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Les États-Unis face à la double crise du COVID-19 et de la<br />
contestation contre le racisme systémique<br />
Par Tontongi<br />
5 ème partie et fin<br />
Justice, réparation, révolution :<br />
l’interconnectivité des griefs et<br />
des demandes<br />
Dans un récent et excellent essai dans<br />
le quotidien New York Times, Nikole<br />
Hannah-Jones a fait un tour d’horizon<br />
sur les 400 ans d’histoire des<br />
Noirs aux États-Unis, leurs péripéties<br />
dans l’univers esclavagiste autant<br />
que leurs luttes, leurs victoires, leurs<br />
déboires et leurs espoirs. L’impunité<br />
accordée aux policiers brutaux et homicidaires<br />
n’est point une aberration<br />
ou débordement du système, mais<br />
bien une politique cultivée et consolidée<br />
au cours des ans, à chaque fois<br />
réinventée dans des configurations<br />
nouvelles. Hannah-Jones a montré<br />
ce cheminement à travers tout l’essai,<br />
qu’elle ouvre avec une épigraphe<br />
fort axiomatique : « Si la vraie justice<br />
et l’égalité devraient jamais être réalisées<br />
aux États-Unis, le pays doit<br />
enfin prendre au sérieux ce qu’il doit<br />
aux Noirs Américains. »<br />
Puis, elle étale la longue tradition<br />
de luttes de ceux-ci pour<br />
faire respecter leurs droits, souvent,<br />
comme on le voit, face à l’opposition<br />
farouche et violente des Blancs.<br />
Des luttes qui emportent de temps en<br />
temps de petites victoires. En 1968,<br />
suite à l’assassinat de Martin Luther<br />
King, après des émeutes enflammées<br />
dans plus de 100 villes étatsuniennes,<br />
le Congrès vote en faveur de la loi sur<br />
le logement équitable — Fair Housing<br />
Act —, qui interdit la discrimination<br />
basée sur la race, le sexe et la religion<br />
dans l’obtention du logement public,<br />
une loi qui moisissait jusque-là dans<br />
les tiroirs du Congrès. « Sept jours<br />
seulement après la mort de King, le<br />
président Lyndon B. Johnson promulgue<br />
la loi dans la capitale en feu<br />
», nous rappelle Hannah-Jones. Une<br />
courte échéance qui montre que les<br />
luttes portent souvent des fruits,<br />
même si « la plupart du temps, ces<br />
soulèvements produisent des épouvantes<br />
et de la consternation, mais<br />
peu de changements structurels nécessaires<br />
».<br />
Nikole Hannah-Jones a observé<br />
que les multiples luttes des Noirs au<br />
cours des siècles et décennies pour obtenir<br />
la reconnaissance totale de leurs<br />
droits sont toujours plus ou moins déçues<br />
ou refroidies par l’Establishment<br />
blanc qui finit toujours par trouver<br />
des moyens de contourner, ignorer,<br />
minimiser et souvent même inverser<br />
les acquis : « L’inclination à appliquer<br />
des pansements [aux problèmes] et à<br />
aller de l’avant est une caractéristique<br />
américaine bien notable en ce qui<br />
concerne le racisme anti-noir et ses<br />
effets sociaux et matériels », dit Hannah-Jones.<br />
L’aboutissant de cette inclination<br />
est de croire que le problème<br />
racial est résolu et dépassé. Elle cite<br />
une étude du Département de psychologie<br />
et de l’Institut d’études sociales<br />
et politiques de l’Université Yale<br />
qui en a fait le constat en 2019 : «<br />
Nous croyons fermement et de façon<br />
persistante que notre honte nationale<br />
en matière d’oppression raciale a été<br />
surmontée — même si c’est dans la<br />
lutte — et que l’égalité raciale a été<br />
largement atteinte. »<br />
Hannah-Jones semble penser<br />
