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Être rabbin : une profession ? Un sacerdoce - Tribu 12

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N°23<br />

ÉTÉ 2010<br />

CHAVOUOT<br />

5 7 7 0<br />

Interview :<br />

Florence Taubmann,<br />

pasteur<br />

Les Juifs de<br />

Bulgarie<br />

TEMOIGNAGE :<br />

<strong>Un</strong> otage d’Entebbe<br />

www.tribu<strong>12</strong>.com<br />

LE MAGAZINE DES COMMUNAUTÉS JUIVES


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Édito<br />

EXEMPLAIRE ET PROTECTEUR<br />

J’ai été sollicité il y a quelques mois par un monsieur qui<br />

avait été otage lors de l’Opération Entebbe et qui souhaitait<br />

nous raconter son aventure vécue le 4 juillet 1976,<br />

il y a donc 34 ans de cela. Bien sûr, j’ai immédiatement accepté<br />

pour trois raisons : la première c’est que j’essaie de<br />

répondre le plus souvent possible de façon favorable aux<br />

demandes de nos lecteurs. D’autant que cela correspond<br />

à ce qu’on attend d’un portrait dans notre magazine ; à savoir,<br />

raconter l’histoire d’<strong>une</strong> personne ordinaire qui a vécu<br />

un moment extraordinaire.<br />

La deuxième raison tient au fait que nous sommes à<br />

quelques jours de la date anniversaire de cet exploit réalisé<br />

par l’État d’Israël et de son armée ; un sauvetage qui a<br />

prouvé par sa volonté et son audace qu’il ne fallait pas céder<br />

au chantage des preneurs d’otages et à la suite duquel<br />

nous pouvons quasiment considérer que chaque Juif dans<br />

le monde est sous protection israélienne.<br />

La troisième raison est, pour moi, la plus importante car, ce<br />

dimanche 4 juillet 1976, je me suis fait réveiller à 9 heures<br />

du matin par mon père qui, oubliant que j’avais fait la fiesta<br />

la veille, et trop heureux de la réussite de l’action de Tsahal<br />

a tenu à m’en informer.<br />

Malheureusement, la joie fut trop forte pour lui et son cœur<br />

a lâché transformant ce jour de bonheur en un jour de deuil.<br />

Chaque année, je repense à cette journée aigre-douce et<br />

c’est à sa mémoire que je dédie cet éditorial.<br />

Je suis persuadé que depuis la renaissance de l’État d’Israël<br />

et surtout depuis ce 4 juillet 1976, chaque Juif vivant<br />

dans un environnement hostile sait qu’Israël mettra tout en<br />

œuvre pour le protéger si il y a lieu.<br />

Ce jour là, I’État hébreu a montré aux autres démocraties<br />

de notre planète comment se comporter face au terrorisme.<br />

Comme je l’ai mentionné au début de mon papier, je suis<br />

prêt à recueillir d’autres témoignages. J’invite donc nos lecteurs<br />

à se manifester et nous proposer leurs histoires.<br />

Bonnes fêtes de Chavouot et bonnes vacances.<br />

Guy Fellous<br />

Sommaire<br />

Éditorial – Interview Florence Taubmann<br />

Le maccarthysme<br />

Judaïsme<br />

Onomastique<br />

Social : Ohr Hanna<br />

<strong>Un</strong> otage d’Entebbe témoigne<br />

Activités Communautaires/ Carnet<br />

P.3<br />

P.5<br />

P.6<br />

P.10<br />

P.14<br />

P.16<br />

P.21 à 24<br />

Juifs de Bulgarie<br />

Les livres de Jipéa<br />

Recettes<br />

Interview<br />

FLORENCE TAUBMANN<br />

PRÉSIDENTE DE L’AMITIÉ JUDÉO-<br />

CHRÉTIENNE, FLORENCE TAUBMANN<br />

EST POUR LE MOINS UN CAS D’ES-<br />

PÈCE. CETTE FIGURE DE PROUE DU<br />

PROTESTANTISME FRANÇAIS QUE<br />

L’ON RENCONTRE TRÈS SOUVENT DANS LES DIVERSES<br />

MANIFESTATIONS ET COMMÉMORATIONS ORGANISÉES<br />

PAR LA COMMUNAUTÉ JUIVE EST NÉE CATHOLIQUE.<br />

ELLE A CEPENDANT CHOISI LE PROTESTANTISME ET<br />

ÉPOUSÉ UN JUIF. PASTEUR DANS PLUSIEURS VILLES DE<br />

FRANCE, ELLE OFFICIE ACTUELLEMENT À LIMOGES.<br />

TRÈS PROCHE DU JUDAÏSME QU’ELLE CONSIDÈRE<br />

COMME UNE SECONDE LANGUE QUI LUI SERAIT DEVE-<br />

NUE, AU FIL DES TEMPS, INTIME PAR SA MUSICALITÉ,<br />

ELLE A ÉTÉ ÉLUE, L’AN DERNIER, À LA PRÉSIDENCE DE<br />

L’AMITIÉ JUDÉO-CHRÉTIENNE DE FRANCE.<br />

<strong>Tribu</strong> <strong>12</strong> : Comment avez-vous rencontré le judaïsme ?<br />

Florence Taubmann : Avant mes études de théologie, je<br />

n’ai connu du judaïsme et du peuple juif que ce que j’ai<br />

découvert de la Shoah à travers des livres ou des films. Puis,<br />

à la faculté, l’apprentissage de l’hébreu biblique, ainsi que<br />

du grec, était obligatoire. Je me souviens d’un de nos professeurs<br />

qui, s’ intéressant beaucoup aux interprétations<br />

<strong>rabbin</strong>iques des textes bibliques, partageait avec nous ses<br />

connaissances. Puis il y a eu des lectures : « À Bible ouverte<br />

» d’Armand Abécassis et Josy Eisenberg, mais également<br />

les « Célébrations bibliques, talmudiques et hassidiques<br />

» d’Élie Wiesel m’ont donné le sentiment d’entrer<br />

dans un monde inconnu, profondément humain. Je me<br />

sentais chez moi.<br />

Ein Gedi, un coin de paradis<br />

Conte populaire<br />

Reportage photo Pourim<br />

<strong>Tribu</strong> <strong>12</strong> Junior<br />

P.25<br />

P.26<br />

P.29<br />

P.30<br />

P.33<br />

P.35 à 38<br />

P.39 à 42<br />

L’illustration de couverture a<br />

été réalisée par Jeanine Bary<br />

que nous remercions de nous<br />

avoir permis de l’utiliser.<br />

3


4<br />

T<strong>12</strong> : La catastrophe de la Shoah vous a profondément<br />

marquée. En France, au temps terrible de l’Occupation<br />

et de la déportation, de nombreux Protestants ont sauvé<br />

des Juifs, je pense notamment au Chambon-sur-Lignon<br />

ou au Malzieuville, dans le massif du Gévaudan. Quel regard<br />

portez-vous sur cette époque tragique et sur l’action<br />

de ceux qu’on appelle les Justes ?<br />

F.T. : Vous me posez là deux questions énormes ! Nous<br />

portons encore le 20ème siècle sur nos épaules, et restons<br />

hantés par la seconde guerre mondiale et la Shoah. Il faut<br />

beaucoup de temps, de lectures, de réflexions pour réaliser<br />

l’ampleur et la signification de la Shoah. Paradoxalement,<br />

c’est en découvrant le judaïsme vivant aujourd’hui, et ce<br />

que représente Israël que j’ai pu approfondir mon regard<br />

sur la Shoah, ne pas<br />

rester paralysée par<br />

l’horreur.<br />

Quant à l’action des<br />

Justes, je la trouve<br />

d’autant plus admirable<br />

que la plupart<br />

d’entre eux ne revendiquent<br />

aucun mérite,<br />

affirmant n’avoir<br />

fait que ce que leur<br />

conscience, leur humanité,<br />

leur simple<br />

sentiment de compassion<br />

leur dictaient…<br />

Moi qui n’ai pas vécu<br />

cette époque, je me<br />

puis m’empêcher de<br />

me poser deux questions<br />

: aurai-je eu assez<br />

de lucidité pour voir<br />

clair et comprendre ce<br />

qui se passait, et aurai-je eu le courage d’agir ? Peut-on<br />

le savoir tant qu’on n’est pas en situation ? Heureusement<br />

chez un bon nombre de personnes, il y a la compassion.<br />

Et la compassion engage l’être plus vite que sa lucidité ou<br />

son courage. Pour ma part j’éprouve <strong>une</strong> grande reconnaissance<br />

pour tous ces témoins qui ont agi humainement,<br />

quels qu’en soient les risques.<br />

T<strong>12</strong> : Catholique devenue protestante, vous épousez en<br />

1991, un Juif, Michel Taubmann. Cela paraît surréaliste…<br />

F.T. : Non non, c’est très réel ! Et mon mari n’était pas du<br />

tout pratiquant. Quant à moi je crois que j’ai vocation à<br />

vivre toujours sur les seuils, les frontières , dans la rencontre<br />

de personnes différentes ... Mon mariage m’a donc fait entrer<br />

dans <strong>une</strong> famille juive non observante et j’ai été bien<br />

accueillie.<br />

T<strong>12</strong> : Ce parcours, pour le moins déjà atypique ne s’arrête<br />

pas là. Voilà qu’un an plus tard vous êtes ordonnée<br />

pasteure de l’Église Réformée. Palaiseau, Versailles,<br />

Temple de l’Oratoire à Paris puis Limoges, depuis 2007.<br />

Y a-t-il beaucoup de femmes pasteures en France ? Comment<br />

se déroule, au quotidien, la vie d’<strong>une</strong> pasteure, qui<br />

plus est mère de famille ?<br />

Scène du film de Jérémy Paul Kagan, L’ÉLU (1981)<br />

F.T : Je préfère pasteur sans « e » ! <strong>Être</strong> pasteur, c’est exercer<br />

un ministère, ou un métier, qui a des points communs<br />

avec celui de <strong>rabbin</strong> ou de prêtre : enseignement, cultes,<br />

accompagnement des familles surtout dans les momentsclefs<br />

de l’existence : naissances, mariages, décès. Écoute,<br />

consolation, aide. Humainement c’est extrêmement riche !<br />

Car les relations que l’on entretient avec les gens ne peuvent<br />

être superficielles ou simplement mondaines. Cela demande<br />

beaucoup d’énergie …Mais la vie de famille aide en<br />

assurant un équilibre affectif, et quand le pasteur est <strong>une</strong><br />

femme, les paroissiens se montrent attentifs à ne pas trop<br />

charger la barque. En France aujourd’hui les femmes doivent<br />

représenter environ 30 ou 35°/° des pasteurs.<br />

T<strong>12</strong> : Madame le pasteur,<br />

bien que votre<br />

époux, le journaliste<br />

Michel Taubmann,<br />

soit un Juif non pratiquant,<br />

votre second<br />

fils a choisi, en 2001,<br />

de devenir juif et de<br />

faire sa bar-mitsva.<br />

Du coup, votre mari<br />

a renoué avec sa tradition.<br />

Vous dites que<br />

tout cela vous a procuré<br />

un grand bonheur.<br />

Pourquoi ?<br />

F.T. : Pour plusieurs<br />

raisons. D’abord j’ai<br />

pensé que c’était très<br />

important pour eux de<br />

s’inscrire dans la chaîne<br />

de transmission. Ensuite cela m’a permis de connaître la<br />

communauté d’Adath Shalom, dont l’enseignement est<br />

passionnant. Et je suis personnellement très sensible à la<br />

spiritualité profonde du judaïsme et à la richesse de la pensée<br />

juive.<br />

T<strong>12</strong> : En 2008, vous avez été élue présidente de l’Amitié<br />

Judéo-Chrétienne de France. Quels sont les objectifs de<br />

cette organisation ? Quels sont vos projets d’avenir ?<br />

F.T. : L’Amitié Judéo-Chrétienne est née après la Guerre,<br />

sous l’impulsion notamment de Jules Isaac. Depuis le début<br />

elle a pour objectif la connaissance mutuelle des Juifs et des<br />

Chrétiens, sans prosélytisme et sans syncrétisme, et la lutte<br />

contre l’antisémitisme. Elle a dans de nombreuses villes de<br />

France des groupes qui organisent des conférences, des<br />

voyages, des festivités, et elle édite <strong>une</strong> revue mensuelle,<br />

Sens, qui fait état de tous les travaux réalisés depuis 60 ans.<br />

L’Amitié Judéo-Chrétienne a pour objectif de poursuivre sa<br />

mission pédagogique auprès d’un public plus large, afin<br />

de lutter contre l’antijudaïsme, l’antisémitisme et l’antisionisme.<br />

Et pour cela, il faut informer, enseigner, expliquer, favoriser<br />

les rencontres…sans oublier surtout de transmettre<br />

le flambeau à <strong>une</strong> nouvelle génération<br />

Propos recueillis par<br />

Jean-Pierre Allali


Réflexion<br />

LE MACCARTHYSME,<br />

UN ANTISÉMITISME<br />

QUI NE DIT PAS SON NOM<br />

À HOLLYWOOD, LE MONDE DU CINÉMA A RENDU HOM-<br />

MAGE AUX ACTEURS, RÉALISATEURS ET SCÉNARISTES<br />

VICTIMES DU MACCARTHYSME. PLUS DE SOIXANTE ANS<br />

PLUS TARD, LA PLUS GRANDE USINE À RÊVES DE LA PLA-<br />

NÈTE A RECONNU L’INJUSTICE ET L’ABSURDITÉ D’UNE<br />

CAMPAGNE D’HYSTÉRIE QUI BRISA LA VIE ET LA CAR-<br />

RIÈRE DE NOMBREUX ARTISTES DE TALENT.<br />

Novembre 1947 : l’affrontement EST-OUEST favorise<br />

tous les délires, toutes les phobies, les théories les plus<br />

absurdes sur les conspirations secrètes. Le sénateur Joseph<br />

McCarthy, républicain de la droite extrême, préside<br />

la Commission d’enquête sur les activités anti-américaines<br />

du Sénat fédéral, à Washington. Son objectif ardent est<br />

sans nuances : traquer les «amis de Moscou», à tous les<br />

niveaux et dans tous les secteurs de la société américaine<br />

(diplomatie, armée, police, université, presse et … cinéma).<br />

Dans sa croisade, il compte sur l’appui de trois acteurs prestigieux<br />

: Gary Cooper, Robert Taylor et un très populaire<br />

cow-boy, héros de westerns de série B, un certain Ronald<br />

Reagan… Les artistes sont alors invités à se présenter devant<br />

la Commission et à déclarer s’ils sont ou non communistes.<br />

Ils sont aussi invités à dénoncer leurs confrère – <strong>une</strong><br />

délation «patriotique» à laquelle se soumettra un metteur<br />

en scène auparavant classé à gauche : Elia Kazan. Les enquêteurs<br />

évitent soigneusement toute référence raciale ou<br />

religieuse. La judéité des suspects n’est jamais mentionnée<br />

publiquement par McCarthy et ses adjoints. Mais nombreux<br />

sont les Juifs soupçonnés de vouloir transformer le cinéma<br />

américain en machine de propagande communiste. Car les<br />

artistes et les intellectuels juifs américains figuraient parmi<br />

ceux qui, très tôt, bien avant la Guerre, avaient dénoncé le<br />

totalitarisme nazi et soutenu la République espagnole en<br />

lutte contre Franco et ses alliés fascistes. Les enquêteurs<br />

soupçonnaient particulièrement les artistes qui, durant la<br />

Guerre, avaient participé comme Charlie Chaplin, à la collecte<br />

de fonds pour l’URSS (qui était à l’époque, l’alliée de<br />

l’Amérique).<br />

Attaqué par <strong>une</strong> presse hystérique, présenté comme un<br />

agent communiste, le réalisateur Jules Dassin (qui avait<br />

commencé à New York comme acteur de théâtre yiddish),<br />

choisira pour poursuivre en toute liberté sa carrière, l’exil<br />

en Europe.<br />

Progressiste, de gauche, mais nullement communiste, le<br />

dramaturge et scénariste Arthur Miller tiendra tête avec<br />

courage aux inquisiteurs du Congrès : un climat d’intolérance<br />

fanatique qu’il brossera dans Les Sorcières de Salem<br />

(1947). Otto Preminger, metteur en scène d’origine autrichienne,<br />

sera victime d’<strong>une</strong> autre campagne, privée, de<br />

style maccarthyste : la Légion de la Décence, organisation<br />

catholique de lutte contre l’immoralité cinématographique,<br />

accuse Preminger de vouloir détruire les valeurs sacrées<br />

de l’Amérique – le mariage, la famille, la morale. Ironie de<br />

l’histoire : en 1963, Preminger sera le premier scénariste<br />

juif décoré par le Vatican pour son film Le Cardinal. Ardent<br />

sioniste, il avait réalisé, en 1960, Exodus, sur l’épopée de<br />

l’immigration juive clandestine en Palestine.<br />

Quant à Kirk Douglas, fils d’immigrés juifs de Russie, il affirmera<br />

courageusement ses convictions progressistes. Il ne<br />

figurera dans auc<strong>une</strong> liste noire , sauf celle des pays arabes<br />

et de l’Espagne franquiste, qui interdiront la diffusion, dans<br />

leurs salles, de L’ombre d’un Géant, biographie romancée<br />

du colonel David Marcus, héros de la guerre d’Indépendance<br />

d’Israël, interprété par un Douglas passionnément<br />

sioniste. Mais d’autres artistes connaîtront le chômage, la<br />

misère, le désespoir et verront leurs carrières brisées pour<br />

longtemps, parfois définitivement.<br />

Plus de soixante ans plus tard, le temps est venu de jeter un<br />

nouveau regard, lucide sur cette époque. Mais alors qu’à<br />

Hollywood, on critiquait, on enquêtait, on interrogeait, on<br />

se livrait à <strong>une</strong> absurde «chasse aux sorcières», loin, très<br />

loin, quelque part dans l’immense Russie, la police secrète<br />

de Staline exécutait, dans les sous-sols de la NKVD, les intellectuels<br />

juifs.<br />

Franklin Rausky<br />

Photos du sénateur McCarthy<br />

et de Julius et Ethel Rosenberg<br />

considérés par certains comme des victimes du Maccarthysme<br />

5


6<br />

Judaïsme<br />

ZARATHOUSTRA À JÉRUSALEM<br />

(NIETZSCHE ET LES JUIFS.<br />

LES JUIFS ET NIETZSCHE) 1<br />

LA SEULE ÉVOCATION DU NOM DE NIETZSCHE 2 IN-<br />

QUIÈTE. UNE ODEUR DE SOUFFRE ACCOMPAGNE « LE<br />

PHILOSOPHE AU MARTEAU » QUI PROCLAMAIT LA MORT<br />

DE DIEU ET PRÔNAIT UNE VERTIGINEUSE SUBVERSION<br />

DES VALEURS TRADITIONNELLES. PIRE ENCORE, ON L’A<br />

DIT ANTISÉMITE VOIRE INSPIRATEUR DU NAZISME. SA<br />

THÉORIE DU « SURHOMME » ANTICIPERAIT LES PLUS<br />

DRAMATIQUES THÉORIES ARYENNES.<br />

Mais à y regarder de près, on découvre le père de Zarathoustra<br />

plutôt philosémite. Plus inattendu encore, il est<br />

possible d’envisager des passerelles entre le nietzschéisme<br />

et la pensée talmudique. Quoi qu’il en soit et si surprenant<br />

que cela puisse paraître, nombre de sages juifs parmi les<br />

plus brillants ont été des lecteurs attentifs de l’œuvre de<br />

Nietzsche. Pour ne citer qu’un exemple des plus improbables,<br />

évoquons la figure de Rabbi Leibel Weisfich. Ce<br />

leader ultra-orthodoxe appartenant au très controversé<br />

courant hassidique hongrois Nétouré Karta, scribe à Méa<br />

Shéarim, parlait (non sans provocation) de Nietzsche hakadoch<br />

(« le saint Nietzsche») ! Il rêvait de créer, à Jérusalem,<br />

un « Beit Nietzsche » (la « maison de Nietzsche ») : centre<br />

international d’étude de l’œuvre du maître… Il alla jusqu’à<br />

déclarer : « La seule chose que Nietzsche adorait, c’était<br />

le judaïsme et les Juifs. Il l’a compris mieux que les plus<br />

grands <strong>rabbin</strong>s !»<br />

Après avoir clarifié, dans les grandes lignes, la position générale<br />

de Nietzche à l’égard des Juifs et du judaïsme, nous<br />

formulerons quelques hypothèses sur ce qui peut éclairer,<br />

dans l’œuvre du penseur allemand, quiconque s’intéresse à<br />

la pensée juive.<br />

SUR L’ANTISÉMITISME DE NIETZSCHE. À ses débuts,<br />

Nietzche n’échappe pas à la pensée comm<strong>une</strong> et à l’antisémitisme<br />

ambiant. L’époque de la publication de son<br />

premier ouvrage (La naissance de la tragédie), moment de<br />

son amitié avec Wagner, n’échappe pas à quelques déclarations<br />

scandaleuses à l’égard des Juifs, qu’il faut toutefois<br />

replacer dans un contexte général où l’antisémitisme était<br />

dans l’air du temps. Mais la pensée de Nietzsche est trop<br />

exigeante pour rester figée. Elle évolue, s’affine, se veut<br />

toujours plus suspicieuse à l’égard des lieux communs. Le<br />

moment de la rupture arrive donc : le philosophe rompt<br />

radicalement avec Wagner et abandonne son éditeur du<br />

fait de l’antisémitisme de ce dernier. Certains textes témoignent<br />

désormais tout à la fois d’<strong>une</strong> horreur pour le nationalisme<br />

allemand et d’<strong>une</strong> vraie admiration pour les Juifs.<br />

Dans Aurore, on peut lire : « Les ressources spirituelles et<br />

intellectuelles des Juifs d’aujourd’hui sont extraordinaires<br />

(…) Tout Juif trouve dans l’histoire de ses pères et de ses<br />

ancêtres <strong>une</strong> mine d’exemples du sang-froid et de la ténacité<br />

les plus inébranlables au milieu de situations terribles,<br />

des ruses les plus subtiles pour tromper le malheur et le<br />

hasard en en tirant profit ; leur courage sous le couvert<br />

d’<strong>une</strong> soumission pitoyable, leur héroïsme (…) surpassent<br />

les vertus de tous les saints (…) Ils n’ont jamais cessé euxmêmes<br />

de se croire voués aux plus grandes choses, et les<br />

vertus de tous les êtres souffrant n’ont jamais cessé de les<br />

embellir (…) Et cette abondance de grandes impressions<br />

accumulées que constitue l’histoire juive, cette abondance<br />

de passions, de vertus, de décisions, de renoncements,<br />

de combats, de victoires de toutes sortes – à quoi devraitelle<br />

aboutir, sinon finalement à de grands hommes et à de<br />

grandes œuvres intellectuelles. »<br />

Dans Par delà le Bien et le Mal, NIETZSCHE VILIPENDE<br />

LES ANTISÉMITES QUI CHERCHENT À LIMITER L’IMMI-<br />

GRATION JUIVE en Allemagne et témoigne d’<strong>une</strong> certaine<br />

fascination à l’égard du peuple juif: « ‘Pas un Juif de plus !<br />

Portes closes pour les Juifs, avant tout à l’Est et aussi en<br />

Autriche !’ Tel est le vœu instinctif d’<strong>une</strong> nation dont le type<br />

ethnique est encore faible et indécis et qui craint qu’<strong>une</strong><br />

race plus forte ne vienne l’effacer ou l’éteindre. Or les Juifs<br />

constituent sans aucun doute la race la plus forte, la plus<br />

résistante et la plus pure qui existe actuellement en Europe<br />

; ils savent s’imposer même dans les conditions les<br />

plus dures grâce à de mystérieuses vertus qu’on voudrait<br />

maintenant qualifier de vices, grâce surtout à <strong>une</strong> foi décidée<br />

