faire comme ce fut le cas<br />

au Burundi. Elle doit agir dès maintenant<br />

avec des sanctions ciblées et une<br />

redirection de l’aide. Entretien avec J.<br />

BOOLE<br />

Le Relais : La situation politique<br />

congolaise actuelle, à votre avis,<br />

justifie- t-elle des sanctions à l’encontre<br />

des autorités ?<br />

Gianni Pittella : La République<br />

Démocratique de<br />

Congo est devenue une<br />

bombe à retardement, et il est<br />

temps d’agir face à la menace<br />

d’une guerre civile qui se profile.<br />

Il faut agir dans l’immédiat<br />

pour éviter des nouveaux<br />

massacres. C’est pour cette<br />

raison que j’invite Federica<br />

Mogherini, Haut Représentante<br />

de l’Union pour les Affaires<br />

étrangères et la Politique<br />

de sécurité d’utiliser tous les<br />

moyens disposés y compris<br />

des sanctions individuelles,<br />

pour faire pression sur le Président<br />

Kabila. Car Contrairement,<br />

à la Constitution du pays<br />

et malgré les pressions internationales,<br />

M. Kabila s’agrippe<br />

au pouvoir et répond par la<br />

violence. Nous référons ainsi,<br />

en particulier aux Accords de<br />

Cotonou, qui régissent les relations<br />

entre l’UE et les États<br />

ACP (Afrique, Caraïbes et<br />

Pacifique) et qui prévoient de<br />

telles actions.<br />

Le Relais : La violence<br />

dont vous parlez en RDC<br />

et que votre Groupe au<br />

Parlement européen combat, d’où<br />

tire-t-elle ses origines ?<br />

Les minerais des zones en conflit sont<br />

une des causes fondamentales de cette<br />

violence, que nous espérons éradiquer.<br />

Interview de<br />

Gianni Pittella pour<br />

une nouvelle et<br />

ambitieuse politique<br />

de l’UE vers l’Afrique<br />

Notre engagement a démontré que l’attachement<br />

de l’Union européenne aux<br />

droits de l’homme et à la dignité humaine<br />

va bien au-delà des déclarations<br />

creuses et des intérêts financiers. Après<br />

des négociations longues et difficiles, le<br />

Parlement européen, le Conseil et<br />

la Commission ont réalisé un accord<br />

politique au sujet d’un règlement<br />

qui exclut du marché de l’UE<br />

les minerais des zones en conflit. Je<br />

tiens à saluer cette évolution positive<br />

qui est une avancée significative.<br />

L’entêtement, l’engagement et la<br />

force avec lesquels le Groupe S&D<br />

a défendu ses valeurs ont permis à<br />

P 6 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016 Le Relais - N°12 - Décembre 2016 - P 7


EUROPE<br />

COMMUNIQUÉ<br />

la tunisie<br />

EN BLEU<br />

ET GREEN<br />

l’Europe de gagner une bataille pour la<br />

justice. Une avancée obtenue grâce à la<br />

détermination des socialistes européens.<br />

Toutefois, ce n’est pas la victoire finale.<br />

Même si nous avons porté un coup dur<br />

aux milices qui massacrent et violent<br />

femmes et enfants dans de nombreuses<br />

régions du monde et dans l’Est de la<br />

RDC en particulier, afin d’exploiter<br />

les minerais dits des zones en conflit :<br />

l’étain, le tungstène, le tantale et l’or. La<br />

situation de Far West actuelle touche à<br />

sa fin. À présent, les citoyens européens<br />

doivent prendre conscience du fait que<br />

leur tablette, leur GSM ou leur PC sont<br />

probablement produits à partir de minerais<br />

entachés de sang innocent.<br />

Le Relais : Pensez-vous qu’il y a<br />

un espoir ? Cette lutte contre les<br />

causes de ces violences et l’exploitation<br />

de l’Afrique n’est-elle pas<br />

perdue d’avance ?<br />

On peut considérer que, contrairement<br />

à la conception traditionnelle de<br />

l’Afrique synonyme d’absence d’espoir,<br />

de pauvreté et d’instabilité politique, «<br />

il est temps de mettre en œuvre une<br />

approche positive et constructive » à<br />

l’égard de l’Afrique et de ses populations.<br />

C’est pourquoi, je demande une<br />

nouvelle et ambitieuse politique de l’UE<br />

vers l’Afrique. Il y a lieu de souligner ici<br />

que l’Afrique et l’Europe sont liées par<br />

l’histoire et « par des intérêts et des<br />

valeurs partagés » que sont le respect<br />

des droits l’homme, la liberté, l’égalité, la<br />

solidarité, la prospérité et la justice. La<br />

nécessité de « définir de nouveaux types<br />

de relations avec l’Afrique s’impose.<br />

P 8 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016<br />

LES PRINCIPALES<br />

RECOMMANDATIONS<br />

DE LA MISSION<br />

La situation à l’Est ne peut trouver une solution qu’avec une stabilité<br />

politique et une coopération régionale de confiance avec le Rwanda et<br />

Uganda. Nous demandons que l’enquête réalisée par le nouveau panel du<br />

Groupe d’Experts soit renforcée, soutenue et transparente afin d’identifier<br />

les responsables des groupes armés et les connections entre les différentes<br />

factions, l’armée et le gouvernement.<br />

La société civile doit être renforcée et la liberté et protection d’agir de ses<br />

acteurs doivent être garantie à tout égard. Sur la situation politique<br />

Nous souhaitons que le dialogue soit rénové, véritablement inclusif et<br />

qu’une date d’élections présidentielles soit fixée au plus vite et avant toute<br />

chose.<br />

· L’UE doit engager le dialogue politique prévu à l’article 8 et considérer<br />

l’éventualité d’activer l’article 96, afin d’envisager des sanctions, tel que le<br />

font les Etats-Unis, et la redirection de l’aide (notamment du secteur de la<br />

justice).<br />

· Les États Membres doivent bilatéralement prendre des mesures envers<br />

leurs binationaux qui ont des responsabilités au sein des autorités de RDC.<br />

· La communauté internationale doit être ferme dans son refus de lier<br />

un rétablissement de la stabilité à l’Est du Pays avec un maintien du<br />

gouvernement en place.<br />

Dès le retour de la mission, les actions de suivi doivent se multiplier afin de<br />

maintenir l’attention sur la situation dans le pays et la région et trouver une<br />

solution par le jeu de tous les partenaires. Il est clair que le conflit à l’Est<br />

de la RDC est un conflit oublié qui lentement se transforme en monstre<br />

aux tentacules sans cesse plus nombreuses. La situation politique instable se<br />

nourrit aussi de ce conflit tout en garantissant le statu quo.<br />

Outre une discussion immédiate en séance plénière du Parlement Européen,<br />

le Groupe S&D s’engage à relayer bilatéralement ses recommandations<br />

auprès du Président du Parlement Européen Martin Schulz, de la<br />

Haute Représentante aux Affaires Étrangères Federica Mogherini, des<br />

Commissaire à l’aide humanitaire Christos Stylianides et à la Coopération<br />

au Développement Neven Mimica et des représentants des États Membres.<br />

Une démarche auprès des Nations Unies et une saisine de la Cour Pénale<br />

Internationale est aussi à envisager et sera discuté avec le Service d’Action<br />

Extérieure de l’Union Européenne.<br />

Enfin, il est crucial de continuer à coordonner l’action avec la société civile,<br />

aussi bien en RDC que celle active auprès des Institutions. Aucune initiative<br />

prise par l’Union Européenne ne saurait être effective si elle ne se repose<br />

pas sur l’information et le retour de la société civile.<br />

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Ça glisse sur les flots<br />

