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Dieu partagé. Le chemin de françois Xavier

9782873566470

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Benoît Verman<strong>de</strong>r, s.j.<br />

<strong>Dieu</strong> <strong>partagé</strong><br />

<strong>Le</strong> <strong>chemin</strong> <strong>de</strong> François <strong>Xavier</strong><br />

Éditions Vie chrétienne


<strong>Dieu</strong> <strong>partagé</strong>


Du même auteur<br />

Désarrois politiques, Privat, 1989 (épuisé).<br />

Veilleur <strong>de</strong> jour, peintures <strong>de</strong> Li Jinyuan, C.361, 1996.<br />

<strong>Le</strong> Christ chinois, Desclée <strong>de</strong> Brouwer, 1998.<br />

Violence et Politique, Presses <strong>de</strong> Fu Jen, Taipei, 1996 (en chinois).<br />

Conflit et Réconciliation, Li-hsü, Taipei, 2000 (en chinois).<br />

La Chine face à la mondialisation, Presses Commerciales, Pékin, 2002 (en<br />

chinois).<br />

<strong>Le</strong>s mandariniers <strong>de</strong> la rivière Huai, Desclée <strong>de</strong> Brouwer, 2002.<br />

La Chine en quête <strong>de</strong> ses frontières (avec Jean-Pierre Cabestan), les<br />

Presses <strong>de</strong> Sciences Po, 2005.<br />

L’enclos à moutons, un village nuosu du sud-ouest <strong>de</strong> la Chine, <strong>Le</strong>s In<strong>de</strong>s<br />

Savantes, 2007.<br />

Sagesse chinoise et méditation chrétienne, Arsis, 2007.<br />

Chine brune ou Chine verte, <strong>Le</strong>s Presses <strong>de</strong> Sciences Po, 2007.<br />

La Chine ou le temps retrouvé, Aca<strong>de</strong>mia, 2008.<br />

Royaume du Kham, <strong>Le</strong>s In<strong>de</strong>s savantes, 2010.<br />

A taire et à planter, Desclée <strong>de</strong> Brouwer, 2010.<br />

L’Empire sans milieu, Desclée <strong>de</strong> Brouwer, 2010.<br />

<strong>Le</strong>s Jésuites et la Chine. De Matteo Ricci à nos jours, <strong>Le</strong>ssius, 2012.<br />

Corporate social responsibility in China, World Scientific Publishing Co Pte<br />

Ltd, 2014 (en anglais).<br />

ISBN 978-2-918975-34-2<br />

Co<strong>de</strong> article 478<br />

© Éditions Vie chrétienne, 2014<br />

47 rue <strong>de</strong> la Roquette 75011 Paris, France<br />

www.viechretienne.fr<br />

ISBN 978-2-87356-647-0<br />

Dépôt légal belge : D.2014, 4323-40<br />

© Éditions jésuites, 2014<br />

7 rue Blon<strong>de</strong>au 5000 Namur, Belgique<br />

www.editionsjesuites.com<br />

Publié pour la première fois en 2002 comme supplément à la revue Vie chrétienne n o 478.<br />

Illustration <strong>de</strong> couverture : © Laurence Duarte


Benoît Verman<strong>de</strong>r, s.j.<br />

<strong>Dieu</strong> <strong>partagé</strong><br />

<strong>Le</strong> <strong>chemin</strong> <strong>de</strong> François <strong>Xavier</strong><br />

Calligraphies et poèmes <strong>de</strong> l’auteur<br />

Vie chrétienne | Fidélité<br />

47 rue <strong>de</strong> la Roquette 75011 Paris | 7 rue Blon<strong>de</strong>au 5000 Namur


SOMMAIRE<br />

Prologue ..........................................................................................7<br />

Points <strong>de</strong> repère ............................................................................11<br />

1. L’envoi ......................................................................................13<br />

2. <strong>Le</strong> Maure....................................................................................17<br />

3. La confusion <strong>de</strong>s langues ..........................................................21<br />

4. <strong>Le</strong>s idoles ..................................................................................23<br />

5. <strong>Le</strong>s tempêtes ............................................................................27<br />

6. <strong>Le</strong>s sauvages ............................................................................29<br />

7. La patience................................................................................33<br />

8. L’écriture ..................................................................................39<br />

9. La distance ................................................................................45<br />

10. <strong>Le</strong>s récits ................................................................................47<br />

11. <strong>Le</strong> combat ................................................................................53<br />

12. <strong>Le</strong>s enfers................................................................................59<br />

13. L’accomplissement..................................................................65<br />

14. L’inachèvement ......................................................................69<br />

Epilogue ........................................................................................75<br />

5


<strong>Le</strong> jeu


Prologue<br />

François <strong>Xavier</strong> meurt le 3 décembre 1552 sur l’île-port <strong>de</strong> Sancian, juste<br />

