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Bruxelles,<br />
le nouveau phare<br />
qui attire tous<br />
les jeunes talents<br />
page 22<br />
LE RELAIS<br />
3ème année N°12 - Décembre 2016 - Bruxelles MAGAZINE DU PARTENARIAT AFRIQUE - EUROPE - MAGHREB<br />
«CONGO,<br />
IL EST TEMPS<br />
D’AGIR !»<br />
INTERVIEW DE GIANNI PITTELLA<br />
Président du groupe<br />
des Socialistes Européens<br />
page 6<br />
Zone Euro 3 € - Maroc 15 DH - US Dollar 3,5 $<br />
page 14<br />
Détournement de l’aide<br />
humanitaire par l’Algérie<br />
Le réquisitoire de Me Rodrigues<br />
L’AMBASSADEUR DU BURUNDI<br />
À BRUXELLES ACCUSE LE RWANDA<br />
DE DÉSTABILISER SON PAYS<br />
page 26
Sommaire<br />
Europe<br />
6. Le groupe socialiste européen place l'Afrique<br />
au centre de son action. Interview avec Gianni Pittella.<br />
10. Mise en place d'un grand partenariat stratégique<br />
Union européenne – Afrique.<br />
12. Le Parlement européen a sorti son Plan Marshall<br />
pour soutenir l'économie tunisienne.<br />
Sahara<br />
14. L'Algérie de nouveau au centre des critiques<br />
devant les Nations unies. En cause : un lourd<br />
dossier de détournement de l'aide humanitaire.<br />
Maroc<br />
16. La divine artiste peintre Nadia Chellaoui<br />
nommée ambassadrice !<br />
18. Pas à pas, le Royaume du Maroc se replace<br />
au centre de l'échiquier politique mondial.<br />
20. 18e édition du Crans Montana Homeland &<br />
Global Security Forum<br />
Bruxelles<br />
22. La capitale européenne est devenue<br />
LE pôle d'attraction des talents internationaux.<br />
Afrique<br />
26. L'ambassadeur du Burundi, en place à<br />
Bruxelles, pointe du doigt le rôle du Rwanda<br />
dans la crise de son pays.<br />
28. L'Afrique centrale face au défi démocratique.<br />
Les progrès sont cosntants mais encore trop lents.<br />
32. Afrique du Sud, le président Zuma évite<br />
de justesse la démission.<br />
34. Nigeria et les conséquences dramatiques de<br />
l'exploitation aveugle de son or noir par<br />
des compagnies étrangères.<br />
Culture<br />
36. Grâce à la mobilisation internationale,<br />
Tombouctou renaît de ses cendres.<br />
38. Kimpa Vita, une déesse oubliée<br />
mais immortelle.
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African Press in Europa<br />
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Brugge - Belgique<br />
ISSN : 2295-7723<br />
EDITO<br />
Après le Brexit, quel avenir pour l’Union européenne<br />
et ses partenaires ?<br />
C’est l’heure des incertitudes, après la sortie du Royaume Uni<br />
de l’Union Européenne. La rentrée politique de Bruxelles est<br />
particulière. Ils étaient 28 pays, ils ne sont plus que 27 désormais,<br />
à penser, à réfléchir et à décider d’un avenir qui s’annonce<br />
délicat, au sein de ce bloc mûrement construit au lendemain de<br />
la Seconde Guerre mondiale, pour la promotion des valeurs de<br />
paix , de sécurité et de prospérité économique.<br />
Le refus catégorique des Britanniques de rester au sein de l’UE,<br />
dans laquelle ils sont entrés en janvier 1973, marque une date<br />
capitale dans l’histoire de l’Europe. Il a plongé dans la stupeur les<br />
dirigeants non seulement européens mais aussi des autres Etats<br />
révélant ainsi un malaise longtemps tu. Une crise latente profonde<br />
à laquelle « de bonne ou de mauvaise foi », on ne voulait pas donner d’importance.<br />
En effet si le Brexit anglais est l’expression de la belle idée de la démocratie, il est le<br />
résultat manifeste d’une fracture sociale engendrée par le mal être de l’individu. Ce mal<br />
être qui a fini par gagner insidieusement toute une communauté de petites gens, des<br />
laissés pour compte, une société de plus en plus pauvre dans un pays de riches.<br />
Le Brexit est une transparence parfaite d’une crise des valeurs et des croyances qui<br />
animent l’homme dans sa quintessence. Par conséquent, il est le rejet de l’autre. Le refus<br />
de continuer à cohabiter avec l’autre, cet étranger qui pénètre et prend « notre place<br />
naturelle ». Les anglais n’en veulent plus. C’est de l’amertume : un ras-le bol !<br />
Le non-Anglais met l’accent sur les maux actuels qui secouent le continent européen<br />
confronté à des défis majeurs, notamment les flux migratoires et le terrorisme.<br />
Il serait déplacé d’affirmer ou de confirmer que c’est de la xénophobie toute bête, c’est<br />
bien au delà. Mais dans un climat de crise économique et identitaire culturelle, il s’agirait<br />
plus tôt d’une appréhension de l’à venir/avenir , d’un appel à résorber tous ces flux migratoires<br />
provenant en particulier des voisins des pays de l’Est auxquels l’Union à ouvert<br />
la porte à l’adhésion et autres pays confrontés à des guerres civiles.<br />
Dans cette transparence de contestations du vivre ensemble, et de revendications qui<br />
se sont exprimées à travers les résultats du référendum de juin dernier, quel avenir pour<br />
l’Union, quel impact dans ses rapports avec les partenaires privilégiés?<br />
Au lendemain, des quelques 52 % des suffrages exprimés en faveur de la sortie des<br />
Britanniques, l’Union européenne est sous le choc. Historique, ce scrutin la marquera<br />
durablement. Il ouvre une brèche. Et, telle une plaie, il la fragilise, dans la mesure où<br />
d’autres pays pourront être tentés de suivre la voie anglaise.<br />
«C’est un coup porté à l’Europe, un coup porté au processus d’unification européenne »,<br />
comme l’a si bien déclaré la chancelière allemande, Angela Merkel.<br />
Un coup qui aura ses effets sur la politique européenne future ne serait ce que sur le<br />
plan de la stabilité économique, un coup qui aura aussi ses effets sur les politiques européennes<br />
migratoires futures.<br />
Déjà les opinions s’expriment. « L’Europe ne doit plus intervenir partout, tout le temps »,<br />
selon les propos du Premier ministre français au lendemain du 23 juin dernier.<br />
Un coup qui impactera l’Afrique ? Je ne crois pas. Loin mais bien loin du joug colonial,<br />
l’Afrique est aujourd’hui un continent à part entière où se développe et foisonne une<br />
coopération Sud-Sud probante.<br />
L’Afrique n’est plus celle des idées reçues. Face à l’échec des politiques de développement<br />
importées et imposées, elle prend aujourd’hui son devenir en main. Comptant sur<br />
ses propres forces et ses richesses naturelles, elle a pris conscience des effets positifs<br />
d’un modèle de développement durable qui répondrait beaucoup mieux à ses propres<br />
besoins.<br />
L’Afrique est aujourd’hui dans la coopération Sud-Sud. L’ambition serait de poser demain,<br />
les jalons d’une coopération Sud-Nord complémentaire.<br />
Une incidence sur le Maghreb ? Non plus. La politique européenne de voisinage est ancrée<br />
et chaque fois développée avec les différents pays maghrébins. Le but pour ses trois<br />
ensembles est de relever les nouveaux défis du XXIe siècle.<br />
Chacun de nous sait que l’Europe a une histoire commune avec l’Afrique et le Maghreb.<br />
Leurs liens sont solides, tissés, indéfectibles, il faut seulement puiser dans le bons sens<br />
et la maturité, au-delà des pronostics sur l’après Brexit, pour continuer à œuvrer ensemble<br />
et affronter les grands enjeux mondiaux de notre époque.<br />
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Président
EUROPE<br />
Entretien avec J. BOOLE<br />
LE GROUPE SOCIALISTE EUROPÉEN<br />
PLACE L’AFRIQUE<br />
AU CENTRE DE SON ACTION<br />
Depuis que M. Pittella est à la tête du Groupe socialiste,<br />
l’Afrique occupe le centre de l’action des<br />
socialistes européens. La semaine africaine instituée<br />
au Parlement européen, par exemple, Dernièrement,<br />
des acteurs africains : les représentants de la<br />
société africaine, du secteurs privés et autres avaient été invités<br />
au Parlement européen afin d’échanger entre eux et puis avec des<br />
parlementaires européens des expériences et préoccupations sur<br />
le développement du continent. Les socialistes européens, en plus<br />
de cette initiative, ont déjà effectué deux dans missions dans l’est<br />
de la RDC. La dernière en date a eu lieu en septembre dernier.<br />
Elena Valenciano a été l’envoyée spéciale du Président du groupe<br />
SD au parlement européen, Gianni Pittella.<br />
Voici le contexte de cette mission. Depuis Octobre 2014, la situation<br />
sécuritaire dans le Nord-Kivu, et notamment sur les territoires<br />
de Beni, Lubero et Butembo n’a cessé d’empirer. Plus de 1200 personnes<br />
ont été sauvagement assassinées, des milliers ont disparus,<br />
des dizaines des milliers de femmes, d’enfants et d’hommes ont<br />
été victimes d’abus sexuelles et des centaines de milliers viennent<br />
s’ajouter aux millions de personnes déplacées dans leur propres<br />
pays suite au début des conflits armés à l’Est de la RDC.<br />
Ces actions ont été attribuées par le gouvernement et la MO-<br />
NUSCO à l’Allied Democratic Forces, un groupement armé Ougandais.<br />
Pourtant, la société civile conteste leur seule responsabilité,<br />
dans une région qui reste dominé par des dizaines de groupements<br />
armés qui survivraient grâce à l’exploitation des ressources<br />
naturelles et des liens ambigus avec le gouvernement de la RDC<br />
mais aussi des pays voisins, ainsi que des multinationales étrangères.<br />
Alerté par l’indifférence de la communauté internationale et le silence<br />
des médias, le Parlement Européen a adopté le 23 Juin 2016<br />
une Résolution sur les massacres à l’Est de la RDC afin de mettre<br />
la lumière sur les événements tragiques mais aussi de lister des<br />
potentiels éléments de réponse à une crise qui pourrait non seulement<br />
perdurer à s’empirer mais aussi à s’étendre sur la région<br />
et au-delà.<br />
À l’origine de cette initiative, le Président du Groupe S&D Gianni<br />
Pittella a demandé à Elena Valenciano, Présidente de la Commission<br />
des Droits de l’Homme, de se rendre sur place afin de rencontrer<br />
les acteurs dans la région et établir à son retour un plan d’action<br />
autour des recommandations émises dans la Résolution.<br />
Gianni Pittella, président du<br />
groupe des Socialistes et Démocrates<br />
au Parlement européen<br />
exprime sa vive inquiétude sur la<br />
situation politique en République Démocratique<br />
de Congo. Il se prononce<br />
pour des sanctions ciblées envers les<br />
responsables du blocage du processus<br />
électoral et de la répression de<br />
la contestation contre le maintien du<br />
Président Joseph Kabila au pouvoir à<br />
l’issue de son second mandat. L’Union<br />
européenne, précise-t-il, ne doit pas<br />
se laisser faire comme ce fut le cas<br />
au Burundi. Elle doit agir dès maintenant<br />
avec des sanctions ciblées et une<br />
redirection de l’aide. Entretien avec J.<br />
BOOLE<br />
Le Relais : La situation politique<br />
congolaise actuelle, à votre avis,<br />
justifie- t-elle des sanctions à l’encontre<br />
des autorités ?<br />
Gianni Pittella : La République<br />
Démocratique de<br />
Congo est devenue une<br />
bombe à retardement, et il est<br />
temps d’agir face à la menace<br />
d’une guerre civile qui se profile.<br />
Il faut agir dans l’immédiat<br />
pour éviter des nouveaux<br />
massacres. C’est pour cette<br />
raison que j’invite Federica<br />
Mogherini, Haut Représentante<br />
de l’Union pour les Affaires<br />
étrangères et la Politique<br />
de sécurité d’utiliser tous les<br />
moyens disposés y compris<br />
des sanctions individuelles,<br />
pour faire pression sur le Président<br />
Kabila. Car Contrairement,<br />
à la Constitution du pays<br />
et malgré les pressions internationales,<br />
M. Kabila s’agrippe<br />
au pouvoir et répond par la<br />
violence. Nous référons ainsi,<br />
en particulier aux Accords de<br />
Cotonou, qui régissent les relations<br />
entre l’UE et les États<br />
ACP (Afrique, Caraïbes et<br />
Pacifique) et qui prévoient de<br />
telles actions.<br />
Le Relais : La violence<br />
dont vous parlez en RDC<br />
et que votre Groupe au<br />
Parlement européen combat, d’où<br />
tire-t-elle ses origines ?<br />
Les minerais des zones en conflit sont<br />
une des causes fondamentales de cette<br />
violence, que nous espérons éradiquer.<br />
Interview de<br />
Gianni Pittella pour<br />
une nouvelle et<br />
ambitieuse politique<br />
de l’UE vers l’Afrique<br />
Notre engagement a démontré que l’attachement<br />
de l’Union européenne aux<br />
droits de l’homme et à la dignité humaine<br />
va bien au-delà des déclarations<br />
creuses et des intérêts financiers. Après<br />
des négociations longues et difficiles, le<br />
Parlement européen, le Conseil et<br />
la Commission ont réalisé un accord<br />
politique au sujet d’un règlement<br />
qui exclut du marché de l’UE<br />
les minerais des zones en conflit. Je<br />
tiens à saluer cette évolution positive<br />
qui est une avancée significative.<br />
L’entêtement, l’engagement et la<br />
force avec lesquels le Groupe S&D<br />
a défendu ses valeurs ont permis à<br />
P 6 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016 Le Relais - N°12 - Décembre 2016 - P 7
EUROPE<br />
COMMUNIQUÉ<br />
la tunisie<br />
EN BLEU<br />
ET GREEN<br />
l’Europe de gagner une bataille pour la<br />
justice. Une avancée obtenue grâce à la<br />
détermination des socialistes européens.<br />
Toutefois, ce n’est pas la victoire finale.<br />
Même si nous avons porté un coup dur<br />
aux milices qui massacrent et violent<br />
femmes et enfants dans de nombreuses<br />
régions du monde et dans l’Est de la<br />
RDC en particulier, afin d’exploiter<br />
les minerais dits des zones en conflit :<br />
l’étain, le tungstène, le tantale et l’or. La<br />
situation de Far West actuelle touche à<br />
sa fin. À présent, les citoyens européens<br />
doivent prendre conscience du fait que<br />
leur tablette, leur GSM ou leur PC sont<br />
probablement produits à partir de minerais<br />
entachés de sang innocent.<br />
Le Relais : Pensez-vous qu’il y a<br />
un espoir ? Cette lutte contre les<br />
causes de ces violences et l’exploitation<br />
de l’Afrique n’est-elle pas<br />
perdue d’avance ?<br />
On peut considérer que, contrairement<br />
à la conception traditionnelle de<br />
l’Afrique synonyme d’absence d’espoir,<br />
de pauvreté et d’instabilité politique, «<br />
