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François d'Assise, l'insoumis de Dieu

9782873565336

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DanBeaurain-Gaël<br />

<strong>François</strong> d’Assise<br />

l’insoumis <strong>de</strong> <strong>Dieu</strong><br />

Récit


Dan Beaurain-Gaël<br />

<strong>François</strong> d’Assise,<br />

l’insoumis <strong>de</strong> <strong>Dieu</strong>


© 2012 Éditions Fidélité, 7 rue Blon<strong>de</strong>au, 5000 Namur.<br />

Dépôt légal : D. 2012, 4323.10<br />

ISBN : 978-2-87356-533-6<br />

Maquette et mise en page : Jean-Marie Schwartz<br />

En couverture : Saint <strong>François</strong> d’Assise, icône peinte par Chantal Legay-Gilbert,<br />

coll. privée Caen.<br />

Imprimé en Belgique


Préface<br />

On pourrait se dire : « Encore une nième biographie <strong>de</strong> saint<br />

<strong>François</strong> ! » Tant d’ouvrages lui ont déjà été consacrés ces<br />

<strong>de</strong>rnières années, y compris par <strong>de</strong>s écrivains ou <strong>de</strong>s spécialistes médiévistes<br />

prestigieux tels que Julien Green, André Vauchez, Raoul<br />

Manselli…. Et <strong>de</strong> plus, les éditions franciscaines en collaboration<br />

avec les éditions du Cerf ont publié, en 2010, pour le huitième centenaire<br />

<strong>de</strong> la naissance <strong>de</strong> l’Ordre franciscain, <strong>de</strong>ux énormes ouvrages<br />

intitulés <strong>François</strong> d’Assise. Écrits, Vies et témoignages. Difficile<br />

d’être plus exhaustif… Que peut-on encore écrire sur saint <strong>François</strong><br />

qui n’ait point été dit ?<br />

Et pourtant, Dan Beaurain-Gaël a osé entreprendre ce « Mémoire<br />

d’un Amour mystique ». Il faut se rendre à l’évi<strong>de</strong>nce, saint <strong>François</strong><br />

est un personnage inépuisable, un être solaire quasi mythique qui<br />

n’est la propriété exclusive <strong>de</strong> personne. Dan Beaurain-Gaël fait<br />

partie <strong>de</strong> ces pèlerins qui, en venant errer dans les ruelles d’Assise et<br />

cheminer dans les vallées ombriennes, ont été saisis par cet étrange<br />

« virus franciscain » qui inocule, au plus profond <strong>de</strong> votre âme, fascination,<br />

envoûtement, émer veillement… Celui ou celle qui est<br />

touché par cette « con ta gion » <strong>de</strong> l’amour fou est inguérissable. Il a<br />

3


Préface<br />

besoin, désormais, <strong>de</strong> crier l’urgence d’aimer, <strong>de</strong> chanter la magnificence<br />

<strong>de</strong> la création, <strong>de</strong> semer la paix et la joie autour <strong>de</strong> lui, <strong>de</strong><br />

bercer tendrement l’homme blessé, l’enfant qui pleure, <strong>de</strong> repeindre<br />

en couleurs la vie <strong>de</strong> tous les jours…<br />

Voilà la merveilleuse affection qui a frappé Dan Beaurain-Gaël.<br />

Elle a respiré le parfum d’un « amour mystique », celui <strong>de</strong> <strong>François</strong><br />

dont la présence lumineuse continue, encore <strong>de</strong> nos jours, <strong>de</strong> hanter sa<br />

terre natale, l’air et les pierres d’Assise. Elle a humé ce parfum jusqu’à<br />

l’ivresse spirituelle, en escaladant les hauteurs du mont Su basio, en<br />

écoutant le bruissement du vent dans les champs d’oliviers et en vagabondant<br />

dans les vallées du Chiasco ou <strong>de</strong> Rieti.<br />

Oui, Dan est une bienheureuse captive <strong>de</strong> ce « passeur pour l’éternité<br />

», le Poverello d’Assise.<br />

Elle ne se veut ni historienne ni hagiographe, mais l’humble écho<br />

d’un chant d’amour qui a changé son regard sur le mon<strong>de</strong> et sur les<br />

hommes. Pour transmettre cette vibration intérieure, elle a choisi<br />

un genre littéraire particulier : celui du « roman historique » qui,<br />

tout en s’appuyant sur d’authentiques données historiques et en respectant<br />

la chronologie <strong>de</strong>s faits, aime restituer une ambiance, celle<br />

d’une cité médiévale, animer ces personnages dans un dialogue imaginaire<br />

souvent savoureux mais toujours vraisemblable, suivre les<br />

interrogations <strong>de</strong> ce jeune homme d’Assise désireux <strong>de</strong> croquer la vie<br />