Au moindre souffle, les voiles sont de<br />

sortie. En particulier celles des kitesurfs,<br />

qui virevoltent dans les airs. Balayée par<br />

des vents réguliers toute l’année et bordée<br />

par une superbe lagune, l’île de Djerba<br />

est devenue l’un des spots phare des<br />

champions de la discipline et des amateurs<br />

de sensations fortes ! Le site est réputé<br />

pour ses conditions optimales permettant<br />

de s’envoler au-dessus des vagues et tenter<br />

des figures spectaculaires. Plusieurs écoles<br />

accueillent aussi les débutants, impatients<br />

de goûter aux plaisirs de la glisse. Alors,<br />

on profite des vacances pour se lancer !<br />

Ça swingue sur le green<br />

Après la plage, on peut s’adonner aux joies<br />

du golf. Entre Gammarth, Hammamet<br />

et Tozeur, une dizaine de terrains font le<br />

bonheur des adeptes de gazon et de clubs.<br />

Implantés dans des paysages à couper le<br />

souffle, les tracés sont jalonnés de points<br />

de vue superbes sur la mer Méditerranée<br />

et la nature environnante. La balade reste<br />

toutefois bien sportive. Pour preuve, la<br />

qualité des parcours internationaux conçus<br />

et adaptés pour les meilleurs golfeurs et<br />

golfeuses, mais aussi pour les amateurs qui<br />

toute l’année peuvent pratiquer leur sport<br />

favori. Les hébergements alentour sont<br />

tout aussi prestigieux. Plutôt plaisant !<br />

3 spots de plongée<br />

Le plus grand récif corallien de<br />

Méditerranée se trouve en Tunisie.<br />

- Au large de Tabarka, sur la côte nord,<br />

on chausse des palmes et on s’équipe<br />

d’un tuba et d’un masque pour admirer<br />

des mérous noirs, gorgones multicolores,<br />

poulpes, murènes, rascasses, anémones<br />

de mer et spirographes, et explorer le<br />

site de Tunnel Reef, qui éblouit par ses<br />

fonds rocheux, ses grottes, ses arches<br />

et ses passages étroits.<br />

- Le Cap Bon, sur les sites de Nabeul,<br />

et Hammamet, fascine avec ses épaves<br />

de bateaux de la Seconde Guerre<br />

mondiale.<br />

- L’archipel de La Galite abrite<br />

des espèces rares d’algues et de<br />

coraux, ainsi qu’une superbe colonie<br />

de phoques moines.<br />

*Tunisie, source d’inspiration<br />

© Propriété de l’Office National du Tourisme<br />

Tunisien (ONTT)<br />

*


EUROPE<br />

Partenariat stratégique<br />

Union européenne - Afrique<br />

La non-utilisation des fonds du Fed par les<br />

pays africains : un manque à gagner<br />

Avec l’inscription de deux principes fondamentaux<br />

sur lesquels doivent reposer les<br />

relations entre les pays membres de l’Union<br />

européenne (UE) et les Etats d’Afrique, des<br />

Caraïbes et du Pacifique (ACP), l’adoption<br />

de l’Accord de Cotonou, en 2000, a suscité<br />

beaucoup d’attentes des citoyens européens<br />

et ACP. Celui-ci introduit en effet<br />

l’égalité des partenaires et l’appropriation<br />

des stratégies de développement, ainsi que<br />

la participation de la société civile comme<br />

fondements des relations UE-ACP. Le<br />

Fonds européen de développement (FED),<br />

principal instrument d’aide de l’UE envers<br />

les pays ACP géré par la Commission européenne,<br />

devrait donc être programmé et mis<br />

en œuvre de façon à respecter ces principes<br />

fondamentaux.<br />

Le rapport REPAOC-Coordination SUD<br />

sur le 10ème FED démontre pourtant qu’il<br />

n’en est rien. Les principes fondamentaux<br />

de Cotonou restent peu concrétisés sur le<br />

terrain. Les modalités de programmation du<br />

FED ne per- mettent pas d’améliorer l’« appropriation<br />

» démocratique des stratégies de<br />

lutte contre la pauvreté, de même qu’elles<br />

ne contribuent que très faiblement à la participation<br />

citoyenne dans la définition, la<br />

mise en œuvre et l’évaluation des politiques<br />

publiques de développe- ment et des stratégies<br />

de coopération de la Commission.<br />

La programmation du 10ème FED a été<br />

fortement contestée par les organisations<br />

de la société civile (OSC) des pays ACP<br />

et d’Europe, ainsi que par les parlements.<br />

Etant souvent écartés des discussions, OSC<br />

et parlements ont fréquemment perçu ce<br />

processus de programmation comme un<br />

moyen d’imposer les priorités économiques<br />

et géostratégiques des Européens, au détriment<br />

des réels besoins des populations les<br />

plus pauvres.<br />

Dans ce contexte, la révision à mi-parcours<br />

du 10ème FED, qui s’est déroulé en 2010,<br />

revêt une importance accrue. Après la phase<br />

initiale de programmation, elle a en effet<br />

permis d’analyser l’impact de la coopération<br />

au développement de la Communauté<br />

et a conduit à des modifications de la stratégie<br />

de coopération, du montant de l’enveloppe<br />

allouée ou de l’allocation des fonds.<br />

Un nouveau cadre pour le dialogue en matière de gouvernance<br />

En l’espace de quelques années, la gouvernance a pris une<br />

ampleur considérable dans la coopération au développement<br />

européenne. A l’occasion de la programmation du 10 ème<br />

FED, la Commission a mis en place un nouveau cadre pour<br />

le dialogue en matière de gouvernance. Celui-ci repose sur<br />

l’élaboration, par la Commission, d’un profil de gouvernance<br />

de l’Etat ACP, auquel ce dernier doit répondre par l’adoption<br />

d’un plan d’action. En fonction de l’appréciation portée par la<br />

Commission sur les mesures contenues dans ce plan d’action,<br />

une tranche incitative gouvernance est débloquée. Elle peut<br />

représenter jusqu’à 35% de l’enveloppe initialement accordée<br />

au pays sur le 10 ème FED.<br />

Ce nouveau cadre, à partir duquel la Commission envisage<br />

d’enrichir le dialogue politique tel que défini par l’Accord de<br />

Cotonou, est largement déséquilibré. Il repose en effet sur un<br />

diagnostic unilatéral de la gouvernance des Etats ACP,<br />

caractérisé de plus par une très grande opacité. Les profils<br />

de gouvernance sont, pour certains pays, confidentiels, et les<br />

différentes parties prenantes aux questions de gouvernance sont<br />

généralement exclues du processus d’élaboration des profils.<br />

Ceux-ci ne permettent à aucun processus de dialogue de se<br />

mettre en place, le gouvernement ACP étant tenu de proposer<br />

des mesures de réformes en réponse au diagnostic établi par la<br />

seule Commission.<br />

Le profil de gouvernance couvre neuf séries de critères, allant du<br />

respect des droits humains et de l’Etat de droit à des questions de<br />

politiques économiques, sécuritaires ou migratoires fortement<br />

liées aux priorités domestiques européennes. L’accès à un<br />

tiers des fonds de l’enveloppe nationale est donc, à travers le<br />

mécanisme de la tranche incitative gouvernance, conditionné<br />

au respect des demandes européennes, notamment en<br />

matière de politiques économiques, migratoires ou encore<br />

de lutte contre le terrorisme. La définition de ces critères n’a<br />

fait l’objet d’aucun débat large, pas même en Europe.<br />

Le fait que les critères incluent tant le respect des droits<br />

humains et l’Etat de droit que des priorités purement<br />

européennes telles que la libéralisation, les migrations ou le<br />

terrorisme porte atteinte à la crédibilité de l’UE en matière<br />

de dialogue politique.<br />

Une participation très faible et un dialogue<br />

déséquilibré<br />

Le débat démocratique autour de la programmation<br />

du 10ème FED est particulièrement<br />

restreint. A l’échelle nationale, la<br />

programmation du 10ème FED s’est traduite<br />

par un dialogue faible avec les institutions<br />

publiques et les OSC des Etats<br />

ACP. Le dialogue avec le gouverne- ment<br />

reste en effet fortement centralisé sur l’ordonnateur<br />

national, principal interlocuteur<br />

de la délégation de la Commission. Ceci<br />

a pour conséquence d’écarter des négociations<br />

les autres membres du gouvernement<br />

et les administrations des ministères. La<br />

programmation de l’aide européenne ne<br />

constitue pas une occasion de débat au sein<br />

du gouvernement et des administrations<br />

sur leurs attentes.<br />

La programmation<br />

régionale est, quant<br />

à elle, fortement déconnectée<br />

de l’échelon<br />

national, tant au<br />

niveau des délégations<br />

de la Commission<br />

que des administrations<br />

nationales.<br />

La circulation de<br />

l’information est très<br />

faible. Les mécanismes<br />

de redevabilité<br />

entre l’échelle régionale<br />

et nationale restent à trouver, afin<br />

de garantir la pleine participation des administrations<br />

nationales à la construction<br />

et la transparence du processus d’intégration<br />

régionale, en accord avec les attentes<br />

des citoyens.<br />

Les parlements nationaux ACP font partie<br />

des grands exclus du processus de programmation,<br />

n’étant appelés à se prononcer<br />

ni dans le cadre des négociations, ni<br />

pour valider le document final signé avec<br />

la Commission, qu’il s’agisse de l’exercice<br />

de programmation nationale ou régionale.<br />

Leur niveau d’information sur les accords<br />

de coopération au développement signés<br />

avec la Commission est très faible et ceuxci<br />

ne font l’objet d’aucun débat de fond au<br />

parlement.<br />

Les « consultations » de la société civile<br />

sont également peu satisfaisantes. Elles<br />

constituent pourtant une caracté- ristique<br />

essentielle de l’exercice, d’après les orientations<br />

officielles en matière de programmation<br />

données par la Commission.<br />

Une opacité qui s’accroit avec l’échelon<br />

de programmation<br />

Si l’exercice de programmation à l’échelle<br />

nationale est encore insuffisamment participatif<br />

et transparent, l’échelon régional<br />

contribue certainement à l’opacité accrue<br />

des négociations entre l’Afrique de l’Ouest<br />

et la CE. La participation des citoyens des<br />

Etats membres et des parlements nationaux<br />

dans les négociations régionales est très<br />

faible, ce qui ne permet pas de garantir un<br />

processus d’intégration régionale soutenu<br />

par tous, transparent et démocratique.<br />

La programmation<br />

intra-ACP comporte<br />

un degré supplémentaire<br />

d’opacité.<br />

L’exercice de programmation<br />

de l’enveloppe<br />

intra-ACP<br />

du 10ème FED représente<br />

certes un<br />

progrès par rapport à<br />

l’opacité qui régnait<br />

sur les processus<br />

d’allocation de ces<br />

fonds dans le cadre<br />

du 9ème FED. Toutefois,<br />

les orientations données à cette enveloppe<br />

dans le cadre du 10ème FED confirment<br />

que le déséquilibre dans le rapport de<br />

négociations entre les pays ACP et la CE<br />

est encore plus important qu’à l’échelle nationale<br />

ou régionale.<br />

Le manque de transparence démocratique<br />

est égale- ment une lacune importante en<br />

Europe. Le FED étant un mécanisme extrabudgétaire,<br />

il n’est pas soumis au contrôle<br />

du Parlement européen, mais d’un comité,<br />

qui rassemble des représentants des<br />

Etats membres de l’UE. Ces derniers sont<br />

donc redevables vis-à-vis de leurs parlements<br />

nationaux, qui devraient exercer un<br />

rôle de contrôle sur l’implication de leur<br />

gouverne- ment dans les politiques européennes.<br />

Dans les faits, on constate que les<br />

débats au sein des parlements nationaux de<br />

l’UE restent rares. Le contrôle démocratique<br />

sur la coopération UE – ACP au sein<br />

de l’Europe est très faible.<br />

L’aide budgétaire,<br />

instrument privilégié de mise<br />

en oeuvre du Fed<br />

En l’espace de quelques années, la<br />

gouvernance a pris une ampleur considérable<br />

dans la coopération au développement<br />

européenne. A l’occasion de la programmation<br />

du 10 ème FED, la Commission a mis en<br />

place un nouveau cadre pour le dialogue<br />

en matière de gouvernance. Celui-ci repose<br />

sur l’élaboration, par la Commission, d’un<br />

profil de gouvernance de l’Etat ACP, auquel<br />

ce dernier doit répondre par l’adoption d’un<br />

plan d’action. En fonction de l’appréciation<br />

portée par la Commission sur les mesures<br />

contenues dans ce plan d’action, une tranche<br />

incitative gouvernance est débloquée. Elle<br />

peut représenter jusqu’à 35% de l’enveloppe<br />

initialement accordée au pays sur le 10 ème<br />

FED.<br />

Ce nouveau cadre, à partir duquel la<br />

Commission envisage d’enrichir le dialogue<br />

politique tel que défini par l’Accord de<br />

Cotonou, est largement déséquilibré. Il repose<br />

en effet sur un diagnostic unilatéral de la<br />

gouvernance des Etats ACP, caractérisé<br />

de plus par une très grande opacité. Les<br />

profils de gouvernance sont, pour certains<br />

pays, confidentiels, et les différentes parties<br />

prenantes aux questions de gouvernance<br />

sont généralement exclues du processus<br />

d’élaboration des profils. Ceux-ci ne<br />

permettent à aucun processus de dialogue<br />

de se mettre en place, le gouvernement<br />

ACP étant tenu de proposer des mesures de<br />

réformes en réponse au diagnostic établi par<br />

la seule Commission.<br />

Le profil de gouvernance couvre neuf séries<br />

de critères, allant du respect des droits<br />

humains et de l’Etat de droit à des questions<br />

de politiques économiques, sécuritaires<br />

ou migratoires fortement liées aux priorités<br />

domestiques européennes. L’accès à un tiers<br />

des fonds de l’enveloppe nationale est donc,<br />

à travers le mécanisme de la tranche incitative<br />

gouvernance, conditionné au respect des<br />

demandes européennes, notamment<br />

en matière de politiques économiques,<br />

migratoires ou encore de lutte contre le<br />

terrorisme. La définition de ces critères n’a<br />

fait l’objet d’aucun débat large, pas même en<br />

Europe.<br />

Le fait que les critères incluent tant le respect<br />

des droits humains et l’Etat de droit que des<br />

priorités purement européennes telles que la<br />

libéralisation, les migrations ou le terrorisme<br />

porte atteinte à la crédibilité de l’UE en<br />

matière de dialogue politique.<br />

P 10 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016 Le Relais - N°12 - Décembre 2016 - P 11


EUROPE<br />

Le Parlement Européen<br />

vient au secours<br />

de l’économie tunisienne<br />

avec un plan Marshall<br />

Le Parlement européen (PE), dont une délégation<br />

a séjourné en Tunisie du 19 au 23 septembre,<br />

a appelé dans sa dernière résolution sur les<br />

relations de l’Union avec la Tunisie, à convertir la<br />

dette tunisienne en projets d’investissement, en<br />

particulier dans la construction d’infrastructures<br />

stratégiques et la réduction des inégalités<br />

régionales estimant en outre que “la situation en<br />

Tunisie justifie la mise en oeuvre d’un véritable<br />

“plan Marshall” correctement doté.<br />

Dans cette résolution, adoptée le 14 septembre 2016,<br />

le PE a demandé, aux États membres de l’Union, de<br />

déterminer les moyens pour<br />

garantir un rééchelonnement<br />

de la dette de la Tunisie à des conditions<br />

préférentielles et une diversification<br />

de ses composanteses. Comportant<br />

70 points, cette résolution couvre les<br />

différents aspects de la coopération<br />

tuniso-européenne: politique, sociale,<br />

sécuritaire, et surtout économique.<br />

A cet égard, le Parlement européen s’est<br />

dit “préoccupé par les difficultés que rencontre<br />

la Tunisie pour recouvrer des avoirs (à l’étranger), du fait notamment<br />

de la durée et de la lourdeur des procédures associées à leur<br />

confiscation et leur rapatriement”, préconisant “d’apporter à la Tunisie<br />

un appui technique spécifique pour lui permettre d’entreprendre<br />

des recherches ainsi que de recueillir les informations et les preuves<br />

nécessaires en vue du recouvrement” de ces avoirs.<br />

Il a, également, invité les États membres à “faire preuve de volonté<br />

politique afin d’accélérer la récupération des avoirs tunisiens gelés »<br />

et à « favoriser l’amélioration de la rapidité et de la sécurité des transferts<br />

de fonds opérés par les Tunisiens et des Nord-Africains résidant<br />

dans l’Union”.<br />

Le PE a préconisé, en outre, de renforcer la lutte contre la corruption,<br />

eu égard, en particulier, au développement de l’économie<br />

souterraine, afin d’améliorer l’efficacité et la transparence<br />

des processus décisionnels et d’instaurer un environnement plus<br />

favorable aux investissements et aux entreprises. Il a préconisé de<br />

“renforcer l’aide apportée par l’UE à la Tunisie au titre de l’instrument<br />

européen de voisinage, ainsi que de coordonner l’aide internationale<br />

en faveur de la Tunisie pour lui permettre de bénéficier pleinement<br />

du soutien européen et d’encourager la<br />

conclusion de partenariats avec d’autres<br />

bailleurs de fonds intéressés à l’échelle<br />

mondiale et régionale”.<br />

Dans le même contexte, l’institution<br />

européenne a recommandé d’utiliser<br />

les fonds relevant de la politique européenne<br />

de voisinage pour soutenir<br />

davantage les PME, d’encourager l’élaboration<br />

de programmes pour les startups<br />

ciblant en particulier les femmes et les jeunes dans l’optique<br />

de développer la formation à la gestion d’entreprises et l’accès<br />

aux aides financières afin de renforcer le secteur des PME.<br />

Mettant l’accent sur le secteur agricole en Tunisie, qui doit être<br />

inclu dans les négociations en cours sur un Accord de libre<br />

échange complet et approfondi (ALECA) entre la Tunisie et l’UE,<br />

l’instance européenne a estimé qu’il “doit être réformé en profondeur<br />

et qu’il y a lieu de prendre, de toute urgence, une série de mesures<br />

concrètes, telles que le développement des capacités des usines<br />

de dessalement, pour résoudre la question de la pénurie d’eau ainsi<br />

que d’autres problèmes qui font leur apparition du fait du changement<br />

climatique”. Elle a notamment, invité les autorités tunisiennes<br />

à interdire l’utilisation de tout pesticide déjà interdit, au<br />

sein de l’Union et à “promouvoir une agriculture et des habitudes<br />

alimentaires durables » et à adopter « une réforme agraire pour inciter<br />

les agriculteurs à préserver les forêts et les rivières”.<br />

Pour ce qui est du secteur du tourisme, le parlement a demandé<br />

aux États européens qui ne l’auraient pas encore fait de réévaluer<br />

la situation sur le plan de la sécurité dans les plus brefs délais,<br />

pour favoriser le redressement du tourisme en Tunisie, rappelant<br />

que le développement durable du tourisme côtier en Tunisie nécessite<br />

de réduire fortement la densité hôtelière afin de rationaliser<br />

les investissements et de gérer le littoral.<br />

Le PE a recommandé, aussi, “d’axer davantage la coopération de<br />

l’Union sur l’économie verte et le développement durable, et de développer<br />

l’utilisation des énergies renouvelables ainsi qu’un meilleur<br />

traitement des eaux usées et des déchets, eu égard notamment, au<br />

fort potentiel que recèle la Tunisie en matière d’énergie renouvelable”.<br />

Il s’est en outre félicité de l’adoption du nouveau code d’investissement,<br />

“qui devrait créer de la stabilité sur le plan réglementaire<br />

et favoriser les investissements, ainsi que des réformes fiscales entreprises”,<br />

