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Mustapha Iznasni-La sagesse et la bienveillance

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Iznasni

Mustapha

la sagesse

et la bienveillance


Iznasni

Mustapha

La sagesse et la bienveillance

© éditions La Croisée des chemins

16, Rue Mouaffak Eddine Imm. A Rés. Dbibagh

Quartier des hôpitaux - Casablanca

ISBN : 978-9920-769-64-8

Dépôt : 2020MO1806

info@lacroiseedeschemins.ma

www.lacroiseedeschemins.ma



Sommaire

Avant-propos 9

Mahjoub El Haiba - Driss El Yazami

Une immense perte 11

Mahjoub El Haiba

Iznasni par lui-même 13

Lettre ouverte à Monsieur Parkinson 23

Mustapha Iznasni

L’humaniste 27

Omar Azziman

Un maître discret 29

Jamal Barraoui

Il marchait sur le raisin sec… 33

Driss El Yazami

L’homme qui aimait 39

Samir Gabli

A Zhor et Mustapha 43

Samir Gabli

Cette bienveillance et cette douce ironie 47

Julie Guillerot

L’amour, c’est donner ce qu’on n’a pas à quelqu’un

qui n’en veut pas. 59

Fatima Zahra Mesgguid

Fragments de vie 65

Asmae Mouslim

S’élever avec Iznasni 71

Jamal Eddine Naji

Au pas d’homme libre… 75

Abdallah Najib Refaif 75

L’homme qui aimait les belles-lettres 81

Narjis Rerhaye

Mon ami, mon camarade 87

Abdelouahed Souhail

Une âme s’est envolée, l’autre est en peine 97

Merouane Touali 97

Elégant en toutes choses 103

Fahd Yata

Never seeking the limelight 109

Hanny Megally

L’élégance d’être faite homme 51

Ahmed Herzenni



Un billet non signé

publié dans Maghreb

information mais rédigé

très probablement par

Mustapha Iznasni,

qui était le rédacteur

principal de cette rubrique.



Avant-propos

Mahjoub El Haiba

Driss El Yazami

Affligés comme tant d’autres par la disparition de feu

Mustapha Iznasni, nous avons, en accord avec sa famille,

convié ses ami-e-s à lui rendre cet hommage. Près de

quarante d’entre eux ont bien voulu s’y associer, exprimant,

chacun par ses mots, leur reconnaissance et leur peine.

A leurs textes, nous avons ajouté une sorte d’autoportrait de

feu Iznasni, élaboré à partir d’un témoignage qu’il avait livré à

un quotidien arabophone, et une belle leçon de vie, un petit texte

que le défunt avait adressé -sous la forme d’une lettre ouverte- à

Monsieur Parkinson.

Ce livre n’aurait pu paraître sans la contribution d’auteurs de

différents horizons et des personnes qui nous ont aimablement

fourni divers documents iconographiques. Nous leur exprimons

nos remerciements et notre gratitude. De même, nous tenons à

remercier du fond du cœur la famille de feu Mustapha Iznasni et

en particulier sa fille Saoussen Lemkinsi et son frère Abdelkrim

Iznasni. Nos remerciements les plus sincères à Mmes Fadoua

Légende ........................



10 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse

Maroub et Zoulikha Assebdoun et MM. Nabil Benabdallah,

Hassan Benaddi, Abderrazak El Hanouchi, Bouchaib Eddebbar,

Mustapha Laaraki, Boubker Monkachi, Abdelhak Moussadak,

Abdallah Najib Refaif, Mohamed Sabri, Rachid Touinini, et le

journal Bayane Al Yaoum, en particulier Mahtat Rakas, directeur

de publication des quotidiens Bayane Al Yaoum et Al Bayane

et Mohamed Hajjioui, le journaliste qui a réalisé l’entretien avec

le défunt.

Nos remerciements vont aussi à M. Abdelkader Retnani qui

a accepté dès le premier jour d’éditer ce livre.

Préface

Une immense perte

Mahjoub El Haiba

« Vivre simplement pour que d’autres puissent simplement vivre »

Mahatma Gandhi

Ce livre-hommage réunit des contributions de différentes

personnes et générations, femmes et hommes ayant

connu le défunt Mustapha Iznasni ou travaillé avec lui.

Certains ont appris le métier de journaliste grâce à lui, sans avoir

fréquenté auparavant une quelconque école de formation, passant

pour deux d’entre eux, grâce à lui, du monde de la disparition

forcée à la presse (A. Bnouhachem, M. Errahoui). D’autres ont

appris à sa fréquentation l’engagement inlassable dans la défense

des droits de l’Homme, au sein de l’Organisation marocaine

des droits de l’Homme (OMDH) ou du Conseil consultatif des

droits de l’Homme (CCDH), ou, à partir de 2011, au Conseil

national des droits de l’Homme (CNDH) ou à l’Instance

Sa Majesté le Roi Mohammed VI avec M. Omar Azziman, feu Driss Benzekri et les

autres membres de l’Instance équité et réconciliation dont, à droite, feu Mustapha

Iznasni, Agadir, le 7 janvier 2004



12 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse Préface — 13

équité et réconciliation (IER). Chacun a tenté d’embrasser les

différentes dimensions de ce parcours foisonnant, fait à la fois

de professionnalisme et d’humanisme.

Par ces textes, les auteurs tiennent à renouveler à feu Iznasni

leur reconnaissance, leur admiration et leur amitié. L’hommage

collectif qu’ils lui rendent est une manière de dire leur dette, avec

la même simplicité qu’il leur avait manifestée et l’affection qu’il

avait suscitée.

A lire ces textes, la richesse du parcours et les diverses

contributions du défunt sont encore plus évidentes et apparaissent

dans leur diversité : combat politique, diplomatie, journalisme,

droits de l’Homme, … Mais ce sont ces deux derniers domaines

qui semblent avoir le plus marqué, même si l’on découvre, grâce

au témoignage d’Abdelouahed Souhail, l’intensité de l’engagement

partisan.

Pendant plus de cinq décennies, l’homme d’action et de

conviction (O. Azziman) a consacré à tous ces domaines son

énergie, son talent et toutes ses qualités humaines. A cet égard,

deux traits de la personnalité du défunt émergent en premier lieu :

l’engagement total et la générosité. Quels que soient la période

ou le champ d’action considérés, Mustapha Iznasni s’investit sans

compter, entièrement. Ce travailleur, qui est aussi un homme de

réflexion, est généreux à l’égard de ses compagnons, un formateur,

un professionnel qui encadre et qui fait ce que nous appellerions

aujourd’hui de la formation continue.

Un témoignage (E. Belkouch) rappelle comment il quittait

les quotidiens dont il était responsable pour aller directement

au siège de l’OMDH, sans transition, mais avec entrain. Avec le

même engagement et le même esprit. L’homme était un militant

et un maître.

En matière de justice transitionnelle, Mustapha s’est distingué

non pas uniquement par sa contribution au sein de l’équipe de

l’IER, et le suivi de la mise en œuvre de ses recommandations,

mais aussi par son apport à la réflexion sur divers aspects de

la justice transitionnelle et à plusieurs expériences à travers

le monde. Sa maîtrise des deux langues espagnole et anglaise,

langues qui dominent aussi bien en doctrine qu’en jurisprudence

dans ce domaine, lui ont permis de s’approprier les principales

dynamiques et la doctrine de ce type de justice. Conjuguée

à son militantisme inlassable pour la réussite de l’expérience

marocaine, cette maîtrise l’a prédisposé à compter parmi les

experts internationaux dans ce domaine. Certains d’entre eux

ayant travaillé avec lui ici et ailleurs, reconnaissent son engagement

et son expertise en matière de justice transitionnelle. C’est à ce

titre qu’il a représenté le CNDH à plusieurs colloques et ateliers

de formation, tout particulièrement dans certains pays d’Afrique

récemment engagés dans ces expériences. Ses contributions étaient

unanimement saluées (H. Megally).

Dans tous ces parcours, le défunt veillait scrupuleusement

à l’excellence dans le travail, mais sa rigueur était, comme le

relèvent pratiquement tous les textes, empreinte d’une modestie

exceptionnelle. Toujours disponible, discret en toutes choses,

mais présent en toutes circonstances. Sa courtoisie allait de pair

avec son profond respect de l’autre, quel que soit son statut, et

sa combativité n’avait d’égale que son amour de la vie.

Tout au cours de cet itinéraire, notre cher défunt s’était

tracé une ligne de conduite à laquelle il ne dérogeait jamais : au

service des autres, prêtant une oreille attentive aux propos de ses

interlocuteurs, politiques, défenseurs des droits de l’Homme,

mais surtout victimes.



14 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse

Plusieurs témoignages (N. Rerhaye, Aissaoui) rappellent les

premiers échanges avec le défunt Iznasni, rencontres qui restent

gravées dans leurs mémoires comme des moments intenses

d’accueil et de mise en confiance, qui leur ont permis de mener

à bien les missions qu’il leur confiait, mais surtout d’apprendre.

Avec diplomatie, empathie, humour et parfois fermeté, il les a

appuyés et soutenus, et c’est aussi, souvent, grâce à lui qu’ils font

ce métier, et qu’ils le font avec passion et dévouement.

Mustapha était connu aussi par son amour de la lecture et le

rôle, central, qu’il accordait à la culture, comme en témoignent

les organes de presse qu’il a dirigés. A ses yeux, la culture était

un droit fondamental à l’instar des autres droits et jouait un rôle

considérable dans le développement et l’épanouissement d’une

société (D. El Yazami). Lecteur de romans et de poésie (N. Refaif,

J. Guillerot), grand cinéphile, amateur de musique, polyglotte et

homme engagé, Iznasni était, comme un « soufi passionné dont

les sentiments s’entremêlaient pour embrasser les souffrances

et les espoirs des peuples du monde » (Belkouch). Il illustrait

véritablement l’adage qui dit que « la culture est ce qui reste

quand on a tout oublié ».

Dans le message adressé à la famille du défunt, Sa Majesté le

Roi a souligné « sa vertu et son grand professionnalisme engagé en

faveur des causes de la société et de la nation, ce qui lui a valu le

respect permanent des différents acteurs des domaines médiatique,

politique et des droits de l’Homme. »

Que ce livre-hommage puisse contribuer à la préservation

de la mémoire de l’homme du savoir, de l’homme de conviction,

engagé et rigoureux, généreux et disponible, amoureux de la vie

et de ses frères humains.

Iznasni

par lui-même

En juin 2017 et en janvier 2018, le quotidien arabophone Bayane

Al Yaoume publiait une série d’entretiens réalisés par le journaliste

Mohamed Hajjioui avec feu Mustapha Iznasni dans lesquels ce

dernier racontait quelques moments importants de son itinéraire.

Ci-après un résumé de cette série de souvenirs du regretté disparu.

Feu Mustapha Iznasni est né à Tétouan le 29 novembre 1939

d’un père militaire dans l’armée espagnole, originaire de la

tribu des Bni Iznassen (région de Berkane dans l’Oriental)

et d’une mère tétouanaise. Son oncle Abdelwahab Mzali est un

responsable du Parti de la réforme nationale de Abdelkhaleq

Torrès et son grand-père maternel, un fqih, avait appris l’hébreu à

Jérusalem, ville où il avait séjourné douze ans après un pèlerinage à

la Mecque. Le legs de ce grand-père, la fréquentation de militants

d’origine juive au Parti communiste marocain (PCM), et son amitié

avec certains professeurs en Bulgarie expliquent, affirme Mustapha

Iznasni, son intérêt pour l’histoire du judaïsme marocain, sa

détestation de tout soupçon de discrimination ou de racisme et

sa décision d’apprendre l’hébreu en autodidacte.



16 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse Iznasni par lui-même — 17

En 1945, la famille Iznasni déménage à Larache où Mustapha

est scolarisé dans une école française, mais la famille revient à

Tétouan où il obtient son certificat d’études primaires.

Pour poursuivre ses études secondaires, Mustapha est interne

au lycée Moulay Youssef à Rabat ; il rejoint un cercle d’études

marxistes animé par feu Abdelhadi Messouak, dirigeant du

PCM, en direction d’un groupe d’élèves. Durant les années

1953 à 1955, les apprentis militants écoutent entre autres radios

étrangères Radio Tirana qui diffuse une émission intitulée « la

radio de l’indépendance nationale et de la paix », animée en arabe

par un militant communiste marocain, Mohamed Farhat, qu’il

rencontera des années plus tard à Casablanca.

Iznasni adhère au PCM après son interdiction sous le

gouvernement Abdallah Ibrahim et intègre, sous la supervision

d’un militant communiste originaire de Fès, Jospeh Lévy, la cellule

de Rabat, dont il devient rapidement le premier secrétaire. Très vite,

il est désigné responsable de la zone du Gharb. Sous la direction

de Aziz Bellal, membre du bureau politique, en compagnie de

Abdelhadi Messouak et d’autres militants (Doukkali, Al Azzazi,

etc.), Mustapha Iznasni s’appuie pour militer dans le Gharb sur

« le camarade Mellouk », ouvrier agricole, l’un des premiers

adhérents du PCM dans les années 1940 dans la région de Sidi

Slimane. Parallèlement, Mustapha Iznasni écrit des articles dans

le journal du parti.

Pendant ses vacances, Iznasni constitue avec l’aide d’un

ouvrier, El Mribeh, la première cellule du PCM à Tétouan,

composée des militants Abdelmajid Riffi, Me Mohamed Al

Askamari et Lemrabet. Considérant l’importance de cette cellule

dans une zone alors sous occupation espagnole, Ali Yata s’en

occupe personnellement avec Mustapha Iznasni.

Mustapha Iznasni et Boubker Monkachi au journal

Maghreb information

Mustapha Iznansni et ses amis du PCM interdit ainsi que

tous les progressistes marocains et étrangers fréquent à Rabat la

librairie Le Livre, près de l’hôtel Balima, ouverte par Bachir El

Aouad. Ce dernier publie et distribue lui-même un journal Le

Bulletin de traduction et d’analyse, qui reprend des articles de la

presse marocaine.

La cellule de Rabat du PCM est en contact avec de nombreux

dirigeants des mouvements de libération, de passage ou séjournant

au Maroc dont Amilcar Cabral (Guinée-Bissau), Marcelino Dos

Santos, futur vice-président du Mozambique, Mario de Andrade,



18 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse Iznasni par lui-même — 19

poète et co-fondateur du Mouvement populaire de libération

de l’Angola (MPLA), Anicet Kashamura, plus tard ministre

de l’Information et des Affaires culturelles du gouvernement

Lumumba, etc.

Lauréat du concours général en 1959, Mustapha Iznasni

bénéficie d’un voyage à Paris avec trois autres jeunes marocains

où ils reçoivent leurs prix des mains du Général de Gaulle, et à

l’automne 1962, il obtient grâce à Ali Yata une bourse d’études

en Bulgarie. Comme tout étranger venant d’un pays considéré

comme « sous-développé », il est mis en quarantaine, avant de

commencer l’apprentissage du bulgare, dans une classe réservée

aux étudiants membres des partis communistes du monde.

Maîtrisant déjà l’arabe, le français, l’anglais et l’espagnol (qu’il

avait appris dans les rues de Tétouan), M. Iznasni devient vite

un assistant au professeur de bulgare. Par peur de représailles

à leur retour au pays et à l’exception des étudiants sénégalais

et kenyans, les étudiants communistes étrangers portent alors

tous des pseudonymes.

Durant ce séjour, il rencontre plusieurs dirigeants

communistes du monde dont notamment Luis Corvalan

secrétaire général du Parti communiste chilien, Santiago Carillo,

dirigeant historique du Parti communiste espagnol et Mikhaïl A.

Souslov, théoricien du Parti communiste de l’Union soviétique,

ainsi que plusieurs dirigeants communistes grecs.

M. Iznasni revient de Sofia en septembre 1965. Sa fille

Saoussen a alors un an. Accueilli par Abdesslam Bourquia, il

séjourne chez lui un mois et se met d’accord avec Ali Yata pour

devenir permanent du parti. Après un séjour fin octobre dans

le nord pour voir sa famille, Iznasni commence sa nouvelle vie

professionnelle au sein du PCM à Casablanca.

Il entame sa carrière de journaliste le 22 novembre 1965, sans

aucune expérience journalistique confirmée sinon les quelques

articles écrits à propos des paysans du Gharb avant son départ

en Bulgarie. Initié au métier de journaliste (ou devrait-on

plutôt dire aux divers métiers de la fabrication d’un journal)

par Omar Mohieddine et les ouvriers du livre, il est de 1965 à

1967 rédacteur en chef d’Al Kifah al Watani, l’hebdomadaire

du PCM.

Dans les faits, le comité de rédaction de l’hebdomadaire n’est

pas constitué de journalistes professionnels mais de dirigeants

du parti qui se spécialisent progressivement dans une rubrique

ou une problématique. Ainsi Abdesslam Bourquia traite des

questions agricoles et donne un papier satirique régulier, publié

toujours en première page et signé Abou Taalaba, tout en

collaborant à la revue Principes, animée par Abdallah Ayachi.

Fonctionnaire, Bourquia s’était découvert une passion pour

l’agriculture, lors d’un séjour dans la région de Tadla, où il avait

travaillé avant d’être nommé à Casablanca. Abdelmajid Douieb,

militant syndical, est quant à lui responsable de la rubrique

éducation et activités syndicales. Chouaïb Riffi et Abdallah

Ayachi écrivent régulièrement aussi tandis que Ali Yata écrit

bien évidemment l’éditorial de chaque numéro. Un francosyrien,

installé au Maroc (qui porte bien sûr un pseudonyme,

Soutine), tient la rubrique internationale consacrée souvent à

la question internationale de l’heure, le Vietnam.

Malgré l’interdiction du PCM, l’hebdomadaire est cependant

toléré et paraît régulièrement avec une rubrique littéraire riche

où de jeunes poètes publient leurs premières œuvres dont Driss

El Miliani, Anniba El Hamri, El Hannaoui, correcteur par

ailleurs travaillant dans le journal.



20 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse Iznasni par lui-même — 21

Membre du Comité central et du comité régional du parti,

Iznasni milite dans une cellule de l’ancienne médina, où il habite

d’ailleurs.

La cellule loue une école privée pour y donner des leçons de

lutte contre l’analphabétisme et organise aussi un cercle d’études,

abrité à tour de rôle dans les maisons des militants ; le cercle

est aussi ouvert aux membres de l’Union nationale des forces

populaires (UNFP).

La cellule de l’ancienne médina accorde un intérêt tout

particulier à la lecture. A cet effet, une bibliothèque, alimentée

par les militants, est créée et les ouvrages sont mis à la disposition

des membres du parti lors des réunions de cellule. Parmi les amis

de l’époque, il y a le journaliste Mohamed Farhat (l’ancien de

Radio Tirana, qui contribue à l’hebdomadaire et que Iznasni

considère comme son autre maître en journalisme), Chouaïb Riffi,

Abdelmajid Doueib, Mohamed Oubla Kawkji, Abdelouahed

Souhail et Mohamed Aniq (étudiants et amis inséparables) et

Abdallah Ayachi, ancien vendeur de chaussures, devenu à force

de travail un des dirigeants du parti.

Unis par une passion commune pour l’histoire du judaïsme

marocain et la culture espagnole, Iznasni et Simon Lévy rencontré

des années plus tôt à Rabat sont alors très proches.

Entretemps, Mustapha Iznasni divorce avec sa femme bulgare,

repartie à Sofia avec ses deux enfants Saoussen-Suzanne et Mohsen-

Georges. Il revient vers juin 1967 à Rabat, dans une atmosphère

marquée, dit-il, par une remise en cause profonde des manières de

penser et de militer, en raison de la défaite face à Israël, la montée

en puissance de la résistance palestinienne, les révoltes des jeunes

dans plusieurs pays et l’émergence du féminisme. Iznansi qui

fréquente les milieux palestiniens de Rabat songe à partir rejoindre

les résistants palestiniens, mais y renonce sur les conseils de plusieurs

amis dont Abdelkrim Ghellab.

Après une tentative vaine de travailler au ministère de

l’Information comme traducteur (on lui demande d’écrire une

lettre regrettant d’avoir milité au PCM, ce qu’il refuse de faire), il

rejoint Al Alam d’abord comme traducteur puis sur proposition de

Larbi Messari comme journaliste. Pour écrire sur des sujets délicats,

ce dernier invente un pseudonyme d’un journaliste inexistant,

Tayeb Salim, utilisé tour à tour par Messari, Iznasni et Abdeljabbar

Shimi. Le trio invente même une photo au journaliste. Les articles

satiriques de Tayeb Salim sont alors attendus et commentés.

Suite à une arrestation de Abdelkrim Ghellab et de Driss

Kaïtouni, directeur de L’Opinion, le quotidien en français de

l’Istiqlal (PI), Iznasni organise une grève des journalistes, qui

empêche le quotidien de paraître. C’est à cette époque aussi que le

supplément culturel d’Al Alam est créé et devient sous la supervision

de Abdeljjabar Shimi, un espace de référence où s’expriment à la

fois les jeunes talents émergents et des écrivains confirmés.

Alors que le PI s’apprête à passer de l’opposition au

gouvernement, Iznasni décide de quitter Al Alam et rejoint en

1970 la MAP, dont il connaît le fondateur Mehdi Bennouna depuis

1959 et le rédacteur en chef Abdeljalil Fenjiro. Deux années durant,

il y exerce la fonction de secrétaire de rédaction.

En 1971, l’occasion lui est donnée de revenir à Casablanca pour

rejoindre Maghreb information, Propriété conjointe de l’Union

marocaine du travail (UMT) et de Mohamed et Jacqueline Loghlam,

et dont cette dernière assure, sous le nom de plume de Zakya Daoud,

la rédaction en chef. L’équipe est alors constituée, notamment,

de Hassan Benaddi, Nourredine Saïl (qui crée une rubrique

cinéma), Jamal Eddine Naji, Mohamed Jibril, Boubker Monkachi,



22 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse Iznasni par lui-même — 23

Abdallah Lamrani, … Suite à la rupture entre les Loghlam et le

syndicat, qui devient l’unique propriétaire, Mustapha Iznasni est

nommé rédacteur en chef de l’hebdomadaire. Le 8 mars 1973, il

est enlevé par deux policiers en civil en bas du siège du journal,

devant témoins dont des cheminots syndicalistes de l’ONCF et

Mahjoub Ben Seddik, le secrétaire général de la centrale syndicale.

Les yeux bandés, il est emmené au commissariat central, interrogé

puis relâché. Suite à un désaccord avec Ben Seddik qui porte sur

son indépendance, dit-il, il quitte le journal.

C’est à cette période qu’il fait la connaissance d’André Azoulay

et qu’il décide d’apprendre l’hébreu. Ce qu’il fait tout seul, à l’aide

de manuels réalisés par Haïm Zafrani pour l’enseignement de

cette langue à l’Institut national des langues et cultures orientales

(INALCO) de Paris.

Disponible, Mustapha Iznasni est sollicité en 1975 par

son ami Mohamed Mahjoubi, ancien secrétaire d’Etat chargé

de l’information du gouvernement Ahmed Osman, nommé

Ambassadeur en Mauritanie pour occuper le poste d’attaché

culturel. Plus tard, Iznasni est nommé chargé d’affaires.

A son retour de Mauritanie, il travaille à l’Agence de

coopération maroco-mauritanienne de coopération (AMMCO)

dont le secrétaire général est Rafik Haddaoui puis rejoint Abdallah

Stouky qui dirige le groupe de presse Al Mithaq-Al Maghrib,

créé à la veille des élections de 1977. Mustapha Iznasni est dans

un premier temps conseiller à la direction, puis rédacteur en chef

d’Al Maghrib puis d’Al Maghrib et d’Al Mithaq en même temps.

Quelque temps après, C’est Mohamed Aujjar qui le remplace à

la tête du quotidien en arabe, Al Mithaq.

Avec ses complices Abdallah Stouky et Najib Refaif, Iznasni

veille sur les pages culturelles : c’est dans cette rubrique que

Mohamed Khair-Eddine qui les rejoint dès son retour de Paris

en 1979 publie en feuilleton Légende et vie d’Agoun’chich, publié

en livre en 1984. Iznasni, qui est alors membre du bureau du

Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) et de l’Union des

écrivains du Maroc, veille aussi à accueillir de jeunes journalistes

et stagiaires dont certains témoignent dans ce livre : Abdessamad

Bencherif, Ahmed Boughaba, Narjis Reghaye, Mustapha Tossa,

Abdenasser Bnouhachem et Mohamed Errahoui (sortis tout juste

de l’enfer de la disparition), …

Responsable des journaux du Rassemblement national des

indépendants (RNI), Mustapha Iznasni figure pourtant avec

Mohamed Aujjar (membre du RNI lui aussi) parmi l’équipe

qui prépare la création (le 10 décembre 1988) puis assure le

développement de l’Organisation marocaine des droits de

l’Homme (OMDH). Il n’est pas le seul, mais Mustapha Iznasni

fait incontestablement partie du noyau (quelques dizaines de

femmes et d’hommes) qui a inventé l’OMDH : une association

généraliste et pluraliste des droits de l’Homme, très active, ouverte

à toutes les victimes et au monde, crédible, ferme sur les principes

mais sans raideur. Dans un paysage associatif à la fois marqué par

la répression, le dogmatisme idéologique et le sectarisme partisan,

une telle démarche est inédite.

Iznasni va se consacrer à partir de cette date (1988) à la cause

des droits de l’Homme. Dans un premier temps, il se dirige tous

les jours vers le siège de l’OMDH pour y militer à partir de la

mi-journée, une fois son travail au journal achevé. Il est ainsi de

toutes les initiatives marquantes de l’OMDH, dernière née des

organisations marocaines des droits de l’Homme 1 : réception de

1. La Ligue marocaine des droits de l’Homme (LMDH) a été créée en 1972 et l’Association

marocaine des droits humains (AMDH) en 1979.



24 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse

toutes les victimes sans distinction, et notamment des rescapés de

la disparition forcée, rédaction des premiers rapports alternatifs

présentés aux organes des Nations unies, une nouveauté alors,

rédaction de rapports thématiques, actions communes avec les

autres acteurs de la société civile (et notamment la rédaction de

la charte nationale des droits de l’Homme au Maroc 2 ), etc.

Plus tard, l’expérience d’Al Maghrib terminée, il se consacre

à plein temps à l’OMDH, dans une période de fortes mutations

avec notamment la création du Conseil consultatif des droits

de l’Homme (CCDH) en 1990, où l’OMDH accepte de siéger

malgré ses réserves, amnisties successives des détenus d’opinion,

gouvernement d’alternance, …L’image du journaliste s’efface

alors progressivement derrière celle du militant des droits,

membre à partir de 2002 d’un CCDH réorganisé (il y passe

deux mandats), de l’IER entre 2004 et 2006, puis chargé du suivi

des recommandations de cette instance, notamment en matière

de réparations individuelles. C’est à ce titre et avec l’expérience

accumulée en matière de justice transitionnelle, dont il devient un

expert respecté, qu’il participe en Amérique latine, en Tunisie et

en Afrique subsaharienne, à nombre de colloques et séminaires.

Le 11 mai 2017, le décès de son épouse Zhor est pour lui

un cataclysme, que l’on peut imaginer à la lecture de ce court

message, rédigé par ses soins une année plus tard tout juste :

« Tous les maux de la terre, mais pas ton absence. Tu es partie et

avec toi tout désir, toute envie, tout espoir. Je t’aime aujourd’hui

comme hier. »

Résumé établi

par Driss El Yazami

2. Elaborée en partenariat avec la Ligue marocaine des droits de l’Homme (LMDH),

l’Association marocaine des droits humains (AMDH) et l’Association des barreaux du

Maroc (ABM).

Lettre ouverte

à Monsieur Parkinson

Mustapha Iznasni

Cher Monsieur Parkinson,

En m’adressant à vous sans avoir eu auparavant le plaisir

de vous connaître personnellement, et qui plus est par

lettre ouverte, je sais que je cours le risque de vous choquer,

mais permettez-moi de vous dire que pour ma part, je considère

qu’à l’instant où mon neurochirurgien m’a annoncé de manière

catégorique que c’est de vous que je suis malade, et que désormais

votre nom et le mien seront unis ad vitam, les présentations sont

devenues superflues.

Voilà, c’est arrivé, je ne l’ai ni souhaité, ni voulu ni même

imaginé, mais je suis tombé malade de vous, et ma vie s’en est

trouvée bouleversée. Depuis, il s’est établi entre nous deux une

proximité proche de la promiscuité. C’est comme si nous étions

vous et moi, en quelque sorte pacsés, et c’est de notoriété publique !

Un des problèmes auxquels je dois faire face maintenant tient au



26 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse Lettre ouverte à Monsieur Parkinson — 27

fait que cette relation est loin d’être discrète. Où que je sois, quoi

que fasse, chacun de mes gestes, du plus anodin au plus intime,

me trahit en criant votre nom.

Il y a quelque temps, dans un café à l’aéroport Roissy-Charles

de Gaulle, un couple de médecins cubains m’a interpelé alors que

j’essayais de calmer les vaguelettes qui s’agitaient dans la tasse de

café que je venais de me faire servir, tout en évaluant prudemment

la distance qu’il me restait à parcourir pour atteindre la table

libre la plus proche, en supputant en même temps les chances

d’y parvenir sans renverser le liquide.

- Parkinson.

- Iznasni.

- No compañero, Parkinson, somos médicos!

- Bueno si, Parkinson como ven ustedes, pero me llamo Iznasni

Cette rencontre fortuite fait que maintenant notre relation

est connue même dans les Caraïbes. Elle m’a permis aussi de

m’enquérir de la manière dont les Cubains vous traitent.

Vous constaterez que mon souci de prendre soin de vous est

constant, même lors de mes voyages à l’étranger.

Suis-je payé de retour ? Que nenni ! Et c’est bien pourquoi

je vous écris.

Ces produits dont vous êtes si friand ont sur moi des effets

qui pour être secondaires, n’en sont pas moins dévastateurs.

Passent encore l’insomnie et la somnolence, même la perte

de contrôle des impulsions et les comportements compulsifs qui

se traduisent en frénésie d’achats et de dépenses pour quelqu’un

dont les moyens sont limités, mais dites-moi s’il vous plaît, à quoi

riment cette augmentation de la libido et ces « matins triomphants »

selon l’expression de Victor Hugo si gênants pour une personne

de mon âge ?

la tête ?

N’auriez-vous pas quelque intention inavouable derrière

Le 19 avril 2018

Post-scriptum. : ne vous méprenez surtout pas sur le sens

du mot cher, Monsieur Parkinson

Mustapha Iznasni, Albert Sasson et le bâtonnier Raissouni,

alors membres tous les trois du CCDH



L’humaniste

Omar Azziman

Mustapha Iznasni Avec Abdelaziz Bennani et Omar Azziman

J’ai connu Mustapha Iznasni dans les années 80 du siècle passé.

Il était déjà le journaliste, connu et reconnu, à la compétence

avérée et au parcours riche et diversifié que l’histoire du

journalisme gardera de lui. Nos chemins se sont croisés au cours

de la gestation mouvementée de l’Organisation marocaine des

droits de l’Homme et au fil des années qui ont suivi sa création.

Depuis lors, nous ne nous sommes jamais perdu de vue

et nos parcours respectifs ont été jalonnés de rencontres et de

retrouvailles. Ce fut le cas quand j’étais ministre des Droits de

l’Hommes, puis quand j’étais en charge du ministère de la Justice

et, un peu plus tard, quand j’ai eu à présider aux destinées du

Conseil consultatif des droits de l’Homme juste après la première

réforme de ce dernier et particulièrement à l’occasion de la gestation

tourmentée de l’Instance Équité et Réconciliation (IER) et des

premiers pas de ce modèle marocain de justice transitionnelle

dont feu Mustapha Iznasni a été l’un des acteurs.

De toutes ces tranches de vie, je garde une multitude de

souvenirs fragmentés soudain massivement ravivés par son récent



30 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse

décès. Et si je devais choisir dans cette foule d’images en vrac, je

retiendrais celle d’un homme aux convictions profondes, défendues

d’une voix calme et douce ; d’un homme aux engagements sincères

portés avec élégance et bienveillance ; d’un homme au dévouement

exemplaire vécu avec discrétion et réserve. Je garderais aussi l’image

d’un polyglotte à la vaste culture, d’un passionné de lecture, d’un

esprit curieux porté par et sur la réflexion critique et imprégné

des valeurs universelles, en un mot d’un humaniste.

Décembre 2019

Un maître discret

Jamal Barraoui

Feu Iznasni recevant une délégation de journalistes arabes

en compagnie de Mohamed Aujjar, Bouchaib Eddebar et Najib Refaif

dans les locaux de Al Mithaq al Watani et Al Maghrib

Ma relation avec feu Iznasni est liée à ma famille. Il était

en contact avec mon frère aîné, Si Mohammed, mort

en 1971, parce qu’ils étaient tous les deux proches

de l’UMT. Ensuite, je l’ai mieux connu grâce à l’amitié entre

sa défunte épouse Zhor et ma sœur Badia. Ce n’est qu’après la

création du journal Al Maghrib, dont il dirigeait la rédaction que

nos contacts en tant que journalistes ont été établis. Mais en vérité,

il a toujours été pour moi d’abord un lien familial, une sorte de

grand-frère de substitution, parce que je n’ai jamais guéri de la

perte du mien.

Je suis étonné par l’amnésie des structures qui représentent la

presse. Mustapha Iznasni a fait partie de toutes les aventures qui

ont fondé l’histoire de la presse marocaine. Militant communiste,

il a travaillé à Al Kifah al Watani, ensuite celui-ci réprimé, il a

collaboré à Maghreb information, une expérience extraordinaire

sous les années de plomb, avortée par la censure.

Si Mustapha était un formateur. Tous les journalistes qui

étaient sous ses ordres, reconnaissent que son souci de transmettre,



32 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse

Un maître discret — 33

dans la pédagogie, avec la rigueur qui était la sienne mais dans le

respect des autres, était prégnant dans ses actions au quotidien.

Mais Mustapha Iznasni était aussi un cadre politique. Il parlait

plusieurs langues étrangères, le français, l’anglais, l’espagnol, mais

aussi le bulgare. Il ne maîtrisait pas seulement les langues, mais

aussi les cultures. Cette ouverture va le pousser à un choix cardinal.

Si Mustapha est un grand militant des droits de l’Homme.

Il a intégré l’Organisation marocaine des droits de l’Homme

dès sa création, alors qu’officiellement, il dirigeait un journal du

Rassemblement national des indépendants. Jusqu’à la fin de sa

vie, il a fait de cette cause une raison de vivre. Il n’était pas un

politicien, ne recherchait ni honneurs ni nominations, ne s’est

jamais présenté à la moindre élection, mais militait pour les droits

humains.

Sur le plan humain, les témoignages sont unanimes, il avait

le souci de s’occuper des autres, de soutenir ses connaissances

passant par une crise. Sa discrétion est proverbiale, mais ceux

qui l’ont connu savent que le Maroc a perdu un grand Monsieur.

