ON AIR MAGAZINE #7

Évasion
L'espoir, le plus merveilleux
des trésors…
Haïti, ses villes et villages baignés
de tant de soleil et pourtant synonymes
de tant de souffrances… Une vie de
labeur, de tourments et d'incertitudes
qui pourtant n'éteignent jamais vraiment
la flamme de l'espérance dans les
regards croisés ça et là. Filtrant d'une
fenêtre à la vitre cassée, d'une porte
disloquée, d'un escalier effondré,
d'une tente trouée, les rires des
enfants et la foi, toujours, réchauffent
les cœurs. Les gens d'ici acceptent
leur destin sans rechigner, comme si
les difficultés de l'existence les
rendaient chaque jour plus près d'un
paradis mérité. En foulant les pavés
et gravillons terreux des bourgs, un
proverbe connu vient en tête,
forcément : ce qui ne tue pas rend
plus fort. La population - d'où qu'elle
soit originaire, citadine ou rurale, quels
que soient les âges et les épreuves
traversées, qu'elle connaisse la faim,
la maladie, la douleur physique ou
morale - jamais ne s'avoue vaincue.
A chaque jour suffit sa peine, mais
tant que la lumière habite les âmes,
la vie gagne du terrain. Malgré la
violence qui règne parmi les ghettos
et en dépit des gangs qui effraient et
assassinent, malgré la famine et la
peur constante et palpable d'une
nouvelle catastrophe sismique ou
climatique, les familles poursuivent
leur combat acharné contre la fatalité
et des centaines de bébés naissent
chaque mois, symboles de cet éternel
recommencement, de cette
imperturbable soif de croire que le
meilleur est à venir et qu'il viendra.
Survivre, l'initiative du quotidien…
Santé, éducation, économie,
environnement, nutrition, transport,
lutte contre la criminalité, équilibre
psychologique… autant de chapitres
qu'il faut réécrire à Haïti, au fil du
temps qui défile et qui, inlassablement,
renoircit les mêmes pages, imposant
aux 8 millions d'habitants tellement
de contraintes et d'entraves. Des
écoles trop éloignées des campagnes
qui interdisent aux jeunes ruraux de
s'instruire, le bétail et les champs
décimés par les inondations qui
incitent les paysans à s'exiler dans
les villes déjà trop peuplées, des zones
urbaines en proie à la famine et à la
barbarie, des dispensaires bondés et
manquant cruellement de matériels
et de médecins, sans oublier la terre
qui tremble, et les pluies diluviennes
succédant à la sécheresse…
Dans ce contexte de vie poussé aux
extrêmes, les Haïtiens subsistent,
s'entêtent, s'accrochent…
Pour chaque jour décrocher un
lendemain de plus, même si les aides
humanitaires parfois s'essoufflent,
même si la planète souvent les oublie,
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même si tant de leurs dirigeants les
ont laissés tomber… Les yeux dans
le vide, perdus dans des pensées
mêlant le désœuvrement à la tristesse
et l'ennui, les anciennes générations
s'animent d'une lueur d'espoir quand
elles aperçoivent, sur le trottoir d'en
face, des enfants qui se chamaillent
et rient aux éclats. Elles aussi sont
passées par là. Elles sont encore là.
Alors le regard au ciel, elles s'inclinent
et remercient. Tant qu'il y a de la vie,
il y a de l'espoir ! En Haïti, il y a tout
à réfléchir, tout à imaginer, tout à faire,
tout à construire… Tant qu'il y a de
l'espoir, il y a de la vie !
2011, le bout du tunnel ?
Pour comprendre l'Haïti
d'aujourd'hui - explique Louis Albert
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Le Bon Air. Mai/Juin 2012 14