et a recommandé “de moderniser l’administration publique,<br />

qui devrait fonctionner de manière efficace et transparente, ce qui<br />

aurait pour effet de faciliter grandement, la réalisation de projets<br />

ainsi qu’une meilleure utilisation des fonds”.<br />

La Tunisie abrite actuellement, la réunion de la Commission parlementaire<br />

mixte Tunisie-Union européenne.<br />

Source : TAP<br />

P 12 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016


SAHARA<br />

Entretien avec J. BOOLE<br />

Les détournements<br />

de l'aide humanitaire<br />

dénoncés devant l'ONU<br />

Me Stéphane Rodrigues, du cabinet bruxellois Lallemand&Legros, vient de<br />

dénoncer devant la 4 e commission de l’Assemblée générale de l’Onu, la poursuite<br />

des détournements de l’aide humanitaire internationale destinée aux réfugiés des<br />

camps de Tindouf. Avec des preuves à l’appui, l’avocat bruxellois a jeté également<br />

la lumière sur un détournement d’un genre nouveau, la soumission à la TVA des<br />

achats destinés aux dons, mise en place par les autorités algériennes. Ce qui, selon<br />

lui, impacte à la baisse le budget susceptible d’être engagé pour<br />

l’achat de marchandises destinées aux réfugiés de Tindouf et cela<br />

ne fait qu’aggraver la misère de ces réfugiés.<br />

Le Relais : peut-on encore aujourd’hui<br />

parler, en dehors du rapport<br />

de l’OLAF, publié, il y a 3 ans ;de détournement<br />

de l’aide humanitaire internationale<br />

destinée aux réfugiés des<br />

camps de Tindouf ?<br />

Me Stéphane Rodrigues : « Effectivement.<br />

C’est pour cette raison que je<br />

suis allé dénoncer devant la 4 e<br />

Commission de l’Assemblée générale<br />

de l’Onu la poursuite<br />

du détournement de<br />

l’aide humanitaire<br />

internationale destinée<br />

aux réfugiés de<br />

camp de Tindouf par les dirigeants du<br />

Polisario et leurs protecteurs en Algérie.<br />

Il y a quelques années, afin d’éradiquer<br />

ce détournement de fonds alloués<br />

par l’Union européenne à l’aide<br />

humanitaire aux réfugiés des camps<br />

de Tindouf, le Parlement européen a<br />

exigé des institutions européennes la<br />

mise en place des mesures de contrôle<br />

et de traçabilité de l’aide aux populations<br />

locales. Ces dispositifs, jusqu’à<br />

présent, n’ont manifestement pas empêché<br />

les fraudes et les<br />

trafics dont sont coupables<br />

les dirigeants du<br />

Polisario. »<br />

Le Relais : comment<br />

avez-vous été alerté par<br />

ce détournement dont<br />

on parle maintenant ?<br />

Me Stéphane Rodrigues « A l’origine,<br />

c’était grâce à la détermination<br />

de l’ONG Aide Fédération, accréditée<br />

auprès du Conseil économique et social<br />

de l’Onu, qu’a été rendu public le<br />

rapport de l’OLAF (Office de lutte an-<br />

ti-fraude de l’UE) sur le détournement<br />

de l’aide européenne destinée aux réfugiés<br />

de Tindouf. Il y a eu, d’abord, des<br />

fuites ici et là sur Internet à propos de<br />

l’existence d’une enquête de l’OLAF<br />

et d’un rapport final. Contactés par<br />

Aide Fédération, nous avons demandé<br />

à l’OLAF de publier son rapport et de<br />

nous en donner l’accès. Il y a de cela<br />

3 ans, nous avons lancé la procédure.<br />

Après un premier refus de l’OLAF, en<br />

appel, le rapport nous a été finalement<br />

transmis mais avec des noms et des<br />

passages floutés ou barrés. La lecture<br />

du rapport s’est révélée être édifiante :<br />

un détournement massif et organisé a<br />

été confirmé.<br />

En 2014, Aide Fédération a demandé à<br />

Me Pierre Legros de rendre ce rapport<br />

public pour la première fois. Après sa<br />

divulgation, nous avons été reçus par<br />

plusieurs responsables de l’organisation<br />

de l’aide aux réfugiés, en particulier<br />

à la DG-Echo, l’Office d’aide humanitaire<br />

de la Commission européenne<br />

et au Haut-Commissariat de l’Onu<br />

pour les réfugiés (HCR). Avec le PAM<br />

(Programme Alimentaire Mondial) des<br />

échanges ont été également encourageants.<br />

Que retenir de ces contacts ?<br />

Unanimes, tous les parties consultées<br />

ont insisté sur le<br />

fait que des mesures<br />

avaient été<br />

prises à la suite du<br />

rapport de l’OLAF,<br />

afin d’écarter les<br />

personnes non-autorisées<br />

et des protocoles<br />

signés avec<br />

des organismes intermédiaires<br />

pour sécuriser l’acheminement,<br />

à l’instar du Croissant rouge<br />

algérien. »<br />

Le Relais : Qu’est- ce qui vous a mis<br />

la puce à l’oreille afin que vous puissiez<br />

aller, encore devant la quatrième Commission<br />

de l’Onu ?<br />

Me Stéphane Rodrigues « Fin août<br />

2016, la presse mauritanienne a révélé<br />

que des cargaisons de produits qui auraient<br />

dû être destinés à la population<br />

des camps de Tindouf (notamment<br />

des médicaments et de la poudre de<br />

lait pour bébés) avaient fait l’objet de<br />

Le Parlement a<br />

exigé des institutions<br />

européennes la<br />

mise en place des<br />

mesures<br />

contrôles inopinés par la gendarmerie,<br />

dans la région de Zouerate, et s’étaient<br />

révélés être des marchandises détournées.<br />

Aussi Aide -Fédération, nous a–t-elle<br />

saisi de nouveau de l’affaire, étant<br />

convaincue, cette fois-ci encore, qu'un<br />

détournement à grande échelle de<br />

l’aide humanitaire internationale au<br />

bénéfice des réfugiés des camp de<br />

Tindouf se poursuivait. En réagissant<br />

à ces informations, cette association<br />

tenait à alerter<br />

l’opinion internationale,<br />

rejointe<br />

par deux autres<br />

associations : Protea<br />

Human Rights,<br />

en Italie, et le ForumCanario-Saharoui<br />

(FOCASA), en<br />

Espagne, qui nous<br />

ont contacté en suggérant des mesures<br />

concrètes pour mettre fin à ce<br />

trafic qui aggrave la misère à Tindouf.<br />

Parmi ces mesures, je cite l’acheminement<br />

direct des produits aux camps de<br />

Tindouf et la réduction du circuit de<br />

distribution pour éviter des intermédiaires<br />

qui détournent ces aides. »<br />

Le Relais : devant la quatrième commission<br />

de l’Onu, vous avez fait également<br />

état d’une autre anomalie, à savoir<br />

la TVA qui serait appliquée sur les<br />

produits destinés à l’aide. Qu’en est-il<br />

en réalité ?<br />

Me Rodrigues, avocat<br />

au barreau de Bruxelles<br />

- Maître de conférences<br />

à l’Ecole de droit de la<br />

Sorbonne (Université Paris<br />

1 Panthéon Sorbonne)<br />

Me Stéphane Rodrigues « Nous<br />

avons pris connaissance cet été, lors<br />

d’une réponse de la Commission européenne<br />

à la question d’un député européen,<br />

que les achats en vue des dons<br />

pour l’aide humanitaire aux camps de<br />

Tindouf avaient été soumis à la TVA, de<br />

2010 à 2015. On peut estimer qu’au<br />

moins 1 million d’euros, en 5 ans, ont<br />

été ainsi ponctionnés sur le budget<br />

destiné à financer l’achat de dons pour<br />

l’aide aux camps de Tindouf.<br />

Une telle ponction fiscale, on peut s’en<br />

douter, a un impact négatif sur la quantité<br />

des produits à envoyer aux camps.<br />

Et nous avons donc lancé un appel devant<br />

la 4 è commission de l’Onu pour<br />

que les autorités algériennes réinvestissent,<br />

d’une manière ou d’une autre,<br />

les sommes en question au bénéfice<br />

des populations de Tindouf. Jusque-là,<br />

aucune réaction. »<br />

Le Relais : Quel a été l’attitude de<br />

la 4 e Commission pendant votre intervention,<br />

en tant que pétitionnaire ?<br />

Me Stéphane Rodrigues « C’était<br />

correct. Je n’ai pas été interrompu,<br />

pendant les 3 minutes de mon intervention.<br />

Pas de contestation. Le silence<br />

est un indice sérieux de l’approbation.<br />

Aucun démenti sur les éléments d’informations<br />

que j’ai avancés sur la TVA<br />

imposée aux achats destinés à l’aide.<br />

Pas même sur la persistance du trafic<br />

des marchandises pratiqué par des<br />

responsables sahraouis et algériens. »<br />

Le Relais - N°12 - Décembre 2016 - P 15


MAROC<br />

Nadia Chellaoui :<br />

divine ambassadrice<br />

Bonne nouvelle pour l’art contemporain!<br />

L’artiste peintre Nadia Chellaoui<br />

vient d’être nommée ambassadeur auprès<br />

de Divine Académie française<br />

des Arts, Lettres et culture, pour avoir<br />

approché les deux cultures marocaine<br />

et brésilienne à travers l'art.<br />

Cette distinction, la plasticienne<br />

marocaine l’a obtenue lors de<br />

l’exposition au salon « Arts shopping » au Carrousel du<br />

Louvre à Parisdu 21 au 23 octobre 2016, où elle a brillé de<br />

mille feux. «Cette récompense honore toute l’action humaine,<br />

généreuse et efficace que vous avez menée pendant toute votre<br />

vie artistique», indiquent les artistes du Brésil dans une lettre de<br />

félicitation adressée à Nadia Chellaoui à cette occasion. «Votre<br />

mérite doit être d’autant plus mis en exergue que vous avez<br />

consacré beaucoup de temps, d’énergie, d’assiduité et consenti<br />

à de nombreux sacrifices pour la réalisation de vos œuvres.<br />

L’attribution de cette récompense avec statut d’Ambassadeur<br />

vient ainsi couronner vos efforts d’un<br />

succès largement mérité. C’est là le<br />

juste aboutissement de toute votre<br />

application», ajoute-t-on dans le<br />

même document.<br />

Une cérémonie officielle de<br />

remises des diplômes par Divine<br />

Académie française des arts lettres<br />

et culture a été célébrée au George<br />

V à Paris et présidée par Madame<br />

Divani Pavesi et coprésidée par<br />

Mohamed Berryane, en présence de<br />

plusieurs personnalités françaises et<br />

brésiliennes, puisque le Brésil était<br />

l’invité d’honneur pour l’année 2016.<br />

Gestuelle symbolique<br />

Lors de cette 19e édition du grand<br />

rendez-vous de l’art à travers le<br />

monde, avec plus de 30 000 visiteurs<br />

en 3 jours, l’artiste-peintre Nadia<br />

Chellaoui a dévoilé sa récente<br />

série d’œuvres où elle marie les<br />

couleurs froides et chaudes pour un<br />

rapprochement inédit, surtout dans<br />

ses portraits individuels. Couleurs<br />

expressives, formes de confession<br />

symbolique, l’univers pictural de la plasticienne marocaine est<br />

le reflet de sa palette riche et sa gestuelle hautement symbolique<br />

où la vie est toujours présente. Furtive, incisive et juste, la<br />

touche de Nadia Chellaoui nous introduit directement dans<br />

l’univers pictographique d’une plasticienne qui donne libre<br />

cours à sa sensibilité. Sa passion : la peinture. Sa devise : la<br />

créativité et le sérieux. Et son terrain de jeu : la toile. Il s’agit<br />

d’une plasticienne dont la fertilité intellectuelle se reflète dans<br />

la production picturale. Cette expérience, Nadia Chellaoui l’a<br />

partagée un peu partout, au Maroc comme à l’étranger, à travers<br />

plusieurs expositions et rencontres d’art.<br />

Au Carrousel du Louvre<br />

Cette année, l’œuvre de cette artiste peintre s’est invitée au<br />

salon «Arts shopping» au Carrousel du Louvre à Paris au<br />

pavillon brésilien aux côtés d'artistes brésiliens, argentins,<br />

français et syriens. L’occasion pour le public de découvrir<br />

le travail pictural d’une artiste<br />

charismatique, une figure éprise<br />

d’art et de liberté. Il faut dire<br />

que les couleurs s’imposent<br />

énormément dans cet univers<br />

où l’identité des personnages,<br />

souvent féminins, frise la fiction,<br />

voire le fantasme. Le bleu<br />

outremer ou opalin cohabite avec<br />

le rouge bordeaux ou carmin, les<br />

gris colorés destinés à meubler<br />

le fond ressortent des zones<br />

sourdes. Le tout en adéquation<br />

avec les plans du devant, dans<br />

un rendu visuel attrayant où<br />

la vie est toujours présente. Et<br />

la fantaisie qui caractérise sa<br />

liberté d’expression demeure<br />

quasiment lyrique. Elle révèle<br />

une palette diversifiée d’œuvres<br />

inspirées de fragments et de<br />

symbolisme, plus gestuelles et<br />

moins formelles. Pictographies<br />

finement tracées, productions<br />

plus libres reposant sur<br />

Nadia a signé récemment le tableau de la paix<br />

– une combinaison poétique et artistique originale<br />

avec la talentueuse kaoutar FAL durant<br />

la finale de la Miss Arab World - un tableau<br />

symbolisant la paix qui ferait le tour du monde.<br />

l’emploi de signes, de symboles, de motifs géométriques riches<br />

en termes de plasticité et de picturalité, les tableaux de Nadia<br />

Chellaoui ont toujours été vus et acceptés dans cette démarche<br />

et cette alliance pluridisciplinaires. Délivrée des contraintes<br />

canoniques de la forme, Nadia Chellaoui, disciple de maîtres<br />

expressionnistes comme Kokoschka, Modigliani ou Soutine, se<br />

concentre sur ce qui fait la force et la spécificité : rythme et<br />

harmonie de la composition dans l'espace, tensions et contrastes<br />

des lignes, vigueur et mouvement du trait.<br />

Katouar Fal<br />

P16 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016 Le Relais - N°12 - Décembre 2016 - P 17


