Être rabbin : une profession ? Un sacerdoce - Tribu 12
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N°23<br />
ÉTÉ 2010<br />
CHAVOUOT<br />
5 7 7 0<br />
Interview :<br />
Florence Taubmann,<br />
pasteur<br />
Les Juifs de<br />
Bulgarie<br />
TEMOIGNAGE :<br />
<strong>Un</strong> otage d’Entebbe<br />
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Édito<br />
EXEMPLAIRE ET PROTECTEUR<br />
J’ai été sollicité il y a quelques mois par un monsieur qui<br />
avait été otage lors de l’Opération Entebbe et qui souhaitait<br />
nous raconter son aventure vécue le 4 juillet 1976,<br />
il y a donc 34 ans de cela. Bien sûr, j’ai immédiatement accepté<br />
pour trois raisons : la première c’est que j’essaie de<br />
répondre le plus souvent possible de façon favorable aux<br />
demandes de nos lecteurs. D’autant que cela correspond<br />
à ce qu’on attend d’un portrait dans notre magazine ; à savoir,<br />
raconter l’histoire d’<strong>une</strong> personne ordinaire qui a vécu<br />
un moment extraordinaire.<br />
La deuxième raison tient au fait que nous sommes à<br />
quelques jours de la date anniversaire de cet exploit réalisé<br />
par l’État d’Israël et de son armée ; un sauvetage qui a<br />
prouvé par sa volonté et son audace qu’il ne fallait pas céder<br />
au chantage des preneurs d’otages et à la suite duquel<br />
nous pouvons quasiment considérer que chaque Juif dans<br />
le monde est sous protection israélienne.<br />
La troisième raison est, pour moi, la plus importante car, ce<br />
dimanche 4 juillet 1976, je me suis fait réveiller à 9 heures<br />
du matin par mon père qui, oubliant que j’avais fait la fiesta<br />
la veille, et trop heureux de la réussite de l’action de Tsahal<br />
a tenu à m’en informer.<br />
Malheureusement, la joie fut trop forte pour lui et son cœur<br />
a lâché transformant ce jour de bonheur en un jour de deuil.<br />
Chaque année, je repense à cette journée aigre-douce et<br />
c’est à sa mémoire que je dédie cet éditorial.<br />
Je suis persuadé que depuis la renaissance de l’État d’Israël<br />
et surtout depuis ce 4 juillet 1976, chaque Juif vivant<br />
dans un environnement hostile sait qu’Israël mettra tout en<br />
œuvre pour le protéger si il y a lieu.<br />
Ce jour là, I’État hébreu a montré aux autres démocraties<br />
de notre planète comment se comporter face au terrorisme.<br />
Comme je l’ai mentionné au début de mon papier, je suis<br />
prêt à recueillir d’autres témoignages. J’invite donc nos lecteurs<br />
à se manifester et nous proposer leurs histoires.<br />
Bonnes fêtes de Chavouot et bonnes vacances.<br />
Guy Fellous<br />
Sommaire<br />
Éditorial – Interview Florence Taubmann<br />
Le maccarthysme<br />
Judaïsme<br />
Onomastique<br />
Social : Ohr Hanna<br />
<strong>Un</strong> otage d’Entebbe témoigne<br />
Activités Communautaires/ Carnet<br />
P.3<br />
P.5<br />
P.6<br />
P.10<br />
P.14<br />
P.16<br />
P.21 à 24<br />
Juifs de Bulgarie<br />
Les livres de Jipéa<br />
Recettes<br />
Interview<br />
FLORENCE TAUBMANN<br />
PRÉSIDENTE DE L’AMITIÉ JUDÉO-<br />
CHRÉTIENNE, FLORENCE TAUBMANN<br />
EST POUR LE MOINS UN CAS D’ES-<br />
PÈCE. CETTE FIGURE DE PROUE DU<br />
PROTESTANTISME FRANÇAIS QUE<br />
L’ON RENCONTRE TRÈS SOUVENT DANS LES DIVERSES<br />
MANIFESTATIONS ET COMMÉMORATIONS ORGANISÉES<br />
PAR LA COMMUNAUTÉ JUIVE EST NÉE CATHOLIQUE.<br />
ELLE A CEPENDANT CHOISI LE PROTESTANTISME ET<br />
ÉPOUSÉ UN JUIF. PASTEUR DANS PLUSIEURS VILLES DE<br />
FRANCE, ELLE OFFICIE ACTUELLEMENT À LIMOGES.<br />
TRÈS PROCHE DU JUDAÏSME QU’ELLE CONSIDÈRE<br />
COMME UNE SECONDE LANGUE QUI LUI SERAIT DEVE-<br />
NUE, AU FIL DES TEMPS, INTIME PAR SA MUSICALITÉ,<br />
ELLE A ÉTÉ ÉLUE, L’AN DERNIER, À LA PRÉSIDENCE DE<br />
L’AMITIÉ JUDÉO-CHRÉTIENNE DE FRANCE.<br />
<strong>Tribu</strong> <strong>12</strong> : Comment avez-vous rencontré le judaïsme ?<br />
Florence Taubmann : Avant mes études de théologie, je<br />
n’ai connu du judaïsme et du peuple juif que ce que j’ai<br />
découvert de la Shoah à travers des livres ou des films. Puis,<br />
à la faculté, l’apprentissage de l’hébreu biblique, ainsi que<br />
du grec, était obligatoire. Je me souviens d’un de nos professeurs<br />
qui, s’ intéressant beaucoup aux interprétations<br />
<strong>rabbin</strong>iques des textes bibliques, partageait avec nous ses<br />
connaissances. Puis il y a eu des lectures : « À Bible ouverte<br />
» d’Armand Abécassis et Josy Eisenberg, mais également<br />
les « Célébrations bibliques, talmudiques et hassidiques<br />
» d’Élie Wiesel m’ont donné le sentiment d’entrer<br />
dans un monde inconnu, profondément humain. Je me<br />
sentais chez moi.<br />
Ein Gedi, un coin de paradis<br />
Conte populaire<br />
Reportage photo Pourim<br />
<strong>Tribu</strong> <strong>12</strong> Junior<br />
P.25<br />
P.26<br />
P.29<br />
P.30<br />
P.33<br />
P.35 à 38<br />
P.39 à 42<br />
L’illustration de couverture a<br />
été réalisée par Jeanine Bary<br />
que nous remercions de nous<br />
avoir permis de l’utiliser.<br />
3
4<br />
T<strong>12</strong> : La catastrophe de la Shoah vous a profondément<br />
marquée. En France, au temps terrible de l’Occupation<br />
et de la déportation, de nombreux Protestants ont sauvé<br />
des Juifs, je pense notamment au Chambon-sur-Lignon<br />
ou au Malzieuville, dans le massif du Gévaudan. Quel regard<br />
portez-vous sur cette époque tragique et sur l’action<br />
de ceux qu’on appelle les Justes ?<br />
F.T. : Vous me posez là deux questions énormes ! Nous<br />
portons encore le 20ème siècle sur nos épaules, et restons<br />
hantés par la seconde guerre mondiale et la Shoah. Il faut<br />
beaucoup de temps, de lectures, de réflexions pour réaliser<br />
l’ampleur et la signification de la Shoah. Paradoxalement,<br />
c’est en découvrant le judaïsme vivant aujourd’hui, et ce<br />
que représente Israël que j’ai pu approfondir mon regard<br />
sur la Shoah, ne pas<br />
rester paralysée par<br />
l’horreur.<br />
Quant à l’action des<br />
Justes, je la trouve<br />
d’autant plus admirable<br />
que la plupart<br />
d’entre eux ne revendiquent<br />
aucun mérite,<br />
affirmant n’avoir<br />
fait que ce que leur<br />
conscience, leur humanité,<br />
leur simple<br />
sentiment de compassion<br />
leur dictaient…<br />
Moi qui n’ai pas vécu<br />
cette époque, je me<br />
puis m’empêcher de<br />
me poser deux questions<br />
: aurai-je eu assez<br />
de lucidité pour voir<br />
clair et comprendre ce<br />
qui se passait, et aurai-je eu le courage d’agir ? Peut-on<br />
le savoir tant qu’on n’est pas en situation ? Heureusement<br />
chez un bon nombre de personnes, il y a la compassion.<br />
Et la compassion engage l’être plus vite que sa lucidité ou<br />
son courage. Pour ma part j’éprouve <strong>une</strong> grande reconnaissance<br />
pour tous ces témoins qui ont agi humainement,<br />
quels qu’en soient les risques.<br />
T<strong>12</strong> : Catholique devenue protestante, vous épousez en<br />
1991, un Juif, Michel Taubmann. Cela paraît surréaliste…<br />
F.T. : Non non, c’est très réel ! Et mon mari n’était pas du<br />
tout pratiquant. Quant à moi je crois que j’ai vocation à<br />
vivre toujours sur les seuils, les frontières , dans la rencontre<br />
de personnes différentes ... Mon mariage m’a donc fait entrer<br />
dans <strong>une</strong> famille juive non observante et j’ai été bien<br />
accueillie.<br />
T<strong>12</strong> : Ce parcours, pour le moins déjà atypique ne s’arrête<br />
pas là. Voilà qu’un an plus tard vous êtes ordonnée<br />
pasteure de l’Église Réformée. Palaiseau, Versailles,<br />
Temple de l’Oratoire à Paris puis Limoges, depuis 2007.<br />
Y a-t-il beaucoup de femmes pasteures en France ? Comment<br />
se déroule, au quotidien, la vie d’<strong>une</strong> pasteure, qui<br />
plus est mère de famille ?<br />
Scène du film de Jérémy Paul Kagan, L’ÉLU (1981)<br />
F.T : Je préfère pasteur sans « e » ! <strong>Être</strong> pasteur, c’est exercer<br />
un ministère, ou un métier, qui a des points communs<br />
avec celui de <strong>rabbin</strong> ou de prêtre : enseignement, cultes,<br />
accompagnement des familles surtout dans les momentsclefs<br />
de l’existence : naissances, mariages, décès. Écoute,<br />
consolation, aide. Humainement c’est extrêmement riche !<br />
Car les relations que l’on entretient avec les gens ne peuvent<br />
être superficielles ou simplement mondaines. Cela demande<br />
beaucoup d’énergie …Mais la vie de famille aide en<br />
assurant un équilibre affectif, et quand le pasteur est <strong>une</strong><br />
femme, les paroissiens se montrent attentifs à ne pas trop<br />
charger la barque. En France aujourd’hui les femmes doivent<br />
représenter environ 30 ou 35°/° des pasteurs.<br />
T<strong>12</strong> : Madame le pasteur,<br />
bien que votre<br />
époux, le journaliste<br />
Michel Taubmann,<br />
soit un Juif non pratiquant,<br />
votre second<br />
fils a choisi, en 2001,<br />
de devenir juif et de<br />
faire sa bar-mitsva.<br />
Du coup, votre mari<br />
a renoué avec sa tradition.<br />
Vous dites que<br />
tout cela vous a procuré<br />
un grand bonheur.<br />
Pourquoi ?<br />
F.T. : Pour plusieurs<br />
raisons. D’abord j’ai<br />
pensé que c’était très<br />
important pour eux de<br />
s’inscrire dans la chaîne<br />
de transmission. Ensuite cela m’a permis de connaître la<br />
communauté d’Adath Shalom, dont l’enseignement est<br />
passionnant. Et je suis personnellement très sensible à la<br />
spiritualité profonde du judaïsme et à la richesse de la pensée<br />
juive.<br />
T<strong>12</strong> : En 2008, vous avez été élue présidente de l’Amitié<br />
Judéo-Chrétienne de France. Quels sont les objectifs de<br />
cette organisation ? Quels sont vos projets d’avenir ?<br />
F.T. : L’Amitié Judéo-Chrétienne est née après la Guerre,<br />
sous l’impulsion notamment de Jules Isaac. Depuis le début<br />
elle a pour objectif la connaissance mutuelle des Juifs et des<br />
Chrétiens, sans prosélytisme et sans syncrétisme, et la lutte<br />
contre l’antisémitisme. Elle a dans de nombreuses villes de<br />
France des groupes qui organisent des conférences, des<br />
voyages, des festivités, et elle édite <strong>une</strong> revue mensuelle,<br />
Sens, qui fait état de tous les travaux réalisés depuis 60 ans.<br />
L’Amitié Judéo-Chrétienne a pour objectif de poursuivre sa<br />
mission pédagogique auprès d’un public plus large, afin<br />
de lutter contre l’antijudaïsme, l’antisémitisme et l’antisionisme.<br />
Et pour cela, il faut informer, enseigner, expliquer, favoriser<br />
les rencontres…sans oublier surtout de transmettre<br />
le flambeau à <strong>une</strong> nouvelle génération<br />
Propos recueillis par<br />
Jean-Pierre Allali
Réflexion<br />
LE MACCARTHYSME,<br />
UN ANTISÉMITISME<br />
QUI NE DIT PAS SON NOM<br />
À HOLLYWOOD, LE MONDE DU CINÉMA A RENDU HOM-<br />
MAGE AUX ACTEURS, RÉALISATEURS ET SCÉNARISTES<br />
VICTIMES DU MACCARTHYSME. PLUS DE SOIXANTE ANS<br />
PLUS TARD, LA PLUS GRANDE USINE À RÊVES DE LA PLA-<br />
NÈTE A RECONNU L’INJUSTICE ET L’ABSURDITÉ D’UNE<br />
CAMPAGNE D’HYSTÉRIE QUI BRISA LA VIE ET LA CAR-<br />
RIÈRE DE NOMBREUX ARTISTES DE TALENT.<br />
Novembre 1947 : l’affrontement EST-OUEST favorise<br />
tous les délires, toutes les phobies, les théories les plus<br />
absurdes sur les conspirations secrètes. Le sénateur Joseph<br />
McCarthy, républicain de la droite extrême, préside<br />
la Commission d’enquête sur les activités anti-américaines<br />
du Sénat fédéral, à Washington. Son objectif ardent est<br />
sans nuances : traquer les «amis de Moscou», à tous les<br />
niveaux et dans tous les secteurs de la société américaine<br />
(diplomatie, armée, police, université, presse et … cinéma).<br />
Dans sa croisade, il compte sur l’appui de trois acteurs prestigieux<br />
: Gary Cooper, Robert Taylor et un très populaire<br />
cow-boy, héros de westerns de série B, un certain Ronald<br />
Reagan… Les artistes sont alors invités à se présenter devant<br />
la Commission et à déclarer s’ils sont ou non communistes.<br />
Ils sont aussi invités à dénoncer leurs confrère – <strong>une</strong><br />
délation «patriotique» à laquelle se soumettra un metteur<br />
en scène auparavant classé à gauche : Elia Kazan. Les enquêteurs<br />
évitent soigneusement toute référence raciale ou<br />
religieuse. La judéité des suspects n’est jamais mentionnée<br />
publiquement par McCarthy et ses adjoints. Mais nombreux<br />
sont les Juifs soupçonnés de vouloir transformer le cinéma<br />
américain en machine de propagande communiste. Car les<br />
artistes et les intellectuels juifs américains figuraient parmi<br />
ceux qui, très tôt, bien avant la Guerre, avaient dénoncé le<br />
totalitarisme nazi et soutenu la République espagnole en<br />
lutte contre Franco et ses alliés fascistes. Les enquêteurs<br />
soupçonnaient particulièrement les artistes qui, durant la<br />
Guerre, avaient participé comme Charlie Chaplin, à la collecte<br />
de fonds pour l’URSS (qui était à l’époque, l’alliée de<br />
l’Amérique).<br />
Attaqué par <strong>une</strong> presse hystérique, présenté comme un<br />
agent communiste, le réalisateur Jules Dassin (qui avait<br />
commencé à New York comme acteur de théâtre yiddish),<br />
choisira pour poursuivre en toute liberté sa carrière, l’exil<br />
en Europe.<br />
Progressiste, de gauche, mais nullement communiste, le<br />
dramaturge et scénariste Arthur Miller tiendra tête avec<br />
courage aux inquisiteurs du Congrès : un climat d’intolérance<br />
fanatique qu’il brossera dans Les Sorcières de Salem<br />
(1947). Otto Preminger, metteur en scène d’origine autrichienne,<br />
sera victime d’<strong>une</strong> autre campagne, privée, de<br />
style maccarthyste : la Légion de la Décence, organisation<br />
catholique de lutte contre l’immoralité cinématographique,<br />
accuse Preminger de vouloir détruire les valeurs sacrées<br />
de l’Amérique – le mariage, la famille, la morale. Ironie de<br />
l’histoire : en 1963, Preminger sera le premier scénariste<br />
juif décoré par le Vatican pour son film Le Cardinal. Ardent<br />
sioniste, il avait réalisé, en 1960, Exodus, sur l’épopée de<br />
l’immigration juive clandestine en Palestine.<br />
Quant à Kirk Douglas, fils d’immigrés juifs de Russie, il affirmera<br />
courageusement ses convictions progressistes. Il ne<br />
figurera dans auc<strong>une</strong> liste noire , sauf celle des pays arabes<br />
et de l’Espagne franquiste, qui interdiront la diffusion, dans<br />
leurs salles, de L’ombre d’un Géant, biographie romancée<br />
du colonel David Marcus, héros de la guerre d’Indépendance<br />
d’Israël, interprété par un Douglas passionnément<br />
sioniste. Mais d’autres artistes connaîtront le chômage, la<br />
misère, le désespoir et verront leurs carrières brisées pour<br />
longtemps, parfois définitivement.<br />
Plus de soixante ans plus tard, le temps est venu de jeter un<br />
nouveau regard, lucide sur cette époque. Mais alors qu’à<br />
Hollywood, on critiquait, on enquêtait, on interrogeait, on<br />
se livrait à <strong>une</strong> absurde «chasse aux sorcières», loin, très<br />
loin, quelque part dans l’immense Russie, la police secrète<br />
de Staline exécutait, dans les sous-sols de la NKVD, les intellectuels<br />
juifs.<br />
Franklin Rausky<br />
Photos du sénateur McCarthy<br />
et de Julius et Ethel Rosenberg<br />
considérés par certains comme des victimes du Maccarthysme<br />
5
6<br />
Judaïsme<br />
ZARATHOUSTRA À JÉRUSALEM<br />
(NIETZSCHE ET LES JUIFS.<br />
LES JUIFS ET NIETZSCHE) 1<br />
LA SEULE ÉVOCATION DU NOM DE NIETZSCHE 2 IN-<br />
QUIÈTE. UNE ODEUR DE SOUFFRE ACCOMPAGNE « LE<br />
PHILOSOPHE AU MARTEAU » QUI PROCLAMAIT LA MORT<br />
DE DIEU ET PRÔNAIT UNE VERTIGINEUSE SUBVERSION<br />
DES VALEURS TRADITIONNELLES. PIRE ENCORE, ON L’A<br />
DIT ANTISÉMITE VOIRE INSPIRATEUR DU NAZISME. SA<br />
THÉORIE DU « SURHOMME » ANTICIPERAIT LES PLUS<br />
DRAMATIQUES THÉORIES ARYENNES.<br />
Mais à y regarder de près, on découvre le père de Zarathoustra<br />
plutôt philosémite. Plus inattendu encore, il est<br />
possible d’envisager des passerelles entre le nietzschéisme<br />
et la pensée talmudique. Quoi qu’il en soit et si surprenant<br />
que cela puisse paraître, nombre de sages juifs parmi les<br />
plus brillants ont été des lecteurs attentifs de l’œuvre de<br />
Nietzsche. Pour ne citer qu’un exemple des plus improbables,<br />
évoquons la figure de Rabbi Leibel Weisfich. Ce<br />
leader ultra-orthodoxe appartenant au très controversé<br />
courant hassidique hongrois Nétouré Karta, scribe à Méa<br />
Shéarim, parlait (non sans provocation) de Nietzsche hakadoch<br />
(« le saint Nietzsche») ! Il rêvait de créer, à Jérusalem,<br />
un « Beit Nietzsche » (la « maison de Nietzsche ») : centre<br />
international d’étude de l’œuvre du maître… Il alla jusqu’à<br />
déclarer : « La seule chose que Nietzsche adorait, c’était<br />
le judaïsme et les Juifs. Il l’a compris mieux que les plus<br />
grands <strong>rabbin</strong>s !»<br />
Après avoir clarifié, dans les grandes lignes, la position générale<br />
de Nietzche à l’égard des Juifs et du judaïsme, nous<br />
formulerons quelques hypothèses sur ce qui peut éclairer,<br />
dans l’œuvre du penseur allemand, quiconque s’intéresse à<br />
la pensée juive.<br />
SUR L’ANTISÉMITISME DE NIETZSCHE. À ses débuts,<br />
Nietzche n’échappe pas à la pensée comm<strong>une</strong> et à l’antisémitisme<br />
ambiant. L’époque de la publication de son<br />
premier ouvrage (La naissance de la tragédie), moment de<br />
son amitié avec Wagner, n’échappe pas à quelques déclarations<br />
scandaleuses à l’égard des Juifs, qu’il faut toutefois<br />
replacer dans un contexte général où l’antisémitisme était<br />
dans l’air du temps. Mais la pensée de Nietzsche est trop<br />
exigeante pour rester figée. Elle évolue, s’affine, se veut<br />
toujours plus suspicieuse à l’égard des lieux communs. Le<br />
moment de la rupture arrive donc : le philosophe rompt<br />
radicalement avec Wagner et abandonne son éditeur du<br />
fait de l’antisémitisme de ce dernier. Certains textes témoignent<br />
désormais tout à la fois d’<strong>une</strong> horreur pour le nationalisme<br />
allemand et d’<strong>une</strong> vraie admiration pour les Juifs.<br />
Dans Aurore, on peut lire : « Les ressources spirituelles et<br />
intellectuelles des Juifs d’aujourd’hui sont extraordinaires<br />
(…) Tout Juif trouve dans l’histoire de ses pères et de ses<br />
ancêtres <strong>une</strong> mine d’exemples du sang-froid et de la ténacité<br />
les plus inébranlables au milieu de situations terribles,<br />
des ruses les plus subtiles pour tromper le malheur et le<br />
hasard en en tirant profit ; leur courage sous le couvert<br />
d’<strong>une</strong> soumission pitoyable, leur héroïsme (…) surpassent<br />
les vertus de tous les saints (…) Ils n’ont jamais cessé euxmêmes<br />
de se croire voués aux plus grandes choses, et les<br />
vertus de tous les êtres souffrant n’ont jamais cessé de les<br />
embellir (…) Et cette abondance de grandes impressions<br />
accumulées que constitue l’histoire juive, cette abondance<br />
de passions, de vertus, de décisions, de renoncements,<br />
de combats, de victoires de toutes sortes – à quoi devraitelle<br />
aboutir, sinon finalement à de grands hommes et à de<br />
grandes œuvres intellectuelles. »<br />
Dans Par delà le Bien et le Mal, NIETZSCHE VILIPENDE<br />
LES ANTISÉMITES QUI CHERCHENT À LIMITER L’IMMI-<br />
GRATION JUIVE en Allemagne et témoigne d’<strong>une</strong> certaine<br />
fascination à l’égard du peuple juif: « ‘Pas un Juif de plus !<br />
Portes closes pour les Juifs, avant tout à l’Est et aussi en<br />
Autriche !’ Tel est le vœu instinctif d’<strong>une</strong> nation dont le type<br />
ethnique est encore faible et indécis et qui craint qu’<strong>une</strong><br />
race plus forte ne vienne l’effacer ou l’éteindre. Or les Juifs<br />
constituent sans aucun doute la race la plus forte, la plus<br />
résistante et la plus pure qui existe actuellement en Europe<br />
; ils savent s’imposer même dans les conditions les<br />
plus dures grâce à de mystérieuses vertus qu’on voudrait<br />
maintenant qualifier de vices, grâce surtout à <strong>une</strong> foi décidée<br />
qui n’a pas à éprouver de honte en présence des idées<br />
modernes. »<br />
LE MALENTENDU SUR LE PRÉTENDU ANTISÉMITISME DE<br />
NIETZSCHE doit beaucoup à sa sœur, Élisabeth. Mariée à<br />
