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Pour se relancer, Macron
remanie largement
FRANCE Le chef de l’Etat a voulu renouveler son équipe,
tout en préservant un certain équilibre politique.
PAR BENJAMIN MASSE
MONOLITHE
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Noir-blanc CHF 3’600.–
Christophe Castaner (à gauche) et Laurent Nuñez, un ministre et un secrétaire d’Etat pour diriger l’Intérieur. KEYSTONE
«Ni tournant, ni changement
de cap», mais une
«volonté d’action plus
forte encore». Ainsi Emmanuel
Macron s’est-il exprimé,
lors d’une courte allocution
télévisée, hier soir. Une
manière de clore une journée
qui avait démarré par l’annonce
très attendue du remaniement,
deux semaines après
la démission retentissante du
ministre de l’Intérieur, Gérard
Collomb. Les changements
sont finalement assez significatifs,
avec huit entrants et
quatre sortants, ce qui porte le
nombre total de ministres à
35.
Les changements
sont finalement
assez significatifs,
avec huit entrants
et quatre sortants,
ce qui porte le nombre total
de ministres à 35.
“Droit comme un “i” et hyper-impactant”
Qu’est-ce qui a pris si longtemps
à Emmanuel Macron et à
son premier ministre, Edouard
Philippe? D’abord, la difficulté
à trouver un remplaçant à Gérard
Collomb. En coulisses, le
tandem en charge de l’exécutif
divergeait sur le nom du successeur.
Edouard Philippe
poussait pour un binôme constitué
FISHER, du ministre de l’Action et
SABRINA
CONSEILLÈRE des À LA Comptes CLIENTÈLE publics, Gérald
Darmanin, et de l’ancien patron
de la police nationale, Frédéric
Péchenard. Seul problème:
les deux hommes, positionnés
à droite, sont l’un
comme l’autre des proches de
Nicolas Sarkozy. Pas question,
pour Emmanuel Macron, de
confier les clés de la place
Beauvau – ministère ô combien
sensible – à des sarkozystes
historiques.
Un spécialiste
des questions de sécurité
Le chef de l’Etat a préféré piocher
dans le vivier de ses très
proches: c’est donc Christophe
Castaner, jusque-là secrétaire
d’Etat aux relations avec le Parlement,
qui a hérité d’un poste
qu’il convoitait de longue date.
Emmanuel Macron a en revanche
retenu l’idée de son premier
ministre de constituer un
tandem: au très politique Castaner,
il a adjoint un secrétaire
d’Etat, Laurent Nuñez. Comme
Péchenard, Nuñez est un spécialiste
des questions de sécurité,
puisqu’il était jusque-là patron
de la Direction générale
de la sécurité intérieure (DGSI).
Mais il présente l’avantage décisif
d’être un fidèle de l’actuel
président de la République.
Une fois le problème de l’Intérieur
résolu, restait à Emmanuel
Macron une double équation
à résoudre: renouveler
son équipe, tout en garantissant
le maintien des grands
équilibres en son sein. S’il a été
assez largement modifié, le
gouvernement est ainsi toujours
quasi paritaire (18 hommes
et 17 femmes). Au plan
politique, l’aile droite du macronisme
– si elle s’est vue
privée du ministère de l’Intérieur
– hérite d’un beau lot de
consolation avec le portefeuille
de la Culture. C’est
Franck Riester qui y remplace
Françoise Nyssen, considérée
depuis plusieurs mois déjà
comme une erreur de casting.
Ancien des Républicains,
Franck Riester avait fondé, en
novembre 2017, le parti Agir,
un groupe «Macron-compatible»,
dont il avait pris la présidence.
Le président de la République
n’a pas non plus oublié son aile
gauche: en lieu et place de Stéphane
Travert, l’exécutif a
nommé, à l’Agriculture, Didier
Guillaume, ancien membre du
Parti socialiste et proche de
Manuel Valls, dont il a dirigé la
campagne pour les primaires à
gauche.
Les centristes
récompensés
Le chef de l’Etat a aussi récompensé
son allié centriste, le Modem,
dont le patron, François
Bayrou, fut un soutien décisif
pendant la campagne présidentielle.
Un Bayrou qui se
plaignait à demi-mots, ces derniers
mois, d’être mal considéré
par l’exécutif. Il est cette fois
mieux servi avec la promotion
de Jacqueline Gourault. Jusque-là
ministre auprès du ministre
de l’Intérieur, la sénatrice
Modem hérite d’un grand
ministère de la Cohésion des
territoires et des Relations avec
les collectivités. Elle aura la tâche
délicate de renouer le lien
entre la pouvoir et cette
«France périphérique», qui se
sent délaissée par le président
de la République. Le Modem
place un second membre au
sein du gouvernement: Marc
Fesneau, nommé ministre en
charge des Relations avec le
Parlement, en lieu et place de
Christophe Castaner.
“Ni tournant, ni changement
de cap, mais une volonté
d’action plus forte encore.”
EMMANUEL MACRON
PRÉSIDENT FRANÇAIS
Enfin, l’hôte de l’Elysée a promu
la jeune garde macroniste,
dont plusieurs membres sont
nommés. Le plus emblématique
est sans doute Gabriel Attal,
nommé secrétaire d’Etat
auprès du ministre de l’Education
nationale. A 29 ans, il devient
ainsi le plus jeune membre
de gouvernement de la Ve
République.
Reste à savoir si ce nouveau
gouvernement – toujours aussi
mal pourvu en poids lourds politiques
– permettra à Emmanuel
Macron de sortir de la période
difficile qu’il connaît
depuis l’éclatement, cet été,
de l’affaire Benalla. Avec pour
objectif d’être en ordre de
marche pour les élections
européennes du printemps
prochain.