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Bilan 2022 de l'assurance

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Sommaire

PP. 4-5

POINT DE VUE

Tribune de Franck Le Vallois

PP. 6-15

RÈGLEMENTATION

Rétro

Une année de réglementation

L’assurance, grande absente de la

présidentielle

Tribune de Martin Landais

PP. 17-23

DOMMAGES

Tarifs 2023, les assureurs l’ont dans

la hausse

Risque sécheresse, les assureurs à sec

Tribune de Nicolas Gomart

PP. 24-35

ASSURANCE VIE

FRPS, un régime de faveur largement

adopté

Tous les rendements dévoilés en 2022

Tribune de Tanguy Polet

PP. 36-43

ASSURANCE DE

PERSONNES

Loi Lemoine, une bonne et une

mauvaise nouvelle

PSC des fonctionnaires, le chantier

interne est lancé

Tribune de Fabrice Heyriès et

Matthias Savignac

PP. 44-49

GRANDS RISQUES

Guerre en Ukraine, sans conséquence

ou presque

Tribune de Vinicio Cellerini

PP. 50-57

INNOVATION

Les coups de coeur innovation de la

rédaction

Insurtech, après la tempête... le calme

PP. 57-63

BONUS/MALUS

Les nominations marquantes de l’année

2022

News Assurances Pro est un magazine édité par Seroni Interactive - 11 passage Saint-Pierre Amelot 75011 PARIS, 508488905 RCS P Paris /// Adresse de la

rédaction : Seroni Interactive - 11 passage Saint-Pierre Amelot 75011 PARIS / Tél : 01 45 88 98 94 / contact@news-assurances.com /// Directeur de la publication :

Sébastien Jakobowski / sjakobowski@seroni.fr /// Rédacteur en chef : Florian Delambily /// Rédactrice en chef adjointe : Mariona Vivar /// Ont contribué à ce

numéro : Thierry Gouby, Katerina Stergiou et Séverine Charon /// Partenariats et communication : Directeur : Sébastien Jakobowski / sjakobowski@seroni.fr ///

Imprimé par : 3ma Group - 9 rue Manfred Behr - 68250 Rouffach /// Dépôt légal : à parution /// ISSN : 2119-4440/numéro de déclaration : 10000000043815 ///

Toute reproduction, même partielle, est interdite sans l’autorisation expresse de l’éditeur (loi du 11 mars 1957)


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TRIBUNE SPÉCIALE BILAN DE L’ANNÉE

« Montée des risques

inflationnistes et climatiques :

Nous sommes tous concernés »

« Face à la montée des risques, les assureurs jouent évidemment un rôle tout

particulier car en tant que ‘‘preneurs de risque’’,

leur expérience en la matière est indéniable »

Le 24 février dernier, nous avons tous

compris que l’année 2022 ne serait pas

comme les autres. Le retour de la guerre

sur le continent européen a en effet mis

en lumière la concomitance et l’interdépendance

de plusieurs risques très différents, jusqu’ici

largement sous-estimés : les risques inflationnistes

et climatiques ainsi que leurs conséquences à

la fois économiques, politiques, et sociales. La

montée en puissance synchrone de ces risques

fait naître de nouveaux défis pour nos sociétés.

L’année 2021 devait pourtant être celle du retour

à la normale : l’économie française était en voie

de rémission après la crise sanitaire et l’inflation

plafonnait à +1,6% sur l’ensemble de l’année. Mais

l’envolée du prix du l’énergie de +24% en 2022 par

rapport à 2021 a affecté les particuliers comme les

entreprises qui voient leurs coûts de production, liés au

renchérissement des consommations intermédiaires

et à l’inflation salariale, s’envoler de +13%.

Par conséquent, l’inflation a atteint +5,3%

en 2022 et fait reculer le pouvoir d’achat des

Français de 0,3%, une première depuis 2013.

Les capacités de production des entreprises

s’en trouvent pénalisées tandis que les déficits

jumeaux, budgétaire et commercial, s’accroissent.

Le secteur de l’assurance n’échappe pas à la tendance

générale. En effet, les coûts de réparation explosent

du fait de cette inflation. Les assureurs font donc

face à une hausse du coût des sinistres de près de

10 % en assurance automobile et la situation n’est

pas meilleure en assurance habitation. En plein

cœur de l’été, le Gouvernement a réagi en adoptant

un bouclier tarifaire pour le gaz et l’électricité,

destiné à protéger le pouvoir d’achat des Français.

Durant ce même été, les orages de grêle et les

nombreux incendies qui ont frappé le territoire

national ont rappelé aux Français l’urgence de la

crise climatique. De ce point de vue, l’année 2022 a

été exceptionnelle : plus de 1,4 million de sinistres

climatiques déclarés à la fin de l’été pour un coût

estimé à 5,2 milliards d’euros à fin août. Ce coût,


TRIBUNE MERCREDI 4 SPÉCIALE FÉVRIER 2015BILAN DE L’ANNÉE WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 5

cumulé avec celui d’un épisode de sècheresse

extrême (estimé entre 2,0 et 2,8 milliards d’euros à fin

novembre) fait déjà de 2022 l’année la plus coûteuse

en matière d’aléas naturels pour les assureurs

depuis 1999 et les tempêtes Lothar et Martin.

Nous constatons une hausse à la fois de l’intensité

et de la fréquence des sinistres climatiques, qui

affectent désormais l’ensemble du territoire national.

La concomitance de ces sinistres de grande ampleur

en 2022 aura confirmé ce que l’on savait pourtant

déjà : le défi de la transition écologique est immense.

Face à la montée des risques, les assureurs

jouent évidemment un rôle tout particulier

car en tant que « preneurs de risque », leur

expérience en la matière est indéniable.

Les défis que nous devons relever sont de plusieurs

ordres : le défi de la prévention, pour adapter les

usages et préserver les habitations, le défi de

la réparation des sinistres dans une économie

marquée par l’inflation, le défi du financement

pour trouver des solutions innovantes afin

d’accompagner la transition écologique de la société.

Face au dérèglement climatique, les assureurs ont

également un rôle clé à jouer dans la diffusion d’une

culture du risque. Connaître son environnement,

apprendre les bons gestes et se tenir prêt à réagir

si un risque se réalise : autant de domaines dont

les assureurs sont des experts incontestés.

Le secteur de l’assurance est solide. Il l’a

démontré en traversant nombre de crises. Les

Français peuvent compter sur la profession

pour être à leurs côtés et les aider à se protéger

face à une accumulation de crises structurelles.

Les assureurs détiennent donc une partie des

solutions pour répondre aux problématiques de

notre temps. Il serait pourtant illusoire de penser

que l’assurance peut tout, toute seule. Les crises

que nous traversons, par leur ampleur et leur

développement, appellent des réponses multiples

et coordonnées de tous les acteurs : les assureurs,

les réassureurs, les intermédiaires d’assurance, les

entreprises, les citoyens et les pouvoirs publics.

C’est ensemble et solidaires que nous pourrons

travailler efficacement en 2023 à relever les défis

que font naître l’interdépendance et la synchronicité

de ces risques et permettre ainsi à chacun de

continuer à être bien assuré et à la société d’avancer

en confiance.

BIO

Franck

Le Vallois

Directeur général de France Assureurs

Âge : 49 ans

Formation : Ensae Paris, Polytechnique, Institut des actuaires

Parcours : Franck Le Vallois débute sa carrière en 1999 en tant

qu’inspecteur des finances avant de rejoindre l’ACPR comme

commissaire contrôleur des assurances. Nommé en 2004 à

la tête des Assurances fédérales IARD, il prend la direction

financière adjointe des AGF (devenus Allianz France) deux

ans plus tard. En 2010, il rejoint la direction de l’indemnisation

service client de l’assureur avant de devenir en 2016 membre

du comex d’Allianz France en charge de la distribution. Depuis

2020, il est directeur général de France Assureurs.


RÉTRO

Une année de réglementation

pour le secteur

P.7

FOCUS

Justice, l’assurance dans les

prétoirs

P.12

TRIBUNE

Martin Landais prend la

plume

P.14


BILAN DE LA RÉGLEMENTATION

WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM

7

Une année de règlementation

Une fois encore, l’exercice 2022 n’aura

pas été avare en règlements, projets

de lois, décrets et autres arrêtés visant

le secteur de l’assurance. Retour sur

les principales législations qui ont

jalonné l’année écoulée.

Par Florian Delambily

Janvier : Le premier bébé de l’année

Il aura fallu attendre 9 mois et 10 jours

pour que le ministère de l’Économie,

des Finances et de la Relance accouche

du décret encadrant le démarchage

téléphonique en assurance. Le texte

publié au Journal officiel du 18 janvier

vient ainsi préciser « l’article unique I

de l’article unique de la loi n° 2021-402

du 8 avril 2021 relative à la réforme du

courtage de l’assurance et du courtage

en opérations de banque et en services

de paiement ».

Parmi les éléments attendus figure

l’encadrement des enregistrements. Les

conversations devront être conservées

durant deux années à compter de la

signature du contrat, sauf demande

expresse contraire des personnes

démarchées. Ce décret définit par

ailleurs la notion de contrat en cours

permettant d’esquiver les contraintes

réglementaires afférentes aux appels

à froid. Cette définition englobe tout

contrat d’assurance en vigueur à la date

de la prospection téléphonique. Enfin,

le texte précise les quatre situations

de non-consentement au démarchage.

Mars : Le nouvel ordre Lemoine

Le mois de mars est riche sur le

plan de la réglementation. Et il

commence avec la promulgation d’une

loi particulièrement attendue. Celle

portée par la députée Patricia Lemoine

entérinant la

PUB

résiliation à tout moment

en assurance emprunteur. Dès le 1 er

juin, toutes les dispositions de la loi

entrent en vigueur. À l’exception de la

résiliation pour les contrats en cours

dont la mise en œuvre intervient le 1 er

septembre.

Mais l’issue de cette bataille juridique

vieille de 12 ans laisse un goût amer

aux acteurs alternatifs. Dans la dernière

ligne droit des débats au Parlement, la

commission mixte paritaire a ajouté la

suppression du questionnaire de santé

pour les assurés dont l’échéance du

crédit arrive avant 60 ans et sous les

200 000 euros empruntés.

Mars : Le champ des possibles

Dès le lendemain de la loi Lemoine,

une autre réglementation structurante

est promulguée. Celle de l’assurance

agricole. Son ambition est claire. Créer

un système universel d’assurance à

trois étages. Le premier étage sous

forme d’auto-assurance. Une sorte de

franchise. Vient ensuite la constitution

d’un « groupement […] auquel les

entreprises d’assurance souhaitant

commercialiser des produits d’assurance

contre les risques climatiques en

agriculture […] doivent adhérer ». Il

s’agit-là d’un pool d’assureurs privés.

Enfin, un troisième niveau mobilisant

la solidarité nationale, avec des fonds

publics.

Mais la loi qui est entrée en vigueur

le 1 er janvier dernier a rencontré un

contretemps de taille. La mise en

place du guichet unique – constitué

des assureurs parties prenantes au

dispositif – n’est pas prêt (voir page

47). En attendant, c’est l’État qui gérera

l’indemnisation de solidarité nationale

pour les cultures non assurées. La loi

prévoit par ailleurs que l’État prenne en

charge 70% de la prime d’assurance.

Mars : Sept d’un coup

Reçues 7/7. Les sept associations

candidates à l’autorégulation ont

toutes obtenu leur agrément de la

part de l’ACPR pour devenir des

structures représentatives de courtiers

d’assurance ou de réassurance et de

leurs mandataires. La liste a été publiée

le 23 mars. Soit à peine plus d’une

semaine avant l’entrée en vigueur

de la réforme. Car depuis le 1 er avril

2022, tous les nouveaux courtiers

inscrits à l’Orias devaient rejoindre une

association professionnelle agréée pour

obtenir leur immatriculation. Pour les

renouvellements, l’entrée en vigueur

est au 1 er avril 2023.

Les sept associations agréées sont

CNCEF Assurance, Endya, Anacofi

Courtage, VotrAsso, la CNCGP, l’Afib


8 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM

BILAN DE LA RÉGLEMENTATION

et la Compagnie IAS. Elles connaîtront

quelques sueurs froides tout au long de

l’année en raison de nouveaux épisodes

à rebondissements dans les mois qui

suivirent (voir page 11).

Avril : TVA bien

Le texte est court, mais ô combien

crucial. Au mois d’avril, l’administration

fiscale publie un billet au Bofipimpôts.

Ce dernier prolonge jusqu’au

31 décembre 2022, l’exonération

de TVA pour les prestations de

services effectuées par les courtiers

et intermédiaires d’assurance et de

réassurance.

Août : Clic, clic, clic

Cet été 2022 est particulièrement

chaud et les incendies se multiplient

aux quatre coins de l’Hexagone.

Mais parmi les dossiers brûlants du

gouvernement figure également celui du

pouvoir d’achat miné par une inflation

rampante. Le 19 août une vaste loi sur

le sujet est promulguée. Si l’assurance

demeure relativement épargnée,

quelques dispositions la concernent

toutefois. En premier lieu la résiliation

en trois clics. Concrètement, lorsqu’un

contrat « couvrant les personnes

physiques en dehors de leurs activités

professionnelles a été conclu par voie

électronique, […] la résiliation est rendue

possible selon cette même modalité »,

signale la loi.

Elle prolonge par ailleurs le délai de

rétractation en assurance affinitaire

de 14 à 30 jours à compter du premier

paiement de tout ou partie de la prime.

Octobre : Les Sages tranchent

C’est peu dire que la fumée blanche était

particulièrement attendue. Saisi d’une

question prioritaire de constitutionnalité

(QPC) par le Conseil d’Etat, le Conseil

constitutionnel a rendu une décision

cruciale le 21 octobre. En jeu, la réforme

du courtage imposant aux intermédiaires

(hors agents généraux), d’adhérer à

une association professionnelle pour

exercer leur activité.

Une réforme contestée par l’Association

nationale des conseils diplômés en

gestion de patrimoine (ANCDGP).

Mais finalement, les Sages de la

rue Montpensier ont jugé la réforme

conforme à la Constitution.

Décembre : Ça casse pour Axa

Autre juridiction, celle de la Cour de

cassation. Autre sujet sensible : celui

des pertes d’exploitation. La plus haute

juridiction française se prononçait

sur trois décisions de la Cour d’appel

d’Aix-en-Provence. En jeu, la clause

d’exclusion prévue par le contrat

d’assurance multirisque professionnelle

est mise en jeu par la compagnie dans

le cadre de la pandémie. Les juges de

la Cour de cassation ont estimé valide

cette clause sur laquelle s’appuyait Axa

pour ne pas indemniser leurs pertes

d’exploitation dues aux fermetures

administratives ordonnées en raison

de l’épidémie de Covid-19. Il s’agit-là

de la première décision de la Cour de

cassation. Une cinquantaine d’autres

pourvois demeurent en attente. « Un

revers de jurisprudence inattendu, qui

ne s’inscrit pas dans la droite ligne de

la jurisprudence traditionnelle de la 2 e

chambre civile de la Cour de cassation

qui a régulièrement tendance ces

dernières années à invalider les clauses

d’exclusions des polices d’assurances

lorsqu’elles manquent de clarté »,

déplore Guillaume Aksil, avocat de

plus de 400 restaurateurs.

Décembre : Lopmi tender

À l’occasion d’une ultime commission

mixte paritaire, députés et sénateurs se

mettent d’accord sur la Loi d’orientation

et de programmation du ministère de

l’Intérieur (Lopmi). Et notamment sur

son article 4 qui consacre la couverture

du paiement des rançons en cas de

cyber-attaque. Il permet en effet, « le

versement d’une somme en application

de la clause d’un contrat d’assurance

visant à indemniser un assuré des pertes

et dommages causés par une atteinte à

un système de traitement automatisé ».

Pour faire jouer sa clause, l’assuré

devra toutefois porter plainte dans les

72h après avoir eu connaissance de

l’attaque. Le paiement des rançons ne

concerne que les personnes morales et

physiques dans le cadre de leur activité

professionnelle.

Décembre : Les captives libérées

Après un rendez-vous manqué en 2021,

le monde de l’assurance s’attendait à

ce que le sujet de captives déboule

en 2022 dans le cadre du projet de

loi de finances. Un amendement

déposé par le gouvernement, puis retiré

dans la foulée laissait toutefois les

observateurs dubitatifs. Jusqu’à une

sortie de Bruno le Maire, ministre de

l’Économie assurant que les captives

ne figureraient pas au budget 2023.

Pourtant un amendement du Sénat et 5

recours au 49.3 plus tard, le dispositif

existe bel et bien dans le texte final

porté par le gouvernement. Mais, là

encore, le diable se cache dans les

détails. Certes, le PLF acte la possibilité

de créer des captives de réassurance

à la française. Mais le dispositif de

provisionnement est revu à la baisse.

Les dotations annuelles pour constituer

ces provisions sont ainsi plafonnées à

un tiers du résultat technique annuel.

Les prochaines semaines avant la

publication du décret venant préciser les

modalités de calcul promettent d’être

houleuses. D’un côté, certains, à l’instar

de France Assureurs, font valoir une

potentielle distorsion de concurrence

entre les captives et les assureurs

classiques. D’autres souhaiteraient

faire sauter le verrou de 33% pour le

porter à 90%. Et faire de Paris une place

financière attractive pour les grandes

entreprises qui jusque-là se tournaient

vers le Luxembourg ou l’Irlande.

Et en 2023 ?

En 2023, on ne risque pas de s’ennuyer.

Le programme réglementaire s’annonce

une nouvelle fois chargé. Au menu,

des discussions sur la révision de

DDA avec en ligne de mire une corde

particulièrement sensible : celle de la

rémunération. En France, l’ACPR semble

avoir plusieurs recommandations

sous le coude. Notamment sur la

transparence des frais en assurance

vie (voir page 26).

Il se murmure par ailleurs que le

courtage grossiste s’invite dans les

discussions à la machine à café à Bercy.

