24.04.2020 Views

Virus Hurlant 6

Virus Hurlant ! Semaine 6 du confinement ! Créer et propager plutôt que consommer et détruire. De chez nous, chacun chez soi, mais pas reclus ! Virus Hurlant s’empare du confinement pour dérider les masques et faire sourire les miasmes ! Chaque vendredi, retrouvez la revue en ligne, sans risquer de sortir de chez vous !

Virus Hurlant ! Semaine 6 du confinement !
Créer et propager plutôt que consommer et détruire. De chez nous, chacun chez soi, mais pas reclus ! Virus Hurlant s’empare du confinement pour dérider les masques et faire sourire les miasmes ! Chaque vendredi, retrouvez la revue en ligne, sans risquer de sortir de chez vous !

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

6<br />

semaine 6 du confinement<br />

vendredi 24 avril 2020<br />

Festivals & Cultures confit(e)s<br />

Revue satirique gratuite - propagation<br />

en ligne - livraison immédiate partout<br />

sur vos écrans !<br />

p1


- Dis Papa, c’est drôlement bon la boîte que tu as ouverte ce soir,<br />

c’était quoi comme canard ?<br />

- T’es pas difficile, toi. C’était du confit de canard, monsieur !<br />

- Ah, et comment on fait ça ?<br />

- Bah, c’est pas compliqué, il te faut un beau canard bien engraissé.<br />

Tu vois : de ceux qu’on a préparé pour le foie gras, avec un bon long<br />

gavage. Tu lui découpes les cuisses et les manchons et tu les fais<br />

bien suer avec de la graisse et du gros sel. Ensuite, tu les laisses<br />

gentiment se confire et pour les conserver, il te faut les recouvrir de<br />

graisse et les compacter dans une boîte ou un bocal hermétique.<br />

- Ah ouais… C’est quand même pas évident.<br />

- C’est pour ça qu’on achète des boîtes. Et dis-donc t’avais pas un<br />

rendez-vous sur Internet toi ?<br />

- Ah merde, oui c’est l’heure.<br />

- C’est quoi ?<br />

- C’est un concert confiné !<br />

- Un concert confiné, mais comment on fait ça ?<br />

- Bah, c’est pas compliqué. Tu vois, il te faut un bon groupe de<br />

musicos de ceux qu’on a gavé pendant plusieurs semaines avec des<br />

reports multiples de tournées. Une fois le band prêt, tu vérifies bien<br />

qu’il soit démembré : le guitariste confiné à Paris, la bassiste en<br />

banlieue nord, le batteur en forêt de Brocéliande et le chanteur de<br />

retour chez ces vieux. Ensuite, tu les laisses suer tranquillement<br />

dans un discours de Franck Riester et enfin t’as plus qu’à les conserver<br />

devant un écran et normalement t’obtiens un concert confiné.<br />

-Ah ouais, en gros c’est de la culture confite, ton truc ?<br />

-Bah ouais ! Mais, c’est comme ton canard, ça peut donner des trucs<br />

chouettes !<br />

<strong>Virus</strong><br />

<strong>Hurlant</strong><br />

Créer et propager plutôt que<br />

consommer et détruire<br />

De chez nous, chacun chez soi mais pas reclus !<br />

<strong>Virus</strong> <strong>Hurlant</strong> s’empare du confinement pour dérider<br />

les masques et faire sourire les miasmes !<br />

Chaque vendredi, retrouvez la revue en ligne, sans<br />

risquer de sortir de chez vous !<br />

p3


Fermé à triple tour<br />

Restriction intensifiée, comme<br />

habituellement interdit aux<br />

saltimbanques, mais nouveauté :<br />

cette année, même les comédiens<br />

du théâtre subventionné seront<br />

recalés !