Avec Me Mohamed Seddiki, membre durant les deux premiers mandats du CCDH

(au nom de l’OMDH)



Il marchait

sur le raisin sec…

Driss El Yazami

Avec Naïma Senhadji et Driss El Yazami

Cette tristesse et cette révolte mêlées que l’on voyait dans

ses yeux les dernières semaines avant son départ.

Tristesse de ne pas pouvoir travailler, comme à son

habitude, avec discrétion, sans tapage ni récrimination, remettant

chaque jour son ouvrage sur le métier, comme il l’avait fait

consciencieusement des décennies durant. Je garde en moi le

souvenir d’un week-end passé au siège du Conseil consultatif des

droits de l’Homme (CCDH) à corriger ensemble la traduction

vers le français du dernier communiqué de l’Instance équité et

réconciliation (IER) annonçant les conclusions principales de

son travail. Nous occupions le secrétariat de Driss Benzekri, qui

travaillait de son côté dans son bureau, alignant cafés et cigarettes

et essayant de trouver le mot juste. Mustapha Iznasni avait l’amour

de la langue, des langues, et la précision têtue de l’artisan. Et cette

modestie qui confinait à l’effacement.



36 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse Il marchait sur le raisin sec… — 37

Tristesse de ne plus revoir toutes les personnes auxquelles il

avait offert son amitié attentive, sans distinction de génération.

On a tous remarqué la présence à ses funérailles de ses jeunes

collègues du CCDH, de l’IER et du CNDH, affligés, orphelins de

sa générosité. Cet homme qui avait rencontré, rappelle-t-il dans un

témoignage, Souslov, idéologue entré au Parti communiste d’Union

soviétique en 1921, Carillo et Corvalan, respectivement secrétaires

généraux des Partis communistes espagnol et chilien, avait le don

d’être proche et fraternel auprès de toutes les générations.

Un de mes souvenirs : le voir partir déjeuner avec l’un ou

l’autre de ses jeunes amis, si fin, si élégant, s’arrêtant parfois sur

le perron du siège du CNDH pour tirer une cigarette de la poche

intérieure de sa veste et l’allumer en tremblotant légèrement,

fragile et souriant.

Ce révolté avait l’engagement silencieux mais intransigeant.

Il ne clamait pas ses indignations, mais les exprimait de loin en

loin, d’une phrase, d’un mot. Au début de l’IER, il m’a dit une

fois : il y avait deux sortes d’exilés, ceux de l’extérieur, vous, et

ceux de l’intérieur comme moi. Il avait en effet fait partie de

cette génération qui a du refréner ses colères et dissimuler ses

rêves. S’exprimer par périphrases, trouver une consolation dans

la lecture, le cinéma, la musique et la peinture qu’il pratiquait en

amateur. Il m’avait offert un portrait de Mandela puis, quelques

semaines avant sa disparition, un tableau de femme presque nue,

vue de dos. Osé diraient les prudes.

Nos chemins s’étaient croisés à Madrid en janvier 1995 lors

du congrès de la Fédération internationale des ligues des droits de

l’Homme ; je faisais partie de la délégation de la Ligue française et

lui de celle de l’Organisation marocaine des droits de l’Homme.

Je l’ai retrouvé presque dix ans plus tard, en 2004, à l’IER. Assidu,

fidèle au travail mais, comme à son habitude, réservé. Dans cette

communauté où la parole était reine, convoitée parfois, il était

là, attentif mais en retrait, ne parlant presque jamais en plénière,

encore moins que Driss Benzekri, qui parlait en réalité assez

peu. C’est dire. Cela ne l’empêchait pas d’être au bureau jour

après jour, disponible pour l’échange mais plutôt en binôme, très

rarement en assemblée.

C’est lors de ces discussions que je découvris progressivement

l’homme de culture et cette passion du lecteur qui l’habitait et qui

fondait, au moins autant que les valeurs partagées, la proximité

avec les ami-e-s qu’il se choisissait. Je crois en y pensant que sa

culture nourrissait sa révolte. Il n’y avait guère de doute à ses yeux,

il me semble, que la privation de la culture est une injustice aussi

flagrante et aussi intolérable que la violation des autres droits et

que le développement d’un pays et d’une société se mesure aussi

à l’aune de leur épanouissement culturel.

Le voilà donc parti à jamais sans avoir pu nous livrer son récit

définitif. Il avait bien donné un témoignage publié en feuilleton

en juin 2017 et en janvier 2018 en arabe par le quotidien Bayane

Al Yaoum et je lui avais proposé de le reprendre en livre au

CNDH. Il avait dans un premier temps décliné l’offre puis, face

à l’insistance d’Abderrazak Hanouchi et la mienne, dit vouloir

le relire et l’enrichir. Tombé malade, il m’avait dit, lorsque j’avais

relancé l’idée de travailler ensemble cette série pour la publier,

qu’il souhaitait plutôt en reprendre l’écriture à zéro. Nous en

étions restés à chercher une première date pour commencer

l’enregistrement. Et je me rends compte en relisant la série de

Bayane Al Yaoum que des pans entiers de ce parcours auraient

mérité d’être connus. Dont cette magnifique petite histoire qu’il

raconte dans cette série et qui explique, affirme-t-il, ce qu’il est



38 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse Il marchait sur le raisin sec… — 39

devenu, une leçon de vie léguée par sa mère, qu’elle avait ellemême

reçue de son père, un fqih, et d’un mendiant de passage.

Entendant un mendiant demander l’aumône à la porte, le

fqih envoya sa fille lui apporter de quoi manger, mais la petite fille

revint avec ce qu’on lui avait demandé de partager, disant que le

mendiant était juif. En colère contre sa fille, le fqih lui demanda

de courir rattraper le mendiant et de lui donner l’aumône qui

lui était destinée. La petite fille eut ce jour-là deux leçons. Du

mendiant qui lui dit que l’aumône était pour Dieu et non pour

le mendiant, même incroyant. Et de son père qui lui demanda

comment faisait-elle pour distinguer un juif d’un chrétien ou

d’un musulman : ils ont en commun les souffrances et la faim

et rien ne les distingue.

Voilà donc l’origine de cet attachement à l’égalité des humains

et de cette rectitude morale qui distinguaient Si Mustapha : le

legs d’un homme de religion d’alors, comme nous en avons tous

gardé le souvenir dans nos entourages respectifs, transmis de

génération en génération, une foi à la fois présente et discrète,

ouverte sans distinction à la douleur des hommes, communautaire

et personnelle, sans apprêts ni exhibition. Une des passerelles

vers l’universel partagé.

Les articles de ce livre en témoignent : chacun (e) d’entre

nous avait « son » Mustapha Iznasni, mais nous avions un en

partage : un humaniste qui marchait dans ses multiples vies

et amitiés, lettré, élégant et discret, un homme de bien auquel

s’applique sans aucun doute cette belle expression marocaine :

il marchait les pieds nus sur le raisin sec et il en sentait le goût

sucré.

Post-scriptum

Préparant avec Mahjoub El Haiba ce livre pour l’envoyer

à la maquette, je découvre l’histoire de cet orchestre constitué

autour de l’année 2017. Chaque vendredi, une fois leur semaine

de travail au CNDH achevée, Samir (guitare et guembri), Youssef

(luth), Khalid (percussions), Amina, Souad et feu Mustapha se

retrouvaient pour faire de la musique ensemble. Les musiciens

amateurs avaient fini par dénicher un studio qu’ils louaient au

quartier Hassan et Si Mustapha avait décidé d’apprendre à jouer

de la batterie. Chaque samedi matin, il retrouvait un professeur de

musique pour des leçons particulières, « malgré son ami Parkinson

qui lui retenait toujours la main » » dit Samir Gabli, son complice

dans cette aventure qui dura quelques mois.

Ce « salon de musique » constitué de ces jeunes gens et d’un

monsieur de plus de 70 ans illustre à merveille ce que fut le dessein

permanent de cet amoureux des communautés humaines.

A l’Instance équité et réconciliation (IER) avec feu Driss Benzekri



L’homme qui aimait

Samir Gabli

Avec un de ses petits-enfants

je te dis ! Comme ça tu n’auras pas à cuisiner

demain, mais tu me rendras ma boîte ! »

«Prends

Ce n’était pas ma mère cette fois-là, c’était mon

ami, notre ami, Mustapha Iznasni, alors qu’il me tendait un sac

avec une boîte qui contenait une part généreuse de paëlla, qu’il

avait préparée soigneusement, malgré la présence permanente

et agaçante de son ami Parkinson, à l’occasion d’un dîner entre

ami-e-s chez lui.

Je garde en moi ce souvenir qui illustre le Mustapha que j’ai

eu la chance d’avoir comme ami, comme tant d’autres d’ailleurs,

mais il serait injuste de ne le remémorer qu’avec des souvenirs ...

L’amitié avec Mustapha ne se mesure ni dans le temps, ni

dans l’espace... Il avait cette capacité de s’adapter et de mettre

à l’aise ses interlocuteurs, sans qu’ils ne ressentent la moindre

gêne ; il pouvait devenir l’ami de n’importe qui à l’instant même,

sans aucune distinction ... et toujours, avec amour.

L’amour était souvent présent dans nos discussions,

Mustapha disait toujours que l’humain a besoin d’aimer, qu’il



42 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse

L’homme qui aimait — 43

doit aimer quelqu’un ou quelque chose, qu’il doit aimer pour

donner un sens à la vie, afin de mieux l’apprécier, car la vie vaut

la peine d’être vécue, et c’est mieux si c’est en amoureux. Sa vie

à lui, plus que tout, c’était Zhor, sa bien-aimée, sa moitié.

Lalla Zhor... je me rappellerai toujours de la première fois

qu’il m’a présenté à elle, « 3amak m’a beaucoup parlé de toi »

m’a-t-elle lancé avec un regard plein de douceur. Nous avions

échangé un peu, après quoi elle demanda à Mustapha de me

préparer quelque chose à manger. J’avoue que j’étais un peu

gêné mais en même temps très ému par l’accueil et la chaleur

humaine ; j’avais compris qu’il ne fallait pas dire non, elle avait

déjà une petite santé. Mustapha avait préparé des soles avec une

sauce à base de tomates cerise. Au moment de dire au revoir, elle

me dit : « à présent nous sommes comme tes parents, et cette

maison est comme la tienne ».

Avoir connu Zhor m’a permis de connaître un autre

Mustapha, ou plutôt comment aimer sa femme. Je voyais

comment il prenait soin d’elle, comment ils se parlaient, se

marraient, et se foutaient du monde en lui souhaitant le bonheur...

Des fois, je les voyais de loin marcher pour faire un tour dans

le quartier, la main dans la main, le cœur dans le cœur, avec des

pas bien mesurés, comme deux notes qui marchent délicatement

sur un piano.

« Sans la musique, la vie serait une erreur, une besogne

éreintante, un exil. » disait Nietzsche. Mustapha aussi. Il aimait

écouter la musique et il avait des centaines de 33 et 45 tours,

des CD, des cassettes. Il aimait aussi jouer et nous avions même

fait de la musique ensemble avec des ami-e-s. D’ailleurs, il avait

décidé de suivre des cours de batterie, malgré son ami Parkinson

qui lui retenait toujours la main.

Après le décès tragique de Zhor, cette main si généreuse

et si coriace, s’est retrouvé seule face au froid de la solitude, à

caresser le petit Bingo, qui était la seule chose qui restait de la

défunte. Mustapha décida alors de transformer la noirceur de

sa tristesse et de sa colère en couleurs, et reprit la peinture en

commençant par le portrait de sa bien-aimée, et puis d’autres

suivirent, jusqu’à ce que la santé ne suive plus...

Il est parti rejoindre sa bien-aimée, et nous a laissé tous

orphelins, comme ses orchidées... Son héritage demeurera

inépuisable, car connaître Mustapha dans le quotidien est une

leçon que la vie offre, et le mieux que l’on puisse faire en sa

mémoire, est de transmettre comme on peut ses enseignements,

partager, accueillir, aimer, et faire à manger à ses ami-e-s.

A présent, j’ai encore ta boîte cher ami, mais tu es parti...

si jeune.

Avec des membres de sa famille



A Zhor et Mustapha

Samir Gabli

Avec Suzanne, sa fille et ses deux petits enfants

Il était beau à voir, ce couple de jeunes qui marchaient tout

doucement, discrètement, profitant de chaque seconde et de

chaque pas. Le sol muet leur disait merci, le pauvre, tellement

tracassé par les pas pressés des uns et les courses acharnées des

autres ...

Lui vêtu d’un polo de couleur oranger, d’un bluejean et

chaussé d’espadrilles. Elle, vêtue d’une chemise et d’un pantalon,

le tout en tissu léger blanc, une colombe et un phénix.

Leurs sourires illuminaient le paysage. On aurait dit deux

anges qui ne faisaient qu’un, rassurés, forts... Le temps pour eux

s’est arrêté et n’ose ni avancer ni reculer, car il se dit : la seconde

est une éternité pour l’amour, je ne peux m’y opposer ...

Les couleurs sont créées pour ces gens là, car les couleurs

aussi ont besoin d’être aimées et chéries ...

Je les ai vu s’éloigner partant vers le sens opposé au mien.

A les voir marcher de dos, avec la même cadence, main dans la

main, ils dégageaient une telle force qu’ils pouvaient déplacer les

montagnes et changer à eux seuls l’orientation de la terre.



46 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse

A Zhor et Mustapha — 47

Dans une ère où règne à chaque réveil l’angoisse de ne pouvoir

tenir la main de sa bien-aimée rien qu’une fois, pour toujours,

de ne pouvoir tenir la main de son bien aimé par peur que cette

même main ne soit tordue, ... Une ère où par la force des choses

le doute s’installe en l’absence de la foi ...

Parfois nous avons besoin d’attendre et de voir que des choses

se produisent, des signes, des miracles ...

Ce couple de jeunes maintenait sa flamme et faisait tout

pour qu’elle anime leur vie, et celle de ceux qui les voient et les

côtoient. Les voir, c’est comme voir un miracle, une prophétie,

un message à toute l’humanité, ... Ces jeunes gens avaient l’âge

de grands parents. Ils se tiennent la main et à les voir, on dirait

qu’ils sont de confession amoureuse, ...

Nous ne sommes que moitié, nous qui croyons être comblés

par les détails qui nous font courir nuit et jour. Si Dieu est amour,

qu’il en soit ainsi alors.

Nous sommes a l’amour et à lui nous revenons !

Samir

La réponse de Mustapha :

Waou! Merci mon cher Samir.

Nous n’avons jamais Zhor et moi reçu message plus affectueux.

Tu es une belle âme, un être humain magnifique.

Sois heureux, fiston.

Je t’aime.

Mustapha

Avec Zhor, son épouse



Cette bienveillance

et cette douce ironie

Julie Guillerot

M. Saâdeddine Othmani, Chef de gouvernement avec Mustapha Iznansni

et Badia Rayane, lauréats ex-aequo du Prix honorifique de la 16 e édition du Grand

prix de la presse, décembre 2018

Homme de cœur, homme de lettres, homme de principes.

Sourire doux et regard espiègle. L´inverse était

également vrai. D´une humilité sans égale. Ou égale à

l´ampleur de sa culture. Peu de personnes m´ont marqué autant

que vous, Si Iznasni.

Ecrire ces mots en français, sans basculer à l´espagnol, comme

nous avions l´habitude de le faire dans nos conversations, est tout

un défi. Vous le méritez, polyglotte comme vous l´étiez.

C´est mon parcours professionnel qui m´a permis de vous

rencontrer. En 2007, au cours d´un Fellowship sur la justice

transitionnelle à Rabat durant lequel vous êtes venu partager avec

mes étudiants votre expérience sur les réparations aux victimes.

Avec toute cette générosité qui vous caractérisait. Et puis de

2009 à 2011, alors que je vivais au Maroc et que j´ai pu travailler

auprès du Conseil consultatif aux droits de l´Homme et partager

nombre de réunions et conversations avec vous.



50 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse

Cette bienveillance et cette douce ironie — 51

Ce ne sont cependant pas les souvenirs professionnels qui

remontent à ma mémoire aujourd´hui. Mais tous ces moments

et échanges informels que j´ai eu la chance de partager avec vous.

Autour de nos combats communs mais également autour de

la littérature, la musique, la poésie et d´un monde qui évoluait

vers des extrémismes que vous abhorriez. Vous m´avez fait

découvrir un Maroc qui semblait lointain, un Maroc de tolérance

et d’harmonie, un Maroc pour lequel vous ne cessiez de lutter.

Le respect et l’admiration que je vous portais déjà, se sont

peu à peu transformés en une profonde affection.

Votre âme de rédacteur en chef vous gagnait dès qu´un texte

tombait entre vos mains. Comme cette fois où vous m´avez

corrigé un document, pour vous rendre compte quelques heures

plus tard que vous aviez vous-même commis une erreur et

prendre la peine de m´appeler pour vous en excuser. Preuve,

si besoin est, de votre humilité. Ou cette rencontre fortuite

dans les rues de la Médina alors que j´étais avec mon mari et

mon fils – vous êtes d´ailleurs un des rares à les avoir connus

et cela prendra une dimension toute particulière dans notre

relation – et qui s´est prolongé quelques heures dans un café

par une conversation aux accents espagnols. Vous avez eu, à

cette occasion, des attentions de grand-père protecteur pour

mon ¨chaval¨, preuve, si besoin est, de cette bienveillance que

vous transmettiez.

Je n´ai pas pu quitter le Maroc sans vous dire au revoir. Une

dernière rencontre dans votre bureau, un dernier dialogue sur

la poésie de Rimbaud, un dernier échange de livres.

Nous n´avons cessé par la suite de nous écrire, grâce aux

merveilles de la technologie et en fonction de nos réactivités

respectives à nos quotidiens.

Vous m´aviez surnommée affectueusement ¨mère courage¨

et vous suiviez avec un sincère intérêt les tournants artistiques

de ma vie. Votre connaissance des tribus nomades du Sud vous

faisait apprécier à leur juste valeur les rythmes trinaires de la

musique afro-péruvienne, preuve, si besoin est, de l´éclectisme

de votre culture.

Et puis votre compagne est partie. La flamme s´est éteinte.

Les affres de la vieillesse sont apparues comme par un mauvais

enchantement. Vous avez tiré votre révérence, petit à petit, sans

jamais perdre cependant cette élégance et cette douce ironie qui

vous rendait capable de plaisanter de tout, même de la maladie.

Peu de personnes m´ont marqué autant que vous, Si Iznasni.

Votre empreinte restera indélébile. En moi et, je crois pouvoir

m´avancer, en tout ceux dont vous avez croisé le chemin.

Décembre 2019

De gauche à droite : Mustapha Iznasni, Bouchaïb Eddebar et Mohamed Benaïssa,

alors directeur des journaux Al Mithaq et Al Maghrib



L’élégance

d’être faite homme

Ahmed Herzenni

Avec Ahmed Herzenni

J’ai connu Mustapha Iznasni, sans l’avoir encore rencontré,

après les événements de Casablanca de mars 1965. Il était

membre du Parti communiste marocain (PCM, clandestin)

et rédacteur en chef de son journal, Al Kifah al Watani. Moi,

j’étais interne au Lycée Mohammed V et, avec des camarades de

la Jeunesse progressiste marocaine (clandestine aussi), nous avions

décidé de nous ouvrir sur les partis, mouvements et groupes de

gauche de l’époque. Et c’est ainsi qu’à chaque parution du journal

du PCM, nous nous glissions le soir hors des murs du lycée pour

aller le distribuer en ville, en ce qui me concerne le plus souvent

devant Bab Marrakech.

Quelques années plus tard, nous nous sommes retrouvés à

Rabat. Nous fréquentions plus ou moins régulièrement les mêmes

cercles, notamment celui de l’ARC (Association de recherche

culturelle), où brillaient des intellectuels tels que Aziz Belal,

Abraham Serfaty, Abdellatif Laabi, … Mais ce qui a tissé entre



54 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse

L’élégance d’être faite homme — 55

nous une certaine complicité, c’est le fait de nous être découverts

un faible commun -et peu commun parmi la gent intellectuelle

d’alors- : je ne dirais pas une passion mais en tout cas un goût

certain … pour les films hindous. Si le cinéma Mauritania de

Legza pouvait encore en témoigner, il attesterait que nous n’avons

raté ni Notre Mère La Terre, ni Samgan, ni La Grande Ville, …

Puis nous nous sommes perdus de vue pendant plus de trente

ans. Lui a continué à faire du journalisme dans différents organes

et institutions, jusqu’à finir par « s’installer », après une parenthèse

diplomatique, comme directeur des journaux du parti politique Le

Rassemblement national des indépendants (Al Mithaq al Watani

et Al Maghrib). Certains lui ont reproché cette « dérive ». Injuste

procès ! D’abord il faut bien vivre et à l’époque il n’y avait pas

énormément d’offres meilleures. Ensuite il n’est même pas sûr

qu’il ait jamais réellement adhéré au parti concerné —bien que,

évidemment, l’eût-il fait que ce n’eût pas été un crime : c’eût été

simplement un acte d’exercice de sa liberté. Enfin, personne ne

peut nier qu’avec d’autres « naufragés », un Abdellah Stouky, un

Najib Refaïf et d’autres, Mustapha a réussi à faire de la presse

dont il avait la charge un refuge pour une denrée qui devenait

de plus en plus rare : la culture. Je ne manquerai pas non plus de

souligner le rôle formateur qu’il a joué dans cette période et que

fort heureusement lui reconnaissent aujourd’hui tant de plus

jeunes journalistes.

Vinrent les années d’ouverture politique. Co-fondateur de

l’Organisation marocaine des droits humains, et fort de tout

son passé, Mustapha fut tout naturellement nommé membre du

Conseil consultatif des droits de l’Homme, créé en 1990. A un

titre ou à un autre (en tant que membre ou en tant que responsable

administratif), il ne quitta plus cette institution, renommée en 2011

Conseil national des droits de l’Homme, jusqu’à sa mort. On sait

qu’il fut membre également de l’Instance équité et réconciliation.

Mustapha aima profondément cette période et s’efforça de

s’y réaliser aussi pleinement que possible. Il était ardemment

patriote et en tant que démocrate, tout en appréciant le débat,

chérissait l’entente, l’apaisement des tensions, la réconciliation

—toutes conditions pour que l’essentiel pût être entrepris : le

développement, l’éducation, le bien-être de tous. De l’avis de

tous les témoins, Mustapha s’acquittait de ses tâches avec un

dévouement exemplaire.

Chargé de l’étude et du suivi des dossiers d’indemnisation

des victimes de violations graves des droits de l’homme durant

« les années de plomb », il faisait preuve d’une patience et d’une

capacité d’écoute rares. Il recevait les victimes et leurs familles

d’une manière qui les dignifiait comme elles le méritaient, allant

parfois jusqu’à les raccompagner personnellement jusqu’à la

gare routière ou ferroviaire. Tout cela avec une courtoisie qui

est devenue proverbiale, surtout quand il avait en face de lui des

femmes, quelle que soit leur condition sociale. Il tenait en effet

par-dessus tout à honorer les femmes.

Mustapha a continué à s’occuper de ce qu’il restait des dossiers

d’indemnisation lorsque je suis arrivé au CCDH. J’ai constaté

les mêmes qualités à l’œuvre. Peut-être leur a-t-il ajouté une plus

grande célérité dans l’exécution des missions, car nous étions

pressés de « passer à autre chose » qui nous tenait également à cœur :

les droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux

des populations de notre pays.

Mustapha n’était pas seulement un responsable administratif

militant, il était aussi un compagnon des plus agréables. Une

conversation avec lui était toujours émaillée de références littéraires.



56 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse

L’élégance d’être faite homme — 57

Comme il était polyglotte, ces références renvoyaient à différentes

aires culturelles : l’arabe et la française bien sûr, la slave puisqu’il

avait étudié et fondé une famille en Bulgarie, l’américo-latine, …

Un signe qu’il avait bien pénétré « l’âme » de ces aires culturelles

est la connaissance qu’il avait de l’humour typique de chacune

d’elles. Il était un grand amateur d’anecdotes de toutes origines

devant l’Eternel.

Avec, et grâce à Mustapha, j’ai fait un des plus beaux voyages

de ma vie, celui qui nous a menés, en 2010, en Colombie, puis au

Pérou et en Argentine -et que j’ai continué seul au Chili. Sans sa

présence, j’aurais commencé à paniquer un petit peu et à aspirer

au retour dès le troisième jour. Il n’en fut rien parce qu’il était là,

nous expliquant le pays, son histoire, sa composition ethnique,

ses rapports avec ses voisins et avec l’étranger ; facilitant nos

contacts avec nos interlocuteurs grâce à sa maîtrise de la langue

espagnole et à son entregent ; et animant nos moments de détente.

A propos de moments de détente, il lui est arrivé de nous

fausser compagnie. Nous venions de découvrir à Buenos Aires

ce merveilleux temple de la lecture qu’est la librairie El Ateneo.

Deux ou trois fois il y retourna seul, sans prévenir.

C’est à Buenos Aires également que je réalisai que Mustapha

pouvait être sensible jusqu’à l’extrême fragilité. Nous y visitâmes

un jour deux sites historiques : une caserne où, sous la dictature,

vivaient en même temps des tortionnaires et des victimes (sans

doute pour que les dernières fussent constamment à la portée

des premiers) et que l’on était en train de transformer en centre

d’archives, puis le Mémorial des Martyrs, construit face à l’estuaire

du Rio de la Plata et surplombant l’endroit exact où selon de

nombreux témoignages des hélicoptères de l’armée étaient venus

à maintes reprises dans le passé jeter des offrandes humaines

aux vagues concurrentes de l’estuaire et de l’océan. A la fin de

la journée, Mustapha était comme électrocuté, il n’arrivait pas

à émettre un son. C’est là d’ailleurs que j’ai compris pourquoi

malgré sa vaste culture il écrivait si peu : ses émotions étaient trop

fortes, à peine toute son énergie suffisait-elle pour les contenir,

par pudeur.

Après que j’aie quitté le CCDH, avec trois autres amis nous

avons maintenu le contact. Nous déjeunions ensemble au moins

une fois par mois, toujours avec le même plaisir. Puis le rythme

s’est distendu : il commençait à subir des alertes de plus en plus

sérieuses. Puis son épouse est partie, dans les conditions que l’on

sait. Je le croisais de temps en temps sur Mahaj Ryad, près de son

lieu de travail. Il était toujours élégant, toujours souriant. Nous

faisions quelques pas ensemble, mais le sien, beaucoup plus que

le mien, était désormais vacillant. Durant les dernières semaines

de sa vie si bien remplie, je préférai ne pas lui rendre visite, me

contentant de prendre ses (tristes) nouvelles de loin.

Adieu l’ami !

A la librairie El Ateneo à Buenos Aires



« L’a mou r ,

c’est donner

ce qu’on n’a pas

à quelqu’un qui n’en

veut pas » 1

Fatima Zahra Mesgguid

Au domicile de Me Abdelaziz Bennani, février 2018,

avec de nombreux ami-e-s

Improbable. Le mot s’est imposé à moi comme une fulgurance

alors que je voyais défiler sur les réseaux sociaux et les

chaînes nationales tes photos agrémentées de furtifs détails

sur ton parcours. Journaliste, diplomate, militant et bien d’autres

qualificatifs qui sont venus rappeler ton passage sur terre.

Je ne dirai rien sur tout ceci. Pour moi tu as été un homme.

Plantée devant les écrans, quelques heures à peine après ton

départ, j’ai eu cette banale sensation de « déjà vu ». Quelques

années auparavant, fraîchement débarquée dans le monde du

travail, dans mes habits de jeune première, j’entendais parler de

toi. Les témoignages défilaient dans ma tête ainsi que le récit de

tes vertus aussi bien humaines que professionnelles.

1. f j. Lacan, Séminaire xii (1965).



60 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse

« L’amour, c’est donner ce qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas » — 61

Nos premiers contacts furent difficiles, instables. L’enfant

gauche en quête de reconnaissance que j’étais n’avait pas su gérer

le flot de tes impatientes exigences.

Improbable. Comme notre amitié.

Tes manies aux limites de l’obsessionnel, tes histoires répétées

jusqu’à l’épuisement, tes avis pressants et autoritaires. Tu étais

envahissant, décalé et tu le savais.

Debout, affublée de noir au milieu de cette foule frissonnante,

je repensais à nos discussions. Un peu de « gallows humor »

n’aurait pas été de trop ! On aurait ri de mon apparence, ri de

mes traits grossis par les larmes mêlées de pluie, ri de toute cette

boue qui rendait les démarches maladroites et hésitantes, ri de

l’embouteillage que ton « auguste personne » a engendré sur

ton dernier passage. On aurait ri de la belle vue à laquelle tu as

eu droit pour l’éternité en fumant une cigarette trop rapidement

tout en agaçant au passage la morale bien-pensante « pesante ou

baisante » comme tu aimais la qualifier.

Je ne te pleurerai plus. Inutile et éphémère. Je vis. J’avance.

Je me surprends à constater, chaque jour, les traces aussi infimes

puissent-elles être de toi sur la femme que je suis devenue. Alors de

ta carrière, aussi gargantuesque qu’elle ait pu être, aussi admirative

et hébétée que j’étais, je ne retiendrai rien. Trop de bagages. Les

grands hommes de l’Histoire s’effacent face à leurs actions, plus

glorieuses, plus complexes. Que serait Lincoln sans son manifeste

contre l’esclavage ? Que serait De Gaulle sans son discours de

libération de 1940 ? Que serait Frida Kahlo sans son accident

de bus et sa rencontre avec Diego Rivera ? On pourrait refaire

l’Histoire au conditionnel.

Un Iznasni sans tous ses apparats professionnels restera cet

homme. L’Homme qui écoute mais ne juge pas. L’Homme aux

milles passions contagieuses et blasphématoires. L’Homme qui

guérit. L’Homme qui provoque et qui brusque. L’Homme qui

décortique, qui déconstruit pour tout reconstruire. L’Homme

qui réconcilie les âmes et leur enveloppe, le corps et son image

par le biais d’un héritage en somme assez prévisible. Les mots.

A la vie à la mort. Ces mots arrachent par lambeau l’intérieur

de ma carcasse sanguinolente et graisseuse pour s’émanciper de

ton emprise. Rejetés par un corps embourbé dans ses convictions

intimes.

Sache-le. Je continuerai à faire des erreurs. Les mêmes pour

lesquelles tu as toujours levé les yeux vers un Ciel dont tu ne

faisais pas grand cas. Je continuerai à être hantée par ces démons

qui te sont si familiers. Je continuerai à chuter dans ce néant d’une

vie anarchique et désossée.

De la même manière avec laquelle je ne saurai me défaire de

toi, ne pense pas un instant pouvoir te défaire de ton fardeau.

« N’oublie pas la force des mots. Ils transcendent les

générations, les esprits et les vies pour peu qu’elles existent ».

Ta passion communicante a nourri la mienne affamée.

Ne l’oublie pas.

A toi, cet éternel « exilé de l’intérieur ».

Ta sauvageonne



Fragments de vie

Asmae Mouslim

1998. Vie de quartier. Rabat

Il y avait dans mon quartier un monsieur très élégant qui

promenait son chien tous les matins à la même heure : 6h30. Je

l’apercevais depuis mon balcon. Eté comme hiver, il était l’un

des rares voisins à être aussi matinal, et surtout il était le seul à

faire preuve de civisme. Il traversait toujours au passage piétons,

même si à cette heure-ci les rues étaient complètement désertes.

Etonnant, rare et précieux sous nos cieux ! Je ne le connaissais

pas mais je le croisais parfois chez l’épicier du coin ou au café ou

à la librairie de l’avenue Patrice Lumumba, toujours affable et

courtois. Il était souvent accompagné d’une dame dont il semblait

boire les paroles ... jusqu’au jour où l’immeuble s’écroula et que

sa vie s’effondra.

Février 2004. Instance équité et réconciliation.

Rabat

A mon arrivée à l’Instance Equité et Réconciliation, j’appris

très rapidement que l’usage ici était d’interpeller les uns et les



64 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse

Fragments de vie — 65

autres Oustad et Oustada. Exit les madame-monsieur par ici !

Quels que soient ton parcours et ta profession, enseignant ou pas

enseignant, avocat ou bâtonnier, tout le monde était un Maître,

un Oustad !

Cet abus de langage était devenu une déformation

professionnelle qui me faisait beaucoup sourire. D’autant plus que

certains avaient commencé à m’appeler moi-même « Oustada »…

Peut-être était-ce à cause de mes lunettes ? Heureusement, mon

prénom reprit très vite ses droits auprès de tous.

Néanmoins, parmi cette honorable assemblée de militants,

un seul m’avait affublée d’un surnom étrangement baroque …

« Mademoiselle Stakhanov ! ». Je l’écoutais ébaubie. C’est ainsi

que je découvris grâce à lui l’étendue de mon ignorance ; et ma

curiosité s’aiguisa bien sûr ! D’abord, qui était ce Stakhanov ?

Et puis, qui était ce monsieur si cultivé et si humble à la fois ? Le

hasard a fait que le voisin élégant qui sortait son chien chaque

matin était celui qui me surnomma « Miss Stakhanov » et m’offrit

l’opportunité de collaborer avec lui à l’IER, puis dans d’autres

institutions.

Je ne savais pas encore qu’il allait devenir mon ami et encore

moins, qu’il serait véritablement le plus grand oustad que j’ai eu

la chance de rencontrer dans mon existence.

Sans y avoir prétendu donc, il fut mon maître à son insu, et

je fus sa disciple, telle une Marguerite. J’ai appris tant de choses

à ses côtés : du savoir, du savoir-vivre, du savoir – être, du fairesavoir,

des langues, de l’écriture, de la littérature, des poèmes, de

l’histoire, de la géographie, mais aussi des valeurs, de l’engagement,

de la dignité, de la persévérance, de l’abnégation, de la sagesse,

de la passion, de la bonté, de la générosité, de la gratitude, du

respect, de la compassion, de l’empathie, de la modestie, et aussi

de la sensibilité, du raffinement, de l’élégance, de la subtilité,

de la discrétion, de la simplicité, et encore de l’humour et de

l’autodérision, et très certainement de l’affection, de la douceur,

de l’amitié, et bien plus de choses encore.

Les savoirs ancestraux se transmettent ainsi, de maître à élève,

d’une génération à l’autre, sans contrainte et sans prétention.

3 octobre 2019. 14h38. Casablanca

« Marhba bik Asmae, passe me voir quand tu veux, je suis à

la maison, tu es la bienvenue. Tu sais bien que j’ai une affection

particulière pour toi. Je te l’ai déjà dit, n’est-ce-pas ? Je me répète

mais, toi en particulier, je t’apprécie beaucoup ». Ce sont ses

derniers mots pour moi. Je n’ai pas pu lui faire la visite prévue et

je le regrette amèrement. La Faucheuse m’a devancée, elle m’a

prise de court. Il faut dire qu’il a tout fait pour la séduire, pour

l’attirer à lui et s’offrir à elle. Depuis le départ de Zhor, il a flirté

avec elle au point de n’attendre que ce moment de fusion ultime,

pour s’en aller rejoindre celle qui donnait du sens à sa vie. La

femme dont il buvait les paroles !