que cette fois-ci est différente, comparée<br />
aux autres conjonctures de lutte<br />
: « Les semaines de protestations depuis<br />
le meurtre de George Floyd ont<br />
poussé les législateurs à interdire les<br />
techniques d’étranglement par les policiers,<br />
à envisager de supprimer l’application<br />
de la loi de l’immunité qualifiée<br />
qui rend presque impossible la<br />
détention d’officiers qui tuent, et de<br />
discuter de la possibilité de transférer<br />
une partie importante des budgets des<br />
services de police dans le financement<br />
des services sociaux », avance-t-elle.<br />
Comme tant d’autres observateurs,<br />
Hannah-Jones a relevé le caractère<br />
multiracial et multigénérationnel<br />
des protestations et le potentiel révolutionnaire<br />
qu’elles comportent :<br />
« Contrairement à tant d’autres fois<br />
dans le passé où les Noirs le plus<br />
souvent marchaient et protestaient<br />
seuls pour exiger la reconnaissance<br />
de leur pleine humanité et citoyenneté,<br />
une armée multiraciale et multigénérationnelle<br />
est descendue dans<br />
les rues au cours du mois dernier. Les<br />
protestataires se sont répandus dans<br />
les 50 États dans des endroits grands<br />
et petits, y compris des villes historiquement<br />
blanches comme Vidor, au<br />
Texas, où, en 1993, un juge fédéral a<br />
dû ordonner l’intégration de ses logements<br />
publics. Peu de temps après, les<br />
suprématistes blancs ont chassé de la<br />
ville la poignée de Noirs qui y avaient<br />
emménagé. Cette Vidor, au Texas, qui<br />
reste 91% de blancs et 0,5% de noirs,<br />
a organisé un rassemblement Black<br />
Lives Matter début juin. »<br />
L’auteur a souligné deux pratiques<br />
du passé qui continuent d’avoir<br />
des conséquences malheureuses sur<br />
le présent. La première, même remontant<br />
à plus d’un siècle et demi, continue<br />
d’influencer les comportements et<br />
réflexes : les patrouilles de chasse des<br />
esclaves fugitifs. « Cela fait 150 ans,<br />
nous rappelle Hannah-Jones, que les<br />
Américains blancs ne peuvent appliquer<br />
des lois sur les esclaves selon<br />
lesquelles les Blancs agissant dans<br />
l’intérêt de la classe des planteurs ne<br />
seront pas punis pour le meurtre d’un<br />
Noir, même pour l’infraction alléguée<br />
la plus mineure. Ces lois se sont<br />
transformées en codes noirs, adoptés<br />
par les politiciens blancs du Sud à la<br />
fin de la guerre civile pour criminaliser<br />
des comportements, comme le fait de<br />
ne pas avoir un emploi. »<br />
L’autre pratique a deux volets :<br />
d’un côté l’exclusion des Noirs dans<br />
le partage de la richesse du pays et,<br />
de l’autre, les avantages et concessions<br />
économiques accordés aux<br />
Blancs, qui accroissent les privilèges<br />
dont ils jouissaient déjà en tant que<br />
Blancs. Nikole Hannah-Jones cite<br />
l’économiste William Darity Jr, l’auteur<br />
principal d’un rapport de l’Université<br />
Duke publié en 2018 intitulé<br />
« What We Get Wrong About Closing<br />
the Racial Wealth Gap (Ce que nous<br />
ne comprenons pas dans la réduction<br />
de l’écart de richesse entre les races)<br />
» dans lequel les auteurs cherchent<br />
à localiser et passer en grille les institutions<br />
étatiques, les agissements,<br />
comportements, habitudes réflexes<br />
qui conditionnent et déterminent la<br />
situation actuelle des Noirs, les brimades<br />
et autres freins ostracisants<br />
qui continuent d’opérer <strong>16</strong>.<br />
Hannah-Jones est d’avis que<br />
les réparations doivent être au centre<br />