p7<br />

/ par Ponch


Les dés<br />

sont<br />

éternels 3<br />

Fin des aventures de le « Sein »,<br />

dans laquelle vous êtes le<br />

héros - tout en respectant<br />

la théorie de la décision<br />

confirmative.<br />

12/<br />

Vous lisez le rapport tapé d’une main de<br />

maître par Têt-On, et reçu par télex (les<br />

véritables agents de la DSDEI ne travaillent<br />

que par Telex sur téléimprimeur SP5, qui a<br />

le privilège d’être entièrement mécanique<br />

et incorruptible) : « Luke Rhinehart, aka<br />

Georges Cockcroft, est un agent spécial<br />

américain du Fédéral Office of Untimely<br />

Contact (FOUC), qui aurait travaillé comme<br />

agent double au sein du Oh-My-5 Office, le<br />

département anglais chargé d’empêcher les<br />

individus d’entrer en contact avec les<br />

autres durant l’ère du Pré-Confinement. Mais<br />

nous savons de source sûre et non-officielle<br />

qu’il aurait également eu ses entrées dans<br />

le fameux Dazhong Lianluo Chu, le bureau<br />

populaire du contact, autrement dit : les<br />

services ultra-secrets du Contact basés à<br />

Wuhan. Nous savons qu’il cache son identité<br />

en jouant systématiquement ses décisions<br />

aux dés, et en changeant régulièrement de<br />

forme physique. »<br />

« Les ramifications de l’enquête sur cet<br />

étrange agitateur protéiforme sont pour le<br />

moins inattendues, n’est-ce pas ? » vous<br />

dit le Sein, toujours le visage crispé dans<br />

la mallette-ordinateur de votre hôtel de<br />

Majorque. Vous avez la nette impression que<br />

depuis le début de vos aventures, Le Sein<br />

p9


obéît à une logique qui lui est propre et<br />

qu’il vous sera très difficile de décrypter.<br />

Vous commencez à douter de Simon Brigitte :<br />

est-il réellement l’agent dévoué mais libre<br />

de la DSDEI dont vous arborez fièrement le<br />

sigle ? Et s’il jouait double jeu ? Triple<br />

jeu ? Quadruple jeu ? Comment démêler le<br />

vrai du faux ?<br />

Lancez le dé : si vous faites 1 ou 6, vous<br />

partez interroger Le Tigre, l’ennemi juré<br />

de Le Sein, pour tâcher de comprendre qui<br />

est véritablement Simon Brigitte. Allez en<br />

13<br />

Si vous faites 2, 3, 4, 5 : regardez la<br />

bande annonce de Samouraï Cop 2. Relancez<br />

le dé.<br />

13/<br />

La cellule de Le Tigre est entièrement<br />

faite en iode radioactif provenant de la<br />

Mer Noire. Elle empêche Le Tigre d’utiliser<br />

ses pouvoirs et de s’évader. Il accepte de<br />

vous recevoir.<br />

« Bienvenue dans mon humble palace, agent.<br />

J’aimerais vous recevoir dans un espace<br />

moins confiné, mais des circonstances ont<br />

fait que malheureusement, je ne puis. Oui,<br />

c’est vrai, car c’est VOUS, qui m’avez fait<br />

arrêter. Et maintenant, vous venez quémander,<br />

que dis-je, supplier de l’aide ! Comme la<br />

vengeance est distrayante, agent, vous ne<br />

trouvez pas ? Quand vous étiez fraîchement<br />

sorti de votre promotion de l’Ecole Pas<br />

Normale de l’Administration, pour fuir<br />

votre statut social misérable et votre basse<br />

extraction, car oui, vous rêviez étant plus<br />

jeune d’accéder aux plus hautes fonctions<br />

de l’Etat, même si celles-ci ont toujours<br />

été aux mains des aristocrates : la DSDEI,<br />

l’agence de l’ère du Confinement la plus<br />

réputée et la plus décorée de l’histoire.<br />

Et vous voici, pitoyable pantin, implorant<br />

de l’aide à son pire ennemi…<br />

- Vous voyez beaucoup de choses, Le Tigre,<br />

et vous croyez pouvoir m’impressionner avec<br />

p10


votre sens de la déduction, mais regardezvous<br />

présentement : vous êtes enfermé dans<br />

cette prison d’iode radioactif qui comprime<br />

votre thyroïde et limite vos superpouvoirs.<br />

Je ne vois que la peur à travers vos mots.<br />

- La dernière personne a s’être moquée<br />

de moi, je lui ai toussé dessus d’une façon<br />

tellement affreuse, je lui ai mis la main<br />

sur le genou, comme ça, et maintenant, il est<br />

mort et enterré ! Vous ne m’impressionnez<br />

pas, agent. Je vois clair dans votre petit<br />

jeu. »<br />

Tout en proférant ses menaces, Le Tigre<br />

s’est avancé vers vous puis s’est mis à<br />

lécher la paroi de sa prison, produisant<br />

ainsi abondamment de la salive, ce qui ne<br />

vous a pas permis de comprendre la dernière<br />

phrase, sa bouche s’étant emplie de bave et<br />

de sel. Mais ce n’est pas grave, un greffier<br />

s’est chargé de prendre note et vous fait<br />

relire sa transcription pendant que Le Tigre<br />

finit de baver dans un coin de sa cellule.<br />

« Trêve de plaisanterie, Le Tigre ! Dites<br />

moi ce que vous savez sur le Sein ! »<br />

Le Tigre a un ricanement morbide, s’approche<br />

à nouveau de vous et susurre : « Simon<br />

Brigitte n’est que la partie émergée de<br />

l’Iceberg. A qui croyez vous avoir affaire ?<br />

Le Sein n’est pas qu’une personne unique,<br />

mais une multipersonne. Il est aussi bien<br />

Simon Brigitte que Jean-Claude Van Damme<br />

ou Greta Thunberg. On l’a aperçu sous les<br />

traits de Jeff Goldblum, et on le surnomme<br />

également… L’homme dé ! »<br />

Vous frissonnez à cette révélation. Quelque<br />

part, enfouie dans votre mémoire, la vérité<br />

attendait de jaillir, comme le grand geyser<br />

du parc de Yellowstone, ou le talent d’acteur<br />

de Matt Hannon dans Samouraï Cop. Matt Hannon<br />

qui s’est fait aussi appeler Matt Karedas<br />

dans Samouraï Cop 2, et vous vous dites<br />