<strong>de</strong>vant Canton — aux portes <strong>de</strong> la Chine, où il ne sera pas entré. Après<br />

douze ans passés à traverser le désert <strong>de</strong>s océans et celui <strong>de</strong>s contrées inconnues,<br />

la Chine n’était pas tout à fait la Terre Promise, mais, dans l’esprit<br />

du missionnaire, elle commençait à en prendre la figure — elle<br />

<strong>de</strong>venait comme l’ultime Terre Promise après une succession <strong>de</strong> nations<br />

et cultures qu’il abordait chaque fois dans les périls et qu’il quittait dans<br />

la douleur. François <strong>Xavier</strong> avait peu à peu senti l’extraordinaire influence<br />

<strong>de</strong> la civilisation chinoise sur toute l’Asie, et la porte qu’il rêvait d’ouvrir<br />

là <strong>de</strong>vait aussi permettre la conquête d’un continent plus vaste encore.<br />

Avec François <strong>Xavier</strong> s’exprime toujours un excès, l’excès <strong>de</strong> la découverte<br />

même, l’excès d’un mon<strong>de</strong> dont au départ il ignorait tout, vers lequel il<br />

avait été envoyé, et qu’il arpentait en tous sens. Contrairement aux Israélites<br />

envoyés en mission par Moïse (Nb 13), l’explorateur ne craignait pas<br />

les « géants » qu’il rencontrait en <strong>chemin</strong>, il incitait plutôt ses frères à venir<br />

le rejoindre pour les affronter <strong>de</strong> concert.<br />

François <strong>Xavier</strong> est une personnalité hors du commun qui se révèle<br />

et se dépasse dans une entreprise hors du commun. L’Apôtre <strong>de</strong> l’Asie a<br />

pris <strong>de</strong>s traits quasi légendaires, son iconographie l’associe et l’oppose à<br />

la figure d’Ignace resté à Rome, Ignace comme prisonnier <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>ux<br />

petites chambres, Ignace pourtant sans lequel François n’aurait jamais<br />

connu pareille épopée. Car François <strong>Xavier</strong>, lui, s’engage dans un voyage<br />

en comparaison duquel même l’univers du Soulier <strong>de</strong> satin paraît étriqué<br />

! En même temps, le pèlerin <strong>de</strong>s mers d’Asie élargit simplement aux<br />

dimensions du mon<strong>de</strong> entier l’itinéraire qu’avait ouvert le pèlerin <strong>de</strong><br />

Manrèse. Ignace et François : une même mission, et <strong>de</strong>ux façons diamétralement<br />

opposées <strong>de</strong> la vivre ; l’union <strong>de</strong>s cœurs, le feu d’une amitié<br />

qui rappelle les sentiments du disciple bien-aimé, et une séparation étendue<br />

jusqu’à l’extrême <strong>de</strong> l’espace…<br />

L’excès dont j’ai déjà parlé marque aussi le tempérament <strong>de</strong> François,<br />

ses écrits, sa langue « démâtée par la mousson » comme l’écrit Hugues<br />

7


<strong>Dieu</strong> <strong>partagé</strong><br />

Didier 1 , sa théologie dont nulle aspérité n’est émoussée… Ses lettres et<br />

documents troublent souvent plus qu’ils n’inspirent, ils dérangent, ils révoltent<br />

même parfois, et cette difficulté du texte se doit d’être abordée <strong>de</strong><br />

front, non pas atténuée ou contournée, si l’on veut faire pleine justice à<br />

ce que François <strong>Xavier</strong> a toujours aujourd’hui à nous dire. C’est ce à quoi<br />

je m’essaierai au cours <strong>de</strong>s pages qui suivent. Il ne s’agit pas ici <strong>de</strong> revenir<br />

sur la personne <strong>de</strong> François <strong>Xavier</strong>, moins encore <strong>de</strong> tenter un essai sur<br />

son temps et sa mission. Il s’agit <strong>de</strong> risquer un essai <strong>de</strong> lecture, à partir<br />

<strong>de</strong> courts extraits <strong>de</strong> ses lettres et documents, <strong>de</strong> laisser résonner ce que<br />

François <strong>Xavier</strong> écrit aux hommes <strong>de</strong> son temps pour le ressaisir au travers<br />

<strong>de</strong>s questions et défis d’aujourd’hui. L’essai <strong>de</strong> lecture ainsi tenté sera<br />

<strong>de</strong>s plus subjectifs, il se fera en fonction <strong>de</strong> mon parcours et plus encore<br />

<strong>de</strong>s expériences <strong>de</strong> ceux et celles que j’ai pu côtoyer au cours <strong>de</strong> ces dix<br />