à pleines <strong>de</strong>nts et en même temps travailler, labouré par une voix<br />

intérieure dont l’auteur, à travers le regard émerveillé <strong>de</strong> la jeune<br />

Chiara Offreducio di Favarone, la future sainte Claire, suit les rêves,<br />

les tâtonnements, les intuitions spirituelles et les combats.<br />

Le langage poétique <strong>de</strong> Dan Beaurain-Gaël invite le lecteur à<br />

suivre l’itinéraire spirituel <strong>de</strong> <strong>François</strong> au fil <strong>de</strong> courts chapitres, au<br />

style alerte et évocateur, véritables mosaïques chatoyantes où, à travers<br />

chaque pierre <strong>de</strong> couleur, se <strong>de</strong>ssine lentement le <strong>de</strong>stin exceptionnel<br />

d’une figure d’évangile qui rejoint encore la quête <strong>de</strong> sens <strong>de</strong> l’homme<br />

d’aujourd’hui.<br />

4


Préface<br />

Je recomman<strong>de</strong> plus particulièrement ce roman historique à tous<br />

ceux qui ont gardé une âme d’enfant et qui désirent découvrir saint<br />

<strong>François</strong> au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> quelques clichés tels le Loup <strong>de</strong> Gubbio ou le<br />

Cantique <strong>de</strong>s Créatures, ce « fou qui a ouvert à tous les portes du<br />

possible », qui fut et qui est pour <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> frères et <strong>de</strong> sœurs,<br />

<strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> huit siècles, « un éveilleur <strong>de</strong> conscience », « un miroir<br />

dans lequel les êtres vivants ont pu déchiffrer le meilleur d’euxmêmes<br />

», comme l’écrit si bien l’auteur.<br />

Et chacun, en arrivant au terme <strong>de</strong> ce parcours, où se mêlent l’histoire<br />

et la légen<strong>de</strong>, découvrira qu’il s’agit en fait d’un véritable voyage<br />

intérieur où il est convié à un nouvel enfantement <strong>de</strong> soi-même, à<br />

une secrète métamorphose, libéré <strong>de</strong> sa lour<strong>de</strong> chrysali<strong>de</strong> <strong>de</strong> terre<br />

pour déployer ses ailes, comme le papillon, dans la lumière <strong>de</strong> <strong>Dieu</strong>.<br />

Michel Hubaut, franciscain


Introduction<br />

Je n’ai pas fait œuvre d’historienne, encore moins d’hagiographe.<br />

J’ai simplement laissé mon imagination cheminer aux côtés<br />

d’un être <strong>de</strong> lumière, pour essayer <strong>de</strong> relater son voyage, qui avait<br />

déjà été conté dans <strong>de</strong> multiples ouvrages, au fil du temps passé.<br />

Je me suis recueillie dans les ruelles <strong>de</strong> sa terre natale, heureuse <strong>de</strong><br />

respirer comme il avait dû le faire, le vent sur les hauteurs du mont<br />

Subasio, d’entendre le chant <strong>de</strong>s oiseaux dans la vallée du Chiasco,<br />

et <strong>de</strong> contempler le soleil couchant <strong>de</strong>rrière les murs <strong>de</strong> la Rocca<br />

Maggiore. Dans ce vent, dans ces chants, j’ai cru entendre sa voix<br />

me dicter son histoire, qui réunit <strong>de</strong>ux âmes sur la terre comme<br />

au ciel, celles <strong>de</strong> Claire et <strong>de</strong> <strong>François</strong> d’Assise.<br />

C’est cette histoire que j’ai tenté <strong>de</strong> retranscrire, le plus fidèlement<br />

possible à l’Histoire, sous l’appellation « Mémoire d’un<br />

amour mystique ».<br />

7


Première partie — L’éclosion<br />

Je la dédie à tous ceux dont la voix est trop humble pour être<br />

entendue.<br />

Je l’offre aussi à mon frère Clau<strong>de</strong> et à tous nos frères, à mes<br />

amis <strong>de</strong> toujours et <strong>de</strong> ce jour, à mon ami <strong>de</strong> cœur le conteur Maurice<br />

Boyikasse Buafomo, à mes amis spirituels les franciscains<br />

d’Assise et au vénérable Gangchen Rimpoche, artisan <strong>de</strong> la Paix.<br />