MAROC<br />

ville du Maroc central, plantée entre le massif<br />

Fès, du Rif et le Moyen Atlas, fait partie des villes<br />

impériales du Maroc. Une cité exceptionnelle qui a été à<br />

plusieurs époques la capitale du pays.<br />

Le Maroc se replace<br />

au centre de l’échiquier<br />

Dans un élan dynamique et particulièrement pragmatique, le Roi<br />

Mohammed VI est en train depuis quelques temps de soigner la<br />

réintégration du Maroc au sein de l’UA. C’est le sens, en tout de ces<br />

trois visites officielles, les premières en Afrique de l’Est.<br />

roco-rwandaise illustrent bien le bon démarrage<br />

du partenariat avec le Rwanda.<br />

Avec la Tanzanie, un des rares modèles<br />

de bonne gouvernance et d’alternance<br />

politique apaisée, en Afrique noire,<br />

d’autres accords économiques devront<br />

être signées.<br />

La Maison bleue<br />

Chaque année le Souverain Chérifien,<br />

effectue un ou plusieurs<br />

voyages dans plusieurs pays en<br />

Afrique, surtout de l’Ouest, voire centrale.<br />

Au-delà de ce qu’il peut paraître<br />

comme un rituel, le déplacement en<br />

Afrique de l’est traduit sa volonté jeter<br />

les bases d’un partenariat stratégique<br />

entre son royaume et le Rwanda, la<br />

Tanzanie et l’Ethiopie à l’image des relations<br />

commerciales existant avec les<br />

pays comme la Côte d’Ivoire, le Mali, le<br />

Sénégal et Le Gabon.<br />

Côté pragmatique ? Déjà avec Rwanda,<br />

déjà au terme de la visite, 19 accords<br />

ont été signés. Ils portent sur les différents<br />

domaines dont l’agriculture, la<br />

formation professionnelle, le secteur<br />

financier et bancaire et santé. Ici l’arrivée<br />

de Cooper Pharma sur le marché<br />

rwandais et la coopération bancaire ma-<br />

L’intérêt du voyage du Roi du Maroc,<br />

s’inscrit dans la ce qu’on appelle déjà<br />

la doctrine politique africaine du Roi<br />

Mohammed VI, c’est-à-dire priorité à la<br />

coopération Sud-Sud, mais l’étape éthiopienne<br />

aura un accent plus politique<br />

qu’au Rwanda ou en Tanzanie. C’est à<br />

Addis Abéba que sera proclamé le retour<br />

effectif et imminent du Royaume dans la<br />

grande famille africaine. La présence du<br />

Roi dans ce contexte, confirme sa volonté<br />

de retourner à l’UE et y jouer un rôle<br />

dans le développement du continent.<br />

En pénétrant dans les suites, vous aurez immédiatement le sentiment<br />

de pénétrer dans un véritable appartement rien que pour vous, avec<br />

un large living, des salles de bains aux dimensions imposantes, de<br />

larges écrans de télévision et des lits particulièrement confortables .<br />

Laissez vous tenter dans des restaurants qui proposent de<br />

découvrir la vraie gastronomie marocaine mais aussi la cuisine<br />

internationale. Sans oublier le spa et le hammam privé.<br />

Il y aurait-il un moyen plus adéquat et<br />

efficace de préparer son retour au sein<br />

de l’UA, organisation dont le Maroc est<br />

co-fondateur que de privilégier les partenariat<br />

stratégique ? Non.<br />

P 18 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016<br />

L’effectivité de retour du Maroc arrive<br />

au bon moment : après l’établissement<br />

des relations commerciales par la signature<br />

de nombreux contrats économiques<br />

avec l’Est africain, après l’Afrique<br />

de l’ouest.<br />

La Maison Bleue : 2, place de l’Istiqlal batha. Fès, Maroc<br />

Le Riad Maison Bleue : 33, derb el miter talaa el kebira. Fès, Maroc


EN BREF<br />

malades. Parmi eux se trouvent des<br />

Subsahariens en situation irrégulière,<br />

des demandeurs d'asile et des réfugiés.<br />

Chasse à l'homme en Algérie<br />

L’Algérie a procédé à des arrestations<br />

massives de migrants issus<br />

de l’Afrique subsaharienne.<br />

1400 migrants ouest-africains ont été<br />

arrêtés dans la capitale algérienne en<br />

moins d’une semaine. Ils ont ensuite<br />

été placés dans des camps de rétention<br />

à Alger ou emmenés à Tamanrasset,<br />

au sud du pays, et devraient être<br />

expulsés d’Algérie. Ces arrestations<br />

musclées n’ont pas épargné les étrangers<br />

en situation régulière sur le sol<br />

algérien et n’ont été suivies d’aucune<br />

explication de la part des autorités.<br />

Des associations locales des Droits<br />

de l’Homme ont dénoncé ces arrestations<br />

massives de migrants, qui se<br />

poursuivent, ainsi que leur rétention<br />

arbitraire et violente. Parmi les personnes<br />

arrêtées figurent des enfants,<br />

des femmes enceintes, des personnes<br />

Farouk Ksentini, avocat et président<br />

de la Commission nationale consultative<br />

de promotion et de protection<br />

des Droits de l’Homme en Algérie, a<br />

déclaré que « la présence des migrants<br />

et des réfugiés africains dans plusieurs<br />

localités du pays peut causer des problèmes<br />

aux Algériens; elle les expose,<br />

notamment au risque de la propagation<br />

du sida ainsi que d’autres maladies<br />

sexuellement transmissibles ». L’avocat<br />

a ajouté que «cette maladie est répandue<br />

parmi cette communauté». Il encourage<br />

les autorités à expulser les<br />

migrants africains «pour arrêter cette<br />

catastrophe qui nous est imposée».<br />

Youssef El Filali<br />

Crans Montana Forum à Bruxelles<br />

Bruxelles a accueilli du 19<br />

au 21 octobre la 18e édition<br />

du Crans Montana<br />

Homeland & Global Security Forum.<br />

A sa création, en 1986, ce forum,<br />

fut consacré à la reconstruction<br />

politique et économique d’une<br />

Europe ouverte aux lendemains de<br />

la guerre froide. En 2016, cette dimension<br />

est de retour au premier<br />

plan vu la situation internationale<br />

qui n’a fait que se détériorer.<br />

Cette nouvelle édition a rassemblé<br />

de nombreux participants venus<br />

du monde entier. Ce Forum est<br />

devenu un rendez-vous incontournable<br />

des chefs d’entreprises<br />

et personnalités officielles pour<br />

développer et consolider des partenariats.<br />

l’autonomisation des Femmes à<br />

l’échelle mondiale et l’amélioration<br />

de leurs droits fondamentaux.<br />

Cette édition du forum a vu la<br />

participation d’éminentes personnalités<br />

(Mme Issoufou, première<br />

dame du Niger, Madame Buhari,<br />

première dame du Nigéria, Gilles<br />

Pargneaux, député européen) pour<br />

débattre de problématiques liées<br />

aux femmes, comme le terrorisme,<br />

l’éducation ou la transmission<br />

de valeurs.<br />

Le Crans Montana African women’s<br />

forum est aussi le laboratoire<br />

où les moyens de l’action<br />

sont discutés, évalués puis définis,<br />

afin de permettre à la femme<br />

africaine de s’approprier le rôle<br />

essentiel qu’elle doit jouer dans<br />

la progression extraordinaire que<br />

connaît actuellement le continent.<br />

Durant la session officielle de<br />

clôture l’Ambassadeur Jean-Paul<br />

Carteron, Président d’honneur<br />

et fondateur du Forum de Crans<br />

Montana et Monsieur Didier<br />

Reynders, vice-Premier ministre<br />

et ministre des Affaires étrangères<br />

de Belgique, ont remis le Prix de<br />

la Fondation 2016 à S.E. Monsieur<br />

Ely Vall, ancien Président<br />

de la République Islamique de<br />

Mauritanie, et au Père Mussie<br />

Zerai, Président de l’association<br />

Habeshia, engagée dans l’aide aux<br />

migrants en mer Méditerranée.<br />

Cette Cérémonie de remise des<br />

prix a également permis de récompenser<br />

Monsieur Gilles Pargneaux,<br />

membre du Parlement<br />

européen, Madame Oumou Sall<br />

Seck, Maire de Goundam au Mali<br />

et Monsieur Bader O. Malallah,<br />

directeur général de l’Arab Planning<br />

Institute au Koweit.<br />

Kwatar Fal<br />

African women’s forum<br />

C’est au Parlement européen qu’a<br />

eu lieu l’African women’s forum<br />

qui, depuis sa création, s’était<br />

fixé une priorité : la promotion de<br />

P 20 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016


BRUXELLES<br />

Bruxelles, capitale de la région<br />

Bruxelles-Capitale, capitale de la<br />

Flandre, capitale de la Belgique, certes.<br />

Mais Bruxelles reste avant tout, aux<br />

yeux de nombreuses personnes des<br />

quatre coins du continent, la capitale de<br />

l’Europe, dotée d’une grande force d’attractivité.<br />

Et pour cause, comme l’indiquait<br />

Le Figaro l’an dernier, elle est la deuxième ville dans le<br />

monde où le pourcentage de résidents nés à l’étranger est le<br />

plus haut, après Dubaï.<br />

De par sa configuration géographique, ses atouts culturels et<br />

économiques, c’est une vraie plaque tournante du continent<br />

européen. Du fait de la présence des institutions européennes<br />

et de nombreux autres organismes internationaux, de plus en<br />

plus d’expatriés décident de s’installer à Bruxelles. A ce jour<br />

ils sont déjà très nombreux, mais quel est le secret de l’attractivité<br />

de cette ville pour ces expatriés - où comme on dit plus<br />

simplement à Bruxelles ces “Expats” ?<br />

Près de 400 000 expatriés à Bruxelles<br />

Par « expatriés » à Bruxelles, on entend toutes les personnes,<br />

européennes ou non, qui ont quitté leur État d’origine pour venir<br />

s’installer dans la capitale belge. Il s’agit d’une définition<br />

très large, qui regroupe un ensemble de personnes et de motivations<br />

extrêmement différentes.<br />

Cet ensemble hétéroclite<br />

représente plus d’un tiers<br />

de la population bruxelloise,<br />

soit près de 400<br />

000 personnes, d’après<br />

l’Institut Bruxellois de<br />

Statistique et d’Analyse<br />

(IBSA). Chez les Européens,<br />

les Français arrivent<br />

en tête<br />

avec plus de 60<br />

000 ressortissants<br />

établis, devant<br />

les Italiens,<br />

les Roumains et<br />

les Espagnols.<br />

Parmi eux,<br />

beaucoup de<br />

jeunes. Ainsi,<br />

Salvatore Orlando,<br />

responsable<br />

national de la clientèle expatriée chez BNP Paribas-Fortis,<br />

estime que « les jeunes de 18 à 35 ans représentent environ<br />

30% de la clientèle expat’ ». D’après lui, ces derniers viennent<br />

pour deux raisons : étudier (surtout en master) ou trouver un<br />

travail. Ce qui fait de Bruxelles un carrefour, où se retrouvent<br />

des milliers de jeunes en quête d’un avenir meilleur.<br />

Un an et demi de stage minimum pour trouver un travail<br />

Compétitif, c’est l’adjectif qui qualifie par excellence le marché<br />

du travail bruxellois. En effet, des jeunes de toute l’Europe<br />

avec des diplômes et compétences similaires se côtoient dans<br />

cette « bulle » européenne et internationale. Si les opportunités<br />

sont nombreuses, la concurrence, elle, l’est tout autant.<br />

Les stages sont le prérequis essentiel pour démarrer sa carrière<br />

professionnelle sur le marché de l’emploi à Bruxelles. Ils sont<br />

nombreux à en accumuler deux, trois ou plus, afin de se constituer<br />

une expérience significative pour pouvoir prétendre à un<br />

poste. Dans cette situation, il semble que deux cas de figure<br />

se présentent à ces jeunes expat’s. Certains renoncent suite à<br />

plusieurs stages et préfèrent rentrer dans leur pays d’origine<br />

pour chercher un travail dans un autre domaine ou reprendre<br />

une formation<br />

Bruxelles tient bon<br />

Malgré les événements tragiques des derniers mois, notamment<br />

du 23 mars, Bruxelles demeure un pôle d’attractivité. A<br />

ce titre, la chaîne internationale française TV5 Monde a initié<br />

la première semaine d’octobre à diffusée un reportage sur<br />

l’attractivité de la ville de Bruxelles pour les expatriés. Cette<br />

émission a été produite par la société de production Sibomonde.<br />

Diverses organisations et personnalités ont contribué à<br />

ce reportage: Visit Brussels et l’unité du service audiovisuel du<br />

parlement européen,<br />

À LA DÉCOUVERTE<br />

DE BRUXELLES, PÔLE<br />

D’ATTRACTION POUR LES<br />

TALENTS INTERNATIONAUX<br />

mais aussi plusieurs<br />

célèbres expatriés<br />

vivant à Bruxelles,<br />

comme Eamonn Mac<br />

Aodha, Ambassadeur<br />

d’Irlande et Frank<br />

Schwalba-Hoth, ancien<br />

parlementaire européen<br />

et co-fondateur<br />

du parti écologiste<br />

allemand.<br />

Le reportage a<br />

été lancé avec<br />

le support actif<br />

de BNP Paribas<br />

Fortis, représentée<br />

par le Belge<br />

Peter Vandekerckhove,<br />

membre du Comité<br />

de Direction<br />

de la banque belge, et Salvatore Orlando, expat italien, en<br />

charge du service dédié aux expatriés.<br />

Des icônes bruxellois ont également apporté leur soutien au<br />

projet, comme le célèbre établissement «La Chaloupe d’Or»<br />

sur la Grand-Place, le « London Brasserie » sur la Place du<br />

Luxembourg ainsi que les « Brasseries Georges », située à<br />

l’orée du Bois de la Cambre.<br />

P 22 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016


BRUXELLES<br />

Le PIB en hausse de<br />

0,3% dans la zone euro<br />

et de 0,4% dans l’UE 28<br />

Au cours du troisième trimestre 2016, le PIB corrigé des variations<br />

saisonnières a augmenté de 0,3% dans la zone euro (ZE19) et de 0,4%<br />

dans l’UE28 par rapport au trimestre précédent, selon l’estimation rapide<br />

publiée par Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne. Au<br />

cours du deuxième trimestre 2016, le PIB avait aussi crû respectivement<br />

de 0,3% et 0,4%.<br />

En comparaison avec le même trimestre de l’année précédente, le<br />

PIB corrigé des variations saisonnières a enregistré une hausse de 1,6% dans la zone euro et de 1,8% dans<br />

l’UE28 au troisième trimestre 2016, après respectivement +1,6% et +1,8% au deuxième trimestre 2016.<br />

