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SOCIÉTÉ PÉDAGOGIQUE<br />
FRIBOURGEOISE FRANCOPHONE<br />
Mercredi après-midi<br />
congé au CO ?<br />
En mars 2019, une motion parlementaire était déposée demandant de modifier l’horaire des<br />
écoles du Cycle d’orientation, par l’octroi d’un congé le mercredi après-midi. Dans la foulée<br />
du rejet de cette motion, un postulat a été accepté par le Grand Conseil le 17 octobre 2019.<br />
Ce postulat demande au Conseil d’État de bien vouloir<br />
étudier et analyser en détail les incidences positives<br />
et négatives, notamment du point de vue des<br />
enfants, des enseignant·es, des établissements et des<br />
communes, des options suivantes : introduction du mercredi<br />
après-midi de congé du secondaire I et introduction<br />
d’un horaire continu. Les associations et l’ensemble des<br />
enseignant·es ont été consultés sur ces deux sujets.<br />
Concernant le mercredi après-midi de congé, la position<br />
de l’AMCOFF et ses arguments restent les mêmes que<br />
pour la motion 2018-GC-78 citée en titre et rejetée.<br />
En résumé :<br />
• impact négatif sur les élèves du fait de la concentration<br />
des unités sur une durée plus courte.<br />
• Élèves « laissé·es » à eux-mêmes le mercredi après-midi,<br />
car les parents et les animations sportives ou culturelles<br />
ne sont pas disponibles.<br />
• Gestion rendue impossible des cours et des salles spéciales,<br />
notamment pour les disciplines où il est nécessaire<br />
que deux unités se suivent.<br />
• Seule une minorité d’élèves en profiterait ( SAF ). Pour<br />
quoi l’imposer à la majorité ?<br />
L’AMCOFF est opposée au congé du mercredi après-midi.<br />
Les conséquences négatives étant nettement plus nombreuses<br />
que les positives.<br />
Concernant l’horaire continu, pour pouvoir nous prononcer<br />
définitivement, il serait nécessaire de préciser<br />
concrètement l’organisation d’un tel horaire, donner des<br />
exemples.<br />
Si l’on prend l’exemple de l’Allemagne où les élèves enchainent<br />
cinq unités le matin avec de courtes pauses de 5<br />
à 10 minutes, puis deux unités après une pause de 20 mi-<br />
nutes à midi pour terminer à 14 h, non merci ! Ce rythme est<br />
néfaste pour les élèves. Imaginons simplement les conséquences<br />
sur leur repas alors que l’école essaie d’éduquer<br />
et de prévenir les dérives dans ce domaine.<br />
Est-ce que les établissements auront les infrastructures<br />
pour accueillir dans de bonnes conditions des centaines<br />
d’élèves à midi sur un laps de temps très court ?<br />
Terminer plus tôt l’après-midi peut être intéressant pour<br />
une minorité favorisée ayant des parents ou des activités<br />
organisées, mais pour la grande majorité des élèves ce<br />
n’est pas le cas.<br />
Pourquoi « stresser » afin de terminer plus vite si rien n’est<br />
prévu ensuite ?<br />
L’horaire continu nécessite un changement radical d’organisation<br />
: pour les écoles, pour les familles, pour les sociétés<br />
sportives et culturelles. Et pour quelle(s) plus-value(s)<br />
?<br />
L’AMCOFF n’est pas opposée, à priori, au principe de l’horaire<br />
continu, mais nous demandons que des propositions<br />
concrètes pour plusieurs types d’établissements ( taille et<br />
lieu ) et de Cycle soient faites. Nous pourrions alors argumenter<br />
plus clairement et en connaissance de cause.<br />
<br />
Christophe Gobet, président AMCOFF<br />
© niro<br />
Ensemble on va plus loin<br />
À bout de souffle dans son établissement, une collègue (nom connu de la rédaction) a choisi de<br />
mettre sur papier son ressenti et de l’exprimer. Cette vision touchante devient une réalité dans<br />
plusieurs écoles.<br />
Voilà, aujourd’hui je me pose pas mal de questions et<br />