il est temps de mettre en œuvre une<br />
approche positive et constructive » à<br />
l’égard de l’Afrique et de ses populations.<br />
C’est pourquoi, je demande une<br />
nouvelle et ambitieuse politique de l’UE<br />
vers l’Afrique. Il y a lieu de souligner ici<br />
que l’Afrique et l’Europe sont liées par<br />
l’histoire et « par des intérêts et des<br />
valeurs partagés » que sont le respect<br />
des droits l’homme, la liberté, l’égalité, la<br />
solidarité, la prospérité et la justice. La<br />
nécessité de « définir de nouveaux types<br />
de relations avec l’Afrique s’impose.<br />
P 8 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016<br />
LES PRINCIPALES<br />
RECOMMANDATIONS<br />
DE LA MISSION<br />
La situation à l’Est ne peut trouver une solution qu’avec une stabilité<br />
politique et une coopération régionale de confiance avec le Rwanda et<br />
Uganda. Nous demandons que l’enquête réalisée par le nouveau panel du<br />
Groupe d’Experts soit renforcée, soutenue et transparente afin d’identifier<br />
les responsables des groupes armés et les connections entre les différentes<br />
factions, l’armée et le gouvernement.<br />
La société civile doit être renforcée et la liberté et protection d’agir de ses<br />
acteurs doivent être garantie à tout égard. Sur la situation politique<br />
Nous souhaitons que le dialogue soit rénové, véritablement inclusif et<br />
qu’une date d’élections présidentielles soit fixée au plus vite et avant toute<br />
chose.<br />
· L’UE doit engager le dialogue politique prévu à l’article 8 et considérer<br />
l’éventualité d’activer l’article 96, afin d’envisager des sanctions, tel que le<br />
font les Etats-Unis, et la redirection de l’aide (notamment du secteur de la<br />
justice).<br />
· Les États Membres doivent bilatéralement prendre des mesures envers<br />
leurs binationaux qui ont des responsabilités au sein des autorités de RDC.<br />
· La communauté internationale doit être ferme dans son refus de lier<br />
un rétablissement de la stabilité à l’Est du Pays avec un maintien du<br />
gouvernement en place.<br />
Dès le retour de la mission, les actions de suivi doivent se multiplier afin de<br />
maintenir l’attention sur la situation dans le pays et la région et trouver une<br />
solution par le jeu de tous les partenaires. Il est clair que le conflit à l’Est<br />
de la RDC est un conflit oublié qui lentement se transforme en monstre<br />
aux tentacules sans cesse plus nombreuses. La situation politique instable se<br />
nourrit aussi de ce conflit tout en garantissant le statu quo.<br />
Outre une discussion immédiate en séance plénière du Parlement Européen,<br />
le Groupe S&D s’engage à relayer bilatéralement ses recommandations<br />
auprès du Président du Parlement Européen Martin Schulz, de la<br />
Haute Représentante aux Affaires Étrangères Federica Mogherini, des<br />
Commissaire à l’aide humanitaire Christos Stylianides et à la Coopération<br />
au Développement Neven Mimica et des représentants des États Membres.<br />
Une démarche auprès des Nations Unies et une saisine de la Cour Pénale<br />
Internationale est aussi à envisager et sera discuté avec le Service d’Action<br />
Extérieure de l’Union Européenne.<br />
Enfin, il est crucial de continuer à coordonner l’action avec la société civile,<br />
aussi bien en RDC que celle active auprès des Institutions. Aucune initiative<br />
prise par l’Union Européenne ne saurait être effective si elle ne se repose<br />
pas sur l’information et le retour de la société civile.<br />
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Ça glisse sur les flots<br />
Au moindre souffle, les voiles sont de<br />
sortie. En particulier celles des kitesurfs,<br />
qui virevoltent dans les airs. Balayée par<br />
des vents réguliers toute l’année et bordée<br />
par une superbe lagune, l’île de Djerba<br />
est devenue l’un des spots phare des<br />
champions de la discipline et des amateurs<br />
de sensations fortes ! Le site est réputé<br />
pour ses conditions optimales permettant<br />
de s’envoler au-dessus des vagues et tenter<br />
des figures spectaculaires. Plusieurs écoles<br />
accueillent aussi les débutants, impatients<br />
de goûter aux plaisirs de la glisse. Alors,<br />
on profite des vacances pour se lancer !<br />
Ça swingue sur le green<br />
Après la plage, on peut s’adonner aux joies<br />
du golf. Entre Gammarth, Hammamet<br />
et Tozeur, une dizaine de terrains font le<br />
bonheur des adeptes de gazon et de clubs.<br />
Implantés dans des paysages à couper le<br />
souffle, les tracés sont jalonnés de points<br />
de vue superbes sur la mer Méditerranée<br />
et la nature environnante. La balade reste<br />
toutefois bien sportive. Pour preuve, la<br />
qualité des parcours internationaux conçus<br />
et adaptés pour les meilleurs golfeurs et<br />
golfeuses, mais aussi pour les amateurs qui<br />
toute l’année peuvent pratiquer leur sport<br />
favori. Les hébergements alentour sont<br />
tout aussi prestigieux. Plutôt plaisant !<br />
3 spots de plongée<br />
Le plus grand récif corallien de<br />
Méditerranée se trouve en Tunisie.<br />
- Au large de Tabarka, sur la côte nord,<br />
on chausse des palmes et on s’équipe<br />
d’un tuba et d’un masque pour admirer<br />
des mérous noirs, gorgones multicolores,<br />
poulpes, murènes, rascasses, anémones<br />
de mer et spirographes, et explorer le<br />
site de Tunnel Reef, qui éblouit par ses<br />
fonds rocheux, ses grottes, ses arches<br />
et ses passages étroits.<br />
- Le Cap Bon, sur les sites de Nabeul,<br />
et Hammamet, fascine avec ses épaves<br />
de bateaux de la Seconde Guerre<br />
mondiale.<br />
- L’archipel de La Galite abrite<br />
des espèces rares d’algues et de<br />
coraux, ainsi qu’une superbe colonie<br />
de phoques moines.<br />
*Tunisie, source d’inspiration<br />
© Propriété de l’Office National du Tourisme<br />
Tunisien (ONTT)<br />
*
EUROPE<br />
Partenariat stratégique<br />
Union européenne - Afrique<br />
La non-utilisation des fonds du Fed par les<br />
pays africains : un manque à gagner<br />
Avec l’inscription de deux principes fondamentaux<br />
sur lesquels doivent reposer les<br />
relations entre les pays membres de l’Union<br />
européenne (UE) et les Etats d’Afrique, des<br />
Caraïbes et du Pacifique (ACP), l’adoption<br />
de l’Accord de Cotonou, en 2000, a suscité<br />
beaucoup d’attentes des citoyens européens<br />
et ACP. Celui-ci introduit en effet<br />
l’égalité des partenaires et l’appropriation<br />
des stratégies de développement, ainsi que<br />
la participation de la société civile comme<br />
fondements des relations UE-ACP. Le<br />
Fonds européen de développement (FED),<br />
principal instrument d’aide de l’UE envers<br />
les pays ACP géré par la Commission européenne,<br />
devrait donc être programmé et mis<br />
en œuvre de façon à respecter ces principes<br />
fondamentaux.<br />
Le rapport REPAOC-Coordination SUD<br />
sur le 10ème FED démontre pourtant qu’il<br />
n’en est rien. Les principes fondamentaux<br />
de Cotonou restent peu concrétisés sur le<br />
terrain. Les modalités de programmation du<br />
FED ne per- mettent pas d’améliorer l’« appropriation<br />
» démocratique des stratégies de<br />
lutte contre la pauvreté, de même qu’elles<br />
ne contribuent que très faiblement à la participation<br />
citoyenne dans la définition, la<br />
mise en œuvre et l’évaluation des politiques<br />
publiques de développe- ment et des stratégies<br />
de coopération de la Commission.<br />
La programmation du 10ème FED a été<br />
fortement contestée par les organisations<br />
de la société civile (OSC) des pays ACP<br />
et d’Europe, ainsi que par les parlements.<br />
Etant souvent écartés des discussions, OSC<br />
et parlements ont fréquemment perçu ce<br />
processus de programmation comme un<br />
moyen d’imposer les priorités économiques<br />
et géostratégiques des Européens, au détriment<br />
des réels besoins des populations les<br />
plus pauvres.<br />
Dans ce contexte, la révision à mi-parcours<br />
du 10ème FED, qui s’est déroulé en 2010,<br />
revêt une importance accrue. Après la phase<br />
initiale de programmation, elle a en effet<br />
permis d’analyser l’impact de la coopération<br />
au développement de la Communauté<br />
et a conduit à des modifications de la stratégie<br />
de coopération, du montant de l’enveloppe<br />
allouée ou de l’allocation des fonds.<br />
Un nouveau cadre pour le dialogue en matière de gouvernance<br />
En l’espace de quelques années, la gouvernance a pris une<br />
ampleur considérable dans la coopération au développement<br />
européenne. A l’occasion de la programmation du 10 ème<br />
FED, la Commission a mis en place un nouveau cadre pour<br />
le dialogue en matière de gouvernance. Celui-ci repose sur<br />
l’élaboration, par la Commission, d’un profil de gouvernance<br />
de l’Etat ACP, auquel ce dernier doit répondre par l’adoption<br />
d’un plan d’action. En fonction de l’appréciation portée par la<br />
Commission sur les mesures contenues dans ce plan d’action,<br />
une tranche incitative gouvernance est débloquée. Elle peut<br />
représenter jusqu’à 35% de l’enveloppe initialement accordée<br />
au pays sur le 10 ème FED.<br />
Ce nouveau cadre, à partir duquel la Commission envisage<br />
d’enrichir le dialogue politique tel que défini par l’Accord de<br />
Cotonou, est largement déséquilibré. Il repose en effet sur un<br />
diagnostic unilatéral de la gouvernance des Etats ACP,<br />
caractérisé de plus par une très grande opacité. Les profils<br />
de gouvernance sont, pour certains pays, confidentiels, et les<br />
différentes parties prenantes aux questions de gouvernance sont<br />
généralement exclues du processus d’élaboration des profils.<br />
Ceux-ci ne permettent à aucun processus de dialogue de se<br />
mettre en place, le gouvernement ACP étant tenu de proposer<br />
des mesures de réformes en réponse au diagnostic établi par la<br />
seule Commission.<br />
Le profil de gouvernance couvre neuf séries de critères, allant du<br />
respect des droits humains et de l’Etat de droit à des questions de<br />
politiques économiques, sécuritaires ou migratoires fortement<br />
liées aux priorités domestiques européennes. L’accès à un<br />
tiers des fonds de l’enveloppe nationale est donc, à travers le<br />
mécanisme de la tranche incitative gouvernance, conditionné<br />
au respect des demandes européennes, notamment en<br />
matière de politiques économiques, migratoires ou encore<br />
de lutte contre le terrorisme. La définition de ces critères n’a<br />
fait l’objet d’aucun débat large, pas même en Europe.<br />
Le fait que les critères incluent tant le respect des droits<br />
humains et l’Etat de droit que des priorités purement<br />
européennes telles que la libéralisation, les migrations ou le<br />
terrorisme porte atteinte à la crédibilité de l’UE en matière<br />
de dialogue politique.<br />
Une participation très faible et un dialogue<br />
déséquilibré<br />
Le débat démocratique autour de la programmation<br />
du 10ème FED est particulièrement<br />
restreint. A l’échelle nationale, la<br />
programmation du 10ème FED s’est traduite<br />
par un dialogue faible avec les institutions<br />
publiques et les OSC des Etats<br />
ACP. Le dialogue avec le gouverne- ment<br />
reste en effet fortement centralisé sur l’ordonnateur<br />
national, principal interlocuteur<br />
de la délégation de la Commission. Ceci<br />
a pour conséquence d’écarter des négociations<br />
les autres membres du gouvernement<br />
et les administrations des ministères. La<br />
programmation de l’aide européenne ne<br />
constitue pas une occasion de débat au sein<br />
du gouvernement et des administrations<br />
sur leurs attentes.<br />
La programmation<br />
régionale est, quant<br />
à elle, fortement déconnectée<br />
de l’échelon<br />
national, tant au<br />
niveau des délégations<br />
de la Commission<br />
que des administrations<br />
nationales.<br />
La circulation de<br />
l’information est très<br />
faible. Les mécanismes<br />
de redevabilité<br />
entre l’échelle régionale<br />
et nationale restent à trouver, afin<br />
de garantir la pleine participation des administrations<br />
nationales à la construction<br />
et la transparence du processus d’intégration<br />
régionale, en accord avec les attentes<br />
des citoyens.<br />
Les parlements nationaux ACP font partie<br />
des grands exclus du processus de programmation,<br />
n’étant appelés à se prononcer<br />
ni dans le cadre des négociations, ni<br />
pour valider le document final signé avec<br />
la Commission, qu’il s’agisse de l’exercice<br />
de programmation nationale ou régionale.<br />
Leur niveau d’information sur les accords<br />
de coopération au développement signés<br />
avec la Commission est très faible et ceuxci<br />
ne font l’objet d’aucun débat de fond au<br />
parlement.<br />
Les « consultations » de la société civile<br />
sont également peu satisfaisantes. Elles<br />
constituent pourtant une caracté- ristique<br />
essentielle de l’exercice, d’après les orientations<br />
officielles en matière de programmation<br />
données par la Commission.<br />
Une opacité qui s’accroit avec l’échelon<br />
de programmation<br />
Si l’exercice de programmation à l’échelle<br />
nationale est encore insuffisamment participatif<br />
et transparent, l’échelon régional<br />
contribue certainement à l’opacité accrue<br />
des négociations entre l’Afrique de l’Ouest<br />
et la CE. La participation des citoyens des<br />
Etats membres et des parlements nationaux<br />
dans les négociations régionales est très<br />
faible, ce qui ne permet pas de garantir un<br />
processus d’intégration régionale soutenu<br />
par tous, transparent et démocratique.<br />
La programmation<br />
intra-ACP comporte<br />
un degré supplémentaire<br />
d’opacité.<br />
L’exercice de programmation<br />
de l’enveloppe<br />
intra-ACP<br />
du 10ème FED représente<br />
certes un<br />
progrès par rapport à<br />
l’opacité qui régnait<br />
sur les processus<br />
d’allocation de ces<br />
fonds dans le cadre<br />
du 9ème FED. Toutefois,<br />
les orientations données à cette enveloppe<br />
dans le cadre du 10ème FED confirment<br />
que le déséquilibre dans le rapport de<br />
négociations entre les pays ACP et la CE<br />
est encore plus important qu’à l’échelle nationale<br />