un antisémite militant, elle a, après la mort du penseur, trahi<br />
la pensée de son frère et a même offert à Hitler la canne<br />
du philosophe. Nietzsche ne s’est pourtant jamais caché du<br />
dégoût que lui inspiraient les agissements de sa sœur. En<br />
1887, il lui écrit: « Tu as commis là <strong>une</strong> grosse bêtise – tant
vis-à-vis de toi que de moi-même ! Le fait que tu te sois associée<br />
à un dirigeant antisémite témoigne d’<strong>une</strong> attitude si<br />
étrangère à mon propre mode de vie que je me sens plein<br />
de colère ou de mélancolie… Je me fais un point d’honneur<br />
de me sentir absolument propre et sans ambiguïté par rapport<br />
à l’antisémitisme, c’est-à-dire opposé à lui, ainsi que<br />
je le suis dans mes écrits (…) Pour parler aussi franchement<br />
que possible, ce parti (qui n’aimerait que trop pouvoir utiliser<br />
mon nom !) m’inspire du dégoût (…) et le fait que je<br />
sois incapable de faire quoi que ce soit pour lutter contre,<br />
et que dans tout feuillet de correspondance antisémite on<br />
utilise le nom de Zarathoustra m’a déjà rendu malade à plusieurs<br />
reprises. » La responsabilité d’Élisabeth dans la méprise<br />
traditionnelle à propos des soi-disant convergences<br />
entre le nietzschéisme et l’idéologie nazie est considérable.<br />
C’est sans doute en pensant à sa sœur que notre philosophe<br />
a pu écrire : « C’est avec ses parents qu’on a le moins<br />
de parenté »…<br />
OUTRE CET ANTI-ANTISÉMITISME DE NIETZSCHE, il<br />
existe cependant, dans l’œuvre du philosophe, quelques<br />
propos sévères contre les Juifs. Mais il ne s’agit absolument<br />
pas des contemporains de notre auteur. Il est question des<br />
Juifs de l’époque des débuts du christianisme. Si notre penseur<br />
s’avoue très impressionné<br />
par l’audace des<br />
Hébreux de la Tora, il se<br />
montre en revanche très<br />
critique à l’égard des<br />
prêtres de l’époque du<br />
second Temple. Il voit<br />
dans le <strong>sacerdoce</strong> institutionnel<br />
<strong>une</strong> perversion<br />
de l’esprit biblique. A y<br />
regarder de plus près,<br />
cependant, on se rend<br />
vite compte qu’il y a chez<br />
Nietzsche <strong>une</strong> fâcheuse<br />
confusion entre prêtres,<br />
pharisiens et premiers<br />
chrétiens. Or, c’est visiblement<br />
plutôt ces derniers,<br />
maladroitement<br />
qualifiés de « Juifs »,<br />
que Nietzsche accuse<br />
d’être dans <strong>une</strong> logique<br />
de « négation de la<br />
vie ».<br />
LE DÉPASSEMENT<br />
DE SOI. L’œuvre de<br />
Nietzsche a fortement<br />
influencé d’importants<br />
intellectuels juifs, parmi<br />
lesquels Martin Buber,<br />
Léo Strauss, Ahad Aam<br />
(qui travailla sur les similitudes<br />
entre la figure<br />
biblique du «juste » - le<br />
tsadik - et le surhomme<br />
nietzschéen), Franz<br />
Kafka, Stefan Zweig<br />
sans parler de Sigmund<br />
Freud. Dans son dernier<br />
livre - Nietzsche l’Hébreu,<br />
publié en Israël - ,<br />
Nietzsche<br />
le Professeur israélien Jacob Golomb rappelle l’influence<br />
nietzschéenne sur certains grands théoriciens du sionisme<br />
comme Max Nordau, Théodore Herzl ou Zéev Jabotinsky<br />
(qui avait toujours dans sa poche Ainsi parlait Zarathoustra).<br />
Proposons un survol très imprécis de quelques thèmes<br />
permettant d’envisager des « passerelles » entre la pensée<br />
juive et certaines idées centrales de la philosophie nietzschéenne.<br />
Tout au long de ses écrits, NIETZSCHE APPELLE DE SES<br />
VŒUX L’AVÈNEMENT D’UN HOMME NOUVEAU, LE<br />
« SURHOMME » (übermensch), homme libre et rayonnant,<br />
libéré du poids des superstitions et du ressentiment. Raphaël<br />
Draï3 démontre la convergence entre la pensée biblique<br />
et le concept nietzschéen d’« éternel retour » et souligne,<br />
par ailleurs, la surprenante proximité des mots ivri (« hébreu<br />
») et übermensch. Ivri renvoie précisément (comme<br />
über) à l’idée d’au-delà, de dépassement des limites, voire<br />
de transgression. Les commentateurs juifs utilisent souvent<br />
la technique du hipoukh ou « lecture inversée ». Il s’agit de<br />
lire un mot à rebours en considérant que le hipoukh d’un<br />
mot exprime l’exact contraire du mot en question. Dans le<br />
cas de ivri (racine : ‘E.V.R),<br />
le hipoukh correspond à la<br />
racine R.V.’E qui signifie un<br />
carré, un espace clos, un<br />
cadre étroit. Autrement dit,<br />
être hébreu, c’est précisément<br />
aspirer à se libérer<br />
des systèmes clos.<br />
Le récit biblique raconte<br />
qu’avant la création d’Ève,<br />
Dieu déclare : « Il n’est<br />
pas bon que l’homme<br />
soit seul » (Genèse 2,18).<br />
Prenant, à la mode <strong>rabbin</strong>ique,<br />
quelques distances<br />
avec le sens littéral du<br />
verset (mais en respectant<br />
la formulation hébraïque<br />
qui permet de multiples<br />
lectures), le Rabbi de<br />
Kotzk (1787-1859, maître<br />
hassidique polonais) propose<br />
un commentaire que<br />
l’on pourrait qualifier de<br />
nietzschéen : « Il n’est pas<br />
bon que l’homme soit seulement<br />
un homme. Il doit<br />
être plus qu’un homme ! »<br />
INSOUMISSION. Dans<br />
sa critique radicale de la<br />
religion, Nietzsche s’inquiète<br />
surtout de l’inhibition<br />
des potentialités humaines<br />
qu’elle provoque.<br />
Le croyant est agenouillé,<br />
tête baissée, renonçant à<br />
toute autonomie et à toute<br />
initiative par soumission<br />
passive à l’autorité divine.<br />
7
8<br />
NOTRE PHILOSOPHE S’AVOUE TOUTEFOIS FASCINÉ<br />
PAR L’INDOCILITÉ DES JUIFS À TRAVERS L’HISTOIRE. Ce<br />
peuple a su se révolter contre bien des totalitarismes et<br />
s’affranchir du joug de l’esclavage égyptien. Dans Aurore, il<br />
écrit : « les Juifs, en dépit de leur soumission abjecte à Dieu,<br />
ont toujours manifesté <strong>une</strong> velléité d’indépendance ». Si<br />
notre philosophe avait davantage connu la tradition <strong>rabbin</strong>ique,<br />
il aurait découvert que l’insoumission d’Israël s’applique<br />
même (pour ne pas dire « surtout ») à l’encontre de<br />
Dieu. Dans le récit biblique, Abraham ou Moïse ne cessent<br />
de s’opposer aux desseins divins. Par exemple, quand Dieu<br />
annonce au patriarche la destruction de Sodome, Abraham<br />
s’oppose fermement à la décision céleste. Le Créateur ne<br />
reproche à aucun moment son audace au patriarche.<br />
La négociation est introduite par<br />
l’expression « Abraham se tint debout<br />
(omed) devant Dieu » (Genèse<br />
18, 22). Cette posture a toute<br />
son importance : le <strong>rabbin</strong><br />
Léon Askénazi (1922-1996,<br />
intellectuel français, surnommé<br />
« Manitou ») aimait<br />
à rappeler que si<br />
les Musulmans prient<br />
en se prosternant<br />
complètement face<br />
contre sol (en signe<br />
de soumission totale<br />
à Dieu) et si<br />
les Chrétiens s’agenouillent,<br />
le Juif,<br />
quant à lui, prie debout<br />
(d’où le nom<br />
de amida, « position<br />
debout », donné à la<br />
principale prière juive).<br />
Prier debout, c’est refuser<br />
d’être écrasé par<br />
l’omniprésence de Dieu,<br />
c’est s’affirmer comme sujet.<br />
Il faut ici remarquer qu’en<br />
hébreu le mot « se tenir debout »<br />
(omed) est l’anagramme du mot<br />
« pourquoi ? » (madoua) : se tenir debout,<br />
c’est oser questionner, demander des comptes...<br />
même au Créateur. Le judaïsme proclame la toutepuissance<br />
divine, mais en même temps, il accorde<br />
à l’homme <strong>une</strong> place de « partenaire de<br />
Dieu », ayant un rôle actif dans le projet<br />
divin et se tenant « face<br />
à Dieu ».<br />
Cette idée pourrait<br />
être étayée par bien des<br />
exemples. Évoquons, pour<br />
n’en retenir qu’un seul, cet<br />
étonnant récit talmudique (traité Baba Metsia,<br />
p.59a) où deux <strong>rabbin</strong>s se disputent sur un point de<br />
droit. L’un des deux, Rabbi Éliézer, en appelle à l’aide<br />
providentielle et plusieurs miracles ont lieu qui attestent<br />
que son avis a les faveurs du Ciel. <strong>Un</strong>e voix céleste se fait<br />
même entendre et donne raison à Rabbi Éliézer. Alors le<br />
second sage –Rabbi Josué- se lève et s’exclame « La Tora<br />
n’est plus au Ciel ! ». Autrement dit, elle a été donnée aux<br />
hommes et Dieu n’a plus à se mêler des débats entre les<br />
<strong>rabbin</strong>s. Et effectivement, la Loi retiendra l’avis de Rabbi<br />
Josué ! Le texte talmudique conclut : « Alors Dieu a ri et<br />
il s’est exclamé : Mes enfants m’ont vaincu ! ». Parions que<br />
Nietzsche aurait été séduit par cette image d’un Dieu rieur,<br />
désireux d’être dépassé par ses créatures…<br />
CÉLÉBRER LA VIE.<br />
L’<strong>une</strong> des critiques les plus sévères de Nietzsche à l’égard<br />
du christianisme concerne l’idéal ascétique et la détestation<br />
du corps. Il accuse l’Église d’avoir fait des plaisirs des sens<br />
et de la sexualité un objet de mépris. À cette logique d’austérité,<br />
le philosophe oppose la figure solaire et joyeuse de<br />
Dionysos. Le judaïsme est-il concerné par cette condamnation<br />
? Le Talmud n’invite-t-il pas, au contraire à <strong>une</strong><br />
célébration de la vie en déclarant, comme<br />
<strong>une</strong> injonction dionysiaque : « L’homme<br />
devra rendre des comptes pour<br />
tous les bons fruits auxquels il n’a<br />
pas goûté » ? Le psychanalyste<br />
Otto Rank, lecteur très attentif<br />
de Nietzsche, écrit :<br />
« Le peuple juif est resté<br />
au milieu des autres<br />
peuples, en relation directe<br />
avec la nature et<br />
la sphère de la sexualité.<br />
Nietzsche n’avait<br />
d’indulgence pour le<br />
judaïsme que dans<br />
la mesure où il avait<br />
compris que les Juifs<br />
étaient le peuple le<br />
plus ‘naturel’, le plus<br />
‘féminin’, le moins<br />
marqué par la répression<br />
de la sexualité. »<br />
Illustrons le regard singulier du<br />
judaïsme sur la sexualité à partir<br />
d’un commentaire biblique traditionnel<br />
: après avoir raconté les débuts<br />
d’Adam et d’Ève au jardin d’Eden et leur désobéissance<br />
à l’injonction divine leur interdisant la<br />
consommation du fruit de l’arbre de la connaissance<br />
du Bien et du Mal (Genèse, chapitre 3), le<br />
récit biblique se poursuit ainsi : « L’homme<br />
avait connu Ève son épouse. Elle conçut<br />
et enfanta Caïn (…)» (4,1).<br />
L’enchaînement des<br />
évènements laisse<br />
à penser que les<br />
enfants du couple<br />
originel ont été<br />
conçus après la faute et<br />
donc hors du Gan Eden.<br />
Nombre de théologiens chrétiens s’ap-<br />
Le Golem<br />
puieront sur cette chronologie pour affirmer<br />
que les appétits sexuels sont fruits du pêché originel.<br />
Mais Rachi nous propose <strong>une</strong> lecture radicalement différente.<br />
Partant du fait qu’il existe, en hébreu biblique, deux<br />
moyens d’exprimer le passé, Rachi remarque que le verbe<br />
utilisé ici (yada) renvoie à un passé très lointain. Ce qui signifie<br />
que (comme souvent) la chronologie n’a pas été respectée<br />
par le récit biblique et qu’en réalité, la conception<br />
et la naissance de Caïn et Abel est antérieure à la faute :<br />
on a bien fait l’amour au paradis ! Il faut mesurer la por-
tée de ce commentaire : pour la tradition juive, la sexualité<br />
n’est entachée d’auc<strong>une</strong> souillure. Elle fait partie de la vie<br />
et contribue au plein épanouissement physique, psychique<br />
et spirituel de chacun.<br />
VOLONTÉ DE PUISSANCE.<br />
<strong>Un</strong> autre thème récurant de la pensée de Nietzsche est<br />
celui de l’audace prométhéenne dont les hommes n’osent<br />
plus faire preuve. Les religions auraient, le récit du péché<br />
originel aidant, inhibé chez les hommes toute « volonté de<br />
puissance ». Là encore, l’on pourrait montrer comment,<br />
bien au contraire, la pensée talmudique fait l’éloge d’<strong>une</strong><br />
attitude « démiurgique » et prométhéenne. La faculté créatrice<br />
de l’homme est mise en avant, par exemple, dans un<br />
étonnant texte talmudique (traité Sanhédrin, p.65b) qui enseigne<br />
que « Si les justes le voulaient, ils pourraient créer<br />
un monde ». La démonstration s’appuie sur ce verset d’Isaïe<br />
(59, 2) : « Vos fautes font <strong>une</strong> séparation entre vous et votre<br />
Dieu ». Dans le contexte moralisateur du message prophétique,<br />
ce verset signifie que la faute éloigne l’homme de<br />
son Dieu. C’est un appel au repentir. Mais le Talmud relit ce<br />
verset à la lettre : seules vos fautes vous séparent de Dieu.<br />
Autrement dit, les justes (qui renoncent à tout pêché), pourraient,<br />
pour ainsi dire, ressembler à Dieu et devenir à leur<br />
tour des « créateurs de mondes ». Et le Talmud atteste qu’un<br />
juste peut devenir presque l’égal du Créateur en racontant<br />
que Rav ‘Hanina et Rav Ochaya créaient chaque vendredi,<br />
dans <strong>une</strong> démarche véritablement prométhéenne, un veau<br />
ex-nihilo comme travaux pratiques de leur étude du célèbre<br />
«Livre de la création » (séfer yetsira). Quant à Rava, c’est le<br />
créateur du premier golem de l’histoire puisqu’il envoya à<br />
son collègue, Rabbi Zéra, un homme créé par ses soins !<br />
Il existe, dans la littérature juive, d’innombrables récits de<br />
kabbalistes - de toutes les époques - créateurs de golems<br />
(<strong>Un</strong> golem est un être humanoïde, artificiel, fait d’argile,<br />
animé momentanément de vie par des procédés mystiques).<br />
On pense notamment à celui du Maharal de Prague<br />
mais les exemples sont fort nombreux. <strong>Un</strong>e telle entreprise<br />
n’est pas considérée comme <strong>une</strong> révolte contre Dieu mais<br />
au contraire comme le couronnement de la destinée humaine<br />
: la capacité d’imiter le Créateur. L’homme est non<br />
seulement le partenaire du Créateur mais il est presque<br />
son égal dans sa capacité créatrice, comme en témoigne<br />
ce verset des Psaumes : « Qu’est-ce que l’homme pour que<br />
Tu penses à lui ? Le fils d’Adam pour que Tu le protèges ?<br />
Pourtant, Tu l’as fait presque à l’égal des êtres divins, Tu<br />
l’as couronné de gloire et de magnificence ! Tu lui a donné<br />
l’empire sur l’œuvre de Tes mains et mis tout à ses pieds »<br />
(Psaumes, 8,5-7). Pour le <strong>rabbin</strong> américain Yossef Dov Soloveitchik<br />
(1903-1993), le principal enseignement du premier<br />
chapitre de la Genèse est d’inviter l’homme à devenir luimême<br />
créateur à l’image d’un Dieu qui doit être imité dans<br />
ses vertus et ses actions.<br />
Il ne s’agit là, bien sûr, que d’un très bref aperçu sur les<br />
rencontres possibles entre <strong>une</strong> philosophie que Nietzsche<br />
lui-même comparait à de la dynamite et la pensée talmudique<br />
non moins explosive… il reste, en la matière, bien<br />
des pages à écrire.<br />
1) Cet article fait la synthèse d’<strong>une</strong> intervention faite lors du<br />
colloque « Philosophie et Judaïsme » organisé par l’association<br />
LEV le 30 Juin 2009.<br />
2) Friedrich Wilhelm Nietzsche (15 octobre 1844 à Röcken,<br />
Saxe - 25 août 1900 à Weimar, Allemagne), philosophe et<br />
philologue allemand.<br />
3) Cf. La communication prophétique, (Fayard, 1990) ,<br />
p. 83 et 84<br />
Élisabeth Nietzsche avec Hitler<br />
Élisabeth Nietzsche<br />
Sébastien Allali<br />
9
10<br />
Onomastique<br />
par Guy Fellous et Eliahou Hillel<br />
NOUS POURSUIVONS NOTRE EXPLORATION DES PA-<br />
TRONYMES JUIFS EN VOUS PROPOSANT DANS CE<br />
NUMÉRO D’ANALYSER LES NOMS SUIVANTS : BENAÏM,<br />
CHICHE, HADDAD, LATTÈS, SABBAN, SEBAG<br />
BENAÏM<br />
Serge Benaïm, président de<br />
la communauté de la synagogue<br />
de la rue de la Roquette<br />
nous demande de l’éclairer à<br />
propos de son patronyme.<br />
Pour de nombreux spécialistes, le nom BENAÏM vient de<br />
l’araméen et de l’hébreu et renvoie à la notion de « vie ». Littéralement,<br />
il se traduit par « Fils de la vie ». Jacques Taïeb<br />
et Joseph Tolédano proposent quelques pistes plus originales<br />
: Na’îm, en hébreu, signifie « agréable » et Na’man,<br />
en arabe, renvoie à « confortable ». Benaïm serait alors « Le<br />
fils de l’homme agréable ». Autre idée que Jacques Taïeb<br />
partage avec Joseph Tolédano : « Ben Nâim » signifierait,<br />
en arabe, « Le fils de l’endormi, du calme » et, dit Tolédano,<br />
ce nom traduirait l’espagnol « Dormido ». D’ailleurs,<br />
ajoute-t-il, l’origine espagnole de cette famille est établie.<br />
Les Benaïm auraient quitté l’Espagne pour le Maghreb<br />
en 1391. Enfin, Tolédano propose également <strong>une</strong> origine<br />
hébraïque basée sur le mot « Banaïm », « Les maçons, les<br />
constructeurs ».<br />
Variantes : Haïm et ses nombreux dérivés, Bennaïm, Benhaïm,<br />
Benhaiem, Benhayim, Benhain, Benhamou et tous<br />
ses dérivés, Naïm, Abennahim, Abenaïm, Naaman, Naman,<br />
Ibn Naim, Ben Hayim<br />
Célébrités : De nombreux <strong>rabbin</strong>s d’Afrique du Nord ont<br />
porté ce nom, tels Eliahou de Taza, Yaacob Haim et Yossef<br />
de Fez, Rahman Benaïm, de Tunis ou Raphaël Haïm Moché<br />
de Tétouan. Jacob Benaïm a été Grand <strong>rabbin</strong> de Smyrne.<br />
On pense aussi à Mosès Benaïm, négociant international<br />
natif d’Alger et à l’avocat Samuel Benaïm, de Casablanca,<br />
auteur d’ouvrages sur les pèlerinages juifs. Sans oublier<br />
Esther Benhaïm-Ouaknine, sociologue réputée à Montréal,<br />
Marylise Benhaïm, journaliste d’origine algérienne, Gilbert<br />
Benaim, grand organisateur de combats de boxe et<br />
le peintre canadien Maxime Benhaïm. On notera enfin que<br />
la famille Benaïm de Caracas au Venezuela a donné à ce<br />
pays de grands médecins comme Carlos, Enrique et Victor<br />
Benaïm.<br />
CHICHE<br />
Jeannine Chiche fidèle lectrice<br />
de notre journal, aimerait en savoir<br />
plus sur son nom marital.<br />
Pour certains , le patronyme CHICHE vient du catalan « sas<br />
portas », « les portes » ou, peut-être, de « seis portas », « les<br />
six portes », ce qui permet de se rapprocher de l’hébreu<br />
« chech », « six ». On considère généralement que le nom<br />
Chiche est un abrégé du nom Chicheportiche. Jacques Taïeb,<br />
rejoint en cela par Joseph Tolédano, pense également à l’hébreu<br />
« Chaïch » qui désigne le marbre, ce qui incite Tolédano<br />
à rapprocher le nom « Chiche » du nom d’origine berbère<br />
« Melloul » et du nom espagnol « Albo ». Taïeb fait remarquer<br />
aussi que « Bouchicha » se traduit par « L’homme au narghilé<br />
». Il n’est pas impossible que de Chiche, on soit passé par<br />
féminisation à Chouicha et, de là, à Suissa.<br />
Variantes : Chisse, Chich, Chicha, Sis, Bouchicha, Chicheportiche,<br />
Chichportech, Chicheportich, Chichportich, Chichportiche,<br />
Sasportas, Sportes, Sportich, Sportiche, Sportis,<br />
Sportisse, Sportouche, Sportouch, Sesportes, Saporta, Partouche,<br />
Zasportas, Zaporta, Sforta, Çaporta, De Saporta,<br />
Ses Portes, Ça Porta, Ces Portes, Çe Porta, Portal, Porta.<br />
Célébrités : Le <strong>rabbin</strong> tunisien Joseph Chicheportiche vivait<br />
au XVème siècle. Plus près de nous, à Alger, André Chiche<br />
fut parmi les créateurs, en 1947, du réseau ORT en Algérie,<br />
le journaliste tunisien Félix Chiche et David Chiche qui dirigea<br />
la communauté juive de Nabeul. Sans oublier Evelyne<br />
Chiche, née Karsenty, animatrice de Radio Communauté.<br />
HADDAD<br />
Stéphane Haddad, fidèle lecteur<br />
de <strong>Tribu</strong> <strong>12</strong>, aimerait connaître les<br />
origines de son nom de famille.<br />
Le patronyme HADDAD vient de l’arabe et du berbère et<br />
signifie « Forgeron ». Il désignait tous les artisans qui travaillaient<br />
les métaux. Ce patronyme est attesté sur <strong>une</strong><br />
kettouba de Tunis en date du 24 septembre 1806 qui voit<br />
le mariage d’Abraham, fils d’Isaac Bonan avec Esther, fille<br />
d’Abraham Haddad. Il existe des Cohen-Haddad, mais la<br />
tradition a retenu que ces Cohen ont perdu leur dignité de<br />
prêtres pour avoir exercé le métier de forgeron. Très nombreux<br />
dans l’île de Djerba, les Haddad ont même donné leur<br />
nom à <strong>une</strong> rue du quartier juif de l’île, zenkat el Haddad.<br />
Variantes : Hadad, Hadded, Haded, Haddeda, Hadida,<br />
Hadid, Addad, Adad, Added, Adida, Eladad, Elhaddad,<br />
Elhadad, Alhaddad, Alhadad, Alhaded, Ben Alhadad.