qui n’a pas à éprouver de honte en présence des idées<br />

modernes. »<br />

LE MALENTENDU SUR LE PRÉTENDU ANTISÉMITISME DE<br />

NIETZSCHE doit beaucoup à sa sœur, Élisabeth. Mariée à<br />

un antisémite militant, elle a, après la mort du penseur, trahi<br />

la pensée de son frère et a même offert à Hitler la canne<br />

du philosophe. Nietzsche ne s’est pourtant jamais caché du<br />

dégoût que lui inspiraient les agissements de sa sœur. En<br />

1887, il lui écrit: « Tu as commis là <strong>une</strong> grosse bêtise – tant


vis-à-vis de toi que de moi-même ! Le fait que tu te sois associée<br />

à un dirigeant antisémite témoigne d’<strong>une</strong> attitude si<br />

étrangère à mon propre mode de vie que je me sens plein<br />

de colère ou de mélancolie… Je me fais un point d’honneur<br />

de me sentir absolument propre et sans ambiguïté par rapport<br />

à l’antisémitisme, c’est-à-dire opposé à lui, ainsi que<br />

je le suis dans mes écrits (…) Pour parler aussi franchement<br />

que possible, ce parti (qui n’aimerait que trop pouvoir utiliser<br />

mon nom !) m’inspire du dégoût (…) et le fait que je<br />

sois incapable de faire quoi que ce soit pour lutter contre,<br />

et que dans tout feuillet de correspondance antisémite on<br />

utilise le nom de Zarathoustra m’a déjà rendu malade à plusieurs<br />

reprises. » La responsabilité d’Élisabeth dans la méprise<br />

traditionnelle à propos des soi-disant convergences<br />

entre le nietzschéisme et l’idéologie nazie est considérable.<br />

C’est sans doute en pensant à sa sœur que notre philosophe<br />

a pu écrire : « C’est avec ses parents qu’on a le moins<br />

de parenté »…<br />

OUTRE CET ANTI-ANTISÉMITISME DE NIETZSCHE, il<br />

existe cependant, dans l’œuvre du philosophe, quelques<br />

propos sévères contre les Juifs. Mais il ne s’agit absolument<br />

pas des contemporains de notre auteur. Il est question des<br />

Juifs de l’époque des débuts du christianisme. Si notre penseur<br />

s’avoue très impressionné<br />

par l’audace des<br />

Hébreux de la Tora, il se<br />

montre en revanche très<br />

critique à l’égard des<br />

prêtres de l’époque du<br />

second Temple. Il voit<br />

dans le <strong>sacerdoce</strong> institutionnel<br />

<strong>une</strong> perversion<br />

de l’esprit biblique. A y<br />

regarder de plus près,<br />

cependant, on se rend<br />

vite compte qu’il y a chez<br />

Nietzsche <strong>une</strong> fâcheuse<br />

confusion entre prêtres,<br />

pharisiens et premiers<br />

chrétiens. Or, c’est visiblement<br />

plutôt ces derniers,<br />

maladroitement<br />

qualifiés de « Juifs »,<br />

que Nietzsche accuse<br />

d’être dans <strong>une</strong> logique<br />

de « négation de la<br />

vie ».<br />

LE DÉPASSEMENT<br />

DE SOI. L’œuvre de<br />

Nietzsche a fortement<br />

influencé d’importants<br />

intellectuels juifs, parmi<br />

lesquels Martin Buber,<br />

Léo Strauss, Ahad Aam<br />

(qui travailla sur les similitudes<br />

entre la figure<br />

biblique du «juste » - le<br />

tsadik - et le surhomme<br />

nietzschéen), Franz<br />

Kafka, Stefan Zweig<br />

sans parler de Sigmund<br />

Freud. Dans son dernier<br />

livre - Nietzsche l’Hébreu,<br />

publié en Israël - ,<br />

Nietzsche<br />

le Professeur israélien Jacob Golomb rappelle l’influence<br />

nietzschéenne sur certains grands théoriciens du sionisme<br />

comme Max Nordau, Théodore Herzl ou Zéev Jabotinsky<br />

(qui avait toujours dans sa poche Ainsi parlait Zarathoustra).<br />

Proposons un survol très imprécis de quelques thèmes<br />

permettant d’envisager des « passerelles » entre la pensée<br />

juive et certaines idées centrales de la philosophie nietzschéenne.<br />

Tout au long de ses écrits, NIETZSCHE APPELLE DE SES<br />

VŒUX L’AVÈNEMENT D’UN HOMME NOUVEAU, LE<br />

« SURHOMME » (übermensch), homme libre et rayonnant,<br />

libéré du poids des superstitions et du ressentiment. Raphaël<br />

Draï3 démontre la convergence entre la pensée biblique<br />

et le concept nietzschéen d’« éternel retour » et souligne,<br />

par ailleurs, la surprenante proximité des mots ivri (« hébreu<br />

») et übermensch. Ivri renvoie précisément (comme<br />

über) à l’idée d’au-delà, de dépassement des limites, voire<br />

de transgression. Les commentateurs juifs utilisent souvent<br />

la technique du hipoukh ou « lecture inversée ». Il s’agit de<br />

lire un mot à rebours en considérant que le hipoukh d’un<br />

mot exprime l’exact contraire du mot en question. Dans le<br />

cas de ivri (racine : ‘E.V.R),<br />

le hipoukh correspond à la<br />

racine R.V.’E qui signifie un<br />

carré, un espace clos, un<br />

cadre étroit. Autrement dit,<br />

être hébreu, c’est précisément<br />

aspirer à se libérer<br />

des systèmes clos.<br />

Le récit biblique raconte<br />

qu’avant la création d’Ève,<br />

Dieu déclare : « Il n’est<br />

pas bon que l’homme<br />

soit seul » (Genèse 2,18).<br />

Prenant, à la mode <strong>rabbin</strong>ique,<br />

quelques distances<br />

avec le sens littéral du<br />

verset (mais en respectant<br />

la formulation hébraïque<br />

qui permet de multiples<br />

lectures), le Rabbi de<br />

Kotzk (1787-1859, maître<br />

hassidique polonais) propose<br />

un commentaire que<br />

l’on pourrait qualifier de<br />

nietzschéen : « Il n’est pas<br />

bon que l’homme soit seulement<br />

un homme. Il doit<br />

être plus qu’un homme ! »<br />

INSOUMISSION. Dans<br />

sa critique radicale de la<br />

religion, Nietzsche s’inquiète<br />

surtout de l’inhibition<br />

des potentialités humaines<br />

qu’elle provoque.<br />

Le croyant est agenouillé,<br />

tête baissée, renonçant à<br />

toute autonomie et à toute<br />

initiative par soumission<br />

passive à l’autorité divine.<br />

7


8<br />

NOTRE PHILOSOPHE S’AVOUE TOUTEFOIS FASCINÉ<br />

PAR L’INDOCILITÉ DES JUIFS À TRAVERS L’HISTOIRE. Ce<br />

peuple a su se révolter contre bien des totalitarismes et<br />

s’affranchir du joug de l’esclavage égyptien. Dans Aurore, il<br />

écrit : « les Juifs, en dépit de leur soumission abjecte à Dieu,<br />

ont toujours manifesté <strong>une</strong> velléité d’indépendance ». Si<br />

notre philosophe avait davantage connu la tradition <strong>rabbin</strong>ique,<br />

il aurait découvert que l’insoumission d’Israël s’applique<br />

même (pour ne pas dire « surtout ») à l’encontre de<br />

Dieu. Dans le récit biblique, Abraham ou Moïse ne cessent<br />

de s’opposer aux desseins divins. Par exemple, quand Dieu<br />

annonce au patriarche la destruction de Sodome, Abraham<br />

s’oppose fermement à la décision céleste. Le Créateur ne<br />

reproche à aucun moment son audace au patriarche.<br />

La négociation est introduite par<br />

l’expression « Abraham se tint debout<br />

(omed) devant Dieu » (Genèse<br />

18, 22). Cette posture a toute<br />

son importance : le <strong>rabbin</strong><br />

Léon Askénazi (1922-1996,<br />

intellectuel français, surnommé<br />

« Manitou ») aimait<br />

à rappeler que si<br />

les Musulmans prient<br />

en se prosternant<br />

complètement face<br />

contre sol (en signe<br />

de soumission totale<br />

à Dieu) et si<br />

les Chrétiens s’agenouillent,<br />

le Juif,<br />

quant à lui, prie debout<br />

(d’où le nom<br />

de amida, « position<br />

debout », donné à la<br />

principale prière juive).<br />

Prier debout, c’est refuser<br />

d’être écrasé par<br />

l’omniprésence de Dieu,<br />

c’est s’affirmer comme sujet.<br />

Il faut ici remarquer qu’en<br />

hébreu le mot « se tenir debout »<br />

(omed) est l’anagramme du mot<br />

« pourquoi ? » (madoua) : se tenir debout,<br />

c’est oser questionner, demander des comptes...<br />

même au Créateur. Le judaïsme proclame la toutepuissance<br />

divine, mais en même temps, il accorde<br />

à l’homme <strong>une</strong> place de « partenaire de<br />

Dieu », ayant un rôle actif dans le projet<br />

divin et se tenant « face<br />

à Dieu ».<br />

Cette idée pourrait<br />

être étayée par bien des<br />

exemples. Évoquons, pour<br />

n’en retenir qu’un seul, cet<br />

étonnant récit talmudique (traité Baba Metsia,<br />

p.59a) où deux <strong>rabbin</strong>s se disputent sur un point de<br />

droit. L’un des deux, Rabbi Éliézer, en appelle à l’aide<br />

providentielle et plusieurs miracles ont lieu qui attestent<br />

que son avis a les faveurs du Ciel. <strong>Un</strong>e voix céleste se fait<br />

même entendre et donne raison à Rabbi Éliézer. Alors le<br />

second sage –Rabbi Josué- se lève et s’exclame « La Tora<br />

n’est plus au Ciel ! ». Autrement dit, elle a été donnée aux<br />

hommes et Dieu n’a plus à se mêler des débats entre les<br />

<strong>rabbin</strong>s. Et effectivement, la Loi retiendra l’avis de Rabbi<br />

Josué ! Le texte talmudique conclut : « Alors Dieu a ri et<br />

il s’est exclamé : Mes enfants m’ont vaincu ! ». Parions que<br />

Nietzsche aurait été séduit par cette image d’un Dieu rieur,<br />

désireux d’être dépassé par ses créatures…<br />

CÉLÉBRER LA VIE.<br />

L’<strong>une</strong> des critiques les plus sévères de Nietzsche à l’égard<br />

du christianisme concerne l’idéal ascétique et la détestation<br />

du corps. Il accuse l’Église d’avoir fait des plaisirs des sens<br />

et de la sexualité un objet de mépris. À cette logique d’austérité,<br />

le philosophe oppose la figure solaire et joyeuse de<br />

Dionysos. Le judaïsme est-il concerné par cette condamnation<br />

? Le Talmud n’invite-t-il pas, au contraire à <strong>une</strong><br />

célébration de la vie en déclarant, comme<br />

<strong>une</strong> injonction dionysiaque : « L’homme<br />

devra rendre des comptes pour<br />

tous les bons fruits auxquels il n’a<br />

pas goûté » ? Le psychanalyste<br />

Otto Rank, lecteur très attentif<br />

de Nietzsche, écrit :<br />

« Le peuple juif est resté<br />

au milieu des autres<br />

peuples, en relation directe<br />

avec la nature et<br />

la sphère de la sexualité.<br />

Nietzsche n’avait<br />

d’indulgence pour le<br />

judaïsme que dans<br />

la mesure où il avait<br />

compris que les Juifs<br />

étaient le peuple le<br />

plus ‘naturel’, le plus<br />

‘féminin’, le moins<br />

marqué par la répression<br />

de la sexualité. »<br />

Illustrons le regard singulier du<br />

judaïsme sur la sexualité à partir<br />

d’un commentaire biblique traditionnel<br />

: après avoir raconté les débuts<br />

d’Adam et d’Ève au jardin d’Eden et leur désobéissance<br />

à l’injonction divine leur interdisant la<br />

consommation du fruit de l’arbre de la connaissance<br />

du Bien et du Mal (Genèse, chapitre 3), le<br />

récit biblique se poursuit ainsi : « L’homme<br />

avait connu Ève son épouse. Elle conçut<br />

et enfanta Caïn (…)» (4,1).<br />

L’enchaînement des<br />

évènements laisse<br />

à penser que les<br />

enfants du couple<br />

originel ont été<br />

conçus après la faute et<br />

donc hors du Gan Eden.<br />

Nombre de théologiens chrétiens s’ap-<br />

Le Golem<br />

puieront sur cette chronologie pour affirmer<br />

que les appétits sexuels sont fruits du pêché originel.<br />

Mais Rachi nous propose <strong>une</strong> lecture radicalement différente.<br />

Partant du fait qu’il existe, en hébreu biblique, deux<br />

moyens d’exprimer le passé, Rachi remarque que le verbe<br />

utilisé ici (yada) renvoie à un passé très lointain. Ce qui signifie<br />

que (comme souvent) la chronologie n’a pas été respectée<br />

par le récit biblique et qu’en réalité, la conception<br />

et la naissance de Caïn et Abel est antérieure à la faute :<br />

on a bien fait l’amour au paradis ! Il faut mesurer la por-


tée de ce commentaire : pour la tradition juive, la sexualité<br />

n’est entachée d’auc<strong>une</strong> souillure. Elle fait partie de la vie<br />

et contribue au plein épanouissement physique, psychique<br />

et spirituel de chacun.<br />

VOLONTÉ DE PUISSANCE.<br />

<strong>Un</strong> autre thème récurant de la pensée de Nietzsche est<br />

celui de l’audace prométhéenne dont les hommes n’osent<br />

plus faire preuve. Les religions auraient, le récit du péché<br />

originel aidant, inhibé chez les hommes toute « volonté de<br />

puissance ». Là encore, l’on pourrait montrer comment,<br />

bien au contraire, la pensée talmudique fait l’éloge d’<strong>une</strong><br />

attitude « démiurgique » et prométhéenne. La faculté créatrice<br />

de l’homme est mise en avant, par exemple, dans un<br />

étonnant texte talmudique (traité Sanhédrin, p.65b) qui enseigne<br />

que « Si les justes le voulaient, ils pourraient créer<br />

un monde ». La démonstration s’appuie sur ce verset d’Isaïe<br />

(59, 2) : « Vos fautes font <strong>une</strong> séparation entre vous et votre<br />

Dieu ». Dans le contexte moralisateur du message prophétique,<br />

ce verset signifie que la faute éloigne l’homme de<br />

son Dieu. C’est un appel au repentir. Mais le Talmud relit ce<br />

verset à la lettre : seules vos fautes vous séparent de Dieu.<br />

Autrement dit, les justes (qui renoncent à tout pêché), pourraient,<br />

pour ainsi dire, ressembler à Dieu et devenir à leur<br />

tour des « créateurs de mondes ». Et le Talmud atteste qu’un<br />

juste peut devenir presque l’égal du Créateur en racontant<br />

que Rav ‘Hanina et Rav Ochaya créaient chaque vendredi,<br />

dans <strong>une</strong> démarche véritablement prométhéenne, un veau<br />

ex-nihilo comme travaux pratiques de leur étude du célèbre<br />

«Livre de la création » (séfer yetsira). Quant à Rava, c’est le<br />

créateur du premier golem de l’histoire puisqu’il envoya à<br />

son collègue, Rabbi Zéra, un homme créé par ses soins !<br />

Il existe, dans la littérature juive, d’innombrables récits de<br />

kabbalistes - de toutes les époques - créateurs de golems<br />

(<strong>Un</strong> golem est un être humanoïde, artificiel, fait d’argile,<br />

animé momentanément de vie par des procédés mystiques).<br />

On pense notamment à celui du Maharal de Prague<br />

mais les exemples sont fort nombreux. <strong>Un</strong>e telle entreprise<br />

n’est pas considérée comme <strong>une</strong> révolte contre Dieu mais<br />

au contraire comme le couronnement de la destinée humaine<br />

: la capacité d’imiter le Créateur. L’homme est non<br />

seulement le partenaire du Créateur mais il est presque<br />

son égal dans sa capacité créatrice, comme en témoigne<br />

ce verset des Psaumes : « Qu’est-ce que l’homme pour que<br />

Tu penses à lui ? Le fils d’Adam pour que Tu le protèges ?<br />

Pourtant, Tu l’as fait presque à l’égal des êtres divins, Tu<br />

l’as couronné de gloire et de magnificence ! Tu lui a donné<br />

l’empire sur l’œuvre de Tes mains et mis tout à ses pieds »<br />

(Psaumes, 8,5-7). Pour le <strong>rabbin</strong> américain Yossef Dov Soloveitchik<br />

(1903-1993), le principal enseignement du premier<br />

chapitre de la Genèse est d’inviter l’homme à devenir luimême<br />

créateur à l’image d’un Dieu qui doit être imité dans<br />

ses vertus et ses actions.<br />

Il ne s’agit là, bien sûr, que d’un très bref aperçu sur les<br />

rencontres possibles entre <strong>une</strong> philosophie que Nietzsche<br />

lui-même comparait à de la dynamite et la pensée talmudique<br />

non moins explosive… il reste, en la matière, bien<br />

des pages à écrire.<br />

1) Cet article fait la synthèse d’<strong>une</strong> intervention faite lors du<br />

colloque « Philosophie et Judaïsme » organisé par l’association<br />

LEV le 30 Juin 2009.<br />

2) Friedrich Wilhelm Nietzsche (15 octobre 1844 à Röcken,<br />

Saxe - 25 août 1900 à Weimar, Allemagne), philosophe et<br />

philologue allemand.<br />

3) Cf. La communication prophétique, (Fayard, 1990) ,<br />

p. 83 et 84<br />

Élisabeth Nietzsche avec Hitler<br />

Élisabeth Nietzsche<br />

Sébastien Allali<br />

9


10<br />

Onomastique<br />

par Guy Fellous et Eliahou Hillel<br />

NOUS POURSUIVONS NOTRE EXPLORATION DES PA-<br />

TRONYMES JUIFS EN VOUS PROPOSANT DANS CE<br />

NUMÉRO D’ANALYSER LES NOMS SUIVANTS : BENAÏM,<br />

CHICHE, HADDAD, LATTÈS, SABBAN, SEBAG<br />

BENAÏM<br />

Serge Benaïm, président de<br />

la communauté de la synagogue<br />

de la rue de la Roquette<br />

nous demande de l’éclairer à<br />

propos de son patronyme.<br />

Pour de nombreux spécialistes, le nom BENAÏM vient de<br />

l’araméen et de l’hébreu et renvoie à la notion de « vie ». Littéralement,<br />

il se traduit par « Fils de la vie ». Jacques Taïeb<br />

et Joseph Tolédano proposent quelques pistes plus originales<br />

: Na’îm, en hébreu, signifie « agréable » et Na’man,<br />

en arabe, renvoie à « confortable ». Benaïm serait alors « Le<br />

fils de l’homme agréable ». Autre idée que Jacques Taïeb<br />

partage avec Joseph Tolédano : « Ben Nâim » signifierait,<br />

en arabe, « Le fils de l’endormi, du calme » et, dit Tolédano,<br />

ce nom traduirait l’espagnol « Dormido ». D’ailleurs,<br />

ajoute-t-il, l’origine espagnole de cette famille est établie.<br />

Les Benaïm auraient quitté l’Espagne pour le Maghreb<br />

en 1391. Enfin, Tolédano propose également <strong>une</strong> origine<br />

hébraïque basée sur le mot « Banaïm », « Les maçons, les<br />

constructeurs ».<br />

Variantes : Haïm et ses nombreux dérivés, Bennaïm, Benhaïm,<br />

Benhaiem, Benhayim, Benhain, Benhamou et tous<br />

ses dérivés, Naïm, Abennahim, Abenaïm, Naaman, Naman,<br />

Ibn Naim, Ben Hayim<br />

Célébrités : De nombreux <strong>rabbin</strong>s d’Afrique du Nord ont<br />

porté ce nom, tels Eliahou de Taza, Yaacob Haim et Yossef<br />

de Fez, Rahman Benaïm, de Tunis ou Raphaël Haïm Moché<br />

de Tétouan. Jacob Benaïm a été Grand <strong>rabbin</strong> de Smyrne.<br />

On pense aussi à Mosès Benaïm, négociant international<br />

natif d’Alger et à l’avocat Samuel Benaïm, de Casablanca,<br />

auteur d’ouvrages sur les pèlerinages juifs. Sans oublier<br />

Esther Benhaïm-Ouaknine, sociologue réputée à Montréal,<br />

Marylise Benhaïm, journaliste d’origine algérienne, Gilbert<br />

Benaim, grand organisateur de combats de boxe et<br />

le peintre canadien Maxime Benhaïm. On notera enfin que<br />

la famille Benaïm de Caracas au Venezuela a donné à ce<br />

pays de grands médecins comme Carlos, Enrique et Victor<br />

Benaïm.<br />

CHICHE<br />

Jeannine Chiche fidèle lectrice<br />

de notre journal, aimerait en savoir<br />

plus sur son nom marital.<br />

Pour certains , le patronyme CHICHE vient du catalan « sas<br />

portas », « les portes » ou, peut-être, de « seis portas », « les<br />

six portes », ce qui permet de se rapprocher de l’hébreu<br />

« chech », « six ». On considère généralement que le nom<br />

Chiche est un abrégé du nom Chicheportiche. Jacques Taïeb,<br />

rejoint en cela par Joseph Tolédano, pense également à l’hébreu<br />

« Chaïch » qui désigne le marbre, ce qui incite Tolédano<br />

à rapprocher le nom « Chiche » du nom d’origine berbère<br />

« Melloul » et du nom espagnol « Albo ». Taïeb fait remarquer<br />

aussi que « Bouchicha » se traduit par « L’homme au narghilé<br />

». Il n’est pas impossible que de Chiche, on soit passé par<br />

féminisation à Chouicha et, de là, à Suissa.<br />

Variantes : Chisse, Chich, Chicha, Sis, Bouchicha, Chicheportiche,<br />

Chichportech, Chicheportich, Chichportich, Chichportiche,<br />

Sasportas, Sportes, Sportich, Sportiche, Sportis,<br />

Sportisse, Sportouche, Sportouch, Sesportes, Saporta, Partouche,<br />

Zasportas, Zaporta, Sforta, Çaporta, De Saporta,<br />

Ses Portes, Ça Porta, Ces Portes, Çe Porta, Portal, Porta.<br />

Célébrités : Le <strong>rabbin</strong> tunisien Joseph Chicheportiche vivait<br />

au XVème siècle. Plus près de nous, à Alger, André Chiche<br />

fut parmi les créateurs, en 1947, du réseau ORT en Algérie,<br />

le journaliste tunisien Félix Chiche et David Chiche qui dirigea<br />

la communauté juive de Nabeul. Sans oublier Evelyne<br />

Chiche, née Karsenty, animatrice de Radio Communauté.<br />

HADDAD<br />

Stéphane Haddad, fidèle lecteur<br />

de <strong>Tribu</strong> <strong>12</strong>, aimerait connaître les<br />

origines de son nom de famille.<br />

Le patronyme HADDAD vient de l’arabe et du berbère et<br />

signifie « Forgeron ». Il désignait tous les artisans qui travaillaient<br />

les métaux. Ce patronyme est attesté sur <strong>une</strong><br />

kettouba de Tunis en date du 24 septembre 1806 qui voit<br />

le mariage d’Abraham, fils d’Isaac Bonan avec Esther, fille<br />

d’Abraham Haddad. Il existe des Cohen-Haddad, mais la<br />

tradition a retenu que ces Cohen ont perdu leur dignité de<br />

prêtres pour avoir exercé le métier de forgeron. Très nombreux<br />

dans l’île de Djerba, les Haddad ont même donné leur<br />

nom à <strong>une</strong> rue du quartier juif de l’île, zenkat el Haddad.<br />

Variantes : Hadad, Hadded, Haded, Haddeda, Hadida,<br />

Hadid, Addad, Adad, Added, Adida, Eladad, Elhaddad,<br />

Elhadad, Alhaddad, Alhadad, Alhaded, Ben Alhadad.


