BnF Chroniques 80
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12 DOSSIER EXPOSITIONS RICHELIEU PATRICE CHÉREAU CHRONIQUES DE LA <strong>BnF</strong> Nº<strong>80</strong><br />
Patrice<br />
Chéreau<br />
Du théâtre<br />
à l’opéra<br />
Patrice Chéreau.<br />
Mettre en scène<br />
l’opéra<br />
Du 18 novembre 2017<br />
au 3 mars 2018<br />
<strong>BnF</strong> I Bibliothèque-musée<br />
de l’Opéra<br />
Commissariat<br />
Sarah Barbedette,<br />
Opéra national de Paris,<br />
Pénélope Driant, <strong>BnF</strong><br />
À l’occasion de la reprise de<br />
De la maison des morts de Leoš<br />
Janáček, l’une des dernières<br />
productions mises en scène par<br />
Patrice Chéreau, la <strong>BnF</strong> s’associe<br />
à l’Opéra national de Paris<br />
pour célébrer son parcours sur<br />
les scènes lyriques.<br />
Parallèlement au travail théâtral entamé<br />
dès ses années d’études au lycée Louisle-Grand,<br />
Patrice Chéreau (1944-2013)<br />
se lance à vingt-cinq ans dans la mise<br />
en scène d’opéra, avec L’Italienne à Alger<br />
de Rossini présentée au Festival de Spolète,<br />
puis Les Contes d’Hoffmann<br />
d’Offenbach, à l’Opéra de Paris. Lors<br />
du centenaire du Festival de Bayreuth<br />
en 1976, il est choisi pour monter les<br />
quatre opéras de L’Anneau du Nibelung<br />
de Wagner aux côtés de Pierre Boulez :<br />
provoquant d’abord un scandale retentissant,<br />
sa mise en scène finit par conquérir<br />
le public et lui vaudra une renommée<br />
internationale. Toujours avec Boulez,<br />
Chéreau dirigera la création mondiale<br />
de Lulu de Berg dans sa version intégrale,<br />
avant d’entamer de fructueuses<br />
collaborations avec de nombreux chefs<br />
d’orchestre : Sylvain Cambreling pour<br />
Lucio Silla ; Daniel Barenboim pour<br />
Wozzeck, Don Giovanni et Tristan et Isolde ;<br />
Daniel Harding pour Così fan tutte ; et<br />
enfin Esa-Pekka Salonen, aux côtés<br />
duquel il signera sa dernière mise en<br />
scène lyrique, Elektra de Strauss, lors du<br />
Festival d’Aix-en-Provence en 2013.<br />
Ci-dessus<br />
Lulu, musique<br />
d’Alban Berg, mise<br />
en scène de Patrice<br />
Chéreau, Opéra<br />
de Paris, 1979,<br />
avec Yvonne Minton<br />
et Teresa Stratas<br />
Photographie<br />
de Daniel Cande<br />
<strong>BnF</strong>, Arts du spectacle<br />
Catalogue<br />
Sous la direction<br />
de Sarah Barbedette<br />
et Pénélope Driant<br />
Éditions Actes Sud<br />
1. Patrice Chéreau,<br />
note de travail pour<br />
L’Anneau du Nibelung<br />
de Richard Wagner<br />
IMEC, Fonds<br />
Patrice Chéreau<br />
Avec ces onze productions, Patrice<br />
Chéreau a profondément renouvelé la<br />
fabrique de l’opéra, mettant ses talents<br />
de directeur d’acteurs au service d’une<br />
conception toujours plus incarnée des<br />
rôles chantés, soutenu dans sa démarche<br />
par le scénographe Richard Peduzzi,<br />
dont les décors, d’une grande inventivité,<br />
contribuaient pleinement à l’action<br />
sur le plateau. Ces décors entraient<br />
souvent en résonance avec un univers<br />
pictural très riche, dans lequel le metteur<br />
en scène avait baigné dès son<br />
enfance, marquée par l’activité d’un<br />
père peintre et de nombreuses visites<br />
de musées. Constamment sollicité<br />
par les directeurs de maisons d’opéra,<br />
Chéreau a rencontré d’éclatants succès,<br />
même si l’histoire de ses relations avec<br />
le genre lyrique est teintée d’une ambivalence<br />
irréductible : à plusieurs reprises,<br />
Chéreau a déclaré tourner définitivement<br />
le dos à l’opéra, déplorant la trop<br />
grande lourdeur administrative et les<br />
difficultés inhérentes à un calendrier<br />
de répétitions bien plus restreint qu’au<br />
théâtre.<br />
L’exposition présentée dans les espaces<br />
de la Bibliothèque-musée de l’Opéra<br />
au Palais Garnier rassemble plus d’une<br />
centaine de documents, issus des collections<br />
de la <strong>BnF</strong>, de prêts privés et du<br />
fonds Patrice Chéreau déposé à l’Institut<br />
Mémoires de l’édition contemporaine<br />
: notes de travail, livrets annotés,<br />
correspondance, esquisses, maquettes<br />
de décors, photographies, archives<br />
audiovisuelles… Elle invite à découvrir<br />
les divers enjeux, formels ou conceptuels,<br />
qui sous-tendent chacune des<br />
onze productions lyriques du metteur<br />
en scène, puis propose un second parcours<br />
plus thématique, qui permet au<br />
visiteur d’explorer les différents processus<br />
de création mis en œuvre par<br />
Chéreau à l’opéra : comment diriger les<br />
chanteurs comme de véritables comédiens,<br />
comment œuvrer en concertation<br />
étroite avec les chefs d’orchestre,<br />
quelles relations établir entre l’action<br />
dramatique et la musique ? L’exposition<br />
dresse ainsi un portrait du metteur<br />
en scène au travail, cherchant en permanence<br />
à donner à l’opéra la puissance<br />
d’un « théâtre grandi, porté à l’incandescence<br />
par la musique, comme<br />
l’épée de Siegfried¹ ».<br />
Sarah Barbedette, Opéra national de Paris<br />
Pénélope Driant, <strong>BnF</strong>, département de la Musique