que cela ne peut être une coïncidence, car<br />

un carré d’as est justement une des plus<br />

fortes combinaisons aux dés. C’est alors<br />

que tout s’emboite.<br />

p11


« Vous trouverez Simon Brigitte, alias<br />

L’homme-dé, à Vladivostok.<br />

- Comment le savez-vous ?<br />

- Il m’a envoyé une carte postale. »<br />

14/<br />

Vladivostok est une des seules villes<br />

de Russie où le jeu est autorisé. Vous<br />

atterrissez à l’aéroport de la ville pour<br />

rejoindre immédiatement le complexe de jeu<br />

le plus prisé de l’Orient russe : Le Tigre<br />

de Cristal.<br />

Vous vous doutez qu’il s’agit peut-être d’un<br />

piège de Le Tigre, mais vous préférez vous<br />

engouffrer dans la gueule du lion, plutôt<br />

que de tourner autour du pot.<br />

Vous avez été très surpris de la conduite<br />

très sportive des autochtones, qui semblent<br />

avoir appliqué le principe de la roulette<br />

russe au code de la route.<br />

Lorsque vous pénétrez dans l’immense hôtel,<br />

vous semblez un peu perdu : cet immense<br />

espace est à moitié vide et les seuls visages<br />

que vous voyez sont inquiets à travers des<br />

masques. L’activité du casino est très<br />

réduite, et néanmoins vous voyez sur les<br />

écrans géants qu’une soirée est prévue. Un<br />

concert sera donné par les prestigieuses<br />

Otoboke Beaver, d’après l’annonce, avant de<br />

laisser place à deux nouveaux jeux de paris,<br />

très risqués : le Svetofor et le Killer.<br />

Le premier consiste à changer aléatoirement<br />

l’organisation des feux de signalisation<br />

d’une grande agglomération et de parier sur<br />

les couleurs des voitures impliquées dans<br />

les inévitables accidents que cela implique.<br />

Le second est un dérivé du jeu de dés du<br />

même nom qui consiste à « tuer » un ou<br />

plusieurs joueurs en lançant de un à six dés<br />

à la suite. Excepté que dans cette version,<br />

le verbe « tuer » perd toute dimension de<br />

symbolique narrative.<br />

p12


15/<br />

Vous apercevez au loin un homme que vous<br />

identifiez rapidement comme Simon Brigitte,<br />

ou bien l’homme-dé. Il est habillé comme le<br />

texan Matt Rouston, et porte en bandoulière<br />

une sacré grosse paire de dés en or. Il<br />

a déhanché provoquant de type John Wayne<br />

et machouille un morceau de cigarette<br />

électronique. Il est en pleine discussion<br />

avec un hologramme d’Arak Attack, le magnat<br />

de l’industrie chimique. Ils rient ensemble.<br />

Arak Attack avec un léger décalage, à cause<br />

de la connexion.<br />

Lancez le dé :<br />

1, 3, 5 : vous allez à sa rencontre : la<br />

comédie n’a qu’assez duré ! Rendez-vous en<br />

16/<br />

2, 4, 6 : vous suivez discrètement les deux<br />

hommes qui se dirigent vers la salle de jeu.<br />

Rendez-vous en 17/<br />

16/<br />

« Hey ! Mc Fly, criez-vous à travers<br />

l’immense hall en tendant votre index le<br />

poing fermé, j’en ai pas fini avec toi ! »<br />

Vous prenez votre élan et vous mettez à<br />

courir en levant bien les genoux grâce à<br />

votre élégant pantalon en stretch velouté<br />

noir ; vos mains sont tendues et droites et<br />

votre regard de pangolin en furie projette<br />

des éclairs terrifiants. Votre cravate est<br />

bien fixée à votre chemise et vous donne<br />

l’impression d’être le maître du monde.<br />

Simon Brigitte, quant à lui, plisse les yeux<br />

à la manière de Clint Eastwood, fait une<br />

grimace et laisse tomber négligemment son<br />

mégot de cigarette électronique au sol. Il<br />

dégaine ses dés avec une rapidité prodigieuse<br />

: d’un coup de poignet bien placé il lance<br />

les petits cubes dans votre direction, vous<br />

le voyez marmonner les premières phrase de<br />

« Luck be a lady » de Sinatra à travers sa<br />

moustache : c’est la dernière chose dont<br />

vous vous rappelez. Allez en 19/<br />

p13


17/<br />

« Discrètement » est votre deuxième prénom.<br />

Vous dénouez vos lacets et marchez dessus<br />

pour faire moins de bruit. C’est une<br />

technique du Mossad. Lorsque les lacets<br />

sont suffisamment aplatis, ils vous offrent<br />

un confort de déplacement inégalé. Vous<br />

glissez littéralement sur le sol. Les deux<br />

hommes échangent au sujet d’une conspiration<br />

cosmique qui fera d’Arack Attack un véritable<br />

Dieu sur Terre lorsqu’il contrôlera la<br />

totalité de l’économie mondiale. A partir<br />

de la fabrication de papier toilette en<br />

mousse expansive.<br />

Vous cherchez à vous approcher davantage<br />

de Simon Brigitte pour lui asséner un coup<br />

fatal à la nuque. Vous pouvez presque<br />

sentir l’after-shave à la myrtille de Simon<br />

Brigitte quand une piqure au mollet vous<br />

paralyse. Vous voyez un individu s’échapper<br />

avec un parasol letton (une variante du<br />

parapluie bulgare, réalisez-vous dans un<br />

élan de professionnalisme). Votre tête<br />

heurte le sol en marbre du Tigre en Cristal.<br />

Allez en 19/<br />

18/<br />

La voix du Sein : « Vous avez failli faire<br />

sauter ma couverture ! Je suis sur le point<br />

de démasquer une conspiration internationale<br />

et nous libérer tous de l’ère du Confinement,<br />

et tout ce que vous trouvez à faire, c’est<br />

de marcher sur vos lacets ? Que vous a-ton<br />

appris à la DSDEI, bon sang ? Cela fait<br />

trente ans que je cherche à piéger Arack<br />

Attack ! Allez en 20.<br />

19/<br />

Lorsque vous vous éveillez vous êtes face<br />

