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Vive la liberté d'espression (Soanne édition n°10)

Fragments d'écriture sur les murs, glanés des années durant, précédés d'un montage de textes écrits sur les joints du carrelage blanc des toilettes de la Bibliothèque du Centre Pompidou, fautes d'orthographe incluses.

Fragments d'écriture sur les murs, glanés des années durant, précédés d'un montage de textes écrits sur les joints du carrelage blanc des toilettes de la Bibliothèque du Centre Pompidou, fautes d'orthographe incluses.

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<strong>Vive</strong> <strong>la</strong> liberté<br />

d’espression<br />

<strong>Soanne</strong> <strong>édition</strong> <strong>n°10</strong>


La Bibliothèque Publique de Beaubourg, dite « BPI », qui se trouve<br />

dans le centre Pompidou, à Paris, sur deux étages, est probablement<br />

ma bibliothèque préférée.<br />

C’était le cauchemar de mes années d’étudiante car elle était alors<br />

<strong>la</strong> seule bibliothèque ouverte le dimanche, mais il fal<strong>la</strong>it arriver<br />

avant l’ouverture vers 11h30, ou faire <strong>la</strong> queue une bonne partie<br />

de l’après-midi pour espérer y entrer avant 18h (on rentrait alors<br />

par l’arrière du bâtiment). En semaine, et en dehors des périodes<br />

d’examen, c’est une bibliothèque géniale, l’une des plus agréables<br />

que je connaisse, avec des bibliothécaires gentils et même drôles,<br />

un superbe espace fumeur sur <strong>la</strong> terrasse et une vraie mixité…<br />

Beaucoup de clochards en hiver. J’ai même vu des types commencer<br />

à se battre au couteau au beau milieu de <strong>la</strong> salle de lecture au<br />

dernier étage. Sans parler de l’odeur de vomi dans les toilettes le<br />

dimanche midi. C’est aussi un grand lieu de drague. Un jour, un<br />

mec m’a abordée en me demandant d’un ton mielleux où j’avais<br />

acheté mon sandwich qui avait l’air « fort bon ». Une bibliothèque<br />

comme on les rêve, un vrai refuge, ouverte jusqu’à 22h, fermée<br />

seulement une fois par an, le 1er mai. Le bonheur d’y travailler<br />

après 20h30, un premier janvier, par exemple, ou au mois d’août.


Les toilettes sont à l’image de <strong>la</strong> bibliothèque, toujours bondées,<br />

mais malgré tout, souvent fort propres, sauf exception dominicale.<br />

Les carreaux sont d’un b<strong>la</strong>nc immaculé, sauf à y regarder de plus<br />

près puisque les joints sont recouverts de messages divers et variés.<br />

Au début des années 2000, j’ai fait quelques photographies de ces<br />

petits espaces de « liberté d’espression » comme l’orthographie l’un<br />

(plus probablement l’une car j’étais dans les toilettes pour femmes)<br />

des auteurs de cette œuvre collective. En juin 2009, j’en ai fait un<br />

petit montage pour le site web que j’animais alors.<br />

Bien plus tard, j’ai envoyé ces photos au Musée des Egouts de<br />

Bruxelles au moment de leur grande collecte de photos de graffitis<br />

dans les toilettes pour l’exposition Humeurs contestataires (du 25<br />

avril au 6 octobre 2018). Je ne sais pas si elles ont été exposées.<br />

Ce premier ensemble d’images m’a donné envie de l’augmenter<br />

d’autres textes sur les murs (des toilettes, mais pas seulement),<br />

g<strong>la</strong>nées de <strong>la</strong> même façon, ici ou là, au gré de mes sorties et<br />

dép<strong>la</strong>cements de ces, à vue de nez, dix dernières années.<br />

(2009, 2019 et 2020)

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