Célébrités : Plusieurs <strong>rabbin</strong>s d’Afrique du Nord ont porté<br />
ce nom, tel les <strong>rabbin</strong>s de Djerba, Isaac, Matouk et Khamous<br />
Haddad, Moché David, de Nabeul, Khelifa, d’Oran.<br />
C’est au publiciste tunisien Nessim Haddad qu’on doit la<br />
création du journal Le Défenseur. Maître Charles Haddad a<br />
été le dernier président de la communauté juive organisée<br />
de Tunisie. Sans oublier l’imprimeur djerbien Boaz Haddad,<br />
le psychanalyste originaire de Tunis, Gérard Haddad, l’écrivain,<br />
tunisien également, Hubert Haddad, le <strong>rabbin</strong> de la<br />
je<strong>une</strong>sse, Philippe Haddad, le peintre d’origine irakienne,<br />
Abraham Haddad , le journaliste, irakien également, Ézra<br />
Haddad et l’ancien président de l’université Paris I, actuellement<br />
chargé de l’enseignement supérieur à l’<strong>Un</strong>esco,<br />
Georges Haddad.<br />
LATTÈS<br />
Monique Lattès, fidèle lectrice<br />
de <strong>Tribu</strong> <strong>12</strong>, nous demande<br />
de lui fournir des<br />
renseignements sur son patronyme.<br />
Le nom LATTÈS, <strong>une</strong> fois n’est pas coutume dans le monde<br />
juif, est un nom bien français. C’est celui d’<strong>une</strong> ville, LATTES,<br />
près de Montpellier. À L’origine, ce nom était attribué à des<br />
originaires de cette ville du Languedoc.<br />
Célébrités : On pense immédiatement à l’éditeur, Jean-<br />
Claude Lattès. André Lattès, a été un grand stomatologue<br />
français dans les années cinquante et Samy Lattès, inspecteur<br />
général de l’Instruction publique.<br />
SABBAN<br />
Victor Sabban, fidèle de la<br />
synagogue de Fontenay-sous-<br />
Bois nous demande de l’éclairer<br />
sur son patronyme.<br />
Le nom SABBAN vient de l’arabe et désignait à l’origine un<br />
marchand ou un fabricant de savon. En Espagne, ce patronyme<br />
était porté sous les formes Xabonero et Çaban. Certains<br />
pensent y voir un rapport avec le prénom biblique Atsaban,<br />
petit-fils de Jacob. Ce nom est attesté à Tunis sur <strong>une</strong><br />
kettouba datée du 19 avril 1867 qui voit le mariage de Jacob,<br />
fils d’Élie Sabban avec Simha, fille de Menahem Fiorentino.<br />
Variantes : Sebbane, Sebane, Sebban, Sebbane, Sabbane,<br />
Sabben, Saben, Saban, Seban, Sebben, Sobbane,<br />
Sobanne, Assaban, Assabban, Esseban, Azban.<br />
Célébrités : Les <strong>rabbin</strong>s Mordekhay Sabban de Meknès<br />
et Amram Sabban de Ghardaïa, Michèle Sabban (née Allali),<br />
vice-présidente du Conseil Régional Île-de-France,<br />
Sandrine Sebbane, animatrice bien connue de RCJ. Sans<br />
oublier l’éducateur de Casablanca, Émile Seban et le président<br />
de Bull Micral, Georges Seban.<br />
SEBAG<br />
Mickaël Sebag, de la rue Chevreul,<br />
aimerait en savoir plus<br />
sur son patronyme<br />
Le nom SEBAG vient de l’arabe. Il désigne un teinturier. Ce<br />
nom est attesté à Tunis sur <strong>une</strong> kettouba datée du 29 octobre<br />
1800 qui enregistre le mariage de Joseph, fils de Jacob<br />
Haï Shebokh avec Reine, fille de Mauliah de Signia.<br />
Variantes : Sebagh, Sebaagh, Sebac, Sebague, Sebbag,<br />
Sebbagh, Sabeg, Sabag, Shebokh, Ebbagh, Sabbagh, Esbagh,<br />
Assabagh, Esebagh, Assabag, Essebagh, Esebag<br />
Célébrités : On pense immédiatement à l’historien de la Tunisie,<br />
Paul Sebag. On notera également le <strong>rabbin</strong> de Meknès,<br />
Azaria Sebag, celui de Marrakech, Shelomo, celui de Mogador,<br />
Nessim, celui de Safi, Baroukh, celui de Mogador, Chélomo<br />
ou encore celui de Marseille, Jacob Sebag. Sans oublier<br />
le philanthrope londonien Salomon Sebbag et son fils,<br />
Sir Joseph Sebbag-Montefiori, anobli par la reine Victoria en<br />
1886, Gabriel Sebag qui a été l’un des fondateurs, en 1949<br />
du mouvement Dror à Meknès, Ouri Sebag, syndicaliste israélien,<br />
Jacky Sebag, maire de Naharya, fondateur du parti<br />
israélien « Guesher » et le journaliste israélien Shmouel Seguev<br />
( alias Sebag) du Maariv.<br />
Les lecteurs qui voudraient en savoir plus pourront utilement<br />
consulter la bibliographie sélective proposée dans le numéro<br />
8 de TRIBU <strong>12</strong>. Notre site Internet www.tribu<strong>12</strong>.com vous<br />
permettra de consulter les précédents numéros de notre<br />
magazine sans oublier le travail monumental d’Abraham I.<br />
Laredo : Les noms des Juifs du Maroc. Essai d’onomastique<br />
judéo-marocaine en deux tomes paru chez Hebraica Ediciones,<br />
Madrid, 2008, avec le concours de la Casa Sefarad<br />
Israel. N’hésitez pas à nous demander d’analyser votre nom.<br />
N.B. Depuis le début de cette rubrique, nous avons traité<br />
les noms suivants : ALLALI (6), AOUATE (10), ASSERAF (9),<br />
ASSUIED (13), ASSUS (21), ASSOULINE (11), ATTIA (16),<br />
AYACHE (16), BARANES (10), BARDAVID (20), BAROU-<br />
HIEL (16) , BELAHSSEN (11), BEMBARON (20), BENAÏM<br />
(23), BENHAMOU (19), BERDAH (21), BERDUGO (11),<br />
BESNAÏNOU (9), BLUM (8), BOCCARA (15), BORGEL (18),<br />
BOUKOBZA (8), BRAMI (7), CHEMLA (11), CHETBOUN (11),<br />
CHICHE (23), CHOCRON (22), CHOUFANE (8), COHEN (7),<br />
CUKIERMAN (9), DAHAN (6), DANINO (22), DAOUDI (16) ,<br />
DARMON (19), ELKOUBY (13), ELMALEH (18), FARGEON<br />
(20), FARHI (19), FELLOUS (9), FITOUSSI (7), GHIDALIA (6),<br />
GIUILI (19), GOTAJNER (20), GOTHEIL (16), GOTSCHAUX<br />
(15), GOLDMANN (9), GUEDJ (17), GUETTA (21), HADDAD<br />
(13 et 23), HAGEGE (14), HALIMI (20), HAMZALAG(<strong>12</strong>), JAIS<br />
(16), JOURNO (22), KAHN (9), KARSENTI (17), KTOURZA<br />
(14), LABI (20), LAHMI (13), LASRY (22), LATTES (23), LEL-<br />
LOUCHE (6), MADAR (15), MAAREK (19), MALEM (22), ME-<br />
DINA (18), MESSAS (9), MIMOUN (14), NAMAN (20), NATAF<br />
(<strong>12</strong>), NIZARD (15), O’HAYON (21), OUAKNIN (<strong>12</strong>), PEREZ<br />
(18), RAUSKY (<strong>12</strong>), RIEH (13), ROUMANI (14), SAADA (10),<br />
SABBAN (23), SAGROUN (21), SARFATI (15), SARRABIA (8),<br />
SEBAG (23), SIRAT (9), SITRUK (9), SMADJA (17), SUISSA<br />
(22), TAÏEB (21), TEMIM (<strong>12</strong>), TOLEDANO (18), TOUITOU<br />
(14), UZAN (22), WIZMAN (17), ZAOUI (15), ZENOUDA (18),<br />
ZRIBI (10) et ZRIHEN (10).<br />
11
<strong>12</strong><br />
Société<br />
ÊTRE JUIF AUTREMENT<br />
LA COMMUNAUTÉ JUIVE DE FRANCE, SIX CENT MILLE<br />
ÂMES SI L’ON SE FIE AU CHIFFRE GÉNÉRALEMENT AD-<br />
MIS, EST LOIN D’ÊTRE MONOLITHIQUE. ELLE S’ÉTEND<br />
SUR UN LARGE SPECTRE QUI VA DES NON-CROYANTS<br />
ET AUTRES LAÏCS AUX LOUBAVITCHS EN PASSANT PAR<br />
LES TRADITIONALISTES, LES ORTHODOXES, LES LIBÉ-<br />
RAUX OU ENCORE LES MASSORTIS. CERTAINS S’AFFIR-<br />
MENT SIONISTES, D’AUTRES SE RÉCLAMENT DU BUND<br />
ET NOMBREUX SONT CEUX QUI SONT ÉTRANGERS À<br />
TOUTE ACTIVITÉ COMMUNAUTAIRE OU CULTUELLE.<br />
S’IL EST VRAI QU’AUJOURD’HUI, EN FRANCE, LE COU-<br />
RANT MAJORITAIRE S’INSCRIT DANS LE JUDAÏSME RE-<br />
PRÉSENTÉ PAR LE CONSISTOIRE CENTRAL, FORCE EST<br />
DE CONSTATER L’ÉMERGENCE ET LE RENFORCEMENT<br />
DE TOUTE UNE PALETTE D’OBÉDIENCES QUI VONT DES<br />
LIBÉRAUX AUX LOUBAVITCHS.<br />
UN JUDAÏSME<br />
QUI SE VEUT MODERNE<br />
Au 18ème siècle, avec<br />
l’émancipation des Juifs en<br />
Europe et l’émergence de ce<br />
qu’on a appelé la Haskala,<br />
l’ère des Lumières, des<br />
Juifs se sont pris à croire à<br />
<strong>une</strong> révolution dans les<br />
mœurs qui les extrairait<br />
définitivement<br />
du ghetto tout en<br />
leur permettant<br />
de conserver un lien<br />
avec leurs pratiques ancestrales. Dans cette<br />
volonté farouche de parvenir à ce qu’ils considéraient<br />
comme <strong>une</strong> forme de « normalité », les premiers<br />
théoriciens du libéralisme en milieu juif se sont<br />
parfois fourvoyés. Ainsi, lorsque Theodor Creizenach,<br />
à Francfort-sur-le-Main, prône, en 1842, l’abandon pur<br />
et simple du Talmud et de la Halakha au profit d’un spiritualisme<br />
mosaïque sublimé. Ou encore, lorsque le <strong>rabbin</strong><br />
Samuel Holdheim décrète la caducité absolue de la littérature<br />
<strong>rabbin</strong>ique. Sans oublier Orly Terquem qui voulait<br />
non seulement abolir la circoncision mais aussi transférer<br />
le chabbat du samedi au dimanche. Fort heureusement, de<br />
nos jours, le judaïsme dit « libéral » est bien loin de ces<br />
aberrations et, en réalité, tout compte fait, assez proche<br />
du judaïsme consistorial. Pour les libéraux de notre siècle,<br />
il s’agit de mettre en pratique un principe simple, à savoir<br />
que les mitsvot ne sont pas toutes de la même essence et<br />
qu’il convient de les hiérarchiser. La <strong>profession</strong> de foi du<br />
<strong>rabbin</strong> et penseur libéral Léo Baeck résume cette problématique<br />
: « Le judaïsme n’est jamais devenu <strong>une</strong> entité<br />
achevée. Auc<strong>une</strong> période de son développement ne peut<br />
devenir sa totalité. L’ancienne Révélation devient toujours<br />
<strong>une</strong> nouvelle Révélation. Le judaïsme est <strong>une</strong> expérience de<br />
continuelle renaissance ».<br />
En 1903, à sa naissance, l’<strong>Un</strong>ion Libérale Israélite de France,<br />
l’ULIF de la rue Copernic, avait pour guide spirituel <strong>une</strong><br />
autorité du Consistoire Central, le Grand <strong>rabbin</strong> Louis-Germain<br />
Lévy. Après la Guerre, l’ULIF a été relancée par le <strong>rabbin</strong><br />
André Zaoui, qui vient de disparaître, père du célèbre<br />
avocat Michel Zaoui et par Colette Kessler, responsable<br />
pédagogique. C’est au sein de cette communauté libérale<br />
que s’est illustré, lors du fameux attentat, le <strong>rabbin</strong> Michael<br />
Williams. Pour l’ULIF, le plus grand danger qui guette le judaïsme,<br />
c’est l’assimilation par le biais des mariages mixtes.<br />
C’est pourquoi, selon ses dirigeants, quelques prières en<br />
français en plus ou en moins, des femmes et des hommes<br />
assis côte à côte à la synagogue, le refus d’appliquer strictement<br />
certaines règles relatives au guet ou aux mamzerim<br />
sont des détails par rapport à l’objectif essentiel de survie<br />
du peuple juif.<br />
Autre structure libérale<br />
du paysage juif de France,<br />
le MJLF, Mouvement Juif<br />
Libéral de France. En juin<br />
1977, <strong>une</strong> poignée de familles<br />
de l’ULIF accompagne le <strong>rabbin</strong><br />
Daniel Farhi, Colette Kessler et<br />
Roger Benarrosh pour fonder<br />
le MJLF. Roger Benarrosh en<br />
sera le président fondateur.<br />
<strong>Un</strong>e synagogue verra rapidement<br />
le jour dans le<br />
quartier de Beaugrenelle<br />
dans le XVème<br />
arrondissement de<br />
Paris. Plusieurs<br />
milliers de familles appartiennent aujourd’hui<br />
à cette mouvance et plusieurs centaines<br />
d’enfants suivent les cours de son Talmud Thora. Le<br />
propre fils de Daniel Farhi, Gabriel Farhi, formé au Léo<br />
Baeck College de Londres, sera ordonné <strong>rabbin</strong> à son<br />
tour. C’est au sein du MJLF qu’émergera, en 1990, la figure<br />
de la première femme-<strong>rabbin</strong> de France, Pauline Bebe<br />
qui créera, par la suite la CJL, Communauté Juive Libérale<br />
d’Île-de-France (1). Le MJLF, on le sait, a pris <strong>une</strong> part très<br />
active dans les cérémonies de commémoration du Yom<br />
Hashoah. À ceux qui lui reprochent son éloignement de la<br />
stricte orthodoxie, le MJLF rappelle qu’<strong>une</strong> étude réalisée<br />
il y a quelques années montrait que 80% de ses membres
épondaient aux critères halakhiques du Consistoire.<br />
Autre facette des « libéraux » en France, le courant « Massorti<br />
» ou « Conservative ». C’est après avoir suivi les cours<br />
du mouvement massorti de Jérusalem que le <strong>rabbin</strong> Ryvon<br />
Krigier, titulaire d’un doctorat en sciences des religions<br />
a été envoyé en France en 1991 pour lancer <strong>une</strong> communauté<br />
massorti. C’est ainsi que la communauté Adath<br />
Shalom qui compte plusieurs centaines de familles, a été<br />
créée. Contrairement à <strong>une</strong> croyance fortement ancrée, les<br />
massorti n’acceptent pas les mariages mixtes et ne convertissent<br />
au judaïsme qu’après <strong>une</strong> longue initiation très exigeante<br />
qui peut durer plusieurs années.<br />
Contrairement aux libéraux qui acceptent la patrilinéarité<br />
et qui considèrent que si un enfant est né de père juif et de<br />
mère non-juive il est juif, les massortis y sont opposés.<br />
LA GALAXIE LOUBAVITCH<br />
C’est au XVIIème siècle que le célèbre<br />
Baal Chem Tov (Le maître du<br />
Bon Nom) lança le mouvement<br />
hassidique, un mouvement qui<br />
allait connaître un succès phénoménal<br />
dans toute l’Europe de<br />
l’Est, mettant l’accent sur l’étude<br />
et la réflexion spirituelle sur fond<br />
d’<strong>une</strong> joie profonde d’être juif. La Seconde<br />
Guerre mondiale et la Shoah en<br />
engloutissant six millions de Juifs dans la tourmente va<br />
réduire quasiment à néant ces riches communautés hassidiques.<br />
En 1940, le <strong>rabbin</strong> Yossef Itshak Schneerson s’installe<br />
à New York. S’échappant des pays situés derrière le<br />
Rideau de Fer, des milliers de hassidim s’installent de leur<br />
côté en Europe. La France, notamment, devient <strong>une</strong> plaque<br />
tournante du mouvement hassidique. <strong>Un</strong>e yeshiva est<br />
créée à Brunoy et un institut pour je<strong>une</strong>s filles, Beth Rivka,<br />
à Yerres. À Aubervilliers, <strong>une</strong> école, Shné-Or, est installée.<br />
En 1965, le rabbi de Loubavitch, qui a pris ses fonctions en<br />
1950, demande à l’un de ses proches, le <strong>rabbin</strong> Azimov,<br />
de s’installer à Paris pour prendre la direction du mouvement.<br />
Le rav Azimov trouvera des oreilles particulièrement<br />
attentives notamment auprès de je<strong>une</strong>s Juifs déracinés originaires<br />
d’Afrique du Nord. Ouvert à tous, ne pratiquant ni<br />
l’exclusion ni l’anathème, le mouvement loubavitch, loin de<br />
la pratique sectaire qu’on lui prête, entend ouvrir des accès<br />
diversifiés à la tradition juive. Il compte plusieurs milliers de<br />
fidèles en France et il est membre du CRIF où il dispose de<br />
cinq représentants dont le <strong>rabbin</strong> Haïm Nisenbaum. Dans le<br />
domaine scolaire, le <strong>rabbin</strong> Hillel Pevzner et son fils, Joseph<br />
Pevzner, ont mis sur pied un énorme réseau accueillant des<br />
milliers d’élèves, l’École Sinaï, Heikhal Ménahem ou encore<br />
le Beth Haya Mouchka.<br />
ÊTRE JUIF ET NOIR<br />
Le dernier venu dans le paysage juif français est pour le<br />
moins inattendu. Il s’agit de la congrégation « Bnei Tsiporah<br />
» de Juifs noirs.<br />
Animé par un je<strong>une</strong> Congolais converti en Israël, Guershon<br />
Nduwa, cet ensemble revendique 250 familles juives et<br />
noires à Paris et en région parisienne. Certaines sont d’origine<br />
éthiopienne, d’autres viennent des Antilles ou encore<br />
d’Afrique Noire. <strong>Un</strong>e synagogue est en projet dans un local<br />
de 150m2 à Levallois-Perret mis à disposition par un généreux<br />
donateur.<br />
« Bien entendu, dit Guershon Nduwa, cette synagogue sera<br />
ouverte à tous les Juifs »<br />
Qui a dit que le judaïsme de France<br />
n’est pas divers et dynamique ?<br />
Jean-Pierre Allali<br />
(1) Le judaïsme français compte, depuis, deux autres<br />
femmes-<strong>rabbin</strong>s : Célia Surget, ordonnée en 2007 et<br />
Delphine Horvilleur, qui a reçu son ordination de l’Hebrew<br />
<strong>Un</strong>ion College de New York en 2008. Il y a environ 800<br />
femmes-<strong>rabbin</strong>s dans le monde.<br />
13
14<br />
Social<br />
OHR HANNA :<br />
UNE MISSION ESSENTIELLE<br />
«DONNER À CEUX QUI ONT FAIM,<br />
C’EST RECEVOIR DU CRÉATEUR» TALMUD.<br />
CETTE DOCTRINE,<br />
OHR HANNA EN A FAIT SON EMBLÈME.<br />
<strong>Tribu</strong> <strong>12</strong> : Vous êtes bénévole depuis huit ans de Ohr<br />
Hanna. Expliquez-nous ce qu’est cet organisme.<br />
Carole Jaïs : Ohr Hanna est fondée en 1984 par le <strong>rabbin</strong><br />
Jacques Amar, assisté de sa femme Sarah. Ils se sont<br />
donnés pour mission d’aider son prochain à Paris et dans<br />
la petite couronne en partie grâce à la participation des<br />
bénévoles. Les actions de Ohr Hanna sont particulièrement<br />
orientées vers les personnes seules et en grande difficulté.<br />
T<strong>12</strong> : Quelles sont les spécificités de Ohr Hanna ?<br />
C.J : Il y en a plusieurs : visiter régulièrement les malades<br />
dans les 22 hôpitaux parisiens<br />
ou à domicile quand les<br />
personnes sont seules, aider<br />
aux derniers devoirs pour les<br />
personnes qui n’ont pas de<br />
famille et aider les orphelins.<br />
Il y a aussi des actions vers<br />
les personnes démunies et<br />
isolées à qui <strong>une</strong> partie des<br />
480 bénévoles après avoir<br />
cherché les repas de chabbat<br />
dans <strong>une</strong> cantine du XIXème<br />
arrondissement de Paris vont<br />
livrer environ 10 repas par<br />
semaine à ces personnes arrivées<br />
au seuil de la pauvreté<br />
et qui parfois se retrouvent<br />
au bord de l’exclusion.<br />
J’allai oublier de vous parler<br />
des paniers de Pessah. Grâce<br />
à des accords avec des épiceries<br />
communautaires, 50 bénévoles<br />
sont mobilisés pour aider<br />
pendant les fêtes à préparer<br />
les colis alimentaires ou simplement<br />
offrir des bons afin<br />
que les personnes puissent<br />
eux-mêmes faire leur choix.<br />
T<strong>12</strong> : Vous me parlez d’actions vers les personnes âgées.<br />
Et pour les enfants que faites-vous ?<br />
C.J. : Les enfants ne sont pas oubliés surtout ceux qui ont<br />
des problèmes sociaux notamment quand la démission<br />
des parents les fragilisent et les déséquilibrent. <strong>Un</strong> grand<br />
nombre d’entre eux sont issus de familles éclatées avec<br />
parfois un papa qui ne travaille pas ou <strong>une</strong> maman qui les<br />
élève seule. Les bénévoles se retrouvent devant des situations<br />
douloureuses et parfois dramatiques. Grâce à Ohr<br />
Hanna, les je<strong>une</strong>s retrouvent un équilibre et <strong>une</strong> joie qui<br />
leur permet de poursuivre leurs études de façon sereine.<br />
T<strong>12</strong> : D’où proviennent les finances de l’association ?<br />
C.J. : La grande majorité des dons émane des particuliers.<br />
Mais <strong>une</strong> partie provient des entreprises qui donnent<br />
des vêtements, des valises, des parfums et pleins d’autres<br />
choses neuves qui permettent d’organiser la vente annuelle<br />
qui jusqu’à présent se déroulait sur un jour dans <strong>une</strong> salle<br />
que la Mairie du XXème offrait à l’association. Cette année<br />
la Grande vente annuelle a duré <strong>une</strong> semaine dans les entrepôts<br />
de Ohr Hanna.<br />
Il est vrai que le comité d’honneur présidé par Élie Wiesel<br />
et composé entre autres personnalités du Pr François Jacob,<br />
prix Nobel de médecine et professeur au Collège de<br />
France, le Pr Marc Zerbib de<br />
l’hôpital Cochin, tranquillise<br />
les donateurs sur le sérieux<br />
et la confiance qu’on peut<br />
avoir en Ohr Hanna.<br />
T<strong>12</strong> : Ohr Hanna a également<br />
<strong>une</strong> antenne en Israël<br />
C.J. : Ohr Hanna s’est alliée<br />
à la Fondation Ezrat Ménahem<br />
en Israël pour venir<br />
en aide aux nécessiteux,<br />
aux personnes âgées ou<br />
malades, mais également<br />
aux veuves et aux je<strong>une</strong>s<br />
enfants qui sont les premiers<br />
touchés par la guerre<br />
permanente et son cortège<br />
d’épreuves. Des partenariats<br />
sont créés avec 200<br />
Restaurants du Cœur répartis<br />
sur tout le territoire.<br />
T<strong>12</strong> : Pour conclure<br />
C.J. : J’aimerai bien qu’Ohr<br />
Hanna puisse en faire plus.<br />
Et pour cela il faut encore<br />
plus de bénévoles et encore<br />
plus d’argent. J’espère que cet article encouragera<br />
quelques uns à franchir le pas.<br />
Ohr Hanna<br />
14 Villa du Bel-Air 750<strong>12</strong> Paris<br />
Tél. : 01 43 43 40 70
Histoire<br />
SAN NICANDRO :<br />
UN MIRACLE À L’ITALIENNE<br />
SAN NICANDRO EST UN PETIT VILLAGE PRINCIPALEMENT COMPOSÉ D’OUVRIERS AGRICOLES. C’EST UNE LOCALITÉ<br />
SITUÉE DANS LA PARTIE NORD-EST DU PROMONTOIRE DU GARGANO, À 224 MÈTRES D’ALTITUDE ET À 13 KILOMÈTRES<br />
DE LA MER ADRIATIQUE. À L’ORIGINE DE CETTE AVENTURE OÙ DES CATHOLIQUES ITALIENS DEVIENDRONT LES JUIFS<br />
DE SAN NICANDRO, IL Y A UN HOMME, DONATO MANDUZIO QU’ON APPELLERA LE PAYSAN-PROPHÈTE. IL EST LE<br />
BOUTE EN TRAIN DE SON VILLAGE, UN PEU MAGICIEN, UN PEU GUÉRISSEUR, UN PEU CONTEUR ET ANIMATEUR.<br />
Pendant la Première Guerre mondiale, Donato Manduzio<br />
se bat comme soldat. Blessé et mutilé en 1917, il retourne<br />
vivre dans son village.<br />
Manduzio est illettré. Il apprend à lire et à écrire pendant<br />
son séjour à l’hopital. Il tombe par hasard sur un exemplaire<br />
de l’Ancien Testament. Immédiatement c’est la révélation.<br />
Il découvre les enseignements de la Torah. Si Donato Manduzio<br />
était resté seul, son histoire serait probablement<br />
oubliée aujourd’hui. Mais des habitants de son village<br />
viennent l’écouter et il les communique à son voisinage.<br />
Ses prèches, souvent consécutifs à de fréquentes, visions<br />
attirent certains de ceux qui le fréquentent, même si tous<br />
ne s’y rallient pas inconditionnellement ; il est difficile pour<br />
certains de le suivre surtout quand il leur enjoint de brûler<br />
leurs images pieuses ou de briser leurs statues. Il fera des<br />
disciples dans vingt-trois familles. Il faut se souvenir que<br />
l’Italie est très catholique, surtout à cette période. Pourtant<br />
l’Ancien Testament fascine de plus en plus Donato.<br />
Son Dieu est le Dieu d’Israël. Ce qui est exceptionnel, c’est<br />
qu’ils sont convaincus d’être les seuls adeptes au monde<br />
de cette croyance et que le peuple israélite a disparu depuis<br />