de toute initiative et mesure de redressement<br />
des injustices raciales<br />
aux États-Unis : « Darity m’a dit que<br />
«le processus de création de l’écart<br />
de la richesse raciale commence par<br />
l’incapacité de fournir aux anciens<br />
enslavés les 40 acres [de terre] qui<br />
leur avaient été promises ... Donc,<br />
la restitution n’a jamais été faite, et<br />
elle est en retard de 155 ans». » Les<br />
richesses passent de parents aux enfants,<br />
et aussi, dans le cas des Blancs<br />
étatsuniens, de l’État fédéral aux immigrants<br />
blancs dont le Homestead<br />
Act (Loi sur la propriété) est un cadeau<br />
providentiel à ceux et celles des<br />
« Aryens » qui veulent créer leur petit<br />
univers d’Apartheid.<br />
Elle nous rappelle que les privilèges<br />
ont une antériorité : « Tout juste<br />
après avoir décidé que les Noirs ne<br />
méritent pas la restitution, le gouvernement<br />
fédéral commençait à accorder<br />
des millions d’acres dans l’Ouest<br />
aux Américains blancs en vertu de<br />
la Homestead Act, tout en incitant<br />
les étrangers blancs à immigrer avec<br />
l’offre de terres gratuites. » Bien que<br />
les Noirs fussent éligibles à la Southern<br />
Homestead Act promulguée en<br />
1866, ils en étaient empêchés par les<br />
discriminations de facto et d’autres<br />
obstacles institutionnels, et le peu de<br />
terres qu’ils recevaient ou leur étaient<br />
offertes étaient pour la plupart improductives<br />
et difficiles à gérer.<br />
Il en est résulté une condition<br />
d’inégalité socio-économique qui perdure<br />
et qui est au cœur des revendications<br />
des manifestants Black Lives<br />
Matter : « Les disparités de revenu<br />
entre les races ne sont pas différentes<br />
aujourd’hui de ce qu’elles étaient la<br />
décennie précédant la Marche sur<br />
Washington. En 1950, selon une<br />
étude à venir dans le Journal of Political<br />
Economy par les économistes<br />
Moritz Schularick, Moritz Kuhn et<br />
Ulrike Steins, le revenu médian des<br />
ménages noirs était environ la moitié<br />
de celui des Américains blancs, et<br />
c’est toujours le cas aujourd’hui. »<br />
C’est à la fin de son essai que<br />
Nikole Hannah-Jones résume l’essentiel<br />
des enjeux, des objectifs et<br />
des aspirations pour lesquels luttent<br />
les manifestants Black Lives Matter :<br />
« Pour que les vies noires comptent<br />
vraiment aux [États-Unis d’]Amérique,<br />
cette nation doit aller au-delà<br />
des slogans et du symbolisme. Les<br />
citoyens n’héritent pas seulement<br />
la gloire de leur nation, mais aussi<br />
ses fautes. Un pays vraiment grand<br />
n’ignore ni n’excuse ses péchés. Il les<br />
confronte puis s’efforce de les corriger.<br />
Si nous voulons être rachetés, si<br />
nous voulons être à la hauteur des<br />
magnifiques idéaux sur lesquels nous<br />
avons été fondés, nous devons faire<br />
ce qui est juste. Il est temps que ce<br />
pays paie sa dette. Il est temps qu’on<br />
procède aux réparations. 17 »<br />
Le pouvoir exécutif est en<br />
train de plonger le pays dans le précipice,<br />
et la classe politique n’en fait<br />
pas une urgence, préférant attendre<br />
les scrutins de novembre <strong>2020</strong>. C’est<br />
une forme de lâcheté et de démission<br />
politiques. Le président Trump sait<br />
bien que le pouvoir présidentiel lui<br />
donne les moyens de faire beaucoup<br />
de choses, y compris pardonner et<br />
commuer la peine de ses complices<br />
comme il l’a fait pour Roger Stone —<br />
et même révoquer les procureurs qui<br />
