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AFRIQUE
Pour manifester leur mécontentement face
à l’agissement de ce grand pays, les pays
de la Cémac ont repoussé l’appel du pied
de l’Union européenne dont certains dirigeants
disaient que cet accord intérimaire
signé par le Cameroun était ouvert à tous
les pays de la Cémac, voire au-delà, c’est-àdire
à tous les pays de l’Afrique centrale : les
deux Congo, Gabon, Tchad, Guinée Equatoriale,
République centrafricaine, Sao Tome et
Principe).
Sous pression ou pas, le Cameroun a signé
un accord de partenariat avec l’Europe
Libre-échange
à sens unique ?
L’entrée en vigueur en cette fin d’été de l’accord de libre-échange
entre l’Union européenne et le Cameroun est l’événement le
plus important de ces derniers mois dans le cadre du partenariat
Afrique-Europe. Il fait la Une des journaux et ce avec raison.
En franchissant cet étape dans le long
processus de l’Accord de Partenariat
Economique, négocié depuis 2002,
signé en 2009 et ratifié en 2014, le Cameroun
devient ainsi le premier pays de
la région à accepter le démantèlement
tarifaire pour les produits de l’Union européenne.
En contrepartie, un communiqué
de la Commission européenne, a
souligné l’accès en franchise de droits de
douane et sans contingent au marché de
l’UE pour les exportations en provenance
du Cameroun.
Même s’il s’agit d’un accord intérimaire,
les négociations se déroulaient dans le
cadre de l’APE UE-Afrique centrale. Raison
pour laquelle, les Etats de la Cémac (Communauté
économique et monétaire de
l’Afrique centrale) ont toujours demandé
au Cameroun de sursoir la signature de
cet accord et reprendre à zéro les négociations.
Ils s’attendaient à un APE régional,
c’est -à-dire complet, juste et équilibré
pour l’ensemble de la région.
Sous pression, le Cameroun a- t- il ainsi
lâché ses voisins ? Et si c’était le cas,
quelles seraient les conséquences de ce
jeu en solo ? Premier partenaire de l’Europe
dans la région et avec une économie
diversifiée, le Cameroun mise sur ses produits
agricoles qui auront un accès plus
avantageux que d’autres pays au marché
européen. Tandis que la plupart des pays
dans la région n’ont que le pétrole.
Par contre, la perte pour le Cameroun des
revenus qui viennent de la zone Cémac
(Gabon, Cameroun, République centrafricaine,
Tchad, Guinée équatoriale) est
envisagée. Car la majorité de ses exportations
vont vers ces pays. On craint le
déséquilibre de sa balance de paiement.
A l’intérieur du pays l’accord a été mal accueilli.
On craint la destruction du marché.
Les entrepreneurs camerounais redoutent
la concurrence de puissants groupes industriels
européens. La société civile a déjà
tiré la sonnette d’alarme sur l’invasion des
produits européens. Il s’agira d’un libreéchange
à sens unique, préviennent les
sceptiques.
Même si l’accord de partenariat économique
n’entre pas immédiatement en vigueur
du côté camerounais, déjà, il y a
grogne des déclarants et des douaniers sur
la place du Port de Douala. On y attend un
bouleversement complet.
L’Union européenne jubile. On s’en souvient
à l’époque de la signature de l’APE avec le
Cameroun, Karel de Gucht, alors commissaire
européen au Commerce, n’a -t-il pas
déclaré que l’APE est un de nos outils majeurs
en matière de coopération pour accompagner
les pays en développement comme le Cameroun
vers l’émergence de leurs économies ?
Cette position ne reflète pas l’opinion de
l’Union européenne. Maria Arena, parlementaire
socialiste européenne, a dit dernièrement
tout le mal qu’elle pense de l’APE
signé par le Cameroun en ces termes : “je
m’oppose à cet accord, en tant que parlementaire
européenne, membre de la Commission
de commerce international. En effet, cet accord
commercial avec l’Afrique de l’Ouest ne
tient pas compte de l’extrême pauvreté de la
population...”
En Afrique tout autant en Europe, la signature
de l’APE par le Cameroun est loin de
faire l’unanimité. Peut-on craindre la désorganisation
économique à l’intérieur de la
Cémac? On attend voir la mise en œuvre
de cet APE.
Youssef El Filali
P 30 - Le Relais - N°12 - Décembre 2016