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Haiti Liberte 16 Septembre 2020

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Les États-Unis face à la double crise du COVID-19 et de la<br />

contestation contre le racisme systémique<br />

Par Tontongi<br />

5 ème partie et fin<br />

Justice, réparation, révolution :<br />

l’interconnectivité des griefs et<br />

des demandes<br />

Dans un récent et excellent essai dans<br />

le quotidien New York Times, Nikole<br />

Hannah-Jones a fait un tour d’horizon<br />

sur les 400 ans d’histoire des<br />

Noirs aux États-Unis, leurs péripéties<br />

dans l’univers esclavagiste autant<br />

que leurs luttes, leurs victoires, leurs<br />

déboires et leurs espoirs. L’impunité<br />

accordée aux policiers brutaux et homicidaires<br />

n’est point une aberration<br />

ou débordement du système, mais<br />

bien une politique cultivée et consolidée<br />

au cours des ans, à chaque fois<br />

réinventée dans des configurations<br />

nouvelles. Hannah-Jones a montré<br />

ce cheminement à travers tout l’essai,<br />

qu’elle ouvre avec une épigraphe<br />

fort axiomatique : « Si la vraie justice<br />

et l’égalité devraient jamais être réalisées<br />

aux États-Unis, le pays doit<br />

enfin prendre au sérieux ce qu’il doit<br />

aux Noirs Américains. »<br />

Puis, elle étale la longue tradition<br />

de luttes de ceux-ci pour<br />

faire respecter leurs droits, souvent,<br />

comme on le voit, face à l’opposition<br />

farouche et violente des Blancs.<br />

Des luttes qui emportent de temps en<br />

temps de petites victoires. En 1968,<br />

suite à l’assassinat de Martin Luther<br />

King, après des émeutes enflammées<br />

dans plus de 100 villes étatsuniennes,<br />

le Congrès vote en faveur de la loi sur<br />

le logement équitable — Fair Housing<br />

Act —, qui interdit la discrimination<br />

basée sur la race, le sexe et la religion<br />

dans l’obtention du logement public,<br />

une loi qui moisissait jusque-là dans<br />

les tiroirs du Congrès. « Sept jours<br />

seulement après la mort de King, le<br />

président Lyndon B. Johnson promulgue<br />

la loi dans la capitale en feu<br />

», nous rappelle Hannah-Jones. Une<br />

courte échéance qui montre que les<br />

luttes portent souvent des fruits,<br />

même si « la plupart du temps, ces<br />

soulèvements produisent des épouvantes<br />

et de la consternation, mais<br />

peu de changements structurels nécessaires<br />

».<br />

Nikole Hannah-Jones a observé<br />

que les multiples luttes des Noirs au<br />

cours des siècles et décennies pour obtenir<br />

la reconnaissance totale de leurs<br />

droits sont toujours plus ou moins déçues<br />

ou refroidies par l’Establishment<br />

blanc qui finit toujours par trouver<br />

des moyens de contourner, ignorer,<br />

minimiser et souvent même inverser<br />

les acquis : « L’inclination à appliquer<br />

des pansements [aux problèmes] et à<br />

aller de l’avant est une caractéristique<br />

américaine bien notable en ce qui<br />

concerne le racisme anti-noir et ses<br />

effets sociaux et matériels », dit Hannah-Jones.<br />

L’aboutissant de cette inclination<br />

est de croire que le problème<br />

racial est résolu et dépassé. Elle cite<br />

une étude du Département de psychologie<br />

et de l’Institut d’études sociales<br />

et politiques de l’Université Yale<br />

qui en a fait le constat en 2019 : «<br />

Nous croyons fermement et de façon<br />

persistante que notre honte nationale<br />

en matière d’oppression raciale a été<br />

surmontée — même si c’est dans la<br />

lutte — et que l’égalité raciale a été<br />

largement atteinte. »<br />

