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EUROPE<br />
Entretien avec J. BOOLE<br />
LE GROUPE SOCIALISTE EUROPÉEN<br />
PLACE L’AFRIQUE<br />
AU CENTRE DE SON ACTION<br />
Depuis que M. Pittella est à la tête du Groupe socialiste,<br />
l’Afrique occupe le centre de l’action des<br />
socialistes européens. La semaine africaine instituée<br />
au Parlement européen, par exemple, Dernièrement,<br />
des acteurs africains : les représentants de la<br />
société africaine, du secteurs privés et autres avaient été invités<br />
au Parlement européen afin d’échanger entre eux et puis avec des<br />
parlementaires européens des expériences et préoccupations sur<br />
le développement du continent. Les socialistes européens, en plus<br />
de cette initiative, ont déjà effectué deux dans missions dans l’est<br />
de la RDC. La dernière en date a eu lieu en septembre dernier.<br />
Elena Valenciano a été l’envoyée spéciale du Président du groupe<br />
SD au parlement européen, Gianni Pittella.<br />
Voici le contexte de cette mission. Depuis Octobre 2014, la situation<br />
sécuritaire dans le Nord-Kivu, et notamment sur les territoires<br />
de Beni, Lubero et Butembo n’a cessé d’empirer. Plus de 1200 personnes<br />
ont été sauvagement assassinées, des milliers ont disparus,<br />
des dizaines des milliers de femmes, d’enfants et d’hommes ont<br />
été victimes d’abus sexuelles et des centaines de milliers viennent<br />
s’ajouter aux millions de personnes déplacées dans leur propres<br />
pays suite au début des conflits armés à l’Est de la RDC.<br />
Ces actions ont été attribuées par le gouvernement et la MO-<br />
NUSCO à l’Allied Democratic Forces, un groupement armé Ougandais.<br />
Pourtant, la société civile conteste leur seule responsabilité,<br />
dans une région qui reste dominé par des dizaines de groupements<br />
armés qui survivraient grâce à l’exploitation des ressources<br />
naturelles et des liens ambigus avec le gouvernement de la RDC<br />
mais aussi des pays voisins, ainsi que des multinationales étrangères.<br />
Alerté par l’indifférence de la communauté internationale et le silence<br />
des médias, le Parlement Européen a adopté le 23 Juin 2016<br />
une Résolution sur les massacres à l’Est de la RDC afin de mettre<br />
la lumière sur les événements tragiques mais aussi de lister des<br />
potentiels éléments de réponse à une crise qui pourrait non seulement<br />
perdurer à s’empirer mais aussi à s’étendre sur la région<br />
et au-delà.<br />
À l’origine de cette initiative, le Président du Groupe S&D Gianni<br />
Pittella a demandé à Elena Valenciano, Présidente de la Commission<br />
des Droits de l’Homme, de se rendre sur place afin de rencontrer<br />
les acteurs dans la région et établir à son retour un plan d’action<br />
autour des recommandations émises dans la Résolution.<br />
Gianni Pittella, président du<br />
groupe des Socialistes et Démocrates<br />
au Parlement européen<br />
exprime sa vive inquiétude sur la<br />
situation politique en République Démocratique<br />
de Congo. Il se prononce<br />
pour des sanctions ciblées envers les<br />
responsables du blocage du processus<br />
électoral et de la répression de<br />
la contestation contre le maintien du<br />
Président Joseph Kabila au pouvoir à<br />
l’issue de son second mandat. L’Union<br />
européenne, précise-t-il, ne doit pas<br />
se laisser faire comme ce fut le cas<br />
au Burundi. Elle doit agir dès maintenant<br />
avec des sanctions ciblées et une<br />
redirection de l’aide. Entretien avec J.<br />
BOOLE<br />
Le Relais : La situation politique<br />
congolaise actuelle, à votre avis,<br />
justifie- t-elle des sanctions à l’encontre<br />
des autorités ?<br />
Gianni Pittella : La République<br />
Démocratique de<br />
Congo est devenue une<br />
bombe à retardement, et il est<br />
temps d’agir face à la menace<br />
d’une guerre civile qui se profile.<br />
Il faut agir dans l’immédiat<br />
pour éviter des nouveaux<br />
massacres. C’est pour cette<br />
raison que j’invite Federica<br />
Mogherini, Haut Représentante<br />
de l’Union pour les Affaires<br />
étrangères et la Politique<br />
de sécurité d’utiliser tous les<br />
moyens disposés y compris<br />
des sanctions individuelles,<br />
pour faire pression sur le Président<br />
Kabila. Car Contrairement,<br />
à la Constitution du pays<br />
et malgré les pressions internationales,<br />
M. Kabila s’agrippe<br />
au pouvoir et répond par la<br />
violence. Nous référons ainsi,<br />
en particulier aux Accords de<br />
Cotonou, qui régissent les relations<br />
entre l’UE et les États<br />
ACP (Afrique, Caraïbes et<br />
Pacifique) et qui prévoient de<br />
telles actions.<br />
Le Relais : La violence<br />
dont vous parlez en RDC<br />
et que votre Groupe au<br />
Parlement européen combat, d’où<br />
tire-t-elle ses origines ?<br />
Les minerais des zones en conflit sont<br />
une des causes fondamentales de cette<br />
violence, que nous espérons éradiquer.<br />
Interview de<br />
Gianni Pittella pour<br />
une nouvelle et<br />
ambitieuse politique<br />
de l’UE vers l’Afrique<br />
Notre engagement a démontré que l’attachement<br />
de l’Union européenne aux<br />
droits de l’homme et à la dignité humaine<br />
va bien au-delà des déclarations<br />
creuses et des intérêts financiers. Après<br />
des négociations longues et difficiles, le<br />
Parlement européen, le Conseil et<br />
la Commission ont réalisé un accord<br />
politique au sujet d’un règlement<br />
qui exclut du marché de l’UE<br />
les minerais des zones en conflit. Je<br />
tiens à saluer cette évolution positive<br />
qui est une avancée significative.<br />
L’entêtement, l’engagement et la<br />
force avec lesquels le Groupe S&D<br />
a défendu ses valeurs ont permis à<br />
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