à Simon Brigitte, dans une pièce sombre<br />

seulement éclairée d’une lampe verte<br />

suspendue au plafond par un vinyle rayé de<br />

Wall of Voodoo.<br />

Devant vous, un tapis vert. Un gobelet noir.<br />

Six dés. Vous comprenez immédiatement que<br />

p14


la seule raison pour laquelle vous n’êtes<br />

pas mort est qu’Arack Attack a demandé,<br />

pour son propre divertissement, un duel à<br />

mort entre vous et l’homme-dé.<br />

Le Sein, aka Luke Rhinehart, aka Simon<br />

Brigitte, saisit les six dés, les lance,<br />

puis en ramasse cinq, puis quatre. Il définit<br />

ses points de vie. C’est à votre tour. Avec<br />

votre main libre (l’autre est attachée à la<br />

chaise par une menotte), vous réussissez<br />

à faire un bon score. Une femme apparaît<br />

sur votre droite et vous verse un verre de<br />

vodka. Vous l’avalez d’une traite. C’est au<br />

tour de Le Sein. Il lance une attaque. Vous<br />

perdez des points de vie, et vous en gagnez<br />

à nouveau, puis c’est à son tour de perdre,<br />

de tremper sa chemise dans un sous-sol<br />

sordide de Vladivostock. Arack Attack, qui<br />

est désormais bel et bien présent, décide<br />

d’en finir et fait un signe de mort avec son<br />

pouce, avant de marcher vers la seule porte<br />

de la pièce. C’est alors que des bribes de<br />

souvenirs vous reviennent.<br />

Allez en 18<br />

20/<br />

Le Sein renverse la table et se jette sur<br />

Arack Attack, une lutte terrible s’ensuit.<br />

Les deux hommes se battent férocement. Vous<br />

parvenez à vous défaire de votre menotte<br />

en grignotant un peu de chair de votre<br />

poignet droit – la vodka aide beaucoup dans<br />

ces cas-là. Ensanglanté mais libre, vous<br />

voulez rejoindre le rude combat, mais les<br />

deux hommes sont déjà dehors et se battent<br />

désormais dans un ascenseur en verre (situé<br />

derrière la porte). Vous assistez impuissant<br />

à la montée de l’appareil, et, soudain,<br />

c’est le drame : Vous voyez, tout en haut<br />

de l’attraction du Casino, « les chutes<br />

du Reichenbach », les deux hommes tomber.<br />

C’est la fin d’Arack Attack, mais c’est aussi<br />

la fin de Simon Brigitte. Vous contactez<br />

Têt-On pour qu’un hélicoptère vienne vous<br />

chercher. / par John Cluster<br />

p15<br />

FIN


Alors maintenant,<br />

on se lève,<br />

on se casse et<br />

on reste chez soi :<br />

Yes, We<br />

Cannes !<br />

Et merde ! Après le scandale<br />

des Césars, on pensait se faire<br />

plaisir avec un festival de<br />

Cannes qui promettait de nous<br />

dépoussiérer le 7e art, eh bien…<br />

non !<br />

En 2019, comme souvent à Cannes, on n’avait<br />

pas été farouche en décernant la palme du<br />

meilleur scénario et la Queer Palm à Céline<br />

Sciamma pour Portrait de la jeune fille en<br />

feu. Alors c’est vrai qu’après la sortie<br />

remarquée de l’actrice Adèle Haenel des<br />

Césars, applaudie d’une part et huée d’une<br />

autre, on attendait une réaction cannienne<br />

à la hauteur : chaude comme le ciel de<br />

PACA. On avait entendu et lu les interviews<br />

de Thierry Frémaux, le délégué général du<br />

festival qui annonçait une édition 2020 riche<br />

en diversité. Et puis, on s’est mis à rêver :<br />

on a imaginé la croisette en folie prête à<br />

lancer une révolution contre les cadors de<br />

la pellicule en balançant leurs vieilles<br />

bobines de 35mm et en remasteurisant le tout<br />

numériquement façon XXIe siècle en ultradolby-stéréo.<br />

Un peu utopique, certainement,<br />

mais pas tant que ça, puisque la présidence<br />

du jury avait été confiée à Spike Lee. Oui,<br />

Spike Lee, le réalisateur de Malcom X et<br />

de plusieurs clips de feu Michaël Jackson<br />

dont « They don’t care about us » – titre<br />

p17


qui aurait d’ailleurs pu être scandé par<br />

Adèle Haenel en sortant de la salle Pleyel<br />

et qui lui aurait sûrement valu plusieurs<br />

applaudissement, mais sait-elle faire le<br />

moonwalk ? Et n’aurait-ce pas été trop<br />

controversé… On lui aurait alors reproché ce<br />

choix et Roman Polanski lui-même aurait pu<br />

revendiquer la légitimité de prononcer les<br />

mots du King of the Pop avec qui il aurait<br />

certaines accointances… – Spike Lee, donc un<br />

véritable Bad-ass du cinéma Hollywoodien !<br />

C’est dire, s’ils étaient prêts à confier<br />

les rennes du festival à Spike Lee, ils<br />

étaient prêts à passer un cap historique en<br />

offrant pour la première fois le siège de<br />

président à un réalisateur noir. Et oui, on<br />

dit que le cinéma est un formidable médium<br />

capable de devancer et de faire avancer<br />

l’opinion publique sur de nombreux sujets,<br />

mais si depuis longtemps les scénaristes<br />

ont offerts des rôles non-discriminatoires<br />

à leurs personnages, les instances de<br />

récompenses mettent plus de temps que les<br />

fictions qu’ils célèbrent pour casser les<br />

codes ! Paradoxe spatio-temporel, dont seul<br />

Christopher Lloyd pourrait nous donner une<br />

explication tangible. Malheureusement comme<br />

tout le monde aujourd’hui, Christopher Lloyd<br />

est confiné chez lui, et donc l’est aussi<br />

Spike Lee… et le festival de Cannes n’aura<br />

pas lieu.<br />

Et pourtant… Peut-être que ce n’est pas au<br />

niveau des mœurs qu’il va falloir observer<br />

le côté subversif de Cannes cette année.<br />

Peut-être que c’est dans leur capacité à<br />

réinventer et à se réinventer qu’ils vont<br />