ou régionale.<br />
Le manque de transparence démocratique<br />
est égale- ment une lacune importante en<br />
Europe. Le FED étant un mécanisme extrabudgétaire,<br />
il n’est pas soumis au contrôle<br />
du Parlement européen, mais d’un comité,<br />
qui rassemble des représentants des<br />
Etats membres de l’UE. Ces derniers sont<br />
donc redevables vis-à-vis de leurs parlements<br />
nationaux, qui devraient exercer un<br />
rôle de contrôle sur l’implication de leur<br />
gouverne- ment dans les politiques européennes.<br />
Dans les faits, on constate que les<br />
débats au sein des parlements nationaux de<br />
l’UE restent rares. Le contrôle démocratique<br />
sur la coopération UE – ACP au sein<br />
de l’Europe est très faible.<br />
L’aide budgétaire,<br />
instrument privilégié de mise<br />
en oeuvre du Fed<br />
En l’espace de quelques années, la<br />
gouvernance a pris une ampleur considérable<br />
dans la coopération au développement<br />
européenne. A l’occasion de la programmation<br />
du 10 ème FED, la Commission a mis en<br />
place un nouveau cadre pour le dialogue<br />
en matière de gouvernance. Celui-ci repose<br />
sur l’élaboration, par la Commission, d’un<br />
profil de gouvernance de l’Etat ACP, auquel<br />
ce dernier doit répondre par l’adoption d’un<br />
plan d’action. En fonction de l’appréciation<br />
portée par la Commission sur les mesures<br />
contenues dans ce plan d’action, une tranche<br />
incitative gouvernance est débloquée. Elle<br />
peut représenter jusqu’à 35% de l’enveloppe<br />
initialement accordée au pays sur le 10 ème<br />
FED.<br />
Ce nouveau cadre, à partir duquel la<br />
Commission envisage d’enrichir le dialogue<br />
politique tel que défini par l’Accord de<br />
Cotonou, est largement déséquilibré. Il repose<br />
en effet sur un diagnostic unilatéral de la<br />
gouvernance des Etats ACP, caractérisé<br />
de plus par une très grande opacité. Les<br />
profils de gouvernance sont, pour certains<br />
pays, confidentiels, et les différentes parties<br />
prenantes aux questions de gouvernance<br />
sont généralement exclues du processus<br />
d’élaboration des profils. Ceux-ci ne<br />
permettent à aucun processus de dialogue<br />
de se mettre en place, le gouvernement<br />
ACP étant tenu de proposer des mesures de<br />
réformes en réponse au diagnostic établi par<br />
la seule Commission.<br />
Le profil de gouvernance couvre neuf séries<br />
de critères, allant du respect des droits<br />
humains et de l’Etat de droit à des questions<br />
de politiques économiques, sécuritaires<br />
ou migratoires fortement liées aux priorités<br />
domestiques européennes. L’accès à un tiers<br />
des fonds de l’enveloppe nationale est donc,<br />
à travers le mécanisme de la tranche incitative<br />
gouvernance, conditionné au respect des<br />
demandes européennes, notamment<br />
en matière de politiques économiques,<br />
migratoires ou encore de lutte contre le<br />
terrorisme. La définition de ces critères n’a<br />
fait l’objet d’aucun débat large, pas même en<br />
Europe.<br />
Le fait que les critères incluent tant le respect<br />
des droits humains et l’Etat de droit que des<br />
priorités purement européennes telles que la<br />
libéralisation, les migrations ou le terrorisme<br />
porte atteinte à la crédibilité de l’UE en<br />
matière de dialogue politique.<br />
P 10 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016 Le Relais - N°12 - Décembre 2016 - P 11
EUROPE<br />
Le Parlement Européen<br />
vient au secours<br />
de l’économie tunisienne<br />
avec un plan Marshall<br />
Le Parlement européen (PE), dont une délégation<br />
a séjourné en Tunisie du 19 au 23 septembre,<br />
a appelé dans sa dernière résolution sur les<br />
relations de l’Union avec la Tunisie, à convertir la<br />
dette tunisienne en projets d’investissement, en<br />
particulier dans la construction d’infrastructures<br />
stratégiques et la réduction des inégalités<br />
régionales estimant en outre que “la situation en<br />
Tunisie justifie la mise en oeuvre d’un véritable<br />
“plan Marshall” correctement doté.<br />
Dans cette résolution, adoptée le 14 septembre 2016,<br />
le PE a demandé, aux États membres de l’Union, de<br />
déterminer les moyens pour<br />
garantir un rééchelonnement<br />
de la dette de la Tunisie à des conditions<br />
préférentielles et une diversification<br />
de ses composanteses. Comportant<br />
70 points, cette résolution couvre les<br />
différents aspects de la coopération<br />
tuniso-européenne: politique, sociale,<br />
sécuritaire, et surtout économique.<br />
A cet égard, le Parlement européen s’est<br />
dit “préoccupé par les difficultés que rencontre<br />
la Tunisie pour recouvrer des avoirs (à l’étranger), du fait notamment<br />
de la durée et de la lourdeur des procédures associées à leur<br />
confiscation et leur rapatriement”, préconisant “d’apporter à la Tunisie<br />
un appui technique spécifique pour lui permettre d’entreprendre<br />
des recherches ainsi que de recueillir les informations et les preuves<br />
nécessaires en vue du recouvrement” de ces avoirs.<br />
Il a, également, invité les États membres à “faire preuve de volonté<br />
politique afin d’accélérer la récupération des avoirs tunisiens gelés »<br />
et à « favoriser l’amélioration de la rapidité et de la sécurité des transferts<br />
de fonds opérés par les Tunisiens et des Nord-Africains résidant<br />
dans l’Union”.<br />
Le PE a préconisé, en outre, de renforcer la lutte contre la corruption,<br />
eu égard, en particulier, au développement de l’économie<br />
souterraine, afin d’améliorer l’efficacité et la transparence<br />
des processus décisionnels et d’instaurer un environnement plus<br />
favorable aux investissements et aux entreprises. Il a préconisé de<br />
“renforcer l’aide apportée par l’UE à la Tunisie au titre de l’instrument<br />
européen de voisinage, ainsi que de coordonner l’aide internationale<br />
en faveur de la Tunisie pour lui permettre de bénéficier pleinement<br />
du soutien européen et d’encourager la<br />
conclusion de partenariats avec d’autres<br />
bailleurs de fonds intéressés à l’échelle<br />
mondiale et régionale”.<br />
Dans le même contexte, l’institution<br />
européenne a recommandé d’utiliser<br />
les fonds relevant de la politique européenne<br />
de voisinage pour soutenir<br />
davantage les PME, d’encourager l’élaboration<br />
de programmes pour les startups<br />
ciblant en particulier les femmes et les jeunes dans l’optique<br />
de développer la formation à la gestion d’entreprises et l’accès<br />
aux aides financières afin de renforcer le secteur des PME.<br />
Mettant l’accent sur le secteur agricole en Tunisie, qui doit être<br />
inclu dans les négociations en cours sur un Accord de libre<br />
échange complet et approfondi (ALECA) entre la Tunisie et l’UE,<br />
l’instance européenne a estimé qu’il “doit être réformé en profondeur<br />
et qu’il y a lieu de prendre, de toute urgence, une série de mesures<br />
concrètes, telles que le développement des capacités des usines<br />
de dessalement, pour résoudre la question de la pénurie d’eau ainsi<br />
que d’autres problèmes qui font leur apparition du fait du changement<br />
climatique”. Elle a notamment, invité les autorités tunisiennes<br />
à interdire l’utilisation de tout pesticide déjà interdit, au<br />
sein de l’Union et à “promouvoir une agriculture et des habitudes<br />
alimentaires durables » et à adopter « une réforme agraire pour inciter<br />
les agriculteurs à préserver les forêts et les rivières”.<br />
Pour ce qui est du secteur du tourisme, le parlement a demandé<br />
aux États européens qui ne l’auraient pas encore fait de réévaluer<br />
la situation sur le plan de la sécurité dans les plus brefs délais,<br />
pour favoriser le redressement du tourisme en Tunisie, rappelant<br />
que le développement durable du tourisme côtier en Tunisie nécessite<br />
de réduire fortement la densité hôtelière afin de rationaliser<br />
les investissements et de gérer le littoral.<br />
Le PE a recommandé, aussi, “d’axer davantage la coopération de<br />
l’Union sur l’économie verte et le développement durable, et de développer<br />
l’utilisation des énergies renouvelables ainsi qu’un meilleur<br />
traitement des eaux usées et des déchets, eu égard notamment, au<br />
fort potentiel que recèle la Tunisie en matière d’énergie renouvelable”.<br />
Il s’est en outre félicité de l’adoption du nouveau code d’investissement,<br />
“qui devrait créer de la stabilité sur le plan réglementaire<br />
et favoriser les investissements, ainsi que des réformes fiscales entreprises”,<br />
et a recommandé “de moderniser l’administration publique,<br />
qui devrait fonctionner de manière efficace et transparente, ce qui<br />
aurait pour effet de faciliter grandement, la réalisation de projets<br />
ainsi qu’une meilleure utilisation des fonds”.<br />
La Tunisie abrite actuellement, la réunion de la Commission parlementaire<br />
mixte Tunisie-Union européenne.<br />
Source : TAP<br />
P 12 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016
SAHARA<br />
Entretien avec J. BOOLE<br />
Les détournements<br />
de l'aide humanitaire<br />
dénoncés devant l'ONU<br />
Me Stéphane Rodrigues, du cabinet bruxellois Lallemand&Legros, vient de<br />
dénoncer devant la 4 e commission de l’Assemblée générale de l’Onu, la poursuite<br />
des détournements de l’aide humanitaire internationale destinée aux réfugiés des<br />
camps de Tindouf. Avec des preuves à l’appui, l’avocat bruxellois a jeté également<br />
la lumière sur un détournement d’un genre nouveau, la soumission à la TVA des<br />
achats destinés aux dons, mise en place par les autorités algériennes. Ce qui, selon<br />
lui, impacte à la baisse le budget susceptible d’être engagé pour<br />
l’achat de marchandises destinées aux réfugiés de Tindouf et cela<br />
ne fait qu’aggraver la misère de ces réfugiés.<br />
Le Relais : peut-on encore aujourd’hui<br />
parler, en dehors du rapport<br />
de l’OLAF, publié, il y a 3 ans ;de détournement<br />
de l’aide humanitaire internationale<br />
destinée aux réfugiés des<br />
camps de Tindouf ?<br />
Me Stéphane Rodrigues : « Effectivement.<br />
C’est pour cette raison que je<br />
suis allé dénoncer devant la 4 e<br />
Commission de l’Assemblée générale<br />
de l’Onu la poursuite<br />
du détournement de<br />
l’aide humanitaire<br />
internationale destinée<br />
aux réfugiés de<br />
camp de Tindouf par les dirigeants du<br />
Polisario et leurs protecteurs en Algérie.<br />
Il y a quelques années, afin d’éradiquer<br />
ce détournement de fonds alloués<br />
par l’Union européenne à l’aide<br />
humanitaire aux réfugiés des camps<br />
de Tindouf, le Parlement européen a<br />
exigé des institutions européennes la<br />
mise en place des mesures de contrôle<br />
et de traçabilité de l’aide aux populations<br />
locales. Ces dispositifs, jusqu’à<br />
présent, n’ont manifestement pas empêché<br />
les fraudes et les<br />
trafics dont sont coupables<br />
les dirigeants du<br />
Polisario. »<br />
Le Relais : comment<br />
avez-vous été alerté par<br />
ce détournement dont<br />
on parle maintenant ?<br />
Me Stéphane Rodrigues « A l’origine,<br />
c’était grâce à la détermination<br />
de l’ONG Aide Fédération, accréditée<br />
auprès du Conseil économique et social<br />
de l’Onu, qu’a été rendu public le<br />
rapport de l’OLAF (Office de lutte an-<br />
ti-fraude de l’UE) sur le détournement<br />
de l’aide européenne destinée aux réfugiés<br />
de Tindouf. Il y a eu, d’abord, des<br />
fuites ici et là sur Internet à propos de<br />
l’existence d’une enquête de l’OLAF<br />
et d’un rapport final. Contactés par<br />
Aide Fédération, nous avons demandé<br />
à l’OLAF de publier son rapport et de<br />
nous en donner l’accès. Il y a de cela<br />
3 ans, nous avons lancé la procédure.<br />
Après un premier refus de l’OLAF, en<br />
appel, le rapport nous a été finalement<br />
transmis mais avec des noms et des<br />
passages floutés ou barrés. La lecture<br />
du rapport s’est révélée être édifiante :<br />
un détournement massif et organisé a<br />
été confirmé.<br />
En 2014, Aide Fédération a demandé à<br />
Me Pierre Legros de rendre ce rapport<br />
public pour la première fois. Après sa<br />
divulgation, nous avons été reçus par<br />
plusieurs responsables de l’organisation<br />
de l’aide aux réfugiés, en particulier<br />
à la DG-Echo, l’Office d’aide humanitaire<br />
de la Commission européenne<br />
et au Haut-Commissariat de l’Onu<br />
pour les réfugiés (HCR). Avec le PAM<br />
(Programme Alimentaire Mondial) des<br />
échanges ont été également encourageants.<br />
Que retenir de ces contacts ?<br />
Unanimes, tous les parties consultées<br />
ont insisté sur le<br />
fait que des mesures<br />
avaient été<br />
prises à la suite du<br />
rapport de l’OLAF,<br />
afin d’écarter les<br />
personnes non-autorisées<br />
et des protocoles<br />
signés avec<br />
des organismes intermédiaires<br />
pour sécuriser l’acheminement,<br />
à l’instar du Croissant rouge<br />
algérien. »<br />
Le Relais : Qu’est- ce qui vous a mis<br />
la puce à l’oreille afin que vous puissiez<br />
aller, encore devant la quatrième Commission<br />
de l’Onu ?<br />
Me Stéphane Rodrigues « Fin août<br />
2016, la presse mauritanienne a révélé<br />
que des cargaisons de produits qui auraient<br />
dû être destinés à la population<br />
des camps de Tindouf (notamment<br />
des médicaments et de la poudre de<br />
lait pour bébés) avaient fait l’objet de<br />
Le Parlement a<br />
exigé des institutions<br />
européennes la<br />
mise en place des<br />
mesures<br />
contrôles inopinés par la gendarmerie,<br />
dans la région de Zouerate, et s’étaient<br />
révélés être des marchandises détournées.<br />
Aussi Aide -Fédération, nous a–t-elle<br />
saisi de nouveau de l’affaire, étant<br />
convaincue, cette fois-ci encore, qu'un<br />
détournement à grande échelle de<br />
l’aide humanitaire internationale au<br />
bénéfice des réfugiés des camp de<br />
Tindouf se poursuivait. En réagissant<br />
à ces informations, cette association<br />
tenait à alerter<br />
l’opinion internationale,<br />
rejointe<br />
par deux autres<br />
associations : Protea<br />
Human Rights,<br />
en Italie, et le ForumCanario-Saharoui<br />
(FOCASA), en<br />