<strong>de</strong>rnières années en Asie. Essai bien téméraire, et, au moment <strong>de</strong> l’entreprendre,<br />

il faut <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à François un peu — un petit peu — <strong>de</strong> sa belle<br />

folie pour oser s’y lancer…<br />

S’il est téméraire, cet essai <strong>de</strong> relire François à la lueur <strong>de</strong> notre vingt<br />

et unième siècle naissant n’est pas pour autant privé <strong>de</strong> sens : François<br />

<strong>Xavier</strong> ouvre en effet le début d’un âge — l’âge <strong>de</strong> la mondialisation pour<br />

faire court. Avec lui et les explorateurs <strong>de</strong> son époque l’humanité va, bon<br />

gré, mal gré, se découvrir une, pour le meilleur et pour le pire. Mais cette<br />

découverte <strong>de</strong> l’unité d’un mon<strong>de</strong> fini, d’un mon<strong>de</strong> qui apprend à<br />

connaître ses frontières, va <strong>de</strong> pair avec une conscience <strong>de</strong> plus en plus<br />

aiguë <strong>de</strong> la profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s différences qui creusent ce mon<strong>de</strong>. La tension<br />

entre la découverte <strong>de</strong> l’unité d’espace et <strong>de</strong> <strong>de</strong>stin d’un côté, l’appréhension<br />

<strong>de</strong> l’abysse <strong>de</strong>s différences culturelles, religieuses, matérielles <strong>de</strong><br />

l’autre, voilà qui compose l’horizon d’une nouvelle quête <strong>de</strong> sens. Une<br />

quête <strong>de</strong> sens dans laquelle François <strong>Xavier</strong> est personnellement et douloureusement<br />

engagé. Il l’abor<strong>de</strong> avec moins <strong>de</strong> sophistication et d’outils<br />

que ses successeurs, Matteo Ricci ou Robert <strong>de</strong> Nobili par exemple, mais<br />

il est le pionnier d’un univers nouveau, et la ru<strong>de</strong>sse même <strong>de</strong> ses questions<br />

en fait le prix. Telle est du moins la perspective qui oriente la lecture<br />

proposée au fil <strong>de</strong> ces pages et qui explique aussi les notes plus personnelles<br />

inscrites comme en réponse aux lettres <strong>de</strong> François <strong>Xavier</strong>. En bref,<br />

1. Hugues Didier, Saint François <strong>Xavier</strong>, Correspondance 1535–1552, Desclée <strong>de</strong> Brouwer,<br />

Bellarmin, 1987, p. 9. Toutes les citations <strong>de</strong>s écrits <strong>de</strong> François <strong>Xavier</strong> qui figurent par la<br />

suite sont empruntées à cet ouvrage.<br />

8


Prologue<br />

c’est presque d’une confrontation avec le saint patron <strong>de</strong> la mondialisation<br />

dont il est ici question…<br />

Et cependant, il ne s’agit en rien <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> la lecture <strong>de</strong> saint François<br />

<strong>Xavier</strong> le champ d’une bataille conceptuelle. Non, la découverte <strong>de</strong> l’Asie,<br />

la prise <strong>de</strong> conscience <strong>de</strong>s immensités comme <strong>de</strong> la finitu<strong>de</strong> du mon<strong>de</strong>,<br />

la tension entre la passion <strong>de</strong> l’unité et la découverte <strong>de</strong> la différence <strong>de</strong>ssinent<br />

un univers spirituel dont la dimension épique et poétique est partie<br />

intégrante. Cette lecture contemporaine <strong>de</strong>s écrits du saint ose aussi<br />

s’avouer essai <strong>de</strong> lecture spirituelle — <strong>de</strong> lecture poétique plutôt. Et, pour<br />

marquer ces résonances, au fil <strong>de</strong>s quatorze « stations » qui vont suivre 2 ,<br />

je me suis permis d’offrir à François <strong>Xavier</strong> <strong>de</strong>s poèmes… La succession<br />

<strong>de</strong> ces poèmes parle d’une quête où le périple géographique et l’itinéraire<br />

intérieur se croisent et se relancent l’un l’autre. Dans la fragilité <strong>de</strong> la parole<br />

poétique, « langue démâtée » elle aussi, s’exprime la fragilité du pèlerin,<br />

remis à <strong>de</strong>s moussons qui ébranlent sa nef intérieure. Puisse cette<br />

façon <strong>de</strong> faire écho à l’aventure du saint permettre au lecteur d’éprouver<br />

quelque chose du risque couru dans l’aventure — le risque <strong>de</strong> qui vend<br />

tous ses biens pour acquérir la perle dont il tente <strong>de</strong> faire partager la<br />

splen<strong>de</strong>ur. Puisse-t-elle aussi laisser au risque couru sa tension initiale,<br />

son indécision <strong>de</strong> principe, que chacun s’y engage comme l’a fait <strong>Xavier</strong> :<br />

chaque jour <strong>de</strong> façon nouvelle, et chaque jour à frais nouveaux.<br />