Une réforme pour mieux encadrer cet

Ovni dans le paysage de la distribution

serait dans les tuyaux.

En santé, le ministre François Braun a

installé un nouveau comité de dialogue

avec les ocam, le CDOC. Que sortirat-il

de ce nouveau lieu d’échanges ?

Réponse en 2023. Peut-être...


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BILAN DE LA RÉGLEMENTATION

L’assurance absente de la présidentielle

Les douze candidats à l’élection présidentielle de 2022 : Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou, Jean Lassalle, Fabien Roussel, Nathalie Arthaud, Yannick Jadot,

Emmanuel Macron, Anne Hidalgo, Valérie Pécresse, Nicolas Dupont-Aignan, Eric Zemmour et Marine Le Pen (de gauche à droite).

L’année 2022 fut évidemment marquée

par les élections présidentielles et

législatives. Deux séquences durant

lesquelles les problématiques

d’assurance ont peiné à exister.

Par Florian Delambily

Drôle de campagne que la

présidentielle de 2022. En

premier lieu parce qu’une guerre

s’est déclarée aux portes de l’Europe

à quelques semaines du premier tour.

Ensuite parce que le président sortant

est entré très tard dans la mêlée,

laissant le débat à ses adversaires.

Mais surtout, il ressort de cette

séquence politique un manque cruel

d’intérêt pour le secteur de l’assurance.

Pourtant, il pèse plus de 320 milliards

d’euros de chiffre d’affaires, soit

presque 13% du PIB français. Mais

les propositions des candidats se

compteraient presque sur les doigts

d’une main. Alors qu’ils étaient 12 sur

la ligne de départ.

Exit le débat sur la Grande Sécu. Il

avait pourtant agité le landerneau

pendant des mois à la rentrée de

septembre 2021. La mesure figure

bien au programme de Jean-Luc

Mélenchon, Philippe Poutou ou encore

Fabien Roussel. Mais le président de

la République sortant dont l’ancien

ministre de la Santé, Olivier Véran

s’était mué en pourfendeur des

complémentaires à mis un terme

au débat. « Sur la Grande Sécurité

sociale, ma réponse c’est non », lançait

Emmanuel Macron le 18 mars lors de

la présentation de son programme.

Les Fédé ont bien tenté d’exister

Les fédérations se sont pourtant

escrimées à exister dans le débat.

France Assureurs lançait sa plateforme

de propositions et multipliait les livres

blancs. Planète CSCA y allait également

de ses propositions via son think

tank Intermédius. Enfin la Mutualité

française renouvelait son grand oral

inauguré lors de la présidentielle 2017.

Mais seuls quatre candidats faisaient

le déplacement...

Après deux années de pandémie,

tout portait toutefois à croire que les

questions de santé cannibaliseraient

le débat. Ce fut le cas. Mais sur

l’hôpital, bien loin des prérogatives

des organismes complémentaires.

Puis, dans la dernière ligne droite, les

discussions entre les prétendants au

bouton nucléaire se sont cristallisées

sur la retraite. Et plus particulièrement

sur l’âge de départ.

Fin du groupe d’études

Les élections législatives n’ont pas,

non plus, permis de faire émerger

les sujets assurantiels. Ce ne fut

qu’une succession de débats autour

d’ambitions personnelles ou de survie

selon les groupes politiques. Pour un

résultat inédit. Le parti présidentiel

perd la majorité absolue. L’extrême

droite fait une percée historique. La

gauche tente un rassemblement sous

une bannière commune baptisée la

Nupes.

Pire, l’assurance finira par perdre

son groupe d’études à l’Assemblée

nationale à la faveur d’une réduction

drastique de ces derniers. La députée

socialiste Marietta Karamanli avait

pourtant demandé de renouveler

l’agrément du groupe assurance. Mais

elle n’a pas obtenu gain de cause.

Après une décennie d’existence, il tire

sa révérence officiellement au mois de

décembre, bouclant une année durant

laquelle le secteur de l’assurance n’aura

jamais réussi à vraiment prendre sa

place dans le débat politique public.


BILAN DE LA RÉGLEMENTATION

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11

Réforme du courtage, derniers frissons

On pensait la réforme du courtage

enfin sur les rails. C’était sans compter

la persévérance d’une association

d’irréductibles courtiers.

Par Florian Delambily

C’est l’histoire d’une réforme

à la vie tumultueuse. Entre

une censure du Conseil

constitutionnel et la recherche d’un

véhicule législatif adapté, les pouvoirs

publics auront mis quatre ans pour

boucler la réforme du courtage. Et

lorsque tous les textes furent publiés à

la fin du mois de décembre 2021, une

association d’intermédiaires financiers

a tout mis en œuvre pour faire capoter

la mise en place des associations

professionnelles à adhésion obligatoire.

Première banderille

Pendant que les associations

candidates attendaient leur agrément,

l’Association nationale des conseils

diplômés en gestion de patrimoine

dégainait une première lettre au

Premier ministre. Dans sa missive,

Philippe Loizelet, président de

l’ANCDGP, formule à Jean Castex une

« demande gracieuse d’abrogation du

décret n°2021-1552 du 1 er décembre

2021 relatif aux modalités d’application

de la réforme du courtage de l’assurance

et du courtage en opérations de banques

et en services de paiement ».

Il juge en effet que le texte est

« illégal en ce qu’il est contraire au

droit européen d’une part, et au droit

national d’autre part ». Sur le contrôle du

respect des obligations d’honorabilité,

de la souscription d’une RC Pro et de la

formation par les futures associations

représentatives, l’ANCDGP explique

ainsi que « l’article 12 de la DDA exclut

cette possibilité ».

Pour étayer son argumentaire,

l’association ajoute que le décret

« viole les dispositions de la directive

(UE) 2016/97 du 20 janvier 2016 sur

la distribution d’assurance, et doit

donc être abrogé de ce fait ». Elle

fait également valoir que l’obligation

d’adhésion apparaît disproportionnée

Le Conseil constitutionnel a tranché le 21 octobre sur la réforme du courtage.

au regard de l’objectif poursuivi. Elle

porte dès lors atteinte à la liberté

d’entreprendre.

Deuxième banderille

Mais ce courrier est resté lettre morte.

Et le 23 mars, l’ACPR publiait la liste

des sept associations agréées (voir

page 7). Pas de quoi décourager le

pourfendeur de la réforme. La veille

de l’entrée en vigueur de la réforme,

l’ANCDGP annonce son intention de

saisir le Conseil d’État. « L’absence de

réponse et dialogue pour sécuriser le

dispositif de l’actuel gouvernement,

constitue un rejet implicite et ouvre

la voie d’une saisine du Conseil d’État

pour un recours pour excès de pouvoir,

explique Philippe Loizelet. Cela nous

offre un espace pour réitérer nos

arguments et cela va obliger le prochain

gouvernement et le Trésor à contreargumenter

ou non la viabilité juridique

de la loi, notamment sur ses atteintes

à nos principes constitutionnels, mais

aussi aux dispositions des directives,

alors qu’elle était censée simplement les

transposer dans notre droit national ».

L’association pointe par ailleurs une

distorsion de concurrence vis-à-vis

des agents généraux qui n’entrent pas

dans le champ de la réforme.

Finalement, le 25 juillet, le Conseil

d’État saisit le Conseil constitutionnel

d’une question prioritaire de

constitutionnalité. Pour la deuxième

fois, la réforme se retrouve donc devant

les Sages de la rue Montpensier. La

première fois, ils avaient censuré le

dispositif sur la forme arguant qu’elle

représentait un cavalier législatif. Cette

fois-ci, ils devront se prononcer sur le

fond. L’issue est incertaine. À tel point

que plusieurs associations, comme

Endya, conseillent aux intermédiaires

d’attendre la décision du Conseil

constitutionnel avant d’adhérer.

Le verdict tombe le 21 octobre. La

réforme est jugée conforme à la

Constitution. Dans leur décision, les

Sages jugent ainsi que « le grief tiré de

la méconnaissance du principe d’égalité

devant la loi doit être écarté ».

Même analyse pour les dispositions

de la loi octroyant des pouvoirs

disciplinaires aux associations. Tous

les griefs sont balayés par l’instance.

Il reste une dernière cartouche pour

l’ANCDGP, à savoir la saisine de la

Cour de justice de l’Union européenne

(CJUE). Pour autant, malgré cette

épée de Damoclès, les associations

ont toutes repris leurs travaux. Et le

début de l’année s’annonce chargé

car tous les intermédiaires déjà

immatriculés à l’Orias devront adhérer

à une association pour obtenir le

renouvellement de leur numéro. Sans

quoi, ils ne pourront pas exercer.


12 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM

BILAN DE LA RÉGLEMENTATION

Justice, l’assurance dans les prétoirs

L’année 2022 aura été marquée par une actualité judiciaire anormalement riche et parfois même sordide pour le

secteur de l’assurance.

L’affaire Jacques Bouthier

Le 21 mai, l’horreur s’invite dans l’actualité du secteur. RTL révèle en effet que « le PDG d’un grand groupe d’assurance »

a été placé en détention provisoire et mis en examen. Les faits qui lui sont reprochés sont sordides : traite d’êtres

humains mineurs, viols sur mineurs, et participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre un

enlèvement ou une séquestration en bande organisée. Rapidement, nous apprenons que ce patron n’est autre que

Jacques Bouthier, fondateur du groupe Vilavi (ex-Assu 2000).

Selon une source proche du dossier citée par la radio, une jeune femme de 22 ans s’est présentée aux policiers parisiens

en mars, expliquant que depuis cinq ans, elle était « captive » d’un homme richissime qui la violait. Devenant, selon

ses dires, « trop âgée pour lui », la jeune femme aurait été forcée de trouver une « remplaçante » pour prendre sa suite.

Une adolescente de 14 ans a alors pris sa place dans l’appartement.

La plaignante est parvenue à les filmer ensemble dans un lit, avant de confier la vidéo aux enquêteurs. Le PDG est

soupçonné d’avoir voulu mettre sur pied une équipe pour enlever la jeune femme, saisir la vidéo, et la forcer à quitter

la France.

Dès le lendemain, le dirigeant, parmi les 500 plus grandes fortunes de France, démissionne de toutes ses responsabilités

au sein du courtier. Depuis, les révélations s’enchaînent autour du septuagénaire. Quatre victimes auraient été identifiées

par la Brigade de protection des mineurs de la police judiciaire de Paris. Au Maroc où le courtier dispose d’un centre

d’appel, les langues se délient également et plusieurs femmes ont témoigné du comportement de l’ancien dirigeant.

Si l’instruction se poursuit, une nouvelle gouvernance a été mise en place avec l’arrivée de Michael Hörr à la présidence

au mois d’août. Un peu plus tôt, en juin, un audit de la filiale marocaine fut confié à Mazars. Enfin, fin septembre, nous

apprenons que le groupe souhaite s’inscrire dans un processus de vente afin d’initier un nouveau projet industriel. Il

pourrait aboutir en 2023. Le courtier SPVie Assurances s’est déjà montré intéressé par le dossier.

Indexia (ex-Sfam) rattrapé par la patrouille

Un autre membre des 500 plus grandes fortunes de France a également maille à partir avec la justice. Au mois

d’août dernier, Sadri Fegaier, fondateur de Sfam, devenu Indexia, et sept personnes morales ont été renvoyées

devant le tribunal correctionnel de Paris pour « pratiques commerciales trompeuses et obstacle à un contrôle ».

Dans le collimateur de la justice, des procédés de surfacturation d’assurances pour téléphone et ordinateurs.

Cette décision du tribunal de Paris fait suite à une enquête de plusieurs mois initiée par la DGCCRF. Elle révèle des

« pratiques consistant à faire faussement croire aux consommateurs souhaitant faire cesser des prélèvements, résilier

leurs abonnements et se faire rembourser les sommes prélevées après résiliation de leur contrat, que leurs demandes

étaient prises en compte, voire effectives ».

Une première enquête administrative avait visé la SFAM pour les mêmes soupçons en 2018 après des signalements

de clients à l’association de consommateurs UFC-Que Choisir et à la DGCCRF. Une perquisition avait été menée au

siège de l’entreprise, qui avait accepté en 2019 de payer une amende de 10 millions d’euros.

Cette amende, qui s’est révélée sans impact notable sur la croissance du groupe, n’a néanmoins pas mis fin aux alertes

de clients pour des surfacturations. À la suite de plaintes similaires, l’autorité belge des services et marchés financiers

a interdit le 2 mars à la filiale belge de la SFAM, « Switch », de commercialiser ses produits d’assurance sur le territoire.


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14

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BILAN DE LA RÉGLEMENTATION

TRIBUNE

« Le secteur de l’assurance est

un acteur clé pour protéger

notre tissu économique »

« Les incertitudes qui pèsent sur les perspectives économiques obèrent la capacité

d’anticipation des assureurs »

Nous sommes entrés, en 2022, dans un

moment de convergence de crises inédit

dans l’histoire récente : crises climatique,

pandémique, géostratégique, énergétique,

économique.

Face à cette situation de « polycrise », pour reprendre

le terme popularisé par l’historien américain Adam

Tooze, la mission de mutualisation des risques de

l’assurance est, plus que jamais, critique pour garantir

la résilience de notre économie. Pour répondre à ces

défis et offrir des solutions de protection au plus grand

nombre, tout en jouant son rôle d’investisseur de

long terme, le secteur de l’assurance devra continuer

de s’adapter et d’innover.

Les incertitudes qui pèsent sur les perspectives

économiques obèrent la capacité d’anticipation

des assureurs. L’inflation rend plus incertain le coût

des sinistres, la volatilité des marchés pèse sur la

valeur des actifs. Dans le même temps, la nature

des risques change. La numérisation de l’économie

engendre de nouvelles vulnérabilités : les spécificités

du risque cyber, son caractère évolutif et la prise de

conscience encore hétérogène des entreprises sont

autant de paramètres avec lesquels les assureurs

doivent composer.

Au surplus, le coût annuel des catastrophes naturelles

a doublé en une décennie. La sécheresse en 2022

devrait, à elle seule, coûter 2,8 milliards d’euros.

À l’actif, les impacts du changement climatique

continuent de se traduire par une pression croissante

sur les placements investis dans des secteurs

sensibles au risque de transition et dans les zones

géographiques fortement exposées.

Dans ce contexte perturbé, les assureurs doivent

pouvoir se projeter et relever les défis financiers

à venir : avec plus de 2 600 milliards d’euros de

placements, ce sont des investisseurs de long terme

incontournables. Si la part des encours investis à

destination des PME et ETI s’accroit, des marges de

progrès subsistent : les investissements en capitalinvestissement

ne représentent ainsi qu’un peu plus

de 1% des investissements des assureurs-vie. Les

assureurs sont au cœur du financement à long

terme de notre économie, et ils le sont notamment

à travers des initiatives de place structurantes. Les

prêts participatifs et obligations Relance connaissent

une bonne dynamique, portée par un engagement

fort des assureurs, qui devrait pouvoir se confirmer

en 2023. De même, après le succès de la première

phase de l’initiative conduite par Philippe Tibi sur

le financement des entreprises technologiques

françaises, il apparaît impératif de maintenir cet

élan pour financer et faire grandir nos start-ups.

La révision de la directive Solvabilité 2, qui devrait

aboutir en 2023, représente une opportunité unique de


BILAN DE LA RÉGLEMENTATION WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 15

faciliter l’investissement à long terme dans les actions.

L’accord trouvé au Conseil de l’Union européenne

lors de la présidence française du premier semestre

2022 entend répondre à la nécessité de donner aux

assureurs les moyens de jouer pleinement leur rôle

dans l’économie, et dans les transitions écologique

et numérique. Cet accord permet par ailleurs une

meilleure coordination des superviseurs au sein de

l’Union européenne, pour améliorer substantiellement

le fonctionnement du marché commun de l’assurance.

La stratégie pour l’investissement de détail de la

Commission européenne, qui sera présentée début

2023, sera aussi l’occasion de dresser le bilan des

pratiques de distribution d’assurance et, je le souligne,

d’améliorer la transparence et la prévention des

conflits d’intérêts : c’est une ardente obligation pour

écarter les tentations de suppression totale des

commissions.

Le secteur de l’assurance est évidemment un acteur

clé pour protéger notre tissu économique face aux

défis environnementaux et aux risques émergents.

Face à l’augmentation de l’intensité et de la fréquence

de ces évènements, le régime des « Cat Nat » doit

poursuivre sa modernisation pour répondre à l’enjeu

de solidarité nationale inscrit dans la Constitution,

tout en garantissant la pérennité du régime. Le décret

d’application de la loi « Baudu », publié le 31 décembre

2022, prévoit ainsi la prise en charge des frais de

relogement d’urgence. Les travaux se poursuivront

début 2023 sur le sujet du retrait-gonflement des

argiles, qui représente désormais en moyenne la

moitié des coûts du régime Cat Nat. En outre, une

réforme d’ampleur de l’assurance récolte, qui repose

sur un partage équitable du risque entre l’État, les

agriculteurs et les entreprises d’assurance, entrera

en vigueur dès 2023 afin d’augmenter fortement le

nombre d’exploitants agricoles assurés.

Enfin, le risque cyber demande une implication de tous

les acteurs, publics et privés, pour trouver le juste

équilibre entre simplicité des règles et protection des

consommateurs. Une task force dédiée à la mise en

œuvre du rapport de la direction générale du Trésor

publié en septembre 2022 a été constituée afin de

promouvoir l’émergence du marché de l’assurance

du risque cyber. A cet égard, les dispositions sur les

captives de réassurance de la loi de finances pour

2023 viennent apporter un nouvel outil de résilience

à nos entreprises, en particulier pour le risque cyber.

Dans un environnement marqué par l’incertitude, le

secteur de l’assurance doit poursuivre les efforts

d’ores-et-déjà accomplis pour protéger les françaises

et les français. Les pouvoirs publics continueront

résolument à accompagner cette transition qui doit

permettre aux assureurs de disposer des moyens

pour appréhender les mutations technologiques

et environnementales et contribuer à façonner les

contours d’une assurance qui réponde aux grands

enjeux de la société d’aujourd’hui et de demain.

