exposition itinérante "La coquille St jacques"
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1<br />
:<br />
<strong>coquille</strong> Saint-Jacques<br />
: Pecten maximus<br />
: Mollusques<br />
(animaux à corps mou)<br />
: Pectinidés.<br />
: <strong>coquille</strong>s en deux<br />
parties ou valves. L’une est plate (valve<br />
gauche) avec des côtes saillantes. L’autre<br />
(valve droite enfouie dans le sédiment)<br />
est bombée.<br />
FICHE D’<br />
© CNRS Photothèque / AMICE Erwan<br />
Remerciements<br />
Exposition produite en 2009 par l’Espace<br />
des sciences de Rennes en collaboration<br />
avec le <strong>La</strong>boratoire des Sciences de<br />
l’Environnement Marin (LEMAR), UMR<br />
6539 UBO/CNRS/IRD, Institut Universitaire<br />
Européen de la Mer (IUEM),<br />
Université de Bretagne Occidentale<br />
(UBO), Technopole Brest Iroise 29280<br />
Plouzané<br />
Conseil scientifique :<br />
<strong>La</strong>urent Chauvaud, Ecologiste marin, Chargé de<br />
Recherche au CNRS, LEMAR, IUEM / UBO<br />
Michel Glémarec, Professeur honoraire, UBO.<br />
Erwan Amice, Technicien de la Recherche CNRS<br />
affecté au LEMAR.<br />
En charge, du service mer et plongée<br />
scientifique de l’Institut Universitaire Européen<br />
de la mer. Marin, Plongeur, Photographe<br />
scientifique.<br />
Rédaction Dominique Galiana<br />
Conception et réalisation graphique<br />
Octopode Création<br />
Fabrication Agélia<br />
Diffusion Patrick Le Bozec<br />
1<br />
2<br />
1) émission des gamètes. L’adulte est hermaphrodite. 2) après fécondation<br />
apparition d’une larve. 3) cette larve prend la forme d’un D. 4) un pied<br />
apparait chez la larve et elle prospecte pour se fixer. 5) la métamorphose a<br />
lieu, la jeune <strong>coquille</strong> Saint-Jacques se fixe sur une structure filamenteuse<br />
puis ira rejoindre le sable qu’elle affectionne. Elle grandira là.<br />
3<br />
0,1 mm<br />
Régime alimentaire<br />
4<br />
0,25 mm<br />
de 0,3 à 5 mm<br />
5<br />
<strong>La</strong> <strong>coquille</strong> Saint-Jacques est un animal filtreur qui se nourrit<br />
de plancton et de fins débris organiques en suspension<br />
dans l’eau. Comme tous les mollusques, elle possède<br />
un manteau qui entoure les organes vitaux et secrète la<br />
<strong>coquille</strong>. Le manteau est constitué de deux parties non<br />
soudées formant une cavité ouverte sur le milieu extérieur.<br />
Les branchies sont au centre de cette cavité. Grâce aux<br />
mouvements des valves, des branchies et des cils qui<br />
les recouvrent, l’eau est pompée et filtrée. Les branchies<br />
collectent les particules alimentaires et les dirigent vers la<br />
bouche où elles sont ingérées.<br />
© Octopode création<br />
: au printemps et en été. Animal<br />
hermaphrodite. Spermatozoïdes et ovules sont émis<br />
en pleine eau. <strong>La</strong> fécondation est réalisée au hasard<br />
des rencontres.<br />
Les larves planctoniques sont nageuses. Elles subissent<br />
une métamorphose et se fixent pour donner le naissain.<br />
Les juvéniles apparaissent libres à 3 mois.<br />
: 15 à 20 ans. Adulte à l’âge de 2 ans en<br />
Bretagne.<br />
: la façade atlantique<br />
européenne (du Maroc à la Norvège).<br />
: à moitié enfouie dans les sédiments<br />
littoraux (0-50 mètres) constitués de graviers, sable<br />
et de vase fine. Au large, elle peut se développer<br />
jusqu’à 500 mètres.<br />
estomac<br />
(digestion)<br />
organe<br />
reproducteur<br />
mâle<br />
muscle<br />
(mouvement)<br />
organe<br />
reproducteur<br />
femelle<br />
branchie<br />
(respiration<br />
et alimentation)
© CNRS Photothèque / AMICE Erwan<br />
© CNRS Photothèque / AMICE Erw<br />
© Fotolia © CNRS Photothèque / AMICE Er<br />
© Fotol<br />
© AMICE Erwan<br />
© CNRS Photothèque / AMICE Erwan<br />