Célébrités : Plusieurs <strong>rabbin</strong>s d’Afrique du Nord ont porté<br />

ce nom, tel les <strong>rabbin</strong>s de Djerba, Isaac, Matouk et Khamous<br />

Haddad, Moché David, de Nabeul, Khelifa, d’Oran.<br />

C’est au publiciste tunisien Nessim Haddad qu’on doit la<br />

création du journal Le Défenseur. Maître Charles Haddad a<br />

été le dernier président de la communauté juive organisée<br />

de Tunisie. Sans oublier l’imprimeur djerbien Boaz Haddad,<br />

le psychanalyste originaire de Tunis, Gérard Haddad, l’écrivain,<br />

tunisien également, Hubert Haddad, le <strong>rabbin</strong> de la<br />

je<strong>une</strong>sse, Philippe Haddad, le peintre d’origine irakienne,<br />

Abraham Haddad , le journaliste, irakien également, Ézra<br />

Haddad et l’ancien président de l’université Paris I, actuellement<br />

chargé de l’enseignement supérieur à l’<strong>Un</strong>esco,<br />

Georges Haddad.<br />

LATTÈS<br />

Monique Lattès, fidèle lectrice<br />

de <strong>Tribu</strong> <strong>12</strong>, nous demande<br />

de lui fournir des<br />

renseignements sur son patronyme.<br />

Le nom LATTÈS, <strong>une</strong> fois n’est pas coutume dans le monde<br />

juif, est un nom bien français. C’est celui d’<strong>une</strong> ville, LATTES,<br />

près de Montpellier. À L’origine, ce nom était attribué à des<br />

originaires de cette ville du Languedoc.<br />

Célébrités : On pense immédiatement à l’éditeur, Jean-<br />

Claude Lattès. André Lattès, a été un grand stomatologue<br />

français dans les années cinquante et Samy Lattès, inspecteur<br />

général de l’Instruction publique.<br />

SABBAN<br />

Victor Sabban, fidèle de la<br />

synagogue de Fontenay-sous-<br />

Bois nous demande de l’éclairer<br />

sur son patronyme.<br />

Le nom SABBAN vient de l’arabe et désignait à l’origine un<br />

marchand ou un fabricant de savon. En Espagne, ce patronyme<br />

était porté sous les formes Xabonero et Çaban. Certains<br />

pensent y voir un rapport avec le prénom biblique Atsaban,<br />

petit-fils de Jacob. Ce nom est attesté à Tunis sur <strong>une</strong><br />

kettouba datée du 19 avril 1867 qui voit le mariage de Jacob,<br />

fils d’Élie Sabban avec Simha, fille de Menahem Fiorentino.<br />

Variantes : Sebbane, Sebane, Sebban, Sebbane, Sabbane,<br />

Sabben, Saben, Saban, Seban, Sebben, Sobbane,<br />

Sobanne, Assaban, Assabban, Esseban, Azban.<br />

Célébrités : Les <strong>rabbin</strong>s Mordekhay Sabban de Meknès<br />

et Amram Sabban de Ghardaïa, Michèle Sabban (née Allali),<br />

vice-présidente du Conseil Régional Île-de-France,<br />

Sandrine Sebbane, animatrice bien connue de RCJ. Sans<br />

oublier l’éducateur de Casablanca, Émile Seban et le président<br />

de Bull Micral, Georges Seban.<br />

SEBAG<br />

Mickaël Sebag, de la rue Chevreul,<br />

aimerait en savoir plus<br />

sur son patronyme<br />

Le nom SEBAG vient de l’arabe. Il désigne un teinturier. Ce<br />

nom est attesté à Tunis sur <strong>une</strong> kettouba datée du 29 octobre<br />

1800 qui enregistre le mariage de Joseph, fils de Jacob<br />

Haï Shebokh avec Reine, fille de Mauliah de Signia.<br />

Variantes : Sebagh, Sebaagh, Sebac, Sebague, Sebbag,<br />

Sebbagh, Sabeg, Sabag, Shebokh, Ebbagh, Sabbagh, Esbagh,<br />

Assabagh, Esebagh, Assabag, Essebagh, Esebag<br />

Célébrités : On pense immédiatement à l’historien de la Tunisie,<br />

Paul Sebag. On notera également le <strong>rabbin</strong> de Meknès,<br />

Azaria Sebag, celui de Marrakech, Shelomo, celui de Mogador,<br />

Nessim, celui de Safi, Baroukh, celui de Mogador, Chélomo<br />

ou encore celui de Marseille, Jacob Sebag. Sans oublier<br />

le philanthrope londonien Salomon Sebbag et son fils,<br />

Sir Joseph Sebbag-Montefiori, anobli par la reine Victoria en<br />

1886, Gabriel Sebag qui a été l’un des fondateurs, en 1949<br />

du mouvement Dror à Meknès, Ouri Sebag, syndicaliste israélien,<br />

Jacky Sebag, maire de Naharya, fondateur du parti<br />

israélien « Guesher » et le journaliste israélien Shmouel Seguev<br />

( alias Sebag) du Maariv.<br />

Les lecteurs qui voudraient en savoir plus pourront utilement<br />

consulter la bibliographie sélective proposée dans le numéro<br />

8 de TRIBU <strong>12</strong>. Notre site Internet www.tribu<strong>12</strong>.com vous<br />

permettra de consulter les précédents numéros de notre<br />

magazine sans oublier le travail monumental d’Abraham I.<br />

Laredo : Les noms des Juifs du Maroc. Essai d’onomastique<br />

judéo-marocaine en deux tomes paru chez Hebraica Ediciones,<br />

Madrid, 2008, avec le concours de la Casa Sefarad<br />

Israel. N’hésitez pas à nous demander d’analyser votre nom.<br />

N.B. Depuis le début de cette rubrique, nous avons traité<br />

les noms suivants : ALLALI (6), AOUATE (10), ASSERAF (9),<br />

ASSUIED (13), ASSUS (21), ASSOULINE (11), ATTIA (16),<br />

AYACHE (16), BARANES (10), BARDAVID (20), BAROU-<br />

HIEL (16) , BELAHSSEN (11), BEMBARON (20), BENAÏM<br />

(23), BENHAMOU (19), BERDAH (21), BERDUGO (11),<br />

BESNAÏNOU (9), BLUM (8), BOCCARA (15), BORGEL (18),<br />

BOUKOBZA (8), BRAMI (7), CHEMLA (11), CHETBOUN (11),<br />

CHICHE (23), CHOCRON (22), CHOUFANE (8), COHEN (7),<br />

CUKIERMAN (9), DAHAN (6), DANINO (22), DAOUDI (16) ,<br />

DARMON (19), ELKOUBY (13), ELMALEH (18), FARGEON<br />

(20), FARHI (19), FELLOUS (9), FITOUSSI (7), GHIDALIA (6),<br />

GIUILI (19), GOTAJNER (20), GOTHEIL (16), GOTSCHAUX<br />

(15), GOLDMANN (9), GUEDJ (17), GUETTA (21), HADDAD<br />

(13 et 23), HAGEGE (14), HALIMI (20), HAMZALAG(<strong>12</strong>), JAIS<br />

(16), JOURNO (22), KAHN (9), KARSENTI (17), KTOURZA<br />

(14), LABI (20), LAHMI (13), LASRY (22), LATTES (23), LEL-<br />

LOUCHE (6), MADAR (15), MAAREK (19), MALEM (22), ME-<br />

DINA (18), MESSAS (9), MIMOUN (14), NAMAN (20), NATAF<br />

(<strong>12</strong>), NIZARD (15), O’HAYON (21), OUAKNIN (<strong>12</strong>), PEREZ<br />

(18), RAUSKY (<strong>12</strong>), RIEH (13), ROUMANI (14), SAADA (10),<br />

SABBAN (23), SAGROUN (21), SARFATI (15), SARRABIA (8),<br />

SEBAG (23), SIRAT (9), SITRUK (9), SMADJA (17), SUISSA<br />

(22), TAÏEB (21), TEMIM (<strong>12</strong>), TOLEDANO (18), TOUITOU<br />

(14), UZAN (22), WIZMAN (17), ZAOUI (15), ZENOUDA (18),<br />

ZRIBI (10) et ZRIHEN (10).<br />

11


<strong>12</strong><br />

Société<br />

ÊTRE JUIF AUTREMENT<br />

LA COMMUNAUTÉ JUIVE DE FRANCE, SIX CENT MILLE<br />

ÂMES SI L’ON SE FIE AU CHIFFRE GÉNÉRALEMENT AD-<br />

MIS, EST LOIN D’ÊTRE MONOLITHIQUE. ELLE S’ÉTEND<br />

SUR UN LARGE SPECTRE QUI VA DES NON-CROYANTS<br />

ET AUTRES LAÏCS AUX LOUBAVITCHS EN PASSANT PAR<br />

LES TRADITIONALISTES, LES ORTHODOXES, LES LIBÉ-<br />

RAUX OU ENCORE LES MASSORTIS. CERTAINS S’AFFIR-<br />

MENT SIONISTES, D’AUTRES SE RÉCLAMENT DU BUND<br />

ET NOMBREUX SONT CEUX QUI SONT ÉTRANGERS À<br />

TOUTE ACTIVITÉ COMMUNAUTAIRE OU CULTUELLE.<br />

S’IL EST VRAI QU’AUJOURD’HUI, EN FRANCE, LE COU-<br />

RANT MAJORITAIRE S’INSCRIT DANS LE JUDAÏSME RE-<br />

PRÉSENTÉ PAR LE CONSISTOIRE CENTRAL, FORCE EST<br />

DE CONSTATER L’ÉMERGENCE ET LE RENFORCEMENT<br />

DE TOUTE UNE PALETTE D’OBÉDIENCES QUI VONT DES<br />

LIBÉRAUX AUX LOUBAVITCHS.<br />

UN JUDAÏSME<br />

QUI SE VEUT MODERNE<br />

Au 18ème siècle, avec<br />

l’émancipation des Juifs en<br />

Europe et l’émergence de ce<br />

qu’on a appelé la Haskala,<br />

l’ère des Lumières, des<br />

Juifs se sont pris à croire à<br />

<strong>une</strong> révolution dans les<br />

mœurs qui les extrairait<br />

définitivement<br />

du ghetto tout en<br />

leur permettant<br />

de conserver un lien<br />

avec leurs pratiques ancestrales. Dans cette<br />

volonté farouche de parvenir à ce qu’ils considéraient<br />

comme <strong>une</strong> forme de « normalité », les premiers<br />

théoriciens du libéralisme en milieu juif se sont<br />

parfois fourvoyés. Ainsi, lorsque Theodor Creizenach,<br />

à Francfort-sur-le-Main, prône, en 1842, l’abandon pur<br />

et simple du Talmud et de la Halakha au profit d’un spiritualisme<br />

mosaïque sublimé. Ou encore, lorsque le <strong>rabbin</strong><br />

Samuel Holdheim décrète la caducité absolue de la littérature<br />

<strong>rabbin</strong>ique. Sans oublier Orly Terquem qui voulait<br />

non seulement abolir la circoncision mais aussi transférer<br />

le chabbat du samedi au dimanche. Fort heureusement, de<br />

nos jours, le judaïsme dit « libéral » est bien loin de ces<br />

aberrations et, en réalité, tout compte fait, assez proche<br />

du judaïsme consistorial. Pour les libéraux de notre siècle,<br />

il s’agit de mettre en pratique un principe simple, à savoir<br />

que les mitsvot ne sont pas toutes de la même essence et<br />

qu’il convient de les hiérarchiser. La <strong>profession</strong> de foi du<br />

<strong>rabbin</strong> et penseur libéral Léo Baeck résume cette problématique<br />

: « Le judaïsme n’est jamais devenu <strong>une</strong> entité<br />

achevée. Auc<strong>une</strong> période de son développement ne peut<br />

devenir sa totalité. L’ancienne Révélation devient toujours<br />

<strong>une</strong> nouvelle Révélation. Le judaïsme est <strong>une</strong> expérience de<br />

continuelle renaissance ».<br />

En 1903, à sa naissance, l’<strong>Un</strong>ion Libérale Israélite de France,<br />

l’ULIF de la rue Copernic, avait pour guide spirituel <strong>une</strong><br />

autorité du Consistoire Central, le Grand <strong>rabbin</strong> Louis-Germain<br />

Lévy. Après la Guerre, l’ULIF a été relancée par le <strong>rabbin</strong><br />

André Zaoui, qui vient de disparaître, père du célèbre<br />

avocat Michel Zaoui et par Colette Kessler, responsable<br />

pédagogique. C’est au sein de cette communauté libérale<br />

que s’est illustré, lors du fameux attentat, le <strong>rabbin</strong> Michael<br />

Williams. Pour l’ULIF, le plus grand danger qui guette le judaïsme,<br />

c’est l’assimilation par le biais des mariages mixtes.<br />

C’est pourquoi, selon ses dirigeants, quelques prières en<br />

français en plus ou en moins, des femmes et des hommes<br />

assis côte à côte à la synagogue, le refus d’appliquer strictement<br />

certaines règles relatives au guet ou aux mamzerim<br />

sont des détails par rapport à l’objectif essentiel de survie<br />

du peuple juif.<br />

Autre structure libérale<br />

du paysage juif de France,<br />

le MJLF, Mouvement Juif<br />

Libéral de France. En juin<br />

1977, <strong>une</strong> poignée de familles<br />

de l’ULIF accompagne le <strong>rabbin</strong><br />

Daniel Farhi, Colette Kessler et<br />

Roger Benarrosh pour fonder<br />

le MJLF. Roger Benarrosh en<br />

sera le président fondateur.<br />

<strong>Un</strong>e synagogue verra rapidement<br />

le jour dans le<br />

quartier de Beaugrenelle<br />

dans le XVème<br />

arrondissement de<br />

Paris. Plusieurs<br />

milliers de familles appartiennent aujourd’hui<br />

à cette mouvance et plusieurs centaines<br />

d’enfants suivent les cours de son Talmud Thora. Le<br />

propre fils de Daniel Farhi, Gabriel Farhi, formé au Léo<br />

Baeck College de Londres, sera ordonné <strong>rabbin</strong> à son<br />

tour. C’est au sein du MJLF qu’émergera, en 1990, la figure<br />

de la première femme-<strong>rabbin</strong> de France, Pauline Bebe<br />

qui créera, par la suite la CJL, Communauté Juive Libérale<br />

d’Île-de-France (1). Le MJLF, on le sait, a pris <strong>une</strong> part très<br />

active dans les cérémonies de commémoration du Yom<br />

Hashoah. À ceux qui lui reprochent son éloignement de la<br />

stricte orthodoxie, le MJLF rappelle qu’<strong>une</strong> étude réalisée<br />

il y a quelques années montrait que 80% de ses membres


épondaient aux critères halakhiques du Consistoire.<br />

Autre facette des « libéraux » en France, le courant « Massorti<br />

» ou « Conservative ». C’est après avoir suivi les cours<br />

du mouvement massorti de Jérusalem que le <strong>rabbin</strong> Ryvon<br />

Krigier, titulaire d’un doctorat en sciences des religions<br />

a été envoyé en France en 1991 pour lancer <strong>une</strong> communauté<br />

massorti. C’est ainsi que la communauté Adath<br />

Shalom qui compte plusieurs centaines de familles, a été<br />

créée. Contrairement à <strong>une</strong> croyance fortement ancrée, les<br />

massorti n’acceptent pas les mariages mixtes et ne convertissent<br />

au judaïsme qu’après <strong>une</strong> longue initiation très exigeante<br />

qui peut durer plusieurs années.<br />

Contrairement aux libéraux qui acceptent la patrilinéarité<br />

et qui considèrent que si un enfant est né de père juif et de<br />

mère non-juive il est juif, les massortis y sont opposés.<br />

LA GALAXIE LOUBAVITCH<br />

C’est au XVIIème siècle que le célèbre<br />

Baal Chem Tov (Le maître du<br />

Bon Nom) lança le mouvement<br />

hassidique, un mouvement qui<br />

allait connaître un succès phénoménal<br />

dans toute l’Europe de<br />

l’Est, mettant l’accent sur l’étude<br />

et la réflexion spirituelle sur fond<br />

d’<strong>une</strong> joie profonde d’être juif. La Seconde<br />

Guerre mondiale et la Shoah en<br />

engloutissant six millions de Juifs dans la tourmente va<br />

réduire quasiment à néant ces riches communautés hassidiques.<br />

En 1940, le <strong>rabbin</strong> Yossef Itshak Schneerson s’installe<br />

à New York. S’échappant des pays situés derrière le<br />

Rideau de Fer, des milliers de hassidim s’installent de leur<br />

côté en Europe. La France, notamment, devient <strong>une</strong> plaque<br />

tournante du mouvement hassidique. <strong>Un</strong>e yeshiva est<br />

créée à Brunoy et un institut pour je<strong>une</strong>s filles, Beth Rivka,<br />

à Yerres. À Aubervilliers, <strong>une</strong> école, Shné-Or, est installée.<br />

En 1965, le rabbi de Loubavitch, qui a pris ses fonctions en<br />

1950, demande à l’un de ses proches, le <strong>rabbin</strong> Azimov,<br />

de s’installer à Paris pour prendre la direction du mouvement.<br />

Le rav Azimov trouvera des oreilles particulièrement<br />

attentives notamment auprès de je<strong>une</strong>s Juifs déracinés originaires<br />

d’Afrique du Nord. Ouvert à tous, ne pratiquant ni<br />

l’exclusion ni l’anathème, le mouvement loubavitch, loin de<br />

la pratique sectaire qu’on lui prête, entend ouvrir des accès<br />

diversifiés à la tradition juive. Il compte plusieurs milliers de<br />

fidèles en France et il est membre du CRIF où il dispose de<br />

cinq représentants dont le <strong>rabbin</strong> Haïm Nisenbaum. Dans le<br />

domaine scolaire, le <strong>rabbin</strong> Hillel Pevzner et son fils, Joseph<br />

Pevzner, ont mis sur pied un énorme réseau accueillant des<br />

milliers d’élèves, l’École Sinaï, Heikhal Ménahem ou encore<br />

le Beth Haya Mouchka.<br />

ÊTRE JUIF ET NOIR<br />

Le dernier venu dans le paysage juif français est pour le<br />

moins inattendu. Il s’agit de la congrégation « Bnei Tsiporah<br />

» de Juifs noirs.<br />

Animé par un je<strong>une</strong> Congolais converti en Israël, Guershon<br />

Nduwa, cet ensemble revendique 250 familles juives et<br />

noires à Paris et en région parisienne. Certaines sont d’origine<br />

éthiopienne, d’autres viennent des Antilles ou encore<br />

d’Afrique Noire. <strong>Un</strong>e synagogue est en projet dans un local<br />

de 150m2 à Levallois-Perret mis à disposition par un généreux<br />

donateur.<br />

« Bien entendu, dit Guershon Nduwa, cette synagogue sera<br />

ouverte à tous les Juifs »<br />

Qui a dit que le judaïsme de France<br />

n’est pas divers et dynamique ?<br />

Jean-Pierre Allali<br />

(1) Le judaïsme français compte, depuis, deux autres<br />

femmes-<strong>rabbin</strong>s : Célia Surget, ordonnée en 2007 et<br />

Delphine Horvilleur, qui a reçu son ordination de l’Hebrew<br />

<strong>Un</strong>ion College de New York en 2008. Il y a environ 800<br />

femmes-<strong>rabbin</strong>s dans le monde.<br />

13


14<br />

Social<br />

OHR HANNA :<br />

UNE MISSION ESSENTIELLE<br />

«DONNER À CEUX QUI ONT FAIM,<br />

C’EST RECEVOIR DU CRÉATEUR» TALMUD.<br />

CETTE DOCTRINE,<br />

OHR HANNA EN A FAIT SON EMBLÈME.<br />

<strong>Tribu</strong> <strong>12</strong> : Vous êtes bénévole depuis huit ans de Ohr<br />

Hanna. Expliquez-nous ce qu’est cet organisme.<br />

Carole Jaïs : Ohr Hanna est fondée en 1984 par le <strong>rabbin</strong><br />

Jacques Amar, assisté de sa femme Sarah. Ils se sont<br />

donnés pour mission d’aider son prochain à Paris et dans<br />

la petite couronne en partie grâce à la participation des<br />

bénévoles. Les actions de Ohr Hanna sont particulièrement<br />

orientées vers les personnes seules et en grande difficulté.<br />

T<strong>12</strong> : Quelles sont les spécificités de Ohr Hanna ?<br />

C.J : Il y en a plusieurs : visiter régulièrement les malades<br />

dans les 22 hôpitaux parisiens<br />

ou à domicile quand les<br />

personnes sont seules, aider<br />

aux derniers devoirs pour les<br />

personnes qui n’ont pas de<br />

famille et aider les orphelins.<br />

Il y a aussi des actions vers<br />

les personnes démunies et<br />

isolées à qui <strong>une</strong> partie des<br />

480 bénévoles après avoir<br />

cherché les repas de chabbat<br />

dans <strong>une</strong> cantine du XIXème<br />

arrondissement de Paris vont<br />

livrer environ 10 repas par<br />

semaine à ces personnes arrivées<br />

au seuil de la pauvreté<br />

et qui parfois se retrouvent<br />

au bord de l’exclusion.<br />

J’allai oublier de vous parler<br />

des paniers de Pessah. Grâce<br />

à des accords avec des épiceries<br />

communautaires, 50 bénévoles<br />

sont mobilisés pour aider<br />

pendant les fêtes à préparer<br />

les colis alimentaires ou simplement<br />

offrir des bons afin<br />

que les personnes puissent<br />

eux-mêmes faire leur choix.<br />

T<strong>12</strong> : Vous me parlez d’actions vers les personnes âgées.<br />

Et pour les enfants que faites-vous ?<br />

C.J. : Les enfants ne sont pas oubliés surtout ceux qui ont<br />

des problèmes sociaux notamment quand la démission<br />

des parents les fragilisent et les déséquilibrent. <strong>Un</strong> grand<br />

nombre d’entre eux sont issus de familles éclatées avec<br />

parfois un papa qui ne travaille pas ou <strong>une</strong> maman qui les<br />

élève seule. Les bénévoles se retrouvent devant des situations<br />

douloureuses et parfois dramatiques. Grâce à Ohr<br />

Hanna, les je<strong>une</strong>s retrouvent un équilibre et <strong>une</strong> joie qui<br />

leur permet de poursuivre leurs études de façon sereine.<br />

T<strong>12</strong> : D’où proviennent les finances de l’association ?<br />

C.J. : La grande majorité des dons émane des particuliers.<br />

Mais <strong>une</strong> partie provient des entreprises qui donnent<br />

des vêtements, des valises, des parfums et pleins d’autres<br />

choses neuves qui permettent d’organiser la vente annuelle<br />

qui jusqu’à présent se déroulait sur un jour dans <strong>une</strong> salle<br />

que la Mairie du XXème offrait à l’association. Cette année<br />

la Grande vente annuelle a duré <strong>une</strong> semaine dans les entrepôts<br />

de Ohr Hanna.<br />

Il est vrai que le comité d’honneur présidé par Élie Wiesel<br />

et composé entre autres personnalités du Pr François Jacob,<br />

prix Nobel de médecine et professeur au Collège de<br />

France, le Pr Marc Zerbib de<br />

l’hôpital Cochin, tranquillise<br />

les donateurs sur le sérieux<br />

et la confiance qu’on peut<br />

avoir en Ohr Hanna.<br />

T<strong>12</strong> : Ohr Hanna a également<br />

<strong>une</strong> antenne en Israël<br />

C.J. : Ohr Hanna s’est alliée<br />

à la Fondation Ezrat Ménahem<br />

en Israël pour venir<br />

en aide aux nécessiteux,<br />

aux personnes âgées ou<br />

malades, mais également<br />

aux veuves et aux je<strong>une</strong>s<br />

enfants qui sont les premiers<br />

touchés par la guerre<br />

permanente et son cortège<br />

d’épreuves. Des partenariats<br />

sont créés avec 200<br />

Restaurants du Cœur répartis<br />

sur tout le territoire.<br />

T<strong>12</strong> : Pour conclure<br />

C.J. : J’aimerai bien qu’Ohr<br />

Hanna puisse en faire plus.<br />

Et pour cela il faut encore<br />

plus de bénévoles et encore<br />

plus d’argent. J’espère que cet article encouragera<br />

quelques uns à franchir le pas.<br />

Ohr Hanna<br />

14 Villa du Bel-Air 750<strong>12</strong> Paris<br />

Tél. : 01 43 43 40 70


Histoire<br />

SAN NICANDRO :<br />

UN MIRACLE À L’ITALIENNE<br />

SAN NICANDRO EST UN PETIT VILLAGE PRINCIPALEMENT COMPOSÉ D’OUVRIERS AGRICOLES. C’EST UNE LOCALITÉ<br />

SITUÉE DANS LA PARTIE NORD-EST DU PROMONTOIRE DU GARGANO, À 224 MÈTRES D’ALTITUDE ET À 13 KILOMÈTRES<br />

DE LA MER ADRIATIQUE. À L’ORIGINE DE CETTE AVENTURE OÙ DES CATHOLIQUES ITALIENS DEVIENDRONT LES JUIFS<br />

DE SAN NICANDRO, IL Y A UN HOMME, DONATO MANDUZIO QU’ON APPELLERA LE PAYSAN-PROPHÈTE. IL EST LE<br />

BOUTE EN TRAIN DE SON VILLAGE, UN PEU MAGICIEN, UN PEU GUÉRISSEUR, UN PEU CONTEUR ET ANIMATEUR.<br />

Pendant la Première Guerre mondiale, Donato Manduzio<br />

se bat comme soldat. Blessé et mutilé en 1917, il retourne<br />

vivre dans son village.<br />

Manduzio est illettré. Il apprend à lire et à écrire pendant<br />

son séjour à l’hopital. Il tombe par hasard sur un exemplaire<br />

de l’Ancien Testament. Immédiatement c’est la révélation.<br />

Il découvre les enseignements de la Torah. Si Donato Manduzio<br />

était resté seul, son histoire serait probablement<br />

oubliée aujourd’hui. Mais des habitants de son village<br />

viennent l’écouter et il les communique à son voisinage.<br />

Ses prèches, souvent consécutifs à de fréquentes, visions<br />

attirent certains de ceux qui le fréquentent, même si tous<br />

ne s’y rallient pas inconditionnellement ; il est difficile pour<br />

certains de le suivre surtout quand il leur enjoint de brûler<br />

leurs images pieuses ou de briser leurs statues. Il fera des<br />

disciples dans vingt-trois familles. Il faut se souvenir que<br />

l’Italie est très catholique, surtout à cette période. Pourtant<br />

l’Ancien Testament fascine de plus en plus Donato.<br />

Son Dieu est le Dieu d’Israël. Ce qui est exceptionnel, c’est<br />

qu’ils sont convaincus d’être les seuls adeptes au monde<br />

de cette croyance et que le peuple israélite a disparu depuis<br />

des millénaires de la surface de la terre. Cette conversion<br />

se fait donc sans aucun contact avec des Juifs. Or, un<br />

voyageur de passage dans la région révèle à ces quelques<br />

nouveaux Israélites des Pouilles qu’il n’en est rien et qu’il<br />

y a bel et bien des Juifs, et même dans l’Italie de 1930.<br />

Après avoir fait des recherches, Donato Manduzio obtient<br />

l’adresse du Grand <strong>rabbin</strong> de Rome, qui s’appelait alors<br />

Angelo Sacerdoti (ironie de l’histoire : l’un des successeurs<br />

de Sacerdoti, le <strong>rabbin</strong> Israël Zolli (né Zoller), après avoir<br />

eu <strong>une</strong> vision mystique de J-C lors de l’office de Yom Kippour,<br />

se convertira au catholicisme en 1944, <strong>une</strong> démarche<br />

qui causera un véritable scandale dans le monde juif). En<br />

1931, Donato Manduzio et ses fidèles adressent <strong>une</strong> lettre<br />

au grand <strong>rabbin</strong> de Rome qui croit à <strong>une</strong> plaisanterie ou à<br />