À la mémoire <strong>de</strong> Brigitte et <strong>de</strong> Jean, mes parents <strong>de</strong> la terre et<br />

du ciel.<br />

À Nathalie, notre petite graine <strong>de</strong>venue une si belle fleur.<br />

Je remercie tout particulièrement le professeur Jean-<strong>François</strong><br />

Go<strong>de</strong>t-Calogeras, <strong>de</strong> l’université franciscaine <strong>de</strong> Saint Bonaventure<br />

(New York), pour ses continuels encouragements, et mon éditeur,<br />

Jean Hanotte, pour ses précieux conseils et son chaleureux accompagnement.<br />

Dan Beaurain-Gaël<br />


Prologue<br />

Une volonté <strong>de</strong> fer, l’équilibre et la bonne<br />

humeur sont l’apanage du mystique authentique.<br />

Jean Cassien (360 – 445)<br />

Je m’appelle Chiara.<br />

Ce que j’ai à conter à propos <strong>de</strong> mon indigne personne et <strong>de</strong><br />

mon insignifiante existence est si peu important que j’hésite à<br />

prendre la plume. Mais les merveilles dont je veux témoigner sont<br />

tant extraordinaires que ce serait péché <strong>de</strong> me taire.<br />

J’implore le ciel <strong>de</strong> m’assister à ne réunir dans ma mémoire que<br />

<strong>de</strong>s souvenirs intacts ! Que chacun <strong>de</strong> mes mots <strong>de</strong>vienne fragment<br />

du miroir où se reflète, fidèle, la réalité d’une existence sacrée.<br />

Je ne connais que l’absolu.<br />

Je n’ai rêvé que d’impossible.<br />

Et pas à pas, je tente <strong>de</strong> rejoindre l’inaccessible.<br />

9


Prologue<br />

Puisse la lumière du soleil m’éclairer à jamais.<br />

Et à travers tout ce qui est, ce qui fut et sera, puisse l’âme <strong>de</strong><br />

celui que j’ai tant vénéré, toute ma vie durant, me gui<strong>de</strong>r, dans<br />

mon chemin vers l’Autre, le Très Haut, Celui qu’on appelle <strong>Dieu</strong>.<br />

Je veux exprimer ma vérité, celle d’une femme dont on dira plus<br />

tard qu’elle fut une sainte et une visionnaire. Je veux témoigner<br />

au nom d’un amour divin, qui avant d’être céleste, fut bel et bien<br />

né <strong>de</strong> la terre d’Ombrie, nourri <strong>de</strong> ses chants, brûlé par le feu <strong>de</strong><br />

son soleil, abreuvé par l’eau <strong>de</strong> ses lacs, élevé jusqu’au ciel par l’esprit<br />

<strong>de</strong> ses montagnes, sublimé d’instant en instant jusqu’à l’éternité.<br />

Ainsi, je veux faire appel à la mémoire du temps.<br />

Je veux me souvenir, pour n’oublier jamais.<br />

J’ai vu le jour dans la cité d’Assise, en l’an <strong>de</strong> grâce 1194. J’y ai<br />

grandi avec mes sœurs. Notre famille était riche et jouissait d’une<br />

gran<strong>de</strong> renommée. Nous étions promises, Agnès, Béatrice et moi,<br />

à <strong>de</strong> fastueux mariages. Nous avions d’ailleurs été éduquées dans<br />

ce sens. Et puis, reconnaissons-le, nous étions jeunes, instruites,<br />

très sages et même jolies.<br />

Pour la mémoire <strong>de</strong>s hommes, on dira qu’à dix-huit ans, lorsque<br />

j’ai quitté les miens et ainsi anéanti les ambitions <strong>de</strong> mes parents<br />

ou du moins grand nombre <strong>de</strong> leurs espérances, j’ai pris le nom <strong>de</strong><br />

Sorella Chiara, en françois comme l’on disait jadis, Sœur Claire.<br />

Mon authentique nom <strong>de</strong> famille, Offreduccio di Favarone, <strong>de</strong><br />

la lignée <strong>de</strong>s comtes Sciffi et <strong>de</strong> Sasso-Rosso, peut-être même apparenté<br />

à la noble <strong>de</strong>scendance <strong>de</strong> Coccorano, aussi brillant soit-il,<br />

fut vite abandonné, et je ne fus héritière que <strong>de</strong> la Pauvreté.<br />

