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LES CONDITIONS DE LA PRIÈRE<br />
Le désir<br />
« Dieu, c’est toi, mon Dieu, que je désire dès l’aube. Mon âme a soif<br />
de toi (Psaume 62, 2). Le premier pas vers <strong>la</strong> <strong>prière</strong>, c’est le désir. Désir<br />
confus, multiforme, qui ne connaît pas encore celui qui peut le combler,<br />
mais seulement son manque. Sentiment d’un vide intérieur, de <strong>la</strong> vanité<br />
d’une existence superficielle, de l’inutilité d’une vie agitée et encombrée.<br />
Pressentiment, pourtant, que cette vie n’est pas sans objet : « Tu nous as<br />
faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne se repose<br />
en toi 1 .»<br />
Désir ténu comme un fil d’araignée, faible comme une mèche qui<br />
fume encore. Ou puissant comme un cri, fort comme une vague qui<br />
vient baigner <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge entière de ta vie. Peu importe, si ce désir est en toi,<br />
tu pries déj<strong>à</strong>. Ou plutôt, l’Esprit Saint prie en toi.<br />
Car par nous-mêmes, nous ne savons pas prier. « Si tu savais le don<br />
de Dieu », dit Jésus <strong>à</strong> <strong>la</strong> Samaritaine (Jean 4, 10). Nous ne savons pas,<br />
mais l’Esprit, lui, sait. Et il intercède pour nous, du plus intime de notre<br />
être, poussant vers Dieu des gémissements (Romains 8, 23). Si tu désires<br />
Dieu, c’est que l’Esprit Saint désire en toi. Depuis ton baptême, il<br />
demeure en toi, comme un souffle qui attend que tu dresses <strong>la</strong> voile,<br />
comme un feu qui veut rendre ardent le buisson de ta vie. Sans doute<br />
l’as-tu déj<strong>à</strong> entendu souffler ? Ou senti brûler ? Ou bien gémit-il encore,<br />
oublié, au fond de ton cœur encombré d’idoles, attendant sa délivrance.<br />
Au fond, prier, ce n’est pas autre chose que de nous rendre attentifs<br />
au gémissement de l’Esprit qui nous a été donné, de nous disposer <strong>à</strong> sa<br />
vie et de nous prêter <strong>à</strong> son action. Jusqu’<strong>à</strong> ce que sa présence pénètre peu<br />
<strong>à</strong> peu les zones profondes de notre être et, comme un nouveau levain,<br />
fasse monter toute <strong>la</strong> pâte. Jusqu’<strong>à</strong> ce que nos facultés plus conscientes,<br />
1.<br />
Saint Augustin, Confessions, I, I, 1, 1.<br />
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