Au cours du troisième trimestre 2016, le PIB des États-Unis a augmenté de 0,7% par rapport au trimestre<br />

précédent (après +0,4% au deuxième trimestre 2016). Par rapport au même trimestre de l’année précédente, le<br />

PIB a progressé de 1,5% (après +1,3% au deuxième trimestre 2016).<br />

Louise Geertsen<br />

Le Royal Racing Club de Bruxelles (RRCB) peut être qualifié de club pionnier de l’athlétisme et du sport en Belgique. Il a été créé<br />

sur les hauteurs du plateau de Koekelberg en 1891 par un groupe d’amis sportifs et fut un des clubs fondateurs de la Ligue Royale<br />

Belge d’Athlétisme (LRBA) en 1912.<br />

En 1903, ses activités, qui comportaient aussi le football et le vélo à un certain moment, furent déplacées vers le Vivier d’Oie à Uccle.<br />

Dès les premiers championnats d’athlétisme, le RRCB compta plusieurs champions de Belgique et recordmen, parmi lesquels Jean<br />

Konings, qui participa en 1908 aux Jeux olympiques de Londres sur le 100m.<br />

Le Racing subit toutefois la concurrence croissante de nouveaux clubs de la capitale (Union Saint Gilloise, Daring, Excelsior) ainsi<br />

que d’Anvers (Beerschot, Antwerp) dans les années 20/30 et ce n’est qu’à la fin des années 30 qu’il connut de nouveaux sommets<br />

grâce notamment à Louis Van Hoof (qui devint par la suite président) et Julien Diamant.<br />

Charles Michel plaide<br />

pour un “Brexit intelligent”<br />

Fin novembre, c’étaient, de Londres à Strasbourg, des journées<br />

“spécial Brexit”. Le Premier ministre belge Charles Michel fut<br />

ainsi l’hôte de son homologue britannique Theresa May au 10<br />

Downing street. Laquelle lui a confirmé ce qu’il savait déjà, à<br />

savoir son intention d’activer l’article 50 du traité de Lisbonne<br />

(qui officialisera la volonté du Royaume-Uni de quitter l’Union<br />

européenne) avant mars 2017. Le Premier ministre belge a<br />

rappelé la position de son pays (et, plus largement, européenne)<br />

à Theresa May, au cas où elle l’aurait oubliée : pas d’accès<br />

au marché intérieur pour le Royaume-Uni post-Brexit sans<br />

maintien de la liberté de circulation des travailleurs européens<br />

– dont les Brexiteers ne veulent plus entendre parler. Plutôt<br />

que d’entrer dans le débat “Brexit dur”/“Brexit doux”, Charles<br />

Michel plaide pour “un Brexit intelligent” qui, “en se fondant<br />

sur les faits, en étant rationnels”, préservera les intérêts<br />

économiques de l’Union, du Royaume-Uni et la Belgique<br />

(quatrième partenaire économique du précédent). Construire<br />

quelque chose d’“intelligent” à partir d’une situation inepte (le<br />

Brexit), c’est un fameux défi.<br />

“Il va falloir être créatif”, prédit Charles Michel.<br />

Louise Geertsen<br />

DAVID DAVIS<br />

ET LE MOMENT “FUN”<br />

Dans le même temps, le ministre britannique<br />

en charge du Brexit, David Davis, était<br />

au Parlement européen, à Strasbourg, pour<br />

une première rencontre avec le négociateur<br />

en chef de l’institution, Guy Verhofstadt.<br />

L’eurodéputé libéral belge lui a répété que<br />

les quatre libertés fondamentales de l’UE<br />

(de circulation des personnes, des biens,<br />

des services et des capitaux) ne pouvaient<br />

être en aucune sorte remises en question<br />

par le Brexit (air connu). Mais David Davis<br />

n’en a pas moins qualifié “de fun et utile”<br />

son rendez-vous avec le grand chef libéral,<br />

qualifié “d’homme charmant”, avec lequel il<br />

s’était “fort bien entendu”. Sur le fond, la<br />

visite de M. Davis n’a guère fait avancer le<br />

débat “Je n’ai rien appris de neuf”, a pesté<br />

l’Allemand Manfred Weber, chef de file du<br />

Parti populaire européen, après avoir rencontré<br />

M. Davis.<br />

Le véritable « âge d’or » du RRCB se situe entre 1947 (année de<br />

la création des interclubs) et la fin des années 50, période durant<br />

laquelle notre club a accumulé les titres nationaux aussi bien en<br />

interclubs qu’en individuel. De cette période resteront gravés dans les mémoires<br />

les noms de champions remarquables tels que Bourgaux, Brancart,<br />

Schwartz, Delelienne, Denis, Dayer, Verhas ou Van Zeune, et surtout de<br />

celui qui restera à jamais le fleuron du RRCB, Roger Moens. Celui-ci devint<br />

recordman du monde du 800m en 1955 à Oslo (1.45.7 sur cendrée!) et,<br />

passé entre-temps sous les couleurs de Vlierzele, fit 2ème sur le 800m des<br />

Jeux olympiques de Rome en 1960.<br />

LE ROYAL RACING CLUB<br />

DE BRUXELLES<br />

Ayant déménagé en 1953 au stade des Trois Tilleuls rénové, le RRCB<br />

connut encore de belles satisfactions grâce à des athlètes tels que Jacques<br />

Pennewaert ou Henri Clerckx, tous deux finalistes olympiques. Après une<br />

période 65/70 plus fade, le RRCB connut encore le succès grâce notamment<br />

à Anne-Marie Pira, multiple recordwoman et championne de Belgique,<br />

le regretté Jean-Pierre Borlée, son frère Jacques et plusieurs autres<br />

champions de Belgique, ce renouveau étant concrétisé en 1977 par une<br />

3ème place aux interclubs pour hommes.<br />

Depuis lors, aussi bien chez les hommes que pour la section féminine créée<br />

Bon vent au Royal Racing Club de Bruxelles<br />

du 21ème siècle!<br />

dans la seconde moitié des années 70, il est devenu difficile de renouer<br />

avec les heures glorieuses du passé. Le nombre de clubs s’est multiplié, la<br />

concurrence n’a donc cessé de croître. Le recrutement des jeunes s’est fait<br />

plus difficile notamment en raison de la multiplication des sports proposés<br />

aux nouvelles générations et du développement des sports-loisirs.<br />

Néanmoins, au début de ce siècle, le club a connu un renouveau avec<br />

l’avènement d’athlètes provenant de son Ecole des jeunes. Ainsi, le club<br />

peut se flatter d’avoir récolté bon nombre de titres nationaux par le biais<br />

de ces athlètes, et avec un titre européen junior en 2009 pour Anne Zagré.<br />

En 2015, le RRCB a pu se réjouir de l’arrivée en ses rangs des enfants de<br />

Jacques Borlée, resté un racingman « de<br />

souche ». . C’est ainsi que notre club a été<br />

représenté au niveau olympique par Olivia<br />

(200m) et par Kevin, Jonathan et Dylan<br />

(4x400m), n’échouant qu’à quelques<br />

centièmes de seconde de la<br />

médaille de bronze au relais<br />

4x400m.<br />

En 1986, une section de coureurs de fond a été<br />

créée, le « Groupe Allure Libre » (RCB-GAL),<br />

orienté vers les courses sur route et les<br />

« courses nature ». Ce groupe a connu<br />

un beau développement, puisqu’il<br />

compte maintenant plus de 200<br />

membres cotisants et participe en<br />

particulier à des marathons partout<br />

dans le monde. ,<br />

En 2000, c’est une section<br />

de triathlon qui a vu le jour,<br />

le RCBT. En une quinzaine<br />

d’années il est devenu<br />

un des trois clubs francophones<br />

principaux en<br />

nombre de membres<br />

(plus de 150) et au niveau<br />

des performances,<br />

s’étant fait une spécialité<br />

des « Triathlons<br />

complets », appelés<br />

« Ironmen ».<br />

Après 125 ans d’existence,<br />

réaliste dans ses<br />

ambitions, le RRCB reste<br />

convaincu qu’il continue à<br />

offrir une activité attrayante<br />

de développement physique<br />

et mental aux plus jeunes,<br />

ainsi qu’un accompagnement<br />

de haut niveau aux athlètes plus<br />

ambitieux.<br />

Une histoire de 125 ans !<br />

Royal Racing Club<br />

de Bruxelles a.s.b.l.<br />

Fondé en 1891<br />

Athlétisme<br />

Stade des Trois Tilleuls<br />

Avenue des Nymphes 1a<br />

1170 Watermael-Boitsfort<br />

Tel. : 02/675.10.28.<br />

P24 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016<br />

Les inscriptions se font au secrétariat du club au Stade des Trois Tilleuls, pendant les heures d’entraînement.


