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Niger la décennie Issoufou

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Un carrefour

africain

Longtemps délaissée, Niamey est devenue, en quelques

années, une escale incontournable pour les visiteurs étrangers.

Et un espace de dialogue et de réunions internationales.

Retour sur une étonnante ascension diplomatique.

issouf sanogo/afp

L

’efficacité

de la diplomatie d’un pays

se mesure au degré de son impact

aux niveaux régional, continental et

international. Et sur ces trois paliers,

le Niger n’avait que peu d’influence. Il était

loin le temps où son président, feu Hamani

Diori, était considéré comme père fondateur

de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), ou

parrain, avec le Tunisien Habib Bourguiba et le

Sénégalais Léopold Sédar Senghor, de l’Agence

de coopération culturelle et technique (ACCT)

– devenue Organisation internationale de la

francophonie (OIF) –, née en 1970 à Niamey.

Oubliée la période où, feu Idé Oumarou, ancien

ministre des Affaires étrangères, ex-secrétaire

général de l’OUA entre 1985 et 1989, avait une

grande influence dans le continent et au-delà.

Comment Niamey a-t-elle cessé d’avoir un rôle clé

dans les relations internationales ? En cinquante

ans d’indépendance, la République a été marquée

par le sceau de l’instabilité : quatre coups d’État

militaires en un demi-siècle, cela vous ruine une

réputation, déstabilise les institutions, désempare

les partenaires les plus fidèles et les bailleurs les

plus généreux. C’est ainsi que l’on cesse d’être

un acteur majeur dans le concert des nations.

En arrivant aux affaires, en 2011, le président

Issoufou s’engage à restaurer l’image de son

pays et rendre à Niamey son statut d’escale

incontournable dans le règlement des conflits

régionaux, de passage obligé pour les puissants

et les influents. Il initie une offensive

diplomatique en vue de rétablir la confiance

entre le Niger et ses partenaires, mise à mal par

l’instabilité politique du pays, la faiblesse de son

économie et son éternelle dépendance de l’aide

internationale pour boucler ses fins de mois.

Pour atteindre cet objectif, il mise sur une plus

grande implication du Niger dans les grands

agendas régionaux et internationaux. Et opte,

avec succès, pour le renforcement des capacités

d’accueil de Niamey, celles de son aéroport.

En quelques années, plus de 500 accords et

conventions sont signés avec des partenaires.

Avec un regain d’agressivité de sa diplomatie

économique, il obtient une remarquable

augmentation des investissements directs

étrangers et le renforcement des programmes

d’appuis budgétaires. Cette stratégie est payante.

En juillet 2019, Niamey accueille pour la première

fois depuis l’indépendance du pays, en 1960, un

sommet continental. Cette conférence des chefs

d’État de l’Union africaine (UA, remplaçante de

l’OUA) est un moment historique, puisqu’il donne

naissance à la Zone de libre-échange continentale

africaine (Zleca), en gestation depuis plus de

quinze ans. Dans la foulée, Issoufou Mahamadou

convoque plusieurs sommets de la Communauté

économique des États de l’Afrique de l’Ouest

(Cedeao), dont il devient le président en

exercice. Sur le plan international, il obtient

que le Niger soit élu membre non permanent du

afrique magazine I 410 – novembre 2020 XIII

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