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Votre Journal de Liège de juin 2018

Notre grand dossier : La salle de consommation à moindre risque Actualités liégeoises.

Notre grand dossier : La salle de consommation à moindre risque
Actualités liégeoises.

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LA SALLE DE CONSOMMATION À MOINDRE RISQUE,<br />

UNE ÉTAPE ESSENTIELLE<br />

POUR ENCADRER LA TOXICOMANIE<br />

UN DISPOSITIF<br />

SUPPLÉMENTAIRE ATTENDU :<br />

LA SALLE DE CONSOMMATION<br />

À MOINDRE RISQUE (SCMR)<br />

LA TOXICOMANIE À LIÈGE<br />

Un peu d'histoire<br />

La position <strong>de</strong> <strong>Liège</strong>, au cœur <strong>de</strong> l'Europe, à quelques kilomètres <strong>de</strong>s frontières<br />

alleman<strong>de</strong>s et néerlandaises, constitue un atout pour notre métropole.<br />

En matière <strong>de</strong> toxicomanie, cela engendre par contre <strong>de</strong>s inconvénients.<br />

La proximité avec Maastricht a, <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreuses années, fait <strong>de</strong> <strong>Liège</strong><br />

un lieu <strong>de</strong> regroupement pour les toxicomanes.<br />

Les quelques kilomètres qui nous séparent <strong>de</strong>s Pays-Bas facilitent les allées<br />

et venues <strong>de</strong>s toxicomanes, les "trafics <strong>de</strong> la fourmi" (par petite quantité),<br />

plus difficiles à combattre d’un point <strong>de</strong> vue répressif, judiciaire…<br />

Cette présence continue <strong>de</strong> toxicomanes à <strong>Liège</strong> se traduit notamment par<br />

une consommation régulière sur l’espace public, très visible pour les citoyens<br />

et les usagers <strong>de</strong> la ville.<br />

Depuis les années 90, les acteurs publics et associatifs se sont mobilisés pour<br />

combattre ce fléau qui a <strong>de</strong>s conséquences importantes en termes <strong>de</strong> santé<br />

publique mais aussi sur le sentiment d'insécurité.<br />

Face à cette problématique, la Ville <strong>de</strong> <strong>Liège</strong> (via notamment la Police et le<br />

Plan <strong>de</strong> Prévention), le Parquet, les hôpitaux, les mé<strong>de</strong>cins, les pharmaciens, la<br />

plate-forme psychiatrique et <strong>de</strong> nombreuses associations collaborent, en fonction<br />

<strong>de</strong> leurs champs d'action spécifiques. Des politiques répressives, sanitaires,<br />

sociales, préventives… sont menées dans ce cadre <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreuses années.<br />

<strong>Liège</strong> a également participé à <strong>de</strong> nombreux projets novateurs en matière<br />

<strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s risques : traitement à la méthadone, échanges <strong>de</strong> seringues,<br />

traitement assisté par diacétylmorphine avec la fondation TADAM. Ce projet<br />

pilote <strong>de</strong> distribution contrôlée d’héroïne médicale s’est déroulé à <strong>Liège</strong> entre<br />

2011 et 2013. L’évaluation réalisée par l'U<strong>Liège</strong> en a montré toute la pertinence<br />

tant du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’amélioration physique et psychologique <strong>de</strong>s usagers<br />

<strong>de</strong> drogues que pour la sécurité du citoyen. Faute <strong>de</strong> moyens et <strong>de</strong> modification<br />

législative fédérale, ce projet n’a pu être renouvelé.<br />

En quelques chiffres :<br />

• Selon l’étu<strong>de</strong> TADAM, le nombre <strong>de</strong> personnes dépendantes à l’héroïne<br />

sur le territoire communal varie entre 13 et 17 par 1000 habitants (soit <strong>de</strong> 1600<br />

à 2100 individus).<br />

Pour traiter la toxicomanie à <strong>Liège</strong>, il faut élargir les solutions <strong>de</strong> prise en charge<br />

tant au niveau <strong>de</strong> la réduction <strong>de</strong>s risques que <strong>de</strong>s soins/traitements à<br />

proposer.<br />

Dès 2002, la Ville <strong>de</strong> <strong>Liège</strong> a déposé auprès du Gouvernement fédéral<br />

un plan d’action stratégique comprenant le projet TADAM (délivrance<br />

contrôlée d’héroïne) et l'ouverture d'une salle <strong>de</strong> consommation à moindre<br />

risque.<br />

Les objectifs<br />

La philosophie du projet liégeois <strong>de</strong> salle <strong>de</strong> consommation répond<br />

aux recommandations <strong>de</strong>s experts en la matière. Les 6 objectifs principaux sont :<br />