AFRIQUE<br />

Propos recueillis par Edwige Neshama<br />

Jérémie Banigwaninzigo,<br />

Ambassadeur du Burundi à Bruxelles<br />

« LE RWANDA S'IMPLIQUE<br />

OUVERTEMENT DANS LA<br />

DÉSTABILISATION DU BURUNDI »<br />

Le Burundi traverse une période pleine d’incertitudes. Son<br />

Ambassadeur à Bruxelles, Jérémie Banigwaninzigo a accepté<br />

d'accorder une interview au Relais afin donner sa lecture<br />

des événements tragiques que connaît son pays. Membre du<br />

CNDD-FDD, formation au pouvoir, il vient juste de prendre<br />

ses fonctions à Bruxelles.<br />

Relais : Bruxelles est un poste hautement<br />

stratégique et au-delà des responsabilités<br />

classiques d’un ambassadeur,<br />

comment comptez-vous accomplir<br />

votre mission dans un contexte difficile,<br />

compte-tenu des tensions qui existent<br />

dans votre pays et les accusations de la<br />

communauté internationale ?<br />

Jérémie Banigwaninzigo : « Comme<br />

tout Ambassadeur Extraordinaire et<br />

Plénipotentiaire accrédité, ma mission<br />

consiste à représenter le Burundi<br />

auprès du Royaume de Belgique, le<br />

Grand-duché de Luxembourg et l’Union<br />

européenne et à œuvrer pour le maintien<br />

voire le renforcement des relations<br />

bilatérales, multilatérales et multiformes<br />

déjà existantes entre mon pays et les<br />

pays et institution d’accréditation ».<br />

Le Relais : Votre pays traverse une<br />

énième crise qui est à la base du blocage<br />

politique actuel. Pourriez-vous situer<br />

l’origine cette crise ? Et quel est<br />

l'état de la situation au Burundi ?<br />

M. Banigwaninzigo : « Après plus<br />

d’une décennie de guerre civile consécutive<br />

à l’assassinat le 21 octobre 1993<br />

du premier président démocratiquement<br />

élu, S.E. Monsieur le Président<br />

Melchior Ndadaye, l’Accord d’Arusha<br />

d’août 2000 a jeté les bases du partage<br />

du pouvoir politique au Burundi entre<br />

les différentes composantes de la société<br />

burundaise. Une nouvelle Constitution<br />

s’en est inspirée. Les élections<br />

démocratiques pluralistes de 2005 et<br />

de 2010 ont été remportées à tous les<br />

échelons par le Parti CNDD-FDD. En<br />

2010, une partie de l’opposition, après<br />

avoir constaté ses déboires aux élections<br />

législatives, a décidé de boycotter<br />

le reste du processus électoral et a créé<br />

la coalition ADC-Ikibiri qui n’a pas reconnu<br />

les résultats électoraux de 2010<br />

prétextant des fraudes.<br />

Fin avril 2015, le parti CNDD-FDD a<br />

désigné le président Pierre Nkurunziza<br />

comme son candidat à l’élection présidentielle<br />

de 2015.<br />

Certains cadres de ce parti s’y sont opposés<br />

et se sont ralliés à l’opposition<br />

radicale pour s’opposer à cette candi-<br />

dature qu’ils jugeaient anticonstitutionnelle<br />

en dépit des décisions de la Cour<br />

constitutionnelle du Burundi (3 mai<br />

2015) et de la Cour de Justice de l’East<br />

African Community (20 juillet 2015) qui<br />

ont validé la légalité constitutionnelle de<br />

la candidature de Pierre Nkurunziza aux<br />

présidentielles de 2015. Cela s’est exprimé<br />

d’abord par des manifestations dans<br />

quatre quartiers de la capitale Bujumbura.<br />

Manifestations qui ont vite évolué en<br />

insurrection.<br />

Les conséquences ont été, entre autres,<br />

les réfugiés dans les pays voisins, la destruction<br />

des biens et des infrastructures<br />

publics et privés, l’assassinat de citoyens<br />

innocents et de membres des forces de<br />

l’ordre dans l’exercice de leurs fonctions,<br />

des tensions avec certains partenaires<br />

traditionnels du Burundi comme<br />

l’UE qui ont culminé à la prise de sanctions<br />

contre notre pays.<br />

Quant à ces soi-disant violations, le gouvernement<br />

du Burundi a communiqué<br />

maintes fois sur cette question. Chaque<br />

fois qu’une mesure a été prise par le<br />

gouvernement et les différentes institutions,<br />

elle l’a été conformément aux lois<br />

en vigueur. Les détracteurs du Burundi<br />

auraient-ils souhaité que la loi ne sanctionne<br />

pas les auteurs des délits punis<br />

dans n’importe quel Etat démocratique<br />

du monde ? »<br />

Le Relais : Le Burundi fait face aux<br />

sanctions de la communauté internationale.<br />

Qu’elles en sont les conséquences,<br />

à présent ?<br />

M. Banigwaninzigo : « Petit rectificatif,<br />

le Burundi est sous sanctions unilatérales<br />

de l’UE et la communauté internationale<br />

ne se limite pas à l’UE. Ces sanctions<br />

ont été prises en vertu de l’article<br />

96 de l’Accord de Cotonou. Les conséquences<br />

de ces sanctions est que l’aide<br />

directe allouée au gouvernement du Burundi<br />

a été arrêtée. Ce qui entraîne la<br />

suspension de la réalisation des projets<br />

financés par cette aide directe. Avec le<br />

reste des partenaires<br />

du Burundi, le partenariat<br />

économique<br />

continue (Banque<br />

Mondiale, Fonds Monétaire<br />

International,<br />

Banque Africaine<br />

de Développement,<br />

les puissances économiques<br />

d’Amérique<br />

du Sud, d’Asie,<br />

d’Afrique, etc.) »<br />

Le Relais : Peut-on<br />

craindre l’enlisement<br />

de la crise et le blocage<br />

politique qui en<br />

est la conséquence ?<br />

M. Banigwaninzigo : « Le gouvernement<br />

du Burundi s’inscrit dans la logique<br />

du dialogue. La Commission nationale<br />

du dialogue interne (CNDI) est à<br />

l’œuvre depuis des mois pour recueillir,<br />

dans tout le pays, les propositions de solutions<br />

de la population burundaise.<br />

Un dialogue inclusif se poursuit à l’extérieur<br />

du pays dans le cadre de la Médiation<br />

pilotée par l’EAC (Président ougandais<br />

Yoweri Kaguta Museveni, aidé par<br />

l’ancien Président tanzanien Benjamin<br />

William Mkapa). »<br />

Le Relais : Quel serait, selon vous, l’apport<br />

des pays voisins ou de l’Union africaine<br />

dans la crise burundaise ?<br />

M. Banigwaninzigo : « Le Burundi<br />

entretient de bons rapports avec ses<br />

voisins, à l’exception du Rwanda qui<br />

s’implique ouvertement dans la déstabilisation<br />

du Burundi. Des preuves ont<br />

été mises en évidence par des Organisations<br />

internationales et les Etats-Unis.<br />

Le Burundi a porté plainte via la CIRGL,<br />

l’UA et les Nations-Unies, afin que ce<br />

pays voisin se conforme aux exigences<br />

du droit international.<br />

Avec l’UA, les rapports<br />

sont aussi excellents.<br />

La question<br />

d’envoi de troupes<br />

étrangères au Burundi<br />

a rencontré la désapprobation<br />

du Burundi,<br />

de son Peuple,<br />

de leurs élus et des<br />

chefs d’Etat de l’UA.<br />

Comme le Burundi<br />

n’est pas demandeur<br />

et n’a jamais autorisé<br />

la venue de ces<br />

troupes et que la sécurité<br />

revient dans le<br />

pays par rapport à 2015, cette question<br />

sera de moins en moins d’actualité. »<br />

Le Relais : Les Nations Unies parlent<br />

de génocide et de crime contre l’humanité.<br />

Quel est votre réaction face à de<br />

tels propos ?<br />

M. Banigwaninzigo : « La situation<br />

au Burundi ne peut se comparer à un<br />

génocide. Les différentes franges de la<br />

population vivent en harmonie. Venez<br />

vous-mêmes le constater sur place.<br />

Le Relais : Quel message avez-vous, en<br />

tant que nouvel ambassadeur, pour les<br />

Burundais de la diaspora, et éventuellement<br />

pour les partenaires burundais de<br />

la communauté internationale ?<br />

M. Banigwaninzigo : « A la diaspora<br />

burundaise, nous demandons d’être de<br />

vrais patriotes, de défendre la souveraineté<br />

nationale et d’être conscients des<br />

intérêts vitaux de leur pays en refusant<br />

de contribuer à sa déstabilisation. Aux<br />

partenaires qui sont restés de notre<br />

côté, de continuer à nous accompagner<br />

dans la recherche de solutions durables.<br />

Aux autres partenaires, de venir au Burundi<br />

pour s’enquérir de la véritable<br />

situation, qui est différente de celle déformée,<br />

erronée et véhiculée par certains<br />

médias et réseaux sociaux acquis<br />

à l’opposition radicale. Une fois le bilan<br />

fait, de lever les sanctions injustement<br />

imposées au Burundi.<br />

P 26 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016 Le Relais - N°12 - Décembre 2016 - P 27


AFRIQUE<br />

par Tshibambe Lubowa<br />

AFRIQUE CENTRALE :<br />

LA DÉMOCRATIE À PETIT PAS<br />

L’Afrique, principalement l’Afrique centrale, semble<br />

avoir la peau dure en matière de démocratie. Cette gouvernance<br />

par le peuple et pour le peuple a mal à décoller,<br />

surtout dans cette région du continent. Des élections<br />

contestées, des mandats expressément prolongés, des<br />

guerres de leadership politique…tous ces ingrédients font<br />

asseoir l’Afrique centrale sur un volcan. Pourquoi, cette<br />

situation touche plus l’Afrique centrale que d’autres régions<br />

de ce continent. Tentative de réponses.<br />

De toutes les régions du continent, l’Afrique centrale<br />

aligne beaucoup de chefs d’Etat qui ont plus<br />

de 10 ans de pouvoir, et dont l’élection ou/et le<br />

nombre de mandats sont sujets à des contestations<br />

de plusieurs ordres. Le plus vieux chef de l’Etat par<br />

la durée au pouvoir en Afrique se retrouve dans<br />

cette région. Il s’agit du<br />

président de Guinée équatoriale,<br />

Teodoro Obiang<br />

Nguema Mbasogo, arrivé<br />

au pouvoir le 03 août<br />

1979 à la suite d’un coup<br />

d’Etat contre son oncle, le<br />

président Francisco Macias<br />

Nguema. Il est pédalé de<br />

près par l’Angolais Edouardo do Santos<br />

arrivé lui aussi au pouvoir en septembre<br />

1979 à la suite du décès de son prédécesseur,<br />

Dr Agostinho Neto. Il a toutefois<br />

annoncé récemment son<br />

intention de se retirer de la vie<br />

politique en 2018.<br />

Paul Biya a accédé au pouvoir au Cameroun<br />

le 6 septembre 1982 à la suite de la démission<br />

de son prédécesseur, le président Ahidjo, et<br />

conserve ce pouvoir depuis lors sans aucunement<br />

l’intention exprimée de le restituer<br />

au peuple. La proximité de ce<br />

pouvoir avec Paris rassure Paul Biya<br />

alias l’homme-lion de la longévité<br />

de son pouvoir. Yoweri Museveni<br />

dirige l’Ouganda des mains de maitre<br />

depuis janvier 1986, à l’issue d’une rébellion<br />

qui a balayé le régime de Milton<br />

Beaucoup de pays<br />

de la zone Sadc ont<br />

réussi leurs processus<br />

démocratiques et<br />

l’alternance<br />

Obote. Les opposants qui sollicitent les suffrages du peuple<br />

sont l’objet des maltraitances de tous ordres jusqu’aux arrestations<br />

brutales. Devenu le cœur du dispositif sécuritaire<br />

américain en Afrique centrale, tous les abus contre la démocratie<br />

et les droits de l’homme ainsi que les<br />

violations régulières des frontières de la<br />

République démocratiques du Congo<br />

sont tolérés, voire encouragés par ses<br />

parrains britanniques et américains.<br />

Il préparerait même son fils Muhoozi<br />

Kainerugaba pour le remplacer, et a<br />

son épouse, parmi les membres de son<br />

gouvernement.<br />

Dénis Sassou Nguesso est au pouvoir depuis<br />

1979 avec une interruption de cinq ans, de 1993 à 1997,<br />

à la suite des élections démocratiques qui avaient vu le professeur<br />

Pascal Lissouba l’emporter. Il revient au pouvoir en<br />

1997 à la suite d’une rude bataille armée.<br />

Après avoir réalisé deux mandats pleins<br />

de sept ans chacun, il a revu la constitution<br />

de son pays pour s’attribuer un nouveau<br />

mandat dans des contestations généralisées.<br />

Un autre chef de l’Etat de l’Afrique centrale<br />

qui aligne une<br />

longue durée au<br />

pouvoir, c’est le président tchadien,<br />

Idriss Déby Itno, à la tête du pays<br />

depuis le 2 décembre 1990, et officiellement<br />

président de la République<br />

du Tchad, le 28 février 1991.<br />

En 25 ans de pouvoir, Idriss Déby<br />

Itno a souvent vu son gouvernement<br />

se fragiliser, sans jamais être renversé,<br />

e t<br />

les dernières élections présidentielles de 2016 qui lui ont<br />

attribué un autre mandat a été contestées. Mais son rôle<br />

militaire dans la lutte contre les islamistes de Boko Haram<br />

lui fait accorder des faveurs des grandes puissances à la tête<br />

desquelles la France.<br />

Ces grandes puissances encouragent aussi le pouvoir de<br />

Kigali que dirige, des mains de fer, Paul Kagamé qui ne<br />

tolère nullement l’opposition politique. Au pouvoir depuis<br />

l’an 2000, l’homme fort de Kigali met en prison tout celui<br />

qui conteste son pouvoir ainsi que les candidats adverses et<br />

a réussi à revoir la Constitution de son pays s’attribuant une<br />

longévité au pouvoir pouvant atteindre,<br />

selon les calculs, l’an 2037.<br />

Joseph Kabila Kabange de la République<br />

démocratique du Congo n’a<br />

pas les mêmes chances que son homologue<br />

du Rwanda. Washington casse<br />

toutes les tentatives de Joseph Kabila de<br />

conserver son pouvoir qu’il a conquis en<br />

2001 à la suite du décès de son défunt père, Laurent-Désiré<br />

Kabila, et sauvegardé à la suite des élections démocratiques<br />

de 2006 et 2011. L’opposition politique, une bonne frange de<br />

la société civile ainsi que l’église catholique, appuyées par<br />

les Etats-Unis et l’Union européenne, sont déterminées à lui<br />

barrer la route de la prolongation du pouvoir à la fin de son<br />

mandat, le 20 décembre 2016.<br />

Mais, devant l’impossibilité de tenir les élections présidentielles<br />

au courant de cette année 2016 pour des raisons techniques<br />

et financières, un dialogue national politique a été<br />

convoqué par le président Joseph Kabila avec le concours<br />

de la communauté internationale représentée par le facilitateur<br />

Edem Kodjo, ancien Premier ministre togolais et ancien<br />

secrétaire général de l’Union africaine, alors OUA, accompagnée<br />

des représentants de l’ONU, de l’UE, de l’OIF, de<br />

la SADC et de la CIRGL. Ce dialogue a pour objectif la<br />

signature d’un Compromis politique en vue d’une courte<br />

transition d’une année au cours de laquelle le gouvernement<br />

sera dirigé par un membre de l’opposition sous la présidence<br />

de Joseph Kabila qui ne cédera le pouvoir, selon la Constitution,<br />

qu’à un successeur élu.<br />

La tenue de ce dialogue boycotté par une frange de l’opposition<br />

politique, a poussé à des mouvements de contestation<br />

qui ont abouti à des pillages de la ville de Kinshasa, le 19 et le<br />

20 septembre. Et certaines ambassades occidentales comme<br />

celle des Etats-Unis d’Amérique, évacuent<br />

leurs ressortissants craignant une guerre<br />

civile dans les prochains jours.<br />

Cette situation de tension et de guerre<br />

se vit déjà au Burundi où Pierre<br />

Nkurunziza, pasteur, professeur et<br />

ex-rebelle, arrivé au pouvoir en 2005,<br />

a réalisé un troisième mandat interdit<br />

en 2015 sans qu’il ne puisse revoir la<br />

constitution. Il justifie cette situation par le<br />

fait que sa première élection en 2005 s’était faite devant les<br />

parlementaires sur base d’un accord politique d’Arusha et<br />

non au suffrage universel comme l’impose la Constitution.<br />

Cette interprétation a provoqué une crise politique et sociale<br />

aigue dont l’ancien président tanzanien Benjamin Mkapa a<br />

difficile à résorber à travers un dialogue convoqué à Dar es<br />

Salam entre les différentes parties à la crise.<br />

Au Gabon, Ali Bongo Odimba, arrivé au<br />

pouvoir en 2009 en remplacement de son<br />

défunt père et à la suite d’une élection,<br />

est l’objet des contestations diverses<br />

pour son élection programmé par la<br />

Cénap (Commission électorale indépendante<br />

nationale autonome et paritaire)<br />

et confirmée par la Cour suprême. Ces résultats accordant<br />

un nouveau mandat de sept ans au président sortant a été<br />

très contestés de l’intérieur du pays comme de beaucoup de<br />

pays étrangers, notamment la France, le fidèle partenaire de<br />

ce pays. Les partisans de Jean Ping, le principal adversaire<br />

du président sortant, a rejeté les résultats, et la proposition de<br />

Ali Bongo, d’entamer un dialogue national et d’ouvrir son<br />

gouvernement à l’opposition politique.<br />

Cette soif du pouvoir éternel de la part de ces chefs d’Etat<br />

trouve, dans certains cas, la justification dans le souci de<br />

consolider la paix, l’unité et la cohésion nationale dans certains<br />

pays à la sécurité fragile dont les armées répondent<br />

facilement aux ordres d’un chef qui l’a tribalisé. Une autre<br />

raison se trouve être le rôle régional sécuritaire attribué à ces<br />

chefs d’Etat par les puissances étrangères et leurs remplacements<br />

ne rassureraient pas ces puissances pour la bonne<br />

protection de leurs intérêts. L’absence de progrès et de développement<br />

de bon nombre de pays qui ont opté pour la démocratie<br />

apporte de l’eau au moulin de ces chefs d’Etat qui<br />

trouvent de bonnes raisons de trouver en l’imposition d’un<br />

pouvoir fort le seul moyen de mettre leurs populations au<br />

travail et d’appliquer correctement leurs plans économiques<br />

et sociaux.<br />

Beaucoup de pays de la zone Sadc ont réussi leurs processus<br />

démocratiques et l’alternance, quoique très souvent au sein<br />

des mêmes partis, réussit à affirmer une certaine vie démocratique.<br />

C’est aussi le cas de certains pays de l’Afrique de<br />

l’Ouest, du Maghreb et de l’océan indien.<br />

Somme toute, dans ces pays, faudra-t-il refonder la démocratie<br />

dans cette région, une démocratie adaptée à la culture<br />

de ces milieux ou faudra-t-il continuer à appliquer à la lettre<br />

l’Abc de la démocratie occidentale. Le débat doit s’ouvrir.<br />

P 28 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016 Le Relais - N°12 - Décembre 2016 - P 29


