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Livres<br />
Les jours se suivent et se lisent<br />
Roman d'anticipation, cavalcades napoléoniennes<br />
et souvenirs gascons, les auteurs gersois sont inspirés.<br />
Les Jours Suivants<br />
Caroline Sers<br />
Calmann-Lévy<br />
On ne lit pas le roman de<br />
Caroline Sers, Gersoise depuis<br />
une dizaine d’années, on s’en<br />
imprègne. Victimes d’une<br />
attaque informatique à grande<br />
échelle, villageois et<br />
campagnards voient leur<br />
existence bouleversée jusqu’à<br />
ses aspects les plus quotidiens.<br />
L’électricité a disparu, le<br />
monde est noir ! Est-ce un<br />
symbole de nos angoisses<br />
actuelles ? Les habitants se<br />
sentent coupés du reste du<br />
monde. Pierre, le personnage<br />
central, c’est vous, c’est moi,<br />
on a tous quelque chose de<br />
Pierre. On l’accompagne dans<br />
ses heurs et malheurs, avec lui<br />
on recherche le réconfort du<br />
café associatif, seul lieu de<br />
rencontre chaleureux, le café<br />
est bon. On crève de froid, on<br />
se précipite pour faire des<br />
réserves de nourriture et de<br />
bois sec. Autour de Pierre, les<br />
personnages sont finement<br />
campés, une réussite, on<br />
ressent une véritable empathie<br />
à leur égard. Mais une intrigue<br />
va se dessiner, Pierre et ses<br />
amis, médusés, découvrent un<br />
lien avec les réseaux hostiles<br />
auteurs de la paralysie générale<br />
du pays. Le propos du livre :<br />
les gens sont dépendants de<br />
ceux qui possèdent les réseaux,<br />
les énergies. D’où la nécessité<br />
de se libérer autant que<br />
possible des carcans. Il faut<br />
développer les réseaux de<br />
proximité, mutualiser les<br />
services à l’échelle de la<br />
commune, du canton. Cultiver<br />
les liens humains, se<br />
réinventer. Un matin, Pierre<br />
croit apercevoir « un oiseau de<br />
mille couleurs volant d’une<br />
branche à l’autre. Un colibri ?<br />
Le regretté Pierre Rabhi nous<br />
fait un dernier signe.<br />
Ingrid Carlander<br />
Glorieux soldats de la<br />
Grande Armée<br />
Pascal Cazottes<br />
Les 3 Spirales<br />
Après Les Chroniques<br />
napoléoniennes éditées en<br />
2021 chez le même éditeur, le<br />
Condomois Lionel Clergeaud,<br />
l’historien Pascal Cazottes<br />
nous emmène aujourd’hui au<br />
plus près des batailles, comme<br />
si nous y étions. On parle ici,<br />
bien sûr, de l’immortelle saga<br />
de la Grande Armée, depuis sa<br />
création en 1803, jusqu’à<br />
Wagram en 1809, en passant<br />
par Austerlitz, Iéna, Eylau,<br />
Friedland, qui sont autre chose<br />
que des stations de métro… Un<br />
second tome racontera la suite<br />
de ce parcours héroïque,<br />
jusqu’à la toute fin —<br />
Waterloo. Cazottes ne<br />
réinvente rien, il accompagne<br />
son récit d’extraits de<br />
mémoires de soldats, dont<br />
certains sont bien connus : le<br />
capitaine Coignet, le baron<br />
Thiébault, ou le commandant<br />
Parquin. Il y a parfois des<br />
batailles qui sont racontées par<br />
deux témoins différents,<br />
Coignet et Thiébault pour<br />
Austerlitz par exemple, et des<br />
récits sur des engagements<br />
moins connus, comme Saafeld,<br />
où Lannes, le héros Lectourois,<br />
commande le 5e corps<br />
d’armée. Les actions d’éclat<br />
fourmillent, collectives et<br />
individuelles, et l’on est<br />
toujours stupéfait, même si<br />
l’histoire est connue, de<br />
l’abnégation de ces soldats de<br />
l’Empereur, prêts à se<br />
surpasser et à mourir pour une<br />
cause qu’ils pensaient juste et<br />
un homme que la plupart<br />
vénéraient.<br />
H.L.<br />
Un automne en Gascogne<br />
Bernard Hoerni<br />
Éditions de l’Onde<br />
La 4e de couverture dit<br />
modestement que l’auteur est<br />
an « ancien médecin ». Mais<br />
Bernard Hoerni, fixé entre<br />
Lectoure et Condom, a été<br />
professeur émérite de<br />
cancérologie, auteur ou<br />
éditeur de plus de 100<br />
ouvrages professionnels, dont<br />
La relation médecin-malade.<br />
Dans le Gers, Bernard Hoerni<br />
s’est fait paysagiste, en<br />
développant un parc<br />
remarquable, selon ceux qui y<br />
ont eu accès. Il prend aussi la<br />
plume pour dire sa tendresse<br />
pour sa région d’adoption.<br />
Dans son dernier livre, il<br />
raconte l’arrivée du jeune<br />
Alexis, 13 ans, chez ses<br />
grands-parents en Gascogne,<br />
eu début de l’automne. Alexis<br />
vient de Suisse, et ce séjour à<br />
« Bausert » va se révéler<br />
initiatique, tant ses grandsparents,<br />
fort savants, vont<br />
s’attacher à le sensibiliser à la<br />
poésie, et à la culture. Savants,<br />
le mot est faible. Dans cette<br />
maison, si on parle des<br />
sangliers et des ragondins, de<br />
la nature en somme, on jongle<br />
avec Virgile, Prévert, Le<br />
Cantique des Cantiques,<br />
Goethe, le latin, l’héraldique,<br />
ou les Strauss, avec les Contes<br />
gascons de Jean-François<br />
Bladé également, le félibre du<br />
XIXe siècle.<br />
La « cowlection », collection<br />
d’objets et de documents<br />
concernant les bovidés,<br />
impressionne Alexis, qui<br />
apprend aussi qu’un Hector de<br />
Galard, ceux de Terraube, a<br />
donné son nom au valet de<br />
carreau. Monluc apparaît un<br />
instant au détour d’un<br />
chapitre. Comme la dissection<br />
d’un lièvre ou des<br />
considérations sur l’intérêt du<br />
lierre autour des arbres. Bref,<br />
ce petit livre, construit comme<br />
un carnet de vacances (assez<br />
fouillé quand même !), est une<br />
ode à la nature gasconne. Un<br />
retour aux racines.<br />
H.L.<br />
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