<strong>une</strong> farce, tant le message qu’il reçoit semble incroyable.<br />

Des semaines passent donc sans nouvelles. Manduzio et<br />

ses amis envoient un nouveau courrier au Grand <strong>rabbin</strong>,<br />

et toujours le même silence. Enfin, au troisième message,<br />

le Grand <strong>rabbin</strong> Sacerdoti réagit. Et la correspondance qui<br />

s’engage finit par convaincre le <strong>rabbin</strong> de la sincérité de<br />

la démarche de ses correspondants de San Nicandro, En<br />

1936, le nouveau Grand Rabbin d’Italie, David Prato, envoie<br />

Rafaele Cantoni à San Nicandro pour monter un séminaire<br />

et ouvrir <strong>une</strong> synagogue. Mais le messager, conscient<br />

du danger du fascisme qui commence à se développer en<br />

Italie, essaie de dissuader les amis de Manduzio de se déclarer<br />

comme Juifs à la police. Le groupe de San Nicandro<br />

a donc toutes les raisons d’éprouver quelques découragements<br />

mais rien n’y fait. Lorsque le 10 septembre 1943, les<br />

Alliés prennent Tarente, des brigades des Juifs palestiniens<br />

intégrées à la 8ème Armée et se répandent dans la région.<br />

Les san-nicandrais voient défiler des jeeps arborant le « Maguen<br />

David ». On imagine sans peine la surprise des « Sabbatini<br />

», c’est ainsi qu’on appelait le groupe de néo-juifs de<br />

San Nicandro, lorsqu’ils voient l’étoile à six branches ! Ils<br />

confectionnent alors un drapeau bleu et blanc frappé du<br />

même bouclier qu’ils agitent au passage de chaque jeep.<br />

L’<strong>une</strong> d’elles que dirige le major Finn Lapide Spitzer finit par<br />

s’arrêter, et ses passagers ne sont pas peu étonnés de rencontrer<br />

des paysans italiens qui se proclament eux-mêmes<br />

juifs! Les Juifs de San Nicandro découvrent qu’un État<br />

juif est en gestation. L’idée d’émigrer en Palestine germe<br />

dans leur esprit. Les autorités religieuses juives d’Italie finissent<br />

enfin par accéder à la requête des convertis de San<br />

Nicandro. Le 29 juillet 1946,le <strong>rabbin</strong> Ravenna est envoyé<br />

de Rome pour préparer <strong>une</strong> circoncision collective qu’effectuera<br />

le Docteur Ascarelli permet à plusieurs d’entre eux<br />

d’être reçus officiellement dans le judaïsme. Le 15 mars<br />

1948, Donato Manduzio décède à San Nicandro. Cette<br />

même année, trois je<strong>une</strong>s de San Nicandro partent vers la<br />

Terre promise et s’enrôlent dans les forces israéliennes pour<br />

la Guerre d’Indépendance. Enfin, en 1949-1950, la plupart<br />

des convertis les suivent et vont s’installer en Israël. Leurs<br />

descendants y vivent toujours. Il reste actuellement <strong>une</strong><br />

douzaine de membres de la communauté de San Nicandro,<br />

essentiellement des femmes, ce qui laisse à penser à <strong>une</strong><br />

extinction prochaine. Mais qui sait ? Le miracle du Gargano<br />

se produira peut-être <strong>une</strong> seconde fois.<br />

Patrick Chemla<br />

Source : Jean-Pierre Allali : Les arabesques de la destinée.<br />

Histoires étonnantes du peuple d’Israël.<br />

Editions Gil Wern. 1996. Pinchas E. Lapide.<br />

Les compagnons de San Nicandro ou Retour aux sources.<br />

Editions Albin Michel. Elena Cassin. San Nicandro.<br />

Histoire d’<strong>une</strong> conversion. Éditions Quai Voltaire<br />

www.religioscope.com © 2002<br />

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16<br />

Portrait<br />

OPÉRATION ENTEBBE ; UN OTAGE TÉMOIGNE<br />

« J’AI COUTUME DE DIRE QUE JE SUIS NÉ UNE DEUXIÈME FOIS IL Y A 35 ANS ».<br />

SYLVER AYACHE A AUJOURD’HUI 55 ANS, IL EN AVAIT 21 LORS DE CE DÉTOURNEMENT DEVENU LÉGENDAIRE ET<br />

SYMBOLIQUE D’UNE ARMÉE AU SOMMET DE SON EFFICACITÉ. IL FAISAIT PARTIE DES 244 PASSAGERS ET <strong>12</strong> MEMBRES<br />

D’ÉQUIPAGE DU VOL AF 139 QUI AURAIENT PU Y TROUVER LA MORT SANS L’INTERVENTION SALVATRICE DE L’ARMÉE<br />

ISRAÉLIENNE. CET ÉPISODE DE SON HISTOIRE, ET DE L’HISTOIRE D’UN PETIT PAYS, EST TOUJOURS TRÈS PRÉSENT EN<br />

LUI, COMME SCELLÉ À SA MÉMOIRE. IL LUI SEMBLE BIEN AVOIR VÉCU LÀ UN EXTRAORDINAIRE MOMENT DE VIE QUI<br />

LE LIE ENCORE UN PEU PLUS À ISRAËL LUI QUI AFFICHE À PARIS, DE FAÇON PERMANENTE À PRÉSENT, UNE KIPPA DIS-<br />

TINCTIVE : « OUI CE FUT UN DES MOMENTS LES PLUS MARQUANTS DE MON EXISTENCE ; CETTE TRÈS BELLE OPÉRA-<br />

TION DE TSAHAL CONSTITUE POUR MOI UN VÉRITABLE MOMENT DE BRAVOURE ».<br />

L’Airbus A300 d’Air France qui décolle de Tel Aviv à 9h<br />

du matin le 27 juin 1976, fait escale à Athènes embarquant<br />

alors, sans le savoir, quatre terroristes qui vont passablement<br />

bouleverser son plan de vol. L’appareil est en effet<br />

détourné peu après le décollage à <strong>12</strong>h30 sans que l’on<br />

connaisse le nombre de terroristes qui se trouvent à bord.<br />

« C’est là que là j’ai eu très peur car deux d’entre eux, (des<br />

Jordaniens) ont crié en arabe se souvient Sylver ; c’est très<br />

impressionnant lorsque l’on est dans un avion, un espace<br />

clos dans les airs d’où on ne peut s’échapper… ». L’appareil<br />

se posera à Bengazi en Libye à 15h pour faire le plein de kérosène<br />

; là les autorités libyennes complices des terroristes<br />

les ont fort bien accueillis. L’opération avait été minutieusement<br />

préparée avec l’appui de plusieurs pays. <strong>Un</strong>e femme<br />

israélienne a alors prétendu être enceinte pour être libérée<br />

en demandant à un médecin otage d’appuyer<br />

sa version ; ce qui fut fait. Mais on a<br />

appris par la suite qu’elle était impliquée<br />

dans des unités de défense israélienne…<br />

« Nous sommes restés au sol jusqu’à 20h<br />

dans <strong>une</strong> chaleur torride poursuit Sylver<br />

; les questionnements se mêlant à l’anxiété.<br />

Là les terroristes nous ont annoncé<br />

qu’ils faisaient partie du FPLP, (Front Populaire<br />

de Libération de la Palestine) ; nous<br />

savions que nous étions à Bengazi mais<br />

ne savions pas où nous allions aller par la<br />

suite. Nous avons donc quitté la Libye pour <strong>une</strong> destination<br />

inconnue et sommes arrivés lundi à 3h du matin sans<br />

le savoir à Entebbe en Ouganda. Nous étions dans l’ensemble<br />

plutôt calmes et fatigués. On nous a fait remplir un<br />

formulaire d’identité imprimé par le FPLP et on nous a servi<br />

un repas léger. Puis nous avons débarqué après plusieurs<br />

heures d’attente pour nous installer dans un ancien hangar<br />

désaffecté. Il était 11h, nous y étions réellement attendus.<br />

Le Président Idi Amin Dada nous a d’ailleurs rendu visite ;<br />

un repas très typique nous est servi ; la complicité des autorités<br />

ougandaises était flagrante; (il y avait d’ailleurs dans le<br />

pays <strong>une</strong> base d’entraînement pour les Palestiniens). Nous<br />

avons été sommés de donner nos passeports et tous les<br />

papiers que nous avions sur nous. Il faut savoir que 90%<br />

des passagers étaient de confession israélite et 60% des<br />

Israéliens. Sur 256 personnes, 101 sont libérées entre mercredi<br />

et jeudi. L’ensemble des Israéliens ont été gardés et<br />

quelques éléments de plusieurs nationalités, dont moi qui<br />

suis français, pour faire pression sur les différents gouvernements.<br />

Cette séparation, ce tri entre Israéliens et non<br />

Israéliens a été un moment très douloureux. Car il y avait<br />

parmi nous un rescapé des camps ; et celui-ci n’a pas pu<br />

s’empêcher d’interpeller Wilfried Böse, le pirate commandant<br />

l’opération, pour lui dire combien il était surpris de<br />

son attitude et que cela le ramenait plusieurs années en arrière…L’homme<br />

l’a regardé dans les yeux et lui a dit : vous<br />

vous trompez je ne suis pas du tout nazi mais j’appartiens<br />

à la bande à Baader et j’ai décidé de lutter pour la cause<br />

palestinienne en raison des exactions qui ont été faites<br />

dans les camps de réfugiés… » ; « en tous cas, a répondu<br />

l’otage, moi qui avais demandé à mes enfants et petits-enfants<br />

de tourner la page, à présent je m’en repends ». C’est<br />

alors que Böse l’a très gentiment pris par les épaules et ils<br />

sont allés s’asseoir l’un près de l’autre pour<br />

converser un moment ensemble. Le terroriste<br />

allemand semblait perturbé. Oui j’ai<br />

vu cette très belle scène. D’ailleurs lorsque<br />

les Israéliens sont arrivés sur le tarmac de<br />

l’aéroport W.Böse a vite compris ; il se<br />

trouvait à l’extérieur où il buvait un apéritif<br />

avec d’autres terroristes ; il a alors regardé<br />

ce rescapé des camps ; j’ai en effet vu leurs<br />

regards se croiser et l’homme a alors jeté<br />

sa grenade à l’extérieur au lieu de la lancer<br />

à l’intérieur. Ce fut là quelque chose d’extraordinaire.<br />

Il a été abattu immédiatement<br />

après par les Israéliens.<br />

Parmi les 4 terroristes hormis Wilfried Böse, il y avait Gabriela,<br />

<strong>une</strong> allemande très dure et décidée à tuer s’il le fallait,<br />

(d’autant que son fiancé avait sauté à l’aéroport de Lod<br />

un mois avant.. ) ; les deux autres étaient des Jordaniens<br />

de 19 et 25 ans rejoints à Entebbe par de hauts responsables<br />

du FPLP, qui se trouvaient sur place...Ils demandaient<br />

la libération de 53 terroristes de différents pays, la France,<br />

l’Allemagne, l’Italie et Israël bien entendu ; 40 Palestiniens<br />

détenus en Israël et 13 autres détenus au Kenya, en France<br />

en Suisse et en Allemagne.<br />

Les otages restèrent en détention avec l’équipage qui avait<br />

décidé de ne pas les abandonner alors qu’on leur proposait<br />

la libération, du dimanche soir au samedi soir suivant<br />

à 23h, heure à laquelle les Israéliens ont commencé l’Opération.<br />

Durant cette détention il leur était interdit de se


egrouper, de parler longuement ensemble, d’écrire mais<br />

aussi de prier ; car il leur semblait que les Juifs représentaient<br />

<strong>une</strong> force spirituelle et que celle-ci pouvait changer<br />

le cours des évènements… Des matelas, encore entourés<br />

de papier kraft pour mieux localiser les otages lors des déplacements,<br />

avaient été mis à leur disposition. « Dans ces<br />

conditions l’attente fut très longue, mais je n’avais pourtant<br />

pas peur, l’insouciance de la je<strong>une</strong>sse peut-être, poursuit<br />

Sylver. <strong>Un</strong> otage israélien<br />

m’avait dit, qu’il ne pensait<br />

pas qu’Israël laisserait massacrer<br />

200 personnes ainsi ; qu’il<br />

allait très certainement se passer<br />

quelque chose et qu’ils ne<br />

céderaient pas au chantage ; il<br />

était très confiant. Au moment<br />

de l’intervention je ne savais<br />

pas encore que c’était les Israéliens<br />

qui opéraient ; j’ai<br />

d’abord entendu des tirs lointains<br />

qui se sont rapprochés à<br />

grande allure puis un déversement<br />

de balles, de feu, dans<br />

tous les sens. Les lumières ont<br />

été visées en premier par les<br />

tirs puis tous les avions militaires qui se trouvaient au sol<br />

ont été détruits. Les Israéliens se sont ensuite attaqués à<br />

la tour de contrôle d’où s’échappaient des tirs nourris de<br />

soldats ougandais. C’est de là que le soldat Yonathan Netanyahou,<br />

le frère du Premier ministre actuel, a été touché<br />

mortellement au moment où il rentrait dans le hangar et<br />

puis tout s’est passé très vite. J’ai vu des gens courir, tomber,<br />

hurler, se piétiner les uns les autres ; c’était la confusion<br />

totale parmi les otages. Personnellement j’ai couru et me<br />

suis plaqué contre le mur du fond. Et 10 minutes environ<br />

se sont écoulées avant que nous n’entendions parler hébreu.<br />

Deux otages ont été blessés et sont décédés par la<br />

suite malheureusement. Lorsque les Israéliens sont rentrés<br />

dans le hangar, certains d’entre nous ont alors demandé<br />

des armes aux soldats ; ils manifestaient le désir de continuer<br />

à tirer sur les terroristes qui étaient déjà à terre… <strong>Un</strong><br />

réflexe de vengeance ?... On nous a alors évacués. Certains<br />

sont allés rejoindre les avions Hercule à pied ; (trois avions<br />

de l’armée israélienne avaient été affrétés et <strong>une</strong> centaine<br />

de soldats mobilisés dont quelques hommes du Mossad) ;<br />

d’autres ont été amenés en jeep. Israël a pris ses blessés et<br />

ses morts qui ont été veillés dans l’avion. Ceux-ci ont été<br />

débarqués plus tard à Nairobi au Kenya où ils ont été pris<br />

en charge par un avion sanitaire ».<br />

L’opération a duré 29 minutes. Les quatre terroristes et<br />

d’autres responsables palestiniens sont morts ainsi qu’<strong>une</strong><br />

quinzaine de soldats ougandais. Sur environ 140 otages<br />

juifs, trois moururent. Il y eut par la suite <strong>une</strong> quatrième<br />

victime, la mère d’un otage laissée sur place car conduite<br />

deux jours avant l’opération israélienne à l’hôpital de Kampala,<br />

à la suite d’un malaise et contre l’avis de son fils, (ex<br />

traducteur d’Amin Dada) qui pressentait à juste titre le pire.<br />

Dora Bloch, (73 ans) qui était un sujet britannique a, de fait,<br />

été assassinée par la suite par deux officiers de l’armée ougandaise.<br />

« Nous étions hagards, hébétés, très abattus en remontant<br />

dans l’avion ; nous sommes arrivés à Tel-Aviv dans un<br />

aéroport militaire où nous attendait <strong>une</strong> très belle réception<br />

présidée par Y. Rabin et S. Pérès. Puis nous avons rejoint<br />

l’aéroport de Lod ; c’est là que nous avons enfin pu<br />

exprimer notre joie ».<br />

« Je suis en admiration devant l’attitude d’Israël face à ses<br />

ressortissants ou à tout autre Juif ajoute Sylver ; pour eux<br />

chaque vie est précieuse et suis aussi très impressionné par<br />

le potentiel de l’armée israélienne capable de se lancer<br />

dans <strong>une</strong> opération difficile et audacieuse effectuée à plus<br />

de 8000 kms de son territoire ! Nous avons du survoler plusieurs<br />

pays arabes à basse altitude… Pour remercier Israël<br />

de m’avoir sauvé, l’aîné de mes fils s’est engagé dans l’unité<br />

militaire Golani. J’ai prénommé le second Ruben Yonathan<br />

(17 ans) en mémoire de celui qui a perdu la vie pour nous<br />

défendre. Aujourd’hui je pense que chaque Juif doit être<br />

conscient que grâce à l’État d’Israël il peut se sentir partout<br />

en sécurité. Car dans cette histoire la France était mieux<br />

placée qu’Israël ; l’avion avec son équipage et la moitié des<br />

ressortissants étaient français. Or ce sont les Israéliens qui<br />

ont pris les choses en main. Pour être crédibles et montrer<br />

qu’ils étaient prêts à négocier ceux-ci ont volontairement<br />

déplacé les terroristes demandés d’un endroit à un autre,<br />

durant les pourparlers ; il fallait montrer qu’ils allaient les<br />

libérer. Les Israéliens ont donc annoncé mercredi soir qu’ils<br />

acceptaient la discussion et ont réussi à retarder de quatre<br />

jours l’ultimatum. Les terroristes étaient très contents et<br />

croyaient la partie gagnée ».<br />

« Cette expérience singulière et éprouvante me poursuit<br />

constamment poursuit Sylver ; et j’ai coutume de dire que<br />

je suis né <strong>une</strong> deuxième fois il y a 35 ans. Car nous aurions<br />

pu être éliminés un à un pour faire pression sur les gouvernements.<br />

Les terroristes très antisionistes étaient déterminés.<br />

Ce qui m’a frappé c’est le courage extraordinaire<br />

du commando israélien ; des hommes très je<strong>une</strong>s envers<br />

lesquels je ne serai jamais assez reconnaissant. L’un d’eux,<br />

Sourine Hercshko, qui devait finir son armée ce dimanche<br />

même jour de notre libération, a été grièvement blessé et<br />

se trouve depuis sur un fauteuil roulant. Volontaire comme<br />

les autres il m’a dit plus tard être néanmoins très heureux et<br />

ne pas regretter d’avoir participé à cette opération. N’estce<br />

pas exceptionnel ? »<br />

Message de Chaim Herzog au Conseil de Sécurité des Nations<br />

<strong>Un</strong>ies : « Nous sommes fiers de ce que nous avons fait,<br />

parce que cela démontre au monde entier que pour un petit<br />

pays, Israël en la circonstance, avec lequel les membres<br />

du Conseil de Sécurité sont maintenant très familiers, la dignité,<br />

la vie humaine et la liberté constituent des valeurs<br />

les plus élevées. Nous sommes fiers non seulement parce<br />

que nous avons sauvé la vie de plus d’<strong>une</strong> centaine de personnes<br />

innocentes, mais aussi parce que la signification de<br />

notre acte signifie la liberté humaine ».<br />

Témoignage recueilli par Claudine Barouhiel<br />

17


18<br />

Dossier<br />

BRÈVE LEÇON D’ŒNOLOGIE<br />

LA MAJORITÉ DES GENS PENSE QUE L’ART DE DÉGUS-<br />

TER LE VIN N’EST RÉSERVÉ QU’À UNE ÉLITE DE PROFES-<br />

SIONNELS FORMÉS À CET EFFET ALORS QU’APPRÉCIER<br />

LES ODEURS DU BON CAFÉ OU AIMER DÉBUSQUER LES<br />

ARÔMES ET LES SAVEURS D’UN METS DÉLICAT C’EST<br />

DÉJÀ ÊTRE SUR LA VOIE DE CETTE DISSECTION.<br />

Pour déguster le vin il faut simplement et comme tout être<br />

normalement constitué, avoir un nez, des yeux, des papilles,<br />

<strong>une</strong> langue et un cerveau. Le talent en plus mènera<br />

alors vers des sommets plus ou moins hauts. Néanmoins<br />

cet exercice oblige à se dépasser et à se cultiver et c’est<br />

en cela à mon sens que l’initiation à la dégustation est si<br />

passionnante.<br />

La dégustation, c’est l’art de découvrir et d’évaluer avec<br />

curiosité et amusement tous les éléments qui construisent<br />

un vin : sa couleur, sa densité, sa matière, sa structure,<br />

son équilibre, ses essences, son parfum, ses arômes,<br />

son attaque, sa souplesse, ses nuances, son agressivité<br />

ou son onctuosité et pour les plus initiés, les cépages,<br />

son âge et l’origine de son terroir.<br />

Évidement nous devons admettre que le vin est la plus<br />

complexe des boissons et que sa dégustation passe par un<br />

rituel étonnant qui fait souvent rire l’entourage. Pour « analyser<br />

» un vin, comme pour tout effort produit, il faudra réserver<br />

du temps, user de beaucoup de concentration mais<br />

aussi d’un peu de technique et d’émotion. Alexandre DU-<br />

MAS, grand écrivain mais épicurien en son temps, a aussi<br />

écrit : le vin est la partie intellectuelle du repas.<br />

La dégustation sollicite nos cinq sens et passe par trois<br />

étapes distinctes :<br />

L’examen visuel - l’examen olfactif - l’examen gustatif.<br />

Pour se faire il faudra impérativement un verre adapté.<br />

L’idéal sera un verre à pied afin de ne pas chauffer celui-ci<br />

avec sa paume lorsqu’on le saisit, un verre bombé sur sa<br />

partie inférieure afin que le vin s’étale et respire, et resserré<br />

à son ouverture pour garder prisonniers les arômes dans<br />

le verre. On les appelle généralement des verres tulipes,<br />

comme illustré sur la photo 1.<br />

1 - L’EXAMEN VISUEL :<br />

Il se fait lui aussi en trois observations et peut montrer des<br />

centaines de nuances différentes.<br />

a) Il faudra en premier lieu constater que sa surface que l’on<br />

appelle le disque, est d’un beau brillant et à l’effet miroir.<br />

Ceci augurera d’un vin sain et bien travaillé.<br />

b) la seconde étape doit à la lumière révéler un breuvage<br />

limpide et scintillant et surtout sans matière en suspension<br />

ce qui mesure la turbidité du vin. Cette observation indiquera<br />

que le vin a bien été vinifié et bien filtré. En revanche<br />

un vin dit voilé ou trouble sera un vin malade, impropre ou<br />

qui a tourné.<br />

c) pour conclure : définir sa couleur tout en observant ses<br />

reflets, on parlera alors de la robe du vin. Si celle-ci est<br />

plutôt transparente elle présagera d’un vin léger, très foncé<br />

elle augurera alors d’un vin extrait à la matière dense et<br />

certainement complexe.<br />

2 - L’EXAMEN OLFACTIF :<br />

C’est l’odorat qui est mis là en plein éveil. C’est <strong>une</strong> phase<br />

difficile qui appelle à la mémoire des odeurs et qui impose<br />

de les définir avec des milliers de mots et de nuances. On<br />

parle alors du nez du vin. Le nez pourra donc être boisé et<br />

vanillé, floral et fruité, animal, minéral ou végétal tous ces<br />

éléments constituant son bouquet. Cette étape imposera,<br />

bien avant, d’humer le vin en plongeant son nez dans le<br />

verre, de le faire tourner plusieurs fois dans le verre pour<br />

l’oxygéner. il développera ainsi avec intensité les arômes<br />

piégés dans la matière.<br />

VOICI DONC LA TERMINOLOGIE USUELLE POUR<br />

ILLUSTRER ET NE CITER QUE D’INFIMES EXEMPLES :<br />

<strong>Un</strong> nez floral et fruité révélera des arômes de rose, de violette,<br />

de cassis, de framboise, de confiture d’orange, de<br />

pr<strong>une</strong> ou de cerise.<br />

Epicé, il sentira la cannelle, le laurier, le poivre ou le girofle.<br />

Végétal, il dégagera des odeurs de fougère, de sous-bois,<br />

de champignon, de thé, de mousse, de foin.<br />

Minéral, il aura des odeurs de goudron, de pierre à fusil, de<br />

silex, de craie ou de mine de crayon.<br />

Animal, il sentira notamment le cuir. En général des vins<br />

puissants et corsés.