© Kaiser, Agencja Fotograficzna Caro / Alamy Banque D’Images<br />
© LEMERCIER Alain ?<br />
© CNRS Photothèque / AMICE Erw<br />
© DUGUAY Cé<br />
2<br />
3<br />
4<br />
Malgré une structure<br />
anatomique simple et une<br />
apparition récente sur la<br />
planète (il y a 25 millions<br />
d’années), la <strong>coquille</strong> Saint-<br />
Jacques n’en possède pas<br />
moins un appareil sensoriel<br />
étonnant.<br />
<strong>La</strong> <strong>coquille</strong> Saint-Jacques est un<br />
mollusque bivalve de la famille<br />
des Pectinidés. Celle-ci comprend<br />
d’autres espèces que l’on confond<br />
parfois avec Pecten maximus !<br />
Le groupe « Pecten » actuel compte<br />
30 espèces dont 25 vivent dans la<br />
zone intertropicale. Deux centres de<br />
dispersion sont à l’origine des espèces<br />
actuelles.<br />
UN ANIMAL ?<br />
UNE HISTOIRE DE !<br />
D’OÙ VIENT ELLE ?<br />
PECTEN MAXIMUS CHLAMYS OPERCULARIS CHLAMYS VARIA<br />
Elle nous a à l’oeil<br />
Sur le bord du manteau de la <strong>coquille</strong> Saint-Jacques<br />
sont disposées plusieurs rangées de tentacules<br />
sensoriels serrés et courts. Entre eux sont intercalés<br />
irrégulièrement des yeux pédonculés. C’est donc<br />
un animal sensible à la lumière et notamment<br />
à l’alternance jour/nuit. Il utilise pleinement<br />
l’ensemble de ces sens (vue, toucher, odorat,<br />
équilibre,…) pour se déplacer ou pour éviter ses<br />
prédateurs. Dans ce dernier cas, la <strong>coquille</strong> Saint-<br />
Jacques décolle largement du fond dans un nuage<br />
sédimentaire lorsque, par exemple, une étoile<br />
de mer repérée grâce à son ombre, s’approche<br />
trop près.<br />
PECTEN DE L’ATLANTIQUE PÉTONCLE BLANC OU VANNEAU PÉTONCLE NOIR<br />
<strong>La</strong> superfamille des Pectinacés est apparue à l’ère <br />
primaire durant l’Ordovicien (-500 millions d’années) : Pecten maximus, et celle de Méditerranée, Pecten<br />
on a identifié et décrit plus de 7 000 espèces fossiles jacobeus ;<br />
et vivantes. <strong>La</strong> famille plus restreinte des Pectinidés <br />
n’apparaît qu’à l’ère secondaire, au Trias (-250 millions noir (Chlamys varia), le pétoncle blanc ou vanneau<br />
d’années). Elle ne compte aujourd’hui que 250 à 300 (Aequipecten opercularis), le pétoncle d’Islande<br />
espèces vivantes dans le monde. En Europe, ce sont (Chlamys islandica) et le pétoncle glabre (Flexopecten<br />
par exemple :<br />
glaber).<br />
Pecten maximus : la colonisation<br />
3 Pecten<br />
4 Euvola<br />
1 Pecten<br />
7<br />
2 Pecten<br />
1 Pecten<br />
9<br />
3 Pecten<br />
en<br />
Le premier centre correspond à la région Océan Indien-<br />
Océan Pacifique occidental (Philippines-Japon) qui<br />
totalise 9 espèces appartenant à 4 genres. De ce centre<br />
ont migré 10 espèces du genre Pecten :<br />
1 espèce tropicale a gagné l’archipel d’Hawaï ;<br />
3 espèces tempérées caractérisent les côtes sud de<br />
l’Australie et de la Nouvelle-Zélande ;<br />
1 espèce tempérée a atteint la pointe sud<br />
de l’Afrique ;<br />
2 espèces tropicales vivent sur les côtes de la péninsule<br />
arabique (Golfe Persique, Mer Rouge) ;<br />
3 espèces ont colonisé plus tardivement la côte<br />
occidentale africaine, la Méditerranée et les côtes<br />
Atlantiques (Pecten maximus).<br />
A ce centre de dispersion sont donc rattachées 19<br />
espèces.<br />
Le second centre est situé en Amérique centrale et<br />
rassemble 11 espèces de distribution tropicale. L’isthme<br />
de Panama, apparu il y a 2 millions d’années, a séparé<br />
le noyau initial en 2 ensembles :<br />
4 espèces caraïbes (Atlantique) ;<br />
7 espèces pacifiques.<br />
Les mollusques du genre Pecten<br />
portent des yeux pédonculés sur<br />
le bord du manteau. Ces yeux<br />
sont dits à vision réfléchie car<br />