devoirs faire preuve d’audace et de magie :<br />

si le tapis rouge ne pourra pas être monté,<br />

les organisateurs refusent de ne pas célébrer<br />

la palme ! Un genre de VisioPalme officielle<br />

pourrait être mise en place pour que le jury<br />

sélectionne les lauréats. Ironiquement,<br />

c’est sur les platebandes d’Internet à<br />

l’instar de Netflix, Disney plus, Amazon,<br />

etc. que Cannes devrait dérouler ses stars<br />

et tops d’affiches. Le plus difficile pour<br />

p18


le bon déroulement de ce festival-virtuel<br />

restera sans nul doute la préparation des<br />

acteurs aux visioconférences. On imagine<br />

déjà Closer et Voici se délecter en<br />

déclenchant le plus de captures d’écrans<br />

possibles pour leur spécial : les stars<br />

chez eux sans leurs maquilleuses ! Et oui,<br />

les techniciens du spectacle, décorateurs,<br />

lumières, maquilleurs, habilleurs, et j’en<br />

passe, sont un peu les profs de la fonction<br />

publique, tout le monde en a besoin, mais ce<br />

n’est qu’en temps de crise qu’on s’en rend<br />

compte !<br />

/ par John Spread<br />

p19


LA GUERRE (2)<br />

Jour 6<br />

On est venu nous chercher ce matin.<br />

Apparemment, on s’était trompés de front.<br />

L’ennemi était partout, il fallait faire<br />

super gaffe. On nous a redéployé dans les<br />

hôpitaux. Au tri des arrivants. Il fallait<br />

qu’on ouvre l’œil, pour pas laisser passer<br />

des taupes destinées à disséminer le virus<br />

parmi tous. Le lieutenant nous a montré<br />

comment faire. Devant lui, il y avait un<br />

vieil homme qui avait pas l’air en pleine<br />

forme. Il l’a regardé sous toutes les<br />

coutures, lui a demandé :<br />

« Quel âge avez-vous, monsieur ? »<br />

« 78 ans », a dit le vieux entre deux quintes<br />

de toux.<br />

Le lieutenant s’est tourné vers nous et a<br />

hoché la tête. « Passé à l’ennemi ». C’était<br />

ce qu’indiquait le coup de tampon qu’il a<br />

mis sur son dossier. Il nous a fait signe<br />

ensuite de l’embarquer.<br />

Jour 7<br />

Aujourd’hui, ils ont enfin décidé quoi faire<br />

avec les gens « passés à l’ennemi ». Il<br />

s’agit de pas perdre notre humanité non<br />

plus, ils nous ont dit, et de leur offrir<br />

une mort décente.<br />

« On n’est pas comme ce satané virus ! », a<br />

dit le lieutenant en tapant rageusement sur<br />

la table.<br />

Alors on les a renvoyé ultra gentiment dans<br />

les EHPAD où il y avait plein de place pour<br />

succomber dans la décence la plus totale.<br />

Ensuite leurs proches pourraient récupérer<br />

dignement leurs cendres dans des sacs<br />

plastiques.<br />

Jour 8<br />

Il y a d’autres « passés à l’ennemi »,<br />

des tas en fait. Le lieutenant nous a dit<br />

qu’il pourrait même y en avoir dans nos<br />

p20


propres familles et qu’il fallait qu’on<br />

soit courageux.<br />

« Est-ce qu’on pourra aller les voir avant<br />

qu’ils meurent ? », a demandé un troufion.<br />

« Et déserter le front ? Certainement pas ! », a<br />

dit le lieutenant. « Reprenez-vous, soldat.<br />

Le virus est un ennemi impitoyable et si<br />

vous voyez le cadavre d’un de vos proches,<br />

il vous brisera. »<br />

Jour 9<br />

Apparemment, la hiérarchie pensait qu’on<br />

était pas si utiles à l’hôpital. On a encore<br />

été réaffectés. Plateforme Amazon, 1er<br />

Régiment de cordée.<br />

« Une guerre, ça se gagne d’abord par<br />

l’économie », nous a martelé le lieutenant<br />

après nous avoir alignés dans l’entrepôt.<br />

« Il faut continuer d’entretenir le flux<br />

d’échanges qui maintient le pays en vie.<br />

Autrement nous sommes perdus. »<br />

Il y a bien eu un ou deux pour ronchonner en<br />

voyant ce que les gens achètent pendant la<br />

guerre, mais ils l’ont fait en sourdine parce<br />

qu’ils ont commencé à comprendre qu’avoir<br />

des opinions n’est pas nécessairement<br />

encouragé par la hiérarchie.<br />

Jour 10<br />

Le lieutenant a mis aux arrêts deux soldats<br />

qu’il a surpris à prendre une pause devant<br />

l’entrepôt. Il a invoqué le risque de<br />

contamination qu’ils faisaient courir à<br />

tous.<br />

L’un d’eux a osé argumenter : « Mais on<br />

fait courir le même risque dans l’entrepôt,<br />

non ? Comment ça se fait qu’on ait le droit<br />

d’être dans l’entrepôt mais qu’on puisse<br />

pas sortir cinq minutes, alors qu’il y a<br />

personne dehors ? »<br />

Il est passé devant le peloton d’exécution.<br />

Haute trahison.<br />

(à suivre...)<br />

p21<br />

/ par John Fluo


Le conseil ZiC<br />

de l’ami Pierrot<br />

Pour ce numéro,<br />

je vous propose NENADA par la nébuleuse<br />

QOTSA<br />

les sessions du désert de Josh Homme ont<br />

toujours offertes d’étonnantes pépites.<br />

Redécouvrez les DESERT SESSIONS de<br />

l’ancien gratteux de KYUSS (prononcez<br />

kaïeuss)<br />

ils en sont à 12 volumes....<br />

De quoi oublier pour un instant la grippe<br />

du tatou<br />

en attendant de se farcir la peste de la<br />

mouche à merde....<br />

Vous avez jeté une oreille au concert<br />

des enfermés ?<br />

...moi non plus<br />

p22


Agenda<br />

d’uN<br />

festivalier<br />

confiné<br />

13h :<br />

Vous ouvrez laborieusement les yeux. Ça<br />

colle un peu, vous avez la tête en vrac<br />

et quelques difficultés à vous remettre du<br />

gig d’hier soir. Faut dire, vous vous êtes<br />

couché vers 5 heures du matin pour assister<br />

aux The Under one Roof Music festival, en<br />

soutien aux artistes de Caroline-du-Nord.<br />