3 - L’EXAMEN GUSTATIF :<br />

C’est l’étape ultime qui conclut et surtout vérifie les deux<br />

examens précédents on parlera alors de la bouche du vin.<br />

Elle se décline aussi en trois étapes successives :<br />

A) L’ATTAQUE : AGRESSIVE OU SOYEUSE<br />

B) LE MILIEU DE BOUCHE : AMPLE OU PLUTÔT NEUTRE<br />

C) LA FIN DE BOUCHE : PERSISTANTE OU TRÈS COURTE<br />

Pour se faire Il faudra, du verre toujours rempli à un tiers<br />

de sa contenance, prendre <strong>une</strong> petite gorgée de vin et la<br />

garder <strong>une</strong> dizaine de secondes tout en le mâchant dans<br />

la bouche afin que le palais et surtout la langue révèle les<br />

sensations comme l’acidité, le sucré, le niveau tannique,<br />

l’onctuosité, la persistance en bouche ou l’amertume pour<br />

les vins mal faits. On jugera alors de l’équilibre du vin, entre<br />

la densité de sa matière et son niveau d’alcool, entre l’acidité<br />

et l’onctuosité ou le sucré. Tous ces éléments devront<br />

d’abord être présents et parfaitement dosés ou alors on<br />

pourra dire que le vin est ennuyeux, neutre et insipide. Ces<br />

atouts devront aussi être bien intégrés l’un à l’autre pour<br />

créer l’harmonie ; on dira alors que c’est un vin bien structuré<br />

et équilibré. L’acidité est nécessaire pour apporter de<br />

la fraîcheur et de la nervosité au vin alors que le sucre apportera<br />

de l’onctuosité et de la rondeur.<br />

David Suissa<br />

19


20<br />

Billet d’humeur<br />

<strong>Être</strong> <strong>rabbin</strong> :<br />

<strong>une</strong> <strong>profession</strong> ? <strong>Un</strong> <strong>sacerdoce</strong> ?<br />

J’ai souvent entendu, dans le pays où je suis né, que dans<br />

chaque famille il y avait eu un <strong>rabbin</strong>, (un petit coucou à<br />

ma maman) voir un Grand <strong>rabbin</strong> (cf Coco, le film de Gad<br />

Elmaleh où le <strong>rabbin</strong> est grand … par la taille).<br />

Le <strong>rabbin</strong> de ces temps là n’a pas rapport avec celui d’aujourd’hui.<br />

À quoi correspond cette fonction, ce titre ?<br />

Le terme « <strong>rabbin</strong> » n’apparaît qu’en de rares occasions<br />

dans la Torah et ne désigne pas <strong>une</strong> fonction mais un titre<br />

de respect ; nos Sages recommandent de l’employer pour<br />

toute personne qui a enseigné ne fût-ce qu’<strong>une</strong> seule lettre.<br />

Dans les communautés séfarades, ainsi que dans les communautés<br />

établies en terre musulmane avant l’arrivée des<br />

séfarades, les érudits ne pouvaient prendre le titre de Rav,<br />

Rabb étant l’un des 99 noms usuels d’Allah. Hakham<br />

(« Sage ») devient l’un des titres les plus fréquemment choisis<br />

pour s’y substituer en Égypte, en Syrie et en Eretz Israël,<br />

mais d’autres qualificatifs se retrouvent, comme morè<br />

tzedeq (professeur de justice), dayan (juge), haver beth din<br />

(membre du tribunal). Les <strong>rabbin</strong>s officiels jouaient un rôle<br />

central dans le maintien des conditions morales de leurs<br />

communautés. Ils s’occupaient du rachat des captifs. Des<br />

titres utilisés en place de « Grand <strong>rabbin</strong> » existaient également<br />

: le Grand <strong>rabbin</strong> d’Israël était appelé Rishon LeTzion ;<br />

à partir de 1836, on désigna un <strong>rabbin</strong> régissant tous les<br />

Juifs sous domination ottomane, y compris la terre d’Israël,<br />

avec le titre de Hakham Bashi ; le titre se répandit également<br />

en Afrique du Nord.<br />

Au Moyen Âge, en France, le « rabbi » devient un « <strong>rabbin</strong> »<br />

en ajoutant à ses compétences de savant, interprète et exégète<br />

celles d’un juge dont les arrêts forment jurisprudence<br />

en matière de loi religieuse et civile, d’un enseignant de<br />

niveau supérieur dans <strong>une</strong> yeshiva (école <strong>rabbin</strong>ique) ou,<br />

à titre personnel, de prédicateur et de chef spirituel de sa<br />

communauté dont il peut être salarié, bien que l’on ait de<br />

nombreux exemples de <strong>rabbin</strong>s français gagnant leur vie en<br />

exerçant en complément un autre métier.<br />

Ceux qui ont vécu en Afrique du Nord savent que les <strong>rabbin</strong>s<br />

vers qui ils se référaient avaient <strong>une</strong> connaissance halakhique<br />

et talmudique évidente et ils savaient pouvoir les questionner<br />

sur leur lieu de travail. Parce qu’ils travaillaient pour subvenir<br />

aux besoins de leur famille, souvent nombreuse.<br />

Ce n’était ni l’État ni <strong>une</strong> quelconque administration juive<br />

qui était chargée de les rémunérer.<br />

<strong>Être</strong> <strong>rabbin</strong> en Europe centrale ou en Afrique du nord n’apportait<br />

aucun intérêt financier. D’ailleurs, ces <strong>rabbin</strong>s souvent<br />

n’étaient pas riches. Ils étaient cordonniers, égorgeurs<br />

de poulets ou de gros bétail, enseignant dans un « keteb »,<br />

marchands de tissus. Il est vrai que les fidèles, à la synagogue,<br />

faisaient des dons pour entretenir le lieu, donner<br />

quelques sous pour aider les pauvres, dont les <strong>rabbin</strong>s faisaient<br />

parfois partie.<br />

De nos jours, en France, devenir <strong>rabbin</strong> du Consistoire c’est<br />

choisir un métier. C’est être un fonctionnaire assuré tout<br />

au long de sa carrière de recevoir un salaire plus ou moins<br />

satisfaisant, de bénéficier de RTT et d’avoir 35 heures au<br />

maximum par semaine de présence dans la communauté.<br />

Ce système n’existe t-il qu’en France ? Napoléon, en émancipant<br />

les Juifs instaura le Consistoire Central, et créa le<br />

modèle français. <strong>Un</strong> modèle unique.<br />

Ben Baxter<br />

ARRIVAGE JOURNALIER<br />

* * *<br />

OUVERT<br />

de 9h à <strong>12</strong>h45<br />

et de 15h45 à 19h00<br />

* * *<br />

Fermée les lundis et dimanches après-midi<br />

* * *<br />

Spécialiste du poisson à écailles<br />

38, avenue Secrétan 75019 PARIS<br />

Tél. : 01 42 08 57 42<br />

PROMOTION<br />

EN FIN DE<br />

SEMAINE


Nouvelles des Communautés<br />

COMMUNAUTÉ «SÉFARADE<br />

DE VINCENNES »<br />

Rappel des Cours et activités régulières<br />

- Cours du rav David Lévy<br />

les dimanches, lundis et jeudis pour les hommes<br />

Femmes : Mercredi (21h00 à 22h30) : Halakha ou Paracha<br />

Mardi (11h30 à 13h00) : Cours de Mme Myriam TAPIA<br />

(Commentaires (Rachi) sur la paracha) (13h00 à 14h00)<br />

Krav maga : Mercredi 19h00 avec Ruben Boukobza.<br />

(Assurance et certificat médical exigé)<br />

Renseignements boukobza.ruben@gmail.com<br />

- Oulpan : Cours tous les jours et tous niveaux<br />

Professeurs agréés par l’agence juive<br />

- Nouveau : Cours de conversation<br />

pour niveau avancé et cours débutant en journée.<br />

- Atelier artistique avec Danielle Kalika : Cours de peinture<br />

à l’huile, au fusain, aquarelle, peinture sur verre...<br />

Le mardi : 10h30 à 13h00 Le jeudi: 14h00 à 16h30<br />

Renseignements :<br />

Karine SUID 06.29.22.19.33 / karine.suid@free.fr<br />

- Mme Stéphanie Davila, psychologue clinicienne<br />

spécialisée enfants et ado à problèmes a <strong>une</strong> permanence<br />

assurée tous les lundis de 15h30 à 20h00. Elle<br />

consulte également les adultes. Pour prendre RV, téléphoner<br />

au 06 15 60 24 72.<br />

Activités exceptionnelles<br />

Le centre Hatikva rappelle qu’il propose des plats à<br />

emporter pour chabat et organise des repas communautaires.<br />

Pour réserver ou pour des informations, appeler le<br />

01 43 74 38 47 ou le 06 15 60 24 72<br />

Centre communautaire Hatikva Vincennes<br />

30, rue Céline Robert 94300 Vincennes<br />

www.hatikva-vincennes.com<br />

COMMUNAUTÉ<br />

« BETH HABAD DE VINCENNES »<br />

Activités régulières<br />

- La synagogue est ouverte<br />

tous les jours et tout au long de la journée.<br />

- Des cours sont organisés tous les jours<br />

(pour hommes ou pour femmes).<br />

Pour tout renseignement et pour prendre rendez<br />

vous avec le Rav Yossef Taïeb<br />

Veuillez contacter le secrétariat<br />

Beth Habad de Vincennes<br />

20 rue de la Paix 94300 Vincennes<br />

Tél. : 01 43 98 98 98 / 06 20 62 05 80<br />

COMMUNAUTÉ<br />

«ASHKÉNAZE DE VINCENNES »<br />

- Offices tous les chabats et fêtes selon les horaires<br />

de saisons avec kiddouch, séoudah chlichit et cours du<br />

<strong>rabbin</strong> Berdugo avant Minha<br />

- Offices tous les dimanches matins à 8h<br />

- Offices de Rosh Hodesh<br />

Pour toutes les activités,<br />

renseignez vous auprès du président Bruno Blum.<br />

Synagogue ashkénaze de Vincennes.<br />

30, rue Céline Robert<br />

94300 Vincennes<br />

COMMUNAUTÉ DE LA<br />

«RUE DE LA ROQUETTE»<br />

Activités régulières<br />

- Cours du samedi pensée juive - Séoudot chelichit :<br />

études du texte<br />

- Cours de Talmud et Hala’ha : (traité Chabath)<br />

tous les dimanches matins après la Téfila.<br />

- Cours de Talmud approfondi tous les jeudis soirs au<br />

36, rue Basfrois (traité Baba Kama) de 20h30 à 22h.<br />

- Le Talmud Torah est dirigé par le <strong>rabbin</strong> Soudry<br />

le mardi pour les enfants ne pouvant se rendre aux<br />

cours du dimanche<br />

- Haftara club dirigé par le <strong>rabbin</strong> Soudry<br />

pour garder la tradition liturgique séfarade<br />

- Etude de la Guémara :<br />

dimanche matin, étude tous niveaux<br />

- Mardi soir étude de la Guémara pour les je<strong>une</strong>s<br />

- Les jeudis soirs, cours de Guémara bon niveau<br />

- Soirée étudiants célibataires : cours sur texte<br />

Comme chaque année, la Team Roquette a organisé à<br />

l’occasion de Pourim les plus beaux déguisements que<br />

vous verrez dans le reportage photo en pages 35 à 38<br />

Le dimanche des femmes : Tous les dimanches avant<br />

Roch ‘Hodesh. <strong>Un</strong> rencontre exclusivement féminine<br />

de 2 heures ; conférence du rav Ébidia suivi de cocktail.<br />

Permanence sociale mensuelle assurée par Mme Annie<br />

Barouhiel : Aide financières, recherche de logements,<br />

soutien scolaire.<br />

Synagogue Don Isaac Abravanel<br />

84, rue de la Roquette 75011 Paris – 01 74 00 75 95<br />

http://www.laroquette.org<br />

21


22<br />

COMMUNAUTÉ « GEORGES LEVEN »<br />

Les offices sont dirigés<br />

par le rav Mordechaï Atia.<br />

Activité régulière :<br />

- Cours hebdomadaire<br />

du rav Mordechaï Atia,<br />

reprise du cours tous les mercredis<br />

soirs à 20H30 (étude traité Ketouboth)<br />

Activité particulière<br />

L’AIU (Alliance Israélite <strong>Un</strong>iverselle) fête cette année le<br />

150ème anniversaire du début de son action éducative.<br />

Le 30 mai 2010, au Palais des Congrès de Paris,<br />

vous pourrez assister au spectacle « Génération<br />

Alliance » qui sera la fête de la je<strong>une</strong>sse. Toutes les<br />

écoles seront réunies notamment de France, d’Israël et<br />

du Maroc.<br />

Les billets du spectacle sont en vente dans les écoles<br />

de l’Alliance ou en appelant le 01 53 32 88 54<br />

Alliance Israélite : 30, bd Carnot 750<strong>12</strong> Paris<br />

COMMUNAUTÉ<br />

« BETH HABAD DE PARIS <strong>12</strong> »<br />

Dans le n°22 de <strong>Tribu</strong> <strong>12</strong>, nous avons annoncé l’ouverture<br />

d’<strong>une</strong> synagogue Habad Loubavitch au 19/21 de<br />

la rue de la Gare de Reuilly dans le <strong>12</strong>ème. Elle devrait<br />

pouvoir accueillir des fidèles à partir du mois de juin<br />

Pour vous renseigner<br />

sur les activités régulières et particulières,<br />

contactez le rav Yossef Martinez<br />

au 06 61 10 62 10<br />

ACTIVITÉS DE LA COMMUNAUTÉ DE<br />

«CHARENTON-LE-PONT»<br />

Activités régulières avec l’A.C.I.C.<br />

- Le Beth Hamidrach est ouvert<br />

tous les jours et propose des cours adaptés à chacun.<br />

- <strong>Un</strong> mikvé pour les femmes au 46 rue des Bordeaux<br />

à Charenton est ouvert à toutes et tous de 18h30 à<br />

21h30 tous les jours. Pour chabat et jours de fêtes,<br />

prendre rendez-vous. Le mikvé vaisselle est ouvert tous<br />

les matins.<br />

Pour tout renseignement sur les activités,<br />

les réservations pour les spectacles et voyages<br />

contactez : ACI Charenton<br />

42 ter, rue des Bordeaux - 94220 Charenton-le-Pont<br />

Tel : 01 43 76 98 29 www.acicharenton.fr<br />

COMMUNAUTÉ<br />

«CENTRE RACHI DE SAINT-MANDÉ»<br />

Activités régulières<br />

- Talmud Torah (Enfants jusqu’à la Bar-mitsva), cours de<br />

lecture et écriture hébraïque (Tous publics)<br />

- Danse Hip-hop (Enfants et ados), Danse orientale<br />

(Enfants et adultes), Aquarelle (Adultes)<br />

- Cours d’anglais (Enfants), Krav Maga (Ados et adultes)<br />

Manifestations - Évènements<br />

- Conférences du Rabbin Sébastien Allali :<br />

<strong>une</strong> fois par mois - Conférences de rabbanim<br />

- Conférences culturelles et scientifiques - Expositions -<br />

Vernissages - Témoignages<br />

Pour tous renseignements d’ordre administratif:<br />

Merci de contacter Aaron Farache :<br />

01 53 66 31 15 ou 06 19 71 21 20<br />

ou par mail: letincelle-sm@wanadoo.fr<br />

Pour tous renseignements d’ordre religieux:<br />

Merci de contacter le <strong>rabbin</strong> Dov Chalom Elbeze:<br />

06 19 06 37 58 ou par mail : dov.elbeze@gmail.com<br />

Pour figurer sur notre liste d’envoi et recevoir régulièrement<br />

les infos concernant nos activités, manifestations<br />

et évènements :<br />

Merci de demander votre inscription, exclusivement<br />

par mail, à l’adresse suivante :letincelle-sm@wanadoo.fr<br />

Centre Communautaire Rachi<br />

21 bis, avenue Sainte-Marie – 94160 Saint-Mandé<br />

COMMUNAUTÉ<br />

« NÉVÉ CHALOM »<br />

Activités régulières<br />

- Tous les matins office à 7h00<br />

- Le chabat, l’office est à 8h30<br />

- Oulpan le lundi soir de 18h30 à 21h30<br />

pour débutants et confirmés donné par Isaac Segura<br />

- Mercredi de 20h30 à 22h00 cours de pensée juive<br />

donné par Mme Dahan pour les femmes.<br />

- Jeudi cours du rav Shimon Dahan<br />

sur la Guémara et les Hala’hots de 20h30 à 22h00<br />

- Dimanche matin de 10h00 à <strong>12</strong>h30, Talmud pour les<br />

enfants à partir de 6 ans jusqu’à la préparation à la<br />

Bar-mitsva donné par Mme Dahan et Mlle Calvo.<br />

Pour toute information sur les activités<br />

de la communauté, se renseigner<br />

auprès de M. Chocron au 06 77 72 30 98<br />

Névé Chalom<br />

106, avenue du Général Michel Bizot 750<strong>12</strong> Paris-<br />

Nouveau : http://www.nevechalom.fr/


COMMUNAUTÉ«DES ÉLÈVES<br />

DES GRANDES ÉCOLES DE<br />

COMMERCE DE PARIS»<br />

L’événement phare de l’année a donc eu lieu du 15<br />

au 22 avril, avec un voyage organisé conjointement<br />

entre HEC, ESSEC et ESCP Israël. Ce voyage a eu<br />

pour but de faire découvrir ce beau pays grâce à des<br />

guides qui nous ont fait visiter <strong>une</strong> grande partie du<br />

pays. Entre Tel-Aviv, Jérusalem, Ein Gédi, Lac Tibériade,<br />

Mer Morte, Césarée, les 90 étudiants ont cette année<br />

encore pu profiter à moindre coût de cette semaine. En<br />

effet, grâce aux dons de plusieurs entreprises qui ont<br />

sponsorisé cette 5ème édition, le prix du voyage en<br />

pension complète est resté modéré.<br />

D’autres événements auront lieu dans l’année, si vous<br />

souhaitez en savoir plus, vous pouvez me contacter à<br />

l’adresse mail suivante : david.boccara@escpeurope.eu,<br />

je tâcherai de répondre dans les plus brefs délais.<br />

À bientôt !<br />

David Boccara, Président de ESCP Israël.<br />

ACTIVITÉS DE LA COMMUNAUTÉ<br />

« CHIVTÉ ISRAËL »<br />

Activités régulières<br />

- L’étude sur texte à partir d’un sefer de philosophie et<br />

de moral pour les femmes le lundi de 19h30 à 20h30.<br />

- Étude de Torah pour les hommes<br />

le jeudi de 19h30 à 20h30<br />

- Les enfants de 7 à 13 ans ont cours de Torah<br />

tous les mardis de 17h30 à 19h30 afin de parfaire leurs<br />

connaissances en lecture, histoire, dinim, chants...<br />

- Les mercredis les enfants de 4 à <strong>12</strong> ans<br />

sont pris en charge de 9h00 à 17h00.<br />

Activités exceptionnelles et conférences<br />

- Ouverture d’<strong>une</strong> école maternelle<br />

mixte<br />

pour enfants de 2 ans et demi<br />

jusqu’à 6 ans avec un programme<br />

éducatif novateur. Vous pouvez<br />

inscrire dès à présent vos enfants<br />

auprès de M. le <strong>rabbin</strong> Lellouche<br />

qui vous présentera le projet de<br />

façon plus précise et plus complète.<br />

- Comme dans beaucoup de communautés<br />

sur l’Est parisien, Yom Hashoah a été célébré<br />

à Chivté Israël en présence de responsables communautaires,<br />

d’élus politiques, de membres de la communauté<br />

et de rescapés de la Shoah. Des je<strong>une</strong>s ont lu<br />

des poèmes et joué de la musique pour illustrer cet<br />

événement.<br />

- Nadine Lévy et Sylvain Zenouda rappellent qu’ils louent<br />

la salle communautaire à des tarifs très abordables.<br />

Pour tout renseignement contacter<br />

le <strong>rabbin</strong> Dov Lellouche au 06.61.25.25.25<br />

ou par mail : chivteisrael@free.fr<br />

Chivté Israël : <strong>12</strong>, cité Moynet 750<strong>12</strong> Paris<br />

Tel : 01 43 40 45 71 - http://chivteisrael.org/<br />

COMMUNAUTÉ<br />

«FRATERNELLE MONTREUILLOISE»<br />

Activités régulières<br />

- Cours de Guemara par le rav Benadiba<br />

tous les mardis de 20h30 à 22h00<br />

Pour tout renseignement<br />

sur les activités de la communauté,<br />

appelez le Président Saadoun au 06 69 41 80 88<br />

Fraternelle Israélite Montreuilloise<br />

113, rue Parmentier – 93100 Montreuil<br />

CHORALE EDEN SHIR GANÉNOU<br />

Pour les 30 ans de l’école Ganénou, la chorale Eden Chir<br />

Ganénou a organisé un concert le 5 mai dont les recettes<br />

permettront de sponsoriser un voyage en Israël cet été<br />

avec des galas, des concerts et des visites.<br />

Renseignez-vous auprès de Mme Ouanono au 06 <strong>12</strong> 97<br />

37 36 si vous souhaitez connaître le programme en Israël.<br />

«La chorale Eden Shir Ganénou recrute<br />

pour la saison 2010/2011: altis, ténors, basses.<br />

Auditions prévues au mois de juin. Contacter le chef<br />

de chœur: Catherine de Massé: 06.75.03.93.42.<br />

Répétitions tous les lundis, de 19h30 à 21 h, 11 rue<br />

Sergent Bauchat, 750<strong>12</strong> Paris.»<br />

COMMUNAUTÉ<br />

DE « LA RUE CHEVREUL»<br />

Activités régulières<br />

- Le dimanche matin préparation à la bar mitsva.<br />

Contacter Robert Cohen<br />

- Lundi et mercredi matin, ‘hok léisraël de 8h00 à 8h30<br />

- Lundi soir à partir de 20h30 cours de Guémara<br />

- Yossef Azoulay propose le mardi soir à partir de 19h30<br />

Oulpan et le jeudi soir à 20h00 étude de la paracha de<br />

la semaine<br />

- Mercredi soir cours des femmes<br />

à partir de 20h00 avec Mme Azoulay<br />

Pour tous renseignements contactez le président<br />

Robert Cohen au 01 43 67 00 77<br />

Beth Eliahou : 4, rue Chevreul 75011 Paris<br />

23


24<br />

Carnet<br />

NAISSANCES<br />

Jade fille de Sandra et Pierre Namer, Audélia fille de Virginie<br />

et Michaël Assayag, Gabriel fils de Chloé et Yohan<br />

Journo, Noémie et Elsa filles de Julie et Eric Chemla,<br />

Rivka fille de Esther et du <strong>rabbin</strong> Dov Lellouche, Kim fille de<br />

Doriane et Luc Barroukel, Lou fille de Pauline et Julien Tuil,<br />

Bianca fille de Dorothée et Guillaume Lefèvre, Raphaël<br />

Steuer petit-fils de Max Haddad, Lucas Cohen, Tali Dahan,<br />

Perrine Saffar, Menahem Illouz, Elsa Lellouche, Sacha<br />

Wizman, Sarah Karoubi, Shalevet Kakon<br />

BAR MITSVA ET BAT MITSVA<br />

Benjamin Cohen, Nathan Zeitoun, Jonas Freva, Ryan Benchimol,<br />

Gary Attal, Raphaël Sarfati fils de Ghislaine et Alain<br />

Sarfati, Kevin Benhamou fils de Marion et Vicky Benhamou<br />

Mazel Tov à tous ces je<strong>une</strong>s et à leurs parents<br />

MARIAGES ET FIANCAILLES<br />

Myriam Chemouny et Cédric Allali, (photo)<br />

Judith Berrebi et David Zaoui<br />

Fabienne Raccah et Philippe Gihan<br />

Haya Dahan et Israël Meir Uzan<br />

Jessie Saal et Jérémy Bellaïche<br />

Déborah Hurstel et Samuel Zerbib<br />

Leslie Just et Alexandre Bensaïd<br />

Fiançailles de Leslie Guetta et Joyce Cohen<br />

DÉCÈS<br />

Toutes nos félicitations à eux et à leur famille<br />

M. le <strong>rabbin</strong> Dov Lellouche a perdu son père,<br />

le <strong>rabbin</strong> Gaston Lellouche<br />

Patricia Lasry a perdu sa maman Danièle Brami<br />

Maître Yves Kayat a perdu son père Émile Meïr Kayat<br />

Dominique Nahon a perdu son papa Roger Élie Benayoun<br />

Laurent Attal a perdu sa maman Haya bat Tita Attal<br />

Charles Melloul a perdu son épouse Rolande née Guedj<br />

Simon Wizman a perdu sa maman Esther née Cohen<br />

David Ohayon a perdu sa maman Fiby Ohayon<br />

Avraham Ben Haïm Brosteck<br />

Steve Hazan<br />

Nous présentons nos sincères condoléances aux familles<br />

endeuillées<br />

DISTINCTION<br />

Martine Saada, la vice-présidente du centre communautaire<br />

de Charenton-le-Pont a reçu le 9 février dernier le<br />

prix Edmond Tenoudji pour la vocation éducative juive qui<br />

l’anime. <strong>Tribu</strong> <strong>12</strong> la félicite pour ce prix mérité.<br />