la lumière se reflète sur le fond<br />
de l’œil, qui possède un tapis<br />
réflecteur, avant d’arriver sur la<br />
rétine pour y former une image.<br />
Un peu d’histoire<br />
Les groupes les plus anciens : Delectopecten, Palliolum<br />
et Chlamys ont peuplé les eaux froides et profondes<br />
des latitudes tempérées (pente Atlantique et abysses<br />
du golfe de Gascogne) ou les eaux superficielles<br />
des hautes latitudes (Islande, Groenland). Les<br />
groupes les plus récents caractérisent des habitats<br />
peu profonds en eaux chaudes et tempérées. C’est le<br />
cas notamment de la <strong>coquille</strong> Saint-Jacques (Pecten<br />
maximus).<br />
L’Organisation Mondiale du Commerce (OMC)<br />
autorise la dénomination commerciale « <strong>coquille</strong><br />
Saint-Jacques » pour d’autres espèces que Pecten<br />
maximus, notamment pour les pétoncles dont la chair<br />
est moins parfumée.<br />
Une larve...<br />
<strong>La</strong> dispersion de la <strong>coquille</strong> Saint-Jacques est assurée par les formes larvaires<br />
qui sont nageuses. On distingue la larve trochophore (formée 20h environ<br />
après la fécondation) et la larve véligère (formée après 30 heures environ)<br />
dans le développement de cette espèce.<br />
5<br />
6<br />
7<br />
<strong>La</strong> <strong>coquille</strong> Saint-Jacques est très<br />
appréciée sur le plan gastronomique.<br />
Sa chair parfumée est riche en fer. En<br />
France, on la préfère avec son corail<br />
rouge qui est la glande reproductrice<br />
femelle.<br />
Mais on commercialise d’autres espèces<br />
sous la dénomination commerciale<br />
« noix de Saint-Jacques ».<br />
Objet de convoitise, la <strong>coquille</strong><br />
Saint-Jacques est localement une<br />
espèce menacée même si à l’échelle<br />
de la façade maritime française les<br />
gisements ne montrent aucun signe<br />
de surexploitation. Cet animal doit<br />
faire face :<br />
<br />
<br />
On retrouve la <strong>coquille</strong> Saint-Jacques aussi bien<br />
dans la mythologie grecque que dans des sépultures<br />
anciennes. Depuis le XII e siècle, elle est aussi le<br />
symbole des pèlerins notamment ceux de Saint-<br />
Jacques de Compostelle. Elle orne également de<br />
nombreux monuments.<br />
DE LA À L’ !<br />
UNE ESPÈCE EN DANGER ?<br />
UN ANIMAL ?<br />
Pecten maximus vit en partie<br />
enfouie dans les sédiments<br />
mélangés (sable, gravier, vase).<br />
Elle est pêchée à la drague.<br />
Toutes les <strong>coquille</strong>s de taille<br />
inférieure à 10 cm sont rejetées<br />
à la mer. <strong>La</strong> pêche est autorisée<br />
en France du 1 er octobre au 15<br />
mai.<br />
<strong>La</strong> densité des <strong>coquille</strong>s sur le<br />
fond varie d’une <strong>coquille</strong> pour<br />
10 à 25 m² à une <strong>coquille</strong> par m²<br />
dans les zones les plus riches.<br />
Saint Jacques au Poêlon, Bavarois de Porto<br />
/ Pour quatre personnes - Plat Chaud - Saveur d’Automne ou de Sous Bois<br />
<strong>La</strong> crépidule est un gastéropode envahissant en<br />
provenance de la côte est des Etats-Unis. Cet animal<br />
filtreur prolifère et induit, par sécrétion de mucus et<br />
absorption de particules fines, un envasement des<br />
fonds ainsi qu’une multiplication des substrats durs. <strong>La</strong><br />
compétition pour la nourriture et les changements de<br />
la nature des fonds sont défavorables aux stades les<br />
plus jeunes de la <strong>coquille</strong> Saint-Jacques. Ils sont exclus<br />
des bancs de crépidules.<br />
<strong>La</strong> pêche a un impact sensible sur les populations de<br />
<strong>coquille</strong> Saint-Jacques. Alors que cette espèce peut vivre<br />
15 à 20 ans, il est rare de pêcher des individus dont<br />