1. Atteindre la population cible <strong>de</strong>s injecteurs réguliers et <strong>de</strong> longue date<br />

d’héroïne et/ou <strong>de</strong> cocaïne, consommateurs <strong>de</strong> rue marginalisés et échappant<br />

aux circuits <strong>de</strong> soins ;<br />

2. Procurer un environnement sain et sécurisé susceptible <strong>de</strong> diminuer les risques<br />

et d’améliorer les conditions d’hygiène (objectif sanitaire immédiat) ;<br />

3. Réduire la morbidité et la mortalité associées à l’usage <strong>de</strong>s drogues<br />

(objectif sanitaire intermédiaire) ;<br />

4. Stabiliser et améliorer l’état <strong>de</strong> santé <strong>de</strong>s usagers<br />

(objectif sanitaire à long terme) ;<br />

5. Réduire l’usage <strong>de</strong>s drogues dans l’espace public et les nuisances associées ;<br />

6. Prévenir la criminalité dans et aux abords <strong>de</strong>s locaux <strong>de</strong> consommation.<br />

L’objectif général est que les usagers qui consomment régulièrement<br />

sur l’espace public se ren<strong>de</strong>nt quotidiennement dans cette nouvelle structure.<br />

Ils entrent ainsi en contact avec du personnel spécialisé pour améliorer<br />

leur condition avant d’envisager <strong>de</strong>s traitements plus définitifs, comme<br />

la substitution ou le sevrage.<br />

Un passage régulier dans la SCMR est aussi l’occasion pour l’usager<br />

d’entamer un travail <strong>de</strong> resocialisation et d’envisager une prise en charge<br />

volontaire.<br />

Une initiative isolée ?<br />

La volonté <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> <strong>Liège</strong> d'ouvrir une salle <strong>de</strong> consommation à moindre<br />

risque n'a rien <strong>de</strong> révolutionnaire. C'est une pratique déjà en cours chez<br />

nos voisins immédiats : Pays-Bas, Allemagne, Luxembourg et France !<br />

On compte actuellement 90 salles <strong>de</strong> consommation à moindre risque,<br />

réparties dans 64 villes <strong>de</strong> 8 pays européens !<br />

La Suisse a ouvert sa première salle en 1986 déjà… soit il y a plus <strong>de</strong> 30 ans !<br />

Nos voisins néerlandais et allemands ont suivi dès 1994. La France a rejoint<br />

le mouvement en 2016 avec l’ouverture <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux salles à Paris et à Strasbourg.<br />

Aucune marche arrière n’a eu lieu dans aucun <strong>de</strong> ces pays. Les évaluations<br />

scientifiques ont toutes attesté <strong>de</strong> l’utilité <strong>de</strong>s salles mais aussi <strong>de</strong> leurs effets<br />

positifs sur la santé <strong>de</strong>s usagers et la sécurité <strong>de</strong>s populations locales.<br />

• En 2015, 140.000 seringues ont été distribuées à près <strong>de</strong> 550 usagers<br />

différents, avec un taux <strong>de</strong> récupération <strong>de</strong> 95 %.<br />

• 300 usagers consomment en rue, régulièrement ou occasionnellement.<br />

À partir <strong>de</strong> ces chiffres, on estime entre 960 et 1260 le nombre d’actes<br />

<strong>de</strong> consommation en rue par jour.<br />

• L’Institut <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine légale <strong>de</strong> <strong>Liège</strong> a enregistré, entre 2011 et 2013, 35 cas<br />

d’intoxication mortelle par stupéfiants pour la ville <strong>de</strong> <strong>Liège</strong>.<br />

• L’injection <strong>de</strong> drogues reste responsable <strong>de</strong> 1,5 % <strong>de</strong>s nouveaux cas dépistés<br />

<strong>de</strong> VIH, <strong>de</strong> 1,2 % <strong>de</strong> tuberculoses et <strong>de</strong> 85 % pour l’hépatite C.<br />

• La police locale a dressé 1745 PV initiaux pour faits <strong>de</strong> stupéfiants en 2016<br />

et 2197 en 2017, soit une augmentation <strong>de</strong> 25,9%.<br />

• La police locale a saisi 3881 grammes d'héroïne en 2016 et 10.403 grammes en 2017.<br />

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