18 novembre 2019. 09h05. Fête de l’Indépendance.

Rabat

Le téléphone sonne à 09h05 du matin. Un ami m’appelle en

ce jour férié pour m’annoncer la triste nouvelle. Les souvenirs

se bousculent dans ma tête et le vertige me prends. Journée de

pluie et de larmes …

2 décembre 2019. Ksar Hannabou. Erfoud

Comment parler de Mustapha Iznasni au passé ? Comment

continuer sans mon Oustad ? Comment lui rendre hommage ? Sans



66 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse

prétentions ni fioritures ? Je pourrais dénombrer les qualificatifs

et multiplier les superlatifs ? J’ai choisi de lui dédier ce poème,

qu’il aurait lui-même pu écrire pour sa bien-aimée.

N’écris pas...

N’écris pas. Je suis triste, et je voudrais m’éteindre.

Les beaux étés sans toi, c’est la nuit sans flambeau.

J’ai refermé mes bras qui ne peuvent t’atteindre,

Et frapper à mon cœur, c’est frapper au tombeau.

N’écris pas !

N’écris pas. N’apprenons qu’à mourir à nous-mêmes.

Ne demande qu’à Dieu ... qu’à toi, si je t’aimais !

Au fond de ton absence écouter que tu m’aimes,

C’est entendre le ciel sans y monter jamais.

N’écris pas !

N’écris pas. Je te crains ; j’ai peur de ma mémoire ;

Elle a gardé ta voix qui m’appelle souvent.

Ne montre pas l’eau vive à qui ne peut la boire.

Une chère écriture est un portrait vivant.

N’écris pas !

N’écris pas ces doux mots que je n’ose plus lire :

Il semble que ta voix les répand sur mon cœur ;

Que je les vois brûler à travers ton sourire ;

Il semble qu’un baiser les empreint sur mon cœur.

N’écris pas !

Les Séparés, Marceline Desbordes-Valmore (1786 – 1859).

S’élever

av ec I z na sn i

Jamal Eddine Naji

Ses phrases commençaient toujours par « je crois ».

Il n’affirmait pas, il préférait prévenir d’abord d’où il

allait parler, à partir de quelle conviction personnelle,

qu’il n’entendait pas en faire un dogme à partager ou à imposer

comme vérité. Sa prise de parole, entre confrères ou entre

militants, comme entre amis, procédait sereinement d’une nature

démocratique. Ce qui explique pourquoi sa prise de parole,

rare et attendue, rapprochait les points de vue antagonistes,

apaisait l’atmosphère du débat, introduisait élégamment de

la sagesse dans les mots, leurs synonymes, leur ponctuation

même (en arabe, comme en français) quand ils devaient meubler

une décision collective, la prise de position d’un groupe, que

celui-ci soit une équipe rédactionnelle, une association militante

ou une formation partisane. Son agilité livresque entre plus de

sept langues (arabe, français, espagnol, anglais, bulgare, russe,

wolof, sans oublier Ar Rifia et Al Hassania), l’aidait en cela,



68 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse

S’élever avec Iznasni— 69

où cet art à lui me fascinait, m’élevait à mes propres yeux comme

compatriote de Si Mustapha, comme confrère au sein d’une

rédaction (au journal Maghreb Information où il était mon

rédacteur en chef), comme compagnon de lutte (à l’OMDH, ...).

Il a aidé plus d’un à s’élever. Son ultime élévation à lui, en ce 18

novembre de la Nation, me fait choir douloureusement. Une

douleur intraduisible.

De gauche à droite :

Feu Wassif Mansour, représentant à l’époque de l’OLP au Maroc, Mustapha Iznansi,

feu Mahmoud Darwich et la peintre Latifa Tijani, 1973

lui permettait de soupeser plus que quiconque le signifié du

mot, de passer facilement le relais d’une langue à une autre,

d’un dialecte à un autre, ...

Quand on avait la chance de profiter de son don de

traducteur/médiateur entre une langue et une autre, entre une

culture et une autre, entre l’œuvre d’un auteur et celle d’un

autre. Poète, à la mémoire débordante des plus belles poésies

de tous ces horizons, que de poètes rêveraient qu’il les traduise.

Nulle approximation dans le sens ou le choix d’un mot ou

d’une phrase n’échappait à son art de la plume qu’il pouvait

tremper aisément dans les encres des mémoires de différentes

langues et cultures. Comme j’aimerais revivre ces moments

Mustapha Iznansni et à sa droite Ahmed El Kohen Lamghili,

fondateur en 1977 du mensuel Al Asas



Au pas

d’homme libre… 1

Abdallah Najib Refaïf

plus de souvenirs que si j’avais mille ans », écrivait

Baudelaire lors d’un de ses trois célèbres « Spleen » dans

«J’ai

« Les Fleurs du mal ». On peut lire ce vers comme on

l’entend et tel qu’on a vécu sa vie. Riche et bien remplie, vide mais

pleine d’une « morne incuriosité », toute vie est un amoncellement

de jours qui passent, de rêves et d’illusions qui trépassent. Plus

tard, un temps doux-amer plein de mélancolie viendra en établir

le bilan et faire état de ce qu’on a- bien ou mal-vécu, cru, lu, vu

ou entendu. Ce trop plein de souvenirs accompagné de cette

sensation d’avoir vécu mille ans dont parle le poète, c’est le temps

de la mémoire. Il m’arrive, en rangeant mes souvenirs comme

on range sa chambre, de songer à ce que j’aurais mal vécu dans

ce passé que je remonte : un mauvais souvenir d’une période,

une tristesse mal surmontée, une rencontre ou une décision

qui m’aurait coûté peine ou souffrance. Il y en eut certes et un

Avec Steve Hughes, chef du bureau de l’agence Reuter pendant l’hommage

rendu à ce dernier par ses confrères marocains

1. Article publié le 7 février 2018 dans La Vie économique où l’auteur tient une chronique

hebdomadaire et qui a été repris dans le même journal après la disparition de feu Iznasni.



72 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse

Au pas d’homme libre… — 73

certain nombre, mais aucun souvenir saillant ne me vient à

l’esprit. Comme si le film était terminé et que plus aucun plan

ne pourrait être rajouté au montage. Voilà, c’est ça, c’est toi et

voici le film de ta vie, me chuchote la petite voix mélancolique

de la mémoire. Inutile alors d’insister, les jeux sont faits. Le « je »

est un autre que « moi » dans ce rembobinage des souvenirs qui

se ramassent à la pelle… Comme dans la chanson de Montand

née du poème de Prévert. Silencieux et fidèle, on continue, on

sourit toujours et on remercie la vie…

J’ai beaucoup remercié au cours de ma vie. Non par excès

de politesse mais par respect et reconnaissance. Je regrette que

cette courtoisie de l’esprit et du cœur ne soit pas la vertu la plus

partagée dans le métier que j’ai exercé. Comme cet autre poète

que j’aime à lire et à citer, René Char, moi aussi j’aime croire que

je viens d’un « pays » où l’on remercie. Mais ce pays, comme

De gauche à droite :

Abdallah Najib Refaif, Mustapha Iznansi et Bouchaïb Eddebar

nous a prévenus le poète dans l’épigraphe du poème « Qu’il

vive ! » (Les Matinaux.), n’est qu’un vœu de l’esprit. « Dans

mon pays, les tendres preuves du printemps et les oiseaux mal

habillés sont préférés aux buts lointains (…) / Il y a des feuilles,

beaucoup de feuilles sur les arbres de mon pays. Les branches

sont libres de n’avoir pas de fruits ».

C’est en pensant à un grand journaliste et collègue, un fin

esthète et satiriste pétri d’humour que j’ai évoqué ces vers de

René Char. Amateur passionné de poésie, c’est grâce à un petit

livre qu’il m’avait offert que j’avais découvert la poésie de Saint-

John Perse. Ce ne fut donc point un petit cadeau ! Il s’agit de

« Vents » suivi de « Chronique » dans l’édition de poche Poésie/

Gallimard de 1975. Mustapha Iznasni est un homme de qualité.

Un gentilhomme au sens où on l’entendait au XVIII e siècle en

Europe. Originaire du Nord du pays, il est « descendu » à Rabat

pour les études, bougé vers Casablanca avant de prolonger

sa formation à l’Université de Sofia en Bulgarie au temps du

communisme triomphant en Europe de l’Est. Revenu au pays,

il va s’engager dans la politique et notamment le « journalisme

d’opinion » ou de l’opposition (ce qui revenait au même dans les

années 60 et n’était pas en odeur de sainteté auprès du pouvoir

à l’époque). C’est au début des années 80 que je vais me lier

d’amitié avec cet homme d’excellente compagnie. Il sera mon

rédacteur en chef (alors que je dirigeais le service culturel) après

des changements survenus au sein de la société des journaux

que le parti éditait. Parfait bilingue, passant même avec aisance

à d’autres langues comme l’espagnol, le bulgare ou le russe,

Mustapha Iznasni sera nommé directeur des deux quotidiens

du parti. C’est alors qu’il me « désignera » rédacteur en chef du

quotidien Al Maghrib, plus par défaut, par amitié et affinités



74 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse

mutuelles que par envie ou ambition de ma part. Je fus alors, et

il respecta ma position, un rédacteur en chef au sens technique,

car je n’étais pas encarté politiquement et n’y songeais guère. De

ce temps passé ensemble à gérer les « choses du quotidien » et les

humeurs des journalistes, je garde le souvenir de beaucoup de

rires et de moult calembours (franco-arabe parfois et totalement

hermétiques pour nos collègues arabophones d’en face) que

l’on jetait comme des boules puantes au milieu des salles de

rédaction. Nous avons beaucoup ri, échangé nos lectures et j’ai

appris auprès de cet homme de la génération qui avait fondé

le journalisme marocain d’après-l’Indépendance le sens de la

rigueur dans l’écriture, l’importance et le poids des mots pour

dire quelques vérités et préserver certaines valeurs. Homme

juste, toujours il a chéri la liberté de penser et revendiqué le

droit de rire de tout afin de ne pas sombrer dans la sinistrose

ambiante ou de ne pas s’engager corps et âme dans la lutte des

places… Ainsi sommes-nous allés, chacun selon son destin,

sur ce chemin dont parle notre poète préféré Saint-John Perse

lorsqu’il dit : « Je m’en vais, ô mémoire ! à mon pas d’homme

libre, sans ordre, ni tribu ».

L’ hom m e qu i a i m a i t

les belles-lettres

Narjis Rerhaye

Mustapha Iznasni ne m’a jamais fait pleurer. Et ce 18

novembre 2019, il a fallu qu’il le fasse. C’était bien la

première fois. La dernière aussi, et à titre posthume

comme on dit lorsque les grands s’en vont à jamais.

Mustapha Iznasni ne m’a jamais fait pleurer. Par contre, il

m’a fait sourire. Ses bons mots, ses calembours, son humour

cinglant ont provoqué mes éclats de rire des années durant. Des

éclats de rire qui résonnent encore dans la tête.

Il ne m’a jamais fait pleurer. Non. Il m’a émerveillée,

impressionnée, subjuguée par sa culture, immense, vaste, sans

fin. Un homme qui aime les poèmes de René Char est forcément

un homme bien.

Il m’a épaulée, guidée, tendu la main. Il m’a beaucoup appris

surtout : le journalisme éthique, qui se fonde sur la vérité, la

vérification et la multiplication des sources ; la maîtrise de la

langue et, par-dessus tout, le respect des lecteurs.



76 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse

L’homme qui aimait les belles-lettres — 77

En août 1988, fraichement diplômée de l’Institut supérieur

de journalisme de Rabat (actuel ISIC), je débarque au journal

Al Maghrib où je venais d’être recrutée par Najib Refaif -ANR,

pour les accros de bonnes lectures- alors rédacteur en chef de ce

quotidien édité par le Rassemblement national des indépendants.

Mustapha Iznasni en était le directeur. Sans les dorures ni les signes

extérieurs de la fonction. J’allais apprendre à mieux connaître

l’humilité de cet homme. « Tu es la seule fille de l’équipe » m’a

annoncé Si Mustapha dès mon arrivée dans les locaux du journal,

une ancienne pension pour jeunes filles, sise avenue Prince Moulay

Abdallah, au-dessus d’un magasin d’instruments de musique

Le Clavecin. Ce n’était pas un avertissement. Ni une mise en

garde. Mais sa manière à lui de me signifier sa satisfaction de

voir la profession se conjuguer au féminin, même singulier, mais

féminin quand même. A mon arrivée, il ne m’a pas dit : « C’est

par ici le coin des femmes. Tu t’occuperas de galas de charité

et actions de bienfaisance ». Il m’a annoncé que je rejoignais la

rubrique culturelle du journal avant de me prévenir que j’y allais

tout apprendre tout en m’éclatant. Ô combien il a eu raison.

Ce furent mes plus belles années. Dans le bureau de Mustapha

Iznasni, je croisais des écrivains maudits, des poètes exaltés, des

peintres inspirés, des éditeurs passionnés, des cinéastes fougueux,

des hommes et des femmes de théâtre transportés : Choukri,

Driss El Khouri, Ouzry, Touria Jabrane, Leila Chaouni,

Abdelkader Retnani, Jaouad Bounouar, Kacimi, Bellamine, Latifa

Tijani, Ahmed Bouanani, Daoud Aoulad Syad et tant d’autres.

Mustapha Iznasni était plus dans la salle de rédaction enfumée

(c’était du temps où la cigarette et la machine à écrire étaient les

signes distinctifs de tout bon journaliste) que dans son bureau.

On sentait son arrivée le matin grâce à son parfum. Toujours rasé

de près, impeccable dans son costume cravate, il avait un mot

pour chacun. Un regard bienveillant. Une remarque sans avoir

l’air de la faire. Il incarnait cette fameuse urbanité tétouanaise

héritée de sa mère…

Dans un journal où les égos sont souvent la règle, il gérait

les conflits à sa manière, par le dialogue, l’échange, la persuasion.

C’est auprès de lui d’ailleurs que j’ai appris à canaliser mes colères,

mes indignations, mon impatience en les mettant en mots.

Si Mustapha n’était pas homme à mettre fin à une carrière.

Jamais. Au contraire, il en suscitait, et même des plus inattendues.

En 1990, il recrutait deux victimes de la disparition forcée,

Abdenaceur Bnouhachem et Errahawi, l’un en tant que journaliste

et l’autre pour prendre en charge les archives des deux journaux,

Al Maghrib et Al Mithaq al Watani. Ils revenaient à la vie après

avoir connu les ténèbres. Celui qui présidait aux destinées de

deux journaux partisans l’a fait naturellement, spontanément, sans

jamais en tirer gloire. Il l’a fait parce qu’il fallait le faire. Point.

Profondément humaniste et fin lettré, il vivait l’apprentissage

des langues comme un pont, une passerelle entre les peuples et

les civilisations. Mustapha Iznasni avait l’humilité des grands,

une humilité qui tendait parfois à l’effacement. Il me donnait à

relire ses chroniques rédigées toujours sur du papier blanc. Son

écriture était fine. Son stylo à encre ne le quittait jamais. Il me

demandait : « Alors, c’est bon ? ». Je n’ai jamais osé répondre à

la question de cet amoureux des belles-lettres et d’auteurs rares

qui avait lu des milliers de pages dans plusieurs langues.

Son bureau était toujours grand ouvert. A la fois confessionnal,

exutoire, espace de débat, le bureau de Mustapha était l’escale

nécessaire pour ceux qui cherchaient réconfort, conseil précieux,

idée de papier, angle d’attaque. Et quand le bouclage était enfin



78 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse

terminé et que les rotatives tournaient sous l’œil vigilant de Brahim,

le directeur de l’imprimerie, il en grillait une dans son bureau

avec quelques-uns d’entre nous et pouvait nous parler pendant

des heures de Milan Kundera. Un homme qui parle comme ça

de Kundera est forcément un homme bien.

Mustapha Iznasni est parti en ce jour froid et pluvieux du

18 novembre 2019. J’ai perdu un père spirituel, un mentor, un

modèle. Même si les poètes ne meurent jamais vraiment.

Mon ami,

mon camarade

Rabat, le 11 décembre 2019

Abdelouahed Souhail

Ahmed Osman, Mustapha Iznasni et à sa gauche Bouchaïb Eddebar à une réunion

au Rassemblement national des indépendants

Ma première rencontre avec Mustapha Iznasni a eu

lieu au début de l’été 1965. C’était au local qui servait

de siège au journal Al Kifah al Watani, rue Ledru

Rollin, une rue du centre ville de Casablanca, à quelque pas

du Théâtre municipal, de la caserne des pompiers et du cinéma

Le Triomphe. C’est Si Ali Yata qui me l’avait présenté à l’occasion

de la réunion hebdomadaire du comité de rédaction du journal

Al Kifah al Watani. Cet hebdomadaire en langue arabe avait pris

la suite du journal Al Moukafih interdit en même temps que

le Parti communiste marocain (PCM) en mai 1964. Mustapha

rentrait au pays après un séjour en Bulgarie où il avait fait des

études supérieures, suivies d’une formation politique. Mustapha

devait assurer sous la supervision de Si Ali la coordination de la

rédaction du journal. Malgré son jeune âge, il avait accumulé une

solide expérience militante. Ce jeune Tétouani, ancien élève du

lycée Moulay Youssef de Rabat où il a fait de brillantes études et



80 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse

Mon ami, mon camarade — 81

obtenu le baccalauréat, avait intégré les rangs du Parti à Rabat et

entamé une vie de militant dynamique, proche de dirigeants et

de militants chevronnés tels qu’El Hadi Messouak, Aziz Belal,

Joseph Levy, Abdelaziz Benzakour et tant d’autres militants

de Rabat et de la région du Gharb. Son parcours universitaire

et militant le prédestinait à remplir la mission qui lui avait été

confiée aux côtés du Secrétaire général du parti.

Mustapha Iznasni était un jeune homme jovial, d’un

abord aisé et se montrait très cordial, particulièrement avec

ses jeunes camarades que nous étions. Le comité de rédaction

du journal comprenait des militants de plusieurs générations :

Abdeslem Bourquia, Abdallah Layachi, Chouaib Riffi, Simon

Levy, Abdelmjid Douieb, Abdelaziz Khaldi, Mohamed Anik,

Mohamed Oubella Kaoukji, Omar Mohieddine et moi même. Le

journal recevait régulièrement des contributions de très nombreux

camarades et correspondants à travers le pays et de l’étranger.

Nous nous sommes très vite liés d’amitié et il était pour moi une

source qui étanchait une réelle soif de connaître, de comprendre

et de discuter. Son expérience politique et sa très vaste culture

nourrie par la maîtrise de plusieurs langues, ses innombrables

lectures et sa curiosité intellectuelle proverbiale constituaient

pour moi un apport inestimable.

Les circonstances qui ont prévalu lors de notre rencontre

étaient particulièrement difficiles et marquaient un tournant

pénible de la vie politique marocaine. Elles ont largement contribué

au raffermissement de nos liens de camaraderie et d’amitié. Le

Maroc du début des années 1960 vivait une période marquée par

la confrontation entre le pouvoir et les forces démocratiques. Un

cycle de répression, d’intimidations et de régression s’est installé

dans la vie politique, particulièrement au début du règne du jeune

Roi Hassan II en 1962. L’année 1965 fut particulièrement

représentative de cette épreuve de force. Les manifestations des

lycéens et des étudiants de Casablanca les 22 et 23 mars 1965 furent

réprimées dans le sang de centaines de victimes. Une violente

répression s’en est suivie sous forme de tabassage et d’arrestation

de dizaines de jeunes, essentiellement des élèves, des étudiants et

de certains professeurs de lycée dont nos camarades Simon Levy,

Amran El Maleh et Abdelkader El Mazini. La suite de l’année 1965

a connu son cortège d’événements donnant des signes en apparence

contradictoires. En quelques semaines, le Maroc a connu la

libération des prisonniers politiques essentiellement Ittihadis

poursuivis pour complot contre la monarchie, l’instauration de

l’Etat d’exception et par conséquent le gel de la vie parlementaire,

précédé et suivi de contacts entre le Palais et les dirigeants de

l’Union nationale des forces populaires (UNFP) en vue de la

constitution d’un gouvernement. Le Parti de l’Istiqlal et le PCM

interdit dénoncent la proclamation de l’état d’exception, alors que

l’UNEM et l’UNFP gardent le silence. Fin octobre, Mehdi Ben

Barka est enlevé à Paris et le général Oufkir et le colonel Dlimi

sont poursuivis par les autorités françaises. Cette atmosphère et ces

événements forgeaient notre conscience politique et raffermissaient

nos liens de militants et d’amis. Nos rencontres et nos échanges

avec Mustapha Iznasni et les autres camarades se nourrissaient de

cette actualité nationale et sociale. Nous avions conscience que de

nouvelles perspectives pouvaient s’ouvrir dans notre pays pour

plus de démocratie et de progrès, mais nous avions également

pris la mesure des dangers réels porteurs de régression. L’heure

était grave et triste, mais nous ne désespérions pas de l’avenir.

Mustapha Iznasni était doté de qualités humaines et

professionnelles qui le rendaient extrêmement proche, disponible,



82 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse

Mon ami, mon camarade — 83

attentif aux autres et particulièrement attachant. Patient, intelligent,

travailleur, disponible pour ses camarades, ses collègues et ses

amis, il savait trouver la manière pour tirer le meilleur de chaque

coéquipier au journal comme dans les organisations du parti.

Sa modestie, sa disponibilité et son dévouement étaient connus

et reconnus. Les occasions de partage de nos tâches militantes,

des épreuves de la répression et des intimidations, mais aussi

d’agréables moments de commémoration et de retrouvailles, nous

ont permis de tisser et de fortifier de solides liens de militantisme et

de fraternité avec nos camarades aînés et ceux de notre génération.

Ils nous ont permis de résister à l’adversité pendant cette période

pénible de l’histoire politique de notre pays. L’optimisme, la

détermination, le courage, la vigilance, l’humour, le rire et parfois

le fou-rire étaient nos principaux alliés !

Mustapha avait fait le choix, en arrivant à Casablanca pour

occuper un poste de responsabilité dans Al Kifah al Watani, de

militer dans une cellule de quartier du PCM interdit. C’était la

cellule de l’ancienne Médina. Ce choix n’était pas fortuit. En effet

ce quartier qui jouxte le port représente la matrice de Dar El Beida.

Il est chargé d’histoire. Il sera le berceau de ce qui deviendra la

grande métropole et constituera le lieu de naissance du mouvement

national, de la résistance du prolétariat et de leurs combats contre

la pénétration coloniale, pour l’Indépendance et les droits des

travailleurs. Quartier emblématique bombardé par la marine

de guerre française en août 1907 qui utilisa à cette occasion des

bombes incendiaires provoquant, selon les estimations, entre 1500

et 7000 morts. Cette terrible tuerie faisait suite au soulèvement

des tribus de la Chaouia contre les visées colonialistes. Berceau du

patriotisme et de la résistance, l’ancienne médina de Casablanca

a été également un creuset où se sont mélangés des Marocains de

toutes les régions pour constituer le noyau de ce qui deviendra

la grande métropole, capitale économique du Maroc. Mustapha

Iznasni rencontra des militants du parti, ouvriers, employés,

lycéens, étudiants, intellectuels et petits commerçants qui l’ont

adopté, heureux de recevoir parmi eux un cadre du parti, pétri

de qualités, modeste, disponible et fraternel. Les liens tissés avec

ses camarades à travers les réunions, les ventes militantes du

journal, les articles qui popularisent les luttes des travailleurs et

des citoyens, les inscriptions murales, les différents aspects de la

vie sociale des militants et de leurs familles, … Toutes ces facettes

de la vie militante et de la vie tout court révélaient un Mustapha

heureux et dans son élément, au milieu des siens, des camarades qui

l’ont adopté et avec lesquels il a créé des liens fraternels très forts.

Mustapha a également pris une part active à l’organisation

du parti à Casablanca. Membre du Bureau régional et membre du

Comité central, il devait, en plus de ses responsabilités au journal,

participer aux actions d’élargissement des rangs, de l’animation de

la vie politique interne et de la formation des cadres. Cette période

était particulièrement riche et dense dans la vie du parti. Privé

d’existence et d’activité légales, il devait poursuivre son activité avec

les précautions et les contraintes de la clandestinité et de ses avatars.

Le PCM interdit se devait d’assurer le combat pour le maintien

de son organisation, le développement du réseau de ses cellules et

de ses sections régionales, le suivi de l’action syndicale au milieu

des travailleurs et du monde étudiant et lycéen, la participation

au débat idéologique tant au plan national qu’international,

autrement dit assurer la contribution à l’analyse de la situation

au Maroc et dans le monde et de ses prises de positions relatives à

ces questions. Le Maroc et le monde connaissaient à cette époque

une confrontation de plus en plus dure entre deux visions du



84 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse

Mon ami, mon camarade — 85

monde. D’une part la vision émancipatrice qui voulait rompre

avec le colonialisme et la domination impérialiste, qui aspirait à

construire un monde nouveau pour les peuples nouvellement

libérés et ceux qui restaient sous domination. Et d’autre part, la

vision rétrograde, conduite par les puissances impérialistes, qui

voulait instaurer un ordre néo-colonialiste pour préserver ses

intérêts stratégiques, économiques et politiques. Dans les faits,

dès 1965, les prémices d’une régression et d’un bouleversement

des rapports de forces entre les deux camps firent leur apparition :

coup d’état en Algérie et renversement de Ahmed Ben Bella

(19 Juin 1965), engagement des USA dans la guerre terrestre au

Sud Vietnam (7 mars 1965), seconde occupation de la République

dominicaine par les USA (28 avril 1965), deuxième guerre indopakistanaise

à propos du Cachemire (16 août), mouvement

réactionnaire dit du 30 septembre 1965 en Indonésie qui neutralise

le président Soekarno leader de l’indépendance et déclenche une

répression massive et un réel massacre contre Le Parti communiste

indonésien… C’est également l’année où le Che Guevara effectue

sa tournée africaine, où la guerre se poursuit au Congo et où on

prépare la Tricontinentale.

Ces évolutions de la situation marocaine et internationale

que nous essayons en tant que jeunes militants de scruter et de

comprendre, nous offraient des occasions de débats sans fin, qui

commençaient dans les réunions ou de manière tout à fait fortuite

et se prolongeaient pour reprendre de nouveau. Sans oublier les

controverses au sein du mouvement communiste international : les

différents sino - soviétique, la problématique de la voie nationale

vers le socialisme, le socialisme autogestionnaire, la Révolution

culturelle prolétarienne… qui tout en étant présents dans nos

réflexions de militants et nos échanges, n’ont jamais constitué un

sujet de discorde interne. Le Parti avait comme ligne de conduite

de décider de sa ligne politique en toute indépendance. Le PCM

a constamment refusé de s’aligner sur telle ou telle position

d’un parti déterminé du mouvement communiste international.

Mustapha Iznasni, pourvu d’une culture politique solide, prenait

part à nos débats tout en faisant preuve d’une très sage retenue et

d’une grande modestie. Sa culture politique, servie par sa maîtrise

de plusieurs langues étrangères, lui servait de paravent contre

l’enthousiasme excessif de certains de ses camarades. Sa loyauté

et sa fidélité à son parti étaient sans faille. Il a pris une part active

à l’évolution de notre réflexion collective et de la presse du parti,

consacrant son énergie, son talent et ses qualités humaines et

professionnelles à la réalisation de notre projet politique d’alors,

la création du Parti de la libération et du socialisme (PLS) à l’issue

de la tenue dans la clandestinité du congrès du parti en 1966 et

dont il fut membre du Comité central.

La vie politique aussi bien nationale qu’internationale restait

marquée par une exacerbation des conflits et des confrontations

entre les deux blocs Est-Ouest, et également au sein de chaque

bloc dans un environnement dit « de guerre froide » et de

conflits périphériques. Ce contexte rendait l’espoir d’une victoire

des forces de progrès et anti-impérialistes lointain en dépit

de l’optimisme révolutionnaire incarné par la lutte héroïque

du peuple vietnamien et des autres peuples d’Indochine et

d’Afrique. La lutte du peuple palestinien nourrissait tous nos

espoirs. Nous croyions la libération de la Palestine proche. C’est

dans l’enthousiasme généralisé dans le monde arabe que nous

suivions les événements qui ont précédé l’agression israélienne

contre l’Egypte de Nasser, La Syrie baasiste, et le reste de la

Palestine sous l’autorité du Royaume hachémite. Ce fut une



86 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse

Mon ami, mon camarade — 87

véritable débâcle vécue comme une tragédie historique. Un réel

traumatisme.

Mustapha Iznasni a été particulièrement affecté par la défaite

de Juin 1967 lors de la guerre des six jours au cours de laquelle

Israël occupa la Cisjordanie, le Golan syrien, le Sinaï et le Canal

de Suez. Il a connu une réelle dépression qui l’a éloigné pour

plusieurs semaines de son travail au journal et de ses activités

partisanes. Dans la culture et l’esprit des dirigeants du parti de

l’époque, cette « longue absence » a été très sévèrement jugée et

malheureusement rien n’a été tenté dans le sens de la reprise des

activités de journaliste de Mustapha Iznasni. Cet épisode fut

particulièrement douloureux pour lui ; il fut particulièrement

affecté et a dû poursuivre sa carrière de journaliste de talent

dans différents supports avec professionnalisme et probité. Les

relations amicales, humaines et de respect de Mustapha avec ses

camarades se sont poursuivies et même consolidées malgré les

divergences dans nos différents parcours de vie. Pour ma part,

j’ai gardé et je garderai toujours pour Si Mustapha Iznasni une

grande considération et une fraternelle affection.

Aujourd’hui, alors que Mustapha a quitté notre monde, je

suis profondément convaincu qu’il est resté toujours fidèle à ses

convictions, aux idéaux qui ont forgé sa jeunesse, son engagement,

ses combats, son parcours de démocrate, de patriote et d’homme

qui porte des valeurs de justice et de solidarité. Il restera un

militant des droits de l’Homme, un défenseur de la liberté, de la

presse nationale, un intellectuel amoureux de la vie, de son pays,

un Marocain authentique et fraternel. IL restera mon camarade

et mon très cher ami.



Une âme

s’est envolée,

l’autre est en peine

Merouane Touali

Avec Mohammed Suma responsable du programme

du Centre international de justice transitionnelle (ICTJ)

en Côte d’Ivoire

Ce fût la première chose qui m’a interpellée chez cet homme

d’une élégance inégalée tant au niveau de l’apparence

vestimentaire, qu’au niveau de la langue : Son origine ! Né

pourtant dans le nord du Maroc, son nom de famille m’intriguait,

jusqu’au jour où il m’a confirmé qu’on venait de la même région,

de la même ville, Berkane.

Telle cette petite chaîne de montagnes, les Béni Znassen,

qui surplombe la ville de Berkane, son nom de famille sifflait

toujours joyeusement dans mon oreille, tout comme le parfum

de son baume matinal qui caressait mes narines dès mon arrivée

chaque jour au bureau aux premières heures. Nous étions deux

à se retrouver, souvent, au rez-de-chaussée du Conseil national

des droits de l’Homme, seuls avant l’arrivée des collègues…

des bribes de temps qu’on partageait avec joie chaque matin,

avant qu’il ne parte prendre son café. Un rituel auquel il tenait,



90 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse

Une âme s’est envolée, l’autre est en peine — 91

et auquel j’ai le regret de n’avoir jamais pris part, non qu’il

ne m’y a jamais invité, mais par peur de l’encombrer de ma

présence... Quelques instants nous suffisaient pour échanger

sur l’actualité, sur les projets en cours, sur labled, l’international

et tant d’autres choses.

J’ai eu l’occasion de connaître Si Mustapha lors des travaux

de l’Instance équité et réconciliation, en 2005, … A ma question

s’il était d’origine de Berkane, ses yeux m’ont souri et il m’a

répondu avec une voix interrogatrice d’où je pensais que son

nom de famille venait ?

Depuis lors, j’ai appris à connaître l’homme, le militant, le

journaliste, l’humaniste, le polyglotte, … J’étais fasciné par sa

maîtrise de tant de langues : le russe, le bulgare, l’espagnol, entre

autres. Fasciné aussi par son savoir, sa sagesse et sa connaissance

des subtilités des sujets de la sphère des droits de l’Homme,

notamment en ce qui concerne la justice transitionnelle, sujet

dans lequel il excellait tout particulièrement. J’ai eu le plaisir

de travailler avec lui, surtout d’apprendre beaucoup de lui, …

Ce fût toujours le dernier rempart contre la bêtise de style

dans la rédaction des textes, contre la calomnie des traductions

approximatives, notamment de et vers le français et l’espagnol.

Un amoureux des mots, et un protecteur infatigable de la belle

langue et de la broderie des formes de style propres à lui.

Nous avions cependant un point de discorde profond

entre nous deux : les blagues sur les habitants de Berkane

l’insupportaient, alors qu’elles m’amusaient (et m’amusent)

toujours. Il lui arrivait même de s’emporter en entendant une

blague sur les gens de sa ville d’origine, … Une ville dont il

prenait des nouvelles régulièrement, une région qu’il chérissait

particulièrement. A chaque séjour sur place, je m’empressais de

lui faire part des nouvelles de notre bled à nous, des légumes et

agrumes sur les étalages, de l’extension de la ville, le folklore

local et des prouesses de l’équipe de foot.

Je garde un net souvenir de la tristesse de l’homme lors de

l’accident subi par sa défunte Zhor… Le souvenir de son visage

décomposé suite à l’appel lui annonçant la triste nouvelle de

l’effondrement d’une partie de sa demeure me reste indélébile,

alors que nous étions en réunion dans le cadre d’une commission

de travail. Ce fût un après-midi du mois de mars 2017, depuis

ce jour-là les éléments se sont acharnés contre cet homme,

pourtant si gentil, si humble, si altruiste, si humain. Un homme

déjà affecté quelques mois auparavant par le décès d’un autre

être qui lui était cher, Alina. Cet homme allait subir le voile de la

tristesse, du chagrin et de la mélancolie après la disparition de sa

douce Zhor au printemps 2017, après 47 ans de vie commune…

L’une de ses phrases me restera gravée à jamais : « Une âme s’est

envolée... l’autre est en peine ».

Je me rappelle de ce soir de décembre 2018, quand il a reçu

le grand prix national de la presse dans un grand hôtel de Rabat.

Avec un ami et collègue, nous tenions à le féliciter sur place, à

quasi le forcer à prendre une photo avec lui. Il a accepté avec

bonté, mais on lisait amplement sur ses traits un mélange de

satisfaction, de regrets, de fierté, d’humilité et de timidité sans

failles. Il était fier de cette reconnaissance, même tardive … Il

avait certainement un profond regret de ne pas pouvoir partager

ce « trophée » avec sa bien-aimée en rentrant, seul, chez lui (dont

il m’avait confié un matin que ce n’était pas tellement son vrai

chez lui... Effondré il y’a quelques mois, emportant avec lui

son amour à lui) … Il avait sa façon à lui de rester humble, et

timide face à l’avalanche de félicitations qu’il recevait.