l’âge dépasse 6 à 8 ans. Une bonne gestion des stocks<br />
et la limitation des quantités pêchées sont un gage de<br />
protection de l’espèce dans les zones menacées.<br />
De nombreuses sépultures contiennent des <strong>coquille</strong>s<br />
Saint-Jacques. Un des meilleurs exemples de tombe<br />
du mésolithique est celle de l’îlot de Téviec, dans le<br />
département du Morbihan. Les squelettes humains y<br />
sont garnis de différentes <strong>coquille</strong>s dont la <strong>coquille</strong><br />
Saint-Jacques.<br />
Dès le Moyen-Âge tous les pèlerins, et pas seulement<br />
ceux de Saint-Jacques de Compostelle, utilisent la<br />
<strong>coquille</strong> Saint-Jacques comme symbole protecteur<br />
de la sorcellerie. Les pèlerins de Saint-Jacques de<br />
Compostelle ramenaient des plages de Galice ces<br />
<strong>coquille</strong>s pour prouver qu’ils avaient effectué ce<br />
pèlerinage. <strong>La</strong> vue du port de « pèlerines », une longue<br />
robe de laine, un manteau ou une cape accompagné<br />
d’un chapeau à large bord sur lequel était cousue la<br />
<strong>coquille</strong> de Saint-Jacques, appelle la charité.<br />
À la Renaissance, la Coquille Saint-Jacques est<br />
utilisée en peinture, en sculpture de mobilier… <strong>La</strong><br />
Vénus de Botticelli utilise la <strong>coquille</strong> Saint-Jacques<br />
comme nef.<br />
20 pieces de Saint-Jacques<br />
40 g d’huile de pepin de raisin<br />
20 g de beurre ½ sel<br />
BAVAROIS DE PORTO<br />
100 g d’echalote<br />
40 g de beurre<br />
½ l de porto<br />
1 ½ feuilles de gélatine<br />
CREMEUX DE CHÂTAIGNE<br />
280 g de châtaigne cuite<br />
¼ l de creme liquide<br />
¼ l de lait entiere<br />
40 g de poireau<br />
40 g d’oignons<br />
40 g de beurre<br />
20 g de beurre<br />
PREPARATION DES SAINT-JACQUES<br />
Ouvrir les <strong>coquille</strong>s à l’aide d’un petit<br />
couteau, enlever la barde de la noix<br />
et rincer à l’eau froide. Réserver au<br />
réfrigérateur.<br />
BAVAROIS<br />
Ciseler finement les échalotes. Dans une<br />
petite casserole faire fondre doucement<br />
le beurre et ajouter les échalotes. Une<br />
fois cuit, ajouter le porto rouge en<br />
laissant réduire pratiquement à sec, puis<br />
mouiller avec la crème liquide et laisser<br />
encore réduire cette fois à moitié. Pour<br />
finir, ajouter les feuilles de gélatine,<br />
préalablement trempées dans l’eau et<br />
pressées. Mettre dans un cul de poule<br />
et le poser sur glace. Travailler au fouet,<br />
doucement, afin d’obtenir un appareil<br />
onctueux.<br />
CREMEUX DE CHÂTAIGNE<br />
Ciseler finement l’oignon et le poireau,<br />
suer au beurre et ajouter les châtaignes,<br />
la crème liquide et le lait. <strong>La</strong>isser cuire<br />
le tout pendant 30 minutes, mixer au<br />
blender et passer au chinois fin. Rectifier<br />
l’assaisonnement.<br />
FINITION ET PRÉSENTATION<br />
Poêler les noix de Saint-Jacques vivement<br />
avec l’huile de pépin de raisin. Prendre<br />
la bavarois et faire une quenelle à l’aide<br />
d’une cuillère chaude. Disposer le tout<br />
sur assiette avec un peu de crème de<br />
châtaigne chaude, de la julienne de truffe<br />
et quelques châtaignes entières passées<br />
au beurre.<br />
Gaël Orieux, restaurant AUGUSTE<br />
On récolte ce que l’on sème<br />
En rade de Brest les <strong>coquille</strong>s produites par l’écloserie du Tinduff, puis semées en rade,<br />
assurent depuis la fin des années 90 une production croissante pour cette pêcherie.<br />
la Maison des <strong>coquille</strong>s<br />
<strong>La</strong> <strong>coquille</strong> Saint-Jacques orne notamment<br />
l’un des bâtiments les plus curieux de la ville<br />
de Salamanque, en Espagne : la maison des<br />
Coquilles. Il ne s’agit cependant pas d’une<br />
référence au pèlerinage de Compostelle !
