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Bilan 2022 de l'assurance

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Sommaire<br />

PP. 4-5<br />

POINT DE VUE<br />

Tribune <strong>de</strong> Franck Le Vallois<br />

PP. 6-15<br />

RÈGLEMENTATION<br />

Rétro<br />

Une année <strong>de</strong> réglementation<br />

L’assurance, gran<strong>de</strong> absente <strong>de</strong> la<br />

prési<strong>de</strong>ntielle<br />

Tribune <strong>de</strong> Martin Landais<br />

PP. 17-23<br />

DOMMAGES<br />

Tarifs 2023, les assureurs l’ont dans<br />

la hausse<br />

Risque sécheresse, les assureurs à sec<br />

Tribune <strong>de</strong> Nicolas Gomart<br />

PP. 24-35<br />

ASSURANCE VIE<br />

FRPS, un régime <strong>de</strong> faveur largement<br />

adopté<br />

Tous les ren<strong>de</strong>ments dévoilés en <strong>2022</strong><br />

Tribune <strong>de</strong> Tanguy Polet<br />

PP. 36-43<br />

ASSURANCE DE<br />

PERSONNES<br />

Loi Lemoine, une bonne et une<br />

mauvaise nouvelle<br />

PSC <strong>de</strong>s fonctionnaires, le chantier<br />

interne est lancé<br />

Tribune <strong>de</strong> Fabrice Heyriès et<br />

Matthias Savignac<br />

PP. 44-49<br />

GRANDS RISQUES<br />

Guerre en Ukraine, sans conséquence<br />

ou presque<br />

Tribune <strong>de</strong> Vinicio Cellerini<br />

PP. 50-57<br />

INNOVATION<br />

Les coups <strong>de</strong> coeur innovation <strong>de</strong> la<br />

rédaction<br />

Insurtech, après la tempête... le calme<br />

PP. 57-63<br />

BONUS/MALUS<br />

Les nominations marquantes <strong>de</strong> l’année<br />

<strong>2022</strong><br />

News Assurances Pro est un magazine édité par Seroni Interactive - 11 passage Saint-Pierre Amelot 75011 PARIS, 508488905 RCS P Paris /// Adresse <strong>de</strong> la<br />

rédaction : Seroni Interactive - 11 passage Saint-Pierre Amelot 75011 PARIS / Tél : 01 45 88 98 94 / contact@news-assurances.com /// Directeur <strong>de</strong> la publication :<br />

Sébastien Jakobowski / sjakobowski@seroni.fr /// Rédacteur en chef : Florian Delambily /// Rédactrice en chef adjointe : Mariona Vivar /// Ont contribué à ce<br />

numéro : Thierry Gouby, Katerina Stergiou et Séverine Charon /// Partenariats et communication : Directeur : Sébastien Jakobowski / sjakobowski@seroni.fr ///<br />

Imprimé par : 3ma Group - 9 rue Manfred Behr - 68250 Rouffach /// Dépôt légal : à parution /// ISSN : 2119-4440/numéro <strong>de</strong> déclaration : 10000000043815 ///<br />

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4<br />

4WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

TRIBUNE SPÉCIALE BILAN DE L’ANNÉE<br />

« Montée <strong>de</strong>s risques<br />

inflationnistes et climatiques :<br />

Nous sommes tous concernés »<br />

« Face à la montée <strong>de</strong>s risques, les assureurs jouent évi<strong>de</strong>mment un rôle tout<br />

particulier car en tant que ‘‘preneurs <strong>de</strong> risque’’,<br />

leur expérience en la matière est indéniable »<br />

Le 24 février <strong>de</strong>rnier, nous avons tous<br />

compris que l’année <strong>2022</strong> ne serait pas<br />

comme les autres. Le retour <strong>de</strong> la guerre<br />

sur le continent européen a en effet mis<br />

en lumière la concomitance et l’interdépendance<br />

<strong>de</strong> plusieurs risques très différents, jusqu’ici<br />

largement sous-estimés : les risques inflationnistes<br />

et climatiques ainsi que leurs conséquences à<br />

la fois économiques, politiques, et sociales. La<br />

montée en puissance synchrone <strong>de</strong> ces risques<br />

fait naître <strong>de</strong> nouveaux défis pour nos sociétés.<br />

L’année 2021 <strong>de</strong>vait pourtant être celle du retour<br />

à la normale : l’économie française était en voie<br />

<strong>de</strong> rémission après la crise sanitaire et l’inflation<br />

plafonnait à +1,6% sur l’ensemble <strong>de</strong> l’année. Mais<br />

l’envolée du prix du l’énergie <strong>de</strong> +24% en <strong>2022</strong> par<br />

rapport à 2021 a affecté les particuliers comme les<br />

entreprises qui voient leurs coûts <strong>de</strong> production, liés au<br />

renchérissement <strong>de</strong>s consommations intermédiaires<br />

et à l’inflation salariale, s’envoler <strong>de</strong> +13%.<br />

Par conséquent, l’inflation a atteint +5,3%<br />

en <strong>2022</strong> et fait reculer le pouvoir d’achat <strong>de</strong>s<br />

Français <strong>de</strong> 0,3%, une première <strong>de</strong>puis 2013.<br />

Les capacités <strong>de</strong> production <strong>de</strong>s entreprises<br />

s’en trouvent pénalisées tandis que les déficits<br />

jumeaux, budgétaire et commercial, s’accroissent.<br />

Le secteur <strong>de</strong> l’assurance n’échappe pas à la tendance<br />

générale. En effet, les coûts <strong>de</strong> réparation explosent<br />

du fait <strong>de</strong> cette inflation. Les assureurs font donc<br />

face à une hausse du coût <strong>de</strong>s sinistres <strong>de</strong> près <strong>de</strong><br />

10 % en assurance automobile et la situation n’est<br />

pas meilleure en assurance habitation. En plein<br />

cœur <strong>de</strong> l’été, le Gouvernement a réagi en adoptant<br />

un bouclier tarifaire pour le gaz et l’électricité,<br />

<strong>de</strong>stiné à protéger le pouvoir d’achat <strong>de</strong>s Français.<br />

Durant ce même été, les orages <strong>de</strong> grêle et les<br />

nombreux incendies qui ont frappé le territoire<br />

national ont rappelé aux Français l’urgence <strong>de</strong> la<br />

crise climatique. De ce point <strong>de</strong> vue, l’année <strong>2022</strong> a<br />

été exceptionnelle : plus <strong>de</strong> 1,4 million <strong>de</strong> sinistres<br />

climatiques déclarés à la fin <strong>de</strong> l’été pour un coût<br />

estimé à 5,2 milliards d’euros à fin août. Ce coût,


TRIBUNE MERCREDI 4 SPÉCIALE FÉVRIER 2015BILAN DE L’ANNÉE WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 5<br />

cumulé avec celui d’un épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong> sècheresse<br />

extrême (estimé entre 2,0 et 2,8 milliards d’euros à fin<br />

novembre) fait déjà <strong>de</strong> <strong>2022</strong> l’année la plus coûteuse<br />

en matière d’aléas naturels pour les assureurs<br />

<strong>de</strong>puis 1999 et les tempêtes Lothar et Martin.<br />

Nous constatons une hausse à la fois <strong>de</strong> l’intensité<br />

et <strong>de</strong> la fréquence <strong>de</strong>s sinistres climatiques, qui<br />

affectent désormais l’ensemble du territoire national.<br />

La concomitance <strong>de</strong> ces sinistres <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> ampleur<br />

en <strong>2022</strong> aura confirmé ce que l’on savait pourtant<br />

déjà : le défi <strong>de</strong> la transition écologique est immense.<br />

Face à la montée <strong>de</strong>s risques, les assureurs<br />

jouent évi<strong>de</strong>mment un rôle tout particulier<br />

car en tant que « preneurs <strong>de</strong> risque », leur<br />

expérience en la matière est indéniable.<br />

Les défis que nous <strong>de</strong>vons relever sont <strong>de</strong> plusieurs<br />

ordres : le défi <strong>de</strong> la prévention, pour adapter les<br />

usages et préserver les habitations, le défi <strong>de</strong><br />

la réparation <strong>de</strong>s sinistres dans une économie<br />

marquée par l’inflation, le défi du financement<br />

pour trouver <strong>de</strong>s solutions innovantes afin<br />

d’accompagner la transition écologique <strong>de</strong> la société.<br />

Face au dérèglement climatique, les assureurs ont<br />

également un rôle clé à jouer dans la diffusion d’une<br />

culture du risque. Connaître son environnement,<br />

apprendre les bons gestes et se tenir prêt à réagir<br />

si un risque se réalise : autant <strong>de</strong> domaines dont<br />

les assureurs sont <strong>de</strong>s experts incontestés.<br />

Le secteur <strong>de</strong> l’assurance est soli<strong>de</strong>. Il l’a<br />

démontré en traversant nombre <strong>de</strong> crises. Les<br />

Français peuvent compter sur la profession<br />

pour être à leurs côtés et les ai<strong>de</strong>r à se protéger<br />

face à une accumulation <strong>de</strong> crises structurelles.<br />

Les assureurs détiennent donc une partie <strong>de</strong>s<br />

solutions pour répondre aux problématiques <strong>de</strong><br />

notre temps. Il serait pourtant illusoire <strong>de</strong> penser<br />

que l’assurance peut tout, toute seule. Les crises<br />

que nous traversons, par leur ampleur et leur<br />

développement, appellent <strong>de</strong>s réponses multiples<br />

et coordonnées <strong>de</strong> tous les acteurs : les assureurs,<br />

les réassureurs, les intermédiaires d’assurance, les<br />

entreprises, les citoyens et les pouvoirs publics.<br />

C’est ensemble et solidaires que nous pourrons<br />

travailler efficacement en 2023 à relever les défis<br />

que font naître l’interdépendance et la synchronicité<br />

<strong>de</strong> ces risques et permettre ainsi à chacun <strong>de</strong><br />

continuer à être bien assuré et à la société d’avancer<br />

en confiance.<br />

BIO<br />

Franck<br />

Le Vallois<br />

Directeur général <strong>de</strong> France Assureurs<br />

Âge : 49 ans<br />

Formation : Ensae Paris, Polytechnique, Institut <strong>de</strong>s actuaires<br />

Parcours : Franck Le Vallois débute sa carrière en 1999 en tant<br />

qu’inspecteur <strong>de</strong>s finances avant <strong>de</strong> rejoindre l’ACPR comme<br />

commissaire contrôleur <strong>de</strong>s assurances. Nommé en 2004 à<br />

la tête <strong>de</strong>s Assurances fédérales IARD, il prend la direction<br />

financière adjointe <strong>de</strong>s AGF (<strong>de</strong>venus Allianz France) <strong>de</strong>ux<br />

ans plus tard. En 2010, il rejoint la direction <strong>de</strong> l’in<strong>de</strong>mnisation<br />

service client <strong>de</strong> l’assureur avant <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir en 2016 membre<br />

du comex d’Allianz France en charge <strong>de</strong> la distribution. Depuis<br />

2020, il est directeur général <strong>de</strong> France Assureurs.


RÉTRO<br />

Une année <strong>de</strong> réglementation<br />

pour le secteur<br />

P.7<br />

FOCUS<br />

Justice, l’assurance dans les<br />

prétoirs<br />

P.12<br />

TRIBUNE<br />

Martin Landais prend la<br />

plume<br />

P.14


BILAN DE LA RÉGLEMENTATION<br />

WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

7<br />

Une année <strong>de</strong> règlementation<br />

Une fois encore, l’exercice <strong>2022</strong> n’aura<br />

pas été avare en règlements, projets<br />

<strong>de</strong> lois, décrets et autres arrêtés visant<br />

le secteur <strong>de</strong> l’assurance. Retour sur<br />

les principales législations qui ont<br />

jalonné l’année écoulée.<br />

Par Florian Delambily<br />

Janvier : Le premier bébé <strong>de</strong> l’année<br />

Il aura fallu attendre 9 mois et 10 jours<br />

pour que le ministère <strong>de</strong> l’Économie,<br />

<strong>de</strong>s Finances et <strong>de</strong> la Relance accouche<br />

du décret encadrant le démarchage<br />

téléphonique en assurance. Le texte<br />

publié au Journal officiel du 18 janvier<br />

vient ainsi préciser « l’article unique I<br />

<strong>de</strong> l’article unique <strong>de</strong> la loi n° 2021-402<br />

du 8 avril 2021 relative à la réforme du<br />

courtage <strong>de</strong> l’assurance et du courtage<br />

en opérations <strong>de</strong> banque et en services<br />

<strong>de</strong> paiement ».<br />

Parmi les éléments attendus figure<br />

l’encadrement <strong>de</strong>s enregistrements. Les<br />

conversations <strong>de</strong>vront être conservées<br />

durant <strong>de</strong>ux années à compter <strong>de</strong> la<br />

signature du contrat, sauf <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

expresse contraire <strong>de</strong>s personnes<br />

démarchées. Ce décret définit par<br />

ailleurs la notion <strong>de</strong> contrat en cours<br />

permettant d’esquiver les contraintes<br />

réglementaires afférentes aux appels<br />

à froid. Cette définition englobe tout<br />

contrat d’assurance en vigueur à la date<br />

<strong>de</strong> la prospection téléphonique. Enfin,<br />

le texte précise les quatre situations<br />

<strong>de</strong> non-consentement au démarchage.<br />

Mars : Le nouvel ordre Lemoine<br />

Le mois <strong>de</strong> mars est riche sur le<br />

plan <strong>de</strong> la réglementation. Et il<br />

commence avec la promulgation d’une<br />

loi particulièrement attendue. Celle<br />

portée par la députée Patricia Lemoine<br />

entérinant la<br />

PUB<br />

résiliation à tout moment<br />

en assurance emprunteur. Dès le 1 er<br />

juin, toutes les dispositions <strong>de</strong> la loi<br />

entrent en vigueur. À l’exception <strong>de</strong> la<br />

résiliation pour les contrats en cours<br />

dont la mise en œuvre intervient le 1 er<br />

septembre.<br />

Mais l’issue <strong>de</strong> cette bataille juridique<br />

vieille <strong>de</strong> 12 ans laisse un goût amer<br />

aux acteurs alternatifs. Dans la <strong>de</strong>rnière<br />

ligne droit <strong>de</strong>s débats au Parlement, la<br />

commission mixte paritaire a ajouté la<br />

suppression du questionnaire <strong>de</strong> santé<br />

pour les assurés dont l’échéance du<br />

crédit arrive avant 60 ans et sous les<br />

200 000 euros empruntés.<br />

Mars : Le champ <strong>de</strong>s possibles<br />

Dès le len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la loi Lemoine,<br />

une autre réglementation structurante<br />

est promulguée. Celle <strong>de</strong> l’assurance<br />

agricole. Son ambition est claire. Créer<br />

un système universel d’assurance à<br />

trois étages. Le premier étage sous<br />

forme d’auto-assurance. Une sorte <strong>de</strong><br />

franchise. Vient ensuite la constitution<br />

d’un « groupement […] auquel les<br />

entreprises d’assurance souhaitant<br />

commercialiser <strong>de</strong>s produits d’assurance<br />

contre les risques climatiques en<br />

agriculture […] doivent adhérer ». Il<br />

s’agit-là d’un pool d’assureurs privés.<br />

Enfin, un troisième niveau mobilisant<br />

la solidarité nationale, avec <strong>de</strong>s fonds<br />

publics.<br />

Mais la loi qui est entrée en vigueur<br />

le 1 er janvier <strong>de</strong>rnier a rencontré un<br />

contretemps <strong>de</strong> taille. La mise en<br />

place du guichet unique – constitué<br />

<strong>de</strong>s assureurs parties prenantes au<br />

dispositif – n’est pas prêt (voir page<br />

47). En attendant, c’est l’État qui gérera<br />

l’in<strong>de</strong>mnisation <strong>de</strong> solidarité nationale<br />

pour les cultures non assurées. La loi<br />

prévoit par ailleurs que l’État prenne en<br />

charge 70% <strong>de</strong> la prime d’assurance.<br />

Mars : Sept d’un coup<br />

Reçues 7/7. Les sept associations<br />

candidates à l’autorégulation ont<br />

toutes obtenu leur agrément <strong>de</strong> la<br />

part <strong>de</strong> l’ACPR pour <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s<br />

structures représentatives <strong>de</strong> courtiers<br />

d’assurance ou <strong>de</strong> réassurance et <strong>de</strong><br />

leurs mandataires. La liste a été publiée<br />

le 23 mars. Soit à peine plus d’une<br />

semaine avant l’entrée en vigueur<br />

<strong>de</strong> la réforme. Car <strong>de</strong>puis le 1 er avril<br />

<strong>2022</strong>, tous les nouveaux courtiers<br />

inscrits à l’Orias <strong>de</strong>vaient rejoindre une<br />

association professionnelle agréée pour<br />

obtenir leur immatriculation. Pour les<br />

renouvellements, l’entrée en vigueur<br />

est au 1 er avril 2023.<br />

Les sept associations agréées sont<br />

CNCEF Assurance, Endya, Anacofi<br />

Courtage, VotrAsso, la CNCGP, l’Afib


8 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN DE LA RÉGLEMENTATION<br />

et la Compagnie IAS. Elles connaîtront<br />

quelques sueurs froi<strong>de</strong>s tout au long <strong>de</strong><br />

l’année en raison <strong>de</strong> nouveaux épiso<strong>de</strong>s<br />

à rebondissements dans les mois qui<br />

suivirent (voir page 11).<br />

Avril : TVA bien<br />

Le texte est court, mais ô combien<br />

crucial. Au mois d’avril, l’administration<br />

fiscale publie un billet au Bofipimpôts.<br />

Ce <strong>de</strong>rnier prolonge jusqu’au<br />

31 décembre <strong>2022</strong>, l’exonération<br />

<strong>de</strong> TVA pour les prestations <strong>de</strong><br />

services effectuées par les courtiers<br />

et intermédiaires d’assurance et <strong>de</strong><br />

réassurance.<br />

Août : Clic, clic, clic<br />

Cet été <strong>2022</strong> est particulièrement<br />

chaud et les incendies se multiplient<br />

aux quatre coins <strong>de</strong> l’Hexagone.<br />

Mais parmi les dossiers brûlants du<br />

gouvernement figure également celui du<br />

pouvoir d’achat miné par une inflation<br />

rampante. Le 19 août une vaste loi sur<br />

le sujet est promulguée. Si l’assurance<br />

<strong>de</strong>meure relativement épargnée,<br />

quelques dispositions la concernent<br />

toutefois. En premier lieu la résiliation<br />

en trois clics. Concrètement, lorsqu’un<br />

contrat « couvrant les personnes<br />

physiques en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> leurs activités<br />

professionnelles a été conclu par voie<br />

électronique, […] la résiliation est rendue<br />

possible selon cette même modalité »,<br />

signale la loi.<br />

Elle prolonge par ailleurs le délai <strong>de</strong><br />

rétractation en assurance affinitaire<br />

<strong>de</strong> 14 à 30 jours à compter du premier<br />

paiement <strong>de</strong> tout ou partie <strong>de</strong> la prime.<br />

Octobre : Les Sages tranchent<br />

C’est peu dire que la fumée blanche était<br />

particulièrement attendue. Saisi d’une<br />

question prioritaire <strong>de</strong> constitutionnalité<br />

(QPC) par le Conseil d’Etat, le Conseil<br />

constitutionnel a rendu une décision<br />

cruciale le 21 octobre. En jeu, la réforme<br />

du courtage imposant aux intermédiaires<br />

(hors agents généraux), d’adhérer à<br />

une association professionnelle pour<br />

exercer leur activité.<br />

Une réforme contestée par l’Association<br />

nationale <strong>de</strong>s conseils diplômés en<br />

gestion <strong>de</strong> patrimoine (ANCDGP).<br />

Mais finalement, les Sages <strong>de</strong> la<br />

rue Montpensier ont jugé la réforme<br />

conforme à la Constitution.<br />

Décembre : Ça casse pour Axa<br />

Autre juridiction, celle <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong><br />

cassation. Autre sujet sensible : celui<br />

<strong>de</strong>s pertes d’exploitation. La plus haute<br />

juridiction française se prononçait<br />

sur trois décisions <strong>de</strong> la Cour d’appel<br />

d’Aix-en-Provence. En jeu, la clause<br />

d’exclusion prévue par le contrat<br />

d’assurance multirisque professionnelle<br />

est mise en jeu par la compagnie dans<br />

le cadre <strong>de</strong> la pandémie. Les juges <strong>de</strong><br />

la Cour <strong>de</strong> cassation ont estimé vali<strong>de</strong><br />

cette clause sur laquelle s’appuyait Axa<br />

pour ne pas in<strong>de</strong>mniser leurs pertes<br />

d’exploitation dues aux fermetures<br />

administratives ordonnées en raison<br />

<strong>de</strong> l’épidémie <strong>de</strong> Covid-19. Il s’agit-là<br />

<strong>de</strong> la première décision <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong><br />

cassation. Une cinquantaine d’autres<br />

pourvois <strong>de</strong>meurent en attente. « Un<br />

revers <strong>de</strong> jurispru<strong>de</strong>nce inattendu, qui<br />

ne s’inscrit pas dans la droite ligne <strong>de</strong><br />

la jurispru<strong>de</strong>nce traditionnelle <strong>de</strong> la 2 e<br />

chambre civile <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong> cassation<br />

qui a régulièrement tendance ces<br />

<strong>de</strong>rnières années à invali<strong>de</strong>r les clauses<br />

d’exclusions <strong>de</strong>s polices d’assurances<br />

lorsqu’elles manquent <strong>de</strong> clarté »,<br />

déplore Guillaume Aksil, avocat <strong>de</strong><br />

plus <strong>de</strong> 400 restaurateurs.<br />

Décembre : Lopmi ten<strong>de</strong>r<br />

À l’occasion d’une ultime commission<br />

mixte paritaire, députés et sénateurs se<br />

mettent d’accord sur la Loi d’orientation<br />

et <strong>de</strong> programmation du ministère <strong>de</strong><br />

l’Intérieur (Lopmi). Et notamment sur<br />

son article 4 qui consacre la couverture<br />

du paiement <strong>de</strong>s rançons en cas <strong>de</strong><br />

cyber-attaque. Il permet en effet, « le<br />

versement d’une somme en application<br />

<strong>de</strong> la clause d’un contrat d’assurance<br />

visant à in<strong>de</strong>mniser un assuré <strong>de</strong>s pertes<br />

et dommages causés par une atteinte à<br />

un système <strong>de</strong> traitement automatisé ».<br />

Pour faire jouer sa clause, l’assuré<br />

<strong>de</strong>vra toutefois porter plainte dans les<br />

72h après avoir eu connaissance <strong>de</strong><br />

l’attaque. Le paiement <strong>de</strong>s rançons ne<br />

concerne que les personnes morales et<br />

physiques dans le cadre <strong>de</strong> leur activité<br />

professionnelle.<br />

Décembre : Les captives libérées<br />

Après un ren<strong>de</strong>z-vous manqué en 2021,<br />

le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’assurance s’attendait à<br />

ce que le sujet <strong>de</strong> captives déboule<br />

en <strong>2022</strong> dans le cadre du projet <strong>de</strong><br />

loi <strong>de</strong> finances. Un amen<strong>de</strong>ment<br />

déposé par le gouvernement, puis retiré<br />

dans la foulée laissait toutefois les<br />

observateurs dubitatifs. Jusqu’à une<br />

sortie <strong>de</strong> Bruno le Maire, ministre <strong>de</strong><br />

l’Économie assurant que les captives<br />

ne figureraient pas au budget 2023.<br />

Pourtant un amen<strong>de</strong>ment du Sénat et 5<br />

recours au 49.3 plus tard, le dispositif<br />

existe bel et bien dans le texte final<br />

porté par le gouvernement. Mais, là<br />

encore, le diable se cache dans les<br />

détails. Certes, le PLF acte la possibilité<br />

<strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s captives <strong>de</strong> réassurance<br />

à la française. Mais le dispositif <strong>de</strong><br />

provisionnement est revu à la baisse.<br />

Les dotations annuelles pour constituer<br />

ces provisions sont ainsi plafonnées à<br />

un tiers du résultat technique annuel.<br />

Les prochaines semaines avant la<br />

publication du décret venant préciser les<br />

modalités <strong>de</strong> calcul promettent d’être<br />

houleuses. D’un côté, certains, à l’instar<br />

<strong>de</strong> France Assureurs, font valoir une<br />

potentielle distorsion <strong>de</strong> concurrence<br />

entre les captives et les assureurs<br />

classiques. D’autres souhaiteraient<br />

faire sauter le verrou <strong>de</strong> 33% pour le<br />

porter à 90%. Et faire <strong>de</strong> Paris une place<br />

financière attractive pour les gran<strong>de</strong>s<br />

entreprises qui jusque-là se tournaient<br />

vers le Luxembourg ou l’Irlan<strong>de</strong>.<br />

Et en 2023 ?<br />

En 2023, on ne risque pas <strong>de</strong> s’ennuyer.<br />

Le programme réglementaire s’annonce<br />

une nouvelle fois chargé. Au menu,<br />

<strong>de</strong>s discussions sur la révision <strong>de</strong><br />

DDA avec en ligne <strong>de</strong> mire une cor<strong>de</strong><br />

particulièrement sensible : celle <strong>de</strong> la<br />

rémunération. En France, l’ACPR semble<br />

avoir plusieurs recommandations<br />

sous le cou<strong>de</strong>. Notamment sur la<br />

transparence <strong>de</strong>s frais en assurance<br />

vie (voir page 26).<br />

Il se murmure par ailleurs que le<br />

courtage grossiste s’invite dans les<br />

discussions à la machine à café à Bercy.<br />

Une réforme pour mieux encadrer cet<br />

Ovni dans le paysage <strong>de</strong> la distribution<br />

serait dans les tuyaux.<br />

En santé, le ministre François Braun a<br />

installé un nouveau comité <strong>de</strong> dialogue<br />

avec les ocam, le CDOC. Que sortirat-il<br />

<strong>de</strong> ce nouveau lieu d’échanges ?<br />

Réponse en 2023. Peut-être...


