Niger la décennie Issoufou
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découverte/Niger
Décryptage
Demain le pétrole
Au cours de la dernière décennie, le pays a atteint l’autosuffisance
en matière d’hydrocarbures. Cette manne semble loin d’être tarie, et la construction
d’infrastructures destinées à organiser l’exportation de brut est en cours.
En mars 2021, le président Issoufou
devrait quitter le palais présidentiel,
après avoir passé le flambeau au
nouveau président élu. Il aura la
satisfaction de laisser à son successeur
un Niger en meilleur état qu’il ne l’avait
trouvé, dix ans auparavant. Les changements
sont nombreux, les mutations profondes
et les améliorations palpables.
Infrastructures réalisées, afflux
d’investisseurs étrangers, finances
publiques assainies, diplomatie
revigorée… Cependant, le cadeau de
bienvenue au nouveau chef d’État aura
la forme de promesses pétrolières.
Pays à culture minière, cinquième
exportateur d’uranium dans le monde,
le Niger est, depuis novembre 2011,
un pays pétrolier. Ses besoins en
carburants sont couverts par la
production locale de pétrole brut, extrait du site
d’Agadem et transporté par canalisation jusqu’à
la raffinerie de Zinder (Soraz). Non seulement
le Trésor public est soulagé d’une coûteuse
facture d’importation, mais le Niger fournit
désormais à ses voisins, le Bénin, le Burkina
Faso, le Mali et le… Nigeria, géant pétrolier
s’il en est, l’excédent de ses produits raffinés,
avec un volume de plus de 510 000 tonnes
équivalent pétrole par an, générant des
ressources s’élevant à plus de 1,3 milliard de
dollars. Aujourd’hui, le secteur des hydrocarbures
concourt à près de 4 % du PIB, contribue à près
du cinquième des recettes fiscales et représente
16 % des exportations. Mais les ambitions
ne s’arrêtent pas à cette performance.
Le partenaire chinois China National
Petroleum Company (CNPC) a intensifié
par
Cherif Ouazani
l’exploration. Ces travaux ont permis de
déceler des réserves récupérables estimées
à près de 1 milliard de barils. La Soraz étant sousdimensionnée
pour une telle quantité, la solution
de l’exportation de brut s’est imposée. D’où le
projet d’un pipeline, long de 2 000 km, reliant le
site de production de Koulélé au port de Sèmè, au
Bénin. Montant de l’investissement : 4,5 milliards
de dollars. Le lancement des travaux
a eu lieu en septembre 2019.
Prévue à l’horizon 2022, la mise
en œuvre de cette infrastructure
permettra l’exportation quotidienne
de 110 000 barils de pétrole brut.
Le secteur des hydrocarbures
contribuera alors au quart du PIB,
à près de la moitié des recettes
fiscales et à plus des deux tiers des
exportations. En outre, il créera
des dizaines de milliers de postes
de travail, jusqu’à 12 % des emplois formels
au Niger, selon certaines estimations. D’autres
bonnes nouvelles parviennent du Nord.
D’encourageantes potentialités en huile et en
gaz ont été décelées dans les blocs de recherche
opérés près des frontières avec l’Algérie par
Sipex, filiale internationale du groupe algérien
Sonatrach. La proximité des installations
pétrolières de ce pays voisin devrait réduire
les coûts de production, estimés à 25 dollars
entre l’extraction et le transport du baril
entre Agadem et le terminal de Sèmè.
Hier, les Nigériens suivaient avec angoisse
les fluctuations quotidiennes des cours
de l’uranium, unique source de revenus
du Trésor public. Demain, ils scruteront
celles du panier de l’Organisation des pays
exportateurs de pétrole (OPEP). ■
dr
XVI afrique magazine I 410 – novembre 2020