04.02.2019 Views

Le magazine News Assurances Pro – Edition spéciale Amrae 2019

Magazine spécial pour l'Amrae 2019

Magazine spécial pour l'Amrae 2019

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

MERCREDI 6 FÉVRIER <strong>2019</strong> WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 3<br />

ACTUALITÉS<br />

La fin tant attendue des baisses de tarifs<br />

est-elle enfin venue ?<br />

Dans un marché surcapacitaire<br />

où la concurrence exacerbe la<br />

baisse tarifaire, l’année <strong>2019</strong><br />

pourrait être celle de la fin d’un<br />

cycle infernal qui dure depuis<br />

près de 15 ans.<br />

Par Thierry Gouby<br />

Depuis l’attentat des tours<br />

jumelles du World Trade<br />

Center le 11 Septembre<br />

2001, le marché de l’assurance des<br />

grands risques subit, impuissant,<br />

une baisse continue des politiques<br />

tarifaires sur la grande majorité des<br />

branches, entre afflux de capacités<br />

et concurrence exacerbée, jusqu’à se<br />

demander parfois, si les minima techniques<br />

servent encore de garde fou.<br />

<strong>2019</strong> serait-elle l’année du retournement<br />

tarifaire tant attendu ? Plusieurs<br />

signaux laissent en tout cas entrevoir<br />

une embellie pour le marché. Dans<br />

son dernier état du marché de l’assurance<br />

IARD, l’<strong>Amrae</strong> observe notamment<br />

la fin de cette tendance tarifaire<br />

orientée à la baisse, certains assureurs<br />

plus sélectifs indiquant qu’ils<br />

pratiqueront même des hausses de<br />

tarifs sur certaines branches compliquées.<br />

« Nous sommes dans une année<br />

de changement », déclare à ce sujet<br />

<strong>Le</strong>opold Larios de Pina, administrateur<br />

de l’<strong>Amrae</strong> et risk manager<br />

de Mazars, « Alors que nous assistions<br />

année après année à des<br />

baisses successives de tarifs, les<br />

assureurs grands risques ont atteint<br />

pour la première fois un point bas<br />

dans leur rentabilité qui entraîne<br />

une plus grande vigilance dans<br />

leurs politiques de souscription ».<br />

Alors que l’économie globale s’est<br />

plutôt bien portée en 2018, avec<br />

des industries qui ont tourné à plein<br />

régime et des machines utilisées au<br />

maximum, la sinistralité générale des<br />

outils de production a augmenté,<br />

aussi bien en termes de fréquence<br />

que d’intensité, avec des difficultés<br />

de dépannage et des coûts de<br />

pertes d’exploitation plus élevés.<br />

La sinistralité à la rescousse<br />

« Si vous ajoutez à ce contexte des<br />

niveaux tarifaires divisés par deux en<br />

15 ans, notamment sur le marché<br />

français des grands risques dommages,<br />

ainsi que la composante<br />

Cat’ Nat’ qui impacte nos clients<br />

internationaux à travers le monde,<br />

nous sommes face à une problématique<br />

globale avec un équilibre<br />

qui ne se fait plus. Nous constatons<br />

déjà que les prix sont repartis<br />

à la hausse après avoir atteint des<br />

niveaux trop bas lors des derniers<br />

exercices, notamment sur certains<br />

risques ou activités complexes très<br />

sinistrés (traitement de déchets,<br />

énergies, etc) », explique de son côté<br />

Thierry Masurel, directeur général<br />

de l’assureur FM Global en France.<br />

En transports par exemple sur la<br />

branche marine / cargo, « la sinistralité<br />

globale 2018 a été moindre que<br />

l’exercice précédent, la sinistralité attritionnelle<br />

est restée importante avec<br />

des niveaux de primes jugés par les<br />

assureurs comme étant globalement<br />

trop bas pour permettre un bon équilibre<br />

des résultats de leur portefeuille.<br />

<strong>Le</strong>s résultats de la branche, notamment<br />

sur le marché de Londres, sont<br />

négatifs depuis plusieurs exercices,<br />

avec des budgets clients qui se sont<br />

restreints sans amélioration significative<br />

de la prévention. Fin 2018, les<br />

conditions de renouvellement se sont<br />

durcies et la finalisation des placements<br />

s’est avérée plus lente sur les<br />

affaires sinistrées », indique de son<br />

côté Patrick de la Morinerie, le président<br />

et fondateur de WeSpecialty.<br />

Si l’<strong>Amrae</strong> observe la fin de la baisse<br />

des tarifs sur les branches RC ou<br />

perte d’exploitation, c’est en assurance<br />

construction qu’il y a de vraies<br />

difficultés de placements. En cause,<br />

les nombreuse faillites d’assureurs et<br />

de courtiers sur le marché français.<br />

« Cela crée des perturbations sur le<br />

marché, une raréfaction des capacités<br />

et de l’appétit des assureurs<br />

avec in fine des hausses de primes »,<br />

poursuit <strong>Le</strong>opold Larios de Pina.<br />

Des assureurs toujours frileux<br />

« Même pour les grands courtiers<br />

du marché il est clairement difficile<br />

de placer ces risques ». Une constation<br />

également partagée par Thierry<br />

Masurel chez FM Global. « Nous<br />

observons d’ailleurs que pour la<br />

première fois, les courtiers ont du<br />

mal à clore certains programmes<br />

et peinent à trouver et placer des<br />

porteurs de risques en manque<br />

d’appétit. Résultats, certains programmes<br />

comptent parfois 10 à<br />

15 assureurs », poursuit ce dernier.<br />

Dans une économie où les taux d’intérêt<br />

ont été très bas, l’industrie de<br />

l’assurance a longtemps fait figure de<br />

placement favorable et rémunérateur,<br />

ce qui explique cet afflux de capacités<br />

ces dernières années et des tarifs<br />

très bas. Désormais, les taux d’intérêt<br />

remontent et l’assurance devient<br />

moins rentable. Cela pourrait avoir<br />

un effet très rapide sur le niveau des<br />

capacités disponibles sur le marché<br />

avec des difficultés à trouver des porteurs<br />

de risques.<br />

À terme, cela pourrait entraîner une<br />

remontée des tarifs. « Sur le risque<br />

d’entreprises, les sociétés qui gèrent<br />

leurs risques et investissent dans<br />

des politiques de prévention arrivent<br />

à garder leurs primes d’assurance<br />

sous contrôle avec des hausses<br />

peu significatives », ajoute <strong>Le</strong>opold<br />

Larios de Pina. « Pour les entreprises<br />

plus négligentes sur le volet prévention,<br />

le marché de l’assurance est<br />

plus regardant et contraignant avec<br />

un pricing au plus près du risque.<br />

Cela explique la fin de la baisse des<br />

primes », conclut le RM de Mazars.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!