Hannah-Jones semble penser<br />

que cette fois-ci est différente, comparée<br />

aux autres conjonctures de lutte<br />

: « Les semaines de protestations depuis<br />

le meurtre de George Floyd ont<br />

poussé les législateurs à interdire les<br />

techniques d’étranglement par les policiers,<br />

à envisager de supprimer l’application<br />

de la loi de l’immunité qualifiée<br />

qui rend presque impossible la<br />

détention d’officiers qui tuent, et de<br />

discuter de la possibilité de transférer<br />

une partie importante des budgets des<br />

services de police dans le financement<br />

des services sociaux », avance-t-elle.<br />

Comme tant d’autres observateurs,<br />

Hannah-Jones a relevé le caractère<br />

multiracial et multigénérationnel<br />

des protestations et le potentiel révolutionnaire<br />

qu’elles comportent :<br />

« Contrairement à tant d’autres fois<br />

dans le passé où les Noirs le plus<br />

souvent marchaient et protestaient<br />

seuls pour exiger la reconnaissance<br />

de leur pleine humanité et citoyenneté,<br />

une armée multiraciale et multigénérationnelle<br />

est descendue dans<br />

les rues au cours du mois dernier. Les<br />

protestataires se sont répandus dans<br />

les 50 États dans des endroits grands<br />

et petits, y compris des villes historiquement<br />

blanches comme Vidor, au<br />

Texas, où, en 1993, un juge fédéral a<br />

dû ordonner l’intégration de ses logements<br />

publics. Peu de temps après, les<br />

suprématistes blancs ont chassé de la<br />

ville la poignée de Noirs qui y avaient<br />

emménagé. Cette Vidor, au Texas, qui<br />

reste 91% de blancs et 0,5% de noirs,<br />

a organisé un rassemblement Black<br />

Lives Matter début juin. »<br />

L’auteur a souligné deux pratiques<br />

du passé qui continuent d’avoir<br />

des conséquences malheureuses sur<br />

le présent. La première, même remontant<br />

à plus d’un siècle et demi, continue<br />

d’influencer les comportements et<br />

réflexes : les patrouilles de chasse des<br />

esclaves fugitifs. « Cela fait 150 ans,<br />

nous rappelle Hannah-Jones, que les<br />

Américains blancs ne peuvent appliquer<br />

des lois sur les esclaves selon<br />

lesquelles les Blancs agissant dans<br />

l’intérêt de la classe des planteurs ne<br />

seront pas punis pour le meurtre d’un<br />

Noir, même pour l’infraction alléguée<br />

la plus mineure. Ces lois se sont<br />

transformées en codes noirs, adoptés<br />

par les politiciens blancs du Sud à la<br />

fin de la guerre civile pour criminaliser<br />

des comportements, comme le fait de<br />

ne pas avoir un emploi. »<br />

L’autre pratique a deux volets :<br />

d’un côté l’exclusion des Noirs dans<br />

le partage de la richesse du pays et,<br />

de l’autre, les avantages et concessions<br />

économiques accordés aux<br />

Blancs, qui accroissent les privilèges<br />

dont ils jouissaient déjà en tant que<br />

Blancs. Nikole Hannah-Jones cite<br />

l’économiste William Darity Jr, l’auteur<br />

principal d’un rapport de l’Université<br />

Duke publié en 2018 intitulé<br />

« What We Get Wrong About Closing<br />

the Racial Wealth Gap (Ce que nous<br />

ne comprenons pas dans la réduction<br />

de l’écart de richesse entre les races)<br />

» dans lequel les auteurs cherchent<br />

à localiser et passer en grille les institutions<br />

étatiques, les agissements,<br />

comportements, habitudes réflexes<br />

qui conditionnent et déterminent la<br />

situation actuelle des Noirs, les brimades<br />

et autres freins ostracisants<br />

qui continuent d’opérer <strong>16</strong>.<br />

Hannah-Jones est d’avis que<br />

