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Véganisme et TCA<br />
(Troubles du Comportement Alimentaire)<br />
29<br />
L’être humain est un paradoxe, il est complexe et contradictoire.<br />
Peut-on tous et toutes devenir véganes ? Peut-on<br />
définir le véganisme comme une finalité figée à atteindre<br />
pour avoir le droit de se considérer comme défenseur d’un<br />
mouvement antispéciste ou est-ce plutôt un processus<br />
de réflexion menant à réaliser des actions politiques concrètes<br />
en constante évolution au fur et à mesure de nos<br />
remises en question ? Certaines personnes semblent avoir<br />
plus de facilités que d’autres pour amorcer ce changement<br />
ou du moins se sentiront plus légitimes de défendre la<br />
cause animale en rapport avec leur relation à la nourriture.<br />
C’est pourquoi j’ai envie de parler aujourd’hui de quelque<br />
chose qui me concerne : les TCA, soit ici, l’hyperphagie à<br />
tendance boulimique.<br />
Le spécisme commis par des pulsions alimentaires semble<br />
être différent du spécisme carniste en réponse aux<br />
conditionnements sociaux. Le résultat est à priori le même<br />
mais les contextes sont différents. Les raisons qui poussent<br />
l’être humain à être spéciste se déterminent en deux<br />
catégories (non-exhaustives) : une zone de confort et une<br />
zone de non-choix. La personne dans la zone de confort<br />
ne souhaite pas être perturbée dans ses habitudes, ne<br />
veut pas être bousculée dans son plaisir gustatif alors que<br />
la zone de non-choix est subie par la personne comme<br />
quelque chose qui la dépasse totalement et dont elle se<br />
sent réellement impuissante. Nous sommes souvent conscients<br />
du problème mais nous avons parfois l’incapacité<br />
de mettre en action nos valeurs ; notre sens de l’intégrité<br />
est donc remis en question. Finalement, peut-être serait-ce<br />
un moyen de nous soustraire à nos responsabilités ? S’en<br />
suit la spirale infernale et autodestructrice de la culpabilité<br />
qui nourrit ce cercle de violence qui nous pousse à critiquer<br />
les non-véganes.<br />
Ne l’alimentons plus ! Le véganisme ne se réduit pas qu’à<br />
l’alimentation.<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
La critique des non-véganes est la plupart du temps un<br />
tabou, une honte dont on ne voudrait surtout pas parler ;<br />
mais c’est aussi un énorme stress à gérer, cette impression<br />
d’être un imposteur. Cela nous renvoie à notre égo<br />
fragile, à notre sensibilité si exacerbée qu’elle semble avoir<br />
plus d’importance que le meurtre et l’exploitation de milliers<br />
d’autres êtres sentients. Je souffre de dissonance cognitive<br />
tout en étant conscient de ce même mécanisme. Tout<br />
se passe dans un instant de déconnexion où les pulsions<br />
primaires et l’instinct de survie effacent de ma mémoire<br />
les comportements problématiques pour qu’ils deviennent<br />
plus facilement acceptables.<br />
Il est important de mesurer la volonté d’une personne à<br />
changer, car nous ne connaissons pas forcément la personne<br />
qui se trouve en face de nous, on ne connaît pas<br />
sa vie, ses problèmes et il/elle n’a pas forcément envie de<br />
se livrer ou de se faire donner des leçons de morale qui<br />
lui seront inutiles, puisque la personne est en mesure de<br />
comprendre par elle-même les tenants et les aboutissants<br />
de ses actes. Quand bien même il existerait une raison à<br />
ce manque de volonté. Il semble donc préférable de rester<br />
centré sur le sujet principal et non sur le jugement d’une<br />
personne en soulignant sa non-appartenance au mouvement.<br />
Le sentiment d’exclusion dans cette société est très<br />
présent sous diverses formes et ce sentiment peut être<br />
vécu violemment par la personne concernée. Il y a des<br />
souffrances engendrées qui dépendent de nos perceptions<br />
et de l’apparence et puis d’autres qui semblent invisibles<br />
et pourtant, elles sont bien réelles, nous n’avons pas à les<br />
dénier.<br />
Il est aussi important de rappeler qu’on ne peut pas être<br />
parfaitement végane dans une société spéciste. Rien que le<br />
fait d’acheter des produits marqués par “peut contenir des<br />
traces de” prouve que les produits achetés de base végane<br />
impliquent aussi de financer des produits issus de l’exploitation<br />
animale. On finance indirectement une entreprise