des millénaires de la surface de la terre. Cette conversion<br />
se fait donc sans aucun contact avec des Juifs. Or, un<br />
voyageur de passage dans la région révèle à ces quelques<br />
nouveaux Israélites des Pouilles qu’il n’en est rien et qu’il<br />
y a bel et bien des Juifs, et même dans l’Italie de 1930.<br />
Après avoir fait des recherches, Donato Manduzio obtient<br />
l’adresse du Grand <strong>rabbin</strong> de Rome, qui s’appelait alors<br />
Angelo Sacerdoti (ironie de l’histoire : l’un des successeurs<br />
de Sacerdoti, le <strong>rabbin</strong> Israël Zolli (né Zoller), après avoir<br />
eu <strong>une</strong> vision mystique de J-C lors de l’office de Yom Kippour,<br />
se convertira au catholicisme en 1944, <strong>une</strong> démarche<br />
qui causera un véritable scandale dans le monde juif). En<br />
1931, Donato Manduzio et ses fidèles adressent <strong>une</strong> lettre<br />
au grand <strong>rabbin</strong> de Rome qui croit à <strong>une</strong> plaisanterie ou à<br />
<strong>une</strong> farce, tant le message qu’il reçoit semble incroyable.<br />
Des semaines passent donc sans nouvelles. Manduzio et<br />
ses amis envoient un nouveau courrier au Grand <strong>rabbin</strong>,<br />
et toujours le même silence. Enfin, au troisième message,<br />
le Grand <strong>rabbin</strong> Sacerdoti réagit. Et la correspondance qui<br />
s’engage finit par convaincre le <strong>rabbin</strong> de la sincérité de<br />
la démarche de ses correspondants de San Nicandro, En<br />
1936, le nouveau Grand Rabbin d’Italie, David Prato, envoie<br />
Rafaele Cantoni à San Nicandro pour monter un séminaire<br />
et ouvrir <strong>une</strong> synagogue. Mais le messager, conscient<br />
du danger du fascisme qui commence à se développer en<br />
Italie, essaie de dissuader les amis de Manduzio de se déclarer<br />
comme Juifs à la police. Le groupe de San Nicandro<br />
a donc toutes les raisons d’éprouver quelques découragements<br />
mais rien n’y fait. Lorsque le 10 septembre 1943, les<br />
Alliés prennent Tarente, des brigades des Juifs palestiniens<br />
intégrées à la 8ème Armée et se répandent dans la région.<br />
Les san-nicandrais voient défiler des jeeps arborant le « Maguen<br />
David ». On imagine sans peine la surprise des « Sabbatini<br />
», c’est ainsi qu’on appelait le groupe de néo-juifs de<br />
San Nicandro, lorsqu’ils voient l’étoile à six branches ! Ils<br />
confectionnent alors un drapeau bleu et blanc frappé du<br />
même bouclier qu’ils agitent au passage de chaque jeep.<br />
L’<strong>une</strong> d’elles que dirige le major Finn Lapide Spitzer finit par<br />
s’arrêter, et ses passagers ne sont pas peu étonnés de rencontrer<br />
des paysans italiens qui se proclament eux-mêmes<br />
juifs! Les Juifs de San Nicandro découvrent qu’un État<br />
juif est en gestation. L’idée d’émigrer en Palestine germe<br />
dans leur esprit. Les autorités religieuses juives d’Italie finissent<br />
enfin par accéder à la requête des convertis de San<br />
Nicandro. Le 29 juillet 1946,le <strong>rabbin</strong> Ravenna est envoyé<br />
de Rome pour préparer <strong>une</strong> circoncision collective qu’effectuera<br />
le Docteur Ascarelli permet à plusieurs d’entre eux<br />
d’être reçus officiellement dans le judaïsme. Le 15 mars<br />
1948, Donato Manduzio décède à San Nicandro. Cette<br />
même année, trois je<strong>une</strong>s de San Nicandro partent vers la<br />
Terre promise et s’enrôlent dans les forces israéliennes pour<br />
la Guerre d’Indépendance. Enfin, en 1949-1950, la plupart<br />
des convertis les suivent et vont s’installer en Israël. Leurs<br />
descendants y vivent toujours. Il reste actuellement <strong>une</strong><br />
douzaine de membres de la communauté de San Nicandro,<br />
essentiellement des femmes, ce qui laisse à penser à <strong>une</strong><br />
extinction prochaine. Mais qui sait ? Le miracle du Gargano<br />
se produira peut-être <strong>une</strong> seconde fois.<br />
Patrick Chemla<br />
Source : Jean-Pierre Allali : Les arabesques de la destinée.<br />
Histoires étonnantes du peuple d’Israël.<br />
Editions Gil Wern. 1996. Pinchas E. Lapide.<br />
Les compagnons de San Nicandro ou Retour aux sources.<br />
Editions Albin Michel. Elena Cassin. San Nicandro.<br />
Histoire d’<strong>une</strong> conversion. Éditions Quai Voltaire<br />
www.religioscope.com © 2002<br />
15
16<br />
Portrait<br />
OPÉRATION ENTEBBE ; UN OTAGE TÉMOIGNE<br />
« J’AI COUTUME DE DIRE QUE JE SUIS NÉ UNE DEUXIÈME FOIS IL Y A 35 ANS ».<br />
SYLVER AYACHE A AUJOURD’HUI 55 ANS, IL EN AVAIT 21 LORS DE CE DÉTOURNEMENT DEVENU LÉGENDAIRE ET<br />
SYMBOLIQUE D’UNE ARMÉE AU SOMMET DE SON EFFICACITÉ. IL FAISAIT PARTIE DES 244 PASSAGERS ET <strong>12</strong> MEMBRES<br />
D’ÉQUIPAGE DU VOL AF 139 QUI AURAIENT PU Y TROUVER LA MORT SANS L’INTERVENTION SALVATRICE DE L’ARMÉE<br />
ISRAÉLIENNE. CET ÉPISODE DE SON HISTOIRE, ET DE L’HISTOIRE D’UN PETIT PAYS, EST TOUJOURS TRÈS PRÉSENT EN<br />
LUI, COMME SCELLÉ À SA MÉMOIRE. IL LUI SEMBLE BIEN AVOIR VÉCU LÀ UN EXTRAORDINAIRE MOMENT DE VIE QUI<br />
LE LIE ENCORE UN PEU PLUS À ISRAËL LUI QUI AFFICHE À PARIS, DE FAÇON PERMANENTE À PRÉSENT, UNE KIPPA DIS-<br />
TINCTIVE : « OUI CE FUT UN DES MOMENTS LES PLUS MARQUANTS DE MON EXISTENCE ; CETTE TRÈS BELLE OPÉRA-<br />
TION DE TSAHAL CONSTITUE POUR MOI UN VÉRITABLE MOMENT DE BRAVOURE ».<br />
L’Airbus A300 d’Air France qui décolle de Tel Aviv à 9h<br />
du matin le 27 juin 1976, fait escale à Athènes embarquant<br />
alors, sans le savoir, quatre terroristes qui vont passablement<br />
bouleverser son plan de vol. L’appareil est en effet<br />
détourné peu après le décollage à <strong>12</strong>h30 sans que l’on<br />
connaisse le nombre de terroristes qui se trouvent à bord.<br />
« C’est là que là j’ai eu très peur car deux d’entre eux, (des<br />
Jordaniens) ont crié en arabe se souvient Sylver ; c’est très<br />
impressionnant lorsque l’on est dans un avion, un espace<br />
clos dans les airs d’où on ne peut s’échapper… ». L’appareil<br />
se posera à Bengazi en Libye à 15h pour faire le plein de kérosène<br />
; là les autorités libyennes complices des terroristes<br />
les ont fort bien accueillis. L’opération avait été minutieusement<br />
préparée avec l’appui de plusieurs pays. <strong>Un</strong>e femme<br />
israélienne a alors prétendu être enceinte pour être libérée<br />
en demandant à un médecin otage d’appuyer<br />
sa version ; ce qui fut fait. Mais on a<br />
appris par la suite qu’elle était impliquée<br />
dans des unités de défense israélienne…<br />
« Nous sommes restés au sol jusqu’à 20h<br />
dans <strong>une</strong> chaleur torride poursuit Sylver<br />
; les questionnements se mêlant à l’anxiété.<br />
Là les terroristes nous ont annoncé<br />
qu’ils faisaient partie du FPLP, (Front Populaire<br />
de Libération de la Palestine) ; nous<br />
savions que nous étions à Bengazi mais<br />
ne savions pas où nous allions aller par la<br />
suite. Nous avons donc quitté la Libye pour <strong>une</strong> destination<br />
inconnue et sommes arrivés lundi à 3h du matin sans<br />
le savoir à Entebbe en Ouganda. Nous étions dans l’ensemble<br />
plutôt calmes et fatigués. On nous a fait remplir un<br />
formulaire d’identité imprimé par le FPLP et on nous a servi<br />
un repas léger. Puis nous avons débarqué après plusieurs<br />
heures d’attente pour nous installer dans un ancien hangar<br />
désaffecté. Il était 11h, nous y étions réellement attendus.<br />
Le Président Idi Amin Dada nous a d’ailleurs rendu visite ;<br />
un repas très typique nous est servi ; la complicité des autorités<br />
ougandaises était flagrante; (il y avait d’ailleurs dans le<br />
pays <strong>une</strong> base d’entraînement pour les Palestiniens). Nous<br />
avons été sommés de donner nos passeports et tous les<br />
papiers que nous avions sur nous. Il faut savoir que 90%<br />
des passagers étaient de confession israélite et 60% des<br />
Israéliens. Sur 256 personnes, 101 sont libérées entre mercredi<br />
et jeudi. L’ensemble des Israéliens ont été gardés et<br />
quelques éléments de plusieurs nationalités, dont moi qui<br />
suis français, pour faire pression sur les différents gouvernements.<br />
Cette séparation, ce tri entre Israéliens et non<br />
Israéliens a été un moment très douloureux. Car il y avait<br />
parmi nous un rescapé des camps ; et celui-ci n’a pas pu<br />
s’empêcher d’interpeller Wilfried Böse, le pirate commandant<br />
l’opération, pour lui dire combien il était surpris de<br />
son attitude et que cela le ramenait plusieurs années en arrière…L’homme<br />
l’a regardé dans les yeux et lui a dit : vous<br />
vous trompez je ne suis pas du tout nazi mais j’appartiens<br />
à la bande à Baader et j’ai décidé de lutter pour la cause<br />
palestinienne en raison des exactions qui ont été faites<br />
dans les camps de réfugiés… » ; « en tous cas, a répondu<br />
l’otage, moi qui avais demandé à mes enfants et petits-enfants<br />
de tourner la page, à présent je m’en repends ». C’est<br />
alors que Böse l’a très gentiment pris par les épaules et ils<br />
sont allés s’asseoir l’un près de l’autre pour<br />
converser un moment ensemble. Le terroriste<br />
allemand semblait perturbé. Oui j’ai<br />
vu cette très belle scène. D’ailleurs lorsque<br />
les Israéliens sont arrivés sur le tarmac de<br />
l’aéroport W.Böse a vite compris ; il se<br />
trouvait à l’extérieur où il buvait un apéritif<br />
avec d’autres terroristes ; il a alors regardé<br />
ce rescapé des camps ; j’ai en effet vu leurs<br />
regards se croiser et l’homme a alors jeté<br />
sa grenade à l’extérieur au lieu de la lancer<br />
à l’intérieur. Ce fut là quelque chose d’extraordinaire.<br />
Il a été abattu immédiatement<br />
après par les Israéliens.<br />
Parmi les 4 terroristes hormis Wilfried Böse, il y avait Gabriela,<br />
<strong>une</strong> allemande très dure et décidée à tuer s’il le fallait,<br />
(d’autant que son fiancé avait sauté à l’aéroport de Lod<br />
un mois avant.. ) ; les deux autres étaient des Jordaniens<br />
de 19 et 25 ans rejoints à Entebbe par de hauts responsables<br />
du FPLP, qui se trouvaient sur place...Ils demandaient<br />
la libération de 53 terroristes de différents pays, la France,<br />
l’Allemagne, l’Italie et Israël bien entendu ; 40 Palestiniens<br />
détenus en Israël et 13 autres détenus au Kenya, en France<br />
en Suisse et en Allemagne.<br />
Les otages restèrent en détention avec l’équipage qui avait<br />
décidé de ne pas les abandonner alors qu’on leur proposait<br />
la libération, du dimanche soir au samedi soir suivant<br />
à 23h, heure à laquelle les Israéliens ont commencé l’Opération.<br />
Durant cette détention il leur était interdit de se
egrouper, de parler longuement ensemble, d’écrire mais<br />
aussi de prier ; car il leur semblait que les Juifs représentaient<br />
<strong>une</strong> force spirituelle et que celle-ci pouvait changer<br />
le cours des évènements… Des matelas, encore entourés<br />
de papier kraft pour mieux localiser les otages lors des déplacements,<br />
avaient été mis à leur disposition. « Dans ces<br />
conditions l’attente fut très longue, mais je n’avais pourtant<br />
pas peur, l’insouciance de la je<strong>une</strong>sse peut-être, poursuit<br />
Sylver. <strong>Un</strong> otage israélien<br />
m’avait dit, qu’il ne pensait<br />
pas qu’Israël laisserait massacrer<br />
200 personnes ainsi ; qu’il<br />
allait très certainement se passer<br />
quelque chose et qu’ils ne<br />
céderaient pas au chantage ; il<br />
était très confiant. Au moment<br />
de l’intervention je ne savais<br />
pas encore que c’était les Israéliens<br />
qui opéraient ; j’ai<br />
d’abord entendu des tirs lointains<br />
qui se sont rapprochés à<br />
grande allure puis un déversement<br />
de balles, de feu, dans<br />
tous les sens. Les lumières ont<br />
été visées en premier par les<br />
tirs puis tous les avions militaires qui se trouvaient au sol<br />
ont été détruits. Les Israéliens se sont ensuite attaqués à<br />
la tour de contrôle d’où s’échappaient des tirs nourris de<br />
soldats ougandais. C’est de là que le soldat Yonathan Netanyahou,<br />
le frère du Premier ministre actuel, a été touché<br />
mortellement au moment où il rentrait dans le hangar et<br />
puis tout s’est passé très vite. J’ai vu des gens courir, tomber,<br />
hurler, se piétiner les uns les autres ; c’était la confusion<br />
totale parmi les otages. Personnellement j’ai couru et me<br />
suis plaqué contre le mur du fond. Et 10 minutes environ<br />
se sont écoulées avant que nous n’entendions parler hébreu.<br />
Deux otages ont été blessés et sont décédés par la<br />
suite malheureusement. Lorsque les Israéliens sont rentrés<br />
dans le hangar, certains d’entre nous ont alors demandé<br />
des armes aux soldats ; ils manifestaient le désir de continuer<br />
à tirer sur les terroristes qui étaient déjà à terre… <strong>Un</strong><br />
réflexe de vengeance ?... On nous a alors évacués. Certains<br />
sont allés rejoindre les avions Hercule à pied ; (trois avions<br />
de l’armée israélienne avaient été affrétés et <strong>une</strong> centaine<br />
de soldats mobilisés dont quelques hommes du Mossad) ;<br />
d’autres ont été amenés en jeep. Israël a pris ses blessés et<br />
ses morts qui ont été veillés dans l’avion. Ceux-ci ont été<br />
débarqués plus tard à Nairobi au Kenya où ils ont été pris<br />
en charge par un avion sanitaire ».<br />
L’opération a duré 29 minutes. Les quatre terroristes et<br />
d’autres responsables palestiniens sont morts ainsi qu’<strong>une</strong><br />
quinzaine de soldats ougandais. Sur environ 140 otages<br />
juifs, trois moururent. Il y eut par la suite <strong>une</strong> quatrième<br />
victime, la mère d’un otage laissée sur place car conduite<br />
deux jours avant l’opération israélienne à l’hôpital de Kampala,<br />
à la suite d’un malaise et contre l’avis de son fils, (ex<br />
traducteur d’Amin Dada) qui pressentait à juste titre le pire.<br />
Dora Bloch, (73 ans) qui était un sujet britannique a, de fait,<br />
été assassinée par la suite par deux officiers de l’armée ougandaise.<br />
« Nous étions hagards, hébétés, très abattus en remontant<br />
dans l’avion ; nous sommes arrivés à Tel-Aviv dans un<br />
aéroport militaire où nous attendait <strong>une</strong> très belle réception<br />
présidée par Y. Rabin et S. Pérès. Puis nous avons rejoint<br />
l’aéroport de Lod ; c’est là que nous avons enfin pu<br />
exprimer notre joie ».<br />
« Je suis en admiration devant l’attitude d’Israël face à ses<br />
ressortissants ou à tout autre Juif ajoute Sylver ; pour eux<br />
chaque vie est précieuse et suis aussi très impressionné par<br />
le potentiel de l’armée israélienne capable de se lancer<br />
dans <strong>une</strong> opération difficile et audacieuse effectuée à plus<br />
de 8000 kms de son territoire ! Nous avons du survoler plusieurs<br />
pays arabes à basse altitude… Pour remercier Israël<br />
de m’avoir sauvé, l’aîné de mes fils s’est engagé dans l’unité<br />
militaire Golani. J’ai prénommé le second Ruben Yonathan<br />
(17 ans) en mémoire de celui qui a perdu la vie pour nous<br />
défendre. Aujourd’hui je pense que chaque Juif doit être<br />
conscient que grâce à l’État d’Israël il peut se sentir partout<br />
en sécurité. Car dans cette histoire la France était mieux<br />
placée qu’Israël ; l’avion avec son équipage et la moitié des<br />
ressortissants étaient français. Or ce sont les Israéliens qui<br />
ont pris les choses en main. Pour être crédibles et montrer<br />
qu’ils étaient prêts à négocier ceux-ci ont volontairement<br />
déplacé les terroristes demandés d’un endroit à un autre,<br />
durant les pourparlers ; il fallait montrer qu’ils allaient les<br />
libérer. Les Israéliens ont donc annoncé mercredi soir qu’ils<br />
acceptaient la discussion et ont réussi à retarder de quatre<br />
jours l’ultimatum. Les terroristes étaient très contents et<br />
croyaient la partie gagnée ».<br />
« Cette expérience singulière et éprouvante me poursuit<br />
constamment poursuit Sylver ; et j’ai coutume de dire que<br />
je suis né <strong>une</strong> deuxième fois il y a 35 ans. Car nous aurions<br />
pu être éliminés un à un pour faire pression sur les gouvernements.<br />
Les terroristes très antisionistes étaient déterminés.<br />
Ce qui m’a frappé c’est le courage extraordinaire<br />
du commando israélien ; des hommes très je<strong>une</strong>s envers<br />
lesquels je ne serai jamais assez reconnaissant. L’un d’eux,<br />
Sourine Hercshko, qui devait finir son armée ce dimanche<br />
même jour de notre libération, a été grièvement blessé et<br />
se trouve depuis sur un fauteuil roulant. Volontaire comme<br />
les autres il m’a dit plus tard être néanmoins très heureux et<br />
ne pas regretter d’avoir participé à cette opération. N’estce<br />
pas exceptionnel ? »<br />
Message de Chaim Herzog au Conseil de Sécurité des Nations<br />
<strong>Un</strong>ies : « Nous sommes fiers de ce que nous avons fait,<br />
parce que cela démontre au monde entier que pour un petit<br />
pays, Israël en la circonstance, avec lequel les membres<br />
du Conseil de Sécurité sont maintenant très familiers, la dignité,<br />
la vie humaine et la liberté constituent des valeurs<br />
les plus élevées. Nous sommes fiers non seulement parce<br />
que nous avons sauvé la vie de plus d’<strong>une</strong> centaine de personnes<br />
innocentes, mais aussi parce que la signification de<br />
notre acte signifie la liberté humaine ».<br />
Témoignage recueilli par Claudine Barouhiel<br />
17
18<br />
Dossier<br />
BRÈVE LEÇON D’ŒNOLOGIE<br />
LA MAJORITÉ DES GENS PENSE QUE L’ART DE DÉGUS-<br />
TER LE VIN N’EST RÉSERVÉ QU’À UNE ÉLITE DE PROFES-<br />
SIONNELS FORMÉS À CET EFFET ALORS QU’APPRÉCIER<br />
LES ODEURS DU BON CAFÉ OU AIMER DÉBUSQUER LES<br />
ARÔMES ET LES SAVEURS D’UN METS DÉLICAT C’EST<br />
DÉJÀ ÊTRE SUR LA VOIE DE CETTE DISSECTION.<br />
Pour déguster le vin il faut simplement et comme tout être<br />
normalement constitué, avoir un nez, des yeux, des papilles,<br />
<strong>une</strong> langue et un cerveau. Le talent en plus mènera<br />
alors vers des sommets plus ou moins hauts. Néanmoins<br />
cet exercice oblige à se dépasser et à se cultiver et c’est<br />
en cela à mon sens que l’initiation à la dégustation est si<br />
passionnante.<br />
La dégustation, c’est l’art de découvrir et d’évaluer avec<br />
curiosité et amusement tous les éléments qui construisent<br />
un vin : sa couleur, sa densité, sa matière, sa structure,<br />
son équilibre, ses essences, son parfum, ses arômes,<br />
son attaque, sa souplesse, ses nuances, son agressivité<br />
ou son onctuosité et pour les plus initiés, les cépages,<br />
son âge et l’origine de son terroir.<br />
Évidement nous devons admettre que le vin est la plus<br />
complexe des boissons et que sa dégustation passe par un<br />
rituel étonnant qui fait souvent rire l’entourage. Pour « analyser<br />
» un vin, comme pour tout effort produit, il faudra réserver<br />
du temps, user de beaucoup de concentration mais<br />
aussi d’un peu de technique et d’émotion. Alexandre DU-<br />
MAS, grand écrivain mais épicurien en son temps, a aussi<br />
écrit : le vin est la partie intellectuelle du repas.<br />
La dégustation sollicite nos cinq sens et passe par trois<br />
étapes distinctes :<br />
L’examen visuel - l’examen olfactif - l’examen gustatif.<br />
Pour se faire il faudra impérativement un verre adapté.<br />
L’idéal sera un verre à pied afin de ne pas chauffer celui-ci<br />
avec sa paume lorsqu’on le saisit, un verre bombé sur sa<br />
partie inférieure afin que le vin s’étale et respire, et resserré<br />
à son ouverture pour garder prisonniers les arômes dans<br />
le verre. On les appelle généralement des verres tulipes,<br />
comme illustré sur la photo 1.<br />
1 - L’EXAMEN VISUEL :<br />
Il se fait lui aussi en trois observations et peut montrer des<br />
centaines de nuances différentes.<br />
a) Il faudra en premier lieu constater que sa surface que l’on<br />
appelle le disque, est d’un beau brillant et à l’effet miroir.<br />
Ceci augurera d’un vin sain et bien travaillé.<br />
b) la seconde étape doit à la lumière révéler un breuvage<br />
limpide et scintillant et surtout sans matière en suspension<br />
ce qui mesure la turbidité du vin. Cette observation indiquera<br />
que le vin a bien été vinifié et bien filtré. En revanche<br />
un vin dit voilé ou trouble sera un vin malade, impropre ou<br />
qui a tourné.<br />
c) pour conclure : définir sa couleur tout en observant ses<br />
reflets, on parlera alors de la robe du vin. Si celle-ci est<br />
plutôt transparente elle présagera d’un vin léger, très foncé<br />
elle augurera alors d’un vin extrait à la matière dense et<br />
certainement complexe.<br />
2 - L’EXAMEN OLFACTIF :<br />
C’est l’odorat qui est mis là en plein éveil. C’est <strong>une</strong> phase<br />
difficile qui appelle à la mémoire des odeurs et qui impose<br />
de les définir avec des milliers de mots et de nuances. On<br />
parle alors du nez du vin. Le nez pourra donc être boisé et<br />
vanillé, floral et fruité, animal, minéral ou végétal tous ces<br />
éléments constituant son bouquet. Cette étape imposera,<br />
bien avant, d’humer le vin en plongeant son nez dans le<br />
verre, de le faire tourner plusieurs fois dans le verre pour<br />
l’oxygéner. il développera ainsi avec intensité les arômes<br />
piégés dans la matière.<br />
VOICI DONC LA TERMINOLOGIE USUELLE POUR<br />
ILLUSTRER ET NE CITER QUE D’INFIMES EXEMPLES :<br />
<strong>Un</strong> nez floral et fruité révélera des arômes de rose, de violette,<br />
de cassis, de framboise, de confiture d’orange, de<br />
pr<strong>une</strong> ou de cerise.<br />
Epicé, il sentira la cannelle, le laurier, le poivre ou le girofle.<br />
Végétal, il dégagera des odeurs de fougère, de sous-bois,<br />
de champignon, de thé, de mousse, de foin.<br />
Minéral, il aura des odeurs de goudron, de pierre à fusil, de<br />
silex, de craie ou de mine de crayon.<br />
Animal, il sentira notamment le cuir. En général des vins<br />
puissants et corsés.