92 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse

Je me rappelle, avec beaucoup de tendresse, le jour où j’ai

découvert son texte, poignant et plein de courage, adressé à

ce « Cher Monsieur Parkinson » en avril 2018. Rares sont les

personnes qui affrontent avec une telle fermeté une maladie aussi

ingrate. Une lettre ouverte pleine de philosophie, de bon sens et

de résignation.

Depuis lors, les occasions de se revoir sont devenues de

plus en plus rares, et je garde une amertume sans nom quand je

pense que j’ai failli et que je n’ai pas pu lui rendre visite après son

accident cérébral qui l’avait forcé à rester alité… Je m’en veux

terriblement de ne pas m’être rendu à son chevet. Naïvement, j’ai

dû croire que j’aurais l’occasion de le revoir… J’ai eu tort. Mais

comme il le disait avec force : « L’histoire continue autrement.

C’est l’amour, non la mort, qui aura le dernier mot ».

Si Mustapha me manquera, comme à tant d’autres. Il fait

partie de cette fournée de personnes dont un pays peut être

fier, très fier. Intègre toute sa vie, soucieux du respect des droits

fondamentaux, assoiffé de savoir, amoureux de la littérature et

féru de poésie.

Adieu Si Mustapha …

Elégant

en toutes choses

Fahd Yata

Mustapha Iznasni, notre cher ami et éminent collègue,

nous a quittés, au terme d’une vie riche qui s’est

exprimée en plusieurs domaines fondamentaux.

Et c’est justement cette richesse d’un homme qui a marqué de

son empreinte les diverses activités qui ont meublé sa vie qui rend

quelque peu difficile l’exercice d’évocation de son parcours, de

ses qualités, de sa personnalité.

Il n’est pas question ici de se livrer à l’hagiographie ou l’éloge

funèbre, mais de transcrire, de façon personnelle et forcément

subjective, les sentiments, les émotions et les souvenirs que Si

Mustapha évoque en moi, à quelques temps de son rappel à Dieu.

J’ai eu l’heur de connaître Si Mustapha à l’aube de ma carrière

de journaliste, lorsque je faisais mes premières armes à Al Bayane,

aux côtés de mon défunt frère Nadir et sous la férule diligente

de mon regretté père, Ali Yata, paix à leurs âmes, au tout début

donc des années 80 du siècle dernier.

Mohamed el Gahs, Mustapha Iznasni

et feu Nadir Yata.

Mustapha Iznasni avec feu Ali Yata



94 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse

Elégant en toutes choses — 95

Si Mustapha, à l’époque, faisait déjà figure d’ancien non

tant par l’âge que par son expérience journalistique et ses

responsabilités au sein de la rédaction d’Al Maghrib, flag ship

médiatique du Rassemblement national des indépendants (RNI).

C’est au cours de maintes couvertures d’évènements

nationaux et de plusieurs voyages de presse à l’étranger,

notamment ceux dédiés à la médiatisation de notre cause sacrée

d’unité nationale et de défense de notre intégrité territoriale, que

Si Mustapha devint un ami cher, un exemple et une référence

pour moi.

Il m’accordait, en ces occasions, une attention réelle, teintée

de cette affection pudique qu’un être élégant en toutes choses

exprime sobrement.

Et c’est au fur et à mesure de ce parcours commun, fort

même s’il était épisodique, que notre relation se constitua.

Durant nos discussions qui évoquaient souvent la

conjoncture politique et sociale, je perçus avec clarté ce qui

a constitué tout au long l’essence même de sa personnalité,

son attachement aux valeurs et principes de justice sociale, de

démocratie participative, de justice, de respect de l’Homme

et de ses droits fondamentaux, qui tous sont constitutifs de la

magnifique idée de progrès.

Si Mustapha n’était pas un hâbleur, une forte tête, un

propagandiste ou un activiste échevelé.

C’était un homme que sa formation et ses premières armes

dans le journalisme militant, en tant que membre du Parti

communiste marocain (PCM), mais surtout que collaborateur

efficace aux côtés d’Ali Yata en tant que rédacteur en chef

du journal semi-clandestin Al Kifah al Watani, organe d’un

PCM officiellement interdit, avaient profondément marqués,

parce qu’elles avaient valeur d’expérience aussi singulière que

courageuse.

Si Mustapha, qui était la modestie et la simplicité incarnées,

évoquait avec retenue cette période de sa vie dans nos discussions,

rappelant ses études à Sofia, capitale d’une Bulgarie sous l’emprise

de l’Union soviétique, omettant avec pudeur, sans doute, ce

qu’on disait dans les allées du « Parti », qu’il avait également

suivi les cours de « l’école des cadres du Parti communiste » à

Moscou.

Je tiens cette information pour vraie, m’appuyant sur ma

seule mémoire et les propos de mon défunt père, et rares sont

ceux qui, aujourd’hui, pourraient la confirmer ou l’infirmer.

Si Mustapha m’accordait une attention et une amitié

bienveillantes, évoquant pour moi les différents trajets

professionnels qu’il avait suivis avant de prendre les rênes d’Al

Mithaq al Watani et Al Maghrib.

Au sein de l’agence MAP tout d’abord où il avait acquis la

nécessité de la rigueur journalistique, puis en tant que diplomate à

la représentation du Maroc en Mauritanie, à une époque cruciale

pour notre pays (1975), ce qui lui avait donné la mesure des

enjeux politiques, géopolitiques, diplomatiques qui caractérisait

l’action du Royaume durant la décennie 70, avant d’exercer

son métier de journaliste, non en tant que militant, mais de

professionnel à la tête des rédactions, puis des publications de

la presse RNI.

Il avait, dans le cadre de ses fonctions, sous son autorité

bienveillante, une équipe de jeunes journalistes dont certains

sont devenus depuis des figures de notre Landerneau, plaçant à

des postes de responsabilité rédactionnelle des plumes comme

Narjiss Reghaye, Jamal Eddine Naji ou encore Najib Refaïf.



96 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse

Elégant en toutes chose — 97

Et d’ailleurs, sous sa conduite, les titres partisans qu’il

dirigeait, avaient su se départir pour une bonne part de l’épaisse

langue de bois qui caractérisait la plupart des journaux de la

place, la presse indépendante n’existant pas à l’époque.

Lecteur assidu de ces journaux moi-même en ce milieu des

années 80, rédacteur éditorialiste d’Al Bayane, j’appréciais non pas

seulement la liberté de ton, relative chez nous tous à l’époque, mais

l’exhaustivité et la richesse d’une ligne éditoriale qui s’exprimait

le plus souvent dans les articles culturels et de société.

Lorsque nous échangions, je percevais que la simplicité,

l’humilité, la vaste culture, l’esprit de tolérance, l’attachement aux

principes démocratiques (dans toute leur amplitude), faisaient de

Si Mustapha, un être hors du commun, dont la seule ambition

était de servir son pays dans la perspective du progrès, du respect

des droits de l’Homme, de la justice sociale là où il se trouvait.

Et son parcours ultérieur, en tant que fondateur de l’OMDH

alors que les années de plomb n’étaient pas vraiment derrière

nous, puis comme membre du Conseil consultatif des droits

de l’Homme, confirmèrent amplement toute l’admiration et le

respect profond que j’ai pu lui porter, du premier jour de nos

rencontres à la date de sa mort.

Car je me suis toujours considéré comme un compagnon

de route de Si Mustapha, non dans son acception militante, mais

parce que je le voyais, malgré l’espacement de nos rencontres au

cours des dernières années, en tant que mentor, exemple et figure.

Et c’est ainsi que je le percevrais pour le restant de mes jours.

Fac-similé du journal Al Kifah al Watani



Never seeking

the limelight

Hanny Megally

Dear Mustapha

It is with great regret that I am writing this letter to

you. I had hoped to see you in Rabat on my next

visit in 2020, and to benefit from your insights, not just on the

transitional justice journey of Morocco, about which few could

match your knowledge and your eloquence, but also related

to developments around the globe. You certainly kept up to

date from Colombia to Sri Lanka and Myanmar. This was not

just curiosity as to how they were faring. You were genuinely

interested in understanding the challenges they were facing and

thinking about how these could be overcome. You were certainly

also not a mere observer as you were often called upon to come

and share your deep experience and help in brainstorming to

find innovative solutions to seemingly irresolvable challenges.

Saying this, reminds me of our discussion in Rabat early in

the formation of the Instance Equité et Réconciliation when you



100 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse

Never seeking the limelight — 101

asked why is the International Center for Transitional Justice

willing to invest so much of its time and resources in assisting the

transitional justice process in Morocco. I had said that first and

foremost we wanted to provide you with all the resources and

skills to be able to develop the most effective policies, and that

second, we wanted you to later be a resource for other countries

beginning their process of truth seeking and accountability.

You had laughed at the thought that those with access to the

experiences of South Africa or Peru or Argentina would want

to ask a Moroccan to come and talk about its own experience,

particularly in the area of reparations. But as you now know

this is exactly what did happen. Not just that, but by going to

Colombia on several visits you had also reversed the idea that

the rest of the world needed to learn from the Latin American

experience.

Dear Mustapha. Your own personal contribution to the

development of a specific Moroccan approach to reparations -

working together with other remarkable Moroccan Commissioners

and experts – produced a unique and very innovative approach

that, among other achievements, tackled difficult and sensitive

issues around women’s rights and strove to achieve gender equality.

You used to stay gender equality begins at home and in the family,

and I know how much of a loss it was for you when your beloved

wife and soul partner in life passed away. At certain moments, I

hope you are now happily back together and will remain so for

the future.

You were acutely aware of the importance of the Moroccan

transitional justice experience for the rest of the region, and with

your involvement, the Instance Equité et Réconciliation and the

Conseil national des droits de l’Homme were always welcoming of

visitors from the region, official and non-governmental, wanting

to benefit from the Moroccan experience and to reflect upon it as

they developed their own unique approaches back home. In one

or our last meetings, in Geneva, we had tried to assist in resolving

a stand-off in Libya– between Misratans and Tawergha – in which

the need for compensation to be afforded on both sides was one

of the key issues. You had reflected aloud that often financial

compensation alone can not resolve deeper divisions, but that

if seen as a symbolic effort that acknowledges harms done and

recognizes the rights of those who suffered or were victimized it

may have a useful role. You had also observed that in the Libyan

context local solutions may pave the way for national agreements,

but that they were also burdened with that responsibility. How

true your words have been and how important your contribution

has been in breaking that particular deadlock.

All of the above does not do justice to your wider interests

(music, theater, the arts, literature) and your own background as

an award winning journalist. Few of us were aware at the time

that you had been awarded the top media prize in 2018 for your

contribution “to the evolution of the national media landscape

and to the consecration of the noble principles of the profession.”

But then is not atypical of you. Never seeking the limelight nor

craving praise but sharing it around with your colleagues.

Dear Mustapha, you will not be forgotten because of the

major contributions you have made to Morocco’s future. You

will also not be forgotten for your humanity and your generosity.

Rest In Peace dear friend.



Mustapha Iznasni à une conférence sur les commissions africaines

de vérité et de réconciliation, Kigali (Rwanda), 28-31 août 2016



Dans les locaux de Maghreb Information, de gauche à droite : Boubker Monkachi, Skalli Abou

Jawad, Mohamed Tamri, Tazi, Hociene Yacine, Mohamed Malki, Mustapha Iznasni et Hmamou,

chef d’atelier et principal intermédiaire avec les linotypistes de l’imprimerie Imprigema.



اإرشاقات رجل – 99

98– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم

‏سيظل احلديث عن ‏سي اليزناسني مقرونا دوما بالنسبة يل بالشحنات

العاطفية والتلقائية،‏ فالرجل لن تفيه حقه ل الكلمات ول الشهادات كمناضل

‏رشس عن احلقوق واحلريات،‏ ومكافح من اأجلها يف ثبات وهدوء متالزمني،‏

وسكينة ترمي دوما بظاللها على املالمح السمحة لتقاسيم وجهه املرشق بضوء

ابتسامته حتى يف اأدق اللحظات واملراحل،‏ واملتمكن دوما من جتسيد النموذج

الأرقى الذي ينبغي اأن يكونه املدافع عن حقوق الإنسان،‏ و ليعكس بذلك تلك

الكيمياء الرائعة يف احلرص باستمرار خالل نضاله على الرتكيب السلس بني

املبدئي يف مثاليته و الواقعي مبمكناته فكرا وسلوكا وخلقا وممارسة.‏

‏سي اليزناسني الذي تعلمت منه الكثري حني ترشفت بالعمل لسنوات اإىل

جانبه يف مهام ومبادرات تطوعية،‏ مل يحتج يوما اأن يسند اسمه بسجل القرائن

املستهلكة من قبيل الأستاذ واخلبري والرئيس والباحث...‏ لأنه وببساطة كل ذلك،‏

ورصيده وبصماته على املنجز احلقوقي باملغرب ينطق مبجهوداته واجتهاداته

الفكرية،‏ وترجماته ومراجعاته اللغوية حتى واإن مل حتمل توقيعه،‏ لأنه العفيف

والطيب والويف والعامل املتواضع واملرتفع وعزيز النفس حيثما كان وحيثما حل

وارحتل.‏

واأنت تخلد يف القلب والعقل،‏ بذكراك الطيبة وذاكرتك املرشقة عم ‏صباحا

‏صديقي،‏ عم مساء ‏صديقي حيثما اأنت.‏

مع فدوى ماروب مصوؤولة التواصل باملجلس الوطني

حلقوق الإنسان



96– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم

واقرتاحات النقابة لإصالح املشهد الصحايف والإعالمي،‏ الأمر الذي ‏سينعكس

بوضوح يف املناظرة الأوىل لالإعالم والتصال،‏ املنظمة ‏سنة 1993. وكان املرحوم،‏

يف هذه املناسبة،‏ من املدافعني عن النفتاح والتطور الدميقراطي يف القوانني

والهياكل املوؤطرة لهذا املشهد.‏

كما تعرفت على املرحوم مصطفى اليزناسني يف جتربة اأخرى،‏ خالل تاأسيس

املنظمة املغربية حلقوق الإنسان.‏ وهي عملية مل تكن ‏سهلة يف نهاية ثمانينيات

القرن املاضي،‏ حيث كانت السلطة تناهضها،‏ لأنها جاءت برتكيبة جديدة،‏ من

‏شخصيات مستقلة ومن اأحزاب ‏سياسية،‏ ليست من املعارضة السابقة،‏ بل هي جتربة

كانت منفتحة على كل املشارب.‏ ويف هذا الإطار كان انخراط الأستاذ اليزناسني

فيها،‏ باعتباره مديرا للنرش يف جمموعة تابعة للتجمع الوطني لالأحرار،‏ عامل قوة

للفلسفة التي اعتمدتها هذه املنظمة يف بناء هياكلها وتصوراتها ومنظورها ملوضوع

واإشكالت حقوق الإنسان.‏

واستمر التزام املرحوم يف بهذه التجربة،‏ مما ‏سمح له باملساهمة الفاعلة يف

كل الصريورة التي متت بها معاجلة هذا امللف باملغرب،‏ والتي كانت من الرشوط

الرضورية للتقدم يف مسلسل الإنصاف واملصاحلة والعمل على طي ‏صفحة املاضي

الأليم.‏

جمعتني باملرحوم ظروف اأخرى،‏ خاصة خالل الأسفار للخارج يف مهمات

‏صحافية،‏ وتكون مثل هذه املناسبات،‏ عادة،‏ فرصة للتعرف عن قرب على ‏سلوك

الناس واأخالقهم،‏ وقد استمتعت كثريا برفقة الأستاذ اليزناسني حيث استفدت من

اطالعه الواسع ومعرفته باللغات.‏ كما خربت فيه لطف املعرش ودماثة اخللق،‏ وهي

ذكريات تظل عالقة وترسم الصورة احلقيقية لالأشخاص.‏

رحم اهلل الأستاذ مصطفى اليزناسني،‏ اإنه الرجل الذي لعب اأدوارا مهمة يف

‏صمت،‏ هكذا كان وهكذا رحل.‏

خديجة مروازي

اإرشاقات رجل

‏سيظل الفقيد العزيز ‏صديقنا ‏سي مصطفى اليزناسني من الأعمدة الثابتة

والنادرة التي وهبت حياتها لتعزيز ثقافة حقوق الإنسان باملغرب،‏ والأجمل يف

هذا املسار كون ‏سي اليزناسني هو ذاك الرجل الذي قرر مند البدء اأن يكرس

العمر واحلياة للتفاين من اأجل تلك القيم واملبادئ يف ‏صمت جميل ومن دون

‏ضجيج.‏ مل يكن يوما باإمكان املنظمة املغربية حلقوق الإنسان اأن تنجز ما اأجنزت

يف مرحلة تاريخية دقيقة،‏ من دون كوكبة من الشخصيات التي وسمت العقل

والوجدان،‏ فقدنا منها من فقدنا من اأحبة،‏ واأطال اهلل يف عمر من تبقى،‏ من

قبيل ‏سي عبد العزيز بناين وادريس بن زكري ومصطفى اليزناسني واملحجوب

الهيبة واحلبيب بلكوش،‏ واأمينة ملريني وربيعة النارصي...،‏ وهي الكوكبة التي

ظلت تستحرض يف انتمائها ملنظومة حقوق الإنسان وعطائها ‏ضمن تعدد وتنوع

جمالتها،‏ ذاك الرتابط الرفيع الذي يوؤسس لسوؤال املعرفة يف عالقة بحقوق

الإنسان مبوازاة الإعمال لذلك عرب النضال اليومي من اأجل حمايتها والنهوض

بها،‏ لأنه وببساطة الرتابط الذي يحمي املدافعات واملدافعني عن حقوق الإنسان

من التهافت والهرولة والدعاء على حساب القيم ذات الصلة وما تتطلبه من

انخراط عملي ورصامة فكرية يف اللتزام بها.‏



94– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم

• مبعرفة متعددة الروافد فكرا ولغات؛

• بروح املسوؤولية التي جتعل املتمرس)ة(‏ عليها دوما على طاولت التعلم؛

• بالإتقان الذي كلما مت الرتقاء اليه،‏ ابتعد ليطلب املزيد؛

• باحرتام الآخر،‏ الأنا الآخر،‏ لب الكرامة يف العالقات بني الناس؛

و...‏ بحس مرهف وشفاف ‏...عادة ما تنكره العقليات البطريركية على

‏»الرجال«...‏ هذا احلس الذي تصقله املعارك واملشاعر،‏ فيمنح البتسامة ‏سحرها

الإنساين يف كل اآن،‏ ويجعل التجاعيد،‏ يف ‏سن الثمانني،‏ مرايا من بلور...‏

‏سالم عليك مصطفى

يونس جماهد

لعب اأدوارا مهمة

يف ‏صمت

مصطفى اليزناسني.‏ يف مقدمة الصورة : اأحمد حرزين،‏ دريد حلام وزوجته

هالة البيطار،‏ نورالدين الصايل ( يسار الصورة(‏

رحل الأستاذ مصطفى اليزناسني،‏ يف ‏صمت،‏ كما كان يحب دائما،‏ وكما

كان يترصف يف كل املهام واملسوؤوليات التي تكلف بها اأو تقلدها يف حياته.‏ فهو

الرجل الذي كانت كفاءاته متعددة وعلى اطالع واسع،‏ لكن كانت ميزته التواضع

والعمل بتفان فيما يتوله من مهام،‏ دون اأن يطلب العرتاف اأو يكون حمبا للتباهي

والظهور.‏

عرفت املرحوم مصطفي اليزناسني،‏ يف بدايات عملي كصحايف،‏ وبالتحديد

يف السنة الأوىل من التحاقي بالنقابة الوطنية للصحافة املغربية.‏ كان ذلك يف

‏سنة 1989، عندما قمنا مع جمموعة من الزميالت والزمالء،‏ بتاأسيس اأول فرع

للنقابة بالرباط،‏ وكان من بينهم عدد من الصحافيات والصحافيني،‏ يشتغلون يف

اجلريدتني،‏ التي كان يديرهما.‏

ومل يكن املرحوم رافضا اأو مناهضا لهذه التجربة اجلديدة،‏ التي كانت تعني

انضمام الصحافيني ملنظمة يقودها النارشون،‏ اآنذاك،‏ مما يعني التحول التدريجي

اإىل نقابة للصحافيني،‏ حيث تواصل تاأسيس فروع اأخرى،‏ مبختلف مدن املغرب.‏ بل

كان املرحوم اليزناسني،‏ من املساندين لهذا املرشوع اجلديد،‏ وكان يعمل باستمرار

داخل قيادة النقابة على دعم مطالب الصحافيني،‏ وعلى التقدم اأيضا يف تصورات



البتسامة

تدوم عادة حلظات

امينة ملريني

يف لقاء مبقر املجلس الوطني حلقوق النسان مع الرئيسة وعضوات من جمعية

جدات ‏ساحة مايو بالرجنتني.‏ رفقة حورية اسالمي ‏)الثانية من اليمني(‏

رئيسة جمموعة العمل الممية املعنية بالختفاء القسري.‏ يونيه 2016.

مع اإبنه حمسن باحلي الصيني بنيويورك.‏

لكن،‏ هناك من البتسامات...‏ تلك التي تعكس روح ‏صاحبها،‏ بدون مداراة،‏

فتدوم لديه باعتبارها جزءا منه،‏ يف الأوقات السعيدة واحلزينة،‏ وتظل يف ذاكرة من

كان يف حميطه اىل البد...‏

تلك ابتسامة السي اليزناسني...‏

اأتخيله الآن،‏ حيث هو...‏ بالبتسامة نفسها،‏ تلك التي راأيته بها لأول مرة،‏

يف بداية الثمانينات،‏ يف مكتب ‏شخص بادله املعزة،‏ عبد السالم بورقية...‏ ثم يف

نهاية ذاك العقد العصيب من خالل املنظمة املغربية حلقوق النسان؛ وهي جتربة

مهدت الطريق لعرشة ترسخت زمن السنوات التي امتدت فيها عضويتنا املشرتكة

يف املجلس الستشاري حلقوق النسان.‏

اإن كان لكل لقاء ظروف،‏ ولكل ظرف ‏سياق،‏ ولكل ‏سياق حمددات،‏ فاإن

اخليط الرابط والصامد متثل عند الراحل يف التماهي مع القضايا التي عبئت ول

تزال اأجيال من املغربيات واملغاربة،‏ ويف اللتزام بها...‏ بطريقته...‏

كان للسي اليزناسني طريقة متفردة يف العمل والتاأثري...‏

• يشتغل بهدوء،‏ حيث ل يرتبط يف قاموسه باستباق العواصف؛

• بصمت احلكيم الذي يساأل الكالم:‏ هل اأنت اأجمل من الصمت ؟



90– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم

يف املكتب الذي تراأسه الأستاذ علي اأومليل بتاريخ 18 ماي 1991، ويف نفس

املنصب يف املكتب الوطني الذي تراأسه الأستاذ عبد العزيز بناين ‏سنة 1994،

لينتخب عضوا يف املكتب الوطني ‏سنتي 1997 و‎2003‎‏.‏ وقد كلف يف املهمة

الأخرية بالتقارير السنوية واملضادة.‏ وهكذا يكون قد عايش روؤساء املنظمة خالل

اأكرث من عقد من الزمن كله عطاء وبناء مع كبار احلقوقيات واحلقوقيني املغاربة ،

منهم من ل زال حيا اأطال اهلل يف عمره،‏ ومنهم الأستاذ عبد العزيز بناين وعلي

اأومليل وخالد النارصي واملحجوب الهيبة وعبد اهلل زيوزيو وصالح الوديع

واأمينة بوعياش وخديجة مروازي وجمال الدين الناجي واأحمد ‏شوقي بنيوب

وعايدة حشاد واحلبيب بلكوش ... ومنهم من فقدناه رحمة اهلل عليهم ، ومنهم

زهور العلوي واآسية الوديع والرئيس عبداهلل الولدي وعبد الرحيم املعداين

واإدريس بنزكري وحممد القاسمي ومصطفى بنيخلف.‏

اإن هذا التنوع الفكري واملذهبي جعل من هوؤلء يعطون للمنظمة املغربية

حلقوق الإنسان مقاربة حقوقية ‏صارمة يف احرتامها ملعايري املنظومة الدولية

حلقوق النسان،‏ وصارمة يف استقالليتها ازاء الدولة اأو احلكومة اأو الأحزاب

السياسية عرب نقاشات ‏صاخبة بني مكوناتها.‏ وكان الفقيد ‏سي مصطفى اليزناسني

فاعال فيه بعمق تفكريه وهدوءه املعروف عنه،‏ وكانت له حظوة ومكانة بني

‏صديقاته واأصدقائه يف املكتب واملجلس الوطنيني للمنظمة بحيث انتخبوه

عدة مرات يف املكتب الوطني لأكرث من عقد من الزمن،‏ وهذا ما مل يتسنى

لأحد من قبل،‏ اإذ كان يتحلى بالأخالق الرفيعة والعواطف اجلياشة التي كانت

تغمره،‏ وبعمق العالقات الإنسانية التي كان يتحلى بها يف ‏سلوكه اليومي مع

اأي ‏شخص،‏ ويف مواقفه بصفة عامة.‏ وقد ‏ساعده يف ذلك تكوينه الرصني

وتعدد املسوؤوليات التي تقلدها،‏ ومتكنه من عدة لغات،‏ وتنوع عالقاته الصحافية

والدبلوماسية والسياسية واحلقوقية واجلمعوية والإنسانية عموما.‏ وهذا ما لمسته

عن قرب حيث كنت قريبا منه خالل اأكرث من ‏سنتني نتالقى كل يوم ونتناقش

يف مواضيع خمتلفة ومتنوعة تهم مستقبل بالدنا يف اإطار عملنا يف هياأة متابعة

تنفيذ توصيات هياأة الإنصاف واملصاحلة واأساسا جرب الأرضار الفردية ليتواصل

ذلك يف اإطار تتبعي باسم املنظمة مللفات الضحايا وذويهم مبعية قيدوم املدافعني

التنوع الفكري واحلقوقي – 91

عن حقوق الإنسان الأستاذ النقيب حممد مصطفى الريسوين حفظه اهلل واأطال

يف عمره.‏

وكمثال من بني عدة اأمثلة ميكن ارسدها يف هذا الساأن،‏ واقعة انسانية عميقة

حدثت للفقيد – كما رواها الصديق عبد اجلليل بادو-عندما كان يشغل–‏ قائم

بالأعمال-‏ بالسفارة املغربية بنواكشوط مبوريتانيا عند نهاية السبعينات من القرن

العرشين،‏ حيث كان اأحد املساكني يتلقى من الفقيد مساعدة مالية كلما ‏صادفه

قرب السفارة.‏ وحصل اأن مرت مدة طويلة مل يلتق به،‏ وقرر املسكني اأن يدخل

للسفارة ليساأل عنه،‏ لكنه منع من طرف احلراس،‏ تكرر املنع عدة مرات،‏ ليقرر

املسكني مرة الإحلاح على مالقاة ‏سي مصطفى،‏ فما كان من اأحد حراس الباب ال

اأن يخرب الفقيد باإحلاح املسكني،‏ فخرج اليه لريى الأمر،‏ وما اأن راأى املسكني وجه

الفقيد حتى خاطبه بقصيدة ‏شعرية باللغة احلسانية يتحدث فيها عن منعه من دخول

السفارة،‏ وعن اأسفه عن عدم مالقاة ‏سي مصطفى ‏سواء مر باحلي ‏صباحا اأو مساء،‏

ومما جاء يف هذه القصيدة :

ذاك اللي كال البواب يصح وانا ما لكيت منني نكيس

امللقى ما هو خالك وقت الصبح ول هو خالك وقت الدحميس

مالحظة:‏

نكيس:‏ منر

الدحميس : املساء

نطق الكاف كما تنطق Gabriel



التنوع الفكري

واحلقوقي

بوبكر لركو

مع عبد احلي املودن ‏)وسط(‏ خالل ندوة فكرية بالرباط

فقدت املنظمة املغربية حلقوق الإنسان،‏ واحلركة احلقوقية،‏ يف وفاة الفقيد ‏سي

مصطفى اليزناسني،‏ اأحد احلقوقيني الكبار الذين اأسسوا املنظمة،‏ وقعدوا منهجية

عملها وتنظيمها ومقاربتها حيث انصب عملها من بني ما انصب على:‏

- التقارير املوازية للتقارير احلكومية املرتبطة بالآليات التعاقدية التي ‏صادق

عليها املغرب،‏ وغري التعاقدية؛

- التقارير السنوية؛

- الإصالحات الدستورية والسياسية يف عالقتها بحقوق النسان؛

- الرتبية على حقوق النسان؛

- النهوض بحقوق النسان وحمايتها؛

- مالحظة النتخابات؛

- الختفاء القرسي والعتقال التعسفي؛

- التاأسيس للعدالة النتقالية يف املغرب...‏

كان الفقيد ‏سي مصطفى رحمه اهلل فاعال اأساسيا يف هذا املسار،‏ حيث حتمل

املسوؤولية يف اأجهزة املنظمة التقريرية،‏ اإذ انتخب عضوا يف املكتب الوطني ‏سنة

1989 يف اطار تعويض اأعضاء املكتب الوطني املستقلني،‏ ثم انتخب نائبا للرئيس



86– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم

ومواطنيه الذي يربط على الدوام بني الفكر والعمل،‏ بني النظرية والتطبيق،‏ حيث

كان يبني خمتلف اأنشطته احلقوقية والإعالمية والسياسية على اأسس فكرية ‏صلبة

وبعد متحيص عميق.‏ ومن جانب اآخر،‏ كانت كل اجتهاداته النظرية واإنتاجاته الفكرية

تصب يف الواقع العملي لتتبلور كاإسهامات ملموسة يف خمتلف جمالت تقدم

املجتمع والإنسان وخصوصاً‏ قضايا حقوق الإنسان وتطوير الإعالم .

ويف هذا امليدان ميكن القول باأن مصطفى اليزناسني قد اأسس،‏ بهدوء ودون

‏ضجيج،‏ ملدرسة اإعالمية متميزة كوَّ‏ نَت العديد من الصحافيني،‏ مدرسة اإعالمية

تطبعها اجلراأة دون التجروؤ على اأي كان وتتميز باملهنية وروح املسوؤولية العالية دون

الإفراط يف احلذر املبالغ فيه،‏ مدرسة اإعالمية بنَّاءة تنتقد النواقص والظواهر السلبية

دون اأي تشهري اأو حتامل مع اإبراز اليجابيات كلما وُجرِ‏ دَ‏ ت وذلك دون اإطناب ول

حماباة.‏

مصطفى اليزناسني الإنسان البسيط واملتواضع واملرتفع الذي ل يسعى اأبدا

اإىل اأن يكون حتت الأضواء،‏ لكنه يرتك دائماً‏ بصماته الراقية وتاأثريه اليجابي على

كل الأنشطة التي يساهم فيها واملبادرات التي ينخرط فيها.‏

مصطفى اليزناسني الذي كان يَنحْهَمُ‏ من كل اأنشطته ذلك الشعور بالرضى الذي

ل ينضب،‏ الرضى الداخلي من العمل نفسه وما مينحه من متعة روحية نابعة عن

خدمة الآخرين ومن ‏شعور جميل بالرضى عن النفس الناجت عن اإتقان العمل وعن

مالئمة اأفعاله مع مبادئه وقناعاته الإنسانية الراسخة،‏ وذلك قبل اأي منفعة ‏شخصية

اأو موقع اعتباري اأو مكانة اجتماعية قد يُدرُّ‏ ها عليه العمل الذي يقوم به.‏

مصطفى اليزناسني الذي مل يكن يضاهي التزامه الثابت بقضايا املجتمع

وحقوق الإنسان اإلَّ‏ حبه للحياة التي كان يختزلها يف ‏شيء بسيط،‏ األ وهو القناعة؛

القناعة مبعنى التمتع الراقي والمتالء مبا هو موجود ولو كان قليال،‏ دون البحث

املضني والشديد الهتياج على الوفرة والكرثة.‏

اإىل جانب ذلك ظل مصطفى اليزناسني طول حياته متميزاً‏ بنوع خاص من

املثابرة والطموح،‏ لكنه طموحٌ‏ مل يكن ل فردانياً‏ مدمراً‏ للشخص وحميطه ول اأنانياً‏

مقززاً،‏ بل كان طموحاً‏ جميالً‏ ينصهر يف الطموح العام والتطلع اجلماعي لبناء

جمتمع التقدم والإنصاف ودولة احلق واحلقوق.‏

مثقف ومناضل من طراز خاص – 87

مصطفى اليزناسني الإنسان بكل ما يف الكلمة من معاين نبيلة،‏ يحب لغريه ما

يحب لنفسه،‏ يضع املصلحة العامة فوق املصالح الشخصية،‏ منفتح على اجلميع،‏

يحاور بلطف واحرتام،‏ يعارش بصدق ووفاء.‏

وكانت رفقته جميلة ومفيدة وممتعة تطبعها جدلية الأخذ والعطاء الفكريني التي

تتوارى اإىل خلفها كل املاديات مهما كان ثمنها،‏ وذلك بفعل غزارة معرفته واتساع

ثقافته،‏ ومن خالل انفتاحه على الفكر الإنساين وعلى خمتلف احلضارات واإملامه

واإتقانه لعدة لغات اأجنبية مثل الجنليزية والفرنسية والسبانية والبلغارية.‏ لكن كل

هذا كان يوازيه اإتقان للغة الوطنية واهتمام دائم بالفكر الوطني وتتبع مستمر للنشاط

الثقايف الوطني عرب كل متظهراته الإبداعية.‏

ولن اأُنهي هذه الشهادة دون اأن اأُبحْررِ‏ ز جانباً‏ اأساسياً‏ يف ‏شخصية فقيدنا العزيز

مصطفى اليزناسني وهو ‏سمو اأخالقه ونبلها وحرصه الدائم على التقيد بالأخالقيات

الفضلى يف كل جمالت اأنشطته املهنية والنضالية،‏ بل ويف حياته اليومية.‏ واأود هنا

اأن اأحكي قصة رواها يل الفقيد وقعت له خالل اإحدى زياراته اإىل موريتانيا الشقيقة

حيث كان متواجداً‏ باأحد الأندية مبدينة نواكشوط الذي يرتاده الأجانب واإذا

مبجموعة من الأشخاص الذين يتكلمون اللغة البلغارية يجلسون بطاولة قريبة منه

وهو يسمع كل ما يقولون.‏ التفت اإليهم الفقيد واأثار انتباههم اإىل انه يفهم ما يقولون

وذلك ليتجنبوا اخلوض يف خصوصياتهم حتى ل يسمعها.‏ هذه الواقعة الطريفة

تلخص لوحدها الشخصية املتفردة والراقية لفقيدنا العزيز مصطفى اليزناسني،‏

الإنسان اخللوق بامتياز.‏

‏ستبقى ذكرى فقيدنا العزيز مصطفى اليزناسني حارضة على الدوام لدى كل

اأهله واأقربائه ورفاقه واأصدقائه...‏

مصطفى اليزناسني ذلكم املثقف واملناضل من الطراز اخلاص.‏



84– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم

للمنظمة املغربية حلقوق الإنسان.‏ كما اأنه عضو باللجنة املغربية الإسبانية ابن رشد،‏

وعضو املجلس الستشاري حلقوق الإنسان،‏ وهئية الإنصاف واملصاحلة.‏ كما ‏سبق

اأن كان رئيس حترير ‏صحيفة الكفاح الوطني،‏ وصحفيا بجريدة العلم،‏ وسكرتريا

للتحرير بوكالة املغرب العربي،‏ ورئيس حترير ‏صحيفة الأنباء.‏ وفيما بعد مدير

جريدتي امليثاق الوطني ‏)بالعربية(‏ واملغرب ‏)بالفرنسية(.‏ يضاف اإىل ذلك اأنه مارس

اأيضا العمل الدبلوماسي يف فرتة خاصة،‏ حيث كان ملحقا ‏صحفيا بسفارة املغرب

بنواكشوط ثم قائما بالأعمال بنفس السفارة.‏

كنا جمموعة من الشابات والشبان نتحلق حوله بعد كل لقاء باملنظمة لنستمع

اإليه ونرتوي منه.‏

وفرقتنا احلياة،‏ ولكن كنت اأعلم من اأعضاء املنظمة باأنبائه واأحواله،‏ وبتاريخ

الأحد 18 نونرب 2019 ‏صباحا نبئت بوفاة الأستاذ احلكيم من طرف رئيس املنظمة

املغربية حلقوق الإنسان الأستاذ بوبكر لركو.‏

رحم اهلل مفكرنا وحكيمنا واأحد عظمائنا املناضل احلقوقي الأستاذ مصطفى

اليزناسني.‏

احمْ‏ مَّ‏ د گرين

مثقف ومناضل

من طراز خاص

‏»السعادة هي اأن تكون اأفعالك متالئمة مع اأفكارك«‏

املهامتا غاندي

‏ضمن وفد ‏صحفي يف زيارة لكلتة زمور بالصحراء املغربية،‏ مارس 1981.