Espagne, qui nous<br />
ont contacté en suggérant des mesures<br />
concrètes pour mettre fin à ce<br />
trafic qui aggrave la misère à Tindouf.<br />
Parmi ces mesures, je cite l’acheminement<br />
direct des produits aux camps de<br />
Tindouf et la réduction du circuit de<br />
distribution pour éviter des intermédiaires<br />
qui détournent ces aides. »<br />
Le Relais : devant la quatrième commission<br />
de l’Onu, vous avez fait également<br />
état d’une autre anomalie, à savoir<br />
la TVA qui serait appliquée sur les<br />
produits destinés à l’aide. Qu’en est-il<br />
en réalité ?<br />
Me Rodrigues, avocat<br />
au barreau de Bruxelles<br />
- Maître de conférences<br />
à l’Ecole de droit de la<br />
Sorbonne (Université Paris<br />
1 Panthéon Sorbonne)<br />
Me Stéphane Rodrigues « Nous<br />
avons pris connaissance cet été, lors<br />
d’une réponse de la Commission européenne<br />
à la question d’un député européen,<br />
que les achats en vue des dons<br />
pour l’aide humanitaire aux camps de<br />
Tindouf avaient été soumis à la TVA, de<br />
2010 à 2015. On peut estimer qu’au<br />
moins 1 million d’euros, en 5 ans, ont<br />
été ainsi ponctionnés sur le budget<br />
destiné à financer l’achat de dons pour<br />
l’aide aux camps de Tindouf.<br />
Une telle ponction fiscale, on peut s’en<br />
douter, a un impact négatif sur la quantité<br />
des produits à envoyer aux camps.<br />
Et nous avons donc lancé un appel devant<br />
la 4 è commission de l’Onu pour<br />
que les autorités algériennes réinvestissent,<br />
d’une manière ou d’une autre,<br />
les sommes en question au bénéfice<br />
des populations de Tindouf. Jusque-là,<br />
aucune réaction. »<br />
Le Relais : Quel a été l’attitude de<br />
la 4 e Commission pendant votre intervention,<br />
en tant que pétitionnaire ?<br />
Me Stéphane Rodrigues « C’était<br />
correct. Je n’ai pas été interrompu,<br />
pendant les 3 minutes de mon intervention.<br />
Pas de contestation. Le silence<br />
est un indice sérieux de l’approbation.<br />
Aucun démenti sur les éléments d’informations<br />
que j’ai avancés sur la TVA<br />
imposée aux achats destinés à l’aide.<br />
Pas même sur la persistance du trafic<br />
des marchandises pratiqué par des<br />
responsables sahraouis et algériens. »<br />
Le Relais - N°12 - Décembre 2016 - P 15
MAROC<br />
Nadia Chellaoui :<br />
divine ambassadrice<br />
Bonne nouvelle pour l’art contemporain!<br />
L’artiste peintre Nadia Chellaoui<br />
vient d’être nommée ambassadeur auprès<br />
de Divine Académie française<br />
des Arts, Lettres et culture, pour avoir<br />
approché les deux cultures marocaine<br />
et brésilienne à travers l'art.<br />
Cette distinction, la plasticienne<br />
marocaine l’a obtenue lors de<br />
l’exposition au salon « Arts shopping » au Carrousel du<br />
Louvre à Parisdu 21 au 23 octobre 2016, où elle a brillé de<br />
mille feux. «Cette récompense honore toute l’action humaine,<br />
généreuse et efficace que vous avez menée pendant toute votre<br />
vie artistique», indiquent les artistes du Brésil dans une lettre de<br />
félicitation adressée à Nadia Chellaoui à cette occasion. «Votre<br />
mérite doit être d’autant plus mis en exergue que vous avez<br />
consacré beaucoup de temps, d’énergie, d’assiduité et consenti<br />
à de nombreux sacrifices pour la réalisation de vos œuvres.<br />
L’attribution de cette récompense avec statut d’Ambassadeur<br />
vient ainsi couronner vos efforts d’un<br />
succès largement mérité. C’est là le<br />
juste aboutissement de toute votre<br />
application», ajoute-t-on dans le<br />
même document.<br />
Une cérémonie officielle de<br />
remises des diplômes par Divine<br />
Académie française des arts lettres<br />
et culture a été célébrée au George<br />
V à Paris et présidée par Madame<br />
Divani Pavesi et coprésidée par<br />
Mohamed Berryane, en présence de<br />
plusieurs personnalités françaises et<br />
brésiliennes, puisque le Brésil était<br />
l’invité d’honneur pour l’année 2016.<br />
Gestuelle symbolique<br />
Lors de cette 19e édition du grand<br />
rendez-vous de l’art à travers le<br />
monde, avec plus de 30 000 visiteurs<br />
en 3 jours, l’artiste-peintre Nadia<br />
Chellaoui a dévoilé sa récente<br />
série d’œuvres où elle marie les<br />
couleurs froides et chaudes pour un<br />
rapprochement inédit, surtout dans<br />
ses portraits individuels. Couleurs<br />
expressives, formes de confession<br />
symbolique, l’univers pictural de la plasticienne marocaine est<br />
le reflet de sa palette riche et sa gestuelle hautement symbolique<br />
où la vie est toujours présente. Furtive, incisive et juste, la<br />
touche de Nadia Chellaoui nous introduit directement dans<br />
l’univers pictographique d’une plasticienne qui donne libre<br />
cours à sa sensibilité. Sa passion : la peinture. Sa devise : la<br />
créativité et le sérieux. Et son terrain de jeu : la toile. Il s’agit<br />
d’une plasticienne dont la fertilité intellectuelle se reflète dans<br />
la production picturale. Cette expérience, Nadia Chellaoui l’a<br />
partagée un peu partout, au Maroc comme à l’étranger, à travers<br />
plusieurs expositions et rencontres d’art.<br />
Au Carrousel du Louvre<br />
Cette année, l’œuvre de cette artiste peintre s’est invitée au<br />
salon «Arts shopping» au Carrousel du Louvre à Paris au<br />
pavillon brésilien aux côtés d'artistes brésiliens, argentins,<br />
français et syriens. L’occasion pour le public de découvrir<br />
le travail pictural d’une artiste<br />
charismatique, une figure éprise<br />
d’art et de liberté. Il faut dire<br />
que les couleurs s’imposent<br />
énormément dans cet univers<br />
où l’identité des personnages,<br />
souvent féminins, frise la fiction,<br />
voire le fantasme. Le bleu<br />
outremer ou opalin cohabite avec<br />
le rouge bordeaux ou carmin, les<br />
gris colorés destinés à meubler<br />
le fond ressortent des zones<br />
sourdes. Le tout en adéquation<br />
avec les plans du devant, dans<br />
un rendu visuel attrayant où<br />
la vie est toujours présente. Et<br />
la fantaisie qui caractérise sa<br />
liberté d’expression demeure<br />
quasiment lyrique. Elle révèle<br />
une palette diversifiée d’œuvres<br />
inspirées de fragments et de<br />
symbolisme, plus gestuelles et<br />
moins formelles. Pictographies<br />
finement tracées, productions<br />
plus libres reposant sur<br />
Nadia a signé récemment le tableau de la paix<br />
– une combinaison poétique et artistique originale<br />
avec la talentueuse kaoutar FAL durant<br />
la finale de la Miss Arab World - un tableau<br />
symbolisant la paix qui ferait le tour du monde.<br />
l’emploi de signes, de symboles, de motifs géométriques riches<br />
en termes de plasticité et de picturalité, les tableaux de Nadia<br />
Chellaoui ont toujours été vus et acceptés dans cette démarche<br />
et cette alliance pluridisciplinaires. Délivrée des contraintes<br />
canoniques de la forme, Nadia Chellaoui, disciple de maîtres<br />
expressionnistes comme Kokoschka, Modigliani ou Soutine, se<br />
concentre sur ce qui fait la force et la spécificité : rythme et<br />
harmonie de la composition dans l'espace, tensions et contrastes<br />
des lignes, vigueur et mouvement du trait.<br />
Katouar Fal<br />
P16 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016 Le Relais - N°12 - Décembre 2016 - P 17
MAROC<br />
ville du Maroc central, plantée entre le massif<br />
Fès, du Rif et le Moyen Atlas, fait partie des villes<br />
impériales du Maroc. Une cité exceptionnelle qui a été à<br />
plusieurs époques la capitale du pays.<br />
Le Maroc se replace<br />
au centre de l’échiquier<br />
Dans un élan dynamique et particulièrement pragmatique, le Roi<br />
Mohammed VI est en train depuis quelques temps de soigner la<br />
réintégration du Maroc au sein de l’UA. C’est le sens, en tout de ces<br />
trois visites officielles, les premières en Afrique de l’Est.<br />
roco-rwandaise illustrent bien le bon démarrage<br />
du partenariat avec le Rwanda.<br />
Avec la Tanzanie, un des rares modèles<br />
de bonne gouvernance et d’alternance<br />
politique apaisée, en Afrique noire,<br />
d’autres accords économiques devront<br />
être signées.<br />
La Maison bleue<br />
Chaque année le Souverain Chérifien,<br />
effectue un ou plusieurs<br />
voyages dans plusieurs pays en<br />
Afrique, surtout de l’Ouest, voire centrale.<br />
Au-delà de ce qu’il peut paraître<br />
comme un rituel, le déplacement en<br />
Afrique de l’est traduit sa volonté jeter<br />
les bases d’un partenariat stratégique<br />
entre son royaume et le Rwanda, la<br />
Tanzanie et l’Ethiopie à l’image des relations<br />
commerciales existant avec les<br />
pays comme la Côte d’Ivoire, le Mali, le<br />
Sénégal et Le Gabon.<br />
Côté pragmatique ? Déjà avec Rwanda,<br />
déjà au terme de la visite, 19 accords<br />
ont été signés. Ils portent sur les différents<br />
domaines dont l’agriculture, la<br />
formation professionnelle, le secteur<br />
financier et bancaire et santé. Ici l’arrivée<br />
de Cooper Pharma sur le marché<br />
rwandais et la coopération bancaire ma-<br />
L’intérêt du voyage du Roi du Maroc,<br />
s’inscrit dans la ce qu’on appelle déjà<br />
la doctrine politique africaine du Roi<br />
Mohammed VI, c’est-à-dire priorité à la<br />
coopération Sud-Sud, mais l’étape éthiopienne<br />
aura un accent plus politique<br />
qu’au Rwanda ou en Tanzanie. C’est à<br />
Addis Abéba que sera proclamé le retour<br />
effectif et imminent du Royaume dans la<br />
grande famille africaine. La présence du<br />
Roi dans ce contexte, confirme sa volonté<br />
de retourner à l’UE et y jouer un rôle<br />
dans le développement du continent.<br />
En pénétrant dans les suites, vous aurez immédiatement le sentiment<br />
de pénétrer dans un véritable appartement rien que pour vous, avec<br />
un large living, des salles de bains aux dimensions imposantes, de<br />
larges écrans de télévision et des lits particulièrement confortables .<br />
Laissez vous tenter dans des restaurants qui proposent de<br />
découvrir la vraie gastronomie marocaine mais aussi la cuisine<br />
internationale. Sans oublier le spa et le hammam privé.<br />
Il y aurait-il un moyen plus adéquat et<br />
efficace de préparer son retour au sein<br />
de l’UA, organisation dont le Maroc est<br />
co-fondateur que de privilégier les partenariat<br />
stratégique ? Non.<br />
P 18 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016<br />
L’effectivité de retour du Maroc arrive<br />
au bon moment : après l’établissement<br />
des relations commerciales par la signature<br />
de nombreux contrats économiques<br />
avec l’Est africain, après l’Afrique<br />
de l’ouest.<br />
La Maison Bleue : 2, place de l’Istiqlal batha. Fès, Maroc<br />
Le Riad Maison Bleue : 33, derb el miter talaa el kebira. Fès, Maroc
EN BREF<br />
malades. Parmi eux se trouvent des<br />
Subsahariens en situation irrégulière,<br />
des demandeurs d'asile et des réfugiés.<br />
Chasse à l'homme en Algérie<br />
L’Algérie a procédé à des arrestations<br />
massives de migrants issus<br />
de l’Afrique subsaharienne.<br />
1400 migrants ouest-africains ont été<br />
arrêtés dans la capitale algérienne en<br />
moins d’une semaine. Ils ont ensuite<br />
été placés dans des camps de rétention<br />
à Alger ou emmenés à Tamanrasset,<br />
au sud du pays, et devraient être<br />
expulsés d’Algérie. Ces arrestations<br />
musclées n’ont pas épargné les étrangers<br />
en situation régulière sur le sol<br />
algérien et n’ont été suivies d’aucune<br />
explication de la part des autorités.<br />
Des associations locales des Droits<br />
de l’Homme ont dénoncé ces arrestations<br />
massives de migrants, qui se<br />
poursuivent, ainsi que leur rétention<br />
arbitraire et violente. Parmi les personnes<br />
arrêtées figurent des enfants,<br />
des femmes enceintes, des personnes<br />
Farouk Ksentini, avocat et président<br />
de la Commission nationale consultative<br />
de promotion et de protection<br />
des Droits de l’Homme en Algérie, a<br />
déclaré que « la présence des migrants<br />
et des réfugiés africains dans plusieurs<br />
localités du pays peut causer des problèmes<br />
aux Algériens; elle les expose,<br />
notamment au risque de la propagation<br />
du sida ainsi que d’autres maladies<br />
sexuellement transmissibles ». L’avocat<br />
a ajouté que «cette maladie est répandue<br />
parmi cette communauté». Il encourage<br />
les autorités à expulser les<br />
migrants africains «pour arrêter cette<br />
catastrophe qui nous est imposée».<br />
Youssef El Filali<br />
Crans Montana Forum à Bruxelles<br />
Bruxelles a accueilli du 19<br />
au 21 octobre la 18e édition<br />
du Crans Montana<br />
Homeland & Global Security Forum.<br />
A sa création, en 1986, ce forum,<br />
fut consacré à la reconstruction<br />
politique et économique d’une<br />
Europe ouverte aux lendemains de<br />
la guerre froide. En 2016, cette dimension<br />
est de retour au premier<br />
plan vu la situation internationale<br />
qui n’a fait que se détériorer.<br />
Cette nouvelle édition a rassemblé<br />
de nombreux participants venus<br />
du monde entier. Ce Forum est<br />
devenu un rendez-vous incontournable<br />
des chefs d’entreprises<br />
et personnalités officielles pour<br />
développer et consolider des partenariats.<br />
l’autonomisation des Femmes à<br />
l’échelle mondiale et l’amélioration<br />
de leurs droits fondamentaux.<br />
Cette édition du forum a vu la<br />
participation d’éminentes personnalités<br />
(Mme Issoufou, première<br />
dame du Niger, Madame Buhari,<br />
première dame du Nigéria, Gilles<br />
Pargneaux, député européen) pour<br />
débattre de problématiques liées<br />
aux femmes, comme le terrorisme,<br />
l’éducation ou la transmission<br />
de valeurs.<br />
Le Crans Montana African women’s<br />
forum est aussi le laboratoire<br />
où les moyens de l’action<br />
sont discutés, évalués puis définis,<br />
afin de permettre à la femme<br />
africaine de s’approprier le rôle<br />
essentiel qu’elle doit jouer dans<br />
la progression extraordinaire que<br />
connaît actuellement le continent.<br />
Durant la session officielle de<br />
clôture l’Ambassadeur Jean-Paul<br />
Carteron, Président d’honneur<br />
et fondateur du Forum de Crans<br />
Montana et Monsieur Didier<br />
Reynders, vice-Premier ministre<br />