AFRIQUE<br />

Pour manifester leur mécontentement face<br />

à l’agissement de ce grand pays, les pays<br />

de la Cémac ont repoussé l’appel du pied<br />

de l’Union européenne dont certains dirigeants<br />

disaient que cet accord intérimaire<br />

signé par le Cameroun était ouvert à tous<br />

les pays de la Cémac, voire au-delà, c’est-àdire<br />

à tous les pays de l’Afrique centrale : les<br />

deux Congo, Gabon, Tchad, Guinée Equatoriale,<br />

République centrafricaine, Sao Tome et<br />

Principe).<br />

Sous pression ou pas, le Cameroun a signé<br />

un accord de partenariat avec l’Europe<br />

Libre-échange<br />

à sens unique ?<br />

L’entrée en vigueur en cette fin d’été de l’accord de libre-échange<br />

entre l’Union européenne et le Cameroun est l’événement le<br />

plus important de ces derniers mois dans le cadre du partenariat<br />

Afrique-Europe. Il fait la Une des journaux et ce avec raison.<br />

En franchissant cet étape dans le long<br />

processus de l’Accord de Partenariat<br />

Economique, négocié depuis 2002,<br />

signé en 2009 et ratifié en 2014, le Cameroun<br />

devient ainsi le premier pays de<br />

la région à accepter le démantèlement<br />

tarifaire pour les produits de l’Union européenne.<br />

En contrepartie, un communiqué<br />

de la Commission européenne, a<br />

souligné l’accès en franchise de droits de<br />

douane et sans contingent au marché de<br />

l’UE pour les exportations en provenance<br />

du Cameroun.<br />

Même s’il s’agit d’un accord intérimaire,<br />

les négociations se déroulaient dans le<br />

cadre de l’APE UE-Afrique centrale. Raison<br />

pour laquelle, les Etats de la Cémac (Communauté<br />

économique et monétaire de<br />

l’Afrique centrale) ont toujours demandé<br />

au Cameroun de sursoir la signature de<br />

cet accord et reprendre à zéro les négociations.<br />

Ils s’attendaient à un APE régional,<br />

c’est -à-dire complet, juste et équilibré<br />

pour l’ensemble de la région.<br />

Sous pression, le Cameroun a- t- il ainsi<br />

lâché ses voisins ? Et si c’était le cas,<br />

quelles seraient les conséquences de ce<br />

jeu en solo ? Premier partenaire de l’Europe<br />

dans la région et avec une économie<br />

diversifiée, le Cameroun mise sur ses produits<br />

agricoles qui auront un accès plus<br />

avantageux que d’autres pays au marché<br />

européen. Tandis que la plupart des pays<br />

dans la région n’ont que le pétrole.<br />

Par contre, la perte pour le Cameroun des<br />

revenus qui viennent de la zone Cémac<br />

(Gabon, Cameroun, République centrafricaine,<br />

Tchad, Guinée équatoriale) est<br />

envisagée. Car la majorité de ses exportations<br />

vont vers ces pays. On craint le<br />

déséquilibre de sa balance de paiement.<br />

A l’intérieur du pays l’accord a été mal accueilli.<br />

On craint la destruction du marché.<br />

Les entrepreneurs camerounais redoutent<br />

la concurrence de puissants groupes industriels<br />

européens. La société civile a déjà<br />

tiré la sonnette d’alarme sur l’invasion des<br />

produits européens. Il s’agira d’un libreéchange<br />

à sens unique, préviennent les<br />

sceptiques.<br />

Même si l’accord de partenariat économique<br />

n’entre pas immédiatement en vigueur<br />

du côté camerounais, déjà, il y a<br />

grogne des déclarants et des douaniers sur<br />

la place du Port de Douala. On y attend un<br />

bouleversement complet.<br />

L’Union européenne jubile. On s’en souvient<br />

à l’époque de la signature de l’APE avec le<br />

Cameroun, Karel de Gucht, alors commissaire<br />

européen au Commerce, n’a -t-il pas<br />

déclaré que l’APE est un de nos outils majeurs<br />

en matière de coopération pour accompagner<br />

les pays en développement comme le Cameroun<br />

vers l’émergence de leurs économies ?<br />

Cette position ne reflète pas l’opinion de<br />

l’Union européenne. Maria Arena, parlementaire<br />

socialiste européenne, a dit dernièrement<br />

tout le mal qu’elle pense de l’APE<br />

signé par le Cameroun en ces termes : “je<br />

m’oppose à cet accord, en tant que parlementaire<br />

européenne, membre de la Commission<br />

de commerce international. En effet, cet accord<br />

commercial avec l’Afrique de l’Ouest ne<br />

tient pas compte de l’extrême pauvreté de la<br />

population...”<br />

En Afrique tout autant en Europe, la signature<br />

de l’APE par le Cameroun est loin de<br />

faire l’unanimité. Peut-on craindre la désorganisation<br />

économique à l’intérieur de la<br />

Cémac? On attend voir la mise en œuvre<br />

de cet APE.<br />

Youssef El Filali<br />

P 30 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016


AFRIQUE<br />

Le président<br />

sud-africain<br />

évite la démission<br />

Jacob Zuma, le président sud-africain, n’a pas usurpé<br />

son surnom de “Président Téflon”, sur qui les critiques<br />

glissent sans jamais attacher.<br />

Une fois encore, lors d’une conférence de presse le dernier<br />

jour du mois de novembre à Johannesburg, la direction<br />

du Congrès national africain (ANC, au pouvoir) a<br />

réaffirmé son soutien au chef de l’Etat, dont le mandat<br />

doit s’achever en 2019. “A la suite de discussions franches<br />

[…] et parfois difficiles”, le comité exécutif de l’ANC “n’a<br />

pas soutenu l’appel à la démission du Président”, a déclaré<br />

Gwede Mantashe, le secrétaire général du parti, invoquant<br />

l’importance de maintenir l’“unité”.<br />

Pas de vote de confiance<br />

Pendant trois jours, les 80 dirigeants de l’ANC se sont réunis<br />

à huis clos pour discuter de l’avenir du chef de l’Etat.<br />

Selon la presse sud-africaine, citant des sources ANC, une<br />

trentaine de dirigeants, dont trois ministres, auraient appelé<br />

à la mise à l’écart de Jacob Zuma, suite aux scandales<br />

de corruption qui s’accumulent autour du septuagénaire,<br />

à la tête du pays depuis 2009. Mais la proposition d’un<br />

vote de confiance a été rejetée. Le chef de l’Etat jouit encore,<br />

au moins officiellement, de soutiens au sein du parti.<br />

L’affaire qui a mis le feu aux poudres est la publication, le<br />

2 novembre, d’un rapport de la désormais ex-médiatrice<br />

de la République, Thuli Madonsela, chargée d’enquêter<br />

sur les dysfonctionnements du pouvoir et de veiller au<br />

bon usage de l’argent public. Ce document avance des<br />

preuves sur les liens compromettants entre Jacob Zuma<br />

et une famille de riches hommes d’affaires indiens, les<br />

Gupta. Ceux-ci auraient usé de leur inluence sur le Président<br />

pour favoriser leurs intérêts et décrocher des marchés<br />

publics, au point d’imposer la nomination de certains<br />

ministres. Certains membres de l’ANC craignent une réaction<br />

des électeurs. En août, le parti a déjà essuyé un revers<br />

historique aux municipales, perdant la majorité des<br />

grandes villes.<br />

Cette fronde sans précédent ne sera pas sans conséquences.<br />

Elle révèle un président affaibli et un parti de<br />

plus en plus divisé. “Les mois qui viennent vont être difficiles<br />

pour lui. Des membres (de l’ANC) sont désormais<br />

prêts à risquer leur carrière afin d’exprimer leur frustration”,<br />

estime l’analyste politique Daniel Silke dans<br />

le “Times” sud-africain. Or, Jacob Zuma n’est pas connu<br />

pour son sens du compromis; un remaniement du gouvernement,<br />

afin d’écarter les voix discordantes, n’est pas à<br />

exclure.<br />

Guerre pour le contrôle de l'ANC<br />

En décembre 2017, les délégués de l’ANC se réuniront<br />

pour élire le nouveau chef du parti. Jacob Zuma ne peut<br />

pas se présenter à un troisième mandat, mais son entourage<br />

favorisera l’élection d’un candidat qui maintiendrait<br />

son réseau. La bataille pour le contrôle de l’ANC n’a jamais<br />

été aussi disputée depuis le coup de force contre le<br />

président Thabo Mbeki, évincé de la tête du parti en 2008<br />

par… le clan Zuma.<br />

A court de dollars, le Zimbabwe<br />

lance une nouvelle monnaie<br />

Le Zimbabwe a lancé lundi 28 novembre<br />

sa nouvelle monnaie, annoncée<br />

depuis mai dernier, malgré<br />

des manifestations de protestation<br />

contre une mesure jugée mal<br />

préparée et contre la corruption. Des<br />

manifestations de protestation que le<br />

régime de Robert Mugabe, au pouvoir<br />

depuis 1980, a traitées par la répression<br />

habituelle.<br />

Le principal parti d’opposition, le<br />

MDC (Movement for Democratic<br />

Change) conteste la nouvelle<br />

monnaie devant les tribunaux,<br />

jugeant qu’elle est<br />

“illégale” et “viole la<br />

Constitution”. C’est<br />

donc sous de mauvais<br />

auspices que les<br />

“billets d’obligation”<br />

– nom de la nouvelle<br />

monnaie, qui se veut<br />

à parité avec le dollar<br />

américain – ont été lancés<br />

lundi. Des billets de deux<br />

dollars et des pièces d’un dollar ont<br />

été mis sur le marché, pour un total de<br />

12 millions de dollars. Des billets de<br />

5 dollars le seront d’ici à la fin de l’année.<br />

Le total devrait atteindre 75 millions<br />

de dollars.<br />

Pas de monnaie nationale<br />

depuis 2009<br />

Depuis 2009, le Zimbabwe n’a plus<br />

de monnaie nationale, le dollar zimbabwéen<br />

ayant disparu à la suite d’une<br />

inflation sans équivalent, qui a atteint<br />

officiellement 231 millions de pourcent.<br />

Depuis lors, le Zimbabwe fonctionne en<br />

utilisant le dollar américain et le rand<br />

sud-africain.<br />

Cependant, vu le manque de productivité<br />

de ce pays qui fut le grenier de<br />

l’Afrique australe jusqu’à la<br />

réforme agraire mal préparée<br />

lancée en 2000<br />

par le président Mugabe<br />

(*), il n’y a pas<br />

assez d’exportations<br />

et donc de devises<br />

en circulation. Le<br />

gouvernement a lancé<br />

les “billets d’obligation”<br />

dans l’espoir<br />

de relancer la machine<br />

économique. Or, la crise économique<br />

qui avait amené la disparition<br />

de la monnaie nationale est jugée<br />

toujours en cours par les Zimbabwéens,<br />

dont 90 % n’ont pas d’emploi formel et<br />

75 % vivent sous le seuil de pauvreté. Ils<br />

craignent donc un retour de la dévaluation<br />

monétaire et des hausses de prix<br />

vertigineuses qui avaient poussé près<br />

d’un cinquième de la population à émigrer.<br />

Déjà dévalués ?<br />

Depuis quelques jours, les Zimbabwéens<br />

se sont donc précipités sur les distributeurs<br />

de billets pour retirer tous les dollars<br />

américains qu’ils pouvaient et ont<br />

fait des provisions, notamment de carburant,<br />

dont ils craignent une prochaine<br />

pénurie. Et lundi déjà, un vendeur interviewé<br />

par l’AFP à Harare reconnaissait<br />

vendre des chaussures à 20 dollars<br />

américains ou 25 dollars de la nouvelle<br />

monnaie. “Il n’y a aucune chance pour<br />

que cette monnaie reste équivalente au<br />

dollar”, ajoutait-il. Le gouvernement a,<br />

quant à lui, qualifié de “traîtres à la patrie”<br />

ceux qui s’opposent à la nouvelle<br />

monnaie. Pas vraiment un langage qui<br />

inspire la confiance…<br />

Le président Mugabe, 92 ans, qui fête<br />

chaque 21 février ses anniversaires par<br />

des réceptions d’un luxe inouï pour le<br />

pays, a laissé entendre qu’il se présenterait<br />

à un nouveau mandat en 2018.<br />

(*) Il voulait ainsi gagner des voix, alors<br />

que sa popularité était en berne.<br />

Le Relais - N°12 - Décembre 2016 - P 33


AFRIQUE<br />

Nigéria<br />

Une décharge à ciel ouvert<br />

depuis plus de 30 ans<br />

L’exploration pétrolière a transformé<br />

le pays ogoni en immense terrain<br />

vague. Les terres, les rivières<br />

et les ruisseaux sont en permanence<br />

entièrement pollués; l’atmosphère est<br />

empoisonnée, chargée de vapeurs d’hydrocarbures,<br />

de méthane, d’oxydes de<br />

carbone et de suies rejetées par les torchères<br />

qui, depuis 33 ans, brûlent des<br />

gaz 24 h sur 24 tout près des zones d’habitation.<br />

Le territoire ogoni a été dévasté par des<br />

pluies acides<br />

et des épanchements<br />

ou<br />

des jaillissements<br />

d’hydrocarbures”,<br />