‏)الثالث من اليسار(.‏ الراحل حممد بنحيى مدير جريدة البالغ املغربي)الثاين من اليمني(‏

عندما اتصل بي الصديق الأستاذ املحجوب الهيبة،‏ مشكورا،‏ ليقرتح عليَّ‏

املساهمة بشهادة يف حق فقيدنا العزيز مصطفى اليزناسني بادرت باملوافقة التلقائية

بالنظر ملرِ‏ ‏َا كنت اأُكرِ‏ نُهُ‏ من مودة وحمبة وتقدير للفقيد.‏

ويف نفس اللحظة حرضتني مقولة املهامتا غاندي التالية ‏»السعادة هي اأن تكون

اأفعالك متالئمة مع اأفكارك«،‏ هذه املقولة التي تنطبق متاما على الفقيد الذي عرفته

منذ بداية ‏سبعينيات القرن املاضي وهو دائما يف انسجام تام خالل اأعماله واأنشطته

واأفعاله مع اأفكاره وقناعاته،‏ لقد كان بالفعل ‏سعيداً‏ مبفهوم احلكيم الهندي غاندي.‏

لقد كان الفقيد العزيز مثقفاً‏ عضوياً‏ ومفكراً‏ متنوراً‏ ومناضالً‏ من طراز خاص

يتميز باللتزام واملثابرة املرتبطني باجلدية والدقة دون كلل ول ملل،‏ ولكن بدون

غُ‏ لُو ول مبالغة وذلك على عدة مستويات ومن خمتلف اجلوانب التي ‏سنحاول يف

هذه الشهادة التطرق للبعض منها دون ادعاء الشمولية يف رصد كل مناقب الفقيد.‏

مصطفى اليزناسني كان اأولً‏ وقبل كل ‏شيء مثالً‏ للمثقف امللتزم بقضايا وطنه



82– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم

يف املقابل،‏ استطاع الأستاذ مصطفى اليزناسني اأن ينفذ من املشهد الإعالمي

املغربي اإىل عامل الدبلوماسية...‏ لكنه مل يقطع البتة اأوارصه مع ‏صاحبة اجلاللة،‏

وقد عني ملحقا ‏صحفيا وقائما بالأعمال يف ‏سفارة املغرب بنواكشوط ‏سنة 1975،

وهناك عانق جتربة فريدة زادت الرجل حنكة وغذت روحه التواقة اإىل اقتحام

كل العوامل.‏

اأيضا مصطفى اليزناسني،‏ حقوقي ‏صلد مل يتزحزح قيد اأمنلة عن الذود عن

قضايا جمتمعه،‏ وقد تبدت نضالته عرب املنظمة املغربية حلقوق الإنسان التي كان

واحدا ممن اأسسوها واأرسوا دعائمها،‏ قبل اأن يلتحق بتشكيلة املجلس الستشاري

حلقوق الإنسان بني ‏سنتي 2002 و‎2011‎‏،‏ واستمر عطاوؤه ‏ضمن املجلس الوطني

حلقوق الإنسان.‏

اإنها نهاية رجل...‏ ‏شكل مثال متجسدا ل«املثقف العضوي«‏ كما فصل مفهومه

املفكر الإيطايل املاركسي الشهري اأنطونيو غرامشي...‏ مثقف مستقيل بذاته ويف حل

من اخلضوع لالإيديولوجيات اإذ مل يتبنى عقيدة غري ما ينسجم وتوجهات الإنسان

احلر املنعتق من كل القيود والذي يفكر دائما خارج الصندوق...‏

املوت ‏سنة على اأرض اهلل وكل مالقيها...‏ لكن قلة من ميوتون وتبقى فاجعة

فراقهم جتثم على النفوس وتاأبى اأن تفارق الأذهان ومن هوؤلء الأستاذ مصطفى

اليزناسني...‏ فدمت فينا ويف خاطرنا...‏ ورحمك اهلل اأيها الرائع واأسكنك فسيح

جناته...‏

مليكة غزايل

احلكيم

اأشجار النخيل بداأت تتساقط تباعا.‏

برحاب املنظمة املغربية حلقوق الإنسان تعرفت على احلكيم الأستاذ املرحوم

مصطفى اليزناسني ‏سنة 1989. حرض املرحوم اإىل خميم الهرهورة ‏صحبة املرحوم

اإدريس بنزكري واآخرين لإنهاء ‏سوء تفاهم كان بني جمموعة من املشاركني يف

التدريب الذي اأرشفت عليه ‏»موؤسسة حقوق الإنسان جلنوب اإفريقيا«.‏ وما كاد

ينتهي ذلك اليوم حتى ‏سوي ‏سوء التفاهم ورجعت الأمور اىل نصابها.‏ فعرفت فيه

الرجل املتمرس احلكيم القاضي العادل،‏ ومنذ ذلك الوقت واأنا اأناديه كلما التقيت

به بالأستاذ احلكيم.‏

يف ‏سنة 1999 تاأسس املكتب الثالث لفرع املنظمة املغربية حلقوق الإنسان

بالدار البيضاء،‏ وحتملت فيه مسوؤولية الكتابة العامة للفرع،‏ وحرض لهذا التاأسيس

كل من احلكيم اليزناسني واملرحوم اإدريس بنزكري.‏ ومنذ ذلك الوقت تكونت بيننا

‏صداقة ومودة واحرتام متبادل،‏ خالل لقاءاتنا باملكتب الوطني للمنظمة املذكورة.‏

كنت األحظ دائما نه ل يتكلم كثريا،‏ ولكن تدخالته كانت كلها حكيمة ومقنعة

للجميع وحاسمة لنقاط اخلالف يف نهاية بعض هذه اللقاءات.‏

عرفت منه اأنه تخرج من جامعة ‏صوفيا ببلغاريا واأنه يحسن،‏ اإىل جانب العربية،‏

اللغات الفرنسية والسبانية والروسية والبلغارية.‏ وهو من الأعضاء املوؤسسني



80– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم الغائب احلارض يف خاطري – 81

‏»امليثاق الوطني«‏ و«املغرب«‏ التي حظيت برشف النتماء اإليها،‏ والعمل فيها

اإىل جانب الراحل واأمثاله من جهابذة الإعالم الذين خطوا اأسماءهم يف ‏سجل

الصحافة املغربية.‏

كذلك،‏ ترك الرجل يف خاطري بصمة لن تنمحي اأبدا...‏ فقد كان خري

‏سند ونرباسا لهذا العبد الضعيف القادم من العامل الأكادميي والذي ارمتى

يف عامل الصحافة والإعالم اأول وهلة يف جريدة ‏»املغرب«‏ ‏)الناطقة باللغة

الفرنسية(‏ والتي كان يصدرها يف ثمانينات القرن املاضي حزب التجمع الوطني

لالأحرار...‏ وهي التجربة التي حرص فيها وفيما دونها من التجارب على رصانة

اللغة وثبات التحليل وتنويع املصادر والهتمام ببهارات الإبداع يف التحرير

والإخراج...‏

لقد كان ابن مدينة احلمامة البيضاء حماطا بثلة من الأقالم اجلسورة

والفذة،‏ وكان يرطن بعدة لغات وعارفا بخبايا الألسنة التي تعني على الرتجمة

ومشتمالتها،‏ وكان واحدا من كوكبة من الأقالم الفذة التي اأضاءت عتمة املشهد

الإعالمي املغربي يف السنوات الغابرة،‏ لكن الأجدر بالذكر اأنه كان عاشقا

للتحديات ويتفنن يف نصبها اأمام من يرغبون يف التتلمذ على يديه.‏ كما كانت

له قدرة عجيبة يف التعامل مع املتدربني بصدر ل يضيق ول يتربم منهم،‏ وعبد

ربه واحد منهم.‏

واإىل يومنا هذا ل مل تنقشع عن عيوين ‏سحابة اليوم الأول الذي قضيته

‏ضمن هيئة حترير ‏صحيفة ‏»املغرب«،‏ التي كان يرشف عليها الصحفي والإعالمي

الرائع الأستاذ جنيب الرفايف وعدة من ‏صحفيني اآخرين تضيق املساحة لذكر

اأسمائهم قاطبة...‏ اإذ يحرضين بقوة كيف اأن الأستاذ مصطفى اليزناسني،‏ وبعد

استقبال حار وودود بادرين بالقول وبنربة ملوؤها التحدي ‏سنفتح الصفحة الأوىل

لعدد اليوم مبقالة ‏ستحررها استنادا على قصاصة كانت قد وردت يف ثالثة اأسطر

ل غري.‏

اإنه حتد،‏ والرجل كان يعشق التحديات،‏ ول ينكفيء عن نقل هذه اجلذوة

اإىل من هم يف جواره...‏ كانت القصاصة تفيد باأن املغرب عمد اإىل حمو ديونه

املرتتبة على البلدان الأقل منوا،‏ والبحث والنبش يف هكذا موضوع ويف ثنايا

زمن مل تكن ظهرت فيه الشبكة العنكبوتية ول حمركات البحث وما يواليها...‏

‏شكل حتديا كبريا نصبه الأستاذ مصطفى اليزناسني اأمام ‏شاب مل يخرب الكثري

يف عامل الصحافة...‏ اإنها ملحة عن اعتقاد متجذر يف دخيلة الرجل الذي اآمن اأن

هذه التحديات تصقل الأشخاص وجتعلهم يف حل من كل ما قد يعرتض مسارهم

مستقبال من عقبات.‏

وفيما اأتذكر اأيضا...‏ نصيحة الرجل التي حلفني بها مبجرد قراءته مقالتي...‏

‏»هل تكتب لثلة من الباحثني الأكادمييني اأم للجمهور العريض؟«...‏ اإنه ‏سوؤال

استنكاري يحمل يف طياته اأول درس يل يف عامل الصحافة...‏ فالأستاذ مصطفى

اليزناسني كان ينشد الإخبار وقبله الإفهام عرب ‏»لغة القرب«،‏ وظل وفيا لهذا

الديدن...‏ هكذا كان يفكر الرجل،‏ وهكذا كان يستطيع اأن يوؤثر،‏ انتصارا

لصاحبة اجلاللة اأول واأخريا،‏ بالإيجاب على الصحفيني وعلى املتدربني مثل ما

اأذكر من بينهم الأستاذة لطيفة اأخرباش التي حلت بني ظهرانينا يف هيئة حترير

‏»املغرب«...‏

لقد اتسم حضور الأستاذ مصطفى اليزناسني بالبهاء...‏ ول ‏رس وراء

ذلك...‏ اإن الأمر ل يعدو كونه نتاج متلك الرجل ملَلكة الصرب والأناة ونكران

الذات يف خدمة ‏صاحبة اجلاللة،‏ التي راأى فيها ‏»قطة تاأكل اأبناءها«،‏ واعتقد فيها

اأن بوؤسها يجني على خدامها.‏

والرجل كان متميزا يف التوافقات،‏ واأولها حرصه على املوازنة بني قناعاته

والتزاماته الفكرية وبني اخلط التحريري للصحف التي كان يديرها،‏ وكان يبدع

يف تبويبها ويف جعلها دررا تتناثر يف املشهد الإعالمي,..‏ كما اأن الرجل استطاع

بفكره وحضوره املتقد اأن يكون مراوغا فذا ملقص الرقيب...‏ يف زمن مل يكن

بالإمكان كتابة كل ما يعرف...‏

ولأن املناسبة ‏رشط،‏ يلزم التاأكيد على روح الرعاية الأبوية التي كانت

تتجسد يف معاملة الأستاذ مصطفى اليزناسني لكل العاملني يف الصحف التي

يرشف عليها من دون الصحفيني..‏ فكان مبثابة الأب الذي ل يستسيغ القسمة

الضيزى التي عادة ما كانت تطبع املوؤسسات الإعالمية ومتايز بني هيئة التحرير

وباقي جنود اخلفاء...‏



78– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم

مع نخبة من خرية مواطني هذا البلد الذين وقعت على عاتقهم مسوؤولية معاجلة

ملفات ماضي النتهاكات اجلسيمة حلقوق الإنسان.‏ وقد بذل املرحوم الأستاذ

مصطفى اليزناسني جمهودات جبارة على اأكرث من مستوى...‏

وكان ملناضلي املنظمة املغربية ‏رشف النخراط يف هذا العمل التاريخي املشهود

‏ضمن مسري ‏شاق وعسري يف زمن ‏شهدت فيه بالدنا مرحلة اأولية من مراحل النتقال

اإىل الدميوقراطية...‏ استجابة ملطالب الدميقراطيني والنسيج احلقوقي...‏ وما

استحداث هيئة الإنصاف واملصاحلة ‏سوى وفاء بالتزامات الدولة وتوظيف واع من

مستفاد جتارب عرب العامل...‏ وانكبابها على كم ‏ضخم من ملفات 1999-1956،

تقييما وبحثا وحتريا وحتكيما واقرتاحا ...

كان فقيدنا العزيز يف كل هذا حارضا بالذات والصفات.‏

رحم اهلل الأستاذ مصطفى اليزناسني.‏

نساأل اهلل ‏صربا وسلوانا لذويه وحمبيه وانا هلل وانا اليه راجعون.‏

اأمبارك بودرقة ‏)ميني الصورة(،‏ الصحفي مصطفى العلوي،‏ حممد اأمني الفشتايل عضو

املجلس الستشاري حلقوق النسان،‏ مصطفى اليزناسني.‏

اإدريس عيسوي

الغائب احلارض

يف خاطري

ترجل الأستاذ مصطفى اليزناسني،‏ وترك الدنيا مبا فيها ومن فيها وبالده

حتتفي بذكرى كرس نري الستعمار...‏ ودعنا الرجل وقد اجتمعت يف مساره بالغة

الأصالة والنضال حتى يرى املغرب كما كان يشتهي...‏ رحل عنا الغائب احلارض

دائما بيننا ويف خاطري،‏ وهو الذي حفلت حياته بغري قليل من املحطات الفارقة

التي ترهن تاريخه بتاريخ بالده،‏ حيث وشم اسمه ‏ضمن ‏سجل الصحفيني الرواد

والدبلوماسيني الأفذاذ واحلقوقيني الأشاوس.‏

واإذ خطفت يد املنون الأستاذ مصطفى اليزناسني،‏ الذي راأى النور يف تطوان

عن عمر 80 عاما،‏ يف ذكرى الستقالل،‏ فاإنها تكون قد وشمت بدورها تاريخ هذا

الرحيل يف اأذهان من جمايليه ومن يليهم،‏ وليربق اسمه يف هذه الأذهان كلما حل

18 من نونرب اأربعة اأيام قبل 22 نونرب اليوم الذي اأطلق فيه ‏رصخة احلياة.‏

ول خالف حول اأن الأستاذ مصطفى اليزناسني الصحفي واحلقوقي،‏ احلاصل

على دبلوم يف العلوم الجتماعية من جامعة ‏صوفيا يف بلغاريا،‏ بصم على حضور

بهي يف بالط ‏صاحبة اجلاللة،‏ منذ حتمله مسوؤولية رئيس حترير جريدة ‏»الكفاح

الوطني«‏ ما بني 1965 و‎1967‎‏،‏ حمررا بصحيفة ‏»العلم«‏ ثم ‏سكرتري حترير بوكالة

املغرب العربي لالأنباء بني 1970 و‎1971‎‏،‏ وعند توليه منصب مدير النرش بجريدتي



العطاء بال حساب

عبد اللطيف ‏شهبون

بسم اهلل ول حول ول قوة ال باهلل.‏

رحل عنا يف املدة الأخرية اأخ عزيز وصديق كبري بقامة الأستاذ مصطفى

اليزناسني.‏

تعرفت اإىل املرحوم مبدينة الرباط بعد تاأسيس املنظمة املغربية حلقوق الإنسان

يف ظرفية حرجة من تاريخ مغربنا املعارص.‏ وتوطدت عالقتنا يف اجتماعات املكتب

واملجلس الوطنيني للمنظمة ويف موؤمتراتها وملتقياتها واأيامها الدراسية...‏

مع السيد النقيب حممد مصطفى الريسوين

كان املرحوم الأستاذ مصطفى اليزناسني قياديا خلوقا...‏

حقوقيا يضع الأخالق معيارا لكل موقف اأو قضية...‏

منغمرا يف السياسة النبيلة فكرا وسلوكا...‏

كان مفكرا جمتهدا يف كل نازلة حقوقية بفضل اأفقه الثقايف الواسع ودربته

الغميسة يف اللغات التي كان ملما باأنساقها وسبل توظيفها حسب ما يقتضيه كل

مقام...‏

كان مناضال ‏رشيفا منحازا اإىل قيم احلق والإنصاف...‏ وحقوقيا اعتنق ثقافة

احلقوق يف اأصولها وامتداداتها..‏ ونذر لها حياته اإبداعا ونضال متواصلني يف

املنظمة املغربية حلقوق الإنسان ثم يف هيئة الإنصاف واملصاحلة بنفس عزيز النظري



‏شعلة اأخالق – 75

74– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم

جمهويل املصري مدّ‏ ونا مالحظاتهم،‏ معربّ‏ ا عن تضامنه املطلق معهم.‏ دون مزايدات

اأو تقدمي دروس اأو تفاخر مباضيه وجتربته الطويلة،‏ التي ل يعرفها العديد من الضحايا.‏

ليس هذا ‏سوى غيض من فيض من ثراء ‏سرية رجل من خرية اأبناء هذا البلد.‏

‏رشيف اختار درب النضال،‏ وجتنب الطرق السيارة اإىل الرثوة واجلاه.‏ لن اأفيك

حقك اآ السي مصطفى.‏ فاأنت ‏-كما عرفتك-ل حتتاج لكلمات تاأبني ورثاء ‏سيطويها

النسيان ل حمالة.‏ بل الأهم هو البحث يف كتاباتك املنشورة وغري املنشورة.‏ هي

التي تُخلّد ذكراك وتدعك نرباسا؛ ‏شعلة مضيئة تنرش الدفء يف زمنٍ‏ حركيّته

الرسيعة املتسارعة ل روح فيها.‏

ولتبق حيّةً‏ مدرستُك التي تزن الكلمة مبيزان الذهب؛ تخُ‏ ‏صّ‏ كل كلمة مثقالها،‏

مكانها،‏ وقتها،‏ ول تطلق على عواهنها.‏ ولتبق هذه املدرسة التي تخرّج منها اأجيال

من خرية ‏صحافيي وطننا نرباسا،‏ لعل اجليل احلايل والأجيال القادمة تستفيد منها،‏

يف زمن ‏ضَ‏ عُف فيه احلسّ‏ الأخالقي وتوارت املسوؤولية الجتماعية وحتولت بعض

املوؤسسات الصحافية من منابر اإعالمية اإىل اأبواق للنهش يف اأعراض الناس ونقل

التفاهات،‏ بحثا عن الربح املايل الرصف وخدمة ملصالح اقتصادية اأو ‏سياسية ‏ضيقة.‏

لرتقد روحك يف ‏سالم.‏ ولتبق ‏سريتك ملهمة جليلنا ولالأجيال املقبلة من

الصحافيني بناة الراأي الوطني.‏

يف « اللقاءات املتوسطية حول السينما وحقوق الإنسان « مبسرح حممد

اخلامس مع الفنان السوري دريد حلام وزوجته هالة البيطار.‏ نونرب 2009.

مصطفى اليزناسني ، دريد حلام ، واملحامية فطوم قدامة . نونرب 2009.

مصطفى اليزناسني ‏،عبد احلي املودن،وهالة البيطار زوجة الفنان دريد

حلام . نونرب 2009.



72– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم ‏شعلة اأخالق – 73

اأذكر اأوّل يوم دخلت مكتبك بزنقة لوس،‏ بتزكية من الفقيد ادريس بنزكري،‏

بعد اأن اأخربتَه اأنك ترغب يف تعزيز طاقم اجلريدتني.‏ كانت حلظة حرجة حاسمة

ملستقبلي املهني،‏ بعد اأن ‏ضاقت بي الأرض مبا رحبت.‏ فقد مرّ‏ على الإفراج عني

اأكرث من ‏سبع ‏سنوات ومل تفتح يل اأيّ‏ موؤسسة اأبوابها للعمل فيها.‏ ثُم اأن اأشتغل

‏صحافيا،‏ فهذا ما مل اأكن اأحلم به قطّ‏ .

وجلت مكتبك.‏ وجهٌ‏ ل يخفى عليّ‏ ، فقد ‏سبق اأن التقينا مبقّر املنظمة املغربية

حلقوق الإنسان.‏ كنتُ‏ اأنتظر لقاءً‏ حارّا اأو على الأقل ترحيبا،‏ وابتسامة مقابل تلك

املرسومة على وجهي.‏ لكنّ‏ اللقاء كان باردا،‏ والتعامل كان اإداريا ‏صارما،‏ بخالف

ما كنت اأسمعه عنك.‏ حدّ‏ دتَ‏ ‏شهرا لتقييم عملي،‏ بعده ‏ستُقرّر اإن كنتُ‏ يف مستوى

الحتفاظ بي اأم ل.‏ اأمّا عن املقابل املايل خالل تلك الفرتة،‏ فرفضتَ‏ رفضا باثا

مناقشته؛ حتى تغطية تكاليف التنقل من القنيطرة حيث كنت اأقطن اإىل الرباط

للحضور للعمل،‏ رفضت توفريها يل،‏ اأنا الذي اعتقدت اأنها حق يل.‏

كان هذا اأول لقائي بالسي مصطفى.‏ وهذه اأوّ‏ ل ‏صورة ارتسمت يف ذهني

عنه.‏ مدير ‏صارم.‏ كانت ‏رصامة املعلّم احلريص على تلقني تلميذه اأرسار مهنة

ليست بالهيّنة.‏ معلّم رافق تلميذه يف دهاليز حرفة تتطلب الرصامة يف التحكم يف

القلم.‏ مل يبخل علي باأي ‏شيء من معرفته.‏ كثريا ما كنت اأشعر وكاأين طفل يتعلّم

الأبجديات.‏ لكن كانت له من اللباقة واللياقة ما كان يجعلني اأتقبل ذلك بدون اأي

اإحراج.‏

كانت اأوىل دروسه يل يف املسوؤولية،‏ املسوؤولية الجتماعية للصحايف،‏ الذي

عليه اأن يضبط قيمة الكلمة واأل يُلقي بها على عواهنها.‏ املسوؤولية الرضورية لغايات

حرية التعبري واأهدافها.‏ قال يل ذات مرّة ميُ‏ كنك اأن تاأخذ كل احلرية يف كتابتك،‏ لكن

عليك اأن تكون متيقنا كامل اليقني من ‏صحّ‏ ة ما تقول...‏ واأضاف ‏ساأدافع عنك

واأحميك ما دامت مقالتك موثقة،‏ ول تُعوّ‏ ل علي يف غري ذلك.‏

وتوالت الدروس.‏ التواضع.‏ كان متواضعا تواضع العامل العارف املتمكّ‏ ن.‏

ورغم اأنه مدير اجلريدة،‏ ورغم علوّ‏ كعبه،‏ كان ل يُضريه اأن يطلب من زميل من

الزمالء اأن يُراجع مقالته وافتتاحياته،‏ حتسبا لأي خطاأ قد يترسّب اإليها يف غفلة منه،‏

وهو الدقيق يف كتاباته.‏ مرّة،‏ واأنا يف بداياتي،‏ طلب منّي اأن اأراجع افتتاحية يوم

الغد التي كتبها.‏ مل اأستوعب طلبه.‏ مل اأفهم كيف يل،‏ اأنا املتدرب الذي مل يحظ

حتى بالتكوين يف معهد للصحافة،‏ اأن اأراجع ما كتبه ‏شخص متمكن من نواصي

الكتابة الصحافية واللغة الفرنسية،‏ عالوة على الدراية الواسعة بخبايا ‏سياسة البلد.‏

قراأت النصّ‏ . ل اأتذكر موضوعه.‏ ولكني اأذكر اأن فكرة فيه استوقفتني.‏ بدت

يل يف غري حملّها اأو على الأقل غري مقنعة.‏ تردّدت.‏ هل اأجامل مديري واأثني على

مقاله الذي هو فعال نصّ‏ جميل دقيق واضح،‏ اأم اأكون يف مستوى املسوؤولية واأعربّ‏

له عن مالحظتي؟ كنت يف حرج.‏ من اأكون حتى اأُديل مبالحظة حول ما يكتبه

اأحد روّ‏ اد الصحافة يف البلد؟ حسمت اأمري،‏ وليكن ما يكون.‏ دونت مالحظتي

وسلّمتها له،‏ واأنا غري متيقن اإن كان من الصواب فعل ذلك اأم ل.‏ بتّ‏ ليلتي قلقا

اإىل ‏صباح الغد.‏ مبجرد ما وصلت مقر اجلريدة،‏ اأخذت عدد ذلك اليوم،‏ واأخذتُ‏

اأقراأ الفتتاحية.‏ كان قد اأخذ براأيي وغريّ‏ كلّ‏ الفقرة املعنيّة.‏

كان درسا لن اأنساه ما حييت يف التواضع،‏ ويف احلرص على جتنب الأخطاء

احرتاما لأخالقيات مهنة الصحافة.‏

كان قليل احلديث خمترصا اإياه.‏ لكن قوله كان دائما مفيدا،‏ يكشف عن ثقافة

‏شاسعة وجتربة طويلة يف ‏شتى املجالت،‏ من النضال السياسي والنقابي واحلقوقي

والعمل الدبلوماسي والصحايف.‏ كان كالمه غنيا مبقولت الفالسفة والأدباء

وبالأبيات الشعرية واحلكم،‏ ومنها حكم لقبائل من جنوب الصحراء.‏ حينها علمت

اأن هذا املتعدّ‏ د اللغات،‏ من عربية وفرنسية واإسبانية وبلغارية وعربية،‏ يتحدّ‏ ث حتى

بعض لغات بلدان الساحل ومنها لغة الولوف.‏ واإن ‏ساألته لتعرف اأكرث عن جتربته

كانت اأجوبته مقتضبة جدا.‏ لقد كان يتجنب احلديث عن نفسه.‏

الرصامة اأو اجلدّ‏ ية التي حتدثت عنها يف البداية،‏ وجدتها يف الفقيد يف العمل

احلقوقي.‏ كان من بني املهتمني بشكل خاص بالعتقال السياسي وبالأخص بالختفاء

القرسي.‏ كان دقيقا يف تعامله مع امللفات.‏ يشتغل بدون كلل ول ملل.‏ ويف العمل

احلقوقي ‏-سواء يف اإطار اللجان املشرتكة بني اجلمعيات احلقوقية،‏ عندما كان

يشتغل يف املنظمة املغربية حلقوق الإنسان،‏ اأو يف اإطار هيئة الإنصاف واملصاحلة،‏

اأو املجلس الوطني حلقوق الإنسان-اكتشفت السي مصطفى اللطيف،‏ البشوش،‏

املتشبع بقيمة الإصغاء.‏ يُنصت اإىل ‏ضحايا الختفاء القرسي املفرج عنهم واإىل اأرس



70– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم

ل ميكن اأن يتم احلديث عنك دون الإشارة اإىل اأناقة ‏شكلك،‏ وكالمك وفكرك.‏

فكما كنت دائما حريصا على تناسق مظهرك لعزة نفسك واأنافتها،‏ كنت دقيقا يف

اقتناء الكلمات لكي ل تنبس،‏ ‏سواء يف اخلاص اأو العام،‏ اإل باملخترص املفيد وبطريقة

متناغمة ومتسلسلة ودالة على عمق خربتك يف احلياة وعلى حكمتك وعلى اتساع

ثقافتك ومعرفتك.‏ كما يُجمع جل معارفك وكل من عمل معك عن قرب على

نقاوة اأفكارك،‏ حيث مل يكن كالمك يستند دائما واأبدا اإل على ما هو ما هو مبدئي

واأخالقي.‏

اأنت اأيضا وباإجماع الكل رجل مُكد ومرِ‏ عطاء،‏ متارس العمل بتخشع وكاأنه

طقس ديني،‏ وحني كانت ترتاكم عليك املهام،‏ كان نهارك ياأخذ من ليلك،‏ وما كان

يبهرين فيك اأيها الرجل،‏ اأنك مل تنتظر يوما من تفانيك يف العمل اأي جزاء اأو ‏شكر.‏

اأنتجتَ‏ الكثري من الوثائق وترجمتَ‏ عدد ل يُحصى من التقارير والكتب دون اأن

توقعها وحتملتَ‏ عدد من املهام واملسوؤوليات دون اأن تروج لها ومل يسمعك اأحد

تتفاخر يوما باأن هذا العمل اأو املنتوج من ‏صنيعتك،‏ مهما راج وجنح ومهما تكلم

عنه الناس...‏

وماذا عن ثقافتك؟ اأقل ما ميكن اأن اأقوله عنك يف هذا الساأن،‏ هو اأنك رجل

موسوعة،‏ اأذهل اخلاص والعام بسعة معرفته وبتعدد لغاته وبشغفه العميق بالشعر

والأدب بكل لغات العامل.‏ مل اأصادف ‏شخصا يف حياتي مبَلَكَ‏ ترِك املذهلة يف تعلم

اللغات.‏ ما الرس؟ ل ‏شك اأنك حيث اأنت تبتسم وتقول:‏ ‏سوؤال متاأخر!‏ هو كذلك

بالفعل ول اأدري ملاذا مل اأطرحه عليك يوما يف حياتك رغم اأنه كان دائما على

لساين....‏ اإنه اإخالف موعد اآخر يف البوح مع من نعز ونقدر وعيب من عيوب

ممارساتنا الجتماعية.‏

هذا ما طاوعتني لغتي يف ذكره عنك اأيها الفقيد العزيز،‏ وهكذا اأردت به اأن

اأواسي نفسي يف فقدانك،‏ علما اأنه تصعب املواساة يف فقدان ‏شخص يف نبلك

وطيبوبتك ونقاوتك.‏

وداعا اأيها الزميل/‏ الصديق العزيز،‏ ولرتقد روحك يف طماأنينة وسالم.‏

عبد الناصر بنوهاشم

‏شعلة اأخالق

مثل الدموع التي تنحبس ومتتنع عن النهمار من ماآقيها،‏ تتمنّع الكلمات

املتالطمة يف اجلوف املكوية جوانبه،‏ اآبية اأن تنفذ اإىل احلنجرة التي ‏ضاقت،‏ وخَ‏ نَقت

حتى مسالك التنفس.‏ اأهو هول الرزيئة اأم توايل الفواجع؟ فهذا املنون اأطلق العنان

ليده،‏ تُسارع يف قطف اأرواح جيل التضحيات.‏

اأريد اأن اأبكي،‏ اأن تفيض الدموع ‏سيال يطفئ هذا احلريق؛ هذا احلزن،‏ بل هذا

الغضب.‏ اأريد اأن اأرضى مبا حدث واأقبل،‏ فهذه ‏سُ‏ نّة احلياة.‏ لكنّ‏ املعلّم الذي كُ‏ نتَه

يل لقّنني األ اأستكني لقواعد احلياة،‏ واأن اأحتمّ‏ ل واأل اأنكرس.‏

بتواضعك ولباقتك ودقّة اختيار الكلمات التي كانت طوع بنانك رافقتني

لكي األج فضاء مهنة املتاعب.‏ اأنت الذي فتحت اأبواب اجلريدتني اللتني كُنت

تُرشف على اإدارتهما ملعتقلني ‏سياسيني ‏سُ‏ دّ‏ ت اأبواب العيش الكرمي اأمامهم،‏ غري

عابئ بظروف مغرب ‏سنوات اجلمر والرصاص؛ ومكّ‏ نتهم من الندماج يف احلياة

الجتماعية،‏ بل وبسطت الطريق اأمامهم لالإنتاج والإبداع.‏

فعمّ‏ ن ‏ساأحكي؟ هل عن القلم الدقيق الواضح املتمكّ‏ ن من لغات عدّ‏ ة ومن ثقافة

واسعة؟ اأم عن الأستاذ الذي منه نهلت مهنة الصحافة قواعدَ‏ واأخالقا؟ هل اأحتدّ‏ ث

عن السي مصطفى الإنسان اأم السي مصطفى الصحايف اأم السي مصطفى الناشط

احلقوقي،‏ اأم عن مهنيته واإخالصه وتشبته بقناعاته؟



رجل اأنيق الشكل والفكر

واحلديث

نعيمة بنواكرمي

‏»املوت ل يوجع املوتى،‏ املوت يوجع الحياء.«‏

حممود درويش

يف ندوة حول ‏»الدميقراطية وحقوق النسان بالبلدان العربية«‏ مع املفكر اإدغار موران ‏)اليسار(.‏

قاعة الفن السابع بالرباط . اأبريل 2011.

