Niger la décennie Issoufou
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Portrait
Mohamed Bazoum
Le camarade
dauphin
Avec trente ans de carrière politique derrière
lui et son réseau de fidèles, le candidat adoubé
par le président Issoufou a toutes ses chances.
issouf sanogo/afp
Mohamed Bazoum, 60 ans, a succédé à
Issoufou Mahamadou à la tête du Parti
nigérien pour la démocratie et le socialisme
(PNDS) quand ce dernier a été élu président
de la République, en mars 2011. Deux
mandats présidentiels plus tard, il ambitionne de lui succéder
à la tête de l’État. Les deux hommes se côtoient depuis plus
de trente ans, puisque leur combat politique les a amenés,
en 1990, à fonder le PNDS avec d’autres
camarades, dans le sillage de la Conférence
nationale qui a restauré la démocratie après
une longue nuit de dictature militaire. Ce
compagnonnage a créé des liens de camaraderie
très forts entre les deux hommes. Issoufou
Mahamadou avait de l’ascendant sur le
camarade Bazoum, son benjamin de huit ans,
mais aussi de l’admiration pour sa détermination
politique, la cohérence de ses propos, sa
rhétorique, la rigueur de ses analyses, et surtout
sa loyauté. C’est pourquoi il en a fait un homme
clé dans son dispositif en arrivant au pouvoir :
ministre d’État aux Affaires étrangères, puis
à la Présidence, et enfin à l’Intérieur et à la
Sécurité publique. Il lui a en outre apporté son
soutien quand il a affiché son ambition de devenir dauphin.
Arabe de la tribu des Ouled Slimane, Mohamed Bazoum
est né le 1 er janvier 1960 à Bilabrine, dans la région de
Diffa. Sa famille s’installe ensuite à Tesker, dans la région
de Zinder, où il passe son enfance et sa scolarité primaire.
Après un bac obtenu à Zinder, en 1979, il obtient une bourse
Son talent
d’orateur en
fait rapidement
une étoile
montante
de la vie politique.
Il se frotte avec
succès au
suffrage universel
et devient député
au cours de
quatre législatures.
pour l’Université Cheikh Anta Diop, à Dakar, et y décroche
une maîtrise en philosophie politique et morale. De retour au
pays, il enseigne la philosophie. Comme pour de nombreux
militants de gauche, il entre en politique par le syndicalisme.
Son engagement auprès du Syndicat national des enseignants
nigériens (SNEN) lui vaut d’être intégré dans le staff de
la puissante Union des syndicats des travailleurs nigériens
(USTN). Puis vient le temps des Conférences nationales et de
leurs espaces de débat. Son talent d’orateur en fait
rapidement une étoile montante de la vie politique.
Il se frotte avec succès au suffrage universel et
devient député au cours de quatre législatures.
Militant de l’État de droit, farouche adversaire
de l’intrusion des militaires dans la vie politique,
opposant aux tripatouillages de Constitution,
pourfendeur des corrompus de la République,
Bazoum est sans doute l’homme politique
qui connaît le mieux l’État, le peuple et le
territoire. Ses passages à la tête des ministères
régaliens en font un expert des rouages de
l’administration, un parfait connaisseur de la
moindre parcelle du pays pour l’avoir sillonné
du nord au sud et d’est en ouest. Ses trente ans
de carrière politique lui ont permis d’avoir un
réseau de fidèles aux quatre coins du Niger. Autant d’atouts
qui vont l’aider à vaincre son talon d’Achille : l’appartenance
à une minorité ethnique, sérieux handicap en matière
électorale. Mais l’argument est balayé d’un revers de bras.
Bazoum est confiant : « Le suffrage universel fera de moi
le successeur de mon camarade Issoufou Mahamadou. » ■
afrique magazine I 410 – novembre 2020 XI