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Diversités magazine numéro 19

Diversités magazine le magazine de toutes les diversités

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Le débat<br />

L’écriture inclusive<br />

L’écriture inclusive, c’est quoi ?<br />

En 2015, en France, le Haut conseil à l’égalité entre les<br />

femmes (HCE) et les hommes avait publié un guide<br />

incitant les pouvoirs publics à adopter « une communication<br />

sans stéréotypes de sexe ». Pour aller plus<br />

loin, un Manuel d’écriture inclusive a été récemment<br />

édité par l’agence de communication Mots-Clés. On<br />

y trouve une définition simple. L’écriture inclusive est<br />

décrite comme un «ensemble d’attentions graphiques<br />

et syntaxiques permettant d’assurer une égalité des<br />

représentations entre les hommes et les femmes». En<br />

résumé, l’écriture inclusive souhaite mettre fin à l’invisibilité<br />

des femmes dans la langue française.<br />

S’appuyant sur les recommandations du Haut Conseil<br />

à l’égalité entre les femmes et les hommes (France) le<br />

Manuel d’écriture inclusive la résume en trois grands<br />

principes:<br />

• Accorder les fonctions, les métiers mais aussi les<br />

titres et grades en fonction du genre. On écrira ainsi<br />

une «pompière», «maire», «auteure», «présidente», «sénatrice»,<br />

«directrice», «professeure», «chroniqueuse»,<br />

«entrepreneure», «footballeuse», «programmeuse»,<br />

« ingénieure», «consommatrice», «agricultrice»...<br />

• User à chaque fois du féminin et du masculin, «que ce<br />

soit par l’énumération par ordre alphabétique, l’usage<br />

d’un point milieu, ou les recours aux termes dont la<br />

forme ne varie pas au masculin ou au féminin. On écrira<br />

par exemple «les électeur·rice·s», «les citoyen·ne·s»<br />

• Ne plus employer les antonomases (quand un nom<br />

commun est utilisé comme un nom propre) des substantifs<br />

«femme» et «homme». Est clairement ciblée ici<br />

la graphie «Homme» dans des expressions désignant<br />

les hommes et les femmes. Ainsi, les tenants de l’écriture<br />

inclusive préfèrent l’expression «droits humains»<br />

ou « droits des personnes » à «droits de l’Homme».<br />

En Belgique, un décret impose aux autorités publiques<br />

francophones de « féminiser » leurs textes officiels<br />

depuis <strong>19</strong>93. Et au sein même de ses services, la Fédération<br />

Wallonie-Bruxelles encourage l’égalité écrite<br />

entre femmes et hommes à travers un guide d’écriture<br />

inclusive, réédité pour la troisième fois en 2014, nous<br />

rappelle Clara Van Reeth dans Le Soir.<br />

Que disent les détracteurs de l’écriture inclusive ?<br />

On a toujours fait comme cela<br />

« On a toujours fait comme ça », ne touchez pas à ma<br />

langue française, celle qui porte notre patrimoine tout<br />

entier, reprend un article de « Pile de livres » .<br />

L’Académie française y voit une aberration et un péril<br />

mortel et pose la question « Comment les générations<br />

à venir pourront-elles grandir en intimité avec notre<br />

patrimoine écrit ? » .<br />

Cela complique les choses<br />

Illustration d'un manuel de grammaire<br />

«Je me considère comme un homme féministe» mais<br />

«je suis très réservé» car «cette écriture inclusive, elle<br />

morcèle les mots», disait récemment le ministre de<br />

l’Education en France, Jean-Michel Blanquer, sur LCI,<br />

repris par Europe 1.<br />

Plus virulent, le philosophe Raphaël Enthoven, chroniqueur<br />

sur Europe 1, s’élève contre une «agression<br />

de la syntaxe par l’égalitarisme» qui donne «des mots<br />

illisibles».<br />

Pour l’Académie française, «la démultiplication des<br />

marques orthographiques et syntaxiques qu’elle induit<br />

aboutit à une langue désunie, disparate dans son<br />

expression, créant une confusion qui confine à l’illisibilité».<br />

En Belgique, Marie–Martine Schyns, Ministre de l’Education<br />

trouve que le respect du genre est un beau<br />

combat mais qu’il ne faudrait pas que cela rende la<br />

langue française plus compliquée alors que l’objectif<br />

en Fédération Wallonie Bruxelles est d’asseoir un<br />

apprentissage de la langue française chez tous les<br />

élèves.<br />

Le langage ne doit pas être un lieu de luttes<br />

Dans un entretien avec le Figaro, Alain Bentolla trouve<br />

que travailler sur langage n’est pas le bon moyen<br />

pour contrer les inégalités de genre.<br />

« J’ai bien conscience du caractère inadmissible de<br />

la discrimination sexuelle. Il est absolument insupportable<br />

qu’elle sévisse encore aujourd’hui dans la vie<br />

politique, professionnelle ou familiale. Mais choisir le<br />

terrain linguistique pour mener cette bataille nécessaire<br />

en confondant règle arbitraire et symbole social<br />

c’est confondre les luttes sociales et le badinage de<br />

salon » dit-il.<br />

Le débat

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