<strong>Tribu</strong> <strong>12</strong> est <strong>une</strong> publication éditée par<br />

l ‘Association éducative du <strong>12</strong>ème<br />

Directeur de la publication et rédacteur en chef :<br />

Guy Fellous – Tel : 01 43 41 48 01<br />

8, rue de Madagascar 750<strong>12</strong> Paris<br />

Mail : tribu<strong>12</strong>@gmail.com / Site : www.tribu<strong>12</strong>.com<br />

Comité de rédaction :<br />

J-P Allali rédacteur en chef adjoint<br />

J-R Aouate, A. Asseraf, A. Hamzalag,<br />

Ont collaboré à ce numéro :<br />

C. Barouhiel - J. Bary - B. Baxter - C. Boccara - E. Boccara<br />

P. Chemla - E.Hillel - Jipéa - F. Lahmi - D. Mansour<br />

M. Mimoun - F. Rausky - F. Serfati - D. Suissa - N.Wagman<br />

Publicité au support : G. Fellous – A. Sarfati<br />

Tel : 01 43 41 48 01<br />

Imp. Point par Point / 01 42 60 52 47<br />

Tiré à 4000 exemplaires, <strong>Tribu</strong> <strong>12</strong> est diffusé dans<br />

les endroits dont la liste se trouve en page 28


Juifs d’ailleurs<br />

LES JUIFS DE BULGARIE<br />

AU PLUS FORT DE SA DÉMOGRAPHIE, AU SORTIR DE<br />

LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE, LA COMMUNAUTÉ<br />

JUIVE DE BULGARIE, DANS LES BALKANS, A COMPTÉ<br />

QUELQUE 50 000 ÂMES. COMME POUR LA PLUPART<br />

DES PAYS D’EUROPE, CETTE COMMUNAUTÉ S’EST PEU<br />

À PEU COMPOSÉE, AU FIL DES SIÈCLES, DE STRATES<br />

D’ORIGINE TRÈS DIVERSE.<br />

Après la destruction du Second Temple, des Juifs quittent<br />

Eretz Israël et se répandent dans le monde entier. Certains<br />

se retrouveront sur le territoire, alors partie intégrante de<br />

l’Empire romain, de ce qui deviendra, en l’an 681, la Bulgarie.<br />

Au cours des siècles suivants, des Juifs persécutés de<br />

Bavière, de Hongrie et des républiques italiennes se retrouveront<br />

en Bulgarie. Au XIVème siècle, le roi Ivan-Alexandre,<br />

après avoir divorcé, se maria avec <strong>une</strong> Juive, Sara qui se<br />

convertit et devint la reine Téodora. En 1396, le pays fut<br />

conquis par les Turcs. Aux Juifs autochtones, les « Romaniotas<br />

» et aux Juifs ashkénazes vont alors se joindre les Juifs<br />

séfarades fuyant l’Espagne de l’Inquisition. Désormais majoritaires,<br />

ils imposeront peu à peu leur langue, le judéo-espagnol<br />

et leur culture. Par ailleurs, il est intéressant de noter<br />

que le célèbre Yossef Caro, auteur du Choulkhan Aroukh,<br />

s’installa, de 1523 à 1536 dans la ville bulgare de Nikopol<br />

où il fonda <strong>une</strong> yeshiva.<br />

En 1878, à l’issue de la guerre russo-turque, la Bulgarie retrouve<br />

son indépendance. Pour les Juifs du pays, cela se<br />

traduit par un essor sans précédent. Des journaux, en bulgare,<br />

en judéo-espagnol et en hébreu, sionistes ou non,<br />

voient le jour, la communauté s’organise, les Juifs s’impliquent<br />

dans toutes les branches d’activité : commerce, artisanat,<br />

culture, sciences, politique. L’absence quasi absolue<br />

d’antisémitisme pousse des Juifs de Russie, d’Ukraine et de<br />

Pologne à rejoindre la Bulgarie, enrichissant la communauté,<br />

notamment dans le domaine des arts.<br />

L’arrivée de Hitler au pouvoir en Allemagne et le rapprochement<br />

du pays alors dirigé par le roi Boris III, avec les<br />

nazis, vont entraîner des moments très douloureux pour la<br />

communauté juive. Le 29 décembre 1940, le gouvernement<br />

bulgare crée les Brannik, équivalent local des je<strong>une</strong>sses hitlériennes<br />

et <strong>une</strong> « loi sur la sauvegarde de la nation » est<br />

appliquée dès le 13 janvier 1941. Les mariages mixtes sont<br />

interdits, des biens sont confisqués, des je<strong>une</strong>s gens sont<br />

astreints au travail forcé, l’étoile ja<strong>une</strong> est imposée, un<br />

numerus clausus est instauré dans plusieurs corps de métier.<br />

L’aryanisation de la Bulgarie est en marche. Dès la fin<br />

de l’année 1941, le Führer exerce des pressions de plus en<br />

plus fortes sur le roi pour que les Juifs bulgares soient expulsés<br />

et déportés. En janvier 1943, le chef nazi Dannecker,<br />

adjoint du sinistre Adolf Eichmann, est dépêché en Bulgarie<br />

pour organiser la déportation des Juifs. Le roi Boris III signe<br />

un accord avec l’Allemagne prévoyant la déportation des<br />

Juifs vivant dans les territoires de Grèce et de Yougoslavie,<br />

la Thrace et la Macédoine, alors occupés par les troupes<br />

bulgares. 11363 Juifs sont ainsi déportés vers les camps de<br />

la mort. Ce forfait accompli, les Allemands exigent à présent<br />

que les Juifs de la Bulgarie proprement dite soient arrêtés<br />

et déportés. Cette fois, le peuple et ses dirigeants<br />

ne laissent pas faire. Des<br />

manifestations eurent lieu<br />

à travers le pays, 43 députés<br />

signèrent <strong>une</strong> déclaration<br />

contre la déportation. Parmi<br />

eux le vice-président Dimitar<br />

Péchev. L’écrivain Elin Pelin<br />

clame : « La conscience<br />

du peuple bulgare est sur la balance.<br />

La tache qui sera posée<br />

sur notre peuple, avec l’expulsion<br />

de nos citoyens juifs, ne s’effacera<br />

pas pendant des générations ». Des<br />

associations <strong>profession</strong>nelles : médecins, juristes, artistes,<br />

commerçants, exigent l’annulation du décret en préparation.<br />

Le patriarche Cyril, de la ville de Plovdiv déclare haut<br />

et fort : « Partout où les Juifs seront envoyés, j’irai avec<br />

eux ». <strong>Un</strong>e grande manifestation de soutien aux Juifs a<br />

lieu à Sofia, la capitale du pays. Contraint et forcé, le roi<br />

capitule. Il ne signera pas le décret. On peut dire, même<br />

s’il y a eu des exactions et des déplacements à l’intérieur<br />

du pays, que les Juifs de Bulgarie ont été sauvés par leurs<br />

concitoyens.<br />

Beaucoup de Juifs bulgares ont choisi, après la Guerre, de<br />

faire leur alyah. Il n’existe plus que quelques milliers de<br />

Juifs dans le pays avec néanmoins <strong>une</strong> organisation communautaire,<br />

des synagogues et un Musée juif et la présence<br />

de la plupart des grandes organisation juives, notamment à<br />

Sofia et à Plovdiv. Il n’y a qu’<strong>une</strong> seule école juive à Sofia,<br />

l’école Dimcho Debeljanov, qui fait partie du réseau Ronald<br />

S. Lauder sous l’égide de l’ORT. (*)<br />

La Bulgarie entretient par ailleurs d’excellents liens avec<br />

l’État d’Israël.<br />

(*) Cette école, hélas, a été l’objet, le 21 mars dernier,<br />

d’inscriptions antisémites<br />

Extérieur de la synagogue de Sofia<br />

Jean-Pierre Allali<br />

Rabbi Yossef Caro<br />

25


26<br />

Lectures<br />

LES CHOIX DE JIPÉA<br />

Les prophètes, les enfants et les fous,<br />

études bibliques et talmudiques,<br />

par Sébastien Allali<br />

Pour son quatrième ouvrage, le <strong>rabbin</strong><br />

Sébastien Allali, poursuivant sa quête<br />

spirituelle à travers la connaissance<br />

des textes essentiels du judaïsme, se<br />

penche sur la prophétie, dont le Talmud<br />

enseigne qu’elle a été transmise<br />

aux enfants et aux fous. Étonnante association<br />

que celle qui réunit les sages,<br />

les innocents et les simples d’esprit.<br />

C’est que, nous explique l’auteur, l’esprit<br />

rebelle du prophète, la curiosité<br />

de l’enfant et la dérision du fou sont autant de conditions<br />

requises, selon la tradition juive, pour se mesurer aux textes<br />

afin de poser sur eux un regard neuf et singulier.<br />

Tout au long de ce bel ouvrage à la lecture très agréable<br />

et très enrichissante, Sébastien Allali utilise les anecdotes<br />

les plus savoureuses pour nous permettre de pénétrer les<br />

arcanes de la Bible et du Talmud. Ainsi, un enseignement<br />

midrashique, le « Yalkout Réouvéni », qui affirme que « aux<br />

temps messianiques, le porc sera cacher car sa nature<br />

changera et il deviendra ruminant ». Et, pour en revenir à<br />

l’étymologie et aux manipulations lexicographiques, le mot<br />

« ‘hazir », porc, vient de « ‘hazara », qui signifie « revenir ».<br />

On apprend donc qu’à la fin des temps, le porc redeviendra<br />

autorisé. Il convient surtout retenir de cet étonnant enseignement<br />

<strong>une</strong> morale essentielle : il ne faut jamais se contenter<br />

de voir les défauts d’autrui, mais chercher au contraire<br />

ses qualités et ne pas porter de jugement hâtif.<br />

Passionnant.<br />

Éditions Lichma. 1er trimestre 2010. 168 pages. 15,90€<br />

Ailleurs<br />

par Micheline Herc (*)<br />

€<br />

Le bâton et l’eau chaude - Voyage<br />

d’un Juif italo-tunisien,<br />

par Robert Modigliani<br />

«El assa oul mê chkho<strong>une</strong>». Originaire<br />

de Tunis, fils d’un Juif livournais<br />

et d’<strong>une</strong> Juive tounsia, Robert<br />

Modigliani a choisi cette délicieuse<br />

expression judéo-tunisienne qui se<br />

traduit littéralement par « Le bâton<br />

et l’eau chaude » comme titre de<br />

son premier roman. Expression régulièrement<br />

assénée par les parents<br />

juifs tunisiens à leurs enfants chaque<br />

fois qu’ils étaient amenés à affronter<br />

les dures réalités de la vie, notamment<br />

à chaque rentrée scolaire.<br />

<strong>Un</strong> peu comme pour leur dire que les vacances, c’était bien<br />

fini, qu’il fallait définitivement replier les chaises-longues,<br />

dégonfler les matelas pneumatiques, remiser les ballons de<br />

volley-ball, reprendre le T.G.M. (Tunis - Goulette - Marsa)<br />

en sens inverse vers la capitale, abandonner le sable fin, la<br />

brise marine, le chameau du Saf-Saf et se préparer à échanger<br />

les cahiers de vacances de Loulou et Babette pour les<br />

tabliers d’écolier réglementaires, les plumes Sergent-Major<br />

et les récipients blancs emplis d’encre violette de l’école de<br />

la République.<br />

À travers les tribulations d’un petit Juif italien de Tunis, ce<br />

qu’on appelle un Guerni, c’est tout un art de vivre qui nous<br />

est offert. L’auteur nous propose, tout au long des pages,<br />

un véritable florilège d’expressions locales aussi pimentées<br />

qu’ensoleillées : Mektoub, bien sûr, mais aussi, Bléchi (Tant<br />

pis), Mabrouk (Félicitations) Meskine (Le pauvre) ou encore<br />

Euchkeutt, ya rkika (Tais-toi, espèce de lourde). Et des dizaines<br />

d’autres vocables chatoyants. C’paspordjire, mais on<br />

fait un kif à chaque page.<br />

C’est très frais et très agréable à lire. <strong>Un</strong>e lecture que ne<br />

vient entraver ni le bâton, ni l’eau chaude. <strong>Un</strong> régal.<br />

Éditions L’Harmattan. Juillet 2009. 238 pages. 23,50€ €<br />

C’est <strong>une</strong> histoire véritablement extraordinaire que nous raconte le docteur Micheline Herc, neuropsychiatre<br />

de son état. Il s’agit d’<strong>une</strong> histoire vraie, celle de sa propre je<strong>une</strong>sse, le récit de l’errance d’<strong>une</strong><br />

enfant juive de Varsovie au Kazakhstan en passant par les coins les plus reculés de Sibérie.<br />

Avant même de naître, Micheline Herc, encore dans le ventre de sa mère, a déjà un avant-goût des<br />

difficultés de la vie. Au septième mois de grossesse, sa mère est victime d’<strong>une</strong> crise d’éclampsie et<br />

tombe dans le coma. Contre toute attente on parvient à sauver la mère et la fille qui naît prématurée<br />

à sept mois et demi et pèse 1kg200. Nous sommes à Varsovie, en 1937, au sein d’<strong>une</strong> famille juive qui<br />

vit, au quotidien, l’antisémitisme rampant qui règne alors en Pologne. La famille Herc décide de fuir.<br />

Vers le Nord, vers la Scandinavie. Les voici à Bialystok puis à Vilna, en Lituanie. Hélas, les Soviétiques envahissent la région et<br />

décrètent que les Polonais prendront la nationalité de l’URSS ou seront déportés en Sibérie. L’ingénieur Herc et son épouse ne<br />

veulent pas entendre parler d’un passeport soviétique. Comme des centaines d’autres Polonais, ils sont transférés à Arkhangelsk.<br />

« C’est ainsi, raconte Micheline Herc, que nous nous sommes enfuis en chariot en direction de la Chine. » Mais l’entreprise<br />

a tourné court. Et la famille se retrouve en Ouzbékistan puis au Kazakhstan. La petite Micheline, est curieuse de tout, elle<br />

observe ces Asiates mongols qui vivent dans des yourtes. En 1946, enfin, ils peuvent regagner la Pologne. Les lieux de l’enfance<br />

ne sont plus que des ruines. Il n’est plus question de demeurer à Varsovie ou à Lodz. Les Herc, apatrides, gagnent Paris.<br />

<strong>Un</strong>e nouvelle vie commence pour la petite sauvageonne. Elle a neuf ans, ne parle pas le français, mais elle a la vie devant soi.<br />

Ce récit édifiant et passionnant se lit d’<strong>une</strong> traite.<br />

Éditions Delatour France. Janvier 2010. 200 pages. 20€


Grisha Bruskin, Alefbet, tapisserie, 2006<br />

Collection de l’artiste ©Grisha Bruskin<br />

Du côté des Arts<br />

et Spectacles<br />

MAYA SHANE<br />

Le 10 juin à l’alhambra.<br />

Chanteuse française d’origine tunisienne,<br />

Maya Shane a le don de ranimer<br />

le patrimoine judéo-arabe.<br />

Digne héritière d’<strong>une</strong> longue tradition<br />

franco-orientale, Maya Shane tente<br />

dans ses concerts de sublimer sa fièvre<br />

musicale en nous la déclinant en chanson<br />

d’amour et de bonheur.<br />

Ses chansons se suivent mais ne se ressemblent pas, <strong>une</strong><br />

seule obsession qui apparaît comme un fil conducteur. <strong>Un</strong><br />

voyage entre l’orient et l’occident, entre rythme et douceur,<br />

dont la voix va nous réchauffer le cœur a l’Alhambra le jeudi<br />

10 juin 2010 à 20h30<br />

Réservations au 01 40 20 40 25<br />

Au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme<br />

Hôtel de Saint-Aignan 71, rue du Temple - 75003 Paris<br />

Tél. : 01 53 01 86 48<br />

RADICAL JEWISH CULTURE - SCÈNE MUSICALE DE NEW YORK<br />

du 9 avril au 18 juillet 2010<br />

Dans le New-York bouillonnant des années 1980 et 1990,<br />

des artistes – musiciens, poètes, vidéastes – se réapproprient<br />

un héritage politique, intellectuel et culturel juif jadis<br />

extrêmement florissant et dont les traces disparaissent<br />

alors au rythme des changements intervenant dans le paysage<br />

urbain.<br />

Très présents sur le terrain des musiques traditionnelles,<br />

tout autant que sur les scènes alternatives du rock, du punk,<br />

du jazz et de la musique contemporaine, ces musiciens, parmi<br />

lesquels on trouve des figures centrales de l’avant-garde<br />

musicale et de la world music, redécouvrent un répertoire,<br />

celui des musiques juives d’Europe orientale désigné sous<br />

le terme de klezmer, organisent des festivals, participent à<br />

des projets artistiques mêlant musiques et arts visuels.<br />

Cette exposition, première à présenter cette scène, associée<br />

à <strong>une</strong> programmation musicale, fera découvrir de<br />

nombreux documents sonores, visuels (prises inédites de<br />

concerts) et des textes largement inédits.<br />

GRISHA BRUSKIN ALEFBET - UNE TAPISSERIE<br />

du 9 avril au 29 août<br />

Grisha Bruskin est né en 1945 à Moscou<br />

dans <strong>une</strong> famille juive. Son œuvre<br />

s’est constituée entre deux traditions,<br />

celle du communisme soviétique et<br />

celle du judaïsme, qu’il a redécouverte.<br />

Il fait ses études à l’École d’art de<br />

Moscou puis à l’École des arts décoratifs.<br />

Il part pour New York, où il vit et<br />

travaille depuis 1988.<br />

Il a réalisé le triptyque La Vie par-dessus<br />

tout pour le Reichstag restauré à Berlin, en 1999. Les<br />

tapisseries de Grisha Bruskin constituent un nouveau versant<br />

d’<strong>une</strong> œuvre qui conjugue peinture, sculpture, dessin,<br />

porcelaine, écriture, installations et performances.<br />

FRANK LONDON – LORIN SKLAMBERG<br />

Mardi 6 juillet 2010 à 20 h<br />

Frank London, trompette, harmonium, clavier,<br />

Lorin Sklamberg, accordéon, chant<br />

Pablo Aslan, contrebasse, Brandon Seabrook,<br />

guitare<br />

Au cœur du Klezmer Revival et de la scène des nouvelles<br />

musiques juives, Frank London et Lorin Sklamberg à l’origine<br />

des formations les plus dynamiques de ces vingt dernières<br />

années, nous proposent un programme inédit en Europe,<br />

tiré de leur dernier album paru sur Tzadik, Tsuker-zis<br />

(“doux-amer” en yiddish), fortement inspiré par les mélodies<br />

des fêtes hassidiques.<br />

ISABELLE DURIN: ROMANTISME HÉBRAÏQUE<br />

le 30 mai 2010 à 17h00<br />

«La musique hébraïque est étroitement liée à l’histoire du<br />

peuple juif, à ses errances, ses traumatismes, ses douleurs, en<br />

un mot à son destin tragique. Elle me renvoie à <strong>une</strong> part de mon<br />

identité, et me touche particulièrement.» déclare Isabelle Durin.<br />

Après des études aux conservatoires de Sceaux-Bourg-la-Reine<br />

et du VIème arrondissement de Paris, Isabelle Durin obtient un<br />

premier prix de violon Médaille d’or au C.N.R. de Versailles,<br />

dans la classe du violoniste Alexandre BRUSSILOVSKY, suivi en<br />

1996, d’un premier prix de musique de chambre et d’un premier<br />

prix d’honneur de violon, dans la classe de Antoine Goulard. En<br />

1997, elle obtient un premier prix de Perfectionnement de musique<br />

de chambre, et un premier prix au concours de musique<br />

de chambre du Lions’Club de Mantes (Val-de-Seine).<br />

Isabelle Durin dont nous avions parlé dans un précédent<br />

numéro donnera un concert à l’espace Rachi<br />

39 rue Broca 75005 Paris - Tarif plein: 20€ - Tarif réduit: 15€<br />

Frank London ©DR<br />

27


28<br />

Cinéma<br />

LES COUPS DE CŒUR DE<br />

FRÉDÉRIQUE LAHMI<br />

AJAMI, film israélien<br />

de Scandar Copti et Yaron Shani<br />

Le quartier d’Ajami, à Jaffa, est<br />

un lieu cosmopolite où cohabitent<br />

Juifs, Musulmans et Chrétiens. Le<br />

je<strong>une</strong> Nasri, âgé de 13 ans, et son<br />

grand frère Omar vivent dans la<br />

peur depuis que leur oncle a tiré sur<br />

un membre important d’un autre<br />

clan. Malek, un je<strong>une</strong> réfugié palestinien,<br />

travaille illégalement en<br />

Israël pour financer l’opération que<br />

sa mère doit subir. Binj, palestinien,<br />

rêve d’un futur agréable avec sa petite amie chrétienne.<br />

Dando, un policier juif recherche désespérément son je<strong>une</strong><br />

frère disparu... L’histoire de destins croisés au cœur d’<strong>une</strong><br />

ville déchirée.<br />

C’est <strong>une</strong> sorte de « Parrain » à l’israélienne où s’affrontent<br />

différentes familles de gangsters, mais comme l’action se situe<br />

en Israël et en Cisjordanie dans les diverses communautés,<br />

ce film a <strong>une</strong> résonance particulière. C’est un film dur,<br />

tendu, joué par les habitants d’Ajami eux-mêmes ce qui lui<br />

donne un très grand réalisme, proche du documentaire.<br />

Ce film est le fruit de la collaboration de deux Israéliens,<br />

un Juif et un Arabe et il a été sélectionné pour les Oscars,<br />

comme meilleur film étranger. Il a obtenu la mention spéciale<br />

de la Caméra d’Or au Festival de Cannes 2009.<br />

Synagogue Chivté Israël<br />

<strong>12</strong>, cité Moynet 750<strong>12</strong> Paris<br />

Synagogue Névé Chalom<br />

106, avenue du Général<br />

Michel Bizot 750<strong>12</strong> Paris<br />

Fondation de Rothschild<br />

80, rue de Picpus 750<strong>12</strong> Paris<br />

Synagogue Beth Eliahou<br />

4, rue Chevreul 75011 Paris<br />

Synagogue Don Isaac<br />

Abravanel 84-86, rue de la<br />

Roquette 75011 Paris<br />

Synagogue Vincennes<br />

30, rue Céline Robert<br />

94300 Vincennes<br />

Synagogue Fontenay/ Bois<br />

79, bd de Verdun 94<strong>12</strong>0<br />

Fontenay/Bois<br />

Synagogue Fontenay/ Bois<br />

5, rue JP Timbaud<br />

94<strong>12</strong>0 Fontenay-sous-Bois<br />

Les invités de mon père<br />

film français d’Anne LE NY<br />

« Les invités de mon père » est un<br />

film fort caustique, avec au centre,<br />

le patriarche Lucien Paumelle, médecin<br />

à la retraite, veuf qui force le<br />

respect pour son engagement militant<br />

dans différentes causes, dont<br />

celle de l’avortement. Lorsqu’il décide<br />

d’héberger des sans-papiers<br />

tout le monde se réjouit de ce<br />

geste magnifique.<br />

Anne Le Ny met à mal l’idée selon<br />

laquelle un sans-papiers est forcément<br />

gentil. Et lorsque Tatiana, réfugiée moldave est<br />

présentée à la famille, elle se montre sans gêne et limite<br />

raciste, mais c’est surtout <strong>une</strong> bombe sur laquelle le patriarche<br />

va craquer au grand dam de ses enfants.<br />

L’angélisme de gauche en prend un sacré coup, mais tous<br />

les personnages sont ambivalents et échappent à la caricature.<br />

Le père, le héros descend de son piédestal et ses<br />

enfants, joués par Fabrice Lucchini et Karine Viard sont<br />

presque libérés de son poids.<br />

Juste et tenu de bout en bout, le film enchaîne les situations<br />

désopilantes pour terminer sur <strong>une</strong> note beaucoup<br />

plus féroce.<br />

TRIBU <strong>12</strong> EST DISPONIBLE GRATUITEMENT<br />

DANS LES LIEUX SUIVANTS<br />

Synagogue Charenton<br />

42 ter, rue des Bordeaux<br />

94220 Charenton-le-Pont<br />

Synagogue Centre Rachi<br />

25, Avenue Sainte-Marie<br />

94160 Saint-Mandé<br />

Synagogue du Rachbi<br />

46, rue Robert André Vivien<br />

94160 Saint-Mandé<br />

Synagogue Beth El<br />

Rue Saulnier 75009 Paris<br />

Synagogue Buffault<br />

28, rue Buffault 75009 Paris<br />

Synagogue Julien Lacroix<br />

75, rue Julien Lacroix 75020 Paris<br />

École et Synagogue<br />

Alliance-Georges Leven<br />

30, Bd Carnot 750<strong>12</strong> Paris<br />

École Ganénou<br />

rue du Sergent Bauchat<br />

750<strong>12</strong> Paris<br />

École Eretz<br />

bd Voltaire 75011 Paris<br />

Centre Moïse Meniane<br />

17, av. Paul Langevin 92260<br />

Fontenay-aux-Roses<br />

Boucherie Berbèche<br />

53, av. du Dr Arnold Netter<br />

750<strong>12</strong> Paris<br />

La Délicieuse<br />

Bd Voltaire 75011 Paris<br />

Franck et Julien<br />

Bd Voltaire 75011 Paris<br />

Franprix Cacher<br />

Bd Voltaire 75011 Paris<br />

Poissonnerie La Belle Mer<br />

84, rue de Montreuil 75011 Paris<br />

Pizzeria La Stella<br />

Av. Daumesnil 750<strong>12</strong> Paris<br />

Pizzeria Tib’s<br />

Rue de Charenton 750<strong>12</strong> Paris<br />

Chalom’s Traiteur<br />

55, av. du Général Michel<br />

Bizot 750<strong>12</strong> Paris<br />

Boulangerie Simon<br />

269, rue de Charenton<br />

750<strong>12</strong> Paris<br />

Fondation de Rothschild<br />

118, rue de Paris 93100<br />

Montreuil<br />

Beth Habad de Vincennes<br />

20, rue de la Paix<br />

94300 Vincennes<br />

Boucherie Claude et Raphy<br />

2, rue du Dr Goujon<br />

750<strong>12</strong> Paris<br />

Boucherie Hayach<br />

rue de Paris 94300 Vincennes<br />

Boucherie Amsellem<br />

rue de Flandre<br />

75019 Paris


Recettes<br />

de Caroline BOCCARA<br />

LASAGNES DE LÉGUMES<br />

Pour 6/8 personnes<br />

Ingrédients<br />

66 cl de sauce tomate et crème / <strong>12</strong> plaques de lasagnes / 6 aubergines /<br />