BIO

Martin

Landais

Sous-directeur assurances à la DG Trésor

Formation : Sciences Po, École des Ponts ParisTech, Dauphine,

ENA

Parcours : Martin Landais est loin d’être un inconnu au sein

de la DG Trésor, puisqu’il intègre les services de Bercy dès

2011. Il rejoint ensuite une ambassade. Ce sera à Rome,

comme conseiller économique entre 2013 et 2016.

Il retrouve alors le Trésor. D’abord comme chef de bureau

Asie (2016-2019). Puis en tant que chef de bureau entreprises

et intermédiaires. Le 1er mars, il succède à Lionel

Corre comme sous-directeur des assurances à la Direction

Générale du Trésor.


TARIFS 2023

Les assureurs l’ont dans la

hausse

P.18

MARCHÉ

Risque sécheresse : Les

assureurs à sec

TRIBUNE

Nicolas Gomart prend la

plume

P.20

P.22


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18

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BILAN DE L’ASSURANCE DOMMAGES

Tarifs 2023 : Les assureurs l’ont dans la hausse

Dans un contexte économique

fortement chahuté, marqué par

l’inflation et une sinistralité climatique

2022 exceptionnellement élevée, les

assureurs n’ont d’autre choix que

d’augmenter leurs tarifs en 2023. De

son côté, le gouvernement a appelé

les opérateurs à limiter ces hausses.

Par Thierry Gouby

2022 restera sans conteste l’année

de tous les extrêmes pour les

assureurs. Coincés entre une

inflation galopante et une sinistralité

climatique exacerbée, les principaux

acteurs du secteur ont également subi

la flambée des coûts des réparations

en automobile et de celui des matières

premières en habitation. Résultat, les

compagnies n’ont d’autre choix que de

revoir à la hausse le montant moyen

de leurs primes d’assurance en 2023.

« Évidemment, chaque assureur a

conscience de cette pression qui s’exerce

sur ses assurés et fait ses meilleurs

efforts pour essayer de contenir cette

hausse tarifaire qui parait assez inévitable

compte tenu des fondamentaux sur la

fréquence et l’intensité des sinistres »,

expliquait Florence Lustman, la

présidente de France Assureurs à News

Assurances Pro en septembre dernier.

D’autant qu’en parallèle de cette

situation de marché inédite, l’exécutif

a requis des efforts de la part des

opérateurs du marché pour soutenir

le pouvoir d’achat des Français. « J’ai

demandé aux assureurs de limiter

les primes d’assurance. Ils se sont

engagés à contenir les prix en dessous

de l’inflation en 2022 et en 2023 »,

expliquait à la rentrée Bruno Le Maire,

ministre de l’Économie, des Finances

et de la Souveraineté Industrielle et

Numérique, après une rencontre avec

les principales compagnies du marché.

Le « cadeau » de Bercy ?

Dans ce contexte, chaque compagnie

a donc fait chauffer ses calculatrices.

L’objectif est simple, afficher des hausses

qui soient à la fois digestes pour les

assurés et techniquement viables.

Résultat, pour 2023, les cotisations des

Florence Lustman, présidente de France Assureurs et Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances

assurés pourraient grimper en moyenne

de 3 à 5% en automobile selon Facts

& Figures.

En MRH, le cabinet de conseil anticipe

des hausses allant jusqu’à 8% avec une

majoration « quasi forfaitaire » de chaque

contrat de 10 euros au titre des risques

climatiques, une revalorisation de base

de 3% au titre de la hausse des coûts

de la main d’œuvre et des matériaux et

une majoration additionnelle de 3% à 5%

pour les biens exposés au climatique

de manière excessive. « Limiter la

hausse moyenne à l’inflation [ndlr :

autour de 6% fin 2022] est un cadeau

fait à certaines enseignes, qui, sous

couvert d’un discours de protection du

consommateur, vont appliquer de fortes

hausses alors qu’elles ne prévoyaient

pas de le faire initialement », alerte le

dirigeant d’une mutuelle d’assurance.

Annonces diparates

Afin de tirer leur épingle du jeu, plusieurs

acteurs ont d’ores et déjà communiqué

leurs orientations tarifaires 2023, avec des

positionnements relativement distincts.

De son côté, la Maif, qui avait l’habitude

de geler ses tarifs depuis plusieurs

exercices, a annoncé des hausses

mesurées et en dessous de l’inflation.

En auto, l’assureur mutualiste appliquera

donc une majoration moyenne de

2% contre 4,5% en habitation.

Pour sa part, Abeille Assurances a

communiqué fin novembre à son

réseau d’agents généraux sa politique

commerciale pour 2023. La compagnie,

appliquera une hausse moyenne de 7,5%.

« Le passage de ces majorations tarifaires

est nécessaire pour faire face à la hausse

de la sinistralité structurelle que nous

connaissons », explique la compagnie.

En MRH, la filiale de Macif pratiquera

donc des majorations moyennes de 3,5

à 5% pour les affaires nouvelles et de 6%

pour le reste de son portefeuille. Côté

auto, ces hausses moyennes seront

de 5% pour les affaires nouvelles et de

5,9% pour 80% du portefeuille.

Invité sur France Inter en septembre

dernier, Thomas Buberl, le directeur

général du groupe Axa, rappelait : « Notre

but est de toujours essayer d’être endessous

de l’inflation. Pour cela, nous

utilisons des pièces de réemploi et faisons

appel à des garages partenaires. Jusqu’ici,

nous sommes arrivés à bien structurer

cela, et notre but est de continuer dans

cette voie », sans indiquer pour autant

ses tendances tarifaires moyennes

pour 2023.

Fin 2022, seul l’Olivier Assurance

a annoncé une baisse de tarifs en

assurance habitation. L’assureur anticipe

une baisse de ses primes de 15% pour

les contrats des locataires et de 7,5%

pour les contrats des propriétaires. Pour

autant, la filiale française du groupe

britannique Admiral n’a lancé son premier

produit MRH qu’en 2021.


BILAN DE L’ASSURANCE DOMMAGES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 19

Assurance récolte : La réforme prend racine en 2023

Après une année de discussions

parfois animées, le nouveau dispositif

d’assurance récolte tricolore entre bien

en vigueur au 1 er janvier 2023, comme

promis par l’exécutif. Cependant, la

mise en place d’un guichet unique

simplifié auprès des assureurs ne

sera pas prête à temps.

Par Thierry Gouby

Attendue de très longue date, la

réforme de l’assurance agricole

verra bien le jour au 1 er janvier

2023. Initiées fin 2021, les discussions

parlementaires autour du nouveau

dispositif visaient trois objectifs : la

généralisation, à terme, de l’assurance

multirisques climatiques (aujourd’hui,

seuls 30% des agriculteurs sont

assurés en grandes cultures et 5% en

arboriculture).

Ensuite, le développement de mesures

de prévention et l’accompagnement

de l’agriculture face au changement

climatique. Enfin, une répartition

équilibrée de la prise en charge des

sinistres entre les agriculteurs, les

assureurs et les réassureurs et l’État.

Le nouveau régime comportera trois

étages (voir illustration ci-contre).

Le premier relèvera de l’agriculteur,

qui assumera seul les pertes des

« aléas courants » jusqu’à un seuil de

franchise. Le deuxième, dédié aux « aléas

significatifs », relèvera de l’assureur

privé. Enfin, les « aléas exceptionnels »

déclencheront une intervention de l’État,

y compris pour les agriculteurs nonassurés.

Le seuil de déclenchement de

prise en charge s’établit à 20% de pertes

de production pour les assurés, et le

subventionnement public à 70% des

cotisations d’assurance.

Le taux d’indemnisation des catastrophes,

prévu dans le cadre de la solidarité

nationale, sera de 90% pour les assurés

de toutes les cultures, et, pour les non

assurés, de 45% en 2023, 40% en 2024 et

35% en 2025. Un seuil de déclenchement

de la solidarité nationale est aussi fixé à

50% pour les groupes “grandes cultures,

cultures industrielles et légumes” et

“viticulture”, et à 30% pour les autres

productions, notamment l’arboriculture

et les prairies.

Un soutien à 560 millions d’euros

À l’occasion de la présentation du dernier

projet de loi de finances, l’État a pour sa

part précisé sa contribution budgétaire

dans ce nouveau régime, à hauteur

de 256 millions d’euros pour 2023.

« Rajoutée au doublement du plafond

de la taxe affectée au Fonds national

de gestion des risques en agriculture

(FNGRA), qui passera de 60 millions

d’euros à 120 millions d’euros en 2023,

et aux crédits européens du Fonds

européen agricole pour le développement

rural (FEADER), cette nouvelle enveloppe

permettra d’atteindre, dès 2023, un niveau

de soutien public à la gestion des risques

en agriculture de 560 millions d’euros »,

précise l’exécutif.

Outre le développement des mesures

de prévention, ce nouveau dispositif

montera en charge dans les prochaines

années avec une enveloppe prévue sur les

crédits budgétaires qui passera de 256

millions d’euros en 2023 à 296 millions

d’euros en 2025. Avec la taxe affectée au

FNGRA et les crédits FEADER, « le soutien

public total pourra atteindre 600 millions

d’euros à horizon 2025, soit plus qu’un

doublement de l’effort financier public

prévu rapport aux années précédentes »,

explique ensuite le gouvernement.

Pool, pas cool...

Toutefois, un élément du dispositif - et

non des moindres – ne sera pas prêt

à temps : la mise en place du guichet

unique constitué des porteurs de risques

spécialisés. Sur fonds de concurrence,

ce pool d’assureurs censé former un

réseau d’interlocuteurs agréé patine.

« Les conditions ne sont pas réunies,

en raison de discussions qui doivent

encore se poursuivre sur les modalités

et montants des frais de gestion associés,

pour permettre, dès le 1 er janvier 2023, une

intervention des assureurs pour le compte

de l’État dans la gestion des agriculteurs

non assurés qui soit sécurisée à la fois

pour les agriculteurs, les assureurs,

mais également pour l’État », explique

le ministère de l’Agriculture et de la

Souveraineté alimentaire.

Sur ce sujet, France Assureurs rappelle

que les assureurs se sont pleinement

mobilisés pour l’entrée en vigueur de la

réforme au 1 er janvier 2023. « Un point

est apparu lors de la finalisation de la

mise en place de l’interlocuteur agréé pour

les agriculteurs non assurés, à savoir le

défraiement légitime pour les actes de

gestion que les assureurs accompliront

pour le compte de l’État. Afin de ne pas

retarder la mise en place de la réforme,

le ministre de l’Agriculture a décidé du

report d’un an de ce volet de la réforme.

Compte tenu de leur forte mobilisation

au cours des derniers mois pour la mise

en œuvre de l’interlocuteur agréé, les

assureurs contribueront durant l’année

2023 à faire avancer cet aspect important

de la réforme », conclut la fédération

des assureurs.


20 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM

BILAN DE L’ASSURANCE DOMMAGES

Risque sécheresse : Les assureurs à sec !

Avec un coût qui pourrait atteindre

les 3 milliards d’euros fin 2022 dans

l’Hexagone, le risque sécheresse inquiète

au plus haut point assureurs et

experts. Pour autant, sortir ce péril du

régime des catastrophes naturelles

n’est pas pour l’heure envisagé.

Par Thierry Gouby

Depuis son intégration dans le

régime Cat’ Nat’ en 1989, le

risque sécheresse a entraîné

près d’un million de sinistres pour

un coût dépassant les 16 milliards

d’euros. Si 2003 constituait jusqu’alors

l’année référence en termes de retraits

et gonflements d’argiles (RGA), 2022

est venu exploser les compteurs. Selon

la dernière estimation de France Assureurs

et de la MRN (Mission Risques

Naturels), le montant des dommages

consécutifs aux RGA s’établirait ainsi

entre 1,9 milliard et 2,8 milliards d’euros,

faisant de l’exercice qui vient de

se clore le pire jamais connu.

« 2023 sera même sans conteste un

nouvel exercice record avec près de

400 000 déclarations de sinistres attendues

sur les phénomènes de RGA.

L’autre conséquence de la sécheresse

concerne les incendies et notamment

les dégâts qu’ils occasionnent aux

récoltes », renchérit Yann Bocquillon,

directeur général et développement du

cabinet d’expertise IXI-Groupe.

Garder la sécheresse au régime

Avec un coût annuel moyen par sinistre

de près de 16 000 euros, les conséquences

de la sécheresse devraient

coûter près de 43 milliards d’euros

aux compagnies entre 2020 et 2050,

selon France Assureurs. Si bien que

la question de la couverture future de

ce risque se pose, y compris au sein

du régime Cat’ Nat’. « Si on considère

que le RGA n’est pas une catastrophe

naturelle caractérisée par son caractère

imprévisible et irrésistible, une

sortie du régime peut être envisagée.

Si l’indemnisation continue à relever

du régime des catastrophes naturelles,

des évolutions importantes doivent

être envisagées, après avoir fait l’objet

d’anticipations et d’études d’impact

minutieuses », indiquait début 2022

la Cour des Comptes dans un rapport

sur le sujet.

« L’idée qui consisterait à sortir le risque

sécheresse du régime des catastrophes

naturelles est une fausse bonne idée.

Au-dede la faible probabilité que les

assureurs paient les sinistres hors du

principe de mutualisation, il y aurait

beaucoup plus de différends entre assurés

et porteurs de risques et donc une

explosion des recours en justice et des

délais de traitement plus longs », expliquait

pour sa part fin 2022 Florence

Lustman, la présidente de la fédération.

« Cette hausse du coût de la sinistralité

n’est pas entièrement imputable à

l’évolution de ce risque climatique, elle

est principalement la conséquence de

l’évolution des richesses et du développement

de la valorisation des infrastructures

dans les zones exposées »,

poursuit Yann Bocquillon.

Recommandations

Face à l’ampleur du phénomène, assureurs

et experts préfèrent plutôt

imaginer des axes d’amélioration et

autres mesures de remédiation. Au-de

des mesures de prévention, « peutêtre

devons-nous également réfléchir

à un mode de certification pour les

constructions sur ces sols argileux »,

lance ensuite Florence Lustman à destination

des constructeurs.

« La question de la formation nous

occupe au premier plan. La récente

réforme du régime des Cat’ Nat’ a renforcé

les exigences en termes de délais

et de transparence pour les experts et

la formation d’experts agréés pour la

sécheresse est un paramètre important

qui pourrait être décidé dans les prochaines

semaines », précise le dirigeant

d’IXI-Groupe.

Au-dedes sujets de l’organisation et

de la mobilisation des ressources lors

des grands épisodes de sécheresse

ou des enjeux de reconstruction plus

pérennes et durables, « nous avons

également un enjeu délicat de communication

auprès des assurés.Ils subissent

parfois les conséquences lourdes de

cet aléa, et nous avons un rôle majeur

à jouer dans l’accompagnement et le

conseil des sinistrés. Nous devons les

sensibiliser sur la nature du risque sécheresse,

qui s’inscrit souvent dans le

long terme », conclut Yann Bocquillon.


22 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM

BILAN DE L’ASSURANCE DOMMAGES

TRIBUNE

« Risques climatiques :

une articulation socialisation –

mutualisation à (ré)inventer ? »

« Les assurtechs ont été initialement pensées pour répondre à ces nouveaux besoins,

et n’ont pas à transformer leur structure entière pour s’y adapter »

2022 a été une année exceptionnellement

difficile sur le plan climatique. La pire depuis

1999, restée dans les mémoires, avec les épisodes

« Lothar » et « Martin » de décembre.

Météo France a qualifié l’été 2022 « de tous les

extrêmes ». Le printemps a été le 3 e plus chaud depuis

1900 et le 3 e plus sec depuis 1959. Evoquons aussi

les tempêtes « Eunice » et « Franklin » de février, la

tempête « Diego » d’avril. Ou encore les forts épisodes

de grêle de la Pentecôte, de mi-juin et d’août.

Tous assureurs confondus, l’aléa climatique représente

un coût de 8 milliards d’euros en 2022, soit le

double de l’année précédente, sans compter le coût de

la sécheresse qui pourrait se situer, selon les estimations,

dans une fourchette de 2 à 3 milliards d’euros.

Conséquences sérieuses, également, pour

les réassureurs, aujourd’hui sous tension,

que ce soit via leur activité de réassurance

directe ou sur le marché de la rétrocession.

Surtout, l’impact du dérèglement climatique est

aujourd’hui une réalité. La tendance de fond et la

trajectoire sont préoccupantes : phénomènes de

sécheresse et de retrait-gonflement des sols argileux

entrainant des dégâts sur les habitations, conséquences

en termes d’inondations, avec le cumul de

précipitations sur des sols secs… Sans oublier que

les risques climatiques agissent également comme

un déclencheur ou un amplificateur d’autres risques.

Alors que ce type « d’année noire », comme celle vécue en

2022, survenait tous les 50 ans par le passé, il nous faut

désormais vivre avec une survenance tous les 10-15 ans.

Pour les assureurs dommages, les ingrédients du

scénario catastrophe semblent réunis. Mais reconnaître

les dangers, c’est commencer à les surmonter.

Certaines zones géographiques sont particulièrement

exposées aux événements climatiques. Se

pose dès lors la question de l’assurabilité de certains

biens, voire du retrait pur et simple de ces secteurs.

Des solutions, pour ne pas arriver à cette extrémité,

existent. Par exemple en regardant du côté du périmètre

des garanties. Nous pourrions, techniquement,

limiter les garanties de nos contrats. Je vais être direct,

ce n’est, de mon point de vue, pas souhaitable. Nous

n’avons pas vocation à devenir des « demi assureurs ».

Une autre piste, plus intéressante mais certainement

pas suffisante, celle menant à la prévention. Elle fait

partie de la chaîne de valeur du métier d’assureur et

tout comme en matière environnementale le meilleur

déchet est celui qu’on ne produit pas, la meilleure gestion

de sinistre consiste déjà à éviter qu’il ne survienne.

