<strong>Dieu</strong> <strong>au</strong> <strong>quotidien</strong> sainteté non pas à côté de ces tâches, ni même en sanctifiant ces tâches par la prière ou la vertu ou les bonnes œuvres, mais dans l’épaisseur même de ces tâches temporelles. C’est <strong>au</strong>ssi nous poser la question, hommes et femmes d’<strong>au</strong>jourd’hui, de la modernité d’Ignace de Loyola, et donc de l’actualité d’une spiritualité quatre fois centenaire… Mais pour répondre à ces questions, nous ne pouvons en rester <strong>au</strong> pur examen des événements de sa vie. Il f<strong>au</strong>t tenter de pénétrer dans la vie intérieure d’Ignace et plus précisément, revenir à ce qui s’est passé pendant les onze mois de relative solitude qu’il a passés dans la petite ville de Manrèse, en face du paysage grandiose de la montagne de Montserrat, là où tout s’est joué. Ce séjour a été pour lui, selon sa propre expression, sa « primitive Église » et la matrice de ses décisions ultérieures. L’homme de désir enseigné par <strong>Dieu</strong> 4 Nous le retrouvons donc, à l’<strong>au</strong>be du 25 mars 1522, jour de l’Annonciation, seul et à pied, dévalant le sentier qui, de l’abbaye bénédictine de Montserrat, descend vers la plaine. Toute la nuit, il a veillé devant la statue de la Vierge noire, comme un chevalier avant son adoubement. Il se dirige vers Manrèse, où il a l’intention de demeurer quelques jours, pour se préparer à prendre la mer à Barcelone, vers Jérusalem. En chemin, il repasse dans sa tête ce qu’il a lu dans la vie des saints : « Saint Dominique a fait ceci, eh bien moi, il f<strong>au</strong>t que je le fasse ! Saint François a fait cela, eh bien moi, il f<strong>au</strong>t que je le fasse !» Homme de désir ! C’est ainsi qu’il résume les trente premières années de sa vie : « Un grand désir de gagner de l’honneur. » Tel il est, tel il restera après que <strong>Dieu</strong> lui ait montré sa voie. Déjà, il rejoint, par ce trait dominant de sa personnalité, une caractéristique de l’homme moderne, qui vit toujours en avant, toujours en projet, signifiant par là le tourment qui l’habite, même lorsqu’il n’en est pas conscient, et qu’exprimait déjà saint Augustin dans ses Confessions : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos, tant qu’il ne demeure en toi ». Car ce que traduit la multipli- 4. Pour bien suivre ce texte, il conviendrait de lire ou relire le récit <strong>au</strong>tobiographique dicté par Ignace dont les citations de ces pages sont extraites. Disponible dans une version questionnée par le dessin sous le titre Ignace de Loyola par lui même, Éditions Vie chrétienne n o 350 12
En lecture partielle…