C’était plutôt cool, mais aujourd’hui, ça<br />

pique.<br />

14h :<br />

L’ordi est resté allumé et au moment où vous<br />

vous réservez votre quatrième cafetière, le<br />

live de Cabrel se met en route. Pas de<br />

force d’aller l’éteindre et puis merde, la<br />

radio est à côté, vous appuyez sur Play<br />

: FranceInfo couvrira parfaitement sa voix<br />

agaçante et son accent du Lot-et-Garonne.<br />

15h :<br />

Après s’être mis bien au jus niveau information<br />

nationale, vous avez compris qu’il n’y a<br />

pas encore grand chose de concret niveau<br />

déconfinement et que le gouvernement n’a pas<br />

l’air d’en piper plus que vous. Bizarrement,<br />

il semblerait que vous ayez baissé un peu la<br />

radio pour mieux entendre la voix chantante<br />

de Francis, comme quoi, on se fait à tout.<br />

Sauf qu’un live de Vianney vient d’être<br />

annoncé. Et là non ! C’est vrai quoi, il<br />

nous a saoulé avec des « T’es où ? Mais t’es<br />

pas là ! » fois 15 000, aujourd’hui le mec<br />

p23


il sait : Elle est pas là, parce qu’elle<br />

est comme tout le monde confinée et qu’elle<br />

est pas con, elle a choisi de se confiner<br />

très loin de l’homme à la guitare qui la<br />

cherche partout ! Voilà c’est tout. Dans un<br />

élan tout à fait justifié, vous coupez le<br />

son de votre onglet Facebook, consultez vos<br />

messages Messenger et vous vous allumez une<br />

clope. Bah oui, parce que ça fait du bien et<br />

que cette semaine vous avez assisté à deux<br />

concerts au profit d’associations pour la<br />

lutte contre le tabagisme et que c’est bon<br />

vous avez fini de culpabiliser.<br />

17h :<br />

Vous vous êtes encore laissé aller à cliquer<br />

sur tous les liens partagés par vos potes<br />

sur Twitter. Bilan : vous avez retweeté<br />

plus de 20 tweets, 4 d’Antoine de Caunes<br />

parce que, c’est comme ça, il est cool et<br />

par ricochet vous espérez que vous aurez<br />

aussi l’air cool en partageant ses trucs…<br />

On n’sait jamais. Et ? Il y en a bien qui<br />

croient en Dieu, alors… Vous avez ri à un<br />

tweet d’Emmanuel Barré, mais franchement<br />

vous n’osez pas partager. Bah… parce que<br />

c’est douteux et que tout le monde s’accorde<br />

à dire que ça manque d’élégance. Bien sûr<br />

on retweete les blagues des copains parce<br />

qu’on se pose pas de questions : ce sont des<br />

potes, merde ! Et on se laisse même tenter<br />

par une visite virtuelle du Guggenheim de<br />

New-York conseillée par la blonde de vos<br />

contacts qui est hyper sexy. Vous essayez<br />

de retenir que le bâtiment a été dessiné par<br />

Frank Lloyd Wright parce que ça fait classe<br />

de glisser ça dans une conversation, mais<br />

bien entendu vous savez que votre mémoire<br />

vous fera défaut et qu’au moment où vous<br />

voudrez dire que pendant le confinement,<br />

non, vous n’avez pas juste fait une visite<br />

virtuelle du château de Versailles, mais<br />

vous vous êtes cassé le cul à découvrir les<br />

chefs d’œuvres exposés à Rome, NYC, Bilbao,<br />

Vienne, etc. Un véritable tour du monde<br />

p24


des vieilles toiles que vous avez fait, et<br />

tout ça pour quoi ? Pour que votre mémoire<br />

à deux balles vous laisse tomber au moment<br />

opportun. Enfin bref, vous avez l’habitude.<br />

Et puis, de toute façon, ça ne vous aura<br />

pas fait de mal, ce sera toujours plus<br />

formateur que ces rendez-vous à la noix qui<br />

vous attendent après le déconfinement : back<br />

to Pôle Emploi ! Et la question redoutée :<br />

« Alors, Monsieur vous avez choisi un stage<br />

de perfectionnement dans notre liste ? ». A<br />

laquelle vous mourrez d’envie de répondre<br />

qu’avec un bac + 5 et une thèse, certes<br />

inachevée, mais quand même une thèse en<br />

cours, vous êtes sûrement plus diplômé que<br />

ceux qui l’organisent ce foutu stage de<br />

perfectionnement ! Mais non, il a fallu<br />

que depuis quelques années votre système<br />

immunitaire vous fasse, lui aussi, défaut<br />

et que le seul job accessible qui vous<br />

restait, c’était un poste de contractuel<br />

au CNED pour donner des cours de chez vous.<br />

Du coup, vous passez votre confinement à<br />

bosser comme jamais, parce que tout le<br />

monde attend des cours en ligne. Et que<br />

comme par hasard, c’est au moment où vous<br />

avez le plus de boulot que tous les trucs<br />

cools deviennent accessibles en ligne. La<br />

dure loi de l’offre et de la demande… que<br />

vous ne connaissait que trop bien… Alors,<br />

non ! Vous ne passerez pas à côté ! Vous<br />

avez franchement pensé à démissionner, mais<br />

vous avez un peu les foies et vous avez<br />

sacrément besoin de thunes. De toute façon,<br />

vous savez que votre contrat s’arrête fin<br />

juin, que vous ne trouverez pas de boulot<br />

cet été et que pour vous le confinement c’est<br />

indéterminé depuis longtemps. Alors, vous<br />

acceptez votre destiné et vous passez en<br />

mode dépravation de sommeil : concert toute<br />

la nuit – en suivant les heures américaines,<br />

ça vous conduit jusqu’à des 4 – 5 heures<br />

du matin et vous répondez aux mails des<br />

étudiants dans l’après-midi. Parce que<br />

vous êtes un bon gars, vous avez même pris<br />

des étudiants supplémentaires confinés en<br />

p25


Outre-mer, au moins avec eux les horaires<br />

correspondent aux heures des concerts. Puis<br />

là, c’est le week-end, alors c’est un peu<br />