Participer à la mise en place d’une stratégie nationale

de prévention du risque sécheresse ou encore

d’aménagement du territoire, mener des politiques

plus individualisées de prévention et de pédagogie

pour faire évoluer les comportements face aux risques

climatiques… Les assureurs sont légitimes sur ces


BILAN MERCREDI DE L’ASSURANCE 4 FÉVRIER 2015 DOMMAGES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 23

sujets et en la matière, la donnée apparaît comme

un élément central qu’il nous faut mieux exploiter.

Troisième solution face à la hausse de la fréquence

et des coûts, l’augmentation des cotisations. Avec le

risque, encore plus prégnant face aux problématiques

actuelles de pouvoir d’achat, dans le contexte de succession

de crises, d’exclure du système assurantiel des

pans entiers de populations. Une perspective aux antipodes

de mes convictions mutualistes, bien entendu.

On le voit, chaque médaille a son revers. Au-dedes

solutions « techniques » présentées ci-dessus, quelle

posture les assureurs dommages doivent-ils adopter ?

Ce n’est pas un scoop, notamment dans les périodes

de crises, les assureurs ont été accusés d’attentisme.

D’être en retrait, par rapport aux sujets d’actualité et

vis-à-vis de l’opinion publique. Comment devons-nous,

collectivement, gérer la nouvelle donne climatique et

y répondre ? Déjà, en ne subissant pas les choses. En

n’étant pas en réaction mais bien dans une participation

active au débat, dans une posture de propositions. Et

ce, sans attendre les demandes des pouvoirs publics,

ou pire, la montée de mécontentements chez nos concitoyens.

Que les assureurs s’impliquent au maximum.

« Un assureur organise en mutualité une multitude

d’assurés exposés à la réalisation de risques

déterminés ». Au-dede la définition formulée

par le professeur et juriste de droit français

Joseph Hémard (1876-1932), la situation climatique

actuelle nous oblige, en tant qu’assureurs.

Cependant, l’équation de la nouvelle donne climatique

est compliquée. Dans celle-ci, le paramètre le plus

important est le nombre important de personnes

personnellement exposées, ainsi que leurs biens.

Il est de notre responsabilité – collective – de ne

pas les exclure et de leur permettre d’être bien protégées,

avec un niveau de cotisation acceptable.

La solution serait peut-être à chercher du côté

d’une meilleure articulation entre socialisation et

mutualisation du risque. J’entends par socialisation

une présence renforcée des pouvoirs publics, via,

par exemple, un fonds alimenté par l’ensemble des

citoyens, car c’est bien de solidarité nationale dont

il est ici question. Et par mutualisation du risque,

je veux souligner le savoir-faire des assureurs,

leur rôle de garde-fou face au risque de déresponsabilisation

engendré par un nouveau système.

Enfin, faisons confiance à ce qui constitue un atout

du système français et que jalousent nos confrères,

hors de nos frontières : le régime Cat Nat, qui associe

les pouvoirs publics et le secteur privé, fondé

sur les principes d’universalité et de solidarité. Préservons-le,

car il est protecteur pour nos concitoyens

et gardons-nous de le vider de sa substance.

Bien sûr, travaillons à le faire évoluer, en concertation

avec les pouvoirs publics, pour affronter une

situation climatique dégradée, qui, encore une fois,

nécessite le concours et l’engagement de tous.

BIO

Nicolas

Gomart

Directeur général du groupe Matmut

Âge : 58 ans

Formation : Essec, CHEA

Parcours : Nicolas Gomart débute sa carrière en 1987 à la

Banque Indosuez avant de cofonder Transoptions Finance

(groupe Crédit Agricole). Passé par Dexia AM puis ADI Alternative

Investments, il devient DGD et membre du comex d’ADI en 2006

puis DGA d’OFI Asset Management en 2009. Il rejoint la Matmut

en 2012 comme directeur général adjoint. Nommé directeur

général du groupe en avril 2015, Nicolas Gomart est par ailleurs

vice-président de la FNMF et président du conseil de surveillance

d’IMA.


MARCHÉ

FRPS, un régime de faveur

largement adopté

P.27

TRIBUNE

Tanguy Polet prend la plume

P.28

TABLEAU

Tous les rendements servis

en 2022

P.30


BILAN DE L’ASSURANCE VIE WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 25

DDA : Les critères de durabilité en stand-by

Depuis le 2 août dernier, le devoir de conseil en assurance vie a pris un virage vert. Idem pour celui des conseillers

en investissement financier. Désormais, les professionnels doivent recueillir les préférences de leur clientèle

en matière de durabilité. Mais face à une réglementation encore inachevée au niveau européen, les régulateurs

font preuve de bienveillance. Pour le moment.

Par Katerina Stergiou

La Directive sur la distribution

de l’assurance met l’ESG à

l’honneur. Depuis le 2 août

dernier, les distributeurs d’assurance

vie ont l’obligation de recueillir les

préférences de leur clientèle en matière

de durabilité. Même son de cloche pour

les conseillers en investissements

financiers soumis, eux, à la directive

Mif II. Mais pour eux l’obligation est

en oeuvre depuis ce 1 er janvier. Au-de

des questions habituelles relatives à

la situation financière ou encore au

profil et à la tolérance au risque de

l’investisseur, le know your customer

(KYC) intègrera désormais un volet vert.

De quoi impacter le devoir de conseil

des professionnels.

Des exigences européennes

C ette obligation répond aux

exigences européennes en matière

extra-financières promues par deux

règlements : le SFDR (Sustainable

Finance Disclosure Regulation) et

la taxonomie. Un challenge de taille

alors que « les clients ne sont pas

complètement au fait de ces thématiques

», déclare Carole Riaux, principal risk

management chez Optimind. Selon un

sondage réalisé en septembre dernier

par l’Institut français d’opinion publique,

seuls 11% des Français connaissent

l’investissement socialement

responsable (ISR). De ce fait, 45%

des personnes interrogées ne sont pas

prêtes à investir une part de leur épargne

dans ce champ encore brumeux. Et

le cadre juridique nébuleux contribue

davantage à la méfiance de l’opinion

publique vis-à-vis de la sincérité de ces

produits.

Tout l’enjeu est ainsi d’encourager la

demande d’investissements durables,

sans que le conseil ne débouche sur

des pratiques de « greenwashing »

(écoblanchiment). Encore faut-il que

les professionnels soient formés. Le

20 juillet dernier – soit quelques jours

avant l’entrée en vigueur de l’intégration

des critères de durabilité – l’Autorité

européenne des assurances et des

pensions (EIOPA) a publié un guide

en anglais. La DDA prévoit, par ailleurs,

15 heures de formation annuelle pour les

collaborateurs concernés. Une fois cette

étape bouclée, les conseillers devront

poser des questions bien précises à

leurs clients : Quel intérêt du client

pour l’investissement durable ? Sur

quelles(s) thématiques ESG veut-il agir

? Quelle proportion d’investissement

veut-il consacrer aux objectifs

présélectionnés ? Les clients devront

par ailleurs intégrer la prise en compte

des principales incidences négatives

sur les facteurs de durabilité selon

des critères quantitatifs ou qualitatifs

prédéfinis.

Une réglementation manquante

Sur le papier, l’intégration des critères

de durabilité est une bonne chose

pour sensibiliser les investisseurs à

l’heure du réchauffement climatique. Or,

« aujourd’hui, nous n’avons pas encore un

ensemble normatif totalement parachevé

au niveau européen », explique Pierre-

Grégoire Marly, professeur agrégé des

facultés de droit et président du Forum

du Droit des Assurances. « Même si

le texte est entré en vigueur en France

depuis l’été dernier, les distributeurs

ne sont pas vraiment en capacité de

l’appliquer car il manque encore une

partie de la réglementation européenne et

la partie existante est difficile à assimiler.

Le superviseur fait donc preuve d’une

certaine bienveillance, pour le moment »,

a-t-il ajouté.

Vers une législation opérationnelle ?

À l’heure actuelle, les critères de durabilité

restent en stand-by. « On ose espérer une

législation plus opérationnelle courant

2023 », précise Pierre-Grégoire Marly.

En attendant, l’ACPR et l’AMF s’engagent

à accompagner les professionnels

concernés dans l’adoption de ces

nouvelles obligations.

La prise en compte du critère de

durabilité n’est pas sans rappeler le

dispositif bancaire mis en place sur les

livrets de développement durables et

solidaires de 2020. Les conseillers sont

tenus de proposer chaque année à leur

client de faire un ou plusieurs dons en

faveur des entreprises de l’économie

sociale et solidaire. Une obligation qui

reste encore bien théorique.


26 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM

BILAN DE L’ASSURANCE VIE

Assurance vie : 2022, une année charnière ?

Dans un contexte pourtant perturbé, tantôt rythmé par la crise sanitaire, tantôt par des taux d’intérêt extrêmement faibles –

voire négatifs – les fonds euros ont tenu bon en 2021. Le taux de rendement moyen servi aux assurés est ressorti stable sur

un an, à 1,28% (net de prélèvements sur encours et avant prélèvements sociaux). Pour autant depuis 2012, le taux de l’actif

général qui frôlait les 3% dix ans auparavant, a bien perdu de son lustre, alors qu’il a en moyenne lâché 0,2 point par an.

Et si 2022 marquait une année charnière dans le

secteur de l’assurance vie ? En ce début d’année,

les yeux sont rivés sur les taux de rémunération

dévoilés au compte-gouttes par les assureurs. « Très

clairement, la tendance des taux servis sur les fonds en

euros sera haussière », anticipe Cyrille Chartier-Kastler,

fondateur du site Good Value for Money. « Cette hausse

est rendue nécessaire par celle de l’OAT », argumente

l’expert. Le rendement des obligations d’État françaises

à 10 ans frôlait les 3% à fin décembre, alors qu’il tournait

autour de 0% un an plus tôt. Ce qui de facto devrait

jouer en faveur de la rémunération du fonds euros

majoritairement investi en obligations. « Toutefois,

l’envolée des taux des obligations ne joue aujourd’hui qu’un

rôle marginal dans l’amélioration du rendement financier

des actifs généraux », explique Cyrille Chartier-Kastler.

« Les assureurs étaient jusqu’alors dans une optique de

collecte négative sur les fonds en euros », poursuit-il.

Les organismes ont, ces dernières années, déployé des

stratégies d’offres incitant les assurés à investir sur les

unités de compte. Une tactique qui a porté ses fruits. En

2021, la collecte nette totale en assurance vie a atteint

18,3 milliards d’euros portée par les supports en unités de

compte (30,6 milliards d’euros). En opposition, la collecte

nette sur les fonds euros est restée en territoire négatif

(-12,3 milliards d’euros). Or, « les assureurs s’emploient de

plus en plus à mettre fin à cette ‘politique d’austérité’ vis-àvis

des fonds en euros », renchérit l’expert.

Par ailleurs, la hausse des taux ne concerne qu’une petite

partie du portefeuille des épargnants dans la mesure où

elle n’agit que sur les nouvelles obligations. Or, le stock

détenu est majoritairement composé d’anciens titres,

moins bien rémunérés. Les taux de rendement devraient

en revanche profiter de la hausse des taux des livrets

réglementés. Depuis août dernier, le Livret A et le Livret

de développement durable et solidaire (LDDS) ont vu leur

taux doubler pour passer à 2%. Mieux, la rémunération

du LEP atteint 4,60%. Un environnement fortement

incitateur pour les assureurs à relever leur rendement.

D’autant qu’une nouvelle hausse est attendue en février.

En outre, alors que l’inflation grignote la rémunération

des placements, les assureurs n’auront d’autre choix

que de piocher dans leurs provisions pour participation

aux bénéfices afin de compenser l’érosion monétaire et

préserver l’attractivité de leurs produits. Cyrille Chartier

Kastler table sur un taux de rendement moyen compris

entre 1,60% et 2% pour l’année 2022. « A comparer avec

un taux 2021 maison de 1,08% », précise-t-il.

Les frais en assurance vie dans le viseur

Bien que « marginal » pour les épargnants, le phénomène

de la hausse des taux est une « très bonne nouvelle pour

les assureurs », affirme David Simon, membre du comité

de direction en charge des investissements, des finances

et des risques d’AG2R La Mondiale. Les acteurs profitent

à plein d’un contexte favorable à leur santé financière.

À titre d’exemple, le ratio de solvabilité du groupe de

protection sociale était de 218% en 2021 quand l’indice

TEC 10 s’élevait à 0,10%. À fin juin, il s’est inscrit à 256%

pour un indice TEC 10 à 1,99%. Pour autant, la hausse

– parfois brutale – des taux n’a pas été un long fleuve

tranquille à court terme pour les assureurs, même si

les plus gros y ont finalement trouvé leur compte. En

2023, la tendance devrait se stabiliser. Mais plus que

les taux, un autre sujet bouscule le secteur : celui des

frais en assurance vie. Une problématique d’importance

car « l’accumulation de frais élevés peut dans certains

cas amputer toute espérance de rendement », a expliqué

Jean-Paul Faugère, vice-président de l’ACPR début

décembre, lors de sa conférence annuelle. Face à des

efforts de transparence et de justification des assureurs

jugés insuffisants par le superviseur, ce dernier a émis

l’hypothèse d’une recommandation à venir dans les

prochains mois. Un avertissement qui n’est pas tombé

dans l’oreille d’un sourd. Les fédérations de la profession

montrent patte blanche. Affaire à suivre. K.S.


BILAN DE L’ASSURANCE VIE WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 27

FRPS : Un régime de faveur largement adopté

FRPS ou régime standard de retraite :

les organismes d’assurance ont

tranché. La Loi Pacte prévoyait le

cantonnement obligatoire des actifs

de retraite jusqu’au 1 er janvier 2023.

Par Katerina Stergiou

Malgré des débuts poussifs, une

vingtaine de groupes ont opté

pour la création d’un fonds de

pension à la française, soit la majeure

partie des organismes. Parmi eux, des

bancassureurs (BNP Paribas Cardif,

Crédit Agricole Assurances…) côtoyant

des mutuelles (Garance, Mutuelle

Médicis…), des groupes de protection

sociale (Agrica, Malakoff Humanis,

AG2R La Mondiale, Apicil) et des

sociétés d’assurance (Allianz, Generali,

Abeille Assurances…).

Ces compagnies ont en effet choisi

de transférer tout ou partie de leur

portefeuille à un fonds de retraite

professionnelle supplémentaire (FRPS).

Axa, par exemple, n’y a logé qu’une

partie de ses actifs. « Nous avons choisi

de laisser la possibilité à nos clients

– en fonction de la typologie de leurs

produits – de sélectionner Axa France

FRPS ou Axa France vie », explique

Marie-Pierre Ravoteur, directrice

épargne retraite entreprise du groupe.

En dépit d’un processus marqué par

de lourdes opérations comptables et

contractuelles, mais également par un

long travail de pédagogie, « le jeu en vaut

la chandelle », explique-t-elle.

Pourquoi un tel engouement ? Tout

d’abord, le FRPS offre un régime

dérogatoire par rapport à Solvabilité

II. Entrée en vigueur le 1 er janvier 2016,

cette directive a en effet vite été jugée

inadaptée à un horizon long terme de

gestion des risques. Les organismes

ayant opté pour la création d’un

FRPS relèvent, eux, de la directive

européenne sur les institutions de

retraite professionnelle. Cette dernière,

plus connue sous l’appellation Iorp II,

se rapproche du régime de Solvabilité I.

En clair, elle est moins gourmande en

capital s’agissant d’investissements

sur des actifs plus risqués que la dette

souveraine. De quoi redynamiser son

allocation d’actifs pour un meilleur

rendement.

Une structure coûteuse

Pourtant, malgré cet avantage majeur,

certains organismes préfèrent rester

sur un régime standard de retraite.

Mettre en place une telle structure coûte

plusieurs millions d’euros. Il n’est donc

pas opportun de créer un FRPS pour

des acteurs qui ont de faibles encours

de produits de retraite supplémentaire.

C’est le cas par exemple de SMA Vie,

dont l’encours s’élève à 200 millions

d’euros. Idem pour les organismes

essentiellement engagés en unités de

compte, Iorp II étant très bénéfique

pour les fonds euros plus gourmands

en marge de solvabilité que les

autres supports. Car sous la directive

européenne, l’actif général est piloté et

limité afin de minimiser la dilution des

taux de rémunération. Pour autant,

le groupe Swiss Life qui pousse

fortement les UC dans sa stratégie de

développement, a lui aussi opté pour la

création d’un FRPS.

Au-delà d’un cadre législatif assoupli, le

fonds de pension à la française confère

un autre avantage aux assureurs et pas

des moindres. Les actifs adossant les

engagements de retraite jouissent d’un

privilège légal – jusqu’alors réservé aux

cantons réglementaires – et ne peuvent

être saisis par un créancier en cas de

faillite. Si le marché français semble

prendre goût aux FRPS, l’appétit reste

très marginal au niveau européen.

La France en queue de peloton

Fin 2021, les fonds de pension de

l’Espace économique européen

représentaient 2.712 milliards d’euros

d’actifs. L’Hexagone concentre

seulement 1% du marché européen,

contre 68% pour les Pays-Bas. Au niveau

international, les fonds de pension

américains gèrent 22.599 milliards

de dollars, soit près de 60% des actifs

totaux gérés au sein de l’OCDE à fin

2021. Ces situations très contrastées

selon les pays reflètent les différences

entre les régimes de retraite en vigueur.

Pour donner un coup d’accélérateur à

la France, « il convient de maintenir un

régime de faveur pour les porteurs de

risques », avance Hans Willert, associé

chez Magellan Consulting. Mais ce

régime de faveur pourrait changer, alors

que la directive Iorp II doit être révisée.

« Attention, il ne s’agira probablement

pas d’un alignement avec la directive

Solvabilité II », tempère Hans Willert.

« L’idéal serait de trouver un accord à

mi-chemin entre les règles assouplies

de Solvabilité I et celles endurcies de

Solvabilité II », poursuit-il. « Quoi qu’il en

soit, l’amendement s’annonce progressif.