2. Je n’ai pas essayé d’équilibrer la longueur <strong>de</strong> ces stations. Dans un voyage, on peut quelquefois<br />

s’attar<strong>de</strong>r et on doit parfois repartir sur l’heure.<br />

9


Points <strong>de</strong> repère<br />

1506 — Naissance <strong>de</strong> François <strong>Xavier</strong> au château <strong>de</strong><br />

<strong>Xavier</strong> en Navarre<br />

1519–1522 — Premier tour du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> Magellan<br />

1521 — Blessure d’Ignace au siège <strong>de</strong> Pampelune<br />

1525–1536 — François <strong>Xavier</strong> étudie à Paris. Il <strong>de</strong>vient le<br />

disciple d’Ignace en 1533–1535<br />

1534 — Vœu <strong>de</strong> Montmartre<br />

1537 — François, Ignace et d’autres Compagnons<br />

ordonnés prêtres<br />

1539 — Vœux <strong>de</strong> <strong>Xavier</strong><br />

1540 — François envoyé pour 1a mission <strong>de</strong> l’In<strong>de</strong> en<br />

remplacement <strong>de</strong> Bobadilla. Arrivée à<br />

Lisbonne en juin<br />

Avril 1541 — Embarquement pour les In<strong>de</strong>s. En août,<br />

arrivée dans l’île <strong>de</strong> Mozambique<br />

Mai 1542 — Arrivée à Goa<br />

Oct. 1542 – sept. 1543 — Apostolats à l’extrémité sud <strong>de</strong> l’In<strong>de</strong><br />

Décembre 1543 — Profession solennelle <strong>de</strong> François entre les<br />

mains <strong>de</strong> l’évêque <strong>de</strong> Goa<br />

1544 — Organisation <strong>de</strong> communautés chrétiennes<br />

dans l’extrémité sud <strong>de</strong> l’In<strong>de</strong><br />

1545–1547 — Cochin, Ceylan, Malacca, archipel <strong>de</strong>s<br />

Moluques, Cochin<br />

1548 — Apostolats en In<strong>de</strong><br />

1549 — Voyage vers le Japon par Malacca. Arrivée au<br />

Japon en août<br />

Août 1549–1551 — Apostolat au Japon<br />

Janvier 1552 — Retour à Cochin. Arrivée à Malacca en mai<br />

Juillet 1552 — Départ <strong>de</strong> Malacca en direction <strong>de</strong> la Chine<br />

3 décembre 1552 — Mort <strong>de</strong> François <strong>Xavier</strong> à Sancian<br />

11


L’envol


Première station<br />

L’envoi<br />

A Ignace <strong>de</strong> Loyola et Jean Codure<br />

Lisbonne, 18 mars 1541<br />

Il n’y a plus rien d’autre à vous faire savoir <strong>de</strong>puis ici sinon que nous<br />

sommes sur le point <strong>de</strong> nous embarquer. Arrêtons cette lettre pour prier<br />

le Christ notre Seigneur <strong>de</strong> nous donner la grâce <strong>de</strong> nous voir et <strong>de</strong> nous<br />

rassembler dans l’autre vie corporellement, car, en celle-ci, je ne sais si<br />

nous nous y verrons encore, tant à cause <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> distance qui sépare<br />

Rome et l’In<strong>de</strong> qu’en raison <strong>de</strong> l’abondante moisson qu’il y a là-bas, sans<br />

qu’il faille en chercher ailleurs.<br />

<strong>Le</strong> voyageur qui sait les vraies promesses du voyage et qui gar<strong>de</strong> mémoire<br />

d’en avoir déjà goûté quelques fruits entend voyager jusqu’à <strong>Dieu</strong>.<br />

Peut-être le voyageur entreprend-il aussi <strong>de</strong> fuir — peut-être n’a-t-il pas<br />

d’alternative 3 . Fuir <strong>de</strong>vant <strong>Dieu</strong>, <strong>de</strong>vant lui-même, <strong>de</strong>vant quelque ombre.<br />

Il n’est pas si aisé <strong>de</strong> distinguer la fuite <strong>de</strong> la quête. Tout au long du périple,<br />

il y aura les gués et leurs combats, <strong>de</strong>s <strong>chemin</strong>s <strong>de</strong> traverse dont on ne sait<br />

<strong>de</strong> suite s’ils sont détours, retours ou échappées — mais pareils entrecroisements<br />

<strong>de</strong>ssinent peu à peu la plénitu<strong>de</strong> d’un itinéraire.<br />