10 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN DE LA RÉGLEMENTATION<br />

L’assurance absente <strong>de</strong> la prési<strong>de</strong>ntielle<br />

Les douze candidats à l’élection prési<strong>de</strong>ntielle <strong>de</strong> <strong>2022</strong> : Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou, Jean Lassalle, Fabien Roussel, Nathalie Arthaud, Yannick Jadot,<br />

Emmanuel Macron, Anne Hidalgo, Valérie Pécresse, Nicolas Dupont-Aignan, Eric Zemmour et Marine Le Pen (<strong>de</strong> gauche à droite).<br />

L’année <strong>2022</strong> fut évi<strong>de</strong>mment marquée<br />

par les élections prési<strong>de</strong>ntielles et<br />

législatives. Deux séquences durant<br />

lesquelles les problématiques<br />

d’assurance ont peiné à exister.<br />

Par Florian Delambily<br />

Drôle <strong>de</strong> campagne que la<br />

prési<strong>de</strong>ntielle <strong>de</strong> <strong>2022</strong>. En<br />

premier lieu parce qu’une guerre<br />

s’est déclarée aux portes <strong>de</strong> l’Europe<br />

à quelques semaines du premier tour.<br />

Ensuite parce que le prési<strong>de</strong>nt sortant<br />

est entré très tard dans la mêlée,<br />

laissant le débat à ses adversaires.<br />

Mais surtout, il ressort <strong>de</strong> cette<br />

séquence politique un manque cruel<br />

d’intérêt pour le secteur <strong>de</strong> l’assurance.<br />

Pourtant, il pèse plus <strong>de</strong> 320 milliards<br />

d’euros <strong>de</strong> chiffre d’affaires, soit<br />

presque 13% du PIB français. Mais<br />

les propositions <strong>de</strong>s candidats se<br />

compteraient presque sur les doigts<br />

d’une main. Alors qu’ils étaient 12 sur<br />

la ligne <strong>de</strong> départ.<br />

Exit le débat sur la Gran<strong>de</strong> Sécu. Il<br />

avait pourtant agité le lan<strong>de</strong>rneau<br />

pendant <strong>de</strong>s mois à la rentrée <strong>de</strong><br />

septembre 2021. La mesure figure<br />

bien au programme <strong>de</strong> Jean-Luc<br />

Mélenchon, Philippe Poutou ou encore<br />

Fabien Roussel. Mais le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />

la République sortant dont l’ancien<br />

ministre <strong>de</strong> la Santé, Olivier Véran<br />

s’était mué en pourfen<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s<br />

complémentaires à mis un terme<br />

au débat. « Sur la Gran<strong>de</strong> Sécurité<br />

sociale, ma réponse c’est non », lançait<br />

Emmanuel Macron le 18 mars lors <strong>de</strong><br />

la présentation <strong>de</strong> son programme.<br />

Les Fédé ont bien tenté d’exister<br />

Les fédérations se sont pourtant<br />

escrimées à exister dans le débat.<br />

France Assureurs lançait sa plateforme<br />

<strong>de</strong> propositions et multipliait les livres<br />

blancs. Planète CSCA y allait également<br />

<strong>de</strong> ses propositions via son think<br />

tank Intermédius. Enfin la Mutualité<br />

française renouvelait son grand oral<br />

inauguré lors <strong>de</strong> la prési<strong>de</strong>ntielle 2017.<br />

Mais seuls quatre candidats faisaient<br />

le déplacement...<br />

Après <strong>de</strong>ux années <strong>de</strong> pandémie,<br />

tout portait toutefois à croire que les<br />

questions <strong>de</strong> santé cannibaliseraient<br />

le débat. Ce fut le cas. Mais sur<br />

l’hôpital, bien loin <strong>de</strong>s prérogatives<br />

<strong>de</strong>s organismes complémentaires.<br />

Puis, dans la <strong>de</strong>rnière ligne droite, les<br />

discussions entre les prétendants au<br />

bouton nucléaire se sont cristallisées<br />

sur la retraite. Et plus particulièrement<br />

sur l’âge <strong>de</strong> départ.<br />

Fin du groupe d’étu<strong>de</strong>s<br />

Les élections législatives n’ont pas,<br />

non plus, permis <strong>de</strong> faire émerger<br />

les sujets assurantiels. Ce ne fut<br />

qu’une succession <strong>de</strong> débats autour<br />

d’ambitions personnelles ou <strong>de</strong> survie<br />

selon les groupes politiques. Pour un<br />

résultat inédit. Le parti prési<strong>de</strong>ntiel<br />

perd la majorité absolue. L’extrême<br />

droite fait une percée historique. La<br />

gauche tente un rassemblement sous<br />

une bannière commune baptisée la<br />

Nupes.<br />

Pire, l’assurance finira par perdre<br />

son groupe d’étu<strong>de</strong>s à l’Assemblée<br />

nationale à la faveur d’une réduction<br />

drastique <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers. La députée<br />

socialiste Marietta Karamanli avait<br />

pourtant <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> renouveler<br />

l’agrément du groupe assurance. Mais<br />

elle n’a pas obtenu gain <strong>de</strong> cause.<br />

Après une décennie d’existence, il tire<br />

sa révérence officiellement au mois <strong>de</strong><br />

décembre, bouclant une année durant<br />

laquelle le secteur <strong>de</strong> l’assurance n’aura<br />

jamais réussi à vraiment prendre sa<br />

place dans le débat politique public.


BILAN DE LA RÉGLEMENTATION<br />

WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

11<br />

Réforme du courtage, <strong>de</strong>rniers frissons<br />

On pensait la réforme du courtage<br />

enfin sur les rails. C’était sans compter<br />

la persévérance d’une association<br />

d’irréductibles courtiers.<br />

Par Florian Delambily<br />

C’est l’histoire d’une réforme<br />

à la vie tumultueuse. Entre<br />

une censure du Conseil<br />

constitutionnel et la recherche d’un<br />

véhicule législatif adapté, les pouvoirs<br />

publics auront mis quatre ans pour<br />

boucler la réforme du courtage. Et<br />

lorsque tous les textes furent publiés à<br />

la fin du mois <strong>de</strong> décembre 2021, une<br />

association d’intermédiaires financiers<br />

a tout mis en œuvre pour faire capoter<br />

la mise en place <strong>de</strong>s associations<br />

professionnelles à adhésion obligatoire.<br />

Première ban<strong>de</strong>rille<br />

Pendant que les associations<br />

candidates attendaient leur agrément,<br />

l’Association nationale <strong>de</strong>s conseils<br />

diplômés en gestion <strong>de</strong> patrimoine<br />

dégainait une première lettre au<br />

Premier ministre. Dans sa missive,<br />

Philippe Loizelet, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />

l’ANCDGP, formule à Jean Castex une<br />

« <strong>de</strong>man<strong>de</strong> gracieuse d’abrogation du<br />

décret n°2021-1552 du 1 er décembre<br />

2021 relatif aux modalités d’application<br />

<strong>de</strong> la réforme du courtage <strong>de</strong> l’assurance<br />

et du courtage en opérations <strong>de</strong> banques<br />

et en services <strong>de</strong> paiement ».<br />

Il juge en effet que le texte est<br />

« illégal en ce qu’il est contraire au<br />

droit européen d’une part, et au droit<br />

national d’autre part ». Sur le contrôle du<br />

respect <strong>de</strong>s obligations d’honorabilité,<br />

<strong>de</strong> la souscription d’une RC Pro et <strong>de</strong> la<br />

formation par les futures associations<br />

représentatives, l’ANCDGP explique<br />

ainsi que « l’article 12 <strong>de</strong> la DDA exclut<br />

cette possibilité ».<br />

Pour étayer son argumentaire,<br />

l’association ajoute que le décret<br />

« viole les dispositions <strong>de</strong> la directive<br />

(UE) 2016/97 du 20 janvier 2016 sur<br />

la distribution d’assurance, et doit<br />

donc être abrogé <strong>de</strong> ce fait ». Elle<br />

fait également valoir que l’obligation<br />

d’adhésion apparaît disproportionnée<br />

Le Conseil constitutionnel a tranché le 21 octobre sur la réforme du courtage.<br />

au regard <strong>de</strong> l’objectif poursuivi. Elle<br />

porte dès lors atteinte à la liberté<br />

d’entreprendre.<br />

Deuxième ban<strong>de</strong>rille<br />

Mais ce courrier est resté lettre morte.<br />

Et le 23 mars, l’ACPR publiait la liste<br />

<strong>de</strong>s sept associations agréées (voir<br />

page 7). Pas <strong>de</strong> quoi décourager le<br />

pourfen<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> la réforme. La veille<br />

<strong>de</strong> l’entrée en vigueur <strong>de</strong> la réforme,<br />

l’ANCDGP annonce son intention <strong>de</strong><br />

saisir le Conseil d’État. « L’absence <strong>de</strong><br />

réponse et dialogue pour sécuriser le<br />

dispositif <strong>de</strong> l’actuel gouvernement,<br />

constitue un rejet implicite et ouvre<br />

la voie d’une saisine du Conseil d’État<br />

pour un recours pour excès <strong>de</strong> pouvoir,<br />

explique Philippe Loizelet. Cela nous<br />

offre un espace pour réitérer nos<br />

arguments et cela va obliger le prochain<br />

gouvernement et le Trésor à contreargumenter<br />

ou non la viabilité juridique<br />

<strong>de</strong> la loi, notamment sur ses atteintes<br />

à nos principes constitutionnels, mais<br />

aussi aux dispositions <strong>de</strong>s directives,<br />

alors qu’elle était censée simplement les<br />

transposer dans notre droit national ».<br />

L’association pointe par ailleurs une<br />

distorsion <strong>de</strong> concurrence vis-à-vis<br />

<strong>de</strong>s agents généraux qui n’entrent pas<br />

dans le champ <strong>de</strong> la réforme.<br />

Finalement, le 25 juillet, le Conseil<br />

d’État saisit le Conseil constitutionnel<br />

d’une question prioritaire <strong>de</strong><br />

constitutionnalité. Pour la <strong>de</strong>uxième<br />

fois, la réforme se retrouve donc <strong>de</strong>vant<br />

les Sages <strong>de</strong> la rue Montpensier. La<br />

première fois, ils avaient censuré le<br />

dispositif sur la forme arguant qu’elle<br />

représentait un cavalier législatif. Cette<br />

fois-ci, ils <strong>de</strong>vront se prononcer sur le<br />

fond. L’issue est incertaine. À tel point<br />

que plusieurs associations, comme<br />

Endya, conseillent aux intermédiaires<br />

d’attendre la décision du Conseil<br />

constitutionnel avant d’adhérer.<br />

Le verdict tombe le 21 octobre. La<br />

réforme est jugée conforme à la<br />

Constitution. Dans leur décision, les<br />

Sages jugent ainsi que « le grief tiré <strong>de</strong><br />

la méconnaissance du principe d’égalité<br />

<strong>de</strong>vant la loi doit être écarté ».<br />

Même analyse pour les dispositions<br />

<strong>de</strong> la loi octroyant <strong>de</strong>s pouvoirs<br />

disciplinaires aux associations. Tous<br />

les griefs sont balayés par l’instance.<br />

Il reste une <strong>de</strong>rnière cartouche pour<br />

l’ANCDGP, à savoir la saisine <strong>de</strong> la<br />

Cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> l’Union européenne<br />

(CJUE). Pour autant, malgré cette<br />

épée <strong>de</strong> Damoclès, les associations<br />

ont toutes repris leurs travaux. Et le<br />

début <strong>de</strong> l’année s’annonce chargé<br />

car tous les intermédiaires déjà<br />

immatriculés à l’Orias <strong>de</strong>vront adhérer<br />

à une association pour obtenir le<br />

renouvellement <strong>de</strong> leur numéro. Sans<br />

quoi, ils ne pourront pas exercer.


12 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN DE LA RÉGLEMENTATION<br />

Justice, l’assurance dans les prétoirs<br />

L’année <strong>2022</strong> aura été marquée par une actualité judiciaire anormalement riche et parfois même sordi<strong>de</strong> pour le<br />

secteur <strong>de</strong> l’assurance.<br />

L’affaire Jacques Bouthier<br />

Le 21 mai, l’horreur s’invite dans l’actualité du secteur. RTL révèle en effet que « le PDG d’un grand groupe d’assurance »<br />

a été placé en détention provisoire et mis en examen. Les faits qui lui sont reprochés sont sordi<strong>de</strong>s : traite d’êtres<br />

humains mineurs, viols sur mineurs, et participation à une association <strong>de</strong> malfaiteurs en vue <strong>de</strong> commettre un<br />

enlèvement ou une séquestration en ban<strong>de</strong> organisée. Rapi<strong>de</strong>ment, nous apprenons que ce patron n’est autre que<br />

Jacques Bouthier, fondateur du groupe Vilavi (ex-Assu 2000).<br />

Selon une source proche du dossier citée par la radio, une jeune femme <strong>de</strong> 22 ans s’est présentée aux policiers parisiens<br />

en mars, expliquant que <strong>de</strong>puis cinq ans, elle était « captive » d’un homme richissime qui la violait. Devenant, selon<br />

ses dires, « trop âgée pour lui », la jeune femme aurait été forcée <strong>de</strong> trouver une « remplaçante » pour prendre sa suite.<br />

Une adolescente <strong>de</strong> 14 ans a alors pris sa place dans l’appartement.<br />

La plaignante est parvenue à les filmer ensemble dans un lit, avant <strong>de</strong> confier la vidéo aux enquêteurs. Le PDG est<br />

soupçonné d’avoir voulu mettre sur pied une équipe pour enlever la jeune femme, saisir la vidéo, et la forcer à quitter<br />

la France.<br />

Dès le len<strong>de</strong>main, le dirigeant, parmi les 500 plus gran<strong>de</strong>s fortunes <strong>de</strong> France, démissionne <strong>de</strong> toutes ses responsabilités<br />

au sein du courtier. Depuis, les révélations s’enchaînent autour du septuagénaire. Quatre victimes auraient été i<strong>de</strong>ntifiées<br />

par la Briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>s mineurs <strong>de</strong> la police judiciaire <strong>de</strong> Paris. Au Maroc où le courtier dispose d’un centre<br />

d’appel, les langues se délient également et plusieurs femmes ont témoigné du comportement <strong>de</strong> l’ancien dirigeant.<br />

Si l’instruction se poursuit, une nouvelle gouvernance a été mise en place avec l’arrivée <strong>de</strong> Michael Hörr à la prési<strong>de</strong>nce<br />

au mois d’août. Un peu plus tôt, en juin, un audit <strong>de</strong> la filiale marocaine fut confié à Mazars. Enfin, fin septembre, nous<br />

apprenons que le groupe souhaite s’inscrire dans un processus <strong>de</strong> vente afin d’initier un nouveau projet industriel. Il<br />

pourrait aboutir en 2023. Le courtier SPVie Assurances s’est déjà montré intéressé par le dossier.<br />

In<strong>de</strong>xia (ex-Sfam) rattrapé par la patrouille<br />

Un autre membre <strong>de</strong>s 500 plus gran<strong>de</strong>s fortunes <strong>de</strong> France a également maille à partir avec la justice. Au mois<br />

d’août <strong>de</strong>rnier, Sadri Fegaier, fondateur <strong>de</strong> Sfam, <strong>de</strong>venu In<strong>de</strong>xia, et sept personnes morales ont été renvoyées<br />

<strong>de</strong>vant le tribunal correctionnel <strong>de</strong> Paris pour « pratiques commerciales trompeuses et obstacle à un contrôle ».<br />

Dans le collimateur <strong>de</strong> la justice, <strong>de</strong>s procédés <strong>de</strong> surfacturation d’assurances pour téléphone et ordinateurs.<br />

Cette décision du tribunal <strong>de</strong> Paris fait suite à une enquête <strong>de</strong> plusieurs mois initiée par la DGCCRF. Elle révèle <strong>de</strong>s<br />

« pratiques consistant à faire faussement croire aux consommateurs souhaitant faire cesser <strong>de</strong>s prélèvements, résilier<br />

leurs abonnements et se faire rembourser les sommes prélevées après résiliation <strong>de</strong> leur contrat, que leurs <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s<br />

étaient prises en compte, voire effectives ».<br />

Une première enquête administrative avait visé la SFAM pour les mêmes soupçons en 2018 après <strong>de</strong>s signalements<br />

<strong>de</strong> clients à l’association <strong>de</strong> consommateurs UFC-Que Choisir et à la DGCCRF. Une perquisition avait été menée au<br />

siège <strong>de</strong> l’entreprise, qui avait accepté en 2019 <strong>de</strong> payer une amen<strong>de</strong> <strong>de</strong> 10 millions d’euros.<br />

Cette amen<strong>de</strong>, qui s’est révélée sans impact notable sur la croissance du groupe, n’a néanmoins pas mis fin aux alertes<br />

<strong>de</strong> clients pour <strong>de</strong>s surfacturations. À la suite <strong>de</strong> plaintes similaires, l’autorité belge <strong>de</strong>s services et marchés financiers<br />

a interdit le 2 mars à la filiale belge <strong>de</strong> la SFAM, « Switch », <strong>de</strong> commercialiser ses produits d’assurance sur le territoire.


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14<br />

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BILAN DE LA RÉGLEMENTATION<br />

TRIBUNE<br />

« Le secteur <strong>de</strong> l’assurance est<br />

un acteur clé pour protéger<br />

notre tissu économique »<br />

« Les incertitu<strong>de</strong>s qui pèsent sur les perspectives économiques obèrent la capacité<br />

d’anticipation <strong>de</strong>s assureurs »<br />

Nous sommes entrés, en <strong>2022</strong>, dans un<br />

moment <strong>de</strong> convergence <strong>de</strong> crises inédit<br />

dans l’histoire récente : crises climatique,<br />

pandémique, géostratégique, énergétique,<br />

économique.<br />

Face à cette situation <strong>de</strong> « polycrise », pour reprendre<br />

le terme popularisé par l’historien américain Adam<br />

Tooze, la mission <strong>de</strong> mutualisation <strong>de</strong>s risques <strong>de</strong><br />

l’assurance est, plus que jamais, critique pour garantir<br />

la résilience <strong>de</strong> notre économie. Pour répondre à ces<br />

défis et offrir <strong>de</strong>s solutions <strong>de</strong> protection au plus grand<br />

nombre, tout en jouant son rôle d’investisseur <strong>de</strong><br />

long terme, le secteur <strong>de</strong> l’assurance <strong>de</strong>vra continuer<br />

<strong>de</strong> s’adapter et d’innover.<br />

Les incertitu<strong>de</strong>s qui pèsent sur les perspectives<br />

économiques obèrent la capacité d’anticipation<br />

<strong>de</strong>s assureurs. L’inflation rend plus incertain le coût<br />

<strong>de</strong>s sinistres, la volatilité <strong>de</strong>s marchés pèse sur la<br />

valeur <strong>de</strong>s actifs. Dans le même temps, la nature<br />

<strong>de</strong>s risques change. La numérisation <strong>de</strong> l’économie<br />

engendre <strong>de</strong> nouvelles vulnérabilités : les spécificités<br />

du risque cyber, son caractère évolutif et la prise <strong>de</strong><br />

conscience encore hétérogène <strong>de</strong>s entreprises sont<br />

autant <strong>de</strong> paramètres avec lesquels les assureurs<br />

doivent composer.<br />

Au surplus, le coût annuel <strong>de</strong>s catastrophes naturelles<br />

a doublé en une décennie. La sécheresse en <strong>2022</strong><br />

<strong>de</strong>vrait, à elle seule, coûter 2,8 milliards d’euros.<br />

À l’actif, les impacts du changement climatique<br />

continuent <strong>de</strong> se traduire par une pression croissante<br />

sur les placements investis dans <strong>de</strong>s secteurs<br />

sensibles au risque <strong>de</strong> transition et dans les zones<br />

géographiques fortement exposées.<br />

Dans ce contexte perturbé, les assureurs doivent<br />

pouvoir se projeter et relever les défis financiers<br />

à venir : avec plus <strong>de</strong> 2 600 milliards d’euros <strong>de</strong><br />

placements, ce sont <strong>de</strong>s investisseurs <strong>de</strong> long terme<br />

incontournables. Si la part <strong>de</strong>s encours investis à<br />

<strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s PME et ETI s’accroit, <strong>de</strong>s marges <strong>de</strong><br />

progrès subsistent : les investissements en capitalinvestissement<br />

ne représentent ainsi qu’un peu plus<br />

<strong>de</strong> 1% <strong>de</strong>s investissements <strong>de</strong>s assureurs-vie. Les<br />

assureurs sont au cœur du financement à long<br />

terme <strong>de</strong> notre économie, et ils le sont notamment<br />

à travers <strong>de</strong>s initiatives <strong>de</strong> place structurantes. Les<br />

prêts participatifs et obligations Relance connaissent<br />

une bonne dynamique, portée par un engagement<br />

fort <strong>de</strong>s assureurs, qui <strong>de</strong>vrait pouvoir se confirmer<br />

en 2023. De même, après le succès <strong>de</strong> la première<br />

phase <strong>de</strong> l’initiative conduite par Philippe Tibi sur<br />

le financement <strong>de</strong>s entreprises technologiques<br />

françaises, il apparaît impératif <strong>de</strong> maintenir cet<br />

élan pour financer et faire grandir nos start-ups.<br />

La révision <strong>de</strong> la directive Solvabilité 2, qui <strong>de</strong>vrait<br />

aboutir en 2023, représente une opportunité unique <strong>de</strong>


BILAN DE LA RÉGLEMENTATION WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 15<br />

faciliter l’investissement à long terme dans les actions.<br />

L’accord trouvé au Conseil <strong>de</strong> l’Union européenne<br />

lors <strong>de</strong> la prési<strong>de</strong>nce française du premier semestre<br />

<strong>2022</strong> entend répondre à la nécessité <strong>de</strong> donner aux<br />

assureurs les moyens <strong>de</strong> jouer pleinement leur rôle<br />

dans l’économie, et dans les transitions écologique<br />

et numérique. Cet accord permet par ailleurs une<br />

meilleure coordination <strong>de</strong>s superviseurs au sein <strong>de</strong><br />

l’Union européenne, pour améliorer substantiellement<br />

le fonctionnement du marché commun <strong>de</strong> l’assurance.<br />

La stratégie pour l’investissement <strong>de</strong> détail <strong>de</strong> la<br />

Commission européenne, qui sera présentée début<br />

2023, sera aussi l’occasion <strong>de</strong> dresser le bilan <strong>de</strong>s<br />

pratiques <strong>de</strong> distribution d’assurance et, je le souligne,<br />

d’améliorer la transparence et la prévention <strong>de</strong>s<br />

conflits d’intérêts : c’est une ar<strong>de</strong>nte obligation pour<br />

écarter les tentations <strong>de</strong> suppression totale <strong>de</strong>s<br />

commissions.<br />

Le secteur <strong>de</strong> l’assurance est évi<strong>de</strong>mment un acteur<br />

clé pour protéger notre tissu économique face aux<br />

défis environnementaux et aux risques émergents.<br />

Face à l’augmentation <strong>de</strong> l’intensité et <strong>de</strong> la fréquence<br />

<strong>de</strong> ces évènements, le régime <strong>de</strong>s « Cat Nat » doit<br />

poursuivre sa mo<strong>de</strong>rnisation pour répondre à l’enjeu<br />

<strong>de</strong> solidarité nationale inscrit dans la Constitution,<br />

tout en garantissant la pérennité du régime. Le décret<br />

d’application <strong>de</strong> la loi « Baudu », publié le 31 décembre<br />

<strong>2022</strong>, prévoit ainsi la prise en charge <strong>de</strong>s frais <strong>de</strong><br />

relogement d’urgence. Les travaux se poursuivront<br />

début 2023 sur le sujet du retrait-gonflement <strong>de</strong>s<br />

argiles, qui représente désormais en moyenne la<br />

moitié <strong>de</strong>s coûts du régime Cat Nat. En outre, une<br />

réforme d’ampleur <strong>de</strong> l’assurance récolte, qui repose<br />

sur un partage équitable du risque entre l’État, les<br />

agriculteurs et les entreprises d’assurance, entrera<br />

en vigueur dès 2023 afin d’augmenter fortement le<br />

nombre d’exploitants agricoles assurés.<br />

Enfin, le risque cyber <strong>de</strong>man<strong>de</strong> une implication <strong>de</strong> tous<br />

les acteurs, publics et privés, pour trouver le juste<br />

équilibre entre simplicité <strong>de</strong>s règles et protection <strong>de</strong>s<br />

consommateurs. Une task force dédiée à la mise en<br />

œuvre du rapport <strong>de</strong> la direction générale du Trésor<br />

publié en septembre <strong>2022</strong> a été constituée afin <strong>de</strong><br />

promouvoir l’émergence du marché <strong>de</strong> l’assurance<br />

du risque cyber. A cet égard, les dispositions sur les<br />

captives <strong>de</strong> réassurance <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> finances pour<br />

2023 viennent apporter un nouvel outil <strong>de</strong> résilience<br />

à nos entreprises, en particulier pour le risque cyber.<br />

Dans un environnement marqué par l’incertitu<strong>de</strong>, le<br />

secteur <strong>de</strong> l’assurance doit poursuivre les efforts<br />

d’ores-et-déjà accomplis pour protéger les françaises<br />

et les français. Les pouvoirs publics continueront<br />

résolument à accompagner cette transition qui doit<br />

permettre aux assureurs <strong>de</strong> disposer <strong>de</strong>s moyens<br />

pour appréhen<strong>de</strong>r les mutations technologiques<br />

et environnementales et contribuer à façonner les<br />

contours d’une assurance qui répon<strong>de</strong> aux grands<br />

enjeux <strong>de</strong> la société d’aujourd’hui et <strong>de</strong> <strong>de</strong>main.<br />

BIO<br />

Martin<br />

Landais<br />

Sous-directeur assurances à la DG Trésor<br />

Formation : Sciences Po, École <strong>de</strong>s Ponts ParisTech, Dauphine,<br />

ENA<br />

Parcours : Martin Landais est loin d’être un inconnu au sein<br />

<strong>de</strong> la DG Trésor, puisqu’il intègre les services <strong>de</strong> Bercy dès<br />

2011. Il rejoint ensuite une ambassa<strong>de</strong>. Ce sera à Rome,<br />

comme conseiller économique entre 2013 et 2016.<br />

Il retrouve alors le Trésor. D’abord comme chef <strong>de</strong> bureau<br />

Asie (2016-2019). Puis en tant que chef <strong>de</strong> bureau entreprises<br />

et intermédiaires. Le 1er mars, il succè<strong>de</strong> à Lionel<br />

Corre comme sous-directeur <strong>de</strong>s assurances à la Direction<br />

Générale du Trésor.