3 - L’EXAMEN GUSTATIF :<br />
C’est l’étape ultime qui conclut et surtout vérifie les deux<br />
examens précédents on parlera alors de la bouche du vin.<br />
Elle se décline aussi en trois étapes successives :<br />
A) L’ATTAQUE : AGRESSIVE OU SOYEUSE<br />
B) LE MILIEU DE BOUCHE : AMPLE OU PLUTÔT NEUTRE<br />
C) LA FIN DE BOUCHE : PERSISTANTE OU TRÈS COURTE<br />
Pour se faire Il faudra, du verre toujours rempli à un tiers<br />
de sa contenance, prendre <strong>une</strong> petite gorgée de vin et la<br />
garder <strong>une</strong> dizaine de secondes tout en le mâchant dans<br />
la bouche afin que le palais et surtout la langue révèle les<br />
sensations comme l’acidité, le sucré, le niveau tannique,<br />
l’onctuosité, la persistance en bouche ou l’amertume pour<br />
les vins mal faits. On jugera alors de l’équilibre du vin, entre<br />
la densité de sa matière et son niveau d’alcool, entre l’acidité<br />
et l’onctuosité ou le sucré. Tous ces éléments devront<br />
d’abord être présents et parfaitement dosés ou alors on<br />
pourra dire que le vin est ennuyeux, neutre et insipide. Ces<br />
atouts devront aussi être bien intégrés l’un à l’autre pour<br />
créer l’harmonie ; on dira alors que c’est un vin bien structuré<br />
et équilibré. L’acidité est nécessaire pour apporter de<br />
la fraîcheur et de la nervosité au vin alors que le sucre apportera<br />
de l’onctuosité et de la rondeur.<br />
David Suissa<br />
19
20<br />
Billet d’humeur<br />
<strong>Être</strong> <strong>rabbin</strong> :<br />
<strong>une</strong> <strong>profession</strong> ? <strong>Un</strong> <strong>sacerdoce</strong> ?<br />
J’ai souvent entendu, dans le pays où je suis né, que dans<br />
chaque famille il y avait eu un <strong>rabbin</strong>, (un petit coucou à<br />
ma maman) voir un Grand <strong>rabbin</strong> (cf Coco, le film de Gad<br />
Elmaleh où le <strong>rabbin</strong> est grand … par la taille).<br />
Le <strong>rabbin</strong> de ces temps là n’a pas rapport avec celui d’aujourd’hui.<br />
À quoi correspond cette fonction, ce titre ?<br />
Le terme « <strong>rabbin</strong> » n’apparaît qu’en de rares occasions<br />
dans la Torah et ne désigne pas <strong>une</strong> fonction mais un titre<br />
de respect ; nos Sages recommandent de l’employer pour<br />
toute personne qui a enseigné ne fût-ce qu’<strong>une</strong> seule lettre.<br />
Dans les communautés séfarades, ainsi que dans les communautés<br />
établies en terre musulmane avant l’arrivée des<br />
séfarades, les érudits ne pouvaient prendre le titre de Rav,<br />
Rabb étant l’un des 99 noms usuels d’Allah. Hakham<br />
(« Sage ») devient l’un des titres les plus fréquemment choisis<br />
pour s’y substituer en Égypte, en Syrie et en Eretz Israël,<br />
mais d’autres qualificatifs se retrouvent, comme morè<br />
tzedeq (professeur de justice), dayan (juge), haver beth din<br />
(membre du tribunal). Les <strong>rabbin</strong>s officiels jouaient un rôle<br />
central dans le maintien des conditions morales de leurs<br />
communautés. Ils s’occupaient du rachat des captifs. Des<br />
titres utilisés en place de « Grand <strong>rabbin</strong> » existaient également<br />
: le Grand <strong>rabbin</strong> d’Israël était appelé Rishon LeTzion ;<br />
à partir de 1836, on désigna un <strong>rabbin</strong> régissant tous les<br />
Juifs sous domination ottomane, y compris la terre d’Israël,<br />
avec le titre de Hakham Bashi ; le titre se répandit également<br />
en Afrique du Nord.<br />
Au Moyen Âge, en France, le « rabbi » devient un « <strong>rabbin</strong> »<br />
en ajoutant à ses compétences de savant, interprète et exégète<br />
celles d’un juge dont les arrêts forment jurisprudence<br />
en matière de loi religieuse et civile, d’un enseignant de<br />
niveau supérieur dans <strong>une</strong> yeshiva (école <strong>rabbin</strong>ique) ou,<br />
à titre personnel, de prédicateur et de chef spirituel de sa<br />
communauté dont il peut être salarié, bien que l’on ait de<br />
nombreux exemples de <strong>rabbin</strong>s français gagnant leur vie en<br />
exerçant en complément un autre métier.<br />
Ceux qui ont vécu en Afrique du Nord savent que les <strong>rabbin</strong>s<br />
vers qui ils se référaient avaient <strong>une</strong> connaissance halakhique<br />
et talmudique évidente et ils savaient pouvoir les questionner<br />
sur leur lieu de travail. Parce qu’ils travaillaient pour subvenir<br />
aux besoins de leur famille, souvent nombreuse.<br />
Ce n’était ni l’État ni <strong>une</strong> quelconque administration juive<br />
qui était chargée de les rémunérer.<br />
<strong>Être</strong> <strong>rabbin</strong> en Europe centrale ou en Afrique du nord n’apportait<br />
aucun intérêt financier. D’ailleurs, ces <strong>rabbin</strong>s souvent<br />
n’étaient pas riches. Ils étaient cordonniers, égorgeurs<br />
de poulets ou de gros bétail, enseignant dans un « keteb »,<br />
marchands de tissus. Il est vrai que les fidèles, à la synagogue,<br />
faisaient des dons pour entretenir le lieu, donner<br />
quelques sous pour aider les pauvres, dont les <strong>rabbin</strong>s faisaient<br />
parfois partie.<br />
De nos jours, en France, devenir <strong>rabbin</strong> du Consistoire c’est<br />
choisir un métier. C’est être un fonctionnaire assuré tout<br />
au long de sa carrière de recevoir un salaire plus ou moins<br />
satisfaisant, de bénéficier de RTT et d’avoir 35 heures au<br />
maximum par semaine de présence dans la communauté.<br />
Ce système n’existe t-il qu’en France ? Napoléon, en émancipant<br />
les Juifs instaura le Consistoire Central, et créa le<br />
modèle français. <strong>Un</strong> modèle unique.<br />
Ben Baxter<br />
ARRIVAGE JOURNALIER<br />
* * *<br />
OUVERT<br />
de 9h à <strong>12</strong>h45<br />
et de 15h45 à 19h00<br />
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Fermée les lundis et dimanches après-midi<br />
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Tél. : 01 42 08 57 42<br />
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EN FIN DE<br />
SEMAINE
Nouvelles des Communautés<br />
COMMUNAUTÉ «SÉFARADE<br />
DE VINCENNES »<br />
Rappel des Cours et activités régulières<br />
- Cours du rav David Lévy<br />
les dimanches, lundis et jeudis pour les hommes<br />
Femmes : Mercredi (21h00 à 22h30) : Halakha ou Paracha<br />
Mardi (11h30 à 13h00) : Cours de Mme Myriam TAPIA<br />
(Commentaires (Rachi) sur la paracha) (13h00 à 14h00)<br />
Krav maga : Mercredi 19h00 avec Ruben Boukobza.<br />
(Assurance et certificat médical exigé)<br />
Renseignements boukobza.ruben@gmail.com<br />
- Oulpan : Cours tous les jours et tous niveaux<br />
Professeurs agréés par l’agence juive<br />
- Nouveau : Cours de conversation<br />
pour niveau avancé et cours débutant en journée.<br />
- Atelier artistique avec Danielle Kalika : Cours de peinture<br />
à l’huile, au fusain, aquarelle, peinture sur verre...<br />
Le mardi : 10h30 à 13h00 Le jeudi: 14h00 à 16h30<br />
Renseignements :<br />
Karine SUID 06.29.22.19.33 / karine.suid@free.fr<br />
- Mme Stéphanie Davila, psychologue clinicienne<br />
spécialisée enfants et ado à problèmes a <strong>une</strong> permanence<br />
assurée tous les lundis de 15h30 à 20h00. Elle<br />
consulte également les adultes. Pour prendre RV, téléphoner<br />
au 06 15 60 24 72.<br />
Activités exceptionnelles<br />
Le centre Hatikva rappelle qu’il propose des plats à<br />
emporter pour chabat et organise des repas communautaires.<br />
Pour réserver ou pour des informations, appeler le<br />
01 43 74 38 47 ou le 06 15 60 24 72<br />
Centre communautaire Hatikva Vincennes<br />
30, rue Céline Robert 94300 Vincennes<br />
www.hatikva-vincennes.com<br />
COMMUNAUTÉ<br />
« BETH HABAD DE VINCENNES »<br />
Activités régulières<br />
- La synagogue est ouverte<br />
tous les jours et tout au long de la journée.<br />
- Des cours sont organisés tous les jours<br />
(pour hommes ou pour femmes).<br />
Pour tout renseignement et pour prendre rendez<br />
vous avec le Rav Yossef Taïeb<br />
Veuillez contacter le secrétariat<br />
Beth Habad de Vincennes<br />
20 rue de la Paix 94300 Vincennes<br />
Tél. : 01 43 98 98 98 / 06 20 62 05 80<br />
COMMUNAUTÉ<br />
«ASHKÉNAZE DE VINCENNES »<br />
- Offices tous les chabats et fêtes selon les horaires<br />
de saisons avec kiddouch, séoudah chlichit et cours du<br />
<strong>rabbin</strong> Berdugo avant Minha<br />
- Offices tous les dimanches matins à 8h<br />
- Offices de Rosh Hodesh<br />
Pour toutes les activités,<br />
renseignez vous auprès du président Bruno Blum.<br />
Synagogue ashkénaze de Vincennes.<br />
30, rue Céline Robert<br />
94300 Vincennes<br />
COMMUNAUTÉ DE LA<br />
«RUE DE LA ROQUETTE»<br />
Activités régulières<br />
- Cours du samedi pensée juive - Séoudot chelichit :<br />
études du texte<br />
- Cours de Talmud et Hala’ha : (traité Chabath)<br />
tous les dimanches matins après la Téfila.<br />
- Cours de Talmud approfondi tous les jeudis soirs au<br />
36, rue Basfrois (traité Baba Kama) de 20h30 à 22h.<br />
- Le Talmud Torah est dirigé par le <strong>rabbin</strong> Soudry<br />
le mardi pour les enfants ne pouvant se rendre aux<br />
cours du dimanche<br />
- Haftara club dirigé par le <strong>rabbin</strong> Soudry<br />
pour garder la tradition liturgique séfarade<br />
- Etude de la Guémara :<br />
dimanche matin, étude tous niveaux<br />
- Mardi soir étude de la Guémara pour les je<strong>une</strong>s<br />
- Les jeudis soirs, cours de Guémara bon niveau<br />
- Soirée étudiants célibataires : cours sur texte<br />
Comme chaque année, la Team Roquette a organisé à<br />
l’occasion de Pourim les plus beaux déguisements que<br />
vous verrez dans le reportage photo en pages 35 à 38<br />
Le dimanche des femmes : Tous les dimanches avant<br />
Roch ‘Hodesh. <strong>Un</strong> rencontre exclusivement féminine<br />
de 2 heures ; conférence du rav Ébidia suivi de cocktail.<br />
Permanence sociale mensuelle assurée par Mme Annie<br />
Barouhiel : Aide financières, recherche de logements,<br />
soutien scolaire.<br />
Synagogue Don Isaac Abravanel<br />
84, rue de la Roquette 75011 Paris – 01 74 00 75 95<br />
http://www.laroquette.org<br />
21
22<br />
COMMUNAUTÉ « GEORGES LEVEN »<br />
Les offices sont dirigés<br />
par le rav Mordechaï Atia.<br />
Activité régulière :<br />
- Cours hebdomadaire<br />
du rav Mordechaï Atia,<br />
reprise du cours tous les mercredis<br />
soirs à 20H30 (étude traité Ketouboth)<br />
Activité particulière<br />
L’AIU (Alliance Israélite <strong>Un</strong>iverselle) fête cette année le<br />
150ème anniversaire du début de son action éducative.<br />
Le 30 mai 2010, au Palais des Congrès de Paris,<br />
vous pourrez assister au spectacle « Génération<br />
Alliance » qui sera la fête de la je<strong>une</strong>sse. Toutes les<br />
écoles seront réunies notamment de France, d’Israël et<br />
du Maroc.<br />
Les billets du spectacle sont en vente dans les écoles<br />
de l’Alliance ou en appelant le 01 53 32 88 54<br />
Alliance Israélite : 30, bd Carnot 750<strong>12</strong> Paris<br />
COMMUNAUTÉ<br />
« BETH HABAD DE PARIS <strong>12</strong> »<br />
Dans le n°22 de <strong>Tribu</strong> <strong>12</strong>, nous avons annoncé l’ouverture<br />
d’<strong>une</strong> synagogue Habad Loubavitch au 19/21 de<br />
la rue de la Gare de Reuilly dans le <strong>12</strong>ème. Elle devrait<br />
pouvoir accueillir des fidèles à partir du mois de juin<br />
Pour vous renseigner<br />
sur les activités régulières et particulières,<br />
contactez le rav Yossef Martinez<br />
au 06 61 10 62 10<br />
ACTIVITÉS DE LA COMMUNAUTÉ DE<br />
«CHARENTON-LE-PONT»<br />
Activités régulières avec l’A.C.I.C.<br />
- Le Beth Hamidrach est ouvert<br />
tous les jours et propose des cours adaptés à chacun.<br />
- <strong>Un</strong> mikvé pour les femmes au 46 rue des Bordeaux<br />
à Charenton est ouvert à toutes et tous de 18h30 à<br />
21h30 tous les jours. Pour chabat et jours de fêtes,<br />
prendre rendez-vous. Le mikvé vaisselle est ouvert tous<br />
les matins.<br />
Pour tout renseignement sur les activités,<br />
les réservations pour les spectacles et voyages<br />
contactez : ACI Charenton<br />
42 ter, rue des Bordeaux - 94220 Charenton-le-Pont<br />
Tel : 01 43 76 98 29 www.acicharenton.fr<br />
COMMUNAUTÉ<br />
«CENTRE RACHI DE SAINT-MANDÉ»<br />
Activités régulières<br />
- Talmud Torah (Enfants jusqu’à la Bar-mitsva), cours de<br />
lecture et écriture hébraïque (Tous publics)<br />
- Danse Hip-hop (Enfants et ados), Danse orientale<br />
(Enfants et adultes), Aquarelle (Adultes)<br />
- Cours d’anglais (Enfants), Krav Maga (Ados et adultes)<br />
Manifestations - Évènements<br />
- Conférences du Rabbin Sébastien Allali :<br />
<strong>une</strong> fois par mois - Conférences de rabbanim<br />
- Conférences culturelles et scientifiques - Expositions -<br />
Vernissages - Témoignages<br />
Pour tous renseignements d’ordre administratif:<br />
Merci de contacter Aaron Farache :<br />
01 53 66 31 15 ou 06 19 71 21 20<br />
ou par mail: letincelle-sm@wanadoo.fr<br />
Pour tous renseignements d’ordre religieux:<br />
Merci de contacter le <strong>rabbin</strong> Dov Chalom Elbeze:<br />
06 19 06 37 58 ou par mail : dov.elbeze@gmail.com<br />
Pour figurer sur notre liste d’envoi et recevoir régulièrement<br />
les infos concernant nos activités, manifestations<br />
et évènements :<br />
Merci de demander votre inscription, exclusivement<br />
par mail, à l’adresse suivante :letincelle-sm@wanadoo.fr<br />
Centre Communautaire Rachi<br />
21 bis, avenue Sainte-Marie – 94160 Saint-Mandé<br />
COMMUNAUTÉ<br />
« NÉVÉ CHALOM »<br />
Activités régulières<br />
- Tous les matins office à 7h00<br />
- Le chabat, l’office est à 8h30<br />
- Oulpan le lundi soir de 18h30 à 21h30<br />
pour débutants et confirmés donné par Isaac Segura<br />
- Mercredi de 20h30 à 22h00 cours de pensée juive<br />
donné par Mme Dahan pour les femmes.<br />
- Jeudi cours du rav Shimon Dahan<br />
sur la Guémara et les Hala’hots de 20h30 à 22h00<br />
- Dimanche matin de 10h00 à <strong>12</strong>h30, Talmud pour les<br />
enfants à partir de 6 ans jusqu’à la préparation à la<br />
Bar-mitsva donné par Mme Dahan et Mlle Calvo.<br />
Pour toute information sur les activités<br />
de la communauté, se renseigner<br />
auprès de M. Chocron au 06 77 72 30 98<br />
Névé Chalom<br />
106, avenue du Général Michel Bizot 750<strong>12</strong> Paris-<br />
Nouveau : http://www.nevechalom.fr/
COMMUNAUTÉ«DES ÉLÈVES<br />
DES GRANDES ÉCOLES DE<br />
COMMERCE DE PARIS»<br />
L’événement phare de l’année a donc eu lieu du 15<br />
au 22 avril, avec un voyage organisé conjointement<br />
entre HEC, ESSEC et ESCP Israël. Ce voyage a eu<br />
pour but de faire découvrir ce beau pays grâce à des<br />
guides qui nous ont fait visiter <strong>une</strong> grande partie du<br />
pays. Entre Tel-Aviv, Jérusalem, Ein Gédi, Lac Tibériade,<br />
Mer Morte, Césarée, les 90 étudiants ont cette année<br />
encore pu profiter à moindre coût de cette semaine. En<br />
effet, grâce aux dons de plusieurs entreprises qui ont<br />
sponsorisé cette 5ème édition, le prix du voyage en<br />
pension complète est resté modéré.<br />
D’autres événements auront lieu dans l’année, si vous<br />
souhaitez en savoir plus, vous pouvez me contacter à<br />
l’adresse mail suivante : david.boccara@escpeurope.eu,<br />
je tâcherai de répondre dans les plus brefs délais.<br />
À bientôt !<br />
David Boccara, Président de ESCP Israël.<br />
ACTIVITÉS DE LA COMMUNAUTÉ<br />
« CHIVTÉ ISRAËL »<br />
Activités régulières<br />
- L’étude sur texte à partir d’un sefer de philosophie et<br />
de moral pour les femmes le lundi de 19h30 à 20h30.<br />
- Étude de Torah pour les hommes<br />
le jeudi de 19h30 à 20h30<br />
- Les enfants de 7 à 13 ans ont cours de Torah<br />
tous les mardis de 17h30 à 19h30 afin de parfaire leurs<br />
connaissances en lecture, histoire, dinim, chants...<br />
- Les mercredis les enfants de 4 à <strong>12</strong> ans<br />
sont pris en charge de 9h00 à 17h00.<br />
Activités exceptionnelles et conférences<br />
- Ouverture d’<strong>une</strong> école maternelle<br />
mixte<br />
pour enfants de 2 ans et demi<br />
jusqu’à 6 ans avec un programme<br />
éducatif novateur. Vous pouvez<br />
inscrire dès à présent vos enfants<br />
auprès de M. le <strong>rabbin</strong> Lellouche<br />
qui vous présentera le projet de<br />
façon plus précise et plus complète.<br />
- Comme dans beaucoup de communautés<br />
sur l’Est parisien, Yom Hashoah a été célébré<br />
à Chivté Israël en présence de responsables communautaires,<br />
d’élus politiques, de membres de la communauté<br />
et de rescapés de la Shoah. Des je<strong>une</strong>s ont lu<br />
des poèmes et joué de la musique pour illustrer cet<br />
événement.<br />
- Nadine Lévy et Sylvain Zenouda rappellent qu’ils louent<br />
la salle communautaire à des tarifs très abordables.<br />
Pour tout renseignement contacter<br />
le <strong>rabbin</strong> Dov Lellouche au 06.61.25.25.25<br />
ou par mail : chivteisrael@free.fr<br />
Chivté Israël : <strong>12</strong>, cité Moynet 750<strong>12</strong> Paris<br />
Tel : 01 43 40 45 71 - http://chivteisrael.org/<br />
COMMUNAUTÉ<br />
«FRATERNELLE MONTREUILLOISE»<br />
Activités régulières<br />
- Cours de Guemara par le rav Benadiba<br />
tous les mardis de 20h30 à 22h00<br />
Pour tout renseignement<br />
sur les activités de la communauté,<br />
appelez le Président Saadoun au 06 69 41 80 88<br />
Fraternelle Israélite Montreuilloise<br />
113, rue Parmentier – 93100 Montreuil<br />
CHORALE EDEN SHIR GANÉNOU<br />
Pour les 30 ans de l’école Ganénou, la chorale Eden Chir<br />
Ganénou a organisé un concert le 5 mai dont les recettes<br />
permettront de sponsoriser un voyage en Israël cet été<br />
avec des galas, des concerts et des visites.<br />
Renseignez-vous auprès de Mme Ouanono au 06 <strong>12</strong> 97<br />
37 36 si vous souhaitez connaître le programme en Israël.<br />
«La chorale Eden Shir Ganénou recrute<br />
pour la saison 2010/2011: altis, ténors, basses.<br />
Auditions prévues au mois de juin. Contacter le chef<br />
de chœur: Catherine de Massé: 06.75.03.93.42.<br />
Répétitions tous les lundis, de 19h30 à 21 h, 11 rue<br />
Sergent Bauchat, 750<strong>12</strong> Paris.»<br />
COMMUNAUTÉ<br />
DE « LA RUE CHEVREUL»<br />
Activités régulières<br />
- Le dimanche matin préparation à la bar mitsva.<br />
Contacter Robert Cohen<br />
- Lundi et mercredi matin, ‘hok léisraël de 8h00 à 8h30<br />
- Lundi soir à partir de 20h30 cours de Guémara<br />
- Yossef Azoulay propose le mardi soir à partir de 19h30<br />
Oulpan et le jeudi soir à 20h00 étude de la paracha de<br />
la semaine<br />
- Mercredi soir cours des femmes<br />
à partir de 20h00 avec Mme Azoulay<br />
Pour tous renseignements contactez le président<br />
Robert Cohen au 01 43 67 00 77<br />
Beth Eliahou : 4, rue Chevreul 75011 Paris<br />
23
24<br />
Carnet<br />
NAISSANCES<br />
Jade fille de Sandra et Pierre Namer, Audélia fille de Virginie<br />
et Michaël Assayag, Gabriel fils de Chloé et Yohan<br />
Journo, Noémie et Elsa filles de Julie et Eric Chemla,<br />
Rivka fille de Esther et du <strong>rabbin</strong> Dov Lellouche, Kim fille de<br />
Doriane et Luc Barroukel, Lou fille de Pauline et Julien Tuil,<br />
Bianca fille de Dorothée et Guillaume Lefèvre, Raphaël<br />
Steuer petit-fils de Max Haddad, Lucas Cohen, Tali Dahan,<br />
Perrine Saffar, Menahem Illouz, Elsa Lellouche, Sacha<br />
Wizman, Sarah Karoubi, Shalevet Kakon<br />
BAR MITSVA ET BAT MITSVA<br />
Benjamin Cohen, Nathan Zeitoun, Jonas Freva, Ryan Benchimol,<br />
Gary Attal, Raphaël Sarfati fils de Ghislaine et Alain<br />
Sarfati, Kevin Benhamou fils de Marion et Vicky Benhamou<br />
Mazel Tov à tous ces je<strong>une</strong>s et à leurs parents<br />
MARIAGES ET FIANCAILLES<br />
Myriam Chemouny et Cédric Allali, (photo)<br />
Judith Berrebi et David Zaoui<br />
Fabienne Raccah et Philippe Gihan<br />
Haya Dahan et Israël Meir Uzan<br />
Jessie Saal et Jérémy Bellaïche<br />
Déborah Hurstel et Samuel Zerbib<br />
Leslie Just et Alexandre Bensaïd<br />
Fiançailles de Leslie Guetta et Joyce Cohen<br />
DÉCÈS<br />
Toutes nos félicitations à eux et à leur famille<br />
M. le <strong>rabbin</strong> Dov Lellouche a perdu son père,<br />
le <strong>rabbin</strong> Gaston Lellouche<br />
Patricia Lasry a perdu sa maman Danièle Brami<br />
Maître Yves Kayat a perdu son père Émile Meïr Kayat<br />
Dominique Nahon a perdu son papa Roger Élie Benayoun<br />
Laurent Attal a perdu sa maman Haya bat Tita Attal<br />
Charles Melloul a perdu son épouse Rolande née Guedj<br />
Simon Wizman a perdu sa maman Esther née Cohen<br />
David Ohayon a perdu sa maman Fiby Ohayon<br />
Avraham Ben Haïm Brosteck<br />
Steve Hazan<br />
Nous présentons nos sincères condoléances aux familles<br />
endeuillées<br />
DISTINCTION<br />
Martine Saada, la vice-présidente du centre communautaire<br />
de Charenton-le-Pont a reçu le 9 février dernier le<br />
prix Edmond Tenoudji pour la vocation éducative juive qui<br />
l’anime. <strong>Tribu</strong> <strong>12</strong> la félicite pour ce prix mérité.<br />
<strong>Tribu</strong> <strong>12</strong> est <strong>une</strong> publication éditée par<br />
l ‘Association éducative du <strong>12</strong>ème<br />
Directeur de la publication et rédacteur en chef :<br />
Guy Fellous – Tel : 01 43 41 48 01<br />
8, rue de Madagascar 750<strong>12</strong> Paris<br />
Mail : tribu<strong>12</strong>@gmail.com / Site : www.tribu<strong>12</strong>.com<br />
Comité de rédaction :<br />
J-P Allali rédacteur en chef adjoint<br />
J-R Aouate, A. Asseraf, A. Hamzalag,<br />
Ont collaboré à ce numéro :<br />
C. Barouhiel - J. Bary - B. Baxter - C. Boccara - E. Boccara<br />
P. Chemla - E.Hillel - Jipéa - F. Lahmi - D. Mansour<br />
M. Mimoun - F. Rausky - F. Serfati - D. Suissa - N.Wagman<br />
Publicité au support : G. Fellous – A. Sarfati<br />
Tel : 01 43 41 48 01<br />
Imp. Point par Point / 01 42 60 52 47<br />
Tiré à 4000 exemplaires, <strong>Tribu</strong> <strong>12</strong> est diffusé dans<br />
les endroits dont la liste se trouve en page 28
Juifs d’ailleurs<br />
LES JUIFS DE BULGARIE<br />
AU PLUS FORT DE SA DÉMOGRAPHIE, AU SORTIR DE<br />
LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE, LA COMMUNAUTÉ<br />
JUIVE DE BULGARIE, DANS LES BALKANS, A COMPTÉ<br />
QUELQUE 50 000 ÂMES. COMME POUR LA PLUPART<br />
DES PAYS D’EUROPE, CETTE COMMUNAUTÉ S’EST PEU<br />
À PEU COMPOSÉE, AU FIL DES SIÈCLES, DE STRATES<br />
D’ORIGINE TRÈS DIVERSE.<br />
Après la destruction du Second Temple, des Juifs quittent<br />
Eretz Israël et se répandent dans le monde entier. Certains<br />
se retrouveront sur le territoire, alors partie intégrante de<br />
l’Empire romain, de ce qui deviendra, en l’an 681, la Bulgarie.<br />
Au cours des siècles suivants, des Juifs persécutés de<br />
Bavière, de Hongrie et des républiques italiennes se retrouveront<br />