Il voyage pour aller à <strong>Dieu</strong>. Il le cherche au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s mers, au travers<br />

<strong>de</strong>s plateaux venteux et <strong>de</strong> la touffeur <strong>de</strong>s villes inconnues. <strong>Dieu</strong> luimême<br />

a jeté <strong>de</strong>s signes, comme ceux qui parsèment les courses au<br />

trésor : les confi<strong>de</strong>nces d’un mala<strong>de</strong> au cours du long périple en mer ;<br />

un éclat <strong>de</strong> lumière orange à la brisure <strong>de</strong>s lourds nuages tropicaux ; la<br />

nourriture <strong>partagé</strong>e dans un village <strong>de</strong> pêcheurs ; la trame <strong>de</strong>s amitiés<br />

3. « C’est pour cela que je pars au Japon, presqu’en m’enfuyant, pour ne pas perdre plus<br />

<strong>de</strong> temps que je n’en ai perdu » (<strong>Le</strong>ttre au Roi du Portugal, Cochin, 26 janvier 1549, op. cit.,<br />

p. 268).<br />

13


<strong>Dieu</strong> <strong>partagé</strong><br />

nouées, défaites et reprises ; le silence et le vent ; le <strong>chemin</strong> perdu dans<br />

la nuit et les yeux clos ondoyés d’aube.<br />

<strong>Le</strong> pèlerin s’en va, seul et très entouré. Entouré du silence <strong>de</strong>s compagnons<br />

absents, entouré d’un passé qui se dérobe et qui revient quand<br />

il s’y attendait le moins. Entouré <strong>de</strong> merveilles troublantes et nouvelles.<br />

Seul et toujours plus entouré <strong>de</strong> s’avancer en terre <strong>de</strong> <strong>Dieu</strong>.<br />

Il est parti vers l’Est fuir et quêter son <strong>Dieu</strong>. Son <strong>Dieu</strong> qui va lui être<br />

redonné (et lui à <strong>Dieu</strong> redonné <strong>de</strong> même) par la nouveauté du parcours.<br />

Il lui faudra le désapprendre et l’approcher au travers <strong>de</strong> voix étrangères.<br />

C’est un <strong>Dieu</strong> étranger qui l’appellera du plus intime, à travers mille<br />

médiations, à travers un déroulement si exaltant, si décevant selon les<br />

temps. Mais combien faut-il désapprendre pour savoir sur <strong>Dieu</strong> faire<br />

prise — pour savoir faire prise <strong>de</strong> dépossession.<br />

<strong>Le</strong>s voix étrangères lui racontent <strong>de</strong> quoi continuer <strong>de</strong> trace en trace. Il<br />

perçoit quelquefois un éclair, un <strong>de</strong>ssillement, mais <strong>Dieu</strong> est reparti plus<br />

loin. En lui-même, <strong>Dieu</strong> sourd et <strong>Dieu</strong> naît, mais la façon qu’il a <strong>de</strong><br />

sourdre et <strong>de</strong> jaillir en lui, c’est <strong>de</strong> lui faire signe et l’entraîner plus loin,<br />

c’est <strong>de</strong> lui donner signe au travers <strong>de</strong> l’étrangeté d’un mon<strong>de</strong> toujours en<br />

son éveil. A force, il ne sépare plus ce qui s’opère en lui, ce qui s’opère en<br />

son entour.<br />

Il lui faudra suivre la route jusqu’au bout, suivre <strong>de</strong>s traces disparates,<br />

<strong>de</strong>s empreintes et <strong>de</strong>s récits. Suivre la source évaporée, les signes laissés<br />

dans les herbes. Halte parfois dans les collines, parmi les psalmodies<br />

d’un vent confus et <strong>de</strong> portiques mystérieux. Suivre la route sur la mer,<br />

puis repartir vers les montagnes, suivre la route fréquentée et le sentier<br />

que nul ne sait. Apprendre les langues <strong>de</strong>s étoiles et <strong>de</strong>s hommes,<br />

appren dre même du silence, faire <strong>de</strong> toute chose boussole et pourtant<br />

ne s’y fier point. Apprendre <strong>de</strong> son corps et lui donner leçons nouvelles,<br />

apprendre la fièvre et le repos, trouver les phares dans la nuit, pour<br />

retrouver cela que déjà il savait et cependant ne savait pas.<br />

<strong>Dieu</strong> étranger. <strong>Dieu</strong> <strong>partagé</strong>. Partagé, tiraillé entre <strong>de</strong>s religions, <strong>de</strong>s<br />

rites, <strong>de</strong>s tribus et <strong>de</strong>s fidélités entrecoupées. <strong>Dieu</strong> <strong>partagé</strong> comme une<br />

histoire, <strong>Dieu</strong> <strong>partagé</strong> comme un butin, et <strong>Dieu</strong> <strong>partagé</strong> comme on fait<br />