et ministre des Affaires étrangères<br />
de Belgique, ont remis le Prix de<br />
la Fondation 2016 à S.E. Monsieur<br />
Ely Vall, ancien Président<br />
de la République Islamique de<br />
Mauritanie, et au Père Mussie<br />
Zerai, Président de l’association<br />
Habeshia, engagée dans l’aide aux<br />
migrants en mer Méditerranée.<br />
Cette Cérémonie de remise des<br />
prix a également permis de récompenser<br />
Monsieur Gilles Pargneaux,<br />
membre du Parlement<br />
européen, Madame Oumou Sall<br />
Seck, Maire de Goundam au Mali<br />
et Monsieur Bader O. Malallah,<br />
directeur général de l’Arab Planning<br />
Institute au Koweit.<br />
Kwatar Fal<br />
African women’s forum<br />
C’est au Parlement européen qu’a<br />
eu lieu l’African women’s forum<br />
qui, depuis sa création, s’était<br />
fixé une priorité : la promotion de<br />
P 20 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016
BRUXELLES<br />
Bruxelles, capitale de la région<br />
Bruxelles-Capitale, capitale de la<br />
Flandre, capitale de la Belgique, certes.<br />
Mais Bruxelles reste avant tout, aux<br />
yeux de nombreuses personnes des<br />
quatre coins du continent, la capitale de<br />
l’Europe, dotée d’une grande force d’attractivité.<br />
Et pour cause, comme l’indiquait<br />
Le Figaro l’an dernier, elle est la deuxième ville dans le<br />
monde où le pourcentage de résidents nés à l’étranger est le<br />
plus haut, après Dubaï.<br />
De par sa configuration géographique, ses atouts culturels et<br />
économiques, c’est une vraie plaque tournante du continent<br />
européen. Du fait de la présence des institutions européennes<br />
et de nombreux autres organismes internationaux, de plus en<br />
plus d’expatriés décident de s’installer à Bruxelles. A ce jour<br />
ils sont déjà très nombreux, mais quel est le secret de l’attractivité<br />
de cette ville pour ces expatriés - où comme on dit plus<br />
simplement à Bruxelles ces “Expats” ?<br />
Près de 400 000 expatriés à Bruxelles<br />
Par « expatriés » à Bruxelles, on entend toutes les personnes,<br />
européennes ou non, qui ont quitté leur État d’origine pour venir<br />
s’installer dans la capitale belge. Il s’agit d’une définition<br />
très large, qui regroupe un ensemble de personnes et de motivations<br />
extrêmement différentes.<br />
Cet ensemble hétéroclite<br />
représente plus d’un tiers<br />
de la population bruxelloise,<br />
soit près de 400<br />
000 personnes, d’après<br />
l’Institut Bruxellois de<br />
Statistique et d’Analyse<br />
(IBSA). Chez les Européens,<br />
les Français arrivent<br />
en tête<br />
avec plus de 60<br />
000 ressortissants<br />
établis, devant<br />
les Italiens,<br />
les Roumains et<br />
les Espagnols.<br />
Parmi eux,<br />
beaucoup de<br />
jeunes. Ainsi,<br />
Salvatore Orlando,<br />
responsable<br />
national de la clientèle expatriée chez BNP Paribas-Fortis,<br />
estime que « les jeunes de 18 à 35 ans représentent environ<br />
30% de la clientèle expat’ ». D’après lui, ces derniers viennent<br />
pour deux raisons : étudier (surtout en master) ou trouver un<br />
travail. Ce qui fait de Bruxelles un carrefour, où se retrouvent<br />
des milliers de jeunes en quête d’un avenir meilleur.<br />
Un an et demi de stage minimum pour trouver un travail<br />
Compétitif, c’est l’adjectif qui qualifie par excellence le marché<br />
du travail bruxellois. En effet, des jeunes de toute l’Europe<br />
avec des diplômes et compétences similaires se côtoient dans<br />
cette « bulle » européenne et internationale. Si les opportunités<br />
sont nombreuses, la concurrence, elle, l’est tout autant.<br />
Les stages sont le prérequis essentiel pour démarrer sa carrière<br />
professionnelle sur le marché de l’emploi à Bruxelles. Ils sont<br />
nombreux à en accumuler deux, trois ou plus, afin de se constituer<br />
une expérience significative pour pouvoir prétendre à un<br />
poste. Dans cette situation, il semble que deux cas de figure<br />
se présentent à ces jeunes expat’s. Certains renoncent suite à<br />
plusieurs stages et préfèrent rentrer dans leur pays d’origine<br />
pour chercher un travail dans un autre domaine ou reprendre<br />
une formation<br />
Bruxelles tient bon<br />
Malgré les événements tragiques des derniers mois, notamment<br />
du 23 mars, Bruxelles demeure un pôle d’attractivité. A<br />
ce titre, la chaîne internationale française TV5 Monde a initié<br />
la première semaine d’octobre à diffusée un reportage sur<br />
l’attractivité de la ville de Bruxelles pour les expatriés. Cette<br />
émission a été produite par la société de production Sibomonde.<br />
Diverses organisations et personnalités ont contribué à<br />
ce reportage: Visit Brussels et l’unité du service audiovisuel du<br />
parlement européen,<br />
À LA DÉCOUVERTE<br />
DE BRUXELLES, PÔLE<br />
D’ATTRACTION POUR LES<br />
TALENTS INTERNATIONAUX<br />
mais aussi plusieurs<br />
célèbres expatriés<br />
vivant à Bruxelles,<br />
comme Eamonn Mac<br />
Aodha, Ambassadeur<br />
d’Irlande et Frank<br />
Schwalba-Hoth, ancien<br />
parlementaire européen<br />
et co-fondateur<br />
du parti écologiste<br />
allemand.<br />
Le reportage a<br />
été lancé avec<br />
le support actif<br />
de BNP Paribas<br />
Fortis, représentée<br />
par le Belge<br />
Peter Vandekerckhove,<br />
membre du Comité<br />
de Direction<br />
de la banque belge, et Salvatore Orlando, expat italien, en<br />
charge du service dédié aux expatriés.<br />
Des icônes bruxellois ont également apporté leur soutien au<br />
projet, comme le célèbre établissement «La Chaloupe d’Or»<br />
sur la Grand-Place, le « London Brasserie » sur la Place du<br />
Luxembourg ainsi que les « Brasseries Georges », située à<br />
l’orée du Bois de la Cambre.<br />
P 22 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016
BRUXELLES<br />
Le PIB en hausse de<br />
0,3% dans la zone euro<br />
et de 0,4% dans l’UE 28<br />
Au cours du troisième trimestre 2016, le PIB corrigé des variations<br />
saisonnières a augmenté de 0,3% dans la zone euro (ZE19) et de 0,4%<br />
dans l’UE28 par rapport au trimestre précédent, selon l’estimation rapide<br />
publiée par Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne. Au<br />
cours du deuxième trimestre 2016, le PIB avait aussi crû respectivement<br />
de 0,3% et 0,4%.<br />
En comparaison avec le même trimestre de l’année précédente, le<br />
PIB corrigé des variations saisonnières a enregistré une hausse de 1,6% dans la zone euro et de 1,8% dans<br />
l’UE28 au troisième trimestre 2016, après respectivement +1,6% et +1,8% au deuxième trimestre 2016.<br />
Au cours du troisième trimestre 2016, le PIB des États-Unis a augmenté de 0,7% par rapport au trimestre<br />
précédent (après +0,4% au deuxième trimestre 2016). Par rapport au même trimestre de l’année précédente, le<br />
PIB a progressé de 1,5% (après +1,3% au deuxième trimestre 2016).<br />
Louise Geertsen<br />
Le Royal Racing Club de Bruxelles (RRCB) peut être qualifié de club pionnier de l’athlétisme et du sport en Belgique. Il a été créé<br />
sur les hauteurs du plateau de Koekelberg en 1891 par un groupe d’amis sportifs et fut un des clubs fondateurs de la Ligue Royale<br />
Belge d’Athlétisme (LRBA) en 1912.<br />
En 1903, ses activités, qui comportaient aussi le football et le vélo à un certain moment, furent déplacées vers le Vivier d’Oie à Uccle.<br />
Dès les premiers championnats d’athlétisme, le RRCB compta plusieurs champions de Belgique et recordmen, parmi lesquels Jean<br />
Konings, qui participa en 1908 aux Jeux olympiques de Londres sur le 100m.<br />
Le Racing subit toutefois la concurrence croissante de nouveaux clubs de la capitale (Union Saint Gilloise, Daring, Excelsior) ainsi<br />
que d’Anvers (Beerschot, Antwerp) dans les années 20/30 et ce n’est qu’à la fin des années 30 qu’il connut de nouveaux sommets<br />
grâce notamment à Louis Van Hoof (qui devint par la suite président) et Julien Diamant.<br />
Charles Michel plaide<br />
pour un “Brexit intelligent”<br />
Fin novembre, c’étaient, de Londres à Strasbourg, des journées<br />
“spécial Brexit”. Le Premier ministre belge Charles Michel fut<br />
ainsi l’hôte de son homologue britannique Theresa May au 10<br />
Downing street. Laquelle lui a confirmé ce qu’il savait déjà, à<br />
savoir son intention d’activer l’article 50 du traité de Lisbonne<br />
(qui officialisera la volonté du Royaume-Uni de quitter l’Union<br />
européenne) avant mars 2017. Le Premier ministre belge a<br />
rappelé la position de son pays (et, plus largement, européenne)<br />
à Theresa May, au cas où elle l’aurait oubliée : pas d’accès<br />
au marché intérieur pour le Royaume-Uni post-Brexit sans<br />
maintien de la liberté de circulation des travailleurs européens<br />
– dont les Brexiteers ne veulent plus entendre parler. Plutôt<br />
que d’entrer dans le débat “Brexit dur”/“Brexit doux”, Charles<br />
Michel plaide pour “un Brexit intelligent” qui, “en se fondant<br />
sur les faits, en étant rationnels”, préservera les intérêts<br />
économiques de l’Union, du Royaume-Uni et la Belgique<br />
(quatrième partenaire économique du précédent). Construire<br />
quelque chose d’“intelligent” à partir d’une situation inepte (le<br />
Brexit), c’est un fameux défi.<br />
“Il va falloir être créatif”, prédit Charles Michel.<br />
Louise Geertsen<br />
DAVID DAVIS<br />
ET LE MOMENT “FUN”<br />
Dans le même temps, le ministre britannique<br />
en charge du Brexit, David Davis, était<br />
au Parlement européen, à Strasbourg, pour<br />
une première rencontre avec le négociateur<br />
en chef de l’institution, Guy Verhofstadt.<br />
L’eurodéputé libéral belge lui a répété que<br />
les quatre libertés fondamentales de l’UE<br />
(de circulation des personnes, des biens,<br />
des services et des capitaux) ne pouvaient<br />
être en aucune sorte remises en question<br />
par le Brexit (air connu). Mais David Davis<br />
n’en a pas moins qualifié “de fun et utile”<br />
son rendez-vous avec le grand chef libéral,<br />
qualifié “d’homme charmant”, avec lequel il<br />
s’était “fort bien entendu”. Sur le fond, la<br />
visite de M. Davis n’a guère fait avancer le<br />
débat “Je n’ai rien appris de neuf”, a pesté<br />
l’Allemand Manfred Weber, chef de file du<br />
Parti populaire européen, après avoir rencontré<br />
M. Davis.<br />
Le véritable « âge d’or » du RRCB se situe entre 1947 (année de<br />
la création des interclubs) et la fin des années 50, période durant<br />
laquelle notre club a accumulé les titres nationaux aussi bien en<br />
interclubs qu’en individuel. De cette période resteront gravés dans les mémoires<br />
les noms de champions remarquables tels que Bourgaux, Brancart,<br />
Schwartz, Delelienne, Denis, Dayer, Verhas ou Van Zeune, et surtout de<br />
celui qui restera à jamais le fleuron du RRCB, Roger Moens. Celui-ci devint<br />
recordman du monde du 800m en 1955 à Oslo (1.45.7 sur cendrée!) et,<br />
passé entre-temps sous les couleurs de Vlierzele, fit 2ème sur le 800m des<br />
Jeux olympiques de Rome en 1960.<br />
LE ROYAL RACING CLUB<br />
DE BRUXELLES<br />
Ayant déménagé en 1953 au stade des Trois Tilleuls rénové, le RRCB<br />
connut encore de belles satisfactions grâce à des athlètes tels que Jacques<br />
Pennewaert ou Henri Clerckx, tous deux finalistes olympiques. Après une<br />
période 65/70 plus fade, le RRCB connut encore le succès grâce notamment<br />
à Anne-Marie Pira, multiple recordwoman et championne de Belgique,<br />
le regretté Jean-Pierre Borlée, son frère Jacques et plusieurs autres<br />
champions de Belgique, ce renouveau étant concrétisé en 1977 par une<br />
3ème place aux interclubs pour hommes.<br />
Depuis lors, aussi bien chez les hommes que pour la section féminine créée<br />
Bon vent au Royal Racing Club de Bruxelles<br />
du 21ème siècle!<br />
dans la seconde moitié des années 70, il est devenu difficile de renouer<br />
avec les heures glorieuses du passé. Le nombre de clubs s’est multiplié, la<br />
concurrence n’a donc cessé de croître. Le recrutement des jeunes s’est fait<br />
plus difficile notamment en raison de la multiplication des sports proposés<br />
aux nouvelles générations et du développement des sports-loisirs.<br />
Néanmoins, au début de ce siècle, le club a connu un renouveau avec<br />
l’avènement d’athlètes provenant de son Ecole des jeunes. Ainsi, le club<br />
peut se flatter d’avoir récolté bon nombre de titres nationaux par le biais<br />
de ces athlètes, et avec un titre européen junior en 2009 pour Anne Zagré.<br />
En 2015, le RRCB a pu se réjouir de l’arrivée en ses rangs des enfants de<br />
Jacques Borlée, resté un racingman « de<br />
souche ». . C’est ainsi que notre club a été<br />
représenté au niveau olympique par Olivia<br />
(200m) et par Kevin, Jonathan et Dylan<br />
(4x400m), n’échouant qu’à quelques<br />
centièmes de seconde de la<br />
médaille de bronze au relais<br />
4x400m.<br />
En 1986, une section de coureurs de fond a été<br />
créée, le « Groupe Allure Libre » (RCB-GAL),<br />
orienté vers les courses sur route et les<br />
« courses nature ». Ce groupe a connu<br />
un beau développement, puisqu’il<br />
compte maintenant plus de 200<br />
membres cotisants et participe en<br />
particulier à des marathons partout<br />
dans le monde. ,<br />
En 2000, c’est une section<br />
de triathlon qui a vu le jour,<br />
le RCBT. En une quinzaine<br />
d’années il est devenu<br />
un des trois clubs francophones<br />
principaux en<br />
nombre de membres<br />
(plus de 150) et au niveau<br />
des performances,<br />
s’étant fait une spécialité<br />
des « Triathlons<br />
complets », appelés<br />
« Ironmen ».<br />
Après 125 ans d’existence,<br />
réaliste dans ses<br />
ambitions, le RRCB reste<br />
convaincu qu’il continue à<br />
offrir une activité attrayante<br />
de développement physique<br />
et mental aux plus jeunes,<br />
ainsi qu’un accompagnement<br />
de haut niveau aux athlètes plus<br />
ambitieux.<br />
Une histoire de 125 ans !<br />
Royal Racing Club<br />
de Bruxelles a.s.b.l.<br />
Fondé en 1891<br />
Athlétisme<br />
Stade des Trois Tilleuls<br />
Avenue des Nymphes 1a<br />
1170 Watermael-Boitsfort<br />
Tel. : 02/675.10.28.<br />
P24 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016<br />
Les inscriptions se font au secrétariat du club au Stade des Trois Tilleuls, pendant les heures d’entraînement.
