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Diversités magazine numéro 19

Diversités magazine le magazine de toutes les diversités

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Que disent les partisans de l’écriture inclusive<br />

On a pas toujours fait comme cela<br />

Danielle Bousquet et Françoise Vouillot, deux<br />

membres Haut Conseil à l’égalité entre les femmes<br />

et les hommes nous rappellent dans Le Monde que<br />

« Le masculin l’emporte sur le féminin » n’est pas une<br />

règle intemporelle ». « Elle est au contraire relativement<br />

récente puisqu’elle n’est entrée en vigueur qu’au<br />

XVIII e siècle, pour des raisons qui n’ont rien de linguistique<br />

: il fallait asseoir la supériorité masculine dans<br />

la langue, comme l’indiquait Claude Favre de Vaugelas<br />

(1585-1650), membre de l’Académie française à<br />

l’époque. »<br />

C’est ainsi que disparut la règle de proximité en matière<br />

d’accord, qu’utilisait par exemple Jean Racine<br />

en 1691 : « ces trois jours et ces trois nuits entières ».<br />

C’est ainsi que disparut, aussi, l’utilisation au féminin<br />

de nombreux métiers et de nombreuses fonctions :<br />

autrice, doctoresse, administresse, etc.<br />

Certains situent ce changement au XVII e siècle déjà,<br />

mais ce qui est important, c’est que «Si, à un moment<br />

donné, notamment avec l’Académie française, on a<br />

basculé dans ce sens-là, c’est tout simplement parce<br />

que les académiciens et les gens cultivés de cette<br />

époque ont considéré qu’il y avait deux genres grammaticaux,<br />

un masculin et un féminin, explique à la<br />

RTBF, Michel Francard, linguiste et professeur émérite<br />

de l’UCL. L’un des deux, le masculin, l’emportait, parce<br />

que, ‘Le mâle l’emporte sur la femelle’, c’est aussi net<br />

que cela.»<br />

Le langage formate le monde dans lequel nous vivons<br />

Le langage est porteur de normes et de représentations,<br />

il exprime notre vision du monde et il a la puissance<br />

d’agir sur nos pensées, nos représentations,<br />

nous rappelle Le Monde.<br />

Michel Francard insiste sur le rapport de la langue<br />

à la société. C’est la langue qui nous permet de dire<br />

le monde dans lequel nous vivons et on construit le<br />

monde par les mots, avance-t-il dans un débat sur le<br />

sexisme de la langue française à la RTBF.<br />

Dans La libre Belgique, Raphaël Haddad, fondateur de<br />

l’agence de communication Mots-Clés, argue : « Nous<br />

nous représentons le réel par le biais d’une langue<br />

qui entretient la relégation du féminin par rapport au<br />

masculin. C’est quelque chose qu’il faut faire évoluer<br />

pour faire progresser l’égalité entre les femmes et les<br />

hommes ».<br />

Conclusion : l’écriture inclusive ouvre un débat sur<br />

nos représentations et l’égalité<br />

Quoi qu’on en pense, l’écriture inclusive montre à quel<br />

point le langage se profile comme un lieu de pouvoir<br />

et comme un lieu de crispations identitaires. Le débat<br />

à au moins l’avantage de poser les questions du niveau<br />

d’égalité atteint dans notre société et des outils<br />

les plus adapté pour favoriser l’équité.<br />

L’écriture inclusive en trois minutes : vidéo<br />

Le débat

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