TARIFS 2023<br />

Les assureurs l’ont dans la<br />

hausse<br />

P.18<br />

MARCHÉ<br />

Risque sécheresse : Les<br />

assureurs à sec<br />

TRIBUNE<br />

Nicolas Gomart prend la<br />

plume<br />

P.20<br />

P.22


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18<br />

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BILAN DE L’ASSURANCE DOMMAGES<br />

Tarifs 2023 : Les assureurs l’ont dans la hausse<br />

Dans un contexte économique<br />

fortement chahuté, marqué par<br />

l’inflation et une sinistralité climatique<br />

<strong>2022</strong> exceptionnellement élevée, les<br />

assureurs n’ont d’autre choix que<br />

d’augmenter leurs tarifs en 2023. De<br />

son côté, le gouvernement a appelé<br />

les opérateurs à limiter ces hausses.<br />

Par Thierry Gouby<br />

<strong>2022</strong> restera sans conteste l’année<br />

<strong>de</strong> tous les extrêmes pour les<br />

assureurs. Coincés entre une<br />

inflation galopante et une sinistralité<br />

climatique exacerbée, les principaux<br />

acteurs du secteur ont également subi<br />

la flambée <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong>s réparations<br />

en automobile et <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s matières<br />

premières en habitation. Résultat, les<br />

compagnies n’ont d’autre choix que <strong>de</strong><br />

revoir à la hausse le montant moyen<br />

<strong>de</strong> leurs primes d’assurance en 2023.<br />

« Évi<strong>de</strong>mment, chaque assureur a<br />

conscience <strong>de</strong> cette pression qui s’exerce<br />

sur ses assurés et fait ses meilleurs<br />

efforts pour essayer <strong>de</strong> contenir cette<br />

hausse tarifaire qui parait assez inévitable<br />

compte tenu <strong>de</strong>s fondamentaux sur la<br />

fréquence et l’intensité <strong>de</strong>s sinistres »,<br />

expliquait Florence Lustman, la<br />

prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> France Assureurs à News<br />

Assurances Pro en septembre <strong>de</strong>rnier.<br />

D’autant qu’en parallèle <strong>de</strong> cette<br />

situation <strong>de</strong> marché inédite, l’exécutif<br />

a requis <strong>de</strong>s efforts <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s<br />

opérateurs du marché pour soutenir<br />

le pouvoir d’achat <strong>de</strong>s Français. « J’ai<br />

<strong>de</strong>mandé aux assureurs <strong>de</strong> limiter<br />

les primes d’assurance. Ils se sont<br />

engagés à contenir les prix en <strong>de</strong>ssous<br />

<strong>de</strong> l’inflation en <strong>2022</strong> et en 2023 »,<br />

expliquait à la rentrée Bruno Le Maire,<br />

ministre <strong>de</strong> l’Économie, <strong>de</strong>s Finances<br />

et <strong>de</strong> la Souveraineté Industrielle et<br />

Numérique, après une rencontre avec<br />

les principales compagnies du marché.<br />

Le « ca<strong>de</strong>au » <strong>de</strong> Bercy ?<br />

Dans ce contexte, chaque compagnie<br />

a donc fait chauffer ses calculatrices.<br />

L’objectif est simple, afficher <strong>de</strong>s hausses<br />

qui soient à la fois digestes pour les<br />

assurés et techniquement viables.<br />

Résultat, pour 2023, les cotisations <strong>de</strong>s<br />

Florence Lustman, prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> France Assureurs et Bruno Le Maire, ministre <strong>de</strong> l’Économie et <strong>de</strong>s Finances<br />

assurés pourraient grimper en moyenne<br />

<strong>de</strong> 3 à 5% en automobile selon Facts<br />

& Figures.<br />

En MRH, le cabinet <strong>de</strong> conseil anticipe<br />

<strong>de</strong>s hausses allant jusqu’à 8% avec une<br />

majoration « quasi forfaitaire » <strong>de</strong> chaque<br />

contrat <strong>de</strong> 10 euros au titre <strong>de</strong>s risques<br />

climatiques, une revalorisation <strong>de</strong> base<br />

<strong>de</strong> 3% au titre <strong>de</strong> la hausse <strong>de</strong>s coûts<br />

<strong>de</strong> la main d’œuvre et <strong>de</strong>s matériaux et<br />

une majoration additionnelle <strong>de</strong> 3% à 5%<br />

pour les biens exposés au climatique<br />

<strong>de</strong> manière excessive. « Limiter la<br />

hausse moyenne à l’inflation [ndlr :<br />

autour <strong>de</strong> 6% fin <strong>2022</strong>] est un ca<strong>de</strong>au<br />

fait à certaines enseignes, qui, sous<br />

couvert d’un discours <strong>de</strong> protection du<br />

consommateur, vont appliquer <strong>de</strong> fortes<br />

hausses alors qu’elles ne prévoyaient<br />

pas <strong>de</strong> le faire initialement », alerte le<br />

dirigeant d’une mutuelle d’assurance.<br />

Annonces diparates<br />

Afin <strong>de</strong> tirer leur épingle du jeu, plusieurs<br />

acteurs ont d’ores et déjà communiqué<br />

leurs orientations tarifaires 2023, avec <strong>de</strong>s<br />

positionnements relativement distincts.<br />

De son côté, la Maif, qui avait l’habitu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> geler ses tarifs <strong>de</strong>puis plusieurs<br />

exercices, a annoncé <strong>de</strong>s hausses<br />

mesurées et en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> l’inflation.<br />

En auto, l’assureur mutualiste appliquera<br />

donc une majoration moyenne <strong>de</strong><br />

2% contre 4,5% en habitation.<br />

Pour sa part, Abeille Assurances a<br />

communiqué fin novembre à son<br />

réseau d’agents généraux sa politique<br />

commerciale pour 2023. La compagnie,<br />

appliquera une hausse moyenne <strong>de</strong> 7,5%.<br />

« Le passage <strong>de</strong> ces majorations tarifaires<br />

est nécessaire pour faire face à la hausse<br />

<strong>de</strong> la sinistralité structurelle que nous<br />

connaissons », explique la compagnie.<br />

En MRH, la filiale <strong>de</strong> Macif pratiquera<br />

donc <strong>de</strong>s majorations moyennes <strong>de</strong> 3,5<br />

à 5% pour les affaires nouvelles et <strong>de</strong> 6%<br />

pour le reste <strong>de</strong> son portefeuille. Côté<br />

auto, ces hausses moyennes seront<br />

<strong>de</strong> 5% pour les affaires nouvelles et <strong>de</strong><br />

5,9% pour 80% du portefeuille.<br />

Invité sur France Inter en septembre<br />

<strong>de</strong>rnier, Thomas Buberl, le directeur<br />

général du groupe Axa, rappelait : « Notre<br />

but est <strong>de</strong> toujours essayer d’être en<strong>de</strong>ssous<br />

<strong>de</strong> l’inflation. Pour cela, nous<br />

utilisons <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> réemploi et faisons<br />

appel à <strong>de</strong>s garages partenaires. Jusqu’ici,<br />

nous sommes arrivés à bien structurer<br />

cela, et notre but est <strong>de</strong> continuer dans<br />

cette voie », sans indiquer pour autant<br />

ses tendances tarifaires moyennes<br />

pour 2023.<br />

Fin <strong>2022</strong>, seul l’Olivier Assurance<br />

a annoncé une baisse <strong>de</strong> tarifs en<br />

assurance habitation. L’assureur anticipe<br />

une baisse <strong>de</strong> ses primes <strong>de</strong> 15% pour<br />

les contrats <strong>de</strong>s locataires et <strong>de</strong> 7,5%<br />

pour les contrats <strong>de</strong>s propriétaires. Pour<br />

autant, la filiale française du groupe<br />

britannique Admiral n’a lancé son premier<br />

produit MRH qu’en 2021.


BILAN DE L’ASSURANCE DOMMAGES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 19<br />

Assurance récolte : La réforme prend racine en 2023<br />

Après une année <strong>de</strong> discussions<br />

parfois animées, le nouveau dispositif<br />

d’assurance récolte tricolore entre bien<br />

en vigueur au 1 er janvier 2023, comme<br />

promis par l’exécutif. Cependant, la<br />

mise en place d’un guichet unique<br />

simplifié auprès <strong>de</strong>s assureurs ne<br />

sera pas prête à temps.<br />

Par Thierry Gouby<br />

Attendue <strong>de</strong> très longue date, la<br />

réforme <strong>de</strong> l’assurance agricole<br />

verra bien le jour au 1 er janvier<br />

2023. Initiées fin 2021, les discussions<br />

parlementaires autour du nouveau<br />

dispositif visaient trois objectifs : la<br />

généralisation, à terme, <strong>de</strong> l’assurance<br />

multirisques climatiques (aujourd’hui,<br />

seuls 30% <strong>de</strong>s agriculteurs sont<br />

assurés en gran<strong>de</strong>s cultures et 5% en<br />

arboriculture).<br />

Ensuite, le développement <strong>de</strong> mesures<br />

<strong>de</strong> prévention et l’accompagnement<br />

<strong>de</strong> l’agriculture face au changement<br />

climatique. Enfin, une répartition<br />

équilibrée <strong>de</strong> la prise en charge <strong>de</strong>s<br />

sinistres entre les agriculteurs, les<br />

assureurs et les réassureurs et l’État.<br />

Le nouveau régime comportera trois<br />

étages (voir illustration ci-contre).<br />

Le premier relèvera <strong>de</strong> l’agriculteur,<br />

qui assumera seul les pertes <strong>de</strong>s<br />

« aléas courants » jusqu’à un seuil <strong>de</strong><br />

franchise. Le <strong>de</strong>uxième, dédié aux « aléas<br />

significatifs », relèvera <strong>de</strong> l’assureur<br />

privé. Enfin, les « aléas exceptionnels »<br />

déclencheront une intervention <strong>de</strong> l’État,<br />

y compris pour les agriculteurs nonassurés.<br />

Le seuil <strong>de</strong> déclenchement <strong>de</strong><br />

prise en charge s’établit à 20% <strong>de</strong> pertes<br />

<strong>de</strong> production pour les assurés, et le<br />

subventionnement public à 70% <strong>de</strong>s<br />

cotisations d’assurance.<br />

Le taux d’in<strong>de</strong>mnisation <strong>de</strong>s catastrophes,<br />

prévu dans le cadre <strong>de</strong> la solidarité<br />

nationale, sera <strong>de</strong> 90% pour les assurés<br />

<strong>de</strong> toutes les cultures, et, pour les non<br />

assurés, <strong>de</strong> 45% en 2023, 40% en 2024 et<br />

35% en 2025. Un seuil <strong>de</strong> déclenchement<br />

<strong>de</strong> la solidarité nationale est aussi fixé à<br />

50% pour les groupes “gran<strong>de</strong>s cultures,<br />

cultures industrielles et légumes” et<br />

“viticulture”, et à 30% pour les autres<br />

productions, notamment l’arboriculture<br />

et les prairies.<br />

Un soutien à 560 millions d’euros<br />

À l’occasion <strong>de</strong> la présentation du <strong>de</strong>rnier<br />

projet <strong>de</strong> loi <strong>de</strong> finances, l’État a pour sa<br />

part précisé sa contribution budgétaire<br />

dans ce nouveau régime, à hauteur<br />

<strong>de</strong> 256 millions d’euros pour 2023.<br />

« Rajoutée au doublement du plafond<br />

<strong>de</strong> la taxe affectée au Fonds national<br />

<strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s risques en agriculture<br />

(FNGRA), qui passera <strong>de</strong> 60 millions<br />

d’euros à 120 millions d’euros en 2023,<br />

et aux crédits européens du Fonds<br />

européen agricole pour le développement<br />

rural (FEADER), cette nouvelle enveloppe<br />

permettra d’atteindre, dès 2023, un niveau<br />

<strong>de</strong> soutien public à la gestion <strong>de</strong>s risques<br />

en agriculture <strong>de</strong> 560 millions d’euros »,<br />

précise l’exécutif.<br />

Outre le développement <strong>de</strong>s mesures<br />

<strong>de</strong> prévention, ce nouveau dispositif<br />

montera en charge dans les prochaines<br />

années avec une enveloppe prévue sur les<br />

crédits budgétaires qui passera <strong>de</strong> 256<br />

millions d’euros en 2023 à 296 millions<br />

d’euros en 2025. Avec la taxe affectée au<br />

FNGRA et les crédits FEADER, « le soutien<br />

public total pourra atteindre 600 millions<br />

d’euros à horizon 2025, soit plus qu’un<br />

doublement <strong>de</strong> l’effort financier public<br />

prévu rapport aux années précé<strong>de</strong>ntes »,<br />

explique ensuite le gouvernement.<br />

Pool, pas cool...<br />

Toutefois, un élément du dispositif - et<br />

non <strong>de</strong>s moindres – ne sera pas prêt<br />

à temps : la mise en place du guichet<br />

unique constitué <strong>de</strong>s porteurs <strong>de</strong> risques<br />

spécialisés. Sur fonds <strong>de</strong> concurrence,<br />

ce pool d’assureurs censé former un<br />

réseau d’interlocuteurs agréé patine.<br />

« Les conditions ne sont pas réunies,<br />

en raison <strong>de</strong> discussions qui doivent<br />

encore se poursuivre sur les modalités<br />

et montants <strong>de</strong>s frais <strong>de</strong> gestion associés,<br />

pour permettre, dès le 1 er janvier 2023, une<br />

intervention <strong>de</strong>s assureurs pour le compte<br />

<strong>de</strong> l’État dans la gestion <strong>de</strong>s agriculteurs<br />

non assurés qui soit sécurisée à la fois<br />

pour les agriculteurs, les assureurs,<br />

mais également pour l’État », explique<br />

le ministère <strong>de</strong> l’Agriculture et <strong>de</strong> la<br />

Souveraineté alimentaire.<br />

Sur ce sujet, France Assureurs rappelle<br />

que les assureurs se sont pleinement<br />

mobilisés pour l’entrée en vigueur <strong>de</strong> la<br />

réforme au 1 er janvier 2023. « Un point<br />

est apparu lors <strong>de</strong> la finalisation <strong>de</strong> la<br />

mise en place <strong>de</strong> l’interlocuteur agréé pour<br />

les agriculteurs non assurés, à savoir le<br />

défraiement légitime pour les actes <strong>de</strong><br />

gestion que les assureurs accompliront<br />

pour le compte <strong>de</strong> l’État. Afin <strong>de</strong> ne pas<br />

retar<strong>de</strong>r la mise en place <strong>de</strong> la réforme,<br />

le ministre <strong>de</strong> l’Agriculture a décidé du<br />

report d’un an <strong>de</strong> ce volet <strong>de</strong> la réforme.<br />

Compte tenu <strong>de</strong> leur forte mobilisation<br />

au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers mois pour la mise<br />

en œuvre <strong>de</strong> l’interlocuteur agréé, les<br />

assureurs contribueront durant l’année<br />

2023 à faire avancer cet aspect important<br />

<strong>de</strong> la réforme », conclut la fédération<br />

<strong>de</strong>s assureurs.


20 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN DE L’ASSURANCE DOMMAGES<br />

Risque sécheresse : Les assureurs à sec !<br />

Avec un coût qui pourrait atteindre<br />

les 3 milliards d’euros fin <strong>2022</strong> dans<br />

l’Hexagone, le risque sécheresse inquiète<br />

au plus haut point assureurs et<br />

experts. Pour autant, sortir ce péril du<br />

régime <strong>de</strong>s catastrophes naturelles<br />

n’est pas pour l’heure envisagé.<br />

Par Thierry Gouby<br />

Depuis son intégration dans le<br />

régime Cat’ Nat’ en 1989, le<br />

risque sécheresse a entraîné<br />

près d’un million <strong>de</strong> sinistres pour<br />

un coût dépassant les 16 milliards<br />

d’euros. Si 2003 constituait jusqu’alors<br />

l’année référence en termes <strong>de</strong> retraits<br />

et gonflements d’argiles (RGA), <strong>2022</strong><br />

est venu exploser les compteurs. Selon<br />

la <strong>de</strong>rnière estimation <strong>de</strong> France Assureurs<br />

et <strong>de</strong> la MRN (Mission Risques<br />

Naturels), le montant <strong>de</strong>s dommages<br />

consécutifs aux RGA s’établirait ainsi<br />

entre 1,9 milliard et 2,8 milliards d’euros,<br />

faisant <strong>de</strong> l’exercice qui vient <strong>de</strong><br />

se clore le pire jamais connu.<br />

« 2023 sera même sans conteste un<br />

nouvel exercice record avec près <strong>de</strong><br />

400 000 déclarations <strong>de</strong> sinistres attendues<br />

sur les phénomènes <strong>de</strong> RGA.<br />

L’autre conséquence <strong>de</strong> la sécheresse<br />

concerne les incendies et notamment<br />

les dégâts qu’ils occasionnent aux<br />

récoltes », renchérit Yann Bocquillon,<br />

directeur général et développement du<br />

cabinet d’expertise IXI-Groupe.<br />

Gar<strong>de</strong>r la sécheresse au régime<br />

Avec un coût annuel moyen par sinistre<br />

<strong>de</strong> près <strong>de</strong> 16 000 euros, les conséquences<br />

<strong>de</strong> la sécheresse <strong>de</strong>vraient<br />

coûter près <strong>de</strong> 43 milliards d’euros<br />

aux compagnies entre 2020 et 2050,<br />

selon France Assureurs. Si bien que<br />

la question <strong>de</strong> la couverture future <strong>de</strong><br />

ce risque se pose, y compris au sein<br />

du régime Cat’ Nat’. « Si on considère<br />

que le RGA n’est pas une catastrophe<br />

naturelle caractérisée par son caractère<br />

imprévisible et irrésistible, une<br />

sortie du régime peut être envisagée.<br />

Si l’in<strong>de</strong>mnisation continue à relever<br />

du régime <strong>de</strong>s catastrophes naturelles,<br />

<strong>de</strong>s évolutions importantes doivent<br />

être envisagées, après avoir fait l’objet<br />

d’anticipations et d’étu<strong>de</strong>s d’impact<br />

minutieuses », indiquait début <strong>2022</strong><br />

la Cour <strong>de</strong>s Comptes dans un rapport<br />

sur le sujet.<br />

« L’idée qui consisterait à sortir le risque<br />

sécheresse du régime <strong>de</strong>s catastrophes<br />

naturelles est une fausse bonne idée.<br />

Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la faible probabilité que les<br />

assureurs paient les sinistres hors du<br />

principe <strong>de</strong> mutualisation, il y aurait<br />

beaucoup plus <strong>de</strong> différends entre assurés<br />

et porteurs <strong>de</strong> risques et donc une<br />

explosion <strong>de</strong>s recours en justice et <strong>de</strong>s<br />

délais <strong>de</strong> traitement plus longs », expliquait<br />

pour sa part fin <strong>2022</strong> Florence<br />

Lustman, la prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> la fédération.<br />

« Cette hausse du coût <strong>de</strong> la sinistralité<br />

n’est pas entièrement imputable à<br />

l’évolution <strong>de</strong> ce risque climatique, elle<br />

est principalement la conséquence <strong>de</strong><br />

l’évolution <strong>de</strong>s richesses et du développement<br />

<strong>de</strong> la valorisation <strong>de</strong>s infrastructures<br />

dans les zones exposées »,<br />

poursuit Yann Bocquillon.<br />

Recommandations<br />

Face à l’ampleur du phénomène, assureurs<br />

et experts préfèrent plutôt<br />

imaginer <strong>de</strong>s axes d’amélioration et<br />

autres mesures <strong>de</strong> remédiation. Au-<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> prévention, « peutêtre<br />

<strong>de</strong>vons-nous également réfléchir<br />

à un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> certification pour les<br />

constructions sur ces sols argileux »,<br />

lance ensuite Florence Lustman à <strong>de</strong>stination<br />

<strong>de</strong>s constructeurs.<br />

« La question <strong>de</strong> la formation nous<br />

occupe au premier plan. La récente<br />

réforme du régime <strong>de</strong>s Cat’ Nat’ a renforcé<br />

les exigences en termes <strong>de</strong> délais<br />

et <strong>de</strong> transparence pour les experts et<br />

la formation d’experts agréés pour la<br />

sécheresse est un paramètre important<br />

qui pourrait être décidé dans les prochaines<br />

semaines », précise le dirigeant<br />

d’IXI-Groupe.<br />

Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s sujets <strong>de</strong> l’organisation et<br />

<strong>de</strong> la mobilisation <strong>de</strong>s ressources lors<br />

<strong>de</strong>s grands épiso<strong>de</strong>s <strong>de</strong> sécheresse<br />

ou <strong>de</strong>s enjeux <strong>de</strong> reconstruction plus<br />

pérennes et durables, « nous avons<br />

également un enjeu délicat <strong>de</strong> communication<br />

auprès <strong>de</strong>s assurés.Ils subissent<br />

parfois les conséquences lour<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

cet aléa, et nous avons un rôle majeur<br />

à jouer dans l’accompagnement et le<br />

conseil <strong>de</strong>s sinistrés. Nous <strong>de</strong>vons les<br />

sensibiliser sur la nature du risque sécheresse,<br />

qui s’inscrit souvent dans le<br />

long terme », conclut Yann Bocquillon.


22 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN DE L’ASSURANCE DOMMAGES<br />

TRIBUNE<br />

« Risques climatiques :<br />

une articulation socialisation –<br />

mutualisation à (ré)inventer ? »<br />

« Les assurtechs ont été initialement pensées pour répondre à ces nouveaux besoins,<br />

et n’ont pas à transformer leur structure entière pour s’y adapter »<br />

<strong>2022</strong> a été une année exceptionnellement<br />

difficile sur le plan climatique. La pire <strong>de</strong>puis<br />

1999, restée dans les mémoires, avec les épiso<strong>de</strong>s<br />

« Lothar » et « Martin » <strong>de</strong> décembre.<br />

Météo France a qualifié l’été <strong>2022</strong> « <strong>de</strong> tous les<br />

extrêmes ». Le printemps a été le 3 e plus chaud <strong>de</strong>puis<br />

1900 et le 3 e plus sec <strong>de</strong>puis 1959. Evoquons aussi<br />

les tempêtes « Eunice » et « Franklin » <strong>de</strong> février, la<br />

tempête « Diego » d’avril. Ou encore les forts épiso<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> grêle <strong>de</strong> la Pentecôte, <strong>de</strong> mi-juin et d’août.<br />

Tous assureurs confondus, l’aléa climatique représente<br />

un coût <strong>de</strong> 8 milliards d’euros en <strong>2022</strong>, soit le<br />

double <strong>de</strong> l’année précé<strong>de</strong>nte, sans compter le coût <strong>de</strong><br />

la sécheresse qui pourrait se situer, selon les estimations,<br />

dans une fourchette <strong>de</strong> 2 à 3 milliards d’euros.<br />

Conséquences sérieuses, également, pour<br />

les réassureurs, aujourd’hui sous tension,<br />

que ce soit via leur activité <strong>de</strong> réassurance<br />

directe ou sur le marché <strong>de</strong> la rétrocession.<br />

Surtout, l’impact du dérèglement climatique est<br />

aujourd’hui une réalité. La tendance <strong>de</strong> fond et la<br />

trajectoire sont préoccupantes : phénomènes <strong>de</strong><br />

sécheresse et <strong>de</strong> retrait-gonflement <strong>de</strong>s sols argileux<br />

entrainant <strong>de</strong>s dégâts sur les habitations, conséquences<br />

en termes d’inondations, avec le cumul <strong>de</strong><br />

précipitations sur <strong>de</strong>s sols secs… Sans oublier que<br />

les risques climatiques agissent également comme<br />

un déclencheur ou un amplificateur d’autres risques.<br />

Alors que ce type « d’année noire », comme celle vécue en<br />

<strong>2022</strong>, survenait tous les 50 ans par le passé, il nous faut<br />

désormais vivre avec une survenance tous les 10-15 ans.<br />

Pour les assureurs dommages, les ingrédients du<br />

scénario catastrophe semblent réunis. Mais reconnaître<br />

les dangers, c’est commencer à les surmonter.<br />

Certaines zones géographiques sont particulièrement<br />

exposées aux événements climatiques. Se<br />

pose dès lors la question <strong>de</strong> l’assurabilité <strong>de</strong> certains<br />

biens, voire du retrait pur et simple <strong>de</strong> ces secteurs.<br />

Des solutions, pour ne pas arriver à cette extrémité,<br />

existent. Par exemple en regardant du côté du périmètre<br />

<strong>de</strong>s garanties. Nous pourrions, techniquement,<br />

limiter les garanties <strong>de</strong> nos contrats. Je vais être direct,<br />

ce n’est, <strong>de</strong> mon point <strong>de</strong> vue, pas souhaitable. Nous<br />

n’avons pas vocation à <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s « <strong>de</strong>mi assureurs ».<br />

Une autre piste, plus intéressante mais certainement<br />

pas suffisante, celle menant à la prévention. Elle fait<br />

partie <strong>de</strong> la chaîne <strong>de</strong> valeur du métier d’assureur et<br />

tout comme en matière environnementale le meilleur<br />

déchet est celui qu’on ne produit pas, la meilleure gestion<br />

<strong>de</strong> sinistre consiste déjà à éviter qu’il ne survienne.<br />

Participer à la mise en place d’une stratégie nationale<br />

<strong>de</strong> prévention du risque sécheresse ou encore<br />

d’aménagement du territoire, mener <strong>de</strong>s politiques<br />

plus individualisées <strong>de</strong> prévention et <strong>de</strong> pédagogie<br />

pour faire évoluer les comportements face aux risques<br />

climatiques… Les assureurs sont légitimes sur ces


BILAN MERCREDI DE L’ASSURANCE 4 FÉVRIER 2015 DOMMAGES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 23<br />

sujets et en la matière, la donnée apparaît comme<br />

un élément central qu’il nous faut mieux exploiter.<br />

Troisième solution face à la hausse <strong>de</strong> la fréquence<br />

et <strong>de</strong>s coûts, l’augmentation <strong>de</strong>s cotisations. Avec le<br />

risque, encore plus prégnant face aux problématiques<br />

actuelles <strong>de</strong> pouvoir d’achat, dans le contexte <strong>de</strong> succession<br />