AFRIQUE<br />
Propos recueillis par Edwige Neshama<br />
Jérémie Banigwaninzigo,<br />
Ambassadeur du Burundi à Bruxelles<br />
« LE RWANDA S'IMPLIQUE<br />
OUVERTEMENT DANS LA<br />
DÉSTABILISATION DU BURUNDI »<br />
Le Burundi traverse une période pleine d’incertitudes. Son<br />
Ambassadeur à Bruxelles, Jérémie Banigwaninzigo a accepté<br />
d'accorder une interview au Relais afin donner sa lecture<br />
des événements tragiques que connaît son pays. Membre du<br />
CNDD-FDD, formation au pouvoir, il vient juste de prendre<br />
ses fonctions à Bruxelles.<br />
Relais : Bruxelles est un poste hautement<br />
stratégique et au-delà des responsabilités<br />
classiques d’un ambassadeur,<br />
comment comptez-vous accomplir<br />
votre mission dans un contexte difficile,<br />
compte-tenu des tensions qui existent<br />
dans votre pays et les accusations de la<br />
communauté internationale ?<br />
Jérémie Banigwaninzigo : « Comme<br />
tout Ambassadeur Extraordinaire et<br />
Plénipotentiaire accrédité, ma mission<br />
consiste à représenter le Burundi<br />
auprès du Royaume de Belgique, le<br />
Grand-duché de Luxembourg et l’Union<br />
européenne et à œuvrer pour le maintien<br />
voire le renforcement des relations<br />
bilatérales, multilatérales et multiformes<br />
déjà existantes entre mon pays et les<br />
pays et institution d’accréditation ».<br />
Le Relais : Votre pays traverse une<br />
énième crise qui est à la base du blocage<br />
politique actuel. Pourriez-vous situer<br />
l’origine cette crise ? Et quel est<br />
l'état de la situation au Burundi ?<br />
M. Banigwaninzigo : « Après plus<br />
d’une décennie de guerre civile consécutive<br />
à l’assassinat le 21 octobre 1993<br />
du premier président démocratiquement<br />
élu, S.E. Monsieur le Président<br />
Melchior Ndadaye, l’Accord d’Arusha<br />
d’août 2000 a jeté les bases du partage<br />
du pouvoir politique au Burundi entre<br />
les différentes composantes de la société<br />
burundaise. Une nouvelle Constitution<br />
s’en est inspirée. Les élections<br />
démocratiques pluralistes de 2005 et<br />
de 2010 ont été remportées à tous les<br />
échelons par le Parti CNDD-FDD. En<br />
2010, une partie de l’opposition, après<br />
avoir constaté ses déboires aux élections<br />
législatives, a décidé de boycotter<br />
le reste du processus électoral et a créé<br />
la coalition ADC-Ikibiri qui n’a pas reconnu<br />
les résultats électoraux de 2010<br />
prétextant des fraudes.<br />
Fin avril 2015, le parti CNDD-FDD a<br />
désigné le président Pierre Nkurunziza<br />
comme son candidat à l’élection présidentielle<br />
de 2015.<br />
Certains cadres de ce parti s’y sont opposés<br />
et se sont ralliés à l’opposition<br />
radicale pour s’opposer à cette candi-<br />
dature qu’ils jugeaient anticonstitutionnelle<br />
en dépit des décisions de la Cour<br />
constitutionnelle du Burundi (3 mai<br />
2015) et de la Cour de Justice de l’East<br />
African Community (20 juillet 2015) qui<br />
ont validé la légalité constitutionnelle de<br />
la candidature de Pierre Nkurunziza aux<br />
présidentielles de 2015. Cela s’est exprimé<br />
d’abord par des manifestations dans<br />
quatre quartiers de la capitale Bujumbura.<br />
Manifestations qui ont vite évolué en<br />
insurrection.<br />
Les conséquences ont été, entre autres,<br />
les réfugiés dans les pays voisins, la destruction<br />
des biens et des infrastructures<br />
publics et privés, l’assassinat de citoyens<br />
innocents et de membres des forces de<br />
l’ordre dans l’exercice de leurs fonctions,<br />
des tensions avec certains partenaires<br />
traditionnels du Burundi comme<br />
l’UE qui ont culminé à la prise de sanctions<br />
contre notre pays.<br />
Quant à ces soi-disant violations, le gouvernement<br />
du Burundi a communiqué<br />
maintes fois sur cette question. Chaque<br />
fois qu’une mesure a été prise par le<br />
gouvernement et les différentes institutions,<br />
elle l’a été conformément aux lois<br />
en vigueur. Les détracteurs du Burundi<br />
auraient-ils souhaité que la loi ne sanctionne<br />
pas les auteurs des délits punis<br />
dans n’importe quel Etat démocratique<br />
du monde ? »<br />
Le Relais : Le Burundi fait face aux<br />
sanctions de la communauté internationale.<br />
Qu’elles en sont les conséquences,<br />
à présent ?<br />
M. Banigwaninzigo : « Petit rectificatif,<br />
le Burundi est sous sanctions unilatérales<br />
de l’UE et la communauté internationale<br />
ne se limite pas à l’UE. Ces sanctions<br />
ont été prises en vertu de l’article<br />
96 de l’Accord de Cotonou. Les conséquences<br />
de ces sanctions est que l’aide<br />
directe allouée au gouvernement du Burundi<br />
a été arrêtée. Ce qui entraîne la<br />
suspension de la réalisation des projets<br />
financés par cette aide directe. Avec le<br />
reste des partenaires<br />
du Burundi, le partenariat<br />
économique<br />
continue (Banque<br />
Mondiale, Fonds Monétaire<br />
International,<br />
Banque Africaine<br />
de Développement,<br />
les puissances économiques<br />
d’Amérique<br />
du Sud, d’Asie,<br />
d’Afrique, etc.) »<br />
Le Relais : Peut-on<br />
craindre l’enlisement<br />
de la crise et le blocage<br />
politique qui en<br />
est la conséquence ?<br />
M. Banigwaninzigo : « Le gouvernement<br />
du Burundi s’inscrit dans la logique<br />
du dialogue. La Commission nationale<br />
du dialogue interne (CNDI) est à<br />
l’œuvre depuis des mois pour recueillir,<br />
dans tout le pays, les propositions de solutions<br />
de la population burundaise.<br />
Un dialogue inclusif se poursuit à l’extérieur<br />
du pays dans le cadre de la Médiation<br />
pilotée par l’EAC (Président ougandais<br />
Yoweri Kaguta Museveni, aidé par<br />
l’ancien Président tanzanien Benjamin<br />
William Mkapa). »<br />
Le Relais : Quel serait, selon vous, l’apport<br />
des pays voisins ou de l’Union africaine<br />
dans la crise burundaise ?<br />
M. Banigwaninzigo : « Le Burundi<br />
entretient de bons rapports avec ses<br />
voisins, à l’exception du Rwanda qui<br />
s’implique ouvertement dans la déstabilisation<br />
du Burundi. Des preuves ont<br />
été mises en évidence par des Organisations<br />
internationales et les Etats-Unis.<br />
Le Burundi a porté plainte via la CIRGL,<br />
l’UA et les Nations-Unies, afin que ce<br />
pays voisin se conforme aux exigences<br />
du droit international.<br />
Avec l’UA, les rapports<br />
sont aussi excellents.<br />
La question<br />
d’envoi de troupes<br />
étrangères au Burundi<br />
a rencontré la désapprobation<br />
du Burundi,<br />
de son Peuple,<br />
de leurs élus et des<br />
chefs d’Etat de l’UA.<br />
Comme le Burundi<br />
n’est pas demandeur<br />
et n’a jamais autorisé<br />
la venue de ces<br />
troupes et que la sécurité<br />
revient dans le<br />
pays par rapport à 2015, cette question<br />
sera de moins en moins d’actualité. »<br />
Le Relais : Les Nations Unies parlent<br />
de génocide et de crime contre l’humanité.<br />
Quel est votre réaction face à de<br />
tels propos ?<br />
M. Banigwaninzigo : « La situation<br />
au Burundi ne peut se comparer à un<br />
génocide. Les différentes franges de la<br />
population vivent en harmonie. Venez<br />
vous-mêmes le constater sur place.<br />
Le Relais : Quel message avez-vous, en<br />
tant que nouvel ambassadeur, pour les<br />
Burundais de la diaspora, et éventuellement<br />
pour les partenaires burundais de<br />
la communauté internationale ?<br />
M. Banigwaninzigo : « A la diaspora<br />
burundaise, nous demandons d’être de<br />
vrais patriotes, de défendre la souveraineté<br />
nationale et d’être conscients des<br />
intérêts vitaux de leur pays en refusant<br />
de contribuer à sa déstabilisation. Aux<br />
partenaires qui sont restés de notre<br />
côté, de continuer à nous accompagner<br />
dans la recherche de solutions durables.<br />
Aux autres partenaires, de venir au Burundi<br />
pour s’enquérir de la véritable<br />
situation, qui est différente de celle déformée,<br />
erronée et véhiculée par certains<br />
médias et réseaux sociaux acquis<br />
à l’opposition radicale. Une fois le bilan<br />
fait, de lever les sanctions injustement<br />
imposées au Burundi.<br />
P 26 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016 Le Relais - N°12 - Décembre 2016 - P 27
AFRIQUE<br />
par Tshibambe Lubowa<br />
AFRIQUE CENTRALE :<br />
LA DÉMOCRATIE À PETIT PAS<br />
L’Afrique, principalement l’Afrique centrale, semble<br />
avoir la peau dure en matière de démocratie. Cette gouvernance<br />
par le peuple et pour le peuple a mal à décoller,<br />
surtout dans cette région du continent. Des élections<br />
contestées, des mandats expressément prolongés, des<br />
guerres de leadership politique…tous ces ingrédients font<br />
asseoir l’Afrique centrale sur un volcan. Pourquoi, cette<br />
situation touche plus l’Afrique centrale que d’autres régions<br />
de ce continent. Tentative de réponses.<br />
De toutes les régions du continent, l’Afrique centrale<br />
aligne beaucoup de chefs d’Etat qui ont plus<br />
de 10 ans de pouvoir, et dont l’élection ou/et le<br />
nombre de mandats sont sujets à des contestations<br />
de plusieurs ordres. Le plus vieux chef de l’Etat par<br />
la durée au pouvoir en Afrique se retrouve dans<br />
cette région. Il s’agit du<br />
président de Guinée équatoriale,<br />
Teodoro Obiang<br />
Nguema Mbasogo, arrivé<br />
au pouvoir le 03 août<br />
1979 à la suite d’un coup<br />
d’Etat contre son oncle, le<br />
président Francisco Macias<br />
Nguema. Il est pédalé de<br />
près par l’Angolais Edouardo do Santos<br />
arrivé lui aussi au pouvoir en septembre<br />
1979 à la suite du décès de son prédécesseur,<br />
Dr Agostinho Neto. Il a toutefois<br />
annoncé récemment son<br />
intention de se retirer de la vie<br />
politique en 2018.<br />
Paul Biya a accédé au pouvoir au Cameroun<br />
le 6 septembre 1982 à la suite de la démission<br />
de son prédécesseur, le président Ahidjo, et<br />
conserve ce pouvoir depuis lors sans aucunement<br />
l’intention exprimée de le restituer<br />
au peuple. La proximité de ce<br />
pouvoir avec Paris rassure Paul Biya<br />
alias l’homme-lion de la longévité<br />
de son pouvoir. Yoweri Museveni<br />
dirige l’Ouganda des mains de maitre<br />
depuis janvier 1986, à l’issue d’une rébellion<br />
qui a balayé le régime de Milton<br />
Beaucoup de pays<br />
de la zone Sadc ont<br />
réussi leurs processus<br />
démocratiques et<br />
l’alternance<br />
Obote. Les opposants qui sollicitent les suffrages du peuple<br />
sont l’objet des maltraitances de tous ordres jusqu’aux arrestations<br />
brutales. Devenu le cœur du dispositif sécuritaire<br />
américain en Afrique centrale, tous les abus contre la démocratie<br />
et les droits de l’homme ainsi que les<br />
violations régulières des frontières de la<br />
République démocratiques du Congo<br />
sont tolérés, voire encouragés par ses<br />
parrains britanniques et américains.<br />
Il préparerait même son fils Muhoozi<br />
Kainerugaba pour le remplacer, et a<br />
son épouse, parmi les membres de son<br />
gouvernement.<br />
Dénis Sassou Nguesso est au pouvoir depuis<br />
1979 avec une interruption de cinq ans, de 1993 à 1997,<br />
à la suite des élections démocratiques qui avaient vu le professeur<br />
Pascal Lissouba l’emporter. Il revient au pouvoir en<br />
1997 à la suite d’une rude bataille armée.<br />
Après avoir réalisé deux mandats pleins<br />
de sept ans chacun, il a revu la constitution<br />
de son pays pour s’attribuer un nouveau<br />
mandat dans des contestations généralisées.<br />
Un autre chef de l’Etat de l’Afrique centrale<br />
qui aligne une<br />
longue durée au<br />
pouvoir, c’est le président tchadien,<br />
Idriss Déby Itno, à la tête du pays<br />
depuis le 2 décembre 1990, et officiellement<br />
président de la République<br />
du Tchad, le 28 février 1991.<br />
En 25 ans de pouvoir, Idriss Déby<br />
Itno a souvent vu son gouvernement<br />
se fragiliser, sans jamais être renversé,<br />
e t<br />
les dernières élections présidentielles de 2016 qui lui ont<br />
attribué un autre mandat a été contestées. Mais son rôle<br />
militaire dans la lutte contre les islamistes de Boko Haram<br />
lui fait accorder des faveurs des grandes puissances à la tête<br />
desquelles la France.<br />
Ces grandes puissances encouragent aussi le pouvoir de<br />
Kigali que dirige, des mains de fer, Paul Kagamé qui ne<br />
tolère nullement l’opposition politique. Au pouvoir depuis<br />
l’an 2000, l’homme fort de Kigali met en prison tout celui<br />
qui conteste son pouvoir ainsi que les candidats adverses et<br />
a réussi à revoir la Constitution de son pays s’attribuant une<br />
longévité au pouvoir pouvant atteindre,<br />
selon les calculs, l’an 2037.<br />
Joseph Kabila Kabange de la République<br />
démocratique du Congo n’a<br />
pas les mêmes chances que son homologue<br />
du Rwanda. Washington casse<br />
toutes les tentatives de Joseph Kabila de<br />
conserver son pouvoir qu’il a conquis en<br />
2001 à la suite du décès de son défunt père, Laurent-Désiré<br />
Kabila, et sauvegardé à la suite des élections démocratiques<br />
de 2006 et 2011. L’opposition politique, une bonne frange de<br />
la société civile ainsi que l’église catholique, appuyées par<br />
les Etats-Unis et l’Union européenne, sont déterminées à lui<br />
barrer la route de la prolongation du pouvoir à la fin de son<br />
mandat, le 20 décembre 2016.<br />
Mais, devant l’impossibilité de tenir les élections présidentielles<br />
au courant de cette année 2016 pour des raisons techniques<br />
et financières, un dialogue national politique a été<br />
convoqué par le président Joseph Kabila avec le concours<br />
de la communauté internationale représentée par le facilitateur<br />
Edem Kodjo, ancien Premier ministre togolais et ancien<br />
secrétaire général de l’Union africaine, alors OUA, accompagnée<br />
des représentants de l’ONU, de l’UE, de l’OIF, de<br />