4 courgettes / 400 g de mozzarella coupée en tranches / 150 g de parmesan /<br />

1 petit bouquet de basilic / 1 oignon / 1 gousse d’ail / huile d’olive / sel / poivre.<br />

Préparation<br />

- Préchauffer le four thermostat à 180° (th.6)<br />

- Couper les aubergines en tranches de 1 cm d’épaisseur.<br />

- Les saler et laisser reposer <strong>une</strong> demi-heure.<br />

- Ensuite, les rincer et les essuyer.<br />

- Hacher l’ail et l’oignon. Laver et sécher les courgettes, couper de larges lamelles<br />

puis les recouper en deux.<br />

- Ciseler le basilic et réserver quelques feuilles pour le décor.<br />

- Faire dorer, dans un peu d’huile, l’ail et l’oignon.<br />

- Ajouter la sauce tomate, la crème et le basilic. Saler et poivrer. Laisser mijoter ¼ heure.<br />

- Dans <strong>une</strong> autre poêle, faire dorer quelques minutes les aubergines et les courgettes dans un peu d’huile.<br />

- Huiler un plat allant au four et recouvrir le fond d’un peu de préparation à la sauce tomate et crème.<br />

- Disposer 3 ou 4 plaques de lasagnes dessus puis répartir un peu de la préparation à la sauce tomate et crème sur les plaques.<br />

- Disposer <strong>une</strong> couche d’aubergines, répartir encore de la sauce tomate. Disposer à nouveau <strong>une</strong> couche de pâtes, puis <strong>une</strong><br />

couche de courgettes et ainsi de suite jusqu’à ce que tous les légumes soient utilisés.<br />

- Terminer avec <strong>une</strong> couche de sauce tomate et saupoudrer ensuite les fromages mélangés. Saler et poivrer.<br />

- Placer le plat au four pendant 35 à 45 min.<br />

SALADE DE ROQUETTE<br />

1 sachet de salade roquette<br />

<strong>Un</strong>e tête de fenouil<br />

<strong>Un</strong> morceau de parmesan<br />

Huile d’olive / Sel / Poivre / Citron<br />

Dans un saladier versez la salade<br />

Émincez le fenouil très finement( à la mandoline)<br />

Idem pour le parmesan<br />

Citron<br />

Sel / Poivre / Huile d’olive<br />

DESSERT HALAVI - GÂTEAU DE SUCRERIES<br />

de Eden BOCCARA<br />

Ingrédients<br />

<strong>Un</strong> demi paquet de mini maschmalow<br />

200gr de chocolat noir / 20 cl de crème liquide / 50 g de petit beurre<br />

50 g de spéculos / 50 g de galette au beurre / 20 g de noix de coco râpée<br />

Préparation<br />

- Brisez les gâteaux secs dans un bol. Ajoutez la noix de coco.<br />

- Ajoutez les trois quarts des maschmalows.<br />

- Réservez quelques-uns pour la décoration.<br />

- Faire fondre le chocolat au bain Marie ou micro onde.<br />

- Hors du feu ajoutez-y la crème et fouettez énergiquement.<br />

- Mélangez les gâteaux, les «sucreries» et le chocolat fondu.<br />

- Dans un moule à manquer, filmez en laissant dépasser le film de part et d’autre.<br />

- Disposez les mini maschmalows restant au fond recouvrez de la préparation<br />

au chocolat. Finissez par quelques brisures de gâteaux.<br />

- Rabattez le film et réservez au réfrigérateur pendant 24h.<br />

- Démoulez sur un plat. Coupez des carrés de 3 à 5cm.<br />

Servez cette» sucrerie» selon Eden<br />

avec des jus de fruit pour les plus je<strong>une</strong>s et un bon café pour les plus grands !!<br />

29


30<br />

Découverte<br />

EIN GEDI,<br />

UN PETIT COIN DE PARADIS...<br />

EIN GEDI SE TROUVE SUR LA RIVE OCCIDENTALE DE<br />

LA MER MORTE. CETTE OASIS NOUS OFFRE UN SPEC-<br />

TACLE FLAMBOYANT DE FAUNE ET DE FLORE UNIQUE<br />

AU MONDE. ON PEUT Y FAIRE DES EXCURSIONS EN FA-<br />

MILLE OU ENTRE AMIS, ET Y DÉCOUVRIR DES PAYSAGES<br />

À COUPER LE SOUFFLE! VOUS POURREZ AUSSI VOUS<br />

PROMENER ENTRE LES BOUQUETINS SEMI SAUVAGES<br />

DE CETTE RÉSERVE NATURELLE MONDIALE CLASSÉE<br />

PAR LES NATIONS UNIES. MAIS EIN GEDI N’EST PAS QUE<br />

SOLEIL ET « FARNIENTE », C’EST AUSSI UNE PARTIE DE<br />

NOTRE HISTOIRE …<br />

Découvrons ensemble l’un des plus merveilleux sites d’Israël.<br />

Ein Gedi signifie littéralement : « la source du bouquetin<br />

». Les je<strong>une</strong>s bouquetins de Nubie vécurent de tous<br />

temps près des sources d’Ein Gedi. Déjà, à l’époque du Roi<br />

David, la Torah nous parle des « abris d’Ein Gedi » et des<br />

« sentiers escarpés des chamois » (I Sam.24), dans ces spectaculaires<br />

canyons, où David alla trouver refuge, poursuivi<br />

par le Roi Saül.<br />

Cette abondance en eau, vient de ruisseaux des montagnes<br />

de Judée, qui se jettent dans la mer Morte : les ruisseaux<br />

de David, d’Arougot, ou de Bokek. Ce climat tempéré, voir<br />

même tropical, et cette profusion d’eau constituaient de<br />

parfaites conditions pour les vignobles du Roi Salomon.<br />

D’ailleurs, il écrit dans le Cantique des Cantiques (1:14): «<br />

Mon bien-aimé est pour moi <strong>une</strong> grappe de troène dans les<br />

vignes d’Ein Gedi » !<br />

Sur ce verset, Rachi (commentateur de la Torah) explique<br />

que ces vignes avaient reçu <strong>une</strong> bénédiction particulière.<br />

En effet Dieu bénit ces vignobles de sorte qu’ils produisaient<br />

de bons raisins 4 à 5 fois par an ! L’Éternel voulait<br />

pardonner au peuple juif ses fautes et ses « caprices » dans<br />

le désert lors de la sortie d’Égypte, et par la même, lui prouver<br />

son amour.<br />

Parmi les multiples bienfaits d’Ein Gedi, un parfum, jadis de<br />

renommée mondiale, et unique en son genre. À l’époque<br />

de l’invasion romaine, l’existence de ce parfum à la senteur<br />

si particulière vient aux oreilles de l’Empereur qui se donne<br />

pour but d’en faire le prestige de sa campagne. Les Romains<br />

trouvent alors à Ein Gedi <strong>une</strong> ville développée. Mais<br />

les habitants, désireux de protéger cette tradition ancestrale,<br />

en détruisent toutes les traces : vergers, ateliers de fabrications,<br />

réserves… Les soldats romains réussiront néanmoins<br />

au terme de durs combats, à s’emparer de quelques<br />

extraits, mais sans le procédé de fabrication.<br />

Dans les années soixante-dix, un agriculteur qui<br />

labourait son champ, fit <strong>une</strong> découverte exceptionnelle<br />

: <strong>une</strong> synagogue du IIIe siècle attendait<br />

patiemment qu’on la découvre! Cette<br />

merveille presque intacte, révèle alors<br />

<strong>une</strong> architecture toute particulière. Déjà à<br />

l’époque, il y avait un emplacement destiné<br />

au chef de la communauté (appelé la<br />

chaire de Moïse), sculpté dans le mur Est de<br />

la synagogue. On y observe aussi des bancs<br />

pour les fidèles, construits le long du mur sud<br />

et <strong>une</strong> bimah (estrade) centrale où l’officiant<br />

priait et lisait dans le Sefer Torah. La synagogue est<br />

ornée de splendides mosaïques d’époque désormais rénovées,<br />

illustrant des maximes hébraïques et araméennes.<br />

Cette synagogue fut en service pendant plus de 400 ans<br />

jusqu’à être ravagée par un incendie.<br />

Parmi les trésors que recelait ce vestige, un « butin » de<br />

5000 pièces datant du IVème siècle, mais aussi et surtout<br />

un candélabre à 7 branches, similaire à celui du Temple,<br />

seule et unique pièce de ce type jamais retrouvée, fabriqué<br />

par des Juifs, car en effet la loi juive interdit de recopier un<br />

chandelier à 7 branches comme celui qui était autrefois au<br />

Beth haMikdach.<br />

En 1953, les premières implantations juives au kibboutz Ein<br />

Gedi sont venues pleins de courage et de force pour reconstruire<br />

toute <strong>une</strong> vie juive en harmonie avec la nature.<br />

Ce sont des amoureux à la main verte qui composèrent


le fameux jardin botanique du kibboutz, d’<strong>une</strong> rare beauté,<br />

célèbre dans le monde entier pour son osmose entre<br />

plantes désertiques et tropicales.<br />

Ceux qui seront en vacances en Israël verront dans Ein Gedi<br />

<strong>une</strong> station thermale de renommée mondiale, avec ses<br />

centres de remise en forme, ses spa, ses bains soufrés, ses<br />

traitements de boue, ses massages etc.<br />

Célibataires, enfants, familles, tout le monde « trouvera son<br />

compte » à Ein Gedi dans <strong>une</strong> harmonie complète avec la<br />

nature. Des centres observant la pratique religieuse des lois<br />

de pudeur sont mêmes désormais en activité pour notre<br />

plaisir. Bonnes vacances !<br />

David Mansour<br />

972-52-43-34-254<br />

http://www.tiyoul-tov.org<br />

Je Voudrais Savoir Par JIPÉA<br />

CONNAISSEZ-VOUS LES OEUBBEYTTATES ?<br />

J’ai parlé à ma grand-mère qui est d’origine tunisienne du ver miraculeux<br />

appelé Shamir dont vous parlez dans le dernier numéro de votre magazine.<br />

Elle a haussé les épaules en me disant : « Ce shamir, ça n’est rien à côté<br />

des oeubbeytates de Tunisie, des êtres extraordinaires et très dangereux ! ».<br />

Malgré mon insistance, elle n’a pas voulu m’en dire plus, me recommandant<br />

surtout de ne pas en parler. Savez-vous quelque chose au sujet de ces oeubbeytates<br />

?<br />

Chaque groupe humain et, partant, chaque communauté juive, véhicule son lot<br />

de croyances et de superstitions. En Tunisie, au siècle dernier, dans les familles<br />

juives, on faisait peur aux petits enfants indisciplinés en les menaçant de les livrer<br />

aux oeubbeytates. Grâce aux récits des conteurs de la Hara, le Ghetto de Tunis,<br />

on a gardé quelques traces de ces êtres mythiques qui ont pratiquement disparu<br />

aujourd’hui de la mémoire juive tunisienne.<br />

D’après <strong>une</strong> croyance locale, chaque fois que deux ou plusieurs membres d’<strong>une</strong><br />

même famille périssaient de mort violente ou chaque fois que se mêlaient les sangs<br />

d’animaux d’espèces différentes, naissaient des larves malfaisantes, les oeubbeytates.<br />

C’est pourquoi, la rue de l’Abattoir, dans le quartier juif de la Hara, où se pratiquait la<br />

chékhita, l’abattage rituel, avait la réputation d’être hantée par des oeubbeytates. On<br />

disait de ces dernières qu’elles avaient le pouvoir de se métamorphoser pour revêtir<br />

<strong>une</strong> apparence humaine, animale ou même d’un simple objet afin d’accomplir de<br />

mauvaises actions. Dès lors, nul ne s’aventurait de nuit dans le quartier des abattoirs.<br />

Comme disaient les Juifs italiens de Tunisie, les Livournais ou Granas, « Sè non è vero, è<br />

ben trovato », « Si ce n’est pas vrai, c’est bien imaginé ».<br />

Source : Jacques Véhel et Ryvel. Le bestiaire du Ghetto.<br />

31


32<br />

Juridique<br />

Rubrique juridique de Maître Franck SERFATI<br />

Achat d’un véhicule d’occasion<br />

La vente, telle que définie à l’article 1582 du Code Civil,<br />

est <strong>une</strong> convention par laquelle l’un s’oblige à livrer <strong>une</strong><br />

chose, l’autre à la payer.<br />

<strong>Un</strong> particulier acheteur d’un véhicule d’occasion a un<br />

recours contre son vendeur, lorsque la chose est affectée<br />

d’un vice la rendant impropre à son usage, autrement dit<br />

quand celle-ci ne fonctionnera pas normalement.<br />

L’Acheteur – Professionnel ne bénéficiera pas, en principe,<br />

de la garantie légale.<br />

LES VICES CACHÉS<br />

Il s’agit d’<strong>une</strong> théorie prétorienne établie par les <strong>Tribu</strong>naux<br />

afin de protéger l’Acheteur, lorsque la chose vendue est<br />

entachée de façon conséquente.<br />

L’article 1641 du Code Civil impose <strong>une</strong> garantie légale<br />

sous 3 conditions essentielles :<br />

1) L’acheteur est un particulier, non applicable au Professionnel<br />

2) Le vice affecte l’usage normal du bien<br />

3) Le défaut est caché et donc inconnu de l’acheteur lors<br />

de la vente.<br />

La rubrique médicale<br />

L’ÉPILATION DÉFINITIVE AU LASER<br />

Parmi les actes les plus courants pratiqués en médecine esthétique,<br />

hors visage (évoqué dans le numéro précédent<br />

de votre revue préférée), nous abordons ici l’épilation laser<br />

définitive.<br />

Avant de commencer l’épilation laser un bilan<br />

hormonal peut être demandé chez certaines<br />

femmes présentant <strong>une</strong> pilosité importante<br />

(hirsutisme) ; il s agit d’<strong>une</strong> maladie<br />

endocrinienne se traduisant par des<br />

troubles des règles, <strong>une</strong> perte de cheveux,<br />

<strong>une</strong> voix rauque... Ces signes<br />

cliniques sont dus à <strong>une</strong> augmentation<br />

d’hormones androgéniques<br />

(masculines).<br />

L’épilation laser définitive sous<br />

contrôle médical permet en 5 à 6<br />

séances de se débarrasser de façon<br />

permanente des poils disgracieux.<br />

Ce laser « Alexandrite » permet ce résultat,<br />

contrairement au laser «lumière<br />

pulsée», dont le résultat n’est que temporaire<br />

(utilisé dans les instituts de beauté).<br />

Il est préférable de commencer par des<br />

petites zones comme le « maillot » et les<br />

« aisselles » et de finir par le reste du corps... Il faut<br />

Dans cette hypothèse, l’acheteur pourra librement solliciter<br />

la résolution de la vente, annulation avec effet rétroactif<br />

et remboursement du prix, ou demander <strong>une</strong> réduction<br />

du prix.<br />

Dans la pratique, le vendeur aura tendance à refuser<br />

spontanément cette option et <strong>une</strong> action judiciaire pourra<br />

être engagée, soit devant le <strong>Tribu</strong>nal d’Instance pour un<br />

litige dont le montant n’excède pas 10 000 €, ou devant le<br />

<strong>Tribu</strong>nal de Grande Instance au-delà !<br />

Chaque partie sera amenée à prouver ses prétention, d’où<br />

la nécessité pour l’Acheteur d’établir les vices, par tous les<br />

moyens : constat ; facture ; attestation ; photo ; expertise…<br />

QUELQUES CONSEILS PRATIQUES<br />

Identifier votre Vendeur de façon précise<br />

Procéder à <strong>une</strong> visite chez un <strong>profession</strong>nel<br />

Solliciter le carnet d’entretien du véhicule<br />

Conserver tous les documents utiles : annonce ; acte de<br />

vente ; justificatif du paiement ; factures…<br />

éviter le soleil ou les U.V. trois semaines avant et après la<br />

séance de laser.<br />

Le mécanisme d’action du laser consiste en l’émission d’<strong>une</strong><br />

lumière amplifiée qui est attirée par la couleur noire<br />

du poil (mélanine du poil) et qui le détruit dans<br />

son bulbe (racine).<br />

Seuls les poils je<strong>une</strong>s en phase de croissance<br />

sont atteints ce qui représente<br />

20% des poils de la surface à traiter;<br />

c’est pour cela que l’on doit faire 5<br />

séances espacées d’un mois pour<br />

que tous les poils soit détruits.<br />

Actuellement les traitements au laser<br />

sont inefficaces sur les poils blonds,<br />

roux ou blancs parce que ces poils<br />

contiennent peu de mélanine que le<br />

laser cible principalement.<br />

Après chaque séance, <strong>une</strong> sensation<br />

de chaleur de type «coup de soleil»<br />

est ressentie et dure de deux à trois<br />

heures. <strong>Un</strong>e crème hydratante est utilisée<br />

les jours suivants.<br />

Les contre-indications sont : la je<strong>une</strong> fille de<br />

moins de 16 ans, la femme enceinte, les peaux<br />

bronzées et les troubles hormonaux.<br />

Dr Michel Mimoun


Conte Populaire<br />

LES VILLES DE RABBI TARPHON<br />

RABBI TARPHON, QUI VIVAIT VOICI BIEN DES SIÈCLES,<br />

ÉTAIT FORT RICHE MAIS IL NE PRATIQUAIT PAS LA JUS-<br />

TICE. CE N’ÉTAIT PAS QU’IL FUT AVARE OU SEC DE<br />

CŒUR. NON ! SIMPLEMENT, IL NE SONGEAIT PAS AU<br />

BIEN QU’IL AURAIT PU FAIRE AVEC UNE PETITE PAR-<br />

TIE DE CE QU’IL POSSÉDAIT. IL S’IMAGINAIT CONFUSÉ-<br />

MENT, COMME BEAUCOUP DE GENS, QUE SI LUI-MÊME<br />

N’AVAIT BESOIN DE RIEN, PERSONNE N’AVAIT RIEN À<br />

DEVOIR SOUHAITER. QUE DE RICHES SERAIENT GÉNÉ-<br />

REUX, SI, DEVANT LEURS TABLES LUXUEUSEMENT SER-<br />

VIES, ILS ACCORDAIENT DE TEMPS À AUTRE UNE PEN-<br />

SÉE À CEUX QUI, POUR SE RASSASIER N’ONT QU’UN<br />

MORCEAU DE PAIN DUR !<br />

Si Rabbi Tarphon n’était pas généreux avec les pauvres, il<br />

ne se refusait personnellement rien. <strong>Un</strong> jour, sur sa route, il<br />

rencontra Rabbi Akiba, alors tout je<strong>une</strong> homme, tandis que<br />

lui-même se courbait déjà sous le poids de la vieillesse.<br />

- Paix sur toi, quoi de neuf ?<br />

- Salut, ô mon maître, répondit Akiba, je ne sais rien qui<br />

puisse d’intéresser… Au fait, si … continua-t-il en hésitant,<br />

figure toi qu’on m’a parlé de deux villes qui seraient<br />

à vendre. Elles sont chères, évidemment, quarante mille<br />

dinars d’or, mais quelle superbe affaire et quel beau placement<br />

!<br />

Rabbi Tarphon s’approcha, intéressé. Il posa à Rabbi Akiba<br />

différentes questions auxquelles celui-ci répondit de son<br />

mieux, mais avec un embarras visible. Pour finir, Rabbi Tarphon<br />

emmena chez lui son je<strong>une</strong> ami et lui remis quarante<br />

mille dinars d’or en le chargeant de lui acheter les deux<br />

villes en question. Ce que Rabbi Akiba promit de faire.<br />

Quelques jours plus tard, Rabbi Tarphon se rendit au Beith-<br />

Hamidrach (maison d’études) pour y trouver Rabbi Akiba<br />

qu’il n’avait pas revu depuis ce jour là. Il voulait lui demander<br />

où en étaient ses négociations au sujet des deux villes.<br />

Il aperçut le je<strong>une</strong> Rabbi Akiba, assis sur un banc, entouré<br />

d’enfants et de vieillards qui se pressaient autour de lui. Ce<br />

dernier se leva précipitamment et se jeta aux pieds de rabbi<br />

Tarphon en s’écriant :<br />

- Pardonne, ô mon maître ma supercherie. Je t’ai trompé,<br />

je t’ai volé, il n’y avait pas de villes à vendre ! Mais tant et<br />

tant de malheureux passent chaque jour devant ma porte<br />

que j’en étais devenu à désespérer de ne rien pouvoir pour<br />

eux. Je suis pauvre moi-même, hélas ! C’est ainsi que m’est<br />

venue la f<strong>une</strong>ste pensée d’abuser de ta confiance ! J’ai fait<br />

beaucoup d’heureux grâce à toi, mais à tes yeux je ne suis<br />

plus qu’un individu pécheur… Pourras-tu jamais me pardonner<br />

?<br />

À ce moment, un vieillard s’approcha d’eux et dit à Rabbi<br />

Tarphon :<br />

Grâces te soient rendues, ô mon maître ! J’étais malade<br />

depuis des années et, faute d’argent, je n’ai jamais pu me<br />

soigner. Grâce à ce que Rabbi Akiba m’a donné de ta part,<br />

j’ai pu consulter un médecin célèbre et acheter les médica-<br />

ments qu’il m’a prescrits. Déjà la cure fait son effet et je me<br />

sens plus vaillant. Merci. Merci.<br />

<strong>Un</strong>e pauvre femme vint à son tour raconter comment, à la<br />

suite de la mort de son mari, quelques temps auparavant,<br />

elle et ses huit enfant étaient plongés dans <strong>une</strong> misère profonde<br />

d’où ils ne seraient jamais sortis, sans le concours<br />

providentiel que Rabbi Akiba leur avait accordé.<br />

Puis un bel enfant aux boucles br<strong>une</strong>s alla prendre la main<br />

de Rabbi Tarphon en lui disant :<br />

-Merci, mon maître. Grâce à toi, un jour je deviendrai, moi<br />

aussi, un <strong>rabbin</strong> savant et instruit de notre Sainte Loi. Mes<br />

parents sont très pauvres, ils n’auraient pas pu me permettre<br />

de me consacrer entièrement à l’étude, comme je le<br />

désirais tant ! Mais Rabbi Akiba est venu de ta part et leur a<br />

donné <strong>une</strong> somme d’argent. Cela leur a permis de me laisser<br />

passer tout mon temps de travailler au Beith-Hamidrach<br />

au lieu d’aller aider mon père aux champs, comme font mes<br />

autres frères ! Je te promets de donner toujours satisfaction<br />

à mes maîtres et de devenir plus tard un homme bon et<br />

hénéreux comme toi, Rabbi Tarphon !<br />

À ces mots, Rabbi Tarphon ne put se contenir davantage. Il<br />

saisit rabbi Akiba dans ses bras et lui dit :<br />

Ô mon fils ! Je te remercie du plus profond de mon cœur de<br />

ce que tu as fait : tu es je<strong>une</strong> et pourtant tu es mon maître<br />

par la sagesse et mon chef par la bonté ! Tu m’as montré la<br />

voie ! Ces malheureux, ces malades à secourir, ces je<strong>une</strong>s<br />

âmes à conquérir, voilà les villes que dans l’avenir je veux<br />

m’efforcer d’acheter. Toi, tu seras mon guide et mon soutien.<br />

Ne regrette plus ta prétendue faute, elle m’a ouvert<br />

les yeux, c’est <strong>une</strong> bonne action que tu as fait là !<br />

Inutile de vous dire que Rabbi Tarphon consacra en effet<br />

toute sa vie au bien des autres. La richesse est <strong>une</strong> belle<br />

chose quand on en profite pour faire le bien et pour aidr<br />

ceux qui sont dans le besoin. Si l’on n’en use que pour sa<br />

satisfaction personnelle, alors elle devient <strong>une</strong> source tarie.<br />