<strong>de</strong> la gour<strong>de</strong> et <strong>de</strong> la musette. <strong>Dieu</strong> <strong>partagé</strong> <strong>de</strong> mots tranchants, qui en<br />

perd et nom et visage — et l’on verra qu’au fil <strong>de</strong>s missives le <strong>Dieu</strong><br />

d’abord nommé, le <strong>Dieu</strong> connu, le <strong>Dieu</strong> entier <strong>de</strong>vient peu à peu pour<br />

<strong>Xavier</strong> ces miettes qu’on réserve à qui attend, le cœur battant, placé plus<br />

bas encore que ne <strong>de</strong>scend la nappe. <strong>Dieu</strong>, pourtant, qui n’est Un que<br />

14


L’envoi<br />

d’être dépecé et <strong>partagé</strong>. <strong>Dieu</strong> qui prend joie à clignoter et disparaître<br />

au long <strong>de</strong>s <strong>chemin</strong>s et <strong>de</strong>s phrases, <strong>Dieu</strong> — jubilant que son héraut<br />

désapprenne à le dire pour le fêter alors <strong>de</strong> mots nouveaux — se narre<br />

et se partage au fil <strong>de</strong>s routes <strong>de</strong> <strong>Xavier</strong> comme fait l’océan que fend la<br />

proue <strong>de</strong> son navire.<br />

B<br />

Seigneur, qui fis migrer nos pères,<br />

<strong>Dieu</strong> noma<strong>de</strong> au désert enfui,<br />

Faut-il que les fils en leur nuit<br />

T’apprennent <strong>de</strong> voix étrangères ?<br />

Il vous est bon que je m’en aille.<br />

Seigneur dont nous cherchons la face,<br />

<strong>Dieu</strong> le tard venu tôt parti,<br />

Sur l’avancée <strong>de</strong> tes récits<br />

Jusqu’où nous conduira ta grâce ?<br />

Il vous est bon que je m’en aille.<br />

Seigneur d’exil et transhumance,<br />

<strong>Dieu</strong> passage aux flots du passé<br />

Qui fendit nos nuits désolées,<br />

Est-ce là ta seule présence ?<br />

Il vous est bon que je m’en aille.<br />

Seigneur, dont nous fixions la place,<br />

<strong>Dieu</strong> retenu par les <strong>de</strong>ux mains,<br />

Parmi la mer fut ton <strong>chemin</strong><br />

Et nul n’en a connu la trace.<br />

B<br />

15


En lecture partielle…


Éditions Vie chrétienne<br />

OUVRAGES DANS LA MÊME COLLECTION<br />

AUX ÉDITIONS VIE CHRÉTIENNE<br />

En vente en librairies religieuses et centres spirituels<br />

et sur le site: www.viechretienne.fr<br />

VIE SPIRITUELLE ET DISCERNEMENT<br />

204 Mener sa vie selon l’Esprit J. Gouvernaire, s.j.<br />

309 Discerner ensemble J-Cl. Dhôtel, s.j.<br />

270 Puis-je haïr <strong>Dieu</strong> ? P. Wolff, s.j.<br />

325 Alpha et Oméga Y. Raguin, s.j.<br />

339 Mener sa vie selon l’Esprit. Tome 2 J. Gouvernaire, s.j.<br />

347 La spiritualité ignatienne J-Cl. Dhôtel, s.j.<br />

354 Relire sa vie pour y lire <strong>Dieu</strong> Vie chrétienne<br />

358 <strong>Le</strong> Principe et la fin E. Pousset, s.j., M. Rosaz<br />

365 Expérience <strong>de</strong> <strong>Dieu</strong> et <strong>chemin</strong>s <strong>de</strong> prière L. Scherer, s.j.<br />