s’occupent des cas qui touchent aux<br />
affaires de sa famille et de ses amis. Il<br />
aurait fallu prévoir — et il est toujours<br />
possible de fonder — un mécanisme<br />
institutionnel qui soit prêt à contrecarrer<br />
tout tyranneau de président qui<br />
est acquitté de destitution (impeachment)<br />
et qui croit avoir la voie libre<br />
pour « déconstruire » l’État de droit,<br />
tout en incitant un état général d’animosités<br />
raciales et d’isolement tribaliste<br />
au sein de la population.<br />
L’élection de Donald Trump,<br />
son mandat présidentiel, son acquittement<br />
de l’impeachment, le pouvoir<br />
qu’on lui concède de répondre ou<br />
non à la pandémie de COVID-19, sa<br />
continuation au pouvoir après l’incompétence<br />
et l’indifférence dont il<br />
a fait montre vis-à-vis des ravages<br />
de la maladie dans le pays, ses incitations<br />
et exhortations de la population<br />
à la haine raciale — ou encore<br />
la toute-puissance et l’impunité totale<br />
dans lesquelles il a pu faire tout ce<br />
qu’il a fait —, tout cela dit plus et autant<br />
sur le caractère du pays que sur<br />
celui de Donald Trump. Le système<br />
capitaliste dominant qui gouverne<br />
le pays l’a trouvé acceptable et bon<br />
pour les affaires. Wall Street l’a trouvé<br />
acceptable, ainsi que les puissants<br />
sénateurs de la majorité républicaine<br />
au Sénat, parmi eux l’ancien sénateur<br />
de l’Alabama, Jeff Sessions, raciste réputé,<br />
et l’actuel leader de la majorité<br />
sénatoriale Mitch McConnell, dont la<br />
femme, Elaine Chao, est la ministre<br />
aux Transports de l’administration<br />
Trump — à remarquer qu’elle a été la<br />
ministre au Travail de l’administration<br />
de George W. Bush de 2001 à 2009...<br />
Bien avant l’apparition du coronavirus<br />
et sa déstabilisation des<br />
calculs électoraux de Trump, j’avais<br />
réalisé avec horreur combien probable<br />
était une réélection de Donald<br />
Trump, malgré ses méchancetés contre<br />
les migrants, malgré ses propos accommodants<br />
envers le Ku Klux Klan,<br />
malgré son racisme et ses mensonges<br />
en série, malgré son dépouillement<br />
et sa subornation des institutions de<br />
l’État, malgré son impeachment —<br />
même si éventuellement acquitté —<br />
pour abus de pouvoir et obstruction<br />
au Congrès, et malgré la souillure de<br />
l’image du pays. Malgré tout ça, ses<br />
cotes de popularité restaient à l’entour<br />
de 44%-46%. Dans un sondage<br />
d’opinion du 24 janvier <strong>2020</strong> par<br />
ABC News et le Washington Post,<br />
une majorité de 56% d’Étatsuniens<br />
se disaient satisfaits de la gestion de<br />
l’économie par Donald Trump, une<br />
hausse de 10 points par rapport à<br />
septembre. Le sondage des électeurs<br />
inscrits donnait 50% à Joe Biden, son<br />
concurrent présumé, et 46% à Trump<br />
; quelques mois avant, c’était 56%<br />
et 39%, donc un gain de sept points<br />
pour Trump.<br />
Naturellement, le coronavirus et<br />
son exécrable gestion par Trump ont<br />
grandement changé cette statistique,<br />
aujourd’hui (fin juillet <strong>2020</strong>), les<br />
sondages donnent à Biden une plus<br />
grande et bien meilleure chance de<br />
gagner l’élection de novembre <strong>2020</strong>.<br />
Ça me pince le cœur de voir les<br />
États-Unis tant souffrir, en proie à un<br />
soudain désastre et désarroi dus pour<br />
la plupart à un leadership national<br />
incompétent, opportuniste et lâche.<br />
Le choc économique est d’autant désastreux,<br />
spécialement pour la masse<br />
