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Le magazine de l’interculturel n°<br />
Le<br />
MENTORAT<br />
Formatrice<br />
Denise RENSON au CBAI<br />
en plein ESSOR<br />
En facilitant les liens avec la société et ses<br />
institutions – qui ressemblent souvent à un<br />
labyrinthe – les mentors guident sur le marché<br />
de l’emploi des jeunes, notamment issus<br />
de l’immigration. Une pratique qui a fait ses<br />
preuves. Le mentorat étant devenu une de<br />
ses priorités, Actiris a choisi de travailler avec<br />
DUO for a JOB et Team4Job. Leur bilan est<br />
encourageant : un an près le début du mentorat,<br />
75 % des jeunes (tous profils et origines<br />
confondus) sont « en sortie positive »,<br />
ce qui signifie qu’ils sont en formation,<br />
en stage ou ont trouvé un emploi.<br />
our s’inscrire sur le marché de<br />
l’emploi, un migrant devra<br />
relever de nombreux défis,<br />
comme tous les autres<br />
demandeurs d’emploi :<br />
trouver son chemin dans<br />
le paysage institutionnel<br />
belge, se projeter, définir son<br />
« projet professionnel », faire<br />
appel aux services compétents et<br />
avoir recours aux bonnes procédures pour le<br />
réaliser, répondre à une offre d’emploi, passer<br />
un entretien d’embauche,... Cependant, la<br />
personne migrante sera d’autant plus mise en<br />
difficulté face à une recherche d’emploi, étant peu ou pas<br />
familiarisée avec le contexte belge, et inscrite dans d’autres<br />
cadres de référence. Dès lors, rencontrer un mentor, belge<br />
ou résidant en Belgique depuis quelques années, permettra<br />
à ces nouveaux arrivants 1 (les mentee) de réduire cette distance<br />
qui isole.<br />
Difficultés pour des réfugiés syriens de s’inscrire dans des réseaux<br />
L’Etat providence, tel que nous le connaissons en Belgique,<br />
qui organise la solidarité pour tous ses concitoyens,<br />
notamment au moyen de suivis sociaux très formalisés<br />
(prise de rendez-vous, salle d’attente, contacts<br />
distants avec des bénéficiaires,…) peut sembler absurde,<br />
et déstabiliser des personnes plus habituées aux<br />
systèmes de solidarité plus personnalisés, organisés au<br />
sein même de « la famille » (communauté).<br />
Cet écart entre le formel et l’informel a des conséquences<br />
sur l’accès et le recours de certaines personnes<br />
nouvellement arrivées à ces espaces formalisés<br />
de solidarité et aux informations qui pourraient leur être<br />
nécessaires. Il ressort d’entretiens menés auprès de réfugiés<br />
syriens 2 qu’ils préfèrent limiter leurs contacts avec<br />
ces organisations de soutien, même si elles pourraient<br />
répondre à leurs besoins (par exemple via le développement<br />
de leur réseau, un soutien juridique, une formation,<br />
un travail,…) et favoriser leur ancrage local.<br />
Il en est de même pour les espaces de rencontre<br />
(équipe de sport, rendez-vous entre amis en fonction<br />
des agendas, …) également très cadrés. Etant plus en<br />
confiance avec des manières plus informelles de rentrer<br />
en contact et d’être ensemble, il n’est pas facile pour un<br />
réfugié syrien nouvellement arrivé en Belgique de créer<br />
des liens avec d’autres citoyens et de développer son<br />
réseau social fortement affaibli par le déracinement. Or,<br />
le réseau social étant crucial dans la recherche d’emploi,<br />
les migrants se voient ainsi freinés dans leurs démarches.<br />
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