ل اأدري ملاذا ل نتاأمل يف خصال من نعز اإل بعد رحيلهم/ن.‏ ملاذا ل نشعرهم/ن

مبا نُكنه لهم/ن من حُ‏ ب وتقدير اإل بعد اأن يُواريهم/ن الرتاب.‏ ملاذا نتقاعس يف

السوؤال عنهم/ن اأو عيادتهم/ن اإل بعد اأن يخطفهم/ن املوت،‏ فنهرع اإىل حمل

نعشهم/ن اأو مرافقتهم/ن اإىل متواههم/ن الأخري لستدراك تقاعسنا اأو لالعتذار

لهم/ن عن قصورنا وكاأنهم/ن ل زالوا/ن يعيشون بيننا،‏ يشعرون ويحسون

ويستوعبون وجودنا.‏

مبثل هذه التاأمالت املوجعة اأحاول اأن اأسرتجع ‏رشيط حياتك السي اليزناسني

‏)هكذا تعودت اأن اأناديك(؛ وبقناعتي الراسخة باأن الناس من حجم عطائك،‏ والتزامك

ونضالتك خالدون ومل يفارقوا احلياة اإل جسدا،‏ اأحاول اأن اأستذكر بعض التفاصيل مما

اأعرفه عنك وكيف كنتُ‏ دائما اأراك.‏

تتبعرث الكلمات وتتوه كل الأفكار واحلروف يف طيات خصالك العديدة واملتعددة،‏

واأرجو اأن تطاوعني لغتي لستذكار الأساسي منها حتى اأوفيك حقك اأيها الرجل الطيب.‏



66– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم

اجلميع يعلم اأن الفقيد كان مُوؤَسنِّ‏ ‏سً‏ ا رئيسيا من موؤسسي املنظمة املغربية حلقوق

النسان،‏ واأنه كان عضوا بهيئة النصاف واملصاحلة،‏ وضمن تشكيلة املجلس

الستشاري حلقوق النسان،‏ قبل اأن يستمر عطاوؤه ‏ضمن املجلس الوطني حلقوق

النسان.‏

من خالل هذه املواقع احلقوقية النضالية،‏ على وجه اخلصوص،‏ تعرفتُ‏ يف

مرحلةٍ‏ من حياتي على الرجل،‏ وكانت يل احلظوة يف اأن نقرتب من بعضنا يف

فرتاتٍ‏ معينة،‏ لرِ‏ أعرِ‏ يدَ‏ اكتشافَ‏ رجلٍ‏ متميز طاملا ‏سمعتُ‏ عنه الكثري يف اأوقات ‏سابقة

من طرف الرواد والرعيل املوؤسس حلزب التقدم والشرتاكية وريث حزب التحرر

والشرتاكية واحلزب الشيوعي املغربي.‏

خالل حلظات التقارب تلك،‏ ‏شهدتُ‏ كيف ميكن اأن يكون الإنسان قامةً‏

كبرية يف العطاء،‏ ويف نفس الوقت يعطيك ‏شعورا بالثقة والبساطة والود واللطف

والتواضع والحرتام،‏ متحليا بقدرةٍ‏ هائلة على الإنصات واحلوار والتبادل،‏ كما

‏شهدتُ‏ كيف كان الرجل تلقائيا ودقيقا،‏ ومُرتبَ‏ الأفكار واأنيق التعبري والتواصل،‏

وعميق التاأمل.‏

ويف كلمة:‏ منذ الوهلة الأوىل التي تلتقي فيها بالفقيد مصطفى اليزناسني،‏

يتولد لديكَ‏ ‏رسيعاً‏ انطباع قوي باأنك اأمام ‏شخصية استثنائية جتُ‏ ‏سد قدوةً‏ حقيقية

تستحق السري على خطاها،‏ ومنوذجا يف الستقامة،‏ ومثال يف العمل املُتقن

والإنسانية الراقية.‏

اأعرتف اأيضا اأن كل املشرتك بيني وبني الفقيد،‏ كان مفعما مبالمح الصورة

والهيبة التي كانت ترسخت،‏ عن حق،‏ يف خميالنا،‏ نحن الرفيقات والرفاق من

جيلي،‏ عن الفقيد ونضالته البطولية،‏ وشجاعته والتزامه ووفائه،‏ وعن ‏صفاته القيادية

البارزة يف ‏صفوف احلزب الشيوعي املغربي الذي كان عضوا يف جلنته املركزية،‏

كما كان رئيسا لتحرير جريدة الكفاح الوطني،‏ يف زمن املحن والرسية واجلمر

والعتقال الذي حتول بفضل تضحيات الفقيد واأمثاله اإىل زمن املصاحلة والأمل.‏

فال غرابة يف كون اأمثال الفقيد مصطفى اليزناسني من الرعيل الأول ملناضالت

ومناضلي حزبنا هم من زرع فينا ‏شعلة النضال الأوىل،‏ وحماسة الدفاع عن الوطن

والتعلق به،‏ وهم من نقل اإلينا جينات النحياز اإىل جانب املستضعفني واملظلومني،‏

قامةً‏ كبرية يف العطاء – 67

وهم من ‏صقل عقولنا ووجداننا باملُثُل السامية والقيم اجلميلة،‏ وجعلونا ل نكف عن

الإميان باأننا معنيون بواجب العمل والعطاء حتى يصري الغد اأفضل بالنسبة لوطننا

وشعبنا.‏

حتى اأنني حينما اأتاأمل يف مكتسبات بالدنا،‏ تخرتقني قناعةٌ‏ عارمة مفادها اأنه

لول مصطفى اليزناسني،‏ واأمثاله من الوطنيني الصادقني واملناضلني الأوفياء الذين

كرسوا حياتهم للعطاء بال حساب،‏ ملا كان ممكنا اأبدا اأن نكون ما نحن عليه الآن...‏

فتضحياتهم هي ما مينحنا اليوم القوة والدافع لأن نستمر يف السعي نحو بناء املغرب

الذي حلم به الفقيد رحمة اهلل عليه،‏ مغرب الدميوقراطية والعدالة والكرامة واحلرية

والتقدم.‏

ختاما،‏ ل يسعني ‏سوى اأن اأقول ‏»فلرتقد روحك بسالم اأيها الرفيق الشهم«،‏

واأن اأجدد دعواتي بالرحمة لفقيدنا مصطفى اليزناسني،‏ مع تعبريي عن مواساتي

الصادقة لكافة اأفراد اأرسته وذويه ومعارفه واأصدقائه.‏

اإنا هلل واإنا اإليه راجعون.‏

الرباط،‏ يف 13 دجنرب 2019

رفقة السيد النقيب حممد مصطفى الربسوين ( ميني الصورة(‏ والأستاذ

اجلامعي عبد القتاح الزين



قامةً‏ كبرية يف العطاء

حممد نبيل بنعبد اهلل

مناهضا لعقوبة العدام

كم هو موؤمل اأن يغادرنا الرائعون،‏ وكم هو حمزنٌ‏ اأن يفارقنا الصاحلون

والطيبون،‏ وكم هو كبريٌ‏ حجمُ‏ هذا الأسى الذي نستشعره بفقدان هاماتٍ‏ ‏شاخمةٍ‏

من معدن الفقيد مصطفى اليزناسني.‏

مصطفى اليزناسني هو ذاك النوعُ‏ من الرجال الذين برحيلهم الأبدي ينتابنا

اإحساسٌ‏ قويٌّ‏ باأن عاملَ‏ ‏َنَا من الصعب اأن يصري اأفضل مما كان،‏ ومع ذلك نستمر دوما

على اأمل اأن جتود احلياةُ‏ باأمثاله ممن مينحون للوجود الإنساين معنىً‏ ومغزى.‏

ما يُلفت النتباه،‏ اإىل حد النبهار،‏ يف مسريةرِ‏ حياةرِ‏ الفقيد مصطفى اليزناسني

هو ذلك التنوع الرثي فيها،‏ وتلك اخلصال الإنسانية الأصيلة،‏ وتلك املدارك

واملعارف والإنتاجات الغزيرة،‏ وتلك اخلربات والتجارب التي من النادر اأن جتتمع

يف ‏شخصٍ‏ واحد،‏ وذلك الستعداد التلقائي للعطاء والتضحية،‏ بصمترِ‏ وتواضعرِ‏

واأدبرِ‏ واأخالقرِ‏ وحكمة وتبرص الكبار.‏

لقد كان،‏ رحمه اهلل،‏ لغويا فصيحا،‏ ومثقفا موسوعيا،‏ وصحفيا متاألقا،‏ ومناضال

فذا،‏ وحقوقيا ‏صلبا،‏ وديبلوماسيا ناجحا،‏ ومُوؤَطنِّ‏ راً‏ تواصليا،‏ ولقد كان يف اأول

املطاف واآخره اإنسانا خالصاً‏ وخمُ‏ لصا ملبادئ وقيم العدل واحلق.‏ وبَصَ‏ مَ‏ كل املهام

التي عَ‏ ربَ‏ َ منها وجميع الواجهات التي كافح فيها ببصماتٍ‏ لن متُ‏ حى،‏ لأن وقعها ل

يزال وسيظل حيًّا بيننا.‏



62– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم

مصطفى يف اأوج ‏صعوده ل يفقد تواضعه،‏ وحينما يقتنع اأن هذا الطريق

اأو ذاك هو ما يخدم مصالح الوطن يندفع فيه بكل حيوية ول يرتدد مهما كانت

التحديات والصعوبات واملثبطات.‏ اأذكر اأنه حينما بداأت تتشكل املالمح الأوىل

ملنظمة العفو الدولية يف املغرب مل يتوان يف املساهمة يف تشكيلها.‏ ورغم اأن موقعه

الإعالمي يف تلك الفرتة كان يلزمه بالتحفظ،‏ فاإنه انخرط يف عملية التاأسيس غري

مبال بالنتقادات،‏ وجعل من قلمه ‏سالحا للرتافع عن اأن يكون للمغرب قدم يف

منظمة عاملية حلقوق الإنسان،‏ ودافع بعناد ورصانة عن ‏رضورة وجودها يف املغرب

ووجود املغرب فيها.‏ وبنفس احلماس اندفع بقوة يف جتربة هيئة الإنصاف واملصاحلة،‏

ووضع كل خرباته لالإسهام يف جعلها منوذجا رائدا وموؤثرا يف املسار الدميقراطي،‏

ومنوذجا يقتدى به يف منطقة الرشق الأوسط وشمال اإفريقيا.‏

هكذا كان يحاور،‏ يرافع،‏ ويبادر،‏ ويطرح الأفكار اخلالقة،‏ من خالل ثقافته

العميقة ورحابة روؤيته وذاكرته احلية التي تكونت يف اأتون الرصاعات الجتماعية

والسياسية التي عرفها املغرب منذ بداية الستقالل اإىل اأن ‏صنع ربيعه اخلاص.‏

ذاكرة وطنية واأممية يف نفس الوقت.‏

مصطفى مل تغره السلطة،‏ ول مواقعها املريحة،‏ ظل يحب الشغب الفكري

والسياسي واحلقوقي.‏

نفقد فيه اليوم قامة وطنية متفردة،‏ وخربة عالية يف هندسة احلوار بني الفرقاء

املختلفني وبناء اجلسور يف املسالك الصعبة.‏

لن اأكون مغاليا اإن قلت،‏ هو من اأبرز وجوه يف جيل دعاة التحديث واحلداثة

وحقوق الإنسان،‏ خلف لنا دروسا يف التضامن والنضال والصرب والتضحية يجب

اأن نحافظ عليها يف ‏سجل من ذهب.‏

نقول له وداعا لكننا بالتاأكيد ‏سنجده معنا دائما على طريق التغيري الدميقراطي

ملهما وحمفزا ومعلما.‏ اإن روحه بيننا جميعا الآن.‏

عبد العزيز بنزاكور

ذكريات عن الفقيد

ببالغ احلزن والأسى،‏ تلقيت نباأ وفاة الصديق العزيز مصطفى اليزناسني،‏ تغمده اهلل

بواسع رحمته،‏ واألهم اأهله واإيانا الصرب والسلوان على فقدانه.‏

وقد تذكرت،‏ مع ‏شديد التاأثر،‏ ما كان قد قام به من اأعمال نضالية ‏شجاعة يف

اإطار احلزب الشيوعي املغربي،‏ وكذا بعد تغيري اسمه بحزب التحرر والشرتاكية،‏ قبل

استبداله بحزب التقدم والشرتاكية.‏

كما اأتذكر ما كان يقوم به،‏ يف بداية الستينات،‏ مبدينة الرباط،‏ من مشاركة نشيطة

يف خمتلف التظاهرات احلزبية،‏ من اأجل استكمال الوحدة الرتابية واإرساء الدميقراطية.‏

واأتذكر اأيضا قوة اإميانه باملبادئ الشرتاكية،‏ وجسيم تضحياته من اأجل نرصة اأفكاره

التقدمية،‏ ولو على حساب راحته وصحته،‏ خاصة من خالل عمله الدوؤوب على نرش

توجهات حزبه بلسان جريدة ‏»الكفاح الوطني«،‏ التي كان يشتغل بها بصفة وثيقة اإىل

جانب املرحوم علي يعتة.‏

واأتذكر كذلك،‏ مساهماته الفاعلة يف موؤسسات اإعالمية اأخرى،‏ التي قام من خاللها

بالعمل على تعميم الآراء احلقوقية والثقافية التحررية.‏

كما اأنه اشتغل بكل جدية ومسوؤولية،‏ كعضو يف املجلس الستشاري حلقوق

الإنسان،‏ قبل اأن يتكفل،‏ يف اإطار املجلس الوطني حلقوق الإنسان،‏ ببعض امللفات التي

مل يكن قد تاأتى لهيئة الإنصاف واملصاحلة اأن تبت فيها.‏

جزى اهلل الفقيد خريا وافرا على ما اأسداه لوطننا من خدمات جليلة،‏ واأسكنه فسيح

جنانه الظليلة.‏



اجتمع فيه

ما يفتقده واقعنا

اإدريس بلماحي

رفقة الصحفي مصطفى طوسة برواق املجلس الوطني حلقوق النسان

مبناسبة املعرض الدويل للكتاب ‏.فرباير 2017.

مصطفى اليزناسني مل يصل بعد،‏ علينا اأن ننتظر قليال وصوله،‏ فهو ل

يخلف املوعد.‏ كلنا يعرفه جيدا.‏

رجل ترشب قيم النضال مبفهومه الإنساين الأممي،‏ منذ ‏شبابه،‏ كوين يف

روؤيته احلقوقية،‏ اأخالقي يف ممارسته،‏ مثقف يف السياسة،‏ اأديب يف الصحافة،‏

يساري يف ليرباليته،‏ اأنيق يف دبلوماسيته،‏ مكافح وطني يف كل الواجهات،‏ من

خالل مساره ميكن اأن تطل على ‏صريورة املغرب املعارص وتعرف انعراجاته

ومنحدراته وصعوده،‏ حياة ثرية منقوش عليها التاريخ،‏ وتاريخ حياة تتجلى فيه

الكرامة والكربياء والإرصار،‏ من السياسة اإىل الأدب،‏ ومن الصحافة اإىل حقوق

الإنسان،‏ رجل متعدد كتضاريس املغرب وهوية واحدة،‏ كما اإنه التعبري عن

كينونة الإنسان املغربي وقدره.‏ كان هادئا يف حواره،‏ منفتحا على كل الآفاق،‏

متفهما لرضورة الختالف،‏ حاسما حينما تقتضي املبادئ اأن يكون احلسم،‏ كل

حتركاته بقدر ما تتجذر يف الرتبة الوطنية كانت تنطوي على طابع كوين بضمري

اإنساين متوهج.‏

من تطوان اإىل بلغاريا،‏ ومن الرباط اإىل نواكشوط،‏ كان يستطيع اأن يكون

ذلك املغربي الأصيل الذي ميد برصه اإىل الآفاق البعيدة.‏



58– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم احلكيم عاشق احلياة – 59

كانت الصداقة عنده انشغال بالآخر واأرسته وتقاسم الفكر وحلظات املشاعر

النبيلة وعشق احلياة املمزوج بالعطاء والزهد.‏

لقد كان كعاشق ‏صويف متتزج عنده املشاعر ملعانقة ‏شعوب العامل باآمالها

واآلمها،‏ وعشق يسمو اإىل مصاف التفاعل الروحاين والوجداين.‏

كان الراحل تعبريا حيا عن قيم التضامن والنسانية واحلداثة والنفتاح والعطاء

مهما كانت ظروفه ومعاناته اخلاصة،‏ كما اأنه نادرا جدا ما يتشكى من تنكر الأقربني

الذين تقاسم معهم جزءا غري يسري من مسار حياته،‏ ويتكبد هو متاعب متعددة

ليسهر على استمرارية الوفاء مبا اأوكلو اإليه من مهام رغم اجلحود وانعدام ثقافة

الإعرتاف باجلميل.‏

‏سي مصطفى،‏ نبع عطاء ومدرسة تسامح وثقافة وعلم،‏ بتواضع احلكماء

وصمت املتصوفة وزخم عشاق احلياة،‏ كما اأنه ‏ّذاكرة غنية مبساراتها وثقافتها

ومشاعرها مل نستطع اأن نحتفظ اإل بجزء يسري من غناها.‏

لروحك السالم ‏صديقي.‏

10 دجنرب 2019

تلك مبكتبه باملجلس الوطني حلقوق الإنسان حول كاأس ‏شاي يهيوؤه بنفسه،‏ لنتبادل

احلديث عن احلياة والناس والوطن وحقوق الإنسان...‏

مل يكن املرحوم مصطفى اليزناسني من الذين يشعرون بالزهو والتعايل كلما

ارتقوا درجة يف التموقع داخل اأجهزة اأو اقرتبوا من اأصحاب القرار يف هذا املجال

اأو ذاك.‏ فقد رافق وعمل اإىل جانب ‏شخصيات وازنة يف تاريخ املغرب احلديث من

علي يعتة اإىل اأحمد عصمان واأندري اأزولي واإدريس بنزكري وبنعمر الأحرش،‏

اجلرنال املغربي يف جيش هو ‏شي منه قائد التحرير بالفيتنام،‏ وغريهم من القادة

السياسيني والأدباء والإعالميني من املغرب و العامل،‏ دون اأن يكون لذلك تاأثري على

‏سلوكه اأو عالقته بالآخرين،‏ من اأصدقاء اأو عاملني معه،‏ بكل ما ميز تلك العالقة

من تواضع وتفاعل اإنساين و مهنية رفيعة وحرص على اقتسام ما اكتسبه من معرفة

وخربة وقيم.‏ لقد كان يكره العجرفة والغرور،‏ ول يطيق املتملقني واملدعني ملا ليس

لهم فيه دور اأو عطاء.‏

اإىل جانب ذلك،‏ كان للصديق مصطفى مسار طويل يف الصحافة من جرائد

احلزب الشيوعي اإىل جرائد التجمع الوطني لالأحرار مرورا بوكالة املغرب العربي

لالأنباء وجريدة العلم ومغرب انفورماسيون Maghreb information القريبة من

الحتاد املغربي للشغل،‏ وكان يتقاسم مع رفاق املهنة ما راكمه من معرفة وخربة.‏

ولبد من ذكر اأنه فتح اأبواب جرائد امليثاق واملغرب يف وجه عدد من ‏شباب اليسار

العائدين من السجون واملعتقالت الرسية،‏ رغم عدم رضى ‏»عيون الدولة«‏ على

ذلك.‏

حواراته تكون دوما مرتكزة على املبادئ ول تشعر فيها اأنك اأمام مسوؤول يف

حزب ‏سياسي،‏ كما اأنها جتمع بني الأدب واللغات والتاريخ واملرح وغريها من نوافذ

النفتاح على الآخر.‏ كانت ابتسامته وتواضعه جزء من ‏شخصية.‏ حني تكسب

تقديره وثقته،‏ يكون قد بادلك ذلك بكل عمق وصدق وتقدير.‏

كان ‏سي مصطفى عاشقا للفن والأدب والفلسفة والتاريخ واللغات.‏ كان

التمكن من هذه الأخرية نافذة على الثقافات والشعوب،‏ رمبا لذلك كان يثقن العربية

والفرنسية والسبانية والعربية والبلغارية...‏ جتده ذات ‏صباحات يرتجم قصائد

بلغات خمتلفة ليتقاسم مشاعر اإنسانية على ‏صفحته بالفايسبوك.‏

اأثناء تكرمي احلقوقي هاين جملي.‏ يف يسار الصورة اإدريس اليزمي،‏ عبد الوهاب هاين،‏

مصطفى اليزناسي ويف ميني الصورة حلبيب بلكوش،‏ رواق املجلس باملعرض الدويل

للكتاب مارس 2018.



احلكيم عاشق احلياة

حلبيب بلكوش

يف حفل استقبال نظمه ويل العهد اآنذاك جاللة امللك حممد السادس مبناسبة الذكرى الأربعني لصدور ظهري

احلريات العامة ‏)نونرب - 1958 نونرب 1998( . الوزير حممد العربي املساري بجانب ويل العهد . طالع ‏سعود

الأطلسي يقدم اأعضاء جلنة املناظرة الوطنية حول الإعالم ‏.)مسرح حممد اخلامس.‏ الرباط(.‏ نونرب 1998.

تعرفت على ‏سي مصطفى اليزناسني رحمه اهلل حني التحقت واملرحوم ادريس

بنزكري باملنظمة املغربية حلقوق الإنسان اأيام اأوج عطائها اأواسط التسعينات بطلب

من ذ.‏ علي اأومليل،‏ رئيس املنظمة اآنذاك قبل اأن يغادرها بعد اأشهر معدودة.‏ كانت

النواة املحرتفة الأوىل التي اأعطت وقتها للعمل احلقوقي داخل املنظمة تتشكل

اأساسا منا نحن الثنني اإىل جانب عبد العزيز بناين ومصطفى اليزناسني.‏ كان ‏سي

مصطفى اآنذا ك مديرا جلريدتي ‏»امليثاق الوطني«‏ و«‏ املغرب«‏ اللتني تصدران عن

التجمع الوطني لالأحرار،‏ وكان بتلك الصفة عضوا يف املكتب السياسي للحزب

اإىل جانب اأحمد عصمان وعدد من الوجوه البارزة داخله.‏

اإل اأن ذلك مل يحل دون انخراطه القوي يف العمل احلقوقي بتجرد تام،‏ حتى

اأن اجلميع،‏ مبن فيهم مناضلو اأحزاب اليسار،‏ كان يحرص على اأن يكون حارضا

داخل هيئات املنظمة.‏ لقد كان يشتغل باجلرائد عادة اإىل حدود حوايل الثانية بعد

الزوال،‏ ويلتحق مبارشة مبقر املنظمة للمساهمة يف كل عمل مطروح من النقاش

لإنضاج مواقف،‏ اأو املساهمة يف ‏صياغة بالغات وتقارير اأو ترجمتها اأو استقبال

‏شخصيات وغريها.‏ ويبقى يوميا على هذا احلال اإىل حدود اخلامسة اأو السادسة

مساء،‏ غالبا دون غداء فقط قهوة اأو ‏شاي وسجائر،‏ كما هو حالنا جميعا اآنذاك !

جمعتنا بعد ذلك العديد من امللتقيات احلقوقية والثقافية،‏ وجلسات خاصة،‏ منها



54– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم لرِذرِ‏ كحْ‏ رَى حُ‏ قُوقرِيٍّ‏ اأَسصِ‏ يلٍ‏ – 55

كان تعويلهم على تكوين راأي عام يُسنرِدها.‏ كان حلفاوؤهم املنظمات احلقوقية

الدولية وصحافيون يف العامل واأعضاء يف برملانات دول لها تاأثري على دولتهم،‏ وهي

دولة مُسحْ‏ تَاأ حْسرِ‏ دَ‏ ة على مواطنيها لكنها ‏ضعيفة جتاه دول خارجية تلتمس منها العون

واملساعدة،‏ وتنعت احلقوقيني بتشويه ‏سمعة الوطن والعمالة للخارج.‏

تبنّينا مرجعية لنا هي ‏رصرِ‏ حْ‏ عَ‏ ةُ‏ حقوق الإنسان،‏ اأي الإعالن العاملي حلقوق

الإنسان والعهود الدولية الأخرى.‏ مل يُطرَح مشكل يف هذه املرجعية اآنذاك.‏ ثم

نبتت نابتة يزعمون اأن ‏رصرِ‏ حْعَ‏ ة حقوق الإنسان مناقضة للرشيعة.‏ وكاأمنا الدفاع عن

كرامة الإنسان وحترمي التعذيب واعتقال للراأي خروج عن الدين!‏

كنا نعلم اأن التاأصيل الثقايف حلقوق الإنسان يحتاج اإىل اجتهاد فكري حتى

تتوافق الثقافات املتعددة على قيم عاملية حقوقية.‏ واإىل اأن يتم ذلك،‏ وهو ما يحتاج

اإىل وقت،‏ فاإن هناك عاملية تفرض نفسها من الآن،‏ وهي عاملية التضامن،‏ تضامن

املدافعني عن حقوق الإنسان اأينما كانوا يف اأي بلد من بلدان املعمور.‏ عاملية

التضامن ‏ضد العدوان على حقوق الناس بغض النظر عن اختالف اأديانهم واألوانهم

واأصولهم العرِ‏ رقية.‏ األيست الأنظمة الستبدادية وباسم اخلصوصية والأصالة وعدم

التدخل يف السوؤون الداخلية تُقفل الأبواب على مواطنيها لتفعل بهم ما تشاء؟

كان رفاقك احلقوقيون يا مصطفى يعملون يف ظروف بالغة الصعوبة.‏ كان

ليل املغرب طويال تتسرت حتت ظلماته اأجهزة جبارة لتفعل مبواطنيها ما تشاء.‏ تلك

‏صفحة طويت وعسى اأن تُطوى نهائيا.‏

تركت يا مصطفى ملحبيك الكثريين ذكرى حقوقيٍّ‏ متمرس وصحايف قدير.‏

ذكرى مزايا نادرة وخصال عالية ‏سيذكرها الذاكرون.‏

‏ضمن اأعضاء من املكتب الوطني واملجلس الوطني للمنظمة املغربية حلقوق الإنسان يف استقبال املناضل

نيلسون مانديال ‏.من اليسار اإىل اليمني : خالد الناصري،‏ القاضي عبد القادر العمراين،عبد اهلل الولدي ،

علي اأومليل ‏،اأمينة بوعياش ، مصطفى اليزناسني ‏،حممد كرم ، عبد اهلل زيو زيو . حفيظ ولعلو يف مقدمة

الصورة ‏)الرباط 1994(.



52– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم

‏»املكافح«‏ ثم ‏»الكفاح الوطني«.‏ وهي اجلرائد التي كنت اأعرفها منذ الطفولة ملا كان

الراحل والدي حممد الوديع الآسفي يكلفني باقتناء اجلرائد:‏ ‏»التحرير«‏ ثم ‏»املحرر«‏

دون اأن اأنسى ‏»العلم«.‏ واأنك ‏سبقتني اإىل الفكر الربوليتاري واأنك خضت املغامرة

قبل جيلنا بسنوات.‏

غري اأن اأعمق ما ‏شدين اإليك كان هو حسك املواطن،‏ وعمقك احلداثي بال

ادعاء،‏ وسالسة اآدميتك املهداة للجميع،‏ واحرتامك لآراء الآخرين،‏ واندماجك يف

العمل اجلماعي بال اأفضليات،‏ وحرصك على املودة مهما حدث.‏

ثم جمعَتنا اللحظة التاريخية يف هيئة الإنصاف واملصاحلة.‏ حيث كنت وفيا

لنفسك ولذاكرة الوجع وملستقبل اليام اجلميلة يف بلدنا الطيب.‏ طفنا جغرافية الأمل

وزرنا معا – اإىل جانب الرائع،‏ مثيلك يف توهج الروح،‏ الصديق عبد احلق مُصدق

– زرنا العائالت املكلومة واحدة واحدة،‏ ومللمنا اجلراح الصارخة بالأمل.‏ وبكينا يف

حلظات كثرية مع عيون الفجيعة.‏ واشتغلنا باإرادة املهاجرين اإىل ذات التاريخ...‏

اأنت ‏شخص ل تنساك ذاكرتي حتى ينطبق اجلفن على اجلفن يوم الوداع

الأخري.‏ لكنك ‏سوف تظل منتشيا يف ذاكرتنا اجلمعية منوذجا للمواطن،‏ منوذجا

للمناضل،‏ منوذجا لالآدمي...‏

طوبى يل ولنا بك ايها الراحل العزيز.‏

اأعرتف اأنني اأفقد معك بعضي يا ‏صديقي...‏

لكن اأعزي نفسي باأنك ذهبت اإىل هناك حيث حبيبة القلب ‏»الزهرة«‏ التي

غمرتك باأريج املحبة وسكنت وجدانك،‏ فاأفردتَ‏ لها فردوس روحك...‏

من يف ‏سالم.‏

من يف طماأنينة الضمري يا ‏صديقي.‏

وداعا ‏سي مصطفى...‏

يناير 2020

علي اأومليل

لِذِكْرَى حُقُوقِيٍّ‏ اأَصِ‏ يلٍ‏

كان من الذين حتب اأن يكون لك ‏صديقا.‏ مل تُتح يل هذه الفرصة.‏ ومع ذلك

فقد ملست خالل هذه الجتماعات بعض خصاله ومزاياه:‏ خالل عملنا املشرتك يف

املنظمة املغربية حلقوق الإنسان.‏

عراقة خصاله طبعته بها حضارة الشمال.‏ وداعة اأصيلة يف احلركة وعفة يف

اللسان وابتسامة ل تفارق حمُ‏ يَّاه.‏ طباع ل تغيب عنه مهما احتدّ‏ يف اجتماعاتنا

النقاش واجلدال.‏ ما راأيت منه عبارة نابية ول حركة غاضبة.‏ يُبدي راأيه يف هدوء

ول يدخل يف اجلدال ول يبغي النزال.‏ وملاذا يدخل فيهما واخلصوم احلقيقيون هم

خارج مقر املنظمة يعيثون فساداً‏ يف حقوق الإنسان؟

جاء اإىل املنظمة وله انتماوؤه احلزبي.‏ يرتكه على باب مقر املنظمة.‏ فقد كان

يعرف جيّداً‏ اأن اأي منظمة حقيقية حلقوق الإنسان فهي ليست حزباً‏ ‏سياسيًّا وما

ينبغي لها.‏ هي ل تشتغل مبارشة بالسياسة،‏ بل تدافع من اأجل اأن تكون احلياة

السياسية الدميقراطية ممكنة.‏ تناضل من اأجل حرية الأحزاب يف الستقالل وحرية

العمل والجتماع والتنظيم،‏ ومن اأجل ‏رشعية املعارضة،‏ وحرية الراأي والتعبري.‏

ومن اأجل اأن ل يُسجَ‏ ن راأي اأو يُعذَّ‏ ب مُعارض اأو يُغيّب قرساً‏ اأو يُصفّى.‏

منذ اأن تكونت اجلمعية املغربية حلقوق الإنسان ثم املنظمة املغربية حلقوق

الإنسان،‏ كان على اأعضائها اأن يتعلموا منهجية حقوق الإنسان،‏ ولغتها واأساليبها.‏



منوذجا للمواطن،‏

منوذجا للمناضل

‏صالح الوديع

اأعضاء هيئة النصاف واملصاحلة يف دورة تكوينية مع املركز الدويل

للعدالة النتقالية ‏)الرباط 2004(

وداعا ‏سي مصطفى.‏

لو كان للمودة والصداقة والتواضع والوفاء والعمل الصبور ودماثة اخللق

وبداهة النكتة...‏

لو كان لكل هذا اسم يجمعه ويصنع منه وجها يف ذاكرة الوطن لكان هو وجه

مصطفى اليزناسني.‏

اأودع نفسي يف كل منعطف يغيب فيه حبيب،‏ لكنني ‏رسعان ما اأبتهج لأن

احلياة لقتني بك وبهم.‏

يف كل املحطات التي قطعنا معا كنتَ‏ اأنتَ‏ اأنت:‏ طيبا ودودا اآدميا مبتسما غامرا

بالطماأنينة منشغال بالآتي،‏ غري اآبهٍ‏ بنداءات الفراغ.‏

اأذكر اأنني تعرفتُ‏ عليك يا مصطفى يوم التحقتُ‏ باملكتب الوطني للمنظمة

املغربية حلقوق الإنسان.‏ كان ذلك نهاية الثمانينات فيما اأذكر.‏ كنتُ‏ يف البداية اأسائل

نفسي واأنا اأجلس اإىل جانبك يف اجتماعات املكتب اأو خالل الأنشطة والندوات

التي كانت املنظمة تقيمها هنا اأو هناك،‏ اإىل اأي مدى ميكنني اأن اأنسجم مع اإطار

ينتمي اإىل جتربة حزبية مغايرة ملا عشته وما اأحدثَ‏ حويل من اأمواج عاتية.‏ وكان

عليَّ‏ اأن اأكتشف ‏شيئا فشيئا اأنك كنت ‏صاحب اجلريدة املناضلة يف الليايل السود



املناضل املتواضع

حممد النشناش

اإحدى دورات املجلس الوطني للمنظمة املغربية حلقوق الإنسان.‏ من اليسار اإىل

اليمني : الفنان التشكيلي حممد القاسمي،‏ مصطفى اليزناسني،‏ عبد احلفيظ ولعلو،‏

علي اأومليل،‏ عبد العزيز بناين واأمينة بوعياش

افتقدنا الأخ مصطفى اليزناسني،‏ اأحد املناضلني الكبار يف امليدان الإعالمي والثقايف

واحلقوقي ورجل التواضع والعمل لصالح وطنه دون الطموح اإىل مناصب اأو امتيازات.‏

عايشته منذ تاأسيس املنظمة املغربية حلقوق الإنسان،‏ والذي حتمل مسوؤولية عضوية

مكتبها الوطني،‏ فكان عنرص توازن ورزانة وباحثا دائما عن حلول توافقية دون التنازل

عن الأمور الأساسية.‏

وشاركت واإياه مكتبا يف هيئة الإنصاف واملصاحلة،‏ فكان حكيما وملما بقضايا

العدالة النتقالية يف كثري من دول العامل،‏ وكنا نلجاأ اإليه يف حل بعض الإشكاليات وهو

العارف املتمكن من خمس لغات من بينها العربية.‏

وكانت له قدرة كبرية يف الستماع،‏ وشاهدت يوم قمنا بزيارة اأرس ‏ضحايا الختفاء

القرسي كيف كان يتعامل باإنسانية وتقبل ‏شكاياتهم وهو ما ‏شاهدته عند زيارتنا لأرس

الختفاء القرسي يف كل من فكيك ووجدة وتطوان.‏

واإذا اتبعنا مساره يف الديبلوماسية والإعالم والنتماء احلزبي،‏ جنده دائما يتهرب

من النجومية والنتهازية،‏ فعاش حياة تقشف ونكران الذات،‏ ومات ‏رشيفا حارضا يف

ذاكرة من عرفوه ومل يشارك يف ‏رصاع املواقع.‏

يبقى لنا نرباسا ومنوذجا للمثقف التقدمي املتواضع وكان بطبعه متفائال وصاحب

نكتة رغم ظهوره كرجل عبوس.‏

قاسى يف اآخر حياته ابتالءات حتملها بصرب وجتلد.‏



46– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم تعددت الواجهات واللتزام واحد – 47

تطمئن لكون الرجل واثق من نفسه.‏ وقد تاأكدت من ذلك اأثناء الزيارة التي قمت

بها معه اإىل الوليات املتحدة الأمريكية ‏سنة 1991.