les réparations doivent être au centre<br />

de toute initiative et mesure de redressement<br />

des injustices raciales<br />

aux États-Unis : « Darity m’a dit que<br />

«le processus de création de l’écart<br />

de la richesse raciale commence par<br />

l’incapacité de fournir aux anciens<br />

enslavés les 40 acres [de terre] qui<br />

leur avaient été promises ... Donc,<br />

la restitution n’a jamais été faite, et<br />

elle est en retard de 155 ans». » Les<br />

richesses passent de parents aux enfants,<br />

et aussi, dans le cas des Blancs<br />

étatsuniens, de l’État fédéral aux immigrants<br />

blancs dont le Homestead<br />

Act (Loi sur la propriété) est un cadeau<br />

providentiel à ceux et celles des<br />

« Aryens » qui veulent créer leur petit<br />

univers d’Apartheid.<br />

Elle nous rappelle que les privilèges<br />

ont une antériorité : « Tout juste<br />

après avoir décidé que les Noirs ne<br />

méritent pas la restitution, le gouvernement<br />

fédéral commençait à accorder<br />

des millions d’acres dans l’Ouest<br />

aux Américains blancs en vertu de<br />

la Homestead Act, tout en incitant<br />

les étrangers blancs à immigrer avec<br />

l’offre de terres gratuites. » Bien que<br />

les Noirs fussent éligibles à la Southern<br />

Homestead Act promulguée en<br />

1866, ils en étaient empêchés par les<br />

discriminations de facto et d’autres<br />

obstacles institutionnels, et le peu de<br />

terres qu’ils recevaient ou leur étaient<br />

offertes étaient pour la plupart improductives<br />

et difficiles à gérer.<br />

Il en est résulté une condition<br />

d’inégalité socio-économique qui perdure<br />

et qui est au cœur des revendications<br />

des manifestants Black Lives<br />

Matter : « Les disparités de revenu<br />

entre les races ne sont pas différentes<br />

aujourd’hui de ce qu’elles étaient la<br />

décennie précédant la Marche sur<br />

Washington. En 1950, selon une<br />

étude à venir dans le Journal of Political<br />

Economy par les économistes<br />

Moritz Schularick, Moritz Kuhn et<br />

Ulrike Steins, le revenu médian des<br />

ménages noirs était environ la moitié<br />

de celui des Américains blancs, et<br />

c’est toujours le cas aujourd’hui. »<br />

C’est à la fin de son essai que<br />

Nikole Hannah-Jones résume l’essentiel<br />

des enjeux, des objectifs et<br />

des aspirations pour lesquels luttent<br />

les manifestants Black Lives Matter :<br />

« Pour que les vies noires comptent<br />

vraiment aux [États-Unis d’]Amérique,<br />

cette nation doit aller au-delà<br />

des slogans et du symbolisme. Les<br />

citoyens n’héritent pas seulement<br />

la gloire de leur nation, mais aussi<br />

ses fautes. Un pays vraiment grand<br />

n’ignore ni n’excuse ses péchés. Il les<br />

confronte puis s’efforce de les corriger.<br />

Si nous voulons être rachetés, si<br />

nous voulons être à la hauteur des<br />

magnifiques idéaux sur lesquels nous<br />

avons été fondés, nous devons faire<br />

ce qui est juste. Il est temps que ce<br />

pays paie sa dette. Il est temps qu’on<br />

procède aux réparations. 17 »<br />

Le pouvoir exécutif est en<br />

train de plonger le pays dans le précipice,<br />

et la classe politique n’en fait<br />

pas une urgence, préférant attendre<br />

les scrutins de novembre <strong>2020</strong>. C’est<br />

une forme de lâcheté et de démission<br />

politiques. Le président Trump sait<br />

bien que le pouvoir présidentiel lui<br />

donne les moyens de faire beaucoup<br />

de choses, y compris pardonner et<br />

commuer la peine de ses complices<br />

comme il l’a fait pour Roger Stone —<br />

et même révoquer les procureurs qui<br />