Les lignes auront bougé à un horizon de

cinq ans », conclut-il. Initialement prévu

pour le 13 janvier, l’avis de l’Autorité

européenne des assurances et des

pensions professionnelles (EIOPA) sur

une éventuelle révision est cette fois

attendu pour le 1 er juillet 2023. Encore

faut-il que le régulateur européen

maintienne son calendrier.


28 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM

BILAN

MERCREDI

DE L’ASSURANCE

4 FÉVRIER 2015

VIE

TRIBUNE

« Assurance vie : changement de paradigme »

« Il est important de ne pas balayer d’un revers de main tous les acquis des vingt dernières

années »

Que retiendrons-nous de 2022 ? Sur le

plan international, incontestablement

le conflit en Ukraine.

Et pour nous assureurs vie, deux éléments

que cette crise a accélérés : l’inflation et

la hausse des taux. Ces deux marqueurs économiques

nous poussent vers un changement de

paradigme. Certes, l’avenir n’est pas écrit, mais

nous pouvons déjà tirer quelques hypothèses.

La hausse brutale de l’inflation impacte tous les

pans de l’économie mais également le comportement

des épargnants. En matière d’assurance

vie, nous faisons face à deux types de comportements.

Les clients patrimoniaux veulent préserver

leur objectif de valorisation de leur patrimoine

et cherchent ainsi à se protéger au mieux contre

l’inflation. Les unités de compte restent, dès lors,

au cœur de leurs stratégies d’investissement. Les

autres clients, majoritaires, sont plus sensibles

à une prise minimale de risque. Ils restent donc

plutôt positionnés sur une épargne de sécurité

via les livrets et les fonds en euros dont les rendements

s’afficheront certes en hausse, mais

sans du tout pouvoir couvrir l’inflation.

Une remontée des taux positive

La hausse des taux était attendue. En 2022, en

France en tout cas, elle a pu être relativement

contenue grâce à la bonne gestion de l’inflation, très

inférieure à la moyenne de l’UE. Ce changement

d’univers nous permettra, petit à petit, de prendre

en compte les attentes des épargnants pour des

rendements plus élevés sur le fonds euros. Mais

il est important de ne pas balayer d’un revers de

main tous les acquis des vingt dernières années.

En effet, deux décennies de baisse des taux ont

poussé les assureurs à diversifier leur offre vers

des fonds patrimoniaux, puis des fonds structurés,

de l’immobilier et autres unités de compte.

Cette baisse des taux a finalement été bénéfique

au secteur : elle a entraîné une bascule significative

vers les UC, portée par un intérêt certain en

termes de performances pour les assurés et de

profitabilité pour les assureurs. De là à blâmer

la remontée des taux, certainement pas. Elle est

évidemment positive pour la solvabilité du secteur

de l’assurance et elle permet aussi de redonner

des couleurs à la classe d’actif obligataire, qui

en avait bien besoin !

Préserver le couple rendement/protection

Face à ces évolutions, nous restons sereins. Les

assureurs ont des solutions pour préserver le

couple rendement/protection attendu par leurs

clients : UC, poche obligataire, High Yield et produits

structurés offrent de belles opportunités et

de véritables performances en période de forte

volatilité, notamment pour couvrir ou battre l’inflation.

Quant à l’immobilier, sensible à la hausse

des taux d’intérêt, même s’il s’agit d’un véhicule

d’épargne qui fonctionne bien avec des niveaux de

protection intéressants, la prudence est toutefois

de mise, car la valorisation des actifs est plutôt


BILAN MERCREDI DE L’ASSURANCE 4 FÉVRIER 2015 VIE WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 29

derrière nous. Il faut donc être plus sélectif sur

cette classe d’actifs. Au global, la diversification

reste de mise dans un contexte où l’expertise

et la qualité de conseil constituent un réel atout

dans la mesure et l’appréhension du risque par

nos assurés.

Vers un conseil client toujours plus expert. La

pression règlementaire pousse sans cesse les

assureurs vie à toujours mieux accompagner leurs

clients car les solutions performantes sont évidemment

plus complexes. Les dispositions prises

dans le cadre de PRIPPS, DDA ou SFDR – et plus

globalement le devoir de conseil de la profession

– imposent toujours plus de pédagogie auprès des

clients. Cette pression réglementaire implique pour

chaque intermédiaire en assurance de bien faire

son métier afin de permettre au client de faire

les bons choix, de façon éclairée. Mais l’excès de

règlementation peut aussi s’avérer contre-productif

lorsqu’il conduit à trop de formalisme. C’est un

risque sur lequel nous devons rester attentifs,

notamment en matière d’information sur le couple

frais/performances UC, très sensible en période

d’inflation. Assureurs et assets managers ont et

devront faire preuve de pédagogie pour permettre

d’appréhender aisément la transparence attendue.

2022 : une année sur le marché de l’assurance

vie en demi-teinte. Face à une collecte vie en

baisse, conséquence des incertitudes géopolitiques

et économiques, certains épargnants ont montré

une réelle capacité de résilience. En premier lieu,

la clientèle patrimoniale qui, forte de son expérience

des dernières années, est plus mature face

à la baisse des marchés. Certains clients ont vu

dans la période une opportunité à épargner : ceci

explique la collecte encore positive sur les UC.

En parallèle, l’épargne retraite, promue par la loi

Pacte, a conservé tout son attrait avec des chiffres

positifs sur le PERin.

Une prise de conscience nécessaire

Aider à faire face au risque à venir est une mission

prioritaire pour l’assureur y compris en assurance

vie. C’est vrai pour la question des retraites et la

réforme annoncée qui va plutôt promouvoir les

solutions que nous offrons. Nous devrons faire

montre de pédagogie pour inciter les Français à

agir plus tôt dans leur vie professionnelle. Il en

est de même en matière de responsabilité environnementale

et d’information sur la durabilité

des produits financiers. Portée par les règlementations

européennes dans le domaine, la finance

responsable et durable est une dynamique qui

s’imposera à tous. Comme intermédiaires financiers,

c’est par nous que l’épargne circule et par

nous que celle-ci se tournera vers ces supports :

car au-delà du règlementaire, c’est aussi une prise

de conscience des épargnants que les assureurs

portent en responsabilité.

BIO

Tanguy

Polet

Directeur général de Swiss Life France

Formation : Diplômé de l’Université catholique de Louvain,

membre du Barreau de Bruxelles.

Parcours : Avocat de formation, Tanguy Polet apprend le

métier d’assureur sur le tas. Après onze ans d’exercice au sein

de plusieurs cabinets, dont Simmons & Simmons et Ernst &

Young, il rejoint Swiss Life en 2005. Membre du comité exécutif

de la filiale belge du groupe en qualité de directeur commercial

et marketing, il prend les commandes de Swiss Life Luxembourg

en 2008. Deux ans plus tard, il rejoint la France à la tête

de la banque privée du groupe helvétique et devient membre du

comité exécutif. En 2015, Tanguy Polet est nommé directeur de

la division clients et transformation digitale, en charge notamment

des opérations de Swiss Life France. Il prend les rênes de

la filiale française le 1 er mars 2021.


30 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM

BILAN MERCREDI DE L’ASSURANCE 4 FÉVRIER 2015 VIE

Tous les taux de rendement des fonds

euros dévoilés par les assureurs en 2022


31 BILAN MERCREDI DE L’ASSURANCE 4 FÉVRIER 2015 VIE WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 31

MERCREDI 4 FÉVRIER 2015


32 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM

BILAN MERCREDI DE L’ASSURANCE 4 FÉVRIER 2015 VIE


33


34 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM

BILAN MERCREDI DE L’ASSURANCE 4 FÉVRIER 2015 VIE


35 BILAN MERCREDI DE L’ASSURANCE 4 FÉVRIER 2015 VIE WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 35

MERCREDI 4 FÉVRIER 2015


ZOOM

Loi Lemoine, une bonne et

une mauvaise nouvelle

P.38

ANALYSE

PSC des fonctionnaires, le

chantier est lancé

P.39

TENDANCE

Le retour en grâce des ocam

P.40


Un nom plus court,

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38 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM

BILAN DE L’ASSURANCE DE PERSONNES

Loi Lemoine : Une bonne et une mauvaise nouvelle

La loi Lemoine a introduit la résiliation

infra-annuelle en assurance emprunteur

pour tous et la suppression du questionnaire

médical pour une catégorie

de prêts.

Par Mariona Vivar

La loi du 28 février 2022 dite loi

Lemoine introduit la possibilité pour

les emprunteurs de résilier leur

assurance à tout moment. La résiliation

infra-annuelle (RIA) est un combat de

longue date du secteur de l’assurance emprunteur

afin de favoriser la concurrence

sur un marché très fortement dominé par

les bancassureurs. Ils concentrent 88%

de parts de marché, malgré les tentatives

du législateur de favoriser la délégation

d’assurance. Avant la loi Lemoine, il y a

eu la loi Lagarde de 2010 qui ouvre le

droit à la délégation d’assurance ; la loi

Hamon de 2014 qui rend possible la

résiliation pendant la première année,

et l’amendement Bourquin de 2018 qui

permet de changer de contrat à la date

d’anniversaire du contrat.

La résiliation à tout moment est possible

sur les nouveaux prêts depuis juin 2022

et sur le stock des contrats depuis septembre

2022. Trois mois après l’entrée

en vigueur de la loi, les spécialistes de

la substitution se frottent les mains et

évoquent un triplement du volume des

substitutions. Le ralentissement du

marché immobilier dans un contexte

de remontée des taux d’intérêt explique

en partie l’appétit des courtiers pour

favoriser les substitutions.

La fin du questionnaire médical

La loi Lemoine a introduit par ailleurs

la suppression du questionnaire médical

pour les prêts de moins de 200 000

euros arrivant à échéance avant le 60 e

anniversaire de l’emprunteur. Une mesure

poussée par les associations de patients

qui ont par ailleurs obtenu le raccourcissement

du droit à l’oubli de 10 à 5 ans

sur certaines pathologies.

Privés de sélection médicale, la majorité

des acteurs alternatifs a répercuté

l’augmentation du coût du risque sur

les tarifs. « L’augmentation tarifaire sur

le segment Lemoine oscille entre 10 et

40% en fonction des profils. Les jeunes

et cadres supérieurs sont moins majorés

que les emprunteurs plus âgés et avec une

CSP inférieure », indique David Echevin,

fondateur d’Actélior. Les bancassureurs,

en revanche, ont maintenu leurs tarifs

sur le segment Lemoine grâce à leur

capacité de mutualisation.

Limiter l’anti-sélection

La crainte de tout assureur est de se

retrouver avec un nombre de sinistres

plus élevé que la moyenne du marché.

Les acteurs alternatifs ont donc introduit

des garde-fous afin de réduire le risque

d’anti-sélection. Certains assureurs ont

décidé de ne plus assurer les prêts pour

l’achat d’une résidence secondaire ou

pour l’achat de parts d’une société civile

de placement immobilier (SCPI). Les

emprunteurs couverts dans le cadre

d’un contrat alternatif qui chercheraient

à changer de contrat sont également

suspects, car susceptibles d’avoir subi

une surprime par le passé.

D’autres acteurs ont introduit des

« clauses d’antériorité » dans leurs

conditions générales. Celles-ci précisent

que l’emprunteur ne sera pas couvert en

incapacité ni invalidité pour certaines

pathologies préexistantes au moment de

la souscription. En cas de sinistre, l’assureur

devra donc mener des recherches

pour vérifier si la pathologie à l’origine

d’un arrêt de travail était préexistante.

Ces clauses, si elles ne sont pas suffisamment

précises et limitées, peuvent

être une source de contentieux dans

quelques années.

Les spécialistes s’attendent à ce que le

secteur alternatif glisse progressivement

vers des capitaux plus élévés, laissant aux

banques le soin de couvrir les prêts de

moins de 200 000 euros. Or, le segment

Lemoine représente 52% des prêts en

nombre. L’hégémonie des banques a

encore de beaux jours devant elle.


BILAN DE L’ASSURANCE DE PERSONNES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 39

PSC des fonctionnaires : Le chantier interne est lancé

2022 a été une année de préparation

à l’entrée en vigueur de la réforme de

la protection sociale complémentaire

des fonctionnaires qui fait la part

belle aux contrats collectifs.

Par Mariona Vivar

Les premiers textes juridiques sur

la mise en place de la réforme

de la protection sociale complémentaire

des fonctionnaires confirment

la volonté des pouvoirs publics

de privilégier les contrats collectifs à

adhésion obligatoire.

Un accord socle sur la FPE

D’ici le 1 er janvier 2024, les agents

de l’État bénéficieront d’une complémentaire

santé financée à 50% par

leur employeur public. L’accord interministériel

du 26 janvier 2022, signé

à l’unanimité par les organisations

syndicales, acte la mise en place d’un

contrat collectif obligatoire pour les

agents actifs.

Le texte fixe un socle interministériel

de garanties qui s’appliquera en

l’absence d’accord collectif conclu au

niveau de chaque ministère. Le texte

précise également les mécanismes de

solidarité. Les retraités bénéficieront

d’un plafonnement de la cotisation à

partir de 75 ans.

Après cet accord sur les frais de santé,

les partenaires sociaux ont démarré

des négociations sur la prévoyance

statutaire et complémentaire. Mais les

élections présidentielles en avril et professionnelles

en fin d’année n’ont pas

permis à ces négociations d’aboutir en

2022. Le ministère de l’Intérieur devrait

lancer le bal des accords collectifs pour

la mise en place d’un régime frais de

santé dès 2023.

La réforme de la protection sociale

complémentaire était censée favoriser

la concentration du marché mais à ce

stade peu d’acteurs ont dévoilé leurs

alliances. Le paysage des mutuelles de

la fonction publique a cependant évolué.

En début d’année, la mutuelle Mgéfi,

référencée au ministère de l’Économie,

des Finances et de la Souveraineté

industrielle et numérique, a décidé de

quitter le groupe Vyv pour rejoindre le

groupe Matmut. Par ailleurs, la Mutuelle

des Métiers de la Justice (MMJ) a

quitté AG2R La Mondiale pour intégrer

le pôle fonction publique d’Aésio

Mutuelle. Enfin, en décembre, AG2R La

Mondiale a mis un terme au projet de

rapprochement avec Intériale.

Par ailleurs, le passage d’un contrat

individuel à adhésion facultative à un

contrat collectif à adhésion obligatoire

oblige les mutuelles de la fonction

publique à réduire leurs coûts de fonctionnement.

Le paquebot du secteur,

MGEN, a annoncé en interne une réduction

de coûts de 250 millions d’euros

par an. La mutuelle a prévu de réduire

20% de ses effectifs d’ici 2027.

Des montants insuffisants sur la FPT

En ce qui concerne la fonction publique

territoriale, le décret du 20 avril 2022

fixe le socle de garanties et les montants

nets de participation des employeurs.

Les dispositions entreront

en vigueur le 1 er janvier 2025 sur la

prévoyance et le 1 er janvier 2026 pour

la santé.

Le décret fixe à 30 euros le montant

de référence pour la participation des

collectivités territoriales et de leurs

établissements au financement des

garanties frais de santé de leurs agents.

Ces derniers devront en financer au

moins 50%, soit 15 euros par agent

et par mois. Le même décret fixe à 7

euros par mois et par agent la participation

de l’employeur public sur la

couverture prévoyance.

Les principales mutuelles d’agents

territoriaux ont créé une coordination

d’experts assurantiels et publié un plaidoyer

afin de demander de revoir le

panier de garanties et les montants

de participation en prévoyance. En

l’état, le prix de la couverture serait

inabordable pour les agents les plus

modestes. Et le montant de la participation

employeur de 7 euros pas

suffisamment incitatif pour garantir

un fort niveau de mutualisation. Le

collectif de mutuelles a formulé 16

propositions pour garantir le succès

de la réforme de la PSC, dont certaines

ont trait aux provisions techniques en

prévoyance ou aux mécanismes de

solidarité intergénérationnelle.

Sur la fonction publique hospitalière,

la réforme doit entrer en vigueur d’ici

2026. Les acteurs de la protection

sociale complémentaire dénoncent

ce calendrier, dans un contexte de

crise dans les hôpitaux. Offrir une

protection sociale complémentaire

aux agents hospitaliers permettrait

d’améliorer l’attractivité d’un secteur

mal en pointqui peine à maintenir ses

effectifs.


40 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM

BILAN DE L’ASSURANCE DE PERSONNES

Santé : Au spectre de la Grande Sécu, succède le

retour en grâce des organismes complémentaires

Après la frayeur de la Grande Sécu,

le gouvernement renoue le dialogue

et ouvre des pistes de collaboration

avec les organismes complémentaires.

Par Mariona Vivar

La fin du premier quinquennat

d’Emmanuel Macron a mis le feu

aux poudres dans le secteur des

organismes complémentaires. Après la

taxe Covid et les injonctions de modération

tarifaire, le Haut conseil pour l’avenir

de l’Assurance Maladie (HCAAM) a

publié en janvier 2022 un rapport explosif

qui explore des pistes d’évolution sur

l’articulation entre la sécurité sociale

et les organismes complémentaires. Le

scénario d’une Grande Sécu a cristallisé

les craintes d’un secteur de l’assurance

en perte d’influence. Un secteur qui a vu

progressivement son périmètre d’intervention

se réduire d’année en année. La

part prise en charge par les organismes

complémentaires dans la consommation

de soins et biens médicaux est en baisse

en 2020. Ils prennent en charge 12,2%

de la dépense, en recul d’1,2 point par

rapport à 2019, face à une Assurance

Maladie qui a se voit pousser des ailes

depuis la crise Covid. À noter que le

rattrapage de soins en 2021 a inversé

cette tendance.

L’épidémie a considérablement plombé

les comptes de l’Assurance Maladie.