وذاكرتي ترجع بي اإىل ‏سنوات النضال املشرتك الغنية مبواقفها واندفاعاتها،‏

استحرض حمطة قوية ‏سنة 1991 واأنا اأحتمل مسئولية رئاسة املنظمة املغربية حلقوق

الإنسان وهو عضو نشيط مبكتبها الوطني،‏ حيث كان من حظي القيام بتلك الزيارة

استجابة لدعوة من احلكومة الأمريكية استغرقت ‏شهرا بالتمام والكمال،‏ ومقولة

الرفيق قبل الطريق ل تفارقني.‏

لقد كان املوعد الأول املحدد لهذه الرحلة ‏سنة 1990 بتزامن مع حرب اخلليج،‏

فاستقر راأينا معا لرفض هذه الدعوة،‏ ‏سي مصطفى واأنا بسبب الدور السلبي الذي

لعبته الوليات املتحدة لدى غزو العراق،‏ واأخربنا السفارة الأمريكية بالرباط مبوقفنا

الرافض لتلك الدعوة،‏ اإل اأنه بعد مضي عام على ذلك،‏ طرق السفري الأمريكي بابنا

من جديد بطلب ملحاح من الإدارة الأمريكية،‏ فاتفقت مع ‏سي مصطفى لنخرب

الأمريكيني باأننا نقبل الزيارة على اأن تتضمن لقاء مع مسوؤويل اخلارجية المريكية

لنعرب لهم عن راأينا يف املوضوع والذي كان ‏ضد احلرب.‏ وكذلك كان،‏ حيث كانت

الزيارة التي استغرقت ‏شهرا كامال مليئة باملعطيات مل تزدها رفقة ‏سي مصطفى اإل

متعة يومية وقيمة مضافة متميزة.‏

لبد من الإقرار يف هذا السياق اأنني بفضل هذه الرفقة اكتشفت املزايا

الإنسانية التي كان يتمتع بها املرحوم ‏سي مصطفى،‏ مزايا حتملها ‏شحنة ثقافية واسعة

جتعل ‏شهرا من السفر مبعيته متعة بكل معنى الكلمة.‏

اإن ما يهمني يف هذا الرسد املوجز هو اإبراز ‏شخصية تربت على مبادئ ‏سامية

متنح الرجل قوة وصالبة جتعالنه يوؤثر يف نظرة الآخر اإليه نظرة احرتام واإعجاب،‏

‏سواء كان ذلك الآخر يشاطره نفس التحليل اأم ل،‏ ذلك اأن ‏سي مصطفى مل يكن

يبني مواقفه على مرتكزات التطابق املطلق مع ما يوؤمن به،‏ بقدر ما كان الساسي

بالنسبة اإليه هو متانة احلجج التي تبنى عليها مكونات املقاربة املنطقية،‏ موظفا لأجل

ذلك ثقافته املزدوجة الواسعة،‏ العربية والفرنسية.‏

كذلك ظل مصطفى اليزناسني على امتداد حياته التي كرسها لقول الكلمة

احلق،‏ وخاصة يف الدفاع عن قيم احلرية وحقوق الإنسان والدميوقراطية،‏ ‏سواء

على ‏صعيد تاأسيس ثم املساهمة يف قيادة املنظمة املغربية حلقوق الإنسان التي اأغنت

احلقل احلقوقي الوطني،‏ فكانت بذلك مدرسة بكل معنى الكلمة.‏ وبعد ذلك تاألق

يف املجلس الستشاري حلقوق الإنسان قبل حتوله اإىل املجلس الوطني حلقوق

الإنسان،‏ الذي لعب فيه دورا مميزا لطي ‏صفحات املاضي بعد قراءتها.‏

هذا هو،‏ باقتضاب ‏شديد،‏ مصطفى اليزناسني كما عهدته،‏ بكثري من الحرتام

والتقدير،‏ ل تنال الأيام منه كرجل قيم ومبادئ،‏ يجدر بالأجيال املتالحقة اأن تطلع

على ‏شخصيته املتفردة عساها تنهل منها مثال يحتذى بها.‏

مع الفقيد اإدريس بنزكري



تعددت الواجهات

واللتزام واحد

خالد الناصري

مصطفى اليزناسني و خالد الناصري على اليمني وعبد العزيز بناين يف مقدمة الصورة

خالل ورشة حول العدالة النتقالية ، الرباط 2004

بغياب املرحوم مصطفى اليزناسني تكون الساحة النضالية املغربية قد فقدت

معلمة وضاءة يف ‏سماء اللتزام الوطني والتقدمي والعمل املثابر من اأجل ترسيخ

قيم احلرية والدميوقراطية.‏

اإن هذا الرجل املثايل الذي واإن اشتغل ظاهريا على واجهات عدة،‏ فهو يف

احلقيقة كان هاجسه الأول على امتداد السنني هو تقدمي خدمة لبالده التي كان يحبها

حبا جما.‏ فمن خالل اللتزام السياسي يف احلزب الشيوعي املغربي ثم يف ‏صحافة

احلزب،‏ ثم يف واجهات ‏سياسية واإعالمية اأخرى،‏ ظل ‏سي مصطفى نفس الرجل،‏

يرتدي نفس املبادئ املثلى،‏ بعيدا عن التعصب الفكري والتطرف اللغوي،‏ كان

الرجل الذي ل يرتدد يف النطق بالكلمة احلق باأسلوبه البديع،‏ القادر على التواصل

الإيجابي،‏ بحثا عن احللول الوسطى التي تقدم الفكر والعمل.‏

هذا هو مصطفى اليزناسني الذي ‏ساأظل حافظا لذكراه الطيبة التي جتددت

اأوارصها مبناسبة انشغالنا جميعا يف النواة الوىل للمنظمة املغربية حلقوق الإنسان

‏سنة 1988، حيث كنا نلتقي على خط ‏سواء هو خط املقاربة التوافقية لبلوغ املواقف

الصحيحة التي ل تتنازل عن املبادئ حتى واإن اقتضى الأمر التنازل عن الشكليات.‏

بتلك البتسامة الرقيقة التي ل تفارق حمياه كان يخفي ‏شخصية ‏صامدة جتعلك



42– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم احلكيم الصادق امللتزم الويف – 43

اأذكر اأنه ويف كل موؤمترات النقابة الوطنية للصحافة املغربية التي حرضتها منذ

اأبريل 1984، كانت تدخالت مصطفى اليزناسني قيمة مضافة يف التعامل مع القضايا

املطروحة،‏ من اأجل حتصني املهنة واحلفاظ على مكتسباتها وتوفري ‏رشوط ممارستها،‏

ويف جعل النقابة جدارا يحمي ظهر الصحفي من انزلقات ونزوات السياسي

وجشع الإدارة...‏

يف املهام الصحفية،‏ ونحن نقوم بتغطية مناسبات مغاربية اأو عربية،‏ كان رحمه

اهلل يتقاسم املعلومة والوثيقة مع الصحفيني مببادرة منه وقناعته اأن الصحافة مدرسة

ومرجع للقراء اأيا كان منرب قراءتهم،‏ وما نقدمه لهم يجب اأن يكون يف مستوى

انتظاراتهم.‏

واأذكر اأنه كان يرتب برامج ملا بعد العمل الصحفي.‏ فقد يفاجئك باأنه رتب

مواعيد مع ‏شخصيات اأو حدد زيارة لأماكن جديرة باملشاهدة وخاصة املكتبات...‏

لقد كانت له عالقات ومعرفة باخلرائط السياسية،‏ خاصة باجلزائر وتونس،‏ حيث

‏سافرنا معا.‏ وبالتاأكيد،‏ وهو امللم باللغة الإسبانية،‏ كان يعرف تضاريس الفكر

والسياسة والإعالم بجارتنا الشمالية اإسبانيا بل والعامل الناطق بلغتها...‏

كانت لدى مصطفى خاصية استعادة التفاصيل وهو يحكي من الذاكرة.‏ كانت

له قدرة فائقة يف تذكر الأسماء كاملة والأمكنة واملناسبات.‏ واأنت تستمع اإليه جتد

متعة وهو يحدثك عن حمطات نضالية يف حقبة الستينات بوقائعها وكاأنها حدثت

للتو،‏ اأو جلسات حرضها يف مناسبات السبعينيات كاأنه كامريا رصدت كل فقراتها،‏

اأو مهام اأسندت له يف اإطار عمله املهني اأو احلزبي،‏ اأو نقاشات فكرية ‏شارك فيها

اأو ‏شهدها العامل يف ‏سياق حتولت ومناظرات ورصاعات.‏ بل كان يقدم ملحدثه

ملخصا لرواية اأو دراسة اأو مقال اطلع عليه قبل اأربعني ‏سنة اأو اأكرث،‏ اأو حمطات

تاريخية دبلوماسية،‏ خاصة فيما يتعلق بالقضية الوطنية،‏ الصحراء املغربية.‏ وهو

الذي عايش عن قرب حلظات استعادة اأقاليمنا الصحراوية يف منتصف السبعينيات،‏

حيث كان مسوؤول بسفارة اململكة بنواكشوط.‏

خالل العقود الثالثة من عمر عالقاتنا،‏ كانت السنوات العرش الأخرية مرحلة

توطدت فيها هذه العالقة بشكل اأكرب.‏ فقد كان املشرتك احلقوقي حارضا بقوة من

خالل تواجدنا باملجلس الوطني حلقوق الإنسان.‏ كان مصطفى اليزناسني ركنا

اأساسيا من اأركان هذا الفضاء بناية وقضايا،‏ اجتماعات وندوات.‏ اإنه مرجع يف

احلركة احلقوقية بذاكرته وحكمته.‏ مرجعيته كونية هذه احلقوق،‏ وما راكمه خالل

مساره وهو عضو باملنظمة املغربية حلقوق الإنسان وكذا من خالل عضويته باملجلس

الستشاري حلقوق الإنسان اأو بهيئة الإنصاف واملصاحلة،‏ التي كانت اإحدى اأهم

جتارب معاجلة النتهاكات اجلسيمة التي عرفها املغرب يف حقبة ما بعد الستقالل،‏

وما يعرف بسنوات الرصاص.‏ مل تكن تستقيم الولوج اإىل مقر املجلس دون اأن متر

مبكتبه الذي كان بوؤرة ثالوثية تضم بالإضافة اإليه كال من الأخوين العزيزين النقيب

الأستاذ مصطفى الريسوين والأخ عبد احلق املصدق.‏

لقد كان مصطفى اليزناسي عاشقا للشعر وكاتبا له،‏ ومرتجما لأجمل قصائد

اأعالمه.‏ كما كان حريصا،‏ يف السنوات الأخرية،‏ اأن يتقاسم مع اأصدقائه بوسائط

التواصل الجتماعي قصائد اأو مقتطفات لبول اإيروار وغارسيا ماركيز ولويس

اأرغون وكلوديو رودريغيز وحممود درويش واأدونيس وناظم حكمت وروين ‏شا.‏

ويف نقاشاته،‏ كان يف اأحايني كثرية يستشهد ببيت ‏شعري اأو موقف ‏شاعر اأو اأسباب

نزول قصيدة.‏ كما كان كاتبا للقصة القصرية.‏ ويف العديد من لقاءاتنا كان الفقيد

يقراأ بعضا من نصوصه الإبداعية ذات احلمولة الفكرية التي تلتقط حتولت املجتمع

وحتدياته..‏

وداعا ‏صديقي العزيز مصطفى اليزناسني.‏ فرحيلك موؤمل،‏ وفقدانك خسارة

للوطن الذي ناضلت من اأجل دمقرطته وعدالته الجتماعية وحقوق مواطنيه.‏ ول

ميكنني اإل اأن اأردد تدوينة اأخي عبد احلق مصدق :

‏»مات املناضل املثال...‏

يا مائة خسارة على الرجال...«.‏



احلكيم

الصادق امللتزم الويف

مصطفى العراقي

خالد مظفر ومصطفى العراقي مبناسبة موؤمتر التالف

‏ضد عقوبة الإعدام،‏ الرباط اأكتوبر 2012

هو احلكيم مواقف،‏ امللتزم مبادئ،‏ الويف ‏صداقات،‏ املوسوعي ثقافة،‏ املبدع

كتابة...‏

هو العزيز فقيدنا مصطفى اليزناسني.‏

عرفته يف نهاية عقد ثمانينيات القرن املاضي.‏ كانت هناك حمطتان مشرتكتان

بيننا.‏ ومن حينها كان هذا املشرتك يتسع والعالقة تتعمق والصداقة تتوطد.‏

عرفته يف خضم التحضري لتاأسيس املنظمة املغربية حلقوق الإنسان التي عقدت

موؤمترها التاأسيسي يف العارش من دجنرب 1988 بالرباط.‏ وكنا معا ننتمي اإىل قبيلة

الصحفيني ‏ضمن الأعضاء املوؤسسني لهذا الإطار احلقوقي.‏

واملشرتك الثاين الذي جمعنا هو احلقل الصحفي.‏ واأذكر اأن قمم احتاد املغرب

العربي الذي تاأسس يف فرباير 1989 وطدت عالقاتنا ونحن ننقل اإىل قراءنا من

خالل تغطيات دورات جملس الرئاسة،‏ وقائع اخلطوات الأوىل لتجمع اإقليمي كان،‏

ول زال اأحد اأحالمنا التاريخية.‏

ثالثة عقود اإذن كان هذا املشرتك يتيح لنا تعدد اللقاءات وتنوع املواضيع.‏

ويف كل مناسبة كان مصطفى يضع على طاولة النقاش اأطباقا ‏شهية دسمة غنية من

الأفكار واملعلومات والذكريات.‏



38– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم

عاشق اللغات والثقافة والفنون – 39

ووعيا منه باأهمية تهذيب الوجدان لدى املتلقي،‏ كان يدعو اإىل ‏رضورة

ارتقاء اأجهزة الإعالم العمومية بالذوق العام من خالل ما تبثه من فقرات فنية،‏

داعيا اإىل احلفاظ على الهوية املغربية الأصيلة،‏ والنفتاح يف نفس الوقت على

كل الأمناط الأخرى.‏

كان متابعا يقظا ملختلف املعارض التشكيلية،‏ ومهتما بالتيارات الفكرية

والأساليب اجلديدة يف الشعر واملرسح والسينما من خالل املواكبة الدائمة،‏

والرتباط الوثيق بعالقات مع عدد من املبدعني املغاربة.‏

وقد كان باإمكانه اأن يصبح كاتبا من الطراز الرفيع لو اأن طاحونة الصحافة

مل ترسق عمره،‏ بعد اأن تفرغ لها متاما واستحوذت على كل وقته وتفكريه،‏ غري

اأنه ظل دائم احلنني اإىل عامل الأدب،‏ ولعل هذا ما يفرس انضمامه يف مرحلة ما

اإىل احتاد كتاب املغرب كعضو ‏سابق ‏ضمن املكتب الوطني.‏

رحم اهلل فقيدنا العزيز.‏

يف متحف حممد السادس للفن احلديث دجنرب 2018

من اليمني اإىل اليسار : الفقيد مصطفى اليزناسني،‏ والشاعر العراقي عبد الوهاب البياتي،‏

و الدكتورة ‏سهري عبد الفتاح الباحثة املوسيقية،‏ حرم الشاعر املصري اأحمد عبد املعطي

حجازي،‏ اجلالس اإىل جنبها،‏ والناقد والكاتب اللبناين بول ‏شاوول،‏ وبوشعيب الضبار.‏



36– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم

بابتسامة دالة يهني عليك الطريق،‏ وبحسه املرهف يجعلك يف وضع املدلل.‏

من مدرسة املنظمة املغربية حلقوق الإنسان اإىل هندسة التجربة املغربية يف

جمال العدالة النتقالية.‏

ذو مسار حقوقي ومهني منحاز للمظلومني واأصحاب احلقوق،‏ مصطفى بال

املصطفى يف ‏صيغة التعريف ذو القدرة على الفهم والتحليل واإقناع الغري باملشرتك

العاملي،‏ يف جمال القيم رفيع الذوق والإحساس،‏ كتوم عند القتضاء،‏ مملوء

باحلكي يف حلظات البوح،‏ ناكر للذات،‏ وعنوانا للوفاء،‏ اإذا عاهد وفى،‏ واإذ بادر

اأوفى،‏ واإذا ‏صمم ‏سعى،‏ ويف ‏سعيه اأكرث من مسعى.‏

عاشق للحرية،‏ ممانعا ‏ضد القيود وكل اأشكال الضطهاد.‏

رحلت عنا مرسعا لتلتحق بزوجتك ولتلتحف الرتاب غري بعيد عنها،‏ وتركتنا

حيا يف وحدتنا.‏ فعلى هدا املنوال يرحل اخلالدون.‏

فسالم عليك ميتا وحيا.‏

بوشعيب الضبار

اليزناسني

عاشق اللغات والثقافة

والفنون

مكتب الفقيد مصطفى اليزناسني،‏ املدير السابق لصحيفتي ‏»امليثاق الوطني

و«املغرب«‏ مثل قلبه متاما.‏ كان مفتوحا دائما يف وجه اجلميع.‏

مل يكن يرتدد اأبدا يف استقبال اأي اأحد،‏ خاصة اإذا كان اإعالميا اأو مثقفا اأو

‏شاعرا اأو فنانا اأو معتقال ‏سياسيا ‏سابقا اأو قارئا عابرا اأو مواطنا بسيطا اأو طالب

مساعدة.‏

بالإضافة اإىل نضاله يف جمال حقوق الإنسان،‏ عرف عن الفقيد عشقه

الكبري للغات والفنون وللثقافة بصفة عامة،‏ مبختلف تعبرياتها واأشكالها واألوانها

واإيقاعاتها.‏

اأذكر اأن اليزناسني كان يحفظ جيدا بعض اأشعار اأحمد فوؤاد جنم التي غناها

رفيقه يف رحلة الكفاح والفن الشيخ اإمام،‏ ولطاملا رددها اأمامنا بكل حماس.‏ كما

كان يكن اإعجابا فنيا خاصا بتجربة ناس الغيوان وجيل جياللة،‏ اإضافة اإىل ميله

لسماع املقطوعات املوسيقية الكالسيكية العاملية.‏

يف حفل استقبال نظمته جريدتا املغرب وامليثاق الوطني على ‏شرف البطلتني

نوال املتوكل واحلسنية الدرامي



من اأفضل ما اأنتجته

قبائل بني يزناسن

حممد الصبار

مصطفى الشهم ، ‏صاحب عزة النفس و الكربياء.‏

الرجل الطيبّ‏ ، والودود،‏ والروؤوف،‏ وحامل العلم والفكر والقلم،‏ والعنفوان،‏

ورمز للتواضع والزهد،‏ احلامل لصفات متنوعة ومتعددة،‏ الصحفي،‏ والنارش،‏

والديبلوماسي،‏ واحلقوقي الناضج،‏ وصاحب النظر الثاقب.‏

مصطفى رحلت ومل ترحل،‏ كنت ول زلت،‏ لن توؤثر فينا لعبة النسيان،‏ ول

‏سنة الزوال.‏

كنت عفيفا،‏ ‏رصيحا،‏ حبيبا،‏ اأنيسا مرفوع الراأس والهامة،‏ فعانيت يف ‏صمت،‏

ورحلت يف ‏صمت،‏ وهناك الكثريون والكثريات من اجلسم الإعالمي والصحفي،‏

ومن نشطاء حقوق الإنسان،‏ ومن رفاقك ورفيقاتك يف هيئة الإنصاف واملصاحلة،‏

واملشغلني واملشغالت معكم يف املجلس الوطني حلقوق الإنسان،‏ يجمعون على

اأنك النموذج يف الإخالص والعطاء وحب الناس والوطن.‏

متعدد املنابع واللغات،‏ املطلع على روائع الآداب السباين والالتيني،‏ املعارص

لنهضة املعسكر الرشقي السابق،‏ والعاشق للسمفونيات الكالسيكية العريقة يف

بالد الهنغار،‏ وعامل املرسح يف الدول املجاورة،‏ ومهوس كذلك بكربيات املوؤلفات

الفرنسية من الفلسفة حتى الفنون.‏



32– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم احلقوقي املثقف واملناضل الصامت – 33

الأستاذ عبد اخلالق الطريس استقالته من نفس احلكومة التي كان يشغل بها منصب

وزير السوؤون الجتماعية.‏ وقد كان حدثا بحق اهتز له كيان الستعمار السباين،‏ ومت

استدعاء احلكومة باأكملها لدراسة املوضوع.‏ وهاتان الستقالتان جتلتا يف اإلزام اإسبانيا

بالتوقيع على استقالل املنطقة الشمالية يوم 1956/4/7. وميكن اأن يراجع يف تاريخ

هذه الأحداث كتاب ‏»املنهال يف اأبطال الشمال«‏ للعالمة العربي اللوه الذي كان وزير

الأوقاف يف احلكومة اخلليفية،‏ كما ميكن الطالع على ما اأورده املرحوم الأستاذ حممد

العربي املساري يف كتابه ‏»حممد اخلامس من ‏سلطان اإىل ملك«‏ مع بعض الختالف

يف احلكاية.‏

لقد كان لستقالل املغرب وضم جميع اأجزائه املستقلة يف حكومة موحدة اآثار

متباينة على خمتلف اأجزاء املغرب.‏ فمثال يف الشمال،‏ وبعدما اأنهى الأستاذ عبد اخلالق

الطريس عمله كوزير مكلف بتدبري ‏سوؤون الشمال،‏ اقتضت ‏سياسة احلكومة توحيد

املساطر واللغة يف الإجراءات وتسمية املعاهد ومناهج الدراسة.‏ ونظرا ملا كان يعرفه

الشمال اآنذاك وخاصة مدينة تطوان من نهضة ثقافية كربى وخاصة باللغتني العربية

والإسبانية،‏ فاإن ما جاءت به السياسة احلكومية كان مبثابة قضاء على فضاء ثقايف متميز

وتعويضه بفضاء يهتم بالتهريب اأو ما ‏سمي حلد الآن بالتهريب املعيشي.‏ وهكذا انفض

اأمر الثقافة واملثقفني،‏ وغادر اأغلبهم مدينة تطوان،‏ وبقية مدن الشمال اإىل الرباط اأو اإىل

غريها يف املغرب وخارجه.‏

وبالنسبة لنا،‏ فقد التحقنا بالدراسة يف الرباط ‏)كلية احلقوق والعلوم الجتماعية

والقانونية(‏ املوؤسسة حديثا.‏ وغادر املرحوم مصطفى اليزناسني اإىل اأوروبا الغربية

والرشقية،‏ ثم عاد اإىل املغرب ليشق له مناصب ثقافية وسياسية وحقوقية خمتلفة.‏

ويف جمال العمل السياسي والديبلوماسي،‏ كلف املرحوم مبهمة وزير مفوض بسفارة

املغرب بجمهورية موريتانيا السالمية الشقيقة،‏ ثم مبهمة قائم باأعمال السفارة وخاصة

يف اأوائل حرب الرمال مع اجلزائر وجبهة البوليزاريو.‏ ويف هذه املرحلة بالذات حكى

املرحوم عما كان من اتصالت هاتفية جلاللة امللك املرحوم احلسن الثاين الذي كان

يتابع جمريات الأمور مبا فيها املعارك نهارا وليال،‏ وهي فرتة هامة يف العالقات املغربية

اجلزائرية واملوريتانية.‏ وقد اأخربين املرحوم اليزناسني اأنه بداأ يف كتابة مذكراته وسريته

الذاتية.‏ واأتذكر اأنه طيلة ‏سنوات جتاور مكتبي مبكتبه يف املجلس الستشاري حلقوق

الإنسان ثم يف املجلس الوطني حلقوق الإنسان،‏ كان ل يرتك فرصة تسنح له اإل واأخذ

يف كتابة هذه املذكرات وتنقيحها،‏ ولعلها توجد بحاسوبه الشخصي،‏ ومن ‏ساأن طبعها

ونرشها اأن تلقي اأضواء كاشفة على جزء من حياة املرحوم وعلى جزء ل يستهان به

من تاريخ املغرب.‏

ويف ‏سنة 2001، مت تعديل القانون املنظم للمجلس الستشاري حلقوق الإنسان

وتعيني اأغلب اأعضائه من كبار احلقوقيني املغاربة ومناضلي حقوق الإنسان،‏ وكان

املرحوم من بينهم،‏ وقد جاء هذا التعديل والتعيني تنفيذا ملبادئ باريس الناظمة

للموؤسسات الوطنية حلقوق الإنسان التي ‏صادق عليها املغرب والتزم بها.‏

وخالل هذه الفرتة وباعتبار جتديد عضويتنا يف املجلس اآنذاك،‏ متتنت الصداقة

بيننا.‏ وصادف اأن املهام التي كنت اأقوم بها وتلك التي يقوم بها العزيز مصطفى تتالقى

وتتناغم يف الكثري منها.‏

لقد كان رحمه اهلل ‏شعلة منرية باأفكاره واقرتاحاته وعمله،‏ ‏سواء يف اإعداد الأرضية

املواطنة التي اأرشف على استكمال كل جمالتها املجلس الستشاري حلقوق الإنسان،‏

وظهرت اآثاره جلية يف اإعداد التوصية الهامة التي اأصدرها املجلس واملتعلقة باإحداث

هيئة الإنصاف واملصاحلة.‏ ويف هذه الهيئة بالضبط،‏ والتي عمل تقريبا يف كل جلانها،‏

اإضافة اإىل جلنة جرب الرضر الفردي التي كان عضوا فيها،‏ ثم كعضو يف جلنة تفعيل

توصيات هيئة الإنصاف واملصاحلة يف جمال جرب الرضر الفردي الذي استمر عامال

بها اإىل حني وفاته رحمه اهلل.‏

لن اأستطيع اأن اأعدد مزايا املرحوم مصطفى اليزناسني؛ فهو اإىل جانب ثقافته

احلقوقية الواسعة الشاملة،‏ ذو ثقافة عاملية،‏ اإىل جانب اللغات التي يتحدث بها ‏سواء

احلية منها اأو تلك القدمية،‏ وكذا بعض اللغات املغاربية كاحلسانية التي يتقنها ‏شعرا وثقافة.‏

اإن وفاة مثقف مناضل يف ‏صمت وحقوقي ورجل اأدى واجبه الوطني هو رزء عظيم

حلق بعائلته الصغرى ورفاقه وعائلته الكربى،‏ التي هي جمموع وطننا احلبيب املغرب.‏

‏»اإن الذين ‏سبقت لهم منا احلسنى اأولئك عنها مبعدون،‏ ل يسمعون حسيسها وهم

يف ما اشتهت اأنفسهم خالدون،‏ ل يحزنهم الفزع الأكرب،‏ وتتلقاهم املالئكة هذا يومكم

الذي كنتم توعدون.«‏ ‏صدق اهلل العظيم،‏ الآيات 101- 102 - 103 من ‏سورة الأنبياء.‏



30– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم

رزانتك هي اأنك كنت كلما اأحسست بنربة الياأس يف الكالم،‏ تسكت وترتك

بني الكالم والكالم مسافة،‏ وتعود بهدوء لتشحذ الأمل فينا باستحضار ذكرى

جميلة...‏ انتصار ما...حلظات تاريخية مميزة...‏ رموز اأثرت يف هذا التاريخ...‏

فيخجل داخلنا ذاك الياأس،‏ ويبعث الأمل من جديد،‏ ومنشي قدما نحو الشمس...‏

ايها املتاألق بخرباتك املتعددة التي مل يركبها غرور يوما،‏ ومل يهزمها غض

الطرف عنك عرب هذا الزمن...‏

اأيها الإعالمي الفذ اخللوق الذي مل ينحني للرضب املوجع ولقهر الزمن،‏

وظل ‏شاخما بقلمه مبهنيته واستقالليته واخالقياته ...

ايها احلقوقي الذي اختار طريق البناء ومل تغرنه يف حلظة ل لغة الهدم ول معابر

الوصولية،‏ ومل يثنه عن العطاء خبث املرض...‏

اأيها النبيل العزيز النفس املرح حتى يف اأحلك الأيام واأسواأ الظروف...‏

اأيها املثقف قول وفعال الذي ‏سكت اأمام املهرولني واملدعني،‏ لكن تاألق يف

‏ساحة العطاء وتقاسم املعرفة،‏ ويف ذلك كنت من كبار الرائدين...‏

اأيها املحب الذي اأعطانا درسا يف العشق والإخالص والوفاء...‏

اأيها احلارض فينا رغم الغياب...‏

عشت عظيما يف حياتك،‏ وستعيش يف قلوبنا وذاكرتنا عظيما كما كنت.‏

فنم قرير العني اىل جانب حبيبتك،‏ فسنبني لك ‏رصحا يف ذاكرتنا،‏ وسنزينه

بوردات يانعات ل تذبل ونعطيه عنوانا يليق بك،‏ هو ‏»المل«.‏

مع وفد املفوضية الطوغولية املكلفة بتنفيذ توصيات جلنة احلقيقة واملصاحلة يف زيارة

للمجلس الوطني حلقوق الإنسان اأبريل 2016 اإىل جانب اإدريس اليزمي

حممد مصطفى الريسوين

احلقوقي املثقف

واملناضل الصامت

بسم اهلل الرحمان الرحيم

ل اتذكر ل اليوم ول الشهر ول السنة الذي تعرفت فيه على الأخ الصديق

املرحوم الأستاذ مصطفى اليزناسني،‏ لكنه ‏سيكون بالضبط اأحد اأيام ‏سنة 1953، بعد

ان اأقدمت فرنسا على عزل السلطان حممد اخلامس وتنصيب دمية ‏سمتها حممد بن

عرفة،‏ فكان علينا اأن ننتقل من السكنى يف مدينة طنجة اإىل السكنى مبدينة تطوان وهي

مسقط راأسي قبل ذلك بحوايل خمسة عرش ‏سنة.‏ التقينا تالميذ يف نفس السنة لكل

مدرسة،‏ غري اأن العمل الثقايف والوطني جمعنا،‏ فهذه جمعيات ثقافية وهذه منتديات

وهذه لقاءات.‏ وكان الأستاذ مصطفى اليزناسني قادما من العرائش هو وعائلته حيث

كان والده رحمه اهلل اأحد كبار ‏ضباط املحلة اخلليفية،‏ وهي كما نعلم جيش تابع للخليفة

السلطاين بالشمال الأمري مولي احلسن بن مولي املهدي،‏ وكان يراأس هذا اجليش

العقيد مول اأحمد بن مولي املهدي اأخ اخلليفة السلطاين وهو برتبة عقيد.‏

وعندما حصل املغرب على استقالله ‏سنة 1956 وتاأسست حكومة املرحوم

امبارك البكاي كحكومة للمغرب املوحد،‏ قدم كل من العالمة عبد اهلل كنون استقالته

من احلكومة اخلليفية التي كان يشغل بها منصب وزير العدل،‏ كما قدم الزعيم



28– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم

من قدراتهم املعرفية العامة،‏ وكذلك قراءة ‏سري كبار املهنة،‏ من اأمثال الراحل

مصطفى اليزناسني وغريه،‏ واستلهامها.‏

الراحل مصطفى اليزناسني عاش اأنيقًا وهادئًا وطيب السلوك مع ذاته ومع

حميطه الإنساين واملهني.‏

الفقيد بقي دائما منترصا لعزة النفس ومرصًا على كرامته ومدافعا عن قيم

احلرية واملساواة واحلداثة والعدالة الجتماعية والتقدم...‏

‏سي مصطفى جسد قيمة اللتزام قناعة وسلوكً‏ ا ويف كل عالقاته ومواقفه...‏

لنقراأ كلنا ‏سريته املهنية والنضالية والإنسانية،‏ ولناأخذ منه اأهمية التواضع،‏

واأهمية السعي املستمر من اأجل التعلم...‏

لنتعلم...‏

اأثناء تقدمي الكتاب التكرميي لالأستاذ عبد العزيز بناين برواق املجلس الوطني حلقوق

الإنسان مبعرض الكتاب فرباير 2018 رفقة الأستاذة خديجة مروازي ومصطفى العراقي

جميلة السيوري

منك نستمد الأمل

اأول مرة راأيتك فيها اأيها الشامخ قيد حياته كانت يف اأحد موؤمترات املنظمة

املغربية حلقوق النسان،‏ كانت تلك البتسامة الراقية تنري حمياك،‏ احسست اآنذاك

وكاأنني اأعرفك من زمان...‏

كانت هي نفسها البتسامة التي استقبلتنا بها اأنا والصديقة فوزية بنيوب

والصديق عبد احلق مصدق اآخر مرة زرناك فيها يف 28 ‏شتنرب 2019، قبيل رحيلك

بفرتة قصرية...‏

وما ترك الأثر البليغ يف نفسي ذاك اليوم،‏ ونحن نعيدك يف منزلك لنساأل عن

اأحوالك،‏ هو قوة انشغالك بالوضع السياسي واحلقوقي وحتليلك املوضوعي لالأمور

وهدوءك املعتاد واأنت تصغي لنا دون مقاطعتنا لتعقب برزانة املتمرس ونباهة احلكيم

ومرارة يف ذات الوقت تنبئ عن انشغالك العميق باملستقبل...‏

كانت عيونك الثاقبة تتطلع يف عيوننا الواحد تلو الآخر،‏ وكاأنك تبحث

عن ‏صمامات اأمان وعن ‏صمود اجيال...‏ لتنتعش روحك وتتقوى وانت تستعد

للمغادرة...‏

حكمتك هي اأنك بقيت كما اأنت،‏ مناضال خلوقا ‏صادقا،‏ ومل ترشئب يوما

للمناصب،‏ ومل تتناحر،‏ ومل تتصادم،‏ وكان عطاوؤك الالمرشوط هو ما اأكسبك حب

كل من عرفوك اأو خالطوك اأو ‏صاحبوك...‏



26– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم لنتعلم من السرية – 27

يف يوم مطري بالرباط مستسلما حلزن عارم،‏ والكلمات كانت تتزاحم يف الشفاه

تسبقها الدموع،‏ وكانت مواقع التواصل الجتماعي والهواتف الشخصية تعج بالنعي

والعزاء املتبادلني بني الأصدقاء والزمالء والرفاق.‏

عند هوؤلء جميعًا،‏ كان مصطفى اليزناسني استثنائيا،‏ واستثنائيته تاأتت لأنه مل

يحمل حقدً‏ ا لأحد،‏ مل يناور حلسابات ‏صغرية اأو تافهة،‏ مل يتاآمر ‏ضد اأحد،‏ واأيضا مل