la SADC et de la CIRGL. Ce dialogue a pour objectif la<br />
signature d’un Compromis politique en vue d’une courte<br />
transition d’une année au cours de laquelle le gouvernement<br />
sera dirigé par un membre de l’opposition sous la présidence<br />
de Joseph Kabila qui ne cédera le pouvoir, selon la Constitution,<br />
qu’à un successeur élu.<br />
La tenue de ce dialogue boycotté par une frange de l’opposition<br />
politique, a poussé à des mouvements de contestation<br />
qui ont abouti à des pillages de la ville de Kinshasa, le 19 et le<br />
20 septembre. Et certaines ambassades occidentales comme<br />
celle des Etats-Unis d’Amérique, évacuent<br />
leurs ressortissants craignant une guerre<br />
civile dans les prochains jours.<br />
Cette situation de tension et de guerre<br />
se vit déjà au Burundi où Pierre<br />
Nkurunziza, pasteur, professeur et<br />
ex-rebelle, arrivé au pouvoir en 2005,<br />
a réalisé un troisième mandat interdit<br />
en 2015 sans qu’il ne puisse revoir la<br />
constitution. Il justifie cette situation par le<br />
fait que sa première élection en 2005 s’était faite devant les<br />
parlementaires sur base d’un accord politique d’Arusha et<br />
non au suffrage universel comme l’impose la Constitution.<br />
Cette interprétation a provoqué une crise politique et sociale<br />
aigue dont l’ancien président tanzanien Benjamin Mkapa a<br />
difficile à résorber à travers un dialogue convoqué à Dar es<br />
Salam entre les différentes parties à la crise.<br />
Au Gabon, Ali Bongo Odimba, arrivé au<br />
pouvoir en 2009 en remplacement de son<br />
défunt père et à la suite d’une élection,<br />
est l’objet des contestations diverses<br />
pour son élection programmé par la<br />
Cénap (Commission électorale indépendante<br />
nationale autonome et paritaire)<br />
et confirmée par la Cour suprême. Ces résultats accordant<br />
un nouveau mandat de sept ans au président sortant a été<br />
très contestés de l’intérieur du pays comme de beaucoup de<br />
pays étrangers, notamment la France, le fidèle partenaire de<br />
ce pays. Les partisans de Jean Ping, le principal adversaire<br />
du président sortant, a rejeté les résultats, et la proposition de<br />
Ali Bongo, d’entamer un dialogue national et d’ouvrir son<br />
gouvernement à l’opposition politique.<br />
Cette soif du pouvoir éternel de la part de ces chefs d’Etat<br />
trouve, dans certains cas, la justification dans le souci de<br />
consolider la paix, l’unité et la cohésion nationale dans certains<br />
pays à la sécurité fragile dont les armées répondent<br />
facilement aux ordres d’un chef qui l’a tribalisé. Une autre<br />
raison se trouve être le rôle régional sécuritaire attribué à ces<br />
chefs d’Etat par les puissances étrangères et leurs remplacements<br />
ne rassureraient pas ces puissances pour la bonne<br />
protection de leurs intérêts. L’absence de progrès et de développement<br />
de bon nombre de pays qui ont opté pour la démocratie<br />
apporte de l’eau au moulin de ces chefs d’Etat qui<br />
trouvent de bonnes raisons de trouver en l’imposition d’un<br />
pouvoir fort le seul moyen de mettre leurs populations au<br />
travail et d’appliquer correctement leurs plans économiques<br />
et sociaux.<br />
Beaucoup de pays de la zone Sadc ont réussi leurs processus<br />
démocratiques et l’alternance, quoique très souvent au sein<br />
des mêmes partis, réussit à affirmer une certaine vie démocratique.<br />
C’est aussi le cas de certains pays de l’Afrique de<br />
l’Ouest, du Maghreb et de l’océan indien.<br />
Somme toute, dans ces pays, faudra-t-il refonder la démocratie<br />
dans cette région, une démocratie adaptée à la culture<br />
de ces milieux ou faudra-t-il continuer à appliquer à la lettre<br />
l’Abc de la démocratie occidentale. Le débat doit s’ouvrir.<br />
P 28 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016 Le Relais - N°12 - Décembre 2016 - P 29
AFRIQUE<br />
Pour manifester leur mécontentement face<br />
à l’agissement de ce grand pays, les pays<br />
de la Cémac ont repoussé l’appel du pied<br />
de l’Union européenne dont certains dirigeants<br />
disaient que cet accord intérimaire<br />
signé par le Cameroun était ouvert à tous<br />
les pays de la Cémac, voire au-delà, c’est-àdire<br />
à tous les pays de l’Afrique centrale : les<br />
deux Congo, Gabon, Tchad, Guinée Equatoriale,<br />
République centrafricaine, Sao Tome et<br />
Principe).<br />
Sous pression ou pas, le Cameroun a signé<br />
un accord de partenariat avec l’Europe<br />
Libre-échange<br />
à sens unique ?<br />
L’entrée en vigueur en cette fin d’été de l’accord de libre-échange<br />
entre l’Union européenne et le Cameroun est l’événement le<br />
plus important de ces derniers mois dans le cadre du partenariat<br />
Afrique-Europe. Il fait la Une des journaux et ce avec raison.<br />
En franchissant cet étape dans le long<br />
processus de l’Accord de Partenariat<br />
Economique, négocié depuis 2002,<br />
signé en 2009 et ratifié en 2014, le Cameroun<br />
devient ainsi le premier pays de<br />
la région à accepter le démantèlement<br />
tarifaire pour les produits de l’Union européenne.<br />
En contrepartie, un communiqué<br />
de la Commission européenne, a<br />
souligné l’accès en franchise de droits de<br />
douane et sans contingent au marché de<br />
l’UE pour les exportations en provenance<br />
du Cameroun.<br />
Même s’il s’agit d’un accord intérimaire,<br />
les négociations se déroulaient dans le<br />
cadre de l’APE UE-Afrique centrale. Raison<br />
pour laquelle, les Etats de la Cémac (Communauté<br />
économique et monétaire de<br />
l’Afrique centrale) ont toujours demandé<br />
au Cameroun de sursoir la signature de<br />
cet accord et reprendre à zéro les négociations.<br />
Ils s’attendaient à un APE régional,<br />
c’est -à-dire complet, juste et équilibré<br />
pour l’ensemble de la région.<br />
Sous pression, le Cameroun a- t- il ainsi<br />
lâché ses voisins ? Et si c’était le cas,<br />
quelles seraient les conséquences de ce<br />
jeu en solo ? Premier partenaire de l’Europe<br />
dans la région et avec une économie<br />
diversifiée, le Cameroun mise sur ses produits<br />
agricoles qui auront un accès plus<br />
avantageux que d’autres pays au marché<br />
européen. Tandis que la plupart des pays<br />
dans la région n’ont que le pétrole.<br />
Par contre, la perte pour le Cameroun des<br />
revenus qui viennent de la zone Cémac<br />
(Gabon, Cameroun, République centrafricaine,<br />
Tchad, Guinée équatoriale) est<br />
envisagée. Car la majorité de ses exportations<br />
vont vers ces pays. On craint le<br />
déséquilibre de sa balance de paiement.<br />
A l’intérieur du pays l’accord a été mal accueilli.<br />
On craint la destruction du marché.<br />
Les entrepreneurs camerounais redoutent<br />
la concurrence de puissants groupes industriels<br />
européens. La société civile a déjà<br />
tiré la sonnette d’alarme sur l’invasion des<br />
produits européens. Il s’agira d’un libreéchange<br />
à sens unique, préviennent les<br />
sceptiques.<br />
Même si l’accord de partenariat économique<br />
n’entre pas immédiatement en vigueur<br />
du côté camerounais, déjà, il y a<br />
grogne des déclarants et des douaniers sur<br />
la place du Port de Douala. On y attend un<br />
bouleversement complet.<br />
L’Union européenne jubile. On s’en souvient<br />
à l’époque de la signature de l’APE avec le<br />
Cameroun, Karel de Gucht, alors commissaire<br />
européen au Commerce, n’a -t-il pas<br />
déclaré que l’APE est un de nos outils majeurs<br />
en matière de coopération pour accompagner<br />
les pays en développement comme le Cameroun<br />
vers l’émergence de leurs économies ?<br />
Cette position ne reflète pas l’opinion de<br />
l’Union européenne. Maria Arena, parlementaire<br />
socialiste européenne, a dit dernièrement<br />
tout le mal qu’elle pense de l’APE<br />
signé par le Cameroun en ces termes : “je<br />
m’oppose à cet accord, en tant que parlementaire<br />
européenne, membre de la Commission<br />
de commerce international. En effet, cet accord<br />
commercial avec l’Afrique de l’Ouest ne<br />
tient pas compte de l’extrême pauvreté de la<br />
population...”<br />
En Afrique tout autant en Europe, la signature<br />
de l’APE par le Cameroun est loin de<br />
faire l’unanimité. Peut-on craindre la désorganisation<br />
économique à l’intérieur de la<br />
Cémac? On attend voir la mise en œuvre<br />
de cet APE.<br />
Youssef El Filali<br />
P 30 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016
AFRIQUE<br />
Le président<br />
sud-africain<br />
évite la démission<br />
Jacob Zuma, le président sud-africain, n’a pas usurpé<br />
son surnom de “Président Téflon”, sur qui les critiques<br />
glissent sans jamais attacher.<br />
Une fois encore, lors d’une conférence de presse le dernier<br />
jour du mois de novembre à Johannesburg, la direction<br />
du Congrès national africain (ANC, au pouvoir) a<br />
réaffirmé son soutien au chef de l’Etat, dont le mandat<br />
doit s’achever en 2019. “A la suite de discussions franches<br />
[…] et parfois difficiles”, le comité exécutif de l’ANC “n’a<br />
pas soutenu l’appel à la démission du Président”, a déclaré<br />
Gwede Mantashe, le secrétaire général du parti, invoquant<br />
l’importance de maintenir l’“unité”.<br />
Pas de vote de confiance<br />
Pendant trois jours, les 80 dirigeants de l’ANC se sont réunis<br />
à huis clos pour discuter de l’avenir du chef de l’Etat.<br />
Selon la presse sud-africaine, citant des sources ANC, une<br />
trentaine de dirigeants, dont trois ministres, auraient appelé<br />
à la mise à l’écart de Jacob Zuma, suite aux scandales<br />
de corruption qui s’accumulent autour du septuagénaire,<br />
à la tête du pays depuis 2009. Mais la proposition d’un<br />
vote de confiance a été rejetée. Le chef de l’Etat jouit encore,<br />
au moins officiellement, de soutiens au sein du parti.<br />
L’affaire qui a mis le feu aux poudres est la publication, le<br />
2 novembre, d’un rapport de la désormais ex-médiatrice<br />
de la République, Thuli Madonsela, chargée d’enquêter<br />
sur les dysfonctionnements du pouvoir et de veiller au<br />
bon usage de l’argent public. Ce document avance des<br />
preuves sur les liens compromettants entre Jacob Zuma<br />
et une famille de riches hommes d’affaires indiens, les<br />
Gupta. Ceux-ci auraient usé de leur inluence sur le Président<br />
pour favoriser leurs intérêts et décrocher des marchés<br />
publics, au point d’imposer la nomination de certains<br />
ministres. Certains membres de l’ANC craignent une réaction<br />
des électeurs. En août, le parti a déjà essuyé un revers<br />
historique aux municipales, perdant la majorité des<br />
grandes villes.<br />
Cette fronde sans précédent ne sera pas sans conséquences.<br />
Elle révèle un président affaibli et un parti de<br />
plus en plus divisé. “Les mois qui viennent vont être difficiles<br />
pour lui. Des membres (de l’ANC) sont désormais<br />
prêts à risquer leur carrière afin d’exprimer leur frustration”,<br />
estime l’analyste politique Daniel Silke dans<br />
le “Times” sud-africain. Or, Jacob Zuma n’est pas connu<br />
pour son sens du compromis; un remaniement du gouvernement,<br />
afin d’écarter les voix discordantes, n’est pas à<br />
exclure.<br />
Guerre pour le contrôle de l'ANC<br />
En décembre 2017, les délégués de l’ANC se réuniront<br />
pour élire le nouveau chef du parti. Jacob Zuma ne peut<br />
pas se présenter à un troisième mandat, mais son entourage<br />
favorisera l’élection d’un candidat qui maintiendrait<br />
son réseau. La bataille pour le contrôle de l’ANC n’a jamais<br />
été aussi disputée depuis le coup de force contre le<br />
président Thabo Mbeki, évincé de la tête du parti en 2008<br />
par… le clan Zuma.<br />
A court de dollars, le Zimbabwe<br />
lance une nouvelle monnaie<br />
Le Zimbabwe a lancé lundi 28 novembre<br />
sa nouvelle monnaie, annoncée<br />
depuis mai dernier, malgré<br />
des manifestations de protestation<br />
contre une mesure jugée mal<br />
préparée et contre la corruption. Des<br />
manifestations de protestation que le<br />
régime de Robert Mugabe, au pouvoir<br />
depuis 1980, a traitées par la répression<br />
habituelle.<br />
Le principal parti d’opposition, le<br />
MDC (Movement for Democratic<br />
Change) conteste la nouvelle<br />
monnaie devant les tribunaux,<br />
jugeant qu’elle est<br />
“illégale” et “viole la<br />
Constitution”. C’est<br />
donc sous de mauvais<br />
auspices que les<br />
“billets d’obligation”<br />
– nom de la nouvelle<br />
monnaie, qui se veut<br />
à parité avec le dollar<br />
américain – ont été lancés<br />
lundi. Des billets de deux<br />
dollars et des pièces d’un dollar ont<br />
été mis sur le marché, pour un total de<br />
12 millions de dollars. Des billets de<br />
5 dollars le seront d’ici à la fin de l’année.<br />
Le total devrait atteindre 75 millions<br />
de dollars.<br />
Pas de monnaie nationale<br />
depuis 2009<br />
Depuis 2009, le Zimbabwe n’a plus<br />
de monnaie nationale, le dollar zimbabwéen<br />
ayant disparu à la suite d’une<br />
inflation sans équivalent, qui a atteint<br />
officiellement 231 millions de pourcent.<br />
Depuis lors, le Zimbabwe fonctionne en<br />
utilisant le dollar américain et le rand<br />
sud-africain.<br />
Cependant, vu le manque de productivité<br />
de ce pays qui fut le grenier de<br />
l’Afrique australe jusqu’à la<br />
réforme agraire mal préparée<br />
lancée en 2000<br />
par le président Mugabe<br />
(*), il n’y a pas<br />
assez d’exportations<br />
et donc de devises<br />
en circulation. Le<br />
gouvernement a lancé<br />
les “billets d’obligation”<br />
dans l’espoir<br />
de relancer la machine<br />
économique. Or, la crise économique<br />
qui avait amené la disparition<br />
de la monnaie nationale est jugée<br />
toujours en cours par les Zimbabwéens,<br />
dont 90 % n’ont pas d’emploi formel et<br />