Avec un déficit de 51 milliards d’euros

en 2020, et de 28,7 milliards d’euros

en 2021, le projet de supprimer le ticket

modérateur sur la majorité d’actes

essentiels n’a plus la cote. Emmanuel

Macron a déclaré pendant la campagne

électorale son opposition à un scénario

de Grande Sécu. Le ballon d’essai s’est

donc éloigné des projecteurs, pour le plus

grand soulagement su secteur.

La main tendue du ministre

La réélection d’Emmanuel Macron et la

nomination de François Braun comme

ministre de la Santé et de la Prévention

ont ouvert de nouvelles perspectives.

Mais l’espoir a été de courte durée car

l’absence du Président de la République

au Congrès de la Mutualité a été interprétée

comme un signe de mépris.

En novembre, le vent a tourné. François

Braun ayant besoin des complémentaires

pour boucler le budget de la Sécu a tendu

la main au secteur. Le Comité de dialogue

avec les organismes complémentaires

(CDOC) est né.

Cette instance de concertation s’est fixée

une feuille de route pluriannuelle autour

de sujets structurels. En premier lieu,

« la complémentarité entre assurance

maladie obligatoire (AMO) et assurance

maladie complémentaire (AMC) pour le

financement et la soutenabilité dans le

temps du système de santé », indique

le ministère.

En priorité, le CDOC va travailler sur le

transfert de charges entre l’assurance

maladie et les organismes complémentaires.

Un transfert de 150 millions d’euros

en 2023 et de 300 millions d’euros

en année pleine est inscrit dans la loi de

financement de la Sécurité sociale pour

2023. Le contenu exact et les postes de

soins concernés feront l’objet de discussions

entre les ocam et l’Assurance

Maladie. Ce transfert de charges est

presque bien accueilli par le secteur, car

il s’inscrit en faux avec le scénario de

Grande Sécu. L’administration et les ocam

se sont également fixé comme objectif

de travailler sur d’autres chantiers :

l’accès aux droits, dont la complémentaire

santé solidaire, mais également le niveau

de couverture AMO/AMC des Français

et notamment des plus modestes. Ou

encore, « le virage préventif et l’articulation

des actions de l’État, de l’Assurance

maladie et des complémentaires santé »

en la matière.

Un avis de la CNIL bienvenu

Les organismes complémentaires ont

obtenu que le CDOC aborde également

« les conditions d’accès et de partage

d’informations et de données de santé

nécessaires à la gestion du risque, au

renforcement des actions de prévention,

à l’optimisation des remboursements et

à la connaissance des restes à charge ».

Sur ce domaine, l’avis de la CNIL du 14

novembre autorise les organismes complémentaires

à utiliser les données de

santé pour procéder aux remboursements

de leurs assurés. La commission

demande néanmoins qu’une loi vienne

préciser cet usage.

Le périmètre de collaboration du CDOC

est encore plus large : lutte contre la

fraude, tiers payant, frais de gestion...

De belles promesses pour une année

2023 qui s’annonce riche en travaux.


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42

WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM

BILAN DE L’ASSURANCE DE PERSONNES

TRIBUNE

« La réforme de la protection

sociale complémentaire reste

inachevée »

« Sa mise en œuvre ministérielle se fait à vitesse variable, et les mécanismes de

solidarité comme la question de la prévoyance ne sont pas stabilisés »

La réforme de la protection sociale complémentaire

(PSC) des agents de la fonction publique

était nécessaire, mais reste inachevée. Elle

s’arrête, pour l’heure, à la protection en santé

qui a fait l’objet d’un accord interministériel. Sa mise

en œuvre ministérielle se fait à vitesse variable, et

les mécanismes de solidarité comme la question

de la prévoyance ne sont pas stabilisés.

Chaque ministère s’organise à sa manière et à son

rythme face à cette future responsabilité pour l’employeur

public. À deux ans de l’échéance pour la

fonction publique d’État, plusieurs ministères ont

modifié leur date de mise en œuvre, l’avançant ou

la reculant dans un calendrier contraint 2024-2026.

Pour les mutuelles habituées à gérer la protection

de leurs agents, la crainte majeure reste qu’il n’y ait

pas suffisamment d’anticipation des ministères sur

la consolidation de leurs données et des systèmes

d’information. Si des agents en exercice ne sont pas

bien enregistrés, le risque est qu’ils se retrouvent

sans protection pour un temps incertain, provoquant

des situations complexes voire dramatiques

à rattraper. L’anticipation sera clé.

La réforme de la PSC chamboule, par ailleurs, le

modèle mutualiste puisqu’elle va casser certains

mécanismes de solidarité et de redistribution. Aujourd’hui,

les mutuelles couvrent sans exclure et

organisent des transferts de solidarité entre actifs

et retraités, entre malades et bien-portants, entre

générations, entre territoires. La place importante

qu’occupent l’action sociale et la prévention est

remise en question par un panier de soin qui fixe

un minimum de 0,5% de la cotisation quand MGEN,

comme la plupart des mutuelles de la fonction publique,

y consacre 3%.

La PSC c’est aussi un accélérateur de redéfinition

du paysage de l’assurance en France : par la crainte

de la mise en concurrence et la concentration pour

affronter la réforme. Le principal risque que nous y

voyons, c’est la dilution du mutualisme dans l’assurance.

Les mutuelles ont des valeurs, un ancrage

historique et territorial ainsi qu’un mode d’entreprendre

propre à l’ESS en grande adéquation avec

les aspirations de notre société et a fortiori des

agents du service public. Les ministères devront

assurer ce maintien fort de la solidarité.


BILAN DE L’ASSURANCE DE PERSONNES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 43

La prévoyance, dont les négociations entre l’État et

les organisations syndicales se poursuivent, ne doit

pas être oubliée. Notre conviction, c’est que dans un

monde toujours plus contraint et un pouvoir d’achat

des Français qui se dégrade, l’État préférera investir

un euro dans le pouvoir d’achat immédiat plutôt

que dans la prévoyance dont les effets ne seront

ressentis que par les agents qui y auront recours.

Les chiffres montrent que les agents du public sont

moins bien couverts que les salariés du privé. Cela

dit, l’État n’a pas vocation à prendre en charge toute

la protection de ses agents, qui représenterait un

volume financier colossal. La prévoyance complémentaire

reste et restera indispensable. Et puis, le

prix de la prévoyance est toujours moins élevé que

celui de l’imprévoyance : 15 milliards estimés par

an pour tout le pays.

Changer de paradigme sur la prévoyance

Nous pensons qu’il faut changer de paradigme et

faire beaucoup de pédagogie sur les risques liés à

l’absence de prévoyance et le manque de prévention

des risques. C’est important qu’elles soient

intégrées aux discussions autour de la réforme

de la PSC pour les agents. Sans cela, les agents

penseront soit qu’ils sont déjà couverts, soit qu’ils

n’en ont pas besoin.

Le gouvernement a montré à plusieurs reprises depuis

l’été dernier sa volonté de conserver un système

complémentaire pour soutenir l’Assurance maladie

et l’hôpital public. Avec le changement d’intitulé du

ministère de la santé et l’ajout de la prévention, la

volonté de construire des réflexes préventifs est

visible. Il a décidé de le faire sans les complémentaires

santé mais a introduit de nouveaux transferts

de charge et créé un Comité de dialogue avec les

organismes complémentaires (CDOC).

Le secteur continuera d’être associé et mis à contribution

pour construire des réponses adaptées aux

besoins en santé de nos concitoyens. Sans pouvoir

parler d’un virage préventif majeur, les consultations

instaurées à 25, 45 et 65 ans dans le dernier

PLFSS sont le signe que la Sécurité Sociale commence

à prendre plus en charge la prévention par

rapport à l’approche historiquement plus curative.

Leur efficacité ne peut cependant tenir que dans la

complémentarité et le dialogue, au risque d’aboutir

à une promesse des pouvoirs publics en demi-teinte

: avec un cadrage trop serré, le dispositif pourrait

ne pas décoller.

Pour finir, après près de deux années de recul sur

les effets des confinements, le ralentissement des

soins est remplacé par un rebond. La santé et la

soutenabilité de notre système de santé vont rester

des préoccupations importantes pour encore

quelques temps.

BIO

Fabrice

Heyriès

Directeur général de MGEN

Âge : 53 ans

Lieu de naissance : Sisteron

(Alpes-de-Hautes-Provence).

Formation : Sciences Po, licence

de droit à l’université

Aix-Marseille et ENA.

Parcours : Il débute sa

carrière dans le secteur

public (Cour des comptes,

Ministère du travail, Ministère

des solidarités et de la

santé). Il devient DGA de

Groupama en 2015 et DG

de MGEN en 2020.

Matthias

Savignac

Président de MGEN

Âge : 48 ans

Lieu de naissance : Villefranche

de Rouergue

(Aveyron)

Formation : Ecole supérieure

de commerce de

Pau et diplômé en sciences

humaines et commerce

international à Montréal.

Parcours : Enseignant spécialisé

auprès d’élèves en

difficulté, il devient administrateur

de la MGEN en

2011, vice-président en

2019 et président en 2021.


MARCHÉ

Réassurance : En 2023, fini

de jouer !

P.41

MARCHÉ

Guerre en Ukraine, sans

conséquence ou presque

P.46

TRIBUNE

Vinicio Cellerini prend la

plume

P.48


BILAN DE L’ASSURANCE DES GRANDS RISQUES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 45

Réassurance : En 2023, fini de jouer !

Devant une sinistralité exacerbée par

un funeste cocktail « inflation / guerre /

pandémie », les réassureurs ne pourront

échapper à une augmentation de leurs

tarifs en 2023. En France comme dans

le monde, ces hausses seront au moins

à deux chiffres.

Par Thierry Gouby

Le durcissement de la situation

géopolitique, l’inflation ou encore

la forte sinistralité climatique qui ont

impacté l’exercice 2022 vont pousser les

réassureurs à durcir très significativement

leurs positions pour l’exercice qui s’ouvre.

« Ce sont les réassureurs qui vont donner le

‘‘LA’’ sur les conditions de renouvellement »,

expliquait en fin d‘année Alain Ronot,

directeur des assurances du groupe

Capgemini et vice-président de l’Amrae

(l’Association de management des

risques et des assurances de l’entreprise).

Au sortir des Rendez-vous de Septembre

de Monte-Carlo et des rencontres de

Baden-Baden dédiés aux renouvellements

des contrats de réassurance pour l’exercice

2023, les grands opérateurs de la place

ont prévenu : la note va grimper. Devant

la demande croissante de couvertures et

de capacités de la part des cédantes, les

réassureurs vont augmenter leurs tarifs,

le niveau des franchises et revoir le capital

disponible sur certains segments. « Nous

anticipons une hausse à deux chiffres

du fait des pertes assurées avoisinant

les 120 milliards de dollars en 2022 et

par l’augmentation de la fréquence et de

l’ampleur des sinistres de catastrophes

naturelles », expliquait en fin d’année

l’agence de notation Fitch Ratings.

En France, l’Apref (Association des

professionnels de la réassurance en

France) estimait aussi en septembre

dernier que la hausse des tarifs devrait

être, au moins, à deux chiffres. Au-delà du

coût de la guerre en Ukraine (lire l’article

page 46), l’inflation vient également

percuter la profession. « Nous travaillons

majoritairement en non-proportionnel.

Autrement dit, avec l’inflation, nos seuils

d’interventions baissent mécaniquement »,

indiquait pour l’occasion. Bertrand

Romagné, président de l’association.

Aux États-Unis, Goldman Sachs a même

prédit des hausses de tarifs pouvant

atteindre jusqu’à 50% sur certains risques.

Les réassureurs eux aussi fragilisés

Dans ce contexte difficile, les principaux

acteurs du marché, craignant que les

investisseurs délaissent la réassurance

pour aller chercher des secteurs

plus rémunérateurs, cherchent à se

couvrir eux aussi d’avantage. Et tout

particulièrement via les rétrocessions.

« Les bonnes années ne compensent

plus les mauvaises années, alertait en

fin d’année dernière Bertrand Romagné.

Les résultats financiers permettent de

dégager des bénéfices, mais nous perdons

de l’argent sur la technique ». Résultat, « les

bénéfices des réassureurs sont en baisse

depuis plus de dix ans et ils ont faibli et

fluctué dans les cinq dernières années à

cause des demandes de règlement liées au

Covid-19 et aux catastrophes naturelles […]

les bénéfices de 2022 seront probablement

contrastés et pâtiront des pertes non

réalisées relatives aux placements

obligataires et à la volatilité des marchés »,

indique-t-on du côté de chez Moody’s.

Ainsi, alors que les quatre quatre premiers

réassureurs ont encore provisionné

500 millions d’euros au titre du risque

pandémique en 2022, plusieurs acteurs

ont connu une fin d’année difficile. C’est

notamment le cas de Scor, déjà dans le

rouge au premier semestre. Le réassureur

tricolore a annoncé une nouvelle perte

au troisième trimestre (270 millions

d’euros), plombé principalement par le

coût des catastrophes naturelles. Sur

neuf mois, les pertes du réassureur

ont atteint les 509 millions d’euros.

Anticipant « une poursuite de la hausse

de l’inflation et du coût des sinistres »,

Scor a décidé de renforcer son bilan en

ajoutant 485 millions d’euros aux réserves

de sa branche de réassurance dommage.

Pour revenir dans le vert, le groupe a

notamment prévu de réduire sa volatilité

en s’exposant moins aux catastrophes

naturelles, d’augmenter ses tarifs, de

bénéficier de la hausse des taux et de

réduire ses coûts.


46

WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM

BILAN DE L’ASSURANCE DES GRANDS RISQUES

Guerre en Ukraine : Sans conséquence, ou presque...

Depuis le début de la guerre en Ukraine

fin février 2022, les conséquences

pour les assureurs et réassureurs

sont nombreuses tant en matière de

business que de sinistralité. Si les

pertes estimées pourraient atteindre

35 milliards de dollars pour le marché,

elles seront absorbées sans difficulté

par le secteur.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie

face le 24 février 2022 a vivement

secoué le marché de l’assurance

et de la réassurance et ce à de multiples

égards. En matière d’activité d’abord,

le conflit Est-Européen a eu un impact

significatif sur plusieurs branches

comme l’assurance aviation.

« Environ 513 avions exploités par des

compagnies aériennes russes d’une valeur

de 10 milliards de dollars étaient loués

à des entreprises non russes », explique

l’OCDE dans son dernier rapport sur

l’impact de la guerre en Ukraine sur le

marché de l’assurance. « L’application des

sanctions de l’UE interdisant la location

d’avions aux compagnies aériennes

russes a eu un impact majeur sur le

secteur de l’assurance aviation, qui devrait

subir son sinistre le plus important jamais

enregistré », ajoute-t-elle.

Autre activité touchée, l’assurance

maritime. Entre l’incapacité des navires

à se déplacer, le naufrage de certains

bâtiments, les dommages aux biens

ou aux équipements, les interruptions

des opérations portuaires ou encore la

perte de marchandise, l’agence Property

Claims Services (PCS), estime les pertes

entre 2 et 5 milliards de dollars. « La

guerre augmente aussi le niveau de

cyber-risque, avec des attaques déjà

dirigées contre l’Ukraine et la Russie

et d’autres pays, qui peut générer des

pertes en fonction de l’existence d’une

couverture et de l’applicabilité de divers

types d’exclusions », fait ensuite valoir

l’OCDE.

Couper les ponts avec la Russie

En parallèle des conséquences purement

assurantielles sur le risque crédit ou

politique également, assureurs et

réassureurs ont également dû revoir

leurs positions sur le marché russe.

Ainsi, « un certain nombre d’assureurs

et de réassureurs ont volontairement

décidé de réduire leur exposition au

marché russe de l’assurance, en ne

souscrivant pas de nouvelles affaires

ou, pour les assureurs filiales russes, en

réduisant ou en vendant leur participation

», explique ensuite l’OCDE. Les sanctions

occidentales peuvent également entraver

l’exécution des contrats d’assurance, par

exemple en interdisant le paiement des

sinistres aux entités russes.

De son côté, la Russie a voté une loi

fédérale interdisant à ses opérateurs

locaux « de conclure des accords

avec des assureurs, des réassureurs

et des courtiers d’assurance d’États

hostiles », parmi lesquels figurent

sans surprise l’ensemble des États de

l’Union européenne, le Japon, la Suisse,

les États-Unis ou encore le Royaume-Uni

et plusieurs de ses territoires rattachés

comme Jersey ou Gibraltar.

Jusqu’à 35 milliards de dollars

D’autres impacts indirects liés au conflit

en Ukraine se font également jour ces

derniers mois pour les opérateurs,

entre pressions inflationnistes accrues,

anticipations de hausse des taux d’intérêt

et volatilité des marchés financiers…

« Toute faiblesse économique prolongée

ou récession éventuelle résultant de

l’inflation et une politique monétaire plus

restrictive affecteront la croissance des

primes et pourraient également avoir

un impact sur le crédit notations des

obligations incluses dans les portefeuilles

d’investissement », explique l’OCDE.

Comme l’agence de notation S&P par

exemple, « certains observateurs évoquent

un coût de 13 milliards à 35 milliards

de dollars. Dans les faits, les sinistres

sont en développement et ne sont pas

encore véritablement constatés dans les

comptes des réassureurs », soulignait à la

rentrée de septembre Bertrand Romagné,

le présidente de l’Apref (Association

des professionnels de la réassurance

en france). « Reconnaissant que la

situation est incertaine, des estimations

approximatives préliminaires suggèrent

une perte industrielle de 20,6 milliards

de dollars qui, bien qu’importante, est

gérable pour le secteur, en ligne avec les

coûts d’une catastrophe naturelle de taille

moyenne », précise pour sa part l’OCDE.

En fin d’année 2022, le marché des

Lloyd’s de Londres avait par exemple

indiqué que ses membres avaient

provisionné au total 1,1 milliard de livres

pour indemniser leurs clients ayant subi

des dommages en conséquence de la

guerre en Ukraine. T.G.


BILAN DE L’ASSURANCE DES GRANDS RISQUES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 47

Captives : Cette fois, c’est la bonne !