10


Prologue<br />

Un chant a bercé ma vie et en lui j’ai reconnu le souffle <strong>de</strong> l’infini.<br />

Une larme est tombée du ciel et j’ai contemplé en elle l’océan<br />

d’où a jailli l’univers. Une comète a traversé la nuit et j’ai vu briller<br />

toute la lumière du firmament. Un soleil a éclairé l’aurore et c’est<br />

toute la clarté du mon<strong>de</strong> qui a scintillé sous mes yeux.<br />

Ce récit est celui <strong>de</strong> nombreuses rencontres, et avant tout, celle<br />

d’un homme avec sa conscience. J’ai croisé les pas <strong>de</strong> cet homme<br />

et à travers lui, j’ai reconnu l’humanité entière. J’ai aimé cet être<br />

<strong>de</strong> lumière et l’aimant, j’ai vénéré chaque parcelle <strong>de</strong> la création.<br />

Une voix s’est élevée dans le tumulte et j’ai entendu en elle tous<br />

les langages <strong>de</strong> la vie, ceux <strong>de</strong> l’âme et du cœur, ceux du corps et<br />

<strong>de</strong> l’esprit, ceux du rire et <strong>de</strong>s pleurs, ceux du silence et <strong>de</strong> la prière.<br />

C’était la voix du passeur d’éternité.<br />

La voix que j’ai suivie.<br />

La voix <strong>de</strong> <strong>François</strong>.<br />

<strong>François</strong>, frère Soleil.<br />


Première partie<br />

L’éclosion<br />

Un chant<br />

« Farai chansoneta nueva ans que vent ni gel<br />

ni plueva<br />

Ma dona m’assaya e-m prueva quossi <strong>de</strong> qual<br />

guiza l’am,<br />

E ja per plag que m’en mueva no-m solvera<br />

<strong>de</strong> son liam. »<br />

« Ferai chansonnette nouvelle avant qu’il<br />

vente, pleuve ou gèle,<br />

Ma Dame m’éprouve, tente <strong>de</strong> savoir combien<br />

je l’aime,<br />

Mais elle a beau chercher querelle, jamais<br />

je ne renoncerai à son lien. »<br />

« Je n’adorerai qu’elle »,<br />

Chanson <strong>de</strong> Guillaume IX <strong>de</strong> Poitiers<br />

Un soir d’été, il y a <strong>de</strong> cela bien longtemps, je n’étais alors<br />

qu’une petite fille, il faisait lourd dans la nuit, une nuit où<br />

la chaleur <strong>de</strong>venue torpeur s’empare <strong>de</strong> l’esprit sans lui offrir <strong>de</strong><br />

13


Première partie — L’éclosion<br />

réel repos. J’avais du mal à trouver le sommeil et je perçus, au <strong>de</strong>hors,<br />

les accents d’une mélodie merveilleuse.<br />

Le chant était d’une beauté intense, je crus d’abord que j’avais<br />

rêvé. Provenait-il <strong>de</strong> la cathédrale Saint-Rufin, à l’abri <strong>de</strong> laquelle<br />

était située notre maison ? Ma mère, Donna Ortolana, m’avait assuré<br />

qu’au moment <strong>de</strong> Noël, les anges <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt du ciel dans la<br />

gran<strong>de</strong> nef <strong>de</strong> l’église pour chanter <strong>de</strong>s cantiques que seuls les enfants<br />

sages sont capables d’entendre. Mais nous étions en plein été,<br />

la vallée qui s’étendait au pied du mont Subasio crissait <strong>de</strong> sécheresse,<br />

et le seul chant qu’on pouvait percevoir était celui <strong>de</strong>s cigales.<br />

Il ne pouvait s’agir <strong>de</strong> cantiques, et pourtant la voix, cristalline,<br />

semblait proche. Les mots d’un amour ar<strong>de</strong>nt, prononcés dans la<br />

langue occitane <strong>de</strong> nos voisins <strong>de</strong> France ne célébraient pas les<br />

louanges du créateur <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>, comme dans les chants sacrés<br />

écoutés à la messe. Ils faisaient l’éloge <strong>de</strong>s dames et leur sens, vu<br />

mon jeune âge, m’était encore bien mystérieux.<br />

La chanson se rapprocha <strong>de</strong> plus en plus, jusqu’à ce que ses<br />

étranges paroles s’arrêtent au seuil <strong>de</strong> notre <strong>de</strong>meure. Je ne dis pas<br />

que la voix s’était tue en s’arrêtant, mais son chant ne s’éloigna pas.<br />

Il ne continua pas sa route. Il provenait maintenant <strong>de</strong> la petite<br />

esplana<strong>de</strong> qui bordait l’entrée <strong>de</strong> notre domus.<br />