75 % vivent sous le seuil de pauvreté. Ils<br />
craignent donc un retour de la dévaluation<br />
monétaire et des hausses de prix<br />
vertigineuses qui avaient poussé près<br />
d’un cinquième de la population à émigrer.<br />
Déjà dévalués ?<br />
Depuis quelques jours, les Zimbabwéens<br />
se sont donc précipités sur les distributeurs<br />
de billets pour retirer tous les dollars<br />
américains qu’ils pouvaient et ont<br />
fait des provisions, notamment de carburant,<br />
dont ils craignent une prochaine<br />
pénurie. Et lundi déjà, un vendeur interviewé<br />
par l’AFP à Harare reconnaissait<br />
vendre des chaussures à 20 dollars<br />
américains ou 25 dollars de la nouvelle<br />
monnaie. “Il n’y a aucune chance pour<br />
que cette monnaie reste équivalente au<br />
dollar”, ajoutait-il. Le gouvernement a,<br />
quant à lui, qualifié de “traîtres à la patrie”<br />
ceux qui s’opposent à la nouvelle<br />
monnaie. Pas vraiment un langage qui<br />
inspire la confiance…<br />
Le président Mugabe, 92 ans, qui fête<br />
chaque 21 février ses anniversaires par<br />
des réceptions d’un luxe inouï pour le<br />
pays, a laissé entendre qu’il se présenterait<br />
à un nouveau mandat en 2018.<br />
(*) Il voulait ainsi gagner des voix, alors<br />
que sa popularité était en berne.<br />
Le Relais - N°12 - Décembre 2016 - P 33
AFRIQUE<br />
Nigéria<br />
Une décharge à ciel ouvert<br />
depuis plus de 30 ans<br />
L’exploration pétrolière a transformé<br />
le pays ogoni en immense terrain<br />
vague. Les terres, les rivières<br />
et les ruisseaux sont en permanence<br />
entièrement pollués; l’atmosphère est<br />
empoisonnée, chargée de vapeurs d’hydrocarbures,<br />
de méthane, d’oxydes de<br />
carbone et de suies rejetées par les torchères<br />
qui, depuis 33 ans, brûlent des<br />
gaz 24 h sur 24 tout près des zones d’habitation.<br />
Le territoire ogoni a été dévasté par des<br />
pluies acides<br />
et des épanchements<br />
ou<br />
des jaillissements<br />
d’hydrocarbures”,<br />
dénonçait,<br />
en 1992,<br />
l’écrivain et<br />
militant écologiste<br />
nigérian<br />
Ken Saro<br />
Wiwa à Genève. « Si quelques améliorations<br />
ont été apportées depuis lors –<br />
sur pression des militants autonomistes<br />
ou écologistes nigérians – la situation<br />
reste pour l’essentiel très difficile à vivre<br />
dans le delta du Niger, la région pétrolière<br />
au sud du Nigeria.<br />
Le principal exploitant étranger<br />
En 1993, Ken Saro Wiwa notait déjà que<br />
Shell cherchait à “se présenter comme<br />
un champion<br />
du développement<br />
local<br />
et argument<br />
(ait) que la<br />
destruction<br />
de l’environnement<br />
ogoni (était)<br />
un problème<br />
nigérian, à résoudre<br />
au Nigéria”.<br />
Si Shell était mise en cause, c’est<br />
que la compagnie anglo-néerlandaise<br />
avait été la première à exploiter l’or noir<br />
nigérian, à partir de 1958, et est, depuis,<br />
la principale société étrangère à le faire<br />
dans l’ex-colonie britannique, dont 95 %<br />
des devises viennent du pétrole. Royal<br />
Dutch Shell possède 30 % de Shell Nigeria,<br />
qui extrait la moitié de la production<br />
nigériane, la première d’Afrique.<br />
En 1993, Saro Wiwa et les Ogonis<br />
étaient parvenus à contraindre la compagnie<br />
à suspendre ses opérations. En<br />
1995, Saro Wiwa et huit de ses proches<br />
étaient pendus par la dictature militaire<br />
à l’issue d’un procès jugé inique et dans<br />
lequel les militants détectaient la main<br />
de Shell. L’année suivante, la famille<br />
Saro Wiwa avait porté plainte contre la<br />
compagnie pétrolière devant un tribunal<br />
de New York pour sa responsabilité dans<br />
l’élimination des neuf militants, dans les<br />
tortures qu’ils avaient subies et pour<br />
corruption.<br />
Durant 12 ans, Shell demanda à la cour<br />
de se déclarer incompétente, avant que<br />
le procès ouvre le 26 mai 2009. Moins<br />
de deux semaines plus tard, Shell acceptait<br />
de payer 15,5 millions de dollars<br />
aux plaignants pour régler le conflit à<br />
l’amiable – tout en affirmant son innocence<br />
et en assurant qu’il s’agissait d’un<br />
“geste humanitaire”.<br />
Dans le delta du Niger, cependant, le<br />
conflit ne s’était pas apaisé et le sort<br />
des populations n’était guère meilleur.<br />
Les fuites de pétrole (40 % des fuites de<br />
Shell, présente dans 28<br />
pays, avaient alors lieu<br />
au Nigéria) se poursuivaient,<br />
dues à la vétusté<br />
des pipelines, à la piètre<br />
surveillance des oléoducs<br />
et aux siphonnages<br />
de pétrole par la population.<br />
Tout comme les torchères<br />
de gaz (95 % du<br />
gaz était alors brûlé au Nigeria, contre<br />
0,6 % aux Etats-Unis) qui provoquent<br />
émissions de CO2 et pluies acides.<br />
Groupes armés et rançons<br />
Pêcheurs et agriculteurs de la région<br />
étaient contraints au chômage à cause<br />
de la pollution, ce qui a provoqué une<br />
guerre civile dans la région : de plus en<br />
plus de jeunes gens se sont joints à des<br />
groupes armés mêlant revendications<br />
autonomistes, rapts contre rançon parmi<br />
le personnel des compagnies pétrolières,<br />
siphonnage de pétrole en grande<br />
quantité pour le revendre et exigence<br />
d’un partage de la richesse pétrolière<br />
Durant 12 ans,<br />
Shell demanda<br />
à la cour de<br />
se déclarer<br />
incompétente<br />
avec la population locale. Jusqu’en<br />
1999, la région du delta pétrolier ne touchait<br />
en effet que 3 % des revenus nationaux<br />
issus de l’or noir, passés à 13 %<br />
depuis la fin du régime militaire. Une<br />
amnistie négociée en 2009 avait réussi<br />
à ramener un peu de calme dans la région,<br />
mais ses effets sont<br />
en train de se dissiper, la<br />
pollution n’ayant guère<br />
été combattue. Les violences<br />
reprennent.<br />
En 2013, alors qu’une<br />
nouvelle bataille juridique<br />
opposait Shell –<br />
qui plaidait à nouveau<br />
l’incompétence du tribunal<br />
britannique saisi, ainsi que sa propre<br />
innocence – aux victimes de fuites de<br />
ses pipelines en 2008 à Bodo, Amnesty<br />
International avait accusé la compagnie<br />
anglo-néerlandaise de manipuler les enquêtes<br />
sur les fuites pour en accuser les<br />
siphonneurs, alors que le mauvais entretien<br />
de ses oléoducs, victimes de corrosion,<br />
était tout autant en cause. L’ONG<br />
accusera aussi Shell de n’avoir reconnu<br />
que la perte de 4 000 barils alors que<br />
la fuite était estimée plus proche de<br />
100 000 barils par une analyse indépendante.<br />
En janvier 2015, Shell avait,<br />
une fois encore, conclu un arrangement<br />
à l’amiable et payé 70 millions d’euros<br />
aux victimes.<br />
P 34 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016
CULTURE<br />
TOMBOUCTOU REVIT<br />
Ahmad Al Faqi Al Mahdi condamné, les<br />
mausolées reconstruits à l’identique :<br />
Tombouctou, la ville des 333 saints recouvre<br />
son authenticité et son lustre<br />
La ville de Tombouctou, fondée au Ve siècle fut l’un des plus grands<br />
centres intellectuels de l’Islam au monde. Connue et reconnue<br />
pour ses manuscrits historiques, Tombouctou atteint son apogée<br />
aux XVe et XVIe siècles. Sa richesse déclina lorsque les Européens<br />
ouvrirent la voie maritime pour le commerce entre l’Afrique du<br />
Nord et l’Afrique noire.<br />
Nonobstant, Kankou Moussa (empereur du Mali 1312 à 1332 ou<br />
1337) reste historiquement l’homme le plus riche de tous les temps<br />
avec un patrimoine évalué à plus 400 milliards de dollars.<br />
Cité des 333 saints ou encore la Perle du désert, Tombouctou compte<br />
actuellement 22 mausolées intacts, dont 16 inscrits sur la liste du patrimoine<br />
de l’Unesco. Mais parmi ces derniers, certains «ont disparu<br />
du fait de l’ensablement», précise M. Ben Essayouti. Certains tombeaux<br />
sont en ville ou dans des cimetières, d’autres dans des mosquées.<br />
On compte trois grandes mosquées historiques: Djingareyber<br />
(1325 et 1327 construite sous le règne de l’empereur de Kankou<br />
Moussa à son retour de la Mecque), Sankoré (1325-1433 - aux dimensions<br />
de la Kaâba de la Mecque), et Sidi Yahia (1440).<br />
Au nom d’une « idolâtrie » imaginaire et imagée à la hauteur de<br />
leur barbarie, des hommes sans foi ni loi avaient, en 2012, détruit les<br />
mausolées millénaires de la ville historique de Tombouctou. Classés<br />
patrimoine mondial de l’Unesco, ces édifices constituent le cœur de<br />
la perle du désert. Sous le regard impuissant du gouvernement du<br />
Mali, des populations de Tombouctou et aussi de l’Unesco, le monde<br />
a assisté aux coups de burin, de haches et de pioches démoniaques<br />
P 36- Le Relais - N°12 - Décembre 2016<br />
des hommes d’un autre âge réduisant en poussière l’héritage de l’Humanité<br />
sous couvert d’un Islam crée de toutes pièces. « Un ignorant<br />
qui ignore qu’il est ignorant est un ignare », dit un adage.<br />
« Le sel vient du Nord, l’Or vient du Sud, l’argent vient du pays des<br />
blancs mais la parole de Dieu, les choses saintes, les contes jolis on ne<br />
les trouve qu’à Tombouctou »- , « Ô toi qui vas à Gao fais un détour<br />
par Tombouctou. Murmure mon nom à mes amis et porte leur le<br />
salut parfumé de l’exilé qui soupire après le sol où résident sa famille,<br />
ses amis, ses voisins ». - Ahmed Baba (1556-1627)<br />
Cette citation à elle seule contient toute l’imbécillité obscurantiste<br />
des derniers nés de l’Islam qui ne font que confondre la barbe et la<br />
cravate. L’Islam est pratiqué dans la ville où abrite la plus vielle université<br />
au monde depuis des temps immémoriaux. Au XVe siècle déjà,<br />
la ville était peuplée d’environ 100 000 habitants dont 25 000 étudiants<br />
pour la seule Université de Sankoré II. Bref, vouloir apprendre<br />
à un vieux singe comment décortiquer de l’arachide est une insulte à<br />
toute l’intelligence humaine.<br />
Cependant, les fous de Dieu avaient totalement ignoré le génie Tomboucticien,<br />
des hommes et des femmes qui ont su conserver jalousement<br />
les savoirs ancestraux. Avec l’aide de l’UNESCO et des amis du<br />
Mali et l’implication du ministère malien de la culture, 14 lieux saints<br />
détruits par les hommes d’une autre époque ont été reconstruits à<br />
l’identique par les mains ingénieuses des maçons de la cité des 333<br />
saints. Et, le principal instigateur, Ahmad Al Faqi Al Mahdi, ayant plaidé<br />
coupable devant la Cour pénale internationale (CPI), endossait une<br />
peine de 9 ans de prison pour « destruction de mausolées ».<br />
Premier du genre, espoir est permis de penser que cet avertissement<br />
permettra à d’autres de réfléchir avant de commettre des crimes du<br />
même genre. En attendant, le blason de Tombouctou est redoré et la<br />
ville brille de « mille feux ».<br />
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par Sandra Ndongala<br />
Kimpa Vita est le nom d’une jeune femme noire, du Royaume Kongo.<br />
Elle vécut au XVII e siècle. Aujourd’hui, symbole de libération.<br />
Son image orne les pancartes des manifestants congolais à travers<br />
le monde. Son nom fait le refrain de tous les chants épiques et révolutionnaires.<br />
La Reine oubliée<br />
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P 38 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016<br />
Pourtant, Kimpa Vita et son combat étaient tombés dans les oubliettes de<br />
l’Histoire. Comment ce nom est revenu au goût du jour ? Des activistes<br />
de la cause noire, des indépendantistes, les tenants de la spiritualité nègre,<br />
se sont inspirés de son combat.<br />
Après, c’était le tour des jeunes<br />
africains confrontés aux pouvoirs<br />
autocratiques depuis au<br />
moins 20 ans, qui se sont emparés<br />
des idées de Kimpa Vita,<br />
afin de demander l’alternance politique, le droit à une vie correcte et<br />
aux respects de droits humains.<br />
Kimpa Vita inspiratrice des<br />
combats de libératon .<br />
Mais qui était femme cette exceptionnelle et pourquoi son action a traversé<br />
les siècles ? Née vers 1664, dans le royaume kongo, Kimpa Vita<br />
est morte brûlée en même temps que son bébé et son compagnon Barro.<br />
Elle est décédée le 4 juillet 1706 à Evolulu (Angola). Elle n’avait<br />
qu’à peine 22 ans. Ses persécuteurs étaient des capucins italiens.<br />
La brièveté de sa vie et les conditions de sa mort, éclairent la vie et le<br />
sens du combat de cette jeune femme. A son époque, son royaume est<br />
en déclin. Sao Salvador, l’ancien nom de la ville Mbanza-Kongo en<br />
Angola et autrefois la capitale du royaume Kongo, est détruite, le Roi<br />
Pedro IV (Nusamu a Mwemba) est en exil. Les causes de la désolation<br />
du royaume kongo sont nombreuses. Nous sommes-là, au début<br />
du XVIII ième siècle. Parlons-en : les querelles intestines, la vacance au<br />
trône, les ravages de la part des négriers portugais, les pillages des<br />
objets culturels et le dépeuplement.<br />
Que faire face au déclin du royaume ? Une femme, jeune du nom de Kimpa<br />
Vita, prend le flambeau de la lutte. Elle prend le courage afin de restaurer le<br />
royaume kongo. Pour ce faire, elle met en avant l’unité du royaume kongo.<br />
Puis, se bat pour le retour du roi.<br />
Au plan culturel, elle dénonce l’hypocrisie des missionnaires, et la domination<br />
des Blancs qu’elle appelle les Bandoki 1 et exige leur départ. C’est ici<br />
qu’on voit Kimpa Vita en prophétesse. En tant que membre de la spiritualité<br />
Kimpasi 2 que les Blancs qualifiait de sorcellerie. Elle s’est opposée à la<br />
domination religieuse des Européens.<br />
Kimpa Vita continue d’influencer les combattants de libérations politiques,<br />
religieuses et économiques. C’est pourquoi elle est une source d’inspiration<br />
de lutte et engagement politique. L’Afrique aura d’autres Kimpa Vita ?<br />
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