en Bulgarie. Au XIVème siècle, le roi Ivan-Alexandre,<br />
après avoir divorcé, se maria avec <strong>une</strong> Juive, Sara qui se<br />
convertit et devint la reine Téodora. En 1396, le pays fut<br />
conquis par les Turcs. Aux Juifs autochtones, les « Romaniotas<br />
» et aux Juifs ashkénazes vont alors se joindre les Juifs<br />
séfarades fuyant l’Espagne de l’Inquisition. Désormais majoritaires,<br />
ils imposeront peu à peu leur langue, le judéo-espagnol<br />
et leur culture. Par ailleurs, il est intéressant de noter<br />
que le célèbre Yossef Caro, auteur du Choulkhan Aroukh,<br />
s’installa, de 1523 à 1536 dans la ville bulgare de Nikopol<br />
où il fonda <strong>une</strong> yeshiva.<br />
En 1878, à l’issue de la guerre russo-turque, la Bulgarie retrouve<br />
son indépendance. Pour les Juifs du pays, cela se<br />
traduit par un essor sans précédent. Des journaux, en bulgare,<br />
en judéo-espagnol et en hébreu, sionistes ou non,<br />
voient le jour, la communauté s’organise, les Juifs s’impliquent<br />
dans toutes les branches d’activité : commerce, artisanat,<br />
culture, sciences, politique. L’absence quasi absolue<br />
d’antisémitisme pousse des Juifs de Russie, d’Ukraine et de<br />
Pologne à rejoindre la Bulgarie, enrichissant la communauté,<br />
notamment dans le domaine des arts.<br />
L’arrivée de Hitler au pouvoir en Allemagne et le rapprochement<br />
du pays alors dirigé par le roi Boris III, avec les<br />
nazis, vont entraîner des moments très douloureux pour la<br />
communauté juive. Le 29 décembre 1940, le gouvernement<br />
bulgare crée les Brannik, équivalent local des je<strong>une</strong>sses hitlériennes<br />
et <strong>une</strong> « loi sur la sauvegarde de la nation » est<br />
appliquée dès le 13 janvier 1941. Les mariages mixtes sont<br />
interdits, des biens sont confisqués, des je<strong>une</strong>s gens sont<br />
astreints au travail forcé, l’étoile ja<strong>une</strong> est imposée, un<br />
numerus clausus est instauré dans plusieurs corps de métier.<br />
L’aryanisation de la Bulgarie est en marche. Dès la fin<br />
de l’année 1941, le Führer exerce des pressions de plus en<br />
plus fortes sur le roi pour que les Juifs bulgares soient expulsés<br />
et déportés. En janvier 1943, le chef nazi Dannecker,<br />
adjoint du sinistre Adolf Eichmann, est dépêché en Bulgarie<br />
pour organiser la déportation des Juifs. Le roi Boris III signe<br />
un accord avec l’Allemagne prévoyant la déportation des<br />
Juifs vivant dans les territoires de Grèce et de Yougoslavie,<br />
la Thrace et la Macédoine, alors occupés par les troupes<br />
bulgares. 11363 Juifs sont ainsi déportés vers les camps de<br />
la mort. Ce forfait accompli, les Allemands exigent à présent<br />
que les Juifs de la Bulgarie proprement dite soient arrêtés<br />
et déportés. Cette fois, le peuple et ses dirigeants<br />
ne laissent pas faire. Des<br />
manifestations eurent lieu<br />
à travers le pays, 43 députés<br />
signèrent <strong>une</strong> déclaration<br />
contre la déportation. Parmi<br />
eux le vice-président Dimitar<br />
Péchev. L’écrivain Elin Pelin<br />
clame : « La conscience<br />
du peuple bulgare est sur la balance.<br />
La tache qui sera posée<br />
sur notre peuple, avec l’expulsion<br />
de nos citoyens juifs, ne s’effacera<br />
pas pendant des générations ». Des<br />
associations <strong>profession</strong>nelles : médecins, juristes, artistes,<br />
commerçants, exigent l’annulation du décret en préparation.<br />
Le patriarche Cyril, de la ville de Plovdiv déclare haut<br />
et fort : « Partout où les Juifs seront envoyés, j’irai avec<br />
eux ». <strong>Un</strong>e grande manifestation de soutien aux Juifs a<br />
lieu à Sofia, la capitale du pays. Contraint et forcé, le roi<br />
capitule. Il ne signera pas le décret. On peut dire, même<br />
s’il y a eu des exactions et des déplacements à l’intérieur<br />
du pays, que les Juifs de Bulgarie ont été sauvés par leurs<br />
concitoyens.<br />
Beaucoup de Juifs bulgares ont choisi, après la Guerre, de<br />
faire leur alyah. Il n’existe plus que quelques milliers de<br />
Juifs dans le pays avec néanmoins <strong>une</strong> organisation communautaire,<br />
des synagogues et un Musée juif et la présence<br />
de la plupart des grandes organisation juives, notamment à<br />
Sofia et à Plovdiv. Il n’y a qu’<strong>une</strong> seule école juive à Sofia,<br />
l’école Dimcho Debeljanov, qui fait partie du réseau Ronald<br />
S. Lauder sous l’égide de l’ORT. (*)<br />
La Bulgarie entretient par ailleurs d’excellents liens avec<br />
l’État d’Israël.<br />
(*) Cette école, hélas, a été l’objet, le 21 mars dernier,<br />
d’inscriptions antisémites<br />
Extérieur de la synagogue de Sofia<br />
Jean-Pierre Allali<br />
Rabbi Yossef Caro<br />
25
26<br />
Lectures<br />
LES CHOIX DE JIPÉA<br />
Les prophètes, les enfants et les fous,<br />
études bibliques et talmudiques,<br />
par Sébastien Allali<br />
Pour son quatrième ouvrage, le <strong>rabbin</strong><br />
Sébastien Allali, poursuivant sa quête<br />
spirituelle à travers la connaissance<br />
des textes essentiels du judaïsme, se<br />
penche sur la prophétie, dont le Talmud<br />
enseigne qu’elle a été transmise<br />
aux enfants et aux fous. Étonnante association<br />
que celle qui réunit les sages,<br />
les innocents et les simples d’esprit.<br />
C’est que, nous explique l’auteur, l’esprit<br />
rebelle du prophète, la curiosité<br />
de l’enfant et la dérision du fou sont autant de conditions<br />
requises, selon la tradition juive, pour se mesurer aux textes<br />
afin de poser sur eux un regard neuf et singulier.<br />
Tout au long de ce bel ouvrage à la lecture très agréable<br />
et très enrichissante, Sébastien Allali utilise les anecdotes<br />
les plus savoureuses pour nous permettre de pénétrer les<br />
arcanes de la Bible et du Talmud. Ainsi, un enseignement<br />
midrashique, le « Yalkout Réouvéni », qui affirme que « aux<br />
temps messianiques, le porc sera cacher car sa nature<br />
changera et il deviendra ruminant ». Et, pour en revenir à<br />
l’étymologie et aux manipulations lexicographiques, le mot<br />
« ‘hazir », porc, vient de « ‘hazara », qui signifie « revenir ».<br />
On apprend donc qu’à la fin des temps, le porc redeviendra<br />
autorisé. Il convient surtout retenir de cet étonnant enseignement<br />
<strong>une</strong> morale essentielle : il ne faut jamais se contenter<br />
de voir les défauts d’autrui, mais chercher au contraire<br />
ses qualités et ne pas porter de jugement hâtif.<br />
Passionnant.<br />
Éditions Lichma. 1er trimestre 2010. 168 pages. 15,90€<br />
Ailleurs<br />
par Micheline Herc (*)<br />
€<br />
Le bâton et l’eau chaude - Voyage<br />
d’un Juif italo-tunisien,<br />
par Robert Modigliani<br />
«El assa oul mê chkho<strong>une</strong>». Originaire<br />
de Tunis, fils d’un Juif livournais<br />
et d’<strong>une</strong> Juive tounsia, Robert<br />
Modigliani a choisi cette délicieuse<br />
expression judéo-tunisienne qui se<br />
traduit littéralement par « Le bâton<br />
et l’eau chaude » comme titre de<br />
son premier roman. Expression régulièrement<br />
assénée par les parents<br />
juifs tunisiens à leurs enfants chaque<br />
fois qu’ils étaient amenés à affronter<br />
les dures réalités de la vie, notamment<br />
à chaque rentrée scolaire.<br />
<strong>Un</strong> peu comme pour leur dire que les vacances, c’était bien<br />
fini, qu’il fallait définitivement replier les chaises-longues,<br />
dégonfler les matelas pneumatiques, remiser les ballons de<br />
volley-ball, reprendre le T.G.M. (Tunis - Goulette - Marsa)<br />
en sens inverse vers la capitale, abandonner le sable fin, la<br />
brise marine, le chameau du Saf-Saf et se préparer à échanger<br />
les cahiers de vacances de Loulou et Babette pour les<br />
tabliers d’écolier réglementaires, les plumes Sergent-Major<br />
et les récipients blancs emplis d’encre violette de l’école de<br />
la République.<br />
À travers les tribulations d’un petit Juif italien de Tunis, ce<br />
qu’on appelle un Guerni, c’est tout un art de vivre qui nous<br />
est offert. L’auteur nous propose, tout au long des pages,<br />
un véritable florilège d’expressions locales aussi pimentées<br />
qu’ensoleillées : Mektoub, bien sûr, mais aussi, Bléchi (Tant<br />
pis), Mabrouk (Félicitations) Meskine (Le pauvre) ou encore<br />
Euchkeutt, ya rkika (Tais-toi, espèce de lourde). Et des dizaines<br />
d’autres vocables chatoyants. C’paspordjire, mais on<br />
fait un kif à chaque page.<br />
C’est très frais et très agréable à lire. <strong>Un</strong>e lecture que ne<br />
vient entraver ni le bâton, ni l’eau chaude. <strong>Un</strong> régal.<br />
Éditions L’Harmattan. Juillet 2009. 238 pages. 23,50€ €<br />
C’est <strong>une</strong> histoire véritablement extraordinaire que nous raconte le docteur Micheline Herc, neuropsychiatre<br />
de son état. Il s’agit d’<strong>une</strong> histoire vraie, celle de sa propre je<strong>une</strong>sse, le récit de l’errance d’<strong>une</strong><br />
enfant juive de Varsovie au Kazakhstan en passant par les coins les plus reculés de Sibérie.<br />
Avant même de naître, Micheline Herc, encore dans le ventre de sa mère, a déjà un avant-goût des<br />
difficultés de la vie. Au septième mois de grossesse, sa mère est victime d’<strong>une</strong> crise d’éclampsie et<br />
tombe dans le coma. Contre toute attente on parvient à sauver la mère et la fille qui naît prématurée<br />
à sept mois et demi et pèse 1kg200. Nous sommes à Varsovie, en 1937, au sein d’<strong>une</strong> famille juive qui<br />
vit, au quotidien, l’antisémitisme rampant qui règne alors en Pologne. La famille Herc décide de fuir.<br />
Vers le Nord, vers la Scandinavie. Les voici à Bialystok puis à Vilna, en Lituanie. Hélas, les Soviétiques envahissent la région et<br />
décrètent que les Polonais prendront la nationalité de l’URSS ou seront déportés en Sibérie. L’ingénieur Herc et son épouse ne<br />
veulent pas entendre parler d’un passeport soviétique. Comme des centaines d’autres Polonais, ils sont transférés à Arkhangelsk.<br />
« C’est ainsi, raconte Micheline Herc, que nous nous sommes enfuis en chariot en direction de la Chine. » Mais l’entreprise<br />
a tourné court. Et la famille se retrouve en Ouzbékistan puis au Kazakhstan. La petite Micheline, est curieuse de tout, elle<br />
observe ces Asiates mongols qui vivent dans des yourtes. En 1946, enfin, ils peuvent regagner la Pologne. Les lieux de l’enfance<br />
ne sont plus que des ruines. Il n’est plus question de demeurer à Varsovie ou à Lodz. Les Herc, apatrides, gagnent Paris.<br />
<strong>Un</strong>e nouvelle vie commence pour la petite sauvageonne. Elle a neuf ans, ne parle pas le français, mais elle a la vie devant soi.<br />
Ce récit édifiant et passionnant se lit d’<strong>une</strong> traite.<br />
Éditions Delatour France. Janvier 2010. 200 pages. 20€
Grisha Bruskin, Alefbet, tapisserie, 2006<br />
Collection de l’artiste ©Grisha Bruskin<br />
Du côté des Arts<br />
et Spectacles<br />
MAYA SHANE<br />
Le 10 juin à l’alhambra.<br />
Chanteuse française d’origine tunisienne,<br />
Maya Shane a le don de ranimer<br />
le patrimoine judéo-arabe.<br />
Digne héritière d’<strong>une</strong> longue tradition<br />
franco-orientale, Maya Shane tente<br />
dans ses concerts de sublimer sa fièvre<br />
musicale en nous la déclinant en chanson<br />
d’amour et de bonheur.<br />
Ses chansons se suivent mais ne se ressemblent pas, <strong>une</strong><br />
seule obsession qui apparaît comme un fil conducteur. <strong>Un</strong><br />
voyage entre l’orient et l’occident, entre rythme et douceur,<br />
dont la voix va nous réchauffer le cœur a l’Alhambra le jeudi<br />
10 juin 2010 à 20h30<br />
Réservations au 01 40 20 40 25<br />
Au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme<br />
Hôtel de Saint-Aignan 71, rue du Temple - 75003 Paris<br />
Tél. : 01 53 01 86 48<br />
RADICAL JEWISH CULTURE - SCÈNE MUSICALE DE NEW YORK<br />
du 9 avril au 18 juillet 2010<br />
Dans le New-York bouillonnant des années 1980 et 1990,<br />
des artistes – musiciens, poètes, vidéastes – se réapproprient<br />
un héritage politique, intellectuel et culturel juif jadis<br />
extrêmement florissant et dont les traces disparaissent<br />
alors au rythme des changements intervenant dans le paysage<br />
urbain.<br />
Très présents sur le terrain des musiques traditionnelles,<br />
tout autant que sur les scènes alternatives du rock, du punk,<br />
du jazz et de la musique contemporaine, ces musiciens, parmi<br />
lesquels on trouve des figures centrales de l’avant-garde<br />
musicale et de la world music, redécouvrent un répertoire,<br />
celui des musiques juives d’Europe orientale désigné sous<br />
le terme de klezmer, organisent des festivals, participent à<br />
des projets artistiques mêlant musiques et arts visuels.<br />
Cette exposition, première à présenter cette scène, associée<br />
à <strong>une</strong> programmation musicale, fera découvrir de<br />
nombreux documents sonores, visuels (prises inédites de<br />
concerts) et des textes largement inédits.<br />
GRISHA BRUSKIN ALEFBET - UNE TAPISSERIE<br />
du 9 avril au 29 août<br />
Grisha Bruskin est né en 1945 à Moscou<br />
dans <strong>une</strong> famille juive. Son œuvre<br />
s’est constituée entre deux traditions,<br />
celle du communisme soviétique et<br />
celle du judaïsme, qu’il a redécouverte.<br />
Il fait ses études à l’École d’art de<br />
Moscou puis à l’École des arts décoratifs.<br />
Il part pour New York, où il vit et<br />
travaille depuis 1988.<br />
Il a réalisé le triptyque La Vie par-dessus<br />
tout pour le Reichstag restauré à Berlin, en 1999. Les<br />
tapisseries de Grisha Bruskin constituent un nouveau versant<br />
d’<strong>une</strong> œuvre qui conjugue peinture, sculpture, dessin,<br />
porcelaine, écriture, installations et performances.<br />
FRANK LONDON – LORIN SKLAMBERG<br />
Mardi 6 juillet 2010 à 20 h<br />
Frank London, trompette, harmonium, clavier,<br />
Lorin Sklamberg, accordéon, chant<br />
Pablo Aslan, contrebasse, Brandon Seabrook,<br />
guitare<br />
Au cœur du Klezmer Revival et de la scène des nouvelles<br />
musiques juives, Frank London et Lorin Sklamberg à l’origine<br />
des formations les plus dynamiques de ces vingt dernières<br />
années, nous proposent un programme inédit en Europe,<br />
tiré de leur dernier album paru sur Tzadik, Tsuker-zis<br />
(“doux-amer” en yiddish), fortement inspiré par les mélodies<br />
des fêtes hassidiques.<br />
ISABELLE DURIN: ROMANTISME HÉBRAÏQUE<br />
le 30 mai 2010 à 17h00<br />
«La musique hébraïque est étroitement liée à l’histoire du<br />
peuple juif, à ses errances, ses traumatismes, ses douleurs, en<br />
un mot à son destin tragique. Elle me renvoie à <strong>une</strong> part de mon<br />
identité, et me touche particulièrement.» déclare Isabelle Durin.<br />
Après des études aux conservatoires de Sceaux-Bourg-la-Reine<br />
et du VIème arrondissement de Paris, Isabelle Durin obtient un<br />
premier prix de violon Médaille d’or au C.N.R. de Versailles,<br />
dans la classe du violoniste Alexandre BRUSSILOVSKY, suivi en<br />
1996, d’un premier prix de musique de chambre et d’un premier<br />
prix d’honneur de violon, dans la classe de Antoine Goulard. En<br />
1997, elle obtient un premier prix de Perfectionnement de musique<br />
de chambre, et un premier prix au concours de musique<br />
de chambre du Lions’Club de Mantes (Val-de-Seine).<br />
Isabelle Durin dont nous avions parlé dans un précédent<br />
numéro donnera un concert à l’espace Rachi<br />
39 rue Broca 75005 Paris - Tarif plein: 20€ - Tarif réduit: 15€<br />
Frank London ©DR<br />
27
28<br />
Cinéma<br />
LES COUPS DE CŒUR DE<br />
FRÉDÉRIQUE LAHMI<br />
AJAMI, film israélien<br />
de Scandar Copti et Yaron Shani<br />
Le quartier d’Ajami, à Jaffa, est<br />
un lieu cosmopolite où cohabitent<br />
Juifs, Musulmans et Chrétiens. Le<br />
je<strong>une</strong> Nasri, âgé de 13 ans, et son<br />
grand frère Omar vivent dans la<br />
peur depuis que leur oncle a tiré sur<br />
un membre important d’un autre<br />
clan. Malek, un je<strong>une</strong> réfugié palestinien,<br />
travaille illégalement en<br />
Israël pour financer l’opération que<br />
sa mère doit subir. Binj, palestinien,<br />
rêve d’un futur agréable avec sa petite amie chrétienne.<br />
Dando, un policier juif recherche désespérément son je<strong>une</strong><br />
frère disparu... L’histoire de destins croisés au cœur d’<strong>une</strong><br />
ville déchirée.<br />
C’est <strong>une</strong> sorte de « Parrain » à l’israélienne où s’affrontent<br />
différentes familles de gangsters, mais comme l’action se situe<br />
en Israël et en Cisjordanie dans les diverses communautés,<br />
ce film a <strong>une</strong> résonance particulière. C’est un film dur,<br />
tendu, joué par les habitants d’Ajami eux-mêmes ce qui lui<br />
donne un très grand réalisme, proche du documentaire.<br />
Ce film est le fruit de la collaboration de deux Israéliens,<br />
un Juif et un Arabe et il a été sélectionné pour les Oscars,<br />
comme meilleur film étranger. Il a obtenu la mention spéciale<br />
de la Caméra d’Or au Festival de Cannes 2009.<br />
Synagogue Chivté Israël<br />
<strong>12</strong>, cité Moynet 750<strong>12</strong> Paris<br />
Synagogue Névé Chalom<br />
106, avenue du Général<br />
Michel Bizot 750<strong>12</strong> Paris<br />
Fondation de Rothschild<br />
80, rue de Picpus 750<strong>12</strong> Paris<br />
Synagogue Beth Eliahou<br />
4, rue Chevreul 75011 Paris<br />
Synagogue Don Isaac<br />
Abravanel 84-86, rue de la<br />
Roquette 75011 Paris<br />
Synagogue Vincennes<br />
30, rue Céline Robert<br />
94300 Vincennes<br />
Synagogue Fontenay/ Bois<br />
79, bd de Verdun 94<strong>12</strong>0<br />
Fontenay/Bois<br />
Synagogue Fontenay/ Bois<br />
5, rue JP Timbaud<br />
94<strong>12</strong>0 Fontenay-sous-Bois<br />
Les invités de mon père<br />
film français d’Anne LE NY<br />
« Les invités de mon père » est un<br />
film fort caustique, avec au centre,<br />
le patriarche Lucien Paumelle, médecin<br />
à la retraite, veuf qui force le<br />
respect pour son engagement militant<br />
dans différentes causes, dont<br />
celle de l’avortement. Lorsqu’il décide<br />
d’héberger des sans-papiers<br />
tout le monde se réjouit de ce<br />
geste magnifique.<br />
Anne Le Ny met à mal l’idée selon<br />
laquelle un sans-papiers est forcément<br />
gentil. Et lorsque Tatiana, réfugiée moldave est<br />
présentée à la famille, elle se montre sans gêne et limite<br />
raciste, mais c’est surtout <strong>une</strong> bombe sur laquelle le patriarche<br />
va craquer au grand dam de ses enfants.<br />
L’angélisme de gauche en prend un sacré coup, mais tous<br />
les personnages sont ambivalents et échappent à la caricature.<br />
Le père, le héros descend de son piédestal et ses<br />
enfants, joués par Fabrice Lucchini et Karine Viard sont<br />
presque libérés de son poids.<br />
Juste et tenu de bout en bout, le film enchaîne les situations<br />
désopilantes pour terminer sur <strong>une</strong> note beaucoup<br />
plus féroce.<br />
TRIBU <strong>12</strong> EST DISPONIBLE GRATUITEMENT<br />
DANS LES LIEUX SUIVANTS<br />
Synagogue Charenton<br />
42 ter, rue des Bordeaux<br />
94220 Charenton-le-Pont<br />
Synagogue Centre Rachi<br />
25, Avenue Sainte-Marie<br />
94160 Saint-Mandé<br />
Synagogue du Rachbi<br />
46, rue Robert André Vivien<br />
94160 Saint-Mandé<br />
Synagogue Beth El<br />
Rue Saulnier 75009 Paris<br />
Synagogue Buffault<br />
28, rue Buffault 75009 Paris<br />
Synagogue Julien Lacroix<br />
75, rue Julien Lacroix 75020 Paris<br />
École et Synagogue<br />
Alliance-Georges Leven<br />
30, Bd Carnot 750<strong>12</strong> Paris<br />
École Ganénou<br />
rue du Sergent Bauchat<br />
750<strong>12</strong> Paris<br />
École Eretz<br />
bd Voltaire 75011 Paris<br />
Centre Moïse Meniane<br />
17, av. Paul Langevin 92260<br />
Fontenay-aux-Roses<br />
Boucherie Berbèche<br />
53, av. du Dr Arnold Netter<br />
750<strong>12</strong> Paris<br />
La Délicieuse<br />
Bd Voltaire 75011 Paris<br />
Franck et Julien<br />
Bd Voltaire 75011 Paris<br />
Franprix Cacher<br />
Bd Voltaire 75011 Paris<br />
Poissonnerie La Belle Mer<br />
84, rue de Montreuil 75011 Paris<br />
Pizzeria La Stella<br />
Av. Daumesnil 750<strong>12</strong> Paris<br />
Pizzeria Tib’s<br />
Rue de Charenton 750<strong>12</strong> Paris<br />
Chalom’s Traiteur<br />
55, av. du Général Michel<br />
Bizot 750<strong>12</strong> Paris<br />
Boulangerie Simon<br />
269, rue de Charenton<br />
750<strong>12</strong> Paris<br />
Fondation de Rothschild<br />
118, rue de Paris 93100<br />
Montreuil<br />
Beth Habad de Vincennes<br />
20, rue de la Paix<br />
94300 Vincennes<br />
Boucherie Claude et Raphy<br />
2, rue du Dr Goujon<br />
750<strong>12</strong> Paris<br />
Boucherie Hayach<br />
rue de Paris 94300 Vincennes<br />
Boucherie Amsellem<br />
rue de Flandre<br />
75019 Paris
Recettes<br />
de Caroline BOCCARA<br />
LASAGNES DE LÉGUMES<br />
Pour 6/8 personnes<br />
Ingrédients<br />
66 cl de sauce tomate et crème / <strong>12</strong> plaques de lasagnes / 6 aubergines /<br />
4 courgettes / 400 g de mozzarella coupée en tranches / 150 g de parmesan /<br />
1 petit bouquet de basilic / 1 oignon / 1 gousse d’ail / huile d’olive / sel / poivre.<br />
Préparation<br />
- Préchauffer le four thermostat à 180° (th.6)<br />
- Couper les aubergines en tranches de 1 cm d’épaisseur.<br />
- Les saler et laisser reposer <strong>une</strong> demi-heure.<br />
- Ensuite, les rincer et les essuyer.<br />
- Hacher l’ail et l’oignon. Laver et sécher les courgettes, couper de larges lamelles<br />
puis les recouper en deux.<br />
- Ciseler le basilic et réserver quelques feuilles pour le décor.<br />
- Faire dorer, dans un peu d’huile, l’ail et l’oignon.<br />
- Ajouter la sauce tomate, la crème et le basilic. Saler et poivrer. Laisser mijoter ¼ heure.<br />
- Dans <strong>une</strong> autre poêle, faire dorer quelques minutes les aubergines et les courgettes dans un peu d’huile.<br />
- Huiler un plat allant au four et recouvrir le fond d’un peu de préparation à la sauce tomate et crème.<br />
- Disposer 3 ou 4 plaques de lasagnes dessus puis répartir un peu de la préparation à la sauce tomate et crème sur les plaques.<br />
- Disposer <strong>une</strong> couche d’aubergines, répartir encore de la sauce tomate. Disposer à nouveau <strong>une</strong> couche de pâtes, puis <strong>une</strong><br />
couche de courgettes et ainsi de suite jusqu’à ce que tous les légumes soient utilisés.<br />
- Terminer avec <strong>une</strong> couche de sauce tomate et saupoudrer ensuite les fromages mélangés. Saler et poivrer.<br />
- Placer le plat au four pendant 35 à 45 min.<br />
SALADE DE ROQUETTE<br />
1 sachet de salade roquette<br />
<strong>Un</strong>e tête de fenouil<br />
<strong>Un</strong> morceau de parmesan<br />
Huile d’olive / Sel / Poivre / Citron<br />