J’écartai doucement les épaisses courtines, dissimulée dans les<br />

drapés du velours, pour, sans être vue, observer le troubadour. Il<br />

se tenait là, planté sous mes fenêtres, et un rayon <strong>de</strong> lune, échappée<br />

<strong>de</strong>s hauteurs embrumées du château fort <strong>de</strong> la Rocca, venait éclairer<br />

son visage.<br />

« Qu’ans mi rent a lieys e-m liure qu’en sa carta – m pot<br />

escriure<br />

14


Un chant<br />

E no m’en tenguatz per yure s’ien ma bona dompna<br />

am !»<br />

« Je me rends à elle, je me livre, elle peut m’inscrire en<br />

sa charte,<br />

Et ne me tenez pas pour ivre, si j’aime ma Bonne<br />

Dame !»<br />

Mince, le teint bistre, les yeux taillés en aman<strong>de</strong>, tout était grâce<br />

en lui. Ses cheveux noirs, longs et bouclés s’échappaient d’une<br />

coiffe en velours écarlate. Il riait, laissant apercevoir <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts petites<br />

et gourman<strong>de</strong>s. Ses mains, longues et fines, ornées <strong>de</strong> bagues<br />

qui étincelaient <strong>de</strong> mille feux, caressaient <strong>de</strong> son archet une vièle<br />

qui répondait par une harmonie frémissante.<br />

Je contemplai cet être éblouissant qui fascinait autant par son<br />

chant que par son allure.<br />

— Comme il est beau ! On le dirait tombé du ciel, rien que<br />

pour me bercer dans la nuit ! C’est peut-être un ange <strong>de</strong> Noël<br />

perdu en plein été !<br />

Avais-je parlé ou seulement pensé ? Il me sembla qu’il tourna<br />

la tête vers moi, et je me cachai davantage afin qu’il ne puisse<br />

m’apercevoir. J’étais encore très jeune, mais cette voix troublante<br />

avait trouvé le chemin <strong>de</strong> mon cœur, pour y semer une indicible<br />

émotion.<br />

Comme toutes les fillettes <strong>de</strong> mon âge et <strong>de</strong> ma condition d’enfant<br />

choyée, je rêvais du prince charmant qui un jour me prendrait<br />

par la main pour me conduire, ainsi que je l’espérais tant, au secret<br />

pays du bonheur…<br />

15


En lecture partielle…


Table <strong>de</strong>s matières<br />

Préface .................................................................................. 3<br />

Introduction.......................................................................... 7<br />

Prologue................................................................................ 9<br />

Première partie. L’éclosion.................................................... 13<br />

Un chant.................................................................................... 13<br />

L’étable ...................................................................................... 23<br />

La jeunesse ................................................................................ 29<br />

La charité .................................................................................. 37<br />

La geôle...................................................................................... 43<br />

La Croisa<strong>de</strong>................................................................................ 57<br />

Mendiant à Rome ...................................................................... 69<br />

Le lépreux .................................................................................. 79<br />

421


Table <strong>de</strong>s matières<br />

Partie II. La métamorphose .................................................. 87<br />

La disgrâce ................................................................................ 87<br />

La révélation .............................................................................. 91<br />

Le larcin .................................................................................... 97<br />

La grotte .................................................................................... 101<br />

Le jugement .............................................................................. 107<br />

L’envol ...................................................................................... 117<br />

Les raisins .................................................................................. 127<br />

Pace e Gioia .............................................................................. 131<br />

Partie III. Le déploiement .................................................... 141<br />

Les premiers frères...................................................................... 141<br />

Les Frères mineurs .................................................................... 151<br />

La joie parfaite .......................................................................... 161<br />

Les robes <strong>de</strong>s moineaux .............................................................. 169<br />

La Ville éternelle ........................................................................ 177<br />

Le Maître du mon<strong>de</strong> .................................................................. 189<br />

Frère Jacqueline ........................................................................ 199<br />

Le retour .................................................................................... 205<br />

Partie IV. L’alliance .............................................................. 213<br />

L’amour...................................................................................... 213<br />

L’abandon .................................................................................. 221<br />

Les Dames <strong>de</strong> Pauvreté .............................................................. 227<br />

Errances et prédications.............................................................. 235<br />

Le loup <strong>de</strong> Gubbio .................................................................... 247<br />