يرتدد يف خدمة الآخرين ومد يد املساندة لهم...‏

وبقي ‏سي مصطفى اإىل اآخر اأيام حياته يعمل ويتفاعل بروح الشباب،‏ ويترصف

باأناقة وحكمة كبريتني،‏ ويفكر وينجز بصمت الكبار...‏

من ‏سلوك الرجل وطيبوبته وصمته وعالقاته الإنسانية واملهنية،‏ يحتفظ له كل من

عرفه وعارشه بدرس جوهري كم نحن يف حاجة اإليه يف مغرب اليوم..‏

كم نحن فعال يف حاجة اإىل من يعمل يف ميدانه بكفاءة،‏ ومن دون تهافت اأناين

ومرضي على الربوز والتسابق على مقدمات الصفوف...‏

‏سي مصطفى يعرف عنه اأنه كان بسيطً‏ ا يف اأسلوب حياته وسلوكه مع الآخرين،‏

ويف نفس الوقت كان مرصًا على مواقفه ومصداقيته...‏

وبنفس قوة دفاعه عن قناعاته واآرائه،‏ كان ‏سي مصطفى اأيضا متواضعًا اأمام اآراء

الآخرين ومنفتحً‏ ا عليها ومتفاعالً‏ معها...‏

لقد عاش ‏سي مصطفى عفيفا يف حياته حد الزهد،‏ هادئًا وصبورًا...‏

‏سي مصطفى،‏ فعال كان يجب اأن تشغل،‏ يف حياته،‏ كل مكربات الصوت،‏

واأن يقال يف حقه جهارًا وعالنية كل ما هو اأهل له،‏ وما يعرف عنه من اأفضال على

الكثريين.‏

وحيث اأنني اأعمل يف ‏صحيفة هي ‏سليلة مدرسة مهنية وسياسية ‏شهدت قبل

اأزيد من نصف قرن البدايات املهنية الأوىل للراحل الذي كان رئيس حترير ‏صحيفة

« الكفاح الوطني«،‏ واأترشف اأنا اليوم باإدارة ‏صحيفتي ‏»بيان اليوم«‏ و»‏albayane‏«‏

وتدبري املوؤسسة التي تصدرهما،‏ فاإن الفخر يغمرين كون هكذا قامة مهنية اأسست ذات

زمن لبدايات هذا البيت الصحفي الوطني والتقدمي.‏ كما اأعترب اأن ‏صحافتنا الوطنية

يف مغرب اليوم تفقد يف ‏سي مصطفى اليزناسني اأحد كبارها،‏ وواحدا من حكمائها

بقي دائما حمافظً‏ ا على تواضعه،‏ ومتمتعا بحب وتقدير الكثري من الزميالت والزمالء.‏

وفضال عن دور احلاضن واملشجع واملوؤطر الذي قام به الراحل جتاه العرشات

من الصحفيات والصحفيني املغاربة،‏ فقد متيز كذلك بحرصه طيلة حياته على

التعلم املستمر،‏ وعلى اكتساب العلم واملعرفة يف جمالت عديدة،‏ وعلى دراسة

اللغات الأجنبية والسعي دائما اإىل اإتقانها وتنمية قدرة التواصل لديه مع الشعوب

ومع الناس.‏

‏سي مصطفى اأيضا ميتلك تاريخً‏ ا ‏سياسيًا ونضاليًا بداأه يف احلزب الشيوعي

املغربي ثم يف حزب التحرر والشرتاكية،‏ وعارش خالله ‏شخصيات كبرية يف

النضال السياسي التقدمي ببالدنا.‏ وهذه اخللفية السياسية والفكرية اأغنت بدورها

عطاءه املهني والتحليلي يف الصحافة،‏ ويف العمل احلقوقي واجلمعوي،‏ وجعلته

‏صاحب روؤية يقراأ بها الوقائع والأحداث والسري واملواقف والسياقات...،‏ وهذا

بالضبط ما ‏ضعف اليوم يف مهنتنا.‏

من املهم فعال اأن تتوفر يف ممارستنا الصحفية الوطنية اخلربات الأكادميية،‏ واأن

يتعزز جسمنا الصحايف باستمرار بعرشات ومئات الشبان والشابات من خريجي

معاهد الإعالم واجلامعات،‏ ولكن يف نفس الوقت ‏صحافتنا وبالدنا يف حاجة اإىل

‏صحفيات وصحفيني لديهم التكوين املعريف الشامل،‏ والثقافة السياسية العامة،‏

وذلك مبا يعزز قوة الأداء امليداين والتحليلي لصحافتنا الوطنية،‏ ويساهم يف متتني

حضورها النقدي،‏ ويرتقي بها اإىل مستوى ‏صحافة اجلودة التي تستطيع تقوية

واستعادة ثقة ‏شعبنا وشبابنا يف بالده،‏ ويف ‏صحافتنا الوطنية.‏

‏سي اليزناسني،‏ واأسماء كبرية اأخرى عربت مهنتنا يف مراحل خمتلفة،‏ مل

يكن اللتزام لديهم نقيض احلرص على املهنية يف الصحافة والسعي اإىل اجلودة،‏

ومل يكن العمل الصحفي عندهم جمردًا من امتالك الصحايف لقناعات ومواقف

وروؤى للمجتمع وللحياة.‏

هذا الدرس،‏ وهو يف نفس الوقت حاجة،‏ هو بالذات ما يجب اأن نقراأه

ونذكره من ‏سرية اأمثال مصطفى اليزناسني،‏ وهو ما يطرح علينا كلنا كصحفيني يف

هذا الزمن،‏ هنا والآن،‏ ويطرح كذلك على املنظمات املهنية،‏ وخصوصا موؤسسة

املجلس الوطني للصحافة،‏ هيئة التنظيم الذاتي للمهنة التي راأت النور يف بالدنا،‏

اأي تفعيل برامج التكوين والتكوين املستمر لفائدة الصحفيات والصحفيني والرفع



لنتعلم من السرية

حمتات الرقاص

مع الصحفيني عبد اهلل الستوكي)وسط الصورة(‏ و حسن عبد اخلالق

طلب مني الأصدقاء تقدمي هذه الشهادة يف حق الراحل مصطفى اليزناسني...‏

اأخجلني الطلب،‏ ارجتفت،‏ غمرتني الرهبة...‏

لست من جيل الفقيد،‏ ومل اأحتك به يف السياسة اأو يف الإعالم اأو يف العمل

اجلمعوي احلقوقي اأو يف غريها...‏

هل يحق يل اإذن الكالم يف ‏سريته؟ اأو الشهادة يف حقه؟

فكرت،‏ حاولت العتذار عن هذا التمرين،‏ ترددت يف بدء فعل الكتابة...‏

- مثل الكثريين غريي،‏ قراأت بعض ما كتبه مصطفى اليزناسني...‏

- وكصحفي كنت اأتوىل تغطية ومتابعة عمل هيئة الإنصاف واملصاحلة،‏

واأواكب الدينامية احلقوقية يف بالدنا وجتربة العدالة النتقالية،‏ كنت اأجد ‏سي

مصطفى حارضا بقوة دون اأن يكون وسط دائرة الضوء.‏

- وفضال عن هذا،‏ استمعت لعرشات احلكايات رواها يل زمالء واأصدقاء

عملوا مع اليزناسني وحتت اإمرته...‏

- ولكل ما ‏سبق،‏ استجمعت قوتي،‏ وغالبت خجلي،‏ واعتربت اأن الشهادة

املطلوبة تعترب درسً‏ ا لنا كلنا ويجب اأن تقال.‏

كثريون كانوا يعرفون اأن الرجل يعاين،‏ واأن حالته الصحية ليست اأبدا بخري،‏

لكن نباأ وفاته مثل ‏صدمة للجميع،‏ وخلف اأسى هائال،‏ وجعل كل من حرض جنازته



22– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم الهاجس الإنساين – 23

ومما يربز اإنسانيته انشغاله مبشاكل العاملني معه مبختلف مستوياتهم،‏ انطالقا من

الشواش والسائقني وصول اإىل املحررين.‏

حظيت بالتعرف عليه منذ التحاقي بفضله مبصلحة الأرشيف املدعاة جتاوزا

مبصلحة التوثيق،‏ اإذ مل اأمتكن من العمل الصحايف بجريدة املغرب،‏ بعد خمس

‏سنوات ونصف السنة من ‏»العطالة«‏ غداة الإفراج عني،‏ عقب ما يقارب تسعة

اأعوام من التغييب التام،‏ وملدد متفاوتة ودومنا حماكمة،‏ وذلك يف اأربعة مدافن

‏)الكومبليكس بالرباط،‏ اأكدز-قلعة مكونة-سكورة باإقليم ورززات(.‏ وذلك العمل

على تواضعه مكنني من نسج ‏شبكة عالئقية،‏ وتعهد والدتي املسنة والعليلة قدر

املستطاع،‏ واستعادة القدرة على العمل الذهني كتابةً‏ يف الفرنسية والعربية وترجمةً‏

من كل منهما اإىل الأخرى،‏ واستئناف دراستي اجلامعية حتى احلصول على الإجازة

يف احلقوق ‏)تخصص علوم ‏سياسية بالفرنسية(.‏

كما كنت األتقي الفقيد مبقر املنظمة املغربية حلقوق الإنسان الذي كان كثري

الرتدد عليه كعضو فاعل بها.‏ ثم جاءت مرحلة التحاقه باملجلس الستشاري حلقوق

الإنسان فهيئة الإنصاف واملصاحلة.‏ وبعد تقدمي هذه الأخرية لتقريرها اخلتامي،‏ عُ‏ نينِّ‏

‏ضمن جلنة تولت مهمة تفعيل توصيات الهيئة،‏ اإذ كان من املنكبّني على امللفات التي

اأصدرت بساأنها هيئة الإنصاف واملصاحلة توصية تقضي باإعادة الإدماج اأو تسوية

الوضعيتني الإدارية واملالية،‏ ومن ‏ضمنها ملفي الشخصي الذي عرف تسوية نهائية

اإن اإداريا اأو ماليا.‏ كان يستقبلني برتحاب وهو دوما بشوش منصت متفهم متعاطف.‏

كان ‏شديد القتناع مبا ميارسه،‏ ومتشبعا باملبادئ التي يعمل من اأجلها مسرتشدا بها.‏

كان ميكث مبكتبه طيلة النهار،‏ مكتفيا بتناول وجبة خفيفة ‏رسيعة،‏ ويستاأنف

عمله دون اإبطاء.‏ كم من مرة كان يستقبل ‏ضحايا النتهاكات اجلسيمة حلقوق

الإنسان اأو ذويهم يف غري الأوقات املعهودة اإداريا.‏

كثريا ما اأرس يل باأمنية طاملا متلكته:‏ األ وهي التوقف عن العمل للتفرغ كليا

للبحث والكتابة.‏ اأمنية لكَ‏ م تبدو غايةً‏ يف البساطة بالنظر اإىل ما قدمه على امتداد

عقود من الزمن.‏

ولبد من الإشارة اإىل حدث موؤسف كان له اأثر ‏شديد على الفقيد ومل يستطع

جتاوزه،‏ األ وهو فقدانه لرشيكة حياته التي كانت ‏سندا قويا له.‏

اأختم بخالص العزاء لذوي ‏شخص يصح القول بخصوص رحيله املفجع:‏

عزاوؤنا واحد حقا.‏ ول يسعني اإزاء هذا املصاب اجللل اإل اأن اأردد ببالغ الأسى مع

ابن الرومي:‏ األ قاتل اهلل املنايا ورميها ... من القوم حبات القلوب على عمد.‏

فلرتقد روح الفقيد املتمرسة بالتضامن يف ‏سالم وطماأنينة.‏

مع اإبنته ‏سوسن مبطار ‏شارل دوغول بفرنسا



الهاجس الإنساين

حممد الرحوي

‏ضمن وفد للصحفيني الدوليني لتغطية النتخابات الأملانية

اأكتوبر 1986

اإذا كانت ‏شخصية الفقيد ذ.‏ مصطفى اليزناسني من الرثاء بحيث يلزم مقاربتها

من عدة زوايا وعلى اأصعدة متعددة،‏ فاإن الهاجس الإنساين كان اأبرز ما مييزها.‏

كان مثقفا ثقافة واسعة ومتعدد الألسن،‏ منتقال بيرس من لغة اإىل اأخرى اإن

كتابيا اأو ‏شفهيا،‏ ما مكنه من تويل اإدارة يوميتي املغرب الناطقة بلغة موليري وامليثاق

الوطني الصادرة بلغة الضاد،‏ واإصداره بكل منهما لفتتاحيات من مستوى يجعل

من املمتع قراءتها،‏ اإىل جانب همه احلقوقي،‏ كواحد من موؤسسي وبناة املنظمة

املغربية حلقوق الإنسان واأطرها،‏ قبل التحاقه باملجلس الستشاري حلقوق الإنسان

فهيئة الإنصاف واملصاحلة حال تاأسيسها،‏ ثم جلنة املتابعة املكلفة بتفعيل توصيات

هيئة الإنصاف واملصاحلة غداة حلها بعد تقدميها لتقريرها اخلتامي يف نونرب 2005،

واملجلس الوطني حلقوق الإنسان.‏

لكن اإذا كانت ثقافته لرحابتها بارزة للعيان وكذلك همه احلقوقي،‏ اإل اأن الطاغي

يف ‏شخصيته كان متمثال يف هاجسه الإنساين.‏ واإذا قيل باأن هذا الهاجس الإنساين

كان هو الطاغي فلكونه يبدو اأنه يطبع باقي انشغالته برمتها بحيث ل يقاربها اإل وهو

مستحرصرِ‏ اإياه يف كل حلظة وحني.‏

كان ذلك جليا يف عمله الإعالمي كمدير ملوؤسسة امليثاق الوطني-املغرب مبا

يف ذلك املطبعة التابعة لإعالم حزب التجمع الوطني لالأحرار،‏ قبل اقتصاره على

اإدارة جريدة املغرب بعد تعيني السيد حممد اأوجار مديرا للميثاق الوطني.‏



18– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم

احلياة...‏ غادر وقد خفرته دموع واآهات وحرسات حمبيه من اأقرب الناس اإليه

اإىل اأبعدهم عنه...‏ تدثره من برد ذلك العراء وتوؤنسه يف فيايف تلك الغيمات...‏

حمبوه الكرث اأرشعوا له يف الذاكرة مسكنا يوؤوب اإليه،‏ كلما اأتعبه املضي يف

طريقه نحو ذلك الأفق الهارب دوما.‏ له مسكن من نسائم حمبتهم،‏ له ومن جداول

ذكرياتهم معه،‏ ومن دفئ موؤانساتهم به.‏

لعله اليوم،‏ كما كان بيننا،‏ ليس وحيدا،‏ حتى وهو كان يرتاح يف العزلة عن

‏ضجيج احلياة.‏ ‏سيبقى يسامر نفسه،‏ ومرتاحا،‏ بالألسن التي كان يتقن:‏ العربية،‏

الفرنسية،‏ السبانية،‏ الجنليزية،‏ البلغارية،‏ البولونية،‏ الروسية،‏ اليطالية،‏ العربية

والفارسية...‏ وهي مل تكن جمرد لغات،‏ بل ثقافات فتحت اأمامه اآفاق ل حدود

لها،‏ من ‏سعة الثقافة ورحابة الفكر واأصالة النفتاح على قضايا الإنسانية املتعددة

واملتنوعة،‏ وبتواصل متفهم لالختالف يف املعتقدات وامليولت ويف الطموحات

ويف السلوكات.‏

لقد جاء اإىل ثقافة حقوق النسان،‏ من تلقاء انصهاره يف حركة النضال

الشعبي من اأجل الدميقراطية،‏ ومن انسحاره باأنفاس الكدح يف البالد،‏ وهو بعد

فتى...‏ واأيضا من اجنذابه اإىل التنوع الثقايف.‏ جاء لالنشغال بحقوق الإنسان

من عمقها الثقايف،‏ مما جعلها راسخة فيه،‏ ومبا جعله فيها مناضال،‏ موؤمنا بها،‏ كونها

كنه اإنسانية الإنسان وخرسانة معمار التقدم .... فضاء املجلس الوطني حلقوق

الإنسان اأنعشه،‏ وقبله اندماجه يف مسار تاأسيس املنظمة املغربية حلقوق الإنسان،‏

فتح اأساريره.‏

كنت اأعرفه مديرا يف الصحافة.‏ كنت اأحس به ميارس بتلك اجلدية التي

طبعت مسار حياته املهنية،‏ ويعقم بها نفسه من الأوبئة الجتماعية املحتملة يف

عالقاته الإنسانية،‏ كما كان يغمغم يف حلظات الغضب.‏ جدية من مل يتعود على

الغش.‏

اإنه ميارس عمال ليس اإل،‏ بال زيادة وبال تهاون.‏ كان يقول عرب انطفاء الربيق

يف عينيه،‏ وعرب نربة الأسى الساكنة يف ‏صوته،‏ وعرب الآهات النافرة من ‏صمته...‏

بكل ذلك كان يقول،‏ اأنه متخن بجراح انكسارات يف حياته...‏ يحكي بعضها لنا

يف النادر من حلظات بوحه...‏ النشغال بحقوق الإنسان يف املنظمة ويف املجلس

ذكراك تخصب الطريق – 19

اأعاده ملجرى حياة الأمل ولألق العمل املنتج،‏ املفرح واملفتوح على الجتاه الصحيح

يف التاريخ...‏

هذه املرة،‏ وبهذه الصيغة،‏ جديته،‏ مارس بها ليس عمال وحسب،‏ بل مهمة

نضالية ومنترصة يف الكفاح املغربي من اأجل حياة خمصبة بسماد الأمل...‏

لذلك كان مرتاحا،‏ هادئا بل وديعا،‏ ومشعا بالفرح،‏ حني كنت اأراه،‏ واأشاركه

بعض تفاوؤله يف ذلك املقهى،‏ يف تلك الأيام التي ‏سعدت بلقائه يف ‏صباحاتها...‏

وهي نفسها تلك الأيام،‏ اليوم التي اأبكتني على فراقه...‏

اأخونا ورفيقنا مصطفى اليزناسني.‏ لن ننساك ولك يف ذاكرتنا اأدفئ الثنايا.‏

مصطفى اليزناسني،‏ خديجة ‏شاكر ، مصطفى دنيال،‏ حمو اأوحلي ، ربيعة الناصري



16– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم

‏)احلبيب بلكوش(.‏ لقد كان يطبق حقا ذلك القول املاأثور ‏»الثقافة هي ما يتبقى

عندما ننسى كل ‏شيء.«.‏

يف برقية التعزية التي بعثها ‏صاحب اجلاللة امللك حممد السادس اإىل اأرسة

الفقيد،‏ ‏سجل ‏»املهنية العالية امللتزمة بقضايا جمتمعه ووطنه،‏ مما اأكسبه،‏ رحمه اهلل،‏

احرتاما وتقديرا دائمني من لدن خمتلف الفاعلني يف املجالت الإعالمية والسياسية

واحلقوقية على حد ‏سواء«.‏

نتمنى ان يساهم هذا الكتاب-التكرمي يف املحافظة على ذكرى رجل املعرفة،‏

رجل املبادئ والقناعات،‏ الرجل امللتزم واجلدي حد الرصامة،‏ ولكن اأيضا الرجل

الكرمي،‏ السخي والعاشق للحياة واملحب لإخوانه من البرش.‏

طالع السعود الأطلسي

ذكراك

تخصب الطريق

في الجلسة االفتتاحية للمؤتمر الوطني الرابع للمنظمة المغربية لحقوق اإلنسان . الرباط أبريل 2000

مقهى ‏»كاريون«،‏ يف حمج الرياض بالرباط،‏ كانت اآخر فضاء يف هذه الدنيا،‏

نلتقي فيه يف ‏صباحات الأيام الأخرية،‏ التي تداولناها قبل اأشهر...‏ كنت اأصل قبله

بدقائق،‏ اأراه قادما حامال كيسا ورقيا يحوي هالليتني،‏ تصله قهوته الأوىل املعتادة

‏»نص-نص«‏ والتي ل يطلبها،‏ النادل الذي تعود اأن يخدمه ويوفر عليه اإعالن

طلبه...‏ قليال ما كنت اأقطع خلوته ببعض اأحاديث الساعة،‏ اأحرتم ميله اإىل التاأمل.‏

بعد اأن يفرغ من ‏»فطوره«...‏ يتاأهب،‏ برقته،‏ لالستمتاع بسيجارته الصباحية

الأوىل.‏ يلحظ النادل علبة السجائر والولعة بني يدي زبونه الصامت،‏ فيرسع له

بالقهوة السوداء التي ‏»تفتح العني«...‏ اإنها من بني ما اعتاده يف ‏شمال املغرب.‏

حيث ولد وحيث ترعرع.‏ كذلك كان وفيا دائما،‏ لكل ما ‏شب به واإىل اأن ‏شاب

عليه...‏ من اأفكار واأخالق واأذواق.‏

اإنه مصطفى اليزناسني،‏ السي مصطفى بني الأصدقاء،‏ الذي كف عن

الوصول يف ‏صباحات هذه الأيام،‏ التي نتداولها،‏ اإىل تلك املقهى،‏ وصوله املهيب،‏

بتوئدة الثمانيني الشاب،‏ وباأناقة املبتهج باجلمال دائما،‏ وبصمته الذي يواري به عن

الناس هدير احلياة فيه...‏ غادر كرسيه يف املقهى،‏ ومقعده يف املكتب،‏ واأريكته

بالبيت.‏ ومشى واقفا،‏ واثقا،‏ مبتسما نحو ذلك الصعيد القصي يف فضاءات ما وراء



اخلسارة الكربى – 15

14– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم

له عن المتنان والعرفان،‏ بنفس البساطة واملودة واللطف التي تعامل بها دائما مع

اجلميع.‏

كما يتجلى واضحا،‏ من خاللها،‏ غنى مسار الفقيد؛ حيث تربز خمتلف

مساهماته يف تنوعها:‏ النضال السياسي،‏ الدبلوماسية،‏ الصحافة،‏ حقوق الإنسان...‏

لكن يبدو اأن املجالني الأخريين كان لهما اأوسع مساحة يف مساره،‏ حتى لو اكتشفنا،‏

من خالل ‏شهادة عبد الواحد ‏سهيل،‏ كثافة التزامه احلزبي.‏

منذ ما يزيد عن خمسة عقود،‏ كرس رجل الفعل والقناعات ‏)اأنظر عمر عزميان(‏

لهذين املجالني كل طاقاته ومواهبه وجميع خصاله الإنسانية.‏ ويف هذا النطاق،‏ ميكن

التذكري بخاصيتني اأساسيتني بارزتني،‏ بالدرجة الأوىل وبشكل جلي،‏ لشخصية

الفقيد:‏ اللتزام التام وكرم العطاء.‏ فمهما كانت املرحلة اأو جمال العمل املعني،‏

فاإن السي مصطفى اليزناسني كان دوما ملتزما ومنخرطا دون تردد اأو حساب.‏ اإن

الرجل الذي كان يشتغل بصورة مداومة ودون كلل،‏ كان اأيضً‏ ا رجل فكر وتفكري،‏

ومعطاء كرميا لرفقاء دروبه،‏ ومكونا مهنيا يقوم مبا نسميه اليوم التكوين املستمر.‏

اأحد الشهادات تذكرنا كيف كان بعد مغادرته ملقر اليوميتني اللتني كان مسوؤول

عنهما،‏ يتجه مبارشة اإىل مقر املنظمة املغربية حلقوق الإنسان،‏ بحماس كبري،‏ ودون

توقف لالسرتاحة ولو قليال،‏ لالشتغال بها بنفس اللتزام وبنفس الروح.‏ فالرجل

كان مناضال واأستاذا.‏

يف جمال العدالة النتقالية،‏ مل يتميز السي مصطفى فقط مبساهماته داخل فريق

هيئة الإنصاف واملصاحلة،‏ وتتبع تنفيذ توصياتها،‏ ولكن اأيضا بعطاءاته يف جمال

التفكري حول جوانب متعددة للعدالة النتقالية،‏ وبالنسبة لعدة جتارب عرب العامل.‏

فتمكنه من اللغتني الإسبانية والجنليزية،‏ املسيطرتان يف الفقه والجتهاد القضائي

املتعلقان باملوضوع،‏ مكنه من متلك قوي للتوجهات الكربى وللفقه يف هذا املجال.‏

وبالإضافة اإىل نضاله الدوؤوب من اأجل اإجناح التجربة املغربية،‏ فاإن هذا التملك

لطبيعة اآليات العدالة النتقالية جعله يحتل مكانة متميزة ‏ضمن اخلرباء الدوليني يف

هذا املجال.‏ ومن اشتغل منهم معه داخل املغرب وخارجه يعرتف بخربته يف جمال

العدالة النتقالية ويقدرها كثريا.‏ وهكذا،‏ وبهذه الصفة مثل،‏ عدة مرات،‏ املجلس

الوطني حلقوق الإنسان مبشاركته يف العديد من املناظرات والندوات واملوؤمترات

واأوراش التكوين،‏ وبشكل خاص يف بعض الدول الإفريقية التي انخرطت حديثا

يف مثل هذه التجارب.‏ ويف هذا السياق،‏ قدم الفقيد دائما استشارات واأوراق

ذات جودة عالية،‏ ‏ساهمت بحق يف حتديد التحديات التي واجهت بعض التجارب

الناشئة يف هذا املجال،‏ والتفكري العميق يف احللول املناسبة لتجاوزها ‏)اأنظر ‏شهادة

هاين مكايل(.‏

خالل كل هذه املسارات،‏ كان الفقيد يحرص بحزم على الدقة والتميز يف

العمل.‏ ولكن ‏رصامته كانت،‏ كما تشري كل النصوص بدون استثناء،‏ تتسم بتواضع

استثنائي.‏ فقد كان دائما جاهزا،‏ كتوما يف كل ‏شيء،‏ ولكنه حارضا يف جميع

الظروف.‏ كان لطفه يتماشى مع احرتامه العميق لالآخر،‏ بغض النظر عن وضعه.‏

كما مل يكن يضاهي قدرته النضالية املستميتة اإل حبه للحياة.‏

خالل كل مساره الرائع،‏ حدد فقيدنا العزيز لنفسه نهجا مل يحد عنه اأبدً‏ ا،‏

ويتمثل يف خدمة الآخرين،‏ مصغيا باهتمام بالغ لكل حماوريه،‏ نساء ورجال،‏ من

السياسيني واملدافعني عن حقوق الإنسان،‏ واأساسا ‏ضحايا انتهاكات هذه احلقوق.‏

ذكرت العديد من ‏شهادات املساهمني يف هذا الكتاب ‏)ن.‏ الرغاي،‏ ع.‏

بنوهاشم،‏ م.‏ الرحوي،‏ وغريهم(‏ باأوىل نقاشاتهم مع الفقيد اليزناسني،‏ وهي

لقاءات ‏ستظل حمفورة يف ذاكراتهم،‏ لأنها كانت بالنسبة لهم حلظات مكثفة حلسن

الستقبال ومنح الثقة؛ مما ما مكنهم من التفوق يف القيام باملهام التي كان يعهد

بها اإليهم،‏ ولكن باخلصوص من التعلم.‏ وقد عمل بدبلوماسيته املعهودة وبتعاطفه

وروحه املرحة واأحيانا بحزم ورصامة،‏ على مساعدتهم ودعمهم.‏ وبفضله مارسوا

هذه املهنة،‏ وما زالوا يزاولونها بشغف وتفان.‏

لقد عرف السي مصطفى اأيضا بحبه للقراءة وبالدور املركزي الذي كان يوليه

للثقافة،‏ كما تشهد على ذلك املنابر الصحفية التي كان يسريها.‏ وكان يعترب الثقافة

حقا اأساسيا على غرار احلقوق الأخرى،‏ وباأنها تلعب دورا بالغا يف تنمية وازدهار

املجتمعات ‏)د.‏ اليزمي(.‏ كما كان قارئا للروايات والشعر ‏)ن.‏ رفايف،‏ ج.‏

كيورو(،‏ وعاشقا كبريا للسينما واملوسيقى،‏ ومثقفا متعدد اللغات،‏ ورجال ملتزما؛

حيث كان السي مصطفى ‏»كعاشق ‏صويف متتزج عنده املشاعر ملعانقة ‏شعوب

العامل باآمالها واآلمها،‏ وعشق يسمو اإىل مصاف التفاعل الروحاين والوجداين.«‏



تقدمي

اخلسارة الكربى

املحجوب الهيبة

‏»عش ببساطة لكي يتمكن الآخرون من العيش ببساطة«‏

احلكيم املهامتا غاندي

يضم هذا الكتاب-التكرمي،‏ الذي يصدر تخليدا لذكرى فقيدنا العزيز

مصطفى اليزناسني،‏ مساهمات نساء ورجال،‏ من اأجيال خمتلفة،‏ ‏سبق لهم اأن

تعرفوا عليه اأو اشتغلوا معه.‏ البعض منهم احرتفوا مهنة الصحافة بفضل تاأطريه لهم

ومساعدته ودعمه،‏ دون ‏سابق تكوين يف اأية مدرسة للتكوين يف هذا املجال،‏ اثنان

منهم انتقال،‏ بفضله،‏ من جحيم الختفاء القرسي اإىل عامل الصحافة.‏ كما تشبع

اآخرون بالتزامه الدوؤوب يف الدفاع عن حقوق الإنسان،‏ ‏سواء داخل املنظمة املغربية

حلقوق الإنسان،‏ اأو باملجلس الستشاري حلقوق الإنسان،‏ اأو باملجلس الوطني

حلقوق الإنسان منذ ‏سنة 2011، اأو بهيئة الإنصاف واملصاحلة.‏ فقد حاول كل منهم

اأن يالمس خمتلف اأبعاد مسار حياته املشع واملتميز يف ذات الآن باملهنية والإنسانية.‏

من خالل قراءة هذه النصوص،‏ يتبني حرص موؤلفيها على جتديد اعرتافهم،‏

واإعجابهم وصداقتهم للفقيد العزيز.‏ فهذا التكرمي اجلماعي يشكل وسيلة للتعبري



تصدير

املحجوب الهيبة

اإدريس اليزمي

حتت هول احلزن الشديد،‏ كما هو حال العديد،‏ لوفاة فقيدنا العزيز السي

مصطفى اليزناسني،‏ وباتفاق مع اأرسته،‏ عملنا على دعوة ‏صديقاته واأصدقائه للمساهمة

بشهادات يف حقه تنرش اليوم يف هذا الكتاب تكرميا له وحفظا لذكراه الطيبة.‏ وقد

استجاب لهذه املبادرة حوايل ثالثني منهم،‏ نساء ورجال،‏ حيث عربوا كلهم،‏ بهذه

املناسبة الأليمة،‏ كل حسب طريقته،‏ عن اعرتافهم والآمهم.‏

بالإضافة اإىل نصوصهم،‏ حرصنا على اإدراج نوع من الصورة الذاتية للفقيد السي

مصطفى مستمدة من ‏شهادة قدمها ليومية وطنية باللغة العربية،‏ وكذا نص ‏صغري للفقيد،‏

وهو يف الواقع عبارة عن درس جميل يف احلياة،‏ ‏صاغه يف ‏شكل ‏»رسالة مفتوحة

موجهة اإىل السيد باركنسون«.‏

‏»مبناسبة ‏صدور هذا الكتاب،‏ نود التعبري عن خالص ‏شكرنا جلميع من ‏ساهم

فيه،‏ رجال ونساء،‏ من خمتلف املشارب والأطياف والأجيال،‏ ولكل من مدنا بالصور

الشخصية للفقيد.‏ ونخص بالشكر والمتنان العميقني اأرسة السي مصطفى،‏ وخاصة

ابنته ‏سوسن ملكينسي واأخيه عبد الكرمي اليزناسني.‏ كما نعرب عن ‏شكرنا اخلالص

للسيدتني فدوى مروب وزوليخة اأسبودن والسادة نبيل بنعبداهلل وحسن بنعدي وعبد

الرزاق احلنوشي وبوشعيب الضبار ومصطفى العراقي وبوبكر مونقشي وعبد احلق

مصدق وعبداهلل جنيب رفايف وحممد ‏صربي ورشيد توينيني.‏ والشكر موصول

جلريدة بيان اليوم،‏ الناطقة باللغة العربية،‏ وخاصة للسيد حمتات الرقاص مدير نرش

‏صحيفتي بيان اليوم ‏)بالعربية(‏ والبيان ‏)بالفرنسية(‏ والسيد حممد حجيوي الذي اأجنز

‏سلسلة استجوابات مع الفقيد.«‏ كما نشكر كذلك السيد عبد القادر رتناين الذي قبل

مند اليوم الأول،‏ ودون اأي تردد،‏ نرش هذا الكتاب.‏



مع الكاتب محمد خيرالدين



6– مصطفى اليزناسني،الصادق احلكيم

أمام قبة بيت القدس في القدس



الفهرس

تصدير 11

املحجوب الهيبة - اإدريس اليزمي

اخلسارة الكربى 13

املحجوب الهيبة

ذكراك تخصب الطريق 17

طالع السعود الأطلسي

الهاجس الإنساين 21

حممد الرحوي

لنتعلم من السرية 25

حمتات الرقاص

منك نستمد الأمل 29

جميلة السيوري

احلقوقي املثقف واملناضل الصامت 31

حممد مصطفى الريسوين

من اأفضل ما اأنتجته قبائل بني يزناسن 35

حممد الصبار

اليزناسني عاشق اللغات والثقافة والفنون 37

بوشعيب الضبار

احلكيم الصادق امللتزم الويف 41

مصطفى العراقي

تعددت الواجهات واللتزام واحد 45

خالد النارصي

املناضل املتواضع 49

حممد النشناش

منوذجا للمواطن،‏ منوذجا للمناضل 51

‏صالح الوديع

لِذِ‏ كْ‏ رَى حُ‏ قُ‏ وقِيٍّ‏ اأَصِ‏ يلٍ‏ 53

علي اأومليل

احلكيم عاشق احلياة 57

حلبيب بلكوش

اجتمع فيه ما يفتقده واقعنا 61

اإدريس بلماحي

ذكريات عن الفقيد 63

عبد العزيز بنزاكور

قامةً‏ كبرية يف العطاء 65

حممد نبيل بنعبد اهلل

رجل اأنيق الشكل والفكر واحلديث 69

نعيمة بنواكرمي

‏شعلة اأخالق 71

عبد النارص بنوهاشم

العطاء بال حساب 77

عبد اللطيف ‏شهبون

الغائب احلاضر يف خاطري 79

اإدريس عيسوي

احلكيم 83

مليكة غزايل

مثقف ومناضل من طراز خاص 85

احمحْ‏ مَّ‏ د گرين

التنوع الفكري واحلقوقي 89

بوبكر لركو

البتسامة تدوم عادة حلظات 93

امينة ملريني

لعب اأدوارا مهمة يف ‏صمت 95

يونس جماهد

اإشراقات رجل 97

خديجة مروازي



اليزناسني

مصصطفى

الصادق،‏ احلكيم

Imprimat - 2020

© منشورات ملتقى الطرق،‏ 2020.

16، زنقة موفق الدين،‏ عامرة A، إقامة دبيبغ

حي املستشفيات - الدار البيضاء - املغرب

اإليداع القانوين : 2020MO1806

ردمك : 978-9920-769-64-8

الربيد اإللكرتوين : info@lacroiseedeschemins.ma

www.lacroiseedeschemins.ma



اليزناسني

مصطفى

الصادق،‏ الهكيم

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