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6<br />
STRATEGY<br />
Energie propre<br />
Bart Biebuyck<br />
L’hydrogène pour<br />
la mobilité, l’Europe<br />
y croit à fond !<br />
Certains pensent qu’il remplacera le pétrole<br />
d’ici une trentaine d’années. En tout cas,<br />
l’hydrogène gagne du terrain dans tous<br />
les modes de transport, de la route à la<br />
mer, en passant désormais par les airs.<br />
Pour faire avancer les projets concrets, la<br />
Commission européenne a créé le Partenariat<br />
Hydrogène Propre, une alliance public-privé<br />
bénéficiant d’un budget annuel<br />
de 2,4 milliards d’euros. Son<br />
directeur, le Belge Bart Biebuyck,<br />
ancien de chez Toyota, en<br />
connaît un bout sur la question.<br />
Par DOMINIQUE SIMONET<br />
A<br />
ujourd’hui, l’hydrogène est partout,<br />
sur toutes les lèvres, dans<br />
tous les cénacles traitant de la<br />
décarbonation. Désormais,<br />
l’élément le plus léger dans l'univers<br />
pèse lourd : on le voit dans l’industrie,<br />
les transports, le chauffage, la<br />
production ou le stockage d’électricité.<br />
L’heure étant à la disparition progressive<br />
des moteurs thermiques alimentés<br />
par carburants fossiles, l’hydrogène<br />
apparaît comme un concurrent<br />
direct de la voiture électrique hybride<br />
ou alimentée par batterie. Bref, ce gaz<br />
ultra light devient un acteur fondamental<br />
de la transition énergétique.<br />
↗<br />
Inauguration en<br />
avril 2018 de l’usine<br />
pilote H2Future<br />
co-financée par l’UE.<br />
Etablie à Linz, en<br />
Autriche, elle produit<br />
de l'hydrogène vert<br />
à partir d'électricité<br />
renouvelable. Cette<br />
unité a une capacité<br />
de 6 MW.<br />
LA PILE À<br />
COMBUSTIBLE,<br />
C’EST LA<br />
SOLUTION<br />
ULTIME. SON<br />
EFFICACITÉ<br />
ÉNERGÉTIQUE<br />
EST D’ENVIRON<br />
53% ALORS<br />
QU’ELLE EST DE<br />
PLUS OU MOINS<br />
20% POUR<br />
UN MOTEUR<br />
THERMIQUE.<br />
Alimentée par l’hydrogène pour produire<br />
de l’électricité, la pile à combustible<br />
est perçue comme le Graal par les<br />
physiciens. Il est vrai qu’elle n’émet que<br />
de l’eau, là où les moteurs thermiques<br />
lâchent CO, CO2, oxydes d’azote, particules<br />
fines, etc. Mais, pour entrer dans<br />
un processus vertueux, cet hydrogène<br />
- bien que, à la base, il soit inodore et<br />
incolore - doit être « vert », c’est-àdire<br />
produit, transporté et distribué<br />
sans rejets de gaz à effet de serre ni<br />
émissions polluantes. C’est seulement<br />
sous cette forme que cet élément<br />
chimique (H2) intéresse les dirigeants<br />
politiques de tout poil. Et voilà pourquoi<br />
l’Union européenne, relayée par<br />
de nombreux États membres, dont la<br />
Belgique, investit massivement dans<br />
l’hydrogène.<br />
Le Clean Hydrogen Partnership<br />
(Partenariat Hydrogène Propre) est<br />
un programme européen que dirige<br />
Bart Biebuyck. Avant d’occuper cette<br />
fonction, il a travaillé dix ans chez<br />
Toyota Motor Europe, à Zaventem,<br />
où a justement été mise au point la<br />
Mirai, première voiture électrique à<br />
pile à combustible commercialisée<br />
par le groupe nippon.<br />
Qu’est-ce que le Clean Hydrogen<br />
Partnership ?<br />
BB - Nous sommes un partenariat<br />
public-privé destiné à soutenir et financer<br />
en Europe les projets de recherche<br />
et d’innovation sur l’hydrogène propre.<br />
Pour cela, nous faisons des appels à<br />
candidatures chaque année, et, si c’est<br />
bon, on financera jusqu’à 100 %.<br />
De quels moyens disposez-vous pour<br />
cela ?<br />
La Commission européenne nous<br />
donne 1,2 milliard d’euros et le privé<br />
à peu près la même somme. Pour col-<br />
laborer avec le privé, nous avons deux<br />
associations. L’une concerne l’industrie<br />
et regroupe 370 entreprises,<br />
grandes et petites. La recherche est<br />
l’autre pôle, celui des universités,<br />
des centres spécialisés, etc.<br />
Quelle est la part belge ?<br />
Nous avons plus de 50 entreprises<br />
belges, parmi lesquelles<br />
Cummins, anciennement<br />
Hydrogenics, qui fabrique des piles<br />
à combustible et des électrolyseurs. Il<br />
y a aussi Dats 24, membre du groupe<br />
Colruyt, Van Hool pour les bus. Mais<br />
pas encore John Cockerill.<br />
Quelle est l’empreinte actuelle de<br />
l’hydrogène dans la mobilité ?<br />
Les compagnies de taxis sont l’un<br />
des exemples les plus frappants. A<br />
Paris, l’entreprise Hype compte une<br />
centaine de véhicules à hydrogène.<br />
A moyen terme, ce chiffre va monter<br />
à 600. Pour les Jeux Olympiques<br />
de 2024, leur but est même d’atteindre<br />
1.600 taxis à hydrogène, de<br />
marque Toyota et Hyundai. Il y a<br />
aussi beaucoup de flottes de taxis à<br />
Copenhague, Londres, etc. Comparé<br />
à un véhicule électrique à batterie,<br />
la pile à combustible est toute indiquée<br />
pour cette activité, parce que<br />
précisément le but d’un taxi est de<br />
rouler, pas de charger. A l’arrêt, ne<br />
serait-ce que 15 minutes, il perd déjà<br />
50 euros !<br />
Quels sont les autres secteurs du<br />
transport où cette technologie se<br />
répand rapidement ?<br />
Nous avons financé 360 bus en<br />
Europe. Il y en a 5 à Anvers, 50 à<br />
Cologne. Beaucoup de grandes villes<br />
en testent, comme Paris ou Bruxelles,<br />
et là c’est un modèle Van Hool qui a<br />
JUILLET 2022
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