<strong>de</strong> crises, d’exclure du système assurantiel <strong>de</strong>s<br />

pans entiers <strong>de</strong> populations. Une perspective aux antipo<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> mes convictions mutualistes, bien entendu.<br />

On le voit, chaque médaille a son revers. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s<br />

solutions « techniques » présentées ci-<strong>de</strong>ssus, quelle<br />

posture les assureurs dommages doivent-ils adopter ?<br />

Ce n’est pas un scoop, notamment dans les pério<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> crises, les assureurs ont été accusés d’attentisme.<br />

D’être en retrait, par rapport aux sujets d’actualité et<br />

vis-à-vis <strong>de</strong> l’opinion publique. Comment <strong>de</strong>vons-nous,<br />

collectivement, gérer la nouvelle donne climatique et<br />

y répondre ? Déjà, en ne subissant pas les choses. En<br />

n’étant pas en réaction mais bien dans une participation<br />

active au débat, dans une posture <strong>de</strong> propositions. Et<br />

ce, sans attendre les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s pouvoirs publics,<br />

ou pire, la montée <strong>de</strong> mécontentements chez nos concitoyens.<br />

Que les assureurs s’impliquent au maximum.<br />

« Un assureur organise en mutualité une multitu<strong>de</strong><br />

d’assurés exposés à la réalisation <strong>de</strong> risques<br />

déterminés ». Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la définition formulée<br />

par le professeur et juriste <strong>de</strong> droit français<br />

Joseph Hémard (1876-1932), la situation climatique<br />

actuelle nous oblige, en tant qu’assureurs.<br />

Cependant, l’équation <strong>de</strong> la nouvelle donne climatique<br />

est compliquée. Dans celle-ci, le paramètre le plus<br />

important est le nombre important <strong>de</strong> personnes<br />

personnellement exposées, ainsi que leurs biens.<br />

Il est <strong>de</strong> notre responsabilité – collective – <strong>de</strong> ne<br />

pas les exclure et <strong>de</strong> leur permettre d’être bien protégées,<br />

avec un niveau <strong>de</strong> cotisation acceptable.<br />

La solution serait peut-être à chercher du côté<br />

d’une meilleure articulation entre socialisation et<br />

mutualisation du risque. J’entends par socialisation<br />

une présence renforcée <strong>de</strong>s pouvoirs publics, via,<br />

par exemple, un fonds alimenté par l’ensemble <strong>de</strong>s<br />

citoyens, car c’est bien <strong>de</strong> solidarité nationale dont<br />

il est ici question. Et par mutualisation du risque,<br />

je veux souligner le savoir-faire <strong>de</strong>s assureurs,<br />

leur rôle <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>-fou face au risque <strong>de</strong> déresponsabilisation<br />

engendré par un nouveau système.<br />

Enfin, faisons confiance à ce qui constitue un atout<br />

du système français et que jalousent nos confrères,<br />

hors <strong>de</strong> nos frontières : le régime Cat Nat, qui associe<br />

les pouvoirs publics et le secteur privé, fondé<br />

sur les principes d’universalité et <strong>de</strong> solidarité. Préservons-le,<br />

car il est protecteur pour nos concitoyens<br />

et gardons-nous <strong>de</strong> le vi<strong>de</strong>r <strong>de</strong> sa substance.<br />

Bien sûr, travaillons à le faire évoluer, en concertation<br />

avec les pouvoirs publics, pour affronter une<br />

situation climatique dégradée, qui, encore une fois,<br />

nécessite le concours et l’engagement <strong>de</strong> tous.<br />

BIO<br />

Nicolas<br />

Gomart<br />

Directeur général du groupe Matmut<br />

Âge : 58 ans<br />

Formation : Essec, CHEA<br />

Parcours : Nicolas Gomart débute sa carrière en 1987 à la<br />

Banque Indosuez avant <strong>de</strong> cofon<strong>de</strong>r Transoptions Finance<br />

(groupe Crédit Agricole). Passé par Dexia AM puis ADI Alternative<br />

Investments, il <strong>de</strong>vient DGD et membre du comex d’ADI en 2006<br />

puis DGA d’OFI Asset Management en 2009. Il rejoint la Matmut<br />

en 2012 comme directeur général adjoint. Nommé directeur<br />

général du groupe en avril 2015, Nicolas Gomart est par ailleurs<br />

vice-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la FNMF et prési<strong>de</strong>nt du conseil <strong>de</strong> surveillance<br />

d’IMA.


MARCHÉ<br />

FRPS, un régime <strong>de</strong> faveur<br />

largement adopté<br />

P.27<br />

TRIBUNE<br />

Tanguy Polet prend la plume<br />

P.28<br />

TABLEAU<br />

Tous les ren<strong>de</strong>ments servis<br />

en <strong>2022</strong><br />

P.30


BILAN DE L’ASSURANCE VIE WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 25<br />

DDA : Les critères <strong>de</strong> durabilité en stand-by<br />

Depuis le 2 août <strong>de</strong>rnier, le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> conseil en assurance vie a pris un virage vert. I<strong>de</strong>m pour celui <strong>de</strong>s conseillers<br />

en investissement financier. Désormais, les professionnels doivent recueillir les préférences <strong>de</strong> leur clientèle<br />

en matière <strong>de</strong> durabilité. Mais face à une réglementation encore inachevée au niveau européen, les régulateurs<br />

font preuve <strong>de</strong> bienveillance. Pour le moment.<br />

Par Katerina Stergiou<br />

La Directive sur la distribution<br />

<strong>de</strong> l’assurance met l’ESG à<br />

l’honneur. Depuis le 2 août<br />

<strong>de</strong>rnier, les distributeurs d’assurance<br />

vie ont l’obligation <strong>de</strong> recueillir les<br />

préférences <strong>de</strong> leur clientèle en matière<br />

<strong>de</strong> durabilité. Même son <strong>de</strong> cloche pour<br />

les conseillers en investissements<br />

financiers soumis, eux, à la directive<br />

Mif II. Mais pour eux l’obligation est<br />

en oeuvre <strong>de</strong>puis ce 1 er janvier. Au-<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong>s questions habituelles relatives à<br />

la situation financière ou encore au<br />

profil et à la tolérance au risque <strong>de</strong><br />

l’investisseur, le know your customer<br />

(KYC) intègrera désormais un volet vert.<br />

De quoi impacter le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> conseil<br />

<strong>de</strong>s professionnels.<br />

Des exigences européennes<br />

C ette obligation répond aux<br />

exigences européennes en matière<br />

extra-financières promues par <strong>de</strong>ux<br />

règlements : le SFDR (Sustainable<br />

Finance Disclosure Regulation) et<br />

la taxonomie. Un challenge <strong>de</strong> taille<br />

alors que « les clients ne sont pas<br />

complètement au fait <strong>de</strong> ces thématiques<br />

», déclare Carole Riaux, principal risk<br />

management chez Optimind. Selon un<br />

sondage réalisé en septembre <strong>de</strong>rnier<br />

par l’Institut français d’opinion publique,<br />

seuls 11% <strong>de</strong>s Français connaissent<br />

l’investissement socialement<br />

responsable (ISR). De ce fait, 45%<br />

<strong>de</strong>s personnes interrogées ne sont pas<br />

prêtes à investir une part <strong>de</strong> leur épargne<br />

dans ce champ encore brumeux. Et<br />

le cadre juridique nébuleux contribue<br />

davantage à la méfiance <strong>de</strong> l’opinion<br />

publique vis-à-vis <strong>de</strong> la sincérité <strong>de</strong> ces<br />

produits.<br />

Tout l’enjeu est ainsi d’encourager la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’investissements durables,<br />

sans que le conseil ne débouche sur<br />

<strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong> « greenwashing »<br />

(écoblanchiment). Encore faut-il que<br />

les professionnels soient formés. Le<br />

20 juillet <strong>de</strong>rnier – soit quelques jours<br />

avant l’entrée en vigueur <strong>de</strong> l’intégration<br />

<strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> durabilité – l’Autorité<br />

européenne <strong>de</strong>s assurances et <strong>de</strong>s<br />

pensions (EIOPA) a publié un gui<strong>de</strong>…<br />

en anglais. La DDA prévoit, par ailleurs,<br />

15 heures <strong>de</strong> formation annuelle pour les<br />

collaborateurs concernés. Une fois cette<br />

étape bouclée, les conseillers <strong>de</strong>vront<br />

poser <strong>de</strong>s questions bien précises à<br />

leurs clients : Quel intérêt du client<br />

pour l’investissement durable ? Sur<br />

quelles(s) thématiques ESG veut-il agir<br />

? Quelle proportion d’investissement<br />

veut-il consacrer aux objectifs<br />

présélectionnés ? Les clients <strong>de</strong>vront<br />

par ailleurs intégrer la prise en compte<br />

<strong>de</strong>s principales inci<strong>de</strong>nces négatives<br />

sur les facteurs <strong>de</strong> durabilité selon<br />

<strong>de</strong>s critères quantitatifs ou qualitatifs<br />

prédéfinis.<br />

Une réglementation manquante<br />

Sur le papier, l’intégration <strong>de</strong>s critères<br />

<strong>de</strong> durabilité est une bonne chose<br />

pour sensibiliser les investisseurs à<br />

l’heure du réchauffement climatique. Or,<br />

« aujourd’hui, nous n’avons pas encore un<br />

ensemble normatif totalement parachevé<br />

au niveau européen », explique Pierre-<br />

Grégoire Marly, professeur agrégé <strong>de</strong>s<br />

facultés <strong>de</strong> droit et prési<strong>de</strong>nt du Forum<br />

du Droit <strong>de</strong>s Assurances. « Même si<br />

le texte est entré en vigueur en France<br />

<strong>de</strong>puis l’été <strong>de</strong>rnier, les distributeurs<br />

ne sont pas vraiment en capacité <strong>de</strong><br />

l’appliquer car il manque encore une<br />

partie <strong>de</strong> la réglementation européenne et<br />

la partie existante est difficile à assimiler.<br />

Le superviseur fait donc preuve d’une<br />

certaine bienveillance, pour le moment »,<br />

a-t-il ajouté.<br />

Vers une législation opérationnelle ?<br />

À l’heure actuelle, les critères <strong>de</strong> durabilité<br />

restent en stand-by. « On ose espérer une<br />

législation plus opérationnelle courant<br />

2023 », précise Pierre-Grégoire Marly.<br />

En attendant, l’ACPR et l’AMF s’engagent<br />

à accompagner les professionnels<br />

concernés dans l’adoption <strong>de</strong> ces<br />

nouvelles obligations.<br />

La prise en compte du critère <strong>de</strong><br />

durabilité n’est pas sans rappeler le<br />

dispositif bancaire mis en place sur les<br />

livrets <strong>de</strong> développement durables et<br />

solidaires <strong>de</strong> 2020. Les conseillers sont<br />

tenus <strong>de</strong> proposer chaque année à leur<br />

client <strong>de</strong> faire un ou plusieurs dons en<br />

faveur <strong>de</strong>s entreprises <strong>de</strong> l’économie<br />

sociale et solidaire. Une obligation qui<br />

reste encore bien théorique.


26 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN DE L’ASSURANCE VIE<br />

Assurance vie : <strong>2022</strong>, une année charnière ?<br />

Dans un contexte pourtant perturbé, tantôt rythmé par la crise sanitaire, tantôt par <strong>de</strong>s taux d’intérêt extrêmement faibles –<br />

voire négatifs – les fonds euros ont tenu bon en 2021. Le taux <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment moyen servi aux assurés est ressorti stable sur<br />

un an, à 1,28% (net <strong>de</strong> prélèvements sur encours et avant prélèvements sociaux). Pour autant <strong>de</strong>puis 2012, le taux <strong>de</strong> l’actif<br />

général qui frôlait les 3% dix ans auparavant, a bien perdu <strong>de</strong> son lustre, alors qu’il a en moyenne lâché 0,2 point par an.<br />

Et si <strong>2022</strong> marquait une année charnière dans le<br />

secteur <strong>de</strong> l’assurance vie ? En ce début d’année,<br />

les yeux sont rivés sur les taux <strong>de</strong> rémunération<br />

dévoilés au compte-gouttes par les assureurs. « Très<br />

clairement, la tendance <strong>de</strong>s taux servis sur les fonds en<br />

euros sera haussière », anticipe Cyrille Chartier-Kastler,<br />

fondateur du site Good Value for Money. « Cette hausse<br />

est rendue nécessaire par celle <strong>de</strong> l’OAT », argumente<br />

l’expert. Le ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s obligations d’État françaises<br />

à 10 ans frôlait les 3% à fin décembre, alors qu’il tournait<br />

autour <strong>de</strong> 0% un an plus tôt. Ce qui <strong>de</strong> facto <strong>de</strong>vrait<br />

jouer en faveur <strong>de</strong> la rémunération du fonds euros<br />

majoritairement investi en obligations. « Toutefois,<br />

l’envolée <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong>s obligations ne joue aujourd’hui qu’un<br />

rôle marginal dans l’amélioration du ren<strong>de</strong>ment financier<br />

<strong>de</strong>s actifs généraux », explique Cyrille Chartier-Kastler.<br />

« Les assureurs étaient jusqu’alors dans une optique <strong>de</strong><br />

collecte négative sur les fonds en euros », poursuit-il.<br />

Les organismes ont, ces <strong>de</strong>rnières années, déployé <strong>de</strong>s<br />

stratégies d’offres incitant les assurés à investir sur les<br />

unités <strong>de</strong> compte. Une tactique qui a porté ses fruits. En<br />

2021, la collecte nette totale en assurance vie a atteint<br />

18,3 milliards d’euros portée par les supports en unités <strong>de</strong><br />

compte (30,6 milliards d’euros). En opposition, la collecte<br />

nette sur les fonds euros est restée en territoire négatif<br />

(-12,3 milliards d’euros). Or, « les assureurs s’emploient <strong>de</strong><br />

plus en plus à mettre fin à cette ‘politique d’austérité’ vis-àvis<br />

<strong>de</strong>s fonds en euros », renchérit l’expert.<br />

Par ailleurs, la hausse <strong>de</strong>s taux ne concerne qu’une petite<br />

partie du portefeuille <strong>de</strong>s épargnants dans la mesure où<br />

elle n’agit que sur les nouvelles obligations. Or, le stock<br />

détenu est majoritairement composé d’anciens titres,<br />

moins bien rémunérés. Les taux <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>vraient<br />

en revanche profiter <strong>de</strong> la hausse <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong>s livrets<br />

réglementés. Depuis août <strong>de</strong>rnier, le Livret A et le Livret<br />

<strong>de</strong> développement durable et solidaire (LDDS) ont vu leur<br />

taux doubler pour passer à 2%. Mieux, la rémunération<br />

du LEP atteint 4,60%. Un environnement fortement<br />

incitateur pour les assureurs à relever leur ren<strong>de</strong>ment.<br />

D’autant qu’une nouvelle hausse est attendue en février.<br />

En outre, alors que l’inflation grignote la rémunération<br />

<strong>de</strong>s placements, les assureurs n’auront d’autre choix<br />

que <strong>de</strong> piocher dans leurs provisions pour participation<br />

aux bénéfices afin <strong>de</strong> compenser l’érosion monétaire et<br />

préserver l’attractivité <strong>de</strong> leurs produits. Cyrille Chartier<br />

Kastler table sur un taux <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment moyen compris<br />

entre 1,60% et 2% pour l’année <strong>2022</strong>. « A comparer avec<br />

un taux 2021 maison <strong>de</strong> 1,08% », précise-t-il.<br />

Les frais en assurance vie dans le viseur<br />

Bien que « marginal » pour les épargnants, le phénomène<br />

<strong>de</strong> la hausse <strong>de</strong>s taux est une « très bonne nouvelle pour<br />

les assureurs », affirme David Simon, membre du comité<br />

<strong>de</strong> direction en charge <strong>de</strong>s investissements, <strong>de</strong>s finances<br />

et <strong>de</strong>s risques d’AG2R La Mondiale. Les acteurs profitent<br />

à plein d’un contexte favorable à leur santé financière.<br />

À titre d’exemple, le ratio <strong>de</strong> solvabilité du groupe <strong>de</strong><br />

protection sociale était <strong>de</strong> 218% en 2021 quand l’indice<br />

TEC 10 s’élevait à 0,10%. À fin juin, il s’est inscrit à 256%<br />

pour un indice TEC 10 à 1,99%. Pour autant, la hausse<br />

– parfois brutale – <strong>de</strong>s taux n’a pas été un long fleuve<br />

tranquille à court terme pour les assureurs, même si<br />

les plus gros y ont finalement trouvé leur compte. En<br />

2023, la tendance <strong>de</strong>vrait se stabiliser. Mais plus que<br />

les taux, un autre sujet bouscule le secteur : celui <strong>de</strong>s<br />

frais en assurance vie. Une problématique d’importance<br />

car « l’accumulation <strong>de</strong> frais élevés peut dans certains<br />

cas amputer toute espérance <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment », a expliqué<br />

Jean-Paul Faugère, vice-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’ACPR début<br />

décembre, lors <strong>de</strong> sa conférence annuelle. Face à <strong>de</strong>s<br />

efforts <strong>de</strong> transparence et <strong>de</strong> justification <strong>de</strong>s assureurs<br />

jugés insuffisants par le superviseur, ce <strong>de</strong>rnier a émis<br />

l’hypothèse d’une recommandation à venir dans les<br />

prochains mois. Un avertissement qui n’est pas tombé<br />

dans l’oreille d’un sourd. Les fédérations <strong>de</strong> la profession<br />

montrent patte blanche. Affaire à suivre. K.S.


BILAN DE L’ASSURANCE VIE WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 27<br />

FRPS : Un régime <strong>de</strong> faveur largement adopté<br />

FRPS ou régime standard <strong>de</strong> retraite :<br />

les organismes d’assurance ont<br />

tranché. La Loi Pacte prévoyait le<br />

cantonnement obligatoire <strong>de</strong>s actifs<br />

<strong>de</strong> retraite jusqu’au 1 er janvier 2023.<br />

Par Katerina Stergiou<br />

Malgré <strong>de</strong>s débuts poussifs, une<br />

vingtaine <strong>de</strong> groupes ont opté<br />

pour la création d’un fonds <strong>de</strong><br />

pension à la française, soit la majeure<br />

partie <strong>de</strong>s organismes. Parmi eux, <strong>de</strong>s<br />

bancassureurs (BNP Paribas Cardif,<br />

Crédit Agricole Assurances…) côtoyant<br />

<strong>de</strong>s mutuelles (Garance, Mutuelle<br />

Médicis…), <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> protection<br />

sociale (Agrica, Malakoff Humanis,<br />

AG2R La Mondiale, Apicil) et <strong>de</strong>s<br />

sociétés d’assurance (Allianz, Generali,<br />

Abeille Assurances…).<br />

Ces compagnies ont en effet choisi<br />

<strong>de</strong> transférer tout ou partie <strong>de</strong> leur<br />

portefeuille à un fonds <strong>de</strong> retraite<br />

professionnelle supplémentaire (FRPS).<br />

Axa, par exemple, n’y a logé qu’une<br />

partie <strong>de</strong> ses actifs. « Nous avons choisi<br />

<strong>de</strong> laisser la possibilité à nos clients<br />

– en fonction <strong>de</strong> la typologie <strong>de</strong> leurs<br />

produits – <strong>de</strong> sélectionner Axa France<br />

FRPS ou Axa France vie », explique<br />

Marie-Pierre Ravoteur, directrice<br />

épargne retraite entreprise du groupe.<br />

En dépit d’un processus marqué par<br />

<strong>de</strong> lour<strong>de</strong>s opérations comptables et<br />

contractuelles, mais également par un<br />

long travail <strong>de</strong> pédagogie, « le jeu en vaut<br />

la chan<strong>de</strong>lle », explique-t-elle.<br />

Pourquoi un tel engouement ? Tout<br />

d’abord, le FRPS offre un régime<br />

dérogatoire par rapport à Solvabilité<br />

II. Entrée en vigueur le 1 er janvier 2016,<br />

cette directive a en effet vite été jugée<br />

inadaptée à un horizon long terme <strong>de</strong><br />

gestion <strong>de</strong>s risques. Les organismes<br />

ayant opté pour la création d’un<br />

FRPS relèvent, eux, <strong>de</strong> la directive<br />

européenne sur les institutions <strong>de</strong><br />

retraite professionnelle. Cette <strong>de</strong>rnière,<br />

plus connue sous l’appellation Iorp II,<br />

se rapproche du régime <strong>de</strong> Solvabilité I.<br />

En clair, elle est moins gourman<strong>de</strong> en<br />

capital s’agissant d’investissements<br />

sur <strong>de</strong>s actifs plus risqués que la <strong>de</strong>tte<br />

souveraine. De quoi redynamiser son<br />

allocation d’actifs pour un meilleur<br />

ren<strong>de</strong>ment.<br />

Une structure coûteuse<br />

Pourtant, malgré cet avantage majeur,<br />

certains organismes préfèrent rester<br />

sur un régime standard <strong>de</strong> retraite.<br />

Mettre en place une telle structure coûte<br />

plusieurs millions d’euros. Il n’est donc<br />

pas opportun <strong>de</strong> créer un FRPS pour<br />

<strong>de</strong>s acteurs qui ont <strong>de</strong> faibles encours<br />

<strong>de</strong> produits <strong>de</strong> retraite supplémentaire.<br />

C’est le cas par exemple <strong>de</strong> SMA Vie,<br />

dont l’encours s’élève à 200 millions<br />

d’euros. I<strong>de</strong>m pour les organismes<br />

essentiellement engagés en unités <strong>de</strong><br />

compte, Iorp II étant très bénéfique<br />

pour les fonds euros plus gourmands<br />

en marge <strong>de</strong> solvabilité que les<br />

autres supports. Car sous la directive<br />

européenne, l’actif général est piloté et<br />

limité afin <strong>de</strong> minimiser la dilution <strong>de</strong>s<br />

taux <strong>de</strong> rémunération. Pour autant,<br />

le groupe Swiss Life qui pousse<br />

fortement les UC dans sa stratégie <strong>de</strong><br />

développement, a lui aussi opté pour la<br />

création d’un FRPS.<br />

Au-<strong>de</strong>là d’un cadre législatif assoupli, le<br />

fonds <strong>de</strong> pension à la française confère<br />

un autre avantage aux assureurs et pas<br />

<strong>de</strong>s moindres. Les actifs adossant les<br />

engagements <strong>de</strong> retraite jouissent d’un<br />

privilège légal – jusqu’alors réservé aux<br />

cantons réglementaires – et ne peuvent<br />

être saisis par un créancier en cas <strong>de</strong><br />

faillite. Si le marché français semble<br />

prendre goût aux FRPS, l’appétit reste<br />

très marginal au niveau européen.<br />

La France en queue <strong>de</strong> peloton<br />

Fin 2021, les fonds <strong>de</strong> pension <strong>de</strong><br />

l’Espace économique européen<br />

représentaient 2.712 milliards d’euros<br />

d’actifs. L’Hexagone concentre<br />

seulement 1% du marché européen,<br />

contre 68% pour les Pays-Bas. Au niveau<br />

international, les fonds <strong>de</strong> pension<br />

américains gèrent 22.599 milliards<br />

<strong>de</strong> dollars, soit près <strong>de</strong> 60% <strong>de</strong>s actifs<br />

totaux gérés au sein <strong>de</strong> l’OCDE à fin<br />

2021. Ces situations très contrastées<br />

selon les pays reflètent les différences<br />

entre les régimes <strong>de</strong> retraite en vigueur.<br />

Pour donner un coup d’accélérateur à<br />

la France, « il convient <strong>de</strong> maintenir un<br />

régime <strong>de</strong> faveur pour les porteurs <strong>de</strong><br />

risques », avance Hans Willert, associé<br />

chez Magellan Consulting. Mais ce<br />

régime <strong>de</strong> faveur pourrait changer, alors<br />

que la directive Iorp II doit être révisée.<br />

« Attention, il ne s’agira probablement<br />

pas d’un alignement avec la directive<br />

Solvabilité II », tempère Hans Willert.<br />

« L’idéal serait <strong>de</strong> trouver un accord à<br />

mi-chemin entre les règles assouplies<br />

<strong>de</strong> Solvabilité I et celles endurcies <strong>de</strong><br />

Solvabilité II », poursuit-il. « Quoi qu’il en<br />

soit, l’amen<strong>de</strong>ment s’annonce progressif.<br />

Les lignes auront bougé à un horizon <strong>de</strong><br />

cinq ans », conclut-il. Initialement prévu<br />

pour le 13 janvier, l’avis <strong>de</strong> l’Autorité<br />

européenne <strong>de</strong>s assurances et <strong>de</strong>s<br />

pensions professionnelles (EIOPA) sur<br />

une éventuelle révision est cette fois<br />

attendu pour le 1 er juillet 2023. Encore<br />

faut-il que le régulateur européen<br />

maintienne son calendrier.