n’importe nawak… Le seul truc essentiel,<br />

c’est de finir de préparer son emploi du<br />

temps de la semaine pour ne pas être en<br />

reste : caler les réponses aux questions de<br />

Kévin, Lucie et Samantha tout en scrutant<br />

les sessions spéciales sur Instagram à ne<br />

pas louper !<br />

20h :<br />

Vous vous êtes lamenté sur votre sort,<br />

votre carrière atypique et tout ceci vous<br />

a conduit à la douche, ça fait plus d’une<br />

heure que l’eau coule sur vos épaules.<br />

C’est bon vous êtes propre. Et merde ! Vous<br />

vous rendez compte que vous avez oublié de<br />

vous connecter à Discord, pour rejoindre<br />

le festival BlockbyblockWest organisé par<br />

Minecraft auquel assistent les Pixies ! Ni<br />

une, ni deux la serviette autour de la taille,<br />

vous courrez au frigo prendre une bière et<br />

vous vous installez. Ouf, la première partie<br />

est encore là… Vous n’avez rien loupé de<br />

grave ! Vous pouvez en profiter pour remplir<br />

votre caddie pour votre prochain Drive de<br />

six nouveaux packs de bière, parce que le<br />

frigo se vide à une vitesse hallucinante !<br />

Tiens, Cindy, l’étudiante martiniquaise est<br />

connectée ! On va faire un petit Skype !<br />

/ par John Spread<br />

p26


Le conseil ZiC<br />

de l’ami Pierrot<br />

Pour ceux qui fouillent<br />

et qui ont besoin d’hypnotisme:<br />

« MONDO GENERATOR »<br />

par KYUSS (justement)<br />

-Appelle t’il à l’aide ?<br />

-A t’il la solution pour transformer le<br />

plomb en or ?<br />

-Son pick-up démarre t’il ?<br />

-Fait il une offrande au soleil ?<br />

-Manipule t’il le vent de Santa Ana ?<br />

-Voit il le sable menacer Heizer city ?<br />

-A t’il mal aux dents ?<br />

....<br />

Vous allez voyager trèèèèès loin ce soir<br />

dans votre 35 m2 !<br />

En plus, ça immunise contre la<br />

Druckerose...<br />

…<br />

p27


p28


LA DEMOCRATIE<br />

(Inside le brouillon d’un<br />

éditorialiste à l’état<br />

sauvage)<br />

Enfin, mes amis, enfin, nous avons une chance<br />

d’accomplir la DEMOCRATIE !!!<br />

De tous temps, la démocratie a représenté<br />

le meilleur système politique ever, avec<br />

cependant un défaut qui n’avait jamais pu<br />

être corrigé jusqu’ici : les minorités.<br />

Comment aspirer au gouvernement du peuple<br />

par lui-même si sans arrêt elles chouinaient<br />

qu’elles n’étaient pas bien traitées et<br />

remettaient en question la virilité du peuple<br />

dans sa prise de décision ? La dissonance<br />

amenait le manque de confiance en soi de<br />

la communauté qui la forçait à payer un<br />

pognon de dingue pour des métiers inutiles<br />

comme ceux de psychologues et d’assistantes<br />

sociales.<br />

Le Covid-19, ce méchant virus de la grippe<br />

qui a soudain montré au peuple qu’il devait<br />

retrouver en lui-même sa propre unité, ne<br />

connaît qu’un remède. Au-delà du confinement,<br />

qui permet de rétablir l’ordre dans les rues<br />

du pays, il s’agit du traçage électronique.<br />

Grâce à la magie de la technologie – permettant<br />

à Google et Apple de jouer les rôles de<br />

Merlin et Gandalf – nous pourrons repérer<br />

les fauteurs de troubles pulmonaires, les<br />

traquer et leur faire entendre raison. Dans<br />

des cages s’il le faut. Notre survie est à ce<br />

prix-là. Mais pour fonctionner, cette magie<br />

a besoin de notre participation à tous.<br />

Nous devons jurer sur notre Bible de poche,<br />

qu’elle fonctionne sous iOS ou Android, que<br />

nous participerons à cet effort collectif.<br />

Chacun de nous devra en être pour que le<br />

dépistage fonctionne – pour qu’enfin notre<br />

démocratie soit volontaire et totale, dans<br />

la communion 2.0.<br />

/ par John Fluo<br />

p29


Covid,<br />

mode<br />

d’emploi<br />

Il y a quelques semaines, on<br />

pouvait lire dans des journaux<br />

les conseils de lecture pour le<br />

confinement. Après réflexion, il<br />

y a un auteur à la hauteur de<br />

ce confinement, et qui n’a pas été<br />

cité : Georges Perec.<br />

S’il y a un écrivain<br />

qui se serait joué<br />

de la contrainte du<br />

confinement, c’est bien<br />

lui. D’ailleurs, dans<br />

une certaine mesure,<br />

Perec a déjà écrit les<br />

romans du confinement,<br />

ils s’intitulent : La<br />

vie, mode d’emploi<br />

et sont parus en<br />

1978. Vous aviez donc<br />

largement le temps de<br />

les lire.<br />

Afin d’égayer cette<br />

supposée fin de<br />

confinement, et<br />

préparer de façon<br />

« pro-active » le «<br />

déconfinement », voici<br />

un petit exercice<br />

d’écriture.<br />

Parce que vous aussi, vous avez le droit<br />

d’écrire votre journal de confinement – devenu<br />

un genre littéraire à part entière depuis la<br />

p30


mise en accusation de l’écrivaine chinoise<br />

Fang Fang qui a publié le sien sur les<br />

conditions du confinement à Wuhan, voici une<br />

contrainte d’écriture très OULIPIENNE qui<br />

permettra à votre imagination arthritique<br />

de s’épanouir librement, à coups de Voltaren<br />

(ré) créatif :<br />

En mars 2020, (votre ville) est déclarée<br />

ville fermée. Vous faites partie d’un<br />

réseau de résistance nommé « Manfredi ».<br />

Dans chaque paragraphe, vous racontez votre<br />

journée héroïque en utilisant la définition<br />

d’une abréviation ( n+3) de la colonne du<br />

tableau des termes, signes conventionnels et<br />

abréviations du dictionnaire Robert (https://<br />

grandrobert.lerobert.com/AideGR/Pages/<br />