Dans un saladier versez la salade<br />
Émincez le fenouil très finement( à la mandoline)<br />
Idem pour le parmesan<br />
Citron<br />
Sel / Poivre / Huile d’olive<br />
DESSERT HALAVI - GÂTEAU DE SUCRERIES<br />
de Eden BOCCARA<br />
Ingrédients<br />
<strong>Un</strong> demi paquet de mini maschmalow<br />
200gr de chocolat noir / 20 cl de crème liquide / 50 g de petit beurre<br />
50 g de spéculos / 50 g de galette au beurre / 20 g de noix de coco râpée<br />
Préparation<br />
- Brisez les gâteaux secs dans un bol. Ajoutez la noix de coco.<br />
- Ajoutez les trois quarts des maschmalows.<br />
- Réservez quelques-uns pour la décoration.<br />
- Faire fondre le chocolat au bain Marie ou micro onde.<br />
- Hors du feu ajoutez-y la crème et fouettez énergiquement.<br />
- Mélangez les gâteaux, les «sucreries» et le chocolat fondu.<br />
- Dans un moule à manquer, filmez en laissant dépasser le film de part et d’autre.<br />
- Disposez les mini maschmalows restant au fond recouvrez de la préparation<br />
au chocolat. Finissez par quelques brisures de gâteaux.<br />
- Rabattez le film et réservez au réfrigérateur pendant 24h.<br />
- Démoulez sur un plat. Coupez des carrés de 3 à 5cm.<br />
Servez cette» sucrerie» selon Eden<br />
avec des jus de fruit pour les plus je<strong>une</strong>s et un bon café pour les plus grands !!<br />
29
30<br />
Découverte<br />
EIN GEDI,<br />
UN PETIT COIN DE PARADIS...<br />
EIN GEDI SE TROUVE SUR LA RIVE OCCIDENTALE DE<br />
LA MER MORTE. CETTE OASIS NOUS OFFRE UN SPEC-<br />
TACLE FLAMBOYANT DE FAUNE ET DE FLORE UNIQUE<br />
AU MONDE. ON PEUT Y FAIRE DES EXCURSIONS EN FA-<br />
MILLE OU ENTRE AMIS, ET Y DÉCOUVRIR DES PAYSAGES<br />
À COUPER LE SOUFFLE! VOUS POURREZ AUSSI VOUS<br />
PROMENER ENTRE LES BOUQUETINS SEMI SAUVAGES<br />
DE CETTE RÉSERVE NATURELLE MONDIALE CLASSÉE<br />
PAR LES NATIONS UNIES. MAIS EIN GEDI N’EST PAS QUE<br />
SOLEIL ET « FARNIENTE », C’EST AUSSI UNE PARTIE DE<br />
NOTRE HISTOIRE …<br />
Découvrons ensemble l’un des plus merveilleux sites d’Israël.<br />
Ein Gedi signifie littéralement : « la source du bouquetin<br />
». Les je<strong>une</strong>s bouquetins de Nubie vécurent de tous<br />
temps près des sources d’Ein Gedi. Déjà, à l’époque du Roi<br />
David, la Torah nous parle des « abris d’Ein Gedi » et des<br />
« sentiers escarpés des chamois » (I Sam.24), dans ces spectaculaires<br />
canyons, où David alla trouver refuge, poursuivi<br />
par le Roi Saül.<br />
Cette abondance en eau, vient de ruisseaux des montagnes<br />
de Judée, qui se jettent dans la mer Morte : les ruisseaux<br />
de David, d’Arougot, ou de Bokek. Ce climat tempéré, voir<br />
même tropical, et cette profusion d’eau constituaient de<br />
parfaites conditions pour les vignobles du Roi Salomon.<br />
D’ailleurs, il écrit dans le Cantique des Cantiques (1:14): «<br />
Mon bien-aimé est pour moi <strong>une</strong> grappe de troène dans les<br />
vignes d’Ein Gedi » !<br />
Sur ce verset, Rachi (commentateur de la Torah) explique<br />
que ces vignes avaient reçu <strong>une</strong> bénédiction particulière.<br />
En effet Dieu bénit ces vignobles de sorte qu’ils produisaient<br />
de bons raisins 4 à 5 fois par an ! L’Éternel voulait<br />
pardonner au peuple juif ses fautes et ses « caprices » dans<br />
le désert lors de la sortie d’Égypte, et par la même, lui prouver<br />
son amour.<br />
Parmi les multiples bienfaits d’Ein Gedi, un parfum, jadis de<br />
renommée mondiale, et unique en son genre. À l’époque<br />
de l’invasion romaine, l’existence de ce parfum à la senteur<br />
si particulière vient aux oreilles de l’Empereur qui se donne<br />
pour but d’en faire le prestige de sa campagne. Les Romains<br />
trouvent alors à Ein Gedi <strong>une</strong> ville développée. Mais<br />
les habitants, désireux de protéger cette tradition ancestrale,<br />
en détruisent toutes les traces : vergers, ateliers de fabrications,<br />
réserves… Les soldats romains réussiront néanmoins<br />
au terme de durs combats, à s’emparer de quelques<br />
extraits, mais sans le procédé de fabrication.<br />
Dans les années soixante-dix, un agriculteur qui<br />
labourait son champ, fit <strong>une</strong> découverte exceptionnelle<br />
: <strong>une</strong> synagogue du IIIe siècle attendait<br />
patiemment qu’on la découvre! Cette<br />
merveille presque intacte, révèle alors<br />
<strong>une</strong> architecture toute particulière. Déjà à<br />
l’époque, il y avait un emplacement destiné<br />
au chef de la communauté (appelé la<br />
chaire de Moïse), sculpté dans le mur Est de<br />
la synagogue. On y observe aussi des bancs<br />
pour les fidèles, construits le long du mur sud<br />
et <strong>une</strong> bimah (estrade) centrale où l’officiant<br />
priait et lisait dans le Sefer Torah. La synagogue est<br />
ornée de splendides mosaïques d’époque désormais rénovées,<br />
illustrant des maximes hébraïques et araméennes.<br />
Cette synagogue fut en service pendant plus de 400 ans<br />
jusqu’à être ravagée par un incendie.<br />
Parmi les trésors que recelait ce vestige, un « butin » de<br />
5000 pièces datant du IVème siècle, mais aussi et surtout<br />
un candélabre à 7 branches, similaire à celui du Temple,<br />
seule et unique pièce de ce type jamais retrouvée, fabriqué<br />
par des Juifs, car en effet la loi juive interdit de recopier un<br />
chandelier à 7 branches comme celui qui était autrefois au<br />
Beth haMikdach.<br />
En 1953, les premières implantations juives au kibboutz Ein<br />
Gedi sont venues pleins de courage et de force pour reconstruire<br />
toute <strong>une</strong> vie juive en harmonie avec la nature.<br />
Ce sont des amoureux à la main verte qui composèrent
le fameux jardin botanique du kibboutz, d’<strong>une</strong> rare beauté,<br />
célèbre dans le monde entier pour son osmose entre<br />
plantes désertiques et tropicales.<br />
Ceux qui seront en vacances en Israël verront dans Ein Gedi<br />
<strong>une</strong> station thermale de renommée mondiale, avec ses<br />
centres de remise en forme, ses spa, ses bains soufrés, ses<br />
traitements de boue, ses massages etc.<br />
Célibataires, enfants, familles, tout le monde « trouvera son<br />
compte » à Ein Gedi dans <strong>une</strong> harmonie complète avec la<br />
nature. Des centres observant la pratique religieuse des lois<br />
de pudeur sont mêmes désormais en activité pour notre<br />
plaisir. Bonnes vacances !<br />
David Mansour<br />
972-52-43-34-254<br />
http://www.tiyoul-tov.org<br />
Je Voudrais Savoir Par JIPÉA<br />
CONNAISSEZ-VOUS LES OEUBBEYTTATES ?<br />
J’ai parlé à ma grand-mère qui est d’origine tunisienne du ver miraculeux<br />
appelé Shamir dont vous parlez dans le dernier numéro de votre magazine.<br />
Elle a haussé les épaules en me disant : « Ce shamir, ça n’est rien à côté<br />
des oeubbeytates de Tunisie, des êtres extraordinaires et très dangereux ! ».<br />
Malgré mon insistance, elle n’a pas voulu m’en dire plus, me recommandant<br />
surtout de ne pas en parler. Savez-vous quelque chose au sujet de ces oeubbeytates<br />
?<br />
Chaque groupe humain et, partant, chaque communauté juive, véhicule son lot<br />
de croyances et de superstitions. En Tunisie, au siècle dernier, dans les familles<br />
juives, on faisait peur aux petits enfants indisciplinés en les menaçant de les livrer<br />
aux oeubbeytates. Grâce aux récits des conteurs de la Hara, le Ghetto de Tunis,<br />
on a gardé quelques traces de ces êtres mythiques qui ont pratiquement disparu<br />
aujourd’hui de la mémoire juive tunisienne.<br />
D’après <strong>une</strong> croyance locale, chaque fois que deux ou plusieurs membres d’<strong>une</strong><br />
même famille périssaient de mort violente ou chaque fois que se mêlaient les sangs<br />
d’animaux d’espèces différentes, naissaient des larves malfaisantes, les oeubbeytates.<br />
C’est pourquoi, la rue de l’Abattoir, dans le quartier juif de la Hara, où se pratiquait la<br />
chékhita, l’abattage rituel, avait la réputation d’être hantée par des oeubbeytates. On<br />
disait de ces dernières qu’elles avaient le pouvoir de se métamorphoser pour revêtir<br />
<strong>une</strong> apparence humaine, animale ou même d’un simple objet afin d’accomplir de<br />
mauvaises actions. Dès lors, nul ne s’aventurait de nuit dans le quartier des abattoirs.<br />
Comme disaient les Juifs italiens de Tunisie, les Livournais ou Granas, « Sè non è vero, è<br />
ben trovato », « Si ce n’est pas vrai, c’est bien imaginé ».<br />
Source : Jacques Véhel et Ryvel. Le bestiaire du Ghetto.<br />
31
32<br />
Juridique<br />
Rubrique juridique de Maître Franck SERFATI<br />
Achat d’un véhicule d’occasion<br />
La vente, telle que définie à l’article 1582 du Code Civil,<br />
est <strong>une</strong> convention par laquelle l’un s’oblige à livrer <strong>une</strong><br />
chose, l’autre à la payer.<br />
<strong>Un</strong> particulier acheteur d’un véhicule d’occasion a un<br />
recours contre son vendeur, lorsque la chose est affectée<br />
d’un vice la rendant impropre à son usage, autrement dit<br />
quand celle-ci ne fonctionnera pas normalement.<br />
L’Acheteur – Professionnel ne bénéficiera pas, en principe,<br />
de la garantie légale.<br />
LES VICES CACHÉS<br />
Il s’agit d’<strong>une</strong> théorie prétorienne établie par les <strong>Tribu</strong>naux<br />
afin de protéger l’Acheteur, lorsque la chose vendue est<br />
entachée de façon conséquente.<br />
L’article 1641 du Code Civil impose <strong>une</strong> garantie légale<br />
sous 3 conditions essentielles :<br />
1) L’acheteur est un particulier, non applicable au Professionnel<br />
2) Le vice affecte l’usage normal du bien<br />
3) Le défaut est caché et donc inconnu de l’acheteur lors<br />
de la vente.<br />
La rubrique médicale<br />
L’ÉPILATION DÉFINITIVE AU LASER<br />
Parmi les actes les plus courants pratiqués en médecine esthétique,<br />
hors visage (évoqué dans le numéro précédent<br />
de votre revue préférée), nous abordons ici l’épilation laser<br />
définitive.<br />
Avant de commencer l’épilation laser un bilan<br />
hormonal peut être demandé chez certaines<br />
femmes présentant <strong>une</strong> pilosité importante<br />
(hirsutisme) ; il s agit d’<strong>une</strong> maladie<br />
endocrinienne se traduisant par des<br />
troubles des règles, <strong>une</strong> perte de cheveux,<br />
<strong>une</strong> voix rauque... Ces signes<br />
cliniques sont dus à <strong>une</strong> augmentation<br />
d’hormones androgéniques<br />
(masculines).<br />
L’épilation laser définitive sous<br />
contrôle médical permet en 5 à 6<br />
séances de se débarrasser de façon<br />
permanente des poils disgracieux.<br />
Ce laser « Alexandrite » permet ce résultat,<br />
contrairement au laser «lumière<br />
pulsée», dont le résultat n’est que temporaire<br />
(utilisé dans les instituts de beauté).<br />
Il est préférable de commencer par des<br />
petites zones comme le « maillot » et les<br />
« aisselles » et de finir par le reste du corps... Il faut<br />
Dans cette hypothèse, l’acheteur pourra librement solliciter<br />
la résolution de la vente, annulation avec effet rétroactif<br />
et remboursement du prix, ou demander <strong>une</strong> réduction<br />
du prix.<br />
Dans la pratique, le vendeur aura tendance à refuser<br />
spontanément cette option et <strong>une</strong> action judiciaire pourra<br />
être engagée, soit devant le <strong>Tribu</strong>nal d’Instance pour un<br />
litige dont le montant n’excède pas 10 000 €, ou devant le<br />
<strong>Tribu</strong>nal de Grande Instance au-delà !<br />
Chaque partie sera amenée à prouver ses prétention, d’où<br />
la nécessité pour l’Acheteur d’établir les vices, par tous les<br />
moyens : constat ; facture ; attestation ; photo ; expertise…<br />
QUELQUES CONSEILS PRATIQUES<br />
Identifier votre Vendeur de façon précise<br />
Procéder à <strong>une</strong> visite chez un <strong>profession</strong>nel<br />
Solliciter le carnet d’entretien du véhicule<br />
Conserver tous les documents utiles : annonce ; acte de<br />
vente ; justificatif du paiement ; factures…<br />
éviter le soleil ou les U.V. trois semaines avant et après la<br />
séance de laser.<br />
Le mécanisme d’action du laser consiste en l’émission d’<strong>une</strong><br />
lumière amplifiée qui est attirée par la couleur noire<br />
du poil (mélanine du poil) et qui le détruit dans<br />
son bulbe (racine).<br />
Seuls les poils je<strong>une</strong>s en phase de croissance<br />
sont atteints ce qui représente<br />
20% des poils de la surface à traiter;<br />
c’est pour cela que l’on doit faire 5<br />
séances espacées d’un mois pour<br />
que tous les poils soit détruits.<br />
Actuellement les traitements au laser<br />
sont inefficaces sur les poils blonds,<br />
roux ou blancs parce que ces poils<br />
contiennent peu de mélanine que le<br />
laser cible principalement.<br />
Après chaque séance, <strong>une</strong> sensation<br />
de chaleur de type «coup de soleil»<br />
est ressentie et dure de deux à trois<br />
heures. <strong>Un</strong>e crème hydratante est utilisée<br />
les jours suivants.<br />
Les contre-indications sont : la je<strong>une</strong> fille de<br />
moins de 16 ans, la femme enceinte, les peaux<br />
bronzées et les troubles hormonaux.<br />
Dr Michel Mimoun
Conte Populaire<br />
LES VILLES DE RABBI TARPHON<br />
RABBI TARPHON, QUI VIVAIT VOICI BIEN DES SIÈCLES,<br />
ÉTAIT FORT RICHE MAIS IL NE PRATIQUAIT PAS LA JUS-<br />
TICE. CE N’ÉTAIT PAS QU’IL FUT AVARE OU SEC DE<br />
CŒUR. NON ! SIMPLEMENT, IL NE SONGEAIT PAS AU<br />
BIEN QU’IL AURAIT PU FAIRE AVEC UNE PETITE PAR-<br />
TIE DE CE QU’IL POSSÉDAIT. IL S’IMAGINAIT CONFUSÉ-<br />
MENT, COMME BEAUCOUP DE GENS, QUE SI LUI-MÊME<br />
N’AVAIT BESOIN DE RIEN, PERSONNE N’AVAIT RIEN À<br />
DEVOIR SOUHAITER. QUE DE RICHES SERAIENT GÉNÉ-<br />
REUX, SI, DEVANT LEURS TABLES LUXUEUSEMENT SER-<br />
VIES, ILS ACCORDAIENT DE TEMPS À AUTRE UNE PEN-<br />
SÉE À CEUX QUI, POUR SE RASSASIER N’ONT QU’UN<br />
MORCEAU DE PAIN DUR !<br />
Si Rabbi Tarphon n’était pas généreux avec les pauvres, il<br />
ne se refusait personnellement rien. <strong>Un</strong> jour, sur sa route, il<br />
rencontra Rabbi Akiba, alors tout je<strong>une</strong> homme, tandis que<br />
lui-même se courbait déjà sous le poids de la vieillesse.<br />
- Paix sur toi, quoi de neuf ?<br />
- Salut, ô mon maître, répondit Akiba, je ne sais rien qui<br />
puisse d’intéresser… Au fait, si … continua-t-il en hésitant,<br />
figure toi qu’on m’a parlé de deux villes qui seraient<br />
à vendre. Elles sont chères, évidemment, quarante mille<br />
dinars d’or, mais quelle superbe affaire et quel beau placement<br />
!<br />
Rabbi Tarphon s’approcha, intéressé. Il posa à Rabbi Akiba<br />
différentes questions auxquelles celui-ci répondit de son<br />
mieux, mais avec un embarras visible. Pour finir, Rabbi Tarphon<br />
emmena chez lui son je<strong>une</strong> ami et lui remis quarante<br />
mille dinars d’or en le chargeant de lui acheter les deux<br />
villes en question. Ce que Rabbi Akiba promit de faire.<br />
Quelques jours plus tard, Rabbi Tarphon se rendit au Beith-<br />
Hamidrach (maison d’études) pour y trouver Rabbi Akiba<br />
qu’il n’avait pas revu depuis ce jour là. Il voulait lui demander<br />
où en étaient ses négociations au sujet des deux villes.<br />
Il aperçut le je<strong>une</strong> Rabbi Akiba, assis sur un banc, entouré<br />
d’enfants et de vieillards qui se pressaient autour de lui. Ce<br />
dernier se leva précipitamment et se jeta aux pieds de rabbi<br />
Tarphon en s’écriant :<br />
- Pardonne, ô mon maître ma supercherie. Je t’ai trompé,<br />
je t’ai volé, il n’y avait pas de villes à vendre ! Mais tant et<br />
tant de malheureux passent chaque jour devant ma porte<br />
que j’en étais devenu à désespérer de ne rien pouvoir pour<br />
eux. Je suis pauvre moi-même, hélas ! C’est ainsi que m’est<br />
venue la f<strong>une</strong>ste pensée d’abuser de ta confiance ! J’ai fait<br />
beaucoup d’heureux grâce à toi, mais à tes yeux je ne suis<br />
plus qu’un individu pécheur… Pourras-tu jamais me pardonner<br />
?<br />
À ce moment, un vieillard s’approcha d’eux et dit à Rabbi<br />
Tarphon :<br />
Grâces te soient rendues, ô mon maître ! J’étais malade<br />
depuis des années et, faute d’argent, je n’ai jamais pu me<br />
soigner. Grâce à ce que Rabbi Akiba m’a donné de ta part,<br />
j’ai pu consulter un médecin célèbre et acheter les médica-<br />
ments qu’il m’a prescrits. Déjà la cure fait son effet et je me<br />
sens plus vaillant. Merci. Merci.<br />
<strong>Un</strong>e pauvre femme vint à son tour raconter comment, à la<br />
suite de la mort de son mari, quelques temps auparavant,<br />
elle et ses huit enfant étaient plongés dans <strong>une</strong> misère profonde<br />
d’où ils ne seraient jamais sortis, sans le concours<br />
providentiel que Rabbi Akiba leur avait accordé.<br />
Puis un bel enfant aux boucles br<strong>une</strong>s alla prendre la main<br />
de Rabbi Tarphon en lui disant :<br />
-Merci, mon maître. Grâce à toi, un jour je deviendrai, moi<br />
aussi, un <strong>rabbin</strong> savant et instruit de notre Sainte Loi. Mes<br />
parents sont très pauvres, ils n’auraient pas pu me permettre<br />
de me consacrer entièrement à l’étude, comme je le<br />
désirais tant ! Mais Rabbi Akiba est venu de ta part et leur a<br />
donné <strong>une</strong> somme d’argent. Cela leur a permis de me laisser<br />
passer tout mon temps de travailler au Beith-Hamidrach<br />
au lieu d’aller aider mon père aux champs, comme font mes<br />
autres frères ! Je te promets de donner toujours satisfaction<br />
à mes maîtres et de devenir plus tard un homme bon et<br />
hénéreux comme toi, Rabbi Tarphon !<br />
À ces mots, Rabbi Tarphon ne put se contenir davantage. Il<br />
saisit rabbi Akiba dans ses bras et lui dit :<br />
Ô mon fils ! Je te remercie du plus profond de mon cœur de<br />
ce que tu as fait : tu es je<strong>une</strong> et pourtant tu es mon maître<br />
par la sagesse et mon chef par la bonté ! Tu m’as montré la<br />
voie ! Ces malheureux, ces malades à secourir, ces je<strong>une</strong>s<br />
âmes à conquérir, voilà les villes que dans l’avenir je veux<br />
m’efforcer d’acheter. Toi, tu seras mon guide et mon soutien.<br />
Ne regrette plus ta prétendue faute, elle m’a ouvert<br />
les yeux, c’est <strong>une</strong> bonne action que tu as fait là !<br />
Inutile de vous dire que Rabbi Tarphon consacra en effet<br />
toute sa vie au bien des autres. La richesse est <strong>une</strong> belle<br />
chose quand on en profite pour faire le bien et pour aidr<br />
ceux qui sont dans le besoin. Si l’on n’en use que pour sa<br />
satisfaction personnelle, alors elle devient <strong>une</strong> source tarie.<br />
Simone Hirschler<br />
Le mariage merveilleux et autres contes d’Israël<br />
Éditions Lichma<br />
33
34<br />
Nos Lecteurs ont la parole<br />
Je voudrais vous féliciter pour le choix de vos couvertures<br />
qui sont toujours très belles.<br />
Nelly L. Paris <strong>12</strong>ème<br />
L’article sur le vin est très intéressant. On apprend plein de<br />
choses sur la fabrication du vin.<br />
Eliahou H. Paris <strong>12</strong>ème<br />
Il est mentionné que la synagogue Neve Chalom fait<br />
un office à 13h30 mais par 2 fois les portes sont restées<br />
fermées.<br />
Henri M. Paris <strong>12</strong>ème<br />
Cela n’a pas été prolongé par le nouveau président de<br />
la communauté. Nous n’avons pas été informé.<br />
Remy Fellous a écrit un article très agréable à lire. Vous<br />
devriez lui demander de vous en écrire d’autres.<br />
Gisèle F. Paris <strong>12</strong>ème<br />
J’aurai bien aimé trouver dans votre magazine les coordonnées<br />
des restaurants cachers de l’Est parisien. Il y a<br />
des personnes agées qui n’ont pas Internet pour faire des<br />
recherches rapides. D’autre part, ce sera un moyen d’avoir<br />
<strong>Tribu</strong> <strong>12</strong> toujours à portée de main<br />
Raphaël C. Paris <strong>12</strong>ème<br />
Votre magazine a <strong>une</strong> bonne ligne éditoriale et devrait<br />
intéresser les autres régions parisiennes et pourquoi pas<br />
les autres régions de France à forte densité juive.<br />
D.E.D. F. Paris <strong>12</strong>ème<br />
Comment faire pour participer à la rédaction de <strong>Tribu</strong> <strong>12</strong> ?<br />
Illan C. Paris 11ème<br />
Vous nous écrivez par mail ou par courrier et vous<br />
nous proposez soit <strong>une</strong> rubrique, soit un sujet comme<br />
d’ailleurs l’a fait M. Ayache, otage à Entebbe ou Mme<br />
Farouz qui nous propose certaines de ses toiles.<br />
J’apprécie votre éditorial qui est bien tourné ainsi que la<br />
qualité de votre magazine tant sur le point des articles que<br />
sur celui des illustrations.<br />
Victor M. Marseille 5ème<br />
Ma femme et moi aimons bien votre magazine parce qu’on<br />
ne trouve pas ailleurs les sujets que vous traitez.<br />
Fernand B. Paris <strong>12</strong>ème<br />
Et vous trouvez ça drôle !<br />
Sur <strong>une</strong> petite île perdue au milieu de l’océan, un homme barbu<br />
agite désespérément les bras en direction d’un bateau. <strong>Un</strong> passager<br />
demande au capitaine :<br />
- Qui est-ce ?<br />
- Auc<strong>une</strong> idée. On passe tous les ans devant son île et à chaque<br />
fois ça le rend fou !<br />
***<br />
C’est l’histoire d’un gars qui vient de passer des examens de santé<br />
à l’hôpital. Le médecin annonce au patient qu’il est gravement<br />
malade et qu’il va mourir. Le gars demande ce qu’il peut faire pour<br />
le guérir. Le médecin lui répond : Vous n’avez qu’à faire des bains<br />
de boue.<br />
- Pourquoi ça va me guérir ?<br />
- Non, mais ça vous habitueras à la terre.<br />
***<br />
<strong>Un</strong> homme entre dans <strong>une</strong> papeterie :<br />
- J’aimerais offrir un beau stylo à ma femme : c’est son anniversaire !<br />
- Oh, c’est bien, dit la vendeuse, vous voulez lui faire <strong>une</strong> petite<br />
surprise ?<br />
- Oh que oui, ce sera même <strong>une</strong> très grosse surprise : elle s’attend<br />
à avoir <strong>une</strong> BMW...<br />
!<br />
<strong>Un</strong>e dame va renouveler son passeport.<br />
Le fonctionnaire lui demande :<br />
- Combien d’enfants avez-vous?<br />
- 10<br />
- Et leurs prénoms?<br />
- Bernard, Bernard, Bernard, Bernard, Bernard, Bernard, Bernard,<br />
Bernard, Bernard et Bernard.<br />
- Ils s’appellent tous Bernard ? Et, comment vous faites pour les<br />
appeler quand ils jouent tous dehors, par exemple ?<br />
- Très simple, je crie Bernard et ils rentrent tous.<br />
- Et si vous voulez qu’ils passent à table?<br />
- Pareil. Je crie Bernard et tous se mettent à table.<br />
- Mais, et si vous voulez parler particulièrement avec l’un d’entre<br />
eux?<br />
Comment vous faites?<br />
- Ah! Dans ce cas là, je l’appelle par son nom de famille...<br />
Ah !!