28 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN<br />

MERCREDI<br />

DE L’ASSURANCE<br />

4 FÉVRIER 2015<br />

VIE<br />

TRIBUNE<br />

« Assurance vie : changement <strong>de</strong> paradigme »<br />

« Il est important <strong>de</strong> ne pas balayer d’un revers <strong>de</strong> main tous les acquis <strong>de</strong>s vingt <strong>de</strong>rnières<br />

années »<br />

Que retiendrons-nous <strong>de</strong> <strong>2022</strong> ? Sur le<br />

plan international, incontestablement<br />

le conflit en Ukraine.<br />

Et pour nous assureurs vie, <strong>de</strong>ux éléments<br />

que cette crise a accélérés : l’inflation et<br />

la hausse <strong>de</strong>s taux. Ces <strong>de</strong>ux marqueurs économiques<br />

nous poussent vers un changement <strong>de</strong><br />

paradigme. Certes, l’avenir n’est pas écrit, mais<br />

nous pouvons déjà tirer quelques hypothèses.<br />

La hausse brutale <strong>de</strong> l’inflation impacte tous les<br />

pans <strong>de</strong> l’économie mais également le comportement<br />

<strong>de</strong>s épargnants. En matière d’assurance<br />

vie, nous faisons face à <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> comportements.<br />

Les clients patrimoniaux veulent préserver<br />

leur objectif <strong>de</strong> valorisation <strong>de</strong> leur patrimoine<br />

et cherchent ainsi à se protéger au mieux contre<br />

l’inflation. Les unités <strong>de</strong> compte restent, dès lors,<br />

au cœur <strong>de</strong> leurs stratégies d’investissement. Les<br />

autres clients, majoritaires, sont plus sensibles<br />

à une prise minimale <strong>de</strong> risque. Ils restent donc<br />

plutôt positionnés sur une épargne <strong>de</strong> sécurité<br />

via les livrets et les fonds en euros dont les ren<strong>de</strong>ments<br />

s’afficheront certes en hausse, mais<br />

sans du tout pouvoir couvrir l’inflation.<br />

Une remontée <strong>de</strong>s taux positive<br />

La hausse <strong>de</strong>s taux était attendue. En <strong>2022</strong>, en<br />

France en tout cas, elle a pu être relativement<br />

contenue grâce à la bonne gestion <strong>de</strong> l’inflation, très<br />

inférieure à la moyenne <strong>de</strong> l’UE. Ce changement<br />

d’univers nous permettra, petit à petit, <strong>de</strong> prendre<br />

en compte les attentes <strong>de</strong>s épargnants pour <strong>de</strong>s<br />

ren<strong>de</strong>ments plus élevés sur le fonds euros. Mais<br />

il est important <strong>de</strong> ne pas balayer d’un revers <strong>de</strong><br />

main tous les acquis <strong>de</strong>s vingt <strong>de</strong>rnières années.<br />

En effet, <strong>de</strong>ux décennies <strong>de</strong> baisse <strong>de</strong>s taux ont<br />

poussé les assureurs à diversifier leur offre vers<br />

<strong>de</strong>s fonds patrimoniaux, puis <strong>de</strong>s fonds structurés,<br />

<strong>de</strong> l’immobilier et autres unités <strong>de</strong> compte.<br />

Cette baisse <strong>de</strong>s taux a finalement été bénéfique<br />

au secteur : elle a entraîné une bascule significative<br />

vers les UC, portée par un intérêt certain en<br />

termes <strong>de</strong> performances pour les assurés et <strong>de</strong><br />

profitabilité pour les assureurs. De là à blâmer<br />

la remontée <strong>de</strong>s taux, certainement pas. Elle est<br />

évi<strong>de</strong>mment positive pour la solvabilité du secteur<br />

<strong>de</strong> l’assurance et elle permet aussi <strong>de</strong> redonner<br />

<strong>de</strong>s couleurs à la classe d’actif obligataire, qui<br />

en avait bien besoin !<br />

Préserver le couple ren<strong>de</strong>ment/protection<br />

Face à ces évolutions, nous restons sereins. Les<br />

assureurs ont <strong>de</strong>s solutions pour préserver le<br />

couple ren<strong>de</strong>ment/protection attendu par leurs<br />

clients : UC, poche obligataire, High Yield et produits<br />

structurés offrent <strong>de</strong> belles opportunités et<br />

<strong>de</strong> véritables performances en pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> forte<br />

volatilité, notamment pour couvrir ou battre l’inflation.<br />

Quant à l’immobilier, sensible à la hausse<br />

<strong>de</strong>s taux d’intérêt, même s’il s’agit d’un véhicule<br />

d’épargne qui fonctionne bien avec <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong><br />

protection intéressants, la pru<strong>de</strong>nce est toutefois<br />

<strong>de</strong> mise, car la valorisation <strong>de</strong>s actifs est plutôt


BILAN MERCREDI DE L’ASSURANCE 4 FÉVRIER 2015 VIE WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 29<br />

<strong>de</strong>rrière nous. Il faut donc être plus sélectif sur<br />

cette classe d’actifs. Au global, la diversification<br />

reste <strong>de</strong> mise dans un contexte où l’expertise<br />

et la qualité <strong>de</strong> conseil constituent un réel atout<br />

dans la mesure et l’appréhension du risque par<br />

nos assurés.<br />

Vers un conseil client toujours plus expert. La<br />

pression règlementaire pousse sans cesse les<br />

assureurs vie à toujours mieux accompagner leurs<br />

clients car les solutions performantes sont évi<strong>de</strong>mment<br />

plus complexes. Les dispositions prises<br />

dans le cadre <strong>de</strong> PRIPPS, DDA ou SFDR – et plus<br />

globalement le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> conseil <strong>de</strong> la profession<br />

– imposent toujours plus <strong>de</strong> pédagogie auprès <strong>de</strong>s<br />

clients. Cette pression réglementaire implique pour<br />

chaque intermédiaire en assurance <strong>de</strong> bien faire<br />

son métier afin <strong>de</strong> permettre au client <strong>de</strong> faire<br />

les bons choix, <strong>de</strong> façon éclairée. Mais l’excès <strong>de</strong><br />

règlementation peut aussi s’avérer contre-productif<br />

lorsqu’il conduit à trop <strong>de</strong> formalisme. C’est un<br />

risque sur lequel nous <strong>de</strong>vons rester attentifs,<br />

notamment en matière d’information sur le couple<br />

frais/performances UC, très sensible en pério<strong>de</strong><br />

d’inflation. Assureurs et assets managers ont et<br />

<strong>de</strong>vront faire preuve <strong>de</strong> pédagogie pour permettre<br />

d’appréhen<strong>de</strong>r aisément la transparence attendue.<br />

<strong>2022</strong> : une année sur le marché <strong>de</strong> l’assurance<br />

vie en <strong>de</strong>mi-teinte. Face à une collecte vie en<br />

baisse, conséquence <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s géopolitiques<br />

et économiques, certains épargnants ont montré<br />

une réelle capacité <strong>de</strong> résilience. En premier lieu,<br />

la clientèle patrimoniale qui, forte <strong>de</strong> son expérience<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années, est plus mature face<br />

à la baisse <strong>de</strong>s marchés. Certains clients ont vu<br />

dans la pério<strong>de</strong> une opportunité à épargner : ceci<br />

explique la collecte encore positive sur les UC.<br />

En parallèle, l’épargne retraite, promue par la loi<br />

Pacte, a conservé tout son attrait avec <strong>de</strong>s chiffres<br />

positifs sur le PERin.<br />

Une prise <strong>de</strong> conscience nécessaire<br />

Ai<strong>de</strong>r à faire face au risque à venir est une mission<br />

prioritaire pour l’assureur y compris en assurance<br />

vie. C’est vrai pour la question <strong>de</strong>s retraites et la<br />

réforme annoncée qui va plutôt promouvoir les<br />

solutions que nous offrons. Nous <strong>de</strong>vrons faire<br />

montre <strong>de</strong> pédagogie pour inciter les Français à<br />

agir plus tôt dans leur vie professionnelle. Il en<br />

est <strong>de</strong> même en matière <strong>de</strong> responsabilité environnementale<br />

et d’information sur la durabilité<br />

<strong>de</strong>s produits financiers. Portée par les règlementations<br />

européennes dans le domaine, la finance<br />

responsable et durable est une dynamique qui<br />

s’imposera à tous. Comme intermédiaires financiers,<br />

c’est par nous que l’épargne circule et par<br />

nous que celle-ci se tournera vers ces supports :<br />

car au-<strong>de</strong>là du règlementaire, c’est aussi une prise<br />

<strong>de</strong> conscience <strong>de</strong>s épargnants que les assureurs<br />

portent en responsabilité.<br />

BIO<br />

Tanguy<br />

Polet<br />

Directeur général <strong>de</strong> Swiss Life France<br />

Formation : Diplômé <strong>de</strong> l’Université catholique <strong>de</strong> Louvain,<br />

membre du Barreau <strong>de</strong> Bruxelles.<br />

Parcours : Avocat <strong>de</strong> formation, Tanguy Polet apprend le<br />

métier d’assureur sur le tas. Après onze ans d’exercice au sein<br />

<strong>de</strong> plusieurs cabinets, dont Simmons & Simmons et Ernst &<br />

Young, il rejoint Swiss Life en 2005. Membre du comité exécutif<br />

<strong>de</strong> la filiale belge du groupe en qualité <strong>de</strong> directeur commercial<br />

et marketing, il prend les comman<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Swiss Life Luxembourg<br />

en 2008. Deux ans plus tard, il rejoint la France à la tête<br />

<strong>de</strong> la banque privée du groupe helvétique et <strong>de</strong>vient membre du<br />

comité exécutif. En 2015, Tanguy Polet est nommé directeur <strong>de</strong><br />

la division clients et transformation digitale, en charge notamment<br />

<strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> Swiss Life France. Il prend les rênes <strong>de</strong><br />

la filiale française le 1 er mars 2021.


30 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN MERCREDI DE L’ASSURANCE 4 FÉVRIER 2015 VIE<br />

Tous les taux <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s fonds<br />

euros dévoilés par les assureurs en <strong>2022</strong>


31 BILAN MERCREDI DE L’ASSURANCE 4 FÉVRIER 2015 VIE WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 31<br />

MERCREDI 4 FÉVRIER 2015


32 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN MERCREDI DE L’ASSURANCE 4 FÉVRIER 2015 VIE


33


34 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN MERCREDI DE L’ASSURANCE 4 FÉVRIER 2015 VIE


35 BILAN MERCREDI DE L’ASSURANCE 4 FÉVRIER 2015 VIE WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 35<br />

MERCREDI 4 FÉVRIER 2015


ZOOM<br />

Loi Lemoine, une bonne et<br />

une mauvaise nouvelle<br />

P.38<br />

ANALYSE<br />

PSC <strong>de</strong>s fonctionnaires, le<br />

chantier est lancé<br />

P.39<br />

TENDANCE<br />

Le retour en grâce <strong>de</strong>s ocam<br />

P.40


Un nom plus court,<br />

<strong>de</strong>s perspectives plus gran<strong>de</strong>s.<br />

Forts d’un positionnement unique où se croisent expertise, proximité et authenticité,<br />

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38 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN DE L’ASSURANCE DE PERSONNES<br />

Loi Lemoine : Une bonne et une mauvaise nouvelle<br />

La loi Lemoine a introduit la résiliation<br />

infra-annuelle en assurance emprunteur<br />

pour tous et la suppression du questionnaire<br />

médical pour une catégorie<br />

<strong>de</strong> prêts.<br />

Par Mariona Vivar<br />

La loi du 28 février <strong>2022</strong> dite loi<br />

Lemoine introduit la possibilité pour<br />

les emprunteurs <strong>de</strong> résilier leur<br />

assurance à tout moment. La résiliation<br />

infra-annuelle (RIA) est un combat <strong>de</strong><br />

longue date du secteur <strong>de</strong> l’assurance emprunteur<br />

afin <strong>de</strong> favoriser la concurrence<br />

sur un marché très fortement dominé par<br />

les bancassureurs. Ils concentrent 88%<br />

<strong>de</strong> parts <strong>de</strong> marché, malgré les tentatives<br />

du législateur <strong>de</strong> favoriser la délégation<br />

d’assurance. Avant la loi Lemoine, il y a<br />

eu la loi Lagar<strong>de</strong> <strong>de</strong> 2010 qui ouvre le<br />

droit à la délégation d’assurance ; la loi<br />

Hamon <strong>de</strong> 2014 qui rend possible la<br />

résiliation pendant la première année,<br />

et l’amen<strong>de</strong>ment Bourquin <strong>de</strong> 2018 qui<br />

permet <strong>de</strong> changer <strong>de</strong> contrat à la date<br />

d’anniversaire du contrat.<br />

La résiliation à tout moment est possible<br />

sur les nouveaux prêts <strong>de</strong>puis juin <strong>2022</strong><br />

et sur le stock <strong>de</strong>s contrats <strong>de</strong>puis septembre<br />

<strong>2022</strong>. Trois mois après l’entrée<br />

en vigueur <strong>de</strong> la loi, les spécialistes <strong>de</strong><br />

la substitution se frottent les mains et<br />

évoquent un triplement du volume <strong>de</strong>s<br />

substitutions. Le ralentissement du<br />

marché immobilier dans un contexte<br />

<strong>de</strong> remontée <strong>de</strong>s taux d’intérêt explique<br />

en partie l’appétit <strong>de</strong>s courtiers pour<br />

favoriser les substitutions.<br />

La fin du questionnaire médical<br />

La loi Lemoine a introduit par ailleurs<br />

la suppression du questionnaire médical<br />

pour les prêts <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 200 000<br />

euros arrivant à échéance avant le 60 e<br />

anniversaire <strong>de</strong> l’emprunteur. Une mesure<br />

poussée par les associations <strong>de</strong> patients<br />

qui ont par ailleurs obtenu le raccourcissement<br />

du droit à l’oubli <strong>de</strong> 10 à 5 ans<br />

sur certaines pathologies.<br />

Privés <strong>de</strong> sélection médicale, la majorité<br />

<strong>de</strong>s acteurs alternatifs a répercuté<br />

l’augmentation du coût du risque sur<br />

les tarifs. « L’augmentation tarifaire sur<br />

le segment Lemoine oscille entre 10 et<br />

40% en fonction <strong>de</strong>s profils. Les jeunes<br />

et cadres supérieurs sont moins majorés<br />

que les emprunteurs plus âgés et avec une<br />

CSP inférieure », indique David Echevin,<br />

fondateur d’Actélior. Les bancassureurs,<br />

en revanche, ont maintenu leurs tarifs<br />

sur le segment Lemoine grâce à leur<br />

capacité <strong>de</strong> mutualisation.<br />

Limiter l’anti-sélection<br />

La crainte <strong>de</strong> tout assureur est <strong>de</strong> se<br />

retrouver avec un nombre <strong>de</strong> sinistres<br />

plus élevé que la moyenne du marché.<br />

Les acteurs alternatifs ont donc introduit<br />

<strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>-fous afin <strong>de</strong> réduire le risque<br />

d’anti-sélection. Certains assureurs ont<br />

décidé <strong>de</strong> ne plus assurer les prêts pour<br />

l’achat d’une rési<strong>de</strong>nce secondaire ou<br />

pour l’achat <strong>de</strong> parts d’une société civile<br />

<strong>de</strong> placement immobilier (SCPI). Les<br />

emprunteurs couverts dans le cadre<br />

d’un contrat alternatif qui chercheraient<br />

à changer <strong>de</strong> contrat sont également<br />

suspects, car susceptibles d’avoir subi<br />

une surprime par le passé.<br />

D’autres acteurs ont introduit <strong>de</strong>s<br />

« clauses d’antériorité » dans leurs<br />

conditions générales. Celles-ci précisent<br />

que l’emprunteur ne sera pas couvert en<br />

incapacité ni invalidité pour certaines<br />

pathologies préexistantes au moment <strong>de</strong><br />

la souscription. En cas <strong>de</strong> sinistre, l’assureur<br />

<strong>de</strong>vra donc mener <strong>de</strong>s recherches<br />

pour vérifier si la pathologie à l’origine<br />

d’un arrêt <strong>de</strong> travail était préexistante.<br />

Ces clauses, si elles ne sont pas suffisamment<br />

précises et limitées, peuvent<br />

être une source <strong>de</strong> contentieux dans<br />

quelques années.<br />

Les spécialistes s’atten<strong>de</strong>nt à ce que le<br />

secteur alternatif glisse progressivement<br />

vers <strong>de</strong>s capitaux plus élévés, laissant aux<br />

banques le soin <strong>de</strong> couvrir les prêts <strong>de</strong><br />

moins <strong>de</strong> 200 000 euros. Or, le segment<br />

Lemoine représente 52% <strong>de</strong>s prêts en<br />

nombre. L’hégémonie <strong>de</strong>s banques a<br />

encore <strong>de</strong> beaux jours <strong>de</strong>vant elle.


BILAN DE L’ASSURANCE DE PERSONNES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 39<br />

PSC <strong>de</strong>s fonctionnaires : Le chantier interne est lancé<br />

<strong>2022</strong> a été une année <strong>de</strong> préparation<br />

à l’entrée en vigueur <strong>de</strong> la réforme <strong>de</strong><br />

la protection sociale complémentaire<br />

<strong>de</strong>s fonctionnaires qui fait la part<br />

belle aux contrats collectifs.<br />

Par Mariona Vivar<br />

Les premiers textes juridiques sur<br />

la mise en place <strong>de</strong> la réforme<br />

<strong>de</strong> la protection sociale complémentaire<br />

<strong>de</strong>s fonctionnaires confirment<br />

la volonté <strong>de</strong>s pouvoirs publics<br />

<strong>de</strong> privilégier les contrats collectifs à<br />

adhésion obligatoire.<br />

Un accord socle sur la FPE<br />

D’ici le 1 er janvier 2024, les agents<br />

<strong>de</strong> l’État bénéficieront d’une complémentaire<br />

santé financée à 50% par<br />

leur employeur public. L’accord interministériel<br />

du 26 janvier <strong>2022</strong>, signé<br />

à l’unanimité par les organisations<br />

syndicales, acte la mise en place d’un<br />

contrat collectif obligatoire pour les<br />

agents actifs.<br />

Le texte fixe un socle interministériel<br />

<strong>de</strong> garanties qui s’appliquera en<br />

l’absence d’accord collectif conclu au<br />

niveau <strong>de</strong> chaque ministère. Le texte<br />

précise également les mécanismes <strong>de</strong><br />

solidarité. Les retraités bénéficieront<br />

d’un plafonnement <strong>de</strong> la cotisation à<br />

partir <strong>de</strong> 75 ans.<br />

Après cet accord sur les frais <strong>de</strong> santé,<br />

les partenaires sociaux ont démarré<br />

<strong>de</strong>s négociations sur la prévoyance<br />

statutaire et complémentaire. Mais les<br />

élections prési<strong>de</strong>ntielles en avril et professionnelles<br />

en fin d’année n’ont pas<br />

permis à ces négociations d’aboutir en<br />

<strong>2022</strong>. Le ministère <strong>de</strong> l’Intérieur <strong>de</strong>vrait<br />

lancer le bal <strong>de</strong>s accords collectifs pour<br />

la mise en place d’un régime frais <strong>de</strong><br />

santé dès 2023.<br />

La réforme <strong>de</strong> la protection sociale<br />

complémentaire était censée favoriser<br />

la concentration du marché mais à ce<br />

sta<strong>de</strong> peu d’acteurs ont dévoilé leurs<br />

alliances. Le paysage <strong>de</strong>s mutuelles <strong>de</strong><br />

la fonction publique a cependant évolué.<br />

En début d’année, la mutuelle Mgéfi,<br />

référencée au ministère <strong>de</strong> l’Économie,<br />

<strong>de</strong>s Finances et <strong>de</strong> la Souveraineté<br />

industrielle et numérique, a décidé <strong>de</strong><br />

quitter le groupe Vyv pour rejoindre le<br />

groupe Matmut. Par ailleurs, la Mutuelle<br />

<strong>de</strong>s Métiers <strong>de</strong> la Justice (MMJ) a<br />

quitté AG2R La Mondiale pour intégrer<br />

le pôle fonction publique d’Aésio<br />

Mutuelle. Enfin, en décembre, AG2R La<br />

Mondiale a mis un terme au projet <strong>de</strong><br />

rapprochement avec Intériale.<br />

Par ailleurs, le passage d’un contrat<br />

individuel à adhésion facultative à un<br />

contrat collectif à adhésion obligatoire<br />

oblige les mutuelles <strong>de</strong> la fonction<br />

publique à réduire leurs coûts <strong>de</strong> fonctionnement.<br />

Le paquebot du secteur,<br />

MGEN, a annoncé en interne une réduction<br />

<strong>de</strong> coûts <strong>de</strong> 250 millions d’euros<br />

par an. La mutuelle a prévu <strong>de</strong> réduire<br />

20% <strong>de</strong> ses effectifs d’ici 2027.<br />

Des montants insuffisants sur la FPT<br />

En ce qui concerne la fonction publique<br />

territoriale, le décret du 20 avril <strong>2022</strong><br />

fixe le socle <strong>de</strong> garanties et les montants<br />

nets <strong>de</strong> participation <strong>de</strong>s employeurs.<br />

Les dispositions entreront<br />

en vigueur le 1 er janvier 2025 sur la<br />

prévoyance et le 1 er janvier 2026 pour<br />

la santé.<br />

Le décret fixe à 30 euros le montant<br />

<strong>de</strong> référence pour la participation <strong>de</strong>s<br />

collectivités territoriales et <strong>de</strong> leurs<br />

établissements au financement <strong>de</strong>s<br />

garanties frais <strong>de</strong> santé <strong>de</strong> leurs agents.<br />

Ces <strong>de</strong>rniers <strong>de</strong>vront en financer au<br />

moins 50%, soit 15 euros par agent<br />

et par mois. Le même décret fixe à 7<br />

euros par mois et par agent la participation<br />

<strong>de</strong> l’employeur public sur la<br />

couverture prévoyance.<br />

Les principales mutuelles d’agents<br />

territoriaux ont créé une coordination<br />

d’experts assurantiels et publié un plaidoyer<br />

afin <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> revoir le<br />

panier <strong>de</strong> garanties et les montants<br />

<strong>de</strong> participation en prévoyance. En<br />

l’état, le prix <strong>de</strong> la couverture serait<br />

inabordable pour les agents les plus<br />

mo<strong>de</strong>stes. Et le montant <strong>de</strong> la participation<br />

employeur <strong>de</strong> 7 euros pas<br />

suffisamment incitatif pour garantir<br />

un fort niveau <strong>de</strong> mutualisation. Le<br />

collectif <strong>de</strong> mutuelles a formulé 16<br />

propositions pour garantir le succès<br />

<strong>de</strong> la réforme <strong>de</strong> la PSC, dont certaines<br />

ont trait aux provisions techniques en<br />

prévoyance ou aux mécanismes <strong>de</strong><br />

solidarité intergénérationnelle.<br />

Sur la fonction publique hospitalière,<br />

la réforme doit entrer en vigueur d’ici<br />

2026. Les acteurs <strong>de</strong> la protection<br />

sociale complémentaire dénoncent<br />

ce calendrier, dans un contexte <strong>de</strong><br />

crise dans les hôpitaux. Offrir une<br />

protection sociale complémentaire<br />

aux agents hospitaliers permettrait<br />

d’améliorer l’attractivité d’un secteur<br />

mal en pointqui peine à maintenir ses<br />

effectifs.