Élie et les raisins noirs ................................................................ 255<br />

Au monastère <strong>de</strong> l’Alverne.......................................................... 265<br />

Partages et amitiés...................................................................... 273<br />

422


Table <strong>de</strong>s matières<br />

Partie V. La ré<strong>de</strong>mption ......................................................279<br />

Sainte-Marie-<strong>de</strong>s-Anges.............................................................. 279<br />

La fin d’un géant........................................................................ 285<br />

Le pardon d’Assise...................................................................... 289<br />

Amertume et missions................................................................ 295<br />

Dialogue avec le Sultan .............................................................. 303<br />

En Terre Sainte .......................................................................... 313<br />

Le retour d’Orient...................................................................... 319<br />

Le Tiers Ordre .......................................................................... 329<br />

Partie VI. L’Œuvre ..............................................................333<br />

La Deuxième Règle .................................................................... 333<br />

La parole perdue ........................................................................ 337<br />

Rassembler ce qui est épars ........................................................ 345<br />

Noël à Greccio ou la vision intérieure ........................................ 355<br />

Les signes .................................................................................. 361<br />

Une pluie <strong>de</strong> souris .................................................................... 369<br />

Le Cantique <strong>de</strong> frère Soleil ........................................................ 373<br />

Partie VII. L’ultime ..............................................................379<br />

Discours à frère Âne .................................................................. 379<br />

Dernier voyage .......................................................................... 387<br />

L’Adieu à la cité d’Assise ............................................................ 395<br />

Dernier souffle .......................................................................... 399<br />

Le silence .................................................................................. 405<br />

Le rosier .................................................................................... 409<br />

Nos qui cum eo fuimus… ............................................................ 413<br />

Épilogue................................................................................ 417<br />


Achevé d’imprimer le 14 septembre 2012<br />

sur les presses <strong>de</strong> l’imprimerie Bietlot, à 6060 Gilly (Belgique)


<strong>François</strong> d’Assise<br />

l’insoumis <strong>de</strong> <strong>Dieu</strong><br />

« Lelangagepoétique<strong>de</strong>DanBeaurain-Gaëlinvitelelecteurà<br />

suivrel’itinérairespirituel<strong>de</strong><strong>François</strong>aufil<strong>de</strong>courtschapitres,<br />

austylealerteetévocateur,véritablesmosaïqueschatoyantesoù,<br />

àtraverschaquepierre<strong>de</strong>couleur,se<strong>de</strong>ssinelentementle<strong>de</strong>stin<br />

exceptionneld’unefigured’évangilequirejointencorelaquête<br />

<strong>de</strong>sens<strong>de</strong>l’hommed’aujourd’hui.<br />

Jerecomman<strong>de</strong>plusparticulièrementceromanhistoriqueàtous<br />

ceuxquiontgardéuneâmed’enfantetquidésirentdécouvrir<br />

saint<strong>François</strong>au-<strong>de</strong>là<strong>de</strong>quelquesclichéstelsleloup<strong>de</strong>Gubbio<br />

ouleCantique<strong>de</strong>sCréatures.<br />

Etchacun,enarrivantauterme<strong>de</strong>ceparcours,oùsemêlent<br />

l’histoireetlalégen<strong>de</strong>,découvriraqu’ils’agitenfaitd’un<br />

véritablevoyageintérieuroùilestconviéàunnouvelenfantement<strong>de</strong>soi-même,àunesecrètemétamorphose,libéré<strong>de</strong>sa<br />

lour<strong>de</strong>chrysali<strong>de</strong><strong>de</strong>terrepourdéployersesailes,commele<br />

papillon,danslalumière<strong>de</strong><strong>Dieu</strong> »(MichelHubaut,franciscain,<br />

extraits<strong>de</strong>laPréface).<br />

DanBeaurain-Gaël<br />

Journaliste, auteur d’ouvrages d’anthropologie urbaine, <strong>de</strong> livrets<br />

pédagogiques et d’un roman poétique, Oo, Ville d’eau. Touchée par<br />

la figure <strong>de</strong> <strong>François</strong>e d’Assise, elle a mis sa très belle plume au<br />

service <strong>de</strong> cet « insoumis <strong>de</strong> <strong>Dieu</strong> ».<br />

ISBN 978-2-87356-533-6<br />

Prix TTC : 24,95 €<br />

9 782873 565336<br />

En couverture : Saint <strong>François</strong> d’Assise, icône byzantine peinte par Chantal Legay-Gilbert, coll. privée Caen.

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