s’occupent des cas qui touchent aux<br />

affaires de sa famille et de ses amis. Il<br />

aurait fallu prévoir — et il est toujours<br />

possible de fonder — un mécanisme<br />

institutionnel qui soit prêt à contrecarrer<br />

tout tyranneau de président qui<br />

est acquitté de destitution (impeachment)<br />

et qui croit avoir la voie libre<br />

pour « déconstruire » l’État de droit,<br />

tout en incitant un état général d’animosités<br />

raciales et d’isolement tribaliste<br />

au sein de la population.<br />

L’élection de Donald Trump,<br />

son mandat présidentiel, son acquittement<br />

de l’impeachment, le pouvoir<br />

qu’on lui concède de répondre ou<br />

non à la pandémie de COVID-19, sa<br />

continuation au pouvoir après l’incompétence<br />

et l’indifférence dont il<br />

a fait montre vis-à-vis des ravages<br />

de la maladie dans le pays, ses incitations<br />

et exhortations de la population<br />

à la haine raciale — ou encore<br />

la toute-puissance et l’impunité totale<br />

dans lesquelles il a pu faire tout ce<br />

qu’il a fait —, tout cela dit plus et autant<br />

sur le caractère du pays que sur<br />

celui de Donald Trump. Le système<br />

capitaliste dominant qui gouverne<br />

le pays l’a trouvé acceptable et bon<br />

pour les affaires. Wall Street l’a trouvé<br />

acceptable, ainsi que les puissants<br />

sénateurs de la majorité républicaine<br />

au Sénat, parmi eux l’ancien sénateur<br />

de l’Alabama, Jeff Sessions, raciste réputé,<br />

et l’actuel leader de la majorité<br />

sénatoriale Mitch McConnell, dont la<br />

femme, Elaine Chao, est la ministre<br />

aux Transports de l’administration<br />

Trump — à remarquer qu’elle a été la<br />

ministre au Travail de l’administration<br />

de George W. Bush de 2001 à 2009...<br />

Bien avant l’apparition du coronavirus<br />

et sa déstabilisation des<br />

calculs électoraux de Trump, j’avais<br />

réalisé avec horreur combien probable<br />

était une réélection de Donald<br />

Trump, malgré ses méchancetés contre<br />

les migrants, malgré ses propos accommodants<br />

envers le Ku Klux Klan,<br />

malgré son racisme et ses mensonges<br />

en série, malgré son dépouillement<br />

et sa subornation des institutions de<br />

l’État, malgré son impeachment —<br />

même si éventuellement acquitté —<br />

pour abus de pouvoir et obstruction<br />

au Congrès, et malgré la souillure de<br />

l’image du pays. Malgré tout ça, ses<br />

cotes de popularité restaient à l’entour<br />

de 44%-46%. Dans un sondage<br />

d’opinion du 24 janvier <strong>2020</strong> par<br />

ABC News et le Washington Post,<br />

une majorité de 56% d’Étatsuniens<br />

se disaient satisfaits de la gestion de<br />

l’économie par Donald Trump, une<br />

hausse de 10 points par rapport à<br />

septembre. Le sondage des électeurs<br />

inscrits donnait 50% à Joe Biden, son<br />

concurrent présumé, et 46% à Trump<br />

; quelques mois avant, c’était 56%<br />

et 39%, donc un gain de sept points<br />

pour Trump.<br />

Naturellement, le coronavirus et<br />

son exécrable gestion par Trump ont<br />

grandement changé cette statistique,<br />

aujourd’hui (fin juillet <strong>2020</strong>), les<br />

sondages donnent à Biden une plus<br />

grande et bien meilleure chance de<br />

gagner l’élection de novembre <strong>2020</strong>.<br />

Ça me pince le cœur de voir les<br />

États-Unis tant souffrir, en proie à un<br />

soudain désastre et désarroi dus pour<br />

la plupart à un leadership national<br />

incompétent, opportuniste et lâche.<br />

Le choc économique est d’autant désastreux,<br />

spécialement pour la masse<br />