40 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN DE L’ASSURANCE DE PERSONNES<br />

Santé : Au spectre <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Sécu, succè<strong>de</strong> le<br />

retour en grâce <strong>de</strong>s organismes complémentaires<br />

Après la frayeur <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Sécu,<br />

le gouvernement renoue le dialogue<br />

et ouvre <strong>de</strong>s pistes <strong>de</strong> collaboration<br />

avec les organismes complémentaires.<br />

Par Mariona Vivar<br />

La fin du premier quinquennat<br />

d’Emmanuel Macron a mis le feu<br />

aux poudres dans le secteur <strong>de</strong>s<br />

organismes complémentaires. Après la<br />

taxe Covid et les injonctions <strong>de</strong> modération<br />

tarifaire, le Haut conseil pour l’avenir<br />

<strong>de</strong> l’Assurance Maladie (HCAAM) a<br />

publié en janvier <strong>2022</strong> un rapport explosif<br />

qui explore <strong>de</strong>s pistes d’évolution sur<br />

l’articulation entre la sécurité sociale<br />

et les organismes complémentaires. Le<br />

scénario d’une Gran<strong>de</strong> Sécu a cristallisé<br />

les craintes d’un secteur <strong>de</strong> l’assurance<br />

en perte d’influence. Un secteur qui a vu<br />

progressivement son périmètre d’intervention<br />

se réduire d’année en année. La<br />

part prise en charge par les organismes<br />

complémentaires dans la consommation<br />

<strong>de</strong> soins et biens médicaux est en baisse<br />

en 2020. Ils prennent en charge 12,2%<br />

<strong>de</strong> la dépense, en recul d’1,2 point par<br />

rapport à 2019, face à une Assurance<br />

Maladie qui a se voit pousser <strong>de</strong>s ailes<br />

<strong>de</strong>puis la crise Covid. À noter que le<br />

rattrapage <strong>de</strong> soins en 2021 a inversé<br />

cette tendance.<br />

L’épidémie a considérablement plombé<br />

les comptes <strong>de</strong> l’Assurance Maladie.<br />

Avec un déficit <strong>de</strong> 51 milliards d’euros<br />

en 2020, et <strong>de</strong> 28,7 milliards d’euros<br />

en 2021, le projet <strong>de</strong> supprimer le ticket<br />

modérateur sur la majorité d’actes<br />

essentiels n’a plus la cote. Emmanuel<br />

Macron a déclaré pendant la campagne<br />

électorale son opposition à un scénario<br />

<strong>de</strong> Gran<strong>de</strong> Sécu. Le ballon d’essai s’est<br />

donc éloigné <strong>de</strong>s projecteurs, pour le plus<br />

grand soulagement su secteur.<br />

La main tendue du ministre<br />

La réélection d’Emmanuel Macron et la<br />

nomination <strong>de</strong> François Braun comme<br />

ministre <strong>de</strong> la Santé et <strong>de</strong> la Prévention<br />

ont ouvert <strong>de</strong> nouvelles perspectives.<br />

Mais l’espoir a été <strong>de</strong> courte durée car<br />

l’absence du Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République<br />

au Congrès <strong>de</strong> la Mutualité a été interprétée<br />

comme un signe <strong>de</strong> mépris.<br />

En novembre, le vent a tourné. François<br />

Braun ayant besoin <strong>de</strong>s complémentaires<br />

pour boucler le budget <strong>de</strong> la Sécu a tendu<br />

la main au secteur. Le Comité <strong>de</strong> dialogue<br />

avec les organismes complémentaires<br />

(CDOC) est né.<br />

Cette instance <strong>de</strong> concertation s’est fixée<br />

une feuille <strong>de</strong> route pluriannuelle autour<br />

<strong>de</strong> sujets structurels. En premier lieu,<br />

« la complémentarité entre assurance<br />

maladie obligatoire (AMO) et assurance<br />

maladie complémentaire (AMC) pour le<br />

financement et la soutenabilité dans le<br />

temps du système <strong>de</strong> santé », indique<br />

le ministère.<br />

En priorité, le CDOC va travailler sur le<br />

transfert <strong>de</strong> charges entre l’assurance<br />

maladie et les organismes complémentaires.<br />

Un transfert <strong>de</strong> 150 millions d’euros<br />

en 2023 et <strong>de</strong> 300 millions d’euros<br />

en année pleine est inscrit dans la loi <strong>de</strong><br />

financement <strong>de</strong> la Sécurité sociale pour<br />

2023. Le contenu exact et les postes <strong>de</strong><br />

soins concernés feront l’objet <strong>de</strong> discussions<br />

entre les ocam et l’Assurance<br />

Maladie. Ce transfert <strong>de</strong> charges est<br />

presque bien accueilli par le secteur, car<br />

il s’inscrit en faux avec le scénario <strong>de</strong><br />

Gran<strong>de</strong> Sécu. L’administration et les ocam<br />

se sont également fixé comme objectif<br />

<strong>de</strong> travailler sur d’autres chantiers :<br />

l’accès aux droits, dont la complémentaire<br />

santé solidaire, mais également le niveau<br />

<strong>de</strong> couverture AMO/AMC <strong>de</strong>s Français<br />

et notamment <strong>de</strong>s plus mo<strong>de</strong>stes. Ou<br />

encore, « le virage préventif et l’articulation<br />

<strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> l’État, <strong>de</strong> l’Assurance<br />

maladie et <strong>de</strong>s complémentaires santé »<br />

en la matière.<br />

Un avis <strong>de</strong> la CNIL bienvenu<br />

Les organismes complémentaires ont<br />

obtenu que le CDOC abor<strong>de</strong> également<br />

« les conditions d’accès et <strong>de</strong> partage<br />

d’informations et <strong>de</strong> données <strong>de</strong> santé<br />

nécessaires à la gestion du risque, au<br />

renforcement <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> prévention,<br />

à l’optimisation <strong>de</strong>s remboursements et<br />

à la connaissance <strong>de</strong>s restes à charge ».<br />

Sur ce domaine, l’avis <strong>de</strong> la CNIL du 14<br />

novembre autorise les organismes complémentaires<br />

à utiliser les données <strong>de</strong><br />

santé pour procé<strong>de</strong>r aux remboursements<br />

<strong>de</strong> leurs assurés. La commission<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> néanmoins qu’une loi vienne<br />

préciser cet usage.<br />

Le périmètre <strong>de</strong> collaboration du CDOC<br />

est encore plus large : lutte contre la<br />

frau<strong>de</strong>, tiers payant, frais <strong>de</strong> gestion...<br />

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42<br />

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BILAN DE L’ASSURANCE DE PERSONNES<br />

TRIBUNE<br />

« La réforme <strong>de</strong> la protection<br />

sociale complémentaire reste<br />

inachevée »<br />

« Sa mise en œuvre ministérielle se fait à vitesse variable, et les mécanismes <strong>de</strong><br />

solidarité comme la question <strong>de</strong> la prévoyance ne sont pas stabilisés »<br />

La réforme <strong>de</strong> la protection sociale complémentaire<br />

(PSC) <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la fonction publique<br />

était nécessaire, mais reste inachevée. Elle<br />

s’arrête, pour l’heure, à la protection en santé<br />

qui a fait l’objet d’un accord interministériel. Sa mise<br />

en œuvre ministérielle se fait à vitesse variable, et<br />

les mécanismes <strong>de</strong> solidarité comme la question<br />

<strong>de</strong> la prévoyance ne sont pas stabilisés.<br />

Chaque ministère s’organise à sa manière et à son<br />

rythme face à cette future responsabilité pour l’employeur<br />

public. À <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> l’échéance pour la<br />

fonction publique d’État, plusieurs ministères ont<br />

modifié leur date <strong>de</strong> mise en œuvre, l’avançant ou<br />

la reculant dans un calendrier contraint 2024-2026.<br />

Pour les mutuelles habituées à gérer la protection<br />

<strong>de</strong> leurs agents, la crainte majeure reste qu’il n’y ait<br />

pas suffisamment d’anticipation <strong>de</strong>s ministères sur<br />

la consolidation <strong>de</strong> leurs données et <strong>de</strong>s systèmes<br />

d’information. Si <strong>de</strong>s agents en exercice ne sont pas<br />

bien enregistrés, le risque est qu’ils se retrouvent<br />

sans protection pour un temps incertain, provoquant<br />

<strong>de</strong>s situations complexes voire dramatiques<br />

à rattraper. L’anticipation sera clé.<br />

La réforme <strong>de</strong> la PSC chamboule, par ailleurs, le<br />

modèle mutualiste puisqu’elle va casser certains<br />

mécanismes <strong>de</strong> solidarité et <strong>de</strong> redistribution. Aujourd’hui,<br />

les mutuelles couvrent sans exclure et<br />

organisent <strong>de</strong>s transferts <strong>de</strong> solidarité entre actifs<br />

et retraités, entre mala<strong>de</strong>s et bien-portants, entre<br />

générations, entre territoires. La place importante<br />

qu’occupent l’action sociale et la prévention est<br />

remise en question par un panier <strong>de</strong> soin qui fixe<br />

un minimum <strong>de</strong> 0,5% <strong>de</strong> la cotisation quand MGEN,<br />

comme la plupart <strong>de</strong>s mutuelles <strong>de</strong> la fonction publique,<br />

y consacre 3%.<br />

La PSC c’est aussi un accélérateur <strong>de</strong> redéfinition<br />

du paysage <strong>de</strong> l’assurance en France : par la crainte<br />

<strong>de</strong> la mise en concurrence et la concentration pour<br />

affronter la réforme. Le principal risque que nous y<br />

voyons, c’est la dilution du mutualisme dans l’assurance.<br />

Les mutuelles ont <strong>de</strong>s valeurs, un ancrage<br />

historique et territorial ainsi qu’un mo<strong>de</strong> d’entreprendre<br />

propre à l’ESS en gran<strong>de</strong> adéquation avec<br />

les aspirations <strong>de</strong> notre société et a fortiori <strong>de</strong>s<br />

agents du service public. Les ministères <strong>de</strong>vront<br />

assurer ce maintien fort <strong>de</strong> la solidarité.


BILAN DE L’ASSURANCE DE PERSONNES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 43<br />

La prévoyance, dont les négociations entre l’État et<br />

les organisations syndicales se poursuivent, ne doit<br />

pas être oubliée. Notre conviction, c’est que dans un<br />

mon<strong>de</strong> toujours plus contraint et un pouvoir d’achat<br />

<strong>de</strong>s Français qui se dégra<strong>de</strong>, l’État préférera investir<br />

un euro dans le pouvoir d’achat immédiat plutôt<br />

que dans la prévoyance dont les effets ne seront<br />

ressentis que par les agents qui y auront recours.<br />

Les chiffres montrent que les agents du public sont<br />

moins bien couverts que les salariés du privé. Cela<br />

dit, l’État n’a pas vocation à prendre en charge toute<br />

la protection <strong>de</strong> ses agents, qui représenterait un<br />

volume financier colossal. La prévoyance complémentaire<br />

reste et restera indispensable. Et puis, le<br />

prix <strong>de</strong> la prévoyance est toujours moins élevé que<br />

celui <strong>de</strong> l’imprévoyance : 15 milliards estimés par<br />

an pour tout le pays.<br />

Changer <strong>de</strong> paradigme sur la prévoyance<br />

Nous pensons qu’il faut changer <strong>de</strong> paradigme et<br />

faire beaucoup <strong>de</strong> pédagogie sur les risques liés à<br />

l’absence <strong>de</strong> prévoyance et le manque <strong>de</strong> prévention<br />

<strong>de</strong>s risques. C’est important qu’elles soient<br />

intégrées aux discussions autour <strong>de</strong> la réforme<br />

<strong>de</strong> la PSC pour les agents. Sans cela, les agents<br />

penseront soit qu’ils sont déjà couverts, soit qu’ils<br />

n’en ont pas besoin.<br />

Le gouvernement a montré à plusieurs reprises <strong>de</strong>puis<br />

l’été <strong>de</strong>rnier sa volonté <strong>de</strong> conserver un système<br />

complémentaire pour soutenir l’Assurance maladie<br />

et l’hôpital public. Avec le changement d’intitulé du<br />

ministère <strong>de</strong> la santé et l’ajout <strong>de</strong> la prévention, la<br />

volonté <strong>de</strong> construire <strong>de</strong>s réflexes préventifs est<br />

visible. Il a décidé <strong>de</strong> le faire sans les complémentaires<br />

santé mais a introduit <strong>de</strong> nouveaux transferts<br />

<strong>de</strong> charge et créé un Comité <strong>de</strong> dialogue avec les<br />

organismes complémentaires (CDOC).<br />

Le secteur continuera d’être associé et mis à contribution<br />

pour construire <strong>de</strong>s réponses adaptées aux<br />

besoins en santé <strong>de</strong> nos concitoyens. Sans pouvoir<br />

parler d’un virage préventif majeur, les consultations<br />

instaurées à 25, 45 et 65 ans dans le <strong>de</strong>rnier<br />

PLFSS sont le signe que la Sécurité Sociale commence<br />

à prendre plus en charge la prévention par<br />

rapport à l’approche historiquement plus curative.<br />

Leur efficacité ne peut cependant tenir que dans la<br />

complémentarité et le dialogue, au risque d’aboutir<br />

à une promesse <strong>de</strong>s pouvoirs publics en <strong>de</strong>mi-teinte<br />

: avec un cadrage trop serré, le dispositif pourrait<br />

ne pas décoller.<br />

Pour finir, après près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux années <strong>de</strong> recul sur<br />

les effets <strong>de</strong>s confinements, le ralentissement <strong>de</strong>s<br />

soins est remplacé par un rebond. La santé et la<br />

soutenabilité <strong>de</strong> notre système <strong>de</strong> santé vont rester<br />

<strong>de</strong>s préoccupations importantes pour encore<br />

quelques temps.<br />

BIO<br />

Fabrice<br />

Heyriès<br />

Directeur général <strong>de</strong> MGEN<br />

Âge : 53 ans<br />

Lieu <strong>de</strong> naissance : Sisteron<br />

(Alpes-<strong>de</strong>-Hautes-Provence).<br />

Formation : Sciences Po, licence<br />

<strong>de</strong> droit à l’université<br />

Aix-Marseille et ENA.<br />

Parcours : Il débute sa<br />

carrière dans le secteur<br />

public (Cour <strong>de</strong>s comptes,<br />

Ministère du travail, Ministère<br />

<strong>de</strong>s solidarités et <strong>de</strong> la<br />

santé). Il <strong>de</strong>vient DGA <strong>de</strong><br />

Groupama en 2015 et DG<br />

<strong>de</strong> MGEN en 2020.<br />

Matthias<br />

Savignac<br />

Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> MGEN<br />

Âge : 48 ans<br />

Lieu <strong>de</strong> naissance : Villefranche<br />

<strong>de</strong> Rouergue<br />

(Aveyron)<br />

Formation : Ecole supérieure<br />

<strong>de</strong> commerce <strong>de</strong><br />

Pau et diplômé en sciences<br />

humaines et commerce<br />

international à Montréal.<br />

Parcours : Enseignant spécialisé<br />

auprès d’élèves en<br />

difficulté, il <strong>de</strong>vient administrateur<br />

<strong>de</strong> la MGEN en<br />

2011, vice-prési<strong>de</strong>nt en<br />

2019 et prési<strong>de</strong>nt en 2021.


MARCHÉ<br />

Réassurance : En 2023, fini<br />

<strong>de</strong> jouer !<br />

P.41<br />

MARCHÉ<br />

Guerre en Ukraine, sans<br />

conséquence ou presque<br />

P.46<br />

TRIBUNE<br />

Vinicio Cellerini prend la<br />

plume<br />

P.48


BILAN DE L’ASSURANCE DES GRANDS RISQUES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 45<br />

Réassurance : En 2023, fini <strong>de</strong> jouer !<br />

Devant une sinistralité exacerbée par<br />

un funeste cocktail « inflation / guerre /<br />

pandémie », les réassureurs ne pourront<br />

échapper à une augmentation <strong>de</strong> leurs<br />

tarifs en 2023. En France comme dans<br />

le mon<strong>de</strong>, ces hausses seront au moins<br />

à <strong>de</strong>ux chiffres.<br />

Par Thierry Gouby<br />

Le durcissement <strong>de</strong> la situation<br />

géopolitique, l’inflation ou encore<br />

la forte sinistralité climatique qui ont<br />

impacté l’exercice <strong>2022</strong> vont pousser les<br />

réassureurs à durcir très significativement<br />

leurs positions pour l’exercice qui s’ouvre.<br />

« Ce sont les réassureurs qui vont donner le<br />

‘‘LA’’ sur les conditions <strong>de</strong> renouvellement »,<br />

expliquait en fin d‘année Alain Ronot,<br />

directeur <strong>de</strong>s assurances du groupe<br />

Capgemini et vice-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Amrae<br />

(l’Association <strong>de</strong> management <strong>de</strong>s<br />

risques et <strong>de</strong>s assurances <strong>de</strong> l’entreprise).<br />

Au sortir <strong>de</strong>s Ren<strong>de</strong>z-vous <strong>de</strong> Septembre<br />

<strong>de</strong> Monte-Carlo et <strong>de</strong>s rencontres <strong>de</strong><br />

Ba<strong>de</strong>n-Ba<strong>de</strong>n dédiés aux renouvellements<br />

<strong>de</strong>s contrats <strong>de</strong> réassurance pour l’exercice<br />

2023, les grands opérateurs <strong>de</strong> la place<br />

ont prévenu : la note va grimper. Devant<br />

la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> croissante <strong>de</strong> couvertures et<br />

<strong>de</strong> capacités <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s cédantes, les<br />

réassureurs vont augmenter leurs tarifs,<br />

le niveau <strong>de</strong>s franchises et revoir le capital<br />

disponible sur certains segments. « Nous<br />

anticipons une hausse à <strong>de</strong>ux chiffres<br />

du fait <strong>de</strong>s pertes assurées avoisinant<br />

les 120 milliards <strong>de</strong> dollars en <strong>2022</strong> et<br />

par l’augmentation <strong>de</strong> la fréquence et <strong>de</strong><br />

l’ampleur <strong>de</strong>s sinistres <strong>de</strong> catastrophes<br />

naturelles », expliquait en fin d’année<br />

l’agence <strong>de</strong> notation Fitch Ratings.<br />

En France, l’Apref (Association <strong>de</strong>s<br />

professionnels <strong>de</strong> la réassurance en<br />

France) estimait aussi en septembre<br />

<strong>de</strong>rnier que la hausse <strong>de</strong>s tarifs <strong>de</strong>vrait<br />

être, au moins, à <strong>de</strong>ux chiffres. Au-<strong>de</strong>là du<br />

coût <strong>de</strong> la guerre en Ukraine (lire l’article<br />

page 46), l’inflation vient également<br />

percuter la profession. « Nous travaillons<br />

majoritairement en non-proportionnel.<br />

Autrement dit, avec l’inflation, nos seuils<br />

d’interventions baissent mécaniquement »,<br />

indiquait pour l’occasion. Bertrand<br />

Romagné, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’association.<br />

Aux États-Unis, Goldman Sachs a même<br />

prédit <strong>de</strong>s hausses <strong>de</strong> tarifs pouvant<br />

atteindre jusqu’à 50% sur certains risques.<br />

Les réassureurs eux aussi fragilisés<br />

Dans ce contexte difficile, les principaux<br />

acteurs du marché, craignant que les<br />

investisseurs délaissent la réassurance<br />

pour aller chercher <strong>de</strong>s secteurs<br />

plus rémunérateurs, cherchent à se<br />

couvrir eux aussi d’avantage. Et tout<br />

particulièrement via les rétrocessions.<br />

« Les bonnes années ne compensent<br />

plus les mauvaises années, alertait en<br />

fin d’année <strong>de</strong>rnière Bertrand Romagné.<br />

Les résultats financiers permettent <strong>de</strong><br />

dégager <strong>de</strong>s bénéfices, mais nous perdons<br />

<strong>de</strong> l’argent sur la technique ». Résultat, « les<br />

bénéfices <strong>de</strong>s réassureurs sont en baisse<br />

<strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> dix ans et ils ont faibli et<br />

fluctué dans les cinq <strong>de</strong>rnières années à<br />

cause <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> règlement liées au<br />

Covid-19 et aux catastrophes naturelles […]<br />

les bénéfices <strong>de</strong> <strong>2022</strong> seront probablement<br />

contrastés et pâtiront <strong>de</strong>s pertes non<br />

réalisées relatives aux placements<br />

obligataires et à la volatilité <strong>de</strong>s marchés »,<br />

indique-t-on du côté <strong>de</strong> chez Moody’s.<br />

Ainsi, alors que les quatre quatre premiers<br />

réassureurs ont encore provisionné<br />

500 millions d’euros au titre du risque<br />

pandémique en <strong>2022</strong>, plusieurs acteurs<br />

ont connu une fin d’année difficile. C’est<br />

notamment le cas <strong>de</strong> Scor, déjà dans le<br />

rouge au premier semestre. Le réassureur<br />

tricolore a annoncé une nouvelle perte<br />

au troisième trimestre (270 millions<br />

d’euros), plombé principalement par le<br />

coût <strong>de</strong>s catastrophes naturelles. Sur<br />

neuf mois, les pertes du réassureur<br />

ont atteint les 509 millions d’euros.<br />

Anticipant « une poursuite <strong>de</strong> la hausse<br />

<strong>de</strong> l’inflation et du coût <strong>de</strong>s sinistres »,<br />

Scor a décidé <strong>de</strong> renforcer son bilan en<br />

ajoutant 485 millions d’euros aux réserves<br />

<strong>de</strong> sa branche <strong>de</strong> réassurance dommage.<br />

Pour revenir dans le vert, le groupe a<br />

notamment prévu <strong>de</strong> réduire sa volatilité<br />

en s’exposant moins aux catastrophes<br />

naturelles, d’augmenter ses tarifs, <strong>de</strong><br />

bénéficier <strong>de</strong> la hausse <strong>de</strong>s taux et <strong>de</strong><br />

réduire ses coûts.


46<br />

WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN DE L’ASSURANCE DES GRANDS RISQUES<br />

Guerre en Ukraine : Sans conséquence, ou presque...<br />

Depuis le début <strong>de</strong> la guerre en Ukraine<br />

fin février <strong>2022</strong>, les conséquences<br />

pour les assureurs et réassureurs<br />

sont nombreuses tant en matière <strong>de</strong><br />

business que <strong>de</strong> sinistralité. Si les<br />

pertes estimées pourraient atteindre<br />

35 milliards <strong>de</strong> dollars pour le marché,<br />

elles seront absorbées sans difficulté<br />

par le secteur.<br />

L’invasion <strong>de</strong> l’Ukraine par la Russie<br />

face le 24 février <strong>2022</strong> a vivement<br />

secoué le marché <strong>de</strong> l’assurance<br />

et <strong>de</strong> la réassurance et ce à <strong>de</strong> multiples<br />

égards. En matière d’activité d’abord,<br />

le conflit Est-Européen a eu un impact<br />

significatif sur plusieurs branches<br />

comme l’assurance aviation.<br />

« Environ 513 avions exploités par <strong>de</strong>s<br />

compagnies aériennes russes d’une valeur<br />

<strong>de</strong> 10 milliards <strong>de</strong> dollars étaient loués<br />

à <strong>de</strong>s entreprises non russes », explique<br />

l’OCDE dans son <strong>de</strong>rnier rapport sur<br />

l’impact <strong>de</strong> la guerre en Ukraine sur le<br />

marché <strong>de</strong> l’assurance. « L’application <strong>de</strong>s<br />

sanctions <strong>de</strong> l’UE interdisant la location<br />

d’avions aux compagnies aériennes<br />

russes a eu un impact majeur sur le<br />

secteur <strong>de</strong> l’assurance aviation, qui <strong>de</strong>vrait<br />

subir son sinistre le plus important jamais<br />

enregistré », ajoute-t-elle.<br />

Autre activité touchée, l’assurance<br />

maritime. Entre l’incapacité <strong>de</strong>s navires<br />

à se déplacer, le naufrage <strong>de</strong> certains<br />

bâtiments, les dommages aux biens<br />

ou aux équipements, les interruptions<br />

<strong>de</strong>s opérations portuaires ou encore la<br />

perte <strong>de</strong> marchandise, l’agence Property<br />

Claims Services (PCS), estime les pertes<br />

entre 2 et 5 milliards <strong>de</strong> dollars. « La<br />

guerre augmente aussi le niveau <strong>de</strong><br />

cyber-risque, avec <strong>de</strong>s attaques déjà<br />

dirigées contre l’Ukraine et la Russie<br />

et d’autres pays, qui peut générer <strong>de</strong>s<br />

pertes en fonction <strong>de</strong> l’existence d’une<br />

couverture et <strong>de</strong> l’applicabilité <strong>de</strong> divers<br />

types d’exclusions », fait ensuite valoir<br />

l’OCDE.<br />

Couper les ponts avec la Russie<br />

En parallèle <strong>de</strong>s conséquences purement<br />

assurantielles sur le risque crédit ou<br />

politique également, assureurs et<br />

réassureurs ont également dû revoir<br />

leurs positions sur le marché russe.<br />

Ainsi, « un certain nombre d’assureurs<br />

et <strong>de</strong> réassureurs ont volontairement<br />

décidé <strong>de</strong> réduire leur exposition au<br />

marché russe <strong>de</strong> l’assurance, en ne<br />

souscrivant pas <strong>de</strong> nouvelles affaires<br />

ou, pour les assureurs filiales russes, en<br />

réduisant ou en vendant leur participation<br />

», explique ensuite l’OCDE. Les sanctions<br />

occi<strong>de</strong>ntales peuvent également entraver<br />

l’exécution <strong>de</strong>s contrats d’assurance, par<br />

exemple en interdisant le paiement <strong>de</strong>s<br />

sinistres aux entités russes.<br />

De son côté, la Russie a voté une loi<br />

fédérale interdisant à ses opérateurs<br />

locaux « <strong>de</strong> conclure <strong>de</strong>s accords<br />

avec <strong>de</strong>s assureurs, <strong>de</strong>s réassureurs<br />

et <strong>de</strong>s courtiers d’assurance d’États<br />

hostiles », parmi lesquels figurent<br />

sans surprise l’ensemble <strong>de</strong>s États <strong>de</strong><br />

l’Union européenne, le Japon, la Suisse,<br />

les États-Unis ou encore le Royaume-Uni<br />

et plusieurs <strong>de</strong> ses territoires rattachés<br />

comme Jersey ou Gibraltar.<br />

Jusqu’à 35 milliards <strong>de</strong> dollars<br />

D’autres impacts indirects liés au conflit<br />

en Ukraine se font également jour ces<br />

<strong>de</strong>rniers mois pour les opérateurs,<br />

entre pressions inflationnistes accrues,<br />

anticipations <strong>de</strong> hausse <strong>de</strong>s taux d’intérêt<br />

et volatilité <strong>de</strong>s marchés financiers…<br />

« Toute faiblesse économique prolongée<br />

ou récession éventuelle résultant <strong>de</strong><br />

l’inflation et une politique monétaire plus<br />

restrictive affecteront la croissance <strong>de</strong>s<br />

primes et pourraient également avoir<br />

un impact sur le crédit notations <strong>de</strong>s<br />

obligations incluses dans les portefeuilles<br />

d’investissement », explique l’OCDE.<br />

Comme l’agence <strong>de</strong> notation S&P par<br />

exemple, « certains observateurs évoquent<br />

un coût <strong>de</strong> 13 milliards à 35 milliards<br />

<strong>de</strong> dollars. Dans les faits, les sinistres<br />

sont en développement et ne sont pas<br />

encore véritablement constatés dans les<br />

comptes <strong>de</strong>s réassureurs », soulignait à la<br />

rentrée <strong>de</strong> septembre Bertrand Romagné,<br />

le prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> l’Apref (Association<br />

<strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> la réassurance<br />

en france). « Reconnaissant que la<br />

situation est incertaine, <strong>de</strong>s estimations<br />

approximatives préliminaires suggèrent<br />

une perte industrielle <strong>de</strong> 20,6 milliards<br />

<strong>de</strong> dollars qui, bien qu’importante, est<br />

gérable pour le secteur, en ligne avec les<br />

coûts d’une catastrophe naturelle <strong>de</strong> taille<br />

moyenne », précise pour sa part l’OCDE.<br />

En fin d’année <strong>2022</strong>, le marché <strong>de</strong>s<br />

Lloyd’s <strong>de</strong> Londres avait par exemple<br />

indiqué que ses membres avaient<br />

provisionné au total 1,1 milliard <strong>de</strong> livres<br />

pour in<strong>de</strong>mniser leurs clients ayant subi<br />

<strong>de</strong>s dommages en conséquence <strong>de</strong> la<br />

guerre en Ukraine. T.G.


