Transamazonienne 11 crédit photo: GEORG GERSTER / PANOS
UNE ROUTE DU CACAO Avec l’objectif ambitieux d’être la « route de l’intégration nationale », la construction de la BR-230 a commencé en 1970, sous la dictature militaire. Le projet initial était de faire une route reliant Cabedelo, sur la côte Atlantique (Etat de Paraíba), à la ville brésilienne de Benjamin Constant située à la jonction des frontières avec le Pérou et la Colombie. Elle devait se poursuivre à travers le Pérou jusqu’à l’Océan Pacifique, afin d’exporter la production agricole et minière du Brésil. Dans sa partie brésilienne la route n’a jamais été terminée, elle s’arrête à Lábrea (Etat d’Amazonas). La Transamazônica est une route de 5000 km qui traverse le cœur de la forêt amazonienne. Elle faisait partie du programme de développement économique et de réaménagement, le plus ambitieux jamais conçu, et fut l’un des plus grands échecs de la région. Le projet a été développé, après qu'Emílio GARRASTAZU MÉDICI, le général-dictateur du Brésil en 1969, a visité le nord-est pauvre du pays qui, à cette époque, souffrait de sécheresses périodiques. L’histoire officielle raconte que « ce qu’il a vu l’a choqué et bouleversé profondément ». La réforme agraire, une solution évidente à la détresse des paysans, était hors de question, car les militaires au pouvoir dépendaient du soutien des propriétaires fonciers. La redistribution des terres étant impossible, le général MÉDICI a décidé de relocaliser la population rurale pauvre. Il a été décidé que la population des paysans du nord-est où la sècheresse sévissait serait relocalisée. La route devenait un impératif afin d’ouvrir la colonisation. Les promoteurs étaient persuadés qu’au début des années 1980, la région deviendrait animée grâce à l’installation de dix millions de personnes. Selon les plans officiels, les colons se verraient attribuer des parcelles de 100 hectares, un salaire minimum pendant six mois, et un accès facile aux prêts agricoles, en échange de leur installation le long de la route et de la conversion de la forêt tropicale environnante en terres agricoles. Ces familles, toujours selon ces plans, devaient gagner des millions de dollars grâce à l’exportation de café, de cacao, de poivre, d’oranges et d’autres cultures. Et ainsi être capable de s’approvisionner en denrées alimentaires de base (des millions de tonnes de haricots, de riz et de maïs). Le projet ne se préoccupait en rien de la préservation du fragile système de la forêt amazonienne. Le sol de l’Amazonie se compose essentiellement de sédiments, ce qui rend la plate-forme Crédits : Roberto Stucker à gauche Emílio GARRASTAZU MÉDICI - le général-dictateur inaugure la route - Altamira 1972 La Transamazonienne se transforme en un bourbier 12