366 Vers le bonheur durable A. Demoustier, s.j.<br />

425 La onzième heure ou se déci<strong>de</strong>r pour le ChristC al Carlo Maria Martini<br />

434 L’au-<strong>de</strong>là F.M. Kester, T. <strong>de</strong> Soos<br />

445 Appelés ? I. Parmentier<br />

464 La décision <strong>de</strong> vivre M. Cl. Berthelin<br />

467 <strong>Le</strong> péché, c’est-à-dire ? Vie chrétienne<br />

470 Passeur <strong>de</strong> l’autre rive J. Laplace, s.j.<br />

480 Discerner, que se passe t il en nous ? M. Lorrain<br />

485 <strong>Le</strong> juste grandira comme un palmier G. Berliet<br />

511 <strong>Le</strong> combat spirituel L. Scherer, s.j.<br />

523 Libre pour se déci<strong>de</strong>r J. Fédry, s.j.<br />

530 La Consolation N. Rousselot<br />

543 Naviguer avec saint Ignace N. Becquart<br />

555 Être accompagné L. Scherer, s.j.<br />

556 <strong>Dieu</strong> au quotidien J-Cl. Dhôtel, s.j.<br />

557 La grâce d’agir Edouard O’Neill, s.j.<br />

560 Repères pour la vie spirituelle L. Scherer, s.j.<br />

562 Lâcher prise ? R. Scholtus<br />

ÉCOUTER LA PAROLE<br />

212 Actes <strong>de</strong>s Apôtres E. Haulotte, s.j.<br />

226 <strong>Le</strong> Christ et son mystère Y. Raguin, s.j.<br />

245 Il leur dit : « Ceci est mon Corps » E. Pousset, s.j.<br />

327 Qu’est-ce que la Tradition ? P. Grelot, s.j.<br />

336 Abraham, Sarah et les autres F. Laurent<br />

et G. Quatrefages<br />

369 Et moi, je suis avec vous C al Carlo Maria Martini<br />

(avec Ignace, méditer Matthieu)<br />

391 Magnificat P. Veyron, s.j.<br />

513 Ricochets <strong>de</strong> la Parole C. Robet<br />

520 Récit <strong>de</strong> l’origine B. Régent, s.j.<br />

552 L’offran<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>Dieu</strong> M. Pochon, s.j.<br />

558 <strong>Le</strong>s promesses <strong>de</strong> l’É<strong>de</strong>n Martin Pochon, s.j.<br />

76


Éditions Vie chrétienne<br />

MISSION DANS LE MONDE ET L’ÉGLISE<br />

200 Promouvoir la justice Pedro Arrupe, s.j.<br />

222 Des hommes disponibles Vie chrétienne<br />

314 Laïcs et prêtres : perspectives d’avenir J-P Deloupy, s.j.<br />

331 Quand incroyance et indifférence parlent à la foi J-M. Glé, s.j.<br />

342 La Justice et la Foi, la loi et l’Évangile J. Guillet, s.j.<br />

406 Un message <strong>de</strong> salut pour tous Y. Raguin, s.j.<br />

409 Serviteurs <strong>de</strong> la mission du Christ Vie chrétienne<br />

436 Accompagner un groupe <strong>de</strong> jeunes H. Herbreteau<br />

457 Foisonnement religieux Vie chrétienne<br />

458 La traversée <strong>de</strong> l’impossible X. Lacroix<br />

478 <strong>Dieu</strong> <strong>partagé</strong>. <strong>Le</strong> <strong>chemin</strong> <strong>de</strong> François <strong>Xavier</strong> B. Verman<strong>de</strong>r, s.j.<br />

501 Christianisme et nature F. Euvé, s.j.<br />

559 Résister et oser l’espérance M. Ron<strong>de</strong>t, s.j.<br />

et Y. <strong>de</strong> Gentil Baichis<br />

ÉCOLE DE PRIÈRE<br />

189 Invitation à la prière Cl. Flipo, s.j.<br />

230 Veillez et priez Cl. Flipo, s.j.<br />

380 Jalons pour prier Bethy Oudot<br />

431 <strong>Le</strong>s Psaumes.<br />

«Poèmes <strong>de</strong> <strong>Dieu</strong>, prières <strong>de</strong>s hommes» D. Rimaud, s.j.<br />

454 Jour après jour. Psaumes D. Rimaud, s.j.<br />

553 Prier dans l’instant M. Cl. Berthelin<br />

RÉCITS ET TÉMOIGNAGES<br />

155 Qui es tu Ignace <strong>de</strong> Loyola ? J-C. Dhôtel, s.j.<br />

348 Ignace <strong>de</strong> Loyola (BD) E. Van<strong>de</strong>rmeersch<br />

350 Ignace <strong>de</strong> Loyola par lui-même Illustré par Ch. Hénin<br />

495 Naître sous X… et inventer sa vie M.F. Bergerault<br />

502 <strong>Le</strong> corps mal entendu M-H Boucand<br />

531 Quand l’œil écoute E. <strong>de</strong> Rosny, s.j.<br />

540 Au fil <strong>de</strong>s jours blessés P.M. Hoog, s.j.<br />

554 <strong>Le</strong>s Couleurs <strong>de</strong> <strong>Dieu</strong> Arcabas et M. Ron<strong>de</strong>t, s.j.<br />

561 Lumière au cœur <strong>de</strong> la nuit Alfred Delp, s.j.<br />

77


ÉDITIONS VIE CHRÉTIENNE PUBLIE ÉGALEMENT :<br />

Nouvelle revueVie chrétienne<br />

La spiritualité d’Ignace <strong>de</strong> Loyola pour tous, au fil <strong>de</strong>s jours<br />