350<br />
300<br />
250<br />
200<br />
150<br />
100<br />
50<br />
0<br />
7 8 9 10 11 12<br />
© AMICE Erwan © fot<br />
4 juillet 12 juillet 17 juillet<br />
© Espace des scienc<br />
© illustrations : Pierre-André Cousin<br />
© CNRS Photothèque / DOLAN Jo<br />
© CNRS Photothèque / AMICE Erwan<br />
© CNRS Photothèque / AMICE Erwan<br />
© AMICE Erw<br />
© CNRS Photothèque / AMICE Erw<br />
© CNRS Photothèque / AMICE Erwa<br />
8<br />
9<br />
10<br />
PREUVES À L’APPUI !<br />
CROISSANCE<br />
DE LA COQUILLE<br />
dans le milieu naturel<br />
1<br />
ANALYSE<br />
DE LA MER<br />
température et salinité<br />
Aujourd’hui, les scientifiques recherchent<br />
des outils pour analyser et comprendre<br />
l’évolution passée du climat. Ils utilisent<br />
les cernes d’arbres, les bulles d’air dans<br />
les glaces ou encore l’empilement des<br />
sédiments car des marques temporelles<br />
sont figurées dans ces « archives<br />
environnementales ». On obtient alors<br />
des données à l’échelle de l’année ou de<br />
la dizaine d’années. <strong>La</strong> <strong>coquille</strong> Saint-<br />
Jacques fait mieux !<br />
COMME DANS LA MER<br />
Valve gauche<br />
Croissance journalière<br />
(μm.jour-1)<br />
Valve gauche (plate)<br />
Hiver<br />
Début de la<br />
mesure<br />
Numéro de la strie = (Jour)-1<br />
Date de pêche<br />
Fin de la<br />
mesure<br />
Déterminer l’âge d’une <strong>coquille</strong> Saint-Jacques est<br />
facile. L’animal dépose, à la manière des arbres,<br />
une marque (cerne) chaque hiver qui témoigne d’un<br />
ralentissement de sa croissance. Le dénombrement<br />
de ces cernes renseigne précisément, et après un<br />
examen rapide de la valve gauche, sur l’âge de l’animal<br />
étudié. L’originalité de cette espèce réside dans le fait<br />
qu’entre ces marques hivernales sont déposées des<br />
stries concentriques visibles sous la loupe binoculaire.<br />
<strong>La</strong> démonstration a été faite que chaque jour de<br />
croissance, l’animal ajoute une nouvelle couche à sa<br />
<strong>coquille</strong> qui s’allonge et chaque jour apparaît ainsi<br />
une nouvelle strie de croissance. C’est cet incrément<br />
journalier qui constitue le calendrier « Pecten » et qui<br />
permettra à posteriori de reconstruire, à une échelle<br />
journalière, les évolutions du passé.<br />
<strong>La</strong> <strong>coquille</strong> de Pecten est<br />
essentiellement constituée de<br />
calcite. En mesurant certains<br />
paramètres concernant la<br />
composition de cette substance, les<br />
scientifiques peuvent déduire des<br />
renseignements sur les variations de<br />
la température de l’eau de mer au<br />
jour le jour. Coquilles Saint-Jacques<br />
et Pétoncles sont des enregistreurs<br />
thermiques !<br />
UN<br />
THERMOMÈTRE<br />
ENREGISTREUR ?<br />
Des expériences en milieu contrôlé,<br />
menées sur des <strong>coquille</strong>s Saint-Jacques,<br />
ont été réalisées en rade de Brest. Elles<br />
ont permis de vérifier l’étroite relation<br />
existant entre les variations de la<br />
composition de la calcite de la <strong>coquille</strong><br />
et les variations de la température de<br />
l’eau de mer.<br />
Microforage<br />
Prélèvement d’un<br />
peu de poudre<br />
pour chaque strie<br />
Analyse chimique<br />
par spectromètre<br />
de masse<br />
(isotopie<br />
et éléments<br />
chimiques)<br />
ANALYSE<br />
DE LA COQUILLE<br />
RÉSULTAT<br />
2<br />
3<br />
RÉSULTAT<br />
COMPARAISON DES RÉSULTATS<br />
Composition chimique<br />
Caractéristiques de<br />
des stries<br />
l’environnement<br />
C° C°<br />
=<br />
Tout au long de sa vie, Pecten maximus fabrique de la calcite et<br />