des semi-employés du secteur informel<br />
et des services de consommation<br />
et de divertissement, y compris pour<br />
les arts et les activités culturelles en<br />
général.<br />
Des travailleurs et travailleuses<br />
sont licenciés en masse. Les<br />
plus chanceux peuvent collecter une<br />
prestation de chômage pour quelques<br />
mois, mais tant pis pour ceux et celleslà<br />
qui n’avaient pas un boulot ou dont<br />
la prestation est terminée. Beaucoup<br />
de gens des classes laborieuses, trouvés<br />
soudainement au chômage, n’ont<br />
pas assez à manger et ne peuvent pas<br />
payer leur loyer ou leur hypothèque.<br />
Certaines municipalités ont décrété un<br />
moratoire sur l’éviction pour cause de<br />
non-paiement, mais il dure seulement<br />
quelques mois. Beaucoup d’évictions<br />
et de forclusions commencent déjà, on<br />
en attend encore en grande quantité.<br />
La pandémie offre aux patrons une<br />
belle occasion et prétexte d’outrepasser<br />
leurs obligations contractuelles,<br />
donc ils licencient et « réorganisent<br />
» à gogo. Les gens sont malheureux,<br />
d’autres au bord du désespoir.<br />
La multiplicité ethnique, raciale,<br />
sociale et générationnelle des<br />
manifestants Black Lives Matter, leur<br />
écrasante majorité de jeunes de toutes<br />
les classes sociales, l’interconnectivité<br />
de leurs griefs et demandes — qui<br />
incluent l’injustice systémique du<br />
droit pénal, le racisme institutionnel,<br />
les inégalités et disparités socioéconomiques<br />
et politiques, les discriminations<br />
sexuelle et sexiste, le chômage<br />
endémique, la sous-rémunération du<br />
travail, la détérioration climatique,<br />
etc. —, nous convient à penser que<br />
c’est un nouveau mouvement que<br />
nous avons là, un mouvement qui<br />
est sorti et nourri des entrailles vivantes<br />
de la nation étatsunienne. Il<br />
fait désormais partie de la biopolitique<br />
critique et décisionnelle des forces<br />
agissantes du pays, il est là pour<br />
durer, sous une forme ou sous une<br />
autre aussi longtemps que ces griefs<br />
et demandes ne soient pas satisfaits ;<br />
il est là pour refaçonner, rééquilibrer,<br />
restructurer, redresser, révolutionner<br />
et humaniser les sociétés d’exclusion<br />
et d’injustice qui abêtissent l’être humain<br />
et qui n’ont que trop duré, parce<br />
que camouflées sous l’apparente normalité<br />
de l’horreur institutionnelle.<br />
Notes<br />
<strong>16</strong>. Toutes les citations de ces<br />
passages sont tirées de l’essai de Nikole<br />
Hannah-Jones, « What is owed?<br />
(Qu’est-ce qui est dû ?) » paru dans le<br />
New York Times, 20 juin <strong>2020</strong> [ces<br />
passages sont traduits de l’anglais par<br />
nous]: https://www.nytimes.com/<br />
interactive/<strong>2020</strong>/06/24/magazine/<br />
reparations-slavery.html<br />
17. Cf. The Samuel Dubois Cook<br />
Center on Social Equity « What We<br />
Get Wrong About Closing the Racial<br />
Wealth Gap » : https://socialequity.<br />
duke.edu/portfolio-item/what-weget-wrong-about-closing-the-racialwealth-gap/<br />
-Tontongi<br />
[Extraits de mon livre en préparation<br />
Deuils et délires chez l’Oncle<br />
Sam<br />
(Chroniques méditatives sur<br />
l’Empire, le 11-<strong>Septembre</strong>, Covid-19<br />
et le racisme systémique,<br />
Boston <strong>2020</strong>.]<br />
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14 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol 14 # 11 • Du <strong>16</strong> au 22 <strong>Septembre</strong> <strong>2020</strong>