Retoqué dans le PLF 2022 et retenu

in extremis dans le texte final de la

loi de finances 2023, le projet de

création de captives de réassurance

à la française verra bien le jour dans

les prochains mois. Reste l’épineuse

question des plafonds relatifs à la

provision d’égalisation.

Par Thierry Gouby

Après avoir raté le coche dans la

loi de finances 2022, le dispositif

de captives de réassurance à la

française verra bien le jour en 2023.

Pourtant, passé par Bruxelles et objet

de nombreuses tergiversations durant

l’année, le projet a connu bien des

rebondissements ces derniers mois.

En octobre dernier, à l’approche du

prochain PLF, plusieurs amendements

sont ainsi déposés hors délais dans

le projet de texte, dont un relatif à

l’introduction de captives de réassurance.

Interpellé sur le sujet, Bruno Le Maire

avait alors fini d’enterrer tout espoir :

« J’estime qu’il est nécessaire de bouger

sur les captives d’assurance. Finalement

cet amendement a été retiré. Je prends

l’engagement que nous agissons en totale

transparence. Il ne sera pas dans le texte

final du gouvernement », avait-il déclaré,

malgré de nombreux projets tricolores

en cours.

En effet, quelques jours plus tôt,

Publicis Ré, structure de réassurance

du géant de la publicité, obtenait son

agrément pour opérer en France. De

leur côté, les groupes Lactalis, Atlantic

ou encore Lucien Barrière avaient eux

aussi enregistré leurs véhicules dans

l’Hexagone, sans compter la vingtaine de

projets de captives à l’étude et en attente

de signaux positifs du gouvernement.

Merci le 49.3

Mais c’est sans compter sur plusieurs

rebondissements. Mi-novembre d’abord,

deux amendements au PLF 2023,

déposés au Sénat, introduisent une

nouvelle fois la création de captives

de réassurance en France. Le premier

texte est emmené par le sénateur de

l’Isère, Didier Rambaud, et le second par

le sénateur du Finistère, Michel Canévet.

Mi-décembre ensuite, la Première

ministre engage la responsabilité

du gouvernement sur la première

partie du PLF via l’article 49.3 de la

constitution. Dans le texte défendu

par le gouvernement, l’article 3 quater

A (devenu article 6) intégré par les

sénateurs et ouvrant la voie à la création

de captives est bel et bien présent, même

s’il est amendé (lire dernier paragraphe).

Alors qu’on pense le texte définitivement

adopté, un recours déposé mi-décembre

devant le Conseil constitutionnel par

des député(e)s de la Nupes vient de

nouveau semer le trouble. Il faudra

finalement attendre le 29 décembre

dernier pour que les Sages de la rue

Montpensier considèrent que « le grief tiré

de l’irrégularité de la procédure d’adoption

de l’article 6 doit être écarté ».

Débats de plafonds

Désormais, plus rien ne peut s’opposer

au projet de création de captives de

réassurance à la française. Le dispositif

va maintenant se cristalliser sur le sujet

des plafonds relatifs à la provision

d’égalisation.

« La limite dans laquelle les dotations

annuelles à cette provision peuvent être

retranchées des bénéfices et celle du

montant global de la provision sont fixées

par décret, respectivement en fonction de

l’importance des bénéfices techniques

et de la moyenne sur les trois dernières

années du minimum de capital requis »,

peut-on lire dans le projet de loi.

Sur ce sujet, plusieurs voix s’opposent.

« La volonté de créer des captives en

France ne répond pas à une logique

fiscale mais à un besoin de couverture

des entreprises tricolores que ces mêmes

opérateurs insatisfaits ne sont plus en

mesure ou ne veulent plus proposer.

Plafonner de manière trop importante

la provision d’égalisation et sa dotation

annuelle revient tout simplement à tuer

l’intérêt d’un tel dispositif », explique le

risk manager d’un grand groupe sous

couvert d’anonymat.

De son côté, France Assureurs dit prendre

acte de la volonté du gouvernement de

permettre aux sociétés de réassurance

captives des grandes entreprises

françaises de constituer en franchise

d’impôts des provisions d’égalisation

leur permettant de lisser dans le temps

les risques qu’elles réassureront.

La fédération des assureurs explique

à News Assurances Pro qu’elle « a

toujours considéré que le développement

de sociétés de réassurance captives

pouvait être un levier complémentaire

utile à une meilleure protection des

grandes entreprises françaises ». Pour

autant, le fédération argue que, « cette

complémentarité méritait à notre

sens de cibler ce développement des

captives là où effectivement le marché

de l’assurance et de la réassurance

classique pouvait présenter un déficit

de capacité. Cela peut être le cas sur

quelques risques spécifiques (pandémie,

perte d’exploitation sans dommages,

cyber risques). Mais la grande majorité

des risques (catastrophes naturelles,

incendie, pertes d’exploitation suite à

dommages, bris de machines…) pouvant

créer des dommages aux entreprises

trouvent à s’assurer avec des niveaux

adaptés de prévention, de franchise et

de plafond. Nous restons attachés à un

traitement équitable entre acteurs ».

Dans l’attente des décrets d’application

qui doivent venir fixer le niveau de ces

limitations et qui sont attendus au mieux

au printemps 2023, « une dotation pour

provision à hauteur de 90% du résultat

technique annuel serait un niveau idéal

pour que le dispositif soit attractif », fait

valoir un proche du dossier.

En ce qui concerne le plafond de la

provision d’égalisation elle-même, Bercy

travaillerait actuellement à « un métrique

qui s’inscrit dans la ligne du minimum

de capital requis sous Solvabilité 2. Il

reste à fixer le niveau de ce métrique

pour lequel l’ensemble des parties sont

aujourd’hui plutôt alignées », indique une

source proche du ministère.

Pour sa part, l’Amrae, moteur depuis des

années sur le sujet, poursuit ses travaux

autour de la création d’une fédération

française des captives.


48 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM

BILAN DE L’ASSURANCE DES GRANDS RISQUES

TRIBUNE

« Le métier d’assureur

est un métier d’avenir ! »

« Notre métier apporte de fait une conaissance intime et scientifique des

risques ; il nous oblige donc à anticiper les grandes transformations... »

La fragmentation sociale, économique et

géopolitique aura atteint en 2022 des niveaux

très élevés, avec une poussée des

extrêmes remettant en cause jusqu’au principe

même de la démocratie et un retour de la

guerre dans un continent en paix. L’effet collatéral

de ces chocs est de provoquer l’éveil de nos sociétés

pour la compréhension des risques globaux.

Dans une économie mondialisée et interconnectée,

où les enjeux évoluent à grande vitesse vers

une complexité toujours plus grande, l’impact des

crises à venir est de plus en plus difficile à anticiper.

Dès lors, la question se pose de savoir comment

assurer l’inassurable que représentent le changement

climatique, les nouvelles technologies, les

cybermenaces, les risques sociaux et géopolitiques.

Devant ces enjeux nouveaux, la mission de l’assureur

est d’intégrer l’évolution de la société, dans

toutes ses dimensions, d’autant que l’augmentation

du gap de protection qui affecte le secteur

de l’assurance nous oblige à nous armer différemment.

En ébranlant notre business model, le

développement de l’univers des risques est un

défi qui touche le cœur même de notre activité.

Les assureurs sont donc plus utiles que jamais, jouant

un rôle central face à l’augmentation des besoins de

couverture. Pour réduire le déficit de protection, c’est

sur la demande que l’on doit concentrer nos efforts,

afin de réduire les besoins, en associant toutes les parties

prenantes, grandes et petites, privées et publiques.

Sans innovation, ces efforts n’auront pas d’effet.

Ainsi, chez Zurich, nous concentrons notre innovation

sur trois domaines clés : le digital, les données

et les plateformes. En tant que « start-up âgée

de 150 ans », nous nous appuyons sur la bonne

technologie pour construire des solutions globales

pour nos clients. Si les données sont souvent

décrites comme un avantage concurrentiel, pour

nous l’enjeu va au-delà d’une simple amélioration

de l’efficacité et de la réduction des coûts : les

données jouent également un rôle clé pour la prévision

et l’établissement de mesures préventives.

Si l’innovation interne joue un rôle essentiel, il

en va de même pour l’innovation externe, pour

laquelle la collaboration avec les penseurs est

pour nous indispensable. C’est pourquoi nous

avons lancé un tournoi mondial de start-up, le

Zurich Innovation Championship, qui a rassemblé

plus de 2 700 candidats dans sa dernière version.

Jusqu’à présent, les clients nous contactaient lorsque

les choses allaient mal et l’assureur réglait les sinistres.

Aujourd’hui, les assureurs ont une vision plus

large, pour aider leurs clients à éviter que le pire ne

se produise. Nous voulons également jouer un rôle


BILAN DE L’ASSURANCE DES GRANDS RISQUES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 49

où nous répondons aux attentes croissantes de

nos clients sur les questions sociales et humaines.

La meilleure assurance contre les risques globaux est

notre capacité à nous transformer vers la durabilité.

Chez Zurich, nous refusons d’accepter un monde

où l’inertie est la norme. En tant que signataire de

l’engagement «Business Ambition for 1.5°C» et en

tant que membre de la Net-Zero Insurance Alliance

(NZIA) des Nations unies, nous comprenons que

les actions parlent plus fort que les mots, et nous

nous engageons à être l’une des entreprises les plus

responsables et ayant le plus d’impact au monde.

Les membres de la NZIA se sont engagés à faire

évoluer leurs portefeuilles de souscription vers des

émissions nettes de gaz à effet de serre nulles d’ici

à 2050, afin de contribuer à la mise en œuvre de

l’Accord de Paris sur le changement climatique.

Notre métier apporte de fait une connaissance intime

et scientifique des risques ; il nous oblige donc à

anticiper les grandes transformations, d’agir comme

des éclaireurs, ouvrant la voie aux autres acteurs,

à travers la sensibilisation, la prévention et la résilience.

Face à l’ampleur exponentielle des chocs,

nous devons remodeler nos méthodes de gestion des

risques en travaillant plus en amont avec nos clients.

Plus que dans tout autre secteur, les données seront

au cœur de notre métier. C’est l’esprit qui a animé

la création par Zurich du nouveau service « Cli-

mate Change Resilience Services », qui s’appuie

sur l’expertise de climatologues qui ont participé

à différents rapports du GIEC. Grâce aux données,

nous pouvons projeter l’exposition aux catastrophes

naturelles de nos clients sur une période de 10,

15 ou 30 ans en combinaison avec des scénarios

d’augmentation de la température de 1,5%, 2% ou

3%... afin par exemple de simuler l’impact potentiel

sur le niveau des océans. Pour les risques complexes,

l’amélioration des données agit comme un

catalyseur pour renforcer la résilience de nos clients.

Enfin, en qualité d’investisseurs dans les économies,

les assureurs bénéficient d’un effet de levier important

pour ouvrir la voie au changement et accélérer la double

transition écologique et digitale, en les finançant.

Notre engagement est fort et concret. Nous pensons

qu’il est moins efficace de se séparer d’entreprises

ayant une forte empreinte carbone que

de travailler ensemble pour encourager l’adoption

de pratiques durables. Investir avec du capital

patient nous permet de garantir une performance

durable et à long terme pour nos clients, au service

de la transition environnementale et sociale.

Nous ne pouvons plus nous contenter d’atténuer les

conséquences de l’inaction en matière de climat.

Notre mission est de protéger les actifs aujourd’hui

pour mieux repenser leur usage demain.

BIO

Vinicio

Cellerini

Directeur général France de Zurich Insurance

Âge : 58 ans

Parcours : Vinicio Cellerini débute sa carrière en 1984 chez Mobilière

Suisse Assurances. Entré chez Zurich Insurance deux ans

plus tard, il y occupe le poste de directeur regional global coporate

jusqu’en 2000, avant de rejoindre Farmers Insurance l’année

suivante. Il réintègre Zurich Insurance en 2002 comme directeur

régional des ventes. Nommé DG de Zurich Global Corporate en

Italie en 2005, en Suisse en 2010, puis en Angleterre en 2012,

il prend en 2017 la tête de l’activité commerciale assurance du

groupe. Depuis 2019, Vinicio Cellerini, est global head of customer

& distribution management au sein de la compagnie. En 2022,

il est nommé DG par intérim de la succursale française.


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GUIDE

Les coups de coeur innovation

de la rédaction

P.52

FOCUS

L’assurtech entre dans le dur

P.53

INFOGRAPHIE

Le marché de l’assurtech en

2022

P.54


52

WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM

BILAN DE L’INNOVATION

Le guide 2022 de l’innovation par type

Malgré le contexte singulier en raison

de l’inflation, les assureurs ont

continué d’innover en 2021. Tour

d’horizon des nouveuax produits,

partenariats naissants ou encore

garanties originales qu’il ne fallait

pas manquer dans les différentes

branches du secteur de l’assurance.

Par la rédaction de News Assurances

Pro

ÉPARGNE

• Garance. En octobre, Garance est

entré à hauteur de 20% au capital de

Lily facilite la vie. Son objectif est

d’offrir à ses clients entrepreneurs

de proximité et indépendants – soit

près de 3M de personnes – un service

d’assistance et de prévention des

risques liés à la surcharge mentale

au travail. Cette opération de financement

va permettre à Lily facilite la

vie de poursuivre son développement.

• Axa. Axa a annoncé le lancement

d’un service financier disponible pour

les bénéficiaires d’un PER entreprise.

Grâce à ce nouveau service, les bénéficiaires

d’un dispositif de retraite

collective peuvent avoir accès à un

conseiller financier indépendant

sous forme de deux coachings de

30 minutes par an. Axa espère, à

travers ce nouvel outil, permettre à

ses entreprises clientes de fidéliser

leurs employés.

SANTÉ / PRÉVOYANCE

Cette année encore, les contrats

santé et prévoyance se sont enrichis

de services innovants.

Nos coups de cœur :

• Mon bilan cardio : Malakoff Humanis

lance un nouveau parcours de

prévention. À fois digital et physique,

le parcours permet à l’assuré de

réaliser un bilan personnalisé sur

son profil de risque. “Mon bilan cardio”

a été conçu en partenariat avec

Giphar, groupement de pharmaciens

indépendants et Livi, opérateur de

téléconsultation.

• Lola Health : Cette insurtech souhaite

moderniser l’assurance santé

collective en apportant de nouvelles

garanties qui répondent aux besoins

de santé des femmes. Le courtier

a lancé une première offre en partenariat

avec Axa France.

• Prévention plurielle : La mutuelle de

livre 3 lance un premier programme

de prévention avec IMA appelé « Impulsion

santé » qui s’adresse aux personnes

en souffrance psychologique,

atteintes d’une maladie chronique

ou tout simplement souhaitant augmenter

leur capital santé. Intériale

a rendu la prévention obligatoire

puisque depuis le 1er janvier 2022,

les adhérents doivent s’acquitter

d’une adhésion à Prévention Plurielle

(0,90 centimes par mois).

IARD

Malgré un contexte économique

moins tonitruant que les exercices

précédents, 2022 a vu naître plusieurs

initiatives, innovations et

nouveaux acteurs sur le segment

de l’assurance dommages.

Nos coups de cœur :

• Klarity : Assurtech dédiée au marché

français des TPE / PME et ciblant

les métiers complexes à assurer

comme les diagnostiqueurs ou les

agents commerciaux immobiliers.

• Generali France : L’assureur propose

désormais au grand public

« Ensemble Face aux risques », un

outil gratuit de cartographie et de

diagnostic personnalisé des risques

naturels permettant à chacun de

connaître son exposition.

• Evy : Offre d’assurance embarquée

dédiée aux retailers avec une API leur

permettant d’offrir une protection

des produits et un tableau de bord

pour suivre leurs mesures clés.

• Meetch : Né de la fusion entre Ticketmate

et Mimat, le spécialiste de

l’assurance annulation s’appuie sur

des process 100% digitaux avec des

produits embarqués et la possibilité

d’être remboursé même sans

justificatif.

• Kooalys : Positionnée sur l’assurance

flottes automobiles des TPE/

PME, Kooalys propose des couvertures

dédiées aux mobilités durables

et responsables et accompagne les

entreprises dans la transition écologique

de leur parc de véhicules.

ASSISTANCE

L’assistance n’est pas en reste non

plus, puisque les acteurs de ce marché

sont restés particulièrement

dynamiques.

Nos coups de cœur :

• Europ Assistance : Europ Assistance

est le partenaire financier et

le co-opérateur du dispositif « Croix-

Rouge au coin de la rue » qui facilite

l’accès à la santé et aux droits

pour les publics les plus fragilisés

à proximité de leurs lieux de vie.

• IMA : En nouant un partenariat ZEborne,

le Groupe IMA (Inter Mutuelles

Assistance) se positionne sur un

service de réparation de bornes de

recharge pour véhicules électriques.

•Allianz Partners : En s’associant

à « Lynk & Co », la filiale du groupe

Allianz inclut directement des couvertures

d’assurance aux conducteurs

qui utilisent cette solution de mobilité

partagée, y compris pour les clients

B2B et les flottes d’entreprise.

GRANDS RISQUES

Côté des grands risques industriels,


BILAN DE L’INNOVATION WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 53

de marché dans le secteur de l’assurance

plusieurs entreprises ont fait montre

d’innovations et de perspicacité,

notamment concernant les problématiques

climatiques.

Nos coups de cœur :

• Generali France : L’assureur a lancé

« RiskCare », solution collaborative

de gestion des risques à destination

des industriels, de leur intermédiaire

d’assurance et de leurs assureurs,

qui permet de piloter la maîtrise des

risques et accentuer la prévention,

notamment sur le risque incendie.

•FM Global : Le mutualiste américain

ouvre un centre de pédagogie

par l’expérience dédié à la gestion

des risques en Asie-Pacifique. Ce

dernier va permettre de comprendre

via des simulations (incendies, cat

nat, tremblements de terre, etc) comment

protéger les biens et actifs

des entreprises.