allonge sa <strong>coquille</strong>. Pour cela, il puise des éléments chimiques<br />
dans le milieu marin. En analysant la composition chimique<br />
de la <strong>coquille</strong>, on y trouve incorporées des substances qui<br />
nous renseignent sur l’évolution de la composition du milieu<br />
marin au jour le jour.<br />
UN CHIMIQUE ?<br />
Comment savoir quelles substances particulières<br />
ont été incorporées dans la <strong>coquille</strong> de Pecten ?<br />
Grâce à un faisceau laser qui permet de « lire »<br />
ce type de renseignements. Les scientifiques<br />
savent ainsi mesurer l’accumulation de certains<br />
éléments, comme le molybdène, durant des<br />
périodes particulières. Le plus difficile ensuite<br />
est de relier ces variations à des phénomènes<br />
connus qui pourraient en être la cause.<br />
T<br />
T<br />
Coté pile, côté face<br />
Par commodité, les scientifiques étudient la<br />
valve gauche de Pecten maximus. C’est celle<br />
qui est plate. Les mesures montrent que la<br />
croissance n’est pas régulière : elle est plus<br />
lente en hiver et plus rapide en été.<br />
Oxygène(s)<br />
L’élément oxygène existe sous deux formes :<br />
l’oxygène 16 et l’oxygène 18. En mesurant le<br />
rapport de ses deux formes d’oxygène, on peut le<br />
relier avec la température de l’eau de mer.<br />
CONCLUSION<br />
Cette comparaison est une calibration !<br />
<strong>La</strong> <strong>coquille</strong> est devenue<br />
salinomètre et thermomètre<br />
Cohabitation ?<br />
<strong>La</strong> présence de molybdène dans la calcite, qui constitue la <strong>coquille</strong> de Pecten, semble<br />
être en relation avec l’existence à proximité de l’animal, pendant la période de<br />
croissance, de phytoplancton en quantité importante.<br />
11<br />
12<br />
13<br />
Au large de la Norvège, en juillet 1986,<br />
la croissance des <strong>coquille</strong>s Saint-Jacques<br />
s’effondre brutalement. Vingt ans après,<br />
cette situation a pu être expliquée<br />
grâce à l’étude de la croissance des<br />
<strong>coquille</strong>s. C’est une remontée brutale<br />
d’eau froide, appelée upwelling, qui<br />
en est la cause.<br />
EXPLIQUÉE 20 ANS APRÈS ?<br />
<strong>La</strong> contamination des coquillages<br />
comestibles par du phytoplancton toxique<br />
fait l’objet d’une surveillance attentive.<br />
Ceci, afin d’éviter des intoxications<br />
alimentaires chez les consommateurs.<br />
L’analyse de la croissance et de la<br />
composition des <strong>coquille</strong>s de Pecten<br />
permet de confirmer, a posteriori, si des<br />
contaminations ont eu lieu.<br />
PRÉSENCE DE ?<br />
Afin de pouvoir élever sans problème<br />
la <strong>coquille</strong> Saint-Jacques ou pour<br />
surveiller le milieu et préserver<br />
les stocks, il faut bien connaître<br />
la biologie de cette espèce. Ses<br />
exigences écologiques doivent être<br />
définies avec précaution. Pour ce<br />
faire, de véritables laboratoires<br />
sous-marins ont été mis en place.<br />
DES SOUS LA MER ?<br />
Croissance journalière (μm.j-1)<br />
Croissance<br />
300<br />
250<br />
200<br />
150<br />
100<br />
50<br />
1 2<br />
3<br />
0<br />
1983 1984<br />
1985<br />
250<br />
Upwelling<br />
200<br />
150<br />
100<br />
50<br />
0<br />
Juin Juil. Août Sept. Oct.<br />
4<br />
1986<br />
15<br />
14<br />
13<br />
12<br />
11<br />
10<br />
9<br />
8<br />
(température°C)<br />
5 6<br />
1987 1988<br />
Du 11 au 14 juillet 1986, le vent<br />
de nord-est se renforce. Il provoque<br />
la remontée d’eau profonde et<br />
froide (température de 7 à 8° C).<br />