Abreviations1.html), tout en respectant le<br />

scénario du film de Rossellini : « Rome,<br />

ville ouverte » :<br />

Exemple :<br />

La troisième abréviation est : « abstrait :<br />

qualifie un sens (s’oppose à concret)». Cela<br />

donne :<br />

Mars 2020. La nébuleuse grammaticale dans<br />

laquelle je me trouve m’empêche de saisir<br />

les mots justes pour qualifier l’incurie<br />

de notre situation, mon cher Francesco.<br />

Je suis caché chez toi après avoir fait<br />

imploser un serveur à force de télécharger<br />

mon attestation dérogatoire qui n’a pas de<br />

numérotation CERFA. Combien de temps cela<br />

durera-t-il ? Non lo so… Qu’est-ce que le<br />

temps, après tout ? Et pourquoi n’y a-t-il<br />

point de numérotation CERFA ? Francesco,<br />

continuons de travailler ensemble à la<br />

publication de <strong>Virus</strong> <strong>Hurlant</strong>, cet organe<br />

de résistance à l’épidémie de morosité qui<br />

sévit dans le pays…<br />

Et ainsi de suite. Le prochain mot est «<br />

accusatif ». A vous.<br />

/ par John Cluster<br />

p31


p33<br />

/ par Ponch


DES SOLUTIONS UN<br />

PEU PLUS RADICALES<br />

Si vous voulez mon avis, on ne va pas assez loin dans les<br />

solutions proposées pour se débarrasser définitivement du virus.<br />

À l’image du Pr. Raoult qui a prouvé une bonne fois qu’il n’y<br />

avait pas besoin de tortiller du cul pour chier droit vers<br />

l’horizon lointain d’un monde définitivement guéri, j’ai décidé<br />

moi aussi de proposer des solutions qui ont été prouvées dans<br />

mon labo, sans groupe témoin, sans témoin tout court d’ailleurs,<br />

mais à la fin j’étais guéri et c’est tout ce qui compte.<br />

1) Partout les scientifiques nous disent qu’on n’est pas au bout<br />

de nos peines avec ces nouveaux virus, qu’ils vont se multiplier<br />

à cause de la promiscuité nouvelle entre l’homme et les espèces<br />

sauvages liée à notre constante expansion. Les massacrer, c’est<br />

bien, mais c’est pas suffisant. En effet, qu’est-ce qui nous<br />

empêche de finir le boulot ? Je peux vous dire que les espèces<br />

sauvages arrêteront de nous faire chier si on rase totalement<br />

leurs forêts et leurs habitats naturels une bonne fois pour<br />

toutes. Vous allez me dire : la préservation de la nature,<br />

etc. Ok, mais j’aurais juste une question à vous poser : estce<br />

que la nature paye un loyer pour occuper illégitimement cet<br />

espace ? Et là, finies les épidémies.<br />

2) Il y a eu aussi cette proposition d’une application de<br />

traçage généralisée par bluetooth anonymisé. C’est bien, mais<br />

c’est pas suffisant. Ce qu’il nous faut c’est une application<br />

qui nous dissuade de sortir de chez nous. Il faudrait lui<br />

fournir de bonnes raisons de passer outre le confinement et ses<br />

réponses seraient fournies par Alpha Zero. Je crois pas que le<br />

deep learning se laissera berner par nos envies de chocolat ou<br />

de bain de soleil. Et plus de problème d’épidémie là non plus.<br />

3) Enfin, certains ont soulevé le problème qu’allait constituer<br />

le déconfinement progressif, du fait qu’on allait recommencer à<br />

se parler de trop près, à se faire la bise, voire carrément à<br />

avoir des relations sexuelles. Rappeler aux gens qu’ils doivent<br />

absolument conserver leurs distances, c’est bien, mais c’est pas<br />

suffisant. Le mieux serait encore de prohiber définitivement toute<br />

forme de contact en dehors de l’institution sacrée du mariage.<br />

Ça éviterait toutes ces dégoûtantes interactions sociales qui ne<br />

créent que de nouveaux problèmes, avec les générations à venir<br />

qui seront constamment menacées par de nouvelles épidémies,<br />

dans un cycle sans fin, qu’on peut couper à la racine. Et, là<br />

encore, adios les épidémies.<br />

/ par John Fluo<br />

p34


Mots croisés<br />

1 2 3 4 5 6 7 8<br />

9 10 11<br />

A<br />

B<br />

C<br />

D<br />

E<br />

F<br />

G<br />

H<br />

I<br />

Horizontal<br />

A/ Variété de famille virale<br />

B/ Papa d’Akira. Terminé<br />

C/ Je plus ils. Tracta.<br />

D/ Secret Russe. Du bout des lèvres goûta<br />

E/ Jaune maillot. Petit saint.<br />

F/ Nuit bretonne. Fond de casse<br />

G/ Vaccin contre la fatigue sportive. Cuisson parfaite<br />

H/ Tour de France. Intimer l’ordre de regarder en langage<br />

moderne.<br />

I/ Juifs méditerranéens.<br />

Vertical<br />

1/ Netflixisées<br />

2/ Bien entendu ? (tiré par les oreilles)<br />

3/ Peintre russe amoureux de la Tunisie<br />

4/ Responsable du désastre sanitaire selon Trump. Note ou<br />

poisson<br />

5/ Célèbre « doctor ». Human Right Watch. Terminaison.<br />

6/ Ordre définitif. Article féminin.<br />

7/ Mélange de vomi. Donjons. Dragons.<br />

8/ Collective grâce ou à cause de Skype ou Whatsapp…<br />

9/ Corps associés à une réaction chimique<br />

10/ Vieille ville. Suprême, ou pas.<br />

11/ (Sou)tient toute la colonne.<br />

par John Cluster<br />

p35


Mots<br />

croisé<br />

Comme on est chic, on vous<br />

a préparé l’antisèche !<br />

LEs réponses


Courrier des lecteurs<br />

par celui qui sait aussi compter<br />

p37


<strong>Virus</strong> <strong>Hurlant</strong><br />

Avec la participation de :<br />

Nicolas G., Don Julio, Boris R., Sylvie B.,<br />

Marie-Laure T., Fred C., Michaël V.,<br />

Pierre C., Jean-Louis B., Patricia F.<br />

« Restez chez vous !<br />

On revient la semaine prochaine ! »<br />

p38

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!