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INTERNATIONAL<br />
EN ITALIE, IL RESTE TOUJOURS UN DOMANI<br />
En 2023, les cinémas transalpins ont vu leur fréquentation augmenter de près de 60 %<br />
par rapport à l’année précédente, et de 94 % pour les films nationaux.<br />
©luisa carcavale<br />
Le parc italien en 2023<br />
1 231 cinémas<br />
pour 3 484 écrans<br />
19 cinémas de moins qu’en 2022, mais 19 de plus que<br />
sur 2017/19 en raison de l’ouverture de nombreuses<br />
“arènes” de plein air en été<br />
46,2 % sont des mono écrans<br />
et enregistrent 9,6 % des entrées<br />
10,4 % sont des multiplexes de<br />
8 salles et plus<br />
pour 51,6 % des entrées<br />
Il reste encore demain<br />
Deux pays ont particulièrement rebondi en 2023 : la<br />
Chine [voir Boxoffice Pro n°460] et l’Italie, elle aussi<br />
particulièrement traumatisée par le Covid, mais où<br />
la filière dans son ensemble, accompagnée par l’État,<br />
a su réagir. Selon les données de Cinetel* présentées<br />
le 10 janvier à Rome, 70,6 millions d’entrées ont été<br />
enregistrées dans les salles italiennes en 2023, pour<br />
un box-office de 495,6 millions d'euros. Cela représente<br />
une hausse de 58,6 % de la fréquentation et de<br />
61,6 % des recettes par rapport à l’année précédente.<br />
Et même si les entrées sont toujours en retard de<br />
23,2 % sur la moyenne 2017-2019, l’Italie se classe<br />
sur l’année comme 10 e marché mondial.<br />
On sait que la reprise a été particulièrement forte<br />
pendant l’été, les professionnels s’étant mobilisés sur<br />
des opérations tarifaires d’ampleur : deux “Cinema in<br />
festa” et un “Cinema Revolution”, avec notamment<br />
un tarif réduit réservé aux films italiens et européens.<br />
Mario Lorini, président de l'Association nationale des<br />
exploitants de cinéma (ANEC), s’est réjoui de leurs<br />
« résultats extraordinaires », saluant « la participation<br />
directe des auteurs et des artistes aux projections de leurs<br />
films en salles », ainsi que « l'intervention structurée et<br />
constante du ministère italien de la Culture, notamment<br />
en matière de communication et de promotion », à savoir<br />
un soutien de 20 millions d’euros. Ainsi en juillet,<br />
avec le renfort du phénomène Barbenheimer, le boxoffice<br />
a dépassé de 45 % celui de 2019.<br />
Sur l’année, la part des productions et coproductions<br />
italiennes est aussi en nette hausse, avec 18,2 millions<br />
d’entrées contre 9,4 en 2022, soit un boom de +93,9 % !<br />
C’est une part de marché de 25,9 %, qui se rapproche<br />
de celle observée sur la décennie écoulée (27,1 % en<br />
moyenne) et arrive juste après celle de la France<br />
(39,8 %), continuant de dépasser l'Allemagne (16,4 %),<br />
l'Espagne (16,2 %) et le Royaume-Uni (8,1 %).<br />
*Cinetel est une société détenue conjointement par l'ANEC (Association nationale des<br />
exploitants de cinéma) et l’ANICA (Association nationale des industries cinématographiques<br />
et audiovisuelles), qui collecte au quotidien les recettes et les entrées des cinémas italiens.<br />
Plus de 700 nouveau films sortis sur l’année,<br />
dont la moitié italiens<br />
L’offre en effet était là : sur les 736 nouveaux films<br />
distribués en salles, 356 étaient produits ou coproduits<br />
par l’Italie (soit 135 de plus que la moyenne des trois<br />
années pré-Covid). Le plus gros succès de 2023 est un<br />
titre local, sorti en octobre, C'è ancora domani (Il reste<br />
encore demain) de Paola Cortellesi, qui a rassemblé 4,8<br />
millions de spectateurs en moins de trois mois. Certes,<br />
le reste du top 10 est américain, Barbie (4,2 millions<br />
d'entrées) et Oppenheimer (3,7 M) occupant la 2 e et 3 e<br />
place, mais globalement la part du cinéma US a baissé<br />
(53,6 % de la fréquentation contre 61,8 % sur 2017-<br />
2019). Et on notera les belles performances de films<br />
nationaux comme Moi Capitaine de Matteo Garrone,<br />
en lice pour l’Oscar du Meilleur film international, avec<br />
795 480 entrées, de Me contro Te il film - Missione<br />
giungla, une comédie d'aventure distribuée par Warner<br />
Italie (740 000 entrées), ou encore de Tre di troppo, de<br />
et avec le populaire Fabio de Luigi (698 000 spectateurs).<br />
Concernant le profil des spectateurs, l’année a été<br />
marquée par le retour du public féminin (+77 % par<br />
rapport à 2022) et des seniors (+92 % pour les 50-59<br />
ans et +81 % pour les plus de 60 ans), les deux catégories<br />
les plus réticentes à revenir en salles en 2022 après<br />
la réouverture.<br />
Reste que « les cinémas doivent poursuivre leur travail de<br />
transformation, de modernisation et d'accueil pour chouchouter<br />
le public », comme l’a rappelé le président de<br />
l’ANEC lors de la présentation de ce bilan 2023. Message<br />
entendu par le ministère de la Culture italien, qui a<br />
confirmé, pour 2024, l’ouverture d’un crédit d'impôt<br />
à l'investissement, sur une enveloppe totale de 25<br />
millions d'euros.<br />
Il reste encore demain (C'è ancora domani)<br />
bientôt dans les cinémas français<br />
Le plus gros carton de 2023 en Italie est d’autant plus<br />
notable qu’il s’agit d’un film social au budget modeste,<br />
en noir et blanc, situé dans les années d’après-guerre.<br />
Il retrace l’émancipation d'une mère de famille face à<br />
un mari ultra violent, dans un quartier populaire de<br />
Rome. La réalisatrice, Paola Cortellesi, y incarne ellemême<br />
le personnage principal, dans une forme qui<br />
évoque le néo-réalisme de Rossellini ou De Sica, mais<br />
Les complexes entre 5 et 7 salles<br />
rattrapent plus vite le retard sur 2019 : - 18 %<br />
9 salles PLF dont 5 écrans Imax<br />
+ 10,4 % d’entrées et +30,9 % de recettes<br />
par rapport à 2019<br />
La présentation à la presse des chiffres 2023, au cinéma<br />
Barberini de Rome<br />
Cécile Vargoz<br />
surtout qui résonne comme un manifeste contre les<br />
violences faites aux femmes, dans un pays qui a connu<br />
106 féminicides en 2023. Distribué en Italie par l’association<br />
Vision/Universal, le film sortira en France le<br />
13 mars, toujours chez Universal… dont Xavier Albert,<br />
pour rappel, dirige les filiales dans les deux pays.<br />
©ANICA<br />
32 N°461 / 31 janvier 2024