BILAN DE L’ASSURANCE DES GRANDS RISQUES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 47<br />

Captives : Cette fois, c’est la bonne !<br />

Retoqué dans le PLF <strong>2022</strong> et retenu<br />

in extremis dans le texte final <strong>de</strong> la<br />

loi <strong>de</strong> finances 2023, le projet <strong>de</strong><br />

création <strong>de</strong> captives <strong>de</strong> réassurance<br />

à la française verra bien le jour dans<br />

les prochains mois. Reste l’épineuse<br />

question <strong>de</strong>s plafonds relatifs à la<br />

provision d’égalisation.<br />

Par Thierry Gouby<br />

Après avoir raté le coche dans la<br />

loi <strong>de</strong> finances <strong>2022</strong>, le dispositif<br />

<strong>de</strong> captives <strong>de</strong> réassurance à la<br />

française verra bien le jour en 2023.<br />

Pourtant, passé par Bruxelles et objet<br />

<strong>de</strong> nombreuses tergiversations durant<br />

l’année, le projet a connu bien <strong>de</strong>s<br />

rebondissements ces <strong>de</strong>rniers mois.<br />

En octobre <strong>de</strong>rnier, à l’approche du<br />

prochain PLF, plusieurs amen<strong>de</strong>ments<br />

sont ainsi déposés hors délais dans<br />

le projet <strong>de</strong> texte, dont un relatif à<br />

l’introduction <strong>de</strong> captives <strong>de</strong> réassurance.<br />

Interpellé sur le sujet, Bruno Le Maire<br />

avait alors fini d’enterrer tout espoir :<br />

« J’estime qu’il est nécessaire <strong>de</strong> bouger<br />

sur les captives d’assurance. Finalement<br />

cet amen<strong>de</strong>ment a été retiré. Je prends<br />

l’engagement que nous agissons en totale<br />

transparence. Il ne sera pas dans le texte<br />

final du gouvernement », avait-il déclaré,<br />

malgré <strong>de</strong> nombreux projets tricolores<br />

en cours.<br />

En effet, quelques jours plus tôt,<br />

Publicis Ré, structure <strong>de</strong> réassurance<br />

du géant <strong>de</strong> la publicité, obtenait son<br />

agrément pour opérer en France. De<br />

leur côté, les groupes Lactalis, Atlantic<br />

ou encore Lucien Barrière avaient eux<br />

aussi enregistré leurs véhicules dans<br />

l’Hexagone, sans compter la vingtaine <strong>de</strong><br />

projets <strong>de</strong> captives à l’étu<strong>de</strong> et en attente<br />

<strong>de</strong> signaux positifs du gouvernement.<br />

Merci le 49.3<br />

Mais c’est sans compter sur plusieurs<br />

rebondissements. Mi-novembre d’abord,<br />

<strong>de</strong>ux amen<strong>de</strong>ments au PLF 2023,<br />

déposés au Sénat, introduisent une<br />

nouvelle fois la création <strong>de</strong> captives<br />

<strong>de</strong> réassurance en France. Le premier<br />

texte est emmené par le sénateur <strong>de</strong><br />

l’Isère, Didier Rambaud, et le second par<br />

le sénateur du Finistère, Michel Canévet.<br />

Mi-décembre ensuite, la Première<br />

ministre engage la responsabilité<br />

du gouvernement sur la première<br />

partie du PLF via l’article 49.3 <strong>de</strong> la<br />

constitution. Dans le texte défendu<br />

par le gouvernement, l’article 3 quater<br />

A (<strong>de</strong>venu article 6) intégré par les<br />

sénateurs et ouvrant la voie à la création<br />

<strong>de</strong> captives est bel et bien présent, même<br />

s’il est amendé (lire <strong>de</strong>rnier paragraphe).<br />

Alors qu’on pense le texte définitivement<br />

adopté, un recours déposé mi-décembre<br />

<strong>de</strong>vant le Conseil constitutionnel par<br />

<strong>de</strong>s député(e)s <strong>de</strong> la Nupes vient <strong>de</strong><br />

nouveau semer le trouble. Il faudra<br />

finalement attendre le 29 décembre<br />

<strong>de</strong>rnier pour que les Sages <strong>de</strong> la rue<br />

Montpensier considèrent que « le grief tiré<br />

<strong>de</strong> l’irrégularité <strong>de</strong> la procédure d’adoption<br />

<strong>de</strong> l’article 6 doit être écarté ».<br />

Débats <strong>de</strong> plafonds<br />

Désormais, plus rien ne peut s’opposer<br />

au projet <strong>de</strong> création <strong>de</strong> captives <strong>de</strong><br />

réassurance à la française. Le dispositif<br />

va maintenant se cristalliser sur le sujet<br />

<strong>de</strong>s plafonds relatifs à la provision<br />

d’égalisation.<br />

« La limite dans laquelle les dotations<br />

annuelles à cette provision peuvent être<br />

retranchées <strong>de</strong>s bénéfices et celle du<br />

montant global <strong>de</strong> la provision sont fixées<br />

par décret, respectivement en fonction <strong>de</strong><br />

l’importance <strong>de</strong>s bénéfices techniques<br />

et <strong>de</strong> la moyenne sur les trois <strong>de</strong>rnières<br />

années du minimum <strong>de</strong> capital requis »,<br />

peut-on lire dans le projet <strong>de</strong> loi.<br />

Sur ce sujet, plusieurs voix s’opposent.<br />

« La volonté <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s captives en<br />

France ne répond pas à une logique<br />

fiscale mais à un besoin <strong>de</strong> couverture<br />

<strong>de</strong>s entreprises tricolores que ces mêmes<br />

opérateurs insatisfaits ne sont plus en<br />

mesure ou ne veulent plus proposer.<br />

Plafonner <strong>de</strong> manière trop importante<br />

la provision d’égalisation et sa dotation<br />

annuelle revient tout simplement à tuer<br />

l’intérêt d’un tel dispositif », explique le<br />

risk manager d’un grand groupe sous<br />

couvert d’anonymat.<br />

De son côté, France Assureurs dit prendre<br />

acte <strong>de</strong> la volonté du gouvernement <strong>de</strong><br />

permettre aux sociétés <strong>de</strong> réassurance<br />

captives <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s entreprises<br />

françaises <strong>de</strong> constituer en franchise<br />

d’impôts <strong>de</strong>s provisions d’égalisation<br />

leur permettant <strong>de</strong> lisser dans le temps<br />

les risques qu’elles réassureront.<br />

La fédération <strong>de</strong>s assureurs explique<br />

à News Assurances Pro qu’elle « a<br />

toujours considéré que le développement<br />

<strong>de</strong> sociétés <strong>de</strong> réassurance captives<br />

pouvait être un levier complémentaire<br />

utile à une meilleure protection <strong>de</strong>s<br />

gran<strong>de</strong>s entreprises françaises ». Pour<br />

autant, le fédération argue que, « cette<br />

complémentarité méritait à notre<br />

sens <strong>de</strong> cibler ce développement <strong>de</strong>s<br />

captives là où effectivement le marché<br />

<strong>de</strong> l’assurance et <strong>de</strong> la réassurance<br />

classique pouvait présenter un déficit<br />

<strong>de</strong> capacité. Cela peut être le cas sur<br />

quelques risques spécifiques (pandémie,<br />

perte d’exploitation sans dommages,<br />

cyber risques). Mais la gran<strong>de</strong> majorité<br />

<strong>de</strong>s risques (catastrophes naturelles,<br />

incendie, pertes d’exploitation suite à<br />

dommages, bris <strong>de</strong> machines…) pouvant<br />

créer <strong>de</strong>s dommages aux entreprises<br />

trouvent à s’assurer avec <strong>de</strong>s niveaux<br />

adaptés <strong>de</strong> prévention, <strong>de</strong> franchise et<br />

<strong>de</strong> plafond. Nous restons attachés à un<br />

traitement équitable entre acteurs ».<br />

Dans l’attente <strong>de</strong>s décrets d’application<br />

qui doivent venir fixer le niveau <strong>de</strong> ces<br />

limitations et qui sont attendus au mieux<br />

au printemps 2023, « une dotation pour<br />

provision à hauteur <strong>de</strong> 90% du résultat<br />

technique annuel serait un niveau idéal<br />

pour que le dispositif soit attractif », fait<br />

valoir un proche du dossier.<br />

En ce qui concerne le plafond <strong>de</strong> la<br />

provision d’égalisation elle-même, Bercy<br />

travaillerait actuellement à « un métrique<br />

qui s’inscrit dans la ligne du minimum<br />

<strong>de</strong> capital requis sous Solvabilité 2. Il<br />

reste à fixer le niveau <strong>de</strong> ce métrique<br />

pour lequel l’ensemble <strong>de</strong>s parties sont<br />

aujourd’hui plutôt alignées », indique une<br />

source proche du ministère.<br />

Pour sa part, l’Amrae, moteur <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s<br />

années sur le sujet, poursuit ses travaux<br />

autour <strong>de</strong> la création d’une fédération<br />

française <strong>de</strong>s captives.


48 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN DE L’ASSURANCE DES GRANDS RISQUES<br />

TRIBUNE<br />

« Le métier d’assureur<br />

est un métier d’avenir ! »<br />

« Notre métier apporte <strong>de</strong> fait une conaissance intime et scientifique <strong>de</strong>s<br />

risques ; il nous oblige donc à anticiper les gran<strong>de</strong>s transformations... »<br />

La fragmentation sociale, économique et<br />

géopolitique aura atteint en <strong>2022</strong> <strong>de</strong>s niveaux<br />

très élevés, avec une poussée <strong>de</strong>s<br />

extrêmes remettant en cause jusqu’au principe<br />

même <strong>de</strong> la démocratie et un retour <strong>de</strong> la<br />

guerre dans un continent en paix. L’effet collatéral<br />

<strong>de</strong> ces chocs est <strong>de</strong> provoquer l’éveil <strong>de</strong> nos sociétés<br />

pour la compréhension <strong>de</strong>s risques globaux.<br />

Dans une économie mondialisée et interconnectée,<br />

où les enjeux évoluent à gran<strong>de</strong> vitesse vers<br />

une complexité toujours plus gran<strong>de</strong>, l’impact <strong>de</strong>s<br />

crises à venir est <strong>de</strong> plus en plus difficile à anticiper.<br />

Dès lors, la question se pose <strong>de</strong> savoir comment<br />

assurer l’inassurable que représentent le changement<br />

climatique, les nouvelles technologies, les<br />

cybermenaces, les risques sociaux et géopolitiques.<br />

Devant ces enjeux nouveaux, la mission <strong>de</strong> l’assureur<br />

est d’intégrer l’évolution <strong>de</strong> la société, dans<br />

toutes ses dimensions, d’autant que l’augmentation<br />

du gap <strong>de</strong> protection qui affecte le secteur<br />

<strong>de</strong> l’assurance nous oblige à nous armer différemment.<br />

En ébranlant notre business mo<strong>de</strong>l, le<br />

développement <strong>de</strong> l’univers <strong>de</strong>s risques est un<br />

défi qui touche le cœur même <strong>de</strong> notre activité.<br />

Les assureurs sont donc plus utiles que jamais, jouant<br />

un rôle central face à l’augmentation <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong><br />

couverture. Pour réduire le déficit <strong>de</strong> protection, c’est<br />

sur la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> que l’on doit concentrer nos efforts,<br />

afin <strong>de</strong> réduire les besoins, en associant toutes les parties<br />

prenantes, gran<strong>de</strong>s et petites, privées et publiques.<br />

Sans innovation, ces efforts n’auront pas d’effet.<br />

Ainsi, chez Zurich, nous concentrons notre innovation<br />

sur trois domaines clés : le digital, les données<br />

et les plateformes. En tant que « start-up âgée<br />

<strong>de</strong> 150 ans », nous nous appuyons sur la bonne<br />

technologie pour construire <strong>de</strong>s solutions globales<br />

pour nos clients. Si les données sont souvent<br />

décrites comme un avantage concurrentiel, pour<br />

nous l’enjeu va au-<strong>de</strong>là d’une simple amélioration<br />

<strong>de</strong> l’efficacité et <strong>de</strong> la réduction <strong>de</strong>s coûts : les<br />

données jouent également un rôle clé pour la prévision<br />

et l’établissement <strong>de</strong> mesures préventives.<br />

Si l’innovation interne joue un rôle essentiel, il<br />

en va <strong>de</strong> même pour l’innovation externe, pour<br />

laquelle la collaboration avec les penseurs est<br />

pour nous indispensable. C’est pourquoi nous<br />

avons lancé un tournoi mondial <strong>de</strong> start-up, le<br />

Zurich Innovation Championship, qui a rassemblé<br />

plus <strong>de</strong> 2 700 candidats dans sa <strong>de</strong>rnière version.<br />

Jusqu’à présent, les clients nous contactaient lorsque<br />

les choses allaient mal et l’assureur réglait les sinistres.<br />

Aujourd’hui, les assureurs ont une vision plus<br />

large, pour ai<strong>de</strong>r leurs clients à éviter que le pire ne<br />

se produise. Nous voulons également jouer un rôle


BILAN DE L’ASSURANCE DES GRANDS RISQUES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 49<br />

où nous répondons aux attentes croissantes <strong>de</strong><br />

nos clients sur les questions sociales et humaines.<br />

La meilleure assurance contre les risques globaux est<br />

notre capacité à nous transformer vers la durabilité.<br />

Chez Zurich, nous refusons d’accepter un mon<strong>de</strong><br />

où l’inertie est la norme. En tant que signataire <strong>de</strong><br />

l’engagement «Business Ambition for 1.5°C» et en<br />

tant que membre <strong>de</strong> la Net-Zero Insurance Alliance<br />

(NZIA) <strong>de</strong>s Nations unies, nous comprenons que<br />

les actions parlent plus fort que les mots, et nous<br />

nous engageons à être l’une <strong>de</strong>s entreprises les plus<br />

responsables et ayant le plus d’impact au mon<strong>de</strong>.<br />

Les membres <strong>de</strong> la NZIA se sont engagés à faire<br />

évoluer leurs portefeuilles <strong>de</strong> souscription vers <strong>de</strong>s<br />

émissions nettes <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre nulles d’ici<br />

à 2050, afin <strong>de</strong> contribuer à la mise en œuvre <strong>de</strong><br />

l’Accord <strong>de</strong> Paris sur le changement climatique.<br />

Notre métier apporte <strong>de</strong> fait une connaissance intime<br />

et scientifique <strong>de</strong>s risques ; il nous oblige donc à<br />

anticiper les gran<strong>de</strong>s transformations, d’agir comme<br />

<strong>de</strong>s éclaireurs, ouvrant la voie aux autres acteurs,<br />

à travers la sensibilisation, la prévention et la résilience.<br />

Face à l’ampleur exponentielle <strong>de</strong>s chocs,<br />

nous <strong>de</strong>vons remo<strong>de</strong>ler nos métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s<br />

risques en travaillant plus en amont avec nos clients.<br />

Plus que dans tout autre secteur, les données seront<br />

au cœur <strong>de</strong> notre métier. C’est l’esprit qui a animé<br />

la création par Zurich du nouveau service « Cli-<br />

mate Change Resilience Services », qui s’appuie<br />

sur l’expertise <strong>de</strong> climatologues qui ont participé<br />

à différents rapports du GIEC. Grâce aux données,<br />

nous pouvons projeter l’exposition aux catastrophes<br />

naturelles <strong>de</strong> nos clients sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 10,<br />

15 ou 30 ans en combinaison avec <strong>de</strong>s scénarios<br />

d’augmentation <strong>de</strong> la température <strong>de</strong> 1,5%, 2% ou<br />

3%... afin par exemple <strong>de</strong> simuler l’impact potentiel<br />

sur le niveau <strong>de</strong>s océans. Pour les risques complexes,<br />

l’amélioration <strong>de</strong>s données agit comme un<br />

catalyseur pour renforcer la résilience <strong>de</strong> nos clients.<br />

Enfin, en qualité d’investisseurs dans les économies,<br />

les assureurs bénéficient d’un effet <strong>de</strong> levier important<br />

pour ouvrir la voie au changement et accélérer la double<br />

transition écologique et digitale, en les finançant.<br />

Notre engagement est fort et concret. Nous pensons<br />

qu’il est moins efficace <strong>de</strong> se séparer d’entreprises<br />

ayant une forte empreinte carbone que<br />

<strong>de</strong> travailler ensemble pour encourager l’adoption<br />

<strong>de</strong> pratiques durables. Investir avec du capital<br />

patient nous permet <strong>de</strong> garantir une performance<br />

durable et à long terme pour nos clients, au service<br />

<strong>de</strong> la transition environnementale et sociale.<br />

Nous ne pouvons plus nous contenter d’atténuer les<br />

conséquences <strong>de</strong> l’inaction en matière <strong>de</strong> climat.<br />

Notre mission est <strong>de</strong> protéger les actifs aujourd’hui<br />

pour mieux repenser leur usage <strong>de</strong>main.<br />

BIO<br />

Vinicio<br />

Cellerini<br />

Directeur général France <strong>de</strong> Zurich Insurance<br />

Âge : 58 ans<br />

Parcours : Vinicio Cellerini débute sa carrière en 1984 chez Mobilière<br />

Suisse Assurances. Entré chez Zurich Insurance <strong>de</strong>ux ans<br />

plus tard, il y occupe le poste <strong>de</strong> directeur regional global coporate<br />

jusqu’en 2000, avant <strong>de</strong> rejoindre Farmers Insurance l’année<br />

suivante. Il réintègre Zurich Insurance en 2002 comme directeur<br />

régional <strong>de</strong>s ventes. Nommé DG <strong>de</strong> Zurich Global Corporate en<br />

Italie en 2005, en Suisse en 2010, puis en Angleterre en 2012,<br />

il prend en 2017 la tête <strong>de</strong> l’activité commerciale assurance du<br />

groupe. Depuis 2019, Vinicio Cellerini, est global head of customer<br />

& distribution management au sein <strong>de</strong> la compagnie. En <strong>2022</strong>,<br />

il est nommé DG par intérim <strong>de</strong> la succursale française.


PUB<br />

GUIDE<br />

Les coups <strong>de</strong> coeur innovation<br />

<strong>de</strong> la rédaction<br />

P.52<br />

FOCUS<br />

L’assurtech entre dans le dur<br />

P.53<br />

INFOGRAPHIE<br />

Le marché <strong>de</strong> l’assurtech en<br />

<strong>2022</strong><br />

P.54


52<br />

WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN DE L’INNOVATION<br />

Le gui<strong>de</strong> <strong>2022</strong> <strong>de</strong> l’innovation par type<br />

Malgré le contexte singulier en raison<br />

<strong>de</strong> l’inflation, les assureurs ont<br />

continué d’innover en 2021. Tour<br />

d’horizon <strong>de</strong>s nouveuax produits,<br />

partenariats naissants ou encore<br />

garanties originales qu’il ne fallait<br />

pas manquer dans les différentes<br />

branches du secteur <strong>de</strong> l’assurance.<br />

Par la rédaction <strong>de</strong> News Assurances<br />

Pro<br />

ÉPARGNE<br />

• Garance. En octobre, Garance est<br />

entré à hauteur <strong>de</strong> 20% au capital <strong>de</strong><br />

Lily facilite la vie. Son objectif est<br />

d’offrir à ses clients entrepreneurs<br />

<strong>de</strong> proximité et indépendants – soit<br />

près <strong>de</strong> 3M <strong>de</strong> personnes – un service<br />

d’assistance et <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong>s<br />

risques liés à la surcharge mentale<br />

au travail. Cette opération <strong>de</strong> financement<br />

va permettre à Lily facilite la<br />

vie <strong>de</strong> poursuivre son développement.<br />

• Axa. Axa a annoncé le lancement<br />

d’un service financier disponible pour<br />

les bénéficiaires d’un PER entreprise.<br />

Grâce à ce nouveau service, les bénéficiaires<br />

d’un dispositif <strong>de</strong> retraite<br />

collective peuvent avoir accès à un<br />

conseiller financier indépendant<br />

sous forme <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux coachings <strong>de</strong><br />

30 minutes par an. Axa espère, à<br />

travers ce nouvel outil, permettre à<br />

ses entreprises clientes <strong>de</strong> fidéliser<br />

leurs employés.<br />

SANTÉ / PRÉVOYANCE<br />

Cette année encore, les contrats<br />

santé et prévoyance se sont enrichis<br />

<strong>de</strong> services innovants.<br />

Nos coups <strong>de</strong> cœur :<br />

• Mon bilan cardio : Malakoff Humanis<br />

lance un nouveau parcours <strong>de</strong><br />

prévention. À fois digital et physique,<br />

le parcours permet à l’assuré <strong>de</strong><br />

réaliser un bilan personnalisé sur<br />

son profil <strong>de</strong> risque. “Mon bilan cardio”<br />

a été conçu en partenariat avec<br />

Giphar, groupement <strong>de</strong> pharmaciens<br />

indépendants et Livi, opérateur <strong>de</strong><br />

téléconsultation.<br />

• Lola Health : Cette insurtech souhaite<br />

mo<strong>de</strong>rniser l’assurance santé<br />

collective en apportant <strong>de</strong> nouvelles<br />

garanties qui répon<strong>de</strong>nt aux besoins<br />

<strong>de</strong> santé <strong>de</strong>s femmes. Le courtier<br />

a lancé une première offre en partenariat<br />

avec Axa France.<br />

• Prévention plurielle : La mutuelle <strong>de</strong><br />

livre 3 lance un premier programme<br />

<strong>de</strong> prévention avec IMA appelé « Impulsion<br />

santé » qui s’adresse aux personnes<br />

en souffrance psychologique,<br />

atteintes d’une maladie chronique<br />

ou tout simplement souhaitant augmenter<br />

leur capital santé. Intériale<br />

a rendu la prévention obligatoire<br />

puisque <strong>de</strong>puis le 1er janvier <strong>2022</strong>,<br />

les adhérents doivent s’acquitter<br />

d’une adhésion à Prévention Plurielle<br />

(0,90 centimes par mois).<br />

IARD<br />

Malgré un contexte économique<br />

moins tonitruant que les exercices<br />

précé<strong>de</strong>nts, <strong>2022</strong> a vu naître plusieurs<br />

initiatives, innovations et<br />

nouveaux acteurs sur le segment<br />

<strong>de</strong> l’assurance dommages.<br />

Nos coups <strong>de</strong> cœur :<br />

• Klarity : Assurtech dédiée au marché<br />

français <strong>de</strong>s TPE / PME et ciblant<br />

les métiers complexes à assurer<br />

comme les diagnostiqueurs ou les<br />

agents commerciaux immobiliers.<br />

• Generali France : L’assureur propose<br />

désormais au grand public<br />

« Ensemble Face aux risques », un<br />

outil gratuit <strong>de</strong> cartographie et <strong>de</strong><br />

diagnostic personnalisé <strong>de</strong>s risques<br />

naturels permettant à chacun <strong>de</strong><br />

connaître son exposition.<br />

• Evy : Offre d’assurance embarquée<br />

dédiée aux retailers avec une API leur<br />

permettant d’offrir une protection<br />

<strong>de</strong>s produits et un tableau <strong>de</strong> bord<br />

pour suivre leurs mesures clés.<br />

• Meetch : Né <strong>de</strong> la fusion entre Ticketmate<br />

et Mimat, le spécialiste <strong>de</strong><br />

l’assurance annulation s’appuie sur<br />

<strong>de</strong>s process 100% digitaux avec <strong>de</strong>s<br />

produits embarqués et la possibilité<br />

d’être remboursé même sans<br />

justificatif.<br />

• Kooalys : Positionnée sur l’assurance<br />

flottes automobiles <strong>de</strong>s TPE/<br />

PME, Kooalys propose <strong>de</strong>s couvertures<br />

dédiées aux mobilités durables<br />

et responsables et accompagne les<br />

entreprises dans la transition écologique<br />

<strong>de</strong> leur parc <strong>de</strong> véhicules.<br />

ASSISTANCE<br />

L’assistance n’est pas en reste non<br />

plus, puisque les acteurs <strong>de</strong> ce marché<br />

sont restés particulièrement<br />

dynamiques.<br />

Nos coups <strong>de</strong> cœur :<br />

• Europ Assistance : Europ Assistance<br />

est le partenaire financier et<br />

le co-opérateur du dispositif « Croix-<br />

Rouge au coin <strong>de</strong> la rue » qui facilite<br />

l’accès à la santé et aux droits<br />

pour les publics les plus fragilisés<br />

à proximité <strong>de</strong> leurs lieux <strong>de</strong> vie.<br />

• IMA : En nouant un partenariat ZEborne,<br />

le Groupe IMA (Inter Mutuelles<br />

Assistance) se positionne sur un<br />

service <strong>de</strong> réparation <strong>de</strong> bornes <strong>de</strong><br />

recharge pour véhicules électriques.<br />

•Allianz Partners : En s’associant<br />

à « Lynk & Co », la filiale du groupe<br />

Allianz inclut directement <strong>de</strong>s couvertures<br />

d’assurance aux conducteurs<br />

qui utilisent cette solution <strong>de</strong> mobilité<br />

partagée, y compris pour les clients<br />

B2B et les flottes d’entreprise.<br />

GRANDS RISQUES<br />

Côté <strong>de</strong>s grands risques industriels,


BILAN DE L’INNOVATION WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 53<br />

<strong>de</strong> marché dans le secteur <strong>de</strong> l’assurance<br />

plusieurs entreprises ont fait montre<br />

d’innovations et <strong>de</strong> perspicacité,<br />

notamment concernant les problématiques<br />

climatiques.<br />

Nos coups <strong>de</strong> cœur :<br />

• Generali France : L’assureur a lancé<br />

« RiskCare », solution collaborative<br />

<strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s risques à <strong>de</strong>stination<br />