La revue n’est pas vendue.<br />

POUR RECEVOIR<br />

LA REVUE<br />

<strong>de</strong>venez ami <strong>de</strong> la<br />

Communauté Vie Chrétienne.<br />

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(minimum 25 euros, 35 euros<br />

hors France métropolitaine).<br />

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www.viechretienne.fr/<br />

<strong>de</strong>venirami<br />

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Vie Chrétienne et l’adresser<br />

à SER-Vie Chrétienne,<br />

14 rue d’Assas – 75006 Paris<br />

78


Tous les 2 mois, 40 pages en couleurs pour<br />

Trouver <strong>Dieu</strong> en toute chose et lire les signes <strong>de</strong>s temps:<br />

un dossier avec témoignages, analyse psychologique,<br />

contrepoint biblique et repères ignatiens<br />

Se former, approfondir la spiritualité ignatienne :<br />

bible, école <strong>de</strong> prière, ai<strong>de</strong> à la décision…<br />

Découvrir la vie <strong>de</strong> la Communauté Vie Chrétienne<br />

en France et dans le mon<strong>de</strong><br />

79


Achevé d’imprimer


Mission dans le mon<strong>de</strong> et l’Eglise<br />

Benoît Verman<strong>de</strong>r, s.j.<br />

<strong>Dieu</strong> <strong>partagé</strong><br />

<strong>Le</strong> <strong>chemin</strong> <strong>de</strong> François <strong>Xavier</strong><br />

Aller aux frontières, découvrir <strong>de</strong>s horizons nouveaux, dépasser<br />

les barrières et nos limites pour annoncer l’Evangile…<br />

Plus <strong>de</strong> 450 ans avant l’exhortation apostolique la Joie<br />

<strong>de</strong> l’Evangile du pape François, le jésuite François <strong>Xavier</strong><br />

(1506–1552) a entendu l’appel à déplacer au plus loin les<br />

frontières <strong>de</strong> la chrétienté.<br />

Il a effectué un extraordinaire périple, dont sa correspondance<br />

a donné <strong>de</strong>s échos : ses découvertes étonnées <strong>de</strong> cultures<br />

si dissemblables <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> l’occi<strong>de</strong>nt, mais aussi sa transformation<br />

intérieure au fur et à mesure du voyage. Plus il s’éloigne <strong>de</strong> son point <strong>de</strong> départ,<br />

plus le <strong>Dieu</strong> qu’il croyait connaître le surprend.<br />

En quatorze thématiques comme autant <strong>de</strong> stations <strong>de</strong> méditation, Benoît Verman<strong>de</strong>r,<br />

sur les lieux mêmes foulés par François <strong>Xavier</strong>, analyse ce que<br />

« l’apôtre <strong>de</strong> l’Asie » a écrit aux hommes <strong>de</strong> son temps et le fait résonner dans<br />

notre mon<strong>de</strong> d’aujourd’hui, confronté à d’autres défis <strong>de</strong> mondialisation. La<br />

quête <strong>de</strong> sens <strong>de</strong> François <strong>Xavier</strong> <strong>de</strong>meure d’actualité : l’unité du mon<strong>de</strong> passe<br />

par la reconnaissance et l’acceptation <strong>de</strong> la profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s différences qui le<br />

façonnent ; <strong>Dieu</strong> se révèle en se partageant.<br />

Benoît Verman<strong>de</strong>r, jésuite né en 1960, sinologue, est professeur <strong>de</strong> sciences religieuses à<br />

la faculté <strong>de</strong> philosophie <strong>de</strong> l’Université Fudan à Shanghaï. Il y dirige le Centre <strong>de</strong> recherche<br />

Matteo Ricci – Xu Guangqi sur le dialogue entre les civilisations. Auteur <strong>de</strong> nombreux ouvrages<br />

sur la Chine, il est aussi peintre et poète. Sous le pseudonyme <strong>de</strong> Bendu, il a exposé<br />

en <strong>de</strong> nombreuses occasions calligraphies, peintures chinoises et poèmes. Il a illustré luimême<br />

le présent ouvrage.<br />

viechretienne.fr<br />

ISBN 978-2-918975-34-2<br />

9 782918 975342<br />

fi<strong>de</strong>lite.be<br />

ISBN 978-2-87356-647-0<br />

9 782873 566470<br />

11,00 €<br />

© Éditions Vie chrétienne, 2014<br />

47 rue <strong>de</strong> la Roquette 75011 Paris, France<br />

Co<strong>de</strong> article 478<br />

Publié pour la première fois en 2002 comme<br />

supplément à la revue Vie chrétienne n o 478.<br />

Illustration <strong>de</strong> couverture :<br />

© Laurence Duarte

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