Simone Hirschler<br />

Le mariage merveilleux et autres contes d’Israël<br />

Éditions Lichma<br />

33


34<br />

Nos Lecteurs ont la parole<br />

Je voudrais vous féliciter pour le choix de vos couvertures<br />

qui sont toujours très belles.<br />

Nelly L. Paris <strong>12</strong>ème<br />

L’article sur le vin est très intéressant. On apprend plein de<br />

choses sur la fabrication du vin.<br />

Eliahou H. Paris <strong>12</strong>ème<br />

Il est mentionné que la synagogue Neve Chalom fait<br />

un office à 13h30 mais par 2 fois les portes sont restées<br />

fermées.<br />

Henri M. Paris <strong>12</strong>ème<br />

Cela n’a pas été prolongé par le nouveau président de<br />

la communauté. Nous n’avons pas été informé.<br />

Remy Fellous a écrit un article très agréable à lire. Vous<br />

devriez lui demander de vous en écrire d’autres.<br />

Gisèle F. Paris <strong>12</strong>ème<br />

J’aurai bien aimé trouver dans votre magazine les coordonnées<br />

des restaurants cachers de l’Est parisien. Il y a<br />

des personnes agées qui n’ont pas Internet pour faire des<br />

recherches rapides. D’autre part, ce sera un moyen d’avoir<br />

<strong>Tribu</strong> <strong>12</strong> toujours à portée de main<br />

Raphaël C. Paris <strong>12</strong>ème<br />

Votre magazine a <strong>une</strong> bonne ligne éditoriale et devrait<br />

intéresser les autres régions parisiennes et pourquoi pas<br />

les autres régions de France à forte densité juive.<br />

D.E.D. F. Paris <strong>12</strong>ème<br />

Comment faire pour participer à la rédaction de <strong>Tribu</strong> <strong>12</strong> ?<br />

Illan C. Paris 11ème<br />

Vous nous écrivez par mail ou par courrier et vous<br />

nous proposez soit <strong>une</strong> rubrique, soit un sujet comme<br />

d’ailleurs l’a fait M. Ayache, otage à Entebbe ou Mme<br />

Farouz qui nous propose certaines de ses toiles.<br />

J’apprécie votre éditorial qui est bien tourné ainsi que la<br />

qualité de votre magazine tant sur le point des articles que<br />

sur celui des illustrations.<br />

Victor M. Marseille 5ème<br />

Ma femme et moi aimons bien votre magazine parce qu’on<br />

ne trouve pas ailleurs les sujets que vous traitez.<br />

Fernand B. Paris <strong>12</strong>ème<br />

Et vous trouvez ça drôle !<br />

Sur <strong>une</strong> petite île perdue au milieu de l’océan, un homme barbu<br />

agite désespérément les bras en direction d’un bateau. <strong>Un</strong> passager<br />

demande au capitaine :<br />

- Qui est-ce ?<br />

- Auc<strong>une</strong> idée. On passe tous les ans devant son île et à chaque<br />

fois ça le rend fou !<br />

***<br />

C’est l’histoire d’un gars qui vient de passer des examens de santé<br />

à l’hôpital. Le médecin annonce au patient qu’il est gravement<br />

malade et qu’il va mourir. Le gars demande ce qu’il peut faire pour<br />

le guérir. Le médecin lui répond : Vous n’avez qu’à faire des bains<br />

de boue.<br />

- Pourquoi ça va me guérir ?<br />

- Non, mais ça vous habitueras à la terre.<br />

***<br />

<strong>Un</strong> homme entre dans <strong>une</strong> papeterie :<br />

- J’aimerais offrir un beau stylo à ma femme : c’est son anniversaire !<br />

- Oh, c’est bien, dit la vendeuse, vous voulez lui faire <strong>une</strong> petite<br />

surprise ?<br />

- Oh que oui, ce sera même <strong>une</strong> très grosse surprise : elle s’attend<br />

à avoir <strong>une</strong> BMW...<br />

!<br />

<strong>Un</strong>e dame va renouveler son passeport.<br />

Le fonctionnaire lui demande :<br />

- Combien d’enfants avez-vous?<br />

- 10<br />

- Et leurs prénoms?<br />

- Bernard, Bernard, Bernard, Bernard, Bernard, Bernard, Bernard,<br />

Bernard, Bernard et Bernard.<br />

- Ils s’appellent tous Bernard ? Et, comment vous faites pour les<br />

appeler quand ils jouent tous dehors, par exemple ?<br />

- Très simple, je crie Bernard et ils rentrent tous.<br />

- Et si vous voulez qu’ils passent à table?<br />

- Pareil. Je crie Bernard et tous se mettent à table.<br />

- Mais, et si vous voulez parler particulièrement avec l’un d’entre<br />

eux?<br />

Comment vous faites?<br />

- Ah! Dans ce cas là, je l’appelle par son nom de famille...<br />

Ah !!


TRIBU <strong>12</strong> JUNIOR<br />

DANS CETTE PARTIE, NOUS PROPOSONS AUX JEUNES<br />

UN SUPPLÉMENT QUI LEUR EST DESTINÉ<br />

CONNAIS-TU LES CAMONDO,<br />

UNE FAMILLE DE MÉCÈNES ?<br />

Il y a eu, tout au long de l’histoire du peuple juif, des familles<br />

qui se sont distinguées. Parce qu’elles ont compté<br />

dans leurs rangs des hommes riches, entreprenants et célèbres<br />

qui ont su profiter de leur fort<strong>une</strong> et de leur savoir<br />

pour aider leur communauté et leur nation. Il en est ainsi<br />

de la célèbre famille des Rothschild, <strong>une</strong> véritable dynastie<br />

fondée au XVIIIème siècle, à Francfort-sur-le-Main, en Allemagne<br />

par Meyer Amschel Rothschild qui, en créant, avec<br />

ses cinq fils la banque « Meyer Amschel Rothschild et fils »<br />

va bouleverser la finance internationale. Il en est ainsi, également,<br />

de la famille Pereire. Si un boulevard, à Paris, porte<br />

aujourd’hui leur nom, c’est qu’ils ont été des visionnaires et<br />

des bâtisseurs, notamment dans le domaine des chemins<br />

de fer. La famille Camondo, qui fut tout aussi importante<br />

en son temps que les Rothschild et les Pereire est moins<br />

connue, probablement parce que, pour des raisons dramatiques<br />

que je vais te raconter, cette famille n’a pas laissé<br />

d’héritiers portant ce nom.<br />

Les Camondo étaient originaires d’Espagne. Après avoir<br />

vécu en Turquie et en Italie, ils ont choisi la France. Le fondateur<br />

de la dynastie, Abraham Salomon, est né en 1781 à<br />

Istanbul. Commerçant et changeur d’argent, il devient rapidement<br />

le plus riche des deux cents mille Juifs que compte<br />

l’empire ottoman à l’époque. Son frère, Isaac, très riche lui<br />

aussi avait fondé <strong>une</strong> banque et comme leur sœur, Ventura,<br />

avait choisi pour sa part d’aller vivre à Jérusalem, Abraham<br />

Salomon, à la mort de son frère, victime de la peste et sans<br />

descendants, devient le maître de la banque Isaac Camondo<br />

et Cie. Juif pratiquant, il épouse Clara Lévy qui lui donnera<br />

un fils, Salomon Raphaël, né en 1910.<br />

Salomon Raphaël épousera Esther Foa et aura trois enfants :<br />

Abraham, né en 1829 qui épousera Régina Baruch, Nissim<br />

(1830) futur époux d’Élise Fernandez et Rébecca (1836)<br />

qui sera, plus tard, madame Halfon. Abraham Salomon Camondo<br />

peut savourer son bonheur. Il est très riche et il a<br />

constitué <strong>une</strong> belle famille. Hélas, le malheur va s’abattre<br />

sur les Camondo.<br />

Nous sommes en 1866. C’est <strong>une</strong> année noire. Abraham<br />

Salomon perd coup sur coup sa femme, son fils unique,<br />

Salomon, victime d’<strong>une</strong> crise cardiaque et sa petite fille, à<br />

peine âgée de 30 ans.<br />

C’est à Abraham et à Nissim de reprendre le flambeau familial<br />

d’autant plus que le patriarche va lui aussi mourir peu<br />

après, en 1873.<br />

Les frères Camondo connaissent <strong>une</strong> activité débordante :<br />

administrateurs de la banque Paribas, créateurs des Cimenteries<br />

Portland du Boulonnais, actionnaires de la Com-<br />

LES GRANDS PERSONNAGES JUIFS DU PASSÉ<br />

pagnie de Panama, des Chemins de Fer portugais, de la<br />

Compagnie Internationale du Gaz, du Crédit Foncier Franco-Canadien<br />

et de bien d’autres sociétés, ils sont immensément<br />

riches.<br />

En 1851, Régina donne un fils à Abraham, Isaac et, en 1860,<br />

c’est au tour d’Élise de mettre au monde un petit Moïse.<br />

Parallèlement à leurs activités bancaires et commerciales,<br />

les Camondo sont très actifs au sein de la communauté<br />

juive. Ils siègent au Consistoire, à l’Alliance Israélite et à la<br />

synagogue Buffault. Ils sont parmi les créateurs de la Société<br />

d’Études Juives. Élevés dans la tradition, leurs enfants<br />

apprennent l’hébreu et suivent des cours de Talmud Torah<br />

avec le <strong>rabbin</strong> Astruc.<br />

1899. Nouvelle année noire pour les Camondo. Nissim et<br />

Abraham meurent coup sur coup. Pneumonie pour le premier,<br />

fluxion de poitrine pour le second.<br />

Les héritiers de la famille, les deux cousins, Isaac, 48 ans<br />

et Moïse, 39 ans, sont désormais en première ligne. Ils ont<br />

été anoblis et sont à présent les comtes de Camondo. Isaac<br />

est un amateur d’art et d’opéra tandis que Moïse, lui , qui a<br />

épousé Irène Cahen d’Anvers, s’adonne à la chasse.<br />

Nouveau malheur : en 1911, Isaac meurt, sans héritier en<br />

1911. Moïse a la chance de voir son épouse, Irène, lui donner<br />

deux enfants : Nissim, qui naît en 1892 et Béatrice, deux<br />

ans plus tard. Mais ce bonheur est de courte durée, lui aussi.<br />

Irène, qui ne s’entend plus avec son mari, divorce. Moïse<br />

se consacre à l’éducation de ses enfants tout en continuant<br />

de bâtir sa fort<strong>une</strong>.<br />

1917. C’est le drame. Le je<strong>une</strong> Nissim a été mobilisé. Lieutenant<br />

dans l’armée de l’air, il participe aux combats contre<br />

l’Allemagne. Le 3 septembre, il est abattu par un avion allemand.<br />

Moïse, qui sera le dernier des Camondo, meurt en<br />

1935.<br />

De cette famille riche et célèbre, il ne reste que Béatrice,<br />

épouse de Léon Reinach. Ils ont deux enfants, Fanny (1920)<br />

et Bertrand (1923).<br />

En 1942, Léon, Béatrice, Fanny et Bertrand sont arrêtés<br />

parce que juifs, internés à Drancy et déportés à Auschwitz<br />

par le convoi n°62. C’est là qu’ils seront assassinés. La<br />

splendeur des Camondo s’achève dans la catastrophe de<br />

la Shoah.<br />

L’hôtel particulier des Camondo, au 63, rue de Monceau<br />

dans le 8ème arrondissement est devenu un musée national,<br />

le musée Nissim de Camondo. Je te recommande vivement<br />

de le visiter<br />

DANS LE PROCHAIN NUMÉRO DE<br />

TRIBU <strong>12</strong> JUNIOR, TU DÉCOUVRIRAS<br />

UNE REINE JUIVE, LA KAHÉNA<br />

39


40<br />

Devinettes<br />

<strong>Un</strong> je<strong>une</strong> lecteur de <strong>Tribu</strong> <strong>12</strong> vous propose 2 devinettes :<br />

1) Qu’est ce qu’<strong>une</strong> gousse d’ail jetée contre un mur qui revient?<br />

2) Quel est le pluriel d’un verre d’eau ?<br />

Enigmes<br />

Question 1 :<br />

<strong>Un</strong> coq est sur le toit d’<strong>une</strong> maison. Si la maison est orientée vers le sud-ouest et qu’un vent violent<br />

de 95km/h vient du nord-ouest. De quel côté tombera l’œuf pondu?<br />

Question 2 :<br />

Armelle fait <strong>une</strong> recette de cuisine. Elle veut exactement 40 cl d’eau. Or, elle ne possède qu’un verre de 50 cl<br />

et un pichet de 110 cl. Comment procède-t-elle?<br />

Question 3 :<br />

<strong>Un</strong>e voiture roule la moitié d’un trajet à 80 Km/h et l’autre moitié à 20 Km/h.<br />

De combien est sa moyenne ?<br />

Question 4 :<br />

Dans cette suite U D T Q ? S S H N quelle lettre faut-il mettre au milieu<br />

pour que le tout soit un peu logique?<br />

Question 5 :<br />

Trouvez les signes manquants : 8...6...2=11<br />

Les Jeux de<br />

Des animaux en salade<br />

En mélangeant les lettres des deux mots, il s’agit de reconstituer le nom d’un animal<br />

1) AGE + FUIRA = 2) ALE + TOUTE =<br />

3) HEROS + CIRON = 4) AMPHI + POPOTE =<br />

NB : ALE, c’est <strong>une</strong> bière anglaise, CIRON,<br />

c’est un moustique et POPOTE, c’est la cuisine<br />

rions un peu<br />

<strong>Un</strong>e dame ver de terre rencontre <strong>une</strong> de ses amies.<br />

- Qu’est-ce que tu as ? Tu en fais <strong>une</strong> tête ! Et ton mari, il ne t’accompagne pas ?<br />

Alors, la dame ver de terre, tristement :<br />

- Il est à la pêche...<br />

A l’école, l’institutrice interroge petit Paul, très rêveur et assis au fond de la classe :<br />

- Petit Paul, tu es un épicier, et moi je suis <strong>une</strong> cliente. Je t’achète un melon à 2 euros,<br />

<strong>une</strong> salade à 50 centimes, et un kilo de pommes de terre à 1 euro. Combien je te dois ?<br />

Petit Paul réfléchit un instant et dit :<br />

- Oh, ne vous inquiétez pas, madame, vous me paierez demain !<br />

Deux passants se croisent dans la rue :<br />

Tiens, Jean, comme tu as changé : les cheveux, les yeux...<br />

Mais monsieur, je ne m’appelle pas Jean.<br />

Ah bon ! : Tu as changé de prénom !<br />

L’institutrice demande à Nicolas :<br />

- Tu as écrit : «Il alla dans le shampooing». Ca n’a pas de sens.<br />

- Mais c’est vous qui l’avez dit.<br />

- Non, j’ai dicté : « Il alla dans le champ. Point ».<br />

Solutions


page 42<br />

TRiBU <strong>12</strong> JUNIOR<br />

QUIZ TESTEZ VOS CONNAISSANCES<br />

CES MOTS DU DICTIONNAIRE QUI VIENNENT DE L’HÉBREU<br />

Lorsque tu consultes un dictionnaire de la langue française, notamment pour rédiger tes devoirs, tu remarques qu’il y a<br />

presque toujours, entre parenthèses, l’origine des mots. La plupart des mots français viennent du grec et du latin. Ainsi, Synagogue<br />

et Azyme viennent du grec, Tabernacle et Hébreu du latin. Certains viennent de l’arabe, du persan, de l’espagnol et de<br />

bien d’autres langues. Certains, aussi, beaucoup moins nombreux, viennent de l’hébreu. Si des mots comme Amen, Cabale,<br />

Casher, Kibboutz, Kippa, Kippour, Sabra, Schofar, ou Tallith tombent, pour un je<strong>une</strong> Juif, sous le sens, d’autres sont plus difficiles<br />

à cerner. Voici douze mots issus de Petit Larousse Illustré présentés comme d’origine hébraïque. Quel est leur sens ? À<br />

toi de le dire en choisissant parmi les options proposées :<br />

Question 1 :<br />

CAPHARNAÜM<br />

A : Poisson des mers chaudes B : Endroit très encombré et en désordre C : Exploit sportif<br />

Question 2 :<br />

ÉBIONITE<br />

A : Membre d’<strong>une</strong> secte chrétienne B : Pierre magnétique C : Plante à fleurs violettes<br />

Question 3 :<br />

ÉPHOD<br />

A : Crème solaire B : Monnaie ancienne C : Large ceinture portée par les prêtres hébreux<br />

Question 4 :<br />

GOLEM<br />

A : Automate à forme humaine B : Pays lointain C : Maladie de la peau<br />

Question 5 :<br />

HOSANNA<br />

A : Cri de joie B : Fête juive C : Sorte d’écureuil<br />

Question 6 :<br />

JUBILÉ<br />

A : Rire moqueur B : Fruit exotique C : Année privilégiée qui revient tous les cinquante ans<br />

Question 7 :<br />

JUDAS<br />

A : Système optique B : Vêtement de sport C : Boisson alcoolisée<br />

Question 8 :<br />

LÉVITE<br />

A : Membre de la tribu des Lévi chargé du service du Temple B : Prestidigitateur spécialisé dans la haute voltige<br />

C : Ambassadeur<br />

Question 9 :<br />

MÉNORA<br />

A : Chandelier à neuf branches B : Chandelier à sept branches C : Maladie féminine<br />

Question 10 :<br />

MOÏSE<br />

A : Chef de tribu B : Malchance tenace C : Berceau en osier<br />

Question 11 :<br />

SÉRAPHIN<br />

A : Sorte de cabri B : Ange C : Cigarette légère<br />

Question <strong>12</strong> :<br />

SICLE<br />

A : Période de temps B : <strong>Un</strong>ité de mesure C : L<strong>une</strong>tte<br />

41


TRIBU <strong>12</strong> JUNIOR Librairie<br />

42<br />

LIVRES<br />

SAMMY SPIDER / UNE ARAIGNÉE CHEZ LES JUIFS (*)<br />

Comme promis dans le dernier numéro de <strong>Tribu</strong> <strong>12</strong>, je vais vous parler aujourd’hui de trois « aventures » de<br />

Sammy Spider, l’araignée qui vit dans <strong>une</strong> famille juive, la famille Chapiro et qui, dès lors, s’intéresse aux<br />

fêtes aux coutumes juives. Dans Le premier Chabbat de Sammy Spider (Les moments de la journée), nous<br />

voyons Sammy découvrir comment madame Chapiro prépare avec amour <strong>une</strong> belle table pour célébrer<br />

le Chabbat pendant que monsieur Chapiro s’empresse de finir ses courses et que Simon pose sur la table<br />

la bouteille de vin et la coupe de kiddouch. « Ah, soupire Sammy, moi aussi, j’aimerai fêter Chabbat, dire<br />

autour de moi Chabbat Chalom et aller à la synagogue ! ». Et voilà que, sans le vouloir, il fait un trou dans la<br />

toile d’araignée. « Pas, grave, je vais le réparer », dit Sammy. Mais sa maman l’en dissuade : « C’est Chabbat,<br />

jour de repos, tu répareras plus tard ce trou ».<br />

Avec Le premier Roch Hachana de Sammy Spider (Les tailles), notre héros s’étonne de voir que les Chapiro<br />

reçoivent beaucoup de courrier ces temps-ci. « C’est bientôt Roch Hachana, lui explique sa mère et parents<br />

et amis s’envoient des vœux en se souhaitant « Chana Tova » ». Et nous, se demande Sammy, recevrons-nous<br />

aussi des cartes ? « Gros bêta, lui répond sa maman, les araignées ne fêtent pas Roch Hachana, les araignées<br />

tissent des toiles ». Ah que c’est dur d’être <strong>une</strong> araignée. Comme ce serait bien de confectionner, nous aussi,<br />

de belles hallote et de se régaler avec des pommes trempées dans du miel. Sammy aimerait tellement aussi<br />

entendre le son du choffar.<br />

Dans Le premier Souccot de Sammy Spider (Les directions), voici venu le moment de construire <strong>une</strong> belle<br />

cabane joliment décorée par Monsieur et Madame Chapiro et leur fils, Simon. Ah comme Sammy l’araignée<br />

aurait aimé être un petit enfant juif pour participer à la construction ! Mais Sammy et sa maman passeront<br />

quand même <strong>une</strong> nuit sous la soucca, célébrant, à leur manière, la fête de Souccot.<br />

J’ajoute que dans chaque volume, <strong>une</strong> page, destinée aux plus grands et aux parents, explique en détail la<br />

fête ou l’événement concerné<br />

C’est vraiment super<br />

Noémie Wagman<br />

(*) <strong>Un</strong> ensemble de onze livres pour la je<strong>une</strong>sse. Textes de Sylvia A. Rouss.<br />

Dessins de Katherine Janus Kahn. Éditions Yodéa. 2009. Chaque volume 32 pages couleurs. 8,50 €.<br />

Publié avec le soutien de la Fondation Rothschild-Institut Alain de Rothschild.<br />

Solutions des jeux<br />

Les Devinettes<br />

1) C’est le retour du jet d’ail!<br />

(Le retour du Jedi)<br />

2) des haltères<br />

(parce qu’un verre d’eau désaltère)<br />

Des animaux en salade<br />

GIRAFEAU (C’est le petit de la girafe),<br />

ALOUETTE,<br />

RHINOCEROS,<br />

HIPPOPOTAME<br />

Pages réalisées par Noémie Wagman<br />

Énigmes<br />

Q. 1 : <strong>Un</strong> coq ne pond pas d’oeuf<br />

Q.2 Il suffit de verser trois fois le<br />

verre de 50 cl dans le plus pichet.<br />

La troisième fois, il reste 40 cl d’eau<br />

dans le verre Q.3 Sur un parcours<br />

de 160 km, la première moitié est<br />

parcourue en 1h et la 2ème en 4h<br />

soit 5h pour 160 km .La moyenne est<br />

donc de 32 km/h.Q.4 : Il faut mettre<br />

un C car un, deux, trois, quatre, cinq,<br />

six, sept, huit, neuf !!!!! Q.5 : L’opération<br />

est 8 + 6 / 2 =11<br />

Solutions du Quiz<br />

Les bonnes réponses sont : 1 : B ; 2 : A ;<br />

3 : C ; 4 : A ; 5 : A ; 6 : C ; 7 : A ; 8 : A ; 9 :<br />

B ; 10 : C ; 11 : B ; <strong>12</strong> : B<br />

Compte tes réponses exactes. Pour chaque<br />

bonne réponse, tu marques 1 point. Additionne.<br />

De 0 à 4 points : Ce n’est pas brillant. Tu n’as<br />

pas du bien comprendre les questions. Ce n’est<br />

pas grave. Mais il faudra désormais être plus<br />

attentif aux enseignements de ton professeur<br />

au talmud. De 5 à 8 points. Pas mal. Comme<br />

on dit : «Peut mieux faire». De 9 à 11 points :<br />

Bravo. Très bonne connaissance du sujet. <strong>12</strong><br />

points : Es-tu sûr de ne pas avoir jeté un œil sur<br />

les solutions avant de répondre ? Non ? Tu as<br />

vraiment tout bon ! <strong>Un</strong> très grand bravo. Tu es<br />

un champion !


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