<strong>de</strong>s industriels, <strong>de</strong> leur intermédiaire<br />

d’assurance et <strong>de</strong> leurs assureurs,<br />

qui permet <strong>de</strong> piloter la maîtrise <strong>de</strong>s<br />

risques et accentuer la prévention,<br />

notamment sur le risque incendie.<br />

•FM Global : Le mutualiste américain<br />

ouvre un centre <strong>de</strong> pédagogie<br />

par l’expérience dédié à la gestion<br />

<strong>de</strong>s risques en Asie-Pacifique. Ce<br />

<strong>de</strong>rnier va permettre <strong>de</strong> comprendre<br />

via <strong>de</strong>s simulations (incendies, cat<br />

nat, tremblements <strong>de</strong> terre, etc) comment<br />

protéger les biens et actifs<br />

<strong>de</strong>s entreprises.<br />

• CNPP : En s’associant avec l’AN2V<br />

(Association dédiée aux technologies<br />

<strong>de</strong> sûreté), CNPP va particper à <strong>de</strong>s<br />

actions communes <strong>de</strong> prévention,<br />

<strong>de</strong> communication concernant les<br />

sujets liés à la vidéoprotection et<br />

aux nouvelles technologies <strong>de</strong> sûreté<br />

globale.<br />

LES INCLASSABLES<br />

• Neat : Insurtech créée par Fabien<br />

Cazes, ex-directeur général France <strong>de</strong><br />

Lovys et Maximilien Dauzet, anciennement<br />

en charge <strong>de</strong>s partenariats<br />

<strong>de</strong> Seyna. Assurtech spécialisée<br />

dans l’assurance embarquée, Neat<br />

opère sur 5 verticales : la mobilité, le<br />

voyage, l’électro-ménager, le médical<br />

et le high tech.<br />

• Badbugs.fr : Pour 2 euros par mois,<br />

le courtier Badbugs.fr propose une<br />

assurance contre les punaises <strong>de</strong><br />

lit avec IMA et fait un appel <strong>de</strong> pied<br />

aux assureurs pour intégrer cette<br />

garantie dans les contrats MRH.<br />

Covéa Affinity. Covéa Affinity et<br />

Owen ont lancé la première assurance<br />

durable <strong>de</strong>s batteries <strong>de</strong> vélos<br />

électriques. L’assuré pourra, sans<br />

frais, envoyer sa batterie chez Doctibike,<br />

spécialiste français du reconditionnement<br />

<strong>de</strong> batteries électriques,<br />

qui réalisera la réparation, ou à défaut<br />

son remplacement. Une extension <strong>de</strong><br />

garantie contre la panne <strong>de</strong> batterie<br />

jusqu’à <strong>de</strong>ux ans après la garantie<br />

constructeur complète le contrat.<br />

Quand les insurtech entrent dans le dur<br />

Après <strong>de</strong>s années florissantes et <strong>de</strong>s<br />

promesses <strong>de</strong> rentabilité, certaines<br />

insurtech ont passé une année<br />

<strong>2022</strong> compliquée, avec, à la clé <strong>de</strong>s<br />

licenciements.<br />

Dur dur d’être un bébé <strong>de</strong> la tech<br />

en <strong>2022</strong>. Plusieurs insurtech<br />

ont fait face à la difficile réalité<br />

économique. Sans rentabilité, il est<br />

compliqué d’assumer une croissance<br />

exponentielle <strong>de</strong>s coûts même si les<br />

levées <strong>de</strong> fonds se succè<strong>de</strong>nt. L’une <strong>de</strong>s<br />

plus emblématiques est sans aucun<br />

doute Lemona<strong>de</strong>. Au mois d’avril, la<br />

start-up licenciait plusieurs dizaines <strong>de</strong><br />

personnes. Les chiffres glanés ici et là<br />

ne sont pas précis tant la jeune pousse<br />

semble avoir voulu étouffer l’affaire.<br />

Ca tangue en assurance auto<br />

Un chiffre est lui confirmé. C’est celui<br />

<strong>de</strong>s licenciements opérés par Metromile<br />

lors <strong>de</strong> son rachat par... Lemona<strong>de</strong> fin<br />

juillet <strong>de</strong>rnier. L’entreprise installée à<br />

San Francisco et créée en 2011 est une<br />

spécialiste <strong>de</strong> l’assurance au kilomètre.<br />

20% <strong>de</strong> ses salariés ont été remerciés.<br />

Autre start-up spécialiste <strong>de</strong> l’assurance<br />

au kilomètre, mais même punition.<br />

Au mois <strong>de</strong> janvier, Root Insurance,<br />

fondé en 2015, annonce qu’en raison<br />

<strong>de</strong> la crise sanitaire, elle <strong>de</strong>vait se<br />

résoudre à se séparer <strong>de</strong> 330 <strong>de</strong> ses<br />

collaborateurs. Soit, là aussi, 20% <strong>de</strong> ses<br />

effectifs. Cette réduction drastique <strong>de</strong><br />

ses coût n’a, semble-t-il, pas convaincu<br />

les investisseurs.<br />

Introduit en Bourse en 2020 ses actions<br />

s’échangeaient à environ 464 dollars.<br />

Depuis, la cote n’a cessé <strong>de</strong> s’effondrer<br />

pour atteindre fin décembre un peu plus<br />

<strong>de</strong> 4,6 dollars soit 1% <strong>de</strong> sa valorisation<br />

initiale.<br />

Plus près <strong>de</strong> chez nous, Les Echos<br />

affirmaient au mois <strong>de</strong> septembre<br />

<strong>de</strong>rnier que Luko aurait procédé au<br />

licenciement <strong>de</strong> 9 personnes. Par<br />

ailleurs, 15 départs n’auraient pas été<br />

remplacés. Ces chiffres peuvent paraître<br />

dérisoires au regard <strong>de</strong>s plus <strong>de</strong> 200<br />

salariés qui oeuvrent pour la startup<br />

dans le mon<strong>de</strong>. Mais ils dénotent<br />

d’une nouvelle tendance rarement<br />

vue auparavant. Pendant longtemps,<br />

c’était plutôt marche ou crève. Certaines<br />

insurtech parvenaient à lever <strong>de</strong>s fonds<br />

pour alimenter leur moteur.<br />

D’autres disparaissaient <strong>de</strong>s radars<br />

faute <strong>de</strong> liquidités suffisantes ou<br />

happées par le cannibalisme <strong>de</strong> certains<br />

<strong>de</strong> leurs congénères. Aujourd’hui, après<br />

<strong>de</strong>s années d’afflux massifs d’argent<br />

frais, c’est le retour à la réalité. Et<br />

surtout, à mesure que les années<br />

passent, les promesses <strong>de</strong> rentabilité<br />

doivent se matérialiser. Car en capitalinvestissement,<br />

elles n’engagent pas<br />

que ceux qui les croient.


Source : Francefintech.org


56 BILAN DE L’INNOVATION


BILAN DE L’INNOVATION<br />

WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

57<br />

Assurtech, le calme après la tempête<br />

<strong>2022</strong> s’annonçait prolifique sur le volet<br />

<strong>de</strong>s agréments pour les insurtech.<br />

L’année fut pourtant bien plus calme<br />

qu’attendu.<br />

Par Florian Delambily<br />

Les intentions étaient bien là.<br />

Que ce soit Assurly, Leocare<br />

ou d’autres œuvrant dans<br />

l’ombre, une partie <strong>de</strong> l’écosystème<br />

<strong>de</strong>s insurtech françaises s’apprêtait à<br />

sauter le pas pour <strong>de</strong>venir porteur <strong>de</strong><br />

risques. Pourtant, à l’heure du bilan <strong>de</strong><br />

l’année <strong>2022</strong>, seule une jeune pousse<br />

aura obtenu l’estampille <strong>de</strong> l’ACPR.<br />

Descartes au menu<br />

Début décembre, Descartes<br />

Un<strong>de</strong>rwriting rejoignait ainsi Alan<br />

(2016), Seyna (2019), MIC Insurance<br />

Company (2020), Acheel et Mila<br />

(2021). L’agrément échoit en fait à<br />

Descartes Insurance, la toute jeune<br />

filiale du spécialiste du grand risque<br />

IARD et <strong>de</strong> l’assurance paramétrique.<br />

« La filiale prévoit <strong>de</strong> s’étendre dans<br />

plusieurs pays <strong>de</strong> l’Espace Economique<br />

Européen courant 2023. En parallèle,<br />

Descartes Un<strong>de</strong>rwriting continuera<br />

dans le mon<strong>de</strong> entier ses activités<br />

d’agence <strong>de</strong> souscription auprès <strong>de</strong><br />

son portefeuille <strong>de</strong> clients gran<strong>de</strong>s<br />

entreprises, grâce à ses partenaires<br />

historiques », indiquait le désormais<br />

Groupe Descartes dans la foulée <strong>de</strong><br />

son agrément.<br />

Le bon Pronoé<br />

Une autre jeune structure obtenait<br />

également son sésame en <strong>2022</strong>. Pronoé<br />

Prévoyance, créée en 2021, décrochait<br />

ainsi sont billet pour opérer sur le<br />

marché français comme porteur <strong>de</strong><br />

risques en prévoyance. Mais le contexte<br />

est différent par rapport à une startup<br />

« classique ». Pronoé Prévoyance<br />

est en effet la filiale prévoyance <strong>de</strong><br />

Mutuelle <strong>de</strong> Poitiers Assurance. La<br />

compagnie ancrée dans les activités<br />

IARD bénéficie d’une assise et d’un<br />

dossier déjà soli<strong>de</strong> pour montrer patte<br />

blanche à l’ACPR. Elle avait injecté<br />

quelque 12 millions d’euros dès la<br />

constitution <strong>de</strong> la structure. Pronoé<br />

Prévoyance proposera au réseau<br />

d’agents <strong>de</strong> Mutuelle <strong>de</strong> Poitiers <strong>de</strong>s<br />

contrats <strong>de</strong> prévoyance couvrant le<br />

décès, les arrêts <strong>de</strong> travail et les frais<br />

d’obsèques ainsi que <strong>de</strong>s contrats<br />

obsèques vie entière.<br />

Luko achète son agrément<br />

Luko n’a jamais masqué son ambition<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>venir assureur. Mais pour y<br />

parvenir, la société pilotée par Raphaël<br />

Vuillerme a pris <strong>de</strong>s chemins moins<br />

conventionnels que ses concurrents.<br />

Elle s’est en effet offert l’assureur<br />

allemand Coya au mois <strong>de</strong> janvier<br />

<strong>2022</strong>. Rapi<strong>de</strong>ment rebaptisée Luko<br />

Insurance AG, il lui permet d’avoir<br />

un agrément auprès <strong>de</strong> la BaFin –<br />

l’équivalent <strong>de</strong> l’ACPR outre-Rhin. Et<br />

donc <strong>de</strong> pratiquer son activité en libre<br />

prestation <strong>de</strong> service (LPS) au sein <strong>de</strong><br />

l’Union Européenne.<br />

Pour la petite histoire, Coya fut la<br />

première start-up à obtenir l’agrément<br />

d’assureur en Allemagne en 2018.<br />

Comme Luko, elle propose <strong>de</strong>s<br />

assurances habitation. Mais également<br />

RC, vélo et santé pour les animaux.<br />

Deux semestres, <strong>de</strong>ux ambiances<br />

Cette relative accalmie par rapport à<br />

la vague annoncée est en partie due<br />

au durcissement <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong><br />

marché. La bonne tenue <strong>de</strong>s levées <strong>de</strong><br />

fonds au premier semestre compense<br />

un effondrement <strong>de</strong> l’appétit <strong>de</strong>s<br />

investisseurs dans la <strong>de</strong>uxième partie<br />

<strong>de</strong> l’année. L’inflation ou encore la forte<br />

hausse <strong>de</strong>s taux d’intérêt ont rendu<br />

le capital-investissement plus frileux.<br />

Les valorisations dans la tech ont par<br />

ailleurs fortement corrigé. Selon une<br />

étu<strong>de</strong> menée par Atomico, en Europe,<br />

les entreprises <strong>de</strong> la tech ont perdu<br />

400 milliards d’euros <strong>de</strong> valorisations<br />

entre 2021 et <strong>2022</strong>.<br />

Pour autant, le secteur <strong>de</strong> l’assurance<br />

<strong>de</strong>vrait rester attractif au regard <strong>de</strong>s<br />

perspectives <strong>de</strong> rentabilité. Mais<br />

<strong>de</strong>venir assureur amputant cette<br />

rentabilité, les dossiers d’agrément<br />

pourraient moins affluer sur le bureau<br />

<strong>de</strong> l’ACPR dans les semaines à venir.<br />

Porter les risques mobilise <strong>de</strong>s fonds<br />

propres. À ces exigences <strong>de</strong> fonds<br />

propres s’ajoutent <strong>de</strong>s montants<br />

minimum <strong>de</strong> capitaux requis pour passer<br />

les fourches caudines du régulateur.<br />

Ils s’élèvent à 2,5 millions d’euros pour<br />

les entreprises d’assurance non-vie. À<br />

3,7 millions d’euros en assurance vie.<br />

Et pour les acteurs qui souhaitent se<br />

lancer sur plusieurs branches d’activité,<br />

il faut au moins 6,2 millions d’euros.<br />

L’ACPR, elle, se tient prête. Elle a<br />

d’ailleurs publié le mo<strong>de</strong> d’emploi<br />

pour obtenir son agrément au début<br />

du mois <strong>de</strong> janvier <strong>2022</strong>.


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TROMBI<br />

Les nominations marquantes<br />

<strong>de</strong> l’année <strong>2022</strong><br />

P.60<br />

BILAN<br />

Les mariages et les divorces<br />

<strong>de</strong> l’année <strong>2022</strong><br />

P.62


60 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BONUS ET MALUS DE L’ANNÉE <strong>2022</strong><br />

Les nominations qui ont marqué l’année<br />

NICOLAS<br />

AUBERT<br />

Directeur général<br />

d’How<strong>de</strong>n France<br />

Nicolas Aubert prend la direction<br />

générale d’How<strong>de</strong>n France au<br />

mois <strong>de</strong> février lorsque le courtier<br />

pose ses valises en France.<br />

NATHALIE<br />

AUFAUVRE<br />

Secrétaire générale<br />

<strong>de</strong> l’ACPR<br />

Nommée au mois <strong>de</strong> décembre,<br />

Nathalie Aufauvre prendra le<br />

secrétariat général <strong>de</strong> l’ACPR le 9<br />

janvier 2023.<br />

OLIVIER<br />

BRENZA<br />

Directeur général<br />

d’Aésio Mutuelle<br />

Olivier Brenza succè<strong>de</strong> à Sophie<br />

Elkrief à la direction générale<br />

d’Aésio Mutuelle au mois <strong>de</strong><br />

décembre <strong>de</strong>rnier.<br />

CÉDRIC<br />

CHARPENTIER<br />

Directeur général<br />

<strong>de</strong> Diot-Siaci<br />

Début 2023 marque un virage<br />

dans la gouvernance <strong>de</strong> Diot-Siaci<br />

avec l’arrivée <strong>de</strong> Cédric Charpentier<br />

à la direction générale.<br />

HENRY<br />

DE COURTOIS<br />

Prési<strong>de</strong>nt-directeur général<br />

<strong>de</strong> Direct Assurance<br />

Au mois <strong>de</strong> juin, Henry <strong>de</strong> Courtois<br />

succè<strong>de</strong> à Élise Bert-Leduc<br />

à la fonction <strong>de</strong> PDG <strong>de</strong> Direct<br />

Assurance.<br />

ANTOINE<br />

ERMENEUX<br />

Directeur général<br />

De Maaf<br />

Ancien patron <strong>de</strong> Fi<strong>de</strong>lia Assistance,<br />

Antoine Ermeneux prend<br />

la direction générale <strong>de</strong> Maaf le<br />

8 décembre.


BONUS ET MALUS DE L’ANNÉE <strong>2022</strong> WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 61<br />

<strong>2022</strong> dans le secteur <strong>de</strong> l’assurance<br />

MICHAEL<br />

HÖRR<br />

Prési<strong>de</strong>nt<br />

du groupe Vilavi<br />

En plein coeur du mois d’août,<br />

Michael Hörr débarque dans le<br />

groupe Vilavi pour en prendre la<br />

prési<strong>de</strong>nce.<br />

MARTIN<br />

LANDAIS<br />

Sous-directeur assurances<br />

à la DG Trésor<br />

Le 25 février, un arrêté acte la<br />

nomination <strong>de</strong> Martin Landais<br />

comme sous-directeur <strong>de</strong>s<br />

assurances au Trésor.<br />

ISABELLE<br />

LE BOT<br />

Directrice générale<br />

<strong>de</strong> La France Mutualiste<br />

Le 9 novembren Isabelle Le<br />

Bot, en provenance du groupe<br />

Matmut, a pris les rênes <strong>de</strong> la<br />

France Mutualiste.<br />

MARIE-ANNE<br />

MONTCHAMP<br />

Directrice générale<br />

<strong>de</strong> l’Ocirp<br />

Ancienne secrétaire d’État, Marie-<br />

Anne Montchamp est désignée<br />

directrice générale <strong>de</strong> l’Ocirp le<br />

30 mars.<br />

VALENTINE<br />

STUDER<br />

Directrice générale<br />

d’Hiscox France<br />

Valentine Stu<strong>de</strong>r quitte Marsh<br />

France pour prendre la direction<br />

générale <strong>de</strong> la succursale française<br />

d’Hiscox.<br />

FLORENCE<br />

TONDU-MÉLIQUE<br />

Directrice générale<br />

<strong>de</strong> WTW France<br />

Désignée directrice générale en<br />

décembre, sa prise <strong>de</strong> fonction<br />

officiel interviendra au plus tard la<br />

1 er juillet 2023.


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BONUS ET MALUS DE L’ANNÉE <strong>2022</strong><br />

Ils se sont dit oui...<br />

Au cours <strong>de</strong> l’année écoulée, les mouvements<br />

<strong>de</strong> rapprochement ont été<br />

légions dans le secteur <strong>de</strong> l’assurance.<br />

Que ce soit dans la mutualité<br />

ou la réassurance.<br />

Par Séverine Charon<br />

L’année passée, le gros rapprochement<br />

du secteur <strong>de</strong> l’assurance<br />

a sans conteste été celui<br />

<strong>de</strong> Covéa et Partner Re, le groupe<br />

d’assurance mutualiste s’étant emparé<br />

du réassureur pour un montant 7,9<br />

milliards d’euros. L’opération a été<br />

finalisée en juillet <strong>2022</strong>, mais c’est<br />

en janvier 2019 que Covéa a dévoilé<br />

ses intentions !<br />

L’opération rendue possible par un<br />

trésor <strong>de</strong> guerre accumulé par Covéa<br />

a été imaginée il y a plus <strong>de</strong> quatre<br />

ans, mais sa réalisation a été difficile,<br />

s’est faite dans le sang et les<br />

larmes, et montre que l’assurance sait<br />

écrire <strong>de</strong>s sagas : entre l’annonce <strong>de</strong>s<br />

intentions <strong>de</strong> Covéa et la signature<br />

<strong>de</strong> l’union en juillet <strong>2022</strong>, il y a eu une<br />

bataille médiatique et judiciaire entre<br />

Covéa et Scor, et leurs <strong>de</strong>ux patrons,<br />

Thierry Derez et Denis Kessler. On<br />

avait rarement vu <strong>de</strong>ux dirigeants<br />

s’écharper <strong>de</strong> la sorte et aller régler<br />

leurs différends au tribunal. Thierry<br />

Derez a finalement gagné, mais il a<br />

aussi parfois perdu : le tribunal <strong>de</strong><br />

commerce <strong>de</strong> Paris l’a condamné à<br />

verser à titre personnel plus <strong>de</strong> 450<br />

000 euros <strong>de</strong> dommages et intérêts<br />

au réassureur Scor, et presque 20<br />

millions d’euros solidairement avec<br />

le groupe Covéa.<br />

Au terme <strong>de</strong> trois ans et <strong>de</strong>mi d’un<br />

feuilleton à rebondissements, Thierry<br />

Derez est enfin parvenu à mettre la<br />

main sur Partner Re. L’opération permet<br />

à Covéa <strong>de</strong> faire non pas son<br />

entrée, comme le groupe l’affirme,<br />

mais son retour dans la réassurance.<br />

Le groupe en était sorti en 2003, cédant<br />

alors à XL Re, sa filiale Le Mans<br />

Re, renommée à cette occasion XL<br />

Re Europe.<br />

Vite remariés<br />

Comparés à cette coûteuse union, les<br />

autres rapprochements <strong>de</strong> <strong>2022</strong> ont<br />

une saveur bien fa<strong>de</strong>, d’autant qu’ils<br />

apparaissent souvent n’être que <strong>de</strong>s<br />

mariages par dépit, vite décidés après<br />

un divorce un peu brutal.<br />

Au moins <strong>de</strong> mai, seulement quatre<br />

mois après avoir décidé <strong>de</strong> quitter la<br />

Sgaps d’AG2R La Mondiale, la petite<br />

Mutuelle du ministère <strong>de</strong> la justice<br />

(MMJ) a retrouvé un groupe à qui<br />

s’adosser, l’UMG Aésio Macif. La MMJ,<br />

qui se trouvait négligée par AG2R La<br />

Mondiale, emboîte le pas d’une autre<br />

mutuelle <strong>de</strong> fonctionnaires, la Mutuelle<br />

Générale <strong>de</strong>s Affaires sociales (MGAS),<br />

qui avait rejoint Aésio après avoir cru<br />

à un avenir commun avec Intériale. La<br />

MGEFI, qui a rompu avec VYV début<br />

<strong>2022</strong>, s’est ralliée encore plus vite à<br />

un autre partenaire, le groupe Matmut.<br />

Finalement, au terme <strong>de</strong> cette année<br />

<strong>2022</strong>, le seul vrai mariage fut l’acquisition<br />

par Generali auprès du groupe<br />

Crédit Agricole <strong>de</strong> La Médicale.<br />

Annoncé en février, finalisée en juillet,<br />

l’opération d’un montant global<br />

<strong>de</strong> 435 millions d’euros a permis au<br />

Crédit Agricole <strong>de</strong> dégager un résultat<br />

<strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> la centaine <strong>de</strong> millions<br />

d’euros et permet à Generali France<br />

<strong>de</strong> se renforcer auprès <strong>de</strong>s professionnels<br />

<strong>de</strong> santé.


BONUS ET MALUS DE L’ANNÉE <strong>2022</strong> WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 63<br />

ou non en <strong>2022</strong><br />

Du côté <strong>de</strong>s séparations, les divorces<br />

sont bien souvent à mettre au crédit<br />

<strong>de</strong> la réforme <strong>de</strong> la Protection sociale<br />

complémentaire <strong>de</strong>s fonctionnaires<br />

(PSC).<br />

Par Séverine Charon<br />

Cette année encore, certains<br />

mutualistes ont fait preuve<br />

d’une capacité <strong>de</strong> revirement<br />

impressionnantes. Le plus marquant<br />

<strong>de</strong>s divorces reste sans doute celui <strong>de</strong><br />

la MGEFI d’avec VYV, car la mutuelle<br />

a en effet soudainement annoncé sa<br />

décision <strong>de</strong> quitter le premier groupe<br />

mutualiste français en février <strong>2022</strong>,<br />

quelques semaines seulement après<br />

avoir ratifié le plan stratégique « Vyv<br />

2025 » dont elle faisait partie !<br />

Les raisons <strong>de</strong> cet abandon seraient<br />

liées à la manière d’abor<strong>de</strong>r le grand<br />

chantier <strong>de</strong> la Protection Sociale complémentaire<br />

(PSC) <strong>de</strong>s fonctionnaires :<br />

la MGEFI souhaiterait répondre seule à<br />

certains appels d’offres, alors que VYV<br />

envisageait une démarche plus collective,<br />

la MGEN <strong>de</strong>vant toutefois jouer<br />

un rôle <strong>de</strong> référent pour la fonction<br />

publique d’État et la fonction publique<br />

hospitalière et la MNT assumant ce<br />

rôle pour la territoriale.<br />

Les divorces ont aussi frappé AG2R<br />

La Mondiale, pour qui l’année a commencé<br />

par une séparation avec la<br />

Mutuelle <strong>de</strong>s Métiers <strong>de</strong> la Justice<br />

(MMJ) qui s’estimait négligée par le<br />

paritaire vis-à-vis d’Intériale – qui a<br />

ravi son référencement à la mutuelle<br />

historique du ministère <strong>de</strong> la justice.<br />

Pour autant, le départ <strong>de</strong> la MMJ n’a<br />

pas réglé tous les problèmes : AG2R<br />

La Mondiale a congédié Intériale en<br />

décembre !<br />

En 2021, le grand chantier <strong>de</strong> la PSC<br />

semblait être une bonne raison pour<br />

s’unir, <strong>2022</strong> a montré que c’était aussi<br />

une cause majeure <strong>de</strong> divorce !<br />

VOIR LA RUSSIE ET PARTIR<br />

Le conflit russo-ukrainien et l’instauration<br />

<strong>de</strong>s sanctions en Russie ont<br />

obligé Allianz, Zurich Insurance et<br />

la Société Générale à se séparer brutalement<br />

<strong>de</strong> leurs activités locales.<br />

Depuis Napoléon, on sait que les batailles<br />

menées à l’Est par les Européens <strong>de</strong><br />

l’Ouest sont rarement couronnées <strong>de</strong><br />

succès. Le printemps <strong>2022</strong> a montré<br />

que dans le secteur financier aussi, ces<br />

tentatives <strong>de</strong> conquête pouvaient coûter<br />

cher. C’est la Société Générale qui avait<br />

le plus misé et c’est logiquement elle qui<br />

a le plus perdu. Le groupe avait pris pied<br />

en Russie dès 2007 sous la prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong><br />

Daniel Bouton, en achetant le <strong>de</strong>uxième<br />

réseau bancaire local à Interros Capital,<br />

la société d’investissement du milliardaire<br />

Vladimir Potanine, un proche <strong>de</strong> Poutine.<br />

Clap <strong>de</strong> fin quinze ans plus tard, en<br />

mai <strong>2022</strong>, lorsque la Société Générale<br />

a annoncé la finalisation <strong>de</strong> la cession<br />

<strong>de</strong> son activité d’assurance et <strong>de</strong> sa filiale<br />

bancaire Rosbank à…Interros Capital. La<br />

cession forcée <strong>de</strong> ces actifs occasionne<br />

à la Société Générale une perte <strong>de</strong> l’ordre<br />

<strong>de</strong> 3,2 milliards d’euros.<br />

Pour Allianz, qui avait aussi cru à sa<br />

campagne <strong>de</strong> Russie, la débâcle est à<br />

la fois moins radicale et moins coûteuse :<br />

l’assureur a cédé une participation majoritaire<br />

dans ses activités à la société<br />

russe Interholding, restant actionnaire<br />

minoritaire à 49,9% sans représentant<br />

au conseil d’administration. L’opération<br />

se traduit par une perte <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 400<br />

millions d’euros. Pour Zurich Insurance,<br />

qui lui aussi avait poussé ses pions en<br />

Russie, et qui a vendu la totalité <strong>de</strong> ses<br />

parts à l’équipe locale qui dirigeait déjà<br />

les activités. Pour Generali et Axa qui<br />

détiennent <strong>de</strong>s participations minoritaires<br />

dans <strong>de</strong>s activités d’assurance locales,<br />

il a suffi <strong>de</strong> démissionner <strong>de</strong>s postes<br />

d’administrateurs exercés jusque-là.


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