Les <strong>coquille</strong>s Saint-Jacques voient<br />
leur croissance ralentir fortement.<br />
Elles enregistrent au niveau de la<br />
mer l’apparition d’un événement<br />
atmosphérique anormal à cette<br />
saison.<br />
Température de l'eau à 10 m de profondeur en 1986<br />
Comparaison de la courbe de croissance et de la présence d’êtres vivants toxiques<br />
350<br />
300<br />
250<br />
200<br />
150<br />
100<br />
50<br />
!<br />
0<br />
M A M J J A S O N D J F M A M J J A S O<br />
1994 1995<br />
Des études ont montré que<br />
la présence d’êtres vivants<br />
toxiques dans le phytoplancton<br />
a une influence sur la croissance<br />
de la <strong>coquille</strong> Saint-Jacques.<br />
C’est le cas notamment de<br />
l’algue microscopique du genre<br />
Dinophysis qui se développe<br />
parfois en grand nombre. Il en<br />
résulte un ralentissement de la<br />
croissance de Pecten maximus.<br />
<strong>La</strong> vitesse d’accroissement<br />
journalier diminue alors<br />
fortement.<br />
Depuis le milieu du XX e siècle, la<br />
<strong>coquille</strong> Saint-Jacques est étudiée en<br />
laboratoire par des spécialistes. Mais<br />
les études conduites en aquarium, même<br />
si elles reproduisent le plus fidèlement<br />
possible le milieu d’origine, ne sont<br />
pas toujours suffisantes. Pour compléter<br />
les connaissances acquises, il a fallu<br />
mettre en place des laboratoires dans<br />
des caissons sous-marins. Dans ceuxci,<br />
des compartiments sont soumis<br />
à des conditions physicochimiques<br />
particulières qui donnent de précieuses<br />
indications sur les exigences et<br />
la tolérance de cette espèce aux<br />
modifications du milieu.<br />
Upwelling<br />
Une remontée d’eau (upwelling en anglais) est un<br />
phénomène qui se produit lorsque de puissants<br />
vents marins poussent l’eau de surface des<br />
océans vers la côte. Il apparaît ainsi un vide en<br />
surface rapidement comblé par la remontée des<br />
eaux de fond froides et riches en phytoplancton.<br />
Concrètement pour les pêcheurs, la remontée<br />
d’eau se traduit par une augmentation importante<br />
du nombre de poissons capturés.<br />
Les risques...<br />
Les risque sanitaires liés à la consommation de coquillages<br />
sont parfois dus à la présence de toxines sécrétées par<br />
certaines espèces phytoplanctoniques. On décrit deux types<br />
d’intoxications :<br />
- le Diarrheic Shellfish Poisoning ou DSP,<br />
- le Paralytic Shellfish Poisoning ou PSP.<br />
DSP : Les signes d’intoxication apparaissent entre 4 et 12 heures<br />
après l’ingestion. Il s’agit de nausées, de vomissements, de<br />
diarrhées... Ces signes persistent 3 à 4 jours en l’absence de<br />
traitement. <strong>La</strong> cuisson n’altère pas la toxine.<br />
PSP : Les manifestations débutent environ 30 minutes après<br />
l’ingestion.<br />
- stade bénin : fourmillements et engourdissement des lèvres<br />
s’étendant au visage et au cou, céphalées, vertiges, nausées.<br />
- stade sévère : rigidité et incoordination, incohérence de la parole,<br />
faiblesse musculaire, tachycardie.<br />
- stade extrême : paralysies musculaires, détresse respiratoire.<br />
Des études importantes<br />
L’étude des facteurs physico chimiques, aussi appelés facteurs abiotiques, est<br />
particulièrement importante. <strong>La</strong> température, la quantité de lumière disponible, la<br />
turbidité de l’eau ou sa salinité sont des facteurs qui conditionnent la survie des<br />
animaux en un lieu précis. On peut ainsi connaître l’amplitude des variations ou<br />
intervalle optimal que peuvent supporter les animaux.