TRIBU <strong>12</strong> JUNIOR<br />
DANS CETTE PARTIE, NOUS PROPOSONS AUX JEUNES<br />
UN SUPPLÉMENT QUI LEUR EST DESTINÉ<br />
CONNAIS-TU LES CAMONDO,<br />
UNE FAMILLE DE MÉCÈNES ?<br />
Il y a eu, tout au long de l’histoire du peuple juif, des familles<br />
qui se sont distinguées. Parce qu’elles ont compté<br />
dans leurs rangs des hommes riches, entreprenants et célèbres<br />
qui ont su profiter de leur fort<strong>une</strong> et de leur savoir<br />
pour aider leur communauté et leur nation. Il en est ainsi<br />
de la célèbre famille des Rothschild, <strong>une</strong> véritable dynastie<br />
fondée au XVIIIème siècle, à Francfort-sur-le-Main, en Allemagne<br />
par Meyer Amschel Rothschild qui, en créant, avec<br />
ses cinq fils la banque « Meyer Amschel Rothschild et fils »<br />
va bouleverser la finance internationale. Il en est ainsi, également,<br />
de la famille Pereire. Si un boulevard, à Paris, porte<br />
aujourd’hui leur nom, c’est qu’ils ont été des visionnaires et<br />
des bâtisseurs, notamment dans le domaine des chemins<br />
de fer. La famille Camondo, qui fut tout aussi importante<br />
en son temps que les Rothschild et les Pereire est moins<br />
connue, probablement parce que, pour des raisons dramatiques<br />
que je vais te raconter, cette famille n’a pas laissé<br />
d’héritiers portant ce nom.<br />
Les Camondo étaient originaires d’Espagne. Après avoir<br />
vécu en Turquie et en Italie, ils ont choisi la France. Le fondateur<br />
de la dynastie, Abraham Salomon, est né en 1781 à<br />
Istanbul. Commerçant et changeur d’argent, il devient rapidement<br />
le plus riche des deux cents mille Juifs que compte<br />
l’empire ottoman à l’époque. Son frère, Isaac, très riche lui<br />
aussi avait fondé <strong>une</strong> banque et comme leur sœur, Ventura,<br />
avait choisi pour sa part d’aller vivre à Jérusalem, Abraham<br />
Salomon, à la mort de son frère, victime de la peste et sans<br />
descendants, devient le maître de la banque Isaac Camondo<br />
et Cie. Juif pratiquant, il épouse Clara Lévy qui lui donnera<br />
un fils, Salomon Raphaël, né en 1910.<br />
Salomon Raphaël épousera Esther Foa et aura trois enfants :<br />
Abraham, né en 1829 qui épousera Régina Baruch, Nissim<br />
(1830) futur époux d’Élise Fernandez et Rébecca (1836)<br />
qui sera, plus tard, madame Halfon. Abraham Salomon Camondo<br />
peut savourer son bonheur. Il est très riche et il a<br />
constitué <strong>une</strong> belle famille. Hélas, le malheur va s’abattre<br />
sur les Camondo.<br />
Nous sommes en 1866. C’est <strong>une</strong> année noire. Abraham<br />
Salomon perd coup sur coup sa femme, son fils unique,<br />
Salomon, victime d’<strong>une</strong> crise cardiaque et sa petite fille, à<br />
peine âgée de 30 ans.<br />
C’est à Abraham et à Nissim de reprendre le flambeau familial<br />
d’autant plus que le patriarche va lui aussi mourir peu<br />
après, en 1873.<br />
Les frères Camondo connaissent <strong>une</strong> activité débordante :<br />
administrateurs de la banque Paribas, créateurs des Cimenteries<br />
Portland du Boulonnais, actionnaires de la Com-<br />
LES GRANDS PERSONNAGES JUIFS DU PASSÉ<br />
pagnie de Panama, des Chemins de Fer portugais, de la<br />
Compagnie Internationale du Gaz, du Crédit Foncier Franco-Canadien<br />
et de bien d’autres sociétés, ils sont immensément<br />
riches.<br />
En 1851, Régina donne un fils à Abraham, Isaac et, en 1860,<br />
c’est au tour d’Élise de mettre au monde un petit Moïse.<br />
Parallèlement à leurs activités bancaires et commerciales,<br />
les Camondo sont très actifs au sein de la communauté<br />
juive. Ils siègent au Consistoire, à l’Alliance Israélite et à la<br />
synagogue Buffault. Ils sont parmi les créateurs de la Société<br />
d’Études Juives. Élevés dans la tradition, leurs enfants<br />
apprennent l’hébreu et suivent des cours de Talmud Torah<br />
avec le <strong>rabbin</strong> Astruc.<br />
1899. Nouvelle année noire pour les Camondo. Nissim et<br />
Abraham meurent coup sur coup. Pneumonie pour le premier,<br />
fluxion de poitrine pour le second.<br />
Les héritiers de la famille, les deux cousins, Isaac, 48 ans<br />
et Moïse, 39 ans, sont désormais en première ligne. Ils ont<br />
été anoblis et sont à présent les comtes de Camondo. Isaac<br />
est un amateur d’art et d’opéra tandis que Moïse, lui , qui a<br />
épousé Irène Cahen d’Anvers, s’adonne à la chasse.<br />
Nouveau malheur : en 1911, Isaac meurt, sans héritier en<br />
1911. Moïse a la chance de voir son épouse, Irène, lui donner<br />
deux enfants : Nissim, qui naît en 1892 et Béatrice, deux<br />
ans plus tard. Mais ce bonheur est de courte durée, lui aussi.<br />
Irène, qui ne s’entend plus avec son mari, divorce. Moïse<br />
se consacre à l’éducation de ses enfants tout en continuant<br />
de bâtir sa fort<strong>une</strong>.<br />
1917. C’est le drame. Le je<strong>une</strong> Nissim a été mobilisé. Lieutenant<br />
dans l’armée de l’air, il participe aux combats contre<br />
l’Allemagne. Le 3 septembre, il est abattu par un avion allemand.<br />
Moïse, qui sera le dernier des Camondo, meurt en<br />
1935.<br />
De cette famille riche et célèbre, il ne reste que Béatrice,<br />
épouse de Léon Reinach. Ils ont deux enfants, Fanny (1920)<br />
et Bertrand (1923).<br />
En 1942, Léon, Béatrice, Fanny et Bertrand sont arrêtés<br />
parce que juifs, internés à Drancy et déportés à Auschwitz<br />
par le convoi n°62. C’est là qu’ils seront assassinés. La<br />
splendeur des Camondo s’achève dans la catastrophe de<br />
la Shoah.<br />
L’hôtel particulier des Camondo, au 63, rue de Monceau<br />
dans le 8ème arrondissement est devenu un musée national,<br />
le musée Nissim de Camondo. Je te recommande vivement<br />
de le visiter<br />
DANS LE PROCHAIN NUMÉRO DE<br />
TRIBU <strong>12</strong> JUNIOR, TU DÉCOUVRIRAS<br />
UNE REINE JUIVE, LA KAHÉNA<br />
39
40<br />
Devinettes<br />
<strong>Un</strong> je<strong>une</strong> lecteur de <strong>Tribu</strong> <strong>12</strong> vous propose 2 devinettes :<br />
1) Qu’est ce qu’<strong>une</strong> gousse d’ail jetée contre un mur qui revient?<br />
2) Quel est le pluriel d’un verre d’eau ?<br />
Enigmes<br />
Question 1 :<br />
<strong>Un</strong> coq est sur le toit d’<strong>une</strong> maison. Si la maison est orientée vers le sud-ouest et qu’un vent violent<br />
de 95km/h vient du nord-ouest. De quel côté tombera l’œuf pondu?<br />
Question 2 :<br />
Armelle fait <strong>une</strong> recette de cuisine. Elle veut exactement 40 cl d’eau. Or, elle ne possède qu’un verre de 50 cl<br />
et un pichet de 110 cl. Comment procède-t-elle?<br />
Question 3 :<br />
<strong>Un</strong>e voiture roule la moitié d’un trajet à 80 Km/h et l’autre moitié à 20 Km/h.<br />
De combien est sa moyenne ?<br />
Question 4 :<br />
Dans cette suite U D T Q ? S S H N quelle lettre faut-il mettre au milieu<br />
pour que le tout soit un peu logique?<br />
Question 5 :<br />
Trouvez les signes manquants : 8...6...2=11<br />
Les Jeux de<br />
Des animaux en salade<br />
En mélangeant les lettres des deux mots, il s’agit de reconstituer le nom d’un animal<br />
1) AGE + FUIRA = 2) ALE + TOUTE =<br />
3) HEROS + CIRON = 4) AMPHI + POPOTE =<br />
NB : ALE, c’est <strong>une</strong> bière anglaise, CIRON,<br />
c’est un moustique et POPOTE, c’est la cuisine<br />
rions un peu<br />
<strong>Un</strong>e dame ver de terre rencontre <strong>une</strong> de ses amies.<br />
- Qu’est-ce que tu as ? Tu en fais <strong>une</strong> tête ! Et ton mari, il ne t’accompagne pas ?<br />
Alors, la dame ver de terre, tristement :<br />
- Il est à la pêche...<br />
A l’école, l’institutrice interroge petit Paul, très rêveur et assis au fond de la classe :<br />
- Petit Paul, tu es un épicier, et moi je suis <strong>une</strong> cliente. Je t’achète un melon à 2 euros,<br />
<strong>une</strong> salade à 50 centimes, et un kilo de pommes de terre à 1 euro. Combien je te dois ?<br />
Petit Paul réfléchit un instant et dit :<br />
- Oh, ne vous inquiétez pas, madame, vous me paierez demain !<br />
Deux passants se croisent dans la rue :<br />
Tiens, Jean, comme tu as changé : les cheveux, les yeux...<br />
Mais monsieur, je ne m’appelle pas Jean.<br />
Ah bon ! : Tu as changé de prénom !<br />
L’institutrice demande à Nicolas :<br />
- Tu as écrit : «Il alla dans le shampooing». Ca n’a pas de sens.<br />
- Mais c’est vous qui l’avez dit.<br />
- Non, j’ai dicté : « Il alla dans le champ. Point ».<br />
Solutions
page 42<br />
TRiBU <strong>12</strong> JUNIOR<br />
QUIZ TESTEZ VOS CONNAISSANCES<br />
CES MOTS DU DICTIONNAIRE QUI VIENNENT DE L’HÉBREU<br />
Lorsque tu consultes un dictionnaire de la langue française, notamment pour rédiger tes devoirs, tu remarques qu’il y a<br />
presque toujours, entre parenthèses, l’origine des mots. La plupart des mots français viennent du grec et du latin. Ainsi, Synagogue<br />
et Azyme viennent du grec, Tabernacle et Hébreu du latin. Certains viennent de l’arabe, du persan, de l’espagnol et de<br />
bien d’autres langues. Certains, aussi, beaucoup moins nombreux, viennent de l’hébreu. Si des mots comme Amen, Cabale,<br />
Casher, Kibboutz, Kippa, Kippour, Sabra, Schofar, ou Tallith tombent, pour un je<strong>une</strong> Juif, sous le sens, d’autres sont plus difficiles<br />
à cerner. Voici douze mots issus de Petit Larousse Illustré présentés comme d’origine hébraïque. Quel est leur sens ? À<br />
toi de le dire en choisissant parmi les options proposées :<br />
Question 1 :<br />
CAPHARNAÜM<br />
A : Poisson des mers chaudes B : Endroit très encombré et en désordre C : Exploit sportif<br />
Question 2 :<br />
ÉBIONITE<br />
A : Membre d’<strong>une</strong> secte chrétienne B : Pierre magnétique C : Plante à fleurs violettes<br />
Question 3 :<br />
ÉPHOD<br />
A : Crème solaire B : Monnaie ancienne C : Large ceinture portée par les prêtres hébreux<br />
Question 4 :<br />
GOLEM<br />
A : Automate à forme humaine B : Pays lointain C : Maladie de la peau<br />
Question 5 :<br />
HOSANNA<br />
A : Cri de joie B : Fête juive C : Sorte d’écureuil<br />
Question 6 :<br />
JUBILÉ<br />
A : Rire moqueur B : Fruit exotique C : Année privilégiée qui revient tous les cinquante ans<br />
Question 7 :<br />
JUDAS<br />
A : Système optique B : Vêtement de sport C : Boisson alcoolisée<br />
Question 8 :<br />
LÉVITE<br />
A : Membre de la tribu des Lévi chargé du service du Temple B : Prestidigitateur spécialisé dans la haute voltige<br />
C : Ambassadeur<br />
Question 9 :<br />
MÉNORA<br />
A : Chandelier à neuf branches B : Chandelier à sept branches C : Maladie féminine<br />
Question 10 :<br />
MOÏSE<br />
A : Chef de tribu B : Malchance tenace C : Berceau en osier<br />
Question 11 :<br />
SÉRAPHIN<br />
A : Sorte de cabri B : Ange C : Cigarette légère<br />
Question <strong>12</strong> :<br />
SICLE<br />
A : Période de temps B : <strong>Un</strong>ité de mesure C : L<strong>une</strong>tte<br />
41
TRIBU <strong>12</strong> JUNIOR Librairie<br />
42<br />
LIVRES<br />
SAMMY SPIDER / UNE ARAIGNÉE CHEZ LES JUIFS (*)<br />
Comme promis dans le dernier numéro de <strong>Tribu</strong> <strong>12</strong>, je vais vous parler aujourd’hui de trois « aventures » de<br />
Sammy Spider, l’araignée qui vit dans <strong>une</strong> famille juive, la famille Chapiro et qui, dès lors, s’intéresse aux<br />
fêtes aux coutumes juives. Dans Le premier Chabbat de Sammy Spider (Les moments de la journée), nous<br />
voyons Sammy découvrir comment madame Chapiro prépare avec amour <strong>une</strong> belle table pour célébrer<br />
le Chabbat pendant que monsieur Chapiro s’empresse de finir ses courses et que Simon pose sur la table<br />
la bouteille de vin et la coupe de kiddouch. « Ah, soupire Sammy, moi aussi, j’aimerai fêter Chabbat, dire<br />
autour de moi Chabbat Chalom et aller à la synagogue ! ». Et voilà que, sans le vouloir, il fait un trou dans la<br />
toile d’araignée. « Pas, grave, je vais le réparer », dit Sammy. Mais sa maman l’en dissuade : « C’est Chabbat,<br />
jour de repos, tu répareras plus tard ce trou ».<br />
Avec Le premier Roch Hachana de Sammy Spider (Les tailles), notre héros s’étonne de voir que les Chapiro<br />
reçoivent beaucoup de courrier ces temps-ci. « C’est bientôt Roch Hachana, lui explique sa mère et parents<br />
et amis s’envoient des vœux en se souhaitant « Chana Tova » ». Et nous, se demande Sammy, recevrons-nous<br />
aussi des cartes ? « Gros bêta, lui répond sa maman, les araignées ne fêtent pas Roch Hachana, les araignées<br />
tissent des toiles ». Ah que c’est dur d’être <strong>une</strong> araignée. Comme ce serait bien de confectionner, nous aussi,<br />
de belles hallote et de se régaler avec des pommes trempées dans du miel. Sammy aimerait tellement aussi<br />
entendre le son du choffar.<br />
Dans Le premier Souccot de Sammy Spider (Les directions), voici venu le moment de construire <strong>une</strong> belle<br />
cabane joliment décorée par Monsieur et Madame Chapiro et leur fils, Simon. Ah comme Sammy l’araignée<br />
aurait aimé être un petit enfant juif pour participer à la construction ! Mais Sammy et sa maman passeront<br />
quand même <strong>une</strong> nuit sous la soucca, célébrant, à leur manière, la fête de Souccot.<br />
J’ajoute que dans chaque volume, <strong>une</strong> page, destinée aux plus grands et aux parents, explique en détail la<br />
fête ou l’événement concerné<br />
C’est vraiment super<br />
Noémie Wagman<br />
(*) <strong>Un</strong> ensemble de onze livres pour la je<strong>une</strong>sse. Textes de Sylvia A. Rouss.<br />
Dessins de Katherine Janus Kahn. Éditions Yodéa. 2009. Chaque volume 32 pages couleurs. 8,50 €.<br />
Publié avec le soutien de la Fondation Rothschild-Institut Alain de Rothschild.<br />
Solutions des jeux<br />
Les Devinettes<br />
1) C’est le retour du jet d’ail!<br />
(Le retour du Jedi)<br />
2) des haltères<br />
(parce qu’un verre d’eau désaltère)<br />
Des animaux en salade<br />
GIRAFEAU (C’est le petit de la girafe),<br />
ALOUETTE,<br />
RHINOCEROS,<br />
HIPPOPOTAME<br />
Pages réalisées par Noémie Wagman<br />
Énigmes<br />
Q. 1 : <strong>Un</strong> coq ne pond pas d’oeuf<br />
Q.2 Il suffit de verser trois fois le<br />
verre de 50 cl dans le plus pichet.<br />
La troisième fois, il reste 40 cl d’eau<br />
dans le verre Q.3 Sur un parcours<br />
de 160 km, la première moitié est<br />
parcourue en 1h et la 2ème en 4h<br />
soit 5h pour 160 km .La moyenne est<br />
donc de 32 km/h.Q.4 : Il faut mettre<br />
un C car un, deux, trois, quatre, cinq,<br />
six, sept, huit, neuf !!!!! Q.5 : L’opération<br />
est 8 + 6 / 2 =11<br />
Solutions du Quiz<br />
Les bonnes réponses sont : 1 : B ; 2 : A ;<br />
3 : C ; 4 : A ; 5 : A ; 6 : C ; 7 : A ; 8 : A ; 9 :<br />
B ; 10 : C ; 11 : B ; <strong>12</strong> : B<br />
Compte tes réponses exactes. Pour chaque<br />
bonne réponse, tu marques 1 point. Additionne.<br />
De 0 à 4 points : Ce n’est pas brillant. Tu n’as<br />
pas du bien comprendre les questions. Ce n’est<br />
pas grave. Mais il faudra désormais être plus<br />
attentif aux enseignements de ton professeur<br />
au talmud. De 5 à 8 points. Pas mal. Comme<br />
on dit : «Peut mieux faire». De 9 à 11 points :<br />
Bravo. Très bonne connaissance du sujet. <strong>12</strong><br />
points : Es-tu sûr de ne pas avoir jeté un œil sur<br />
les solutions avant de répondre ? Non ? Tu as<br />
vraiment tout bon ! <strong>Un</strong> très grand bravo. Tu es<br />
un champion !
DEVENEZ MEMBRE DE L’AE <strong>12</strong><br />
REMPLISSEZ LE FORMULAIRE ET ADRESSEZ-LE AVEC UN<br />
CHÈQUE DE 20€ À :<br />
AE <strong>12</strong><br />
8, rue de Madagascar<br />
750<strong>12</strong> PARIS<br />
Tél. : 01 43 41 48 01<br />
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