dénonçait,<br />

en 1992,<br />

l’écrivain et<br />

militant écologiste<br />

nigérian<br />

Ken Saro<br />

Wiwa à Genève. « Si quelques améliorations<br />

ont été apportées depuis lors –<br />

sur pression des militants autonomistes<br />

ou écologistes nigérians – la situation<br />

reste pour l’essentiel très difficile à vivre<br />

dans le delta du Niger, la région pétrolière<br />

au sud du Nigeria.<br />

Le principal exploitant étranger<br />

En 1993, Ken Saro Wiwa notait déjà que<br />

Shell cherchait à “se présenter comme<br />

un champion<br />

du développement<br />

local<br />

et argument<br />

(ait) que la<br />

destruction<br />

de l’environnement<br />

ogoni (était)<br />

un problème<br />

nigérian, à résoudre<br />

au Nigéria”.<br />

Si Shell était mise en cause, c’est<br />

que la compagnie anglo-néerlandaise<br />

avait été la première à exploiter l’or noir<br />

nigérian, à partir de 1958, et est, depuis,<br />

la principale société étrangère à le faire<br />

dans l’ex-colonie britannique, dont 95 %<br />

des devises viennent du pétrole. Royal<br />

Dutch Shell possède 30 % de Shell Nigeria,<br />

qui extrait la moitié de la production<br />

nigériane, la première d’Afrique.<br />

En 1993, Saro Wiwa et les Ogonis<br />

étaient parvenus à contraindre la compagnie<br />

à suspendre ses opérations. En<br />

1995, Saro Wiwa et huit de ses proches<br />

étaient pendus par la dictature militaire<br />

à l’issue d’un procès jugé inique et dans<br />

lequel les militants détectaient la main<br />

de Shell. L’année suivante, la famille<br />

Saro Wiwa avait porté plainte contre la<br />

compagnie pétrolière devant un tribunal<br />

de New York pour sa responsabilité dans<br />

l’élimination des neuf militants, dans les<br />

tortures qu’ils avaient subies et pour<br />

corruption.<br />

Durant 12 ans, Shell demanda à la cour<br />

de se déclarer incompétente, avant que<br />

le procès ouvre le 26 mai 2009. Moins<br />

de deux semaines plus tard, Shell acceptait<br />

de payer 15,5 millions de dollars<br />

aux plaignants pour régler le conflit à<br />

l’amiable – tout en affirmant son innocence<br />

et en assurant qu’il s’agissait d’un<br />

“geste humanitaire”.<br />

Dans le delta du Niger, cependant, le<br />

conflit ne s’était pas apaisé et le sort<br />

des populations n’était guère meilleur.<br />

Les fuites de pétrole (40 % des fuites de<br />

Shell, présente dans 28<br />

pays, avaient alors lieu<br />

au Nigéria) se poursuivaient,<br />

dues à la vétusté<br />

des pipelines, à la piètre<br />

surveillance des oléoducs<br />

et aux siphonnages<br />

de pétrole par la population.<br />

Tout comme les torchères<br />

de gaz (95 % du<br />

gaz était alors brûlé au Nigeria, contre<br />

0,6 % aux Etats-Unis) qui provoquent<br />

émissions de CO2 et pluies acides.<br />

Groupes armés et rançons<br />

Pêcheurs et agriculteurs de la région<br />

étaient contraints au chômage à cause<br />

de la pollution, ce qui a provoqué une<br />

guerre civile dans la région : de plus en<br />

plus de jeunes gens se sont joints à des<br />

groupes armés mêlant revendications<br />

autonomistes, rapts contre rançon parmi<br />

le personnel des compagnies pétrolières,<br />

siphonnage de pétrole en grande<br />

quantité pour le revendre et exigence<br />

d’un partage de la richesse pétrolière<br />

Durant 12 ans,<br />

Shell demanda<br />

à la cour de<br />

se déclarer<br />

incompétente<br />

avec la population locale. Jusqu’en<br />

1999, la région du delta pétrolier ne touchait<br />

en effet que 3 % des revenus nationaux<br />

issus de l’or noir, passés à 13 %<br />

depuis la fin du régime militaire. Une<br />

amnistie négociée en 2009 avait réussi<br />

à ramener un peu de calme dans la région,<br />

mais ses effets sont<br />

en train de se dissiper, la<br />

pollution n’ayant guère<br />

été combattue. Les violences<br />

reprennent.<br />

En 2013, alors qu’une<br />

nouvelle bataille juridique<br />

opposait Shell –<br />

qui plaidait à nouveau<br />

l’incompétence du tribunal<br />

britannique saisi, ainsi que sa propre<br />

innocence – aux victimes de fuites de<br />

ses pipelines en 2008 à Bodo, Amnesty<br />

International avait accusé la compagnie<br />

anglo-néerlandaise de manipuler les enquêtes<br />

sur les fuites pour en accuser les<br />

siphonneurs, alors que le mauvais entretien<br />

de ses oléoducs, victimes de corrosion,<br />

était tout autant en cause. L’ONG<br />

accusera aussi Shell de n’avoir reconnu<br />

que la perte de 4 000 barils alors que<br />

la fuite était estimée plus proche de<br />

100 000 barils par une analyse indépendante.<br />

En janvier 2015, Shell avait,<br />

une fois encore, conclu un arrangement<br />

à l’amiable et payé 70 millions d’euros<br />

aux victimes.<br />

P 34 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016


CULTURE<br />

TOMBOUCTOU REVIT<br />

Ahmad Al Faqi Al Mahdi condamné, les<br />

mausolées reconstruits à l’identique :<br />

Tombouctou, la ville des 333 saints recouvre<br />

son authenticité et son lustre<br />

La ville de Tombouctou, fondée au Ve siècle fut l’un des plus grands<br />

centres intellectuels de l’Islam au monde. Connue et reconnue<br />

pour ses manuscrits historiques, Tombouctou atteint son apogée<br />

aux XVe et XVIe siècles. Sa richesse déclina lorsque les Européens<br />

ouvrirent la voie maritime pour le commerce entre l’Afrique du<br />

Nord et l’Afrique noire.<br />

Nonobstant, Kankou Moussa (empereur du Mali 1312 à 1332 ou<br />

1337) reste historiquement l’homme le plus riche de tous les temps<br />

avec un patrimoine évalué à plus 400 milliards de dollars.<br />

Cité des 333 saints ou encore la Perle du désert, Tombouctou compte<br />

actuellement 22 mausolées intacts, dont 16 inscrits sur la liste du patrimoine<br />

de l’Unesco. Mais parmi ces derniers, certains «ont disparu<br />

du fait de l’ensablement», précise M. Ben Essayouti. Certains tombeaux<br />

sont en ville ou dans des cimetières, d’autres dans des mosquées.<br />

On compte trois grandes mosquées historiques: Djingareyber<br />

(1325 et 1327 construite sous le règne de l’empereur de Kankou<br />

Moussa à son retour de la Mecque), Sankoré (1325-1433 - aux dimensions<br />

de la Kaâba de la Mecque), et Sidi Yahia (1440).<br />

Au nom d’une « idolâtrie » imaginaire et imagée à la hauteur de<br />

leur barbarie, des hommes sans foi ni loi avaient, en 2012, détruit les<br />

mausolées millénaires de la ville historique de Tombouctou. Classés<br />

patrimoine mondial de l’Unesco, ces édifices constituent le cœur de<br />

la perle du désert. Sous le regard impuissant du gouvernement du<br />

Mali, des populations de Tombouctou et aussi de l’Unesco, le monde<br />

a assisté aux coups de burin, de haches et de pioches démoniaques<br />

P 36- Le Relais - N°12 - Décembre 2016<br />

des hommes d’un autre âge réduisant en poussière l’héritage de l’Humanité<br />

sous couvert d’un Islam crée de toutes pièces. « Un ignorant<br />

qui ignore qu’il est ignorant est un ignare », dit un adage.<br />

« Le sel vient du Nord, l’Or vient du Sud, l’argent vient du pays des<br />

blancs mais la parole de Dieu, les choses saintes, les contes jolis on ne<br />

les trouve qu’à Tombouctou »- , « Ô toi qui vas à Gao fais un détour<br />

par Tombouctou. Murmure mon nom à mes amis et porte leur le<br />

salut parfumé de l’exilé qui soupire après le sol où résident sa famille,<br />

ses amis, ses voisins ». - Ahmed Baba (1556-1627)<br />

Cette citation à elle seule contient toute l’imbécillité obscurantiste<br />

des derniers nés de l’Islam qui ne font que confondre la barbe et la<br />

cravate. L’Islam est pratiqué dans la ville où abrite la plus vielle université<br />

au monde depuis des temps immémoriaux. Au XVe siècle déjà,<br />

la ville était peuplée d’environ 100 000 habitants dont 25 000 étudiants<br />

pour la seule Université de Sankoré II. Bref, vouloir apprendre<br />

à un vieux singe comment décortiquer de l’arachide est une insulte à<br />

toute l’intelligence humaine.<br />

Cependant, les fous de Dieu avaient totalement ignoré le génie Tomboucticien,<br />

des hommes et des femmes qui ont su conserver jalousement<br />

les savoirs ancestraux. Avec l’aide de l’UNESCO et des amis du<br />

Mali et l’implication du ministère malien de la culture, 14 lieux saints<br />

détruits par les hommes d’une autre époque ont été reconstruits à<br />

l’identique par les mains ingénieuses des maçons de la cité des 333<br />

saints. Et, le principal instigateur, Ahmad Al Faqi Al Mahdi, ayant plaidé<br />

coupable devant la Cour pénale internationale (CPI), endossait une<br />

peine de 9 ans de prison pour « destruction de mausolées ».<br />

Premier du genre, espoir est permis de penser que cet avertissement<br />

permettra à d’autres de réfléchir avant de commettre des crimes du<br />

même genre. En attendant, le blason de Tombouctou est redoré et la<br />

ville brille de « mille feux ».<br />

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CULTURE<br />

par Sandra Ndongala<br />

Kimpa Vita est le nom d’une jeune femme noire, du Royaume Kongo.<br />

Elle vécut au XVII e siècle. Aujourd’hui, symbole de libération.<br />

Son image orne les pancartes des manifestants congolais à travers<br />

le monde. Son nom fait le refrain de tous les chants épiques et révolutionnaires.<br />

La Reine oubliée<br />

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P 38 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016<br />

Pourtant, Kimpa Vita et son combat étaient tombés dans les oubliettes de<br />

l’Histoire. Comment ce nom est revenu au goût du jour ? Des activistes<br />

de la cause noire, des indépendantistes, les tenants de la spiritualité nègre,<br />

se sont inspirés de son combat.<br />

Après, c’était le tour des jeunes<br />

africains confrontés aux pouvoirs<br />

autocratiques depuis au<br />

moins 20 ans, qui se sont emparés<br />

des idées de Kimpa Vita,<br />

afin de demander l’alternance politique, le droit à une vie correcte et<br />

aux respects de droits humains.<br />

Kimpa Vita inspiratrice des<br />

combats de libératon .<br />

Mais qui était femme cette exceptionnelle et pourquoi son action a traversé<br />

les siècles ? Née vers 1664, dans le royaume kongo, Kimpa Vita<br />

est morte brûlée en même temps que son bébé et son compagnon Barro.<br />

Elle est décédée le 4 juillet 1706 à Evolulu (Angola). Elle n’avait<br />

qu’à peine 22 ans. Ses persécuteurs étaient des capucins italiens.<br />

La brièveté de sa vie et les conditions de sa mort, éclairent la vie et le<br />

sens du combat de cette jeune femme. A son époque, son royaume est<br />

en déclin. Sao Salvador, l’ancien nom de la ville Mbanza-Kongo en<br />

Angola et autrefois la capitale du royaume Kongo, est détruite, le Roi<br />

Pedro IV (Nusamu a Mwemba) est en exil. Les causes de la désolation<br />

du royaume kongo sont nombreuses. Nous sommes-là, au début<br />

du XVIII ième siècle. Parlons-en : les querelles intestines, la vacance au<br />

trône, les ravages de la part des négriers portugais, les pillages des<br />

objets culturels et le dépeuplement.<br />

Que faire face au déclin du royaume ? Une femme, jeune du nom de Kimpa<br />

Vita, prend le flambeau de la lutte. Elle prend le courage afin de restaurer le<br />

royaume kongo. Pour ce faire, elle met en avant l’unité du royaume kongo.<br />

Puis, se bat pour le retour du roi.<br />

Au plan culturel, elle dénonce l’hypocrisie des missionnaires, et la domination<br />

des Blancs qu’elle appelle les Bandoki 1 et exige leur départ. C’est ici<br />

qu’on voit Kimpa Vita en prophétesse. En tant que membre de la spiritualité<br />

Kimpasi 2 que les Blancs qualifiait de sorcellerie. Elle s’est opposée à la<br />

domination religieuse des Européens.<br />

Kimpa Vita continue d’influencer les combattants de libérations politiques,<br />

religieuses et économiques. C’est pourquoi elle est une source d’inspiration<br />

de lutte et engagement politique. L’Afrique aura d’autres Kimpa Vita ?<br />

1-<br />

Sorciers.<br />

2 -<br />

Société secrète Kongo réservée aux initiés.<br />

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