j’aimerais vous en faire part à toutes et à tous. Tout ce<br />
je vais dire, c’est mon ressenti et ma vision des choses.<br />
Je vois que mes collègues sont à bout de souffle. Je<br />
tiens énormément à cet établissement. C’est comme<br />
une deuxième famille. Et de voir que ces personnes<br />
sont fragilisées par leur métier, ça me touche énormément.<br />
Je vois que certain·es partent, d’autres reviennent<br />
et certain·es luttent pour rester debout. Chacun·e<br />
a ses raisons et je ne veux pas généraliser. Mais<br />
je sais que nous avons quelque chose en commun, c’est<br />
notre métier. Ce métier nous confronte à nos valeurs.<br />
Nous travaillons avec notre personne avec tout ce qui<br />
fait que l’on est qui l’on est.<br />
Je me pose cette question. Est-ce que c’est normal que<br />
le métier que l’on aime plus que tout nous amène à un<br />
tel état ? Des personnes fragilisées, qui perdent parfois<br />
l’envie d’exercer ce métier, tant de remises en question<br />
… Je suis profondément touchée par cela et j’aimerais<br />
que cela change ! J’aimerais que mes collègues<br />
retrouvent leur sourire et leur envie d’enseigner ! J’aimerais<br />
que l’on puisse passer un midi à nous raconter<br />
les bons moments que nous vivons dans nos classes.<br />
Mais comment serait-ce possible ? Nos classes sont si<br />
difficiles ! Nous le voyons, nous le savons mais quand<br />
est-ce que cela va-t-il changer ? Devons-nous tous<br />
passer par la case « arrêt maladie » ? Est-ce une case<br />
obligatoire pour que certaines choses changent ? Pour<br />
qu’on écoute les premières personnes concernées ? Je<br />
n’arrive pas à être en adéquation avec ce qui se fait !<br />
On nous parle d’inclusion ( c’est si joliment décrit à la<br />
HEP ), mais à quel prix ? Nos élèves sont en souffrance.<br />
Tant celui qui a des difficultés que celle qui aimerait<br />
apprendre davantage. On nous parle de différenciation,<br />
on le fait quotidiennement, mais à quel moment<br />
va-t-on différencier pour les enseignant·es ? On accepte<br />
beaucoup, on n’ose rien dire. On subit, on survit,<br />
enfin je survis. J’ai peur pour la suite de mes années<br />
d’enseignement. Est-ce normal ? Après à peine quatre<br />
ans d’enseignement, j’ai peur d’enseigner. J’ai peur de<br />
faire faux, j’ai peur de ne pas être à la hauteur, j’ai peur<br />
de ne pas finir le programme, j’ai peur de recevoir de<br />
nouveaux élèves. Vous allez peut-être me dire : « Alors<br />
change de métier, change de voie. » Et là, je ne pourrai<br />
que vous dire que je suis faite pour enseigner. Je sais<br />
que j’aime ce métier. Mais je sais aussi qu’on ne nous<br />
valorise pas assez.<br />
Je suis passée par la case arrêt maladie. Je pensais<br />
pouvoir tout gérer. Je pensais que si j’en parlais, on<br />
me dirait que j’abuse et que j’en fait trop. Que je dois<br />
d’abord m’habituer à ma nouvelle classe. Que je dois<br />
apprendre à connaitre les enfants. Mais jusqu’à quand ?<br />
Quelles sont les limites ? Doit-on attendre les vacances<br />
d’automne, les vacances de Noël, pour pouvoir enfin<br />
agir ? On connait les élèves qui sont difficiles, mais ce<br />
qui se passe en ce moment, c’est qu’on refile la patate<br />
chaude à nos collègues. On tient deux ans et ensuite<br />
bonne chance à notre collègue qui doit subir deux ans<br />
aussi. Est-ce normal ? Est-ce ok pour nous ? Je n’arrive<br />
pas à le concevoir.<br />
Après, je ne pourrai pas changer tout le système ... mais<br />
juste qu’on y réfléchisse et qu’on trouve des solutions.<br />
Tous et toutes ensemble. Car ... oui, seul·es on va plus<br />
vite. Mais ensemble on va plus loin !<br />
<br />
•<br />
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