des semi-employés du secteur informel<br />

et des services de consommation<br />

et de divertissement, y compris pour<br />

les arts et les activités culturelles en<br />

général.<br />

Des travailleurs et travailleuses<br />

sont licenciés en masse. Les<br />

plus chanceux peuvent collecter une<br />

prestation de chômage pour quelques<br />

mois, mais tant pis pour ceux et celleslà<br />

qui n’avaient pas un boulot ou dont<br />

la prestation est terminée. Beaucoup<br />

de gens des classes laborieuses, trouvés<br />

soudainement au chômage, n’ont<br />

pas assez à manger et ne peuvent pas<br />

payer leur loyer ou leur hypothèque.<br />

Certaines municipalités ont décrété un<br />

moratoire sur l’éviction pour cause de<br />

non-paiement, mais il dure seulement<br />

quelques mois. Beaucoup d’évictions<br />

et de forclusions commencent déjà, on<br />

en attend encore en grande quantité.<br />

La pandémie offre aux patrons une<br />

belle occasion et prétexte d’outrepasser<br />

leurs obligations contractuelles,<br />

donc ils licencient et « réorganisent<br />

» à gogo. Les gens sont malheureux,<br />

d’autres au bord du désespoir.<br />

La multiplicité ethnique, raciale,<br />

sociale et générationnelle des<br />

manifestants Black Lives Matter, leur<br />

écrasante majorité de jeunes de toutes<br />

les classes sociales, l’interconnectivité<br />

de leurs griefs et demandes — qui<br />

incluent l’injustice systémique du<br />

droit pénal, le racisme institutionnel,<br />

les inégalités et disparités socioéconomiques<br />

et politiques, les discriminations<br />

sexuelle et sexiste, le chômage<br />

endémique, la sous-rémunération du<br />

travail, la détérioration climatique,<br />

etc. —, nous convient à penser que<br />

c’est un nouveau mouvement que<br />

nous avons là, un mouvement qui<br />

est sorti et nourri des entrailles vivantes<br />

de la nation étatsunienne. Il<br />

fait désormais partie de la biopolitique<br />

critique et décisionnelle des forces<br />

agissantes du pays, il est là pour<br />

durer, sous une forme ou sous une<br />

autre aussi longtemps que ces griefs<br />

et demandes ne soient pas satisfaits ;<br />

il est là pour refaçonner, rééquilibrer,<br />

restructurer, redresser, révolutionner<br />

et humaniser les sociétés d’exclusion<br />

et d’injustice qui abêtissent l’être humain<br />

et qui n’ont que trop duré, parce<br />

que camouflées sous l’apparente normalité<br />

de l’horreur institutionnelle.<br />

Notes<br />

<strong>16</strong>. Toutes les citations de ces<br />

passages sont tirées de l’essai de Nikole<br />

Hannah-Jones, « What is owed?<br />

(Qu’est-ce qui est dû ?) » paru dans le<br />

New York Times, 20 juin <strong>2020</strong> [ces<br />

passages sont traduits de l’anglais par<br />

nous]: https://www.nytimes.com/<br />

interactive/<strong>2020</strong>/06/24/magazine/<br />

reparations-slavery.html<br />

17. Cf. The Samuel Dubois Cook<br />

Center on Social Equity « What We<br />

Get Wrong About Closing the Racial<br />

Wealth Gap » : https://socialequity.<br />

duke.edu/portfolio-item/what-weget-wrong-about-closing-the-racialwealth-gap/<br />

-Tontongi<br />

[Extraits de mon livre en préparation<br />

Deuils et délires chez l’Oncle<br />

Sam<br />

(Chroniques méditatives sur<br />

l’Empire, le 11-<strong>Septembre</strong>, Covid-19<br />

et le racisme systémique,<br />

Boston <strong>2020</strong>.]<br />

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14 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol 14 # 11 • Du <strong>16</strong> au 22 <strong>Septembre</strong> <strong>2020</strong>

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