• CNPP : En s’associant avec l’AN2V

(Association dédiée aux technologies

de sûreté), CNPP va particper à des

actions communes de prévention,

de communication concernant les

sujets liés à la vidéoprotection et

aux nouvelles technologies de sûreté

globale.

LES INCLASSABLES

• Neat : Insurtech créée par Fabien

Cazes, ex-directeur général France de

Lovys et Maximilien Dauzet, anciennement

en charge des partenariats

de Seyna. Assurtech spécialisée

dans l’assurance embarquée, Neat

opère sur 5 verticales : la mobilité, le

voyage, l’électro-ménager, le médical

et le high tech.

• Badbugs.fr : Pour 2 euros par mois,

le courtier Badbugs.fr propose une

assurance contre les punaises de

lit avec IMA et fait un appel de pied

aux assureurs pour intégrer cette

garantie dans les contrats MRH.

Covéa Affinity. Covéa Affinity et

Owen ont lancé la première assurance

durable des batteries de vélos

électriques. L’assuré pourra, sans

frais, envoyer sa batterie chez Doctibike,

spécialiste français du reconditionnement

de batteries électriques,

qui réalisera la réparation, ou à défaut

son remplacement. Une extension de

garantie contre la panne de batterie

jusqu’à deux ans après la garantie

constructeur complète le contrat.

Quand les insurtech entrent dans le dur

Après des années florissantes et des

promesses de rentabilité, certaines

insurtech ont passé une année

2022 compliquée, avec, à la clé des

licenciements.

Dur dur d’être un bébé de la tech

en 2022. Plusieurs insurtech

ont fait face à la difficile réalité

économique. Sans rentabilité, il est

compliqué d’assumer une croissance

exponentielle des coûts même si les

levées de fonds se succèdent. L’une des

plus emblématiques est sans aucun

doute Lemonade. Au mois d’avril, la

start-up licenciait plusieurs dizaines de

personnes. Les chiffres glanés ici et là

ne sont pas précis tant la jeune pousse

semble avoir voulu étouffer l’affaire.

Ca tangue en assurance auto

Un chiffre est lui confirmé. C’est celui

des licenciements opérés par Metromile

lors de son rachat par... Lemonade fin

juillet dernier. L’entreprise installée à

San Francisco et créée en 2011 est une

spécialiste de l’assurance au kilomètre.

20% de ses salariés ont été remerciés.

Autre start-up spécialiste de l’assurance

au kilomètre, mais même punition.

Au mois de janvier, Root Insurance,

fondé en 2015, annonce qu’en raison

de la crise sanitaire, elle devait se

résoudre à se séparer de 330 de ses

collaborateurs. Soit, là aussi, 20% de ses

effectifs. Cette réduction drastique de

ses coût n’a, semble-t-il, pas convaincu

les investisseurs.

Introduit en Bourse en 2020 ses actions

s’échangeaient à environ 464 dollars.

Depuis, la cote n’a cessé de s’effondrer

pour atteindre fin décembre un peu plus

de 4,6 dollars soit 1% de sa valorisation

initiale.

Plus près de chez nous, Les Echos

affirmaient au mois de septembre

dernier que Luko aurait procédé au

licenciement de 9 personnes. Par

ailleurs, 15 départs n’auraient pas été

remplacés. Ces chiffres peuvent paraître

dérisoires au regard des plus de 200

salariés qui oeuvrent pour la startup

dans le monde. Mais ils dénotent

d’une nouvelle tendance rarement

vue auparavant. Pendant longtemps,

c’était plutôt marche ou crève. Certaines

insurtech parvenaient à lever des fonds

pour alimenter leur moteur.

D’autres disparaissaient des radars

faute de liquidités suffisantes ou

happées par le cannibalisme de certains

de leurs congénères. Aujourd’hui, après

des années d’afflux massifs d’argent

frais, c’est le retour à la réalité. Et

surtout, à mesure que les années

passent, les promesses de rentabilité

doivent se matérialiser. Car en capitalinvestissement,

elles n’engagent pas

que ceux qui les croient.


Source : Francefintech.org


56 BILAN DE L’INNOVATION


BILAN DE L’INNOVATION

WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM

57

Assurtech, le calme après la tempête

2022 s’annonçait prolifique sur le volet

des agréments pour les insurtech.

L’année fut pourtant bien plus calme

qu’attendu.

Par Florian Delambily

Les intentions étaient bien là.

Que ce soit Assurly, Leocare

ou d’autres œuvrant dans

l’ombre, une partie de l’écosystème

des insurtech françaises s’apprêtait à

sauter le pas pour devenir porteur de

risques. Pourtant, à l’heure du bilan de

l’année 2022, seule une jeune pousse

aura obtenu l’estampille de l’ACPR.

Descartes au menu

Début décembre, Descartes

Underwriting rejoignait ainsi Alan

(2016), Seyna (2019), MIC Insurance

Company (2020), Acheel et Mila

(2021). L’agrément échoit en fait à

Descartes Insurance, la toute jeune

filiale du spécialiste du grand risque

IARD et de l’assurance paramétrique.

« La filiale prévoit de s’étendre dans

plusieurs pays de l’Espace Economique

Européen courant 2023. En parallèle,

Descartes Underwriting continuera

dans le monde entier ses activités

d’agence de souscription auprès de

son portefeuille de clients grandes

entreprises, grâce à ses partenaires

historiques », indiquait le désormais

Groupe Descartes dans la foulée de

son agrément.

Le bon Pronoé

Une autre jeune structure obtenait

également son sésame en 2022. Pronoé

Prévoyance, créée en 2021, décrochait

ainsi sont billet pour opérer sur le

marché français comme porteur de

risques en prévoyance. Mais le contexte

est différent par rapport à une startup

« classique ». Pronoé Prévoyance

est en effet la filiale prévoyance de

Mutuelle de Poitiers Assurance. La

compagnie ancrée dans les activités

IARD bénéficie d’une assise et d’un

dossier déjà solide pour montrer patte

blanche à l’ACPR. Elle avait injecté

quelque 12 millions d’euros dès la

constitution de la structure. Pronoé

Prévoyance proposera au réseau

d’agents de Mutuelle de Poitiers des

contrats de prévoyance couvrant le

décès, les arrêts de travail et les frais

d’obsèques ainsi que des contrats

obsèques vie entière.

Luko achète son agrément

Luko n’a jamais masqué son ambition

de devenir assureur. Mais pour y

parvenir, la société pilotée par Raphaël

Vuillerme a pris des chemins moins

conventionnels que ses concurrents.

Elle s’est en effet offert l’assureur

allemand Coya au mois de janvier

2022. Rapidement rebaptisée Luko

Insurance AG, il lui permet d’avoir

un agrément auprès de la BaFin –

l’équivalent de l’ACPR outre-Rhin. Et

donc de pratiquer son activité en libre

prestation de service (LPS) au sein de

l’Union Européenne.

Pour la petite histoire, Coya fut la

première start-up à obtenir l’agrément

d’assureur en Allemagne en 2018.

Comme Luko, elle propose des

assurances habitation. Mais également

RC, vélo et santé pour les animaux.

Deux semestres, deux ambiances

Cette relative accalmie par rapport à

la vague annoncée est en partie due

au durcissement des conditions de

marché. La bonne tenue des levées de

fonds au premier semestre compense

un effondrement de l’appétit des

investisseurs dans la deuxième partie

de l’année. L’inflation ou encore la forte

hausse des taux d’intérêt ont rendu

le capital-investissement plus frileux.

Les valorisations dans la tech ont par

ailleurs fortement corrigé. Selon une

étude menée par Atomico, en Europe,

les entreprises de la tech ont perdu

400 milliards d’euros de valorisations

entre 2021 et 2022.

Pour autant, le secteur de l’assurance

devrait rester attractif au regard des

perspectives de rentabilité. Mais

devenir assureur amputant cette

rentabilité, les dossiers d’agrément

pourraient moins affluer sur le bureau

de l’ACPR dans les semaines à venir.

Porter les risques mobilise des fonds

propres. À ces exigences de fonds

propres s’ajoutent des montants

minimum de capitaux requis pour passer

les fourches caudines du régulateur.

Ils s’élèvent à 2,5 millions d’euros pour

les entreprises d’assurance non-vie. À

3,7 millions d’euros en assurance vie.

Et pour les acteurs qui souhaitent se

lancer sur plusieurs branches d’activité,

il faut au moins 6,2 millions d’euros.

L’ACPR, elle, se tient prête. Elle a

d’ailleurs publié le mode d’emploi

pour obtenir son agrément au début

du mois de janvier 2022.


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TROMBI

Les nominations marquantes

de l’année 2022

P.60

BILAN

Les mariages et les divorces

de l’année 2022

P.62


60 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM

BONUS ET MALUS DE L’ANNÉE 2022

Les nominations qui ont marqué l’année

NICOLAS

AUBERT

Directeur général

d’Howden France

Nicolas Aubert prend la direction

générale d’Howden France au

mois de février lorsque le courtier

pose ses valises en France.

NATHALIE

AUFAUVRE

Secrétaire générale

de l’ACPR

Nommée au mois de décembre,

Nathalie Aufauvre prendra le

secrétariat général de l’ACPR le 9

janvier 2023.

OLIVIER

BRENZA

Directeur général

d’Aésio Mutuelle

Olivier Brenza succède à Sophie

Elkrief à la direction générale

d’Aésio Mutuelle au mois de

décembre dernier.

CÉDRIC

CHARPENTIER

Directeur général

de Diot-Siaci

Début 2023 marque un virage

dans la gouvernance de Diot-Siaci

avec l’arrivée de Cédric Charpentier

à la direction générale.

HENRY

DE COURTOIS

Président-directeur général

de Direct Assurance

Au mois de juin, Henry de Courtois

succède à Élise Bert-Leduc

à la fonction de PDG de Direct

Assurance.

ANTOINE

ERMENEUX

Directeur général

De Maaf

Ancien patron de Fidelia Assistance,

Antoine Ermeneux prend

la direction générale de Maaf le

8 décembre.


BONUS ET MALUS DE L’ANNÉE 2022 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 61

2022 dans le secteur de l’assurance

MICHAEL

HÖRR

Président

du groupe Vilavi

En plein coeur du mois d’août,

Michael Hörr débarque dans le

groupe Vilavi pour en prendre la

présidence.

MARTIN

LANDAIS

Sous-directeur assurances

à la DG Trésor

Le 25 février, un arrêté acte la

nomination de Martin Landais

comme sous-directeur des

assurances au Trésor.

ISABELLE

LE BOT

Directrice générale

de La France Mutualiste

Le 9 novembren Isabelle Le

Bot, en provenance du groupe

Matmut, a pris les rênes de la

France Mutualiste.

MARIE-ANNE

MONTCHAMP

Directrice générale

de l’Ocirp

Ancienne secrétaire d’État, Marie-

Anne Montchamp est désignée

directrice générale de l’Ocirp le

30 mars.

VALENTINE

STUDER

Directrice générale

d’Hiscox France

Valentine Studer quitte Marsh

France pour prendre la direction

générale de la succursale française

d’Hiscox.

FLORENCE

TONDU-MÉLIQUE

Directrice générale

de WTW France

Désignée directrice générale en

décembre, sa prise de fonction

officiel interviendra au plus tard la

1 er juillet 2023.


62

WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM

BONUS ET MALUS DE L’ANNÉE 2022

Ils se sont dit oui...

Au cours de l’année écoulée, les mouvements

de rapprochement ont été

légions dans le secteur de l’assurance.

Que ce soit dans la mutualité

ou la réassurance.

Par Séverine Charon

L’année passée, le gros rapprochement

du secteur de l’assurance

a sans conteste été celui

de Covéa et Partner Re, le groupe

d’assurance mutualiste s’étant emparé

du réassureur pour un montant 7,9

milliards d’euros. L’opération a été

finalisée en juillet 2022, mais c’est

en janvier 2019 que Covéa a dévoilé

ses intentions !

L’opération rendue possible par un

trésor de guerre accumulé par Covéa

a été imaginée il y a plus de quatre

ans, mais sa réalisation a été difficile,

s’est faite dans le sang et les

larmes, et montre que l’assurance sait

écrire des sagas : entre l’annonce des

intentions de Covéa et la signature

de l’union en juillet 2022, il y a eu une

bataille médiatique et judiciaire entre

Covéa et Scor, et leurs deux patrons,

Thierry Derez et Denis Kessler. On

avait rarement vu deux dirigeants

s’écharper de la sorte et aller régler

leurs différends au tribunal. Thierry

Derez a finalement gagné, mais il a

aussi parfois perdu : le tribunal de

commerce de Paris l’a condamné à

verser à titre personnel plus de 450

000 euros de dommages et intérêts

au réassureur Scor, et presque 20

millions d’euros solidairement avec

le groupe Covéa.

Au terme de trois ans et demi d’un

feuilleton à rebondissements, Thierry

Derez est enfin parvenu à mettre la

main sur Partner Re. L’opération permet

à Covéa de faire non pas son

entrée, comme le groupe l’affirme,

mais son retour dans la réassurance.

Le groupe en était sorti en 2003, cédant

alors à XL Re, sa filiale Le Mans

Re, renommée à cette occasion XL

Re Europe.

Vite remariés

Comparés à cette coûteuse union, les

autres rapprochements de 2022 ont

une saveur bien fade, d’autant qu’ils

apparaissent souvent n’être que des

mariages par dépit, vite décidés après

un divorce un peu brutal.

Au moins de mai, seulement quatre

mois après avoir décidé de quitter la

Sgaps d’AG2R La Mondiale, la petite

Mutuelle du ministère de la justice

(MMJ) a retrouvé un groupe à qui

s’adosser, l’UMG Aésio Macif. La MMJ,

qui se trouvait négligée par AG2R La

Mondiale, emboîte le pas d’une autre

mutuelle de fonctionnaires, la Mutuelle

Générale des Affaires sociales (MGAS),

qui avait rejoint Aésio après avoir cru

à un avenir commun avec Intériale. La

MGEFI, qui a rompu avec VYV début

2022, s’est ralliée encore plus vite à

un autre partenaire, le groupe Matmut.

Finalement, au terme de cette année

2022, le seul vrai mariage fut l’acquisition

par Generali auprès du groupe

Crédit Agricole de La Médicale.

Annoncé en février, finalisée en juillet,

l’opération d’un montant global

de 435 millions d’euros a permis au

Crédit Agricole de dégager un résultat

de l’ordre de la centaine de millions

d’euros et permet à Generali France

de se renforcer auprès des professionnels

de santé.


BONUS ET MALUS DE L’ANNÉE 2022 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 63

ou non en 2022

Du côté des séparations, les divorces

sont bien souvent à mettre au crédit

de la réforme de la Protection sociale

complémentaire des fonctionnaires

(PSC).

Par Séverine Charon

Cette année encore, certains

mutualistes ont fait preuve

d’une capacité de revirement

impressionnantes. Le plus marquant

des divorces reste sans doute celui de

la MGEFI d’avec VYV, car la mutuelle

a en effet soudainement annoncé sa

décision de quitter le premier groupe

mutualiste français en février 2022,

quelques semaines seulement après

avoir ratifié le plan stratégique « Vyv

2025 » dont elle faisait partie !

Les raisons de cet abandon seraient

liées à la manière d’aborder le grand

chantier de la Protection Sociale complémentaire

(PSC) des fonctionnaires :

la MGEFI souhaiterait répondre seule à

certains appels d’offres, alors que VYV

envisageait une démarche plus collective,

la MGEN devant toutefois jouer

un rôle de référent pour la fonction

publique d’État et la fonction publique

hospitalière et la MNT assumant ce

rôle pour la territoriale.

Les divorces ont aussi frappé AG2R

La Mondiale, pour qui l’année a commencé

par une séparation avec la

Mutuelle des Métiers de la Justice

(MMJ) qui s’estimait négligée par le

paritaire vis-à-vis d’Intériale – qui a

ravi son référencement à la mutuelle

historique du ministère de la justice.

Pour autant, le départ de la MMJ n’a

pas réglé tous les problèmes : AG2R

La Mondiale a congédié Intériale en

décembre !

En 2021, le grand chantier de la PSC

semblait être une bonne raison pour

s’unir, 2022 a montré que c’était aussi

une cause majeure de divorce !

VOIR LA RUSSIE ET PARTIR

Le conflit russo-ukrainien et l’instauration

des sanctions en Russie ont

obligé Allianz, Zurich Insurance et

la Société Générale à se séparer brutalement

de leurs activités locales.

Depuis Napoléon, on sait que les batailles

menées à l’Est par les Européens de

l’Ouest sont rarement couronnées de

succès. Le printemps 2022 a montré

que dans le secteur financier aussi, ces

tentatives de conquête pouvaient coûter

cher. C’est la Société Générale qui avait

le plus misé et c’est logiquement elle qui

a le plus perdu. Le groupe avait pris pied

en Russie dès 2007 sous la présidence de

Daniel Bouton, en achetant le deuxième

réseau bancaire local à Interros Capital,

la société d’investissement du milliardaire

Vladimir Potanine, un proche de Poutine.

Clap de fin quinze ans plus tard, en

mai 2022, lorsque la Société Générale

a annoncé la finalisation de la cession

de son activité d’assurance et de sa filiale

bancaire Rosbank à…Interros Capital. La

cession forcée de ces actifs occasionne

à la Société Générale une perte de l’ordre

de 3,2 milliards d’euros.

Pour Allianz, qui avait aussi cru à sa

campagne de Russie, la débâcle est à

la fois moins radicale et moins coûteuse :

l’assureur a cédé une participation majoritaire

dans ses activités à la société

russe Interholding, restant actionnaire

minoritaire à 49,9% sans représentant

au conseil d’administration. L’opération

se traduit par une perte de l’ordre de 400

millions d’euros. Pour Zurich Insurance,

qui lui aussi avait poussé ses pions en

Russie, et qui a vendu la totalité de ses

parts à l’équipe locale qui dirigeait déjà

les activités. Pour Generali et Axa qui

détiennent des participations minoritaires

dans des activités d’assurance locales,

il a suffi de démissionner des postes

d’administrateurs exercés jusque-là.


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